Orientation des mobilités (Procédure accélérée)
Mme la présidente. - L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi, modifié par lettre rectificative, d'orientation des mobilités en procédure accélérée.
Discussion générale
Mme Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports . - Il y a un an, je présentais le projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire, qui vise à remettre sur pied notre système ferroviaire, colonne vertébrale de nos transports. Le Sénat avait été au rendez-vous.
Trente ans après la loi d'orientation des transports intérieurs (LOTI), ce projet de loi est une deuxième étape. Il répond à une exigence d'efficacité pour notre système de transports menacé par des décennies de sous-investissement, une exigence d'égalité entre tous les citoyens pour que nul ne soit assigné à résidence, une exigence environnementale, celle de l'accélération d'une transition vers des mobilités plus sobres et plus propres.
Le grand débat éclaire ces exigences d'une lumière particulière. Des colères, des attentes, des propositions se sont exprimées sur les ronds-points, sur les cahiers de doléances et dans les réunions du grand débat. Ce sont celles d'une France à deux vitesses, d'une France où il faut autant de temps pour rejoindre Bordeaux depuis Massas, à quarante kilomètres, que depuis Paris.
La crise des gilets jaunes a rappelé ce diagnostic de fracture territoriale. Ce projet de loi entend y être une réponse structurelle. Il est le fruit d'un dialogue nourri depuis deux ans, engagé à l'occasion des Assises nationales de la mobilité.
Ce dialogue était indispensable : en matière de mobilité, ce n'est pas l'État l'échelon le plus pertinent, encore moins depuis Paris.
Ce n'est pas l'État qui met en place un système de partage de véhicules à Charleville-Mézières, mais Ardennes mobilités ; ce n'est pas l'État qui garantit la cohérence des mobilités en Bretagne, c'est la région ; ce n'est pas l'État qui assure la desserte d'une zone d'activités en coeur de Beauce, c'est la communauté de communes.
En revanche, c'est à l'État de lever les freins, de répondre à ses engagements financiers. La première mission du législateur est de s'assurer qu'il y ait un interlocuteur à chaque niveau. Il y a trop de zones blanches de la mobilité : sur 80 % du territoire, il n'y a pas d'autorité organisatrice dédiée à la mobilité, pour apporter une solution. Ce n'est plus acceptable. Les communautés de communes doivent pouvoir proposer des solutions de proximité, simples et adaptées aux besoins.
La commission a proposé un délai de six mois pour préparer le transfert de compétences. Je n'y suis pas opposée dès lors que les collectivités concernées sont d'accord. Les mesures contenues dans ce volet gouvernance ont toutes été concertées étroitement avec les collectivités et leurs associations. Il me semble donc important de maintenir les grands équilibres trouvés dans la concertation.
Le bon niveau de réponse est le bassin de mobilité. Vous avez proposé la mise en place de contrats opérationnels de mobilité et le renforcement de la concertation entre la région et les collectivités. J'y suis favorable puisque c'est la même logique qui soutient la création du comité des partenaires, pour associer les usagers et les employeurs à la définition des offres.
Répondre au plus près des besoins, c'est aussi apporter des réponses à nos concitoyens les plus fragiles. Le projet de loi prévoit que les Autorités organisatrices de mobilité (AOM) mettent au point des plans d'action communs pour les mobilités solidaires au niveau du bassin de mobilité.
Ce projet de loi est une boîte à outils pensée avec et pour les acteurs de la mobilité. Je veux vous rassurer : il y a bien des outils dans la boîte et des financements...
M. Philippe Dallier. - J'espère, parce que les outils sans argent...
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Nous avons prévu 500 millions d'euros durant le quinquennat via la dotation de soutien à l'investissement local pour des solutions telles que le covoiturage - c'est trop peu connu.
Nous pouvons compter sur l'innovation. Le projet de loi prévoit le cadre pour de nouveaux services porte à porte.
La loi donnera également tous les outils pour accompagner le développement de l'autopartage, du transport à la demande ou du covoiturage, avec de nouveaux leviers pour permettre leur déploiement ou encore très prochainement la mise en service de navettes autonomes.
Ces innovations ne doivent pas être l'apanage des grandes villes mais bien profiter à tous et dans tous les territoires.
La méthode à laquelle je crois, c'est un cadre normatif adapté et une impulsion.
C'est tout l'objet de la démarche France Mobilités. Elle permet le développement et la diffusion de ces innovations par l'accompagnement et la mise en relation des territoires et des porteurs de solutions. Les projets soutenus sont d'une remarquable diversité. Je vous invite à relayer les 70 projets nés de l'intelligence des territoires - à laquelle le Sénat est très attaché. Je lancerai prochainement la plateforme en ligne France Mobilités pour les faire connaître.
Ne soyons pas naïfs, il faut prévoir un cadre de protection pour les travailleurs de cette nouvelle économie. Ne soyons pas non plus attentistes : il faut prévoir les nouveaux services, par exemple le covoiturage en zone rurale.
Je sais que les commissions se sont émues du nombre d'ordonnances, qui s'explique par le haut niveau de technicité qui aurait alourdi considérablement la loi - et les rapporteurs me seront témoins de ce que nous avons transmis tous les textes en notre possession.
Ce projet de loi s'inscrit dans le Plan Climat, pour être acteur de la transition écologique.
Des transports plus économes, c'est un atout pour la planète comme pour nos concitoyens. C'est le sens du forfait mobilité durable, des primes à la conversion et des mesures fortes en faveur des mobilités actives. Je suis heureuse de voir que l'impulsion du Plan Vélo a bien été relayée en commission par des apports nécessitant peut-être quelques ajustements, mais qui vont dans le bon sens.
L'ambition de ce projet de loi est d'apporter des réponses au plus près des concitoyens.
Le grand débat a montré qu'ils ont besoin de solutions sur mesure, notamment sur le forfait mobilité.
La prime à la conversion, qui n'est pas accessible à tous, sera retravaillée.
Je vous propose d'aller plus loin sur les petites lignes ferroviaires, qui ne sont petites que de nom et qui accusent un retard d'investissement que nous devons rattraper en engageant une bataille région par région. Sans attendre le résultat de la mission que j'ai confiée au préfet Philizot, j'ai accédé à la demande de certaines régions de les gérer directement.
Je retiens des attentes des territoires la nécessité de restaurer de la confiance dans la parole publique et en particulier de l'État. C'est le sens de la programmation des infrastructures, dans laquelle nous reconnaissons la valeur du travail du Conseil d'orientation des infrastructures (COI), dont je salue les membres siégeant ou ayant siégé ici : le président Maurey, le sénateur Dagbert et notre ancien collègue Gérard Cornu.
Les collectivités territoriales seront demain les plus à même de répondre aux concitoyens.
Trop longtemps, les infrastructures ont été l'alpha et l'oméga de la politique de transport.
La programmation consacre la priorité désormais donnée aux transports du quotidien. Il y a cinq grands programmes prioritaires : l'entretien et la modernisation des réseaux existants ; la désaturation des grands noeuds ferroviaires ; l'accélération du désenclavement routier des villes moyennes et des territoires ruraux ; le développement de l'usage des mobilités propres, partagées et actives ; le soutien au report modal dans le transport de marchandises. Les choix et le calendrier des projets ont été concertés et sont cohérents. Conservons les équilibres trouvés.
J'ai entendu les inquiétudes sur le financement de cette programmation. Ce projet de loi n'est pas une loi de finances - c'est pourquoi le Gouvernement est défavorable à y voir figurer toute mesure financière.
Pour 2019, l'État est bien au rendez-vous. Le budget de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) est en hausse de 10 %. Pour la suite, nous aurons à dégager 500 millions d'euros supplémentaires par an. Je comprends que beaucoup de nos concitoyens ne comprennent pas que des files de camion traversent notre pays sans faire le plein en France et donc sans contribuer au financement de nos infrastructures. Mais nous n'arrêterons aucune décision en la matière avant d'avoir étudié toutes les propositions issues du grand débat. (Marques d'ironie de M. Jean-François Husson)
La commission a introduit dans le texte des dispositifs de financement avec un versement mobilité de 0,3 %. Cela me paraît complexe et prématuré, alors que la contribution foncière des entreprises (CFE) pourrait être une solution intéressante. De même nous devons continuer à travailler sur les mécanismes de solidarité pour les collectivités les plus fragiles.
Pas de prise de compétence sans ressource adaptée : c'est mon engagement.
Sans attendre ces échéances, l'État prend déjà à son compte le financement de certains investissements. Un appel à projet de l'Ademe sur les certificats d'économie d'énergie prévoit 60 millions d'euros sur le vélo, la dotation de soutien à l'investissement local (DSIL) sera portée à 100 millions d'euros par an.
Ce projet de loi comporte des dispositions sur le cadre social, après une cinquantaine de réunions avec les organisations syndicales et les opérateurs, afin de préparer l'ouverture à la concurrence ; le Gouvernement a déposé des amendements qui en témoignent.
Merci à M. le rapporteur et aux rapporteurs pour avis pour leur esprit de responsabilité. Ce texte s'adresse directement aux territoires. C'est notre devoir à tous de répondre au défi de la fracture territoriale. (Applaudissements sur les bancs des groupes LaREM, RDSE, Les Indépendants et sur quelques bancs du groupe UC)
M. Didier Mandelli, rapporteur de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable . - (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains) Ce texte est très attendu par les collectivités territoriales et par les millions de Français qui vivent dans « les zones blanches de la mobilité », sur qui pèsent la double peine : ils paient toujours plus et ont toujours moins de services...
M. André Reichardt et M. Michel Savin. - Et, ils roulent moins vite !
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Ce projet de loi va dans le bon sens. Les acteurs ont été associés, même si certaines propositions ont disparu avec des arbitrages de Matignon et Bercy... Surtout, il n'y a pas de moyens suffisants. Comment faire pour que la révolution des mobilités ne soit pas une machine de plus à créer des gagnants et des perdants, mais au contraire, une machine à « désenclaver » ? La programmation suppose une ressource supplémentaire de 500 000 euros, mais surtout un surcroît de produits des amendes radar qui ne semble pas crédible.
La commission n'a pas gonflé les dépenses de telle ou telle priorité. Le Conseil d'orientation des infrastructures (COI) parlait de 3 milliards d'euros par an, mais nous avons choisi de conserver les sommes que vous proposez, pour être crédibles. Comptez-vous sanctuariser vous aussi les ressources de l'Afitf dans la prochaine loi de finances ?
En 2014, lorsque nous avons taxé les Français qui prennent leur voiture, c'était pour financer les infrastructures ; or, cet argent a été détourné vers le budget général - comment leur demander encore 500 millions d'euros avec les amendes radar ? Sécurisons les ressources de l'Afitf, prévues à 523 millions d'euros contre 1,2 milliard d'euros actuellement.
Jean Pisani-Ferry, économiste de la campagne d'Emmanuel Macron, l'a dit : pour que la taxe carbone soit acceptée, il faut que chaque euro prélevé aille à la transition énergétique, ou bien qu'il soit rendu pour compenser la perte du pouvoir d'achat.
Le produit de l'augmentation de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TIPCE) de 2014 doit revenir à l'entretien des routes et à l'organisation des réseaux, soit plus de 400 à 600 millions d'euros qui doivent être sanctuarisés, par un financement à la hauteur des ambitions : au total, 1,6 milliard d'euros à 1,8 milliard d'euros viendraient aux infrastructures. La commission sera donc défavorable à tous les amendements créant de nouvelles taxes.
Les travaux du COI permettront au Gouvernement de présenter chaque année un rapport et une révision quinquennale - rapports que nous avons voulus.
Les sénateurs qui ont déposé des amendements réintroduisant des projets précis doivent obtenir des réponses, mais la commission leur demandera de les retirer.
Madame la ministre, vous avez déposé des amendements supprimant nos ajouts améliorant le financement des AOM.
La commission a prévu une réversibilité pour les communautés de communes voulant récupérer l'AOM, avec l'accord des régions. Elle a rétabli les contrats opérationnels de mobilité.
Il faut un équilibre pour ne pas entraver le développement des nouvelles mobilités, mais tout en apportant des garanties aux collectivités territoriales - nous avons prévu que les AOM soumettent ces services à des prescriptions particulières via un régime d'autorisation préalable. Là encore, vous proposez de supprimer sans rien proposer.
Merci, madame la ministre, d'avoir déposé un amendement autorisant le transfert de petites lignes ferroviaires aux régions ; les amendements des collègues dans ce sens étaient tombés sous le coup de l'article 40, il est bon que nous en débattions en séance.
Merci aux membres de la commission, le président Maurey, Mme Gatel pour la commission des lois et M. Huré pour la commission des affaires européennes.
Nous aurons des débats riches, car nous partageons l'ambition d'en finir avec les fractures territoriales. (Applaudissements sur les bancs des groupes Les Républicains, UC et RDSE)
Mme Françoise Gatel, rapporteur pour avis de la commission des lois . - (Applaudissements sur les bancs des groupes UC et Les Républicains) L'absence de solution de mobilité assigne à résidence ; l'ouvrage de Salomé Berlioux, Les Invisibles de la République, montre bien comment le manque de mobilité détermine les perspectives d'avenir pour les jeunes.
L'actualité sociale est lourde, née d'un sentiment de déclassement et de mise à l'écart. Mais les innovations actuelles sont une opportunité inédite depuis le développement de la voiture individuelle.
Notre commission des lois était saisie de 16 articles, relatifs à la définition et la répartition des compétences des collectivités territoriales et de leurs groupements ; à la protection des données personnelles ; à la sécurité routière ; au droit pénal et à la sûreté dans les transports ; à la domanialité et à la commande publiques. Nous avons proposé 24 amendements à la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, qui les a adoptés.
Le premier axe de la commission des lois a été de favoriser l'exercice des compétences de mobilité par les collectivités territoriales. Nous avons souhaité rappeler l'architecture territoriale : les EPCI ne sont compétents que pour les matières que les communes leur ont déléguées.
Notre commission a proposé de repousser au 1er juillet 2021 le transfert de la compétence mobilité, les échéances électorales de 2020 ne permettant pas la sérénité. Nous avons également élargi la possibilité pour la région de reprendre la compétence. Le texte issu de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable est équilibré pour la première partie.
L'intelligence de votre projet, madame la ministre, ne masquait pas son indigence financière. Le champ de l'ordonnance prévue sur l'utilisation des données personnelles était trop large et imprécis, mais votre amendement qui la rétablit est mieux rédigé.
Nous avons veillé à garantir l'équilibre et la proportionnalité des mesures de sûreté en réservant à l'autorité judiciaire la capacité à sanctionner les agressions d'examinateurs du permis de conduire, notamment, l'alignement des sanctions en cas de non-paiement de péages sur autoroutes, ou en encadrant le recours à des équipes privées cynotechniques pour la détection d'explosif.
Je souhaite saluer les qualités d'écoute de M. Mandelli : le texte issu des travaux de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable nous convient. (Applaudissements sur les bancs des groupes UC et Les Républicains)
M. Benoît Huré, au nom de la commission des affaires européennes . - Le transport est fortement marqué par le droit européen. La politique européenne des transports entend faciliter les déplacements. Elle organise la coordination et la connectivité des différents modes de transports. Elle définit des exigences de sécurité. Enfin, elle comporte une dimension environnementale forte, avec des objectifs en matière de performance énergétique. Le « Paquet mobilité », en cours d'adoption, poursuit l'harmonisation et renforce toutes ces dimensions.
La commission des affaires européennes a examiné ce texte dans le cadre de sa mission de veille contre la surtransposition, car il n'y a pas lieu, sauf si c'est justifié, de surtransposer. (M. Charles Revet renchérit.)
L'article 23 transpose sans surtransposer ; ce n'est pas le cas de l'article 9, même s'il va dans le sens du Règlement européen. Le projet de loi va aussi plus loin en termes de sanctions de non-respect des normes d'émissions, mais le dispositif sera réglé par une ordonnance.
Il faudra veiller au respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD) et de la directive e-Privacy pour le régime des véhicules connectés.
Je compte sur le Sénat pour ne pas ajouter de surtranspositions. (Applaudissements sur les bancs des groupes Les Républicains et UC)
Question préalable
Mme la présidente. - Motion n°106, présentée par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
En application de l'article 44, alinéa 3, du Règlement, le Sénat décide qu'il n'y a pas lieu de poursuivre la délibération sur le projet de loi relatif à l'orientation des mobilités (n°369, 2018-2019).
Mme Éliane Assassi . - Le projet de loi d'orientation des mobilités est présenté comme l'héritière de la LOTI - c'est un projet ambitieux. Il faut certes un outil pour nous conduire à la sobriété énergétique : les émissions de gaz à effet de serre sont reparties à la hausse. La place du ferroviaire est insuffisante, celle du fluvial est mineure.
Cependant, sous couvert de modernité, le texte consacre la primauté du transport individuel, passe à côté de la nécessité de préserver les lignes ferroviaires, y compris les lignes de vie. C'est pourtant les coûts du logement et l'étalement urbain qui allongent le temps de transport.
Nous sommes inquiets face au recours des services d'un cabinet privé pour l'étude d'impact - ce n'est pas un hasard, alors même qu'il s'agit de faire la loi...
Le Gouvernement s'était engagé à repousser l'examen du texte après le grand débat. Ce ne sera pas le cas.
Tous, nous le savons, le droit au transport conditionne l'exercice d'autres droits. L'examen de ce texte est prématuré.
Il est un pêle-mêle sans cohérence - et vous parlez de boîte à outils... Mais le cadencement de vos réformes est, lui, logique : vous avez enterré le train, il y a un an - vous nous incitez donc maintenant à prendre notre trottinette ou à faire du covoiturage. (M. Roger Karoutchi apprécie.)
Ce droit à la mobilité n'a pas de contours ; vous donnez la liberté de choix d'une mobilité, comme si cela ne dépendait pas de l'offre de réseaux publics !
L'avenir de la route, c'est donc... la route ! Bel effort pour la transition écologique ! Nous n'avons rien contre le vélo ou le covoiturage, ni même contre la marche. Mais il faut parler des transports en commun. Malgré l'annonce des 40 % supplémentaires, c'est le silence radio sur les financements nouveaux de l'Afitf.
Bravo au rapporteur pour la sanctuarisation des ressources de cette agence, grâce à un fléchage. C'est mieux que rien.
Nous proposerons la mise en oeuvre d'une nouvelle taxe poids lourds. Les exonérations fiscales des camions seraient mieux employées pour financer l'Afitf.
L'État aurait intérêt à reprendre la maîtrise des infrastructures, notamment les autoroutes, sans en concéder de nouvelles.
Nous sommes farouchement opposés à la libéralisation des transports urbains, à l'explosion de la RATP en une myriade de filiales pour mieux la privatiser ensuite. Certes, cela est prévu depuis le règlement européen OSP mais cet horizon n'est pas indépassable. La France s'honorerait à demander une révision des traités et directives qui imposent la concurrence dans tous les domaines ; une concurrence qui a conduit à transformer des monopoles publics en monopoles privés au détriment de la qualité de service et de la sécurité des infrastructures et qui s'est accompagnée, le plus souvent, d'une hausse des tarifs pour les usagers. Leur statut public est, non un archaïsme du passé, mais bien le corollaire de salariés tournés vers un objectif de service public et de ces principes fondateurs : égalité, continuité, mutabilité et accessibilité. Vous préférez dynamiter ce système, nous ne participerons pas à ce gâchis. Au contraire, il faudrait réfléchir à la constitution d'un opérateur public du transport urbain à l'échelle nationale pour aider et accompagner les collectivités dans leurs nouvelles compétences.
Enfin, nous déplorons l'amendement allongeant le délai de déclaration de grève des agents des transports, voté à la hussarde en commission.
M. Roger Karoutchi. - Non !
Mme Éliane Assassi. - Une loi sur les mobilités ne saurait organiser le recul des droits sociaux des agents des transports. Aussi, nous vous proposons d'adopter cette question préalable. (Applaudissements sur les bancs du groupe CRCE)
M. Patrick Chaize . - (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains) L'exercice est délicat. L'exposé des motifs de cette motion est convaincant, même si je ne suis pas convaincu.
Sur la forme, les auteurs, avec malice, rappellent toute l'étrangeté qu'il y a à débattre des mobilités en plein grand débat national. C'est faire peu de cas de la colère qu'ont exprimée les Français et de leur aptitude à donner leur avis sur une politique publique. Le Gouvernement pense-t-il faire l'économie de la démocratie directe alors qu'il a enjambé le Parlement ? Grand bien lui fasse mais il eût été plus sage, dans ces conditions, de ne pas convoquer nos concitoyens à cette grande procession républicaine. Ce serait d'autant plus maladroit que le mouvement des gilets jaunes, dont le détonateur a été la hausse du prix des carburants, est certes une crise de la mobilité sociale mais d'abord de la mobilité spatiale. L'examen de ce projet de loi avant la conclusion du grand débat national est anachronique (Mme Éliane Assassi approuve.) mais soit.
Sur la forme toujours, difficile de ne pas donner raison aux auteurs de la motion sur le recours excessif aux ordonnances : une douzaine d'articles sur quarante-quatre...
M. Laurent Duplomb. - Voilà la démocratie !
M. Patrick Chaize. - ...et pas des moindres - véhicules connectés, soutien aux installations de production de biogaz et j'en passe.
Le recours à un cabinet privé pour l'étude d'impact, sans être contraire à la Constitution, nécessite une clarification du Gouvernement sur la rédaction de l'appel d'offres qui, d'après l'édition du 29 novembre 2018 du Monde, incluait l'exposé des motifs.
Cela témoigne, à tout le moins, de ce que l'élaboration de ce projet de loi a été laborieuse. Après les Assises de la mobilité, qui se sont tenues du 19 septembre au 13 décembre 2017, une première version de l'avant-projet de loi a été adressée en août 2018 au Conseil d'État, qui a fait l'objet d'une saisine rectificative en octobre dernier. Son avis du 15 novembre nous a finalement été transmis avec retard. Entre-temps, nous avons eu connaissance des avis réservés du Conseil national d'évaluation des normes (CNEN) et du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Le Gouvernement a finalement adapté son projet de loi avant son passage en conseil des ministres pour s'adapter au mouvement des gilets jaunes. Pour m'en tenir à quelques exemples, finis les péages urbains, une part de véhicules propres pour les entreprises et la consécration législative du Conseil d'orientation des infrastructures ! Cela ne s'arrête pas : le 20 février, le Gouvernement a, par lettre rectificative, ajouté six nouveaux articles au texte. Heureusement pour vous, madame la ministre, notre rapporteur est bienveillant et les auteurs de la motion ont eu l'élégance de souligner son travail, en particulier sur le financement des infrastructures.
Justement, le grief le plus important du groupe CRCE est que le projet de loi fasse l'impasse sur cette question essentielle du financement des infrastructures. Le rapporteur a proposé de sanctuariser les financements de l'Afitf, j'ajouterai à cela l'affectation intégrale de la hausse de TICPE prévue par la loi de finances pour 2015 au financement des infrastructures de transport. Néanmoins, la question des investissements demeure posée pour les maintenir au moins au niveau du scénario 3. Les auteurs de la motion nous donnent ainsi la meilleure raison d'aborder sans délai l'examen de ce texte. Chacun d'entre nous, quelle que soit son appartenance politique, se réjouit de vous aider, madame la ministre, à trouver des financements innovant !
M. Roger Karoutchi. - Pas trop !
M. Patrick Chaize. - Autre grief qu'avancent les auteurs de la motion, l'insuffisante prise en compte des enjeux du réchauffement climatique et de la transition écologique. Du reste, à la mobilité partagée et la mobilité propre, il serait utile d'ajouter la non-mobilité à l'heure du zapping territorial, qui consiste à résider dans un lieu A, pour travailler dans un lieu et consommer dans un lieu C. À quoi bon développer la fibre optique et la 5G si cela est pour ajouter aux flux électroniques les flux physiques de l'ancien monde ?
Dernier sujet, la libéralisation des transports urbains en Île-de-France.
M. Roger Karoutchi et Mme Éliane Assassi. - Ah !
M. Patrick Chaize. - Par principe, avec mes collègues du groupe Les Républicains, je n'y suis pas opposée puisqu'elle est assortie de garde-fous.
Je le confesse, je suis trop souvent d'accord avec nos collègues du groupe CRCE.
Mme Éliane Assassi. - Nous avons trop bien travaillé...
M. Patrick Chaize. - Il est curieux de nous demander d'examiner ce projet de loi en plein débat national, ce texte qui comporte trop d'ordonnances, dont les contours ont changé à deux reprises et que le Conseil d'État, le CNEN et le CESE jugent inabouti.
Cependant, le groupe Les Républicains votera contre cette motion, pour ne pas laisser le Gouvernement décider seul face à une opinion publique déboussolée. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et sur quelques bancs du groupe UC)
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis défavorable à la motion.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Sans surprise, avis défavorable.
Personne, dans le grand débat, m'a dit que ce texte était prématuré et qu'il était urgent d'attendre. (Mme Éliane Assassi proteste.) Vous refusez ce débat mais avez déposé 105 amendements. Oui, ce texte porte une ambition forte pour le ferroviaire : 80 % des investissements de l'État vont lui être consacrés alors que la route constitue 85 % des déplacements dans notre pays. Oui, ce texte crée un droit à la mobilité et porte des progrès sociaux en offrant un cadre protecteur aux agents de la RATP.
