SÉANCE

du mercredi 17 novembre 2021

23e séance de la session ordinaire 2021-2022

présidence de M. Gérard Larcher"

Secrétaires : Mme Esther Benbassa, M. Pierre Cuypers.

La séance est ouverte à 15 heures.

Le procès-verbal de la précédente séance, constitué par le compte rendu analytique, est adopté sous les réserves d'usage.

Questions d'actualité

M. le président.  - L'ordre du jour appelle les questions d'actualité au Gouvernement.

La séance est retransmise en direct sur Public Sénat et sur notre site internet.

J'appelle chacun de vous à observer l'une des valeurs essentielles du Sénat : le respect des uns et des autres et du temps de parole.

Maires bâtisseurs

M. Frédéric Marchand .  - (Applaudissements sur les travées du RDPI) La question du logement est épineuse. Pour nos concitoyens, un maire bâtisseur est trop souvent un maire bétonneur. Aux élections municipales de 2020, certains candidats ont appelé à l'arrêt des constructions. Le discours politique doit être plus offensif pour relancer la construction de logements dans les zones où l'offre est inférieure à la demande.

La commission Rebsamen pour la relance durable de la construction de logements affirme qu'une densité heureuse est possible à condition de veiller à la qualité des logements et des espaces urbains.

Mais les communes ont besoin d'être soutenues dans leur effort de construction.

Le plan de relance a débloqué 142 millions d'euros - sur 350 millions disponibles - au bénéfice de 1 288 communes, pour plus de 67 000 logements construits.

Monsieur le Premier ministre, au Congrès de l'union sociale pour l'habitat (USH), vous avez annoncé la relance de l'aide à la pierre dans les territoires tendus. Pouvez-vous nous préciser les termes de cette nouvelle contractualisation ? (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Jean Castex, Premier ministre .  - La situation du logement est préoccupante. Les maires sont souvent des bâtisseurs, mais pas tous : certaines équipes municipales élues en 2020, notamment dans de grandes agglomérations, ont décidé de moins construire. Je le déplore.

La commission présidée par François Rebsamen et composée d'experts et d'élus nous a fait des préconisations en un temps record. Au congrès de l'Union sociale pour l'habitat (USH), à Bordeaux, j'ai pu annoncer les premières mesures, bien accueillies par les professionnels, et qui trouveront une traduction dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2022.

Dans les zones tendues, la contractualisation entre le préfet et les collectivités territoriales permettra de redéployer 175 millions d'euros du plan de relance.

De plus, conformément à la revendication du Sénat, l'État compensera intégralement aux collectivités territoriales, pendant dix ans, la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) pour les logements sociaux agréés à compter de 2021.

Mme Sophie Primas.  - Pourquoi dix ans ?

M. Jean Castex, Premier ministre.  - Par ailleurs, l'exonération de TFPB sur le logement intermédiaire sera remplacée par un crédit d'impôt d'un montant équivalent.

Enfin, un appel à manifestation d'intérêt sur le bâti de l'État en Île-de-France sera bientôt lancé.

L'artificialisation des sols progresse quatre fois plus vite que la population. La loi Climat et résilience propose une division par deux de ce rythme sur les dix prochaines années, assortie d'une meilleure répartition entre territoires via les schémas régionaux d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (Sraddet). (Mme Sophie Primas s'exclame.) Ce projet de loi de finances est une occasion unique d'agir ! (Applaudissements sur les travées du RDPI, ainsi que sur quelques travées du groupe INDEP et du RDSE ; M. Alain Cazabonne applaudit également.)

Congrès des maires

M. Patrick Kanner .  - (Applaudissements sur les travées du groupe SER) « Déserts médicaux » : voilà qui illustre le sentiment de relégation de certains territoires ruraux, mais aussi urbains. La question de l'inégalité d'accès aux soins s'est imposée dans le grand débat national. Renforcée par la crise sanitaire, c'est aujourd'hui l'une des premières préoccupations de nos concitoyens. Certes, la situation actuelle n'est pas entièrement imputable à l'actuel Gouvernement.

Je tiens à saluer les élus locaux qui luttent quotidiennement sur le terrain contre la désertification.

Il y a deux ans et demi, le Sénat a voté un dispositif affectant pour six mois les internes en zone sous-dense, contre votre avis. Cette disposition a été promulguée le 24 juillet 2019, mais nous attendons toujours le décret : coupable procrastination ! Vous n'appliquez pas la loi pourtant votée par le Parlement et abandonnez des millions de Français à leur sort !

En mai dernier, interrogé par Bernard Jomier, le ministre Adrien Taquet n'avait rien répondu. Il a annoncé vendredi dernier, à Bruno Retailleau, la publication du décret au mois de mars. Quand appliquerez-vous enfin la loi de la République, même si celle-ci ne vous convient pas ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER et sur quelques travées des groupes CRCE, UC, Les Républicains et du RDSE ; Mme Esther Benbassa applaudit également.)

