- État civil :
- Né le 29 juin 1911
Décédé le 4 septembre 1984
Ancien sénateur de la Communauté
Accéder à la notice de Alfred ISAUTIER sous la Ve République
Elu le 8 juillet 1959
Fin de mandat le 16 mars 1961
Sénat de la République francaise
Aucun groupe
Membre de la commission de l' enseignement supérieur et relations
culturelles
Conseiller de l'Union française
Ve République
ISAUTIER (Paul-Alfred)
Né le 29 juin 1911 à Saint-Pierre (Réunion)
Décédé le 4 septembre 1984 à Saint-Pierre (Réunion)
Sénateur de La Réunion de 1959 à 1974
Paul-Alfred Isautier naît le 29 juin 1911 dans le milieu assez fermé des grands propriétaires réunionnais de distilleries. Il est l'héritier d'une dynastie familiale originaire de Nice et installée sur place dans les années 1830. Profitant de l'effervescence sucrière régnant alors dans l'ancienne Isle Bourbon, les frères Isautier (Charles et Louis) montent la première distillerie réunionnaise d'envergure industrielle. A leur mort, l'épouse de Charles, la dynamique Antoinette, reprend l'entreprise et, sous la direction de cette femme d'affaires avisée, le rhum Isautier, commercialisé en bouteille de grès, s'impose vite sur le marché international. A partir de 1910, les destinées de la firme se concentrent autour d'Alfred Isautier, le petit-fils d'Antoinette. Il modernise l'entreprise sur les plans technique (invention de la colonne de distillerie), logistique (installation d'une distillerie à Madagascar) et commercial (nouvelles recettes de rhum, achat de caves aux Halles de Paris). Après des études au lycée Leconte-de-Lisle à Saint-Denis-de-La-Réunion puis à l'Ecole nationale supérieure des Industries agricoles et alimentaires (ENSIAA) de Douai, son fils, Paul-Alfred, devient à 21 ans ingénieur. Officier d'artillerie à l'issue de son service militaire, il regagne son île natale avant de remplacer son père, à partir de 1934, comme directeur des Etablissements Isautier de Saint-Pierre (fonction qu'il conserve jusqu'en 1956). La seconde guerre mondiale le voit servir pendant cinq ans en Métropole comme officier d'artillerie de réserve puis il retrouve La Réunion en 1945 avec le grade de capitaine.
Au sortir du conflit, il fait entrer l'entreprise familiale dans l'ère moderne du rhum de sucrerie fabriqué à partir de la mélasse. Surnommé en créole « Ti'Fred » (le « petit Alfred », par allusion à son père), Paul-Alfred devient directeur général en 1951 et amorce la diversification des Etablissements Isautier en leur adjoignant une soixantaine de petites entreprises annexes (bâtiment et travaux publics, huilerie, minoterie, menuiserie, etc..) qui profitent toutes de la sous-industrialisation de l'île. Ce grand notable réunionnais cumule les positions d'influence dans le milieu économique local. Vice-président de la Chambre d'agriculture de l'île de 1951 à 1961, il est également à la même période administrateur de plusieurs sociétés (Banque de la Réunion, Sucreries de Bourbon, Société mécanique générale), institutions (Caisse générale de Sécurité sociale) et syndicats professionnels (Syndicat des travaux publics et du bâtiment de La Réunion qu'il préside de 1951 à 1956). En dépit de toutes ces fonctions publiques, l'ancien président de la Fédération des ingénieurs des grandes écoles du ministère de l'Agriculture prend le temps de participer à des recherches agronomiques afin de favoriser le développement agricole de son île.
Proche du courant des Indépendants, il entre en politique au début des années 1950 sur le modèle familial (son grand-père, François Isautier, a été maire de Saint-Pierre de 1888 à 1900, et son père, Alfred Isautier, conseiller général et président de la Chambre d'agriculture locale). Il intègre le Conseil général comme représentant du 2e canton de Saint-Pierre en octobre 1951. Elu conseiller de l'Union française en novembre 1955 (jusqu'en 1958), il y remplace Georges Repiquet devenu sénateur. Les élections de mars 1959 le voient entrer au conseil municipal de Saint-Pierre comme adjoint au maire (Pierre-Raymond Hoarau). C'est assez logiquement que ce grand patron et figure de La Réunion affronte les élections sénatoriales du 26 avril 1959. Elu, il choisit de se consacrer presque exclusivement à ses fonctions politiques et cède la direction des Etablissements Isautier à son frère Charles. Au Sénat, Paul-Alfred Isautier rejoint le groupe des Républicains Indépendants (RI) et est nommé à la commission des affaires culturelles le 8 octobre 1959.
