SEANCE DU 30 NOVEMBRE 2002
M. le président.
Le Sénat va examiner les dispositions du projet de loi concernant les crédits
relatifs à la communication : crédits du Conseil supérieur de l'audiovisuel,
d'aides à la presse et à l'audiovisuel inscrits au budget des services généraux
du Premier ministre ; article 52 et ligne 35 de l'état E annexé à l'article 48,
et article 63
bis.
La parole est à M. le rapporteur spécial.
(M. le président de la
commission des affaires culturelles et M. le rapporteur pour avis
applaudissent.)
M. Claude Belot,
rapporteur spécial de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de lanation.
Monsieur le président, monsieur le
ministre, mes chers collègues, le jour même où est prévue la discussion du
budget de la presse et de la communication, nous commémorons le souvenir d'un
grand écrivain qui s'exprimait quotidiennement - c'était la mode à l'époque -
dans la presse : les Français lisaient attentivement les oeuvres d'Alexandre
Dumas publiées alors sous forme de feuilletons. Il est important, je crois, de
le rappeler à cet instant.
Les temps ont bien changé. Autant la presse de la fin du xixe siècle, qui
accueillait de très grandes plumes, était extrêmement vivante, autant la presse
française d'aujourd'hui, qu'elle soit nationale ou régionale, est en
difficulté.
Et ce n'est pas faute de l'aider ! Monsieur le ministre, cette année, le
budget des aides à la presse que vous présentez est essentiellement un budget
de reconduction, à peu près à l'identique, qui reste fondé sur les mêmes
principes, notamment le principe de mutualisation de la distribution.
Cependant, nous sommes aujourd'hui face à ce constat : la presse française
n'est pas celle qui, en Europe et dans le monde, se porte le mieux. Elle n'a
qu'un très faible lectorat, qui lui fond dans les doigts et, en particulier au
sein du jeune lectorat, elle n'occupe plus qu'une place très réduite.
L'examen de votre budget, hérité d'une très longue histoire, et défendu
souvent, bec et ongles par ceux qui parlent au nom de la presse, oblige à faire
le constat suivant : ce dispositif des aides à la presse a, en bonne partie,
vraisemblablement fait son temps. De bonnes choses ont été faites : l'aide au
portage, le soutien aux NMPP, les Nouvelles Messageries de la presse
parisienne, dans la ligne de la loi Bichet du 2 avril 1947. Mais on a rendu
obligatoire la diffusion nationale d'une presse qui n'est pas lue partout en
France, ce qui entraîne des surcoûts en termes de transport.
La presse française est en difficulté, elle est peu lue. Elle n'est pas en
bonne santé financière alors qu'elle est, l'une des plus aidées. Se pose donc
un problème d'ensemble sur lequel il faut s'interroger pour comprendre ce qui
se passe. En effet, il n'est pas normal que, par exemple, rapporté à mille
habitants, le lectorat français soit trois fois inférieur au lectorat
allemand.
Voilà quelques années, le Parlement a créé le fonds de modernisation de la
presse. Les journaux, qu'il s'agisse de la presse quotidienne régionale ou
nationale, ont alors changé d'aspect. Celui-ci est devenu plus agréable, plus
moderne, plus conforme à l'esprit du temps. Cependant, l'évolution se poursuit
inexorablement. Les lecteurs se font plus rares, à raison de 1 % à 2 % en moins
chaque année.
Il ne s'agissait donc pas d'un simple problème d'aspect, ou de forme. J'ai
pour habitude de lire attentivement la presse, qu'elle soit nationale ou
régionale. Le ton de la presse, aujourd'hui, est strictement négatif, et ce
n'est pas bon pour son devenir.
Il faut savoir rendre compte des mauvaises nouvelles mais aussi des bonnes. Le
matin, les gens sont tout à fait disposés - moi le premier - à commencer leur
journée en lisant le journal mais ils n'ont pas envie d'être submergés par une
avalanche de mauvaises nouvelles, souvent présentées de façon caricaturale,
sous des titres généralement accrocheurs.
Je pense que le problème de la presse française est avant tout un problème de
contenu et de ton dans l'expression. Cela n'empêche pas la diversité des
opinions. On peut parfaitement exprimer les choses de différentes façons.
C'est là un élément important, que confirme,
a contrario,
le
développement de la presse hebdomadaire locale qui, elle, se porte bien. C'est
le fait nouveau de ces dernières années. Elle séduit un nombre croissant de
lecteurs. Par le ton qu'elle emploie, cette presse, « miroir de la vie locale
», bienveillante, malveillante, honnête, répond à une certaine attente. Dans un
monde difficile, aujourd'hui caractérisé par une avalanche constante
d'informations, on n'a pas envie de voir uniquement le côté noir de
l'existence. Tel est le problème de la presse !
