Appartenance politique :
Groupe du Rassemblement du Peuple Français
État civil :
Né le 23 janvier 1898
Décédé le 9 mai 1963
Profession :
Général de division aérienne
Département :
Seine

Elu le 7 novembre 1948
Fin de mandat le 11 août 1951 (Démission (élu(e) député))

1940-1958  (Extrait du Dictionnaire des parlementaires français)

1940-1958

CORNIGLION-MOLINIER (Edouard CORNIGLION dit)

Né le 23 janvier 1898 à Nice (Alpes-Maritimes)

Décédé le 9 mai 1963 à Paris (6e)

Sénateur de la Seine de 1948 à 1951 Député des Alpes-Maritimes de 1951 à 1958

Ministre d'Etat du 28 juin 1953 au 19 juin 1954

Ministre des Travaux publics, des transports et du tourisme du 23 février 1955 au 1er février 1956

Garde des Sceaux, ministre de la Justice du 13 juin au 6 novembre 1957

Ministre d'Etat chargé du Sahara du 14 mai au 1er juin 1958

Né le 23 janvier 1898 à Nice, Edouard Corniglion-Molinier, engagé volontaire à 16 ans, est le plus jeune pilote de chasse de la première guerre mondiale. Les nombreux combats qu'il livre lui valent d'être cité neuf fois et d'être décoré de la Médaille militaire, de la Légion d'Honneur et de nombreuses décorations étrangères.

La paix rétablie, le héros des ailes françaises reprend ses études, passe une licence ès lettres et un doctorat en droit (son père est notaire). Un temps journaliste à Paris Soir, il consacre en fait l'essentiel de son temps à ses deux passions : le cinéma et l'aviation. Pilote de raids, il sillonne le monde, soit seul, soit en compagnie d'aviateurs réputés comme Arnoux et Mollisson. Pilote d'essai, il vole sur de nombreux prototypes, et notamment sur le fameux avion « Makkhonine » à ailes rentrantes. Producteur de films, c'est grâce à lui que Marcel Camé et Jacques Prévert ont pu tourner Drôle de drame, et André Malraux L'Espoir. Il survole avec ce dernier l'Arabie pour adapter Courrier sud.

Lorsqu'éclate la guerre de 1939, il est de nouveau volontaire pour servir dans l'aviation de chasse, et ajoute à son palmarès victoires et citations. Refusant l'armistice de juin 1940, il fonde avec Emmanuel d'Astier de La Vigerie le mouvement Libération. Arrêté en décembre 1940 par les Allemands, il s'échappe, gagne Londres, s'engage dans la Royal Air Force avant de rejoindre les Forces aériennes françaises libres dès leur création. Nommé chef d'état-major, puis commandant des F.A.F.L. au Moyen-Orient (1941), il créé les groupes Lorraine et Alsace et participe avec eux aux campagnes de Libye et de Cyrénaïque. Commandant les Forces aériennes françaises de Grande-Bretagne (1942), puis de l'Atlantique (1944), il apporte un appui aérien des plus efficaces aux combats de la libération, notamment contre les « poches » allemandes de la côte atlantique. Ces éclatants services valent au colonel Corniglion-Molinier d'être fait Compagnon de la Libération, Commandeur de la Légion d'Honneur et général de brigade aérienne.

Après la défaite allemande, il met son expérience au service de la formation des jeunes : d'abord inspecteur des Ecoles, il est bientôt désigné comme commandant supérieur des Ecoles de l'Air et nommé général de division aérienne. Elevé à la dignité de Grand officier de la Légion d'Honneur, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne lui décernent respectivement le grade de Commandeur dans la Legion of Merit et la Distinguished service order.

Versé dans la deuxième section, le général Comiglion - Molinier fut pendant toute la durée de la IVe République administrateur de nombreuses sociétés industrielles ayant pour la plupart un rapport avec l'aviation, la presse et surtout le cinéma. Ainsi, il fut président d'Air Maroc, vice-président de la Société nouvelle des Etablissements Gaumont, co-directeur de Paris Presse de 1952 à 1956, mais aussi administrateur de Publicis, des Travaux cinématographiques, de la Compagnie continentale cinématographique, de la société d'Editions enfantines, de la Société marocaine de radio-télévision etc.

En 1947, le général adhère au R.P.F. et est élu un an plus tard conseiller de la République de la Seine. Les membres de la Troisième force, par 15 voix contre 8, lui préfèrent le radical Rotinat pour présider la Commission de la défense nationale dont il est membre pendant toute la durée de son mandat ainsi que de la Commission de la presse, de la radio et du cinéma. Il intervient à plusieurs reprises en qualité de rapporteur de la Commission de la Défense nationale, mais aussi comme président de la Commission de la presse, notamment dans la discussion du projet de loi sur les publications destinées à la jeunesse en 1949 et en 1951.

