État civil :
Né le 6 novembre 1841
Décédé le 22 juin 1931
Profession :
Avocat
Département :
Lot-et-Garonne
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 8 juin 1890
Elu le 3 janvier 1897
Elu le 7 janvier 1906
Fin de mandat le 13 février 1906 ( Démissionnaire )


Ancien Président du Sénat

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)
1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

avant 1889

FALLIÈRES (CLÉMENT-ARMAND), député de 1876 à 1889 et ministre, né à Mezin (Lot-et-Garonne) le 6 novembre 1841, s'inscrivit, ses études de droit terminées, au barreau de Nérac, et fut maire de cette ville depuis le 4 septembre jusqu'à la chute du gouvernement de Thiers. Candidat républicain aux élections législatives du 20 février 1876, il fut élu député de Nérac, par 8,376 voix (14,927 votants et 17,945 inscrits), contre 6,442 voix à M. Caupenne, bonapartiste. Il siégea à gauche, vota contre l'amnistie plénière et pour la proposition Gatineau, et prit plusieurs fois la parole à la tribune. Membre de la majorité des 363, M. Fallières sollicita avec succès le renouvellement de son mandat, le 14 octobre 1877 ; il fut r éélu député par 8,961 voix (15,690 votants, 18,758 inscrits), contre 6,619 à M. C. Dollfus, ancien député au Corps législatif, candidat officiel. Il fit partie, comme précédemment, du groupe de la gauche républi caine, avec laquelle il vota pour le ministère Dufaure, pour le retour de l'Assemblée à Paris, pour l'élection de M. Grévy à la présidence de la République, pour l'article 7 de la loi sur l'enseignement supérieur. Le 17 mai 1880, nommé sous-secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur et des Cultes, il fut, à maintes reprises, en cette qualité, tant à la Chambre qu'au Sénat, l'interprète du gouvernement, notamment contre la proposition Talandier (1881) relative à la suppression du budget des cultes, et sur l'organisation administrative de l'Algérie, critiquée au Sénat par M. d'Hanssonville. Réélu député, le 21 août 1881, par 8,355 voix sur 9,788 votants et 18,698 inscrits, M. Fallières quitta ses fonctions administratives le 10 novembre, avec les autres membres du cabinet Ferry. Le 7 août 1882, il rentra au pouvoir, comme ministre de l'Intérieur, dans le cabinet Duclerc. Au mois de janvier 1883, il déposa, au nom du gouvernement, un projet « autorisant » le ministère à expulser par décret tout membre d'une famille royale « dont la présence serait de nature à compromettre la sûreté de l'Etat », à ne point les laisser entrer en France sous peine de un à cinq ans d'emprisonnement, et à mettre en disponibilité les princes officiers s'il le jugeait convenable. Le projet Fallières fut l'envoyé par la Chambre à la même commission que la proposition Floquet tendant à l'expulsion immédiate de tous les membres des familles ayant régné sur la France. M. Fallières soutint son projet devant la commission compétente, puis se rallia à un projet dit de conciliation, présenté par M. Joseph Fabre. Ce compromis n'eut pas l'approbation de M. Duclerc, président du conseil, d'ailleurs trop sérieusement malade pour pouvoir s'entre tenir d'aucune affaire ; M. Duclerc donna donc sa démission et fut remplacé, comme chef du cabinet, par M. Fallières, dont la nomination fut signée le 29 janvier au matin. Il s'agissait de liquider l'affaire des prétendants. Mais, exténué par les émotions et les soucis des derniers jours, le nouveau président du conseil dut, le lendemain, 30 janvier, s'arrêter au milieu du discours qu'il prononça à la Chambre pour soutenir le projet Fabre ; gravement malade à son tour et forcé de prendre du repos, il abandonna à M. Devès, garde des sceaux, le soin de poursuivre le discussion devant le Sénat. Le gouvernement soutint la nécessité d'une loi sur la matière, en disant que les princes n'avaient point su conserver en France l'attitude de citoyens, témoin