SEANCE DU 14 NOVEMBRE 2001
M. le président.
« Art. 5. - I. - Sont acquises par le fonds créé à l'article L. 131-8 du code
de la sécurité sociale à titre de produits toutes les recettes mentionnées à
l'article L. 131-10 du même code encaissées à compter du 1er janvier 2001.
« II. - Le total des produits enregistrés comptablement au 31 décembre 2000
par l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale, en application des
dispositions du deuxième alinéa du III de l'article 5 de la loi de financement
de la sécurité sociale pour 2000 (n° 99-1140 du 29 décembre 1999) est notifié
par ladite agence à chacune des branches du régime général de sécurité sociale
et à la mutualité sociale agricole, au prorata des exonérations mentionnées au
1° de l'article L. 131-9 du code de la sécurité sociale dans sa rédaction issue
de la même loi et enregistrées comptablement par chacun de ces organismes au
titre de la même année.
« Sont annulées les créances sur le fonds créé à l'article L. 131-8 du code de
la sécurité sociale, enregistrées au 31 décembre 2000 par l'Agence centrale des
organismes de sécurité sociale et par les régimes concernés, afférentes aux
exonérations visées au 1° de l'article L. 131-9 du même code dans sa rédaction
issue de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2000 précitée. En
conséquence, les comptes de l'exercice 2000 des organismes de sécurité sociale
concernés sont modifiés pour tenir compte de cette annulation.
« III. - Le code de la sécurité sociale est ainsi modifié :
« 1° Au premier alinéa de l'article L. 131-9, le mot : "dépenses" est remplacé
par le mot : "charges" ;
« 2° Au premier alinéa de l'article L. 131-10, les mots : "recettes du fonds
sont constituées" sont remplacés par les mots : "produits du fonds sont
constitués" ;
« 2°
bis
Au début des troisième (2°), quatrième (3°) et sixième (5°)
alinéas de l'article L. 131-10, sont insérés les mots : "Le produit de" ;
« 2°
ter
Le début du septième alinéa (5°
bis
) de l'article L.
131-10 est ainsi rédigé : "Une fraction du produit de la taxe...
(Le reste
sans changement.)
" ;
« 3° Au dernier alinéa de l'article L. 131-10, le mot : "recettes" est
remplacé par le mot : "produits", le mot : "dépenses" par le mot : "charges" et
le mot : "équilibrées" par le mot : "équilibrés".
« IV. - Le troisième alinéa de l'article L. 135-1 du même code est complété
par les mots : ", ainsi que le Fonds de financement de la réforme des
cotisations patronales de sécurité sociale institué par l'article L. 131-8".
« V. - Les dispositions des III et IV entrent en vigueur au 1er janvier 2001.
»
La parole est à M. Chabroux.
M. Gilbert Chabroux.
A ce moment du débat, et alors que nous allons parler et reparler du FOREC,
que M. le rapporteur va parler et reparler du FOREC, faut-il vous rappeler,
monsieur Vasselle, mes chers collègues de la majorité sénatoriale, qu'ici tout
nous divise ?
M. Bernard Murat.
Oh !
M. Gilbert Chabroux.
Nous n'avons pas les mêmes idéaux, nous n'avons pas les mêmes préoccupations,
nous n'avons pas les mêmes analyses.
Nous pensions, peut-être naïvement, avant ce débat qu'il nous restait en
commun une certaine rigueur intellectuelle.
(Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Vasselle nous a fait, hier soir, la démonstration du contraire.
(Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.)
Il n'est nul besoin, je crois, de faire excessivement appel au patriotisme
économique pour constater que les comptes de la sécurité sociale sont
redressés. Si j'en crois le premier paragraphe du rapport de la Cour des
comptes : « Le régime général de la sécurité sociale a dégagé un excédent de
5,2 milliards de francs en 2000. Pour l'année 2001, les hypothèses retenues par
l'administration conduisent à un excédent de 7,9 milliards de francs. »
Les chiffres sont là ! Les résultats sont là ! Il y a une réalité que vous
avez du mal à accepter, tout simplement parce qu'elle n'est pas de votre
fait.
M. Jean Chérioux.
C'est vous qui êtes comme ça, pas nous !
M. Gilbert Chabroux.
Pour mesurer le chemin parcouru, il convient de se référer à l'année 1996,
lorsque, le 24 janvier, les ordonnances Juppé créaient la Caisse
d'amortissement de la dette sociale, la CADES, et la contribution pour son
remboursement. A l'époque, la mission confiée à la CADES était tout simplement
de prendre à son compte le déficit cumulé des années 1994 et 1995, c'est-à-dire
137 milliards de francs.
