SEANCE DU 22 JANVIER 2002
M. le président.
« Art. 44. - I. - Les 1° et 2° de l'article L. 1424-24 du code général des
collectivités territoriales sont ainsi rédigés :
« 1° Chaque conseil d'administration comprend vingt-deux membres. Le nombre de
sièges attribué au département est de quatorze au moins, celui attribué aux
communes et aux établissements publics de coopération intercommunale compétents
en matière de gestion des services d'incendie et de secours ne peut être
inférieur à quatre. Le nombre de sièges attribués respectivement aux
représentants des établissements publics de coopération intercommunale et aux
représentants des communes est fixé proportionnellement à leur contribution
;
« 2° Les représentants du département sont élus par le conseil départemental
en son sein au scrutin proportionnel au plus fort reste. Les représentants des
établissements publics de coopération intercommunale, visés au 1° , sont élus
par les présidents d'établissements publics de coopération intercommunale au
scrutin proportionnel au plus fort reste parmi les membres des organes
délibérants, les maires et les adjoints aux maires des communes membres. Les
maires des communes qui ne sont pas membres de ces établissements publics
élisent parmi les maires et adjoints au maire de ces communes leurs
représentants au scrutin proportionnel au plus fort reste.
« En cas d'absence ou d'empêchement, les membres du conseil d'administration
sont remplacés par des suppléants élus selon les mêmes modalités et pour la
même durée qu'eux. »
« II. - Le 3° du même article est ainsi rédigé :
« 3° Les représentants des établissements publics de coopération
intercommunale et des maires sont élus dans les quatre mois suivant le
renouvellement général des conseils municipaux. Les représentants du conseil
départemental sont élus dans les quatre mois suivant le renouvellement par
moitié ou le renouvellement intégral du conseil départemental. »
L'amendement n° 109, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des
lois, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le I de l'article 44 :
« I. - Les 1° et 2° de l'article L. 1424-24 du code général des collectivités
territoriales sont ainsi rédigés :
« 1° Chaque conseil d'administration comprend vingt-deux membres. Le nombre
de sièges attribués au département est de dix-sept, celui attribué aux communes
et aux établissements publics de coopération intercommunale compétents en
matière de gestion des services d'incendie et de secours est égal à cinq. Le
nombre de sièges attribués respectivement aux représentants des établissements
publics de coopération intercommunale et aux représentants des communes est
fixé proportionnellement à leur contribution, constatée conformément aux
dispositions des articles L. 1424-26 et L. 1424-46.
« 2° Les représentants du département sont élus par le conseil général en son
sein. Les représentants des établissements publics de coopération
intercommunale visés au 1° sont élus par les présidents d'établissements
publics de coopération intercommunale au scrutin proportionnel au plus fort
reste parmi les membres des organes délibérants, les maires et les adjoints aux
maires des communes membres. Les maires des communes qui ne sont pas membres de
ces établissements publics élisent parmi les maires et adjoints au maire de ces
communes leurs représentants au scrutin proportionnel au plus fort reste.
« Le nombre de suffrages dont dispose chaque maire, d'une part, chaque
président d'établissement public, d'autre part, au sein de leur collège
électoral respectif est déterminé par le montant de la contribution de la
commune ou de l'établissement public, à due proportion du total des
contributions des communes, d'une part, et des établissements publics de
coopération intercommunale, d'autre part.
« En cas d'absence ou d'empêchement, les membres du conseil d'administration
sont remplacés par des suppléants élus selon les mêmes modalités et pour la
même durée qu'eux. »
Le sous-amendement n° 700, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé
:
« I. - Dans la deuxième phrase du 1° du texte proposé pour le I de l'article
44 par l'amendement n° 109, remplacer les mots : "dix-sept" par les mots :
"quatorze au moins".
« II. - A la fin de ladite phrase, remplacer les mots : "est égal à cinq" par
les mots : "ne peut être inférieur à quatre".
« III. - A la fin de la dernière phrase du 1° dudit texte, supprimer les mots
: "et L. 1424-46". » Le sous-amendement n° 321 rectifié, présenté par MM. de
Broissia, Doligé, Leroy et Sido, le sous-amendement n° 378, présenté par MM.
Revet, Puech et Falco, ainsi que le sous-amendement n° 643, présenté par M.
Mercier, sont identiques.
Ces trois sous-amendements sont ainsi libellés :
« Compléter le premier alinéa (1°) du texte proposé par le I de l'amendement
n° 109 pour les 1° et 2° de l'article L. 1424-24 du code général des
collectivités territoriales par la phrase suivante : "Toutefois, dans les
départements où le nombre de conseillers départementaux est inférieur à
trente-cinq, le conseil d'administration comprend au moins dix membres : sept
sièges au moins sont attribués au département et trois sièges sont attribués
aux communes et établissements publics de coopération intercommunale compétents
en matière de gestion des services d'incendie et de secours". »
Le sous-amendement n° 218 rectifié, présenté par M. Mercier, au nom de la
commission des finances, est ainsi libellé :
« Compléter la dernière phrase du premier alinéa (1°) du texte proposé par
l'amendement n° 109 pour modifier l'article L. 1424-24 du code général des
collectivités territoriales par les mots : ", les représentants des communes
bénéficiant d'au moins un siège". »
Le sous-amendement n° 261, présenté par M. Lecerf, est ainsi libellé :
« Compléter
in fine
la première phrase du troisième alinéa (2°) du
texte proposé par l'amendement n° 109 pour le I de l'article 44 par les mots :
"au scrutin proportionnel à la plus forte moyenne". »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 109.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Avec l'article 44, nous abordons la composition des conseils
d'administration des SDIS et le mode d'élection de leurs membres.
L'amendement n° 109 prévoit, d'une part, de garantir une représentation des
communes et des structures intercommunales au sein du conseil d'administration
du SDIS.
