SEANCE DU 16 JANVIER 2002


M. le président. « Art. 22. - I. - L'article L. 2123-12 du code général des collectivités territoriales est complété par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil municipal délibère sur l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il fixe les orientations de la formation des élus de la commune dans le respect du droit à la formation de chacun d'eux.
« Il détermine chaque année dans les mêmes conditions la répartition des crédits ouverts pour l'exercice du droit à la formation.
« Ces délibérations sont prises à la majorité d'au moins les deux tiers des suffrages exprimés. A défaut, les crédits de formation sont répartis également entre les conseillers.
« Un tableau récapitulant les actions de formation des élus financées par la commune est annexé au compte administratif. Il donne lieu à un débat annuel sur la formation des membres du conseil municipal. »
« II. - L'article L. 3123-10 du même code est complété par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil départemental délibère sur l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il fixe les orientations de la formation des élus du département dans le respect du droit à la formation de chacun d'eux.
« Il détermine chaque année dans les mêmes conditions la répartition des crédits ouverts pour l'exercice du droit à la formation.
« Ces délibérations sont prises à la majorité d'au moins les deux tiers des suffrages exprimés. A défaut, les crédits de formation sont répartis également entre les conseillers.
« Un tableau récapitulant les actions de formation des élus financées par le département est annexé au compte administratif. Il donne lieu à un débat annuel sur la formation des membres du conseil départemental. »
« III. - L'article L. 4135-10 du même code est complété par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil régional délibère sur l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il fixe les orientations de la formation des élus de la région, dans le respect du droit à la formation de chacun d'eux.
« Il détermine chaque année dans les mêmes conditions la répartition des crédits ouverts pour l'exercice du droit à la formation.
« Ces délibérations sont prises à la majorité d'au moins les deux tiers des suffrages exprimés. A défaut, les crédits de formation sont répartis également entre les conseillers.
« Un tableau récapitulant les actions de formation des élus financées par la région est annexé au compte administratif. Il donne lieu à un débat annuel sur la formation des membres du conseil régional. »
Sur l'article, la parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. La formation est devenue de plus en plus indispensable pour l'ensemble des élus locaux. On a créé, en son temps, le comité national de formation des élus locaux, avec une commission d'agrément qui se réunit assez régulièrement au ministère de l'intérieur. Nombre d'organismes, dont de très nombreuses associations départementales de maires, ont reçu cet agrément. L'association de mon département fait partie de ces organismes agréés et je m'en félicite.
Je constate, au fil des ans, que les nouvelles générations d'élus sont très friandes des formations que nous pouvons organiser à leur intention. Il m'apparaît donc souhaitable que le dispositif législatif soit complété et renforcé dans ce domaine. C'est la raison pour laquelle j'ai salué les initiatives qui ont été prises. Mais, à la lecture de l'amendement de la commission des lois, il semblerait que celle-ci ait un autre point de vue. Peut-être l'idée est-elle reprise sous une forme différente ou à un autre moment dans le texte.
Quoi qu'il en soit, je trouverais dommage qu'au moment où nous examinons un texte de loi qui traite du statut de l'élu nous passions par pertes et profits tout ce qui peut concerner sa formation !
Mais j'imagine que la commission des lois nous proposera plus loin des dispositions qui répondront à l'attente de l'ensemble des élus locaux, qu'ils soient communaux, départementaux ou régionaux.
M. le président. La parole est à Mme Mathon.
Mme Josiane Mathon. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'article 22 constitue de manière incontestable une des avancées essentielles du projet de loi.
Il institue, en effet, le nécessaire débat dans les collectivités territoriales sur la question de la formation des élus locaux, dans un contexte où d'importants besoins se font jour précisément et où l'on constate une évolution de la technicité de l'intervention politique des élus.
Le consensus sur la nécessité d'une formation des élus est assez large et nous savons pertinemment que l'ensemble des associations d'élus, qu'il s'agisse de l'association des maires de France ou des associations d'élus de sensibilités politiques différentes, acccomplissent aujourd'hui d'importants efforts en ce sens.
