M. le président. L'amendement n° 506, présenté par MM. Bosino et Le Scouarnec, Mme Didier, M. Vergès, Mme Assassi, M. Abate, Mme Beaufils, MM. Billout et Bocquet, Mmes Cohen, Cukierman, David et Demessine, MM. Favier et Foucaud, Mme Gonthier-Maurin, M. P. Laurent, Mme Prunaud et M. Watrin, est ainsi libellé :
Alinéa 4
Supprimer les mots :
et aux opérateurs des sociétés agissant pour leur compte
La parole est à M. Michel Le Scouarnec.
M. Michel Le Scouarnec. Par cet amendement, nous souhaitons répondre à une préoccupation que le Médiateur national de l’énergie a exprimée lors de son audition et à laquelle M. Bosino, qui est l’initiateur de cet amendement, a pu être confronté sur le terrain en tant qu’élu local : il s’agit de la qualité des relevés de compteurs et des effets sur les consommateurs de cette procédure en termes de rattrapage de facture, par exemple.
À cet égard, notre collègue a dû faire face dans sa ville à un épisode de factures « folles » où l’opérateur, GDF, était entièrement responsable : en effet, c’est parce qu’il sous-traitait le relevé des compteurs qu’on a assisté à une série de factures erronées. C’est seulement parce que la population s’est mobilisée et que le Médiateur national de l’énergie est intervenu qu’une solution satisfaisante a été trouvée. Ce dernier, lors de son audition, a admis que le rattrapage des factures pose de vraies questions et que, dans le plus grand nombre de cas où il était saisi, la négligence tenait à l’opérateur.
Et de poursuivre que, jusque voilà une dizaine d’années, les releveurs de compteurs étaient tous des agents de EDF-GDF et que leurs missions s’étendaient bien au-delà du simple relevé : ils avaient un œil sur l’état d’usage du réseau, sur les petits problèmes techniques, et ils pouvaient aussi signaler des difficultés de paiement – ils étaient en fait autant de médiateurs.
Les opérateurs procèdent désormais par appel d’offres pour sous-traiter le relevé. Le premier critère est devenu la rentabilité, et certains sous-traitants imposent des rythmes de relevés qui sont en fait peu tenables. Cela peut aller des releveurs qui, pour tenir les objectifs, remplissent leur grille au jugé quand ils ne trouvent pas l’abonné chez lui, jusqu’aux factures qui sont envoyées si rapidement qu’elles parviennent avant même que le délai de l’auto-relevé ne soit terminé...
Pour mettre un terme à ces désordres, ou essayer d’y mettre un terme, nous proposons par cet amendement d’interdire la sous-traitance de cette activité en autorisant seulement les personnels des fournisseurs à accéder aux compteurs, ou plus généralement « aux ouvrages relatifs à la distribution de gaz naturel et d’électricité », pour reprendre la terminologie de l’article 7 ter.
M. le président. Quel est l’avis de la commission des affaires économiques ?
M. Ladislas Poniatowski, au nom de la commission des affaires économiques. Je remercie l’auteur de cet amendement, qui tend à interdire non pas l’accès et le relevé des compteurs – vous avez raison –, mais seulement la sous-traitance, ce qui est différent. Il ne faut pas empêcher l’accès aux canalisations, qu’il s’agisse du gaz ou de l’électricité, en particulier aux colonnes montantes lorsqu’elles sont intégrées au réseau. C’est indispensable pour assurer leur entretien, pour réaliser les réparations en cas d’avarie, voire en cas d’accident.
J’ai donc bien compris que votre méfiance visait seulement la sous-traitance, mais l’article dont il est question ne traite pas de ce sujet et précise simplement qu’il faut faciliter la tâche des distributeurs d’électricité ou de gaz pour l’accès auxdites colonnes.
C’est la raison pour laquelle, monsieur le sénateur, je vous demande de bien vouloir retirer votre amendement.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. le président. Monsieur Le Scouarnec, l'amendement n° 506 est-il maintenu ?
M. Michel Le Scouarnec. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 506 est retiré.
La parole est à M. Ronan Dantec, pour explication de vote sur l'article 7 ter.
M. Ronan Dantec. Mes chers collègues, nous travaillons dans une très bonne ambiance avec M. Poniatowski, et je n’ai pas voulu insister sur ce qui me semble être un malentendu.