Il prévoit, d'autre part, de maintenir le scrutin majoritaire pour l'élection
des représentants du conseil général de manière à assurer une majorité stable
au sein du conseil d'administration du SDIS.
M. le président.
La parole est à M. le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 700.
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Ce sous-amendement vise à permettre au conseil
général de remplir une fonction de régulateur financier et de renforcer son
rôle au sein des SDIS. A cette fin, il convient d'attribuer au département la
majorité des sièges au conseil d'administration.
La composition du conseil d'administration ne peut toutefois être identique
dans tous les départements et il faut maintenir une répartition des sièges des
communes et des établissements publics de coopération intercommunale
proportionnelle à leur contribution.
La référence à l'article L. 1424-46 est inutile puisque celui-ci ne concernait
que la mise en place des premiers conseils d'administration.
M. le président.
La parole est à M. Doligé, pour présenter le sous-amendement n° 321
rectifié.
M. Eric Doligé.
Il est prévu de porter à vingt-deux le nombre des membres des conseils
d'administration des SDIS. Le projet de loi, dans son état actuel, prévoit
d'attribuer au moins quatorze sièges au département ; l'amendement de la
commission fixe ce nombre à dix-sept. Or, dans certains départements, les
conseillers généraux ne sont pas assez nombreux pour « fournir » dix-sept
titulaires et autant de suppléants.
Nous proposons donc, sans remettre en cause le principe de la représentation
majoritaire du conseil général au sein du conseil d'administration, de moduler
la composition de ce dernier en fonction de la réalité du terrain, en
l'occurrence le nombre de conseillers généraux.
M. le président.
La parole est à M. Revet, pour présenter le sous-amendement n° 378.
M. Charles Revet.
Cet amendement étant identique au précédent, je suis tenté de dire qu'il est
défendu, mais je veux poser une question à M. le rapporteur.
Autant qu'il m'en souvienne, pour voter le budget d'un SDIS, la majorité des
deux tiers est nécessaire.
M. Michel Charasse.
Oui !
M. Charles Revet.
Dès lors, monsieur le rapporteur, ne conviendrait-il pas de prévoir, en
corollaire à votre amendement, d'une part, l'adoption du budget à la majorité
simple, comme dans n'importe quelle collectivité,...
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
C'est prévu !
M. Charles Revet.
... et, d'autre part, la faculté d'attribuer des pouvoirs ?
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Monsieur Revet, le passage à la majorité simple est prévu,
comme le réalisme l'exigeait. Votre juste préoccupation a donc, par avance, été
prise en compte par la commission.
M. le président.
La parole est à M. Mercier, pour défendre le sous-amendement n° 643.
M. Michel Mercier.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 643 est retiré.
Je vous redonne la parole, monsieur Mercier, pour défendre le sous-amendement
n° 218 rectifié, mais cette fois-ci en tant que rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Ce sous-amendement a pour objet de garantir aux
communes qui ne sont pas intégrées dans un groupement de disposer d'au moins un
siège au sein du conseil d'administration du SDIS.
M. le président.
La parole est à M. Lecerf, pour défendre le sous-amendement n° 261.
M. Jean-René Lecerf.
Ce sous-amendement touche aux modalités de désignation des représentants du
conseil général au conseil d'administration du SDIS.
Il convient, à mon sens, de se garder d'un double risque.
Le premier résiderait dans la méconnaissance des droits de l'opposition en
laissant les majorités départementales libres de monopoliser cette
représentation au conseil d'administration. Dans une telle hypothèse, non
seulement il serait impossible de dégager un large consensus sur le
fonctionnement du service départemental d'incendie et de secours - ce qui
serait de toute façon dommageable à son efficacité -, mais nous serions, en cas
d'alternance départementale, confrontés à un risque de rupture ou, à tout le
moins, de tâtonnements dans la continuité du fonctionnement de ce service
public.
Si l'on m'objecte que les majorités départementales auraient sans doute le
souci de laisser une place aux oppositions, je répondrai que les
responsabilités que l'on doit à la seule faveur du prince paraissent parfois
bien évanescentes ; j'en sais quelque chose pour avoir été déchargé, ainsi
qu'un certain nombre de mes collègues de l'opposition départementale, dans le
département du Nord, des responsabilités qui nous avaient été confiées au
prétexte que nous ne les assumions pas conformément aux voeux de la majorité
départementale.
Le second risque serait de priver les majorités départementales d'une marge
suffisante pour assurer la responsabilité de la gestion des SDIS, risque limité
puisque, par hypothèse, sur les vingt-deux sièges du conseil d'administration,
toute majorité départementale, si limitée soit-elle, en prendra au moins neuf
sur les dix-sept affectés au département, mais risque que je veux bien
cependant concevoir.
Le premier risque que j'évoquais m'amène à bannir le scrutin majoritaire, le
second à repousser une proportionnelle susceptible d'avantager les minorités,
telle la proportionnelle au plus fort reste.
Dans ces conditions, la proportionnelle à la plus forte moyenne me paraît
réaliser un bon compromis.
Ce mode de scrutin avantageant les grands partis, il avantagera les majorités
départementales et leur assurera la marge nécessaire, tout en préservant
intégralement les droits de l'opposition.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur ces différents sous-amendements ?
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
La commission est favorable au sous-amendement n° 700.
S'agissant des sous-amendements n°s 321 rectifié et 378, je souligne qu'il
n'est pas obligatoire de désigner autant de suppléants que de titulaires.
J'ajoute que le nombre de conseillers généraux d'un département n'est pas
forcément proportionnel à l'importance de la population dudit département.
Ainsi, je connais des départements de 700 000 habitants dont le conseil général
ne compte que trente-deux ou trente-trois sièges ; dans d'autres, avec une
population moitié moindre, le nombre de conseillers généraux frise les
cinquante. Par conséquent, gardons-nous de fixer des barèmes de représentation
en fonction du nombre de sièges au conseil général.
