III. L'ENJEU DE LA FRANCOPHONIE
A. UNE VOLONTÉ DE MIEUX S'INSÉRER DANS L'ESPACE FRANCOPHONE ENVIRONNANT
La délégation du groupe d'amitié a rencontré le vice-ministre de l'Éducation, M. Samuel Ablakwa, et a, en particulier, abordé la question de la place de la langue française au sein de l'enseignement au Ghana .
De très nombreuses langues sont parlées au Ghana (autour de 80), mais l'anglais occupe une place prédominante et y est langue officielle.
Le Ghana est certes membre associé de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), mais la langue française n'est pas forcément enseignée au lycée, où une seule langue étrangère (l'anglais) est obligatoire, pas plus qu'au West African Certificate Secondary School Examination (WACSSE), examen commun aux pays anglophones de la région, correspondant au baccalauréat.
Or, le Président Mahama et l'ensemble des interlocuteurs rencontrés ont souligné l' intérêt qu'aurait le Ghana à développer les échanges économiques et politiques avec les pays francophones environnants , ce qui passe aussi par une meilleure maîtrise de la langue française.
La délégation du groupe d'amitié a plaidé en faveur d'une meilleure reconnaissance de la langue française au sein de l'enseignement ghanéen, en lui conférant le statut de deuxième langue étrangère obligatoire au lycée.
Ceci contribuerait à une meilleure diffusion de la langue française , ainsi que l'a admis le vice-ministre de l'Éducation, faisant valoir toutefois que, pour y parvenir, il serait nécessaire de former des professeurs de français . En outre, les émissions francophones occupent une faible place au sein du paysage audiovisuel ghanéen . Il conviendrait donc d'agir également sur ce levier, ainsi qu'en sont convenus le vice-ministre et la délégation sénatoriale.
À cet égard, les sénateurs se sont montrés intéressés par les démarches innovantes de promotion de la langue française mises en place, avec en particulier la plateforme « Ghana French Club » , plateforme pédagogique et sociale dédiée à l'enseignement et l'apprentissage du français, lancée en novembre 2013. Cette plateforme a pour but de faciliter l'échange d'idées, de ressources, d'informations au sein des différents clubs de français des universités ghanéennes, entre les étudiants et leurs enseignants. Elle propose également des ressources linguistiques et culturelles pour l'auto-formation en ligne.
B. LE LYCÉE FRANÇAIS ET L'ALLIANCE FRANÇAISE D'ACCRA : DEUX LEVIERS IMPORTANTS
Au cours de son déplacement, la délégation s'est également rendue au lycée Jacques Prévert et à l'Alliance française, deux « fers de lance » de la culture française au Ghana.
Le lycée Jacques Prévert (école maternelle, collège et lycée), qui accueille aujourd'hui environ 575 enfants, dispose d'une marge de croissance, puisqu'il peut accueillir 815 élèves. Leur nombre croît assez nettement, mais le lycée français reste moins connu que les établissements britanniques ou américains , ce qui n'est pas illogique dans un pays anglophone. Afin d'accueillir davantage d'élèves ghanéens, un programme bilingue vient d'être mis en place. Reste à le populariser. Un travail devrait également être mené avec le Consulat afin de mieux gérer les demandes de visas d'élèves étudiant au lycée français.
Approuvant les efforts visant à renforcer l'attractivité de cet établissement, la délégation espère qu'ils seront poursuivis. Elle a en effet pu apprécier le dynamisme et l'inventivité des professeurs de l'établissement, qui est, comme chaque établissement français à l'étranger, un formidable relais pour la culture française.
Il en va de même pour l'Alliance française d'Accra , qui dispose d'un grand centre de formation (4 000 étudiants, 10 000 fréquentations de la médiathèque ; 2 000 personnes suivant des cours de français), que le directeur de l'Alliance entend développer, notamment en promouvant l'apprentissage du français professionnel, afin d'offrir aux jeunes Ghanéens de nouvelles perspectives.
En outre, le centre culturel, très réussi, situé au sein de l'Alliance française est doté d'une riche programmation et offre en particulier aux artistes ghanéens contemporains un espace d'échanges très apprécié.
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À la suite des échanges avec la communauté française et les autorités ghanéennes, la délégation sénatoriale s'est engagée à intensifier les relations d'amitié et de travail entre le Parlement ghanéen et le Sénat français, en conviant une délégation du groupe d'amitié parlementaire Ghana-France à se rendre en France en 2014.
Entretien avec le Président de la République du Ghana, M. John Dramani Mahama |
Visite du centre de formation de l'Alliance française |