La bonne santé retrouvée, c'est avant tout plus d'emplois, et, plus d'emplois,
ce sont les emplois-jeunes, les dispositifs spécifiques d'insertion et la
réduction du temps de travail.
M. Bernard Murat.
Il faut les financer !
M. Gilbert Chabroux.
Sans cette politique innovante, sans cette lutte contre le chômage, nous n'en
serions pas là. Ces résultats, ce sont ceux de notre politique sociale et pas
ceux de la vôtre.
Vous osez parler d'une « fragilisation extrême des comptes sociaux », d'un «
contexte économiquement dégradé », « d'un immobilisme réitéré face aux réformes
nécessaires pour garantir l'avenir de notre système de protection sociale » et
de « bilan désastreux ». Vous dites que nous voudrions « nettoyer la sécurité
sociale jusqu'à l'os ». Ce n'est pas sérieux !
Monsieur Vasselle, vos propos outranciers témoignent de votre déstabilisation.
Tout ce qui est excessif est insignifiant, disait Talleyrand.
M. Jean Chérioux.
C'est bien vrai !
(Sourires.)
M. Alain Gournac.
Tout à fait !
M. Gilbert Chabroux.
Nous sommes pour les 35 heures et nous soutiendrons le Gouvernement sur toutes
les dispositions qu'il prendra pour continuer à créer de l'emploi et à
améliorer la qualité de vie de tous nos concitoyens.
Ne vous en déplaise, les fruits de la croissance n'ont pas été gâchés.
Nous le dirons aux Français et, quand vous tenterez de leur faire croire le
contraire, ils seront en droit de vous demander ce que vous envisagez et que,
pendant cinq ans, vous avez été incapables de leur proposer.
Faut-il rappeler que, entre 1997 et 2001, 1 500 000 emplois ont été
créés...
M. Alain Gournac.
Merci la relance !
M. Gilbert Chabroux.
... et qu'au 23 octobre 2001 94 000 entreprises sont passées aux 35 heures et
8 millions de salariés ont vu leur qualité de vie améliorée ?
M. Alain Gournac.
Ce n'est pas sérieux !
M. Gilbert Chabroux.
Faut-il rappeler que l'on compte 380 000 engagements de création ou de
préservation d'emplois dans le cadre de la RTT ?
Faut-il rappeler que les 35 heures, ce sont plus d'emplois, des rentrées de
cotisations sociales supplémentaires, des recettes fiscales nouvelles pour le
budget de l'Etat, des heures de loisirs retrouvées pour 8 millions de salariés
?
M. Josselin de Rohan.
C'est le paradis !
M. Jean Chérioux.
C'est le rêve !
M. Gilbert Chabroux.
Faut-il rappeler que, si le FOREC finance les 35 heures à hauteur de 36
milliards de francs, il finance les allégements de charges sociales dans le
cadre de la ristourne Juppé à hauteur de 66 milliards de francs ?
Faut-il vous rappeler de ne pas oublier systématiquement de parler de la
réforme qui a consisté à supprimer la part sociale de l'assiette de la taxe
professionnelle, ce qui revient à un allégement de charges de 8 % ?
M. Josselin de Rohan.
Tant pis pour les régions !
M. Gilbert Chabroux.
Pourquoi la passer par pertes et profits ? Croyez-vous que, au motif que vous
n'en parlez pas, les entreprises n'en bénéficient pas ? Quelles sont les
raisons de cet oubli ?
Peut-être ne voulez-vous pas vous souvenir que cet impôt sur l'emploi a été
créé en 1975 par un gouvernement dirigé à l'époque par M. Jacques Chirac !
Mes chers collègues, nous voterons contre tous les amendements que vous
présenterez sur le FOREC.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Jean Chérioux.
C'est un événement !
M. le président.
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac.
Je ne voudrais pas entamer une polémique, mais je ne peux que réagir quand
notre collègue parle de rigueur, alors qu'il s'agit de « tuyauteries », de
dispositifs que nous ne pourrons pas expliquer aux Français.
Quand dans une salle, on nous demande à nous élus, sénateurs ou députés,
d'expliquer de quoi il s'agit, nous avons des difficultés.
(Sourires.)
Il ne faut donc pas nous attaquer sur la rigueur, surtout pas en ce
moment.
En ce qui concerne les 35 heures, je dirai sseulement à notre collègue qu'il
doit avoir très peu de petites et moyennes entreprises dans son département.
Sinon, il saurait que tous les chefs d'entreprise ont le plus grand mal à
mettre en place les 35 heures.
(Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des
Républicains et Indépendants.)
On peut toujours donner des leçons !
M. Jean Chérioux.
Ce sont des spécialistes !
M. Alain Gournac.
C'est facile, mais il faut de temps en temps s'abstenir, surtout quand on a
des difficultés à expliquer une proposition.
