SEANCE DU 14 NOVEMBRE 2002
M. le président.
« Art. 17. - Au premier alinéa de l'article 22 de la loi n° 2001-1062 du 15
novembre 2001 relative à la sécurité quotidienne, les mots : "les dispositions
du présent chapitre, à l'exception de l'article 32, sont adoptées pour une
durée allant jusqu'au 31 décembre 2003" sont remplacés par les mots : "les
dispositions du présent chapitre, à l'exception des articles 32 et 33, sont
adoptées pour une durée allant jusqu'au 31 décembre 2005". »
La parole est à M. Robert Bret, sur l'article.
M. Robert Bret.
L'article 17 vise à prolonger la durée d'application de dispositions de la loi
relative à la sécurité quotidienne concernant le terrorisme, dispositions sur
lesquelles nous aurons l'occasion de revenir plus précisément lorsque nous
présenterons l'amendement n° 150.
Je souhaite d'emblée souligner que les faits nous donnent raison, puisque nous
avions affirmé il y a un an notre conviction que le provisoire deviendrait
durable.
Je veux aussi m'élever contre l'utilisation à tout-va du concept de terrorisme
pour justifier le durcissement de l'arsenal répressif. Souhaitons-nous aller
jusqu'aux excès, constatés par tous les observateurs, qui se produisent, sur le
plan du droit, aux Etats-Unis ?
Oui, il faut lutter contre la violence aveugle, contre ce terrorisme qui
utilise la vie des innocents comme moyen de pression pour obtenir gain de
cause. Notre détermination sur ce point ne peut faire de doute. Mais, monsieur
le ministre, où en êtes-vous de la lutte contre le financement des groupes
terroristes ? Où en êtes-vous de la lutte contre le blanchiment de capitaux qui
profite tant aux trafiquants de drogue, aux proxénètes, qu'aux organisations
terroristes comme Al-Qaïda ? Où en est la diplomatie française pour réduire
l'influence de l'Arabie saoudite et de ces émirats qui sont scandaleusement
épargnés du fait de leur force pétrolifère par la vindicte contre Ben Laden et
ses complices ?
Aujourd'hui, au nom d'une lutte justifiée, vous souhaitez renforcer un arsenal
répressif relatif aux fouilles de véhicules ou autres mesures, alors que nous
savons tous, et particulièrement vous, monsieur le ministre, qu'elles ne
permettent pas l'arrestation des terroristes, notamment de la mouvance
islamiste.
Nous savons tous que ce sont des méthodes de renseignements, d'infiltrations,
d'observations qui peuvent porter leurs fruits, comme le prouve la récente
arrestation de personnes impliquées dans l'attentat de Djerba.
Monsieur le ministre de l'intérieur, vous nous avez annoncé cet après-midi des
moyens supplémentaires pour les services de renseignements. Nous en prenons
acte et nous pensons que c'est avec ce type de moyens que nous pouvons répondre
le mieux au terrorisme.
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° 150, présenté par M. Bret, Mmes Borvo, Beaudeau, Beaufils et
Bidard-Reydet, M. Coquelle, Mmes David, Demessine et Didier, MM. Fischer,
Foucaud et Le Cam, Mmes Luc et Mathon, MM. Muzeau, Ralite et Renar et Mme
Terrade, est ainsi libellé :
« Supprimer cet article. »
L'amendement n° 260, présenté par M. Dreyfus-Schmidt, Mmes André et Blandin,
MM. Badinter, Frimat, C. Gautier, Mahéas, Mermaz, Peyronnet, Sueur et les
membres du groupe socialiste et apparenté, est ainsi libellé :
« Compléter cet article par deux alinéas ainsi rédigés :
« Le deuxième alinéa du même article est ainsi rédigé :
« Le Parlement sera saisi par le Gouvernement, avant le 31 décembre 2003 et
avant le 31 décembre 2005, d'un rapport d'évaluation sur l'application de
l'ensemble de ces mesures. »
La parole est à M. Robert Bret, pour défendre l'amendement n° 150.
M. Robert Bret.
Cet article a pour effet de prolonger la période de validité de certaines
dispositions visant à lutter contre le terrorisme, introduites dans la loi
relative à la sécurité quotidienne à la suite des attentats qui ont frappé les
Etats-Unis le 11 septembre 2001.
Ce dispositif, prévu initialement pour une durée allant jusqu'au 31 décembre
2003, est ainsi prolongé de deux années supplémentaires, soit jusqu'au 31
décembre 2005.
Nous sommes opposés à cette prolongation et surtout à l'absence de contrôle
par le Parlement qui en résulte.