M. Jean Castex, Premier ministre .  - Je me suis déjà exprimé à de multiples reprises devant le Sénat sur la question de la désertification médicale. (« Le décret, le décret, le décret ! » sur plusieurs travées du groupe SER)

Si un décret suffisait pour trouver des médecins, cela se saurait ! (Protestations à droite et à gauche)

Tout le monde le sait : le numerus clausus malthusien sévit depuis des décennies. Lorsque vous étiez aux affaires, monsieur Kanner, le numerus clausus de 2017 était inférieur à celui de l'année de sa création, en 1972 ! (Protestations redoublées à droite et à gauche ; applaudissements sur les travées du RDPI)

Maintenant on fait semblant de s'étonner qu'il manque des médecins ! Et vous voudriez nous faire croire que la publication d'un décret changera la donne ! (Huées à droite et à gauche ; applaudissements sur les travées du RDPI et du groupe INDEP ; M. Jean-Paul Prince applaudit également.) Certes, nous sommes en période électorale, mais vous ne nous ferez pas prendre des vessies pour des lanternes. (La voix du Premier ministre se perd dans le brouhaha.)

Notre majorité a eu le courage d'abroger le numerus clausus, mais on ne forme pas un médecin en deux ans. Avec les maires, nous agissons sur le terrain. (Protestations à gauche)

Je n'étais pas Premier ministre lorsque ce dispositif a été voté. Malgré les difficultés techniques qu'il présente, il sera mis en oeuvre d'ici le printemps prochain. (« Ah ! » sur les travées du groupe Les Républicains ; applaudissements sur les travées du RDPI, ainsi que sur quelques travées du RDSE et du groupe INDEP)

M. Patrick Kanner.  - Cela ne fera que trois ans que nous attendions !

Oui à un parlementarisme rationalisé, mais non pas dévitalisé. Le Gouvernement ne doit pas avoir de droit de veto. (Applaudissements nourris sur les travées des groupes SER, CRCE et Les Républicains, ainsi que sur quelques travées du RDSE et du groupe UC ; Mme Esther Benbassa applaudit également.)

Cybersécurité des collectivités

M. Éric Gold .  - (Applaudissements sur les travées du RDSE) La cybersécurité concerne aussi les collectivités territoriales. La Rochelle, Évreux, Bayonne ont été attaquées et paralysées pendant des semaines.

Mais les petites communes sont encore plus vulnérables. Je pense par exemple à Surat, dans mon département, qui compte moins de 600 habitants et dont l'accès aux données a été bloqué par un rançongiciel.

En 2020, 4 % des communes françaises ont été piratées et 14 % des victimes des rançongiciels sont des administrations. Un phénomène amplifié par la crise sanitaire.

Les audits sont coûteux. Par exemple, la communauté d'agglomération dont dépend Sarrat a dépensé 30 000 euros, sans soutien.

Le Gouvernement a annoncé 1 milliard d'euros pour sa stratégie nationale de cybersécurité, dont une partie sera destinée à l'administration. Comment cette enveloppe sera-t-elle utilisée ? Comment les élus seront-ils accompagnés face à ces nouveaux dangers ? (Applaudissements sur les travées du RDSE)

Mme Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales .  - Je salue les maires présents et tous les élus locaux qui font la force de notre République.

Oui, les cyberattaques se multiplient et une victime de rançongiciel sur cinq est une collectivité territoriale.

L'État accompagne les collectivités pour renforcer leur sécurité informatique. Dans chaque région, un référent de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) peut les conseiller. La plateforme nationale cybermalveillance.gouv.fr recense l'offre locale de sécurité informatique. Plus de 500 collectivités ont déjà bénéficié du parcours de cybersécurité proposé dans le cadre de France Relance. Une partie des 700 millions d'euros pour la cybersécurité du plan d'investissement d'avenir (PIA) et de France Relance est destinée aux collectivités territoriales.

La bataille se joue aussi dans les territoires avec les élus. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

Dysfonctionnement du couple maire-préfet

M. Guy Benarroche .  - Les maires gèrent au quotidien la vie des Français et assurent le fonctionnement libre, égal et fraternel de nos institutions, tout en prenant en charge la solidarité.

Le candidat Emmanuel Macron voulait réduire le millefeuille administratif et supprimer un quart des départements. (Huées sur les travées du groupe Les Républicains)

Durant toute la crise sanitaire, vous avez vanté le couple préfet-maire, mais le pouvoir du préfet ne fait que croître. La déconcentration prime désormais sur la décentralisation. Où sont concertation, coconstruction et coopération ? Les maires n'ont de cesse d'adapter des décisions venues d'ailleurs. Interrogez donc les maires, mais aussi les citoyens, notamment ceux qui ne se déplacent plus pour voter !