le manifeste récent du prince Jérôme, témoin le fameux voyage à Frohsdorff en 1873. Finalement la Chambre, écartant le projet Floquet, adopta, le 1er février au soir (dans une séance de nuit), la proposition Fabre-Fallières, par 355 voix contre 142. M. Fallières conserva le portefeuille de l'Intérieur et la présidence du Conseil jusqu'au 20 février seulement ; il dut se retirer par suite du rejet par le Sénat de ce même projet de loi sur les prétendants. Il reprit alors sa place dans la gauche. Mais, lorsque M. Jules Ferry, ministre de l'Instruction publique abandonna ce portefeuille pour prendre celui des Affaires étrangères, M. Fallières fut appelé, le 20 novembre 1833, à lui succéder. Il présenta, le 14 décembre, un projet de loi concernant la construction et l'achèvement des bâtiments scolaires et la part contributive de l'Etat dans les dépenses nécessitées par ces constructions. Il eut à présider, en 1884, le conseil supérieur de l'instruction publique renouvelé. En j anvier 1885, il fit rejeter par la Chambre un article additionnel présenté au budget par M. Paul Bert, et tendant à la désaffectation immédiate des biens nationaux affectés à des services du culte en dehors des prescriptions du Concordat : le produit de l'opération aurait bénéficié à la caisse des écoles. M. Fallières se retira, avec tout le cabinet Ferry, le 31 mars 1885, et fut remplacé, le 6 avril, par M. Goblet, Le 8 avril, il fut candidat à la présidence de la Chambre ; au 3e tour, il échoua avec 175 voix contre 179 à M. Floquet. Porté, le 4 octobre 1885, sur la liste républicaine de Lot-et-Garonne, M. Fallières fut élu député de ce département, le 1er sur 5, par 42,766 voix (84,783 votants, 101,586 inscrits). Il eut encore dans la législature nouvelle un rôle marqué : après avoir vu son nom écarté du cabinet formé par M. de Freycinet après la chute du ministére Brisson, à cause de ses attaches trop étroites avec la fraction la plus modérée du parti opportuniste, il entra, le 30 mai 1887, comme ministre de l'intérieur, dans le cabinet Rouvier. Le 11 juillet, il eut à répondre à une interpellation de MM. Tony Révillon, C. Pelletan et Laguerre sur « les menées cléricales et monarchistes ». Il déclara que le gouvernement ne tolérerait jamais des manifestations illégales. M. Fallières déposa, en juillet, un projet, resté sans effet, et qui réduisait de 87 à 22 le nombre des conseils de préfecture : il concourut avec ses collègues à la préparation du budget de 1888, En août 1887, il fit annuler la délibération illégale du conseil municipal de Paris, invitant les 36,000 Communes de France à envoyer des délégués à Paris pour « dresser le bilan du siècle dont le terme approche, donner une forme aux aspirations comprimées par les réactions successives, etc. ». Chargé par M. Jules Grévy, le 1er décembre 1887, de l'intérim de la justice en remplacement de M. Mazeau, démissionnaire, il vit cette nomination confirmée par M. Carnot, lorsque ce dernier eut confié a M. Tirard la présidence du Conseil des ministres. (Au lendemain de l'avènement du nouveau président de la République, M. Fallières, ainsi que plusieurs autres personnages politiques, avait échoué dans la mission de former un cabinet.) Il garda le portefeuille de la Justice, dans le premier cabinet Tirard, jusqu'au 2 avril 1888, et reprit ensuite (23 février 1889), dans le second cabinet Tirard, le portefeuille de l'Instruction publique et des cultes. Dans la dernière session, M. Fallières a voté : pour le rétablissement du scrutin d'arrondissement (11 février 1889), pour l'ajournement indéfini de la revision de la constitution (chute du ministère Floquet), pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes pour le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse, pour les poursuites contre le général Boulanger.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

