Appartenance politique :
Membre du Groupe de la Gauche Démocratique
État civil :
Né le 19 août 1910
Décédé le 6 mai 1995
Profession :
Agriculteur
Département :
Saône-et-Loire
Vème République

Ancien sénateur de la Ve République


Travaux parlementaires

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République


LECHENAULT (France)

Né le 19 août 1910 à Bouzeron (Saône-et-Loire)

Décédé le 6 mai 1995 à Bouzeron (Saône-et-Loire)

Sénateur de la Saône-et-Loire de 1977 à 1986

France Lechenault naît le 19 août 1910 à Bouzeron, un modeste village de Saône-et-Loire, proche de Beaune et de Châlon-sur-Saône, qui abrite essentiellement des viticulteurs et quelques ouvriers des tuileries ou employés du chemin de fer. Issu de plusieurs générations de vignerons, France Lechenault exploite à son tour le domaine familial mais la politique l'attire rapidement. Il est vrai que sa famille lui donne l'exemple puisque les Lechenault siègent au conseil municipal de Bouzeron depuis près d'un siècle. Son arrière-grand père, Louis Lechenault, maire du village sous la seconde République, victime du coup d'Etat du 2 décembre 1851 et de la loi de sûreté générale, fut exilé à Guernesey aux côtés de Victor Hugo. Son grand père, Vincent Lechenault, maire de 1882 à 1890, fit construire la mairie et l'école du village, avant d'engager d'importants travaux de voirie pour désenclaver le bourg. C'est donc en suivant une tradition familiale que France Lechenault, après s'être marié à l'institutrice du village, se présente aux municipales de 1935. Elu conseiller municipal puis maire, il voit son élection annulée par le conseil de préfecture interdépartemental et son pourvoi rejeté par le Conseil d'Etat sous le motif qu'il n'a pas encore 25 ans... Il prend sa revanche lors de nouvelles élections, l'année suivante, en devenant le 9 janvier 1936 le plus jeune maire de France. Très attaché aux principes républicains, il apprend son métier de maire en lisant consciencieusement le code des communes et se fait vite apprécier de ses administrés par son sens élevé de l'intérêt public. Même s'il appartient à la mouvance radicale, il se situe au-delà de tout sectarisme militant. Il conservera la mairie de Bouzeron pendant plus de 50 ans.

Pendant longtemps, France Lechenault se contente de ses mandats d'élu local : maire de Bouzeron et conseiller général (il siège à l'assemblée départementale de 1945 à 1988). C'est seulement à partir des débuts de la Ve République, qu'il envisage d'intégrer le Parlement. En 1959, il est le suppléant aux sénatoriales du candidat Jean Maupoil en Saône-et-Loire mais le tandem n'est pas élu. Celui qui se désigne comme un « mendésiste de progrès » gravit alors les échelons du parti radical en prenant la présidence de la fédération de la Saône-et-Loire. De 1962 à 1964, il siège au bureau national du parti. En 1968, il essuie un nouvel échec lors des sénatoriales où il s'était présenté sur la liste FGDS. Il lui manque seulement 17 voix pour entrer au Palais du Luxembourg. Les sénatoriales de septembre 1977 le voient enfin accéder à la Chambre haute. Lors d'une réunion à l'hôtel de ville de Mâcon au mois d'août, les responsables départementaux du parti socialiste et du parti radical investissent (en l'absence de représentants du parti communiste) trois candidats : le sénateur sortant Marcel Mathy, le maire de Mâcon Michel-Antoine Rognard et le vice-président du conseil général, le MRG France Lechenault (également conseiller régional). Ce dernier profite du retrait de la vie politique de Jules Pinsard, sénateur sortant et représentant pendant un quart de siècle de la Saône-et-Loire au Palais du Luxembourg. Poulain du conseiller général de La Chapelle-de-Guinchay et président de la Fédération des radicaux de gauche, France Lechenault bénéficie du soutien du sénateur durant sa campagne. Maire d'une commune rurale, il met également en avant son statut d'homme de la terre et sa bonne connaissance des dossiers agricoles. Avec les autres candidats de l'UGDS (socialistes et radicaux de gauche), il rappelle son rôle au Conseil général dans le développement socio-économique du département depuis la Libération (électrification rurale, aide à l'équipement hôtelier, construction de maisons des jeunes, de maisons de retraite et de maternités, amélioration des transports, plan agricole avec adductions d'eau et habitat rural). Avec 853 voix au second tour, il obtient le meilleur score des trois sénateurs élus devant le socialiste Marcel Mathy et Marcel Lucotte, sénateur sortant et membre du parti républicain.

