- État civil :
- Né le 24 mai 1859
Décédé le 7 mai 1933 - Profession :
- Médecin
- Département :
- Oise
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Ancien sénateur de la IIIe République
Elu le 11 janvier 1920
Elu le 6 janvier 1924
Fin de mandat le 9 janvier 1933 ( Ne se représente pas )
1889-1940
DELPIERRE (CASIMIR, Victor), né le 24 mai 1859 à Béthune (Pas-de-Calais), mort le 7 mai 1933 à Ansauvilliers (Oise).
Député de l'Oise de 1906 à 1920. Sénateur de l'Oise de 1920 à 1933.
Victor Delpierre, né à Béthune, dans le Pas-de-Calais, le 24 mai 1859, choisit, quand il fut reçu docteur en médecine, de s'installer dans l'Oise, à Ansauvilliers, dont il fut maire depuis 1894 jusqu'à sa mort. Peu après, Breteuil l'envoya siéger au conseil général, lequel le fit président de la délégation cantonale.
C'est en 1906, à 47 ans, que-ce médecin, qui a épousé en 1885 Mlle Descateaux, du Pas-de-Calais comme lui, décide d'entreprendre une carrière parlementaire : elle ne durera pas moins de vingt-sept ans, sans la plus petite interruption.
Les 6 et 20 mai 1906, aux élections générales législatives, il s'agit de battre, dans l'arrondissement de Clermont, le député sortant, Duquesnel, qui peut compter sur les voix conservatrices. Contre cet adversaire, Delpierre se réclame d'un programme des plus achevés et qui se complait tout à fait au détail. Ont sa faveur, y peut-on lire, une armée forte, la propriété individuelle, la réforme électorale (il veut le scrutin de liste et la représentation proportionnelle), l'arbitrage international, l'école laïque, la diminution des frais de justice, l'institution de prud'hommes agricoles, les économies, la. retraite des cheminots, le jury ouvrier, de meilleures retraites pour les ouvriers, la réforme fiscale, la réforme de l'administration, etc. En revanche, il juge qu'il y a trop de députés, de sénateurs, de fonctionnaires, et se prononce sans ambages contre les périodes territoriales, contre l'affichage des discours, contre les sinécures, contre les gros traitements, contre les bouilleurs de cru et contre les impôts sur le sucre.
Il faut deux tours de scrutin, mais au second, c'est un triomphe pour Delpierre : 12.475 électeurs lui donnent leur confiance, Duquesnel ne gardant la faveur que de 4.167 sur 18.566 votants.
Dès son arrivée à la Chambre, Delpierre déborde d'activités diverses. Il s'est inscrit au groupe de la gauche radicale. Il est membre de la Commission des économies, membre de la Commission d'enquête de la marine, membre de la Commission extra-parlementaire de la réforme du statut de la Légion d'honneur, rapporteur de la Commission d'enquête sur l'utilisation de l'alcool indus triel. Ce dernier point tient évidemment à coeur au représentant d'un départe ment comme l'Oise et il ne faut point s'étonner de le trouver aussi secrétaire du groupe interparlementaire du sucre et de l'alcool ; mais il s'intéresse aussi à mille sujets. La première proposition de loi qu'il dépose, vers 1907, tend à détruire les corbeaux et les pies : il y reviendra incessamment. Par vingt autres propositions il demande, tout en désordre, le secret du vote, la création d'une prud'homie fiscale, le renvoi anticipé de la classe 1903, une solution à la crise viticole, un droit de douane particulier pour le manioc exotique. En 1909, il vote contre l'institution d'un impôt sur le revenu, pour le Ministère Clemenceau, pour la représentation proportionnelle, mais, s'agissant de supprimer les conseils de guerre, il s'abstient. En 1910, il s'oppose au repos hebdomadaire ainsi qu'à la surveillance des liquidateurs ; en revanche, il proclame l'urgence de lois scolaires, vote pour l'assurance mutuelle agricole et accorde à Briand la confiance que celui-ci réclamait du Parlement.
Peu après, il est élu secrétaire du Comité exécutif du Parti radical et radical-socialiste.
Aux élections générales législatives des 24 avril et 8 mai 1910, l'adversaire, Aubey, est un nouveau venu, mais dont Delpierre triomphe moins facilement que du chevronné Duquesnel, quatre ans plus tôt : au second tour de scrutin : 11.016 voix contre 7.798, sur 19.525 votants.
Au cours de cette législature, Victor Delpierre sera chaque année des trois mêmes Commissions : du travail, des octrois, de l'agriculture. Outre qu'il prend une part de plus en plus active à la discussion de chaque budget, et dépose plusieurs propositions de loi, dont les deux principales tendent, une à détruire les corbeaux et les pies (la même que la précédente qu'il n est pas venu à bout de faire voter) et l'autre à unifier les appellations des officiers de tous les corps et services des troupes métropolitaines et coloniales. Il est aussi le rapporteur de divers projets de loi autorisant la prorogation de surtaxes d'octroi sur l'alcool.