Après s'être fait élire en 1949 dans les Alpes-Maritimes, conseiller général du canton de Roquebillière, le général conduit, devant Marcel Dassault, la liste du R.P.F. aux élections législatives du 17 juin 1951. Avec 39 582 voix sur 213 874 suffrages exprimés, sa liste arrivée en troisième position derrière les listes Médecin et communiste, obtient deux élus grâce à l'apparentement qu'elle a conclu avec la liste Médecin.

Corniglion-Molinier est nommé membre des Commissions des affaires étrangères et des finances. A ce titre, il dépose plusieurs rapports au nom de la Commission des finances sur les projets de loi relatifs aux crédits affectés aux dépenses de fonctionnement des services civils des affaires étrangères pour les exercices 1952 et 1953.

Ses principales interventions en séance publique portent sur le cinéma et l'aviation. Ainsi, le 21 novembre 1951, le député des Alpes-Maritimes combat un amendement de Jean Lecanuet qui aboutirait, selon lui, à la suppression du festival de Cannes. Mais c'est surtout en février 1953, lors de la discussion du projet de loi relatif au fonds de développement de l'industrie cinématographique, que le général manifeste toute sa sollicitude pour le septième art. Il dépose huit amendements dont un grand nombre concerne la production mais aussi l'aide à la construction de matériel français qui permettrait d'améliorer la qualité technique des films qui pourraient être en relief, voire odorants. Il fait appel plusieurs fois dans la discussion à des exemples étrangers pour combattre certains articles du projet ou des amendements qui placeraient notre cinéma dans une situation moins favorable. Il reproche à nouveau au jeune député de Seine-inférieure d'avoir cherché à aider par un amendement les petits exploitants de salle au détriment des distributeurs de films. Au total, l'importance de la taxe imposée aux producteurs de films pour alimenter le fonds de développement justifie son abstention volontaire lors du vote de la loi par 415 voix contre 90.

Le général se soucie en outre de la capacité de la France à assurer sa sécurité aérienne. Le 10 juin 1952, lors de la discussion du projet de loi relatif au développement des crédits de défense nationale, il précise que s'il n'est pas davantage le représentant des généraux que les autres généraux - députés qui sont déjà intervenus dans le débat, il prie ses collègues d'accepter néanmoins que ses étoiles éclairent le débat. Entre 1945 et 1949, la France n'a pas construit en série un seul avion de combat car les projets étaient mal conçus et trop ambitieux. Depuis, des signes de redressement technique et industriel ont été enregistrés. Cependant, compte tenu de notre engagement en Indochine et de nos possibilités financières, l'effort demandé au pays doit s'accompagner d'un plan d'aide complémentaire venant pour l'essentiel, des Etats - Unis. Le 18 juin, jour hautement symbolique, il informe le ministre de la défense nationale et des forces armées, René Pleven, ancien de la France libre, de sa décision de voter les crédits militaires, bien qu'il ne faille donner à son vote aucun sens politique en faveur du gouvernement Pinay pour lequel il s'était abstenu lors du vote d'investiture le 6 mars 1952, contrairement à 27 députés R.P.F. qui avaient voté pour.

Avec la chute du gouvernement René Mayer le 21 mai 1953, la plus longue crise ministérielle de la IVe République commence. Le 28 juin 1953, la lassitude, mais aussi la participation gouvernementale de cinq parlementaires de l'U.R.A.S. contre la promesse de ne rien faire au sujet de la C.E.D., permet l'investiture de Joseph Laniel. Le général Corniglion-Molinier devient ministre d'Etat sans portefeuille et se place de ce fait hors du R.P.F. A cette occasion, il cède la présidence de la Compagnie chérifienne des transports, née de la fusion d'Air-Atlas et d'Air-Maroc, à son ami Chaban - Delmas qui la lui restitue quand il devient à son tour ministre dans le gouvernement Mendès-France. A ce sujet, du reste, le 17 novembre 1954, Comiglion-Molinier vient à l'aide du ministre des Travaux publics, des transports et du tourisme car la Commission des moyens de communication, par la bouche d'Achille Auban, lui fait part de sa désagréable impression d'avoir un ancien président de compagnie privée à la tête du ministère de tutelle d'Air-France. Le général fait remarquer qu'il est tout de même plus normal que ce soient des aviateurs qui s'occupent d'aviation (...). « On peut être instituteur et devenir ministre de l'Education » conclut-il.

Le général Corniglion-Molinier vote l'investiture de Pierre Mendès-France le 17 juin 1954, la question préalable du général Aumeran qui rejette la C.E.D. le 30 août 1954, à la suite de quoi il approuve l'admission de la R.F.A. dans l'O.T.A.N. « Je n'accepte pas sans trouble, déclare-t-il, à la tribune du Palais Bourbon le 27 décembre, le réarmement de l'Allemagne. Mais je ne pense pas, qu'en aucun état de cause, ce réarmement soit évitable. Je préfère qu'il se fasse dans le cadre de l'alliance atlantique plutôt qu'en dehors de ce cadre ». De la même manière, il votera dans la législature suivante en faveur des accords concernant la Sarre.

