M. le président. La parole est à Mme Catherine Dumas. (Applaudissements sur les travées de l’UMP.)
Mme Catherine Dumas. Ma question s'adresse à M. le ministre chargé de l’industrie, de l’énergie et de l’économie numérique.
Monsieur le ministre, je voudrais revenir sur le pouvoir d’achat des Français. Pourquoi ? Tout simplement parce que la valorisation de leur pouvoir d’achat a toujours été et reste une préoccupation prioritaire du Président de la République (Rires et exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.),…
M. Guy Fischer. Mensonges !
M. Jean-Louis Carrère. Fouquet’s !
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Nous ne sommes pas à un meeting politique !
M. René-Pierre Signé. On voit les résultats !
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Gardez cela pour vos électeurs !
Mme Catherine Dumas. … et le Premier ministre l’a rappelé lui-même dans cet hémicycle voilà quelques instants.
Face à cette flambée des prix de l’énergie, vous avez annoncé dans un communiqué des mesures pour « limiter l’impact du prix de l’énergie sur le pouvoir d’achat ».
Il a notamment été fait part de l’annulation de la hausse du prix du gaz initialement attendue au 1er juillet. Par ailleurs, les ministères reverront la formule tarifaire appliquée au prix du gaz.
Le Gouvernement envisage en outre de revoir le contrat de service public qui lie GDF-Suez à l’État afin de le rendre « plus favorable au consommateur final lorsque les prix du marché sont durablement inférieurs au prix des contrats à long terme ».
M. David Assouline. La question !
Mme Catherine Dumas. Enfin, une autre mesure attendue prévoit que les compagnies pétrolières soient désormais mises à contribution pour financer la facture pétrolière.
M. David Assouline. Cette proposition est dans notre programme !
M. Jean-Claude Gaudin. Et alors ?
Mme Catherine Dumas. Par ailleurs, dans la lignée de la revalorisation du pouvoir d’achat, mais dans un autre domaine, le Gouvernement a annoncé cette semaine la mise en place, dans les grandes surfaces, d’un panier « référence » comprenant une sélection de produits alimentaires de qualité à prix attractifs.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C’est la réponse du Gouvernement, ça !
M. Guy Fischer. C’est de l’affichage !
Mme Catherine Dumas. Cette mesure intéresse les Français !
Monsieur le ministre, pourriez-vous nous décliner l’ensemble des mesures envisagées pour protéger le pouvoir d’achat des Français,…
M. Jean-Louis Carrère. Pour protéger la gastronomie française !
Mme Catherine Dumas. … nous indiquer dans quels délais et comment elles seront appliquées, ainsi que l’impact que nous pouvons en attendre dans un futur proche ? (Applaudissements sur les travées de l’UMP. – M. Yves Pozzo di Borgo applaudit également.)
M. Jean-Claude Gaudin. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé du commerce extérieur.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Mme Dumas a déjà donné la réponse, c’est bon !
M. René-Pierre Signé. Elle a fait la question et la réponse !
M. David Assouline. Vous devez être déstabilisé, monsieur le secrétaire d’État !
M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, chargé du commerce extérieur. Madame Dumas, ainsi que je l’indiquais voilà quelques instants, l’énergie représente 8 % du budget des ménages et c’est sur ce poste précis, le plus menacé par les augmentations constatées à l’échelle mondiale, que le Gouvernement travaille.
Concernant le gaz, l’application de la formule tarifaire actuelle aurait abouti à une hausse de 7,5 % du coût de l’énergie pour les ménages français au mois de juillet, ce qui équivaut, pour un Français se chauffant au gaz, à une augmentation moyenne de 80 euros de sa facture.
Ce n’était pas acceptable. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement a décidé de suspendre l’application de cette formule et de renégocier le contrat de service public de GDF-Suez. Alors que l’économie est en phase de redémarrage, le Premier ministre a pris cette décision qui freine l’augmentation du coût de l’énergie pour ne pas handicaper les consommateurs français.
M. Jean-Louis Carrère. Au 1er juillet, il fera chaud !
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. L’été, la consommation d’énergie pour se chauffer baisse !
M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État. Nous venons de revaloriser le rabais social du gaz de 20 %.
