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Souhaits de bienvenue à une délégation parlementaire
Mme la présidente. Mes chers collègues, je suis heureuse de saluer en votre nom la présence, dans notre tribune d’honneur, d’une délégation du Sénat pakistanais, conduite par le général Abdul Qayyum, qui effectue une mission en vue de développer nos coopérations bilatérales, en particulier dans les domaines de la défense et de l’économie. (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mme la ministre chargée des transports, se lèvent.)
La délégation est accompagnée par notre collègue Pascal Allizard, président du groupe d’amitié France-Pakistan.
Cette visite s’inscrit dans le prolongement d’un échange interparlementaire particulièrement dense et dynamique, avec la visite récente au Pakistan de délégations des groupes d’amitié de l’Assemblée nationale et du Sénat, mais aussi de notre commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées.
La richesse de cette relation interparlementaire nous rappelle que les vertus du bicamérisme vont bien au-delà de la seule fonction législative.
Lors de son séjour, la délégation s’entretiendra en particulier avec notre collègue Christian Cambon, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, et effectuera plusieurs visites à caractère économique.
Nous souhaitons à nos collègues pakistanais un fructueux séjour, en formant le vœu que cette session de travail interparlementaire contribue à l’approfondissement de nos coopérations et à l’éclosion, autour de valeurs partagées, d’opportunités réciproques.
Nous leur souhaitons la plus cordiale bienvenue au Sénat français ! (Mmes et MM. les sénateurs, ainsi que Mme la ministre auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports, applaudissent longuement.)
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État du service public dans les transports en région Île-de-France
Suite d'un débat organisé à la demande du groupe communiste républicain citoyen et écologiste
Mme la présidente. Nous reprenons le débat sur l’état du service public dans les transports en région Île-de-France, organisé à la demande du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
Débat interactif
Mme la présidente. Mes chers collègues, je rappelle que les auteurs de questions disposent chacun de deux minutes au maximum, y compris la réplique. Le Gouvernement a la possibilité d'y répondre pour une durée équivalente.
Dans le débat interactif, la parole est à M. Fabien Gay, pour le groupe communiste républicain citoyen et écologiste.
M. Fabien Gay. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, alors que les transports devraient être des facilitateurs du quotidien, ils sont aujourd’hui une véritable plaie dans la vie de millions de Franciliens ; du fait du manque d’investissements affectant de nombreuses lignes de notre réseau, ils sont source de difficultés réelles pour leur santé, leur emploi ou leur vie familiale.
Ainsi, pas une seule semaine ne passe sans qu’un usager du RER B ne soit en retard, le matin, à son travail ou à ses cours, ou bien, le soir, pour récupérer ses enfants à la crèche. Il serait d’ailleurs intéressant de se pencher sur l’impact de ces retards : stress, perte d’emploi ou fatigue chronique.
Pourtant, les transports collectifs sont une réponse économique, sociale et environnementale viable.
Personne n’a intérêt à ce que des dizaines de milliers de Franciliens s’en détournent pour prendre des transports individuels, notamment la voiture, même partagée. Nos autoroutes et périphériques sont déjà saturés, et les embouteillages provoquent nuisances et pollutions. Chaque année, la pollution tue 2 500 personnes à Paris, soit soixante fois plus que le nombre de morts par accident de la route dans la capitale, comme nous l’indique le rapport Santé Publique France publié en juin 2016.
À la question relative aux investissements pour l’amélioration des transports du quotidien, soulevée par ma collègue Laurence Cohen et à laquelle vous n’avez pas apporté de réponse, madame la ministre, on nous oppose souvent le problème des moyens.
Toutefois, dans ces conditions, comment comprendre le coût, estimé entre 1,4 milliard d’euros et 2,2 milliards d’euros, du Charles-de-Gaulle Express, pour 17 000 passagers par jour, qui reliera directement la gare de l’Est à l’aéroport Charles-de-Gaulle, sans s’arrêter en Seine-Saint-Denis ? Les usagers du RER B attendent avec impatience, depuis des décennies, le doublement du tunnel du Châtelet ou le rehaussement des ponts de la partie sud, qui permettrait de fluidifier le trafic grâce à des rames à double étage.
Ma question sera simple, franche et directe, madame la ministre : pour améliorer le réseau de transports, allez-vous enfin réorienter les investissements de l’État vers les trajets du quotidien ? (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.