L'annulation rétroactive pure et simple de la dette du FOREC à l'égard des
régimes de sécurité sociale pour l'année 2000 n'est qu'un épisode parmi
d'autres de la mise à contribution du régime de base de notre protection
sociale au profit des 35 heures.
Sous l'apparente vertu de se conformer à l'avis de la Cour des comptes, vous
privez d'un coup la sécurité sociale, dont la santé financière n'est pas si
bonne,...
M. Claude Estier.
Elle est meilleure que de votre temps !
M. Alain Gournac.
... d'une recette qui lui est due.
Le premier président de la Cour a tenu à faire savoir au président de notre
commission des affaires sociales que l'article 5 ne reflétait pas leur
position, cette dette devant s'imputer sur l'année 2001. Mais une telle
imputation aurait, bien sûr, mis en évidence une dégradation des comptes de
2001, et l'affichage en aurait été politiquement déplorable.
Par ailleurs, comme vous transférez au FOREC des recettes fiscales dont les
plus dynamiques étaient précédemment affectées à la sécurité sociale. Cette
dernière est doublement pénalisée.
L'improvisation de votre coûteuse politique de l'emploi, dont les fruits
demeurent difficilement évaluables,...
M. Gilbert Chabroux.
C'est le plan Juppé !
M. Alain Gournac.
... coûte 30 milliards de francs au régime général et 22 milliards au fonds de
solidarité vieillesse. Autant qui ne pourra être consacré au fonds de réserve
des retraites.
Chaque loi de financement est l'occasion, pour vous, de mettre en oeuvre de
subtiles combinaisons de transferts de fonds pour tenter d'équilibrer
financièrement le FOREC.
Chaque année est l'occasion de constater que la croissance des dépenses est de
moins en moins maîtrisée.
En conséquence, chaque année est l'occasion de la mise en place de circuits de
financement toujours plus opaques qui n'échappent cependant pas à la sagacité
des rapporteurs du Sénat, que je tenais à saluer pour l'excellencede leurs
travaux.
(M. Chérioux applaudit. - M. Estier s'esclaffe.)
Les rapporteurs nous permettent de dénouer les « tuyauteries » mises en place
par le Gouvernement.
En tout état de cause, le groupe du RPR du Sénat ne peut que s'opposer aux
méthodes employées par le Gouvernement et adopter l'amendement de suppression
de cette disposition proposé par la commission des affaires sociales.
(Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
En 2002, les exonérations de cotisations sociales patronales vont atteindre
142 milliards de francs. Elles auront ainsi été multipliées par trois en
quelques années.
Rien qu'au titre de la ristourne dite « Juppé » sur les bas salaires, étendue
par Mme Martine Aubry jusqu'à 1,8 fois le SMIC, et des 35 heures, le montant de
ces exonérations en faveur du patronat dépassera les 100 milliards de francs
l'an prochain.
L'examen des articles relatifs aux conditions d'organisation et de financement
du fonds de financement de la réforme des cotisations patronales de sécurité
sociale montre que ces 100 milliards de francs vont presque entièrement peser
sur les comptes de la sécurité sociale.
Le FOREC est, certes, censé compenser les pertes de recettes dues à la
réduction des cotisations patronales. Mais il s'avère, d'une part, qu'il ne le
fera pas entièrement et, d'autre part, qu'il le fera avec des ressources qui
étaient déjà principalement affectées au budget de la sécurité sociale.
Cette réalité transparaît malgré la complexité des transferts organisés vers
le FOREC.
D'abord, dans cet article 5, on nous demande de voter l'abandon de la créance
de l'assurance maladie sur ce fonds au titre de 2000.
Ce sont ainsi 16 milliards de francs d'exonérations de cotisations patronales
pour 2000 qui ne seront, en définitive, pas compensés, plongeant
a
posteriori
les comptes de 2000 dans un déficit de 1 milliards de francs,
comme le souligne - je suis obligée de le dire - le rapport de la Cour des
comptes de septembre dernier.
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Le rapport de la commission aussi !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je sais qu'il est toujours difficile de jongler avec les milliards et de se
rendre compte exactement de ce que ces sommes représentent. Cela dit, avec ces
16 milliards de francs abandonnés par la sécurité sociale et déjà perçus par le
patronat, on pourrait financer 60 000 emplois supplémentaires par an dans les
hôpitaux publics.
Concernant les ressources pérennes attribuées depuis deux ans au FOREC et
complétées par l'article 6 du présent projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2002, on s'aperçoit, sans entrer dans les détails,
qu'elles proviennent largement de taxes et d'impôts qui étaient déjà affectées
précédemment à la sécurité sociale et que je rappelle ici : 54 milliards de
francs de droits sur les tabacs qui allaient à l'assurance maladie, 12
milliards de francs de droits sur les alcools qui allaient au fonds de
solidarité vieillesse et aux régimes d'assurance maladie, 5,9 milliards de
francs de taxe sur les véhicules à moteur également répartis auparavant entre
les différents régimes.