La loi 3DS est une déception. Votre inertie est-elle liée à un changement dans votre constat sur une proximité qui ne serait plus efficace, ou à des motifs électoraux ? (Applaudissements sur les travées du GEST ; Mme Esther Benbassa, Mme Michelle Meunier et M. Jean-Jacques Michau applaudissent également.)

Mme Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales .  - Je connais bien la fonction de maire, monsieur Benarroche, pour l'avoir été pendant vingt-cinq ans. Dès le début de son mandat, le Président de la République a su entendre les élus (exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains), qui demandaient une pause dans les réformes.

M. Bruno Belin.  - Suppression de la taxe d'habitation !

Mme Jacqueline Gourault, ministre.  - Nous avons certes fusionné les deux départements alsaciens, mais c'était à la demande des élus.

Sur la fusion des métropoles et des départements, les esprits n'étaient pas prêts.

À Marseille, à la suite de la visite du Président de la République, nous travaillons pour une métropole qui fonctionne mieux, avec un retour des prérogatives des maires.

Nous entendons les élus et c'est pour eux que nous réformons. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains ; applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Guy Benarroche.  - Vous refusez le pouvoir au maire, avec le soutien de la droite sénatoriale (protestations sur les travées du groupe Les Républicains), que ce soit sur les épandages à proximité des écoles, sur l'autonomie énergétique et alimentaire ou même sur la consultation des habitants.

Les décisions venues d'en haut, notamment du Président, ont considérablement amoindri le pouvoir du maire. (Applaudissements sur les travées du GEST ; Mme Esther Benbassa, M. Patrice Joly et M. Jean-Jacques Michau applaudissent également.)

Lutte contre le harcèlement scolaire

Mme Colette Mélot .  - (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur quelques travées du groupe UC) Ce jeudi est la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Chaque année, on compte entre 700 000 et 1 000 000 victimes. Une multitude d'enfants font face à ce phénomène qui mène au pire, tandis que d'autres commettent des actes intolérables.

La mission d'information du Sénat, dont j'étais rapporteure, propose d'en faire une grande cause nationale en 2022. Qu'en pense le Gouvernement ?

Il faut développer cette culture de la bienveillance. Quel est le bilan du programme pHARe et combien d'établissements y participent ?

Frances Haugen a insisté sur le nécessaire renforcement du Digital Services Act. Cela constituera-t-il un sujet de la présidence française de l'Union européenne ? (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur quelques travées du groupe UC ; Mme Michelle Meunier et M. Hussein Bourgi applaudissent également.)

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports .  - Votre rapport souligne que beaucoup a été fait - avec notamment l'opération « non au harcèlement » -, mais nous devons faire encore davantage. Je suis favorable à l'idée de grande cause nationale. C'est une lutte pour la fraternité, déjà à l'oeuvre dans certains établissements.

Le programme pHARe, expérimenté en 2020, est désormais en cours de généralisation : 40 % des collèges - soit 2 066 établissements publics - et 6 561 écoles sont déjà concernées et ce sera 100 % d'ici la rentrée prochaine. Nous comptons 20 660 ambassadeurs collégiens formés - contre 10 000 l'an dernier - et 237 formateurs académiques. Enfin, sachez que je rencontrerai cet après-midi les responsables des plateformes.

Je suis en accord complet avec vos préconisations. Nous avons besoin d'unité nationale face à ce fléau. (Applaudissements sur les travées du RDPI et du groupe INDEP, ainsi que sur quelques travées du groupe UC)

Mme Colette Mélot.  - La peur doit changer de camp. La jeunesse doit rester le champ des possibles dans lequel chacun s'épanouit, dans le respect des valeurs qui fondent notre République. (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP, ainsi que sur quelques travées du RDPI et du groupe UC)

M. Emmanuel Capus.   - Très bien !

Construction de logements neufs en danger

M. Marc-Philippe Daubresse .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) En écoutant Mme Emmanuelle Wargon sur le budget du logement la semaine dernière, je me rappelais la phrase de Voltaire : « Tout va pour le mieux, telle est notre illusion ».

La situation de la construction neuve est préoccupante. Au lieu d'un choc de l'offre, nous faisons face à celui de la demande.

J'ai été vingt-neuf ans maire, mais la situation a changé depuis : on ajoute des normes aux normes, on supprime la taxe d'habitation, etc. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur quelques travées du groupe UC ; M. Franck Menonville applaudit également.)