En dépit de son appartenance à la commission des affaires culturelles, qui l'amène en 1965 à présenter comme rapporteur un projet d'extension aux départements d'Outre-mer (DOM) du principe de protection des sites et monuments historiques, Paul-Alfred Isautier concentre comme attendu ses interventions autour de la défense des intérêts économiques de la France d'Outre-mer en général, et ceux de La Réunion en particulier. A l'occasion des discussions des projets de lois de finances ou des projets de loi de programme pour la France d'Outre-mer, il propose régulièrement des aménagements fiscaux pour dynamiser l'activité économique locale, suggère des solutions pour moderniser l'agriculture et relancer les investissements (notamment à partir du fonds européen).
Paul-Alfred Isautier est réélu sénateur de La Réunion le 26 septembre 1965. Il renforce son ancrage politique local en devenant maire de Saint-Pierre au second tour des municipales le 1er octobre 1967, et en retrouvant le Conseil général (de 1964 à 1970 puis de 1976 à 1984). Il reste à la commission des affaires culturelles du Sénat jusqu'en octobre 1968 avant de rejoindre, plus logiquement, celle des affaires économiques et du plan, correspondant davantage à ses compétences comme à ses intérêts. Il y reprend sa croisade en faveur des allègements fiscaux pour inciter les entreprises à s'installer l'Outre-mer, intervient sur la question de l'adaptation du salaire minimum de croissance, propose de nationaliser l'électricité à La Réunion et d'installer dans l'île une station de raffinage du pétrole afin de lutter contre la crise énergétique locale. Il voit dans l'industrialisation de La Réunion et la création volontariste d'emplois sur place les seuls moyens de freiner la migration vers la Métropole d'une partie importante de la jeunesse. Ces prises de position au Sénat rejoignent son action personnelle dans l'île. Pour lutter contre le chômage, il crée en effet la première zone industrielle locale qui génère plus d'un millier d'emplois. Une seconde zone industrielle étend l'industrialisation de la ville de Saint-Pierre sur une soixantaine d'hectares. Profitant du dynamisme engendré par la départementalisation, Paul-Alfred Isautier construit la première station d'épuration du sud de l'île, dote la région du plus moderne hôpital de l'Océan indien. Il décentralise l'administration communale en ouvrant des mairies annexes, lance la police municipale, finance des infrastructures sportives, installe un régiment à Pierrefonds, initie le projet d'une médiathèque, développe un réseau d'irrigation dans le sud, qui favorise l'agriculture et l'alimentation en eau domestique de Saint-Pierre, et relance les foires commerciales.
Au Sénat, Paul-Alfred Isautier ne prend pas part au vote de la loi du 4 février 1960 autorisant le Gouvernement à prendre, par application de l'article 38 de la Constitution, certaines mesures relatives au maintien de l'ordre, à la sauvegarde, à la pacification et à l'administration de l'Algérie. Il est excusé lors du vote de la loi du 13 juillet 1965 portant réforme des régimes matrimoniaux. Il approuve la loi Neuwirth du 28 décembre 1967 relative à la régulation des naissances, la loi du 5 juillet 1972 portant création et organisation des régions, la loi Royer d'orientation du commerce et de l'artisanat, et la loi du 5 juillet 1974 fixant à 18 ans l'âge de la majorité.
Paul-Alfred Isautier ne se représente pas aux sénatoriales du 22 septembre 1974. Il se replie sur la scène politique réunionnaise et plus précisément sur la mairie de Saint-Pierre qu'il administre jusqu'en mars 1983. Puis, Elie Hoarau lui succède. La victoire de ce communiste indépendantiste proche de Paul Vergès et qui a incarné dans les années 1970 le mouvement de libération culturelle réunionnais signifie un changement d'époque comme de mentalités. Paul-Alfred Isautier meurt l'année suivante.
Installé à Saint-Pierre, le groupe hospitalier Sud-Réunion porte son nom. L'ancien sénateur était officier de l'Ordre national du mérite et chevalier de la Légion d'honneur.
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