Des moyens financiers existent pour mener à bien ces efforts et le présent projet de loi vise d'ailleurs à les renforcer de manière significative.
Il s'agit de faciliter l'exercice plein et entier du mandat confié par la population à chacun des élus.
Cela passe notamment par une formation adaptée aux fonctions, facilitant une prise de décision en pleine conscience des enjeux et permettant un authentique travail collectif de l'équipe municipale.
Cela passe également par la reconnaissance de la diversité des approches, et donc de l'offre de formation, ce qui nous amènera naturellement à défendre les amendements que nous avons déposés sur cet article afin de permettre un libre choix, par chaque élu, de son propre parcours de formation et de l'organisme auquel il va s'adresser.
J'ajoute que, s'il faut prendre en compte les besoins des élus dans les communes, il faut aussi penser aux différents autres échelons départemental, régional et, le cas échéant, intercommunal.
M. le président. Je suis saisi de sept amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 68, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit l'article 22 :
« I. - L'article L. 2123-12 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Un tableau récapitulant les actions de formation des élus financées par la commune est annexé au compte administratif. Il donne lieu à un débat annuel sur la formation des membres du conseil municipal. »
« II. - L'article L. 3123-10 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Un tableau récapitulant les actions de formation des élus financées par le département est annexé au compte administratif. Il donne lieu à un débat annuel sur la formation des membres du conseil général. »
« III. - L'article L. 4135-10 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Un tableau récapitulant les actions de formation des élus financées par la région est annexé au compte administratif. Il donne lieu à un débat annuel sur la formation des membres du conseil régional. »
Le sous-amendement n° 382 rectifié, présenté par MM. de Broissia, Doligé, Karoutchi, Leroy, de Richemont et Sido, est ainsi libellé :
« Modifier comme suit le texte proposé par l'amendement n° 68 :
« I. - Dans le premier alinéa du I, remplacer les mots : "un alinéa ainsi rédigé" par les mots : "deux alinéas ainsi rédigés". »
« II. - Compléter in fine le I par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil municipal délibère sur l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il détermine les orientations et les crédits ouverts à ce titre. »
« III. - Dans le premier alinéa du II, remplacer les mots : "un alinéa ainsi rédigé" par les mots : "deux alinéas ainsi rédigés". »
« IV. - Compléter in fine le II par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil général délibère sur l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il détermine les orientations et les crédits ouverts à ce titre. »
« V. - Dans le premier alinéa du III, remplacer les mots : "un alinéa ainsi rédigé" par les mots : "deux alinéas ainsi rédigés". »
« VI. - Compléter in fine le III par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil régional délibère sur l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il détermine les orientations et les crédits ouverts à ce titre. »
Le sous-amendement n° 639, présenté par M. Mercier, est ainsi libellé :
« I. - Avant le texte proposé par le II de l'amendement n° 68 pour compléter l'article L. 3123-10 du code général des collectivités territoriales, ajouter un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil départemental délibère sur l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il détermine les orientations et les crédits ouverts à ce titre. »
« II. - En conséquence, à la fin du premier alinéa du II de l'amendement n° 68, remplacer les mots : "par un alinéa ainsi rédigé :" par les mots : "par deux alinéas ainsi rédigés :". »
Les six amendements suivants sont présentés par Mmes Beaufils et Borvo, M. Bret, Mme Mathon et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
L'amendement n° 432 est ainsi libellé :
« Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le I de l'article 22 pour compléter par quatre alinéas l'article L. 2123-12 du code général des collectivités territoriales, remplacer le mot : "délibère" par le mot : "débat". »
L'amendement n° 433 est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le troisième alinéa du texte proposé par le I de l'article 22 pour compléter par quatre alinéas l'article L. 2123-12 du code général des collectivités territoriales :
« Les crédits de formation sont répartis également entre les conseillers. »
L'amendement n° 493 est ainsi libellé :
« Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le II de l'article 22 pour compléter par quatre alinéas l'article L. 3123-10 du code général des collectivités territoriales, remplacer le mot : "délibère" par le mot : "débat". »
L'amendement n° 494 est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le troisième alinéa du texte proposé par le II de l'article 22 pour compléter par quatre alinéas l'article L. 3123-10 du code général des collectivités territoriales :
« Les crédits de formation sont répartis également entre les conseillers. »
L'amendement n° 471 est ainsi libellé :
« Dans la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le III de l'article 22 pour compléter par quatre alinéas l'article L. 4135-10 du code général des collectivités territoriales, remplacer le mot : "délibère" par le mot : "débat". »
L'amendement n° 472 est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le troisième alinéa du texte proposé par le III de l'article 22 pour compléter par quatre alinéas l'article L. 4135-10 du code général des collectivités territoriales :
« Les crédits de formation sont répartis également entre les conseillers. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 68.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. M. Vasselle a insisté, à juste titre, sur l'importance que rêvet la formation des élus. La commission des lois en est parfaitement consciente, comme le prouve le dispositif qu'elle présente dans son amendement n° 68.