Les préconisations de la commission Rebsamen vont dans le bon sens, mais elles sont insuffisantes. Mme Wargon avait promis 250 000 logements sociaux : on n'en compte que 170 000. Et Bercy va encore nous concocter une usine à gaz fiscale...

Allez-vous annoncer un plan d'ampleur comme celui de M. Sarkozy de 2010 - vous y étiez, Monsieur le Premier ministre ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains ; Mme Valérie Létard applaudit également.)

Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique .  - (Murmures sur les travées du groupe Les Républicains) Mme Wargon est actuellement retenue à l'Assemblée nationale pour l'examen du projet de loi 3DS.

Nous souhaitons faciliter l'accès à un logement abordable, en aidant les maires constructeurs.

La suppression de la taxe d'habitation était une mesure de justice sociale demandée par tous.

La construction neuve a retrouvé son niveau d'avant-crise.

Nous avons pris des mesures pour favoriser l'accès à la propriété : bail réel solidaire avec une TVA à 5,5 %, prolongation du prêt à taux zéro jusqu'en 2023, aide d'Action Logement de 10 000 euros au bénéfice de 20 000 ménages salariés.

Nous renforçons également le dispositif « louer abordable » pour inciter les propriétaires à diminuer les loyers, grâce à une réduction d'impôt.

La loi SRU a été pérennisée afin d'améliorer la répartition des logements sociaux sur le territoire, mais nous ne laissons personne sans solution.

Nous sommes à vos côtés. (Marques dubitatives à droite ; applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Marc-Philippe Daubresse.  - La construction a diminué de 15 % depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy. La commission des affaires économiques a formulé des propositions pour un plan de grande ampleur : il faut aller plus loin que les préconisations de M. Rebsamen. Peut-être pourrons-nous alors, avec Zadig, avoir une vraie espérance. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Confinement des personnes non vaccinées

M. Loïc Hervé .  - (Applaudissements sur les travées du groupe UC) L'Autriche et des Länder allemands envisagent le confinement des personnes non vaccinées : le concours Lépine des mesures attentatoires aux libertés publiques se poursuit en Europe.

La France va prochainement assurer la présidence française de l'Union européenne. Qu'en dit-elle ? Et que dit l'Union européenne, pourtant toujours si prompte à faire des commentaires sur l'État de droit ? Des responsables politiques français - et non des moindres - ont montré leur intérêt pour un tel confinement... Et vous, monsieur le ministre, qu'en pensez-vous ?

À la suite de l'échec de la CMP sur le projet de loi de vigilance sanitaire, vous disposez de pouvoirs considérables jusqu'à juillet 2022. Qu'envisagez-vous pour les jours, semaines et mois à venir ? (Applaudissements sur quelques travées des groupes UC et Les Républicains ; M. Éric Bocquet applaudit également.)

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé .  - Quelle constance ! Vous avez toujours été contre le passe. Mais le Gouvernement est aussi constant pour protéger nos concitoyens et prendre les bonnes mesures au bon moment. (Applaudissements sur les travées du RDPI et du groupe INDEP)

Des études montrent l'intérêt du passe sanitaire. Dans les bars et restaurants, plus de surcontaminations, plus de clusters : est-ce un hasard ? Nous avons également évité la fermeture des établissements recevant du public pendant la quatrième vague.

L'Autriche et l'Allemagne n'avaient pas instauré le passe sanitaire, mais face à la vague épidémique très violente, il est trop tard. Aussi, ils confinent les non-vaccinés. Tel n'est pas notre choix.

Sachez qu'en l'état, la loi ne permettrait pas un tel confinement. En cas de nouvel état d'urgence, nous devrions nous représenter devant le Parlement, dans le délai d'un mois. (Applaudissements sur les travées du RDPI et du groupe INDEP, ainsi que sur quelques travées du RDSE)

M. Loïc Hervé.  - Vous répondez à une question que je n'ai pas posée. La liberté publique est essentielle dans nos démocraties. Voyez la Suède et l'Espagne, leur exemple est à suivre ! (Applaudissements sur quelques travées du groupe Les Républicains ; M. Guy Benarroche applaudit également.)

M. Olivier Véran, ministre.  - Et combien de morts !

Situation du lanceur d'alerte Julian Assange

M. Éric Bocquet .  - Depuis bientôt trois ans, un homme est emprisonné à Londres : Julian Assange. Le crime de ce journaliste australien ? Avoir publié quelque 700 000 documents dévoilant l'espionnage et les crimes de guerre des États-Unis. Nous avons aussi appris que trois anciens Présidents de la République, MM. Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande, avaient été mis sur écoute. Ces faits sont gravissimes.