Mme Éliane Assassi. - Il va falloir plus d'arguments !
M. Jean-Raymond Hugonet. - Le groupe Les Républicains est défavorable à la motion. Ce texte a commencé à être élaboré après les Assises de la mobilité qui ont eu lieu fin 2017. Concevoir les mobilités de demain pour réduire les fractures sociales et territoriales est urgent, prévoir des ressources crédibles, pérennes et transparentes est nécessaire. Le rapporteur a fait un excellent travail. (M. Charles Revet approuve.) La commission a sanctuarisé les moyens de l'Afitf, qui ne peut dépendre de ressources incertaines et fluctuantes comme les amendes radar. Elle a inscrit dans la loi le principe de l'affectation intégrale de la hausse de la TICPE au financement des infrastructures de transports. Elle a également fait de la réduction des inégalités territoriales une priorité, le Sénat ne peut qu'y être sensible ; cela permettra de rompre le cercle vicieux de la « double peine » que subissent les habitants de ces territoires, à l'origine de la crise des gilets jaunes.
Le Sénat ne peut pas se dérober, il doit proposer un texte responsable et financé. Sénateur francilien, je serai vigilant sur les sujets concernant l'Île-de-France. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains)
M. Jean-Michel Houllegatte. - La LOM fait l'objet de fortes attentes de nos concitoyens, après les Assises de la mobilité. La question de la mobilité est déterminante pour notre cohésion sociale, le mouvement des gilets jaunes a été provoqué par la hausse de la fiscalité sur le diesel.
Ce texte n'est pas encore satisfaisant, nous regrettons qu'il ait été fortement réduit et ne règle pas la question des financements, mais nous saluons le travail du rapporteur, qui a accepté de nombreux amendements adoptés à l'unanimité.
Si le groupe socialiste est réservé, voter cette motion serait refuser de convaincre. Nous souhaitons un débat apaisé, exempt de provocations politiques comme la remise en cause des droits acquis. Le groupe socialiste votera contre cette motion même si nous comprenons certains arguments du groupe CRCE. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR)
Mme Michèle Vullien. - Le groupe UC votera contre cette motion. Il est indispensable de débattre de la mobilité, après une large mobilisation de nos concitoyens lors des Assises.
Le préfet de région Rhône-Alpes me signale que ce sujet revient constamment. La première mobilité, c'est celle du spermatozoïde ; la dernière, c'est celle de la dispersion des cendres. Bref, la mobilité, c'est la vie ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UC et rires)
M. Alain Fouché. - Ce texte contient de bonnes propositions, les territoires l'attendent depuis des années, ce n'est pas le moment de reculer. Le groupe Les Indépendants votera contre cette motion. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Indépendants)
M. Jean-Claude Requier. - Dans la tradition d'écoute et de dialogue, le groupe RDSE votera contre cette question préalable. En plus, nous avons déposé plus de 100 amendements, nous voulons les défendre ! (Applaudissements sur les bancs des groupes RDSE et Les Républicains et rires)
La motion n°106 n'est pas adoptée.
Discussion générale (Suite)
M. Ronan Dantec . - Moment important du calendrier parlementaire que ce débat sur la LOM qui s'ouvre dans notre hémicycle, manière de reconnaître l'importance des territoires sur les questions de mobilité.
La précédente loi-cadre, la LOTI, en 1982, évoquait les « transports intérieurs ». L'emploi du terme de mobilité montre que l'approche a changé. Depuis 1982, nous avons beaucoup investi en TGV, autoroutes, aéroports. Les métropoles se sont affirmées, nous sommes sortis de la dichotomie entre Paris et le désert français, décrite par Jean-François Gravier en 1947. Mais, paradoxe, ce rééquilibrage n'est pas perçu par nos concitoyens. Assèchement économique des territoires non métropolitains, étalement urbain et congestion des entrées de ville au petit matin, coût de la mobilité thermique disent une France en difficulté de mobilité ; la crise des gilets jaunes est dans toutes les têtes. Sans une meilleure répartition de l'emploi, un aménagement économique volontariste du territoire, les politiques de mobilités resteront, en partie, inefficaces. Vous connaissez la vigilance du groupe RDSE sur l'aménagement du territoire, nous regrettons que ce texte n'évoque pas certains sujets comme la gouvernance portuaire ou les aéroports de proximité que, vous le voyez, je peux défendre. Nous saluons cependant l'accent mis sur les transports du quotidien.
Ce texte comporte des lacunes sur le financement. Des centaines de millions d'euros manqueront à l'Afitf. L'article 40 de la Constitution nous empêche de prendre des décisions sur la taxation des poids lourds internationaux en transit.
La décentralisation ne peut pas aller sans une péréquation forte et une solidarité nationale forte. Nous souscrivons au renforcement du tandem région-intercommunalité par la création des AOM. Le parallèle est évident avec la loi de transition énergétique et pour la croissance verte, votée sous le précédent quinquennat. Président du groupe de travail « Gouvernance », lors des travaux qui avaient précédé la loi Transition énergétique, je me réjouis du rapprochement entre les Plans Climat et Mobilité. Je remercie le rapporteur pour son ouverture. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains) Ce texte reste cependant timide sur les moyens de ramener le transport de fret vers le rail et la perspective d'interdire la vente de véhicules thermiques neufs en 2040. Cette interdiction a été actée pour 2030 en Suède, au Danemark, aux Pays-Bas et en Irlande ; en 2040, au Royaume-Uni et en Espagne. Ce texte n'incite pas les constructeurs automobiles à changer de modèle.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre passe par la promotion des modes de transport doux, notamment le vélo, mais soyons conscients que leur développement et leur présence massive sur l'espace public appellent de nouvelles règles. Le Sénat a proposé de nouvelles facilités pour les cyclistes dans les parkings et les trains ; madame la ministre, ne revenez pas en arrière.
Ce texte a été amélioré, il peut l'être encore. Le groupe RDSE le votera largement. (Applaudissements sur les bancs du groupe RDSE)
M. Jérôme Bignon . - Ce projet de loi modernise le cadre des transports qui deviennent mobilités. L'alternative au tout-voiture individuelle va dans le bon sens.
Les collectivités territoriales sont les plus à même d'aller vers une mobilité durable et crédible, c'est donc une bonne idée de décentraliser. Mais elles auront besoin de moyens, juridiques tout autant que financiers - ce texte ne les oublie pas totalement.
Je salue les avancées environnementales du texte. Il y a de la place pour l'écologie positive ! De la place est faite au vélo, et nous avons beaucoup de retard par rapport aux Belges, aux Néerlandais et aux Allemands, avec la création de stationnements sécurisés et de parcours cyclables d'envergure.
Le territoire où je vis, ruralité mixte, à la fois industrielle et agricole, est intéressé par le covoiturage. Les collectivités territoriales, en créant des voies de circulation réservée, ont les moyens d'agir. C'est extrêmement moderne et efficace.
Autre point à relever, la place de l'hydrogène dans la mobilité. Il n'y a pas de raison pour que le train à hydrogène ne circule pas encore sur nos lignes alors que c'est déjà le cas en Allemagne.
Vous me pardonnerez, madame la ministre, de vous parler du canal Seine-Nord-Europe. Faut-il modifier son statut ? Ce canal n'est pas simplement une voie de transport fluvial, c'est aussi et surtout un outil d'aménagement du territoire.
Le groupe Les Indépendants soutient les grandes orientations de ce projet de loi et salue le formidable travail du rapporteur et son sens de l'écoute. La diversité des réalités de notre pays appelle une pluralité de solutions (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Indépendants ; M. François Patriat applaudit également.)
M. Frédéric Marchand . - « À en croire certains esprits bornés - c'est le qualificatif qui leur convient, l'humanité serait renfermée dans un cercle de Popilius qu'elle ne saurait franchir, et condamnée à végéter sur ce globe sans jamais pouvoir s'élancer dans les espaces planétaires ! II n'en est rien ! » Voilà ce qu'écrivait Jules Verne au XIXe siècle.
En 2019, dans notre pays, nous nous interrogeons encore, certes, sur la réalité des voyages planétaires mais bien davantage sur les trajets, les déplacements, les mobilités du quotidien. Cette question, je l'évoquais il y a encore quelques jours à Anor. Les 3 300 habitants de cette charmante commune de l'Avesnois, qui a pour particularité d'être le point culminant du Nord, ont bien des difficultés à se déplacer. « Mobilité », nous disent depuis plusieurs semaines nos concitoyens lors du grand débat. Car le besoin de mobilité est réel. Nos concitoyens veulent qu'elle soit accessible, organisée, pratique, et de plus en plus propre.
Ce projet de loi doit faire date. Je salue le travail du rapporteur Mandelli. La physionomie du texte a changé lors de son examen en commission. Ne nous trompons pas de combat : la bagnole, mal du siècle, pourra être décarbonée à l'avenir. Ce projet de loi assure qu'il n'y aura plus demain de zone blanche de mobilité. Nous partageons tous la même envie : donner les moyens aux collectivités territoriales de réussir la révolution des mobilités Cette LOM sera une boîte à outils adaptée aux contraintes du monde moderne, nous permettant d'expérimenter des modes de transport dont nous croyons qu'ils ne sont pas pour nous. Il faut mettre le paquet sur le vélo. Au quotidien, il n'est pas réservé aux habitants de plats pays ou aux urbains, grâce à l'assistance électrique. D'ailleurs, pourquoi ne pas équiper le Sénat d'une flotte de vélos à assistance électrique à disposition de nos collaborateurs mais aussi des sénateurs ? Ce serait utile lorsque nous devons nous rendre dans les ministères. (L'orateur confie sa proposition à la présidente de séance.) Tendons vers la mobilité partagée : covoiturage, forfait mobilités.
La question des mobilités est passionnante car elle structure notre société. Notre responsabilité est immense pour aujourd'hui et pour demain. Le Sénat doit être au rendez-vous, il l'est à en croire le nombre d'amendements déposés. Le travail en commission a été un temps d'échanges, comme les Assises de la mobilité. Le temps de l'action est venu. Nous ne pouvons plus attendre car l'urgence climatique est là.
Ce projet de loi doit encourager les collectivités territoriales à agir, comme c'est le car à Anor avec My Anor, my Mobility. (Applaudissements sur les bancs du groupe LaREM)
M. Gérard Larcher. - Monsieur le sénateur, je transmettrai votre lettre aux questeurs.
M. Guillaume Gontard . - Après une année de péripéties, voilà le projet de loi d'orientation des mobilités. Nous aurions préféré l'examiner l'année dernière en même temps que la loi de réforme ferroviaire ou dans sa version initiale à plus de 200 articles avant que les arbitrages interministériels ne la vident de sa substance.
Dès 1973, André Gorz nous avait mis en garde contre « l'idéologie sociale de la bagnole ». Pourtant, nous avons continué à développer les zones périurbaines seulement accessibles en voiture et à laisser disparaître les lignes ferroviaires et les transports collectifs. Sortir de l'ère de la voiture individuelle, oui, mais comment ? Ce texte n'y répond que partiellement. Gorz le disait en 1973 : pour se débarrasser de la bagnole, chacun doit se sentir chez soi et avoir tout à proximité.
Éliane Assassi l'a dit, presque rien dans ce projet de loi ne concerne les transports collectifs, sinon l'ouverture à la concurrence de la RATP. Il manque les outils essentiels dans cette boîte.
Je salue le travail du rapporteur. Le texte comporte quelques dispositions intéressantes pour développer la pratique du vélo et des mobilités actives, qui mériteraient d'être complétées. Aucun maire ne se plaindra de pouvoir réguler et mettre à contribution les entreprises de free floating qui inondent nos trottoirs de vélos et de trottinettes électriques.
Le covoiturage et l'auto-partage sont une solution pour les zones rurales, comme pour la voiture électrique qui ne peut qu'être partagée pour remplir son ambition écologique.
Contre la pollution qui provoque 67 000 décès par an dans notre pays, plus que le tabac, il faut développer des solutions ; par exemple, en étendant les zones à faibles émissions (ZFE) à toutes les agglomérations de plus de 50 000 habitants. II faut également réintroduire dans le texte la fin des véhicules thermiques en 2040, aider les communes à développer leurs axes cyclables et les solutions non-polluantes pour les livraisons dans le dernier kilomètre. Le forfait mobilités doit être cumulable avec l'abonnement de transport en commun et être obligatoire. Voilà un moyen efficace pour diminuer le coût de la mobilité et apporter un début de réponse aux revendications des gilets jaunes.
Nous proposons de renforcer la démocratie dans la gouvernance des AOM. Pour gouverner, il faut partir des besoins de nos concitoyens.
Madame la ministre, nous comptons sur vous pour entendre la voix des territoires. (Applaudissements sur les bancs du groupe CRCE)
M. Claude Bérit-Débat . - (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR) Il est peu de dire que, depuis 1982 et la LOTI, les solutions se faisaient attendre. La colère relayée par les gilets jaunes exprime le sentiment d'abandon qui existe dans les zones blanches de mobilité.
Madame la ministre, vous avez préparé votre texte après une longue concertation mais je regrette que la loi portant pacte ferroviaire en ait été dissociée. Retardé par le contexte politique et social, votre projet de loi a été fort limité par les arbitrages de Bercy et de Matignon.
Je salue le travail du rapporteur qui a su proposer nombre de compromis : réintroduction du COI dans la loi, examen devant le Parlement de la programmation financière liée à la réalisation des infrastructures de transport, mais surtout, sanctuarisation des ressources de l'Afitf et affectation de recettes pérennes liées à la TICPE.
Je partage la philosophie du texte de faire des régions les chefs de file de la mobilité. Je me félicite de la mise en oeuvre d'un versement mobilité plus souple et de l'attribution d'une partie de la TICPE aux mobilités dans les territoires peu denses. Cela sera appréciable dans les départements, comme le mien, où le versement transport est insuffisant et où le potentiel fiscal est faible, mais surtout inégalement réparti.
Je suis séduit par les mesures promouvant la mobilité propre.
Le groupe socialiste défendra plus de cent amendements pour mettre en avant les efforts des collectivités territoriales, par exemple en fléchant la TICPE vers les EPCI développant des mobilités sobres.
Nous serons attentifs au débat sur notre proposition d'un grand emprunt national pour la mobilité propre, que des économistes de renom appellent de leurs voeux.
Mme la présidente. - Merci de conclure.
M. Claude Bérit-Débat. - Je regrette que les amendements du Gouvernement reviennent sur le travail de la commission. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR)
Mme Michèle Vullien . - (Applaudissements sur les bancs du groupe UC) Enfin, nous y sommes ! Trente-cinq ans après la LOTI, ce projet de loi est à l'étude. Qui plus est, il a été déposé en premier au Sénat, fait assez rare pour être souligné. Je remercie la ministre et le rapporteur qui a associé tous les sénateurs aux auditions. Je remercie aussi les élus, citoyens, entrepreneurs, qui ont échangé de façon constructive pour améliorer ce projet de loi qui doit faire référence.
La mobilité est indispensable à tous les actes de la vie. Que l'on vive à la ville ou à la campagne, que l'on soit actif ou retraité, femme ou homme, nous avons tous besoin de nous déplacer. Les outils à distance comme le numérique n'abolissent pas cette obligation : si on achète sur internet, il faut toujours un livreur à domicile...
Cela pose la question des zones blanches de mobilité. La voiture, de moins en moins sacrosainte, ne doit pas être totalement écartée. Moi qui prends les transports collectifs, je considère que tous les travaux dans la logique du MAAS, Mobility as a service, vont dans le bon sens.
Tandis que l'ombre des GAFA plane, nous devons nous assurer que l'intérêt général prime sur les intérêts particuliers.
Malgré ses bonnes intentions, ce projet de loi a été vidé de sa substance, dangereusement édulcoré pour ne pas faire de vagues dans la situation politique actuelle. Il était nécessaire de l'amender et nous pouvons encore l'améliorer. Cependant, certaines lacunes du texte ne pourront pas être gommées à court terme. D'abord, parce que des sujets, pourtant essentiels, demeurent à l'étude ; je pense à la péréquation du versement mobilité, à la taxe pour les poids lourds étrangers et au devenir des petites lignes ferroviaires. Ensuite, le projet de loi contient trop de recours aux ordonnances. Comme d'autres, nous nous interrogeons sur le financement. La programmation sincère et crédible que vous souhaitez mettre en place est attendue, nos concitoyens en ont assez des promesses non tenues. Le scénario n°2 du Conseil d'orientation des infrastructures est devenu « 2-», les garanties seront apportées dans la prochaine loi de finances. Rien n'est dit des financements du Lyon-Turin, du Grand Paris Express ou du canal Seine-Nord, qui sont hors programmation.
La présentation du budget de l'Afitf n'est pas de nature à nous rassurer. Un financement d'infrastructures lié à la rentabilité des radars relève du non-sens.
La baisse de la DGF a conduit les collectivités territoriales à revoir leur organisation, leurs process, leur politique d'achat, en quête d'économies. Ce projet de loi est l'occasion rêvée de nous interroger sur la multiplicité des instances publiques et parapubliques et des documents d'orientation et autres schémas directeurs qui s'emboîtent. Espérons que le schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (Sraddet) permettra d'y voir plus clair.
L'intermodalité est tout sauf un silo, c'est une approche globale. La tâche est complexe, ne décevons pas les attentes fébriles de nos concitoyens ! (Applaudissements sur les bancs du groupe UC)
M. Rémy Pointereau . - (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains) Nous attendions ce texte depuis un certain temps, comme nombre de nos concitoyens qui attendent du Gouvernement une politique volontariste pour l'aménagement du territoire. Cet objectif nous oblige. Malheureusement, le texte initial ne faisait pas du désenclavement une priorité. Il a fallu attendre le Sénat pour y remédier, et je salue le travail constructif de nos rapporteurs.
La programmation des investissements de l'État dans les infrastructures de transport s'appuie sur le rapport de février 2018 du COI, qui présentait trois scénarios, parmi lesquels vous avez choisi le scénario 2. C'est à mes yeux le plus grand renoncement par rapport à l'ambition initiale, dont témoigne la première phrase de l'exposé des motifs. Le Gouvernement enterre tous les projets qui auraient permis de réduire le fossé entre les habitants des métropoles et les exclus des réseaux.
Je pense d'abord à la LGV Paris-Orléans-Clermont-Lyon, inscrite dans le Grenelle de l'environnement et objet de perpétuelles procrastinations étatiques. La commission Mobilité 21 en a pourtant démontré la pertinence.
Une LGV, ce n'est pas un caprice. Cela permet de mettre en oeuvre une politique de développement local de grande envergure, de remettre un territoire sur les rails de la modernité. Voyez Bordeaux, Rennes ou Strasbourg !
Sans négliger les problèmes de financement et de dette, il faut avoir des perspectives à long terme, comme autrefois la Datar, car un pays qui n'investit plus est un pays qui se meurt. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains)
Ne confondons pas dette de fonctionnement et dette d'investissement. Il faut donner une espérance aux territoires oubliés.
Quant à la modernisation des lignes existantes, le projet de loi est muet sur le calendrier des travaux. Pas un mot sur les plus petites lignes comme Paris-Bourges-Montluçon, très dégradée à force d'avoir reporté les investissements.
Je me réjouis des modifications apportées par le rapporteur. Mon seul désir est que l'État renoue avec l'âge d'or de l'État aménageur - mais c'était l'ancien monde ! (Sourires et applaudissements sur les bancs des groupes Les Républicains et UC)
M. Alain Fouché . - (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Indépendants) Ce projet de loi est très attendu dans les territoires. Le travail de la commission a remédié à plusieurs incertitudes en matière de financement. Mais reste le problème du décalage de 200 millions d'euros entre le budget prévu pour l'Afitf en 2019 et les chiffres publiés par l'agence le 27 février...
La France doit investir pour maintenir et développer ses infrastructures de transport. Nombre de nos territoires ont besoin d'être désenclavés. Je regrette que le transport aérien et le fret ferroviaire n'aient pas été abordés dans le projet de loi. Dans les outre-mer, notamment, le désenclavement passe par l'aérien.
Ce projet comporte de nombreuses mesures intéressantes. Les territoires vont pouvoir développer leurs propres solutions, adaptées à leurs spécificités. C'est important dans la ruralité. Il n'y a pas que Paris en France, monsieur Karoutchi ! (Sourires)
Certaines solutions ont déjà été expérimentées mais ne sont pas suffisamment utilisées, car méconnues. Ce projet de loi propose un cadre favorable à l'innovation. Espérons que l'ouverture des données permettra des synergies.
N'opposons pas les différents modes de transport, les citadins aux ruraux : c'est dans la complémentarité que nous saurons créer un système plus efficace et plus juste. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Indépendants ; quelques applaudissements sur les bancs des groupes Les Républicains, UC et LaREM)
M. Jean-Pierre Vial . - Par son intitulé, ce texte rompt avec un monde organisé sous l'autorité d'un État stratège. M. Le Maire disait récemment vouloir voir la France redevenir la première économie du continent, rappelant qu'il y a vingt ans nous étions au même niveau que l'Allemagne. Mais depuis, nos capacités ferroviaires de transport de marchandises se sont effondrées de moitié, quand celles de l'Allemagne progressaient de 40 %. Le Havre ne figure pas parmi les cinquante premiers ports mondiaux et 50 % des marchandises importées passent par des ports étrangers.
D'où l'importance du Lyon-Turin ! Le tunnel de Fréjus, lancé par Cavour en 1857, avant le rattachement de la Savoie à la France, fut une grande innovation. Aujourd'hui, 40 millions de tonnes transitent entre la France et l'Italie, soit trois millions de poids lourds. Le Lyon-Turin permettrait d'en faire passer un million sur le train.
La liaison Lyon-Turin doit révolutionner les transports en Europe. C'est l'objet du traité de Turin de 2001 signé par le président Chirac, confirmé par les présidents successifs. Financé à 40 % par l'Union européenne, à 35 % par l'Italie et à 25 % par la France, ce tunnel de basse altitude met la France au niveau des infrastructures transfrontalières de l'arc alpin après les tunnels du Lötschberg, du Saint-Gothard et du Brenner.
La question des accès est au coeur des enjeux régionaux : franchissement du verrou de Chambéry, règlement du noeud lyonnais, accès à Grenoble. Il répondrait au défi écologique grâce au report de la route sur le rail. Les collectivités territoriales, conscientes de l'enjeu, sont prêtes à investir 1 milliard d'euros.
Le gouvernement italien a accepté la poursuite des travaux en saisissant Bruxelles pour renégocier le financement. Le Lyon-Turin serait éligible, pour le tunnel et les accès, à un financement européen de 50 % pour les projets de liaison transfrontalière. Le Gouvernement s'associera-t-il à l'Italie dans cette demande ?
Vous engagez-vous à mettre enfin en place la plateforme dans l'Est lyonnais, indispensable pour le report des poids lourds sur le rail ? Il en va de la sécurité et de l'environnement de nos vallées alpines. (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains)
Mme Martine Filleul . - (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR) Le transport connait une mutation profonde. Alors que les échanges se multiplient à grande vitesse, une partie de nos concitoyens se sentent assignés à résidence et ont besoin de moyens de déplacement plus efficaces et moins coûteux.
Nous saluons les mesures qui accompagnent la mue numérique et les nouveaux usages, notamment les modes de transport alternatifs, l'ouverture des données de mobilité et le développement des services d'information.
Mais cette révolution ne doit pas être synonyme de régression sociale. La possibilité pour les plateformes d'adopter une charte offrant de pseudo-droits aux travailleurs non-salariés n'est que facultative ; surtout, c'est un dispositif au rabais, sans réelle protection pour les travailleurs. Nous proposerons de supprimer cette disposition et de mettre en place une branche professionnelle et un salaire minimum.
Le respect du droit du travail n'est pas une option. L'amendement introduisant un service normal garanti aux heures de pointe en période de grève est pour nous inacceptable. Concernant l'ouverture à la concurrence des lignes de bus exploitées par la RATP, nous préconisons un sac-à-dos social, la continuité des droits acquis et un haut niveau social pour les nouveaux salariés.
La mobilité représente un enjeu fondamental de cohésion et d'intégration. Nous proposerons un accompagnement des plus fragiles ou encore la prise en compte du caractère insulaire des territoires ultramarins. Les entreprises doivent aussi prendre toute leur part.
Surtout, il faut réduire l'impact écologique de nos déplacements. Or le texte ne s'engage pas suffisamment dans la sortie du tout-voiture. Ainsi, le transport fluvial, pourtant l'un des plus vertueux, est le parent pauvre. Nos voies navigables, les plus longues d'Europe, sont sous-employées. Trop timide, ce texte semble poursuivre une logique ancienne plutôt que de préparer le monde de demain. Osons changer de paradigme ! Repensons l'organisation du travail pour limiter nos déplacements, mettons fin à la vente de nouveaux véhicules thermiques et régulons le transport de marchandises ! Autant de sujets sur lequel le texte fait l'impasse, comme sur le transport aérien ou les petites lignes...