Plus de 80 % des 102 milliards de francs de recettes transférées au FOREC sont
dans ce cas. En d'autres termes, pour financer les cadeaux consentis au
patronat, on prend sur l'argent de la sécurité sociale.
Cela veut dire qu'il va bel et bien manquer chaque année près de 100 milliards
de francs à la sécurité sociale correspondant aux déductions de cotisations
patronales, 100 milliards de francs qu'il faut comparer avec les 3,9 milliards
de francs de « rallonge », obtenus si difficilement, malgré l'ampleur des
luttes, en première lecture à l'Assemblée nationale, et dont 2,9 milliards de
francs ne correspondent pas à des recettes nouvelles.
Ces dernières années, les effets négatifs de la montée en puissance de ces
dispositifs d'exonération sur les comptes de la sécurité sociale ont été
masqués par l'amélioration très nette de la conjoncture et par la croissance.
Ces deux facteurs auraient dû conduire, sans les exonérations, à des excédents
de plusieurs dizaines de milliards de francs, qui auraient pu et dû servir à
l'hôpital public, à l'amélioration des remboursements ou à la revalorisation
des retraites.
Avec la dégradation de la conjoncture économique, l'ensemble des exonérations
de cotisations patronales vont engendrer un nouveau déficit de la « sécu », au
nom duquel - la méthode est connue - on tentera encore d'imposer de nouveaux
sacrifices aux assurés sociaux.
J'ai bien constaté que la majorité sénatoriale dénonce avec acharnement le
FOREC, son mode de financement et son coût pour la sécurité sociale. Mais,
soyez tranquilles, messieurs les rapporteurs, nous n'entrons pas dans ce
jeu.
Votre démonstration contre le FOREC est de mauvaise foi.
M. Guy Fischer.
Oui !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Ce sont bien les gouvernements de votre majorité, en particulier le
gouvernement Juppé, qui ont amorcé les systèmes d'exonération des cotisations
patronales !
M. Alain Gournac.
Vous avez continué !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Aujourd'hui, vous prétendez qu'ils ne doivent pas peser sur la sécurité
sociale et vous ne cessez de vous en prendre aux 35 heures.
Mais si vous deviez revenir aux affaires, reviendriez-vous sur les 35 heures
et leur financement en faveur du patronat, sur les exonérations que vous avez
vous-mêmes approuvées ? Sinon comment les financeriez-vous ? Peut-être en
prélevant sur les dépenses publiques et sociales du budget de l'Etat, sur
l'éducation, la justice, ou en creusant le déficit budgétaire !
En ce qui nous concerne, nous demandons la suppression de toutes les
exonérations en faveur du patronat. En donnant satisfaction au MEDEF, qui
réclame toujours plus en matière de réduction du coût du travail, vous mettez
en cause la sécurité sociale.
D'ailleurs, tous les gouvernements se sont bien gardés de satisfaire notre
demande de constitution d'une commission d'évaluation des résultats de ces
mesures.
M. le président.
Veuillez conclure, madame Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Si elles ont eu des répercussions sur le monde du travail, c'est assurément
comme machine de guerre contre les salaires. Elles sont un véritable
encouragement, une subvention à la pratique des bas salaires.
A cet égard, 9 millions de salariés en France touchent moins de 1,4 fois le
SMIC et 90 % des emplois créés depuis 1997 sont de ce type.
Il faut inverser dès maintenant cette logique.
Les propositions de mon groupe pour mettre à contribution les revenus
financiers des entreprises pour augmenter la contribution sociale sur les
bénéfices, la CSB, ou pour moduler les cotisations patronales selon la taille
de l'entreprise et sa politique de l'emploi vont dans ce sens.
Je remarque pourtant, mes chers collègues, que les quatre amendements que nous
venons de présenter se sont heurtés à un refus.
Je regrette, par ailleurs, madame la ministre, de ne pas avoir eu de réponse
plus argumentée.
M. le président.
L'amendement n° 4, présenté par M. Vasselle, au nom de la commission des
affaires sociales, est ainsi libellé :
« Supprimer le second alinéa du II de l'article 5. »
La parole est à M. Vasselle, rapporteur.
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Cet amendement va me donner l'occasion de relever certaines
inexactitudes ; ou tout au moins les quelques éléments avec lesquels, dans sa
réponse à la fin de la discussion générale, Mme Guigou a tenté de semer le
trouble, le doute, dans l'esprit d'un certain nombre de parlementaires, voire
de l'opinion publique par l'intermédiaire des médias qui nous écoutaient.