Mme Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports. Monsieur le sénateur, je n’ai pas dû me faire bien comprendre au cours du débat précédent ou lors des différentes interventions que j’ai eu l’occasion de formuler devant votre assemblée : la priorité du Gouvernement, ce sont les transports du quotidien, avec l’entretien ou la régénération des réseaux. Le Président de la République a fait un choix courageux, le 1er juillet dernier, en annonçant une pause s’agissant des grands projets d’infrastructures.
Peut-être n’avons-nous pas été suffisamment entendus. Je le dis et le redis, la priorité du Gouvernement, c’est l’entretien et la modernisation des réseaux. Le travail est en cours dans le cadre du Conseil d’orientation des infrastructures, pour préparer, de la façon la plus démocratique possible, une trajectoire d’investissement. Le Parlement votera en effet la programmation des investissements pour les prochaines années.
Vous semblez penser que je n’ai pas répondu à l’engagement de l’État en Île-de-France. Je me permets donc de rappeler les chiffres : 1,4 milliard d’euros ont été attribués dans le cadre du contrat de plan État-région 2015-2020, auxquels s’ajoutent 2,5 milliards d’euros apportés par la Société du Grand Paris sur la période 2017-2020. Tout cela permettra un programme d’investissements de 7,5 milliards d’euros sur la période du contrat de plan, auxquels s’ajoute 1,6 milliard d’euros pour la régénération engagée par la SNCF et la RATP. Je le rappelle, quelque 30 % des investissements de la SNCF concernent le réseau Transilien, qui représente 10 % du réseau global.
Je ne parle pas du projet du Grand Paris Express, dont nous pourrons prochainement annoncer le coût « recalé ». Je peux vous l’assurer, des efforts importants sont consentis par l’État et ses établissements en Île-de-France.
Mme la présidente. La parole est à M. Laurent Lafon, pour le groupe Union Centriste.
M. Laurent Lafon. Madame la ministre, ma question porte sur le Grand Paris Express, que vous avez évoqué dans votre intervention liminaire.
Depuis quelques mois, les inquiétudes grandissent concernant ce grand projet structurant, dont notre région, chacun le sait ici, a absolument besoin afin de rééquilibrer les retards que nous avons pris et dont les Franciliens souffrent au quotidien.
J’évoquerai tout d’abord la question des délais de réalisation. Nous le savons, la réalisation d’un certain nombre de lignes a pris du retard, alors que, pour d’autres, les travaux ne sont toujours pas engagés. Les inquiétudes sont grandes s’agissant du respect du calendrier, qu’il s’agisse de celui des jeux Olympiques, pour les lignes qui desserviront les sites olympiques ou, de manière plus large, de celui des usagers. Tel est le cas des lignes 17 et 18, pour lesquelles un certain nombre de craintes, qui n’ont pas encore reçu de réponses, se sont fait entendre.
Un autre sujet d’inquiétude, partagé, j’en suis sûr, par le Gouvernement, est la question du coût. Je remercie nos collègues du groupe CRCE d’avoir ouvert le débat aujourd'hui. Ils ne savaient sans doute pas que la Cour des comptes publierait le même jour un rapport assez inquiétant sur la dérive financière du Grand Paris Express...
En effet, le chiffre avancé est désormais de 38,5 milliards d’euros, alors que l’estimation de départ, certes sous-évaluée, était de 25 milliards d’euros. Nous sommes donc passés de 25 milliards à 28 milliards, puis à 32 milliards et, enfin, à 38,5 milliards d’euros. Bien évidemment, une telle évolution des coûts soulève la question du chiffrage final de l’opération que nous pouvons raisonnablement retenir. Nous souhaiterions connaître votre position à ce sujet, madame la ministre.
Je termine en soulignant que, dans le cadre de cette inquiétude grandissante, une parole forte du Gouvernement serait de nature à rassurer les élus locaux sur la volonté de l’État de poursuivre dans sa globalité ce projet indispensable pour la région d’Île-de-France.
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.
Mme Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports. Monsieur le sénateur, je veux vous rassurer s’agissant de l’importance, pour le Gouvernement, du projet du Grand Paris Express. Je l’ai dit, le développement des réseaux en Île-de-France s’est fait de façon radiale, en omettant un large territoire situé aux abords de Paris, lequel ne bénéficie pas des transports nécessaires pour soutenir son développement.