Lors des débats parlementaires sur le projet de loi relatif à la sécurité
quotidienne, nous avions défendu un sous-amendement à l'amendement du
Gouvernement afin de renforcer l'encadrement des mesures exceptionnelles prises
en vue de lutter contre le terrorisme.
C'est ainsi que nous avons proposé de ramener le délai de validité des mesures
antiterroristes du 31 décembre 2003 au 31 décembre 2002 et de prévoir une date
butoir pour la présentation au Parlement d'un rapport d'évaluation sur
l'application desdites mesures, à savoir le 30 juin 2002.
Nous avions insisté, à l'époque, sur l'intérêt d'un rapport d'étape, afin de
permettre une évaluation fondée sur des éléments objectifs, tenant compte de
l'évolution du contexte et des premiers enseignements pratiques.
Nous n'avons pas été suivis. Nous l'avons regretté. Or, aujourd'hui, il
s'avère que l'histoire nous donne raison. En effet, les craintes que nous
avions exprimées hier quant au risque de voir ces mesures exceptionnelles
reconduites se trouvent, hélas ! confirmées par votre texte de loi.
D'autant qu'avec cet article 17 qui reporte de deux ans la période de validité
du dispositif antiterroriste, vous retardez de fait l'information du Parlement
sur l'application de l'ensemble de ces mesures.
Vous empêchez ainsi le Parlement d'exercer son contrôle, qui tend notamment à
vérifier que les mesures antiterroristes sont bien appliquées dans le cadre
fixé par le Parlement, sans dérapage.
Il faut noter que le rapport d'évaluation ne vaut que pour le dispositif
antiterroriste mis en place de façon provisoire.
Il importe donc de souligner ici que les fouilles de véhicules au regard du
terrorisme, du trafic d'armes et de stupéfiants, mesure très importante devenue
définitive avec l'adoption de l'article 5 du projet de loi, ne seront pas
prises en compte par le rapport d'évaluation.
En conséquence, nous proposons de supprimer l'article 17 afin d'en rester au
délai initialement prévu, soit le 31 décembre 2003, avec, d'ici là, la
présentation d'un rapport d'évaluation au Parlement.
M. Jacques Mahéas.
Très bien !
Mme Nicole Borvo.
Bravo !
M. le président.
La parole est à M. Jean-Pierre Sueur, pour présenter l'amendement n° 260.
M. Jean-Pierre Sueur.
Nous sommes tous partisans d'une lutte évidemment très énergique, mais aussi
intelligente et subtile, contre le terrorisme.
C'est la raison pour laquelle un texte avait été présenté sur l'initiative du
gouvernement de l'époque de manière qu'un certain nombre de dispositions à
caractère exceptionnel soient prises, compte tenu de la nécessité forte de
lutter contre le terrorisme.
Ces dispositions devaient durer jusqu'au 31 décembre 2003, mais, avant cette
date, le Gouvernement devait saisir le Parlement d'un rapport d'évaluation sur
l'application de l'ensemble de ces mesures.
Une clause de retour au Parlement était prévue afin d'établir un constat. Dans
le but de bien en souligner l'importance, cette précision d'application dans le
temps avait été placée en tête du dispositif, et non à la fin comme il est
d'usage.
Monsieur le ministre, nous ne comprenons pas pourquoi le fait d'assumer
l'engagement pris par le gouvernement de l'époque devant la représentation
nationale et de respecter ce qui a été voté par le Parlement lui-même vous pose
un problème !
Nous proposons un amendement clair aux termes duquel le Parlement sera saisi
par le Gouvernement, avant le 31 décembre 2003 et avant le 31 décembre 2005,
d'un rapport sur l'application de l'ensemble de ces mesures. Ces dernières sont
très importantes. Elles dérogent à la législation antérieure et concernent non
seulement tous les aspects qui ont été rappelés par M. Robert Bret, mais
également un certain nombre d'autres questions, comme la disposition relative à
l'utilisation de moyens de télécommunications au cours de la procédure, qui a
été pérennisée dans un autre texte devenu la loi du 9 septembre 2002
d'orientation et de programmation pour la justice.
Dans son rapport, M. le rapporteur lui-même explique que le report du délai
d'application permettra de vérifier la pertinence des mesures visées. Nous
partageons cet avis mais nous estimons dès à présent qu'il n'y a aucune raison,
alors que vous proposez de pérenniser ces dispositions pour deux années
complémentaires, de ne pas présenter le rapport qui était lié de manière
substantielle à la première loi et de ne pas communiquer déjà un certain nombre
d'éléments - même si tous les éléments ne peuvent pas être donnés - de façon à
respecter l'engagement qui a été pris.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Patrick Courtois,
rapporteur.