Ainsi arrive-t-on au renouvellement des 26 avril et 10 mai 1914. De nouveau, Victor Delpierre doit attendre le second tour de scrutin pour l'emporter sur son adversaire qui a, cette fois, deux visages: de Broglie (5.709 voix), Dumoulin (5.584 voix) ; mais lui, Delpierre, en recueille 8.124 sur 19.651 votants.
A son habitude, il se fait élire membre et de la Commission des douanes et de la Commission de l'agriculture ; en outre, celle de l'hygiène l'accueille et, plus tard, dans les derniers mois de la législature, en 1919, la Commission des régions libérées. Il dépose derechef sa proposition de loi sur les appellations des officiers, qui n'a pas eu un meilleur succès que sa réclamation contre les corbeaux et les pies.
A la discussion des projets et propositions de loi concernant le monopole de l'alcool, il accorde la très riche contribution de l'expérience qu'il a acquise en ce domaine. Enfin, il est l'auteur d'une proposition d'assez d'importance, qui regarde la libération des hommes de l'armée active versés dans le service auxiliaire pour blessures de guerre.
Toutefois, Victor Delpierre ne donne plus à la Chambre autant de son temps : c'est la guerre, il en veut sa part. Médecin-major de première classe, il fait son devoir avec un mépris absolu du danger. Un jour qu'il se rend à l'hôpital, un obus explose près de lui. Il est blessé. On veut l'entraîner. Non : ce n'est pas une plaie si légère, dit-il, qui l'empêchera d'assurer son service. Aussi, est-ce des mains mêmes de Clemenceau qu'il reçoit la Croix de guerre, le 24 mars 1918.
Le 16 novembre 1919 est, pour Victor Delpierre, le jour d'obtenir son quatrième mandat de député, mais, c'en est fini, on le sait, du scrutin uninominal, l'électeur se prononce sur des listes. Celle de Delpierre, dite d' « Union républicaine nationale », avec 34.502 voix, a deux élus sur 80.241 votants : Victor Delpierre est un de ces deux, mais il ne sera pas longtemps de la Chambre « bleu horizon ».
De fait, moins de trois mois plus tard, le 11 janvier 1920, on le voit sénateur de l'Oise, élu au troisième tour de scrutin, par 551 voix sur 1.110 inscrits.
A la Haute Assemblée, où il fait partie, suivant les années, de nombreuses Commissions - armée, hygiène, pétitions, congés, associations des mutilés, assistance et prévoyance sociales, comptes définitifs des colonies, aliénés, enseignement, dépenses administratives du Sénat, etc. - il s'illustre par le dépôt d'assez nombreuses propositions de loi et d'encore plus nombreuses questions écrites. En 1920, il demande, comme il l'avait déjà fait à la Chambre, qu'on interdise la distillation des boissons hygiéniques. En 1921, la Commission de l'armée le charge de faire connaître son avis sur la proposition de loi tendant à assurer l'emploi obligatoire des mutilés de guerre et il prend également une part importante à la discussion du projet de loi relatif au nouveau régime des chemins de fer. En 1923, il s'intéresse tout spécialement d'une part au projet de loi sur le recrutement de l'armée, d'autre part à la proposition de loi tendant à assurer le repos hebdomadaire aux clercs des études dans les offices ministériels.
Quand il a retrouvé, sans peine, son siège au renouvellement du 6 janvier 1924, au premier tour de scrutin, par 559 voix sur 1.106 votants, il fait entendre sa voix dans la discussion du projet de loi relatif à l'amnistie, puis, en 1926, il interpelle le Gouvernement sur sa politique en Syrie. Bien entendu, chaque année, il parle longuement sur le budget, s'attachant à dénoncer les gaspillages, voulant toujours de nouvelles économies, et il s'intéresse de fort près au projet de loi attribuant un contingent de Croix de la Légion d'honneur aux volontaires de la guerre de 1914-.1918.
Une des dernières interventions de Victor Delpierre à la Haute Assemblée a pour occasion la discussion de la proposition de loi tendant à commémorer la création de l'enseignement gratuit, laïque et obligatoire. « Je suis un partisan convaincu, dit-il, de la laïcité, de l'obligation et de la gratuité de l'école publique ouverte à tous les enfants... Mais je me demande, mes chers collègues, s'il n'y a pas d'autres moyens, pour célébrer la, mémoire de Jules Ferry, que d'avoir recours aux ressources du budget (Mouvements divers). Evidemment, deux millions ce n'est pas grand chose, mais c'est l'engrenage. Dans cette période de crise économique, il serait peut-être préférable de verser ces deux millions au Fonds de chômage, où ils serviraient à soulager efficacement bien des misères dans ce monde du travail si fortement éprouvé. On pourrait accorder un ou deux jours de congé à toutes nos écoles, ce qui laisserait, j'en suis sûr, un meilleur souvenir aux élèves et à leurs maîtres. »
Au renouvellement du 10 janvier 1933, c'est le premier échec : Victor Delpierre est battu. Quelques semaines, puis il meurt, le 7 mai de cette même année, à Ansauvilliers (Oise), à l'âge de 74 ans.
Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)
Extrait de la table nominative
Résumé de
l'ensemble des travaux parlementaire
de Casimir DELPIERRE
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