Appartenance politique :
Membre de la Réunion administrative des Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe
État civil :
Né le 14 avril 1918
Décédé le 22 octobre 1993
Profession :
Administrateur des Comores
Département :
Comores
Vème République

Ancien sénateur de la Ve République


Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République


JAFFAR EL AMJAD (Saïd Mohamed)

Né le 14 avril 1918 à Mutsamudu-Anjouan (Comores)

Décédé le 22 octobre 1993

Sénateur des Comores de 1973 à 1975

Saïd Mohamed Jaffar El Amjad voit le jour le 14 avril 1918 à Mutsamudu, la capitale et principale ville d'Anjouan, l'une des quatre îles des Comores, dans l'océan Indien. Fils d'un Grand-Mahorien et d'une Ajouanaise, il s'engage dans la vie publique du territoire d'outre-mer, émancipé en 1946 de la tutelle de Madagascar auquel il était rattaché depuis 1912. Membre du Rassemblement démocratique du peuple comorien, il devient président de la Chambre des députés des Comores. Le 16 juin 1972, il est élu président du Conseil de gouvernement des Comores, fonction qu'il abandonne dès le 22 décembre 1972 à Ahmed Abdallah Abderamane, peu après que les députés comoriens ont donné mandat au gouvernement d'étudier et de négocier l'accession de l'archipel à l'indépendance.

Il se présente ensuite à l'élection sénatoriale organisée le 8 avril 1973 à Moroni, capitale de la Grande Comore, pour pourvoir le siège laissé vacant par A. A. Abderamane, démissionnaire le 9 janvier 1973 après avoir représenté les Comores au Sénat durant quatorze ans. Candidat unique obtenant la totalité des suffrages exprimés, soit 61 voix, S. M. Jaffar El Amjad est élu sénateur du territoire des Comores.

Au Palais du Luxembourg, il siège au sein de la réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe. Membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, il en est aussi secrétaire.

Lors de scrutins publics, il approuve la loi Veil relative à l'interruption volontaire de grossesse en 1974 et la loi portant réforme du divorce en 1975. Il ne prend en revanche pas part au vote de la loi Royer d'orientation du commerce et de l'artisanat en 1973 ni à celui la loi fixant à dix-huit ans l'âge de la majorité en 1974.

Son activité parlementaire est presque entièrement tournée vers les Comores et le processus d'indépendance de ce territoire. Il prend à trois reprises la parole en séance publique à ce sujet en 1974 et 1975. Le 6 novembre 1974, au cours de la discussion du projet de loi organisant une consultation de la population des Comores, il déclare que « peuple, oppositions et pouvoirs locaux ont ensemble manifesté le désir le plus ardent d'accéder à l'indépendance1 ». Il estime que la campagne visant à convaincre les habitants de Mayotte, de demeurer français n'aboutira pas, l'ensemble des Comoriens constituant à ses yeux « une unité ethnique, religieuse, sociale et traditionnelle2 ». Par la suite, le 14 novembre 1974, lors de la deuxième lecture du texte, il explique son vote contre le projet de loi : en mettant en place une consultation des citoyens comoriens et non un référendum, ce texte doit donner, selon lui, un « résultat sans aucun effet juridique, le Parlement devant se prononcer à nouveau sur la suite qu'il jugera utile de donner3 ». Après la consultation du 23 novembre 1974, une autre consultation de la population des Comores est organisée le 22 décembre 1974 : 95 % des électeurs se prononcent en faveur de l'indépendance à l'exception de ceux de Mayotte qui souhaitent à 63 % à rester français, tandis que 99 %, de ceux de la Grande Comore, d'Anjouan et de Mohéli votent « oui » à l'indépendance.

S. M. Jaffar El Amjad s'exprime ensuite en séance publique au Sénat le 30 juin 1975, lors de la discussion du projet de loi relatif à l'indépendance du territoire des Comores. Il appelle ses collègues sénateurs à inscrire dans le texte « l'obligation juridique de régionaliser de façon réelle4 » le gouvernement comorien afin de garantir la spécificité de chaque île par un système de type fédéral. Il s'agit pour lui d'éteindre la crainte de Mayotte « d'être politiquement étouffée par l'une ou l'autre des îles » et de favoriser « la préservation de la paix interne dans l'archipel5 ». Il se fait alors le porte-parole des dirigeants politiques comoriens de l'opposition en estimant qu'« il est du devoir de la France de [les] aider à éviter la balkanisation de l'archipel des Comores, en [leur] faisant confiance pour régler le problème de l'île de Mayotte par des institutions qu'[ils] veul[ent]6 ».

Or, face au refus de la France d'abandonner Mayotte, le président du Conseil de gouvernement des Comores Abdallah Abderamane Ahmed proclame unilatéralement le 6 juillet 1975, l'indépendance des Comores avant d'être élu président de la République. Il est toutefois renversé par un coup d'État fomenté par l'opposition dès le 3 août 1975 et remplacé par S. M. Jaffar El Amjad. Devenu président du Conseil national exécutif de l'État comorien, ce dernier conduit la délégation des Comores au siège de l'Organisation des Nations unies lorsque celle-ci déclare l'admission du nouvel État en son sein, le 12 novembre 1975. Il demeure chef de l'Etat comorien jusqu'au 3 janvier 1976, date à laquelle il est remplacé par Ali Soilih.

Peu de temps auparavant il s'était démis de son mandat de sénateur français. Sa démission, annoncée lors de l'ouverture de la séance du 6 novembre 1975, se justifiait par l'incompatibilité de la fonction de chef de l'Etat comorien avec celle d'un mandat de sénateur français.

S. M. Jaffar El Amjad s'éteint le 22 octobre 1993 à l'âge de soixante-quinze ans. Il était Grand Cordon de l'Étoile royale de la Grande Comore et du Croissant vert des Comores mais également chevalier de l'Étoile d'Anjouan et de l'Ouissam alaouite.

1 : Journal Officiel, Comptes rendus des débats du Sénat, séance du 6 novembre 1974, p. 1599.

2 : Ibid.

3 : Journal Officiel, Comptes rendus des débats du Sénat, séance du 14 novembre 1974, p. 1730.

4 : Journal Officiel, Comptes rendus des débats du Sénat, séance du 30 juin 1975, p. 2347.

5 : Ibid.

6 : Ibid.

Sources

Archives du Sénat : dossier personnel de sénateur.

Who's Who in France (plusieurs éditions).

Bibliographie

Chagnoux (Hervé) et Haribou (Ali), Les Comores, Paris, PUF, « Que sais-je ? », 1990.

Djoumoi (Ali Mali), Les Comores. Un pays pour deux États, Paris, L'Harmattan, 2019.

Elu le 8 avril 1973
Fin de mandat le 6 novembre 1975 (démissionnaire)

Secrétaire de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées

Membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées
Membre de la Réunion administrative des Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaires
de Said Mohamed JAFFAR EL AMJAD

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