Croissance, activité et égalité des chances économiques (Procédure accélérée - Suite)
M. le président. - L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi, considéré comme adopté par l'Assemblée nationale en application de l'article 49, alinéa 3, de la Constitution, après engagement de la procédure accélérée, pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques.
Rappel au Règlement
Mme Éliane Assassi . - Je proteste vivement contre les conditions politiques dans lesquelles se déroule notre débat. Le gouvernement a déposé un amendement important, l'amendement n°1766, que la commission spéciale vient d'examiner à l'instant. Il reprend en partie le plan d'investissement annoncé par M. Valls. Comment aborder le chapitre II - sur l'investissement - sans avoir pu réunir nos groupes pour en parler ?
Deuxième fait majeur, nous venons d'apprendre le rachat de Nokia par Alcatel Lucent. Il y aura trois perdants : l'intérêt général, les salariés, les usagers. Mais aussi des gagnants : les actionnaires.
Troisième fait, M. Sapin vient d'annoncer de nouvelles mesures d'austérité, pour le moins antinomique avec votre objectif de croissance. (Applaudissements sur les bancs CRC)
M. le président. - Acte vous est donné de votre rappel au Règlement.
Mme Éliane Assassi. - Pas de réponse ?
M. Vincent Capo-Canellas, président de la commission spéciale . - La commission spéciale s'est réunie pour auditionner le ministre sur cet amendement gouvernemental important, comme je m'y étais engagé. Le sujet viendra vraisemblablement en débat demain matin, vous aurez le temps de l'étudier.
Ni la commission spéciale, ni le Sénat ne sont saisis sur les deux autres points que vous avez évoqués ; je me vois mal réunir la commission pour discuter d'un sujet dont nous ne sommes pas saisis...
Discussion des articles (Suite)
ARTICLE 26
M. le président. - Amendement n°1397, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe CRC.
Supprimer cet article.
Mme Annie David. - Le projet de loi prévoit dès à présent la généralisation de l'expérimentation d'une autorisation unique en matière d'installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE) et ce, par ordonnance. Pourront bénéficier de cette procédure les projets présentant « un intérêt majeur pour l'activité économique ». Formulation vague, qui couvre un large ensemble de projets d'installation, alors que les dispenses d'enquête publique se multiplient. Nous craignons que cette évolution ne soit synonyme de régression et de recul du droit de recours des citoyens. Mieux vaudrait attendre le résultat du bilan de cette mesure. En outre, légiférer par ordonnance n'est pas la bonne manière de faire.
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur de la commission spéciale. - Vous estimez que cette généralisation est prématurée. Il faut en effet un retour d'expérience préalable avant toute généralisation. C'est pourquoi j'ai proposé à la commission spéciale de supprimer l'habilitation à procéder par ordonnance pour pérenniser cette mesure. Votre amendement est donc largement satisfait par notre rédaction. Retrait ?
M. le président. - Amendement n°1561, présenté par le Gouvernement.
Rédiger ainsi cet article :
I. - L'ordonnance n° 2014-355 du 20 mars 2014 relative à l'expérimentation d'une autorisation unique en matière d'installations classées pour la protection de l'environnement est ainsi modifiée :
1° Le I de l'article 9 est ainsi rédigé :
« I. - À titre expérimental et pour une durée de trois ans à compter de la publication de la présente ordonnance :
« 1° Sont soumis au présent titre les projets d'installations soumises à l'autorisation prévue à l'article L. 512-1 du code de l'environnement, non mentionnées à l'article 1er de la présente ordonnance, sur le territoire des régions Champagne-Ardenne et Franche-Comté ;
« 2° À compter de la publication de la loi n° du pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques, peuvent être soumis au présent titre, dans les autres régions, les projets d'installations soumises à l'autorisation prévue au même article L. 512-1, non mentionnées à l'article 1er de la présente ordonnance, présentant un intérêt majeur pour l'activité économique, compte tenu du caractère stratégique de l'opération concernée, de la valeur ajoutée qu'elle produit, de la création ou de la préservation d'emplois qu'elle permet ou du développement du territoire qu'elle rend possible. » ;
2° L'article 20 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Elles entrent en vigueur à compter de la publication de la loi n° du pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques pour les projets mentionnés au 2° du I de l'article 9. »
II. - Dans les conditions prévues à l'article 38 de la Constitution, le Gouvernement est autorisé à prendre par ordonnance, dans un délai de dix-huit mois à compter de la promulgation de la présente loi, toute mesure relevant du domaine de la loi afin de :
1° Généraliser, le cas échéant en les adaptant et en les complétant, notamment en ce qui concerne le champ des autorisations et dérogations concernées par le dispositif de l'autorisation unique, les dispositions de l'ordonnance n° 2014-355 du 20 mars 2014 relative à l'expérimentation d'une autorisation unique en matière d'installations classées pour la protection de l'environnement et de l'ordonnance n° 2014-619 du 12 juin 2014 relative à l'expérimentation d'une autorisation unique pour les installations, ouvrages, travaux et activités soumis à autorisation au titre de l'article L. 214-3 du code de l'environnement ;
2° Codifier ces mêmes dispositions et de mettre en cohérence avec celles-ci les dispositions législatives régissant les autorisations et dérogations concernées par le dispositif de l'autorisation unique.