Concernant le carburant, nous demanderons en effet aux entreprises du secteur pétrolier de contribuer à la protection du pouvoir d’achat et de faire porter l’effort sur les Français qui en ont le plus besoin. C’est dans ce cadre que nous prendrons une mesure très novatrice visant à revaloriser le forfait kilométrique de 4,6 %, ce qui concernera 5 millions de nos concitoyens. Dès la semaine prochaine, les acteurs de la filière pétrolière seront réunis au cours d’une table ronde pour décider les modalités de cette contribution.
Enfin, pour l’électricité, nous avons décidé de limiter l’augmentation des tarifs à 2,9 % d’ici à 2012.
M. Jean-Louis Carrère. Pourquoi d’ici à 2012 ? Que se passe-t-il en 2012 ?
M. Pierre Lellouche, secrétaire d'État. Cette évolution couvrira la hausse – inévitable ! – des coûts d’acheminement de l’électricité, soit 1,7 % de l’augmentation, et des charges de service public, c’est-à-dire 1,2 %.
Ces mesures sont indispensables pour préserver le pouvoir d’achat de nos concitoyens et sont à mille lieues des généralités que j’ai pu lire dans le programme socialiste, (Ah ! sur les travées du groupe socialiste) dans lequel il est précisé que la France doit « sortir de la double dépendance au nucléaire et au pétrole ».
Mesdames, messieurs les sénateurs de l’opposition, plutôt que des quolibets, j’attends des réponses sérieuses à ces questions. (Applaudissements sur les travées de l’UMP. – Mme Roselle Cros et M. Yves Pozzo di Borgo applaudissent également.)
M. le président. La parole est à M. Jean-Marie Bockel. (M. Yvon Collin applaudit.)
M. Jean-Marie Bockel. Ma question s'adresse à Mme la ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement.
La catastrophe nucléaire du Japon nous interpelle tous, et aujourd’hui le temps est venu de tirer les conséquences de cette tragédie pour notre pays.
Cette exigence à la fois de bilan et d’information de nos concitoyens est d’autant plus impérieuse que la France, vous le savez, possède un des parcs nucléaires parmi les plus denses au monde : 58 unités de production d’électricité réparties sur 19 sites permettant de produire près de 80 % de la production totale d’électricité. (M. Jean-Louis Carrère s’exclame.)
Ce retour d’expérience du Japon impose de nouvelles exigences en matière de sûreté de nos infrastructures et d’information de nos concitoyens.
Dans un cadre de dispositifs de sécurité déjà renforcé, les autorités en charge de ce dossier ont-elles travaillé sur des scenarii de cumul de risques, comme un risque terroriste couplé aux risques naturels ?
Certes, les centrales nucléaires françaises sont conçues pour résister à des contraintes sévères. Aujourd’hui, le besoin existe de s’assurer de leur résistance dans des situations encore bien plus dégradées, afin d’y apporter des modifications si nécessaire. C’est d’ailleurs – je le reconnais – ce qu’a fait le Gouvernement au lendemain de la catastrophe japonaise en mettant en place des dispositifs de surveillance renforcée, ainsi que des tests de résistance approfondis sur l’ensemble du territoire.
M. Jean-Louis Carrère. Tout va bien, alors ! Pas de question !
M. Jean-Marie Bockel. C’est aussi un des premiers objectifs du groupe d’étude sur la sécurité nucléaire – auquel plusieurs d’entre nous appartiennent – sous l’autorité de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.
Le département dont je suis l’élu, le Haut-Rhin, possède une des plus anciennes centrales nucléaires sur le site de Fessenheim. Mise en service dès 1977, celle-ci comporte deux réacteurs installés dans une zone sismique située à proximité d’un important bassin démographique, de surcroît transfrontalier.
Depuis plus de trente ans, elle fait l’objet d’une étroite surveillance et de contrôles réguliers, je peux en témoigner.