Toutefois, monsieur le rapporteur, les propos que vous avez tenus sur notre amendement ayant pour objet l’organisation de l’effacement ne me semblent pas tout à fait corrects. En la matière, nous nous battons pour garantir un système technique, non pour défendre des intérêts privés.
M. Ladislas Poniatowski, au nom de la commission des affaires économiques. Dont acte !
M. Ronan Dantec. Pouvez-vous me confirmer qu’il s’agit uniquement d’une mauvaise compréhension entre nous ?
M. Jean-Claude Lenoir, président de la commission des affaires économiques. C’est déjà fait !
M. Ronan Dantec. Au reste, dans ce domaine, l’un des problèmes est, à mon sens, le nombre insuffisant d’opérateurs privés existant sur notre territoire. Je pense donc que votre intervention, monsieur le rapporteur, était malheureuse.
M. le président. Je mets aux voix l'article 7 ter.
(L'article 7 ter est adopté.)
Article 8
I. – Le chapitre Ier du titre II du livre II du code de l’énergie est ainsi modifié :
1° À l’avant-dernier alinéa de l’article L. 221-1, après le mot : « énergie », sont insérés les mots : « qui est déterminée par un arrêté, » ;
1° bis Au dernier alinéa de l’article L. 221-1, la référence : « au deuxième alinéa » est remplacée par les références : « aux a à d » ;
1° ter Au premier alinéa de l’article L. 221-2, les références : « , L. 221-8 et L. 221-9 » sont remplacées par les références : « et L. 221-8 » ;
2° L’article L. 221-6 est abrogé ;
3° L’article L. 221-7 est ainsi modifié :
a) Au début, sont ajoutés huit alinéas ainsi rédigés :
« Le ministre chargé de l’énergie ou, en son nom, un organisme habilité à cet effet peut délivrer des certificats d’économies d’énergie aux personnes éligibles lorsque leur action, additionnelle par rapport à leur activité habituelle, permet la réalisation d’économies d’énergie sur le territoire national d’un volume supérieur à un seuil fixé par arrêté du ministre chargé de l’énergie.
« Sont éligibles :
« 1° Les personnes mentionnées à l’article L. 221-1 ;
« 2° Les collectivités territoriales, les groupements de collectivités territoriales et leurs établissements publics, ainsi que les associations placées sous le régime de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d’association qui les regroupent pour le dépôt de programmes de certificats d’économies d’énergie ;
« 3° Les sociétés d’économie mixte, les sociétés publiques locales et les sociétés d’économie mixte à opération unique dont l’objet social inclut l’efficacité énergétique ou permet de fournir un service de tiers-financement, défini à l’article L. 381-1 du code de la construction et de l’habitation ;
« 4° L’Agence nationale de l’habitat ;
« 5° Les organismes mentionnés à l’article L. 411-2 du code de la construction et de l’habitation, les groupements de ces organismes ainsi que les associations placées sous le régime de la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d’association qui les regroupent ;
« 6° Les sociétés d’économie mixte exerçant une activité de construction ou de gestion de logements sociaux. » ;
a bis) La première phrase du premier alinéa est supprimée ;
b) À la deuxième phrase du premier alinéa, le mot : « Ils » est remplacé par les mots : « Les personnes éligibles mentionnées aux 1° à 6° du présent article », les mots : « ce seuil » sont remplacés par les mots : « le seuil mentionné au premier alinéa » et les mots : « ou un tiers » sont supprimés ;
c) La dernière phrase du premier alinéa est supprimée ;
d) Le deuxième alinéa est remplacé par six alinéas ainsi rédigés :
« Peut également donner lieu à la délivrance de certificats d’économies d’énergie la contribution :
« a) À des programmes de bonification des opérations de réduction de la consommation énergétique des ménages les plus défavorisés ;
« b) À des programmes d’information, de formation ou d’innovation favorisant les économies d’énergie ou portant sur la logistique et la mobilité économes en énergies fossiles ;
« c) Au fonds de garantie pour la rénovation énergétique mentionné à l’article L. 312-7 du code de la construction et de l’habitation ;
« d) À des programmes d’optimisation logistique dans le transport de marchandises de la part des chargeurs, tels que le recours au transport mutualisé ou combiné et le recours au fret ferroviaire et fluvial.
