D) Les relations avec les médias se renforcent progressivement
a) La mise en place de services spécifiques, chargés des contacts avec la presse, traduit le souci des assemblées d'adapter l'information sur les travaux parlementaires aux besoins des média : création d'un Service de la Communication, dans chacune des deux assemblées françaises, à la fin des années 1980, ou à l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire ; Département de la Communication, rattaché au Cabinet du Président, à l'Assemblée nationale du Gabon ; Direction de la presse et de l'image au Sénat et à la Chambre des Députés de Roumanie ; Service d'information de l'Assemblée fédérale de Suisse ; bureau de Presse de la Présidence au Conseil Général du Val d'Aoste.
Cependant, à l'exception de l'Assemblée fédérale suisse, qui dispose d'un chargé d'information, la plupart des assemblées n'ont pas désigné de porte-parole officiel ; c'est le Président qui assure la représentation de l'institution ; il en va de même pour les formations intérieures : les Présidents et Secrétaires des commissions en sont les porte-parole ; pour les groupes politiques, cette fonction est tenue en général par le chef du groupe.
b) La publicité des travaux tend à s'élargir
L'image tendant à devenir la principale source d'information, la télévision constitue, pour les Parlements, un partenaire indispensable, propre à expliciter leur rôle et à le relégitimer. La plupart des assemblées ont donc admis les caméras dans leurs enceintes, avec des solutions différentes selon qu'il s'agit de l'hémicycle ou des autres lieux de débat.
La majorité des Parlements autorisent les télévisions à filmer les débats en séance plénière, parfois après accord des organes directeurs de l'assemblée (Communauté française de Belgique).
Mais la complexité des problèmes s'accroissant, le centre de gravité du travail législatif s'est déplacé de la séance plénière vers les réunions de commissions ; c'est pourquoi un certain nombre d'assemblées ont levé le huis-clos des travaux en commission : c'est le cas au Canada, en France, au Gabon, en Ontario, au Québec, en Roumanie et au Sénégal (où l'accord de l'Assemblée nationale est toutefois nécessaire).
À la Chambre des Communes du Canada, les séances plénières sont filmées depuis 1977, celles des commissions depuis 1992. En France, on a longtemps considéré que la technicité des travaux des commissions et la liberté de ton des intervenants s'accommoderaient mal de la présence des médias. Mais la couverture télévisuelle des séances publiques s'avérant insatisfaisante, les réunions des commissions permanentes ont été ouvertes à la presse, en particulier télévisuelle, à partir de 1990 ; un an plus tard, la publicité des travaux des commissions d'enquête a été admise.
c) La retransmission télévisuelle des travaux parlementaires
* Le principe est inscrit dans le Règlement intérieur de plusieurs assemblées (Canada, Communauté française de Belgique, France, Roumanie, Sénégal), voire dans la Constitution (Gabon) ou dans la loi d'organisation du Parlement (Jura).
* Quoique le plus souvent, aucune obligation de retransmettre en tout ou en partie les travaux du Parlement ne soit imposée aux chaînes 9 ( * ) , dans plusieurs pays les séances importantes (concernant la politique du Gouvernement -débats et questions-) sont diffusées en intégralité et en direct ; des extraits paraissent par ailleurs, en différé, au cours des journaux télévisés des chaînes publiques et privées.
* Dans la plupart des cas, la responsabilité du choix des images diffusées incombe aux journalistes et aux chaînes, la réalisation pouvant par ailleurs être soumise à des normes établies par le service spécialisé de l'assemblée (Québec) ; quelques assemblées, cependant, effectuent elles-mêmes la sélection des images, avant de les transmettre aux chaînes publiques (Côte d'Ivoire et Gabon).
* En pratique, l'équilibre du temps d'antenne entre les différents groupes politiques est respecté, bien que la répartition en soit rarement organisée ; toutefois, à l'Assemblée nationale du Gabon, le Département de la Communication contrôle la répartition ; en Roumanie, c'est le Conseil National de l'Audiovisuel qui remplit cette fonction ; au Sénégal, la répartition est effectuée par une commission ad hoc, et contrôlée par le Haut Conseil de l'Audiovisuel.
* 9 Toutefois, en France, le cahier des charges de la chaîne publique France 3 lui impose de filmer et retransmettre intégralement en direct les deux séances hebdomadaires de questions au Gouvernement, ainsi que les principaux débats du Parlement. Au Sénégal, la télévision nationale a l'obligation de couvrir tous les travaux des séances plénières pour en diffuser une partie.