Monsieur le ministre, assumant la responsabilité du ministère de la culture
depuis six mois, vous avez décidé d'en reconduire les moyens à peu près à
l'identique. Il est, aujourd'hui, nécessaire, me semble-t-il, d'engager une
réflexion prospective et de dire à tous ceux qui parlent au nom de la presse :
essayez de réfléchir au message que vous faites passer ! En tout cas, c'est ce
que je dis à tous ceux qui viennent me trouver.
Quant au fonds de modernisation de la presse, j'ai déposé la semaine dernière
un amendement qui m'a permis de découvrir tous ceux qui défendent, bec et
ongles, le maintien de la situation actuelle. Cet amendement, pourtant bien
anodin, visait à ouvrir à la presse quotidienne le fonds de modernisation. Je
l'ai présenté en vain, le Gouvernement en ayant demandé le retrait. Là n'est
cependant pas le problème puisque la demande de réduction de crédits concernait
un fonds qui n'est pas consommé, ou l'est si peu : actuellement, dans les
caisses de l'Etat, se trouve l'équivalent de plus d'une année de consommation.
Ce n'est certes pas très orthodoxe, mais c'est ainsi !
L'Agence France-Presse est un sujet important. J'ai eu l'occasion d'y
effectuer des contrôles sur pièces et sur place. Cette superbe entreprise
honore la France. Ceux qui, dans ce vaste monde, transmettent l'information
font un travail remarquable. Les Français ne le savent pas assez. C'est une
institution dont il faudra avoir le courage un jour de modifier le statut, ou à
laquelle il faudra en donner un qui soit plus conforme à la réalité d'une
entreprise, avec des objectifs et des moyens. Ceux qui bénéficient des services
de l'Agence France-Presse, essentiellement la presse française, ne doivent plus
être ceux qui décident du prix du service. Il faudra du courage pour clarifier
cette situation, monsieur le ministre, mais c'est une opération nécessaire.
Tout au long de ma vie publique, j'ai toujours dit ce que je croyais être la
vérité. Monsieur le ministre, je vous invite à donner un vrai statut à l'Agence
France-Presse. Vous répondrez ainsi à une demande générale.
Nous devons continuer à aider la presse française, mais d'une façon plus
efficace, pour lui permettre de rencontrer le succès.
J'en viens à la communication audiovisuelle.
Si ce débat s'était déroulé voilà un mois, je vous aurais dit que le contrat
d'objectifs et de moyens assigné à France Télévisions était respecté, que le
système mis en place fonctionnait.
Les échanges réguliers que j'entretiens avec certains responsables de la
télévision publique m'ont appris qu'un grippage en interne s'était récemment
produit.
Tous les membres de cette entreprise, de la direction aux simples exécutants,
doivent se rendre compte qu'ils ne sont pas en situation de monopole, qu'il est
nécessaire de vivre avec son temps. La grève est certes un droit, mais on ne
peut accepter ce qui se passe dans cette entreprise, en particulier à France 3,
où la base s'imagine toujours être au temps de l'ORTF et pense qu'elle peut
priver les Français d'images. Mais cela n'empêche pas France 3 d'avoir un écran
et d'émettre. Il faut continuer dans cette voie.
Pour avoir eu l'honneur de présider, voilà deux ou trois ans, un groupe de
travail et de réflexion sur l'audiovisuel, je puis vous dire que le Sénat a
toujours affirmé son attachement à un audiovisuel public fort, de qualité et
disposant de moyens. Les moyens, il les a aujourd'hui, et l'audiovisuel public
doit répondre pleinement à ce que l'on attend de lui. Dans le débat, pas très
cadré, sans doute, concernant la télévision numérique terrestre, le rapport
Boyon a permis de décanter un peu les choses. Je suis de ceux qui pensent qu'il
est bien évident qu'on ne pourra pas éternellement faire vivre les Français en
dehors de l'ère numérique, mais il existe plusieurs solutions.
Partout où l'expérience de la télévision numérique terrestre a été tentée - en
Grande-Bretagne, en Espagne, dans les pays scandinaves - cela n'a pas marché :
la télévision numérique terrestre en partie payante n'a pas trouvé sa
clientèle, ce qui a provoqué, dans l'économie privée, des faillites
importantes. Alors, en France, il faudra prendre le temps et agir prudemment,
comme je l'ai toujours dit.
Mme Danièle Pourtaud.
Il faudra surtout donner une place au service public !
M. Claude Belot,
rapporteur spécial.
Le service public occupe une place importante. Son
problème, aujourd'hui, c'est de fabriquer des programmes suffisamment
productifs pour atteindre des prix abordables. En effet, ce qui est difficile à
l'heure actuelle, ce n'est pas de fabriquer des images, mais de trouver et de
fidéliser une clientèle qui regardera ces programmes.
Je souhaiterais vraiment qu'on creuse jusqu'au bout l'idée d'utiliser le
satellite. La France dispose de deux bouquets satellitaires qui peuvent émettre
demain matin en numérique toutes les images que l'on veut. C'est facile à
mettre en oeuvre, la technique existe, il suffit de régler les préalables.