« La liste des programmes éligibles et les conditions de délivrance des certificats d’économies d’énergie sont définies par un arrêté du ministre chargé de l’énergie. » ;
e) Au troisième alinéa, après les mots : « énergie renouvelable », sont insérés les mots : « ou de récupération » et les mots : « consommée dans un local à usage d’habitation ou d’activités agricoles ou tertiaires » sont supprimés ;
4° À la deuxième phrase de l’article L. 221-8, les mots : « visée à l’article L. 221-1 » sont remplacés par les mots : « mentionnée aux 1° à 6° de l’article L. 221-7 » ;
5° L’article L. 221-9 est abrogé ;
6° L’article L. 221-10 est ainsi modifié :
a) À la seconde phrase du premier alinéa, les mots : « visée à l’article L. 221-1 » sont remplacés par les mots : « mentionnée aux 1° à 6° de l’article L. 221-7 » ;
b) Le dernier alinéa est supprimé ;
7° Il est ajouté un article L. 221-12 ainsi rédigé :
« Art. L. 221-12. – Un décret en Conseil d’État précise les modalités d’application du présent chapitre, en particulier :
« 1° Les seuils mentionnés à l’article L. 221-1 ;
« 2° Les conditions et les modalités de fixation des obligations d’économies d’énergie, en fonction du type d’énergie considéré, des catégories de clients et du volume de l’activité ;
« 3° Les conditions de délégation de tout ou partie des obligations d’économies d’énergie à un tiers ;
« 4° Les critères d’additionnalité des actions pouvant donner lieu à délivrance de certificats d’économies d’énergie ;
« 5° La quote-part maximale allouée aux programmes d’accompagnement de la maîtrise de la demande énergétique mentionnés aux b à d de l’article L. 221-7 ;
« 6° La date de référence mentionnée au dernier alinéa de l’article L. 221-7 et à l’article L. 221-8 ;
« 7° La durée de validité des certificats d’économies d’énergie, qui ne peut être inférieure à cinq ans ;
« 8° Les missions du délégataire mentionné à l’article L. 221-10, les conditions de sa rémunération et les modalités d’inscription des différentes opérations relatives aux certificats sur le registre national. »
II. – Le chapitre II du même titre II est ainsi modifié :
1° À l’article L. 222-1, les mots : « qu’il constate, de la part des personnes mentionnées à l’article L. 221-1, » sont supprimés et les références : « des articles L. 221-1 à L. 221-5 » sont remplacées par la référence : « du chapitre Ier du présent titre » ;
2° L’article L. 222-2 est ainsi modifié :
a) À la fin de la première phrase du premier alinéa, les mots : « dans un délai déterminé aux dispositions dont le non-respect peut être sanctionné conformément à l’article L. 222-1 » sont remplacés par les mots : « à ses obligations dans un délai déterminé » ;
b) Le second alinéa est remplacé par six alinéas ainsi rédigés :
« Lorsque l’intéressé ne se conforme pas dans les délais fixés à cette mise en demeure, le ministre chargé de l’énergie peut :
« 1° Prononcer à son encontre une sanction pécuniaire dont le montant est proportionné à la gravité du manquement et à la situation de l’intéressé, sans pouvoir excéder le double de la pénalité prévue au premier alinéa de l’article L. 221-4 par kilowattheure d’énergie finale concerné par le manquement, et sans pouvoir excéder 2 % du chiffre d’affaires hors taxes du dernier exercice clos, porté à 4 % en cas de nouveau manquement à la même obligation ;
« 2° Le priver de la possibilité d’obtenir des certificats d’économies d’énergie selon les modalités prévues au premier alinéa de l’article L. 221-7 et à l’article L. 221-12 ;
« 3° Annuler des certificats d’économies d’énergie de l’intéressé, d’un volume égal à celui concerné par le manquement ;
« 4° Suspendre ou rejeter les demandes de certificats d’économies d’énergie faites par l’intéressé.