Ce projet, crucial pour la région parisienne, sera mené à son terme. Il n’est pas question de modifier le schéma global du réseau du Grand Paris.
Comme vous l’avez souligné, des délais très ambitieux avaient été annoncés. Je ne pense pas que l’on puisse dire qu’ils sont réalistes. En effet, la construction de 200 kilomètres de métro automatique, majoritairement souterrain, dans le sol très compliqué du bassin parisien, se révèle particulièrement complexe. Tous les experts sont d’accord pour le reconnaître, l’opération est techniquement très difficile à réaliser.
S’agissant des coûts, vous avez mentionné le chiffre avancé par la Cour des comptes. Je n’ai pas les éléments d’analyse pour vous répondre sur ce point. Toutefois, vous avez raison, les coûts sont sensiblement plus importants que ceux qui avaient été envisagés.
Quoi qu’il en soit, le Gouvernement est déterminé à mener à bien ce projet dans son ensemble, conscient de son enjeu majeur pour le développement du territoire et sa cohésion. Très prochainement, il présentera, sur des bases réalistes, un calendrier recalé, avec la volonté de tenir les délais et d’arrêter la dérive des coûts.
Mme la présidente. La parole est à Mme Sophie Taillé-Polian, pour le groupe socialiste et républicain.
Mme Sophie Taillé-Polian. Madame la ministre, je vous remercie des précisions que vous venez de nous donner. La question de notre collègue Laurent Lafon était certainement dans la tête de tous les sénateurs ici présents. Cela dit, les éléments de calendrier sont également inquiétants. Il s’agit non seulement de conserver la cohérence du schéma, mais aussi de ne pas trop retarder ce projet, tellement indispensable à la vie quotidienne des Franciliennes et des Franciliens.
Pour ma part, je veux vous interroger sur les chiffres récents communiqués par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, qui nous ont alarmés. Ils soulèvent la question de la sécurité des femmes dans les transports, singulièrement en Île-de-France.
Au moins 267 000 personnes ont été victimes d’atteintes sexuelles dans les transports en commun de 2014 à 2015. Malheureusement, ces chiffres n’auront certainement pas diminué depuis lors ! Qui plus est, c’est une fourchette basse.
Sans surprise, les femmes représentent l’écrasante majorité des victimes d’agressions. Les deux tiers des victimes d’injures et d’insultes sont des femmes, tout comme la majorité des victimes de violences sexuelles. Ainsi, six femmes sur dix craignent une agression ou un vol dans les transports franciliens, contre trois hommes sur dix.
Si l’anonymat des transports en commun favorise les comportements des agresseurs, c’est surtout une certaine forme de tolérance sociale, certes en voie d’affaiblissement, mais qu’il convient de combattre avec intensité, qui les légitime.
Ces dernières années, les pouvoirs publics l’ont compris, et l’on note une prise de conscience. Je pense à la mise en place d’une communication pérenne, concernant notamment les systèmes d’alerte d’urgence et a posteriori, qui ont été adaptés, à la lutte contre le déficit de connaissance des caractéristiques des actes, ainsi qu’à la formation des forces de police pour lutter contre ces atteintes à la sécurité. À cet égard, je salue l’action quotidienne de la BLAST, la Brigade de lutte contre les atteintes à la sécurité des transports.
Toutefois, ces avancées doivent être amplifiées, la situation demeurant très difficile pour nombre de Franciliennes. Nous avons besoin que l’État accompagne fortement les politiques de la région, dont les moyens sont malheureusement en baisse ces dernières années, en Île-de-France, mais également sur l’ensemble du territoire national.
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.
Mme Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports. Madame la sénatrice, assurer la sécurité des voyageurs dans les transports est bien sûr le premier engagement que nous devons tenir, en Île-de-France comme partout ailleurs. Je pense non seulement à la sécurité ferroviaire et routière, mais aussi à celle des femmes face aux agressions.
Sur ces questions, je ne puis apporter une solution fonctionnant à 100 %, mais je peux au moins vous rassurer sur les moyens qui sont engagés. Vous le savez, le réseau de l’Île-de-France est le seul à bénéficier de la BLAST, à savoir une unité de police dédiée. Celle-ci travaille en étroite collaboration avec les services de sécurité des opérateurs, la SUGE, la surveillance générale de la sécurité ferroviaire, et le GPSR, le Groupe de protection et de sécurisation des réseaux. Avec ces deux entités, nous avons environ 2 500 agents sur le territoire de l’Île-de-France.