Lorsque M. Marc Tessier explique que France 5 est rejetée en soixantième ou
soixante-dixième position dans un bouquet numérique, ce n'est pas acceptable !
Vous pouvez dire dans la loi - peut-être d'ailleurs simplement en utilisant la
voie réglementaire ; cela, c'est votre responsabilité - que la télévision
publique à trois, dix ou quinze chaînes, tel n'est pas le problème, aura toute
sa place sur les bouquets satellitaires.
C'est une piste à creuser, elle ne l'a pas été à ce jour, parce qu'en France
on était obnubilé par la télévision numérique terrestre, alors qu'ailleurs les
choses se passent différemment. Il faudra bien un jour accepter la vérité dans
ce domaine-là aussi.
Cela règlerait beaucoup de problèmes d'investissements. Il faut trouver un
accord, le négocier et l'imposer ; c'est là votre mission.
De toute façon, il ne faut pas rêver : on n'a jamais réussi à envoyer le
signal analogique partout, il faudra un temps fou pour réussir à envoyer le
numérique dans toutes nos contrées. On commencera, bien sûr, par les zones à
forte population et il n'arrivera jamais dans les autres, ce qui veut dire
qu'on n'abandonnera pas le signal analogique avant un temps indéterminé, pas
avant 2010, voire 2015.
Le système satellitaire permet de régler de nombreux problèmes. Il n'a pas été
suffisamment étudié à ce jour. La télévision numérique terrestre offre au
service public la chance de trouver une place beaucoup plus grande.
Autre point que je souhaiterais évoquer : l'énorme retard de la France pour
tout ce qui concerne la télévision locale. Je sais ce qu'est une télévision
locale. Je la vois vivre de temps en temps car ma commune entretient des
rapports privilégiés avec une commune québécoise où une télévision locale bon
marché émet depuis vingt-quatre ans - j'ai participé à la cérémonie
d'inauguration. Savez-vous quel est le taux d'audience de cette télévision
locale au faible budget ? Il est de 80 % ! Cela prouve l'appétit considérable
des gens pour les images de proximité ainsi que pour l'actualité locale. Quel
progrès pour la démocratie et pour l'information locales même s'il s'agit
peut-être d'une télévision miroir !
Il y a là encore une piste à creuser et il ne faut pas que la France reste le
dernier pays européen dans lequel la télévision de proximité se développe. Si
son essor n'est pas plus important, ce n'est pas en raison du coût des
émetteurs : un émetteur en analogique coûte 150 000 francs ! Moi qui ai le
projet de créer une télévision locale, je vois bien comment les choses se
passent : je me heurte à un ensemble de blocages.
Une télévision locale, même avec de petits moyens, doit vivre. Et pour qu'elle
vive, elle qui ne peut pas compter sur le produit de la redevance, elle a
besoin d'accéder au marché publicitaire.
Il faudra bien « ouvrir un peu les vannes ». Le cadre a été fixé par la
directive européenne de 1992. Or tout ce qui a été fait en France depuis cette
date n'est pas conforme à la législation européenne, c'est-à-dire à la
directive « Télévision sans frontières » et aux suivantes !
La France, d'ailleurs - vous le savez mieux que moi - est sommée de mettre en
conformité le droit national au droit européen. Vous serez obligés de
transposer ces directives et, ce jour-là, sans doute y aura-t-il de quoi
alimenter la télévision numérique terrestre ou les bouquets satellitaires.
Nous sommes à la veille d'un changement profond. Croyez-moi, monsieur le
ministre, il vaut beaucoup mieux l'accompagner, le favoriser que le subir. Or
c'est indiscutablement ce qui se passera.
J'en viens à la voix de la France dans le monde, à laquelle le Président de la
République est très attaché ; c'est, je crois, très important, voire
fondamental.
Nous nous rendons compte depuis quelques mois que la France peut jouer un rôle
dans les affaires du monde. Elle l'a montré récemment à propos de l'Irak. Nous
avons, nous, Français, aujourd'hui, un tas d'outils qui sont utilisés dans le
monde entier ; je pense à TV5, qui a à peu près réglé le problème des rebonds
satellitaires. Le signal arrive partout, au-dessus de tous les citoyens du
monde. Mais au sol, très souvent, il ne passe pas, et ce pour des raisons
diverses.
Nous avons RFI, qui accomplit un superbe travail, sinon dans le monde entier,
du moins dans une grande partie.
Des correspondants de l'AFP, d'
Euronews
et de la télévision française
publique, des représentants d'entreprises françaises privées de communication
sont présents à peu près partout. Et malgré cela, nous n'arrivons pas à faire
une synthèse et à rendre cet outil aussi efficace qu'il pourrait l'être.
La France, cela vient d'être dit par la Cour des comptes, dépense pour sa
présence internationale pratiquement autant par habitant que la
Deutche
Welle
et que la BBC, avec une efficacité qui n'est toutefois pas à la
hauteur de ses ambitions.