Compte tenu de ce qui précède, et tout en ayant conscience de l'importance
pratique du problème soulevé, puis-je demander à M. Doligé et à M. Revet de
réfléchir une ultime fois et d'admettre que notre texte permet tout de même
d'assurer une bonne représentation des conseils généraux ?
Par ailleurs, la commission émet un avis favorable sur le sous-amendement n°
218 rectifié.
J'en viens enfin au sous-amendement n° 261.
L'important, pour que le SDIS fonctionne dans de bonnes conditions, c'est
qu'il y ait une majorité claire au sein du conseil d'administration. Cela passe
inévitablement par le scrutin majoritaire. Vous cherchez monsieur Lecerf, à en
atténuer certains effets en proposant le scrutin proportionnel à la plus forte
moyenne. Malheureusement, cette proposition ne concorde pas avec la position
qui a été adoptée par la commission des lois.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 109, ainsi que sur les
sous-amendements n°s 321 rectifié, 378, 218 rectifié et 261 ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Le Gouvernement est, bien entendu, favorable à
l'amendement n° 109 sous réserve de l'adoption du sous-amendement n° 700. J'ai
d'ailleurs noté avec satisfaction que M. le rapporteur émettait un avis
favorable sur celui-ci.
En conséquence, le Gouvernement est évidemment défavorable aux
sous-amendements n°s 321 rectifié et 378.
En ce qui concerne le sous-amendement n° 218 rectifié, l'étude de la
répartition des sièges entre départements, communes et établissements publics
de coopération intercommunale lors du renouvellement des conseils
d'administration qui a eu lieu à la fin du deuxième trimestre 2001 fait
apparaître qu'un conseil d'administration ne compte aucun représentant des
communes. Dès lors, il peut être effectivement utile de préciser que les
représentants des communes disposent d'au moins un siège. J'émets donc un avis
favorable sur ce sous-amendement.
En revanche, en vertu des raisons qui ont été invoquées par M. le rapporteur,
j'émets un avis défavorable sur le sous-amendement n° 261.
M. le président.
Monsieur Doligé, maintenez-vous le sous-amendement n° 321 rectifié ?
M. Eric Doligé.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 321 rectifié est retiré.
Monsieur Revet, maintenez-vous le sous-amendement n° 378 ?
M. Charles Revet.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 378 est retiré.
Monsieur Lecerf, maintenez-vous le sous-amendement n° 261 ?
M. Jean-René Lecerf.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Je mets aux voix le sous-amendement n° 700, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 218 rectifié.
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Ce sous-amendement me paraît très opportun, mais il ne résoudra
malheureusement pas pour autant un problème de fond que j'ai soulevé à
plusieurs reprises et sur lequel ni M. le rapporteur ni M. le ministre ne m'ont
répondu.
Que se passera-t-il, à terme, si d'aventure la totalité des dépenses d'un
service d'incendie et de secours est assumée par le département, situation
qu'évoque l'amendement n° 329 rectifié ? Se posera alors la question du rôle
des maires dans la gestion des finances du SDIS. Ils auront, selon moi, encore
un rôle à jouer dans la mesure où ils continueront à assumer la responsabilité
des interventions sur le territoire de leur commune, alors même qu'ils n'auront
plus la maîtrise des moyens.
Je m'interroge à cet égard sur les pouvoirs réglementaires du maire en qualité
de représentant de l'Etat sur le territoire dans ce domaine de compétence. Il
s'agit d'un grave problème de fond, car les maires verraient d'un mauvais oeil
l'intervention de services auxquels ils n'apportent aucune contribution et sur
lesquels ils n'ont aucune autorité ; en effet, malgré cela, en cas d'incident,
leur responsabilité serait quand même engagée sur le plan judiciaire.
(M.
Hyest fait un signe de dénégation.)
M. Hyest n'est pas d'accord ? En ce cas, je souhaite qu'on m'explique ce qui
se passera ! Cela relèvera-t-il de la responsabilité de l'Etat, qui est chargé
du caractère opérationnel du secours, ou de la responsabilité du conseil
général ? Les dispositions du code pénal permettront-elles d'apporter des
précisions à cet égard ? Il s'agit d'un élément important que nous ne pouvons
pas occulter et sur lequel nous devons recueillir des informations
complémentaires au moment où nous débattons de cette question. Les maires ont
besoin de savoir quel sera leur rôle et quelles seront leurs responsabilités
!
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
M. Vasselle soulève un problème qu'il avait d'ailleurs déjà
préalablement abordé lorsqu'il demandait la consultation des associations de
maires pour l'élaboration des schémas.
La commission des lois est logique avec elle-même : dans la mesure où elle
prévoit une représentation minimale des communes au sein du conseil
d'administration, y compris après la suppression de leur contribution. Il est
en effet indispensable que le conseil d'administration des SDIS comporte une
représentation des maires, donc des communes ès qualités. Nous avons beaucoup
insisté tout à l'heure sur la nécessité de préserver les corps de première
intervention dans les communes, et il est normal que cette cellule soit
représentée au sein des conseils d'administration.
Cela étant, monsieur Vasselle, vous avez eu raison de poser ce problème, parce
qu'il est nécessaire que les communes demeurent associées d'une manière étroite
et concrète au fonctionnement des conseils d'administration des SDIS.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Mercier, rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Notre collègue M. Vasselle pose la question de la
responsabilité, mais elle a été résolue il y a une vingtaine d'années par le
Conseil d'Etat, dans un arrêt qui mettait en cause une commune membre de la
communauté urbaine de Lyon sur l'organisation du service d'incendie : le
Conseil d'Etat a jugé que la commune ne pouvait pas être mise en cause puisque
la loi avait transféré la compétence à la communauté urbaine.
M. Alain Vasselle.
La commune, mais le maire ?
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Le maire ne peut pas être mis en cause non plus,
parce que la compétence appartient à la communauté urbaine.