1889-1940

FALLIERES (CLÉMENT, Armand), né le 6 novembre 1841 à Mézin (Lot-et-Garonne), mort le 22 juin 1931 à Mézin.

Député du Lot-et-Garonne de 1876 à 1890.

Sénateur du Lot-et-Garonne de 1890 à 1906.

Sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur et aux Cultes du 17 mai 1880 au 14 novembre 1881.

Ministre de l'Intérieur et des Cultes du 13 septembre 1882 au 29 janvier 1883.

Président du Conseil et Ministre des Affaires étrangères par intérim du 29 janvier au 21 février 1883.

Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts du 20 novembre 1883 au 6 avril 1885.

Ministre de la Justice par intérim du 30 novembre au 12 décembre 1887.

Ministre de la Justice du 12 décembre 1887 au 3 avril 1888.

Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts du 22 février 1889 au 17 mars 1890.

Ministre de la Justice et des Cultes du 17 mars 1890 au 27 février 1892.

Président de la République de 1906 à 1913.

(Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. II, p. 595.)

Le 22 septembre 1889, Armand Fallières fut réélu député du Lot-et-Garonne dans l'arrondissement de Nérac, au premier tour de scrutin, obtenant 8.975 voix contre 6.501 à M. de Witt sur 15.828 votants. Le 17 mars 1890, le cabinet Tirard, où il était ministre de l'Instruction publique, fut renversé ; mais Armand Fallières resta ministre dans le gouvernement suivant présidé par Freycinet et où il prit le portefeuille de la Justice et des Cultes. On en était alors aux débuts, difficiles, de la politique du ralliement et Fallières fut mêlé à divers incidents qui opposèrent le gouvernement à la hiérarchie catholique. Il n'avait pas l'âme belliqueuse et s'efforça toujours de calmer les esprits.

Mais l'incident le plus important dans lequel Fallières joua un rôle fut l'affaire Gouthe-Soulard. Cependant, les controverses religieuses entraînèrent la démission du Cabinet Freycinet le 19 février 1892. Entre temps, Armand Fallières étant devenu sénateur : une élection partielle ayant eu lieu dans le Lot-et-Garonne le 8 juin 1890 pour remplacer M. Édouard Laporte décédé ; il fut élu au premier tour de scrutin par 457 voix contre 231 à M. Besse, sur 713 votants. Il devait être réélu le 3 janvier 1897, au premier tour également, obtenant 374 voix sur 688 votants, arrivant derrière M. Joseph Chaumié (426 voix) et devançant M. Léopold Faye (351 voix).

Au Sénat, Armand Fallières s'inscrivit d'abord à trois groupes : gauche républicaine, union républicaine, gauche démocratique. Quand cette pluralité ne fut plus admise, il choisit le groupe de la gauche démocratique, le plus « avancé des trois ».

De 1892 à 1899, Fallières, simple sénateur, fit preuve d'une grande discrétion dans l'assemblée où il était entré : il ne prit pas une seule fois la parole en séance publique. Le 1er mars 1899 il vota contre la « loi de dessaisissement » dans l'affaire Dreyfus. Le surlendemain, il était élu président du Sénat, au deuxième tour de scrutin, par 151 voix contre 84 à Constans, succédant ainsi à M. Emile Louhet, auquel il allait succéder aussi à l'Élysée sept ans plus tard. Il fut constamment réélu jusqu'en 1906. Comme président du Sénat, son activité publique fut évidemment limitée : éloges funèbres et allocutions de circonstance. Il eut cependant à présider la Haute Cour de justice qui jugea, en 1899, Déroulède, Buffet, Ramel et Godefroy pour l'affaire de la caserne de Reuilly.

Le septennat d'Emile Loubet terminé, le 18 janvier 1906, à Versailles, Fallières fut élu au premier tour de scrutin par 449 voix contre 371 à Doumer, président de la Chambre. Clemenceau et la plus grande partie des radicaux avaient préféré cet homme modéré au radical Doumer auquel ils reprochaient d'avoir abandonné Combes et le Bloc en 1904, et aussi d'avoir renoncé au projet d'impôt sur le revenu qu'il avait proposé en 1895.

L'élection d'Armand Fallières, personnalité fort rassurante, fut accueillie avec un grand calme par l'opinion.

Le 19 octobre 1906, Clemenceau devenu le véritable chef de la majorité depuis les élections, était tout désigné pour succéder à Sarrien démissionnaire pour raison de santé : Fallières fit appel à lui et il devint pour la première fois, à 65 ans, président du Conseil.