Je suis convaincu qu'il est possible de trouver, en matière de production
audiovisuelle, des synergies entre tous ceux qui véhiculent une vision du monde
en français. Un travail important reste à faire. Vous n'êtes pas, monsieur le
ministre, le seul acteur dans ce domaine, mais vous pouvez être un acteur
essentiel. Sachez que le Sénat est prêt à travailler et à réfléchir avec vous
sur ce sujet.
Il s'agit donc d'un budget de reconduction. Des incertitudes pèsent sur
l'avenir. Ainsi on ne sait pas à combien s'élèveront les recettes publicitaires
en 2003. Vous avez prévu qu'elles augmenteraient de 1,5 %. Il n'est pas certain
que ce taux soit atteint, mais j'espère que la conjoncture s'améliorera, que la
croissance repartira.
La redevance est une recette relativement dynamique. Le Sénat a toujours été
favorable à une recette affectée à l'audiovisuel public. C'est - et je crois
que c'est aussi votre avis - la solution pour ne pas être pris dans la nasse de
la difficulté générale. Pour pouvoir vivre, l'audiovisuel public a besoin d'une
recette affectée. On discute du montant de la redevance qui n'a pas augmenté
cette année, mais la recette a été dynamique en elle-même. Le ministère des
finances a certes évoqué parfois la possibilité de faire figurer cette recette
sur la feuille des impôts locaux. Je vous mets en garde, monsieur le ministre,
contre le danger de mélanger les genres, au risque que le maire de la commune
soit accusé d'avoir fait augmenter les impôts locaux de façon très importante,
alors qu'il n'aurait pas pris la décision. Il faut donc manier cette
éventualité avec prudence.
De toute façon, il convient de bien mesurer cette affaire en ayant conscience
que la redevance audiovisuelle française est l'une des plus faibles des grands
pays européens, que le maintien de l'audiovisuel public français a un prix et
qu'il faudra peut-être, un jour, envisager de procéder comme les Britanniques
ou les Allemands. Mais c'est là un autre sujet dans un pays où les prélèvements
obligatoires sont aussi importants.
Telles sont, monsieur le ministre, les quelques remarques que je voulais
formuler. Elles illustrent, au moment de votre entrée en fonctions, le point de
vue du rapporteur et de la commission des finances qu'il représente. Il est
urgent pour la presse de changer les règles du jeu. Les carcans sont très
lourds.
La communication audiovisuelle a un champ d'action immense devant elle. Ce
sont certainement les premiers instants d'une très grande révolution qu'il nous
faudra vivre de façon constructive, intelligente, disons tout simplement à la
française, c'est-à-dire porteuse d'un message pour le monde entier.
Bien sûr, la commission des finances appellera le Sénat à voter, le moment
venu, les propositions que vous nous avez faites, monsieur le ministre.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis de la commission des affaires culturelles pour la
communication audiovisuelle et la presse écrite.
Monsieur le président,
monsieur le ministre, monsieur le président de la commission des affaires
culturelles, monsieur le rapporteur spécial, mes chers - et nombreux -
collègues
(Sourires),
qu'il me soit permis, tout d'abord, de me réjouir
d'avoir entendu le rapporteur spécial, Claude Belot, saluer la mémoire
d'Alexandre Dumas, qui fut l'un des journalistes les plus émérites de la presse
écrite : je pense qu'il était là dans son rôle !
Pour ma part, j'évoquerai le budget de la presse écrite, puis le budget de
l'audiovisuel.
Mes chers collègues, la presse écrite française traverse, cela a été dit par
M. le rapporteur spécial et c'est de notoriété publique, une période difficile,
comme la plupart de ses homologues européens et d'ailleurs nord-américains.
Sans trop insister, si ce n'est pour les déplorer, sur les difficultés
financières de deux titres -
L'Humanité
et
France-Soir
-, il faut
rappeler que de nombreux éditeurs, et non des moindres, ont pris des mesures
assez drastiques pour faire face à la situation. Je rappellerai que, après
Le Figaro
et
Libération
en 2001,
La Dépêche du Midi
et
Sud-Ouest
ont annoncé la mise en place de plans de redressement.
D'autres vont venir. C'est donc une situation sérieuse.
Alors qu'il y a tout juste un an, au moment de l'examen du budget de la
communication pour 2002, Mme Catherine Tasca déclarait que « le bulletin de
santé de la presse était bon », on peut dire qu'aujourd'hui la situation de la
presse n'est pas bonne, elle est même préoccupante.
Cette situation n'est pas dépourvue de tout lien avec la crise que traverse le
marché publicitaire et qui touche tous les médias.
La presse française ne fait pas exception à la règle, les chiffres le
prouvent. Ainsi, pour 2001 et pour l'ensemble de la presse, les recettes tirées
de la publicité commerciale ont baissé de 3,8 %, alors que celles provenant des
petites annonces ont reculé de 7 %.