Quiconque préside une association départementale de maires - c'est le cas de M. Vasselle - connaît l'engouement des élus, particulièrement au lendemain d'un renouvellement comme celui de 2001, pour les actions de formation.
L'amendement n° 68 présente plusieurs aspects. La récapitulation des actions de formation en faveur des élus dans un tableau annexé au compte administratif de la commune, déjà votée par le Sénat, puis reprise dans le présent projet de loi, serait confirmée. Nous restons ainsi fidèles aux propositions de M. Vasselle que le Sénat a examinées il y a un an. En revanche, l'amendement n° 68 ne reprend pas l'obligation d'une délibération sur la formation dans les trois mois suivant un renouvellement, car il peut s'avérer nécessaire de laisser à un conseil un peu de temps pour pouvoir cerner avec davantage de précision, dans sa délibération, la nature des actions de formation à entreprendre.
De même, l'exigence d'une majorité renforcée des deux tiers pour l'adoption de telles délibérations serait supprimée.
Nous restons donc fidèles aux différents principes qui sous-tendent la formation des élus, mais nous ne voulons pas introduire des contraintes qui pourraient être jugées excessives dans un certain nombre de communes.
M. le président. La parole est à M. Karoutchi, pour défendre le sous-amendement n° 382 rectifié.
M. Roger Karoutchi. Le sous-amendement n° 382 rectifié vise à instaurer un débat au sein des conseil municipaux, des conseils généraux et des conseils régionaux dans les trois mois de la dernière élection, de manière à déterminer les orientations et les crédits ouverts à ce titre.
Je comprends les arguments de M. le rapporteur, mais le débat n'étant ouvert, dans l'amendement qui a été présenté, que par rapport au compte administratif, cela signifierait que les conseillers nouvellement élus ne seraient parfaitement au fait de ce débat que pratiquement dans l'année qui suit l'élection et non pas dès le début de leur mandat. Or ne constate-t-on pas très souvent, dans nos collectivités, que des élus, appartenant ou n'appartenant pas à des groupes politiques, très souvent ignorent même la possibilité qu'ils ont de demander à la collectivité d'assurer une partie de leur formation ?
Une délibération est peut-être excessive...
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. L'information suffirait !
M. Roger Karoutchi. ... mais le simple fait d'organiser, au bénéfice des élus, au cours d'une séance d'information, un débat rapide sur la capacité financière de formation et les orientations de formation dans la collectivité intéressée, ne nous paraît pas excessif. Nos collectivités, dans bien des cas, organisent des débat autrement plus aléatoires et difficiles.
Si M. le rapporteur y tient absolument, je retirerai le sous-amendement, mais, très franchement, je ne pense pas qu'il introduise une contrainte particulière pour les collectivités ou qu'il représente une mesure pénalisante pour l'ensemble des élus.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Comme M. Karoutchi l'a lui-même suggéré, je l'invite à modifier le sous-amendement n° 382 rectifié, en remplaçant la délibération par l'information sur l'exercice du droit à la formation, tout en conservant le délai de trois mois. Cela permettrait d'aboutir au même résultat, mais avec un peu moins de contraintes.
