M. le président. La parole est à M. Claude Kern, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. Claude Kern. Ma question s’adresse à M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
Un nouveau protocole sanitaire renforcé concernant la restauration scolaire devant entrer en vigueur au plus tard le lundi 25 janvier prochain vient d’être adressé aux collectivités.
En l’état, ce protocole interdit le brassage d’élèves entre classes du premier degré. Concrètement, cela signifie qu’il ne sera plus possible de réunir plusieurs classes dans un même espace de restauration.
De façon pragmatique, vous avez bien conscience, monsieur le ministre, qu’il est inconcevable pour les collectivités de mettre ce protocole effectivement en action.
Afin d’étayer mon propos, je prendrai l’exemple d’une communauté de communes de mon département largement représentative, celle du canton d’Erstein, dont les vingt-huit communes membres représentent 48 000 habitants. Elle accueille 1 500 enfants issus des établissements scolaires du territoire dans vingt-trois points de restauration. À raison de vingt minutes pour déjeuner, il faudrait huit heures au bourg-centre, qui accueille sur un même site vingt-quatre classes issues de six bâtiments scolaires, pour faire manger l’ensemble des élèves, et quatre heures en appliquant le dernier recours – à savoir 50 % de repas à emporter et 50 % de repas chauds. Tout cela en assurant une surveillance dans les classes. Comment faire ? Ce n’est pas sérieux !
Dans la même logique, quid de l’accueil de loisirs sans hébergement (ALSH) des mercredis et des périscolaires du soir ? Quid également des ALSH pour les prochaines vacances, les inscriptions étant réalisées bien en amont ?
Monsieur le ministre, nous attendons en urgence des réponses claires sur tous ces points. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports.
M. David Assouline. Et candidat aux régionales !
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Kern, la question des cantines scolaires est une des questions très importantes que pose la gestion de la crise sanitaire. Nous la prenons très au sérieux depuis le premier confinement, au mois de mai dernier.
Dès ce moment, un protocole très strict, qui n’était pas facile à suivre, a été mis en œuvre. Nous avons vu à quel point il a été bénéfique pour créer des réflexes dans l’ensemble de notre système. Nous l’avons fait en partenariat avec les collectivités locales.
Comme vous l’avez rappelé, nous nous sommes donné dix jours d’adaptation. Le nouveau protocole s’appliquera donc à compter du 25 janvier prochain. Sur le site du ministère, vous trouverez la fameuse « foire aux questions » qui permet d’obtenir des réponses concrètes aux questions telles que celles que vous venez de poser.
La solution de facilité serait de supprimer les cantines scolaires. Le moment des repas est en effet un moment de fragilité du point de vue de la gestion de la crise sanitaire. Pour autant, nous savons qu’il faut maintenir ce moment en raison de l’enjeu social qu’il représente. Une alimentation équilibrée est essentielle pour les enfants. Pour ce faire, il faut mettre en place des mesures strictes qui ne font plaisir à personne. Elles sont un mal nécessaire pour atteindre cet objectif.
En ce qui concerne l’interdiction du brassage des élèves de l’école primaire, je ne vais pas entrer dans le détail de votre question. Il existe différentes manières de régler ce problème sans étaler la restauration scolaire sur quatre heures. Chaque cas est particulier. Il s’agit surtout de faire déjeuner chaque jour tous les élèves d’une même classe ensemble de façon à réduire les brassages.
Chacun peut retrouver sur le site internet du ministère l’ensemble des mesures que nous avons prises. Dans un esprit de partenariat, chaque inspecteur de l’éducation nationale travaille actuellement avec chaque collectivité pour l’aider à s’adapter. Parfois, il faut se rendre dans un autre local et parfois il faut étaler l’arrivée des enfants, mais cela se fait toujours dans un esprit constructif et de responsabilité. Il s’agit de réussir ce que peu de pays réussissent – et nous devons en être collectivement fiers – : maintenir l’école ouverte durant cette période, au bénéfice des enfants.
