État civil :
Né le 29 mai 1851
Décédé le 29 septembre 1925
Profession :
Préfet
Département :
Marne
IIIème République

Ancien sénateur de la IIIe République

Elu le 20 août 1905
Elu le 7 janvier 1906
Elu le 11 janvier 1920
Elu le 6 janvier 1924
Fin de mandat le 29 septembre 1925 ( Décédé )


Ancien Président du Sénat

avant 1889  (Extrait du «Robert et Cougny»)
1889-1940  (Extrait du «Jean Jolly»)

avant 1889

BOURGEOIS (LÉON VICTOR AUGUSTE), député de 1888 à 1889, né à Paris, le 29 mai 1851, fut, après de bonnes études, reçu docteur en droit, et entra presque aussitôt dans l'administration. Nommé le 26 décembre 1877, secrétaire-général de la préfecture de la Marne, il passa sous-préfet de Reims, le 17 novembre 1880, préfet du Tarn le 8 novembre 1882, et secrétaire général de la préfecture de la Seine, le 19 octobre 1883. Dans ce dernier poste (1883-1884), il entretint de bonnes relations avec le conseil municipal de Paris. M. Bourgeois devint ensuite préfet de la Haute-Garonne, directeur du personnel et directeur des affaires départementales et communales au ministère de l'Intérieur. Il était un des plus jeunes fonctionnaires de ce ministère, lorsqu'il fut appelé, en novembre 1887, à remplir les fonctions du préfet de police. Il remplaçait M. Gragnon, révoqué pour son intervention dans l'affaire Caffarel-Limousin-Wilson, et pour la disparition et la substitution de certaines pièces du dossier, manoeuvres dont l'enquête parlementaire qui autorisait les poursuites contre M. Wilson, l'avait reconnu responsable. M. Léon Bourgeois fit au conseil municipal de Paris (séance du 21 novembre 1887), des déclarations conciliantes : « Deux pensées, dit-il, dicteront chacun de mes actes : le dévouement absolu à la République et l'amour de notre cher et grand Paris. Quant à mes devoirs envers le conseil municipal, ils m'apparaissent nettement, et je les remplirai avec une entière loyauté... Nous sommes divisés sur une question de principe ; c'est une nécessité de notre situation réciproque... »

M. Hovelacque, alors président du conseil, lui répondit par des paroles sympathiques, tout en affirmant une fois de plus au nom de l'assemblée communale, la volonté d'ou finir avec l'institution même de la préfecture de police, « cette institution consulaire qui est la honte de la République. »

Mais M. Léon Bourgeois ne resta pas longtemps préfet de police ; il donna sa démission après avoir été élu, le 26 février 1888, par 48,018 voix, 72,342 votants et 118,868 inscrits, député de la Marne. (Le général Boulanger avait obtenu 16,240 suffrages). M. Bourgeois siégea à la gauche radicale, et devint, en mai 1888, quelques semaines après la formation du ministère Floquet, sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur. Ces fonctions avaient été supprimées au mois de décembre 1886, sur la demande des radicaux; il fallut donc, pour les rétablir, soumettre aux Chambres un crédit spécial, que l'extrême gauche, cette fois, ne refusa pas. M. Bourgeois suivit la fortune du cabinet Floquet, et quitta le pouvoir avec lui le 14 février 1889; dans l'intervalle, il avait pris plusieurs fois la parole au nom du gouvernement, tant à la Chambre qu'au Sénat, notamment, au Luxembourg, dans la discussion d'un projet de loi étendant aux travaux des villes le bénéfice de la loi du 21 juin 1865 sur les associations syndicales et permettant à l'initiative privée de se substituer sous forme d'associations aux pouvoirs publics pour exécuter dans les villes, comme elle le fait déjà dans les campagnes, certains travaux d'utilité générale, tels que le percement d'une rue ou son assainissement, Dans la dernière session, M. Léon Bourgeois a voté : pour le rétablissement du scrutin uninominal (11 février 1889) ; contre l'ajournement indéfini de la révision de la Constitution (14 février chute du ministère Floquet), pour les poursuites contre trois députés membres de la Ligue des patriotes (14 mars); pour les poursuites contre le général Boulanger (4 avril) ; il s'est abstenu (2 avril) lors du scrutin sur le projet de loi Lisbonne restrictif de la liberté de la presse.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)

1889-1940

BOURGEOIS (LÉON, VICTOR, AUGUSTE), né le 29 mai 1851 à Paris, mort le 29 septembre 1925 au Château d'Oger, près d'Epernay (Marne).