III. - Le Conseil national de la transition écologique mentionné à l'article L. 133-1 du code de l'environnement est associé à l'élaboration des ordonnances prévues au II du présent article. Il peut mettre en place une formation spécialisée pour assurer le suivi des travaux et la préparation des avis, qui sont mis à la disposition du public dans les conditions prévues à l'article L. 133-3 du même code.
M. Emmanuel Macron, ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique. - La commission spéciale a supprimé les II et III de l'article initial, qui prévoyait la généralisation, par ordonnance, du dispositif. Avec l'autorisation unique, nous évitons de faire peser sur les acteurs économiques nos propres turpitudes. L'extension rend notamment éligible les opérations du Grand Paris.
L'objectif commun est bien d'étendre le champ de cette autorisation unique. Le gouvernement émet donc un avis défavorable à l'amendement de suppression, et vous propose cet amendement n°1561 qui simplifie les procédures sans diminuer le niveau de protection environnementale.
Mme Annie David. - Des projets présentant un intérêt économique pour la région ? Quels sont-ils, qui va en décider ? Nous n'en savons rien. Vous nous demandez de vous laisser agir à votre guise, par ordonnance. Je maintiens l'amendement.
L'amendement n°1397 n'est pas adopté.
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - L'amendement n°1561 rétablit l'article 26 dans la rédaction issue de l'Assemblée nationale. La commission spéciale considère que l'expérimentation actuellement en cours n'a qu'un an d'existence, puisque l'ordonnance date du 22 mars 2014. Elle devait durer trois ans et donner lieu à un bilan avant une éventuelle généralisation. Si l'extension va dans le bon sens, en créant un guichet unique du côté de l'administration, il est prématuré d'autoriser le gouvernement à pérenniser ce dispositif, alors que le bilan de l'expérimentation ne sera pas présenté au Parlement avant 2017. C'est pourquoi la commission spéciale a supprimé la deuxième partie de l'article. L'avis reste défavorable. L'habilitation ne peut être donnée en l'absence de fondements objectifs.
Mme Nicole Bricq. - Je ne comprends pas la position de la majorité de la commission spéciale. Nous partageons l'objectif : simplifier et raccourcir la durée de procédures souvent obsolètes et compliquées.
Habiliter le gouvernement à légiférer par ordonnance n'est pas un dessaisissement du Parlement, c'est une faculté constitutionnelle dont tous les gouvernements ont usé - et parfois abusé. Nous habilitons, nous ratifierons, et nous demanderons au gouvernement d'associer le Parlement à la rédaction de l'ordonnance.
M. Charles Revet. - Malheureusement, cela ne se passe pas toujours comme ça...
Mme Nicole Bricq. - Mme la ministre de l'écologie a dit qu'elle tiendrait la plume avec le ministre, je lui fais confiance. (Mouvements divers à droite) Le cas échéant, le Premier ministre arbitrera. La majorité sénatoriale prend ses responsabilités, soit, mais je ne veux plus entendre vos jérémiades sur les normes et la longueur des procédures ! (Vives exclamations à droite)
Mme Marie-France Beaufils. - L'amendement du gouvernement nous pose un véritable problème. Aller vite ? Quand les ICPE n'ont pas été installées suivant les procédures correctes, ce sont les élus locaux qui doivent faire face. Il y aura d'autres formes de recours si la population est insuffisamment associée. L'affaiblissement des moyens de l'État sur le terrain est la vraie source des difficultés : l'administration n'a plus de quoi mener le vrai travail de fond en amont avec les élus et la population.
M. Emmanuel Macron, ministre. - De quoi parlons-nous exactement ?
M. Roger Karoutchi. - Précisons, en effet.
M. Emmanuel Macron, ministre. - Il n'est pas question de supprimer l'enquête publique. Quand vous demandez un permis pour un ICPE, il faut recommencer toute la procédure depuis le permis de construire et l'enquête publique. Une localement et une autre pour obtenir le permis de construire délivré par l'État. C'est une folie !
M. Charles Revet. - Mais pourquoi des ordonnances ?
M. Emmanuel Macron, ministre. - J'aurais aimé pour ma part tout mettre dans la loi, mais il y a des sensibilités différentes, dont notre débat témoigne. D'ailleurs, la commission spéciale a supprimé la faculté d'aller plus vite - je vous laisse face à vos contradictions.
L'enquête publique aura bien lieu, je le redis. Nous étendons l'expérimentation à d'autres régions, et nous donnons la possibilité de généraliser les résultats probants - et ils le seront car le bon sens n'est pas l'ennemi du réel. Vous aurez ensuite à ratifier l'ordonnance, bien sûr. (Applaudissements sur les bancs socialistes)
M. Jean Bizet. - Quelle que soit ma loyauté avec le groupe auquel j'appartiens, j'avoue que je comprends mal la position de notre rapporteur sur ce sujet. Voyez ce qui se passe outre-Rhin. Pour une installation d'élevage, on met trois ans en moyenne en France, six mois en Allemagne... C'est largement pourquoi nos filières sont en perdition ! Mme Bricq a peut-être eu des mots excessivement clairs ; je dirai la même chose avec plus d'arrondi. (Sourires) Cet amendement va dans le bon sens de la simplification et de la lisibilité. Je le voterai.