Pour répondre aux défis, nous proposons à l'État de lever un grand emprunt pour accélérer la transition écologique. Ne nous arrêtons pas à mi-chemin ; engageons-nous pleinement dans la voie des mobilités durables ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SOCR et CRCE)
M. Jean Sol . - (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains) Les Français sont plus que jamais en attente d'une amélioration de leurs conditions de vie - et les mobilités en font partie. Après les préconisations du COI, une loi d'orientation s'imposait.
La création d'une AOT sur tous les territoires mettra fin aux zones blanches de la mobilité - mais, déception, c'est bien la seule mesure d'aménagement du territoire. Le texte se focalise sur les seules mobilités électriques, c'est insuffisant pour répondre aux défis technologiques, sociaux et environnementaux à venir.
Rien sur le thermique et l'hydrogène, qui auront pourtant leur place dans le grand mix énergétique et technologique de demain ; rien sur les petites lignes ferroviaires ; aucun moyen pour les collectivités territoriales auxquelles on confie de nouvelles compétences... Preuve que le Sénat est plus que jamais indispensable pour améliorer la loi !
Les Pyrénées-Orientales sont encore à plus de cinq heures de Paris, faute de TGV, la compagnie Hop va restreindre des vols déjà insuffisants, le projet de sécurisation de la RN 116 s'éternise. Faute d'investissements pour endiguer le sentiment d'enclavement de nos populations, vous risquez de voir la crise s'enraciner...
Jeudi 14 décembre 2017, les familles se préparaient à se retrouver pour Noël. Mais à 16 h 03, les 22 collégiens de Millas ont vu leurs vies basculer quand leur car a été percuté par un TER sur un passage à niveau. Soudain, le chaos, l'obscurité. Six morts, quatorze blessés à jamais. Des images qui resteront gravées dans les mémoires.
J'étais présent en cette nuit terrible, aux côtés des familles, face à ce bus coupé en deux. Mais comment trouver les mots justes face à la perte de six petits anges ?
Quel est le rôle d'un élu de la Nation ? Faire en sorte qu'un tel drame ne se reproduise pas. C'est pourquoi j'ai déposé une proposition de loi visant à sécuriser les 13 000 passages à niveau, que j'ai souhaité voir intégrée au texte de la commission. J'espère que ces mesures de bon sens feront l'unanimité.
Mme la présidente. - Veuillez conclure.
M. Jean Sol. - Je conclurai en saluant la présence en tribune de M. Bougeonnier, père du petit Loïc, décédé à Millas. Il est urgent d'agir, d'intégrer ces mesures à la loi et surtout de les mettre en application rapidement. (Applaudissements)
La discussion générale est close.
Rappel au Règlement
M. Olivier Léonhardt . - Mon rappel au Règlement se fonde sur l'article 36 de notre Règlement. Je suis très surpris de l'usage extravagant qui est fait de l'article 40 pour limiter notre droit d'amendement. (Marques d'approbation sur plusieurs bancs à gauche) Mon amendement visant à dissoudre la société du Grand Paris en a été victime. Comment expliquer que la suppression d'un établissement qui coûte de plus en plus cher - 1,6 milliard en 2017 ! - et qui prévoit d'emprunter plus de 35 milliards d'euros, qui a des agents, des locaux, des véhicules, puisse constituer une charge nouvelle ? (Sourires ; M. Roger Karoutchi s'exclame.)
Plus extravagant encore, on retoque mon amendement qui augmente le versement transport à Paris et dans les Hauts-de-Seine au motif que cela entraînerait une hausse du produit de l'impôt - donc une dépense !
Je souhaiterais des explications sur ces irrecevabilités, en espérant qu'elles n'aient pas pour seul but de réduire le nombre d'amendements ! (Applaudissements sur les bancs des groupes UC, SOCR et CRCE ; Mme Laure Darcos applaudit également.)
Discussion des articles
ARTICLE PREMIER A
M. Jean-Marc Boyer . - Nous vivons dans un monde mobile. En matière de mobilité, l'État doit assumer pleinement son rôle, donner aux échelons locaux les moyens correspondant aux missions qui leur sont transférées. Pour orienter les mobilités, votre texte doit prendre la bonne direction en tenant compte de la spécificité des territoires. Certains ont besoin d'un train à la hauteur des attentes, d'une longue attente ! Un Plan Marshall est essentiel pour les trente années à venir. Plus qu'une orientation, il faut une direction.
Cessons d'imposer sans distinction des normes centralisées. La sécurité routière peut être améliorée sans jacobinisme, en chargeant les préfets et les élus locaux d'adapter la vitesse en fonction de la dangerosité des routes.
Je ne veux plus être un « zonard », vivant dans une zone blanche de mobilité, une zone blanche numérique. Ruraux et montagnards ne vous demandent pas le grand soir mais de prendre en compte leurs besoins, pour que la mobilité soit une réalité pour nos territoires. Comme l'a dit Rémi Pointereau, un pays qui n'investit plus est un pays qui se meurt ! (Applaudissements sur les bancs des groupes Les Républicains et UC)
Mme Fabienne Keller . - Je salue l'important travail d'analyse effectué par le COI sous l'autorité de Philippe Duron, qui nous regarde, même si j'ai conscience que chacun voudra amender les priorités, les plannings et projets retenus. Madame la ministre, vous avez cherché à construire une planification robuste et réaliste, autour de trois priorités : les noeuds ferroviaires, les projets en cours et les transports du quotidien.
Nous ne sommes pas en loi de finances, mais la question du financement de ces infrastructures est essentielle. Or le financement des 13,4 milliards d'euros prévus pour 2018-2022 reste à consolider. Il faut trouver une source de financement pérenne pour l'Afitf. Le défi sera de trouver des ressources sans augmenter la fiscalité, notamment pour les plus fragiles et ceux qui n'ont d'autre choix que la voiture.
Souhaitons que nos débats permettent de progresser sur le financement prioritaire d'infrastructures trop longtemps reportées.
Mme Éliane Assassi . - Le rapporteur a été bien inspiré d'inscrire la question programmatique en début de texte.
Madame le ministre, comment aborder sereinement la question du financement alors que la presse annonce la suppression de 56 lignes et de 120 gares ? (Madame la ministre proteste.) Et que la question des lignes de vie est renvoyée à un énième rapport, qui sera remis après nos débats ? Elle devrait pourtant constituer la priorité de cette programmation. En démentant de la sorte vos déclarations d'intention, vous risquez d'entamer la confiance de nos concitoyens...
Alors que le défi climatique est une urgence absolue, que la marche sur le climat a réuni des milliers de personnes, pourquoi renoncer à aborder la question du fret ferroviaire ?
Sur le plan environnemental, les mobilités partagées ne valent pas les transports en commun. Après avoir remplacé le train par les bus Macron, vous favorisez l'ubérisation des transports en remplaçant les transports en commun par des solutions individuelles, poursuivant votre logique de libéralisation des services publics.
M. Roger Karoutchi . - L'annexe cite le Grand Paris Express. On y lit, admiratif, que tout sera livré entre 2024 et 2030. J'aimerais savoir ce qui sera livré en 2024, ce qui sera livré en 2030...
Je le dis depuis des années, on a eu les yeux plus gros que le ventre. La programmation est passée de 20 milliards d'euros à 35 milliards d'euros. J'estime que l'on finira entre 40 et 45 milliards d'euros. Cela fait des années que je demande que l'on remette le projet à plat. Quand je demande si l'on pourra tout faire, on me répond que l'engagement est pris... Ce n'est pas le problème !
Monsieur Léonhardt, ce n'est pas le budget de la Société du Grand Paris qui a explosé, mais les prélèvements sur les Franciliens : 700 millions d'euros par an en taxes supplémentaires sur les particuliers et les entreprises, sur cinquante ou soixante ans !
Certes, tout le monde était favorable au projet initial. Mais l'État peut-il s'engager à ce que la totalité du projet soit terminé en 2030 ? Je ne serai plus là pour le voir (Dénégations amusées), mais je ne sais pas si beaucoup d'élus franciliens y croient encore... (Applaudissements sur les bancs du groupe Les Républicains et sur plusieurs bancs des groupes UC et RDSE)
Mme Denise Saint-Pé . - Développer les mobilités du quotidien, tel est l'esprit du projet de loi. Deux projets y contribuent. La LGV Bordeaux-Dax est repoussée à après 2037, alors qu'elle avait été décidée par le grand projet ferroviaire du sud-ouest pour relier la péninsule ibérique au reste de l'Europe par l'Atlantique. La ligne Dax-Espagne serait une solution écologique et durable à côté du trafic poids lourds et des 44 millions de tonnes de marchandises qui franchissent la frontière chaque année.
Deuxième projet, l'étude sur l'amélioration de la desserte de Pau via la ligne Dax-Pau, prévue dans le CPET 2015-2022, n'a toujours pas été lancée. Les collectivités locales y ont travaillé ensemble, voté des délibérations. Seul l'engagement de l'État reste à formaliser. Quand cette étude sera-t-elle lancée ?
Mme Nathalie Delattre . - L'article premier A fait référence à la stratégie 2019-2037, au sein de laquelle figure le renforcement de la compétitivité des ports.
Dans la lignée de ma proposition de loi sur la régionalisation du statut des grands ports maritimes, j'ai proposé un transfert de compétences vers les régions, mais mon amendement s'est heurté à l'article 40.
Depuis la réforme de 2008, les grands ports maritimes remplacent les ports autonomes. Or de nombreux élus locaux plaident pour une plus grande implication des collectivités territoriales.
Dans un rapport de février 2017, la Cour des comptes rappelait l'urgence de terminer la réforme des grands ports maritimes dont elle jugeait la mise en oeuvre inégale et les effets modestes. Elle citait notamment les difficultés financières du grand port maritime de Bordeaux. Un transfert à la région serait bénéfique, sachant que l'État garderait une place centrale.
Le Gouvernement doit apporter une réponse claire et forte. Ne pas choisir, c'est enterrer le port de Bordeaux. Madame la ministre, vous nous privez de ce débat et je le regrette.
M. Raymond Vall . - Madame la ministre, les « territoires d'industrie » ne figurent nulle part dans le texte. Or les entreprises de nos territoires nous disent souffrir de l'enclavement et du manque d'attractivité qui les empêche de fixer sur leurs territoires les compétences nécessaires à leur développement.
On ne peut développer ces territoires sans leur donner d'espoir. Les gilets jaunes ont d'ailleurs été très nombreux dans ces territoires d'industrie. Ne passons pas à côté de la possibilité de sauver l'emploi industriel sur notre territoire.
M. Jean-Claude Tissot . - Plusieurs orientations du rapport annexé vont dans le bon sens, comme l'aménagement d'itinéraires existants pour désenclaver des régions rurales et des villes moyennes. Dans le département de la Loire, l'aménagement à 2x2 voies de la RN7 est indispensable pour désenclaver Roanne, mais les études n'ont toujours pas été lancées, ni les crédits débloqués. Les lignes génériques « Études amont » ou « CPER Route » permettront-elles de répondre au besoin ?
J'espère que nous sortirons de l'impasse dans laquelle nous sommes depuis trente ans. Après avoir longtemps achoppé sur le financement, le projet d'autoroute entre Lyon et Saint-Etienne, l'A45, a finalement été abandonné. Cependant, la connexion de ces deux villes reste un problème. Je me réjouis que l'amélioration de cette desserte par une alternative à l'A45 soit une priorité mentionnée dans ce projet de loi, avec les financements nécessaires. Cependant, certains élus refusent toute concertation, espérant encore l'A45. Nous proposerons de formaliser l'abandon définitif de ce projet. Envisagez-vous d'abroger la DSP de l'A45, prise en 2008 ? (Quelques applaudissements sur les bancs des groupes SOCR et UC)
M. Olivier Jacquin . - Je me félicite que le Sénat soit la première assemblée saisie sur ce texte, que nous ayons eu le temps d'y réfléchir et d'y travailler et je salue l'esprit d'ouverture dont a fait preuve le rapporteur.
Cependant, certains modes de transport sont écartés, comme l'aérien, dont les Assises s'achèvent juste, ou le transport de marchandises. C'est regrettable, vu l'impact environnemental des flux de marchandises liés au e-commerce.
Les petites lignes ferroviaires, écartées du Pacte ferroviaire au profit de ce projet de loi sur l'orientation des mobilités, y sont insuffisamment prises en compte. Le rapport du préfet Philizot sur la question n'est pas encore disponible. Les régions se voient transférer la patate chaude par un amendement gouvernemental tardif. L'outil est intéressant mais le financement ne suit pas...
Mme Corinne Féret . - La ligne Paris-Normandie avait pour objectifs ambitieux d'aménager la vallée de la Seine et de désenclaver la Normandie. La politique maritime de la France s'y jouait. Mais à la lecture du projet de loi, ce n'est pas pour demain ; au mieux, en 2037. Pour le Calvados, il y aura des travaux, mais rien pour améliorer la desserte jusqu'à Caen. Pourtant, le niveau n'est pas satisfaisant.
M. Charles Revet. - C'est le moins qu'on puisse dire.
Mme Corinne Féret. - Même le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a admis en 2009 que la SNCF avait une dette envers la Normandie. Vous devez l'honorer, réduire les inégalités territoriales et moderniser le réseau !
Vu les réserves émises sur la sincérité de la programmation financière, je crains que les usagers de la ligne Paris-Caen-Cherbourg ne vivent encore bien des années de galère. Nous attendions des ambitions. Si l'Atlantique s'est rapprochée de Paris, ce n'est pas le cas de la Manche...
M. Édouard Courtial . - Il y a quelques problèmes de mobilité dans Paris aujourd'hui. (Sourires) Je souscris aux quatre objectifs de la LOM et je remercie le rapporteur de les avoir inscrits à l'article premier A. Ce texte est ô combien important pour l'Oise. Le canal Seine-Nord-Europe évoqué à l'article 36 est un projet d'envergure nationale qui reliera Paris au Nord de l'Europe ; il est également essentiel pour l'emploi local et l'insertion.
Le barreau Roissy-Picardie, pour lequel je me suis beaucoup investi, est une absolue nécessité. Je me félicite de sa confirmation et souhaite un calendrier de mise en oeuvre rapide.
Comme de nombreux territoires, l'Oise est confrontée à des risques de fermeture de gares, pourtant essentielles pour l'attractivité des communes. Je m'y opposerai avec force.
M. Pierre Ouzoulias . - Tandis que les élus provinciaux se plaignent de la non-réalisation d'infrastructures, les élus franciliens, eux, s'interrogent sur les infrastructures lancées sans que l'on sache qui les porte ni comment elles sont financées.
Concernant le barreau Massy-Valenton, province-province, qui passe en plein centre-ville d'Antony, je m'interroge sur la méthode. L'annexe ne correspond pas du tout à l'enquête publique de 2015. Le nombre de TGV traversant la ville passerait de 40 à 140, ce qui inquiète les habitants. Ceux-là même dépendent souvent du RER B, qui fonctionne très mal. Les usagers comprennent mal pourquoi ils supporteraient des nuisances supplémentaires alors que le RER B est délaissé.
Quels sont vos choix stratégiques, entre mobilités du quotidien et axes stratégiques ?
M. Roland Courteau . - Les projets du Sud-Ouest sont vraiment structurants pour le développement du territoire. Je suis intervenu au moins une dizaine de fois ici même, ces dernières années, sur le chaînon manquant Montpellier-Perpignan dans la liaison de grande vitesse entre l'Europe du Nord et l'Espagne, souvent été cité comme prioritaire, depuis les sommets franco-espagnols d'Albi et de Tolède. Il n'est toujours pas réalisé.
J'avais autrefois insisté sur la nécessité de réaliser concomitamment Montpellier-Perpignan avec Perpignan-Figueras. Or le premier segment est toujours en attente, malgré son intérêt économique évident, local, régional, national et international.
Carole Delga, présidente de la région Occitanie, défend ce dossier avec le soutien des élus de tous bords. Tous les sénateurs d'Occitanie ont signé l'amendement que je soutiens. (Mme Marie-Thérèse Bruguière le confirme.)
Le Parlement européen a déjà proposé d'ajouter le chaînon manquant Montpellier-Perpignan, ainsi que la LGV Bordeaux-Toulouse-Narbonne. Il est temps que le dossier avance à l'échelon national. J'espère donc votre soutien à l'amendement n°870 présenté par Mme Préville. (Mme Marie-Thérèse Bruguière applaudit.)
Mme Nelly Tocqueville . - Je salue la présence dans nos tribunes du président du COI dont le travail a été unanimement apprécié. (Marques d'approbation) J'appelle l'attention de la ministre sur la liaison Rouen-Barentin. La gare de Rouen est encombrée. La part du ferroviaire dans l'agglomération ne pourra pas être doublée en l'état. La nouvelle gare améliorera les déplacements au quotidien et le respect de l'environnement. Ce projet sera-t-il bien lancé dans les cinq prochaines années, pour renforcer l'attractivité méritée de ce territoire, évoquée à juste raison par Mme Féret ? (Quelques applaudissements sur les bancs du groupe SOCR)
M. Michel Dagbert . - Si certains doutaient encore de la pertinence de réintroduire à ce point de notre débat la programmation des investissements, l'ensemble des interventions est éloquent. Les collectivités se sont montrées promptes à cofinancer le canal Seine-Nord-Europe malgré leurs difficultés.
Cette infrastructure est indispensable au maillage fluvial. Malheureusement les investissements restent largement sous-dimensionnés. Je veux souligner la promptitude avec laquelle le président de la région des Hauts-de-France a créé une société de projet pour cette infrastructure attendue en France mais aussi en Europe, celle-ci ayant revu la part de son financement. (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR)
M. Didier Rambaud . - L'engagement de l'État à réaliser le tunnel transfrontalier du Lyon-Turin est réaffirmé dans ce projet de loi. Mais ce dernier est bien timide sur l'engagement pris à réaliser les voies d'accès françaises, pourtant indispensables, d'abord pour respecter l'esprit du projet et des accords passés avec l'Italie et l'Union européenne. J'espère, madame la ministre, que vous pourrez rassurer les partenaires et les collectivités qui se sont engagés.
M. Hervé Maurey, président de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable . - Madame la ministre, vous avez dit regretter que la question des financements des infrastructures ait été ramenée par la commission au titre premier. (Mme la ministre proteste.) Cela nous différencie, voire nous oppose. Ce projet de loi très important est tout sauf financé. Ce n'est ni sincère ni crédible ni réaliste.
Ce projet de loi est bouclé depuis un an et vous n'avez toujours pas trouvé de financements ? Vous nous dites que ceux-ci relèveraient d'une loi de finances ? D'où cela sort-il ? M. Karoutchi peut en témoigner : en 2011, lorsqu'un gouvernement a voulu imposer que toutes les questions financières devaient être réservées aux lois de finances, nous l'avons refusé...
M. Roger Karoutchi. - Eh oui !
M. Hervé Maurey, président de la commission. - Lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2019 à l'Assemblée nationale, le Gouvernement a repoussé toute proposition liée aux mobilités en renvoyant au projet de loi d'orientation des mobilités.
Et maintenant, on nous renvoie au projet de loi de finances. On a créé une taxe qui rapporte 1,2 milliard d'euros pour financer l'Afitf. Le Gouvernement, tout seul, sans avertir le Parlement, donnera seulement 500 millions d'euros à l'Afitf. C'est tout simplement inacceptable.
En outre, son budget est atrophié. Sur une trajectoire de 2,7 milliards d'euros, vous êtes parvenu difficilement à 2,5 milliards d'euros, alors que le président du COI, que je salue à mon tour, avait recommandé justement d'inscrire 3 milliards d'euros. Dire que le Gouvernement est au rendez-vous des financements est erroné. Heureusement, la commission et son rapporteur ont établi des dispositifs qui redonnent du sens et une réalité à ce projet de loi. (Quelques applaudissements sur les bancs du groupe UC)
Mme Élisabeth Borne, ministre . - J'ai dit regretter que la programmation des infrastructures - et non leur financement - ait été déplacée en tête du texte. Je pense en effet que les collectivités territoriales, qui ont un rôle majeur à jouer, doivent y figurer.
Trop longtemps, la politique des transports a été la politique des grandes infrastructures. On s'est fait plaisir à faire des schémas sans aucun calendrier ni le moindre financement. (M. Gérard Longuet renchérit.)
En arrivant, j'ai ainsi trouvé 36 milliards d'euros de LGV, promises dans tout le pays, chacun comprenant que la sienne était prioritaire... (Marques d'approbation sur les bancs du groupe LaREM) J'ajoute que sur ce quinquennat, j'ai trouvé 10 milliards d'euros d'engagements non financés. Oui, monsieur Pointereau, un pays qui n'investit pas est un pays qui se meurt. C'est pourquoi nous augmentons les investissements de 40 % par rapport au précédent quinquennat, soit 4 milliards d'euros de plus, c'est considérable.
Le budget de l'Afitf a été bouclé pour 2019 dans un contexte difficile, malgré l'annulation des hausses de TICPE. Environ 1,2 milliard d'euros de TICPE lui est versé. Ce n'est pas optimal de faire reposer un budget sur la recette fluctuante des amendes - dont nous espérons tous qu'elle baisse, puisque ce serait une bonne nouvelle pour la sécurité routière.
Nous avons maintenu le budget routier et augmenté le budget de la régénération fluviale.
Il est très important d'être parfaitement sincère. Il faudra trouver - je l'ai dit depuis des mois - une ressource de 500 millions d'euros - à inscrire en loi de finances.
Le grand débat ne modifiera pas l'équilibre de la gouvernance, de l'ouverture des données, de la division par deux du coût du raccordement électrique pour recharger les véhicules. En revanche, il faut attendre ses conclusions pour décider des nouvelles ressources nécessaires à l'Afitf. Nos concitoyens ne comprennent pas que les poids lourds étrangers qui traversent notre pays ne paient rien.
Le sujet des petites lignes, dont je ne puis laisser dire que nous ne le prenons pas à bras-le-corps, a été mis sous le tapis pendant des décennies. Beaucoup de régions disent qu'elles n'en peuvent plus d'attendre des actions de SNCF Réseau qui est au four et au moulin, pour porter des projets de régénération.
Mon but est d'aider les régions qui disent qu'elles feraient mieux et plus vite toutes seules - d'où mon amendement. Je le répète, nous dresserons un état des lieux complet dans les prochaines semaines, afin d'élaborer un véritable plan de bataille.
Dans le cadre de la réforme ferroviaire nous avons stabilisé les péages du fret ferroviaire alors qu'ils devaient augmenter de 8 % à 10 % par an et adopté nombre de mesures pour le soutenir, dont 27 millions d'euros d'aides au transport combiné. Cette politique porte ses fruits : nous avons ouvert deux nouvelles autoroutes ferroviaires entre Calais et Turin et entre Calais et Barcelone.
Le travail sur l'autoroute ferroviaire transalpine est difficile avec nos partenaires italiens. Nous sommes engagés sur le Lyon-Turin par un accord, il n'y a aucune remise en cause, ce projet doit se poursuivre
Le fluvial n'est pas oublié. Les investissements sont bien intégrés dans ce projet de loi comme la régionalisation de la société de projet.
Nous portons l'ambition forte d'un aménagement plus équilibré du territoire. En ne donnant plus la priorité au TGV qui accentue la métropolisation mais au contraire en oeuvrant au désenclavement, nous portons un engagement fort.
Dans le Gers, la RN124 sera achevée avant la fin du quinquennat, et la RN21 est l'un des vingt itinéraires de désenclavement prévus.
Les Assises du transport aérien n'ont pas débouché sur des mesures législatives, mais j'ai décidé de multiplier par quatre le budget des lignes d'aménagement du territoire. À Aurillac, on a certes besoin de la RN122, mais aussi d'une liaison aérienne ; même chose pour Castres. Nous avons confirmé les lignes d'aménagement du territoire de Paris à Castres, Limoges, Quimper, La Rochelle et Poitiers.
La priorité d'ensemble va à la désaturation, d'où les travaux à la gare Saint-Lazare notamment, et sur la ligne Paris-Mantes, qui vont démarrer. D'ici à 2022, nous aurons des études sur le dimensionnement de la gare de Rouen, y compris la protection foncière jusqu'à Barentin. N'oublions pas que les lignes existantes feront l'objet de régénérations. Quelque 720 millions d'euros sont prévus pour le renouvellement à 100 % par l'État des matériels roulants normands. Cela n'est pas rien ! c'est une partie des 3,7 milliards d'euros prévus en moins de dix ans pour renouveler la totalité des lignes Intercités.
Je confirme qu'il est indispensable d'améliorer la liaison Lyon-Saint-Étienne. Nous travaillons non à l'A45 mais à l'A47 et à la ligne ferroviaire, qui accueille 15 000 voyageurs par jour contre 70 000 sur la route. On n'a pas assez investi ! Si le Parlement, après en avoir débattu, approuve notre proposition de ne pas poursuivre l'A45, nous déclarerons sans suite la procédure de concession qui a été engagée pour la liaison Creil Roissy.
Les travaux à Massy-Valenton, qui sont très attendus par les régions en interconnexion TGV, démarreront avant la fin du quinquennat, je vous le confirme. Des protections phoniques seront bien évidemment prévues. La liaison Montpellier-Perpignan est parmi les projets prévus. Les protections foncières ont été renforcées. Nous travaillons à une éventuelle société de projet, mais n'avons pas encore abouti avec les collectivités concernées, et à des financements régionalisés.
