- État civil :
- Né le 3 septembre 1870
Décédé le 9 septembre 1960 - Profession :
- Avocat
- Département :
- Eure-et-Loir
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Ancien sénateur de la IIIe République
Elu le 14 janvier 1930
Fin de mandat le 9 janvier 1939 ( Non réélu )
1889-1940
VIOLLETTE (MAURICE, GABRIEL), né le 3 septembre 1870 à Janville (Eure-et-Loir).
Député d'Eure-et-Loir de 1902 à 1919 et de 1924 à 1930.
Sénateur d'Eure-et-Loir de 1930 à 1939.
Ministre du ravitaillement et des transports maritimes du 20 mars au 4 juillet 1917.
Ministre d'Etat du 4 juin 1936 au 21 juin 1937, et du 13 mars au 10 avril 1938.
Issu d'une famille beauceronne d'artisans et de laboureurs installée à Sancheville depuis le XVIIIe siècle, puis à Janville à la fin du XVIIIe siècle, Maurice Viollette est né le lendemain de la chute du second Empire à Sedan : « Dans mon petit village, je suis venu annoncer la République », aimait-il à rappeler.
Il fait ses études au lycée d'Orléans, puis en 1889, il vient à Paris à la Faculté de droit et obtient la licence.
Etudiant, il s'inscrit au groupe des « jeunesses républicaines » et adhère au parti socialiste broussiste. Il collabore aux journaux du parti, notamment à La petite République, et c'est avec une conférence sur Louis-Blanc qu'il fait réellement, en présence de Viviani, ses débuts dans la vie politique.
Il prête serment d'avocat en 1892 devant la Cour d'appel de Paris. Remarqué alors par Millerand, il devient son collaborateur, et c'est ainsi qu'il est appelé à préparer ou à plaider, soit avec son maître, soit seul, de très importants procès, notamment ceux de La petite République, de La Dépêche de Toulouse et de Jaurès contre Rességuier à propos de la grève de Carmaux. Pendant toute cette période, celui qui est devenu Me Viollette prend souvent la parole pour représenter divers journaux ou personnalités devant les tribunaux, les cours d'assises et d'appel ou les conseils de guerre.
Il poursuit parallèlement ses études de droit et soutient avec succès, en 1896, deux thèses de doctorat : l'une sur les offres réelles en droit français, l'autre sur la plus-value due au fermier sortant. Pendant plusieurs années, il a également l'occasion de collaborer à la rédaction du recueil Sirey, publication bien connue de tous les juristes.
Conseiller municipal de Janville en 1896 à la suite du décès de son père, maire de la commune, qui avait lui-même succédé à ce poste, en 1877, à son propre père, il devient conseiller municipal de Tours de 1898 à 1902.
Chef du secrétariat particulier de Millerand, devenu, le 22 juin 1899, ministre du Commerce, de l'Industrie et des Postes et Télégraphes, dans le cabinet Waldeck Rousseau, il démissionne de cette fonction en février 1902 pour pouvoir se présenter aux élections qui se préparent. Déjà, en 1898, il a présenté une candidature de principe aux élections législatives dans l'arrondissement de Chinon : ne recueillant que 3.898 voix sur 21.725 votants il s'est désisté en faveur du candidat radical, Leffet, député sortant. Mais le 11 mai 1902, Maurice Viollette devient député de Dreux : n'obtenant au premier tour que 5.544 voix contre 6.488 à Joseph Dubois, fils du député sortant qui s'était retiré, et 3.520 à Renard, il l'emporte au second tour, recueillant 8.507 suffrages contre 7.464 à son principal adversaire, sur 16.048 votants. Adepte convaincu de la laïcité, il ne manque pas, durant cette législature, de voter en 1905 en faveur du projet de loi de séparation des églises et de l'Etat. Son mandat législatif lui sera régulièrement renouvelé, à chaque fois au premier tour, le 6 mai 1906, par 9.895 voix sur 16.936 votants ; le 24 avril 1910, par 8.659 voix sur 16.148 votants, et le 24 avril 1914, par 8.801 voix sur 15.968 votants.
Simultanément, il devient conseiller général d'Eure-et-Loir en 1906, puis, en 1908, conseiller municipal et maire de Dreux. Il le restera quarante et un ans, consacrant une grande partie de son activité à cette petite ville dont la prospérité est son oeuvre. D'un pays figé dans la tradition agricole il saura faire peu à peu une cité modèle particulièrement vivante, où les réalisations de caractère social se seront multipliées.
A la Chambre des députés, où il s'inscrit au groupe républicain socialiste, il accomplit une oeuvre législative considérable. Membre de la commission des finances en 1911, il est chargé du rapport du budget des Colonies et dénonce vivement les abus inquiétants d'une certaine forme de colonisation. C'est alors qu'il expose, dans un ouvrage retentissant, toute l'affaire de la N'Goko Sangha.
Il appartient également à la commission de la réforme judiciaire et de législation civile. Aussi ne manque-t-il pas d'intervenir chaque fois qu'il est question de l'état des personnes : ainsi est-il à l'origine de la loi sur la recherche de la paternité (1912) et rapporteur des projets relatifs au salaire de la femme mariée et à la légitimation des enfants adultérins. Il collaborera plus particulièrement, en 1918, à la révision du régime des hypothèques.
