État civil :
Né le 17 octobre 1815
Décédé le 13 décembre 1892
Profession :
Journaliste
Département :
Inamovible
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 23 février 1880
Fin de mandat le 13 décembre 1892 ( Décédé )

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)
1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

avant 1889

LEMOINNE (JOHN-MARGUERITE-EMILE), membre du Sénat, né à Londres (Angleterre), de parents français, le 17 octobre 1815, termina en France des études commencées en Angleterre, et se rendit également familières la langue et la littérature de l'un et l'autre peuple. Chargé, en 1840, de la correspondance anglaise au journal des Débats, dont il est resté, depuis, le fidèle collaborateur, il y traita longtemps avec une compétence toute spéciale les questions de politique étrangère ; il consacra aussi aux écrivains d'outre-Manche une série d'articles qui furent très remarqués. En même temps, il donnait à la Revue des Deux Mondes d'importants travaux parmi lesquels il faut citer : De la monarchie des Afghans ; les Druses et les Maronites ; les Anglais et les Russes dans le Caboul (1842) ; Moeurs électorales de la Grande-Bretagn e; De la législation anglaise sur les céréales ; De l'éducation religieuse des classes manufacturières ; l'Eglise d'Irlande; l'Irlande et le Parlement anglais (1847), et des études biographiques sur Brummel, la Cour de Berlin, la Cour de Saint-Pétersbourg, Caroline de Brunsicick (1846), etc. M. John Lemoinne appartenait alors à l'opinion orléaniste. Devenu rédacteur en chef du Journal des Débats, il maintint d'abord cette feuille dans les voies de la monarchie constitutionnelle, oscilla, pendant les premiers temps de la présidence de Thiers, entre la politique du centre droit et celle du centre gauche, puis se prononça décidément (1873) pour la République conservatrice et se rangea parmi les adversaires du gouvernement « de combat ». Ses polémiques incisives, dont la finesse et la modération étaient très appréciées, aidèrent à l'établissement des institutions que l'Assemblée nationale sanctionna le 25 février 1875. La même année (13 mai), M. John Lemoinne fut élu membre de l'Académie française en remplacement de Jules Janin. Il prit séance le mars 1876, fut reçu par M. Cuvillier-Fleury et prononça un discours qui débutait ainsi : « Simple-journaliste, et succédant à un des princes et des maîtres du journalisme, je dois regarder l'honneur que vous me faites comme s'adressant à ma profession plus qu'aux humbles titres avec lesquels je me présente devant vous. Vous reconnaissez et vous admettez toutes les formes représentatives de l'intelligence ; vous rendez justice à la science, à l'éloquence comme aux lettres pures. Je me dis qu m'honorant de vos suffrages vous avez voulu donner le droit de cité a ce qu'on a appelé le quatrième pouvoir. Vous avez bien voulu voir en moi un des plus anciens et des plus fidèles soldats de la presse. Ce qui peut contribuer à me rassurer, c'est qu'en regardant autour de moi, je trouve ici des confrères, des protecteurs et des amis, dont beaucoup ont passé par cette voie rude et laborieuse, et ceux-là savent que le journalisme n'est pas une oeuvre d'indolence... » Plus loin il disait : « Le journal, c'est-à-dire la parole quotidienne, instantanée, est venu répondre aux exigences d'une civilisation nouvelle dont la vitesse a été décuplée, centuplée par les miracles de la science. La presse a suivi une marche parallèle à celle de la vapeur et de l'électricité. Il a fallu parler et écrire à grande vitesse, et faire la photographie de l'histoire courante. Je sais bien que l'homme ne peut pas grandir sa taille d'une coudée, mais il multiplie ses moyens d'action et d'expression. Il est possible que la maturité de la pensée et la correction de la langue perdent à cette production hâtive, mais combien d'idées mourraient sans cette incorporation soudaine et incessante!... » Le nouvel académicien resta à la tête du Journal des Débats, et, pendant la période du 16 mai 1877, il se signala par son zèle à combattre le cabinet de Broglie-Fourtou. Le 23 février 1880, après la mort de M. Léonce de Lavergne, sénateur inamovible, sa candidature, adoptée par les gauches du Sénat, l'emporta à la majorité de 142 voix (160 votants), contre 6 voix au général de Rivière, et 3 à M. Vacherot. La droite s'était abstenue. M. J. Lemoinne prit place au centre gauche et vota pour l'article 7. Nommé ministre plénipotentiaire à Bruxelles le 17 avril de la même année, il donna sa démission de ce poste dès le 1er mai suivant, et se consacra, dès lors, exclusivement à ses occupations du Sénat et de la presse. Comme publiciste, il a donné récemment au Matin des articles de politique extérieure. Comme sénateur, sans paraître à la tribune, il a voté le plus souvent avec la majorité de la Chambre haute, notamment : pour la réforme du personnel judiciaire, pour le divorce, pour les crédits de l'expédition du Tonkin, contre l'expulsion des princes, pour le ministère Ferry, pour la nouvelle loi militaire, et, en dernier lieu, pour le l'établissement du scrutin d'arrondissement (13 février 1889), pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse ; il s'est abstenu sur la procédure à suivre devant le Sénat contre le général Boulanger.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

1889-1940

LEMOINNE (JOHN, MARGUERITE, EMILE), né le 17 octobre 1815 à Londres (Grande-Bretagne), mort le 13 décembre 1892 à Paris (9e).

Sénateur inamovible de 1880 à 1892.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. IV, p. 92.)

Son grand âge l'empêche de prendre part, d'une façon active, aux travaux des commissions ; toutefois, il est assidu dans l'hémicycle.

Mais journaliste à la plume incisive et alerte, au premier rang de l'opinion libérale, cet homme dont le journalisme était la vie, affranchi des formules étroites, attaché aux principes essentiels de la liberté publique, suivait avec une attention consciencieuse et soutenue les mouvements de l'opinion, de manière à se tenir toujours en contact avec elle, sans toutefois se départir jamais de la poursuite de son idéal.

Il mourut le 13 décembre 1892 à Paris.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de John LEMOINNE

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