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - J'ai exprimé l'avis de la commission spéciale, pas mon avis personnel. Le gouvernement veut pérenniser le dispositif par ordonnance, sans passer par une loi : il aura donc l'habilitation sous le coude avant l'échéance de 2017...
M. Martial Bourquin. - Parmi les dix-sept propositions de notre rapport sur la désindustrialisation du territoire figurait le guichet unique pour réduire le temps d'émergence des projets. Le gouvernement ne veut pas bâcler l'enquête publique mais réduire les délais de réponse de l'administration !
L'attractivité du territoire tient aussi dans la capacité de répondre rapidement à ceux qui souhaitent investir. Nous avions voté ces propositions à l'unanimité, rappelez-vous, monsieur Chatillon. Il serait logique que cet amendement soit voté par tout le Sénat.
M. Michel Raison. - En matière d'installation classée, industrielle ou agricole, nous avons un retard considérable par rapport à l'Allemagne. En matière d'élevage, les délais sont plus courts, et le plafond d'animaux doublé ! Je voterai cet amendement, ne serait-ce que pour lutter contre cette distorsion de concurrence. Comme M. Bizet, je suis loyal avec mon groupe mais je voterai cet amendement.
M. Daniel Gremillet. - Je le soutiendrai aussi mais il faudra, monsieur le ministre, accepter de raccourcir les délais dans d'autres secteurs pour favoriser l'investissement.
M. Claude Kern. - Riverain de l'Allemagne, je connais bien ces difficultés, et ne peux qu'adhérer à cet amendement. Mais ne pérennisons pas l'habilitation, monsieur le ministre, il faut légiférer au plus vite pour réduire les délais d'instruction par les DREAL.
M. Charles Revet. - J'ai déjà entendu Mme Bricq s'indigner de ce qu'un gouvernement voulait procéder par ordonnance.
Mme Nicole Bricq. - Une fois, c'est vrai. C'était le texte de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet !
M. Charles Revet. - Jamais nous n'avons vu un texte comportant autant d'habilitations à légiférer par ordonnance que celui-ci. Pourquoi n'avoir pas inscrit ces dispositions dans la loi ? (Applaudissements sur les bancs UMP) Bientôt, nous ne servirons plus à rien...
M. Vincent Capo-Canellas, président de la commission spéciale. - L'ordonnance du 20 mars 2014 prévoyait une expérimentation. Et voilà que le gouvernement nous demande une deuxième habilitation, un an après. Il faut simplifier, aller plus vite, décomplexifier, bien sûr. Mais le nouveau dispositif sera-t-il protecteur des droits, notamment pour les communes, pour les riverains ? D'où la position, équilibrée, du rapporteur.
M. Roger Karoutchi. - On ne va pas faire un concours de loyauté. La proposition du ministre répond à ce que nous disions souhaiter dans le rapport sur la désindustrialisation voté par le Sénat en 2010. L'UMP l'avait chaudement approuvé, comme d'ailleurs le groupe socialiste. Elle ne serait plus adaptée en 2015 ? Pour ce qui est des ordonnances, nous savons tous que notre indignation est à géométrie variable, selon que cela nous arrange ou pas.
Mme Nicole Bricq. - Il ne faut pas injurier l'avenir...
M. Roger Karoutchi. - Vient un moment où les freins, les blocages deviennent insupportables. Le pays n'en peut plus d'être bloqué. Pourquoi le rapporteur ne s'en remettrait-il pas à la sagesse de la Haute Assemblée ?
Le ministre n'est pas un enfant de choeur, on sait bien que l'opération est politicienne. (Exclamations diverses ; M. le Ministre rit de bon coeur) Si vous avez l'unanimité de l'Assemblée, monsieur le ministre, cela vous oblige ! (Rires et applaudissements sur les bancs UMP)
M. Henri de Raincourt. - Je ne regrette pas d'être venu !
M. Jacques Genest. - Moi aussi je voterai cet amendement car la situation sur le terrain est catastrophique.
Mme Sophie Primas. - Plus de rapidité pour les élus locaux et les acteurs économiques, nous sommes tous pour. Mais pourquoi ne l'avoir pas inscrit dans la loi ? Allez jusqu'au bout, monsieur le ministre, et Mme le rapporteur vous ouvrira les bras ! (On s'amuse)
M. Jean-Patrick Courtois. - Je ne comprends plus. On nous parle d'expérimentation en Franche-Comté comme s'il n'y avait pas fusion avec la Bourgogne ! Allez-vous y renoncer ?
M. Jean-Louis Carrère. - Quelle sera la capitale ?
M. Jean-Patrick Courtois. - Et pourquoi une ordonnance, et pas une loi ? Ce n'est pas comme si ce projet de loi ne comportait pas déjà tant de cavaliers.
Un vieux paysan charolais - j'ai beaucoup travaillé dans le Charolais - me disait : « quand c'est flou, il y a un loup ». (Plusieurs sénateurs évoquent Mme Aubry) Alors, monsieur le ministre, où est le loup ?
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - Si cette expérimentation est si positive, pourquoi ne pas nous en donner le bilan ? (Applaudissements sur les bancs UMP)
M. Charles Revet. - Très bien !
M. Jean-Marc Gabouty. - Simplification et accélération des délais s'imposent. On va fusionner les procédures sans les supprimer, c'est positif. Les installations classées ne sont pas toujours de gros projets. Je soutiendrai l'amendement du gouvernement.