M. Jean-Louis Carrère. L’UMP parle à l’UMP !
M. Jean-Marie Bockel. Cependant, la question se pose aujourd'hui de savoir si cela est suffisant.
Par-delà le travail qui est engagé – beaucoup d’entre nous ont assisté à l’audition de M. Lacoste, président de l’Autorité de sûreté nucléaire –, nos concitoyens et nous-mêmes nous posons de vraies questions. D’ailleurs, pour la qualité, la rationalité et la sérénité du débat que nous tiendrons nécessairement sur le devenir du nucléaire en France et sur les enjeux énergétiques à venir, il importe, madame la ministre, que nos concitoyens aient une information afin de mieux comprendre l’action des pouvoirs publics. Comment comptez-vous les éclairer davantage au regard de la tragédie japonaise ? (Applaudissements sur certaines travées du RDSE, ainsi que sur les travées l’UMP. – M. Joseph Kergueris applaudit également.)
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement.
Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement. Monsieur Bockel, le déplacement du Président de la République au Japon la semaine dernière a été le moment d’exprimer un message de compassion, de solidarité, d’admiration aussi pour leur dignité, aux Japonais dans la tragédie qu’ils traversent.
Cette tragédie nous amène aussi, forcément, à nous interroger sur la sûreté de nos centrales nucléaires et à nous demander si ce qui s’est passé au Japon pourrait se produire en France. Je voudrais dire très clairement trois choses à ce propos.
D’abord, nous n’attendons pas la survenue d’accidents pour nous préoccuper de la sûreté de nos centrales nucléaires.
Chaque centrale est dimensionnée et construite pour faire face à divers risques, notamment naturels.
Ainsi, la centrale de Fessenheim, que vous citez, a été conçue pour résister à un séisme de 6,7 sur l’échelle de Richter, soit un séisme de magnitude cinq fois supérieure à celle du plus grand séisme connu dans la région, celui de Bâle en 1356, évalué à 6,2 sur l’échelle de Richter, qui a été pris pour référence.
Ensuite, le niveau de sûreté pris en considération à l’origine pour la conception des réacteurs peut être perpétuellement amélioré. En ce sens, chaque accident est l’occasion d’un retour d’expérience.
C’est pourquoi le Premier ministre a demandé un audit de sûreté, centrale par centrale, de l’ensemble de notre parc nucléaire ; cet audit, dont l’Autorité de sûreté nucléaire prépare actuellement le cadre de référence et qui sera prêt d’ici à une quinzaine de jours, sera le moment de tirer toutes les conclusions, tous les enseignements de la catastrophe de Fukushima, y compris, par exemple, en cas de cumul d’accidents, nouvelle configuration qui aurait pu apparaître.
Enfin, la centrale de Fessenheim, qui est en effet la plus ancienne centrale en service aujourd'hui en France puisqu’elle fonctionne depuis 1977, bénéficie en ce moment d’une visite décennale pour déterminer si sa durée de vie sera prolongée.
La décision devait être rendue en avril, mais il serait paradoxal qu’une telle décision soit arrêtée alors que l’on prépare un audit portant sur l’ensemble des centrales et que Fessenheim, la plus ancienne, doit logiquement prétendre à être la première auditée.
Aussi, je vous le précise sous la responsabilité du Premier ministre, aucune décision de cette nature ne sera prise avant l’audit.
Pour le reste, le Président de la République l’a dit, toute centrale qui ne passerait pas les tests de résistance sera fermée. (Applaudissements sur les travées de l’UMP. – MM. Yves Pozzo di Borgo et Joseph Kergueris applaudissent également.)
pouvoir d'achat
M. le président. La parole est à M. Martial Bourquin.
M. Martial Bourquin. Ma question s'adresse à M. le ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'État.
« Je veux parler à la France qui se lève tôt, à la France qui n’arrive pas à joindre les deux bouts. » Vous vous souvenez peut-être de ces propos du Président de la République, alors candidat, qui étaient censés guider votre action à la tête du Gouvernement, monsieur le Premier ministre.
Quatre ans après, un constat s’impose : vous n’avez toujours pas réussi à joindre cette France qui se lève tôt, travaille dur… ou veut travailler. En revanche, la communication n’a jamais été aussi parfaite avec les actionnaires des grands groupes et les bénéficiaires du bouclier fiscal.
