SEANCE DU 18 OCTOBRE 2001
M. le président.
La parole est à M. Emorine.
M. Jean-Paul Emorine.
Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
Depuis bientôt un an, les éleveurs de bovins allaitants se trouvent confrontés
à une crise sans précédent. Aujourd'hui, les cours des différentes catégories
d'animaux s'effondrent ; pour certaines il n'y a plus de demande. Les éleveurs
ont perdu leurs revenus ; ils sont pour la plupart dans une grande détresse
morale et financière.
Les jeunes ne peuvent plus s'installer dans de telles conditions. Ceux qui se
trouvent dans leurs premières années d'installation quittent leur exploitation
; situation sans précédent !
A la veille de l'hivernage de leurs animaux, les éleveurs ne pourront payer
leurs fermages ni leurs annuités d'emprunt. Quel désespoir pour des femmes et
des hommes qui travaillent avec passion et sans compter leur temps !
Devant cette situation catastrophique et très préoccupante pour nos éleveurs,
monsieur le ministre, quelles décisions comptez-vous prendre dans l'immédiat,
mais aussi quelles décisions envisagez-vous à plus long terme pour assurer le
maintien de cette activité économique indispensable à la survie de notre
espace, de notre environnement et de nos communes rurales.
(Très bien ! et
applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de
l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Monsieur le sénateur, vous avez
raison de dire que la situation de la filière bovine est très préoccupante.
Mais je tiens à vous rappeler que le Gouvernement gère cette crise à tous les
niveaux et que, depuis un an, il n'a cessé de multiplier les initiatives.
Si je voulais vous faire part d'un sentiment personnel, je vous dirais que ce
qui m'a frappé dans mes déplacements quotidiens en province, ces derniers
temps, à la rencontre des éleveurs, c'est que le désespoir auquel a laissé
place la colère et qui est presque plus inquiétant.
Après les différents plans que nous avons mis en oeuvre au mois de décembre
2000 pour faire face au démarrage de la crise, après le plan de soutien de 1
milliard de francs que nous avons mis en oeuvre en mars, après la négociation
d'un plan avec les organisations professionnelles début septembre pour engager
les dégagements de marchés sur un haut niveau parce que le système fonctionnait
mal, il a fallu coordonner les actions, et notamment les réponses des
entreprises françaises aux appels d'offres européens.
Tout cela a porté ses fruits puisque, cette semaine, enfin ! nous avons
dépassé les objectifs que nous nous étions fixés : 4 200 tonnes de viande
sortent ainsi chaque semaine.
En outre, le Premier ministre m'a autorisé, hier, à annoncer l'élaboration
d'un plan de vingt-trois mesures qui a fait l'objet de discussions avec les
organisations professionnelles, la filière bovine en particulier. Pourquoi
vingt-trois mesures ? Parce que les professionnels nous avaient posé
vingt-trois questions auxquelles nous avons apporté vingt-trois réponses.
Je rappelle les trois principales.
Première mesure : pour poursuivre le soutien financier mis en oeuvre en mars,
un nouveau volet de soutien aux revenus des éleveurs sera mis en oeuvre au mois
de décembre sur la base des statistiques des revenus agricoles de l'année 2001
; d'ores et déjà, j'ai lancé une enquête auprès des directions départementales
de l'agriculture pour déterminer, aussi précisément que possible, quelle était
l'évolution des revenus de ces éleveurs, revenus qui, vous le savez bien, sont
très différents d'un département à l'autre.
La deuxième mesure a trait à la valorisation du marché des petits veaux, en
particulier des veaux laitiers, démarche dans laquelle nous nous sommes engagés
de concert avec les professionnels. En effet, dans notre pays, ce marché n'a
pas du tout été exploité comme il l'est, par exemple, en Nouvelle-Zélande.
Avant de lancer cette démarche de valorisation économique, le Gouvernement est
prêt, à titre provisoire, à procéder à des dégagements de marchés des petits
veaux pour provoquer, si j'ose dire, la rareté de cette marchandise.
Enfin, la troisième mesure concerne le bassin allaitant. Vous avez bien raison
de le signaler, monsieur le sénateur, notre bassin allaitant constitue à la
fois notre richesse et notre faiblesse en cas de crise. En effet, ce bassin
allaitant produit des broutards que nous exportons pour l'engraissement,
notamment en Italie. Or, en cas de crise, les frontières se ferment et notre
bassin allaitant devient notre faiblesse dans la mesure où s'accumulent des
surplus de stocks, qui pèsent sur les cours.
A court terme, je souhaite que nous puissions envisager, en accord avec la
profession, une différenciation dans l'étiquetage de façon que l'on puisse
distinguer les races à viande des races de réforme de vaches laitières et que
les consommateurs sachent ce qu'ils achètent.
M. Didier Boulaud.
Très bien !
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Sur un plus long terme, j'ai
chargé un haut fonctionnaire, M. Mordant, de mener un travail de fond sur le
bassin allaitant afin de déterminer les mesures que nous devons prendre pour
laisser à ce bassin sa place dans notre agriculture.
(Très bien ! et
applaudissements sur les travées socialistes.)
APPLICATION DE LA LOI
SUR L'INTERRUPTION VOLONTAIRE DE GROSSESSE