Le service de restauration scolaire est parfois la seule occasion qu’ont certains enfants de manger équilibré. C’est un objectif que nous pouvons tous partager. Nous pouvons être fiers de l’action de l’éducation nationale et des collectivités locales qui y parviennent ensemble.
M. le président. La parole est à M. Claude Kern, pour la réplique.
M. Claude Kern. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre.
Sachez toutefois que les collectivités ne sont plus en mesure de s’adapter aux nouvelles mesures. Elles arrivent à leurs limites.
En l’absence de révision de ce nouveau protocole, les restaurations scolaires risquent malheureusement de fermer, ce qui va à l’encontre de la volonté des acteurs de maintenir ce service public indispensable.
accompagnement du secteur viticole touché par les sanctions commerciales américaines (ii)
M. le président. La parole est à M. Daniel Laurent, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Daniel Laurent. Ma question, déjà évoquée voilà quelques instants, s’adresse à M. le ministre de l’économie, des finances et de la relance et à M. le ministre de l’agriculture et porte sur les conséquences des sanctions américaines sur la filière viticole dans le cadre d’un contentieux qui lui est totalement étranger.
En octobre 2019, une taxe de 25 %, liée au contentieux « Airbus », est imposée sur les vins. En octobre 2020, l’Union européenne peut appliquer des sanctions de 4 milliards d’euros sur les produits américains dans le cadre du contentieux « Boeing ». En décembre 2020, de nouvelles sanctions américaines sont étendues aux vins et spiritueux. Quand allez-vous mettre fin à cette mauvaise série américaine consternante ?
Nous vous avions alerté sur les vives préoccupations de la filière quant au risque de crispation des Américains à la suite de la décision de l’OMC, insistant sur la nécessité de trouver un équilibre dans le rapport de force afin d’éviter qu’elle soit pénalisée.
Monsieur Joe Biden sera investi à la présidence des États-Unis ce jour. Aussi, nous vous demandons instamment d’engager des discussions avec vos homologues américains afin de trouver un accord pour mettre fin à ces taxes dévastatrices pour la viticulture française.
Les viticulteurs pourront bénéficier d’aides économiques conjoncturelles. Quelles seront les aides aux coûts fixes et seront-elles rétroactives ? Toute la filière sera-t-elle accompagnée ?
La coupe est pleine, monsieur le ministre, et ne me répondez surtout pas que l’Europe va aider la filière – vous l’avez déjà dit tellement de fois ! –, car nous savons qu’elle ne souhaite pas en faire plus.
La France compte trois grandes filières d’excellence : l’aéronautique, le luxe, les vins et spiritueux. Faites en sorte que les vins et spiritueux demeurent dans ce trio indispensable à notre balance commerciale et à l’emploi dans nos territoires. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes UC, RDSE et INDEP.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de l’agriculture.
M. Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation. Monsieur le sénateur Daniel Laurent, aujourd’hui, toute la filière vitivinicole est une victime collatérale – on ne saurait être plus clair – de décisions américaines prises ces dernières années par l’administration du président Trump, dont vous n’ignorez pas tout ce qu’elles comportaient d’incertitude, parfois d’incohérence, et surtout de non-respect d’un certain nombre d’engagements mutuels qui avaient été pris dans le cadre de négociations bilatérales passées.
Autrement dit, tout ce qui a pénalisé et pénalise aujourd’hui encore cette filière vitivinicole fait suite à des décisions américaines, face auxquelles il nous fallait agir – c’est ce qu’a fait l’Europe, notamment – sans aucune naïveté, en faisant montre de fermeté – on ne pouvait laisser sans réponse ces décisions unilatérales prises par l’administration américaine –, tout en travaillant – c’est ce que nous nous employons dès aujourd’hui à faire avec l’administration Biden – à une désescalade dans la discussion, afin de revenir à un système de vrai partenariat, et non plus de guerre commerciale, entre les États-Unis d’Amérique et l’Union européenne.