M. Guy Fischer. C’est vrai !
M. Martial Bourquin. À vous entendre tout à l’heure, monsieur le Premier ministre, j’étais consterné. (Exclamations sur les travées de l’UMP.) Face à plus de quatre millions de demandeurs d’emploi, à huit millions de pauvres, à quinze millions de personnes vivant légèrement au-dessus du seuil de la pauvreté,…
M. Guy Fischer. Voilà la réalité !
M. Martial Bourquin. … comment pouvez-vous, monsieur le Premier ministre, afficher une telle autosatisfaction ?
Vos réponses à l’instant sur la politique énergétique le montraient, ce sont des mesures cosmétiques que vous prenez ! Alors que les Français prennent de plein fouet les augmentations du gaz et de l’électricité, que proposez-vous comme solutions alternatives ?
Vous autorisez des explorations en vue d’une exploitation du gaz de schiste qui soulèvent des tollés. Vous mettez en place la loi portant nouvelle organisation du marché de l’électricité, la loi NOME, qui va se traduire par une augmentation catastrophique des prix. (M. Jackie Pierre s’exclame.)
Il faut une véritable politique énergétique, qui accompagne une politique industrielle ; la vôtre n’est pas cohérente.
Vous avez affiché une même autosatisfaction concernant la hausse des prix des denrées alimentaires : la farine, le blé, le pain, le café…
Vous nous aviez dit dans cette enceinte que la loi de modernisation de l’économie ferait baisser les prix. (Mme Nicole Borvo Cohen-Seat s’esclaffe.) Avec la LME, on a appauvri les agriculteurs et, plus largement, les Français !
M. Jean-Pierre Godefroy. Effectivement !
M. Guy Fischer. Voilà la vérité !
M. Martial Bourquin. La France qui travaille subit aujourd'hui les réductions de service public, dans les écoles, dans les quartiers, dans la ruralité. La RGPP est en train d’engendrer des dégâts considérables dans nos territoires…
M. Josselin de Rohan. La question !
M. Martial Bourquin. C’est cela la question, et savez-vous comment Joseph Stiglitz appelle cela ? Le Triomphe de la cupidité !
À quand, monsieur le Premier ministre, une politique de croissance, une politique de justice sociale ? Elle fait cruellement défaut à la France, et vous en portez la responsabilité ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG. – M. Yvon Collin applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'État.
M. Jean-Louis Carrère. Un autre torero !
M. François Baroin, ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'État, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur, nous n’allons pas jouer à « c’est celui qui dit qui est », mais, en vous écoutant, je me demandais qui vraiment devait être consterné.
M. Robert del Picchia. Très bien !
M. Jacques Mahéas. Ça commence bien...
M. François Baroin, ministre. Il est consternant de constater que, non seulement, comme l’a dit le Premier ministre, vous ne vous réveillez pas, mais vous ne voulez pas ouvrir les yeux sur l’évolution du monde et celle de la France, sur la crise mondiale… (M. David Assouline s’exclame.) Vous faites comme s’il n’y avait jamais eu ni crise mondiale, ni crise financière,…
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Partout, les actionnaires s’en mettent plein les poches !
M. Guy Fischer. Les profits explosent !
M. François Baroin, ministre. … ni crise sociale. Vous faites comme si notre pays n’avait pas su, avec la détermination et l’impulsion du Président de la République, avec le courage et l’obstination du Premier ministre et du Gouvernement, amortir cette crise en confortant notre modèle social et notre protection sociale.
Les faits sont têtus, et ils parlent d’eux-mêmes (M. René-Pierre Signé s’exclame.) : nous avons traversé la crise…
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Les actionnaires sont sortis de la crise, pas les gens !
M. Jacques Mahéas. Pinocchio !
M. François Baroin, ministre. … mieux que les autres pays ; nos amortisseurs sociaux ont fonctionné.
M. Jean-Louis Carrère. Votre nez tourne !
M. François Baroin, ministre. Nous sommes sortis de la crise plus rapidement que les autres et la trajectoire que nous prenons est la bonne, comme sont bons les chiffres accumulés en matière de réduction plus rapide de nos déficits, élément de protection, élément de souveraineté, élément qui garantit tant une certaine idée de notre modèle social que la politique à terme de création de richesses et donc de création d’emplois.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Soyez modeste !