En 1908, Armand Fallières se rendit en visite officielle à Londres, à Copenhague, à Stockholm et à Christiania. Il rencontre à Reval le tsar Nicolas II. Dans les Balkans, ce fut la révolution turque, l'annexion par l'Autriche de la Bosnie-Herzégovine, l'indépendance de la Bulgarie. Au Parlement, les problèmes militaires firent l'objet de vives discussions. Le ministère, usé par près de trois ans de pouvoir et victime de l'impulsivité de son chef, fut renversé le 20 juillet 1909.

Après Clemenceau il fallait un homme plus souple. Fallières, sentant ce changement de climat, appela Aristide Briand, dont le ministère allait sonner définitivement le glas du « combisme ».

Après les élections de 1910, moins à gauche que les précédentes, Briand resta au pouvoir mais, à la suite d'un débat très animé sur la grève des chemins de fer, il démissionna le 2 novembre ; Fallières le chargea aussitôt de constituer un nouveau cabinet qui ne dura guère : sentant sa position s'affaiblir, Briand démissionna de nouveau le 27 février 1911.

Fallières appela Monis, sénateur de la Gironde et ancien ministre de Waldeck-Rousseau, dont le gouvernement fut renversé le 23 juin 1911 et, cette fois, il appela Caillaux. Le 1er juillet, c'était le coup d'Agadir. Les négociations franco-allemandes qui suivirent aboutirent à la signature d'un traité que la Chambre ratifia ; mais, devant la commission sénatoriale chargée d'examiner le texte, Clemenceau fit reconnaître par le ministre des Affaires étrangères, de Selves, l'existence de conventions secrètes menées par Caillaux. De Selves démissionna et Caillaux dut en faire autant le 11 janvier 1912.

Sur le conseil de Clemenceau qui, pourtant, ne l'aimait pas, Fallières eut recours à Poincaré, dont le Cabinet fut accueilli avec beaucoup de faveur. Il fit ratifier le traité franco-allemand par le Sénat, adopter par la Chambre la réforme électorale qui avait fait l'objet de vives discussions sous le ministère Briand et nomma le premier résident général au Maroc, où l'Allemagne avait laissé à la France la possibilité d'établir effectivement son protectorat en échange de cessions territoriales au Congo.

A la fin de 1912, alors que le septennat de Fallières allait se terminer, la situation s'aggrava dans les Balkans. La politique étrangère de Poincaré était populaire et c'est lui qui, en dépit du peu d'enthousiasme d'une partie de la gauche qui lui préférait Pams, allait être élu, le 17 janvier 1913, Président de la République. La simplicité de Fallières l'avait rendu populaire et si l'on plaisantait volontiers sur son compte, on lui vouait une sympathie familière. C'était un homme intelligent et cultivé, grand lecteur de Montaigne notamment, plein de sagesse. C'était un modéré de nature. Comme son tempérament ne le poussait pas plus à l'action spectaculaire que l'idée qu'il se faisait de ses fonctions, Fallières pouvait donc paraître un président assez effacé. En fait, tous ceux qui l'ont approché ont été frappés par sa connaissance étendue des affaires, par la sûreté de son jugement et par son autorité.

Son septennat est loin d'être une époque paisible : luttes religieuses, grèves à l'intérieur, rivalité franco-allemande au Maroc, troubles dans les Balkans à l'extérieur. La « belle époque », l'époque 1900 venait de se terminer ; l'époque Fallières marque un tournant : on a pu dire que c'est juste avant l'élection de Fallières que l'avant-guerre a commencé, avec le « coup de Tanger » en 1905.

En entrant à l'Élysée, il avait dit qu'à la fin de son septennat « il descendrait sans bruit, modestement du pouvoir ». C'est ce qu'il fit, passant désormais la plus grande partie de son temps à Mézin, dans sa chère maison de Loupillon qui fut transformée en hôpital pendant la guerre. C'est là qu'il mourut, nonagénaire, le 22 juin 1931.

Iconographie

Saigne (Guy), Léon Bonnat : le portraitiste de la IIIe République : catalogue raisonné des portraits, mare & martin, 2017, p. 358

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Armand FALLIERES

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