Quelle est la position du Gouvernement français ? Quelles initiatives diplomatiques allez-vous déployer pour soutenir ce lanceur d'alerte ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE, ainsi que sur quelques travées du groupe SER et du GEST ; Mmes Nassimah Dindar et Nathalie Goulet, MM. Sébastien Meurant et Alain Houppert applaudissent également.)

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères .  - Par le passé, les autorités françaises ont jugé qu'il n'y avait pas lieu d'accueillir M. Assange en France au vu de sa situation juridique et de sa situation de fait ; il n'a d'ailleurs pas formulé de demande d'asile.

Le Royaume-Uni est un État de droit. Les autorités judiciaires britanniques ont refusé son extradition vers les États-Unis en janvier 2021.

Le dispositif français sur les lanceurs d'alerte est très complet depuis la loi de 2016. Aujourd'hui même, l'Assemblée nationale examine un texte sur le renforcement de leur protection.

M. Éric Bocquet.  - Hier, à l'Assemblée nationale, 38 députés de toutes sensibilités ont reçu le père de Julian Assange. Des actions se multiplient partout dans le monde pour demander sa libération.

La France s'honorerait à lui proposer, au titre de l'alinéa 4 du préambule de la Constitution de 1946, l'asile constitutionnel, afin de lui éviter une peine de 175 ans de prison. (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE ; Mme Marie-Arlette Carlotti et M. Patrice Joly applaudissent également.)

Redonner du souffle au projet de loi 3DS

M. Mathieu Darnaud .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Il y a quatre ans, le Président de la République promettait de faire de la politique des territoires une priorité. Aujourd'hui, la déception domine. Mais le Sénat, toujours pragmatique, a présenté cinquante propositions, sous l'égide du président Larcher, pour redonner du souffle au projet de loi 3DS, en cours d'examen par l'Assemblée nationale.

Pour redonner de la force à la décentralisation, nous confions la coordination de la politique de l'emploi aux régions, nous faisons du préfet de département la porte d'entrée de l'État territorial, nous renforçons le couple maire-préfet et redonnons du pouvoir aux maires, que je salue, en revenant sur des compétences facultatives, par exemple sur l'eau.

Notre philosophie ne varie pas : que les élus puissent décider de l'avenir des territoires.

Allez-vous répondre à l'audace sénatoriale, ou le projet de loi 3DS est-il voué à être un énième texte d'ajustement ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains ; Mme Anne-Catherine Loisier applaudit également.)

Mme Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales .  - Nous nous retrouvons sur de nombreux points, la lecture du projet de loi 4D au Sénat l'a prouvé. Nous avons fait ensemble, à cette occasion, un travail constructif pour aider les maires à régler des problèmes concrets - sans big bang territorial.

L'Assemblée nationale va encore enrichir le texte. Les rapporteurs et les commissions travaillent. Je ne crois pas que le travail du Sénat sera dénaturé, même s'il existe des divergences sur l'intercommunalité.

L'Assemblée nationale, comme le Sénat, est souveraine, et je ne peux pas préjuger de ses décisions. Je crois néanmoins à l'esprit de rigueur et de responsabilité des députés. Je fais toute confiance aux deux chambres pour progresser sur ces questions essentielles, comme vous le faites depuis le début du quinquennat. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Mathieu Darnaud.  - Puissiez-vous être entendue à l'Assemblée nationale ...

Nos concitoyens attendent de la proximité. Nous réclamons plus de décentralisation et plus de confiance envers les élus locaux, qui ont montré pendant la crise sanitaire qu'ils étaient les fantassins de la République. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Transmission des valeurs à l'école

Mme Laurence Rossignol .  - (Applaudissements sur les travées du groupe SER) Selon la Une du Figaro Magazine, les enfants subiraient un endoctrinement à l'école. Les deux « dérives » visées ? L'antiracisme et la lutte contre l'homophobie. Je pensais pourtant que l'un comme l'autre découlaient des valeurs universelles de la République, liberté, égalité, fraternité.

Les enseignants sont choqués par cette offensive. Ils ont besoin de vous entendre dire que oui, l'école a vocation à transmettre ces valeurs que sont l'antiracisme et la lutte contre l'homophobie ; ils ont besoin de vous entendre leur dire que vous les soutenez. C'est la réponse que je vous propose. (Sourires ; applaudissements sur les travées du groupe SER)

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports .  - Je ne peux pas réagir à chaque article de presse, mais je tiens à vous répondre.

L'école transmet des connaissances et des valeurs. Des connaissances car sa mission première est l'instruction publique : lire, écrire, compter, respecter autrui. Elle transmet des valeurs, en complément de la famille, et au titre des principes de la République : liberté, égalité, fraternité, mais aussi laïcité.

Sans aucun doute, la lutte contre le racisme et l'homophobie, la défense du féminisme font partie de ces valeurs. Je soutiens les enseignants qui les transmettent.