M. François Baroin, ministre. Tous ces chiffres, vous les niez : vous êtes aveugles, vous êtes atteints de cécité… (Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
La construction de ce qui n’est pas un projet mais une addition de vieilles recettes…
M. David Assouline. On va en discuter !
M. François Baroin, ministre. … dont on ne sait pas vraiment qui va les porter n’est qu’une confirmation supplémentaire du fait que vous vous inscrivez définitivement dans le passé.
M. Guy Fischer. Vous, vous êtes inscrit dans la réaction !
M. François Baroin, ministre. Vous êtes inscrits dans le passé. Ouvrez les yeux ! (Nouvelles protestations sur les mêmes travées.) Là encore, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Évidemment, ce développement du monde a une conséquence directe : une augmentation des matières premières qui, naturellement, a un impact sur l’économie, sur les entreprises et sur les particuliers.
M. David Assouline. Révisez vos arguments !
M. François Baroin, ministre. Toute la politique du Gouvernement vise à amortir le mieux possible, notamment pour les publics les plus fragiles, cette augmentation du prix des matières premières.
M. Jean-Louis Carrère. C’est loupé !
M. Guy Fischer. La pauvreté explose !
M. François Baroin, ministre. C’est le sens des mesures que le Premier ministre a proposées la semaine dernière.
Concernant le gaz, il n’y aura pas d’augmentation cette année.
Pour ce qui est de l’électricité, il n’y aura pas d’augmentation supérieure à 2,9 %, ce qui est un effort considérable de la part des pouvoirs publics (Mme Nicole Borvo Cohen-Seat s’exclame.)…
M. Guy Fischer. Heureusement !
M. François Baroin, ministre. … et un message adressé aux plus démunis.
Quant au pétrole, le Premier ministre m’a demandé en tant que ministre du budget d’augmenter, pour les impôts payés en 2011 sur les revenus de 2010, de 4,6 % les frais kilométriques. (Mme Nicole Bricq s’exclame.) C’est, là encore, un geste à l’égard de la France qui se lève tôt, qui travaille et qui subit les effets de cette évolution.
M. Guy Fischer. Un petit geste !
M. François Baroin, ministre. Vous le voyez, la ligne du Gouvernement est donc toujours la même : tenir notre route, réduire les déficits, protéger notre modèle social, conforter la croissance. (Applaudissements sur les travées de l’UMP.)
M. le président. La parole est à M. Laurent Béteille.
M. Laurent Béteille. Ma question s'adresse à M. le ministre de la défense et des anciens combattants.
Monsieur le ministre, la situation en Côte d’Ivoire est chaque jour plus préoccupante, et l’issue de cette crise, qui dure depuis plusieurs mois, reste difficile à prévoir.
Lundi soir, les forces armées françaises sont intervenues en soutien de la mission ONUCI, conformément à la résolution 1975 du Conseil de sécurité des Nations unies…
M. Jean-Louis Carrère. Hum !
M. Laurent Béteille. … et à la demande du Secrétaire général,…
M. Jean-Louis Carrère. Hum !
M. Laurent Béteille. … dans le but de protéger les populations sur place,…
M. Jean-Louis Carrère. Hum !
M. Laurent Béteille. … parmi lesquelles les ressortissants français, au nombre de 12 000, désormais regroupés sur des points sécurisés par les forces françaises. (M. Jean-Louis Carrère s’exclame.)
Je tiens d’ailleurs, monsieur le ministre, à rendre hommage à notre ambassadeur sur place ainsi qu’au professionnalisme de nos soldats, qui cette nuit ont procédé à l’exfiltration des personnels diplomatiques japonais. (Applaudissements sur les travées de l’UMP. – MM. Yves Pozzo di Borgo et Bruno Retailleau applaudissent également.)
Il s’agit aujourd’hui d’éviter que le pays ne bascule dans la guerre civile et qu’intervienne une éventuelle partition du pays entre le nord et le sud.
Si Laurent Gbagbo – qui se maintient au pouvoir depuis dix ans et refuse de reconnaître le verdict des urnes, favorable à Alassane Ouattara – est reclus dans son bunker, sa milice ne l’est pas.