« Un décret en Conseil d’État précise les modalités d’application du présent article. » ;
3° L’article L. 222-7 est abrogé ;
4° Le premier alinéa de l’article L. 222-9 est ainsi modifié :
a) Les mots : « chargés de l’industrie mentionnés à l’article L. 172-1 du code de l’environnement » sont remplacés par les mots : « , désignés à cet effet par le ministre chargé de l’énergie, » ;
b) Les mots : « l’infraction prévue à l’article L. 222-8 » sont remplacés par les mots : « les manquements et infractions au présent titre et aux textes pris pour son application » ;
c) À la fin, la référence : « chapitre II du titre VII du livre Ier du même code » est remplacée par la référence : « titre VII du livre Ier du code de l’environnement ».
III. – (Non modifié) La quatrième période d’obligation d’économies d’énergie est comprise entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2020.
M. le président. L'amendement n° 549, présenté par M. M. Bourquin, Mmes Lienemann, Bataille, Espagnac et Guillemot, MM. Cabanel, Courteau, Daunis, Duran, S. Larcher, Montaugé, Rome, Vaugrenard et les membres du groupe socialiste et apparentés, est ainsi libellé :
I. – Après l’alinéa 1
Insérer treize alinéas ainsi rédigés :
1° A L’article L. 221-1 est ainsi modifié :
a) Le 1° est ainsi modifié :
- après le mot : « morales », sont insérés les mots : « et leurs filiales au sens de l’article L. 233-1 du code de commerce » ;
- après le mot : « automobiles », sont insérés les mots : « , du fioul domestique » ;
b) Le 2° est ainsi modifié :
- après le mot : « personnes », il est inséré le mot : « morales » ;
- les mots : « du fioul domestique » sont supprimés ;
c) Après le 2°, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« 3° Le groupement professionnel des entreprises, autres que celles mentionnées au 1°, qui vendent du fioul domestique. Les modalités d’organisation et de fonctionnement du groupement professionnel sont fixées par décret. » ;
d) Le quatrième alinéa est supprimé ;
e) Le cinquième alinéa est ainsi modifié :
- après la référence : « 2° », sont insérés les mots : « et le groupement professionnel visé au 3° » ;
- sont ajoutés les mots : « soit en les déléguant pour tout ou partie à un tiers dans des conditions fixées par décret » ;
II. – Après l’alinéa 4
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
…° Le second alinéa de l’article L. 221-2 est supprimé.
III. – Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
… - Le présent article entre en vigueur le 1er janvier 2018.
La parole est à M. Roland Courteau.
M. Roland Courteau. Cet amendement, que je présente avec Martial Bourquin et l’ensemble des membres du groupe socialiste, tend à permettre à un groupement professionnel réunissant les distributeurs indépendants d’assumer l’obligation « fioul domestique ».
En effet, un tel groupement permettrait de garantir l’efficacité du certificat d’économies d’énergie, le CEE, et préserverait l’équilibre concurrentiel des entreprises.
Les distributeurs indépendants sont mis en concurrence directe avec les grossistes, lesquels sont également distributeurs via leurs filiales. Je précise que ces dernières ne seraient pas comprises dans le périmètre considéré : le groupement ne se justifie que pour les 1 800 entreprises indépendantes. Il serait créé le 1er janvier 2018. Dans l’intervalle, les distributeurs se déclarent prêts à assumer les conséquences de ce décalage.
M. le président. Quel est l’avis de la commission des affaires économiques ?
M. Ladislas Poniatowski, au nom de la commission des affaires économiques. Monsieur Courteau, la Haute Assemblée connaît bien ce problème, qui a déjà été soulevé au détour de différents textes.
M. Gérard Longuet. Voilà !
M. Ladislas Poniatowski, au nom de la commission des affaires économiques. La question est de nouveau posée aujourd’hui.
En commission, je me suis prononcé contre la disposition que vous proposez, mais je n’ai pas été suivi. La situation des fioulistes indépendants et leurs rapports avec les grossistes ne sont pas simples, étant donné l’ampleur des intérêts en jeu. Vous l’avez compris, il s’agit du vaste domaine des certificats d’économies d’énergie.
Ce sujet délicat fait actuellement l’objet de pourparlers. Les professionnels concernés se sont – enfin ! – réunis autour d’une table pour en discuter avec le Gouvernement. Voilà pourquoi, lors de la réunion de la commission, je vous ai demandé de ne pas déposer cet amendement. On ne peut affirmer qu’une solution sera nécessairement atteinte, compte tenu des enjeux économiques soulevés, mais on observe que les positions sont en train de se rapprocher.