Il est pertinent et raisonnable lorsqu'on est sur un grand projet, comme celui du canal Seine-Nord ou du Lyon-Turin, de s'appuyer sur des sociétés de projet qui étalent les financements sur plusieurs décennies.
C'est un exercice inédit, exigeant. Nous tenons nos engagements sur l'exercice 2019. Débattons ensemble de la ressource à dégager à partir de 2020.
Mme la présidente. - Amendement n°111, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
I. - Alinéa 2
Remplacer le mot :
quatre
par le mot :
cinq
II. - Après l'alinéa 6
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
...° Assurer la maîtrise publique des infrastructures de transports.
Mme Cathy Apourceau-Poly. - La puissance publique doit pouvoir maîtriser les infrastructures de transport nationales. Les territoires ont le sentiment d'être abandonnés ; c'est le cas dans le bassin minier du Pas-de-Calais. Les infrastructures sont livrées à la concurrence : après les autoroutes en 2005, tout récemment, Aéroports de Paris (ADP), avec la loi Pacte. Toutes ces politiques libérales ne font que remplacer les monopoles publics par des monopoles privés avec des hausses de tarifs.
Les voyageurs sont considérés comme des réserves à dividendes pour les actionnaires et sont laissés sans défense. Ces ventes du patrimoine historique sont un désengagement de l'État, une politique de courte vue, rivée sur la seule réduction des déficits publics.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Cet amendement n'est pas conforme au droit européen ; il n'est pas non plus en accord avec les choix de la commission. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Cela coûterait 50 milliards d'euros environ : même avis défavorable.
L'amendement n°111 n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°543 rectifié bis, présenté par MM. Roux et Artano, Mmes M. Carrère et Laborde, MM. Gold et Léonhardt, Mme Jouve, MM. Arnell, A. Bertrand, Corbisez, Collin, Labbé et Castelli, Mme Costes et MM. Dantec, Gabouty, Guérini, Menonville, Requier et Vall.
Alinéa 3
Après les mots :
en renforçant l'accessibilité
insérer les mots :
et la mobilité
M. Jean-Yves Roux. - Les zones rurales enclavées doivent elles aussi pouvoir bénéficier d'une offre de mobilité permettant de circuler en leur sein dans des conditions satisfaisantes.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis.
M. Jean-Pierre Grand. - Carton plein ! (Sourires)
L'amendement n°543 rectifié bis est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°299 rectifié, présenté par Mme Morhet-Richaud, MM. Dufaut, Chaize, Vaspart, Sol, D. Laurent, Vial et Bascher, Mme Lassarade, MM. B. Fournier et Bonne, Mme Deromedi, MM. Savin et Charon, Mme Gruny, M. Le Nay, Mme Duranton, M. Milon, Mme Imbert, M. Regnard, Mme Noël, MM. J.M. Boyer, Longuet et Gremillet et Mmes Lamure et Berthet.
Alinéa 3
Après le mot :
rurales
insérer les mots :
et de montagne
Mme Patricia Morhet-Richaud. - Cet amendement prend en compte la spécificité des territoires de montagne dont les difficultés d'accessibilité sont différentes de celles des zones rurales en général.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - La mention des zones enclavées intègre les zones de montagne. Votre amendement est satisfait par un autre amendement auquel je suis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Ajouter cette précision créerait une différenciation clivante entre les territoires. Retrait, sinon avis défavorable.
Mme Patricia Morhet-Richaud. - Je le retire, comme mon amendement n°300.
L'amendement n°299 rectifié est retiré.
Mme la présidente. - Amendement n°544 rectifié, présenté par MM. Roux et Artano, Mmes M. Carrère et Laborde, MM. Gold et Léonhardt, Mme Jouve, MM. Arnell, A. Bertrand, Corbisez, Collin, Labbé et Castelli, Mme Costes et MM. Dantec, Gabouty, Guérini, Menonville, Requier et Vall.
Alinéa 3
Après les mots :
mal connectés
insérer les mots :
aux services publics,
M. Jean-Yves Roux. - Parmi « les déplacements du quotidien » qu'il conviendrait de prendre en compte, les habitants des zones les plus enclavées doivent bénéficier de conditions satisfaisantes d'accès aux services publics, élément moteur des mouvements sociaux de ces derniers mois.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - L'accès aux services publics est certes un enjeu important. Mais on pourrait aussi parler de l'accès aux emplois, sujet majeur pour nos concitoyens, entre autres. Retrait, sinon avis défavorable.
L'amendement n°544 rectifié est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°893, présenté par MM. Bouloux, Morisset, Mouiller, Gabouty et Fouché et Mme Perol-Dumont.
Alinéa 4
Après les mots :
Améliorer la qualité
insérer les mots :
et la sécurité
M. Yves Bouloux. - L'article premier A inscrit des objectifs, mais la sécurité n'est pas citée, alors qu'elle est une préoccupation de nos concitoyens.
Je pense aux routes très accidentogènes, hélas bien connues, que sont les nationales 147 et 149.
Cet amendement, cosigné par les sénateurs des trois départements, inclut la sécurité parmi les objectifs de la stratégie et la programmation financière et opérationnelle des investissements de l'État dans les transports pour la période 2019-2037, annexé à la présente loi.
M. Didier Mandelli. - Ajout utile, la sécurité est une priorité des investissements. Avis favorable donc.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Dans notre esprit, l'objectif de qualité intégrait la sécurité, mais avis favorable.
L'amendement n°893 est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°545 rectifié, présenté par MM. Roux et Artano, Mmes M. Carrère et Laborde, MM. Gold et Léonhardt, Mme Jouve, MM. Arnell, A. Bertrand, Corbisez, Collin, Labbé et Castelli, Mme Costes, M. Dantec, Mme N. Delattre et MM. Gabouty, Guérini, Menonville, Requier et Vall.
Alinéa 4
Après les mots :
en assurer la pérennité
insérer les mots :
en tenant compte de l'usure des infrastructures due aux conditions climatiques et épisodes météorologiques
M. Jean-Yves Roux. - Il semble utile de prendre en compte de manière plus systématique l'usure des routes, constatée plus nettement dans certains territoires, notamment de montagne, où elles doivent faire l'objet d'un entretien plus régulier.
L'article 3 de la loi du 28 décembre 2016 de modernisation, de développement et de protection des territoires de montagne indiquait que « les dispositions de portée générale ainsi que les politiques publiques et les mesures prises pour leur application relatives, notamment, au numérique et à la téléphonie mobile, à la construction et à l'urbanisme, à l'éducation, à l'apprentissage et à la formation professionnelle, à la santé, aux transports, au développement économique, social et culturel, au développement touristique, à l'agriculture, à l'environnement ainsi qu'à la protection de la montagne sont, éventuellement après expérimentation, adaptées à la spécificité de la montagne ou à la situation particulière de chaque massif ou partie de massif. »
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Partageant le constat, je considère que l'article premier A n'a pas vocation à énumérer toutes les causes d'usure des routes. Évitons un inventaire à la Prévert, de surcroît incomplet. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis.
L'amendement n°545 rectifié n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°894, présenté par MM. Bouloux, Morisset, Mouiller, Gabouty et Fouché et Mme Perol-Dumont.
Alinéa 4
Compléter cet alinéa par les mots :
, et entre les pôles urbains
M. Yves Bouloux. - Cet amendement complète l'objectif d'amélioration des liaisons entre les territoires ruraux et les pôles urbains par celui d'amélioration des liaisons entre les pôles urbains, en particulier entre les communautés urbaines.
L'amélioration de telles liaisons est une condition essentielle du développement de l'ensemble des territoires et du renforcement des synergies entre les territoires.
Certains territoires ruraux, comme les départements des Deux-Sèvres, de la Vienne et de la Haute-Vienne, sont freinés dans leur développement par l'insuffisance des liaisons, notamment entre les communautés urbaines de Poitiers et de Limoges via les voies RN147 et RN149, dans l'axe Nantes-Poitiers-Limoges.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - La programmation fixe comme priorité la liaison entre pôles urbains et territoires ruraux. Il peut être utile de préciser en intégrant la liaison entre pôles urbains. Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis.
L'amendement n°894 est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°342 rectifié, présenté par MM. Dantec et Artano, Mme Billon, MM. Gontard et Labbé et Mme Vullien.
Alinéa 5
Après les mots :
transition énergétique
insérer les mots :
, la diminution des émissions de gaz à effet de serre
M. Ronan Dantec. - C'est presque un amendement de cohérence avec notre insistance sur la lutte contre le changement climatique.
Mme la présidente. - Amendement identique n°799, présenté par M. Marchand et les membres du groupe La République En Marche.
M. Frédéric Marchand. - Il est défendu.
Mme la présidente. - Amendement identique n°872 rectifié, présenté par Mme Préville, M. Jomier, Mme Taillé-Polian, MM. Jacquin, Jeansannetas, Houllegatte, Iacovelli, Antiste et Daunis, Mme Blondin, M. Lurel, Mme Espagnac et M. J. Bigot.
Mme Angèle Préville. - Le souci constant d'écologie est curieusement absent : c'est un manque criant, quelque peu anachronique par rapport au changement climatique, qui est là, en conséquence de l'accumulation de gaz dans l'atmosphère, principalement du dioxyde de carbone, produit par la combustion des hydrocarbures, du bois et du papier, ainsi que des moteurs thermiques, et du méthane. Cet amendement introduit la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans la stratégie et la programmation financière et opérationnelle des investissements.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Cela semblait évident, mais cela va mieux en le précisant. Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Il n'y a pas un manque criant : toute la politique d'infrastructures poursuit cet objectif, qui fait évidemment partie intégrante de la transition énergétique. Mais, avis favorable.
M. Gérard Longuet. - Madame la ministre - puisque nous pouvons désormais le dire (Sourires), cet objectif ne peut qu'être global et non local. J'introduirais volontiers un sous-amendement tendant à compléter l'amendement par cette précision. Certains de nos voisins promeuvent des véhicules électriques, dont l'énergie provient majoritairement de centrales au lignite. Sommes-nous bien sûrs que les batteries, comportant des terres rares et importées de l'étranger, par certains modes de transports, n'augmentent pas les émissions dans les pays où elles sont produites ?
J'aurais donc aimé que l'on parlât d'une réduction globale de ces émissions.
M. Olivier Jacquin. - Vous parlez d'environnement le vendredi lors des manifestations pour le climat, mais moins en début de semaine... Je soutiens avec force ces amendements. L'OMS a révisé ses méthodes de calcul, la situation est encore plus grave.
La pollution de l'air fait plus de morts que le tabac ; si l'on peut choisir de ne pas fumer, on ne choisit pas de respirer ! Un total de 105 morts par an, pour 100 000 habitants, cela nous place dans une situation moyenne à l'échelle européenne. Le transport routier représente 94 % des émissions des transports. Les poids lourds émettent 31 % de l'oxyde d'azote en Île-de-France, alors qu'ils ne représentent que 5 % des kilomètres effectués par tous les véhicules.
M. Daniel Chasseing. - Je voterai ces amendements, mais M. Longuet a raison : la pollution traverse les frontières. Or l'Allemagne, la Pologne, la Russie, la Chine et l'Inde utilisent, voire augmentent, leurs centrales à charbon.
Ayons des choix raisonnables. Ne pénalisons par trop le diesel, qui peut être indispensable à certains de nos compatriotes, et pour l'emploi dans certaines entreprises et sous-traitants, qui risquent de se retrouver face à de grandes difficultés.
M. Marc Laménie. - On parle depuis longtemps de ces sujets, mais les choses ne changent pas : il y a toujours plus de camions. Le trafic du fret ferroviaire - dont je suis un des défenseurs ici - est réduit. Et que dire des voies d'eau !
Ces amendements posent des problèmes de société. Il faut se donner les moyens d'atteindre ces objectifs.
Dans les Ardennes, le canal des Ardennes est immobilisé, car une écluse est inutilisable. C'est dommage !
M. Jean-François Husson. - Je suis bien évidemment pour la diminution des gaz à effet de serre, objet de cet amendement. Mais je parlerai plutôt de pollution. Les mêmes causes ne produisent pas les mêmes effets. Nous l'avions montré avec notre commission d'enquête. Il y a quatre familles d'émetteurs : industrie, transport, résidentiel et agricole. Selon les régions, les saisons, la responsabilité n'est pas la même.
Pour les gaz à effet de serre, le diesel est préférable à l'essence et pour la pollution, c'est l'inverse. Il faut donc mettre devant chaque objet les bonnes données.
M. Guillaume Gontard. - Ce projet de loi parle très peu d'environnement et de réchauffement climatique. Nous l'avons enrichi en commission. Il faut l'inscrire clairement dans ce texte.
M. Jean-Claude Luche. - Posons le problème sur le diesel, sur lequel on dit et écrit n'importe quoi. Le ministre de l'industrie s'est interrogé sur le fait de donner la vignette Crit'air aux nouveaux véhicules diesel. Car ils polluent beaucoup moins que les véhicules à essence. (M. Daniel Chasseing approuve.)
Ce tabou mérite d'être levé, car c'est toute la filière automobile française qui est menacée. (Mme Élisabeth Borne, ministre, le conteste.) Mais si, madame la ministre !
Il faut tout prendre en compte : la production des batteries et les déchets que cela occasionne ; mais aussi l'utilisation des freins et des pneus. Mais arrêtons de dire que le diesel est responsable de tout !
M. Ronan Dantec. - Il y a bien deux débats différents. Mais l'enjeu, c'est la mutation de l'industrie automobile française. Les Chinois, après avoir racheté Volvo, ont demandé à ses ingénieurs de ne produire que de l'électrique ! On parle de 2030 ! C'est demain ! Renault, ayant pris de l'avance, est plutôt bien placé ; mais l'industrie allemande est en retard et fait un lobbying incroyable pour retarder la mutation. Confortons l'industrie française dans cette mutation.
M. Bernard Delcros. - Je soutiens cet amendement. Compte tenu des enjeux vitaux de changement climatique, affichons un objectif clair de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
Mme Pascale Bories. - Je m'associe aux propos de MM. Luche et Longuet mais je voterai l'amendement car il s'agit d'un voeu général sur un alinéa précis qui entend favoriser un rééquilibrage modal et ne concerne pas le choix entre diesel et voiture électrique. C'est plutôt un rappel des enjeux mondiaux de la réduction des gaz à effet de serre.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - L'article premier A prévoit quatre objectifs, dont l'accélération de la transition énergétique et la lutte contre la pollution et la congestion routières. À l'article premier sont mentionnées le désenclavement, l'attractivité territoriale et la lutte contre le changement climatique et la pollution atmosphérique. Cela évite de sous-amender ces trois amendements.
Les amendements identiques nos342 rectifié, 799 et 872 rectifié sont adoptés.
Mme la présidente. - Amendement n°109, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Alinéa 5
Après le mot :
routière,
insérer le mot :
prioritairement
et après le mot :
individuel
insérer les mots :
lorsqu'il n'existe pas d'alternative dans des conditions satisfaisantes par les transports collectifs
M. Pierre Ouzoulias. - Cet amendement hiérarchise les différents modes de transport. On ne peut mettre sur le même plan le ferroviaire, un transport de masse, et le covoiturage, qui est polluant et marginal et a la route pour support.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Citer un objectif ne signifie pas que les autres ne sont plus valables. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis. À l'article 212-5 du code des transports est inscrit le principe de la priorisation vers les transports collectifs. Dans la programmation, deux tiers des investissements leur sont consacrés.
M. Pierre Ouzoulias. - Ces explications nous satisfont.
L'amendement n°109 est retiré.
Mme la présidente. - Amendement n°643 rectifié, présenté par MM. Pellevat et L. Hervé, Mmes Berthet, Noël et Vullien, MM. Luche et Panunzi, Mmes Vermeillet et Micouleau, MM. Le Nay et Longeot, Mme Morhet-Richaud, M. Moga, Mmes Puissat et Deromedi, MM. Charon et Sido, Mme Joissains, MM. Chaize, Genest et B. Fournier, Mme Lherbier, MM. Duplomb et J.M. Boyer, Mme Billon et MM. Karoutchi, Rapin et Savin.
Alinéa 6
Après les mots :
compétitivité des territoires
insérer les mots :
en termes de mobilité quotidienne et notamment de fluidité du trafic routier,
M. Cyril Pellevat. - Élu de montagne, je vous accueillerai prochainement. Cet amendement inscrit parmi les objectifs de la programmation des infrastructures l'amélioration de la mobilité quotidienne à l'intérieur des massifs en fluidifiant le trafic routier, notamment dans les territoires transfrontaliers.
Les élus du Chablais sont dans l'attente de la déclaration d'utilité publique sur l'axe Thonon-Machilly.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis favorable. Pour information, nous avons remplacé le mot de « compétitivité » par « attractivité » dans une autre partie du texte.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Avis défavorable. Cet alinéa concerne le transport de marchandises...
M. Jean-François Husson. - N'oubliez pas la DUP !
Mme Élisabeth Borne, ministre. - La signature est pour juillet 2019, nous en parlerons dimanche.
L'amendement n°643 rectifié est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°897, présenté par MM. Bouloux, Morisset, Mouiller, Gabouty et Fouché et Mme Perol-Dumont.
Alinéa 6
Compléter cet alinéa par les mots :
, sur l'ensemble du territoire national
M. Yves Bouloux. - Il s'agit de prévenir un renforcement de la compétitivité des seuls territoires autour des métropoles ou des ports.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Cette précision n'est pas essentielle, les dispositions sont valables sur l'ensemble du territoire. Il est néanmoins peut-être utile de le préciser. Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le mentionner ici provoquerait un a contrario sur les autres alinéas. Avis défavorable.
L'amendement n°897 est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°593 rectifié, présenté par Mme M. Filleul et les membres du groupe socialiste et républicain.
Alinéa 6
Compléter cet alinéa par les mots :
, notamment en engageant une politique ambitieuse et incitative pour le développement du transport fluvial
Mme Martine Filleul. - Le fluvial est le parent pauvre de ce projet de loi. Selon une récente étude du Commissariat au développement durable, entre 1990 et 2015, 393,1 milliards d'euros ont été investis en France en rénovation ou création d'infrastructures de transport, dont seulement 1,1 % dans le transport fluvial alors même que sa part de marche? nationale avoisine 3. Durant les 25 années précédentes, aucune infrastructure nouvelle n'a été réalisée. Nos investissements sont trois fois inférieurs à ceux de l'Allemagne dont le linéaire de voies navigables est deux fois moindre !
Cette situation n'est pas une fatalité : entre 1999 et 2009, la part modale du fluvial est passée de 10,9 % à 18 % en Belgique. Pour se rapprocher de ces niveaux de performance, engageons une politique ambitieuse et incitative pour le développement du transport fluvial.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Le rééquilibrage modal au profit du transport fluvial est précisé à l'alinéa précédent. Pourquoi pas ne pas le repréciser ? Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Il faudrait alors ajouter le transport ferroviaire. Avis défavorable.
L'amendement n°593 rectifié est adopté.
L'amendement n°231 n'est pas défendu.
Mme la présidente. - Amendement n°739 rectifié bis, présenté par M. Lurel et les membres du groupe socialiste et républicain.
I. - Alinéa 7
Remplacer le mot :
cinq
par le mot :
six
II. - Après l'alinéa 12
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
...) Le soutien à une politique nationale de continuité territoriale outre-mer tendant à rapprocher les conditions d'accès des populations aux services publics de transport de celles de la métropole, en tenant compte de la situation géographique, économique et sociale particulière de chaque collectivité territoriale concernée.
M. Victorin Lurel. - Cet amendement rétablit l'intégrité territoriale de la nation française, rien de moins, une nation qui est archipélagique avec la Corse et les outre-mer. Ils ont été oubliés alors la programmation court de 2019 à 2037.
Certes, dans le rapport annexé, il est évoqué, de manière quelque peu impressionniste, la cohésion entre la métropole et les outre-mer, et seul l'article 8, sur 50 articles, est consacré aux outre-mer. Cet amendement est de bon sens pour réparer cette asymétrie.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - L'alinéa 3 relatif à l'objectif de réduction des inégalités territoriales prévoit que l'accessibilité des zones enclavées, des villes moyennes et des territoires mal connectés doit tenir compte des spécificités ultramarines. Cela répond à votre demande. Retrait, sinon avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - J'ajoute qu'il existe des programmes d'investissement très importants pour les outre-mer : 100 millions d'euros par an pour la route du littoral à La Réunion, la modernisation de la RN1 et 2 en Guyane, la route nationale à Mayotte.
Les outre-mer ont été au coeur des réflexions des Assises du transport aérien. Ces territoires pourront négocier des arrangements administratifs pour ouvrir des droits de trafic rapidement avec les pays voisins. Retrait, sinon avis défavorable.
M. Victorin Lurel. - Je ne peux me satisfaire de cette réponse. Cela fait des années que j'attends l'expression concrète de cette bonne volonté. Président de région, j'ai participé à des programmations. Les investissements sur la route du littoral à La Réunion ont été décidés par le passé.
Tenir compte des spécificités ultramarines, cela est déjà inscrit à l'article 73 de la Constitution. On ne peut se contenter de le répéter sans le traduire dans la programmation financière.
Certes, il existe de grands projets maritimes mais quel est l'apport de l'État ? Je dénonce depuis des années cette discrimination, cette asymétrie.
L'amendement n°739 rectifié bis n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°896, présenté par MM. Bouloux, Morisset, Mouiller, Gabouty et Fouché et Mme Perol-Dumont.
Alinéa 8
Compléter cet alinéa par les mots :
, en favorisant un équilibre territorial
M. Yves Bouloux. - Cet amendement, dans la même veine que le précédent, met l'accent sur l'équilibre territorial.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - À l'alinéa 3 est déjà fixé un objectif de réduction des inégalités territoriales. De plus, l'alinéa que vous visez concerne les réseaux existants. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis.
L'amendement n°896 est retiré.
Mme la présidente. - Amendement n°123, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Alinéa 10
1° Après le mot :
routier
insérer les mots :
et ferroviaire
2° Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Les lignes ferroviaires classiques y contribueront, grâce au développement du réseau d'Intercités de nuit et de jour.
M. Guillaume Gontard. - Le ferroviaire est le plus sûr moyen de désenclaver des villes moyennes, c'est une mobilité accessible à tous, sûre et résiliente dont l'impact sur le climat est limité.
Après les importantes mobilisations pour le climat, régénérer les « petites lignes » permettrait de maximiser l'usage du réseau existant et d'améliorer la mobilité sans artificialiser de nouvelles surfaces par la construction d'infrastructures. Cet amendement renforce, dans une logique de transition écologique, la desserte par les Intercités de jour comme de nuit, notamment en zone rurale. Les habitants des zones rurales excentrées doivent pouvoir participer à la vie nationale, grâce à des déplacements aller/retour en une journée pour se rendre non seulement à Paris mais aussi dans les autres régions françaises. Pour remplir cette mission, l'Intercité de nuit est, pour de nombreux territoires, la seule mobilité qui soit à la fois confortable pour les longues distances et en même temps peu énergivore et bas-carbone. Pour ne prendre qu'un seul exemple, le Paris-Briançon est indispensable pour le désenclavement des Hautes-Alpes. Développer ces trains, ce ne serait pas revenir en arrière ; ce serait un choix lucide et éclairé face aux évolutions démographiques et écologiques.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Le doublement de la part du transport ferroviaire constitue un objectif du programme d'investissement prioritaire n°2. Le programme 4, lui, est consacré au routier. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis défavorable.
L'amendement n°123 n'est pas adopté.
L'amendement n°300 rectifié a été retiré.
Mme la présidente. - Amendement n°542 rectifié, présenté par MM. Roux et Artano, Mmes M. Carrère et Laborde, M. Gold, Mme Jouve, MM. Arnell, A. Bertrand, Corbisez, Collin et Castelli, Mme Costes et MM. Gabouty, Guérini, Menonville, Requier et Vall.
Alinéa 10
Supprimer les mots :
par des aménagements existants
M. Éric Gold. - Il est prématuré de déterminer que le désenclavement routier des villes moyennes et des régions rurales passera par des aménagements existants. Les opérations prévues intègrent des projets d'aménagements complémentaires, dans le respect des enquêtes publiques.
Mme la présidente. - Amendement n°1031, présenté par le Gouvernement.
Alinéa 10
Remplacer les mots :
par des aménagements existants
par les mots :
prioritairement par des aménagements des itinéraires existants
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le Gouvernement veut préciser le texte de la commission pour marquer que le désenclavement doit passer prioritairement par l'aménagement d'itinéraires existants, ce qui n'exclut pas la possibilité de réaliser des infrastructures nouvelles. Certaines sont à l'étude et déjà bien avancées.
Mme la présidente. - Amendement n°898, présenté par MM. Bouloux, Morisset, Mouiller, Gabouty et Fouché et Mme Perol-Dumont.
Alinéa 10
Remplacer les mots :
par des aménagements existants
par les mots :
et un équilibre territorial par des aménagements des réseaux existants
M. Yves Bouloux. - C'est un amendement de clarification.
Mme la présidente. - Amendement n°566 rectifié, présenté par M. Luche, Mme Billon, MM. Bonnecarrère, Capo-Canellas, Delcros et Détraigne, Mme Guidez, MM. Janssens, Laugier, Longeot, Louault, Kern, A. Marc et Moga et Mme Vullien.
