M. le président. La parole est à M. Philippe Pemezec, pour la réplique.

M. Philippe Pemezec. Madame la ministre, alors que je croyais que nombre d’élus étaient inutiles, je constate que vous faites en permanence appel à eux !

Vous nous dites ne pas avoir les mêmes informations que nous. Je vous rappelle que, à Clichy, il y a deux églises, une synagogue et deux lieux de prière pour les musulmans.

Nous n’avons tout simplement pas la même conception de l’ordre public. Pourtant, un certain nombre de ceux qui se trouvent ici ont été maire avant d’être ministre…

La réalité, vous la connaissez : à certains endroits, nous sommes envahis par le fait religieux. Cela provoque nos convictions, quelles qu’elles soient, cela constitue également une provocation pour la liberté et notre démocratie.

Madame la ministre, mesdames, messieurs les membres du Gouvernement, j’en appelle à vous pour restaurer la République en tout lieu du territoire, parce que, pour moi, et pour vous aussi, j’imagine, la République est une et indivisible ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

politique de la ville (I)

M. le président. La parole est à M. Olivier Henno, pour le groupe Union Centriste.

M. Olivier Henno. Ma question s’adresse à M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires.

Depuis plusieurs mois, nous attendions de la part du Président de la République et du Gouvernement une vision et des perspectives en matière de politique de la ville. En effet, avant de démolir ou de passer un coup de rabot financier, il est toujours plus pertinent de préciser sa vision, de définir une alternative et, surtout, d’organiser un débat national pour que cette alternative soit la plus féconde possible.

En déplacement dans le Nord, le Président de la République a fait quelques annonces sur ce que nous pouvons considérer comme un énième plan en faveur des quartiers et territoires cumulant de nombreuses difficultés urbaines, sociales, de sécurité et d’emploi.

Certaines pistes annoncées semblent sorties de ce que certains appellent « l’ancien monde ». J’invite d’ailleurs ceux qui le pensent à lire ou relire L’Ecclésiaste. Comment comprendre l’annonce de la création d’emplois francs quand, au même moment, les collectivités locales et les associations des mêmes quartiers doivent faire face à la disparition des contrats aidés ?

Des annonces ont été faites en matière d’éducation, de culture, de lutte contre les discriminations et d’accès aux services publics. Nous les partageons. Ces annonces, attendues par de nombreux acteurs dans nos territoires, ont cependant comme un goût de trop peu. Quelle est la vision du Gouvernement en matière de sécurité, de logement ou de service public de l’emploi ? Quelle place entend-il donner aux territoires et à leurs élus locaux et quelle concertation compte-t-il engager avec eux ?

Il n’y a pas de fatalisme dans le domaine de la politique de la ville. J’ai encore à l’esprit les métamorphoses des quartiers consécutives au plan de Jean-Louis Borloo.

Monsieur le ministre, pouvez-vous éclairer notre assemblée sur votre vision à court, moyen et long terme en faveur des quartiers et des territoires les plus fragiles de notre République ? (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste. – M. Marc-Philippe Daubresse applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de la cohésion des territoires.

M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Monsieur le sénateur Henno, le Président de la République a très clairement expliqué sa vision de la politique de la ville. Il l’a fait, bien sûr, en concertation avec le Premier ministre et l’ensemble du Gouvernement. C’est un enjeu considérable.

Ce qui se passe dans nombre de quartiers n’est pas le résultat de la politique menée depuis cinq mois, mais le résultat d’au moins cinquante années au cours desquelles ces quartiers ont été malheureusement marginalisés.

M. Pierre-Yves Collombat. C’est à cause du libéralisme !

M. Jacques Mézard, ministre. Aujourd’hui, des constats montrent les difficultés, les problèmes de sécurité, d’emploi, d’éducation.

Vous avez cité Jean-Louis Borloo.

M. Marc-Philippe Daubresse. Il avait eu des résultats, à l’époque !

M. Jacques Mézard, ministre. Monsieur Daubresse, vous qui connaissez également bien la politique de la ville, sachez que nous avons justement décidé de confier une mission à Jean-Louis Borloo, lequel travaillera avec le secrétaire d’État Julien Denormandie et moi-même.

