M. Claude Bérit-Débat, rapporteur. Dommage que ce ne soit pas plus clair encore !
M. le président. Je suis saisi de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 194 rectifié, présenté par Mme Létard, MM. Marseille et Namy, Mme Gourault et MM. Bockel, Détraigne, Capo-Canellas, Guerriau et Tandonnet, est ainsi libellé :
Alinéas 1 à 4
Remplacer ces alinéas par un paragraphe ainsi rédigé :
I. - Après le deuxième alinéa de l’article L. 5211-17 du code général des collectivités territoriales, sont insérés deux alinéas ainsi rédigés :
« Pour les communautés de communes et les communautés d’agglomération, le transfert de la compétence relative au plan local d’urbanisme est décidé par délibérations concordantes de l’organe délibérant et d’au moins la moitié des conseils municipaux des communes représentant au moins la moitié de la population totale concernée.
« Un débat sur l’opportunité de ce transfert suivi d’un vote est organisé au sein de l’organe délibérant des communautés de communes et des communautés d’agglomération dans l’année qui suit chaque élection de son président consécutive au renouvellement général des conseils municipaux. »
La parole est à M. Henri Tandonnet.
M. Henri Tandonnet. Il s’agit d’un amendement de repli, par lequel nous proposons de revenir à un transfert facultatif de la compétence « urbanisme ».
Cela répond à notre volonté d’être à l’écoute des réalités locales et de laisser se créer des majorités de transfert de compétence. C’est également une réponse aux craintes exprimées par les maires.
Nous proposons en outre deux avancées pour favoriser le développement des PLU intercommunaux.
D’une part, nous abaissons la majorité permettant le transfert à la moitié des communes représentant la moitié de la population totale concernée. C’est à peine plus bas que le seuil actuel, tout en restant très raisonnable.
D’autre part, nous prévoyons d’organiser au sein de l’EPCI, après chaque renouvellement électoral, un débat suivi d’un vote sur l’opportunité de ce transfert. C’est une manière de reconduire régulièrement un véritable débat démocratique au sein des intercommunalités, sans recul par rapport à la loi actuelle, madame la ministre, et de permettre aux élus de se concerter plus régulièrement qu’ils ne le font aujourd’hui.
M. le président. L'amendement n° 77 rectifié, présenté par MM. Jarlier, Roche, J. Boyer, Deneux, Amoudry et Tandonnet, est ainsi libellé :
I. – Alinéa 1, aux cinquième et dernier alinéas du I (non modifié)
Après le mot :
lieu
insérer les mots :
à l’exception des plans de sauvegarde et de mise en valeur
II. – Alinéa 2 et alinéa 4, première phrase
Après le mot :
lieu
insérer les mots :
à l’exception des plans de sauvegarde et de mise en valeur
La parole est à M. Pierre Jarlier.
M. Pierre Jarlier. L’amendement n° 77 rectifié vise à exclure du transfert aux intercommunalités la compétence en matière de plan de sauvegarde et de mise en valeur, ou PSMV, et ce pour plusieurs raisons.
D’abord, un projet de loi est actuellement en préparation sur le patrimoine.
En outre, les PSMV, que ce soient les AVAP, les aires de valorisation de l’architecture et du patrimoine, ou le secteur sauvegardé, présentent de nombreuses particularités : ils concernent des zones très circonscrites, à l’intérieur même du territoire de la commune ; ils sont régis par des règlements spécifiques ; des investissements d’accompagnement de ces plans sont spécialement réalisés par la commune, et non par l’intercommunalité ; ils soulèvent des problèmes de publicité restreinte, par exemple pour les enseignes de qualité, sans parler, bien sûr, du problème des espaces publics de qualité.
Il me semble donc que, comme d’ailleurs je l’avais rappelé en première lecture, des mesures spécifiques sont nécessaires pour permettre le transfert de ces PSMV.
Le sens de cet amendement est donc d’attirer l’attention du Gouvernement et de nos collègues sur la difficulté qu’il y aura à transférer ce type de dispositif très particulier de protection du patrimoine.
M. le président. L'amendement n° 76 rectifié, présenté par MM. Jarlier, Roche, J. Boyer, Deneux, Amoudry et Tandonnet, est ainsi libellé :
Après l'alinéa 4
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
À compter du transfert de compétence et jusqu’à l’approbation du plan local d’urbanisme intercommunal, l’établissement public compétent peut procéder, à la demande de la commune, à des modifications ou mises en compatibilité avec une déclaration de projet des plans locaux d’urbanisme existants, ou à des modifications ou révisions des cartes communales existantes.
La parole est à M. Pierre Jarlier.
M. Pierre Jarlier. Il s’agit d’un amendement d’appel qui a pour objet de faire préciser au Gouvernement qu’il est bien possible pour une commune, entre le transfert de la compétence et l’approbation du PLUI, de faire évoluer ses documents d’urbanisme, au cas notamment où interviendraient des déclarations de projet ou de modifications.
En effet, entre le transfert de la compétence et son approbation, il peut se passer trois à quatre ans, voire davantage, parce que l’approbation d’un PLUI se fera à la majorité qualifiée, si nous en décidons ainsi, et ce ne sera pas toujours simple.