Alinéa 10
Compléter cet alinéa par les mots :
ou un aménagement en 2 x 2 voies si la déclaration d'utilité publique a été prononcée, et que les acquisitions et les aménagements fonciers ont été réalisés
M. Jean-Claude Luche. - Lorsque toutes les procédures ont été réalisées pour créer une 2x2 voies, et elles ont un coût pour les finances publiques, les aménagements d'itinéraires existants ne sont pas la solution pour désenclaver les territoires. La RN88 entre Rodez et l'A75 répond à ces critères. Il faut sécuriser cette route structurante particulièrement accidentogène avec un trafic en constante progression, c'est important pour Rodez mais aussi le développement de l'axe Toulouse-Lyon.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Des travaux sont parfois attendus depuis plusieurs générations de CPER. Privilégions l'aménagement de l'existant plutôt que des opérations nouvelles. Il est prévu 1 milliard d'euros sur 10 ans pour l'amélioration de la desserte de notre réseau routier national. Il s'agit d'opérations très concrètes, comme le précise le rapport annexé : déviations, aménagement pour la traversée d'agglomérations ou carrefours. Avis défavorable sur l'amendement n°542 rectifié au profit de l'amendement n°1031 sur lequel j'émets un avis de sagesse car il n'a pu être examiné par la commission. Celui-ci priorise les aménagements existants sans exclure des projets futurs.
Retrait ou avis défavorable à l'amendement n°898 : l'objectif d'égalité territoriale est déjà satisfait à l'alinéa 3. Je ne comprends pas bien la portée de cet ajout.
Monsieur Luche, le programme d'investissement prioritaire doit bénéficier à des 2x2 voies, mais aussi à des aménagements de traversée d'agglomération ou de carrefours. Cela est précisé à l'alinéa 52 du rapport annexé. Retrait au profit de votre futur amendement n°567.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - L'amendement n°1031 du Gouvernement répond aux objectifs des autres amendements en discussion commune, dont je demande le retrait.
Les amendements nos542 rectifié, 898 et 566 rectifié sont retirés.
L'amendement n°1031 est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°827 rectifié quinquies, présenté par MM. Lévrier, de Belenet, Mohamed Soilihi, Bonnecarrère, Guerriau, A. Marc, Théophile, Louault, Henno, Wattebled, Moga et Gattolin.
I. - Alinéa 11
Rédiger ainsi le début de cet alinéa :
d) Le développement des mobilités les moins polluantes et partagées au quotidien, ainsi que de leur usage, afin de renforcer
II. - Alinéa 12
Après le mot :
ports
insérer les mots :
des aéroports, des pôles logistiques
M. Martin Lévrier. - Cet article met l'accent sur le développement des mobilités propres et partagées. Dans une démarche de mise en place de l'innovation, il est cohérent d'ajouter le développement des mobilités en général. En l'état, l'article exclut un certain nombre de sites logistiques comme les aéroports et les grands pôles logistiques et assimilés, comme les marchés d'intérêt national (MIN).
Mme la présidente. - Amendement n°785, présenté par Mme Cukierman et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Alinéa 12
Après le mot :
ports
insérer les mots :
, des pôles logistiques
M. Pascal Savoldelli. - Je rappelle l'objectif : améliorer l'efficacité des transports de marchandises pour renforcer la compétitivité des territoires et des ports et accélérer le report modal. Il faut donc réintégrer certains sites logistiques, comme les MIN
Élu du Val-de-Marne, je veux vous parler du MIN de Rungis, dont nous avons fêté les cinquante ans. Il représente 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 1 200 entreprises, 12 000 salariés. Ces chiffres devraient parler dans cette enceinte ! D'ici juin, un tronçon ferroviaire fermera. Nous avons fait les calculs : 200 000 tonnes de marchandises, ce sera 70 camions par jour ! Ajoutez la question des pôles logistiques, c'est le bon sens.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis défavorable à l'amendement n°827 rectifié quinquies au profit de l'amendement n°785, qui est plus global.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Idem, étant précisé que la voie ferrée ferme pour une bonne cause : faire des travaux !
L'amendement n°827 rectifié quinquies est retiré.
L'amendement n°785 est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°774 rectifié, présenté par Mme Jasmin et les membres du groupe socialiste et républicain.
Alinéa 12
Après le mot :
ferroviaires
insérer le mot :
, maritimes
Mme Victoire Jasmin. - La France, grâce à ses départements et collectivités d'outre-mer, est la deuxième puissance maritime du monde. Ainsi, en matière de trafic de marchandises, les grandes voies du trafic maritime mondial passent non loin de nos territoires d'outre-mer. Nos ports en outre-mer, peuvent devenir des hubs régionaux stratégiques sous réserves d'investissements dans les infrastructures.
La Guadeloupe est un archipel avec son continent et ces îles du sud, récemment, il faut en tenir compte. Madame la ministre, j'ai évoqué devant vous la situation de La Désirade.
À côté des activités maritimes traditionnelles et du tourisme de croisière, il faut développer les infrastructures et utiliser nos océans pour la production d'énergies renouvelables grâce aux courants.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis favorable. Renforcer la dimension maritime du texte est bon.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - La réponse aux enjeux maritimes était, dans mon esprit, traitée dans le cadre des ports. Sagesse.
L'amendement n°774 rectifié est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°849 rectifié, présenté par MM. Chaize, Savary, Magras et Daubresse, Mme Duranton, MM. Bizet, Paccaud et Le Gleut, Mme Bruguière, MM. Piednoir et de Nicolaÿ, Mme Lassarade, M. Priou, Mmes de Cidrac et Deromedi, MM. Pointereau, Bonhomme, Milon, Vogel et Laménie, Mme Lanfranchi Dorgal et M. Revet.
Alinéa 12
Compléter cet alinéa par les mots :
, ainsi que le développement de l'usage des véhicules à faibles et très faibles émissions, en tenant compte notamment des émissions liées aux dispositifs embarqués
M. Patrick Chaize. - Cet amendement associe à une politique ambitieuse de transport de marchandises le déploiement de véhicules à faibles et très faibles émissions. Développement et verdissement doivent aller de pair.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Cette précision, qui n'est pas inutile, est conforme à l'accord de Paris. Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Je comprends l'objectif mais la transition énergétique ne relève pas de l'Afitf. Retrait, sinon avis défavorable.
M. Ronan Dantec. - J'entends la ministre mais le fait qu'il n'y ait aucune référence à la réduction des émissions de gaz à effet de serre me gêne.
M. Jean Louis Masson. - Je m'abstiendrai. D'abord, parce que la remarque de Mme la ministre est fondée : nous sommes loin des attributions de l'Afitf. Ensuite, s'il y a des progrès à faire, c'est plutôt en interdisant les paquebots et les cargos qui utilisent un fioul lourd hyperpolluant, et pas les petits camions, même si je ne les défends pas.
L'amendement n°849 rectifié est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°110, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Alinéa 12
Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Cette priorité passe notamment par la remise à niveau des lignes capillaires fret ainsi que des voies navigables.
Mme Michelle Gréaume. - Nous portons cet amendement depuis de nombreuses années. Le fret ferroviaire ne représente que 10 % du transport de marchandises, contre 75 % dans les années 1970. Les petites lignes ferroviaires font l'objet d'un travail du préfet Philizot mais, de rapport en rapport, les conclusions sont les mêmes : l'urgence écologique, le nécessaire changement de paradigme, la pertinence du fret ferroviaire. Cela a été réaffirmé du Grenelle de l'environnement à la COP21. Alors que les émissions de CO2 sont en hausse constante et qu'on compte 1,6 million de camions en plus sur les routes chaque année, il serait irresponsable de ne pas soutenir le réseau capillaire du fret ferroviaire.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Le rapport annexé apporte déjà ces précisions. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Je partage le constat de l'importance des lignes capillaires. L'Afitf bénéficie déjà de 10 millions d'euros par an.
Un point important pour les clients est la continuité de service, elle est mise à mal par les mouvements sociaux. La crise de l'an dernier a fait baisser le fret de 5 %. Avis défavorable.
L'amendement n°110 n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°515 rectifié, présenté par Mmes Lienemann et Apourceau-Poly.
Après l'alinéa 12
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
...) Accélérer la transition énergétique des véhicules et la lutte contre la pollution locale par une stratégie ambitieuse de déploiement des infrastructures d'avitaillement pour les véhicules fonctionnant à l'électricité, l'hydrogène, le GNV, le GPL et le superéthanol E85.
Mme Cathy Apourceau-Poly. - Défendu.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - L'article 64 du rapport annexé vous donne satisfaction. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis.
L'amendement n°515 rectifié n'est pas adopté.
RAPPORT ANNEXÉ
Mme la présidente. - Amendement n°625 rectifié bis, présenté par M. Bérit-Débat et les membres du groupe socialiste et républicain.
Rapport annexé, après l'alinéa 2
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
Afin d'assurer le financement des investissements de l'État dans les infrastructures de transport pour la période 2019-2037 prévus par la présente loi, le Gouvernement lève un emprunt à moyen et long termes pour couvrir à due concurrence l'écart entre les dépenses prévues par la trajectoire fixée par la présente loi et les ressources actuellement identifiées pour les financer.
M. Claude Bérit-Débat. - Il manque 500 millions d'euros par an à l'Afitf à partir de 2020. Certes, la commission a sanctuarisé le fléchage de l'augmentation de la TICPE vers l'agence mais cela ne suffira pas. Une solution pourrait être une vignette poids lourds mais l'article 40 nous a été opposé lorsque nous avons voulu le proposer.
D'où notre proposition : lever un emprunt à moyen et long terme. Le moment est propice, les taux d'intérêt sont faibles : 0,5 % pour les obligations d'État de moins de 10 ans, de 1 % pour celles à 20 ans ; ils sont inférieurs à l'inflation, ce qui amoindrit leur coût. Tous les indicateurs sont au vert. La charge de la dette devrait baisser. Selon un économiste, ce serait indolore pour le budget de l'État et cette relance des investissements aurait des effets économiques appréciables.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis défavorable. Nous avons tous pu exprimer notre déception vis-à-vis du manque de ressources. Nous espérons que la part de TICPE affectée à l'Afitf augmentera. Nous ne sommes pas favorables à un emprunt même si les taux d'intérêt sont faibles.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Je comprends le souhait de boucler le financement et confirme l'engagement du Gouvernement de dégager 500 millions d'euros supplémentaires par an à partir de 2020. Recourir à l'emprunt n'est pas la solution. En arrivant au ministère, j'ai trouvé 10 milliards d'euros d'engagements non financés. Avis défavorable.
M. Roger Karoutchi. - Le Grand Paris Express, voilà l'exemple type du projet financé par l'emprunt mais d'un emprunt adossé à des taxes supplémentaires sur les Franciliens et les entreprises franciliennes probablement pour les cinquante prochaines années.
Dans cet amendement, on ne sait pas qui paiera l'emprunt ; n'ajoutons pas des dettes aux dettes.
M. Michel Dagbert. - J'entends les arguments de M. Karoutchi mais cette dette sera vertueuse car elle accélérera la réalisation d'infrastructures dont tout le monde s'accorde à dire qu'elle n'a que trop tardé, elle aura des effets positifs sur l'économie réelle qui a souffert de la baisse d'investissement des collectivités territoriales. Les économistes le confirment, l'hypothèse de l'emprunt est crédible.
M. Olivier Jacquin. - Tout le monde apprécie l'esprit de concorde qui règne autour de ce texte.
Une fois le fléchage de la TICPE accompli, on manque toujours de financements pour l'Afitf. Ce qui pollue doit être plus coûteux que ce qui ne pollue pas. Tenir compte des externalités négatives, c'est le bon sens. Il est anormal qu'il coûte moins cher de traverser la France en avion qu'en train alors que le bilan carbone du premier est exécrable.
Monsieur Karoutchi, nous proposerons que les collectivités territoriales puissent lever un complément de taxe sur les plus-values immobilières privées réalisées autour des gares.
Le grand emprunt financera, non du fonctionnement, mais la transition.
M. Jean-Michel Houllegatte. - Nous sommes dans une société de mouvement, d'accélération des flux matériels et immatériels. Notre économie moderne est fondée sur l'échange avec le célèbre « laisser-faire, laissez-passer ».
La France du XIXe siècle a investi dans le réseau ferré qui a dynamisé l'économie. Au XXIe siècle, notre mobilité est congestionnée, asphyxiée. Investir dans la mobilité, c'est investir dans la croissance.
Pour le canal Seine-Nord, recourons à l'emprunt, gagé sur les redevances. N'ayons pas peur de l'emprunt qui booste la croissance par un retour sur investissement.
M. Ronan Dantec. - Dans sa lettre sur l'Europe, le président de la République évoque une banque européenne du climat. Il veut donc pouvoir emprunter... Si l'on veut tenir nos engagements sur le climat, on ne peut rester dans le cadre de l'orthodoxie financière, comme le disait Pierre Larrouturou.
Le problème tient à ce que l'amendement ne limite pas l'emprunt aux infrastructures bonnes pour le climat. Le rail devra être financé par l'emprunt, sinon on n'y arrivera pas. Posons maintenant le débat, avant le projet de loi de finances.
M. Claude Bérit-Débat. - Jean Pisani-Ferry, influent conseiller du président de la République, a écrit : « On regardera sans doute demain comme un grand paradoxe que par manque de crédibilité et de confiance mutuelle, des États qui empruntaient à 0,7 % dans un contexte de croissance nominale de 3 % n'aient pas davantage tiré parti d'une fenêtre aussi exceptionnelle. (...) Nous sommes toujours dans une période de déficits sans pleurs, parce que l'État français emprunte sur dix ans à un taux nettement inférieur à 1 % qui ne compense même pas l'inflation. Tendanciellement, si cela continue, la charge des intérêts représentera moins d'un point de PIB, comme à la fin des années 1970 lorsque la dette ne pesait que 20 % du PIB. Certes, les taux vont remonter, mais sans doute lentement et, surtout, la maturité moyenne de la dette est de plus de sept ans : quand bien même la normalisation serait brutale, l'impact sur la charge annuelle d'intérêts demeurera graduel ». Merci, Jean Pisani-Ferry ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SOCR)
M. Pascal Savoldelli. - L'amendement sur les infrastructures de transport propose un emprunt à moyen et long terme. Or quand nous proposions la nationalisation des autoroutes, on nous a toujours répondu qu'un tel emprunt était impossible...
Roger Karoutchi évoque la dette, en toute responsabilité. Mais en nationalisant les autoroutes, on aurait aussi des recettes ! Mes chers collègues de gauche, allons jusqu'au bout du raisonnement. On ne peut pas ainsi faire deux poids, deux mesures !
Cela dit, je voterai l'amendement, mais c'est une petite leçon politique.
L'amendement n°625 rectifié bis n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°603 rectifié, présenté par M. Jacquin et les membres du groupe socialiste et républicain.
Rapport annexé, après l'alinéa 2
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
Dans l'année suivant la promulgation de la présente loi, les contrats prévus aux articles L. 2102-5, L. 2111-10 et L. 2141-3 du code des transports sont actualisés pour tenir compte notamment de cette programmation. Dans les six mois suivant la promulgation de la présente loi, le rapport stratégique d'orientation mentionné à l'article L. 2100-3 du même code est amendé pour préciser les conditions techniques et financières de réalisation des investissements ferroviaires jusqu'en 2026, notamment les contributions publiques correspondantes.
M. Olivier Jacquin. - Cet amendement précise la notion d'investissement dans le ferroviaire. Il définit la stratégie pour gagner en précision, en la mettant en cohérence avec les contrats de performance du groupe SNCF et les plans d'investissements à dix ans de SNCF Réseau.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Ces contrats décennaux qui lient l'État et les opérateurs sont réactualisés tous les trois ans. Il est inutile de repréciser cette actualisation. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - À la suite du nouveau pacte ferroviaire, les dispositifs contractuels seront ajustés. Le nouveau contrat tiendra compte de la nouvelle organisation de la SNCF au 1er janvier 2020 et de la programmation des infrastructures. Cet amendement est satisfait : retrait ou avis défavorable.
M. Olivier Jacquin. - SNCF Réseau voit sa situation s'aggraver. Le début du désendettement est prévu pour 2020 ; pour l'instant, il s'aggrave. Le ministère des finances est extrêmement sévère vis-à-vis de SNCF Réseau, qui sera en outre pénalisé par des mesures de détail.
Pour conforter la situation et éviter toute dérive, précisons ce contrat.
L'amendement n°603 rectifié n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°112, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé, alinéa 12
Remplacer cet alinéa par deux alinéas ainsi rédigés :
Elle suppose l'affectation à l'Afitf de ressources complémentaires. Parmi ces ressources, est étudiée prioritairement la mise en place d'une taxe poids lourds afin de revenir sur l'avantage concurrentiel de la route dont les usagers ne paient pas les infrastructures. La possibilité de mise en oeuvre d'une taxe sur les transactions financières ainsi que les places de stationnements annexés aux locaux commerciaux est également étudiée.
Afin d'encourager le report modal et le financement des infrastructures, les exonérations fiscales et sociales au bénéfice des poids lourds sont réévalués et progressivement supprimés.
Mme Éliane Assassi. - Nous sommes très satisfaits de l'évolution du texte de la commission sur les financements de l'Afitf, mais il ne mentionne qu'un financement nouveau, sans plus de précision.
Cet amendement précise que plusieurs sources de financement sont nécessaires. Nous préconisons ainsi le retour de la taxe poids lourds afin de mettre fin à l'avantage concurrentiel de la route sur le rail ; une fiscalité plus juste, socialement et écologiquement, que la hausse des prix à la pompe. Le précédent Gouvernement avait reculé, empêtré dans un montage financier intenable...
Autres pistes à explorer : une taxation additionnelle sur les transactions financières ou sur les parkings de supermarché.
Enfin, il faut réévaluer les exonérations de TICPE pour le secteur routier, qui coûtent 1,6 milliard d'euros par an.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Ces taxes donneraient quitus à l'État de ne pas prendre 1,5 à 1,8 milliard d'euros de TICPE pour financer l'Afitf.
Les sociétés d'autoroute financent l'Afitf à hauteur de 52 %, par la redevance domaniale notamment.
Sans vouloir lancer un concours Lépine de la taxe, on pourrait aussi envisager de flécher vers la mobilité une partie des recettes attendues de la taxation des GAFA ou de la privatisation d'ADP...
Mme Éliane Assassi. - Ou arrêter le CDG Express ! (Sourires)
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Vous aurez compris que le Gouvernement ne compte pas trancher avant les conclusions du grand débat. Je rappelle aussi que le transport routier représente 400 000 salariés. Mettre fin aux exonérations fiscales des poids lourds français pénaliserait les entreprises françaises par rapport aux poids lourds étrangers qui traversent notre pays sans payer la moindre fiscalité.
Quant au fret ferroviaire, il paie le coût marginal de ses infrastructures, à peine, en raison des subventions de l'État. Défavorable.
M. Daniel Chasseing. - S'il n'y avait pas d'exonération de TICPE, beaucoup de transporteurs routiers feraient faillite face à la concurrence de l'Espagne, du Luxembourg ou même de l'Allemagne, où les charges et le prix du gazole sont bien inférieurs.
M. Pascal Savoldelli. - Madame la ministre, nous pouvons parler des niches fiscales, si vous le voulez ! Il faudrait d'ailleurs plutôt parler de dépenses fiscales. La commission des finances saura aisément trouver de l'argent : CICE, niche Copé, etc. Au sortir du grand débat, nul doute que nos concitoyens seront intéressés de connaître le volume et la nature des dépenses fiscales à destination des particuliers et des entreprises, en distinguant bien TPE, PME et grands groupes...
Allons-y ! Nous sommes dans une démarche constructive et vous tendons la main, madame la ministre. (M. Roger Karoutchi s'amuse.)
L'amendement n°112 n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°113 rectifié, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé, alinéa 15
Après le mot :
modal
insérer le mot :
prioritairement
et après le mot :
autopartage...)
insérer les mots :
lorsqu'il n'existe pas d'alternative dans des conditions satisfaisantes par les transports collectifs
Mme Éliane Assassi. - Défendu.
L'amendement n°113 rectifié, repoussé par la commission et le Gouvernement, n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°895, présenté par MM. Bouloux, Morisset, Mouiller, Gabouty et Fouché et Mme Perol-Dumont.
Rapport annexé, alinéa 19
Après les mots :
réseaux routiers,
insérer les mots :
notamment par l'aménagement des voies existantes en deux voies dans chaque direction,
M. Yves Bouloux. - Cet amendement précise la notion de modernisation des réseaux routiers nationaux, notamment pour les axes régulièrement saturés ou dangereux.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - L'article 52 précise les aménagements envisagés. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis.
L'amendement n°895 est retiré.
Mme la présidente. - Amendement n°114, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé
I. - Alinéa 21
1° Après le mot :
routier
insérer les mots :
et ferroviaire
2° Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Les lignes ferroviaires classiques y contribueront, grâce au développement du réseau d'Intercités de nuit et de jour ;
II. - Alinéa 49, après le mot :
routier
insérer les mots :
et ferroviaire
M. Guillaume Gontard. - La définition des objectifs et les programmes d'investissement prioritaires qui leur sont adossés reste limitée et lacunaire. Le désenclavement des villes moyennes et des régions rurales passe également par le rail : il faudrait y faire explicitement référence dans le troisième programme, qui ne concerne que le routier.
Pour lutter contre les fractures territoriales, il est essentiel de régénérer les petites lignes, ce qui permettrait de maximiser l'usage du réseau existant et d'améliorer la mobilité sans artificialiser de nouvelles surfaces par la construction d'infrastructures.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Nous en avons débattu à l'article premier A. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis. Nous allons investir 3,6 milliards d'euros par an pour remettre en état le réseau ferroviaire, et 3,7 milliards d'euros pour renouveler l'intégralité des TET.
M. Fabien Gay. - Avec quel argent ?
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Ceux qui siègent à l'Afitf peuvent le confirmer. C'est un investissement considérable. Nous faisons infiniment plus pour le ferroviaire que pour le transport routier.
M. Guillaume Gontard. - Vous annoncez des chiffres, mais non financés ! Pourquoi indiquer le routier et non le ferroviaire pour le désenclavement ? Le ferroviaire devrait être une priorité.
L'amendement n°114 n'est pas adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°468 rectifié, présenté par Mmes Laborde et M. Carrère, MM. Artano, Roux, Gold et Léonhardt, Mme Jouve, MM. Arnell, A. Bertrand, Corbisez, Collin, Labbé et Castelli, Mme Costes et MM. Dantec, Gabouty, Guérini, Menonville, Requier et Vall.
Rapport annexé
I. - Alinéa 21
Compléter cet alinéa par les mots :
et de montagne
II. - Alinéa 36, première phrase
Après les mots :
du réseau structurant
insérer les mots :
, notamment celui des trains d'équilibre du territoire et des trains d'aménagement du territoire,
III. - Alinéa 49
Remplacer les mots :
et des territoires ruraux
par les mots :
des territoires ruraux et de la montagne
IV. - Alinéa 52, première phrase
Compléter cette phrase par les mots :
ainsi que des travaux de sécurisation pour éviter les accidents dus aux risques naturels majeurs tels que les éboulements de terrain, ou les chutes de blocs
Mme Josiane Costes. - La citation de la montagne aux alinéas 18 et 44 trouve sa justification dans la spécificité montagne reconnue par la loi modifiée du 9 janvier 1985. L'amendement précise, à l'alinéa 32, que l'État reprendra une politique d'investissement dans les TET et les trains de nuit Paris-Briançon et Paris-Rodez, permettant d'envisager d'autres trains de nuit, par exemple pour desservir les Pyrénées ou le Massif central. Le train de nuit qui desservait Aurillac a été supprimé en 2003, aggravant encore notre enclavement.
Enfin, à l'alinéa 47, nous rappelons que les travaux d'entretien, de sécurisation et de modernisation du réseau routier national comportent également d'importants ouvrages de prévention des risques naturels, particulièrement nécessaires en montagne.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Ces ajouts ne semblent pas opportuns. La commission a déjà précisé, à l'alinéa 38, que l'État investira pour les trains d'équilibre du territoire. Retrait ou avis défavorable
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis.
L'amendement n°468 rectifié n'est pas adopté.
La séance est suspendue à 20 heures.
présidence de M. Philippe Dallier, vice-président
La séance reprend à 21 h 30.
M. le président. - Amendement n°116, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé, alinéa 23
Compléter cet alinéa par les mots :
en définissant un cadre social et fiscal qui permette d'en finir avec l'avantage concurrentiel de la route
M. Pascal Savoldelli. - Par cohérence, avec l'amendement n°112, nous précisons que l'exigence de report modal repose également sur la définition d'un cadre social et fiscal qui permette d'en finir avec l'avantage concurrentiel de la route sur le rail et le fluvial.