M. le président. Monsieur Karoutchi, acceptez-vous la modification proposée par M. le rapporteur ?
M. Roger Karoutchi. Oui, monsieur le président.
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 382 rectifié bis , présenté par MM. de Broissia, Doligé, Karoutchi, Leroy, de Richemont et Sido et ainsi libellé :
« Modifier comme suit le texte proposé par l'amendement n° 68 :
« I. - Dans le premier alinéa du I, remplacer les mots : "un alinéa ainsi rédigé" par les mots : "deux alinéas ainsi rédigés".
« II. - Compléter in fine le I par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil municipal est informé de l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il détermine les orientations et les crédits ouverts à ce titre. »
« III. - Dans le premier alinéa du II, remplacer les mots : "un alinéa ainsi rédigé" par les mots : "deux alinéas ainsi rédigés".
« IV. - Compléter in fine le II par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil général est informé de l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il détermine les orientations et les crédits ouverts à ce titre. »
« V. - Dans le premier alinéa du III, remplacer les mots : "un alinéa ainsi rédigé" par les mots : "deux alinéas ainsi rédigés".
« VI. - Compléter in fine le III par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil régional est informé de l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il détermine les orientations et les crédits ouverts à ce titre. »
La parole est à M. Michel Mercier, pour défendre le sous-amendement n° 639.
M. Mercier. Ce sous-amendement étant de même nature que celui de M. Karoutchi, je suis tout à fait satisfait par la rédaction suggérée par M. le rapporteur, d'autant plus qu'étant chargé, ce soir, de donner l'avis de la commission des finances sur l'applicabilité de l'article 40 de la Constitution, il m'était difficile de soutenir une disposition qui enfreint ce même article !
Je retire donc le sous-amendement n° 639.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Bravo !
M. le président. Le sous-amendement n° 639 est retiré.
La parole est à M. Bret, pour présenter les amendements n°s 432, 433, 493, 494, 471 et 472.
M. Robert Bret. Comme l'indiquait ma collègue Josiane Mathon, le cadre offert par les dispositions de ce titre traduit des avancées mais nous nous devons de les renforcer encore.
L'article 22 fait donc de la définition d'un plan de formation des élus un élément de l'activité des conseils municipaux ; nous ne pouvons que nous en réjouir.
Le droit à la formation implique, de notre point de vue, que le choix soit effectivement laissé aux élus, compte tenu de la diversité de l'offre de formation existante, de l'organisme de formation qu'ils souhaitent solliciter pour acquérir les outils nécessaires à l'exercice de leur mandat et à toute compréhension sur les sujets en débat dans leur action au quotidien.
Tel est le sens de cet amendement n° 432, complété par les amendements n°s 433 et 434, lesquels prévoient que les moyens dévolus, par exemple, par le conseil municipal à la formation des élus seront, en quelque sorte, proratisés en fonction de la situation de chacun des élus, qu'il soit ou non issu de la majorité municipale comme de toute autre sensibilité.
On observera, d'ailleurs, qu'une telle démarche s'inscrit dans le cadre de l'article 25, dès lors que la définition du plan de formation des élus serait confiée à l'EPCI auquel la commune serait en quelque sorte affiliée.
Les autres amendements ont pour objet la définition des objectifs et du contenu des plans de formation arrêtés dans le cadre des assemblées départementales. Ils participent de la même philosophie que celui que nous venons de défendre quant à la situation des élus municipaux. Quand bien même l'échelon n'est pas le même, nous vous invitons à les adopter pour les mêmes motifs.
Notre souci est, là encore, de veiller à laisser aux élus concernés le libre choix des contenus et des organismes de formation.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 432, 433, 493, 494, 471 et 472 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. En ce qui concerne les amendements n°s 432, 493 et 471, qui concernent les niveaux municipal, départemental et régional, l'argumentation de la commission est la même que celle que je viens de développer à propos du sous-amendement n° 382 rectifié bis .
En ce qui concerne les amendements n°s 433, 494 et 472, nous estimons qu'en prévoyant une répartition strictement égale des crédits de formation entre tous les conseillers ils introduisent une rigidité peu adaptée à la situation. En effet, faut-il, au lendemain des élections, accorder le même crédit de formation à un élu expérimenté et à un élu nouveau ?
