INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
A l'heure où le Gouvernement français engage une nouvelle
étape de la décentralisation au travers d'une réforme
constitutionnelle, il a paru intéressant aux membres du groupe
interparlementaire France-Italie d'étudier le processus de
régionalisation de l'autre côté des Alpes.
En effet, l'organisation régionale italienne présente de
nombreuses similitudes avec celle de notre pays. Si l'État italien a
réalisé son unité plus tardivement que l'État
français, il n'en a pas pris pour autant une forme
fédérale. La transposition du modèle administratif
français par la Maison de Savoie, puis le renforcement du pouvoir de
Rome par le régime fasciste ont abouti à un système
relativement centralisé. De toutes les grandes démocraties
occidentales, l'Italie est sans doute la plus proche de la France en
matière d'organisation territoriale.
La Constitution italienne de 1948 reconnaît deux catégories de
régions : quinze régions à statut ordinaire
(Piémont, Lombardie, Vénétie, Ligurie, Emilie-Romagne,
Toscane, Marches, Ombrie, Latium, Abruzzes, Campanie, Molise, Calabre,
Basilicate, Pouilles) et cinq régions à statut spécial
disposant de pouvoirs législatifs et administratifs forts larges. Ces
régions autonomes ont clairement été créées
dans le but de prévenir tout séparatisme, deux d'entres elles
étant des îles (la Sicile et la Sardaigne), les trois autres
étant des régions frontalières abritant des populations
non italophones (le Val d'Aoste, le Trentin-Haut-Adige et le
Frioul-Vénétie julienne).
Bien que prévues dès la Constitution de 1948, les régions
à statut ordinaire n'ont effectivement été mises en place
qu'au début des années 1970, en même temps que les
régions françaises. Elles constituent le pivot de l'organisation
territoriale italienne.
Au cours de la dernière décennie, l'un des thèmes majeurs
du débat politique italien a été la modification du
système des collectivités locales dans un sens plus
« fédéral ». Ce courant de pensée, qui
transcende les majorités successives, se trouve personnalisé dans
le gouvernement de M. Silvio Berlusconi par M. Umberto Bossi, Ministre
chargé des réformes institutionnelles et de la dévolution.
Les réformes intervenues de manière échelonnées
dans le temps ont été tant législatives que
constitutionnelles, la dernière en date ayant même
été approuvée par référendum.
Afin de prendre la mesure de ce débat, une délégation du
groupe interparlementaire France-Italie s'est rendue en Italie du 17 au 20 juin
2002. À Rome, la délégation a eu des entretiens avec
les principaux protagonistes de la réforme régionale, au
Sénat et dans les ministères compétents.
À Palerme, elle a eu des entretiens avec les principaux
représentants de la région Sicile, qui est
considérée comme la plus autonome des cinq régions
à statut spécial.