Depuis longtemps, les gouvernements successifs ont choisi de favoriser la route, aux dépens du fret ferroviaire : exonération d'une partie de la taxe sur le pétrole, abaissement de la taxe à l'essieu, péages sans lien avec l'usure provoquée par les poids lourds, allègement des cotisations sociales, recours aux travailleurs détachés... différence de taxation entre le gazole routier et l'essence, CICE - 20 milliards d'euros et CIR - 6,2 milliards d'euros. Selon la Direction des douanes et des droits indirects (DGDDI), le différentiel sur le gazole s'élevait à 6,9 milliards d'euros en 2011. Enfin, la Commission européenne organise un véritable dumping social entre pays européens, avec le cabotage.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - L'objet du texte n'est pas de changer le cadre fiscal du transport routier. En revanche, c'est avec des moyens financiers à la hauteur des projets que nous soutiendrons le ferroviaire. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis. Le transport routier représente 400 000 emplois en France. Au Conseil « Transports », fin 2018, nous avons trouvé un accord pour étendre la directive Travailleurs détachés au transport routier. Je regrette que le groupe auquel vous êtes rattachés au Parlement européen ne se soit pas prononcé pour inscrire le sujet à l'ordre du jour...
M. Pascal Savoldelli. - Madame la ministre, vous auriez fait une excellente candidate « En Marche » aux élections européennes - mais ce n'est pas vous, pour cette fois (Mme la ministre sourit.). Vous avez raison de rappeler les enjeux européens, il ne faut pas méconnaître non plus le rôle des profits des grands groupes. La réglementation européenne a organisé le dumping social. Aujourd'hui, avec le cabotage, des transporteurs européens peuvent réaliser trois opérations sur le sol national aux conditions financières de leur point de départ. C'est ça, la concurrence libre et non faussée, voilà ce que fait la règlementation européenne de nos emplois. Il n'y aura pas de relance du fret ferroviaire sans remise en cause de la politique pro-route !
L'amendement n°116 n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°506 rectifié, présenté par Mme N. Delattre, MM. Artano et Roux, Mme Laborde, MM. Léonhardt, A. Bertrand, Corbisez et Collin, Mme Costes et MM. Guérini et Vall.
Rapport annexé, après l'alinéa 23
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
À partir du 1er décembre 2020, le Gouvernement remet annuellement au Parlement un rapport relatif au financement et à la mise en oeuvre de la programmation financière et opérationnelle des investissements de l'État dans les systèmes de transport.
Mme Nathalie Delattre. - Cet amendement vise à ce que le Parlement évalue les programmations et réalisations des investissements de l'État dans les transports.
Le rapport annuel au Parlement précisera les montants alloués à chaque programme d'investissement prioritaire, fera le point sur les projets mis en oeuvre ou restant à réaliser, évaluera leur efficacité et mettra à jour les améliorations éventuelles à y apporter.
En Nouvelle-Aquitaine, le conseil régional a consacré 1,4 milliard d'euros au ferroviaire. En dépit de cet effort, les trains sont toujours en retard. Il faut un effort massif. Les lignes Nantes-Bordeaux, Limoges-Bordeaux ou Limoges-Poitiers relèvent de l'intérêt national. L'engagement de l'État sur les CPER est faible : à peine 239 millions d'euros sur les 780 millions inscrits.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Cet amendement est satisfait par l'article premier C inséré en commission. Retrait.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Retrait ? Les travaux de la ligne Nantes-Bordeaux vont commencer cette année, tandis que les deux autres lignes que vous évoquez seront inscrites au contrat de plan État-région, pour des travaux d'ici la fin du quinquennat.
L'amendement n°506 rectifié est retiré.
M. le président. - Amendement n°920, présenté par le Gouvernement.
Alinéa 30
Supprimer cet alinéa.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le rapport annexé au projet de loi prévoit de renforcer la connaissance, la surveillance, l'entretien et la sécurité des ouvrages d'art et des ponts et un accompagnement de l'État concernant le patrimoine des collectivités territoriales et de leurs groupements voire la perspective de son soutien financier.
Cette volonté d'accompagnement est déjà satisfaite à travers les missions que le Gouvernement a confiées à l'Institut des routes, des rues et des infrastructures pour la mobilité (Idrrim), notamment à travers le pilotage de l'Observatoire national de la route (ONR).
Plus localement, le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) anime des conférences techniques interdépartementales qui visent à développer une communauté technique publique locale réunissant des techniciens locaux de l'État et des collectivités territoriales, dans les domaines portés par le ministère. Ces dispositifs seront consolidés par l'agence nationale de cohésion des territoires qui aura vocation à appuyer les collectivités en matière d'ingénierie.
En tant que gestionnaires routiers, les différentes collectivités disposent de la libre administration de leurs équipements, y compris des choix de leurs priorités et de leurs politiques et des niveaux d'investissement, sans intervention de l'État.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis défavorable à cet amendement qui supprime un ajout de la commission. Il est important que l'État s'engage sur le long terme pour l'entretien des ouvrages d'art.
M. Hervé Maurey, président de la commission. - À la suite de l'effondrement du pont de Gênes, le Sénat a créé une mission d'information sur les ponts qui s'est dotée des prérogatives d'une commission d'enquête. La France compte 200 000 ponts, dont 100 000 sont gérés par les collectivités territoriales.
La question de la sécurité est cruciale. Beaucoup de petites communes ne connaissent pas toujours leur patrimoine ni son état, alors que certains ouvrages sont dangereux pour la circulation.
Difficile, dans la conjoncture actuelle, d'imposer des inventaires, des mesures brutales. Vous citez les organismes d'État, madame la ministre, qui ont de l'expertise - mais n'aident pas les collectivités locales. Quant à l'Afitf, elle dispose d'un programme pour les tunnels, mais pas pour les ponts, ce qui est bien typique de notre administration... L'État doit donc accompagner les collectivités territoriales, financièrement et sur le plan de l'ingénierie, car rien n'est prévu à cet égard.
Enfin, j'en profite, madame la ministre, pour vous interpeller sur la situation du pont de Rosselmont, en Moselle, qui a été construit par les Charbonnages de France : il est dans un état de délabrement avancé, mais des camions circulent - à qui incombe sa remise en état, urgente depuis des années ?
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le pont de Rosselmont appartient à l'État, en tant que gestionnaire du patrimoine des houillères. Il lui appartient donc de le remettre en état.
M. Michel Dagbert. - Si les départements possèdent l'expertise technique pour évaluer la sécurité de leurs ponts, il n'en va pas de même des petites communes : il faut les aider, cette question est très importante, nous voterons contre l'amendement.
M. Olivier Jacquin. - Quid du pont de Pierre-la-Treiche en Meurthe-et-Moselle ? Évelyne Didier avait travaillé sur ce sujet des ponts qui sont versés au patrimoine communal, et les difficultés financières pour les communes.
Vous citez les moyens de l'État, mais le budget du Cerema baisse, tandis que l'Agence nationale de cohésion des territoires n'est pas encore opérationnelle.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le pont de Pierre-la-Treiche appartient à Voies navigables de France. Il appartient au propriétaire de l'infrastructure traversée - une route, une voie ferrée, un canal - de financer l'entretien des ponts, ou au moins d'y participer.
M. Pascal Savoldelli. - Nous ne voterons pas cet amendement qui annonce clairement le désengagement de l'État !
L'État a beau jeu de proclamer la libre administration des collectivités locales dans le même temps qu'il leur impose des obligations contraignantes sans les financer !
L'amendement n°920 n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°117, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé, alinéa 31, première phrase
Remplacer les mots :
850 M€/an d'ici 2022 puis 930 M€/an sur la période suivante
par les mots :
1,3 milliard d'euros par an à partir de 2020, soit le niveau d'investissement requis pour entretenir le réseau national
M. Guillaume Gontard. - Des crédits suffisants doivent être consacrés à l'entretien du réseau routier pour garantir la sécurité des usagers et éviter de nouveaux drames.
En audition, le président de l'Afitf nous a dit qu'il fallait un milliard d'euros par an pour stopper la dégradation du réseau ; or nous en sommes à 700 millions en 2018 et 800 millions en 2019. Les chaussées en état correct sont passées de 85 % à 83 % entre 2010 et 2015, quelque 7 % des ponts sont en risques majeurs.
Les crédits d'entretien de l'État baissent et la disparition de l'écotaxe n'a pas été compensée.
Il faut enrayer la baisse des crédits. Dans 40 % des accidents mortels, le facteur infrastructures est impliqué. Si rien n'est fait, 60 % des chaussées seront aussi très dégradées d'ici 2037.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis défavorable. La commission de l'aménagement du territoire et du développement durable a fait le choix de ne pas amputer les montants des investissements, préférant assurer la crédibilité de la programmation.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Les crédits de la régénération routière ont augmenté de 50 % par rapport au quinquennat précédent, tout comme ceux du ferroviaire. Les chiffres de votre amendement ne correspondent pas aux besoins identifiés, sans compter qu'une augmentation brutale n'augurerait pas une dépense efficace. Avis défavorable.
L'amendement n°117 n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°993 rectifié, présenté par MM. Darnaud, Genest, Magras et Sol, Mmes Berthet et Duranton, MM. Charon, Paccaud et Savin, Mme Bruguière, M. B. Fournier, Mme Deroche, MM. Regnard et Buffet, Mme Lassarade, MM. Bouchet, Sido et Perrin, Mmes Deromedi, Lopez et M. Mercier, MM. Rapin, Duplomb, J.M. Boyer et Laménie, Mmes Lamure, Chauvin et Garriaud-Maylam, M. Brisson, Mme Bonfanti-Dossat, M. Dufaut et Mme Troendlé.
Rapport annexé, après l'alinéa 31
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
Les crédits consacrés par l'AFITF aux Contrats de Plan État-Région pour la route tels qu'annoncés dans le scénario 2 du rapport du Conseil d'Orientation des Infrastructures du 1er février 2018 sont portés à 500 millions d'euros par an pendant 10 ans, puis à 440 millions d'euros par an.
M. Mathieu Darnaud. - Le sous-investissement chronique de l'État dans les infrastructures routières a créé un tel retard dans les indispensables travaux d'entretien et d'aménagement que même l'effort indéniable que représente l'augmentation des crédits consacrés par l'Afitf au réseau routier ne saurait le rattraper avant de trop longues années.
Sur le réseau des routes nationales non concédées, ce sont les régions et les autres collectivités qui, de plus en plus, doivent s'impliquer financièrement pour la sécurité des voies, le désenclavement des territoires isolés ou le désengorgement des agglomérations.
Cette tendance lourde étant appelée à perdurer, cet amendement vise donc à augmenter les crédits des Contrats de plan État-région (CPER) dans le scénario 2 du COI qu'a retenu le Gouvernement, accroissant ainsi l'effet de levier et le nombre de projets cofinançables par l'État et les collectivités.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Comme pour l'amendement précédent, même si nous souhaiterions aller vers le scenario 2, voire le 3, la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable a préféré sanctuariser les financements de l'Afitf par souci de crédibilité. Retrait.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Il ne nous appartient pas de préjuger de ce que contiendront les futurs CPER qui, par nature, se font avec les régions, dont certaines ne souhaitent pas s'impliquer. Avis défavorable.
M. Mathieu Darnaud. - Soit, mais a minima, il convient, lorsque l'État s'engage dans les CPER, qu'il honore ses engagements !
L'amendement n°993 rectifié est retiré.
M. le président. - Amendement n°594 rectifié, présenté par Mme M. Filleul et les membres du groupe socialiste et républicain.
Rapport annexé, alinéa 35
Remplacer le montant :
110 M€
par le montant :
200 M€
, le montant :
130 M€
par le montant :
220 M€
et le montant :
190 M€
par le montant
275 M€
Mme Martine Filleul. - Le rapport du Conseil d'orientation des infrastructures, remis au Gouvernement en février 2018, a confirmé que l'état de dégradation avancé du réseau fluvial, résultat de décennies de sous-investissement, nécessite un sévère rattrapage.
Pour maintenir la fonction navigation sur l'essentiel du réseau, un budget de 245 millions d'euros par an serait nécessaire pendant dix ans. Ce chiffre n'inclut pas le budget de 30 millions d'euros prévus par VNF pour la modernisation du réseau.
Le COI a évalué qu'un scenario minimaliste, réduit à 210 millions d'euros par an pour la régénération, impliquerait d'abandonner la fonction navigation sur 20 % du réseau.
Le montant des crédits Afitf figurant dans le texte actuel du rapport annexé, 110 millions d'euros puis 130 millions d'euros par an, laisse espérer un budget de 190 millions d'euros en 2027 avec les fonds propres et les co-financements supposés. Mais ces montants incluent les 30 millions d'euros prévus pour la modernisation. Ainsi ce serait au mieux 160 millions d'euros en 2027 pour la régénération du réseau, au lieu des 245 millions d'euros nécessaires. Ce scenario signifie qu'une part importante du réseau devra être fermée à la navigation, privant de nombreux territoires d'une desserte fluviale, pour le transport comme pour le tourisme.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Encore une fois, plutôt qu'augmenter les crédits de certains programmes, la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable a préféré faire en sorte que les engagements pris soient tenus. Certes, les crédits de l'Afitf pour le fluvial se montaient à 50 millions d'euros en 2015 et ils ont doublé depuis.
Nous avons donc voulu sanctuariser les 110 millions d'euros par an, puis 130 millions d'euros par an, pour le fluvial de l'Afitf, même si, évidemment, ce n'est pas suffisant. Il faudrait doubler ce chiffre pour une régénération complète.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Nous avons choisi de régénérer les voies fluviales, avec une trajectoire budgétaire ambitieuse et réaliste. Nous dégageons d'ailleurs une centaine de millions de plus que ce qui est avancé dans les scenarios du COI.
M. Olivier Jacquin. - La part du fluvial est modeste et diminue. Le fret sur la Moselle a baissé de moitié en dix ans. Lors de l'examen du projet de loi de finances, le budget de VNF a été restauré a minima au dernier moment, mais les crédits d'investissement sont insuffisants.
D'où notre volonté de sanctuariser les crédits de VNF et d'une règle d'or pour protéger notre patrimoine.
L'amendement n°594 rectifié n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°960 rectifié, présenté par Mme Préville, MM. Lozach et Gabouty, Mme Perol-Dumont, M. Pointereau, Mme F. Gerbaud et MM. Mayet, Bonhomme, Chasseing, Magner, Jeansannetas, Dagbert et Requier.
Rapport annexé, après l'alinéa 36
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
L'axe Paris-Orléans-Limoges-Toulouse fera l'objet d'un grand programme de modernisation pour redonner à cette ligne la performance et l'attractivité qu'elle avait perdues. Ce grand programme aura aussi pour objectif d'accroitre de façon significative l'attractivité des territoires desservis et de contribuer ainsi au rééquilibrage du territoire national, notamment en comblant une partie du handicap à l'égard de régions dotées de LGV et de trente années de préjudice économique dû à l'abandon de trois projets de modernisation de cette ligne. La modernisation de cet axe portera sur les infrastructures, avec 1,6 milliard de travaux de régénération inscrit dans le schéma directeur de la ligne, ainsi que des travaux de modernisation qui permettront de porter le temps de trajet entre Paris et Limoges à deux heures trente minutes et de gagner quarante-cinq minutes minimum entre Paris et Toulouse. Elle portera également sur le matériel roulant, avec la commande en 2019, de seize nouvelles rames, dont le confort et les performances doivent être adaptés à une ligne de 712 km. Ces rames prévues pour rouler à 200 km/h, pourront voir leur capacité portée à 220 km/h. Les livraisons et mises en service sont prévues pour 2023. Les territoires desservis bénéficieront ainsi de fréquences augmentées à quatorze allers-retours par jour, comme cela existait il y a dix ans, avec une fiabilité renforcée. Le projet de loi garantit les financements nécessaires pour atteindre les objectifs fixés ci-dessus.
Mme Angèle Préville. - Je parlerai d'une ligne à haute valeur territoriale, la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse (POLT), longue de 712 km, qui a souffert d'un trop long manque d'investissement - au point que les habitants des collectivités qu'elle traverse, se sentent délaissés, enclavés.
Il est urgent d'avancer. Cet amendement prévoit un grand programme de modernisation de cette ligne, pour mettre Limoges à 2 h 30 de Paris et gagner trois quarts d'heure sur le Paris-Toulouse.
Du nouveau matériel devra ainsi être mis en service en 2023. Sans ce plan, ni l'investissement de toutes les collectivités territoriales traversées, cette ligne ne sera pas au rendez-vous des attentes.
Vous pouvez passer commande en 2019, pour une livraison en 2023. Toutes les collectivités territoriales et forces économiques le souhaitent.
M. le président. - Amendement n°1005, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé, après l'alinéa 36
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
L'axe Paris-Orléans-Limoges-Toulouse fera l'objet d'un grand programme de modernisation pour redonner à cette ligne la performance et l'attractivité qu'elle avait perdues. Ce grand programme aura aussi pour objectif d'accroitre de façon significative l'attractivité des territoires desservis et de contribuer ainsi au rééquilibrage du territoire national, notamment en comblant une partie du handicap à l'égard de régions dotées de LGV et de trente années de préjudice économique dû à l'abandon de trois projets de modernisation de cette ligne. La modernisation de cet axe portera sur les infrastructures, avec 1,6 milliard d'euros de travaux de régénération inscrit dans le schéma directeur de la ligne, ainsi que des travaux de modernisation qui permettront de ramener le temps de trajet entre Paris et Limoges à deux heures et trente minutes et de gagner quarante-cinq minutes minimum entre Paris et Toulouse. Elle portera également sur le matériel roulant, avec la commande en 2019, de seize nouvelles rames, dont le confort et les performances doivent être adaptés à une ligne de 712 km. Ces rames prévues pour rouler à 200 km/h, pourront voir leur capacité portée à 220 km/h. Les livraisons et mises en service sont prévues pour 2023. Les territoires desservis bénéficieront ainsi de fréquences augmentées à quatorze allers-retours par jour, comme cela existait il y a dix ans, avec une fiabilité renforcée.
Mme Éliane Assassi. - Défendu.
M. le président. - Amendement n°919 rectifié bis, présenté par MM. Chasseing, Lozach, Bonhomme et Gabouty, Mmes Préville et Perol-Dumont, M. Pointereau, Mme F. Gerbaud, MM. Mayet, Jeansannetas, Magner, Decool, Malhuret, A. Marc, Wattebled, Fouché et Guerriau, Mme Mélot, MM. Lagourgue, Henno, Longeot, Nougein, Moga et Luche, Mme Bonfanti-Dossat et MM. Requier, Saury, Laménie, B. Fournier, Regnard, Bouchet, Collin et D. Laurent.
Après l'alinéa 38
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
La ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, communément appelée POLT, fait l'objet d'un vaste programme de régénération, inscrit dans le schéma directeur de cette ligne, d'un programme de modernisation pour lequel il est demandé la commande de seize nouvelles rames prévues pour rouler, si possible à 200 km/h, et qui seront impérativement commandées aux industriels concernés pour une livraison en 2023. Une deuxième phase de modernisation permettra ainsi des gains de temps substantiels, en mettant Limoges à deux heures et trente minutes de Paris.
M. Daniel Chasseing. - La ligne POLT, trop longtemps délaissée, a impérativement besoin de cette rénovation, c'est indispensable pour les trois régions et dix départements qu'elle traverse. L'État doit s'engager formellement dans sa rénovation, conformément aux engagements qu'il a pris - vous-mêmes, madame la ministre, à Limoges... - et aux nécessités économiques de ces territoires.
Il faut désormais 3 h 30 pour aller de Toulouse à Limoges, contre 2 h 30 en 1980 pour le Capitole...
M. le président. - Amendement n°301 rectifié bis, présenté par MM. Chasseing, Decool, A. Marc, Wattebled, Fouché et Guerriau, Mme Mélot, MM. Lagourgue, Malhuret, Gabouty, Nougein, Pointereau, Lozach, Henno, Bonhomme, Longeot, Moga, Luche et Mayet, Mme Bonfanti-Dossat, MM. Requier, Laménie, B. Fournier, Regnard, Bouchet, Collin et D. Laurent et Mme Renaud-Garabedian.
Rapport annexé, alinéa 77
Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Concernant l'axe ferroviaire Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, communément appelé POLT, la SNCF s'engage à donner dans les meilleurs délais un calendrier public précis des travaux de rénovation tant de la ligne elle-même que des nouveaux matériels prévus
M. Daniel Chasseing. - Cette ligne a été négligée. On nous a fait miroiter un TGV entre Limoges et Poitiers qui a été, in fine, abandonné. Il est donc légitime que l'État donne des précisions sur les travaux prévus : c'est l'objet de cet amendement.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis défavorable. Plutôt qu'égrener des promesses non financées comme dans les précédentes programmations, nous avons fait le choix de sanctuariser la trajectoire. Il ne nous appartient pas de choisir entre les projets. Mais à l'initiative de Rémy Pointereau, le tableau du rapport annexé liste tous les projets prévus par le COI. Ce conseil d'orientation se prononcera sur chaque projet et son phasage. Par garantie, nous avons prévu une clause de revoyure tous les cinq ans.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - En effet, la ligne POLT s'est dégradée : le temps de trajet a augmenté de trente minutes et le matériel roulant est vieillissant. Sur le fond, j'ai souhaité inscrire les lignes Paris-Clermont et la ligne POLT parmi les investissements prioritaires, au même titre que les LGV : plus de deux milliards d'euros leur seront consacrés sur l'ensemble de la programmation. À court terme, le Wi-Fi sera installé. Un programme de régénération et de renouvellement du matériel roulant est en cours : 16 rames seront commandées, l'appel d'offres est en cours.
M. Jean-Marc Gabouty. - En 1960, on mettait une demi-heure de moins pour faire le Limoges-Paris. Il s'agit donc de revenir à la situation de l'époque, ce n'est pas même un progrès...
Lorsqu'une locomotive tombe en panne, aucune locomotive de secours n'est prévue : il y a donc, en plus de sous-investissement, un problème de gestion, par la SNCF. L'opérateur gère cette ligne en flux tendus. En-dehors de l'investissement de modernisation nécessaire, la SNCF doit faire un effort pour améliorer la gestion de la ligne.
Les amendements nos960 rectifié, 1005, 919 rectifié bis et 301 rectifié bis ne sont pas adoptés.
M. le président. - Amendement n°921, présenté par le Gouvernement.
Alinéa 37
1° Première phrase
Après le mot :
sécurité
insérer les mots :
, notamment de mise en sécurité des passages à niveau,
2° Deux dernières phrases
Supprimer ces phrases.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le rapport annexé au projet de loi, dans la rédaction de la commission, fixe à 40 millions d'euros par an le montant à atteindre pour les opérations de mise en sécurité des passages à niveau prioritaires.
Comme pour les autres programmes, le Gouvernement n'entend pas fixer un chiffre avec tant de précision - mais je prends l'engagement que notre objectif sera bien de consacrer 40 millions à cette opération.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Pourquoi, dès lors, ne pas le faire figurer dans la loi ? Avis défavorable.
M. Daniel Chasseing. - Je demande la mise aux voix de l'amendement n°919 rectifié bis, qui prévoit une livraison du matériel roulant en 2023. Il pourrait avoir un avis favorable.
M. le président. - Il a déjà été mis aux voix, nous ne pouvons revenir en arrière.
L'amendement n°921 n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°41 rectifié bis, présenté par MM. J.M. Boyer, Pointereau, Duplomb et Bascher, Mmes Billon, Bruguière et Chain-Larché, MM. Chasseing et de Legge, Mmes Deromedi et Deseyne, M. B. Fournier, Mme Gruny, MM. Guerriau, Henno et Laménie, Mme Lamure, MM. Lefèvre, Luche, Malhuret, A. Marc et Meurant, Mme Noël, MM. Poniatowski, Priou et Sido, Mmes Thomas et Vullien, MM. Bonne, Chaize, Chevrollier, Courtial, Cuypers, Darnaud et Decool, Mme de Cidrac, M. de Nicolaÿ, Mme Deroche, M. Détraigne, Mmes Estrosi Sassone, C. Fournier et Garriaud-Maylam, MM. Genest, Gremillet, Guené et Husson, Mme Imbert, MM. Karoutchi, D. Laurent, Le Nay, Longeot et Longuet, Mmes Micouleau, Morhet-Richaud et Puissat, M. Rapin, Mme Renaud-Garabedian, M. Segouin, Mme Sollogoub et M. Wattebled.
Rapport annexé, alinéa 37, après la première phrase
Insérer une phrase ainsi rédigée :
Lorsque ces lignes structurantes, tels les trains d'équilibre du territoire (TET), font l'objet de travaux de régénération et de modernisation de leurs infrastructures, l'État peut mener ces opérations de manière concomitante lorsque cela permet d'optimiser les opérations tant financièrement que dans la durée de leur réalisation ainsi que de limiter les nuisances pour les usagers.
M. Jean-Marc Boyer. - L'État s'est engagé à la régénération et à la modernisation de lignes structurantes telles que les TET Paris-Clermont-Ferrand et Paris-Toulouse. Le schéma directeur relatif au TET Paris-Clermont-Ferrand prévoit trois phases de travaux : un programme de régénération des infrastructures, un renouvellement du matériel roulant et un programme de modernisation des infrastructures. Nous proposons que les phases de régénération et de modernisation des infrastructures aient lieu concomitamment, c'est pertinent pour l'efficience des travaux et pour limiter les perturbations pour les usagers,
M. le président. - Amendement identique n°480 rectifié, présenté par MM. Gold, Artano et Roux, Mmes M. Carrère et Laborde, M. Léonhardt, Mme Jouve, MM. Arnell, A. Bertrand, Corbisez, Collin, Labbé et Castelli, Mme Costes et MM. Dantec, Gabouty, Guérini, Menonville, Requier et Vall.