Nous voulons défendre une vision de « rassemblement » – c’est l’expression du Président de la République lui-même – dans un dossier qui est une priorité nationale. Au nom de ce rassemblement, nous avons pris la décision de nommer M. Klein, maire socialiste de Clichy-sous-Bois, président de l’ANRU. Il est en effet nécessaire de rassembler toutes les sensibilités dans le cadre de ce débat extrêmement important.

Vous avez rappelé ce qui se passe dans certaines communes : on y observe un retrait de la République, des comportements que nous ne pouvons pas tolérer, quelles que soient les travées sur lesquelles nous siégeons, quelles que soient nos sensibilités. C’est d’ailleurs le message très fort qu’a livré le Président de la République en indiquant qu’il veillerait à réunir tous les trois mois les acteurs de la politique de la ville à l’Élysée pour faire le point et pour avancer en totale concertation, bien sûr, avec le Premier ministre et l’ensemble du Gouvernement.

Nous engageons ainsi une véritable politique de relance de la politique de la ville, telle qu’elle n’avait pas été envisagée depuis bien longtemps ! (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste. – Exclamations sur des travées du groupe socialiste et républicain.)

prévention

M. le président. La parole est à M. Michel Amiel, pour le groupe La République En Marche.

M. Michel Amiel. Ma question s’adresse à Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, et concerne les dispositions du PLFSS relatives à la prévention des cancers de l’utérus.

Madame la ministre, alors que le PLFSS que nous examinons en ce moment même au Sénat prévoit de nombreuses innovations, je tenais à saluer la position du Gouvernement en faveur d’une meilleure prévention des cancers.

Selon les recommandations de la HAS, le dépistage commence chez les femmes à 25 ans pour le cancer du col de l’utérus et à 50 ans pour les cancers du sein et du colon.

Dans le cadre de la prévention des cancers féminins, la mise en place d’une consultation spécifique et sa prise en charge à 100 % par la sécurité sociale pour les assurées âgées de 25 ans est essentielle pour diffuser les messages de prévention et favoriser un dépistage effectif de la population. Cette consultation offrira en plus d’un dépistage du cancer du col de l’utérus à l’ensemble de la population la possibilité d’identifier, dans la population féminine, les patientes qui auront besoin d’un dépistage plus précoce, avant 50 ans pour le cancer du sein, par exemple.

Si je salue votre initiative, l’âge de 25 ans pourrait cependant paraître trop tardif pour de la prévention primaire. En effet, les outils à disposition, tels que le vaccin anti-papillomavirus du col de l’utérus, ont démontré leur efficacité quand ils ont été administrés à des filles plus jeunes, dès l’âge de 12 ans, comme le montre par exemple une récente étude au Royaume-Uni.

C’est la raison pour laquelle je souhaiterais connaître votre sentiment sur l’instauration d’une première consultation de prévention pour les assurées entre 11 et 14 ans. Cette consultation faciliterait la discussion autour du vaccin, mais pas seulement : elle permettrait également de rappeler l’utilité de l’activité physique, du contrôle de la charge pondérale et le nécessaire évitement de la toxicomanie. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre des solidarités et de la santé.

Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Amiel, vous avez raison, la prévention doit être une priorité. C’est pourquoi nous avons instauré une consultation de prévention gratuite pour les femmes âgées de 25 ans dans le cadre du PLFSS. Cette consultation permettra d’identifier leur niveau de risque pour les cancers du sein, de sorte qu’elles bénéficient d’un dépistage plus précoce et qu’elles soient alertées sur l’utilité du dépistage du cancer du col de l’utérus par frottis. En effet, on pourrait totalement prévenir le cancer du col de l’utérus aujourd’hui si l’ensemble des femmes françaises se soumettaient à un frottis tous les trois ans.

Par ailleurs, il existe une prévention primaire par la vaccination anti-HPV. Depuis 2007, de nombreux pays, notamment l’Angleterre et l’Australie, ont lancé de grandes campagnes de vaccination chez l’ensemble des enfants, filles ou garçons. En Australie, ces campagnes ont permis de faire diminuer la prévalence du virus, du cancer du col de l’utérus et des lésions du col utérin chez 75 % des femmes. Il a donc été vraiment prouvé scientifiquement qu’une telle vaccination constituait une excellente mesure de prévention primaire.