(Protestations sur les travées socialistes.)
Les propos tenus par M. Chabroux me confortent dans cette idée. Ils n'ont été
relayés que partiellement par Mme Beaudeau, qui a d'ailleurs utilisé des termes
tout à fait différents. Son analyse est en effet beaucoup plus proche de celle
de la commission des affaires sociales que de celle de M. Chabroux et de ses
amis !
(Vives protestations sur les travées du groupe communiste
républicains et citoyen.)
M. Jean Chérioux.
C'est vrai !
M. Guy Fischer.
Cela n'a rien à voir ! Vous ne comprenez rien !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Elle dénonce elle-même le risque de déséquilibre des comptes
de la sécurité sociale par l'ensemble des mesures prises par le
Gouvernement.
Certes, nous ne partageons pas les solutions alternatives qu'elle propose,
mais ces dernières présentent au moins l'avantage de ne pas mettre à mal les
comptes de la sécurité sociale, en particulier de la branche maladie, même si,
sur le plan philosophique, le fait de charger toujours un peu plus la barque
des entreprises pour assurer le financement de la sécurité sociale n'est pas
forcément la meilleure des solutions.
En effet, l'expérience du fonctionnement de notre économie nous a appris que
tout alourdissement des charges sur les entreprises pénalisait en définitive
les salariés, qui en sont eux-mêmes les premières victimes, les entreprises
perdant alors de leur compétitivité.
M. Josselin de Rohan.
Bien sûr !
M. Claude Estier.
On croirait entendre le MEDEF !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Elles finissent même, parfois, par déposer leur bilan, et
c'est l'emploi qui est supprimé. C'est un cercle infernal : on fait appel à la
solidarité nationale et l'on accroît, de ce fait, le poids des prélèvements
obligatoires !
(Protestations sur les travées socialistes et sur celles du
groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Claude Estier.
Ce n'est pas vrai !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Ce n'est certainement pas ce que vous souhaitez, mais c'est
bien pourtant le cercle vicieux dans lequel vous voulez nous entraîner, sans y
parvenir, car nous y sommes, bien sûr, opposés.
Hier, Mme Guigou a voulu nous faire croire que les chiffres relatifs à la
situation des comptes de la sécurité sociale pour la fin de l'exercice 2001
étaient positifs. Elle a appuyé sa démonstration sur les comptes tendanciels
établis par la commission des comptes de la sécurité sociale de septembre
dernier, qui n'intégraient pas, et pour cause, les effets du projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2002.
Là où le bât blesse, c'est que la mesure proposée pour l'article 5, qui vise à
annuler la dette du FOREC à l'égard de la sécurité sociale, si elle était
adoptée par le Sénat, comme elle l'a été par l'Assemblée nationale, aurait pour
effet de compromettre l'équilibre financier du régime général, qui, au lieu
d'afficher l'excédent tendanciel annoncé par Mme Guigou hier, je l'ai dit,
afficherait un déficit de 10,7 milliards de francs pour 2000. Voilà la réalité
!
En revanche, le fait de restituer à chacune des branches de la sécurité
sociale - la branche maladie, la branche vieillesse et la branche famille - les
recettes qui leur reviennent permettrait de dégager, pour le régime général, au
terme de l'exercice 2002, un excédent global de 35 milliards de francs. Ce
débranchage de la tuyauterie, si vous me permettez cette expression, aurait
pour conséquence, dans le même temps, un déficit de 30 milliards de francs pour
le FOREC.
Pardonnez-moi, madame Ségolène Royal, de m'adresser à vous pour faire ce
rappel alors que c'est à Mme Guigou qu'il s'adresse, puisque c'est elle qui a
tenu devant le Sénat les propos que je viens de rappeler.
M. Claude Estier.
Pourquoi ne lui avez-vous rien dit hier soir ?
M. Gilbert Chabroux.
Il fallait le dire à elle !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Mme Guigou nous avait fait comprendre qu'elle serait présente
aujourd'hui. Je ne l'accuse pas ; son agenda ne lui a peut-être pas permis de
se libérer. Quoi qu'il en soit, Mme Ségolène Royal, qui est là pour représenter
le Gouvernement, lui transmettra mes observations.
M. Claude Estier.
Vous n'aviez rien à dire !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Messieurs Chabroux et Estier, je sais bien que la vérité des
chiffres vous gêne, ...
M. Claude Estier.
Ce n'est pas la vérité !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
... d'autant plus que vous aurez des comptes à rendre aux
Français à l'occasion des prochaines échéances électorales,...
M. Jean Chérioux.
Cela se voit !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
... et que vous n'aurez aucun argument à nous opposer ! Mais
mon rôle est justement de dire la vérité aux Français sur la réalité des
comptes !
