SÉANCE
du lundi 19 octobre 2020
7e séance de la session ordinaire 2020-2021
présidence de M. Gérard Larcher, Président
Secrétaires : Mme Eustache-Brinio, Mme Martine Filleul.
La séance est ouverte à 17 heures.
Le procès-verbal de la précédente séance est adopté.
Hommage à Samuel Paty
M. Gérard Larcher, président du Sénat . - (M. le Président, Mmes les sénatrices et MM. les sénateurs, ainsi que M. le garde des Sceaux, se lèvent.) La République a été attaquée une nouvelle fois vendredi dernier, à Conflans-Sainte-Honorine. Le terrorisme islamiste s'en est pris à l'un de ses serviteurs, Samuel Paty, un professeur d'histoire-géographie, assassiné dans des conditions barbares pour avoir enseigné la liberté de penser, la liberté d'écrire, la liberté de caricaturer, assassiné pour avoir enseigné que nous sommes une société de liberté qui refuse la haine. Samuel Paty a été pris pour cible pour avoir porté les valeurs de la République.
Mercredi prochain, la Nation lui rendra hommage.
Sans attendre, je tiens, au nom du Sénat et comme des millions de Français, à exprimer notre compassion et notre soutien à la famille de Samuel Paty, à ses proches, ainsi qu'à ses collègues et aux élèves du collège du Bois d'Aulne où il enseignait, comme aux habitants et aux élus de Conflans-Sainte-Honorine et d'Éragny.
Je tiens également à assurer de notre solidarité et de notre soutien l'ensemble de la communauté enseignante de notre pays, profondément affectée par ce terrible assassinat.
La République est en danger, comme elle l'a rarement été !
Cet acte odieux vient après tant d'autres actes. Une fois encore, il nous faut rester unis et déterminés. Déterminés à ne plus rien céder, jamais, nulle part.
J'entends que nous sommes à « un tournant ». Quel est donc ce tournant ?
Tuer des enfants à Toulouse, n'était-ce pas déjà un tournant ? Assassiner des journalistes, n'était-ce pas un tournant ; égorger un prêtre dans son église, tuer un policier et sa conjointe à leur domicile, à chaque fois c'était un tournant. Est-ce que nous ne tournons pas sur nous-mêmes ?
Nous avons « été Charlie », nous nous sommes rassemblés pour crier notre indignation, nous avons clamé avec force les valeurs de la République, nous avons fait la promesse que l'avenir ne ressemblerait plus au passé, que la République réagirait avec détermination.
Et pourtant le présent ressemble au passé. Là encore, déclarations, mobilisations, engagements...
Nous, parlementaires, qui avons déjà produit de très nombreux rapports sur ce sujet, devons contribuer à une réponse ferme de la République, à la hauteur du danger. Nous le devons aussi à la mémoire de Samuel Paty. Nous ne devrons plus accepter d'accommodement : la laïcité pleine et entière ; l'État de droit, partout et pour tous.
Monsieur le garde des sceaux, mes chers collègues, je vous invite à observer un instant de recueillement en la mémoire de Samuel Paty, mais aussi pour affirmer notre attachement, dans notre diversité, aux valeurs de la République. (M. le Président, Mmes les sénatrices et MM. les sénateurs, ainsi que M. le garde des Sceaux, observent une minute de silence.)