Les chiffres de la presse nationale d'information politique et générale - je
le dis à M. le rapporteur spécial avec lequel j'avais un seul point de
divergence, qui concernait un amendement qu'il avait déposé - sont encore plus
inquiétants : les recettes issues de la publicité commerciale ont chuté de 15,1
%, celles des petites annonces de 22 %, et les tendances de 2002 paraissent
confirmer cette évolution fâcheuse.
De plus, la presse a enregistré une baisse de sa diffusion. Elle a été en 2001
de l'ordre de moins 0,3 %. C'est peu, mais comme dans le supplice chinois, la
goutte continue à couler !
Comme vous le savez, monsieur le ministre, cette évolution préoccupante
concerne d'abord la presse quotidienne nationale, dont la diffusion se réduit
d'année en année du fait sans doute du contenu, mais incontestablement aussi en
raison de ses prix de vente trop élevés - il suffit de comparer le coût de
l'abonnement et le coût de la redevance - et de la concurrence de la
télévision, plus facile à consulter.
Faut-il se résigner à cette situation ? Comment redonner aux Français le goût
de la lecture de la presse quotidienne ?
Pour ce faire - et je l'ai déjà dit à plusieurs reprises, à l'Assemblée
nationale, puis au Sénat - les pouvoirs publics devraient entreprendre une
action sur le long terme. Dirigée vers les futurs lecteurs, elle consisterait à
assurer un véritable apprentissage de la lecture en encourageant la diffusion
de la presse dans les écoles, en favorisant tout simplement la prise en main du
journal quotidien.
M. Ivan Renar
Très bien !
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
J'apprécie toujours votre soutien, cher collègue !
Mais je le répète tous les ans et jusqu'à présent, cela ne change pas !
Nous avons eu connaissance, monsieur le ministre, de projets qui viseraient à
offrir un abonnement d'un an à chaque adolescent atteignant l'âge de la
majorité.
Pour être réellement efficace, cette initiative intéressante supposerait
néanmoins - c'est ma vision des choses - que chaque élève ait au préalable
appris à lire un quotidien, qu'il ait été familiarisé avec un journal, car je
crois, que l'on ne naît pas lecteur d'un journal mais qu'on le devient, ainsi
que chacun de nous en a fait l'apprentissage à la maison.
C'est pourquoi, pour faciliter le développement de la lecture de la presse à
l'école, je milite depuis plusieurs années pour la mise en place d'un fonds de
concours alimenté par l'Etat et les différentes collectivités territoriales,
dont chacun connaît les responsabilités par rapport à l'enseignement. Ce fonds
de concours permettrait de financer l'abonnement de chaque classe à plusieurs
titres de la presse quotidienne, nationale ou régionale. J'ajouterai que cette
proposition est accueillie avec intérêt par les éditeurs de presse, qui se
déclarent prêts à participer activement à une telle opération. Pourquoi
attendre ?
Je suis également assuré, car je l'ai vérifié, que l'éducation nationale
s'engagerait volontiers. J'ai assisté récemment au congrès des enseignants
mobilisés au sein du CLEMI, le centre de liaison de l'enseignement et des
moyens d'information, que vous connaissez bien.
Dans l'attente de telles mesures, notre commission se félicite que l'effort de
l'Etat en faveur des aides à la presse soit maintenu en 2003. Cela traduit le
souci du Gouvernement d'accorder les moyens nécessaires à une activité que nous
estimons tous indispensable à la qualité du débat public et au fonctionnement
de la démocratie quotidienne.
Les aides budgétaires qui sont inscrites au chapitre 44-10 des services
généraux du Premier ministre permettront ainsi de répondre aux trois priorités
du Gouvernement que nous partageons - nous, la majorité, mais d'autres aussi -,
à savoir la défense du pluralisme, le maintien d'une distribution de qualité et
la diversification vers le multimédia des entreprises de presse.
Je soulignerai aussi que, pour la première fois depuis quatre ans, le montant
de la dotation budgétaire allouée à la SNCF en contrepartie des réductions de
tarifs cessera de diminuer en 2003 ; c'est un bon point.
Pouvez-vous nous donner des assurances, monsieur le ministre, sur l'avenir de
cette aide qui, je le crois, va faire l'objet d'un audit destiné à évaluer le
coût du transport de presse et à examiner les mécanismes d'évolution de ce
dispositif ?
Il convient également de souligner - mes chers collègues, vous vous souvenez
des rapports précédents - qu'après deux années de forte baisse le montant de
l'aide à la transmission par fac-similé est enfin stabilisé.
La remise en cause de cette aide, qui fut un moment envisagée, aurait pénalisé
le développement de la décentralisation de l'impression, développement pourtant
considéré comme indispensable par la plupart des éditeurs.
En revanche, l'évolution des aides au portage appelle, de ma part comme de la
part de la commission des affaires culturelles, une appréciation plus
nuancée.
S'il convient de se féliciter de l'augmentation de 1,85 % des crédits alloués
à l'aide au portage, je constate avec regret la disparition de ceux qui sont
consacrés au remboursement des cotisations sociales de portage. C'est un
dispositif que je connais bien, pour avoir été de ceux qui l'ont mis en place
dans une autre assemblée.