M. Claude Estier.
Ce n'est pas la vérité !
M. Guy Fischer.
C'est une contre-vérité !
M. Marcel Debarge.
Vous n'avez pas le monopole de la vérité !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Monsieur le président, pouvez-vous demander à nos collègues
de faire silence afin que je puisse terminer ?
M. le président.
Mes chers collègues, laissez M. le rapporteur s'exprimer !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Je vous remercie, monsieur le président.
Je sais que ce n'est pas facile pour nos collègues socialistes d'entendre la
vérité des chiffres,...
M. Jean Chérioux.
Cela leur est pénible !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
... mais je tenais à leur rappeler combien la réalité est
différente de ce que le Gouvernement avait annoncé solennellement devant
l'Assemblée nationale ! Celui-ci avait en effet pris l'engagement que le FOREC
ne coûterait pas un seul centime aux régimes de sécurité sociale et qu'il y
aurait une compensation intégrale par des mannes fiscales ou des dotations
budgétaires de l'Etat.
M. Christian Demuynck.
Elle l'avait dit !
M. Alain Gournac.
Voilà la vérité !
M. Claude Domeizel.
Et la ristourne Juppé ?
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
La réalité est bien celle que je viens de vous décrire. La
création du FOREC représente, pour la sécurité sociale, une charge qui équivaut
à 30 milliards de francs par an !
M. Jean Chérioux.
Voilà !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Il fallait quand même que cela fût rappelé, même si ce rappel
est désagréable à entendre.
J'ajoute que le Gouvernement, gêné pour boucler son budget en loi de finances,
a usé d'un artifice qui a été, à juste raison, dénoncé par M. Fourcade lors de
la discussion générale. Il utilise la CADES - cette fameuse caisse créée pour
amortir la dette globale du régime de la sécurité sociale - ...
M. Gilbert Chabroux.
C'est vous qui l'avez créée !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
... pour alimenter le budget de l'Etat et disposer, dans un
délai relativement court, de ressources nouvelles ! Ce stratagème place la
CADES dans une situation d'autant plus difficile qu'elle va devoir rembourser à
l'Etat la dette de la sécurité sociale prise en charge par ce dernier au titre
des exercices antérieurs à 1994, soit 110 milliards de francs.
M. Jean Chérioux.
Exactement !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
De plus, le Gouvernement a ramené la période sur laquelle
serait étalé ce remboursement de sept ans à trois ou quatre ans. Ce laps de
temps très court accroît les difficultés de la CADES. En effet, pendant quatre
années, elle ne sera pas en mesure de rembourser le capital de la dette
antérieure. Elle pourra seulement faire face aux frais financiers résultant du
remboursement de la dette.
Ce stratagème, qu'il m'apparaissait utile de rappeler, permet certainement à
M. Fabius de respecter certains ratios budgétaires qui lui sont imposés par
l'Europe !
M. Alain Gournac.
Très bien !
M. Claude Estier.
Sous M. Juppé, le déficit n'avait cessé d'augmenter !
M. Gilbert Chabroux.
Et qui a créé la dette ?
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
S'agissant des allégements de cotisations, sur lesquels je me
suis déjà exprimé, je précise à l'attention de Mme Guigou que nous n'avons
jamais contesté l'initiative, prise par le Gouvernement, de prolonger les
mesures prises à l'époque par MM. Balladur et Juppé. Je pense en particulier à
la réduction dégressive sur les bas salaires. En revanche, nous contestons leur
financement.
Que l'on ne nous fasse pas dire ce que nous n'avons jamais dit ! Ces mesures -
que l'actuelle majorité d'ailleurs a confortées sur certains points - ne sont
pas négatives, puisqu'elles contribuaient à favoriser le maintien d'emplois non
qualifiés dans un certain nombre d'entreprises ou, tout au moins, d'emplois
qualifiés à bas salaires. Mais M. Juppé avait fait en sorte de les compenser
intégralement par des dotations de l'Etat !
M. Claude Estier.
Elles n'ont pas créé d'emplois !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Jamais ni M. Balladur ni M. Juppé n'ont fait supporter à la
sécurité sociale les dépenses que représente l'allégement des cotisations,
alors que, vous, vous avez fait tout le contraire !
J'en reviens aux chiffres cités par Mme Guigou à propos du FOREC, M. Chabroux
m'ayant invité à le faire. Elle m'a donné acte, hier ; du décompte aboutissant
à la somme de 102 milliards de francs pour le budget du FOREC.
L'allégement des cotisations institué par les lois dites Aubry I, Aubry II et
par le Gouvernement concernant les 35 heures a été estimé par Mme Guigou à 36
milliards de francs.