Député de la Marne de 1888 à 1905. Sénateur de la Marne de 1905 à 1925. Ministre et Président du Conseil de 1888 à 1917. Président de la Chambre de 1902 à 1904. Président du Sénat de 1920 à 1923. (Voir première partie de la biographie dans ROBERT ET COUGNY, Dictionnaire des Parlementaires, t. 1, p. 442.)

Il fut successivement réélu dans la circonscription de Châlons-sur-Marne, aux élections législatives du 22 septembre 1889 par 6.275 voix contre 5.635 à M. Ponsard ; du 20 août 1893 par 8.585 voix contre 23 à M. Jules Pié ; du 8 mai 1898 par 7.759 voix contre 5.591 à M. Giraut-Masson ; du 27 avril 1902, par 7.669 voix contre 5.215 à M. Giraut-Masson, toujours au premier tour de scrutin. En 1905, il se présenta au Sénat, en remplacement du Duc d'Audiffret-Pasquier, sénateur inamovible, décédé le 4 juin. Il emporta le siège au premier tour de scrutin, à l'élection partielle du 20 août par 747 voix, sur 828 suffrages exprmiés. Il se démit de son mandat de Député le 3 novembre, et fut remplacé à la Chambre par M. Félix Drelon. Il retrouva son siège de sénateur au renouvellement du 7 janvier 1906, au premier tour de scrutin, par 640 voix sur 985 votes émis, au renouvellement du 11 janvier 1920, au premier tour, par 818 voix sur 966 votants, et à celui du 6 janvier 1924 par 843 voix sur 876 suffrages exprimés, toujours au premier tour de scrutin.

Cette longue carrière parlementaire donna naissance à une non moins importante carrière gouvernementale: après avoir été Sous-secrétaire d'Etat à l'Intérieur dans le Cabinet Charles Floquet du 3 avril 1888, il devint Ministre de l'Intérieur à partir du 1er mars 1890 dans le deuxième Cabinet Tirard du 22 février 1889, puis Ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts dans le quatrième Cabinet de Freycinet du 17 mars 1890 ; il conserva ce portefeuille dans le Cabinet Emile Loubet qui lui succéda le 27 février 1892, prit le Ministère de la Justice dans le premier Cabinet Ribot du 6 décembre 1892 pour le conserver dans le deuxième Cabinet Ribot du 11 janvier 1893. Il ne fit pas partie des Cabinets Charles Dupuy, Casimir-Perier et Ribot qui se succédèrent de 1893 à 1895, mais devint Président du Conseil le 1er novembre 1895 pour le rester jusqu'au 23 avril 1896 où il dut démissionner. Il retrouva le portefeuille de l'Instruction publique et des Beaux-arts dans le deuxième Cabinet Brisson du 28 juin 1898, celui des affaires étrangères dans le Cabinet Sarrien du 14 mars 1906, se vit -attribuer celui du travail et de la prévoyance sociale dans le premier Cabinet Raymond Poincaré du 14 janvier 1912, reprit celui des affaires étrangères dans le quatrième Cabinet Ribot du 9 juin 1914, devint Ministre d'Etat dans le cinquième Cabinet Briand du 29 octobre 1915, retrouva celui du travail et de la prévoyance sociale dans le cinquième Cabinet Ribot du 20 mars 1917 et enfin redevint Ministre d'Etat dans le premier Cabinet Painlevé du 12 septembre 1917 et en même temps membre du comité de guerre.

Pendant la période où il n'appartint pas aux Conseils de Gouvernement, il occupa les hautes fonctions de Président de la Chambre des Députés de 1902 à 1904.

Il présidait depuis longtemps la Ligue de l'Enseignement lorsque lui fut attribué en 1890 le Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-arts. Il contribua à la reconstitution des universités en regroupant certaines facultés, à la création de l'enseignement secondaire moderne, malgré son attachement à la culture classique, à la réforme de l'enseignement primaire et à l'organisation de l'enseignement postscolaire.