Il est donc important de pouvoir faire vivre les documents d’urbanisme pendant cette période de transition afin d’éviter le gel des territoires. Je souhaiterais obtenir du Gouvernement des assurances en la matière.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Claude Bérit-Débat, rapporteur. Bien entendu, sur l’amendement n° 194 rectifié, l’avis de la commission est défavorable, puisque nous venons d’adopter la règle de la minorité de blocage.
Je remarque au passage, mon cher collègue, que vous revenez sur le texte voté par l’Assemblée nationale, puisqu’il fixait le seuil de constitution de la minorité de blocage à 45 % des communes et que vous le portez à 50 %.
Sur l’amendement n° 77 rectifié, vous le savez aussi bien que moi, pour qu’un plan de sauvegarde et de mise en valeur reste de la compétence communale, il faut qu’il soit pris en compte dans le projet d’aménagement et de développement durables d’un PLU, et donc d’un PLUI. Par conséquent, je ne vois pas comment les plans de sauvegarde et de mise en valeur pourraient être du ressort communal tout en étant du ressort intercommunal.
L’avis de la commission est donc défavorable.
Sur l’amendement n° 76 rectifié, l’avis est également défavorable. Vous réclamez des dispositions transitoires, mon cher collègue, mais je vous rappelle que nous en avons déjà voté en première lecture. J’ai bien compris néanmoins qu’il s’agissait d’un amendement d’appel, et j’invite Mme la ministre à vous apporter toutes assurances sur ce sujet.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Cécile Duflot, ministre. L’adoption de l’amendement n° 194 rectifié remettrait en cause le compromis qui a été trouvé, donc l’avis du Gouvernement est défavorable.
Concernant l’amendement n° 77 rectifié, comme le PSMV fait partie du projet d’aménagement et de développement durables du PLUI, il est logique qu’il soit adopté par le même organe délibérant qui approuve le PLUI. Il est donc souhaitable que vous retiriez votre amendement, monsieur Jarlier, car son adoption poserait aux collectivités un problème insurmontable. (M. Pierre Jarlier en convient.)
Enfin, l’amendement n° 76 rectifié me semble satisfait, car le droit de l’intercommunalité permet d’ores et déjà à un EPCI de faire évoluer les PLU communaux sur son territoire. Je vous invite donc également à retirer cet amendement.
M. le président. Monsieur Jarlier, les amendements n° 77 rectifié et 76 rectifié sont-ils maintenus ?
M. Pierre Jarlier. S’agissant de l’amendement n° 77 rectifié, la réponse de Mme la ministre me convient, car elle est claire. En dépit de l’adoption de nombreux amendements, je voulais avoir l’assurance que nous pourrions faire évoluer nos documents d’urbanisme. Je vais donc retirer cet amendement.
Je ferai de même avec l’amendement n° 76 rectifié, car je crains que, en l’état, en raison de l’absence d’adaptations en faveur de ces secteurs sauvegardés, ils ne soient un frein à la mise en place de PLU intercommunaux. Je ne remets aucunement en cause l’intérêt de les intégrer dans l’intercommunalité, bien au contraire ; mais le dispositif mériterait des adaptations.
À titre d’illustration, je citerai le cas d’une petite ville-centre comprenant un secteur sauvegardé. Le jour où elle voudra élaborer un plan local d’urbanisme intercommunal et où elle proposera aux communes rurales autour d’elle de prendre en charge l’AVAP ou le secteur sauvegardé, cela posera des problèmes.
Cela étant, je retire les deux amendements, monsieur le président, dans l’attente de pouvoir débattre de ces nécessaires adaptations lors de l’examen du futur projet de loi relatif au patrimoine.
M. le président. Les amendements nos 77 rectifié et 76 rectifié sont retirés.
Je mets aux voix l'amendement n° 194 rectifié.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° 156 rectifié, présenté par MM. Collomb, Chiron, Daunis, Delebarre et Sueur, est ainsi libellé :
Alinéa 8, V (non modifié)
Rédiger ainsi ce paragraphe :
V. – La section 10 du chapitre Ier du titre Ier du livre II de la cinquième partie du code général des collectivités territoriales est complétée par un article L. 5211-62 ainsi rédigé :
« Art. L. 5211-62. – Lorsqu’un établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre exerce la compétence relative au plan local d’urbanisme, son organe délibérant tient, au moins une fois tous les trois ans, un débat portant sur la politique locale de l’urbanisme dès lors que le plan local d’urbanisme n’a pas été mis en révision. »
La parole est à M. Jean-Pierre Sueur.
M. Jean-Pierre Sueur. J’ai compris assez vite que cet amendement était satisfait. Aussi, souhaitant épargner à M. le rapporteur la peine de me l’expliquer, je retire cet amendement, monsieur le président. (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° 156 rectifié est retiré.
L'amendement n° 193, présenté par Mme Létard, est ainsi libellé :
Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
… – À compter de la date de publication de la présente loi, lorsque le plan local d'urbanisme est de compétence communale et si la commune est membre d’un établissement public de coopération intercommunale disposant d’un programme local de l’habitat approuvé, les observations éventuelles formulées par l’établissement public de coopération intercommunale dans le cadre de la concertation publique relative à l’élaboration, la modification ou la révision du plan local d'urbanisme, et portant sur la mise en œuvre du plan local de l'habitat, doivent être prises en compte par la commune dans le document soumis à l’approbation du conseil municipal.
Cet amendement n'est pas soutenu.
Je mets aux voix l'article 63.
(L'article 63 est adopté.)