Certes, cette aide arrive à échéance et elle semble avoir pleinement atteint
l'objectif qui lui était assigné. La diffusion par portage des titres
bénéficiaires de l'aide est ainsi passée de 16,5 % à près de 25 % sur la
période 1996-2001, ce qui n'est pas négligeable, c'est même très
significatif.
Alors que La Poste rencontre et rencontrera toujours des difficultés pour
acheminer en temps et en heure certaines publications aux abonnés, il me semble
indispensable que tous les moyens susceptibles d'aider les éditeurs à
développer le portage soient préservés. Pouvez-vous, monsieur le ministre,
défendre cette idée auprès du ministre des affaires sociales ? Je sais que
c'est là que cela se joue.
J'en viens maintenant, après M. le rapporteur spécial, au fonds de
modernisation de la presse quotidienne et assimilée d'information politique et
générale.
Après avoir progressé de 18,75 % l'an dernier, les ressources attendues pour
ce compte d'affectation spéciale devraient se stabiliser cette année à 29
millions d'euros.
Cette stabilisation est un des sujets de préoccupation de la commission, car
le montant effectif des ressources encaissées reste très éloigné, trop éloigné,
des estimations qui ont été faites lors de la création du fonds, et qui étaient
de l'ordre de 45 millions d'euros.
Monsieur le ministre, par un courrier que vous avez bien voulu m'envoyer, vous
m'avez indiqué avoir saisi le ministre délégué au budget et à la réforme
budgétaire afin d'améliorer le recouvrement de cette taxe. La commission vous
sait gré de cette initiative et restera vigilante sur ce dossier. Bercy traîne
un peu les pieds.
M. Ivan Renar.
C'est un euphémisme !
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
En effet !
Je tiens par ailleurs à exprimer des réserves sur l'éventuelle extension du
fonds de modernisation à des journaux qui ne seraient pas des quotidiens
d'information politique et générale. Ce ciblage, compte tenu des difficultés
particulières que rencontre cette catégorie de presse - illustrées par les
chiffres que j'ai cités - et de l'importance qu'elle revêt au regard du
pluralisme, me paraît être indispensable.
Mme Danièle Pourtaud.
Des noms !
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
J'évoquerai brièvement l'ouverture prochaine de la
renégociation des accords Galmot. Elle conditionne vraiment l'avenir de la plus
importante, en valeur, des aides indirectes à la presse.
Quel bilan peut-on tirer de ces accords ? Si chacun des contractants estime
avoir respecté ses obligations, aucun d'entre eux n'est satisfait de la
situation actuelle : la négociation entre les deux parties risque d'être
difficile, et la nomination rapide d'un médiateur qualifié me paraîtrait
judicieuse.
Pour conclure, la commission des affaires culturelles ne peut que saluer
l'effort entrepris par l'Etat pour assurer la pérennité et le développement de
l'Agence France-Presse, qui demeure - est-il nécessaire de le rappeler, M. le
rapporteur spécial l'ayant souligné tout à l'heure ? - la première agence de
presse mondiale francophone, pour ne pas dire l'agence mondiale francophone.
Je regrette néanmoins que, au cours des années écoulées, aucune initiative
d'envergure n'ait été prise pour permettre la modernisation de l'Agence. En
ayant choisi de différer une réforme pourtant indispensable - et que j'ai
soutenue à deux reprises en ayant présenté une proposition de loi que la
commission des affaires culturelles avait d'ailleurs retenue favorablement -,
le précédent gouvernement porte une lourde responsabilité dans la situation
actuelle.
A cet égard, la commission ne peut que vous féliciter, monsieur le ministre,
d'avoir rompu avec la politique du court terme, qui semblait présider aux
destinées de l'Agence. Le contrat d'objectifs et de moyens que vous avez
annoncé, et qui offrirait à l'AFP une garantie sur le montant des abonnements
de l'Etat, me paraît être l'instrument adapté pour assurer le développement de
l'Agence.
Je rappelle néanmoins que la modification du statut de l'Agence devra être un
jour envisagée. Cela pourrait se faire, d'un côté, en respectant le contrat
d'objectifs et de moyens, et, de l'autre, en procédant à une réforme
statutaire. Ce serait, comme l'on dit aujourd'hui, une opération «
gagnant-gagnant ».
En conséquence, c'est avec une attention particulière que la commission des
affaires culturelles suivra l'évolution d'un dossier qui devrait enfin, après
des années d'enlisement, connaître une issue positive.
Sous réserve de ces observations, la commission a décidé de donner un avis
favorable à l'adoption des crédits de la presse pour 2003.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, de
l'Union centriste.)
Mme Danièle Pourtaud.
Et la télévision ?
M. le président.
On peut la prendre maintenant, si M. de Broissia est sûr de présenter le
rapport en cinq minutes.
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
Ça ira !