L'amendement n° 150 vise à supprimer l'article qui prolonge
l'application des dispositions de la loi relative à la sécurité quotidienne sur
le terrorisme. Ces dispositions demeurent pourtant nécessaires, notamment en ce
qui concerne les contrôles opérés dans les ports et dans les aéroports.
Renoncer à ces mesures serait particulièrement imprudent, aujourd'hui encore
plus qu'hier. La commission ne peut donc qu'être défavorable à cet
amendement.
L'amendement n° 260 vise à prévoir deux rapports au Parlement sur
l'application des mesures de la loi relative à la sécurité quotidienne
concernant le terrorisme.
M. Jean-Pierre Sueur.
Ils sont déjà prévus !
M. Jean-Patrick Courtois,
rapporteur.
La commission est assez favorable à cet amendement mais
souhaiterait connaître la position du Gouvernemeent qui, lui, devra présenter
ces rapports.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
Monsieur Bret, nous légiférons sous le regard des Français.
Votre intervention était profondément irresponsable. Si, par malheur, la Haute
Assemblée écoutait ce que dit le parti communiste français, la France seule en
Europe à le faire, isolée et irresponsable, enverrait un message par lequel un
certain nombre de mesures qui avaient été prévues à juste titre par nos
prédécesseurs dans la lutte contre le terrorisme seraient suspendues.
M. Robert Bret.
Ce n'est pas ce que j'ai dit !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
Une telle attitude serait irresponsable.
M. Robert Bret.
Ce n'est pas ce que j'ai dit, monsieur le ministre !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
Par ailleurs, M. Sueur demande au Gouvernement de tenir
l'engagement de ses prédécesseurs quant au rapport à présenter avant le 31
décembre 2003. C'est votre première demande, monsieur le sénateur, et le
Gouvernement y est favorable.
M. Jacques Mahéas.
Très bien !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
Ce serait d'ailleurs l'occasion de faire le point.
M. Jean-Pierre Sueur.
Bien sûr !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
De mon point de vue, il n'y a pas de raison de dire à la Haute
Assemblée que le Gouvernement n'est pas capable de présenter un rapport. Cela
permettra au contraire à ce dernier de mettre un certain nombre de choses au
clair. Simplement, il nous faudra nous mettre d'accord sur ce que devra
contenir ce rapport : la discussion n'est pas toujours facile au regard de la
sensibilité des sujets,...
M. Michel Charasse.
Le secret défense !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
... mais nous sommes d'accord pour qu'un rapport soit présenté
avant le 31 décembre 2003 ; naturellement, une clause de rendez-vous sera
prévue pour le 31 décembre 2005. Il faut surtout que subsiste l'arsenal qui
était déployé pour cette période, qui n'est, à l'évidence, malheureusement pas
terminée, de sensibilité à toutes ces questions du terrorisme. Le Parlement
demande une garantie : qu'on lui dise si cela fonctionne, comment cela
fonctionne, et si c'est utile ! Cette demande des parlementaires me paraît
légitime, et je ne vois pas de raison de la refuser, bien au contraire.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR.)
M. le président.
La parole est à Mme Nicole Borvo, pour explication de vote sur l'amendement n°
150.
Mme Nicole Borvo.
Je voudrais dire à M. le ministre que, justement, la question est suffisamment
grave, sérieuse et importante pour que nos positions ne soient pas
caricaturées.
Nous n'avons jamais dit que nous étions opposés à des mesures exceptionnelles.
Nous avons dit, ici, ce soir, la même chose que lors de l'examen du projet de
loi relatif à la sécurité quotidienne, à savoir que nous souhaitions que des
mesures d'exception soient encadrées et fassent l'objet d'un rapport
d'évaluation au Parlement au cours d'une durée limitée.
Mon collègue Robert Bret n'a pas dit autre chose, et je regrette, monsieur le
ministre, que vous ayez éprouvé le besoin, pour des raisons qui vous concernent
mais qui tendent à nous ridiculiser, de tenir le propos qui a été le vôtre sur
le parti communiste français.
Je veux absolument rappeler ce qu'a dit M. Bret et que vous avez sans doute
très bien compris, si vous avez écouté : des mesures exceptionnelles
correspondant à des situations exceptionnelles sont acceptables à condition
qu'elles restent limitées dans le temps, encadrées par le Parlement, et
qu'elles fassent l'objet d'un rapport d'évaluation au cours d'une période
donnée.