Pour ce qui est du caractère opérationnel de l'intervention, le préfet et le
ministre de l'intérieur peuvent naturellement être mis en cause, mais sur un
autre fondement juridique...
M. Paul Girod.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Girod.
M. Paul Girod.
Je crains que notre collègue M. Mercier ne nous donne, malgré l'expérience qui
est la sienne, un éclairage qui n'est pas tout à fait celui dans lequel nous
nous situons ici : les communautés urbaines ont, de par la loi, reçu le
transfert de la compétence en la matière ; si les collectivités locales se
regroupent au sein d'une coopération intercommunale dans laquelle la gestion du
service d'incendie et de secours est transférée à un établissement public,
qu'il soit à fiscalité propre ou qu'il s'agisse d'un syndicat intercommunal à
vocation unique ou multiple, nous ne sommes pas dans le même cas de figure !
M. Jean-Jacques Hyest.
C'est pareil !
M. Paul Girod.
Non, au niveau de la responsabilité, ce n'est pas la même chose ! Or
l'amendement de notre collègue M. Mercier, qui prévoit au moins un siège pour
les communes indépendantes, se situe en réalité à l'intérieur du collège
restreint de l'ensemble des collectivités territoriales indépendantes et des
collectivités regroupées.
La vraie question se poserait dans un département au sein duquel aucune
commune n'exercerait plus la gestion de quelque centre que ce soit, les
centres, y compris de première intervention, étant transférés aux organismes
intercommunaux. Faut-il maintenir, dans ce cas, la représentation d'un maire ?
Probablement, parce que, malgré ce transfert de financement, la responsabilité
indépendante du maire apporte un éclairage différent de celui des présidents de
syndicats intercommunaux.
Par conséquent, je suis pour ma part disposé à voter le sous-amendement
présenté par M. Mercier, malgré l'argumentation qu'il vient de développer.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Elle n'avait rien à voir avec le sous-amendement !
(Sourires.)
M. le président.
Je mets aux voix le sous-amendement n° 218 rectifié, accepté par la commission
et par le Gouvernement.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que ce sous-amendement a été adopté à l'unanimité.
Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 261.
M. Jean Pépin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Pépin.
M. Jean Pépin.
Je suis réservé à l'égard de ce sous-amendement, et je m'en excuse auprès de
notre collègue M. Lecerf.
En cas de vote au scrutin proportionnel à la plus forte moyenne, il peut y
avoir un effet pervers : l'addition de la minorité du conseil général, des
maires et des présidents d'intercommunalité peut être supérieure à la majorité
du conseil général, alors même que le dernier réglerait la plus grosse part
financière en la matière.
Par conséquent, je ne peux pas faire moins que de m'abstenir sur ce
sous-amendement.
M. le président.
Je mets aux voix le sous-amendement n° 261, repoussé par la commission et par
le Gouvernement.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 109, accepté par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je constate que cet amendement a été adopté à l'unanimité.
L'amendement n° 329 rectifié, présenté par MM. Lardeux, Bailly, Doligé et
Ostermann, est ainsi libellé :
« Compléter
in fine
l'article 44 par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Le même article est complété
in fine
par un alinéa ainsi rédigé
:
« Par dérogation aux dispositions de cet article, le conseil général tient
lieu de conseil d'administration du service d'incendie et de secours lorsque le
financement intégral de ce dernier est assumé par le conseil général. »
La parole est à M. Lardeux.
M. André Lardeux.
Il s'agit d'une conséquence logique de certains des principes qui ont été
évoqués tout à l'heure : la représentation d'une collectivité au conseil
d'administration d'un SDIS doit être proportionnelle à sa participation
financière. De la sorte, si un département finance totalement un service
d'incendie, la solution la plus simple serait que le SDIS soit géré par le
conseil général. Cela permettrait de réaliser beaucoup d'économies, aussi bien
en termes de temps que de gestion.
Les maires, bien sûr, vont considérer qu'ils n'ont plus voix au chapitre. Mais
la plupart des conseillers généraux ne sont-ils pas maires ?
Bien sûr, pour que ce raisonnement s'applique, le mode de désignation des
conseillers généraux doit demeurer territorial, comme actuellement, car, si des
évolutions avaient lieu, le dispositif serait remis en question...
Cela dit, je comprends l'argumentation de M. le rapporteur au sujet des 80 %
et des 20 %, mais, à ma connaissance, il y a au moins un département où le
financement est assuré à 99 % par le conseil général. Je voudrais bien savoir
comment ce département va convaincre les communes de financer à nouveau ce
qu'elles avaient perdu l'habitude de financer par le passé !
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
M. Lardeux a compris que, dans la logique d'une
représentation minimale des communes au sein du conseil d'administration, qu'il
a rappelée, il m'est difficile, quels que soient les cas de figure qu'il a
évoqués, de donner un avis favorable sur son amendement. Au fur et à mesure que
la situation évoluera, des adaptations seront peut-être nécessaires, mais
restons aujourd'hui cohérents avec nous-mêmes, et préparons le système que nous
avons bâti.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
La commission de suivi et d'évaluation des lois
de 1996 a rejeté le principe selon lequel le SDIS serait un service du
département, et le Gouvernement a suivi les conclusions de cette commission.
J'ajoute qu'il faut absolument réserver une place aux maires au sein des
conseils d'administration. Je suis donc défavorable à l'amendement n° 329
rectifié.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 329 rectifié.
M. Jean-Jacques Hyest.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Hyest.
M. Jean-Jacques Hyest.
Cet amendement, certes très intéressant, ne vise, en fait, aucun département.
En effet, même si certains conseils généraux financent très largement le SDIS
de leur département, aucun ne le finance à 100 %.
M. Michel Charasse.
Cela viendra !
M. Jean-Jacques Hyest.
J'ai consulté l'excellent rapport rédigé par M. Mercier, au nom de la
commission des finances.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
C'est bien !
(Sourires.)
