Premiers États généraux de la démocratie locale et de la parité



Palais du Luxembourg, 7 mars 2005

Mme Valérie Létard, sénatrice du Nord

Je crois que, globalement, la législation sur la parité a été reconnue comme un mal nécessaire, comme l'ont dit certaines. En tout cas, nécessaire pour installer, pour engager la mixité dans la vie politique. Et chacun le reconnaît, c'était dommage d'en arriver là, et certaines auraient souhaité ne pas en passer par là. Mais, globalement et majoritairement, quand même, on sent qu'aujourd'hui, tout le monde est en capacité de reconnaître cela.

La parité est une discrimination positive, fondamentalement différente des autres, car les femmes représentent l'autre moitié de l'humanité, c'est ce que Mme de Panafieu a dit tout à l'heure. Cela a été dit aussi très fortement dans l'atelier. Simplement, ce qui a été dit, c'est que cette parité et son principe sont souvent battus en brèche là où se prennent les décisions, c'est-à-dire dans les exécutifs, et surtout dans les intercommunalités. Cela a été dit tout à l'heure, mais cela a été fortement dit aussi dans cet atelier.

Jean Dumonteil : En dehors de la parité imposée de façon volontariste, est-ce qu'il y a d'autres leviers, d'autres instruments à utiliser pour favoriser la femme dans la vie publique ?

Valérie Létard : Si effectivement la parité a été vraiment reconnue comme condition nécessaire, elle est aussi insuffisante, et cela a été dit dans chaque atelier. Cela a été dit très fortement, le statut de l'élu doit avancer, il faut l'engager plus fortement pour les femmes et pour les hommes. C'est vrai que les femmes ont une obligation supplémentaire à assumer, c'est celle de la gestion de la famille. Les femmes qui sont engagées dans leur mandat de maire, ou dans d'autres mandats, avec des jeunes enfants, ont besoin d'être aidées en plus de la formation, comme pour les hommes, en plus d'une indemnité conséquente, comme pour les hommes. Elles ont des contraintes matérielles supplémentaires qu'il faut prendre en considération, mais elles attendent, comme les hommes aussi, qu'un régime des absences professionnelles pour exercer des mandats soit bien pris en considération. En fait, tout homme ou toute femme élu(e) a besoin de cela pour s'engager.

La garde des enfants est un élément particulier. Si, pour certaines femmes, ce n'est pas un obstacle lorsque le ménage peut assumer les dépenses liées au mandat, pour les autres, leur travail est nécessaire pour assurer le budget familial. Alors la garde des enfants devient un problème. Il faut empiéter effectivement, ou sur le temps de travail, ou sur des dépenses supplémentaires pour se rendre disponible. Il faut bien dans le statut d'élu prendre aussi en considération cet aspect.

Une dame maire a signalé que, pendant 22 ans, elle avait pu être maire parce qu'elle avait reçu le soutien de son conjoint. Quand les conjoints peuvent accompagner cet engagement, c'est un plus aussi pour l'engagement des femmes.

Jean Dumonteil : Claire-Lise Campion, vous êtes sénatrice de l'Essonne et vous étiez rapporteure de la commission intitulée « La vision des femmes maires sur l'avenir de la cité. Y a-t-il des priorités ? » C'est une vision qui a émergé sur l'avenir de la cité et, quand on dit « l'avenir de la cité », ce n'est pas seulement la ville mais c'est la vie politique locale.

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