Il est vrai cependant que certains courants de pensée venus des États-Unis, influents dans certains cercles intellectuels, traversent notre société, et donc notre école. Ce serait une erreur de ne pas le voir.

L'important est de rester fermes sur nos principes républicains, au nom de l'humanisme, non de la course victimaire. Nous luttons contre toutes les discriminations parce que nous reconnaissons à tout être humain la même dignité, et non pas au nom de la lutte des identités. (Applaudissements sur les travées du RDPI et sur quelques travées du groupe UC)

Mme Laurence Rossignol.  - Votre réponse me convient. J'espère que les enseignants l'entendront. Oui, des idéologies nouvelles, sujettes à débat, existent. Mais tout n'est pas égal.

La jeune Dinah s'est suicidée car elle était victime de harcèlement raciste et lesbophobe. Voilà ce qui tue nos enfants, et ce contre quoi il faut les protéger ! (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE, ainsi que sur certaines travées du RDPI)

Avenir de la sécurité sociale

M. Philippe Mouiller .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Le Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM) a proposé un énième scénario pour sortir des déficits chroniques, qui s'apparente à la création d'une « grande Sécu ». Vous déclariez en octobre avoir « semé des petits cailloux »....

Cette option coûterait au minimum 20 milliards d'euros aux finances publiques. Le « quoi qu'il en coûte » permet toutes les audaces !

Derrière, il y a le dessein, porté depuis dix ans déjà, d'étatiser notre système de santé. Pourtant, si l'État était bon gestionnaire, cela se saurait ! Nous n'aurions pas un taux d'imposition et une dette record.

L'hôpital se porterait mieux s'il n'était pas suradministré. L'État, faute de réformes et de moyens, régule les dépenses de santé par la pénurie.

Étatiser les dépenses de santé, c'est prendre comme remède la cause de nos déboires. Monopole public rime avec déficits ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé .  - Vous commentez un rapport qui n'est pas encore paru... Les complémentaires santé sont des acteurs majeurs de la protection sociale, mais elles coûtent cher : 19 à 20 % de coûts de gestion, contre 3 % pour l'assurance maladie.

M. Vincent Segouin.  - Démagogie !

M. Olivier Véran, ministre.  - Cette différence pèse sur le budget des ménages. Il y a d'abord un enjeu de pouvoir d'achat, notamment pour les retraités, les étudiants, les personnes sans emploi.

J'ai confié au HCAAM une mission de réflexion sur le rôle de chacun des acteurs de la protection sociale ; cela ne signifie pas qu'il y a un projet gouvernemental sous-jacent. Mais la question est intéressante, le nombre de tribunes qui fleurissent le montre.

Une bascule des complémentaires santé vers l'assurance maladie se traduirait par une bascule des cotisations indirectes vers une hausse des cotisations sociales ou des impôts. Or vous le savez, ce Gouvernement n'augmentera sous aucun prétexte les impôts. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains)

Il y a aussi l'enjeu de l'emploi du secteur des complémentaires santé.

La réflexion est saine. Les conclusions du Haut Conseil n'engagent pas le Gouvernement.

M. Philippe Mouiller.  - Oui, il faut redéfinir les missions des complémentaires. Mais les fuites parues dans les médias nous inquiètent. Une grande Sécu serait une remise en cause des principes fondateurs de 1945 ; cela signifierait la fin de la médecine libérale et surtout l'explosion des déficits... Nous serons extrêmement vigilants. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Processus électoral en Libye

M. Olivier Cigolotti .  - (Applaudissements sur les travées du groupe UC) Alors que vient de s'achever la conférence de Paris sur la Libye, le fils de Kadhafi a présenté sa candidature à la prochaine élection présidentielle libyenne. C'est un électrochoc pour ce pays, en proie au chaos depuis dix ans.

Un processus de sortie de crise semblait se dessiner depuis l'accord de cessez-le-feu du 23 octobre 2020, confirmé le 15 novembre par l'adoption d'une feuille de route politique et le 10 mars par l'approbation du Gouvernement d'unité nationale de transition.

La prochaine étape, décisive, est celle des élections présidentielles et législatives du 24 décembre prochain.

La candidature du fils Kadhafi risque de mettre à mal ce processus.

La stabilité de la Libye est pour nous un enjeu migratoire et de sécurité. Sans compter la responsabilité de notre pays dans cet échec...

Pensez-vous qu'il y ait danger pour le processus libyen ? Comment comptez-vous le conforter ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC)

M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères .  - Il y a en ce moment une fenêtre d'opportunité pour une sortie de crise en Libye.