Laissons au conseil municipal, au conseil général et au conseil régional la possibilité d'opérer une répartition répondant aux besoins et aux aspirations.
M. Robert Bret. Et la formation continue, monsieur le rapporteur ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. On aboutit au même résultat, vous en conviendrez, monsieur Bret, mais en procédant plus judicieusement.
M. Michel Charasse. Encore faut-il savoir, de toute manière, ce que l'on met dans la formation continue !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 68 et le sous-amendement n° 382 rectifié bis, ainsi que sur les amendements n°s 432, 433, 493, 494, 471 et 472 ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le débat qui vient d'avoir lieu a permis de nous éclairer les uns et les autres.
S'agissant de l'amendement n° 68, le Gouvernement s'en remettra à la sagesse du Sénat si la commission accepte qu'un débat sur la définition des formations proposées aux élus soit organisé à l'issue de l'information des conseils municipaux, généraux et régionaux.
S'agissant du sous-amendement n° 382 rectifié bis, le Gouvernement est du même avis que la commission.
De la même manière, je rejoins l'avis de M. le rapporteur pour ce qui concerne l'amendement n° 432 présenté par M. Bret.
L'amendement n° 433 visée, quant à lui, à supprimer le vote à la majorité qualifiée des assemblées délibérant sur la formation des élus. Dès lors, les crédits de formation seraient systématiquement répartis de manière égalitaire entre les élus. C'est une modification assez sensible du mécanisme souhaité par le Gouvernement et le dispositif ne permet plus aux assemblées délibérantes de hiérarchiser leurs priorités en la matière. Toutefois, je m'en remets à la sagesse du Sénat, comme, d'ailleurs, sur les autres amendements n°s 493, 494, 471 et 472.
Telle est la position du Gouvernement, qui s'en remet beaucoup à la sagesse de la Haute Assemblée, en considération des arguments développés par M. le rapporteur.
Permettez-moi d'insister encore sur ce point : pour que tout cela puisse fonctionner, il serait bon qu'un débat soit organisé à l'issue de l'information.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je suis d'accord pour indiquer que le conseil municipal, général ou régional reçoit « une information suivie d'un débat » et sans excès de formalisation. Cela permet de dégager une vision commune, tout en étant fidèle à l'esprit qui a animé les auteurs du sous-amendement.
M. le président. Monsieur Karoutchi, acceptez-vous de modifier votre sous-amendement dans le sens souhaité par M. le rapporteur ?
M. Roger Karoutchi. Tout à fait, monsieur le président.
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 382 rectifié ter , présenté par MM. de Broissia, Doligé, Karoutchi, Leroy, de Richemont et Sido, ainsi libellé :
« Modifier comme suit le texte proposé par l'amendement n° 68 :
« I. - Dans le premier alinéa du I, remplacer les mots : "un alinéa ainsi rédigé" par les mots : "deux alinéas ainsi rédigés".
« II. - Compléter in fine le I par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil municipal reçoit une information suivie d'un débat sur l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il détermine les orientations et les crédits ouverts à ce titre. »
« III. - Dans le premier alinéa du II, remplacer les mots : "un alinéa ainsi rédigé" par les mots : "deux alinéas ainsi rédigés".
« IV. - Compléter in fine le II par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil général reçoit une information suivie d'un débat sur l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il détermine les orientations et les crédits ouverts à ce titre. »
« V. - Dans le premier alinéa du III, remplacer les mots : "un alinéa ainsi rédigé" par les mots : "deux alinéas ainsi rédigés".
« VI - Compléter in fine le III par un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les trois mois suivant son renouvellement, le conseil général reçoit une information suivie d'un débat sur l'exercice du droit à la formation de ses membres. Il détermine les orientations et les crédits ouverts à ce titre. »
Je vais le mettre aux voix.
M. Eric Doligé. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Doligé.
M. Eric Doligé. Lorsque notre rapporteur, avec un grand professionnalisme et une grande sagesse, a présenté l'amendement n° 68, il a explicité la position de la commission des lois sur le sous-amendement n° 382 rectifié, tout en essayant de l'améliorer.
