État civil :
Né le 25 août 1906
Décédé le 3 mars 2001

Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961

Sénat de la République francaise

Aucun groupe

Membre de la commission des traités, accords internationaux et Défense commune

Ve République  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

Ve République


MARCELLIN (Roger)

Né le 25 août 1906 à Aïn Bessem (Algérie)

Décédé le 3 mars 2001à Nice

Sénateur de Tizi-Ouzou de 1959 à 1962

Roger Marcellin voit le jour le 25 août 1906 à Aïn Bessem, en Algérie. Issu d'une famille établie en Kabylie depuis trois générations, il y reprend l'exploitation agricole familiale tout en devenant président de la cave coopérative agricole de Bouira.

Parallèlement à sa carrière professionnelle, il s'engage dans la vie politique. Membre de la commission administrative de la Grande Kabylie, il est élu conseiller général de la circonscription de Bouira, accédant à la vice-présidence du conseil général d'Algérie. Il est ensuite élu, en avril 1959, maire de Bertville, où il avait été victime d'un attentat terroriste le 30 janvier 1958.

R. Marcellin brigue également un siège de sénateur de Tizi-Ouzou aux élections du 31 mai 1959. La liste « Algérie province française dans l'égalité et la fraternité » qu'il dirige obtient 114 des 311 suffrages exprimés au premier tour, devançant notamment la liste d'« Union pour le renouveau d'une plus grande France » qui recueille 103 voix. Avant le second tour, il obtient la fusion de cette deuxième liste avec la sienne. Aussi sa liste, favorable au maintien de l'Algérie française, remporte-t-elle le scrutin sénatorial avec 173 des 195 voix, contre 122 pour la liste d'union kabyle.

Devenu sénateur de Tizi-Ouzou, R. Marcellin s'inscrit au groupe des Républicains et indépendants. Il est membre de la commission des affaires étrangères, de la défense et des formes armées.

Au Palais du Luxembourg, il n'a de cesse, de 1959 à 1962, de prendre position en faveur de l'Algérie française et de militer pour la répression du Front de libération nationale. Affirmant en juin 1959 se faire le porte-parole la population de Grande Kabylie, il déclare que celle-ci souhaite l'intégration à la France ainsi que « la disparition des assassins qui [l'] éloignent momentanément de la mère patrie1 ». Il loue également l'action des soldats français envoyés en Algérie : « Animée de la foi la plus pure dans la mission de pacification qui lui est confiée, notre armée, notre magnifique armée, se surpasse et donne le meilleur d'elle-même pour que l'Algérie demeure française2 », déclare-t-il le 26 juin 1959. Il appelle ensuite, en novembre 1959, le Gouvernement à prendre des mesures pour suspendre à nouveau en France le Mouvement national algérien présidé par Messali Hadj. Le 3 février 1960, à la suite de la semaine des barricades à Alger, il vote contre la loi autorisant le Gouvernement à prendre, en application de l'article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde de l'État, à la pacification et à l'administration de l'Algérie.

En novembre 1960, lors de la discussion du projet de loi de programme relative à certains équipements militaires, il déplore le choix fait par la France de se doter d'une force atomique au détriment de l'armée conventionnelle combattant en Algérie. R. Marcellin interpelle le Premier ministre Michel Debré dans ces termes : « Pensez d'abord au danger immédiat, pensez au drame et aux conséquences incalculables qu'entraînerait la perte de l'Algérie3. » À ses yeux, la perte des départements algériens serait « le prélude du chaos et de l'anarchie nationale qui ruineraient» la France.

Plus la perspective d'une indépendance de l'Algérie se rapproche, plus le sénateur de Tizi-Ouzou se montre critique à l'encontre du général de Gaulle et de son Premier ministre M. Debré. Il juge en effet que la politique algérienne suivie depuis 1958 « n'a été que duperie et confusion5 ». De même, dénonce-t-il en juillet 1961 l'attitude de M. Debré à l'égard des Français d'Algérie. Il prend alors la défense des généraux qui ont organisé le putsch d'avril 1961 : « Vos positions et vos déclarations versatiles, monsieur le Premier ministre, déclare-t-il, ont obligé ces hommes, ces chefs au passé prestigieux, à sortir de la légalité. Vous les condamnez et vous les emprisonnez alors que c'est vous, Gouvernement, et vous seul, qui portez la responsabilité de leur insubordination6. » Et d'appeler à tout faire encore pour maintenir l'Algérie française : « Je sais que le coeur des musulmans est encore français et que tout peut être sauvé. Oui, nous pouvons encore barrer la route aux égorgeurs du FLN animés par Moscou et Pékin7. »

Deux mois après l'entrée en vigueur des accords d'Évian, en mai 1962, R. Marcellin est entendu comme témoin au procès de Raoul Salan, jugé pour avoir pris part au putsch des généraux puis dirigé l'Organisation armée secrète (OAS). Après avoir présenté le tableau des Français d'Algérie plongés dans le désespoir depuis le cessez-le-feu et menacés par le FLN, le sénateur de Tizi-Ouzou affirme : « On veut nous faire partir, nous faire mourir sur cette terre d'Algérie sans même pouvoir nous défendre8 », avant de prendre la défense de l'accusé : « C'est pour éviter ce drame, c'est parce qu'il avait compris ce drame que le général Salan est ici9 ».

Son mandat de sénateur prend fin le 4 juillet 1962 en application de l'ordonnance de la veille consécutive à l'indépendance de l'Algérie.

R. Marcellin avait par ailleurs été sénateur de la Communauté du 8 juillet 1959 au 16 mars 1961.

Il s'éteint le 3 mars 2001 dans sa quatre-vingt-quinzième année. Il était chevalier de la Légion d'honneur et du Mérite agricole.

1 : Journal Officiel, Comptes rendus des débats du Sénat, séance du 26 juin 1959, p. 340.

2 : Ibid.

3 : Journal Officiel, Comptes rendus des débats du Sénat, séance du 10 novembre 1960, p. 1508.

4 : Ibid.

5 : Journal Officiel, Comptes rendus des débats du Sénat, séance du 29 novembre 1960, p. 2141.

6 : Journal Officiel, Comptes rendus des débats du Sénat, séance du 5 juillet 1961, p. 699.

7 : Ibid.

8 : Le Monde, 21 mai 1962.

9 : Ibid.

Sources

Archives du Sénat : dossier personnel de sénateur.

Who's Who in France (plusieurs éditions).

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