L’enjeu pour notre pays est de parvenir à lancer une large campagne de vaccination contre le virus HPV pour les filles comme pour les garçons. Cela permettrait, d’une part, de faire diminuer la prévalence du virus HPV dans la population et, d’autre part, de prévenir chez les jeunes garçons homosexuels le cancer du canal anal, ainsi que les cancers ORL.

Il faut donc mener une réflexion plus générale sur la consultation de prévention que l’on pourrait mettre en place pour favoriser la vaccination anti-HPV de l’ensemble de nos jeunes.

Par ailleurs, vous avez raison, nous devons nous interroger sur l’intérêt d’un dépistage précoce de l’obésité. C’est la raison pour laquelle Jean-Michel Blanquer et moi-même voulons rendre effective la visite médicale à 6 ans pour l’ensemble des enfants, de façon à dépister le surpoids et l’obésité notamment.

Nous menons actuellement une réflexion très large sur l’ensemble des consultations de prévention qui pourraient être utiles aux Français et avons ouvert ce débat sur la vaccination anti-HPV, mais pour un public plus large que les seules jeunes filles. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste. – Mme Fabienne Keller applaudit également.)

agriculture biologique

M. le président. La parole est à M. Joël Labbé, pour le groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.

M. Joël Labbé. Je suis très déçu que le ministre de l'agriculture ne soit pas là. J’aurais bien sorti mon joker, mais ça ne se fait pas !

Je voudrais interpeller le Gouvernement concernant le soutien à l’agriculture biologique.

M. Joël Labbé. En ces temps où l’agriculture dite « conventionnelle » démontre ses limites au point de ne plus nourrir ses serviteurs que sont les agricultrices et les agriculteurs, un nombre de plus en plus important de paysannes et de paysans choisissent d’engager une transition vers l’agriculture biologique, plus rémunératrice pour les producteurs et plus vertueuse pour la fourniture de productions de qualité, pour la préservation de la vie des sols, des équilibres environnementaux, de la biodiversité, de la qualité des eaux, de la santé humaine, du climat, et j’en passe.

Aujourd’hui, cette agriculture d’avenir occupe près de 6,5 % de la SAU, représente 7,3 % des exploitations et 10,8 % des emplois agricoles et connaît une croissance exponentielle. Pourtant, elle perçoit à peine 3 % des aides de la PAC, dont le montant s’élève, je vous le rappelle, à 7,44 milliards d’euros par an.

Monsieur le ministre de l’agriculture – enfin, vous lui direz… –, vous avez décidé que l’État se désengagerait des aides au maintien pour se recentrer sur les aides à la conversion, estimant que – je vous cite – « c’est désormais au marché de soutenir le marché de l’agriculture biologique ». Votre message est absolument inacceptable et incompréhensible, et ce alors même que le Président de la République a annoncé la reconnaissance de la valorisation des services environnementaux produits par les agriculteurs, au travers d’un investissement de 200 millions d’euros pour mettre en place…

M. le président. Il faut conclure !

M. Joël Labbé. … rapidement des paiements pour services écosystémiques.

Ma question (Marques d’impatience sur les travées du groupe Les Républicains.), monsieur le ministre ou madame la ministre qui allez me répondre, est la suivante : qu’en est-il de ce financement annoncé par le Président de la République ? Le Gouvernement va-t-il suivre (Même mouvement sur les mêmes travées.)

M. Joël Labbé. … le groupe La République en Marche de l’Assemblée nationale, qui a voté un amendement de rétablissement de l’aide au maintien ? (Applaudissements sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

M. Sébastien Lecornu, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur le sénateur Labbé, je tiens à vous rassurer : le ministre Travert a une bonne raison de ne pas être avec nous cet après-midi pour cette séance de questions d’actualité au Gouvernement, puisqu’il se trouve avec l’ensemble des acteurs d’une filière pour négocier une plus juste répartition de la valeur entre transformateurs et distributeurs. Il m’a chargé de vous communiquer sa réponse et, sous l’autorité du Premier ministre, celle du Gouvernement.