Seize chefs d'État et des représentants de plusieurs autres pays ont participé à la conférence internationale pour la Libye qui s'est tenue vendredi à Paris, en présence du président libyen et du Premier ministre Dbeibah. Il a été acté la date du 24 décembre pour les élections et le retrait des forces étrangères, en commençant par trois cents mercenaires tchadiens. Cela est positif, après dix années de désastre.

Il revient aux Libyens de décider qui sera candidat. Une haute commission électorale indépendante a été installée pour valider les candidatures. Vous en avez mentionné une, mais il y en a plusieurs autres. Le processus est aujourd'hui dans une phase positive, même si certains voudraient le retarder. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Olivier Cigolotti.  - La Libye est au coeur de nombreux enjeux stratégiques, notamment pour l'Europe. Elle est devenue, comme la Syrie, le théâtre d'une guerre par procuration et l'enjeu de convoitises régionales et internationales. La France doit rester vigilante sur l'évolution du processus libyen. (Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur quelques travées du groupe Les Républicains)

Autonomie financière des communes

Mme Catherine Belrhiti .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Nous allons bientôt fêter les quarante ans des lois de décentralisation - mais le principe d'autonomie financière des collectivités et leurs ressources propres ne cessent d'être remis en cause.

Vos déclarations d'amour aux élus ne font pas oublier la concentration des ressources financières des collectivités entre les mains de l'État. Avec la suppression de la taxe d'habitation, les maires n'ont plus de pouvoir de taux que sur les taxes foncières et un tiers de l'ex-taxe professionnelle.

Toute la démocratie locale sera à terme remise en cause. Le lien fiscal entre les habitants et les territoires ne tient plus qu'à un fil.

L'État compenserait à l'euro près ? Mais que vaut la parole d'un État qui revient toujours sur ses engagements ?

Le Fonds national de péréquation des ressources communales et intercommunales, censé assurer l'équité entre territoires, est de plus en plus mal compris par les communes.

Allez-vous enfin enrayer cette recentralisation délétère ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Mme Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales .  - J'entends vos préoccupations. Comme le Président de la République s'y était engagé, nous avons mis fin à la baisse des dotations : la dotation globale de fonctionnement (DGF) est stable depuis 2017, après avoir baissé de 10,6 milliards d'euros entre 2014 et 2017.

La suppression de la taxe d'habitation sur la résidence principale, qui était un engagement de campagne, est compensée à l'euro près ; il en résulte une hausse du pouvoir d'achat de nos concitoyens de 723 euros en moyenne.

Quant à la taxe foncière, sa part départementale a été rendue aux communes, qui conservent donc un pouvoir de taux.

Nous avons stabilisé le fonds de péréquation à 1 milliard d'euros et augmenté la péréquation au sein de la DGF au profit des territoires les plus défavorisés.

Enfin, depuis 2017, certes grâce au plan de relance, nous avons doublé la dotation d'investissement.

Mme Sophie Primas.  - Dotations ! Que des dotations !

Mme Catherine Belrhiti.  - L'Association des maires de France réclame une réforme du fonds de péréquation au profit d'une répartition entre communes et non plus entre intercommunalités. Nous attendons une action forte et rapide. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

Services publics de proximité

M. Lucien Stanzione .  - (Applaudissements sur les travées du groupe SER) Fermetures de classes, de bureaux de poste, de trésoreries, d'établissements de santé : ce Gouvernement se livre à une véritable casse du service public !

Dans le Vaucluse, 33 fermetures de classes sont à déplorer, à rebours des engagements pris. La collaboration avec les collectivités territoriales semble avoir été délaissée au profit d'une application froide du seuil d'élèves, qui ne prend pas en compte la réalité de nos territoires.

Les bureaux de poste et les trésoreries ferment à Robion, à Langon, à Paimpol, à Vaison-la-Romaine : les usagers ne sont absolument pas considérés. Pensez donc : 5 700 lits d'hôpital fermés en pleine pandémie !

Votre seule réponse est la dématérialisation et la concentration des services dans des maisons France Services financées par les collectivités.

Comment comptez-vous répondre concrètement aux besoins des usagers ? (Applaudissements sur les travées du groupe SER ; M. Éric Bocquet applaudit également.)

Mme Amélie de Montchalin, ministre de la transformation et de la fonction publiques .  - Je ne peux vous laisser dire cela. (Exclamations à gauche ; Mme Patricia Schillinger applaudit.) Depuis 2017, nous remettons des agents publics sur le terrain - policiers, greffiers, enseignants, agents dans les préfectures et sous-préfectures - alors que le nombre d'agents de l'État territorial avait baissé de 35 % entre 2010 et 2017, du fait de la révision générale des politiques publiques (RGPP) puis de la politique de la gauche. En 2021 et 2022, ce sont 5 000 agents de plus dans nos départements !