Lorsqu'il constitua son Cabinet, le 1er novembre 1895, il s'attribua en même temps le Ministère de l'Intérieur, puis celui des affaires étrangères le 28 mars 1896, en remplacement de M. Marcellin Berthelot démissionnaire. Il eut à faire face à deux scandales financiers survenus à la suite de l'affaire des chemins de fer du Sud de la France, qui furent à l'origine de la démission du précédent Cabinet, et des affaires Arton et Dupas découlant de l'affaire de Panama, à propos desquelles les noms de certaines personnalités politiques avaient été prononcés. Dans son programme politique, le Cabinet proposait d'établir un impôt général sur le revenu, d'organiser les retraites ouvrières et prévoyait le dépôt d'un projet de loi sur les associations, première étape vers la séparation des Eglises et de l'Etat. Mais il n'eut pas la possibilité de l'appliquer. Le Sénat lui manifesta plusieurs fois son hostilité, et à l'occasion de la présentation d'un projet de loi tendant à ouvrir des crédits pour l'expédition de Madagascar, le renversa le 23 avril 1896 en refusant d'examiner cette demande.

Son passage au Ministère du travail fut marqué par le dépôt d'un projet de loi dont devaient découler les dispensaires d'hygiène sociale et de préservation anti-tuberculeuse. Il était, il est vrai, à ce moment président de la Commission de préservation contre la tuberculose, il avait fondé le comité national de défense contre la tuberculose et était membre du Conseil supérieur de l'Assistance publique. Il fit voter en cette qualité les lois sur le repos hebdomadaire, sur les assurances du travail, sur le bien de famille insaisissable, sur le salaire de la femme mariée, etc.

Mais son oeuvre philosophique et humanitaire ne le cédait en rien à son oeuvre politique. Créateur du « Solidarisme » qui s'opposait aussi bien au collectivisme qu'à l'individualisme, il exposa cette séduisante doctrine dans un ouvrage intitulé « Solidarité ».

C'est cependant dans son rôle d'apôtre de la paix qu'il acquit son plus grand prestige. L'idée de droit maîtresse du monde constituait son idéal et son but. C'est ainsi qu'il conçut l'arbitrage comme moyen de règlement des conflits internationaux. Il exposa ses théories à la Conférence internationale qui se tint à La Haye en 1899, au titre de délégué de la France. Il proposa d'instituer un tribunal souverain entre les nations. Il ne fut pas suivi. Mais il reprit son idée en 1907 à la deuxième conférence de La Haye et réussit à faire accepter le principe de l'arbitrage et son application aux contestations portant sur l'interprétation des clauses des conventions internationales. Il ne put cependant obtenir l'adoption d'un projet de traité obligatoire.

Lorsqu'en 1919 s'organisa la société des Nations, Léon Bourgeois fut porté tout naturellement à sa présidence. Il tenta de mettre à la disposition de cet organisme une force d'exécution pour appuyer ses décisions, sans laquelle elles resteraient vaines.

Il lança, également l'idée d'un contrôle international des armements, mais ne put réussir. Il a exposé son oeuvre de paix et sa conception de l'organisation internationale dans son ouvrage « L'oeuvre de la Société des Nations » (1920-1923).

Au Sénat où il siégeait sur les bancs de la gauche démocratique, il jouissait auprès de ses collègues d'une autorité faite de respect et d'admiration pour son unité de convictions et sa fidélité à la cause humaine. Aussi fut-il amené à présider la Haute assemblée du 14 janvier 1920 au 16 février 1923. A ce titre il eut à présider la Haute Cour de justice lors du procès Caillaux. Il s'acquitta de cette tâche avec une parfait impartialité.

L'Académie des sciences morales et politiques l'avait élu membre correspondant en décembre 1919, et suprême honneur, il reçut en 1920 le prix Nobel de la paix.

Atteint de cécité partielle dans ses dernières années, il avait résigné pour cette raison la présidence du Sénat et s'était retiré au Château d'Oger près d'Epernay, où il mourut le 29 septembre 1925, à 74 ans. Le Président de Selves prononça son éloge funèbre à la séance du 29 octobre 1925. Il retraça la féconde carrière du défunt, magnifia l'oeuvre de paix à laquelle il avait consacré sa vie et qui marqua son nom du signe de l'immortalité ».

On doit encore à Léon Bourgeois les ouvrages suivants : La réforme des méthodes de l'enseignement primaire (1894); L'éducation de la démocratie française (1897); L'idée de solidarité et ses conséquences sociales (1902); La déclaration des droits de l'homme (1903); La politique de la prévoyance sociale (1916-1919); Le traité de 1919 et la société des Nations (1920).

Sa statue a été inaugurée à Châlons-sur-Marne le 28 mai 1933.

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Jean Jolly (1960/1977)

Extrait de la table nominative

Résumé de l'ensemble des travaux parlementaire
de Léon BOURGEOIS

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