M. Emmanuel Macron, ministre. - Il ne s'agit pas ici de faire un coup politique, monsieur Karoutchi, mais de simplifier la vie de nos concitoyens. (On en doute sur les bancs UMP) Il est apparu que l'expérimentation prévue en mars 2014 limitée à la Champagne-Ardenne et à la Franche-Comté était trop courte et trop limitée sur le territoire. Pourquoi ne pas avoir généralisé d'emblée ? Parce que nous tenons compte des sensibilités diverses, notamment des ONG, et nous donnons dix-huit mois pour voir comment se déroulent les contentieux.
De grâce, ne repassons pas par la loi dans x années : l'extension du champ de l'expérimentation est inscrite dans la loi et avec l'habilitation, nous accélérerons d'ici dix-huit mois. Ce sera en 2017, c'est vrai. Mais comment expliquer aux entreprises que tout devra s'arrêter de tourner en 2017 ?
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - Je n'ai pas dit cela.
M. Yves Détraigne. - (Marques d'impatience) Je prends la parole car je suis l'élu responsable de la création d'un centre de tri de déchets ménagers dans la Marne, et je dois dire que l'expérimentation s'est très bien déroulée, et a été bénéfique pour tout le monde. Nous avons gagné huit mois. Je ne vois que des avantages à généraliser le dispositif.
L'amendement n°1561 est adopté.
L'article 26 est ainsi rédigé.
Les amendements nos449, 698 rectifié, 447, 697 rectifié, 345 et 448 deviennent sans objet.
ARTICLES ADDITIONNELS
M. le président. - Amendement n°699 rectifié, présenté par MM. Revet, Commeinhes, Magras et Houel.
Après l'article 26
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Un décret en Conseil d'État précise les conditions dans lesquelles les cours administratives d'appel sont compétentes, en premier et dernier ressort, à titre expérimental, pour connaître des recours dirigés contre les autorisations délivrées en application de l'ordonnance n° 2014-355 du 20 mars 2014 relative à l'expérimentation d'une autorisation unique en matière d'installations classées pour la protection de l'environnement.
M. Charles Revet. - Cet amendement va dans le même sens.
présidence de Mme Françoise Cartron, vice-présidente
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - L'objet n'est pas tout à fait le même dont nous venons de discuter...Avis défavorable : le droit au recours est garanti depuis la création des cours administratives d'appel en 1987. Aussi importantes que soient les installations de production d'énergie renouvelable, elles ne justifient pas une dérogation.
M. Emmanuel Macron, ministre. - Oui, cela pose un problème de droit au recours et d'égalité de traitement. Un autre amendement ultérieur traite les délais de recours : retrait ?
L'amendement n°699 rectifié est retiré.
Mme la présidente. - Amendement n°534 rectifié, présenté par M. Raison.
Après l'article 26
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
À la première phrase de l'article L. 515-27 du code de l'environnement, les mots : « d'un an » sont remplacés par les mots : « de deux mois ».
M. Michel Raison. - Il s'agit d'une loi d'égalité des chances. Cet amendement soumet les arrêtés d'autorisation d'exploiter une installation classée d'élevage au délai de recours de droit commun applicable à tous les actes administratifs qui est de deux mois. Les ONG attendent parfois un an pour contester l'autorisation donnée à une installation classée : ce n'est pas acceptable !
Mme la présidente. - Amendement identique n°850 rectifié ter, présenté par MM. Bizet et G. Bailly, Mme Bouchart, M. Calvet, Mme Cayeux, MM. César, Chaize, Commeinhes et de Nicolaÿ, Mme Deromedi, MM. Doligé et Gremillet, Mme Gruny, MM. Houel, Laménie, Lefèvre, Longuet, P. Leroy et Mayet, Mme Mélot, MM. Milon, Morisset et Pierre, Mmes Primas et Troendlé et M. Vogel.
M. Jean Bizet. - Nous avons effectivement besoin d'aller plus vite, et de ne pas laisser les auteurs dans l'expectative...
Mme la présidente. - Amendement n°1703, présenté par le Gouvernement.
Après l'article 26
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
À la première phrase de l'article L. 515-27 du code de l'environnement, les mots : « d'un an » sont remplacés par les mots : « de quatre mois ».
M. Emmanuel Macron, ministre. - Le délai est aujourd'hui de dix-huit mois : un an plus six mois après la mise en service de l'exploitation. Nous l'avons ramené à titre expérimental à deux mois plus six mois. À la lumière de l'expérimentation, un délai de quatre mois semble préférable. C'est le délai qui a été négocié au sein du groupe de travail sur la simplification du droit de l'environnement, et qu'a annoncé le ministre de l'agriculture en Conseil des ministres le 10 février 2015.
Retrait des amendements nos534 rectifié et 850 rectifié ter au profit de l'amendement n°1703 ?
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - Avis défavorable à l'amendement n°1703. Sagesse très positive sur les amendements nos534 rectifié et 850 rectifié ter. Il faut lutter vigoureusement contre les recours abusifs.
M. Daniel Gremillet. - Monsieur le ministre, un effort ! (Sourires) Faisons preuve de clairvoyance pour gagner en efficacité. Un délai de deux mois s'impose. La position de la commission spéciale est courageuse et conforme aux attentes du terrain.