Je vous confirme que l’action du Gouvernement vise à conforter et à accompagner la filière bio. Vous le savez, nous avons fait le choix en juillet dernier de transférer les crédits du pilier 1 vers le pilier 2 de la politique agricole commune pour poursuivre résolument nos actions en faveur du bio et des agriculteurs les plus fragiles, car nous nous sommes trouvés dans une impasse budgétaire et avons souhaité que les aides au bio ne constituent pas la variable d’ajustement.

Par ce transfert, nous garantissons les aides à la conversion dans la dynamique de croissance qu’elles connaissent. Nous confions désormais aux conseils régionaux le soin de continuer à financer des aides au maintien sur de nouveaux contrats, mais ils devront le faire en responsabilité et sans mobiliser les crédits de l’État.

Outre ces aides à la conversion, les agriculteurs bio bénéficient de mesures agroenvironnementales. Naturellement, ils bénéficient aussi de toutes les autres aides de la PAC, dont la réforme sera conduite avec cette ambition, notamment.

Par ailleurs, nous avons la conviction qu’il nous faut mener une réflexion en profondeur sur la filière bio et son développement dans le cadre des états généraux de l’alimentation. Malgré une demande croissante des consommateurs pour le bio et après cinq ans d’aides à la conversion, comment expliquer que les agriculteurs ne parviennent toujours pas à vendre leurs produits bio à un prix qui leur permette d’en vivre ? Il s’agit là du défi à relever dans les prochaines années, et nous le ferons en amplifiant les efforts de tous pour que la croissance du marché bénéficie aux acteurs de l’agriculture biologique, ainsi qu’aux consommateurs.

Les agriculteurs bio n’ont aucune raison d’être inquiets, car nos objectifs pour le bio sont intacts : nous voulons passer de 6 % à 8 % des surfaces cultivées à la fin de la programmation, voire davantage, parce que c’est possible et que c’est le sens de notre ambition pour l’agriculture française. Nous souhaitons également atteindre les 50 % de produits bio de qualité issus de circuits courts dans la restauration collective en 2022. (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche.)

état des forces de sécurité

M. le président. La parole est à M. Henri Leroy, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Henri Leroy. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

Quarante-six policiers et seize gendarmes se sont donné la mort depuis le début de l’année.

La semaine dernière, sept membres des forces de l’ordre se sont suicidés. Cela fait un suicide par semaine depuis le début de l’année, un suicide par jour la semaine dernière ! Ces drames sont épouvantables et nos premières pensées vont aux familles de ces fonctionnaires.

Les forces de l’ordre font bien leur travail et le font tous les jours, confrontées à la violence, à une absence totale de respect de l’autorité, parfois même à un rejet de ce que nous sommes.

Les forces de l’ordre ne supportent plus le manque de soutien, le manque de moyens et le manque de considération. Elles ne supportent plus d’être trop souvent narguées par ceux qui ne respectent pas la loi, insultées et menacées sur les réseaux sociaux. La recrudescence des suicides illustre dramatiquement un malaise très profond. Il s’agit d’un épouvantable révélateur.

Monsieur le ministre, votre réponse apparaît malheureusement bien convenue. La prévention des risques psychosociaux constitue votre priorité : recrutement de psychologues, redynamisation des cellules de veille, déploiement de réseaux de référents. Tout cela est important, mais il n’y a rien de nouveau là-dedans, et c’est bien loin d’être suffisant !

Ne pensez-vous pas qu’il est temps d’appliquer la loi pénale sur notre territoire pour redonner le moral à nos hommes, qu’il est temps de sortir de l’angélisme qui nous mène aux polices de sécurité du quotidien et aux travaux d’intérêt général, qu’il est temps de sortir de l’impunité dont bénéficie toute une partie des délinquants en France ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Sylvie Goy-Chavent applaudit également.)

M. le président. La parole est à Mme la ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Henri Leroy, c’est avec une grande émotion que nous avons appris la semaine dernière que six fonctionnaires de police et deux fonctionnaires de gendarmerie s’étaient donné la mort. Je veux assurer leur famille, leurs proches, leurs collègues de travail, de tout mon soutien, de celui du Gouvernement et de l’ensemble du Sénat.