M. Éric Gold. - Il faut mener concomitamment les travaux de régénération et de modernisation sur les lignes d'équilibre du territoire, afin de limiter les désagréments pour les usagers et d'optimiser le temps de travail consacré à la modernisation des TET. L'objectif d'améliorer l'expérience de voyage des usagers pourrait ainsi être atteint dans les meilleurs délais.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Les travaux seront définis par un schéma directeur en trois phases. J'avais initialement émis un avis défavorable en commission, mais sagesse.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Je ne suis pas sûre de comprendre ces amendements. La régénération et les appels d'offres sur le matériel roulant seront concomitants, et les travaux sur les deux lignes auront lieu en même temps. Il n'y a aucune difficulté à mener les travaux concomitamment.
M. Laurent Duplomb. - Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras. Inscrivons ces engagements dans la loi ! C'est une forme de respect à l'égard des usagers, à qui l'on a fait miroiter un TGV sur le Paris-Clermont, pour les abandonner ensuite !
M. Pascal Savoldelli. - Le groupe CRCE soutiendra ces amendements. Dans la réforme ferroviaire, madame la ministre, vous nous disiez avoir réglé tous ces problèmes. Si tout est réglé, adoptons ces amendements !
Vous avez évoqué les 400 000 emplois liés aux transports routiers. Ici, de nombreux emplois sont aussi en jeu pour les territoires concernés !
M. Jean-Marc Boyer. - J'ai bien entendu, que les deux premières phases d'appels d'offres pour la modernisation de la voie et le matériel roulant ont été lancées. Mais avec des travaux de cette importance, il importe de passer dès maintenant à l'ensemble de la modernisation des infrastructures. Ne pas envisager dès à présent la troisième phase, imposera de remettre ensuite sur l'ouvrage l'ensemble de la procédure, d'où un retard des travaux et des perturbations fortes du trafic, affectant l'ensemble des usagers. Économisons du temps et de l'argent, et soyons raisonnables pour l'intérêt de la région et de l'État.
M. Alain Marc. - Alors que tout le monde appelle à la bonne gestion, cet amendement, que j'ai cosigné, est de bon sens. Nous le voterons évidemment.
Les amendements identiques nos41 rectifié bis et 480 rectifié sont adoptés.
M. le président. - Amendement n°115, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé, après l'alinéa 38
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
L'AFITF investira 1,5 millard d'euros sur dix ans (150 millions d'euros par an) pour une nouvelle génération de voitures Intercités de nuit afin de constituer un réseau de nuit radial, transversal et international.
M. Pierre Ouzoulias. - Josiane Costes avait abordé le transport ferroviaire de nuit. L'État était censé investir 30 millions d'euros pour ces travaux, montant ridicule : il faudrait 1,5 milliard pour acheter une nouvelle génération de voitures et relancer des lignes. Le dernier achat date de 1980 ! Le congrès des maires ruraux a défendu cette initiative. L'Autriche est pionnière : 1,4 million de passagers sont transportés ainsi de nuit, ce qui évite 12 000 vols intra-européens.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - L'État investit pour ces lignes de nuit qui peuvent être un bon moyen de désenclavement et leur consacre 20 millions d'euros par an ; s'y ajoutent 30 millions d'euros pour le renouvellement du matériel roulant. Les montants que vous envisagez sont importants mais peuvent se justifier. Cela réduirait les autres dépenses de l'Afitf. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Oui, le train de nuit est une bonne réponse à des territoires qui se caractérisent par des déficits d'autres formes de transports. Je me suis rendue en train de nuit au Congrès des maires ruraux, je vous confirme qu'il faut renouveler le matériel roulant sur ces lignes Paris-Briançon et Paris-Rodez-Latour-de-Carol. (Sourires) N'alourdissons pas la charge de l'Afitf et attendons la fin du grand débat. Avis défavorable.
L'amendement n°115 n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°272 rectifié ter, présenté par Mme Berthet, M. Husson, Mme Garriaud-Maylam, M. del Picchia, Mmes Deromedi et Di Folco, MM. Gremillet, Le Gleut et H. Leroy, Mmes Morhet-Richaud et Raimond-Pavero, MM. Charon, Forissier et Laménie, Mme Noël et M. Rapin.
Rapport annexé, alinéa 40
1° Deuxième phrase
Après les mots :
transport ferroviaire
insérer les mots :
et guidé
2° Dernière phrase
Après les mots :
transports ferroviaires
insérer les mots :
et guidés
Mme Martine Berthet. - Cet amendement incite les régions à favoriser des modes de transport non carbonés et durables de type « guidé », à savoir le transport par câble intra-urbain ou valléen, mais aussi le développement des liaisons tram-train interurbaines.
Le transport par câbles intra-urbain peut compléter et désengorger les métros et les bus, avec des lignes à moindre coût. Ce mode de transport non carboné réduirait fortement la pollution dans les grandes villes.
En montagne, ce type de transport rendrait plus attractifs les espaces valléens et développerait l'économie touristique de nos territoires, en facilitant et en décarbonant le transport quotidien des habitants.
Développer la mobilité par liaison tram-train désenclave des territoires et réduit la pollution.
Cet amendement favorise les transports décarbonés à un coût abordable pour l'usager grâce aux transports guidés.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Le transport par câble est de plus en plus utilisé, en montagne et à Brest. Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le transport par câble a un intérêt pour relier des sites séparés par des grandes infrastructures, ou en cas de dénivelés importants.
Attention, l'alinéa en question a pour objet de renforcer le ferroviaire. Le transport par câble ne permet pas des capacités importantes. Sagesse.
M. Didier Rambaud. - Élu isérois, je tiens à préciser que nous avons une entreprise leader mondial du secteur, Poma, qui compte beaucoup de réalisations dans le monde et très peu en France. Pourtant, il y a tant à faire dans ce domaine ! Nous pourrions commencer par améliorer la situation dans la desserte des massifs de la Chartreuse et de Belledonne.
M. Michel Forissier. - Cet amendement incite au développement des nouvelles technologies. Pour sortir des problèmes inhérents aux réseaux urbains en étoile, vite congestionnés, privilégions des aménagements périphériques ou circulaires, qui ne concernent pas que les zones montagneuses ! À Brest, le téléphérique est exemplaire. Avec les nouvelles technologies, de nouvelles opportunités apparaissent. Ainsi, des véhicules guidés par GPS peuvent être installés en site propre ou bien des navettes sans conducteur, pour des parcours intelligents. Prenons en compte la modernité !
M. Ronan Dantec. - Le téléphérique n'est pas secondaire dans certaines agglomérations. À Medellin, avec le soutien de l'Agence française de développement, ce mode de transport peut atteindre des effectifs similaires à ceux d'un tramway.
L'amendement n°272 rectifié ter est adopté.
M. le président. - Amendement n°119, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé, alinéa 40
Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Pour ce faire, l'État étudie également le développement de nouvelles lignes de TET, notamment permettant de développer l'offre des trains de nuit au regard de leur intérêt pour la réponse aux besoins et leur faible empreinte écologique.
M. Fabien Gay. - Je croyais que le nouveau « pacte ferroviaire » avait réglé toutes les questions ! À peine six mois après, nous devons revenir sur les trains de nuit. Deux lignes sont maintenues, mais combien ont été abandonnées ?
Les gouvernements successifs ont confié ces lignes au privé, qui n'a pas été intéressé - sauf peut-être une compagnie russe, par le train de nuit Paris-Nice.
Le train de nuit bénéficiait aux catégories populaires, aux jeunes, à certains salariés... Mais quand on veut tuer la bête, on désorganise, il y a moins de monde, puis on supprime...
Certes, 30 millions d'euros sont investis sur les deux lignes qui subsistent, mais vous voulez attendre le grand débat. Les aides aux entreprises, ce sont 600 dispositifs, sans critères. Pas moins de 40 milliards d'euros, rien que pour le CICE ! Voilà une piste de financement des trains de nuit, sans parler du rétablissement de l'ISF !
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis favorable à cet amendement.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le Gouvernement s'est engagé à maintenir huit lignes de TET de jour et les deux lignes de train de nuit existantes ; 19 lignes vont être transférées aux régions avec un matériel entièrement renouvelé. L'effort en faveur de l'ensemble des trains Intercités, qui ont plusieurs dizaines d'années, atteint 3,7 milliards d'euros. C'est une part importante qui va aux TET.
Comme le Gouvernement souhaite une programmation réaliste et finançable, Avis défavorable.
M. Olivier Jacquin. - Appuyons cette proposition des trains de nuit. Depuis dix ans, nous allons vers toujours plus de TGV ; Il est dommage que les trains de nuit aient été abandonnés.
M. Jean-François Husson. - Par les socialistes !
M. Olivier Jacquin. - Remettons cette offre au goût du jour, par l'opérateur public.
M. Ronan Dantec. - Ce n'est pas seulement un sujet financier. Certes, l'État reprend un peu la main sur le train. Mais il doit plus soutenir les trains de nuit.
Le train de nuit permet aussi de gagner du temps, quitte à remplacer certains trains de jour sur de longues distances. J'ai souvent pris le Quimper-Vintimille. Reconquérons les trains de nuit : certains reviendront ainsi vers le rail !
Mme Élisabeth Borne, ministre. - J'ai déjà affirmé que le train de nuit est une bonne solution et que nous investissons dans les TET. Certes, l'énormité des travaux de mise en conformité des lignes ne facilite pas leur développement car ces travaux se font de nuit...
De nouveaux opérateurs peuvent venir, mais il faut trouver les sillons pour faire circuler les trains.
M. Fabien Gay. - Il y a déjà eu des appels d'offres pour les trains de nuit. Combien ont répondu, madame la ministre ? Sauf erreur, zéro ! L'État doit les aider.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Les trains de nuit bénéficient d'une subvention de l'État. Il n'était pas sérieux de faire un appel d'offres proposant de reprendre ces lignes sans subvention. Je suis convaincue qu'il y a à terme un marché pour le train de nuit, notamment sur le Paris-Nice, mais, dans l'immédiat, il faut attendre la fin des travaux programmés dans la vallée du Rhône.
M. Pascal Savoldelli. - Vous avez décidé de la privatisation de la SNCF, et vous reprenez la dette de l'entreprise. Et là, vous nous refusez ces investissements ? La SNCF va devoir emprunter pour faire ces travaux, mais dans le cadre d'une dette privée. Le système bancaire sera-t-il plus favorable aux emprunts publics ou privés ? C'est une question importante, car elle concerne non seulement ce cas, mais aussi les collectivités territoriales et les commerçants.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Dès le départ, nous divergeons. La réforme pour un nouveau pacte ferroviaire n'est pas une privatisation de la SNCF. Je ne vous comprends pas. (Protestations sur les bancs du groupe CRCE)
MM. Pierre Ouzoulias et Pascal Savoldelli. - Quelle réponse !
M. Jean-François Husson. - M. Savoldelli a raison !
L'amendement n°119 est adopté.
M. le président. - Amendement n°314, présenté par Mme Brulin et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé, alinéa 41
Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Dans ce cadre, la ligne Nouvelle Paris-Normandie (LNPN) est une priorité.
Mme Cathy Apourceau-Poly. - Cet amendement d'appel attire l'attention sur les difficultés rencontrées dans la réalisation de la ligne nouvelle Paris-Normandie, qui présente pourtant un intérêt majeur non seulement pour la désaturation du noeud ferroviaire de Rouen mais également pour répondre aux besoins de mobilité de l'ensemble des habitants de la région de Normandie et des Franciliens dans leurs déplacements du quotidien.
Depuis les années 1970, la Normandie a vu son temps de trajet vers Paris augmenter.
Le découpage proposé et le phasage renvoient la partie normande du projet à une période ultérieure.
La réalisation de la section dite « Y » de l'Eure est reportée à 2037. Le texte ne se concentre que sur la réalisation de la ligne Paris-Mantes, laissant de côté le reste de cette ligne pourtant censée traverser la Normandie jusqu'à Yvetot. Le lancement des enquêtes publiques est fixé entre 2023 et 2027, mais aucune date n'est précisée pour la section Rouen-Barentin.
Négliger la partie normande de la ligne nouvelle ne permettra pas de changer la situation : or 5 % seulement des marchandises reçues au Havre, notre plus grand port maritime pour le trafic de conteneurs, sont transportées ensuite par le rail.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Le rapport du COI prévoit un calendrier. Avis défavorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Tous les phasages sont déjà prévus dans l'exposé des motifs. La desserte ferroviaire du Havre sera améliorée par la ligne Serqueux-Gisors en 2021.
Sans attendre la LNPN, l'État investit 720 millions d'euros pour renouveler le matériel roulant des lignes normandes, avec une livraison dès ce printemps.
L'amendement n°314 n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°959, présenté par M. Devinaz, Mme Guillemot et M. Tissot.
Rapport annexé, après l'alinéa 42
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
Au vu des difficultés soulevées par le projet de nouvelle liaison autoroutière A45, l'État décide l'abandon du projet et lance une concertation afin de déterminer les projets alternatifs sur les liaisons ferroviaires et routières existantes ainsi que les améliorations permises par le développement de l'intermodalité, du covoiturage et des mobilités douces. L'enveloppe initialement prévue pour le financement par l'État de la nouvelle autoroute est réservée pour financer ces projets alternatifs comme il l'est indiqué dans le tableau 6 du rapport du COI.
M. Gilbert-Luc Devinaz. - Cet amendement formalise l'abandon par l'État du projet d'autoroute A45 annoncé lors d'une réunion informelle. La réalisation de ce projet poserait problème à l'agriculture du Rhône et à la métropole de Lyon qui souhaitait éloigner le trafic du centre-ville.
Or le président de la République, lors d'une réunion dans la Drôme, est intervenu sur ce sujet. Sa réponse floue a redonné espoir aux promoteurs de l'A45.
Cet amendement vise à inscrire dans la loi l'abandon de ce projet et la sanctuarisation du budget pour des solutions alternatives.
M. le président. - Amendement n°5 rectifié bis, présenté par MM. Bonne, Cigolotti, Duplomb et B. Fournier et Mme Noël.
Rapport annexé, alinéa 75, première phrase
Après la date :
2018,
insérer les mots :
et le projet A45 entre Saint-Étienne et Lyon
M. Bernard Bonne. - Cet amendement est le contraire du précédent. Il mentionne explicitement le projet A45 entre Saint-Étienne et Lyon, dont le contrat de concession est prêt, parmi les grands projets d'infrastructures entrant dans le champ de la programmation des investissements prévus à l'article 44.
Ce projet, est validé - et cofinancé - par toutes les collectivités territoriales concernées, en particulier la région Rhône-Alpes-Auvergne et la métropole de Saint-Étienne, et les acteurs économiques. Ce projet est indispensable pour le développement de Saint-Étienne et de la Loire. Je regrette son abandon au dernier moment.
Je comprends la difficulté de mettre tout le monde d'accord sur un projet d'une telle envergure. Il faudra trouver une alternative à la solution traversant Lyon, mais l'A45 est nécessaire pour désenclaver Saint-Étienne.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - L'amendement n°959 refuse le projet d'A45, l'amendement n°5 rectifié bis demande sa poursuite.
Il ne revient pas au législateur de décider. Laissons le soin aux acteurs locaux de décider.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Je réaffirme la volonté du Gouvernement d'améliorer la liaison Lyon-Saint-Étienne, mais l'A45 poserait des problèmes agricoles, environnementaux et d'arrivée sur la région lyonnaise, car le contournement ouest initialement prévu a été abandonné ; le projet était financé à hauteur des deux tiers par des subventions. C'est beaucoup ! Et les péages envisagés étaient élevés, sans doute trop, aux yeux des usagers, pour des trajets quotidiens domicile-travail.
Pour toutes ces raisons, le Gouvernement a travaillé sur des alternatives pour l'amélioration de l'A47 et le renforcement de la liaison ferroviaire Lyon-Saint-Étienne. Restons-en là. Retrait ou avis défavorable.
M. Laurent Duplomb. - C'est incroyable ! Depuis des années, on travaille sur ce projet, on a une déclaration d'utilité publique, 400 millions d'euros sur 1,2 milliard d'euros sont financés par l'État, le reste étant trouvé par Vinci et les collectivités territoriales...
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Et les péages !
M. Laurent Duplomb. - Vous êtes prête à investir 400 millions d'euros sur la voie ferrée entre Saint-Étienne et Lyon, mais le cadencement n'augmentera pas : la voie est la plus saturée de France, avec le goulet d'étranglement de Givors. Faisons cette autoroute ! Le seul obstacle à sa réalisation désormais est la décision politique que vous avez prise.
M. Jean-Claude Tissot. - J'habite la Loire, j'emprunte souvent, et encore hier, la ligne ferroviaire Saint-Étienne-Lyon, certes chargée, mais ne refaisons pas ici le débat de l'A45 ! Madame la ministre, je salue votre engagement.
Qui ferait la publicité d'une 504 diesel, excellente voiture, à l'époque où fut conçu ce projet d'autoroute, mais aujourd'hui totalement obsolète ?
M. Laurent Duplomb. - Nous sommes fiers d'être rétrogrades !
M. Jean-Claude Tissot. - Pourquoi ne pas réfléchir à une alternative innovante, par exemple le cabotage ?
Monsieur le sénateur Bonne, nous nous disputons déjà pour l'A45.
Si chacun prenait ses responsabilités, on pourrait aménager l'A47 et la voie ferrée. Un travail est fait, mais vous refusez de participer aux réunions organisées par le préfet de région. Ce faisant, vous accentuez le retard du département de la Loire.
Mme Michèle Vullien. - Oui, nous avons des réunions ; que vos collègues y participent et que les financements soient mis intelligemment sur des alternatives. Arrêtez de vous obstiner ! (Applaudissements à gauche)
M. Gilbert-Luc Devinaz. - On ne peut pas à la fois abandonner le projet et le réaliser. Le contournement ouest de Lyon ne se fera pas. Givors est saturé. L'A47 peut être améliorée. Je maintiens mon amendement.
M. Bernard Bonne. - Je ne referai pas le débat ici. Nous avons discuté du projet dans toutes les collectivités territoriales concernées. Des majorités se sont mises en place dans les différentes assemblées : régions, départements, communes.
L'engagement de l'État en faveur de l'A45 tient-il ou non ? On sait très bien que l'A47 ne peut être améliorée dans de bonnes conditions. C'est pour cela que nous avons refusé de venir aux réunions. Avant d'examiner d'emblée les solutions alternatives, seules à l'ordre du jour de ces rendez-vous, décidons d'abord sur l'A45 ! Ce projet répond à une nécessité. Ne faisons pas fi des décisions des collectivités territoriales !
M. François-Noël Buffet. - Le gang des Lyonnais doit être présent au complet dans ce débat ! (Sourires) Madame la ministre, vous avez décidé d'abandonner l'A45. Or les relations économiques entre la métropole de Lyon et celle de Saint-Étienne sont essentielles pour ces deux territoires proches, qui ont, à l'évidence, un destin commun. Afin qu'il puisse se développer, il est urgent de trouver une solution pour communiquer, se déplacer efficacement. Nous n'avons plus le temps d'attendre.
M. Olivier Jacquin. - Il y a des projets du XXe siècle et du XXIe siècle. Le débat sur l'A31 dans ma région ressemble à celui sur l'A45. Le nombre de véhicules ramené au coût total étant trop faible, la réalisation d'un tel projet nécessite une subvention importante de l'État et du contribuable ! Ce projet consomme aussi beaucoup de foncier agricole, alors que, comme pour l'A31, des solutions alternatives existent, permettant d'économiser la destruction de centaines d'hectares de terres agricoles. À l'heure du réchauffement climatique, préservons ces terres et l'alimentation de demain.
M. Patrick Chaize. - Ce sujet est important pour tous les départements limitrophes du Rhône.
Tous les projets doivent être regardés de la même façon. J'entends que l'A45 était prête. Sur un territoire, le contournement ferroviaire posait problème. Il y a deux poids deux mesures ! On protège l'agglomération lyonnaise aux dépens des territoires environnants. Reprenons l'ensemble des sujets avec la même attitude.
Mme Catherine Di Folco. - Il y a un vrai problème, la liaison Lyon-Saint-Étienne, et une mauvaise solution, l'A45 La Fouillouse-Brignais. Le raccordement à Lyon n'est pas prévu dans le plan de financement. On a déjà perdu beaucoup de temps. Allons vers des alternatives ! Nous comptons sur vous, madame la ministre.
L'amendement n°959 n'est pas adopté.
L'article 5 rectifié bis n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°906, présenté par M. Jacquin.
Rapport annexé, alinéa 44
Après les mots :
à créer
insérer les mots :
de nouvelles gares, notamment d'interconnexion,
M. Olivier Jacquin. - Il convient d'améliorer les déplacements du quotidien. Le rapport veut améliorer TER et TGV. Cette modernisation pourrait concerner les gares TGV d'interconnexion avec le TER.
L'intermodalité doit être une évidence. Certes, on a souvent tendance à aller à la gare en voiture, mais en cas de défaut de navette, on peut perdre le bénéfice du TGV. J'en parle en connaissance de cause ! Dans certains pays comme la Suisse, il n'y a quasi pas de rupture de charge. C'est très efficace.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - La création de gares d'interconnexion est un bon moyen de décongestionner les grandes gares de centre-ville. Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Il n'y a pas beaucoup de cas précis, mais je crois deviner celui qui vous intéresse, donc avis favorable.
M. Olivier Jacquin. - En Lorraine, nous avons une gare des colzas et des betteraves. Il y a eu beaucoup de débats avant sa création en 2007 sur sa localisation, au milieu des champs. Plus de 25 millions d'euros d'aménagements ont été faits pour que le fer relie le fer à cet endroit. Un centime de TICPE a même été obtenu en 2014 pour cette gare, que la région Grand Est utilise maintenant à d'autres fins, arguant que cette gare ne serait pas une priorité.
Merci, madame la ministre, de votre réponse, qui me satisfait pleinement.
L'amendement n°906 est adopté.
M. le président. - Amendement n°118, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé, alinéa 48, seconde phrase
Rédiger ainsi cette phrase :
Ce plan sera intégralement financé par l'État.
Mme Éliane Assassi. - Le rapport annexé pointe des investissements prioritaires pour améliorer les transports quotidiens et décongestionner les noeuds ferroviaires des grands pôles urbains.
En Île-de-France, le maillage doit être approfondi pour remédier aux difficultés ressenties par les usagers du tram, du métro et du RER... Justement, les usagers quotidiens du RER B - comme moi-même - pensent qu'il est une catastrophe ! Pas une semaine sans problème qui pénalise salariés, étudiants venant à la Sorbonne. Ils sont des milliers, plusieurs fois par semaine, à photographier les panneaux lumineux, pour justifier leurs retards répétés auprès de leurs employeurs ou de leurs établissements.
Colis piégés, personnes sur la voie, malaises, signal d'alarme intempestif... Il y a une malédiction ! C'est sans arrêt... Et si l'on ne nous disait pas tout ? (Sourires sur divers bancs et murmures sur les bancs du groupe Les Républicains)
Il y a en effet de multiples travaux qui affectent le fonctionnement de la ligne. Nous reviendrons, à un autre moment, sur le CDG Express. Il faut que cela cesse, madame la ministre ! On se moque des usagers de la ligne du RER B, des étudiants, des salariés... Nous sommes des milliers en colère !
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis défavorable à l'amendement n°118. Le plan que vous visez associe l'État, les collectivités, la SNCF.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Qui visez-vous, au juste ? Les salariés de la RATP et de la SNCF sont très mobilisés pour exploiter au mieux cette ligne, malgré les incidents voyageurs et les trains surchargés, mais pourraient mal prendre de savoir qu'on les soupçonnerait de ne pas faire tout leur possible...
Mme Éliane Assassi. - Je n'ai rien dit de tel !
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Pour revenir à l'amendement proprement dit, pourquoi écarter du financement des projets à vocation locale et régionale les collectivités territoriales ? Avis défavorable.
M. Fabien Gay. - Je suis, comme la présidente Assassi, un usager quotidien du RER B. Madame la ministre, je vous invite à prendre notre ligne, pas à 14 heures, comme Mme Pécresse, quand tout va bien mais aux heures de pointe, entre 7 heures et 8 h 30 du matin, quand des milliers de personnes se pressent sur les quais. Chaque semaine, il y a un problème à cause de la neige, de la pluie, du soleil, des chutes de feuilles. C'est un enfer pour les 900 000 usagers. Et je ne parle pas des conséquences du Charles-de-Gaulle Express. Vous avez commandé une concertation et les travaux ont commencé. On nous annonce trois week-ends d'interruption. Si vous habitez à Drancy ou au Blanc-Mesnil, cela signifie que vous resterez chez vous ; les bus de substitution, c'est une plaisanterie. La présidente Assassi n'a pas insinué que le personnel était en cause ; nos conditions de déplacement, ce sont leurs conditions de travail ; eux aussi sont pénalisés.
Pour le RER B, il faut des investissements massifs, tout de suite et pas dans huit ans !
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Je ne vis pas dans une bulle, j'ai même habité en banlieue sud...
