3. Un préalable : régler le problème de la dette
La question de la dette a été constamment évoquée au cours des entretiens que la Délégation a eus avec les principaux responsables politiques et économiques ivoiriens.
Le poids de la dette extérieure demeure préoccupant, car il est le plus important au monde par habitant.
La dette handicape grandement la croissance, une part importante des recettes étant affectée au paiement des intérêts, au remboursement des arriérés et du principal.
Cette situation est née d'une politique de grands travaux et d'investissements financés par emprunt dans les années 70, période faste des cultures de rentes.
Dans les années 80, les cours se sont effondrés alors que les taux d'intérêt réels se sont élevés, créant ainsi une situation de crise financière pour beaucoup de pays en voie de développement, dont la Côte d'Ivoire. Les relations de ce pays avec les prêteurs internationaux sont souvent tendues, l'un retardant excessivement ses remboursements, les autres diminuant en réponse leur programme d'aide.
En 1993, même la France qui, jusque là assurait les arriérés de paiement auprès du FMI par l'intermédiaire de la CFD, menaçait d'interrompre ses avances.
La dette extérieure publique a en outre doublé sous l'effet mécanique de la dévaluation du franc CFA.
En 1994, la dette est estimée à 5 739 milliards de francs CFA ce qui représente plus 200 % du PIB et 540 % de la valeur totale des exportations.
Le service de la dette est de 145 milliards de francs CFA, ce qui donne naissance à un cercle vicieux l'État étant obligé de s'endetter pour l'assurer.
Par ailleurs, les bailleurs de fonds multilatéraux et bilatéraux ont conditionné leurs efforts au remboursement de la dette intérieure. Celle-ci s'élevait, en effet, à la fin de décembre 1993, à 1 100 milliards de francs CFA (dont 400 millions dus à la Banque centrale) soit 60 % du PIB, et les arriérés représentent plus de 170 milliards de francs CFA. Elle contribue pour beaucoup à l'asphyxie du secteur privé, en grevant lourdement la trésorerie des entreprises débitrices ; l'État ne paie plus ses fournisseurs qui ne peuvent plus à leur tour régler leurs sous-traitants. En 1994, l'État aura traité, avec notamment l'aide de la France, une part importante de sa dette aux entreprises privées.
Depuis la dévaluation, les relations de la Côte d'Ivoire avec ses créanciers se sont détendues et le pays a bénéficié de remises de dette exceptionnelles, d'un montant supérieur à 2 000 milliards de francs CFA.
Ces remises apparaissent indispensables alors qu'en raison des effets mécaniques de la dévaluation, la charge des intérêts cumulés de la dette devrait augmenter de 11 à 18 % du PIB.
Les projections prévoient cependant à partir de 1996 une diminution progressive des charges de la dette qui devraient avoir diminué de moitié en l'an 2002.
La Côte d'Ivoire possède, comme on l'a vu, des atouts. Sa balance commerciale est, en effet, structurellement excédentaire, même si l'excédent s'est réduit en 1993 en raison de la détérioration des termes de l'échange.
Le déficit des services s'atténue mais persiste néanmoins en raison des charges de la dette, des services liés au commerce extérieur et des importants transferts sans contrepartie liés au grand nombre des travailleurs étrangers.
Au total, la balance des paiements courants est déficitaire.
Le déficit de la balance des capitaux non monétaires est structurel. Il résulte essentiellement des transferts de capitaux publics.
Le solde de cette balance est donc un important besoin de financement.