Il faut avancer avec la nouvelle administration Biden, mais, là encore – je sais que vous le savez, monsieur le sénateur –, sans aucune naïveté, avec la même exigence dans la discussion, la même fermeté et la même volonté – j’y insiste – de désescalade.
En parallèle de cette action, le rôle du Gouvernement, sa responsabilité, est d’aider pleinement et fortement la filière du vin – je pense à cette belle filière du cognac que vous connaissez si bien et qui est ô combien affectée aujourd’hui ! –, via un ensemble d’aides : aides au stockage, exonérations de charges, nouvelles aides au titre du fonds de solidarité, soutien à la compétitivité.
Il nous faut rester sur ces parts de marché américaines, donc obtenir cette désescalade ; nous nous y employons. Vous le voyez, monsieur le sénateur : nous sommes sur tous les fronts. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à M. Daniel Laurent, pour la réplique.
M. Daniel Laurent. Monsieur le ministre, les aides sont indispensables. Mais ce qui l’est davantage encore, c’est de permettre aux viticulteurs, négociants et exportateurs de conserver leurs parts de marché et de vivre de leur travail, en supprimant ces taxes et, surtout, en n’en créant pas d’autres sur notre territoire.
Monsieur le ministre, plus de promesses non tenues ! Nous attendons des actes et du courage politique. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
stratégie vaccinale (iii)
M. le président. La parole est à Mme Isabelle Briquet, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Mme Isabelle Briquet. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, alors que certains doutaient de la volonté de nos concitoyens de se faire vacciner, ceux-ci sont chaque jour plus nombreux à souhaiter l’être. C’est une très bonne chose.
Toutefois, après trois semaines de campagne vaccinale, à peine 600 000 personnes sont vaccinées et 800 centres de vaccination seulement sont déployés sur l’ensemble de notre territoire.
Après les masques, après les tests, s’agit-il d’un raté de plus dans la gestion de cette crise sanitaire qui, reconnaissons-le, n’en finit pas ?
Les élus locaux sont, une fois de plus, en première ligne pour faire face aux attentes de nos concitoyens. Alors qu’ils font tout leur possible pour rendre la vaccination accessible à l’échelle des territoires, particulièrement des territoires ruraux, près de 2 000 collectivités attendent encore une validation administrative pour l’ouverture d’un centre de vaccination.
Dans mon département, la Haute-Vienne, qui compte plus de 370 000 habitants, il n’existe à ce jour, malgré les soutiens logistiques du conseil départemental et des communes, que sept centres de vaccination.
Pour quiconque souhaite, aujourd’hui, en Haute-Vienne ou ailleurs, prendre un rendez-vous pour se faire vacciner, c’est vraiment le parcours du combattant ! La démarche aboutit rarement.
En outre, au vu des commandes passées, la montée en puissance vaccinale ne sera pas possible compte tenu de la nécessaire seconde injection.
Serait-ce à dire, alors, qu’il n’y a pas assez de vaccins ? (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi qu’au banc du Gouvernement.)
M. Gérard Longuet. Eh oui !
Mme Roselyne Bachelot, ministre de la culture. Ce n’est pas le Gouvernement qui fabrique les vaccins !
Mme Isabelle Briquet. Monsieur le secrétaire d’État, vous le voyez : nous sommes loin du compte.
Aussi, de quelle manière comptez-vous réellement faciliter, amplifier et accélérer la mise en œuvre de la stratégie vaccinale ? Nous attendons de vous non plus des paroles, mais des mesures concrètes ! (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État chargé de l’enfance et des familles.
M. Adrien Taquet, secrétaire d’État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l’enfance et des familles. Madame la sénatrice, vous avez raison, et le Gouvernement l’a dit dès le départ : la stratégie vaccinale et le rythme de la vaccination de nos concitoyens dépendent effectivement du flux de doses disponibles.