Nous assumons cette politique dans une logique partenariale. Les espaces France Services - bientôt 27 dans le Vaucluse, un par canton - ne sont pas des gadgets : c'est un succès partenarial. État et élus locaux, nous réussissons ensemble. Ce programme, que le budget pour 2022 abonde de 35 millions d'euros, permet à chaque Français de trouver près de chez lui un soutien.

Les Français veulent à la fois du numérique et de la proximité, pas le retour des vieilles rengaines ! (Huées sur les travées du groupe SER ; applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Lucien Stanzione.  - Les services publics de proximité sont un amortisseur de crise, un engagement de la Nation, un enjeu d'égalité et de démocratie. Leur disparition fragilise les plus vulnérables.

M. le président.  - Veuillez conclure.

M. Lucien Stanzione.  - La priorité du plan de relance doit être leur maintien ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER)

Obligation vaccinale outre-mer

Mme Annick Petrus .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) Au moment du Congrès des maires, mes collègues élus ultramarins font part de leurs difficultés face à l'obligation vaccinale des soignants et des pompiers.

Sur le terrain, grèves, barrages et manifestations perturbent la vie des territoires et l'activité économique. Il faut trouver une solution pérenne, tenant compte de la spécificité de territoires qui manquent déjà de personnel en temps normal.

Donner l'assaut aux manifestants - soignants ou pompiers - ne peut être une réponse, non plus que le report vers la Martinique.

L'activité du centre hospitalier de Saint-Martin est considérablement réduite, la dégradation de la prise en charge telle que les habitants hésitent à se rendre à l'hôpital, voire à appeler le 18.

Une adaptation de la loi sur l'obligation vaccinale, dans le cadre de la différenciation, s'impose pour assurer la couverture sanitaire de nos territoires. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur plusieurs travées du groupe UC ; M. Stéphane Artano applaudit également.)

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé .  - La différenciation territoriale ne saurait être une différenciation du risque pour la population. On ne peut exposer nos concitoyens au risque d'être contaminés par une blouse blanche, à Saint-Martin ou ailleurs.

Les territoires ultramarins, notamment les Antilles, ont payé un lourd tribut à la quatrième vague. La métropole a répondu présente en envoyant 2 500 soignants, dans des conditions parfois difficiles.

Je ne reviendrai pas sur l'obligation vaccinale pour les soignants.

D'autant qu'à force de conviction, le taux de vaccination progresse : 85 % au CHU de Pointe-à-Pitre, 95 % au centre hospitalier de Basse-Terre, 90 % au centre hospitalier LC Fleming de Saint-Martin. Ce n'est pas le moment de lâcher ! (Applaudissements sur les travées du RDPI)

Hausse du prix de l'azote

M. Pierre Cuypers .  - (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains) La crise sanitaire a révélé notre dépendance, y compris dans les domaines stratégiques - médicament, composants électroniques mais aussi agriculture.

Depuis le début de l'année, le prix des fertilisants, indispensables aux cultures végétales, a triplé ; le surcoût s'élève à 4 milliards d'euros.

La flambée des prix du gaz naturel entraîne une pénurie d'azote qui menace notre souveraineté alimentaire - problème amplifié par les barrières tarifaires européennes sur les importations de fertilisants.

Nous avons perdu des pans entiers de notre industrie ; en sera-t-il même pour notre agriculture ? Que comptez-vous faire au niveau européen pour éviter le cataclysme annoncé ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

M. Julien Denormandie, ministre de l'agriculture et de l'alimentation .  - Depuis que j'ai l'honneur de piloter ce ministère, la souveraineté agroalimentaire est au coeur de toutes nos politiques. Annoncé avant même la crise des prix de l'engrais, le plan France 2030 prévoit un investissement dans la filière engrais, pour regagner notre autonomie en la matière.

Face au risque conjoncturel de pénurie, deux questions se posent : l'approvisionnement et la question du prix. J'ai beaucoup travaillé avec la filière pour mettre en place un plan d'approvisionnement, car sans engrais, point de cultures !

Enfin, je n'ai pas attendu pour agir et j'étais lundi à Bruxelles pour demander à la Commission européenne de réétudier la question des tarifs douaniers. La discussion est en cours.

Je redoute que la chute de la production d'engrais ne débouche sur une crise alimentaire mondiale de grande ampleur. J'ai alerté l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Face au risque de pénurie alimentaire, la mobilisation doit être mondiale. (Applaudissements sur les travées du RDPI)

M. Pierre Cuypers.  - Je partage vos craintes. Dommage, monsieur le Premier ministre, que le Gouvernement propose à l'agriculture un morceau de gruyère essentiellement fait de trous... (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)

La séance est suspendue à 16 h 20.

présidence de M. Roger Karoutchi, vice-président

La séance reprend à 16 h 35.