M. Gbagbo, assisté des avocats chevronnés que sont MM. Dumas et Vergès, bafoue l’autorité de l’ONU et, surtout, conduit son pays à une catastrophe humanitaire autant qu’économique.
Il est indispensable que ce pays retrouve le chemin du respect de la démocratie et qu’Alassane Ouattara confirme son engagement de former un gouvernement d’union nationale.
Les négociations en vue de la reddition de Laurent Gbagbo semblent vaines face à l’entêtement de celui-ci.
Pouvez-vous, monsieur le ministre, faire le bilan de la situation aujourd’hui, notamment celui de l’action de nos soldats sur place, et nous dire quelles sont les dernières options qui restent à la communauté internationale pour aider la Côte d’Ivoire à éviter la guerre civile ? (Applaudissements sur les travées de l’UMP.)
M. le président. La parole est à M. le ministre de la défense et des anciens combattants.
M. Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants. Votre exposé, monsieur Béteille, est parfaitement exact et restitue la réalité telle que l’on peut la mesurer à cet instant.
La force Licorne est présente en Côte d’Ivoire, comme le sont tous les éléments de l’armée française présents dans ce pays, sur le fondement d’accords bilatéraux anciens qui ont été renouvelés. Il s’agit non pas d’une présence d’opportunité, ad hoc ou de circonstance, mais d’une présence qui découle d’accords gouvernementaux et seule l’instabilité politique, qui perdure depuis dix ans, vous l’avez dit, dans ce pays, n’a pas permis de les renouveler.
C’était une force modeste en effectifs – moins de 1 000 – dont l’objectif était de garantir la sécurité de nos compatriotes sur l’agglomération d’Abidjan.
Au terme de l’élection présidentielle et de la reconnaissance par la communauté internationale, en particulier par les États africains proches, de résultats donnant la majorité à Alassane Ouattara, la force Licorne, dans le cadre des résolutions de l’ONU, notamment de la résolution 1975, a été mise à la disposition, en tant que de besoin et, le cas échéant, à la demande expresse du secrétaire général, pour des opérations de soutien à l’ONUCI. Vous l’avez dit, tel a été le cas.
La situation est extraordinairement difficile sur l’agglomération d’Abidjan, qui comporte aujourd'hui encore plus de 4 millions d’habitants, où des troupes débandées du pouvoir précédent font courir aux populations des risques majeurs et où sévissent aussi des bandes de pillards qui saisissent les opportunités que crée l’absence totale d’État de droit pour en tirer un bénéfice personnel.
Dès lundi soir, nous avons demandé, proposé, offert à l’ensemble de la communauté française d’Abidjan un repli sur le camp de Port Boué. Nos compatriotes sont nombreux à avoir fait ce choix. D’autres, pour des raisons que l’on peut comprendre, sont restés chez eux.
À cet instant, la situation militaire est la suivante : les troupes de l’ONUCI ont encadré dans un quadrilatère limité les derniers défenseurs de l’ancien président Gbagbo. Ces troupes contrôlent les deux ponts principaux qui assurent la liaison entre le nord et le sud d’Abidjan.
L’essentiel de la communauté française est au sud et protégé. Nous nous efforçons de répondre à chaque demande d’exfiltration – car les télécommunications fonctionnent –, mais c’est de plus en plus complexe, en particulier s’agissant des deux hôtels d’un groupe français bien connu qui servent de points d’appui pour ceux qui, au nord, n’ont pas répondu en temps voulu à l’appel à se replier du gouvernement français.
Nous sommes obligés de suivre en temps réel la situation et je ne puis donc malheureusement pas vous rassurer autrement qu’en soulignant que le fait qu’en passant désormais à 1 700 hommes la force Licorne est capable de résister ou de proposer d’intervenir, sous réserve naturellement de ne pas aggraver un conflit ivoiro-ivoirien.
Le réalisme m’interdit, monsieur le sénateur, de vous répondre autre chose à propos de cette situation qui est donc d’une extrême tension et qui peut évoluer d’heure en heure. (Applaudissements sur les travées de l’UMP.)