Je vous rappelle d’ailleurs que cette stratégie et ce rythme ont été déterminés sur la base des recommandations de la Haute Autorité de santé, au regard de la vulnérabilité au virus des différentes populations ; d’où une campagne lancée auprès de nos concitoyens qui résident dans des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, les Ehpad, et, depuis lundi dernier, auprès de ceux qui ont plus de 75 ans ou qui présentent une pathologie lourde.
Le Gouvernement l’a dit dès le départ, et c’est sur cette base-là – je le redis sans aucune volonté de polémique – que les informations relatives au nombre de doses disponibles par territoire, par commune, par centre, ont été transmises aux autorités locales, lesquelles, d’ailleurs, diffèrent de l’État.
Vous avez raison de le rappeler, 56 % de nos concitoyens veulent désormais se faire vacciner ; on pourrait dire que la vaccination est victime de son succès.
Nous devons collectivement nous en réjouir : c’est quatorze points de plus qu’à la fin du mois de décembre dernier. À ce jour – je l’ai dit tout à l’heure –, 585 000 de nos concitoyens ont été vaccinés, dont 100 000 pour la seule journée d’hier, et 2 millions de rendez-vous sont d’ores et déjà pris, avec une visibilité sur les quatre prochaines semaines.
Régulièrement, dès que de nouveaux stocks de vaccin arrivent, comme cela a été le cas récemment, les autorités partagent avec les élus et avec les autorités déconcentrées les doses disponibles, afin que nos concitoyens puissent prendre rendez-vous et se faire vacciner.
Oui, vous avez raison : les choses sont parfois complexes. Mme la sénatrice, tout à l’heure, donnait l’exemple de sa mère. Ma propre mère, qui a plus de 80 ans, a été elle aussi confrontée à cette difficulté, et c’est son fils qui l’a aidé à prendre rendez-vous. (Exclamations ironiques sur les travées des groupes Les Républicains, SER et CRCE.)
M. Pascal Savoldelli. On peut parler de politique ?…
M. Adrien Taquet, secrétaire d’État. Depuis quelques jours, les choses se remettent en ordre de marche. L’intensité de la vaccination de nos concitoyens augmente, et vous verrez que, dans les jours et les semaines qui viennent, jusqu’à la fin du mois de juin, les 6 millions de nos concitoyens qui ont plus de 75 ans ou qui figurent parmi les plus vulnérables seront vaccinés, comme nous vous l’avions annoncé.
M. le président. La parole est à Mme Isabelle Briquet, pour la réplique.
Mme Isabelle Briquet. Vous le reconnaissez, monsieur le secrétaire d’État : il y a donc bien un problème, et un gros ! Le vaccin est notre principale arme contre la covid-19, et il est urgent de sortir de cette crise sanitaire.
Quand allez-vous vraiment travailler avec les élus locaux pour mettre en place des solutions pratiques et réellement efficaces en matière de vaccination ? (M. le Premier ministre lève les yeux au ciel.) Les élus sont prêts à prendre toute leur part de ce travail, mais ils ne peuvent pallier toutes les carences de l’État central. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
insécurité à nîmes
M. le président. La parole est à M. Laurent Burgoa, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Laurent Burgoa. Ma question, à laquelle j’associe Vivette Lopez, s’adresse à M. le ministre de l’intérieur.
Avant toute chose, je souhaite exprimer ici mon soutien à M. le maire de Lasalle, Henri de Latour, lâchement agressé sur le marché de sa commune par un individu refusant le port du masque. Il a tout mon soutien, tout notre soutien !
Ce sont tous les piliers de la République qui sont attaqués. Vendredi dernier, un père de famille a agressé le directeur et une institutrice d’une école nîmoise. L’homme est reparti en leur promettant un sort pire que celui de Samuel Paty… Eux aussi ont tout mon soutien, tout notre soutien !