A l'issue du débat sur la politique de Pierre Mendès - France en Afrique du Nord, le général s'abstient volontairement lors du vote qui renverse le Gouvernement. Jacques Chaban-Delmas ayant décliné l'offre du président Edgar Faure de conserver ses fonctions dans la nouvelle équipe, Comiglion-Molinier le remplace à la tête du ministère des Travaux publics, des transports et du tourisme.

Après la dissolution de l'Assemblée nationale, le général se présente le 2 janvier 1956 dans les Alpes-Maritimes en deuxième position sur une liste de Rassemblement républicain et social présentée par le R.G.R., le Centre national des républicains sociaux et le parti radical conduite par Jean Médecin. Cette liste fauriste arrive en tête avec 97 442 voix sur 253 031 suffrages exprimés (38,5 %) devant la liste communiste. Elle obtient trois élus mais ne parvient pas à faire réélire Marcel Dassault.

Dans la nouvelle Assemblée, le ministre démissionnaire s'apparente au groupe du R.G.R. Il est nommé membre des Commissions de la presse, de la famille, de la population et de la santé publique. Il est, en outre, élu représentant de la France à l'Assemblée consultative du Conseil de l'Europe en 1956 et à l'Assemblée des communautés européennes en 1958.

En qualité de député, il intervient à nouveau à plusieurs reprises comme lors de la précédente législature, en faveur de la modernisation de l'aviation civile et militaire. Ainsi, le 30 novembre 1956, propose-t-il la création d'un centre d'entretien commun aux compagnies européennes et d'un centre de contrôle du trafic ; le 28 février 1958, lors de la discussion du projet de loi de finances, il souligne le succès de la loi-programme de 1950 dans le domaine civil et militaire et met en garde la représentation nationale contre le danger qu'il y aurait à diminuer les armes conventionnelles en l'absence d'armement nucléaire.

Lors de la discussion des interpellations sur la politique générale du gouvernement Mollet, il ne cache pas les réserves qu'elle lui inspire dans tous les domaines sauf dans celui de la politique algérienne. C'est la raison pour laquelle il annonce son intention de ne pas censurer le gouvernement car sa chute ne profiterait qu'aux fellaghas. Il en appelle néanmoins à une mobilisation nationale des forces spirituelles « qui permette de démontrer que notre génération saura faire la synthèse nécessaire de la France de 1789 et de la France de l'empire colonial ». C'est en ce sens qu'il vote le 19 juin 1956 pour la loi-cadre Defferre.

Le député des Alpes-Maritimes entre dans le gouvernement Bourgès-Maunoury le 13 juin 1957, en qualité de garde des Sceaux, ministre de la Justice, ce qui l'amène à intervenir principalement dans la discussion de l'important projet de loi portant institution d'un code de procédure pénale. Le 14 mai 1958, dans le gouvernement Pflimlin, le général de division aérienne prend en charge le Sahara en qualité de ministre d'Etat. Le 1er juin, l'ancien Français libre accorde sa confiance au général de Gaulle, donne le 2 juin les pleins pouvoirs à son gouvernement et accepte la réforme de l'article 90 de la Constitution.

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Ve République

CORNIGLION-MOLINIER (Edouard)

Né le 23 janvier 1898 à Nice (Alpes-Maritimes)

Décédé le 9 mai 1963 à Paris

Sénateur de la Seine de 1948 à 1951

Député des Alpes-Maritimes de 1951 à 1958

Ministre d'Etat du 28 juin 1953 au 19 juin 1954

Ministre des Travaux publics, des transports et du tourisme du 23 février 1955 au 1er février 1956

Garde des sceaux, ministre de la justice du 13 juin au 6 novembre 1957

Ministre d'Etat chargé du Sahara du 14 mai au 1er juin 1958

Conseiller de la République, puis sénateur de la Haute-Loire de 1946 à 1958

(Voir première partie de la biographie dans le dictionnaire des parlementaires français 1940-1958, tome III, p. 189-191)

Le 27 avril 1959, Edouard Corniglion-Molinier est élu sénateur de la Communauté par l'Assemblée législative de la République de Côte d'Ivoire. Il s'inscrit au groupe « Alliance pour l'unité de la Communauté et gauche démocratique » et siège à la commission du règlement et à celle des transports et télécommunications. Son mandat prend fin le 16 mars 1961.

Titulaire de la Médaille militaire, des Croix de guerre 1914-1918 et 1939-1945, grand officier de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, il meurt deux ans plus tard, à l'âge de 65 ans.

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Edouard CORNIGLION-MOLINIER

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