M. Claude Estier.
C'est-à-dire un tiers !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Je lui ai fait remarquer qu'il fallait y ajouter les
dispositions de la loi dite Aubry II qui prolongeaient les mesures d'allégement
des cotisations décidées par M. Juppé, ce qui portait le total à 54 milliards
de francs. J'ai même voulu donner acte à Mme Guigou du montant qu'elle nous
avait annoncé.
Ce faisant, je l'ai prise à son propre piège en lui disant que si,
effectivement, le montant correspondant aux mesures qu'elle avait prises pour
les 35 heures ne représentait que 36 milliards de francs, elle aggravait la
contribution du régime général au financement des 35 heures. En effet, dans ce
cas de figure, cette contribution représente 88 % des dépenses du FOREC !
Elle aurait dû se caler plutôt sur le chiffre qui résulte de la situation
actuelle :
grosso modo
les mesures anciennes - mesures dites Juppé et
autres - représentent environ 48 % du budget du FOREC et les 35 heures
correspondent à 52 %, à la charge de la sécurité sociale de manière indue !
M. Claude Domeizel.
C'est vous qui le dites !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Je terminerai ces considérations générales par un point que
nous dénonçons.
Dans ce pays, c'est en effet la première fois, au cours d'une législature,
qu'à l'occasion de l'examen d'un projet de loi de finances ou d'un projet de
loi de financement de la sécurité sociale un gouvernement contraint des
caisses, comme la CNAMTS ou la CNAVTS, à revenir sur des comptes arrêtés - ceux
de l'exercice 2000 - pour prendre en compte l'annulation d'une créance
concernant le financement de dépenses qui n'ont rien à voir avec la sécurité
sociale.
Cet exercice, vous l'admettrez, mes chers collègues, a de quoi surprendre, et
il nous amène à nous interroger. Il est de notre devoir d'attirer l'attention
des Français sur la manière dont le Gouvernement gère le budget de la France et
celui de la sécurité sociale.
M. Claude Estier.
Il le gère mieux que vous, en tout cas !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
C'est la raison pour laquelle la commission des affaires
sociales a décidé de procéder à une opération vérité, qui consiste à débrancher
toute la tuyauterie et à faire disparaître l'usine à gaz du FOREC.
Nous supprimons donc, avec cet amendement n° 4, le second alinéa du II de
l'article 5, qui prévoyait l'annulation de la dette du FOREC à l'égard du
régime général. Cette annulation va compromettre gravement l'équilibre
financier du régime général. En effet, si la mesure proposée n'était pas
adoptée, le déficit pour le seul exercice 2000 atteindrait 10,7 milliards de
francs.
Mes chers collègues, je vous propose d'adopter cet amendement, qui permettra
aux comptes de la sécurité sociale d'être dans l'état où ils auraient dû être
si le Gouvernement avait respecté les dispositions législatives et ses
engagements pris devant la représentation nationale.
(Applaudissements sur
les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union
centriste.)
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Ségolène Royal,
ministre déléguée.
M. le rapporteur, que j'ai écouté très attentivement,
a été particulièrement brillant !
(Exclamations sur les travées du RPR et
des Républicains et Indépendants.)
M. Michel Charasse.
C'est un compliment qui ne coûte pas cher !
Mme Ségolène Royal,
ministre déléguée.
Je rappellerai, avec plus de modestie, que Mme Guigou
a annoncé, lors de la réunion de la commission des comptes de la sécurité
sociale le 16 juin, que, contrairement à ce que vous avez déclaré, l'écart
entre les dépenses et les recettes ne serait pas compensé, puisque les
entreprises ont bénéficié, en 2000, d'un montant d'allégement des charges
supérieur à celui qui était prévu, ce qui a été favorable à l'emploi.
Par ailleurs, la sécurité sociale a réalisé un excédent significatif de 5,2
milliards de francs en encaissements-décaissements et la mesure d'annulation de
créance des organismes de sécurité sociale sur le FOREC, qu'il vous est proposé
d'adopter, permet, plutôt que de céder à la solution de facilité, de conserver
cette créance alors même que nous savons qu'elle ne sera jamais honorée, et de
tirer les conséquences de cette décision dans les comptes. En droits constatés,
une annulation est nécessaire pour que le solde du FOREC non financé soit
retranscrit dans le compte de résultat des organismes.
C'est la réalité économique qui nous conduit à proposer de rattacher cette
annulation à l'année 2000, année au cours de laquelle la créance aurait pu être
recouvrée. C'est donc dans une logique de sincérité économique et de
transparence que le Gouvernement propose la modification des comptes des
organismes de sécurité sociale pour 2000.
En vous écoutant attentivement, monsieur le rapporteur, je ne voyais pas
beaucoup de différences entre vos arguments et ceux du MEDEF.