M. Jean-Marc Gabouty. - Ramenons le délai au droit commun de deux mois. La comparaison avec le permis de construire n'est pas fondée, puisqu'il y a, dans le cas des ICPE, information et publicité préalable. Je soutiens l'amendement de M. Bizet.
M. Alain Richard. - La législation sur les installations classées, protectrice de l'environnement et des zones d'habitats périphériques, est très ancienne et fait l'objet d'une attention particulière des associations de défense de l'environnement. Depuis le Grenelle, on s'efforce de rapprocher les points de vue. Il faut tenir ses promesses et ne point oublier le consensus que l'on y a recherché.
Représentant du Sénat au Conseil national de la transition énergétique (CNTE), je sais que les associations acceptent la réduction du délai à quatre mois, mais qu'elles réagiraient vivement si nous allions au-delà. Les installations sont nombreuses, la plupart ne donnent lieu à aucune enquête mais à un simple enregistrement. L'information du public est donc très inégale. Il y a un équilibre à trouver entre information de tous et efficacité : un délai de quatre mois me semble préférable.
M. Jacques Mézard. - La raison plaide pour deux mois. En matière procédurale, il est bon d'harmoniser, sinon les justiciables ne s'y retrouvent plus.
Nous ne sommes pas sous la dictature d'associations ! (Applaudissements nourris au centre et à droite) Certaines ont leur utilité, d'autres ne cherchent qu'à tout bloquer. (Même mouvement)
D'ailleurs, vous faites passer ce texte en procédure accélérée, monsieur le ministre : concédez donc que la vitesse a du bon. (Sourires) N'accumulons pas les procédures dilatoires et débloquons notre économie.
M. Jean Bizet. - Je remercie la commission spéciale pour les avis de sagesse. M. Mézard a raison : il faut harmoniser les délais de recours. J'entends l'appel de M. Richard, mais je rappelle que le délai de six mois demeurerait, soit huit mois en tout. Quel est l'objectif ? Construire le « marché intérieur » européen, lequel repose principalement sur la France et l'Allemagne. Or, la comparaison avec l'Allemagne n'est pas, en la matière, à notre avantage : rattrapons notre retard de compétitivité.
M. Michel Raison. - Je ne retirerai pas mon amendement.
Les associations dont nous parlons, je les respecte, mais le respect n'est pas toujours réciproque : elles ne respectent pas les chefs d'entreprises qui dorment peu et hypothèquent leur maison... On peut être gentil, mais il y a des limites ! (Applaudissements sur les bancs UMP)
Mme Évelyne Didier. - Je défendrai, par expérience, le délai de quatre mois. Deux mois, pour des associations déjà mobilisées, cela suffit pour intenter un recours. Mais s'agissant de la population, c'est différent : le temps de distribuer des dossiers d'information et de réunir les habitants, le délai serait passé. Quatre mois, cela satisfait votre volonté de gagner du temps, tout en représentant un juste équilibre. (M. Jean Desessard applaudit)
M. François Patriat. - J'entends bien le souci de chacun. Alain Richard plaide pour l'équilibre, mais est-il toujours respecté ? En Bourgogne, il a fallu six ans et cinq millions d'euros d'investissements pour développer un méthaniseur, que je suis allé inaugurer chez M. de Raincourt, dix ans pour un parc éolien, tous éléments favorables à la transition énergétique... Les associations utilisent tous les leviers dont les dote la loi. Je soutiens votre projet, monsieur le ministre, votre volonté de faciliter le développement économique, mais allons enfin un peu plus vite, faisons enfin un peu mieux ! Je voterai pour le délai de deux mois. (Applaudissements au centre et à droite)
M. Claude Kern. - Deux mois suffisent largement. Plus les délais sont longs, plus les recours sont nombreux. Quant à la population, les élus n'attendent pas la délivrance des permis pour l'informer.
M. Roger Karoutchi. - Tout à l'heure, il fallait libérer, activer, donner de la souplesse...Il ne s'agit pas de deux mois, mais de huit mois, donnés à une collectivité territoriale, pour informer tout le monde. Si cela ne suffit pas, autant donner deux ans ou plus... Monsieur le ministre, il serait judicieux de retirer votre amendement et de donner un avis de sagesse sur les nôtres... (Applaudissements au centre et à droite)
M. Emmanuel Macron, ministre. - (« Ah ! » sur de nombreux bancs au centre et à droite) Sans votre serviteur, on ne se poserait pas même la question du délai...
Si les amendements n'étaient pas retirés, je leur donnerai un avis de sagesse. (Marques de vive satisfaction au centre et à droite)
Les amendements identiques nos534 rectifié et 850 rectifié ter sont adoptés ; l'article additionnel est inséré.
L'amendement n°1703 devient sans objet.
L'article 26 bis est adopté.
ARTICLE 26 TER
M. Michel Le Scouarnec . - Cet outil répond à une demande des exploitants agricoles confrontés à des normes de plus en plus nombreuses. Il est pourtant nécessaire de réguler les activités agricoles. La Bretagne représente 50 % des élevages de porcs et de volailles et 30 % des élevages de bovins. Or la concentration des activités est parfois dangereuse.