M. Ivan Renar.
Ah, ça ira, ça ira !
(Sourires.)
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes
chers collègues, j'en viens à la communication audiovisuelle.
Avec un montant total de 3,3 milliards d'euros - ce qui n'est pas rien, comme
l'on disait dans ma campagne ! - les ressources globales de l'audiovisuel
public progresseront de 2 % en 2003 par rapport aux chiffres prévus en 2002.
Je tiens, en premier lieu, à rappeler - comme mes collègues le feront sans
doute après moi - qu'en l'espace de cinq ans la part du financement public dans
le budget des organismes est passée de 69 % à 77 %, alors que celle des
ressources publicitaires et de parrainage a régressé de près de sept points sur
la même période, passant de 26 % à 19 %.
M. Henri Weber.
Merci, Mme Tasca !
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
Cette évolution salutaire, que nous avons tous
soutenue, mon cher collègue, va dans le sens de l'indépendance de la
programmation des opérateurs publics, et justifie qu'on leur rappelle de temps
à autre les exigences de diversité et de qualité qui fondent leur
légitimité.
De tels rappels, monsieur le ministre, ne me choquent pas, car ils ne sont pas
l'expression d'une quelconque défiance de la part de la tutelle à l'égard des
organismes, encore moins, comme on a cru le lire par-ci par-là, une entreprise
de déstabilisation. Ils sont, au contraire, la preuve, s'il en fallait une, de
l'intérêt que leur portent les pouvoirs publics. L'actionnaire ne peut rester
indifférent à l'objet social de l'entreprise.
(M. Michel Pelchat applaudit.)
M. Philippe Nogrix.
Bien sûr !
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
Ce projet de budget pour 2003 traduit une certaine
continuité en matière de politique audiovisuelle. Prudent à défaut d'être
ambitieux, il repose sur une progression de 2 % des ressources publiques
affectées aux organismes qui s'élèveront à 2,5 milliards d'euros.
Alors que le produit total de la redevance progressera de 4 % pour s'établir à
2,07 milliards d'euros, le montant des crédits alloués au remboursement des
exonérations de redevance s'élèvera, lui, à près de 450 millions d'euros. Le
total s'élève bien à 2,5 milliards d'euros, comme je l'ai dit.
En dépit des perspectives favorables qui caractérisent l'évolution du montant
des ressources publiques, quelques remarques me paraissent nécessaires.
La première, monsieur le ministre, a trait au taux de la redevance.
En effet, si l'on peut constater la croissance, encouragée mais spontanée, du
produit de la redevance, on peut néanmoins regretter l'absence de
revalorisation de ce taux. Le taux pour un poste couleur aurait pu, par
exemple, être arrondi à 120 euros, sans grand risque.
Déjà, l'an dernier, je m'étais prononcé en faveur de l'augmentation régulière
du taux de la redevance, ou au moins de son maintien en francs constants,
estimant qu'une telle politique était nécessaire pour assurer de façon certaine
aux différents opérateurs les moyens de financer leur développement.
Avec un montant fixé à 116,50 euros, le taux de la redevance pour la détention
d'un poste couleur se situe en effet en dessous de la moyenne européenne, qui
s'élève à 142 euros - je vous renvoie à d'excellents rapports -, très largement
en retrait des taux britannique et allemand, fixés respectivement à 179 euros
et à 193 euros.
Ma seconde remarque portera sur le coût réel du service de la redevance.
L'administrateur avec qui j'ai travaillé avec plaisir et moi-même avons
réalisé des enquêtes sur ce sujet. Si l'on peut se féliciter de la stabilité du
coût du service budgété depuis maintenant trois ans, qui traduit effectivement
d'importants gains de productivité, je tiens à rappeler que ce coût affiché,
soit 73,5 millions d'euros, ne correspond pas au coût réel du service.
On sait, en effet, depuis 1999, et le rapport d'enquête de l'inspection
générale des finances le prouve, que certaines dépenses, et non des moindres,
sont imputées non pas directement sur le budget du service, mais sur celui des
charges communes, le coût réel du service correspondant, en fait, au double du
montant budgété.
Le coût réel du service de la redevance reste donc difficile à évaluer, alors
qu'il mériterait plus de transparence, ne serait-ce que pour qu'on n'écrive pas
n'importe quoi à ce sujet. Un grand hebdomadaire indiquait que le coût dudit
service atteignait à peu près le coût de la redevance, ce qui est complètement
stupide, puisqu'il est de 4 % à 8 %.
Mme Danièle Pourtaud.
Cela fait plaisir à entendre !
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
Les chiffres sont toujours parlants !
L'occasion de clarifier cette situation sera peut-être donnée par la
nécessaire transformation de la redevance, qui fait partie des taxes
parafiscales qui cesseront d'être perçues à la fin de l'année 2003, en
application de la nouvelle loi organique relative aux finances publiques.