(Exclamations
sur les travées socialistes. - Protestations sur les travées du RPR.)
Je me faisais la réflexion, en tant que responsable politique, que,
finalement, votre argumentation très brillante cachait peut-être autre chose :
votre hostilité fondamentale au 35 heures.
(Applaudissements sur les travées
socialistes.)
Pourquoi ne pas le dire plus clairement ? Pourquoi ne pas
faire preuve de sincérité politique, comme nous le faisons en matière
économique, notamment en ce qui concerne la transparence des comptes ?
Nous défendons des projets politiques différents. Vous êtes contre les 35
heures, comme d'autres, en leur temps, étaient hostiles aux congés payés, avec
le même type d'arguments
(Applaudissements sur les travées socialistes. -
Protestations sur les travées du RPR)
: l'économie s'écroulerait, les
comptes seraient déficitaires ! Nous pensons différemment !
Il est vrai que les entreprises...
M. Josselin de Rohan.
Les entreprises, vous vous en fichez !
Mme Ségolène Royal,
ministre déléguée.
... connaîtront peut-être quelques difficultés, ainsi
que la société tout entière, pour s'adapter à des projets sociaux
d'envergure.
Lorsque j'observe, en tant que ministre déléguée à la famille, que plus de 70
% des salariés qui ont bénéficié de la réduction du temps de travail utilisent
ce temps pour mieux s'occuper de leur conjoint, de leurs enfants, de leur
famille, de leurs loisirs ;...
(Exclamations sur les travées du RPR et des
Républicains et Indépendants.)
M. Alain Gournac.
Tout est beau !
Mme Ségolène Royal,
ministre déléguée.
... je déplore, monsieur le rapporteur, que, sur un
sujet comme celui-là, vous n'ayez que des arguments techniques et économiques à
nous proposer.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes. - Exclamations
sur les travées du RPR.)
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Je demande la
parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Nicolas About,
président de la commission.
Madame le ministre, vous n'aviez pas le
droit, me semble-t-il, de tenir de tels propos.
(Très bien ! sur les travées
du RPR. - Protestations sur les travées socialistes.)
Vous nous entraînez
dans un débat qui n'est pas celui d'aujourd'hui, c'est-à-dire le financement de
la sécurité sociale.
Les 35 heures, c'est la loi de la République, et personne dans cet hémicycle
n'est contre le respect de la loi de la République !
(Très bien ! sur les
travées du RPR.)
Un sénateur socialiste.
Vous êtes contre les 35 heures !
M. Nicolas About,
président de la commission.
Il n'est pas un seul sénateur qui,
aujourd'hui, s'opposera à la loi en vigueur. Elle existe et elle sera respectée
!
M. Claude Estier.
Encore heureux !
M. Nicolas About,
président de la commission.
En revanche, les salariés qui tentent d'avoir
un peu plus de temps libre, les mères et les pères de famille qui souhaitent se
consacrer davantage à leurs enfants, ont certainement envie de s'adresser à
vous aujourd'hui par ma voix ; madame le ministre.
(Exclamations sur les
travées socialistes.)
En effet, ils ne comprennent pas qu'un Etat, qu'un
gouvernement digne de ce nom, ne respecte pas ses engagements, à savoir la
compensation des exonérations de cotisations à la sécurité sociale.
Tous les Français vous disent aujourd'hui par ma voix qu'ils ne sont pas très
fiers d'un gouvernement qui ne tient pas sa parole. Quant aux sénateurs, ils
n'ont pas à être d'accord ou non avec les 35 heures.
(Protestations sur les
travées socialistes.)
Ce n'est pas le débat !
Par conséquent, au travers des propositions que nous faisons ce soir, nous
demandons simplement au Gouvernement d'être à la hauteur de ses engagements.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 4.
M. Jean Chérioux.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux.
Je voterai, bien entendu, l'amendement présenté par la commission.
Je tiens à souligner la clarté des explications qui ont été données par le
rapporteur.
(Exclamations amusées sur les travées socialistes.)
Je sais bien que certains de nos collègues, plus spécialement M. Chabroux, qui
est intervenu tout à l'heure, ont toujours tendance à contester les chiffres et
à mettre en avant la fameuse gestion de 1993 à 1997.
Je rappellerai simplement que la dette de la CADES, qui s'élève à plus de 110
milliards de francs en raison, précisément, des opérations de « tuyautage »
dont nous avons parlé, est due à la gestion des socialistes avant 1993 !
(Applaudissements sur les travées du RPR. - Exclamations sur les travées
socialistes.)
M. Alain Gournac.
Eh oui !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 4, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 5, modifié.
(L'article 5 est adopté.)
Article 6