Mme Éliane Assassi. - La banlieue sud et la banlieue nord, ce n'est pas la même chose !
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Ancienne présidente de la RATP, croyez que je sais de quoi je parle. Je fais confiance aux agents quand ils expliquent que des chutes de feuilles gênent la circulation.
Mme Éliane Assassi. - En 2019, vraiment ?
L'amendement n°118 n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°390 rectifié ter, présenté par Mme Berthet, MM. Bascher et Buffet, Mmes Morhet-Richaud, Noël, Puissat, M. Mercier et Deromedi, MM. B. Fournier et Forissier, Mme Gruny et MM. Le Gleut, Laménie, Charon et Rapin.
Après l'alinéa 48
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
Au-delà de ce plan de traitement des noeuds urbains, dans le cadre du projet ferroviaire de liaison européenne Lyon-Turin, l'aménagement des voies d'accès de l'axe ferroviaire entre Lyon et la section transfrontalière du tunnel de base est indispensable d'ici la mise en service de ce tunnel prévue en 2030. Il devra se poursuivre au-delà afin de permettre un accroissement du ferroutage devenu nécessaire à l'orientation de nos transports vers une mobilité décarbonée.
Mme Martine Berthet. - Madame la ministre, vous connaissez bien le dossier du Lyon-Turin pour être venue visiter le chantier au début de l'année et avoir rencontré les élus.
La section des accès français au Lyon-Turin a fait l'objet d'une déclaration d'utilité publique en 2013. Les réflexions se poursuivent pour déterminer une programmation pertinente afin de faire face dans la durée à l'accroissement des trafics d'ici l'ouverture de la section transfrontalière prévue en 2030 en mettant en service de façon échelonnée les tronçons nouveaux.
Pour maintenir la dynamique globale de ce projet écologique et géostratégique dans le respect des engagements européens de la France, cet amendement prévoit, dans le rapport annexé, l'aménagement des voies d'accès de l'axe ferroviaire entre Lyon et la section transfrontalière du tunnel avant la mise en service du tunnel en 2030.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Les derniers rebondissements politiques relayés par les médias laissent planer une incertitude sur ce projet. Nous avons besoin d'éclaircissements sur l'état des négociations avec l'Europe et l'Italie. La commission de l'aménagement du territoire et du développement durable est plutôt favorable à votre amendement n°391 qui prévoit un rapport, une fois n'est pas coutume, je vous propose de retirer cet amendement à son profit. Le président Larcher sera sur place lundi prochain.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Je confirme l'attachement du Gouvernement au Lyon-Turin qui a fait l'objet d'un traité avec l'Italie. Il faut évidemment se préoccuper des accès au tunnel. Le travail s'engage avec les élus savoyards sur le phasage de ces raccordements. Retrait ?
Mme Martine Berthet. - Soit. Je précise qu'il ne s'agit pas d'un projet mais d'un chantier, les travaux ont déjà commencé.
L'amendement n°390 rectifié ter est retiré.
M. le président. - Amendement n°230 rectifié nonies, présenté par M. Montaugé et les membres du groupe socialiste et républicain.
Rapport annexé, alinéa 50
Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Dans ce cadre, la finalisation des chantiers en cours de mises à 2x2 voies des routes nationales entre chaque chef-lieu de département et la métropole la plus proche constitue une priorité.
M. Franck Montaugé. - La performance des liaisons routières entre territoires détermine, pour une part importante, la capacité de ces territoires à coopérer et à se développer durablement de façon complémentaire. Ce postulat se vérifie sur le terrain. Quand des liaisons de ce type n'existent pas, c'est le cas entre Toulouse et Castres, ou sont loin d'être terminées, par exemple entre Toulouse-Auch, ces villes moyennes ne peuvent pas jouer le rôle moteur qui doit être le leur dans leurs zones géographiques d'influence. À la base de l'évolution parfois problématique de la ruralité, il y a très souvent la question de l'accessibilité routière à la métropole.
Nombre de ces chantiers sont réalisés par de multiples tranches de travaux, très étalées dans le temps ; ce qui augmente fortement le coût total final. C'est du gaspillage d'argent public !
L'État doit engager et terminer le plus rapidement possible ces chantiers routiers à fort enjeu de développement territorial.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Retrait au profit de l'amendement n°567 rectifié de M. Luche ?
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Avis défavorable. Les 2x2 voies, souvent promises, mais rarement réalisées, ne sont pas toujours la solution. Pour désenclaver, privilégions des aménagements pragmatiques avec des déviations de bourgs ou des créneaux de dépassement.
M. Franck Montaugé. - Le sénateur du Gers que je suis ne peut pas, madame la ministre, se satisfaire de la situation actuelle. Le contournement de Gimont et la liaison Gimont-L'Isle-Jourdain doivent être réalisés le plus vite possible. J'imagine que notre cas n'est pas isolé. S'il l'est, tant mieux !
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Mon propos répondait à votre amendement général sur les liaisons entre villes moyennes et métropoles, pas à ce cas particulier. En ce qui concerne la liaison Toulouse-Auch, je vous confirme qu'elle sera achevée à la fin du quinquennat.
L'amendement n°230 rectifié nonies n'est pas adopté.
M. le président. - Amendement n°567 rectifié, présenté par MM. Luche, Bonnecarrère, Capo-Canellas et Delcros, Mme Guidez, MM. Janssens, Kern, Laugier, Longeot, Louault, A. Marc et Moga et Mme Vullien.
Rapport annexé, alinéa 52
Compléter cet alinéa par les mots :
sauf si la déclaration d'utilité publique a été prononcée, et que les acquisitions et les aménagements fonciers ont été réalisés
M. Jean-Claude Luche. - Si un projet de mise en 2x2 voies est abouti, c'est-à-dire que la DUP a été prononcée, que les acquisitions foncières et les aménagements financiers ont été réalisés, il n'y a pas lieu de le remplacer par des aménagements ponctuels.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Dans ce cas, il est évident que la 2x2 voies est prioritaire. Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Sagesse.
M. Alain Marc. - Dans l'Aveyron, le département a mis 25 millions d'euros sur la table avec la région pour sauver la liaison Rodez-Séverac. Quand autant d'engagements administratifs ont été pris, il est normal que ce type d'itinéraires soit prioritaire. En Occitanie, toutes les collectivités territoriales sont mobilisées en faveur de l'achèvement de la liaison Lyon-Toulouse.
M. Franck Montaugé. - Effectivement et il y va de la crédibilité de la parole de l'État. Dès lors que des concertations et des études ont été engagées, parfois à grands frais, qu'une DUP a été prononcée, il faut aller au bout.
L'amendement n°567 rectifié est adopté.
M. le président. - Amendement n°478 rectifié, présenté par MM. A. Bertrand, Artano et Roux, Mme Laborde et MM. Gold, Léonhardt, Arnell, Collin, Castelli, Gabouty, Guérini, Menonville, Requier et Vall.
Rapport annexé, alinéa 52
Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Parmi ces itinéraires, la portion de la RN88 située en Lozère est emblématique et fera l'objet d'aménagements prioritaires amenant à une mise en 2x2 voies progressive.
M. Éric Gold. - Il faut inscrire dans la loi les aménagements à réaliser sur la portion lozérienne de la route nationale 88 pour désenclaver ce département hyper-rural.
La RN 88 a été consacrée grande liaison d'aménagement du territoire par le comité interministériel d'aménagement du territoire du 12 juillet 1993, avec pour objectif un aménagement à 2x2 voies à terme. Depuis, trop peu a été fait. Pour ce qui concerne le secteur entre l'A75 et Langogne, l'ensemble des élus du territoire s'est entendu sur l'objectif d'une mise à 2x2 voies sur la totalité de l'itinéraire mais avec une définition de tronçons prioritaires financièrement acceptables, en adéquation avec les contraintes budgétaires de l'État. Pour le reste, des aménagements ponctuels sont envisageables à condition qu'ils ne mettent pas en cause l'objectif.
M. le président. - Amendement n°479 rectifié, présenté par MM. A. Bertrand, Artano et Roux, Mme Laborde et MM. Gold, Léonhardt, Arnell, Collin, Castelli, Gabouty, Guérini, Menonville, Requier et Vall.
Rapport annexé, alinéa 52
Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Parmi ces itinéraires, la portion de la RN88 située en Lozère est emblématique et fera l'objet d'aménagements prioritaires.
M. Éric Gold. - Amendement de repli.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis défavorable. Si l'on inscrit ce projet dans la loi, il faudra en inscrire d'autres. Peut-être la ministre peut-elle vous rassurer.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Même avis. Les opérations inscrites au CPER seront poursuivies. La mise à 2x2 voies systématique n'est pas la solution. Le contournement de Langogne fera l'objet d'une enquête publique avant fin 2019.
L'amendement n°478 rectifié est retiré, de même que l'amendement n°479 rectifié.
M. le président. - Amendement n°991 rectifié, présenté par MM. Darnaud, Genest, Magras et Sol, Mme Berthet, MM. Gremillet, Pointereau et Bonhomme, Mme de Cidrac, M. Segouin, Mmes Chauvin et Lamure, MM. Revet, Laménie, J.M. Boyer, Duplomb et Rapin, Mmes M. Mercier, Lopez et Deromedi, MM. Perrin, Sido et Bouchet, Mme Duranton, MM. Charon, Paccaud et Savin, Mme Bruguière, M. B. Fournier, Mme Deroche, MM. Regnard et Buffet et Mmes Lassarade et Garriaud-Maylam.
Rapport annexé, après l'alinéa 52
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
Un effort particulier est effectué en faveur de l'aménagement et la sécurisation des routes nationales non concédées traversant tout département métropolitain dépourvu de desserte ferroviaire, autoroutière ou de route nationale non concédée à 2x2 voies.
M. Mathieu Darnaud. - Je ne vous parlerai ni d'autoroute ni de 2x2 voies et encore moins d'infrastructure ferroviaire car l'Ardèche, le département que j'ai l'honneur de représenter au Sénat, n'en compte pas. En cela, il est unique dans l'Hexagone. Ses 330 000 habitants ne disposent que d'un axe structurant, la route nationale 102, qui relie le Massif central à la vallée du Rhône, l'A75 à l'A7. Dans un rapport de la Dreal en 2012, sont identifiés 14 travaux indispensables pour sécuriser cette route très accidentogène. Ce territoire mérite une attention particulière. (M. Michel Savin applaudit.)
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Effectivement, l'Ardèche ne compte ni autoroute ni 2x2 voies. Si c'est peut-être ce qui fait son charme, sa connexion aux pôles urbains est indispensable. Sagesse plutôt bienveillante.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Je vous confirme que la RN 102 est bien prioritaire, en particulier les travaux sur la déviation du Teil qui commenceront bientôt. Retrait ?
M. Mathieu Darnaud. - Sur cette déviation, l'État avait demandé au département d'avancer les fonds ! Pour le reste, mon amendement visait surtout les travaux de sécurisation de la route dans la montagne ardéchoise. La Dreal a reconnu qu'ils étaient prioritaires.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le contournement du Teil sera aménagé en 2019. Quant aux travaux de sécurisation que vous évoquez, ils seront inscrits au prochain contrat de plan.
L'amendement n°991 rectifié est adopté.
M. le président. - Amendement n°254 rectifié, présenté par Mmes Sollogoub, Vullien, Dindar et Vérien, MM. Henno et Kern, Mmes Loisier, Guidez et Perrot, MM. Laugier, Luche et Delcros et Mme Billon.
Rapport annexé, alinéa 53
Après les mots :
dans les CPER
insérer les mots :
dont la liste intégrale, tenue à jour, est annexée à la présente loi
Mme Nadia Sollogoub. - Je propose d'annexer à ce projet de loi la liste des contrats de plan 2015-2020 et j'ai une pensée particulière pour l'achèvement de la 2x2 voies de la RN7 dans la Nièvre.
M. le président. - Amendement n°269 rectifié bis, présenté par MM. Pointereau, Bascher, Grand, D. Laurent et Vaspart, Mmes Ramond, Dumas et Bruguière, MM. Sol et Lefèvre, Mme Duranton, MM. Fouché et Charon, Mmes Guidez, Deromedi et Troendlé, M. B. Fournier, Mme Férat, MM. Magras, Chasseing et Vogel, Mme M. Mercier, MM. Cuypers et del Picchia, Mmes A.M. Bertrand et Bories, MM. Daubresse et Panunzi, Mmes Vermeillet et Vullien, MM. Sido, Priou et Courtial, Mmes Lopez et Chauvin, MM. Laugier, Louault, Moga et Wattebled, Mme Garriaud-Maylam, MM. Morisset, Decool, Détraigne, Le Gleut, J.M. Boyer et Duplomb, Mmes Chain-Larché et Thomas, MM. Piednoir, Perrin et Raison, Mmes Noël et Primas, M. Karoutchi, Mmes Raimond-Pavero, L. Darcos et Lherbier, M. Cardoux, Mme de Cidrac, MM. Segouin, Nougein et Laménie, Mme Gruny, M. Savary, Mmes Imbert et Bonfanti-Dossat, MM. Brisson, Babary et Gremillet et Mmes Lamure et de la Provôté.
Rapport annexé, alinéa 53
Après les mots :
dans les CPER
insérer les mots :
, dont la liste intégrale est annexée à la présente loi,
M. Rémy Pointereau. - Les élus locaux et les citoyens doivent avoir connaissance des différents projets des CPER pour lesquels l'État confirme sa participation. Des travaux n'avancent pas et les élus, qui ont souvent participé à leur financement, n'en savent rien.
La ligne POLT, autrefois la plus rapide de France, est un bon exemple : beaucoup d'effets d'annonce, peu de réalisations.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Votre amendement obligerait à reprendre la loi dès l'année prochaine ; techniquement, ce n'est pas faisable. Surtout, l'intérêt des CPER est de pouvoir les actualiser.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Quel serait le sens de la contractualisation entre l'État et les régions si l'on ne peut actualiser les CPER pour tenir compte des imprévus ? Ainsi dans le CPER de la région Aquitaine, on a ajouté un avenant pour la liaison Libourne-Bergerac qui nécessitait des travaux urgents, avec un redéploiement des crédits.
Mme Nadia Sollogoub. - Soit. Madame la ministre, il y a certainement d'autres moyens de nous rassurer !
L'amendement n°254 rectifié est retiré.
M. Jean-Claude Tissot. - Je profite de l'occasion pour interroger la ministre : le contournement des Tuileries à Mably sur la RN7 était envisagé mais ne semble plus à l'ordre du jour. Où en est ce projet important pour le département de la Loire ?
M. Jean-Pierre Grand. - Madame la ministre, lors d'un déjeuner à la préfecture de Montpellier, je vous avais interrogée sur la pérennité des CPER après certaines annonces. La réponse ministérielle qu'on m'a donnée n'offre aucune garantie. Inutile de parler des CPER si les règles du jeu changent !
M. Rémy Pointereau. - Oui, il faut laisser de la souplesse. Nous avons cependant besoin de garanties pour que les projets annoncés soient bien réalisés, beaucoup ne voient jamais le jour. Madame la ministre, si vous avez des solutions pour nous rassurer, je suis preneur ! (M. Philippe Mouiller applaudit, de même que Mme Nadia Sollogoub.)
M. Alain Marc. - Une remarque sémantique : on parle de contrats de plan État-région alors que souvent départements et métropoles sont appelés à y participer financièrement.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - La mise à 2x2 voies de la RN7 dans la Loire sera inscrite au prochain CPER.
Monsieur Grand, la réponse que vous avez reçue du ministère de la cohésion des territoires retraçait une réflexion globale sur les contrats de plan, non sur leur volet Transports qui relèvent d'une logique différente.
L'amendement n°269 rectifié bis est retiré.
M. le président. - Amendement n°568 rectifié, présenté par MM. Luche, Bonnecarrère, Capo-Canellas, Delcros et Détraigne, Mme Guidez, MM. Janssens, Kern, Laugier, Longeot, Louault, A. Marc et Mizzon et Mme Vullien.
Rapport annexé, alinéa 53
Après le mot :
trafic
insérer les mots :
ou les plus accidentogènes
M. Jean-Claude Luche. - Le critère de la sécurité doit être pris en compte pour déterminer les projets routiers prioritaires.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Nous en sommes d'accord : avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Avis évidemment favorable.
L'amendement n°568 rectifié est adopté.
M. le président. - Amendement n°569 rectifié, présenté par MM. Luche, Bonnecarrère, Capo-Canellas, Delcros et Détraigne, Mme Guidez, MM. Janssens, Kern, Laugier, Longeot, Louault, A. Marc et Moga et Mme Vullien.
Alinéa 53
Compléter cet alinéa par une phrase ainsi rédigée :
Lorsque la déclaration d'utilité publique a été prononcée, et que les acquisitions et les aménagements fonciers ont été réalisés pour une mise complète à 2x2 voies sur un itinéraire, la contractualisation dans un CPER pour une mise à 2x2 voies doit être effectuée.
M. Jean-Claude Luche. - Lorsque toutes les démarches ont été accomplies pour une mise à 2x2 voies, le projet routier doit être contractualisé afin que débute sa réalisation.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Ni la programmation ni la loi n'ont pour objectif de figer les projets figurant dans les CPER.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Une DUP sur une 2x2 voies n'interdit pas une concession ultérieure. Établir un lien automatique avec les CPER n'est pas bon.
L'amendement n°569 rectifié est retiré.
M. le président. - Amendement n°120, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Rapport annexé
I. - Alinéa 59, première phrase
Remplacer le montant :
1,1 milliard
par le montant :
4 milliards
II. - Alinéa 60
Remplacer le nombre :
600
par le nombre :
1 600
III. - Alinéa 62
Remplacer le nombre :
350
par le nombre :
400
M. Pascal Savoldelli. - Le rapport annexé vise à développer les mobilités les moins polluantes. Nous partageons l'objectif mais il faut un contrat de confiance et cela passe par les moyens : 1,1 milliard d'euros d'ici 2025 pour accompagner les AOM, ce n'est pas suffisant. Il faudrait 4 milliards d'euros.
En vous donnant les moyens de tenir les ambitions que vous affichez, vous donneriez une suite concrète au grand débat.
M. le président. - Amendement n°753, présenté par M. Gontard.
Rapport annexé
I. - Alinéa 59
Remplacer le montant :
1,1 milliard
par le montant :
2,15 milliards
II. - Alinéa 62
Remplacer le montant :
350 M €
par les mots :
1,4 milliard d'euros
M. Guillaume Gontard. - Cet amendement de cohérence augmente le montant des appels à projets visant à soutenir les modes actifs, notamment le vélo et la marche a? pied.
En effet, les 50 millions d'euros par an sur 7 ans prévus ne suffiront pas pour que la part modale du vélo atteigne 9 % d'ici 2024. Cet amendement fixe donc à 200 millions d'euros par an le montant des appels à projets. Cet investissement augmenterait les retombées économiques directes du vélo qui représentent déjà 4,5 milliards d'euros en France. Cela serait bon pour la santé aussi, et donc pour la réduction du déficit de la sécurité sociale.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis défavorable : nous ne voulons pas augmenter artificiellement les montants prévus.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le Gouvernement est attaché au développement des transports propres. Pour preuve, un quatrième appel à projets a été lancé, un Plan Vélo de 350 millions d'euros aidera les collectivités territoriales à réaliser des voies cyclables en surmontant les coupures liées aux grandes infrastructures.
Pour le reste, avis défavorable à ces amendements coûteux. Nous voulons une programmation réaliste.
M. Guillaume Gontard. - Vous aviez annoncé des objectifs ambitieux. Les montants inscrits ne sont pas à la hauteur.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Ce n'est pas l'avis des associations avec lesquelles nous avons travaillé. Le développement du vélo est aussi l'affaire des collectivités territoriales. Le Plan Vélo permettra de développer des parkings sécurisés, un forfait mobilité durable de 400 euros pour les salariés sera instauré. Le Gouvernement lance aussi un programme d'action sur le savoir rouler avec les ministères de l'Éducation nationale et des Sports.
L'amendement n°120 n'est pas adopté, non plus que l'amendement n°753.
M. le président. - Amendement n°847 rectifié, présenté par M. Montaugé et les membres du groupe socialiste et républicain.
Rapport annexé, après l'alinéa 63
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
La disponibilité des emprises des voies ferroviaires désaffectées est assurée afin de pouvoir recevoir de futurs modes de transport.
M. Franck Montaugé. - Le train reste indispensable dans nos campagnes. Il est un puissant vecteur de mobilité, de lien social, et d'attractivité économique.
Qu'elles soient utilisées ou pas, les lignes de chemin de fer en zone rurale doivent être d'autant plus préservées que de nouvelles technologies et techniques de transport sur voies ferrées, moins polluantes, moins lourdes pour la structure de voie, plus souples dans le cadencement et la gestion des passagers, plus économiques sont en passe de voir le jour. Le taxirail, développé par la start-up bretonne Exid Concept et Developpement, en est la démonstration, il pourrait voir le jour industriellement d'ici 2023.
Les emprises de ces lignes, aujourd'hui désaffectées, doivent être préservées.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Sagesse. Si je suis favorable par principe à la réutilisation des voies pour développer de nouvelles mobilités, parfois les emprises excèdent les besoins.
L'amendement n°847 rectifié est adopté.
M. le président. - Amendement n°95 rectifié bis, présenté par M. Cazabonne et les membres du groupe Union Centriste.
Rapport annexé, alinéa 64
Compléter cet alinéa par les mots :
, notamment via un soutien à la filière hydrogène dans l'usage des mobilités quotidiennes et marchandes dans l'objectif de la neutralité carbone prévue en 2050
M. Jean-François Longeot. - Après notre débat sur la filière hydrogène, un amendement pour la soutenir. D'après le cabinet McKinsey, elle pourrait représenter 40 millions d'euros de chiffre d'affaires et créer 150 000 emplois.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - En effet, il faut soutenir cette filière d'avenir ; on le voit avec les trains et les bus. Avis favorable.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Le Gouvernement a lancé un Plan Hydrogène en juillet avec un volet Mobilités. Il n'est pas financé par l'Afitf. Sagesse.
Mme Nelly Tocqueville. - Il faut soutenir cette filière sur laquelle nous bénéficions d'une avance technologique. Ne laissons pas la Chine nous dépasser. Des trains à l'hydrogène circulent déjà en Allemagne.
L'amendement n°95 rectifié bis est adopté.
M. le président. - Amendement n°293 rectifié bis, présenté par MM. Chaize, Savary, Magras et Daubresse, Mmes Berthet et Duranton, MM. Bizet, Paccaud et Le Gleut, Mme Bruguière, M. de Nicolaÿ, Mme Lassarade, M. Priou, Mmes de Cidrac et Deromedi, MM. Bonhomme, Milon, Vogel et Laménie, Mme Lanfranchi Dorgal et M. Revet.
Rapport annexé, après l'alinéa 64
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
L'État soutient le développement de la végétalisation des infrastructures de la mobilité, qui a un impact positif sur la qualité de l'environnement, la santé publique et la qualité de vie.
M. Patrick Chaize. - Cet amendement insère une sixième priorité : développer les infrastructures végétales. Les infrastructures vertes sont des réponses essentielles pour relever les défis environnementaux et urbains.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis favorable. Les infrastructures vertes ont des effets bénéfiques sur l'environnement et la biodiversité.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Si je suis favorable à la biodiversité, je suis défavorable à une généralisation de la végétalisation car elle n'est pas possible partout.
M. Jean-Marc Gabouty. - Entre infrastructures végétalisées et végétalisation des infrastructures, évoque-t-on la même chose ? En matière de végétalisation des infrastructures, dans certaines gares, il y a déjà un beau départ... (Sourires)
L'amendement n°293 rectifié bis est adopté.
M. le président. - Amendement n°838 rectifié quinquies, présenté par MM. Bignon, Capus, Chasseing, Decool, Guerriau, Lagourgue et A. Marc, Mme Mélot, MM. Wattebled et Cuypers, Mme Lherbier, MM. Henno, Daubresse, Fouché et Malhuret, Mme Létard et M. Bascher.
Rapport annexé
I. - Alinéa 66
Après le mot :
marchandises
insérer les mots :
notamment en zone urbaine,
II. - Alinéa 67, première phrase
Après le mot :
permettre
insérer les mots :
de mettre en oeuvre des logistiques massifiées et durables au coeur des agglomérations,
III. - Alinéa 68
1° Après le mot :
maritimes
insérer les mots :
et de leur hinterland
2° Après le mot :
ferroutage,
insérer les mots :
et des solutions multimodales entre la mer et le fleuve
M. Jérôme Bignon. - Cet amendement encourage les acteurs à utiliser au mieux le réseau d'infrastructures existant, notamment la complémentarité offerte par le transport fluvial et le transport maritime.
M. Didier Mandelli, rapporteur. - Avis favorable à cet amendement qui renforcera le report modal du transport de marchandises.
Mme Élisabeth Borne, ministre. - Effectivement, même avis favorable.
L'amendement n°838 rectifié quinquies est adopté.
M. le président. - Nous avons examiné aujourd'hui 73 amendements, il en reste 787 à discuter.
Prochaine séance aujourd'hui, mercredi 20 mars 2019, à 14 h 30.
La séance est levée à minuit et demi.
Jean-Luc Blouet
Direction des comptes rendus