M. Jean-Jacques Hyest.
On perçoit bien quel est, à terme, l'objectif de nos collègues !
Comme je l'ai déjà dit, nous devons nous diriger vers un financement total des
SDIS par les conseils généraux, et je considère que les préfets doivent
continuer à siéger dans le conseil d'administration des SDIS, car ils sont
investis d'une responsabilité opérationnelle en la matière.
M. Michel Charasse.
Le préfet n'y siège pas !
M. Jean-Jacques Hyest.
Mais si !
M. Michel Charasse.
Il ne vote pas !
M. Jean-Jacques Hyest.
Qu'il vote ou non, peu importe, mais il siège au conseil d'administration !
Les maires doivent être associés eux aussi à cette mission de sécurité civile.
En tout état de cause, la disposition qui nous est proposée me paraît donc
prématurée. Elle sera peut-être nécessaire dans quelques années, mais, pour
l'heure, elle n'est pas opportune.
C'est la raison pour laquelle je voterai contre cet amendement.
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
M. Lardeux pose un vrai problème et soulève une question de fond.
Il illustre son amendement par des exemples quelque peu exceptionnels, mais il
faut, je crois, aller au-delà : nous devons nous demander si nous avons
vraiment besoin, mes chers collègues, de cette machinerie administrative
étrange et complexe que constitue le SDIS, établissement public départemental
spécifique géré par un conseil d'administration dont les membres sont en
majorité des conseillers généraux.
Ne vaudrait-il pas mieux aller plus loin et, dans un souci de clarté, choisir
entre les deux propositions qui figurent dans le rapport de notre collègue
Pierre Mauroy sur l'avenir de la décentralisation ? Ne devons-nous pas choisir
entre la proposition n° 34, qui consiste à rattacher les services
départementaux d'incendie et de secours au conseil général, avec une
comptabilité analytique et un budget annexe, et la proposition n° 34
bis,
préconisant que les SDIS relèvent de la sécurité civile et soient
totalement pris en charge par l'Etat et placés sous l'autorité du préfet ?
Nous en revenons toujours à la même chose ! Il faut savoir trancher entre ces
deux visions, peut-être contradictoires, mais qui ont chacune leur logique
propre. Or nous sommes en train de « replâtrer » un dispositif qui, depuis
1996, est insatisfaisant et mal vécu par tous les acteurs.
Il faut également, mes chers collègues - et j'en reviens aux propos que nous
étions nombreux à échanger tout à l'heure sur l'amendement de M. Charasse -
faire coïncider la logique administrative et la logique financière.
Choisissons entre l'une ou l'autre des propositions Mauroy et, du choix qui
sera fait, il résultera des logiques financières différentes : soit le service
sera pris en charge par l'Etat, soit c'est la collectivité de rattachement qui
en détiendra toute la responsabilité qui recevra - nous l'avons vu voilà
quelques instants - des compensations de l'Etat lorsque celui-ci lui imposera
des charges. Efforçons-nous de faire des choses simples et claires !
Dans les cas de figure quelque peu exceptionnels évoqués par le président du
conseil général de Maine-et-Loire, c'est-à-dire lorsqu'un département doit
assumer, dans les conditions actuelles, la quasi-totalité, voire la totalité,
des dépenses du SDIS, évitons toutes ces mécaniques superfétatoires, lourdes et
génératrices de frais généraux que l'on finit toujours par payer d'une manière
ou d'une autre. Confondons le conseil d'administration du SDIS avec le conseil
général !
Il est vrai - ce sera mon dernier point - que se pose toujours la question de
la responsabilité des maires au titre de leur centre de première intervention,
qui a été évoquée tout à l'heure par notre collègue M. Alain Vasselle. Nous
avons besoin d'être éclairés sur ce point, monsieur le ministre.
Quelle que soit la structure départementale, le maire, en tant qu'il continue
à excercer une responsabilité au titre des activités des volontaires, est-il
toujours en position de devoir répondre, au titre de telle ou telle procédure,
des responsabilités qu'il exerce à l'égard de ces missions confiées aux
volontaires ?
Mes chers collègues, l'amendement de notre collègue M. Lardeux est un
amendement à la fois d'appel et de clarification.
Pour aller plus loin que le dispositif - le terme de « replâtrage » que j'ai
utilisé tout à l'heure n'était pas très heureux, car sans doute trop péjoratif
; en tout cas, il a dépassé ma pensée - vraiment très complexe que nous
essayons en toute bonne foi d'introduire dans une loi elle-même
insatisfaisante, réfléchissons plus clairement, mes chers collègues !
Choisissons le modèle auquel nous voulons nous référer et sachons surtout faire
correspondre le financement et l'administration.
M. Jean-René Lecerf.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lecerf.
M. Jean-René Lecerf.
Je m'abstiendrai sur cet amendement n° 329 rectifié, en dépit de sa logique.
Dès lors que le département finance intégralement le service, il me paraît
assez logique, en effet, qu'il bénéficie de l'intégralité des sièges.
Ma démarche est cohérente avec le sous-amendement que je défendais tout à
l'heure. A partir du moment où nous avons adopté le principe du scrutin
majoritaire, seule la majorité du département s'exprimera sur le SDIS. Or, dans
un tel cas de figure, le SDIS devrait devenir une direction du département et
l'on rendrait ainsi à la malheureuse opposition le droit de s'exprimer.
M. Jean Pépin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Pépin.
M. Jean Pépin.
J'ai été très attentif aux différentes interventions. Personnellement,
j'apprécie aussi beaucoup les mécanismes simples. Toutefois, si l'on opte pour
le conseil général, on ne peut pas laisser en dehors de l'information et des
échanges les maires de communes sur le territoire desquelles sont installés des
CPI, même s'ils ne contribuent pas directement au financement.
M. Jean-Jacques Hyest.
Très bien !