Je pense également à la présence, au quotidien, des opérateurs dans les réseaux. Ainsi les forces de sécurité sont-elles secondées par une présence humaine et par la vidéoprotection, que le Gouvernement souhaite continuer à développer, en accompagnement des autorités organisatrices. Les réseaux franciliens sont d’ores et déjà équipés de nombreuses caméras.
L’enjeu est également d’accompagner les opérateurs pour qu’ils puissent développer des solutions de vidéo intelligentes, afin de mieux exploiter les images de ces caméras, au profit de la sécurité des voyageurs.
Nous avons enfin des systèmes d’alerte. Vous le savez, la RATP et la SNCF partagent un numéro commun, le 3117 ou le 31117, qui permet d’alerter en cas d’incivilité ou de problème plus grave dans les transports.
La question spécifique des femmes constitue un enjeu majeur, de nombreuses femmes ayant été victimes d’agressions dans les transports. Selon moi, il nous faudra également innover en la matière, et je lancerai un appel à idées innovantes, pour trouver de nouvelles solutions permettant une plus grande solidarité et réactivité des voyageurs quand des femmes sont confrontées à des difficultés dans les transports.
Mme la présidente. La parole est à Mme Colette Mélot, pour le groupe Les Indépendants – République et Territoires.
Mme Colette Mélot. Madame la présidente, madame la ministre, ce matin, comme chaque semaine, j’ai pris le train en gare de Melun, en Seine-et-Marne, jusqu’à la gare de Lyon, pour venir au Sénat. Vingt-sept minutes pour un trajet direct, un mode de déplacement idéal lorsque l’on sait que le même trajet en voiture prend dans le meilleur des cas une heure, et je ne vous parle pas du pire, sachant que la moyenne quotidienne tourne autour d’une heure et demie !
Malheureusement, en Île-de-France, et plus particulièrement en Seine-et-Marne, le premier de ses départements par la taille, mais également par la croissance démographique, les déplacements relèvent de l’exploit tant les perturbations en tous genres font des transports collectifs un mode de déplacement peu fiable.
La multiplication des problèmes survenus à la fin de l’année 2017 révèle trente années de sous-investissements dans les infrastructures de la SNCF, avec pour conséquence une situation qui ne pourra que se dégrader si, comme l’a réclamé Valérie Pécresse, présidente de la région, un plan ORSEC pour les transports franciliens n’est pas déclenché.
En Seine-et-Marne, la voiture demeure le premier mode de déplacement. Comment demander aux Seine-et-Marnais de moins utiliser leur véhicule et, dans le même temps, les priver de transports en commun de qualité ?
La ligne P est le symbole de l’abandon de la Seine-et-Marne. Cette ligne encore non électrifiée cumule les problèmes depuis de nombreuses années : insécurité, manque de personnel, matériel vieillissant et progression du nombre d’usagers. Pour compléter une réalité inacceptable, l’État refuse de financer les interconnexions et décide de retarder la création de la ligne 17 du Grand Paris Express, vitale pour 420 000 habitants !
Madame la ministre, en ce début d’année, les Seine-et-Marnais aimeraient beaucoup recevoir de votre part un signe fort. Alors que les Assises de la mobilité viennent de s’achever et que vous élaborez une nouvelle stratégie pour une nouvelle politique de mobilité, pouvez-vous nous indiquer quelles seront vos priorités pour le territoire seine-et-marnais et nous rassurer quant à la réalisation pour 2024 de la gare du Mesnil-Amelot ?
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.
Mme Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports. Madame la sénatrice, les difficultés que vous évoquez nous renvoient au premier débat de cet après-midi. Je suis la première à affirmer que nos réseaux ont souffert de sous-investissement et de sous-entretien pendant des décennies.
M. Roger Karoutchi. C’est sûr !
Mme Élisabeth Borne, ministre. Nous serons ainsi conduits à réorienter fortement nos priorités en faveur des transports du quotidien, de l’entretien et de la modernisation des réseaux. Nous serons aussi amenés à faire des choix qui, je puis vous l’assurer, ne sont pas simples : c’est une démarche courageuse de la part du Gouvernement.