Il est toujours difficile d’expliquer de tels gestes, dont les raisons sont multiples, dont les causes sont complexes. Si ce sont souvent des raisons intimes, liées à la maladie, à la vie personnelle, qui expliquent le passage à l’acte, il est incontestable, monsieur le sénateur, qu’on ne peut pas éluder la dureté des tâches de nos policiers et de nos gendarmes. Eux qui doivent maintenir l’ordre public, eux qui sont amenés à lutter contre le terrorisme, eux qui traquent les criminels et les délinquants sont en effet sans cesse confrontés à la violence, à la désespérance, ce qui peut mener à une tension et un stress extrêmes.

De nombreuses actions ont été mises en œuvre depuis plusieurs mois pour prévenir de tels actes.

Tout d’abord, une action a été engagée pour le soutien psychologique aux agents. Le service dédié est doté de quatre-vingts psychologues pour la police et de trente-huit agents pour la gendarmerie.

Ensuite, nous avons souhaité sensibiliser les élèves policiers et gendarmes dès la fin de leur scolarité avec une cellule de veille, des référents à l’accompagnement dans les commissariats et les brigades.

Pour réagir à cette situation plus directement, nous avons demandé, dès dimanche, au directeur général de la police nationale et au directeur général de la gendarmerie nationale de mener une évaluation très précise de ces mesures. Nous en tirerons toutes les conséquences.

Enfin, je voulais vous dire que le ministre de l’intérieur va recevoir très rapidement les syndicats de l’ensemble de la police sur le sujet. (Applaudissements sur des travées du groupe Union Centriste, du groupe La République En Marche et du groupe socialiste et républicain.)

M. le président. La parole est à M. Henri Leroy, pour la réplique.

M. Henri Leroy. Madame la ministre, votre réponse montre que votre logique est malheureusement de traiter les conséquences plutôt que les causes.

Les forces de l’ordre retrouveront le moral lorsque la loi pénale sera appliquée partout sur notre territoire, lorsque les voyous…

M. le président. Il faut conclure !

M. Henri Leroy. … seront traités comme des délinquants et les policiers et les gendarmes respectés comme ils doivent l’être ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

politique de la ville (II)

M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Ma question s’adresse à M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires.

Des dizaines de milliards d’euros ont été consacrés aux quartiers depuis des décennies. Lorsque l’on demande à leurs habitants ce qui a changé, ils vous répondent : rien ou si peu. C’est la preuve des échecs successifs des politiques de la ville, qui ont consisté à saupoudrer beaucoup d’argent, une façon d’acheter la paix sociale.

Aujourd’hui, après les annonces faites par le Président de la République, quel désespoir pour les habitants de ces quartiers !

Jusqu’à ces derniers jours, j’étais maire d’une commune comprenant un quartier classé en politique de la ville. Mon expérience de terrain me conduit à penser que la question de l’avenir de nos banlieues et de nos quartiers en difficulté n’est pas tant une question de moyens qu’une question de volonté.

Pour remettre la République au cœur des quartiers, il faut redonner du sens à l’autorité, il faut y réhabiliter les valeurs de la République et rester intransigeant sur leur respect. Cela doit commencer dès le plus jeune âge. C’est la condition sine qua non pour y retrouver une qualité de vie et l’espoir d’y trouver un emploi.

En annonçant des mesures dérogatoires et particulières pour les banlieues, bien souvent déjà vues, comme les emplois francs ou le name and shame par exemple, le Président de la République tombe dans le piège de la discrimination positive.

Outre le fait que ces mesures ont peu de chances de porter leurs fruits, ne croyez-vous pas, monsieur le ministre, qu’elles constituent également une entorse à l’égalité républicaine ? Ne croyez-vous pas que la discrimination positive, présente en filigrane dans le discours du Président de la République et inspirée du modèle anglo-saxon, est contraire aux principes fondamentaux d’une République une et indivisible ? (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. le ministre de la cohésion des territoires.

M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Madame la sénatrice, vous n’avez pas raison de dire que rien n’a été fait. Si j’ai pu moi aussi dresser un bilan négatif d’un certain nombre de politiques touchant des quartiers dits prioritaires ou fragiles, il n’en reste pas moins que beaucoup de travail a été réalisé par les gouvernements successifs.