En 1914, ses collègues le portent à la vice-présidence de la Chambre, fonction qu'il assumera pendant trois ans.
Mais c'est l'année de la guerre. Capitaine de chasseurs alpins à Bourg-Saint-Maurice, Maurice Viollette mène sa colonne aux attaques de Tracy-le-Val et de Tracy-le-Mont, ce qui lui vaudra la Croix de guerre.
Puis le gouvernement le rappelle à Paris. Au sein de la commission de l'armée il dénonce les insuffisances en matière d'équipement, notamment en artillerie, et surtout les vues trop sommaires d'un état-major qui ne conçoit la guerre qu'en faisant donner l'infanterie. Il fait à ce sujet d'importants discours aux comités secrets de la Chambre des députés.
En 1917, à l'heure où la France se trouve aux prises avec une situation intérieure difficile, Ribot, président du Conseil, lui confie la mission particulièrement ingrate de diriger le ministère du Ravitaillement et des Transports maritimes dans le 5e cabinet qu'il forme (20 mars au 4 juillet 1917).
Les élections législatives du 16 novembre 1919 ont lieu au scrutin de liste avec représentation proportionnelle. Ayant refusé d'adhérer au bloc national, Maurice Viollette est battu bien qu'ayant personnellement obtenu 18.286 voix sur 54.014 votants. Cet échec ne l'empêchera pas, en 1921, d'être élu président du Conseil général d'Eure-et-Loir.
A l'occasion des élections du 11 mai 1924, il reprend sa place à la Chambre des députes, entraînant toute sa liste d'union des gauches qui recueille 32.005 voix sur 62.347 votants. De nouveau membre de la commission des finances, il assume alors les fonctions de rapporteur général.
En 1925, il est nommé gouverneur général de l'Algérie. Il s'efforce de pratiquer à ce poste une politique de justice, de bonté et de compréhension à l'égard des Musulmans. Il préconise l'assimilation par l'attribution de la citoyenneté française aux éléments autochtones au fur et à mesure de leur accession à un certain degré d'évolution, refusant en revanche l'extension systématique du droit de vote à tous les indigènes dont certains pourraient se laisser entraîner par des agitateurs ou par l'administration. Ce projet de réforme (matérialisé par le projet de loi déposé par le gouvernement Blum le 30 décembre 1936 et connu sous le nom de « projet Blum-Viollette »), jugé à l'époque trop audacieux, déchaîne contre son auteur les tenants de la grande colonisation qui ne tardent pas à le contraindre à la démission. Cette période inspirera à Maurice Viollette un nouvel ouvrage : L'Algérie vivra-t-elle ?
De retour d'Algérie, il est réélu député le 29 mai 1928 : ayant obtenu au premier tour 6.233 voix contre 4.169 à Laroche, candidat de l'union des républicains démocrates, il bénéficie au second tour du désistement de Béranger, socialiste S.F.I.O., ce qui lui permet de recueillir 7.742 suffrages contre 4.624 à son adversaire sur 15.301 votants.
L'année suivante, Maurice Viollette est pressenti en vue de se présenter aux élections sénatoriales qui doivent avoir lieu le 20 octobre. Ce jour-là, il obtient 407 voix sur 714 votants, se classant au deuxième rang des candidats alors que trois sièges sont à pourvoir. Il devient de ce fait sénateur d'Eure-et-Loir.
Au Sénat, nombreuses sont ses interventions, lesquelles portent essentiellement sur les sujets qui lui sont devenus familiers tant ils lui tiennent à coeur : problèmes juridiques ou militaires, questions relatives à l'Algérie et, bien sûr, tout ce qui touche à l'agriculture, qu'il s'agisse des baux à ferme, du prix des céréales, de la défense des marchés agricoles ou du fonctionnement de l'office du blé. Maurice Violette appartient d'ailleurs tour à tour à la commission des finances, à la commission de législation civile et criminelle, à la commission de l'Algérie, dont il sera élu vice-président en 1936, à la commission de l'armée.
Il reprend alors contact avec le gouvernement puisqu'on le retrouve ministre d'Etat dans le premier cabinet Blum (4 juin 1936 au 21 juin 1937), dans le 3e cabinet Chautemps (22 juin 1937 au 18 janvier 1938) et dans le 3e cabinet Blum (13 mars au 10 avril 1938).
En cette même année 1938, son opposition à la politique de Munich le fait classer parmi les « bellicistes » et il est battu, avec toute sa liste, lors du renouvellement d'un tiers des sénateurs, le 23 octobre. Ayant obtenu au premier tour 274 voix sur 721 votants, se classant alors au sixième rang, il recueille au deuxième tour 305 voix, ce qui le place en quatrième position alors que deux sièges seulement restent à pourvoir. Provisoirement écarté du Parlement, Maurice Viollette, loin d'être découragé, en profite pour développer encore son activité sur le plan local.
Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)
Extrait de la table nominative
Résumé de
l'ensemble des travaux parlementaire
de Maurice VIOLLETTE
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