En 2001, nous avions proposé la date du 31 décembre 2002, soit un délai d'une
année ; le gouvernement de l'époque ne nous avait alors pas donné satisfaction
sur ce point, préférant la date du 31 décembre 2003. C'est la raison pour
laquelle nous nous étions abstenus.
Aujourd'hui, sans véritable rapport d'évaluation vous dites que ces mesures
sont suffisantes mais la réponse, quant à elle, ne l'est pas !, ces mesures
exceptionnelles sont prolongées, pour certaines jusqu'en 2005, pour d'autres
sans limitation dans le temps.
Bien évidemment, je voterai l'amendement n° 150, et je vous demande, monsieur
le ministre, de répondre sur ce sujet précis, et pas sur le fait que nous ne
voudrions pas, selon vous, que des dispositions soient prises contre le
terrorisme.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
Je ne veux pas prolonger le débat, mais moi aussi j'essaie d'y
participer en toute bonne foi.
L'amendement n° 150 vise à la suppression de l'article 17, qui prévoit la
prolongation des mesures exceptionnelles. Si vous proposez la suppression de
cet article, c'est que vous n'êtes pas d'accord ! J'imagine que vous n'êtes pas
masochiste au point de proposer la suppression d'un article avec lequel vous
êtes violemment d'accord ! D'ailleurs, lisant l'objet, j'observe que « les
auteurs de cet amendement sont opposés à cet article qui prolonge de deux
années supplémentaires la période de validité de certaines dispositions censées
lutter contre le terrorisme ».
Il n'y a donc pas matière à débat. Vous étiez contre, c'est votre droit. Vous
vous apercevez maintenant que c'était un peu curieux d'être contre. Très bien !
Il n'y a pas de polémique !
M. le président.
La parole est à M. Robert Bret, pour explication de vote.
M. Robert Bret.
Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre, monsieur le ministre
!
M. Dominique Braye.
Vous parlez en connaissance de cause !
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
Mais enfin...
M. Robert Bret.
Nous sommes pour la suppression de cet article parce que nous voulons qu'on en
reste à la disposition figurant dans la loi relative à la sécurité
quotidienne.
M. Nicolas Sarkozy,
ministre.
C'est lamentable ! Cela se termine le 31 décembre !
M. Robert Bret.
Non, ce n'est pas lamentable ! La loi relative à la sécurité quotidienne
prévoit la date du 31 décembre 2003 ! (
Exclamations sur les travées du
RPR.
)
M. Robert Bret.
Avant de la prolonger jusqu'en 2005, procédons à une évaluation : nous ne
demandons rien d'autre.
Ne dites donc pas que nous sommes pour la suppression pure et simple du
dispositif. Non, nous sommes pour le maintien de la loi qui a été votée il n'y
a pas si longtemps. Allons jusqu'à la fin de 2003, faisons une évaluation et,
si la nécessité s'en fait sentir, prolongeons le dispositif jusqu'en 2004, en
2005 ou même au-delà.
M. Jean Chérioux.
Le 31 décembre, c'est dans un mois !
Mme Nicole Borvo.
C'est le 31 décembre 2003, monsieur Chérioux !
M. le président.
La parole est à M. Michel Charasse, pour explication de vote.
M. Michel Charasse.
Je voudrais dire que, l'année dernière, lorsque M. Vaillant a présenté son
texte, je n'étais pas personnellement favorable à la limitation, et ce pour une
raison très simple.
Nos collègues communistes défendent l'idée d'une limitation dans le temps.
Mais quelle maîtrise avons-nous sur le phénomène ? Qu'est-ce qui permet de dire
qu'au 31 décembre 2003, 2004 ou 2005 on en aura fini avec le terrorisme ?
M. Robert Bret.
Il ne s'agit pas de ça !
M. Michel Charasse.
Il y a tout de même là une certaine dose de rêve !
M. Dominique Braye.
Tout à fait !
M. Michel Charasse.
Au demeurant, je conteste tout autant la mesure proposée par le gouvernement
actuel, qui tend à prolonger le dispositif jusqu'en 2005.
Mme Nicole Borvo.
Pourquoi 2005, d'ailleurs ?
M. Michel Charasse.
La date butoir de 2005 ne se justifie pas plus que celle de 2003.
Je pense qu'il serait beaucoup plus utile de réfléchir à l'introduction dans
notre droit de dispositions de caractère permanent applicables en cas de menace
terroriste. Le problème serait alors réglé !
MM. Dominique Braye et Jean Chérioux.