Je remercie M. Karoutchi d'avoir maintenu le sous-amendement afin qu'une négociation s'engage avec M. le rapporteur. Le sous-amendement n° 382 rectifié ter me convient tout à fait. J'aimerais simplement préciser que le délai de trois mois me semble un peu court.
A cet égard, je me permets de signaler que la Haute Assemblée pourrait, dans sa sagesse, se saisir d'un problème similaire à l'issue de l'élection des maires, des conseillers généraux et des conseillers régionaux. Nous sommes en effet assaillis de désignations et de nominations dans des délais complètement farfelus. Bien souvent, l'élection du président, des vice-présidents et des adjoints vient à peine d'avoir lieu que nous devons désigner 500, 600 ou 700 représentations. Les délais qui nous sont impartis ne sont ni sérieux ni raisonnables.
Je reprends vos arguments. Vous affirmez qu'en trois mois on ne peut pas raisonnablement préparer un plan de formation. Il n'est pas non plus sérieux de demander à une assemblée qui vient d'être mise en place de désigner des représentants dans des organismes qui parfois n'existent ou ne fonctionnent même plus.
Je me permets également de souligner que, bien souvent, nous devons procéder à des désignations par voie d'élections - ce qui est encore plus compliqué lorsque vous êtes membre de syndicats et d'intercommunalités- dans les semaines qui suivent l'installation du conseil municipal, délai qui est pratiquement impossible à respecter.
Je souhaiterais, puisque vous avez insisté sur le fait qu'un délai de trois mois était trop court, que l'on puisse à nouveau étudier cette question. Il conviendrait d'examiner le bien-fondé de certaines représentations qui nous paraissent illusoires et de certains délais qui ne peuvent pas être respectés sérieusement. D'ailleurs, le suivi des représentations montre qu'elles ne peuvent pas être tenues convenablement par les personnes qui les avaient acceptées sans connaître les organismes considérés.
M. Jean-Pierre Schosteck. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Schosteck.
M. Jean-Pierre Schosteck. On me pardonnera, une fois n'est pas coutume, de faire un peu état de ma mauvaise humeur. Mes observations, qui n'engagent que moi, sont tout à fait personnelles.
Je suis tout à fait stupéfait. Je passe réellement beaucoup de temps dans ma commune à essayer d'économiser le moindre sou. J'ai même réduit, à titre d'exemple, les frais de fonctionnement de mon cabinet en supprimant un poste afin d'épargner les deniers publics. En effet, il ne suffit pas de faire de grands discours sur les baisses d'impôt, de faire des effets de manche, encore faut-il essayer de les pratiquer.
M. Jean-Jacques Hyest. Très bien !
M. Jean-Pierre Schosteck. Nous sommes en train de rendre quasiment obligatoires les dépenses de formation et d'organiser des débats, des discussions, des plans pour le cas où quelqu'un aurait négligé de se former. Je me dois de tirer la sonnette d'alarme. Cela n'engage que moi, je le répète, mais je me sens contraint de le faire.
Nous ne savons pas combien cela coûtera exactement. Or, en organisant un débat, il est bien évident que ceux qui n'y auraient pas pensé vont se demander, par exemple, s'ils ne devraient pas approfondir leurs connaissances sur le mimétisme du mimosa...
M. Michel Charasse. C'est plaisant !
M. Jean-Pierre Schosteck. Je voudrais appeler l'attention sur une telle dérive. (M. Charasse fait un sourire dubitatif.)
De la même façon, ne soyons ni naïfs, ni hypocrites. La formation, c'est bien. Le mot est fort, il est généreux mais nous avons tous connaissance des quelques égarements qu'il cache parfois. Par conséquent, j'ai bien noté qu'un effort avait été fait sur le contenu.
La moindre des précautions consisterait à essayer de faire honnêtement le ménage dans ce domaine. A moins de vouloir détourner honorablement de l'argent public de sa destination initiale, je crains qu'une fois encore - pardonnez-moi de le dire avec franchise, voire quelque brutalité - nous ne soyons un peu imprudents.
A titre personnel, je m'abstiendrai donc sur ces sujets.