Je saisis cette occasion pour évoquer la réussite d'une réflexion collective en matière de protection d'un écosystème, dans le cadre d'une démarche de bassin versant, dans la commune de Locoal-Mendon.
La ria d'Etel, est un bras de mer situé entre Auray et Lorient, dans le Morbihan, alimenté par un grand versant en eau douce qui fournit les éléments nutritifs nécessaires au plancton. Celui-ci nourrit les 300 tonnes d'huîtres creuses (marques d'appréciation sur divers bancs) produites chaque année par cinquante entreprises conchylicoles. La région héberge 400 installations d'élevage, ce qui fait de la qualité de l'eau une exigence essentielle.
Un plan de préservation de la qualité de l'eau a été élaboré, en concertation, avec la chambre d'agriculture. Cet exemple montre qu'il ne faut pas se précipiter en matière de simplification. Vous aimez, comme notre collègue écologiste Joël Labbé, les bonnes huîtres, chers collègues, avec ou sans vin blanc ! (Marques d'approbation)
Mme Sophie Primas. - Avec ! (Sourires)
M. Michel Le Scouarnec. - Les normes doivent prendre en compte les spécificités des collectivités territoriales ; gardons-nous de légiférer hâtivement. Réformons le droit de l'environnement, simplifions-le, mais sans diminuer notre niveau d'exigence.
L'article 26 ter est adopté.
ARTICLE 27
Mme la présidente. - Amendement n°993, présenté par M. Collomb, Mme Schillinger, MM. Boulard et Patriat et Mme Guillemot.
I. - Alinéa 3
Remplacer les mots :
, Franche-Comté ou d'Île-de-France
par les mots :
, Franche-Comté, d'Ile-de-France ou Rhône-Alpes
II. - Après l'alinéa 5
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
« ...° Dans la région Rhône-Alpes : les projets de création ou d'extension de locaux ou d'installations, y compris d'installations relevant du même titre Ier, lorsqu'ils présentent un intérêt régional majeur pour le développement des transports ferroviaires ou lorsqu'ils sont liés à telle opération. » ;
III. - Alinéa 8
Remplacer les mots :
dans la région d'Île-de France,
par les mots :
dans les régions d'Île-de-France et Rhône-Alpes,
M. François Patriat. - Il est défendu.
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - Sagesse.
M. Emmanuel Macron, ministre. - Même avis.
L'amendement n°993 est adopté.
Mme la présidente. - Amendement n°212 rectifié, présenté par MM. Bertrand, Mézard, Arnell, Castelli, Collin, Esnol et Fortassin, Mmes Laborde et Malherbe et MM. Requier et Collombat.
Alinéas 5 et 8
Après les mots :
région d'Île-de-France
insérer les mots :
ainsi que dans les régions définies par décret en Conseil d'État qui souhaitent en faire l'expérimentation
M. Jean-Claude Requier. - Il est défendu.
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - Cette généralisation des certificats de projet est prématurée : avis défavorable.
M. Emmanuel Macron, ministre. - Même avis.
L'amendement n°212 rectifié est retiré.
Mme la présidente. - Amendement n°450, présenté par M. Desessard et les membres du groupe écologiste.
Alinéa 5
Remplacer les mots :
l'activité économique
par les mots :
le développement durable
M. Jean Desessard. - Substituons à une vision uniquement économique la notion de développement durable.
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - Avis défavorable, le but reste l'activité économique.
M. Emmanuel Macron, ministre. - Même avis.
M. Jean Desessard. - Si on ne fait pas attention à l'environnement, nous subirons un effet boomerang... On ne pourra pas éternellement promettre de tenir compte de l'environnement, tout en ne traduisant en actes que ce qui favorisera l'emploi immédiat.
Mme Annie David. - Je rejoins M. Desessard. Beaucoup de mots, peu d'actes en faveur du développement durable. Pourquoi ne pas rectifier votre amendement pour écrire : « l'activité économique et le développement durable » ?
M. Jean Desessard. - Le développement durable implique précisément et ensemble l'activité économique, la cohésion sociale et la préservation de l'environnement. Je suis tenté d'accepter la rectification, mais le sens des mots me l'interdit !
L'amendement n°450 n'est pas adopté.
L'article 27, modifié, est adopté.
ARTICLE ADDITIONNEL
L'amendement n°451 est retiré.
Mme la présidente. - Amendement n°452, présenté par M. Desessard et les membres du groupe écologiste.
Après l'article 27
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. - Les projets d'installations de production hydroélectrique soumis à l'autorisation prévue à l'article L. 214-3 du code de l'environnement sont autorisés par arrêté préfectoral, dénommé « autorisation unique ».
II. - Cette autorisation unique vaut :
1° Autorisation au titre de l'article L. 214-3 du code de l'environnement, y compris pour l'autorisation de prélèvement d'eau pour l'irrigation délivrée à un organisme unique en application du 6° du II de l'article L. 211-3 du même code ;
2° Permis de construire au titre de l'article L. 421-1 du code de l'urbanisme ;
3° Autorisation spéciale au titre des réserves naturelles nationales, relevant des dispositions des articles L. 332-6 et L. 332-9 du code de l'environnement ;
4° Autorisation au titre des sites classés ou en instance de classement, relevant des dispositions des articles L. 341-7 et L. 341-10 du code de l'environnement ;
5° Autorisation de défrichement au titre des articles L. 214-13 et L. 341-3 du code forestier ;
6° Dérogation au titre du 4° de l'article L. 411-2 du code de l'environnement.