Le premier enjeu, c’est de mettre à niveau les réseaux. Je ne rappelle pas les chiffres sur l’engagement de l’État en la matière. J’ai bien noté votre attente sur le Grand Paris Express et, je le répète, le schéma n’est pas remis en cause : nous allons nous engager sur un calendrier ambitieux et réaliste, en tenant compte des difficultés de réalisation de ce type de chantier.
J’ajoute, même si je l’ai déjà mentionné en répondant à Mme Cohen lors de mon propos liminaire, qu’il faut être attentif au fait que les travaux peuvent eux-mêmes entraîner des difficultés.
C’est pourquoi, lorsque nous fixerons le niveau d’ambition des travaux que nous réalisons sur le réseau francilien, nous devrons veiller – c’est tout le sens des échanges que j’ai pu avoir avec Mme Pécresse et les opérateurs – à ce que les travaux, qui sont une très bonne nouvelle, ne soient pas d’abord générateurs de mauvaises nouvelles et d’incidents.
Madame la sénatrice, vous avez évoqué les retards ou la qualité de service sur le RER B. Pour ma part, je tiens à rendre hommage aux agents qui assurent le meilleur service public possible sur cette ligne. Reste que les travaux d’interconnexion avec les lignes du Grand Paris ont provoqué de nombreuses perturbations.
Par ailleurs – nous pourrons y revenir –, un département comme la Seine-et-Marne a besoin non seulement d’infrastructures lourdes, mais aussi de nouvelles solutions de mobilité, de covoiturage, d’autopartage, de transport à la demande. Je sais que la présidente d’Île-de-France Mobilités est très investie sur ces sujets.
Le projet de loi d’orientation des mobilités aura aussi pour enjeu d’apporter des solutions pour tous ces territoires, notamment leur permettre un rabattement facile et confortable sur les modes lourds.
Mme la présidente. La parole est à M. Olivier Léonhardt, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.
M. Olivier Léonhardt. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, après la Seine-et-Marne, parlons de l’Essonne, dont les habitants considèrent que les transports en commun sont répartis de manière scandaleuse entre Paris et les départements de la grande couronne.
La grande couronne représente 4,5 millions d’habitants sur 12 millions de Franciliens. C’est bien plus que la somme totale des habitants de Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Strasbourg, Montpellier, Bordeaux, Lille et Rennes. Alors que les dix plus grandes villes de France comptent moins de 4,5 millions d’habitants, elles bénéficient quasiment toutes – fort heureusement, du reste – de réseaux denses de métro, trams, sites propres et bus.
Le super-métro automatique Grand Paris Express continuera à engloutir pendant encore de nombreuses années les investissements de notre région – mes propos ne plairont pas forcément à tous mes collègues de la région parisienne. Initialement estimé à 26 milliards d’euros, ce projet a été réévalué à environ 35 milliards d’euros voilà quelques semaines, mais nous savons tous qu’il dépassera les 40 milliards d’euros.
Pour autant, nous ne pouvons pas imaginer qu’aucune réalisation concrète n’ait lieu dans les dix ans. Il semble par ailleurs que des menaces pèsent sur la réalisation de certaines lignes desservant la grande couronne, notamment la ligne 18 qui traverse l’Essonne.
Nous concevons les transports de demain comme il y a trente ans, alors que des projets plus adaptés aux bassins de vie, plus efficaces et moins coûteux, mais aussi plus rapides à créer – c’est très important – permettraient d’apporter des réponses à l’urgence des usagers au quotidien.
À titre d’exemple, dans le département de l’Essonne, des projets de téléphériques urbains entre les lignes C et D du RER ou à Paris-Saclay apporteraient des réponses efficaces aux déplacements en grande couronne dans l’attente de la très lente rénovation des RER, qui ne sera évidemment achevée que dans quinze ans.
Mme la présidente. Veuillez conclure, mon cher collègue !
M. Olivier Léonhardt. Je conclus, madame la présidente.
Il existe un grand nombre de projets de ce type en grande banlieue – bus, sites propres, tramways –, qui permettraient de répondre à l’urgence des transports du quotidien, que le Président de la République a déclarés prioritaires.
Madame la ministre, êtes-vous favorable à une remise à plat des grands projets d’investissements de transports dans notre région, seul moyen de réaliser plus de projets, plus rapidement, dans tous les territoires franciliens et avec des coûts moins importants ?
Mme la présidente. Mes chers collègues, les dernières questions posées ont largement dépassé les deux minutes prévues. Je vous invite par conséquent à mieux respecter les temps de parole, pour ne pas allonger fortement nos débats.