M. Michel Charasse. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse. Je dois dire que je suis un peu perplexe devant ce débat sur l'information, qui remplace la délibération, suivie d'un débat.
Mes chers collègues, lorsque la loi impose une formalité de ce type dans une collectivé locale, c'est-à-dire une information ou une communication du président ou du maire, l'affaire se conclut toujours par un donné acte. Le donné acte est le fruit d'une délibération par laquelle l'assemblée donne acte à son président de sa communication.
En outre, il a toujours été entendu que, lorsqu'il y a lieu de donner acte, la délibération comporte éventuellement un débat.
Par conséquent, je ne suis pas contre les modifications suggérées, mais je ne souhaiterais pas qu'on tire prétexte de l'introduction de ce dispositif s'agissant des affaires de formation pour considérer désormais que, dans d'autres cas d'information obligatoire, puisque la loi ne l'a pas précisé, il n'y a plus lieu à délibération et, surtout, à débat.
J'ai l'impression qu'on découvre un peu la lune au fur et à mesure de l'examen d'un certain nombre d'articles... ( Sourires.)
M. Michel Mercier. Mais bien autre chose aussi ! (Nouveaux sourires.)
M. Michel Charasse. Qu'il soit bien entendu, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, que si l'on précise que l'information doit être suivie d'un débat, cela ne dispense pas les autres formalités prévues par la loi quand il y a une information, une communication du président d'être suivies éventuellement d'un débat avant la conclusion qui est, dans tous les cas, le donné acte.
Donc, si l'on est bien d'accord sur ce point, je ne vois pas d'inconvénient, mais qu'on n'utilise pas cette exception aux règles généralement inscrites dans notre droit pour considérer que, dans les autres cas, comme la loi ne l'a pas prévu, il n'y a pas besoin de débat, je pense, par exemple, aux communications de la chambre régionale des comptes.
M. Michel Mercier. Très bien !
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Globalement, nous avons intérêt, les uns et les autres, à inciter le plus possible nos collègues élus à se former - ils en sont convaincus la plupart du temps, mais pas systématiquement - étant donné la complexité toujours plus grande des affaires publiques.
Le dispositif qui nous est proposé s'inspire des plans de formation des personnels ; pourtant, je ne suis pas absolument sûr que la formation destinée aux élus et aux personnels doive être identique.
Quoi qu'il en soit, incitons nos collèges à se former le plus possible, sans aller malgré tout, je le dis à mes collègues du groupe communiste républicain et citoyen, jusqu'à partager de façon égale les crédits de formation entre les différents conseillers.
Que tout le monde puisse bénéficier de la formation relève d'une bonne intention que l'on comprend bien. Elle doit cependant être accompagnée de l'indication que ces crédits peuvent être reportés sur des conseillers qui n'auraient pas assez de crédits. Il est clair qu'un certain nombre d'élus ne souhaitent pas être formés.
Autrement dit, avec cette très bonne intention, nous risquons de « stériliser » un certain nombre de crédits qui ne seraient pas, au bout du compte, consommés.
Ces crédits peuvent être répartis par groupe politique - c'est possible, c'est ce qui se fait actuellement - ou bien de façon individuelle, mais en indiquant que, dans le cours de l'année, un bilan doit être réalisé et que les crédits non utilisés peuvent être reportés sur d'autres conseillers.
M. Robert Bret. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. Le droit à la formation est quelque chose de sérieux. Je ne comprends pas votre appréciation, cher collègue Schosteck : il n'est pas nécessaire sur un tel sujet de tomber dans la caricature comme vous venez de le faire.
Par expérience, je suis persuadé que les élus ont besoin non seulement d'une formation au moment où ils s'engagent dans un mandat électif, mais également d'une formation continue.
Dans la communauté urbaine de Marseille je préside un groupe qui doit par exemple, dans le cadre de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, la loi SRU, mettre en place les schémas de cohérence territoriale, les SCOT.
Je puis vous assurer que nous avons besoin d'être formés pour apporter les réponses les plus pertinentes aux attentes de la population et pour remédier au manque d'équipements que connaît l'agglomération. Je pense que la formation peut nous aider, sauf à laisser les décisions et les projets à quelques chefs de service.
