C. LES RELATIONS FRANCO-LITUANIENNES
1. Les relations politiques
S'il a fallu attendre l'année 1993 - en raison de la longue période électorale qu'a connue la Lituanie - pour que se développent véritablement les relations bilatérales, on a assisté depuis lors à un nouvel élan : en témoignent les visites des différentes personnalités françaises en Lituanie et lithuaniennes en France. Après la visite du Président Mitterrand en mai 1992, on peut énumérer les visites de M. Brazauskas à Paris en juin 1993 et en octobre 1994, du Ministre délégué aux Affaires européennes, M. Lamassoure à Vilnius en janvier 1994, du Premier Ministre lituanien, M. Szlezevicius à Paris en mai 1994, de M. Barnier à Vilnius en octobre 1995, et de M. Monory, Président du Sénat, à Vilnius en avril 1996. Une délégation du groupe France-Lituanie de l'Assemblée nationale s'est rendue en Lituanie en février 1997. Le Président Lituanie, M. Brazauskas, s'est rendu à Paris en visite officielle en juillet 1997 à l'invitation du Président Chirac. M. Landsbergis, Président du Seimas, a, quant à lui, effectué une visite à Paris les 8 et 9 octobre 1997, à l'invitation des Présidents des deux Assemblées. Le Ministre délégué aux Affaires européennes s'est rendu en Lituanie les 4 et 5 décembre 1997, après que Mme Andrikiene, ministre sortant des Affaires européennes lituanien, l'ait rencontré à deux reprises en 1997. Le Ministre délégué a également rencontré le nouveau Président lituanien, M. Adamkus, en marge d'un colloque à Salzbourg, le 24 juin dernier. Enfin, M. Saudargas, Ministre des Affaires étrangères, en visite à Paris du 22 au 24 juillet 1998, a rencontré le Ministre des Affaires étrangères, le Ministre délégué et M. Claude Huriet, Président du groupe sénatorial.
2. Les relations économiques et commerciales
L'appréciation que l'on peut porter sur les relations économiques et commerciales entre la France et la Lituanie est nuancée. En effet, si les échanges commerciaux se situent à un niveau honorable, les investissements français restent, dans ce pays, relativement faibles.
a) les échanges commerciaux : un net développement
Ils atteignent aujourd'hui environ 1,7 milliard de francs.
En millions de francs |
Exportations françaises |
Importations françaises |
Solde |
1.992 |
135 |
148 |
- 13 |
1.993 |
377 |
357 |
20 |
1.954 |
284 |
199 |
85 |
1.995 |
282 |
410 |
- 128 |
1.996 |
494 |
527 |
- 33 |
1.957 |
901 |
843 |
58 |
Source
: Douanes françaises
Le rythme de nos échanges a considérablement cru en 1997. La
France se classe 9ème fournisseur et 14ème client en
1997, cette progression étant confirmée pour les premiers mois de
1998.
Nos principaux postes à l'exportation sont l'électronique
professionnelle, les machines-outils, l'alcool, les voitures
particulières et accessoires automobiles, la parfumerie. A
l'importation, ce sont les engrais azotés les meubles, les tubes
électroniques et les produits textiles.
Trois observations sur nos échanges avec la Lituanie peuvent être
faits :
- la France vendait annuellement à la Lituanie pour un montant
sensiblement équivalent à celui de nos exportations
cumulées à destination des autres pays baltes, ce qui correspond
grosso modo au rapport des populations. En 1997, ce montant est
supérieur au double de celui réalisé avec la Lettonie et
l'Estonie ;
- une part substantielle de nos exportations finales vers la Lituanie est
réalisée par le biais de pays nordiques et n'entre donc pas dans
les statistiques bilatérales ; cela est
particulièrement le cas des véhicules personnels via la Finlande,
d'ordinateurs via le Danemark ou de produits alimentaires ou cosmétiques
via la Suède ;
- la position de la France ne correspond pas à ses
possibilités réelles, compte tenu de la bonne image dont
jouissent les produits français localement. Il faut mettre en cause,
comme d'habitude, la frilosité de nos opérateurs nationaux, qui
considèrent souvent la Lituanie - contrairement à nos
concurrents (italiens, allemands, nordiques...) - comme un petit
marché à haut risque ne méritant pas le déplacement.
La délégation sénatoriale considère que les
progrès effectués en 1997 et sur les premiers mois de 1998
constituent une première prise en compte par nos entreprises de la
réalité du marché lituanien, qui n'est pas,
comme
beaucoup le supposent, " un petit marché à haut
risque ".
Rappelons que le Sénat, sous le Haut Patronage du Président du
Sénat et sous l'égide du groupe sénatorial, avait
organisé avec le CFCE, le 25 mars 1997, une journée balte
réservée aux entreprises. La délégation souhaite
que ce type de manifestation soit l'occasion de développer nos
échanges avec la Lituanie.
b) Des investissements encore trop modestes
Sur un
montant total de 1,04 milliard de dollars au 1er janvier 1998, le
montant des investissements français en Lituanie s'avère assez
modeste. En effet, les dernières statistiques l'estime à moins de
35 millions de francs, ce qui place la France au 19ème rang
des investisseurs.
Parmi les trop rares projets d'investissement, on peut citer la fourniture par
Thomson d'émetteurs de radiodiffusion (18 millions de francs),
conclue fin septembre 1996, ainsi que celle d'un système de surveillance
de la frontière biélorusse, conclue à l'été
1997. L'entreprise Chargeurs Textiles a démarré en juin 1998 ses
activités de production de fils de laine en Lituanie et est devenu le
plus important investisseur français dans ce pays (75 millions de
francs). De même, un accord portant sur la livraison par Manurhin
d'une usine de munitions (130 millions de francs) a été
signé le 4 août 1998. Le projet de la Lyonnaise des Eaux
(formation d'une société mixte de gestion des eaux de la ville de
Vilnius, où la Lyonnaise des Eaux détiendrait 30 % du
capital) se heurte à des oppositions. Par ailleurs, la récente
implantation à Vilnius de la Société
générale (ouverture d'un bureau de représentation en avril
1997) devrait être une étape importante pour attirer nos
opérateurs commerciaux et industriels nationaux, pour lesquels la
présence d'une banque française sera un gage de
sécurité des transactions. Paribas a remporté un contrat
visant à la préparation de la privatisation de la raffinerie de
Maziekei (7 millions de francs).