Devant la commission, j’ai invoqué l’argument suivant : n’allons pas plus vite, respectons la discussion en cours, jouons le jeu du dialogue social. Vous m’avez rétorqué que les parlementaires devaient accélérer la négociation, quitte à menacer d’imposer une solution, en plaçant en quelque sorte le couteau sous la gorge des différents partenaires.
Monsieur Courteau, je note au passage que votre proposition souffre d’une légère erreur technique : ainsi rédigées, les dispositions de cet amendement imposent la nouvelle échéance de 2018 à l’ensemble des mesures de l’article 8. Cet amendement devrait donc, quoi qu’il en soit, être réécrit, pour que cette date butoir soit limitée au sujet dont il est question.
Cela étant, je vous demande de nouveau de bien vouloir retirer cet amendement.
Madame la ministre, vous allez sans doute nous indiquer à quel stade en sont les discussions. Si ces dernières vous inspirent un réel optimisme, si vous estimez que les tractations vont aboutir, j’appellerai encore plus vivement au retrait de cet amendement !
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Ségolène Royal, ministre. Monsieur Courteau, mes arguments vont compléter les propos de M. le rapporteur, même si, sur le fond, vous avez tout à fait raison.
Vous soulignez à juste titre la nécessité de hâter la mise en œuvre du dispositif. À cet égard, votre proposition a le mérite d’exister : elle permet d’exercer une pression, pour que les organismes professionnels accélèrent réellement les négociations.
Nous sommes en train de rechercher, avec huit organismes professionnels de la filière fioul, une solution consensuelle. Tous les acteurs ont admis qu’il ne fallait pas modifier les règles en vigueur pendant la période actuelle d’obligation. Ils se sont déclarés volontaires pour participer à ces travaux dans la perspective de la quatrième phase, qui s’ouvrira en 2018.
Or, à ce stade, la solution du groupement professionnel ne fait pas consensus. Il semble donc prématuré de la retenir tant que la concertation n’a pas abouti.
Je le répète, je suis d’accord avec vous sur ce point : à ce jour, les professionnels du secteur n’ont pas intérêt à bouger. Si les pouvoirs publics ne mettent pas la pression sur eux, rien ne se passera et aucun accord ne sera conclu. Parallèlement, il faut respecter la phase de concertation.
Dès lors, peut-être faudrait-il imposer une échéance, afin qu’un dispositif stable et définitif entre rapidement en vigueur ? Nous pourrions, par exemple, fixer un délai d’un an.
M. Ladislas Poniatowski, au nom de la commission des affaires économiques. J’espère que la solution sera trouvée d’ici là !
Mme Ségolène Royal, ministre. Faute de quoi, les négociations risquent de s’enliser.
Quoi qu'il en soit, monsieur Courteau, je vous demande de bien vouloir retirer cet amendement.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Ladislas Poniatowski, au nom de la commission des affaires économiques. Ce sujet semble faire consensus, sur toutes les travées. Personne, dans cet hémicycle, ne souhaite voir les grossistes absorber les fioulistes indépendants. Cela étant – c’est là qu’est le paradoxe –, ces derniers refusent de se regrouper !
Monsieur Courteau, il faut probablement aller vers un groupement professionnel. En outre, Mme la ministre l’a dit à très juste titre, il peut être utile d’exercer une pression. Toutefois, avec cet amendement, vous procédez un peu brutalement. De surcroît, ce n’est en aucun cas à nous d’imposer cette évolution.
Madame la ministre, vous vous demandez quand ces tractations vont aboutir. En réalité, le simple fait de débattre de ce problème dans cet hémicycle peut contribuer à les faire progresser.
M. Gérard Longuet. Évidemment !
M. Ladislas Poniatowski, au nom de la commission des affaires économiques. Néanmoins, je le répète, imposer une solution ne correspond pas à ma vision du dialogue social et des négociations professionnelles.
M. le président. La parole est à M. Gérard Longuet, pour explication de vote.
M. Gérard Longuet. Aux arguments extrêmement pertinents de Mme la ministre et de M. le rapporteur, je tiens à ajouter un constat factuel : le Parlement a déjà rejeté un amendement similaire, déposé au titre du projet de loi relatif à la simplification de la vie des entreprises.