M. Charles Revet. Ils sont là pour cela ?
M. Robert Bret. Si l'on veut réaliser un travail associant tous les élus et tenant compte des besoins de la population, il faut garder présent à l'esprit que la formation, notamment continue, est un moyen pour les élus de s'approprier la gestion de leur collectivité et d'apporter les meilleures réponses. Toute vision caricaturale vise à laisser l'essentiel des élus de côté. Or ils sont nombreux, dans les conseils municipaux, à se détourner de leur mandat et à ne pas se représenter, précisément parce qu'ils n'ont pas été associés à la gestion et parce que quelques-uns ont décidé en lieu et place du conseil municipal.
Les textes proposés me semblent aller dans le sens d'une amélioration, et il faudrait s'en féliciter !
M. le président. Je mets aux voix le sous-amendement n° 382 rectifié ter , accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 68.
M. Jean-Pierre Schosteck. Je demande la parole pour explication de vote.
M. Jean-Pierre Schosteck. Les explications qui ont été données ne m'incitent pas à modifier ma position.
Cependant, l'exemple fourni par M. Bret est excellent. Notre collègue a raison ! La mise en application de la loi SRU mérite des explications. Il est d'ailleurs assez extraordinaire que, pour appliquer une loi qui devrait être facilement compréhensible, spécialement pour les maires ou pour les adjoints à l'urbanisme, qu'il faille des experts pour la déchiffrer à l'instar de la pierre de Rosette !
C'est un réel problème, mais il existe une façon tout à fait simple de le résoudre : il suffirait qu'un expert, que l'on accepterait de rémunérer par le biais d'une vacation, vienne dévoiler devant l'ensemble du conseil municipal les arcanes de ces dispositions. Il serait alors inutile que quelques conseillers partent suivre une formation ou que l'on ait recours à des officines plus ou moins bizarres.
M. Patrick Lassourd. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd. Ce débat me laisse vraiment perplexe, parce que l'expérience que j'ai acquise en matière de formation à l'échelon municipal me montre que, en définitive, ceux qui souhaitent se former y parviennent par le biais de livres ou de revues. Il appartient alors à la collectivité de s'abonner à diverses publications. Dieu sait s'il en existe, si elles sont nombreuses et variées !
Par ailleurs, je voudrais revenir sur les propos tenus par Jean-Pierre Schosteck au sujet de l'exemple pris par notre collègue Robert Bret : le problème sera non pas d'obtenir des crédits de formation, mais d'aller chercher l'information auprès des services départementaux de l'administration d'Etat.
En effet, les élus devront dégager du temps pour se rendre aux réunions, et l'on en revient ici au problème des indemnités, en ce qui concerne notamment les adjoints.
Telle est la difficulté qui se pose à nous en matière de formation. Il ne s'agit pas de distribuer des crédits qui seraient utilisés n'importe comment.
Mme Jacqueline Gourault. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Gourault.
Mme Jacqueline Gourault. Je ne voudrais pas que ce débat sur la formation s'achève sans que l'Association des maires de France ait été évoquée. En effet, les communes cotisent aux associations départementales des maires, certains d'entre nous présidant de telles structures, lesquelles assurent de nombreuses formations.
M. Jean-Pierre Schosteck. Bien sûr !
M. Patrick Lassourd. Très bien !
Mme Jacqueline Gourault. C'est aussi une manière de faire de la formation,...
M. Charles Revet. C'est la meilleure !
Mme Jacqueline Gourault. ... puisque nos cotisations servent à organiser des sessions destinées à tous les élus et qui ne nécessitent pas la mobilisation de nouveaux crédits.
Cela étant, je suis favorable à l'existence des crédits de formation, car les élus doivent toujours garder la possibilité de se former sur des thèmes qui ne seraient pas traités par l'Association des maires de France, dont je tenais néanmoins à rappeler le rôle fondamental.
MM. Patrick Lassourd et Jean-Pierre Schosteck. Très bien !
M. le président. Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 68, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 22 est ainsi rédigé, et les amendements n°s 432, 433, 493, 494, 471 et 472 n'ont plus d'objet.

Article 23