Mme Leila Aïchi. - Le présent amendement améliore pour les installations hydroélectriques, l'autorisation unique expérimentée, en y intégrant le permis de construire.
Les installations hydroélectriques sont soumises à de nombreuses réglementations : autorisation au titre de la loi sur l'eau, autorisation spéciale au titre des réserves naturelles nationales, autorisation de défrichement, dérogation sur les espèces protégées... Celles-ci ont été récemment réunies, dans le cadre d'une expérimentation, sous une seule et même procédure - celle des Installations, Ouvrages, Travaux et Activités (IOTA) soumis à la loi sur l'eau.
Les installations hydroélectriques sont par ailleurs soumises, au titre du code de l'urbanisme, à un permis de construire, qui fait l'objet d'une procédure dédiée.
Autorisation environnementale et permis de construire sont donc délivrés par la même autorité administrative. Dans un souci de simplification, nous proposons d'inclure le permis de construire dans l'autorisation unique expérimentée.
L'hydroélectrique est une source d'énergie propre et durable. Le législateur doit la soutenir.
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - Les choses ne sont pas si simples. Sans être opposée par principe à la mesure proposée, la commission spéciale ne souhaite pas priver les élus locaux de leur pouvoir de décision. Retrait ou rejet.
M. Emmanuel Macron, ministre. - Même avis.
L'amendement n°452 n'est pas adopté.
ARTICLE 27 BIS
M. Michel Le Scouarnec . - Cet article harmonise les délais de recours pour les installations de production d'énergie renouvelable (IPER).
L'exemple de Locminé, dans le Morbihan, illustre les difficultés auxquelles elles peuvent être confrontées. Un projet ambitieux devant alimenter 4 000 habitations par la production de 5 millions de m3 de biogaz, a dû être abandonné à cause de la lourdeur de la procédure, l'un des financeurs ayant jeté l'éponge. Or de telles initiatives locales sont nécessaires. Les freins administratifs sont trop nombreux, et les moyens humains de l'administration insuffisants.
Pour autant, il ne faut pas confondre simplification et précipitation. L'harmonisation des délais devrait aller de pair avec le renforcement de la participation du public aux décisions.
Mme la présidente. - Amendement n°23, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe CRC.
Supprimer cet article.
Mme Marie-France Beaufils. - Le présent article harmonise les différents délais de recours concernant les installations d'énergies renouvelables en les alignant sur le délai de recours de droit commun de deux mois, à compter de la publication de l'autorisation, quelle que soit la décision attaquée. L'article vise en outre à supprimer l'article L. 553-4 du code de l'environnement, les délais dérogatoires introduits par la loi Grenelle 2 pour les autorisations ICPE des éoliennes.
L'autorisation d'exploiter peut faire l'objet d'un recours pendant six mois à compter de la mise en service.
L'information des citoyens est essentielle, et de tels délais sont clairement insuffisants.
Mme la présidente. - Amendement identique n°193 rectifié bis, présenté par MM. de Nicolaÿ, Bignon, Cadic, Calvet et Charon, Mme Deseyne et MM. Détraigne, Gilles, Laménie, Legendre, Pierre, de Raincourt et Vogel.
M. Louis-Jean de Nicolaÿ. - Nous avons déjà discuté des délais pour les IPCE...
En Allemagne, les délais ne sont pas aussi courts. Le Grenelle avait trouvé un bon équilibre : préservons-le.
Mme la présidente. - Amendement identique n°647 rectifié, présenté par M. Jarlier, Mme Loisier, M. D. Dubois, Mme Gatel et MM. Roche, Guerriau et L. Hervé.
Mme Anne-Catherine Loisier. - Il est défendu.
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - En commission spéciale, je me suis prononcée pour une harmonisation des délais, en cohérence avec le principe d'une autorisation unique.
Nos débats ont mis en lumière la nécessité de simplifier et de lever les freins à la réalisation des projets, mais aussi de bien informer les citoyens. Sagesse.
M. Emmanuel Macron, ministre. - La réduction des délais de recours à deux mois est déjà prévue par la loi pour la transition énergétique et la croissance verte. Un groupe de travail a de plus été mis en place, qui s'y est montré favorable, les députés ont cependant voulu afficher dès ici la réduction du délai à deux mois. C'est cohérent avec l'amendement que vous venez de voter. Pourquoi revenir en arrière pour les IPER ? (M. Jean Desessard approuve)
M. François Patriat. - Je soutiens la position de M. le ministre, en parfaite cohérence avec ce que j'ai dit tout à l'heure. Avoir classé les éoliennes parmi les ICPE est une forfaiture : en quoi menacent-elles l'environnement, la santé ? À la suite de l'adoption d'un amendement de mon regretté ami Jean Germain au projet de loi de transition énergétique, j'ai vérifié, et aucun pays européen n'a fixé une distance minimale d'un kilomètre entre éoliennes et habitations. Partout, y compris en Allemagne, on est à 300 ou 500 mètres au maximum.
Enfin, lorsqu'une commune touche 10 %, 50 % va à l'intercommunalité.