Un certain nombre de professeurs ne souhaitent plus exercer dans ce quartier du Chemin-Bas d’Avignon. Le 4 décembre dernier, lors de la pause déjeuner, deux hommes fuyant la police se sont introduits dans la cour d’une école élémentaire. Le 15 juin dernier, après la mort d’un homme à proximité de cette même école, l’établissement avait été délocalisé pour que les enfants puissent terminer l’année en toute quiétude.
Rendez-vous compte : nous délocalisons les écoles ; autrement dit, nous reculons !
De nombreuses familles ont choisi de ne plus scolariser leurs enfants dans l’école que je viens d’évoquer ; ce n’est pas moi qui le dis : ce sont neuf responsables d’établissement dans une lettre ouverte au Président de la République. Cette lettre est glaçante : règlements de compte en plein jour, occupation de bâtiments scolaires, menaces… Il s’agit non pas de faits divers, mais de leur quotidien.
Vous avez la responsabilité de protéger ces élèves dans ce qui devrait être un sanctuaire républicain dans tous nos territoires : l’école !
Le 23 septembre dernier, lors d’un entretien avec le maire de Nîmes, M. le ministre avait annoncé l’affectation de treize policiers supplémentaires dans le cadre d’un « plan national » que nous attendons toujours !
Je souhaite connaître aujourd’hui, au-delà des coups de com’ épisodiques, comme celui de la semaine dernière, la stratégie que vous comptez adopter afin de protéger concrètement et durablement ces écoles. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée auprès du ministre de l’intérieur.
Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l’intérieur, chargée de la citoyenneté. Monsieur le sénateur, je souhaite tout d’abord, si vous le permettez, associer le gouvernement de Jean Castex au message de soutien que vous avez adressé à ce maire comme à tous les élus qui, quotidiennement, subissent ces agressions, ces attaques et ces mises en cause. C’est justement pour les protéger que le Gouvernement prend un certain nombre de dispositions. (M. François Bonhomme s’exclame.)
Je citerai par exemple les débats qui ont lieu en ce moment dans le cadre de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la République : le ministre de l’intérieur et le garde des sceaux sont en train de débattre des mesures destinées à protéger ceux dont la vie est mise en danger ou menacée, notamment par l’usage de messages sur les réseaux sociaux.
Concernant les affectations concrètes sur le terrain, depuis 2018, au plus près des Français, la police de la sécurité du quotidien se déploie – vous le savez – dans les territoires.
M. François Bonhomme. Avec quel succès !
Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. Tel est l’objet, en particulier, des 55 quartiers de reconquête républicaine mis en place à ce jour ; ils seront au nombre de 60 à la fin du quinquennat.
Tel est l’objet également des 10 000 postes supplémentaires de policiers et de gendarmes qui auront été créés d’ici à 2022, via un plan de recrutement et de formation inédit et les moyens mobilisés dans le cadre du plan France Relance, avec l’engagement du ministre Bruno Le Maire.
Ce plan prévoit également le renouvellement du quart du parc automobile de nos forces de sécurité, décidé par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.
Je tiens aussi à souligner ici la hausse des crédits de la mission « Sécurité » dans le projet de loi de finances pour 2021. Cette hausse a été approuvée ici même, dans cette assemblée, et je vous en remercie, mesdames, messieurs les sénateurs.
La lutte contre le narcobanditisme et contre les faits que vous évoquez fait partie des éléments clés. Conformément aux annonces du ministre de l’intérieur, une unité de lutte contre les stupéfiants et contre l’économie souterraine, dotée au 1er octobre 2020 de dix fonctionnaires, a été mise en place dans le Gard.
Au cours de l’année 2020, ce sont plus de 350 opérations qui ont été menées, et nous déployons en outre un continuum de sécurité globale avec, à Nîmes, les quatre groupes de partenariat opérationnel implantés dans les quatre secteurs de la circonscription de sécurité publique, dont un dans le quartier de reconquête républicaine de Pissevin, qui ont organisé 62 réunions opérationnelles depuis la mise en place de ce dispositif.