J'espère, monsieur le ministre, que le Parlement sera associé à la réflexion
sur l'évolution du mode de financement de l'audiovisuel public. Permettez-moi,
dès à présent, de marquer une préférence pour la formule d'une taxe affectée
dont il serait souhaitable que le coût de recouvrement soit moindre que celui
de l'actuelle redevance.
M. Michel Pelchat.
Très bien !
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
Permettez-moi aussi de souhaiter que l'on étudie,
comme vous l'aviez suggéré, la possibilité de lier le recouvrement de cette
taxe à celui de la taxe d'habitation - ce que l'on a commencé à faire, monsieur
Pelchat - ce qui permettrait à la fois de réduire la fraude et d'alléger les
coûts de recouvrement. Puis-je enfin suggérer que le taux soit réduit pour les
redevables de plusieurs redevances ? J'ai constaté en effet que le taux de
fraude était infime pour la redevance due pour un premier poste de télévision,
mais considérable pour celle qui est due pour un second poste de télévision
situé dans la résidence secondaire. Dans mon rapport écrit, je formule des
propositions pour y remédier.
Les ressources propres des organismes, quant à elles, devraient augmenter de
1,5 % pour atteindre 764,29 millions d'euros. Cet objectif prudent tient compte
de la morosité actuelle du marché publicitaire.
Je ne m'appesantirai pas sur la répartition des crédits entre les organismes.
J'insisterai surtout sur le fait que, compte tenu du décalage du lancement des
nouveaux projets du service public sur la télévision numérique de terre, la
TNT, on peut l'affirmer, les engagements souscrits par l'Etat ne sont pas
honorés.
Certes, mes chers collègues, le contrat d'objectifs et de moyens signé le 20
décembre 2001 entre l'Etat et France Télévisions prévoyait une croissance de la
ressource publique de 3,1 % par an.
Mme Danièle Pourtaud.
Eh oui !
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
Toutefois, ce taux de croissance tenait compte du
lancement des nouvelles chaînes du groupe qui devaient être diffusées sur la
TNT.
M. Henri Weber.
Pas seulement !
Mme Danièle Pourtaud.
Cela veut dire qu'il y avait une dotation.
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
Compte tenu du retard pris par la TNT et du
réexamen légitime des projets de chaînes développés par France Télévisions, ces
2 % semblent correspondre à une croissance raisonnable de la ressource publique
pour les chaînes existantes.
Mme Danièle Pourtaud.
Voyez France 3, ils en pleurent de bonheur !
M. Louis de Broissia,
rapporteur pour avis.
Madame Pourtaud, je représente le Sénat comme
administrateur.
S'agissant de France Télévisions, je tiens à faire trois ou quatre
commentaires.
En ce qui concerne la gestion du groupe, le travail effectué par M. Marc
Teissier, P-DG de France Télévisions, doit être souligné. Il est parvenu à
assurer tout à la fois le redressement financier du groupe et la
rationalisation de son organisation.
En ce qui concerne les programmes et la prétendue dérive commerciale des
principales chaînes de France Télévisions, il faut quand même constater que la
programmation des chaînes respecte les obligations - telles qu'elles sont
écrites, mais peut-être devront-elles être réécrites - en matière de programmes
« culturels » figurant dans les cahiers des charges et dans le contrat
d'objectifs et de moyens.
Ces obligations, en dépit de leur caractère insuffisamment précis, sont en
effet le seul critère objectif disponible à l'heure actuelle. Sans doute
faudra-t-il en proposer d'autres.
En attendant les résultats de la mission que vous avez confiée à Catherine
Clément, je formule un souhait, celui que de futures obligations permettent
d'assurer des horaires de diffusion décents à ce type de programmes.
En dernier lieu, les résultats obtenus par France 5 sont absolument à
souligner. La chaîne qui, l'an dernier, a renouvelé à 80 % sa grille de
programmes, a ainsi montré que l'on pouvait développer son audience et attirer
les annonceurs en offrant au public des contenus de qualité : c'est un succès
confirmé.
France 3 doit se préparer à la compétition avec des télévisions locales et
sortir de son statut de « monopole régional ».
Pour terminer, j'évoquerai le dossier de la TNT.
La commission des affaires culturelles tient à saluer non seulement l'attitude
pragmatique du Gouvernement, qui a eu le courage de prendre la mesure des
difficultés techniques et économiques du projet, mais aussi le travail accompli
par le CSA, qui a eu le souci d'assurer la meilleure utilisation de la
ressource numérique en composant des bouquets équilibrés.
Monsieur le ministre, ce projet de budget, que vous avez à juste titre placé
sous le signe de la responsabilité conjointe de l'Etat et des organismes,
devrait permettre aux organismes de l'audiovisuel public de financer leurs
priorités.
C'est pourquoi la commission des affaires culturelles a décidé d'émettre un
avis favorable à l'adoption des crédits de la communication pour 2003.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants,
et de l'Union centriste.)
M. le président.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les
reprendrons à douze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à onze heures trente-cinq, est reprise à douze heures
cinq.)