Très bien !
M. Michel Charasse.
Car nous perdons un peu notre temps à discuter de dates.
M. Jean Chérioux.
Absolument !
M. Robert Bret.
Il ne s'agit pas que de dates !
M. Michel Charasse.
C'est vrai qu'en un an le phénomène n'a malheureusement pas régressé, au
contraire, même si la France n'a pas été directement touchée. Mais elle fait
partie des démocraties qui sont menacées. Qu'en sera-t-il d'ici à la fin 2003
ou à la fin 2005 ? Je n'en sais rien !
Je pense donc que, plutôt que de procéder de report en report, comme vous le
proposez avec l'article 17, monsieur le ministre, mieux vaudrait avoir le
courage d'introduire dans notre droit des dispositions permanentes à utiliser
en cas de situation exceptionnelle.
Après tout, mes chers collègues, sont prévus dans notre droit l'état d'urgence
et l'état de siège, qui supposent qu'une procédure spéciale soit suivie devant
le Parlement. Mais il s'agit de dispositions parfaitement claires.
En revanche, à partir du moment où il existe une date qui est déjà fixée,
celle du 31 décembre 2003, et une autre qui est proposée par le Gouvernement,
celle du 31 décembre 2005, l'amendement de M. Dreyfus-Schmidt et de mes amis
prend toute sa valeur, et je suis très heureux que le Gouvernement y soit
favorable.
M. le président.
La parole est à M. Michel Dreyfus-Schmidt, pour explication de vote.
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
N'oublions pas que l'article 16 de la Constitution prévoit les pleins
pouvoirs.
M. Michel Charasse.
Oui, mais il faut que certaines conditions soient remplies !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Nous sommes navrés, mais nous ne sommes pas d'accord avec notre ami M. Michel
Charasse.
M. Jean Chérioux.
Heureusement !
M. Dominique Braye.
Heureusement pour lui !
M. Michel Dreyfus-Schmidt.
D'ailleurs, lors de la discussion de la loi relative à la sécurité
quotidienne, nous avions ici même exprimé l'espoir de revenir sur ces
dispositions avant le 31 décembre 2003.
Bien sûr, il y a et il y aura sans doute toujours des menaces terroristes, et
il est vrai qu'il faut prévoir les moyens de lutter contre le terrorisme.
Cependant, une loi élaborée aussi rapidement pour lutter contre le terrorisme
comprend nécessairement de nombreuses mesures dont on veut plus précisément
connaître les effets. C'est pourquoi nous avions demandé qu'un rapport soit
établi avant la date limite. Vous nous dites, monsieur le ministre, que vous
êtes d'accord. Si vous nous présentez un rapport, nous pourrons décider s'il y
a lieu ou non de reconduire telles ou telles dispositions.
Voilà pourquoi le groupe socialiste est parfaitement d'accord à titre
principal avec l'amendement n° 150 de nos collègues communistes, notre
amendement n° 260 étant évidemment un amendement subsidiaire.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 150.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
La parole est à M. Jacques Mahéas, pour explication de vote sur l'amendement
n° 260.
M. Jacques Mahéas.
Personnellement, je suis très étonné de la réaction de M. le ministre. En
effet, il essaie de stigmatiser notre attitude en disant qu'il y a des hommes
de gauche qui n'ont pas pris la mesure de la menace terroriste. Or aucun membre
de cette assemblée, qu'il soit de droite ou de gauche, n'est dans cet état
d'esprit. Nous avons tous pris conscience de la gravité du problème.
M. Jean-Jacques Hyest.
Alors, il ne faut pas se priver de moyens !
M. Jacques Mahéas.
Vous avez raison, monsieur Hyest, il ne faut pas se priver des moyens de
lutter contre le terrorisme.
Ce que nous demandons avec insistance, et que vous avez accepté, monsieur le
ministre, ce dont nous sommes très heureux, c'est qu'un rapport soit déposé au
31 décembre 2003.
Mme Nicole Borvo.
Cela paraît logique !
M. Jacques Mahéas.
Je suppose qu'en 2005 un autre rapport nous sera présenté. Ainsi, à la fin de
2003, nous pourrons juger si les mesures qui ont été prises ont été les bonnes
et nous pourrons avoir une conviction en 2005.
Cela étant, nous ne pouvons suivre celui qui dirait que ces mesures doivent
être prises à titre définitif. C'est un peu notre part d'utopie, à nous, les
socialistes, que de rêver d'un monde où le terrorisme serait éradiqué.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 260.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 17, modifié.
(L'article 17 est adopté.)
Demande de priorité