M. Jacques Mézard, ministre. Lorsque l’on va sur le terrain, on peut le constater dans nombre de quartiers.

Quand vous affirmez que l’argent, c’est une chose, mais que cela ne suffit pas, je peux vous suivre. Mais il faut tout de même de l’argent ! D’ailleurs, on nous reproche de ne pas en mettre suffisamment…

Là où vous avez raison, c’est qu’il faut une volonté. En revanche, là où je ne suis pas d’accord avec vous, c’est que ce n’est pas de la discrimination positive – je vous renvoie à celui qui a utilisé ces mots pour la première fois – que de prendre des mesures pour rattraper le retard, amener le droit commun ou rétablir l’accès aux services publics dans les quartiers. S’il existe des problèmes dans les territoires ruraux, il y en a aussi dans nombre de ces quartiers, où on trouve moins de bureaux de poste ou de commissariats qu’ailleurs et où nos concitoyens se trouvent manifestement confrontés à des problèmes de mobilité.

Il faut bien le reconnaître, nous sommes parfois confrontés à des situations exceptionnelles : c’est le cas lorsque 60 % de la population de certains de ces quartiers est allophone, c’est-à-dire qu’elle ne parle pas le français mais l’une des vingtaines d’autres langues pratiquées. Nous sommes donc obligés de travailler à la mise en place de mesures, qui ne sont pas spécifiques, mais qui permettent de ramener le droit commun, la République dans ces quartiers.

Là où vous avez raison, c’est qu’il faut de l’autorité, ce qu’a très fermement rappelé le Président de la République, car il faut que la sécurité puisse régner dans ces quartiers, comme ailleurs ! (Applaudissements sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, du groupe La République En Marche et du groupe Union Centriste.)

M. le président. La parole est à Mme Jacqueline Eustache-Brinio, pour la réplique.

Mme Jacqueline Eustache-Brinio. Monsieur le ministre, je crois que nous aurons gagné, et que la politique de la ville aura atteint son but, lorsque la police pourra travailler dans les quartiers sans se faire caillasser, que les enseignants pourront y enseigner en toute quiétude, que les travailleurs sociaux accepteront d’y rester, bref, quand les habitants pourront vivre au quotidien dans le climat de paix et de sécurité auquel chacun d’entre nous a droit ! (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)

apprentissage

M. le président. La parole est à M. Martin Lévrier, pour le groupe La République En Marche.

M. Martin Lévrier. Ma question s'adresse à Mme la ministre du travail.

Vendredi dernier, madame la ministre, vous avez posé le premier jalon de la profonde réforme de l’apprentissage promise par le candidat Emmanuel Macron. Nous le savons, la France compte aujourd’hui environ 7 % de jeunes apprentis, tandis que notre voisin allemand frôle les 15 %.

Nos entreprises industrielles ne trouvent plus de jeunes à embaucher en apprentissage. Alors que la rentrée est déjà loin, les centres de formation d’apprentis disposent encore de nombreuses offres qu’ils ne parviennent pas à satisfaire – situation paradoxale dans un pays où 23 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage.

Malheureusement, la filière de l’apprentissage est méprisée par les familles, par les jeunes et, plus globalement, par le système. C’est pourtant une voie de réussite : plus de 70 % des apprentissages débouchent sur un emploi stable.

Nous ne pouvons que déplorer ce manque de considération. Non seulement l’apprentissage facilite l’insertion professionnelle de nos jeunes, mais il contribue aussi à permettre à chacun de trouver sa voie. Des jeunes qui ne trouvent pas leur équilibre dans le système scolaire s’épanouissent et réussissent grâce à l’apprentissage. Ce n’est donc pas un cursus de second rang, mais bien plus une grande voie de réussite en complément de l’éducation nationale, avec des passerelles entre les deux qu’il nous faut renforcer.

Aujourd’hui, le système de l’apprentissage doit s’adapter aux aspirations des jeunes et aux besoins des entreprises. Il est l’un des outils à même de remettre l’ascenseur social en marche.

Une fois dressé ce constat, je tiens à vous renouveler tout mon soutien dans cette réforme devant faciliter l’insertion professionnelle des jeunes, transformer notre économie et faire évoluer les mentalités.

Madame la ministre, dans le cadre des concertations collectives que vous avez initiées, comment construirez-vous un triptyque solide qui associera entreprises, CFA et régions, au service de ces jeunes en recherche d’emploi et de diplômes valorisants ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)