M. Jérôme Bascher. Bref, tout va bien !
Mme Marlène Schiappa, ministre déléguée. Concernant le quartier du Chemin-Bas d’Avignon, que vous évoquiez, monsieur le sénateur, la circonscription de sécurité publique de Nîmes a reçu, depuis la semaine dernière, l’appui d’une compagnie républicaine de sécurité de soixante policiers ; avec le ministre de l’intérieur, nous pérennisons ce dispositif via une relève à compter de demain, et au moins jusqu’au 24 janvier.
Vous le voyez, monsieur le sénateur : tout le Gouvernement est mobilisé pour la sécurité de tous les Français, et particulièrement des Gardois. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)
C’est la vérité ! Cette mobilisation s’accompagne de moyens et d’actions concrètes, et pas uniquement de communication, en dépit de vos propos. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Kristina Pluchet, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Kristina Pluchet. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s’adresse à Mme la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation ; ce sont mes contacts récents avec de nombreux étudiants qui l’alimentent.
Voilà plus de dix mois que nos étudiants sont contraints à l’enseignement à distance et à l’isolement, lesquels affectent leur moral, les plongeant dans une immense détresse psychologique, qui peut conduire aux drames que nous avons connus ces derniers jours.
Nos étudiants décrochent, et des signes inquiétants de paupérisation apparaissent en raison de la disparition des jobs étudiants. Certains sont contraints d’abandonner leur cursus et d’autres, obligés de rentrer chez eux, n’ont même pas d’accès numérique suffisant pour suivre leurs cours.
Madame la ministre, faisons-leur confiance ! Les jeunes sont prêts à accomplir les efforts nécessaires et à respecter les protocoles sanitaires pour retrouver les bancs de l’université.
Les écoliers, collégiens, lycéens et élèves des BTS et classes préparatoires peuvent aller en cours ; les étudiants n’y ont pas droit. Il y a là une différence de traitement et une injustice qui sont mal vécues.
Le présentiel en demi-groupe, prévu à compter du 25 janvier pour les étudiants en première année, doit être étendu sans délai à l’ensemble des étudiants. Il y va de la santé psychologique d’une génération, de sa capacité à se projeter dans l’avenir et de son insertion professionnelle.
Ce que vous avez annoncé jeudi dernier pour répondre à la détresse étudiante est inapproprié. Ce n’est pas seulement de psychologues dont ont besoin les étudiants ; c’est surtout d’aller en cours !
La situation sanitaire – nous le comprenons tous – ne permet pas un retour à la normale à l’université, mais il est temps de renouer un lien réel, et non virtuel, avec les étudiants.
De nombreux présidents d’université sont prêts à accueillir tous les étudiants par petits groupes. Ne pensez-vous donc pas qu’il est temps d’écouter ces responsables qui, mieux que quiconque, sont en mesure d’évaluer la détresse de leurs étudiants, et demandent un cap clair et des mesures pérennes ; d’ouvrir les yeux sur la vie très difficile que vivent aujourd’hui beaucoup de nos jeunes ; enfin, de mettre un terme à l’isolement et aux difficultés pédagogiques qu’ils subissent ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. le Premier ministre. (Exclamations sur les travées des groupes Les Républicains et SER.)
M. Laurent Duplomb. Quel plaisir !
M. Jean Castex, Premier ministre. Madame la sénatrice, je choisis de vous répondre directement moi-même, tant le sujet que vous évoquez est un sujet grave et important, qui mobilise le Gouvernement.
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. C’est gentil pour les autres !
M. Jean Castex, Premier ministre. Je voudrais commencer par vous rappeler, une fois encore, que si nous en sommes là – la même remarque vaudrait à propos des commerces ou des lieux culturels –, c’est parce que, voyez-vous, un virus circule, provoquant une crise sanitaire. (Exclamations ironiques sur les travées des groupes Les Républicains, SER et CRCE.)