La parole est à Mme la ministre.
Mme Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports. Monsieur le sénateur, je ne puis qu’être d’accord : il est nécessaire d’offrir des réponses à tous les territoires. Par nature, celles-ci ne peuvent être les mêmes selon que l’on est dans un territoire très dense, comme le cœur de l’agglomération parisienne, ou que l’on habite dans des villes moyennes ou dans des bourgs de la Seine-et-Marne, de l’Essonne ou des Yvelines.
L’enjeu – c’est vraiment le cœur du projet de loi d’orientation des mobilités – est donc bien de permettre aux autorités organisatrices de disposer de toute la palette des solutions, notamment de tirer parti de la révolution digitale, des nouvelles mobilités qu’elle rend possibles, de la fluidité qu’elle permet, dans des trajets qui associeront plusieurs réponses adaptées aux territoires, y compris le rabattement sur des lignes plus capacitaires.
Il s’agit bien de proposer dans tous les territoires des solutions de remplacement à « l’autosolisme », comme on dit, en particulier dans des départements comme l’Essonne. Avec la présidente d’Île-de-France Mobilités, j’ai eu l’occasion d’inaugurer une voie dédiée sur autoroute. Celle-ci est consacrée pour l’instant au transport par cars, mais elle pourra sans doute être ouverte aussi au covoiturage. Voilà une réponse rapide et efficace.
En Île-de-France, il faut particulièrement miser sur des infrastructures lourdes, car les besoins de transports très capacitaires sont les plus importants. Toutefois, il nous faut savoir aussi apporter des solutions rapides et efficaces pour l’ensemble de nos territoires et de nos concitoyens.
Mme la présidente. La parole est à M. Roger Karoutchi, pour le groupe Les Républicains.
M. Roger Karoutchi. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, tout cela est sympathique, mais, en réalité, c’est du bricolage ! (Sourires.) Le Président de la République dit vouloir réorganiser l’Île-de-France, réorganiser la métropole, faire la révolution, supprimer des départements, que sais-je encore, mais, en matière de transports, il nous faut rester identiques à nous-mêmes et faire avec l’existant.
Ce n’est pas possible. Ce n’est plus possible ! Philippe Dominati et moi-même avons déposé une excellente proposition de loi visant la création d’une entreprise unifiée et publique de transport public en Île-de-France. Comment continuer à avoir la SNCF Île-de-France, la RATP, la Société du Grand Paris, le STIF au-dessus, que sais-je encore, et la mairie de Paris qui demande à avoir un rôle d’autorité organisatrice de second rang ? Ce n’est pas sérieux ! Si vous voulez réformer et réorganiser les transports publics en Île-de-France, il faut faire la révolution de l’organisation.
Par ailleurs, madame la ministre, je me souviens avoir siégé je ne sais combien de temps au STIF et, bien avant, au syndicat des transports parisiens, où, il y a dix ou quinze ans, je reprochais à la SNCF de ne même pas conserver en Île-de-France le financement de l’amortissement du matériel. Tout allait aux TGV : rien n’était fait en Île-de-France. Oui, il faut un plan ORSEC ! Valérie Pécresse a raison, même deux milliards d’euros ne suffiraient pas.
Pendant quinze ans, en Île-de-France, rien n’a été fait – aucun investissement. La RATP était tournée vers l’international, s’occupant de vendre son métro à Rio ou au Caire, la SNCF faisait du TGV, et tant pis pour les Franciliens : ce public captif n’avait qu’à se débrouiller.
Madame la ministre, je ne doute pas de votre bonne volonté. Je vous dis seulement : ou bien on fait un plan ORSEC, on met réellement le paquet sur les transports du quotidien en Île-de-France et on réorganise le système, ou bien cela ne marchera pas ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Olivier Léonhardt applaudit également.)
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.
Mme Élisabeth Borne, ministre auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, chargée des transports. Monsieur le sénateur, je ne peux pas laisser dire que la RATP s’est désintéressée de son réseau pour s’occuper du métro de Rio. Je tiens à rendre hommage à cette entreprise que je connais bien : elle a, avec détermination et constance, entretenu son réseau. Elle a sans doute aussi eu la chance de ne pas avoir à mener, en même temps que l’entretien et la régénération de ses infrastructures, des projets de TGV.