M. Roland Courteau. - Exact.
M. François Patriat. - Je ne défends pas les intérêts de la région. L'argent d'une intercommunalité finance l'action sociale de 25 communes... Avec 2 milliards d'euros d'investissements, et 15 millions d'euros de retombées annuelles, pourquoi durcir les règles d'implantation d'éoliennes, alors que l'on veut faire la transition énergétique ?
M. Jean Desessard. - La cohérence veut qu'on ne laisse pas plus de temps pour les éoliennes que pour les autres installations.
Les amendements identiques nos23, 193 rectifié bis et 647 rectifié sont adoptés.
L'article 27 bis est supprimé.
ARTICLE 27 TER
Mme la présidente. - Amendement n°24, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe CRC.
Supprimer cet article.
M. Patrick Abate. - L'article 27 ter vise les recours contentieux sur les installations d'élevage. La volonté de se prémunir contre les recours abusifs pose un problème d'accès au juge et de débat démocratique. Cette question mérite d'être traitée autrement. C'est de la place de l'agriculture dans notre société, plus largement, qu'il s'agit.
Filière par filière, voyons comment améliorer les choses, sortir de la crise et du productivisme, éviter le saccage des territoires ruraux et préserver l'environnement.
Mme la présidente. - Amendement identique n°1515, présenté par le Gouvernement.
M. Emmanuel Macron, ministre. - Procédant inversement, j'arriverai à la même conclusion... La précipitation n'est pas une bonne méthode. Cet article ne doit pas limiter le droit au recours en créant un biais. Le groupe de travail sur le contentieux environnemental a jugé cette mesure inopportune. Je suis pour les droits réels, monsieur le sénateur. Je retire mon amendement au profit de l'amendement n°24.
L'amendement n°1515 est retiré.
Mme Dominique Estrosi Sassone, co-rapporteur. - Avis défavorable à l'amendement n°24.
Cet article procède de l'initiative de Jérôme Bignon. Il vise à mieux encadrer les recours abusifs, et à garantir l'effectivité des procédures de participation du public : c'est un dispositif vertueux, la commission spéciale y est favorable.
M. Alain Richard. - Permettre à certains et pas à d'autres de saisir le juge, en fonction du flair qu'ils auront eu ou non au cours de la procédure, est une tentation, malheureusement partagée par certains juristes...
Si par extraordinaire ce texte subsistait, la première question prioritaire de constitutionnalité serait promise au succès...
M. Jacques Genest. - Les recours intentés par des gens qui ne sont pas concernés, qui ne viennent jamais dans nos territoires, sont pénibles, agissons.
M. Alain Richard. - Ce n'est pas une affaire de kilomètres...
M. Dominique de Legge. - Loin de limiter le droit au recours, l'article conforte la concertation. Comment l'enquêteur peut-il rendre un avis si tous ceux qui ont vocation à s'exprimer ne le font pas au cours de la procédure ? La rédaction proposée crédibilise toutes les procédures en amont dans la plus parfaite transparence.
M. Jean Desessard. - Vous ne limitez pas les recours abusifs, madame le rapporteur, mais le nombre de personnes qui peuvent en former. Certains projets de fermes géantes dépassent les intérêts locaux ! Mille vaches, dix mille truies, il s'agit du mode de développement agricole que nous voulons, de notre alimentation, de notre rapport à l'animal ! (On s'amuse à droite) Il s'agit du projet de société que nous voulons, cela concerne l'ensemble de nos concitoyens.
M. Jean-Pierre Grand. - Le recours abusif est devenu une industrie en France. Des recours évidemment infondés mettent des projets en péril, compte tenu de l'engorgement des tribunaux, et font gagner des fortunes à des gens qui se livrent à du chantage. Si les recours étaient jugés rapidement, il n'y aurait plus aucun problème. Tournez-vous vers la garde des Sceaux, monsieur le ministre !
M. Jacques Mézard. - Je suis pour la réduction des délais de procédure et la lutte contre les recours abusifs, mais la solution proposée n'est pas juridiquement raisonnable : elle soulève même un problème constitutionnel, M. Richard l'a dit. Je comprends et partage le message mais si cette disposition est votée, elle ne prospérera pas.
M. Daniel Gremillet. - Je soutiendrai la position de la commission spéciale. On ne peut pas prendre en otage ceux qui prennent des initiatives ! Ceux qui n'ont rien dit au cours de l'enquête préalable n'ont rien à dire après.
Mme Samia Ghali. - Oui, les recours abusifs posent un vrai problème. Des avocats voyous en ont fait un métier, au détriment de l'économie et du développement des territoires et des quartiers.
M. Patrick Abate. - Certains projets engagent notre vision de la société, comme l'a dit M. Desessard et méritent autre chose qu'une telle restriction du droit au recours. D'ailleurs, cet article n'aura aucun effet contre les recours abusifs, il suffira que celui qui a l'intention d'en former un participe à la consultation... L'article est animé par une vision décidément très libérale. Il n'est ni raisonnable ni efficace.
À la demande du groupe CRC, l'amendement n°24 est mis aux voix par scrutin public.
Mme la présidente. - Voici le résultat du scrutin n°146 :
Nombre de votants | 340 |
Nombre de suffrages exprimés | 339 |
Pour l'adoption | 192 |
Contre | 147 |
Le Sénat a adopté ; l'article 27 ter est supprimé.
Mme Annie David. - Très bien.