M. Bernard Jomier. Ah bon ?…
M. Pierre Ouzoulias. Et il ne circule pas dans les classes préparatoires ?
M. Jean Castex, Premier ministre. Eh oui ! C’est ce virus qui est la cause de toutes les difficultés que nous rencontrons, lesquelles nécessitent une approche solidaire.
Je rappelle au Sénat que, hier, nous comptions 70 686 morts, que plus de 2 800 personnes étaient en réanimation,…
M. Laurent Duplomb. Où vous n’avez créé aucun lit supplémentaire !
M. Jean Castex, Premier ministre. … et que l’incidence moyenne sur sept jours est de près de 19 000 cas.
Alors que dans tous les pays qui nous entourent l’enseignement dans les universités se fait aussi en distanciel, tous ces chiffres, mesdames, messieurs les sénateurs, appellent pour le moins une vision raisonnable et raisonnée de la situation !
Oui, les conséquences sont parfois dramatiques – vous avez parfaitement raison, madame la sénatrice ; mais ce sont des conséquences de la circulation du virus.
Mme Marie-Pierre de La Gontrie. Nous allons mourir guéris !
M. Jean Castex, Premier ministre. Pour autant, on ne peut pas, comme je le souhaiterais, comme vous toutes et tous le souhaiteraient, donner satisfaction à toutes les demandes.
M. Pierre Ouzoulias. Et les transports ? Et les commerces ?
M. Jean Castex, Premier ministre. Vous avez raison de le dire : la France – le ministre de l’éducation nationale l’a rappelé – a fait le choix, avec l’accord du Sénat, de tenir le plus possible sur l’ouverture des écoles, des collèges et des lycées. Malheureusement, la situation sanitaire ne permet pas de faire de même pour l’enseignement supérieur. Je dis « malheureusement », mais nous devons être responsables !
Après avoir conduit, avec la ministre de l’enseignement supérieur, des concertations avec la communauté universitaire, nous avons relâché autant que faire se peut et que le tolère la situation sanitaire les conditions d’accès en présentiel des étudiants à l’université ; vous avez d’ailleurs bien voulu le rappeler.
Toutefois, je ne saurais, comme vous l’avez fait de manière péremptoire, dire qu’il faut aller au-delà. On ne peut pas dire cela, madame la sénatrice, croyez-moi ! D’ailleurs, les autres pays ne le font pas, ce qui, du moins, devrait tous nous inciter à la modestie et à la réflexion.
Évidemment, comme dans tous les secteurs où nous devons prendre les mesures que la situation sanitaire exige, nous avons le devoir d’accompagner ces situations parfois difficiles. Nous l’avons fait sur le plan pécuniaire, nous l’avons fait sur le plan de l’emploi, nous le faisons sur le terrain de l’accompagnement psychologique. Et nous renforcerons encore, si nécessaire, cet accompagnement.
Notre objectif est de gérer de la façon la plus proportionnée, la plus appropriée, cette crise extrêmement difficile, alors même – cela ne vous a pas échappé, madame la sénatrice – que de nouvelles évolutions virales, loin de nous conduire dans la direction que vous proposez, nous incitent à la plus grande prudence, dans l’intérêt même des étudiants et de la population.
Voyez où nous en étions, mesdames, messieurs les sénateurs, avant que nous ne reconfinions : il y avait 50 000 contaminations par jour à la fin du mois d’octobre !
J’ai pris des mesures difficiles ; par exemple, j’ai fermé les commerces. Que n’ai-je entendu ici ! (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
Un mois après, quand nous avons rouvert les commerces, nous étions retombés à 15 000 contaminations par jour ; depuis lors, nous plafonnons, et même ce chiffre a un peu augmenté… Nous devons donc calmement expliquer à nos concitoyens, aux étudiants notamment, pourquoi nous devons prendre ces mesures difficiles.