M. Jean Pépin.
A défaut, il y aurait ignorance entre les pompiers du service départemental et
ceux des corps municipaux. Il convient, je crois, de régler ce problème avec
l'Association des maires, dont une délégation pourrait discuter des questions,
ne serait-ce que pour information, avec le conseil général, si ce dernier est
concerné, comme cela est envisagé.
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Voilà un amendement qui suscite de nombreuses interventions ! Notre collègue
André Lardeux peut se féliciter de l'avoir déposé, car il permet de rebondir
sur des questions de fond, en faisant référence - ce qui a dû faire plaisir à
M. Mauroy - à deux propositions contenues dans le rapport de la commission pour
l'avenir de la décentralisation qu'il présidait.
Je remercie mon collègue M. Philippe Marini d'avoir enfoncé encore un peu plus
le clou pour ce qui concerne la nécessaire clarification des compétences dans
ce domaine. Il faudra qu'un jour nous choisissions entre le département ou
l'Etat, au titre de la sécurité civile. Je pencherai plutôt, pour ma part, pour
la seconde solution.
Cela étant, j'ai bien conscience des limites de l'exercice. Si l'Etat assumait
seul cette compétence - et cela va peut-être vous donner le sentiment que je
suis quelque peu en contradiction avec moi-même, mais j'exprimerai mon
sentiment malgré tout -, nous pourrions craindre une professionnalisation
complète des services d'incendie et de secours et la progressive disparition du
volontariat.
M. Michel Charasse.
C'est le but !
M. Alain Vasselle.
Je me demande en effet comment l'Etat arrivera à garder un contact de
proximité, que les départements peuvent au moins maintenir. Par conséquent, il
faut en convenir, l'exercice n'est pas facile ! On peut en débattre et tenter
de régler le problème au fond, mais la solution n'est pas aussi miraculeuse
qu'on pourrait le croire.
Cela étant, une autre question ressort indirectement des différentes
interventions - à commencer par celle de M. Pépin -, c'est la question des
centres de première intervention, sur laquelle je me permets de revenir, car
l'amendement de M. Lardeux éliminerait la représentation des communes au sein
du conseil d'administration du SDIS. Or, M. Paul Girod a eu raison de le
rappeler tout à l'heure, il serait tout à fait dommageable, compte tenu des
différents cas de figure qui se présentent, que les communes n'y soient pas
représentées, que l'intercommunalité n'en ait plus la compétence ou que des
communes aient souhaité, à titre individuel, rester à l'écart de telles
compétences, que ce soit au niveau des structures intercommunales ou au niveau
du département.
Le problème qui se pose est de savoir si continueront à exister, et pour
combien de temps, ces centres de première intervention placés sous la seule
autorité du maire, car ils n'auront pas intégré le corps départemental et, ne
faisant donc pas partie du dispositif opérationnel de protection des biens et
des personnes, ils resteront opérationnels sur le territoire de la commune, à
défaut de l'être en dehors.
Du simple fait qu'ils continuent à exister ou à coexister aux côtés du service
départemental d'incendie et de secours, il m'apparaît que nous ne pouvons pas
les ignorer et que les communes doivent être représentées au conseil
d'administration, même dans le cas où le département assumerait à 100 % le
fonctionnement du service départemental d'incendie et de secours, dont les
centres de première intervention ne seraient pas partie prenante, les communes
sur les territoires desquelles ils sont situés en assumant l'entière
responsabilité et le financement de leur fonctionnement.
Cette question-là n'étant pas réglée, il aurait été heureux d'entendre le
ministre, en plus de l'éclairage qu'ont pu nous apporter les rapporteurs grâce
à leur expérience sur le terrain, je pense à la communauté urbaine de Lyon ou à
l'Alsace, que représente M. Hoeffel.
Monsieur le ministre, je n'ai jamais réussi à obtenir de votre prédécesseur,
M. Jean-Louis Debré, un éclaircissement sur ce point. Les gouvernements ont
beau se succéder, nous ne sommes pas davantage éclairés sur le sujet !
Expliquez-nous comment vous concevez la coordination entre les CPI et le SDIS,
ainsi que le rôle de chacun. Ce faisant, vous éclairerez notre lanterne ainsi
que celles des maires.
Mme Marie-France Beaufils.
Cela n'a rien à voir avec l'amendement !
M. Eric Doligé.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Doligé.
M. Eric Doligé.
Je me pose une question à la suite de l'intervention de M. Hoeffel qui, ayant
souhaité en rester à une répartition du financement du type 80 % pour les
départements et 20 % pour les communes ou collectivités, nous a dit qu'il ne
pouvait accepter cet amendement n° 329 rectifié.
Il faudra faire preuve de persuasion pour me convaincre d'adopter cette
logique plutôt que celle du type CMU, si j'ose dire, c'est-à-dire d'un
financement à 100 %, qui est préconisée par cet amendement.
Je me demande comment la décision d'adopter ce dernier mode de financement
sera prise. Cela peut poser problème. Or il est difficile, sur ce type
d'amendement, d'avoir une réflexion accomplie, tant que nous ne connaissons pas
la règle finale de financement.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
C'est pour cela qu'il faudra voter.
M. Paul Girod.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod.
J'aurais presque tendance, même dans le cas couvert par l'amendement n° 329
rectifié, à espérer la présence, dans le SDIS, du maire de la plus petite
commune où siège le CPI, pour sauvegarder le volontariat, car c'est bien le
problème qui se pose derrière tout cela !
Si certains départements à dominante urbaine ont besoin d'un CPI et de
volontaires, leur présence est encore plus nécessaire dans les départements
ruraux. Elle est même vitale, car si l'on tue le volontariat, il n'y a plus de
service des sapeurs-pompiers !
M. Charles Revet.
C'est vrai partout !
M. Paul Girod.
Grâce au contact quasiment charnel qu'il maintient avec les habitants de sa
commune, c'est bien par le maire que passent la capacité de recrutement et
l'incitation au volontariat ! J'ai bien compris la logique des interventions de
mes collègues et je suis navré d'insister, mais, au-delà du financement, il y a
aussi les hommes !
