b) La poursuite des privatisations
La Délégation s'est rendue, le 27 février, dans la région d'Aboisso pour visiter les plantations d'ananas du groupe français Rivaud, puis les plantations de palmiers de la société nationale PALMINDUSTRIE. Ce dernier groupe est en voie d'être privatisé.
Lancé en 1990, le plan de privatisations a été freiné jusqu'en 1993 par les réticences des parlementaires et des fonctionnaires. Á cette date, seules cinq des 60 entreprises annoncées avaient été privatisées. Il s'agissait d'entreprises d'édition, de villages-vacances, de pêche et surtout de la Compagnie ivoirienne d'électricité cédée à Bouygues-Saur.
Le programme a redémarré sous l'impulsion du Gouvernement Ouattara. Aux entreprises publiques déjà concernées, il a ajouté une dizaine de sociétés d'économie mixte dans le domaine agro-industriel, des transports, de l'énergie.
Le Président KONAN BÉDIÉ hostile aux privatisations lorsqu'il était Président de l'Assemblée nationale, s'est toutefois engagé à mener le programme à son terme.
Les entreprises françaises doivent profiter du redémarrage économique ivoirien afin de prendre part au second miracle ivoirien que la Délégation appelle de ses voeux.
La Côte d'Ivoire semble donc bénéficier d'une nouvelle chance pour devenir selon les mots de son Gouvernement « un éléphant d'Afrique » à 1'image des dragons asiatiques. Il faut cependant nuancer cet optimisme par le rappel des difficultés que connaît la Côte d'Ivoire.
La faiblesse persistante de l'investissement productif a un caractère plus structurel, le poids de la dette, bien que diminué, demeure un facteur de blocage considérable et la dépendance à l'égard des prix du marché semble difficilement maîtrisable.
Si la France n'a pas de prise sur deux de ces facteurs, elle peut en revanche aider la Côte d'Ivoire dans le règlement de sa dette.
Tel est le message que la Délégation se doit de transmettre aux pouvoirs publics français et à vos collègues parlementaires.
c) Une plus grande ouverture aux nouvelles élites ivoiriennes
La chaleur de l'accueil qui nous a été réservé ne doit pas, cependant, faire illusion.
La Côte d'Ivoire change.
La génération des cadres de l'Indépendance avait - à l'image du Président HOUPHOUET-BOIGNY - une véritable familiarité avec la France.
La nouvelle génération est beaucoup plus diverse. Certains ministres ont fait des séjours prolongés aux États-Unis, dans des institutions internationales. Ils identifient le nouveau-monde avec la modernité. Ils répondent volontiers aux sollicitations américaines ou canadiennes en envoyant leurs enfants poursuivre leurs études outre-Atlantique.
La France, elle, réduit la possibilité de suivre sur son territoire des formations de longue durée, même quand il s'agit d'étudiants de troisième cycle.
À terme, cette symbiose franco-africaine très particulière qui marque les rapports de la France avec la Côte d'Ivoire pourrait s'en trouver altérée.
Il faut donc veiller à ce que se maintienne une connaissance réciproque approfondie entre les deux pays en maintenant la possibilité pour les jeunes Français de venir en Côte d'Ivoire (et plus généralement en Afrique) et en permettant aux cadres et futurs cadres ivoiriens (ou africains) de compléter leur formation en France et de fonder avec notre pays une véritable familiarité.