Au Sénat, France Lechenault est membre de la formation des radicaux de gauche, rattachée administrativement au groupe de la Gauche démocrate (GD). Il rejoint la commission des affaires économiques en octobre 1977 et y reste durant toute la durée de son mandat. Agriculteur, maire d'un petit village rural et élu d'un département où le secteur primaire occupe encore un poids économique important, le sénateur s'intéresse tout particulièrement aux questions agricoles. Lors des débats portant chaque année sur le projet de loi de finances, et plus encore lors du débat sur les projets de loi d'orientation agricole, il insiste sur le rôle de l'agriculture, « pétrole vert » de la France et sur la nécessité de lutter contre la désertification des campagnes. De 1978 à 1980, il dénonce le manque d'efficacité du Gouvernement dans ce domaine et souhaite que l'Etat renforce l'action des SAFER (société d'aménagement foncier et d'établissement rural). Il s'inquiète également du projet d'installation de centrales nucléaires dans son département dans le cadre du VIIIe Plan. Après l'arrivée de François Mitterrand à l'Elysée en mai 1981, le sénateur radical défend la politique du ministre de l'agriculture Edith Cresson au sein d'une chambre haute majoritairement hostile à la gauche. Il est ainsi en pointe dans la promotion du projet de loi relatif à la création d'offices d'intervention dans le secteur agricole pour soutenir les prix et garantir les revenus. Il n'hésite pas à rappeler le précédent de l'ONIB mis en place par le Front populaire en 1936. De 1981 à 1984, il approuve toutes les mesures techniques prises par le Gouvernement pour favoriser l'installation de jeunes exploitants et soutenir la production via le système coopératif et le crédit public (dotation d'installation de jeunes exploitants, sociétés d'épargne foncière agricole, groupements fonciers agricoles). Sensibilisé depuis longtemps à la question du fermage, assez répandu dans son département, il est nommé en 1984 membre suppléant de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur le sujet. Il s'intéresse aussi aux prestations sociales agricoles et réclame un véritable statut socioprofessionnel pour les conjoints d'exploitants. Satisfait des performances à l'étranger du secteur agro-alimentaire français dans une période marquée par le déficit de la balance commerciale, il reste toutefois attentif aux secteurs agricoles en difficulté comme celui du lait, particulièrement en crise dans son département.

En mai 1984, France Lechenault fait partie de la quinzaine de sénateurs qui rejoignent la liste « ERE européenne » conduite par Olivier Stirn, François Doubin et Brice Lalonde dans la perspective des élections à l'Assemblée des communautés européennes. Après le scrutin, cette liste très hétérogène (puisque rassemblant des élus du centre-droit et du centre-gauche) et qui constituait en réalité une opération téléguidée de l'Elysée pour diviser l'opposition, se disloque rapidement. Le groupe sénatorial issu de la liste ERE (le Rassemblement démocratique) ne fonctionne que quelques mois avant que la plupart de ses participants ne rejoignent leur formation d'origine : la Gauche démocratique (parti radical) et dans une moindre mesure le groupe socialiste. France Lechenault réintègre le groupe radical avec d'autres sénateurs : François Abadie, Jean Béranger, Stéphane Bondu, Louis Brives, Emile Didier, Maurice Faure, François Giaccobi, André Jouany, Hubert Peyou, Michel Rigou et Jean Roger.

L'opération souligne les excellentes relations qu'entretiennent, depuis la IVe République, François Mitterrand et France Lechenault. Le 16 juillet 1986, à deux mois des sénatoriales, le Président de la République manifeste publiquement son attachement au sénateur. Il arrive en hélicoptère à Bouzeron pour y fêter le jubilé du maire. Entouré de tous les responsables et anciens du parti radical réconciliés pour l'occasion (Roger-Gérard Schwarzenberg, Michel Crépeau, François Doubin, François Gayet, Jean-Michel Baylet, Gaston Monnerville), du sénateur UDF et maire d'Autun Marcel Lucotte, du député socialiste et ancien ministre de l'Intérieur Pierre Joxe, des députés du département André Billardon et Jean-Pierre Worms, du sénateur Bernard Desbrières, de nombreux conseillers généraux et du corps préfectoral, le chef de l'Etat dresse l'éloge de France Lechenault. Il met en avant ses qualités humaines et son attachement aux idéaux républicains, sans oublier de recommander avec humour le vin produit par le maire... Ce geste ne suffit pas toutefois à assurer la réélection de l'intéressé. France Lechenault, victime d'un contexte politique favorable à la coalition UDF-RPR depuis les législatives du printemps, est battu lors des sénatoriales du 28 septembre 1986. Le socialiste Bernard Desbrière et lui-même laissent leur place au RPR André Jarrot et à l'apparenté UDF André Pourny.

Au Sénat, France Lechenault vote contre la loi Peyrefitte du 2 février 1981 renforçant la sécurité et protégeant la liberté des personnes. Il soutient la loi du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort. Il ne prend pas part au vote de la loi Defferre du 2 mars 1982 relative aux droits et libertés des communes, des départements et des régions. Il vote la loi du 13 juillet 1982 relative aux prestations de vieillesse, d'invalidité et de veuvage.

Après avoir quitté le Conseil général en 1988, France Lechenault ne conserve plus que son mandat de maire. Il se consacre désormais à l'exploitation de son domaine viticole qui produit un excellent Bouzeron (seule appellation village en Aligoté) mais aussi du Bourgogne rouge et blanc ainsi que du Crémant de Bourgogne.

Il meurt le 6 mai 1995, âgé de 84 ans. Il était Croix de guerre 1939-1945, commandeur du Mérite agricole et chevalier de la Légion d'honneur. L'héritage politique de la famille Lechenault est repris par la fille du sénateur, Claudette Brunet-Lechenault. Ancien maire de Bouzeron, elle est vice-présidente MRG du Conseil général de Saône-et-Loire.

Elu le 25 septembre 1977
Fin de mandat le 1er octobre 1986 (non réélu)

Membre de la commission des affaires économiques
Membre du Groupe de la Gauche Démocratique

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de France LECHENAULT

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