M. Patrick Lassourd.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd.
Nous ne ferons pas fonctionner convenablement un service départemental
d'incendie et de secours sans la collaboration des maires, sans leur
participation et je dirais même sans la contribution des communes. Je suis,
donc, pour ma part, favorable au rapport 80 % - 20 % proposé par M. le
rapporteur.
Pardonnez-moi de le dire aux uns et aux autres, mais je trouve que l'on fait
une fixation quelque peu excessive sur les centres de première intervention. Le
rôle des maires est certes important, mais il ne l'est pas seulement dans ces
centres non intégrés au système départemental. Il l'est également dans les
centres de secours, voire les centres de secours principaux qui, en général,
dans des départements ruraux, sont composés de sapeurs-pompiers volontaires.
En outre, si le rôle du maire est extrêmement important dans la constitution
du corps, même au niveau départemental, il l'est encore plus sur le plan de la
relation charnelle, je dirais affective, dont parlait M. Paul Girod à
l'instant.
Il faut associer les maires car, sur le plan de la sécurité aussi, ce sont
quand même eux les responsables. Ils sont quelquefois sollicités pour fournir
des moyens immobiliers.
Enfin, dans les centres de secours composés de volontaires en milieu rural,
que se passerait-il si un certain nombre des pompiers n'étaient pas en même
temps des agents communaux ? En effet, en pleine journée, ce sont eux qui
partent au premier coup de sifflet et non pas ceux qui sont dans les
entreprises !
On ne peut pas faire l'économie de la contribution et de la participation des
maires. C'est la raison pour laquelle, en ce qui concerne tant les
constructions financières que la composition du conseil d'administration, je
suis d'accord avec la réflexion de MM. Lecerf et Pépin. Je ne voterai donc pas
l'amendement n° 329 rectifié de M. Lardeux.
M. Pierre Mauroy.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Mauroy.
M. Pierre Mauroy.
J'ai eu plaisir à vous entendre faire allusion à la commission pour l'avenir
de la décentralisation, que j'ai présidée. Mais je voudrais vous dire qu'ici,
au milieu des collègues de mon groupe, je vous admire.
(Exclamations amusées
sur les travées du RPR.)
J'admire en effet la façon dont vous traitez
l'ensemble de ces problèmes que vous soulevez tout à tour.
Personnellement, j'ai dirigé 900 pompiers et un service d'incendie s'adressant
à 1,1 million d'habitants. C'est une responsabilité d'autant plus lourde que
ces services et les pompiers ne s'occupent pas seulement d'incendies. Ils ont,
vous le savez bien, d'autres tâches.
Je crois donc que, sur ce plan, les responsabilités doivent être clairement
définies et, naturellement, les financements doivent aller de pair avec les
responsabilités.
Nous avons eu de grands débats au sein de la commission que j'ai présidée et
il nous est apparu qu'il y avait, en réalité, deux solutions.
M. André Lardeux.
Bien sûr !
M. Pierre Mauroy.
L'une est agréable au département : le département, qui a d'ailleurs toujours
eu des responsabilités en matière d'incendie, retrouverait une grande
responsabilité si les services d'incendie étaient adossés au conseil général.
C'est une solution claire et nette, d'autant que les maires participent aux
décisions prises par le département. Ils vivent avec le département !
Autrement, on n'y arriverait pas : il y a 36 000 communes ; on ne peut pas
avoir 36 000 services d'incendie !
Si vous ne voulez pas que le département ait la pleine autorité, dans ce cas,
ce sera l'Etat. C'est la solution qui a ma préférence, car je crois que l'on
sera obligé d'en venir à un service national de sécurité, en liaison d'ailleurs
avec les différentes collectivités. Cette position était minoritaire au sein de
la commission, la majorité préférant la solution du département.
C'est vraiment un problème très important, monsieur le ministre. On a monté
une usine à gaz parfaite.
M. André Lardeux.
Exactement !
M. Pierre Mauroy.
Elle n'a pas fonctionné ! On refait une loi ! On remonte des usines à gaz et
on se dit que, dans quelque temps, on sera obligé d'élaborer une nouvelle loi.
De grâce, tranchez, monsieur le ministre ; les solutions les plus simples et
les plus directes, vous avez la possibilité de les prendre !
(Très bien ! et
applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Mes chers collègues, nous savons tous que le maire est le premier échelon de
la sécurité publique et qu'il agit ès qualités en tant qu'agent de l'Etat.
Comment pourrait-on imaginer que le SDIS, qui édicte des réglementations
particulières relatives à l'organisation des sapeurs-pompiers, à leurs règles
d'intervention et à l'opérationnel, ne comporte pas au moins un maire pour
apporter le minimum d'informations de terrrain et de bon sens qui sont
nécessaires ?
M. Patrick Lassourd.
Tout à fait !
M. Philippe Marini.
Les conseillers généraux sont des maires !
M. Michel Charasse.
Même si je ne conteste pas ce que vient de dire notre collègue et ami Pierre
Mauroy, je crois que l'on ne peut pas se passer de l'avis des maires.
M. Patrick Lassourd.
Très bien !
M. Michel Charasse.
Permettez-moi de vous dire, monsieur le ministre, que si on les consultait un
peu plus souvent au ministère de l'intérieur avant de publier certains textes
réglementaires, cela nous éviterait d'être quelquefois confrontés à des
dispositions dont on peut se demander qui a bien pu les imaginer.
Je prendrai un seul exemple : un texte récent, qui émane du ministère de
l'intérieur, prévoit que, désormais, on ne peut plus être sapeur-pompier si on
n'a pas été vacciné. Après tout, me direz-vous, c'est une mesure de bon sens.