M. Ladislas Poniatowski, au nom de la commission des affaires économiques. Absolument !
M. Gérard Longuet. Il serait quelque peu paradoxal d’exprimer, à deux mois d’intervalle, deux positions opposées.
Des négociations sont en cours. Les entreprises ne sont pas des enfants de chœur : elles connaissent des rapports de force et emploient, ainsi que leurs regroupements, différents moyens face aux intérêts économiques qui sont en jeu.
Je comprends très bien la position exprimée par M. Courteau. Il est assez fréquent que nous tentions, via tel ou tel amendement, de défendre un groupe d’entreprises face à un autre.
Néanmoins, je le dis à mon tour, laissons ce débat prospérer : l’échéance est fixée à 2018, nous avons donc du temps devant nous. Ne nous imposons pas, qui plus est en séance publique, en arbitres d’une négociation professionnelle qui doit se poursuivre sur un point très technique. Il faut que l’issue de ces pourparlers garantisse l’équilibre des intérêts respectifs des différentes catégories de distributeurs de fioul.
Pour ma part, je vous l’avoue, je suis parfaitement incompétent en la matière ! Je serais bien incapable de donner mon appréciation du bien et de la vérité. Ce que je sais simplement, c’est que le Parlement a rejeté cette disposition il y a trois mois. Il serait pour lui délicat de se déjuger.
M. le président. La parole est à M. Martial Bourquin, pour explication de vote.
M. Martial Bourquin. Mes chers collègues, cet enjeu concerne bon nombre d’entreprises, petites et moyennes, dont les membres, en suivant des formations spécifiques, se sont donné les moyens intellectuels et techniques de dresser les certificats d’économies d’énergie.
Or, sans sommation, l’on menace ces entreprises de leur ôter la délivrance de ces documents pour la confier à des groupements !
M. Gérard Longuet. C’est ce qu’il faut éviter !
M. Martial Bourquin. Tout à fait, cher collègue.
Bien sûr, des négociations sont en cours, mais prenons garde : elles ne sont pas menées à armes égales. À ce jour, est prévue, par la loi, la possibilité de confier aux grands distributeurs la délivrance de ces certificats d’économies d’énergie,…
M. Ladislas Poniatowski, au nom de la commission des affaires économiques. C’est vrai.
M. Martial Bourquin. … ce qui n’est pas acceptable.
Il faut absolument que les tractations se poursuivent. L’idée, suggérée par Mme la ministre, de fixer une date butoir me semble digne d’intérêt ; mais pourquoi confier aux seuls grands groupes distributeurs de fioul, comme les établissements Leclerc, la délivrance de ces documents ? Pourquoi exclure les petites entreprises, qui, j’insiste sur ce point, disposent des compétences nécessaires ?
M. Ladislas Poniatowski, au nom de la commission des affaires économiques. On veut défendre les petits, mais ils ne veulent pas se regrouper !
M. Martial Bourquin. Dans bien des territoires, notamment dans le monde rural, ces petites entreprises assument nombre de compétences en matière d’économies d’énergie.
En l’espèce, les négociations s’apparentent au combat du pot de fer contre le pot de terre. On ne peut suspendre ainsi une épée de Damoclès au-dessus de la tête des petits distributeurs, qui sont, en la matière, aussi compétents que les grands groupes.
Pour les PME concernées, l’enjeu est vital : leurs représentants nous ont prévenus, si elles ne peuvent plus délivrer ces certificats d’économies d’énergie, elles disparaîtront inévitablement dans les deux à trois ans.
Or, très souvent, ces professionnels se sont diversifiés. Près de la moitié de leur activité peut être consacrée à l’installation de chaudières à condensation, équipements très économes en fioul. Non seulement ils vendent du combustible, mais, lorsqu’ils se rendent chez un client, ils élaborent un diagnostic énergétique. De surcroît, lorsqu’ils dressent les certificats d’économies d’énergie, ils examinent l’isolation de la maison, proposent des changements d’huisseries et l’installation de nouveaux matériaux isolants très performants.
Leur annoncer aujourd’hui que, s’ils ne parviennent pas à un accord, cette compétence leur sera retirée au profit des grands distributeurs, ce ne serait pas logique.