Elle existait déjà avant. Mais le texte précise que sept mois étant nécessaires
pour que le vaccin fasse effet, on doit attendre sept mois et revenir après
sept mois pour se faire enrôler. Conclusion : tout cela est tellement compliqué
que les candidats renoncent à se faire vacciner et renoncent à s'enrôler, si
bien qu'on ne recrute pratiquement plus de volontaires !
Cet exemple concret montre que, si le bon sens avait prévalu et si quelques
maires ruraux - pas uniquement des maires ruraux, d'ailleurs - avaient été
consultés, ils auraient pu expliquer comment cela se passe réellement sur le
terrain.
Au-delà de la logique quasiment mathématique de l'amendement de M. Lardeux et
de ses collègues, il est d'autres éléments à prendre en considération. Membres
du bureau de l'association des maires, M. le rapporteur et moi-même insistons
toujours pour que les maires aient leur place dans les consultations et les
concertations. Priver le SDIS de l'avis ne serait-ce que d'un représentant de
l'assocation des maires élu par ses collègues et siégeant ès qualité, même s'il
y a, ne l'oublions pas, au sein du conseil général, beaucoup de collègues
conseillers généraux qui sont maires - c'est prendre un risque très grand et
faire supporter aux SDIS les inconvénients que comportent beaucoup trop de
textes parisiens arrêtés dans le secret des bureaux sans consultation des gens
d'expérience et de bon sens.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Je voudrais une dernière fois rappeler la position de la
commission des lois sur cet amendement.
Nous ne pouvons pas y être favorables car, quelle que soit l'évolution de ce
débat - et la commission des lois a le souci de trouver un accord avec la
commission des finances tant sur les financements que sur le conseil
d'administration du SDIS - quelle que soit la solution financière retenue, nous
estimons indispensable que les maires soient présents en tant que tels dans le
conseil d'administration du SDIS, pour les raisons qu'ont évoquées plusieurs de
nos collègues.
C'est dans cet esprit que je souhaiterais que M. Lardeux retire son
amendement. Sinon, je me devrais de refléter la position défavorable de la
commission des lois.
M. le président.
Monsieur Lardeux, l'amendement est-il maintenu ?
M. André Lardeux.
Je ne pensais pas susciter, par ce modeste amendement, une aussi longue
discussion !
Je me suis pris à penser que, si j'étais maire et que je me trouvais dans les
tribunes, je conclurais logiquement de nos débats - et je respecte parfaitement
les idées des uns et des autres - que le Sénat allait proposer un financement
majoritairement assuré par les communes et les groupements intercommunaux.
(Rires.)
Il faut aller jusqu'au bout de la logique ! Si l'on veut que
les conseils généraux aient les moyens d'influer sur les décisions du SDIS, le
plus simple est que les collectivités qu'ils représentent continuent d'assurer
majoritairement le financement. Je sais bien que ce n'est pas la voie qui est
suivie actuellement.
Cela dit, prenons garde, mes chers collègues, à ne pas créer des systèmes trop
compliqués et illisibles pour nos concitoyens.
Ma proposition ne concernait pas le département que je représente, le
Maine-et-Loire, car il est loin des 80 % de participation du conseil général au
budget du SDIS. Si aucun SDIS n'est financé à 100 % par les collectivités
locales concernées, c'est qu'il y a toujours, il faut le reconnaître, une
participation, même modeste, de l'Etat.
Je rappellerai également que, si les conseillers généraux ne sont pas tous
maires, un grand nombre d'entre eux le sont.
J'en reviens à mon département : il comprend quatre sièges pour les maires,
soit un pour chacune des grandes villes et probablement un pour une
intercommunalité. Ne faisons pas croire qu'ils seront moins bien représentés
dans le système que je proposais que dans celui que la commission, dans sa
sagesse, a mis en place !
Par ailleurs, les acteurs de terrain dans ce domaine de la sécurité ce sont,
bien sûr, les élus, les maires, les conseillers généraux, mais ce sont aussi
les représentants de l'Etat, les préfets, les sous-préfets, qui sont au contact
quotidien des élus en la matière.
M. le rapporteur souhaite que je retire mon amendement. Je ne me fais aucune
illusion sur son sort, mais je poursuis jusqu'au bout ma logique et je le
maintiens. Je comprends cependant parfaitement les positions de M. le
rapporteur.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Mercier, rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier,
rapporteur pour avis.
Je suggère à M. Lardeux de retirer son amendement ;
le débat rebondira lorsque je soutiendrai dans quelques jours, au nom de la
commission des finances, l'amendement n° 233, qui porte sur le même sujet.
M. Philippe Marini.
Quelques jours et quelques nuits !
(Sourires.)
M. le président.
Monsieur Lardeux, l'amendement est-il toujours maintenu ?
M. André Lardeux.
Je le maintiens, monsieur le président. Cela évitera peut-être un long débat à
propos de l'amendement de M. Mercier la prochaine fois.
M. Bruno Sido.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Sido.
M. Bruno Sido.
Nous venons d'avoir la démonstration par l'absurde de la difficulté, voire de
l'impossibilité, que nous avons à faire un choix parmi les propositions, soit
de la commission, très bien défendues d'ailleurs par M. le rapporteur, soit de
nos collègues, fussent-ils éminents, de la Haute Assemblée. Si nous ne prenons
pas une décision aujourd'hui, il faudra reprendre ce débat pour faire un choix
; comme nous le disait merveilleusement Pierre Mauroy : ce seront soit les
départements soit l'Etat qui auront la pleine autorité ! La solution que l'on
nous demande aujourd'hui de retenir ne sera pas valable longtemps. Je le
regrette profondément, car nous passons de nombreuses heures à discuter de
sujets sur lesquels nous serons obligés de revenir.
Aussi, en ce qui concerne l'amendement de M. Lardeux, afin de rester logique,
je le voterai.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 329 rectifié, repoussé par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 44, modifié.
(L'article 44 est adopté.)
Article 45