SEANCE DU 16 OCTOBRE 2001
M. le président.
La parole est à Mme Borvo, auteur de la question n° 1120, adressée à M. le
secrétaire d'Etat à l'industrie.
Mme Nicole Borvo.
J'ai grand plaisir à assister à votre première présidence, monsieur le
président, et je vous félicite encore une fois.
M. le président.
Je vous remercie, madame Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Le 31 mai, la délégation d'Ile-de-France de la Poste a convoqué une commission
régionale « hébergement » pour présenter aux organisations syndicales un projet
sur trois ans de fermeture du tiers du parc actuel des places en foyers
d'hébergement.
Dans ce projet, qui a été confirmé les 5 et 6 juillet, il est prévu de passer
de 117 foyers à l'heure actuelle à 16 foyers fin 2003, et de liquider la
quasi-totalité des foyers en deuxième couronne d'Ile-de-France, où il ne serait
maintenu que treize places. En première couronne, on passerait de 1 027 places
à 267 ou 460 au mieux. Quant à Paris, de 1 206 places actuellement, on
passerait à 670 lits, soit près de deux fois moins. Les foyers vidés de leurs
résidents seraient vendus à des promoteurs sur le marché immobilier.
Pourtant, chacun sait que les provinciaux « montent » encore très nombreux
pour passer les concours à Paris. Cette année, on prévoit le recrutement de 1
000 personnes en Ile-de-France à la suite du concours du 9 décembre. De plus,
les milliers d'agents contractuels ou fonctionnaires originaires
d'Ile-de-France n'ont pas forcément vocation à rester dans le cadre familial et
ne trouveront plus de foyer en attendant un logement définitif.
Ce projet supprime de fait le droit à l'hébergement pour les agents qui
éprouvent temporairement des difficultés - séparation, divorce, problèmes
sociaux. L'accès à ces foyers d'hébergement pouvait pourtant leur permettre de
faire face momentanément à des problèmes de logement ou d'argent.
Il est à noter également qu'un des problèmes rencontrés par les postiers,
notamment ceux qui perçoivent les plus bas salaires, est de trouver un logement
à proximité de leur travail.
Par ailleurs, ce projet aurait pour conséquence de supprimer la possibilité
qu'avaient certains postiers de rester au-delà du délai habituel d'un an.
En tout état de cause, il serait contraire à la mission publique de La Poste
de brader le patrimoine public et d'en arriver, à Paris comme ailleurs, à des
hébergements en hôtel, comme les ont connus les postiers voilà trente ou
quarante ans, avant la création des foyers. Ce serait d'autant plus absurde que
près de 5 000 personnes, souvent en difficulté, sont déjà hébergées à Paris
dans des hôtels bon marché, à défaut de trouver une autre solution. Ces hôtels
croulent sous les demandes et je signale qu'a été récemment révélé l'état dans
lequel ils sont !
Même s'il devait exister des structures qui ne servent plus à l'hébergement
temporaire, elles devraient être reconverties et faire l'objet de partenariats
publics, voire être transformées en logements sociaux.
Pour toutes ces raisons, monsieur le secrétaire d'Etat, je vous demande ce que
compte faire l'Etat en vue d'une véritable relance du dialogue et du maintien
de foyers de La Poste en nombre suffisant.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. François Huwart,
secrétaire d'Etat au commerce extérieur.
Madame Borvo, je vous prie de
bien vouloir excuser l'absence de M. Pierret, qui revient d'une réunion
européenne portant sur une directive postale. Je vais par conséquent vous faire
part des éléments de réponse qu'il m'a fournis.
Dans le cadre de sa politique de recrutement, La Poste accueille les agents
débutants qui le souhaitent dans des foyers d'hébergement. Ce parc de foyers
est actuellement surdimensionné et dispersé sur tous les départements
d'Ile-de-France. Le taux d'occupation varie de 40 % à 75 %, en raison de la
priorité donnée aux recrutements locaux et de l'évolution de la demande des
jeunes en matière de logement. De plus, l'entretien de ce parc n'est pas
toujours satisfaisant et génère un déficit d'exploitation plus que certain.
Aussi La Poste a-t-elle décidé d'optimiser l'utilisation de ces foyers
d'hébergement, d'une part, en adaptant le nombre de places d'accueil à la
demande des jeunes postiers recrutés et, d'autre part, en réalisant sur des
foyers dont elle restera propriétaire des investissements importants.
S'agissant de la concertation, cette opération a été préalablement présentée
en commission logement de la délégation d'Ile-de-France et, localement, les
organisations syndicales ont été reçues par les directeurs de La Poste.
Outre cette possibilité d'accueil en foyer pour six mois, les postiers
débutants bénéficient d'aides au logement de différentes natures et
cumulables.
Notons la prime d'installation, d'environ 12 000 francs, fournie dans le cadre
des prestations de la fonction publique, l'indemnité de déménagement
correspondant à une prise en charge en fonction des frais réels liés au
déménagement et la prestation logement spécifique en Ile-de-France pour une
contribution aux frais de location d'un logement privé, dégressive pendant six
ans.
Notons aussi l'accès à un parc de logements réservés dans le cadre du 1 %, et
notamment sur Paris pour des petits logements affectés aux agents de moins de
trente ans ainsi que le bénéfice des nouveaux produits du 1 % logement
facilitant l'accès au logement comme l'avance et la garantie Locapass.
Enfin, depuis peu, La Poste, par l'intermédiaire de son collecteur du 1 %, le
GIC, offre également aux nouveaux agents recrutés l'aide Mobili-Pass destinée à
couvrir les dépenses engagées dans le cadre de la mobilité professionnelle.
Mme Nicole Borvo.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous remercie des renseignements que vous
avez bien voulu me donner, mais je ne peux toutefois pas adhérer à la réponse
de M. Christian Pierret.
Je connais les dispositifs que vous avez évoqués ; je sais que les foyers ne
sont pas complètement occupés à l'heure actuelle et que se posent des problèmes
de rénovation, de gestion, etc. Mais, tout comme les élus communistes parisiens
en général, je souhaite - je tiens à le réaffirmer - que La Poste continue à
assurer la mission d'accueil et d'insertion qui est la sienne à travers ces
foyers, et cela dans de bonnes conditions, bien entendu. De plus, si des foyers
n'étaient pas occupés de façon durable, il serait opportun que la collectivité
publique intervienne afin que, grâce à la mise en place de partenariats
publics, de conventionnements, ces foyers permettent toujours l'accueil et le
logement de jeunes.
Si La Poste souhaite absolument se défaire d'une partie de son patrimoine -
mais je ne suis pas convaincue que cela soit justifié - il faudrait examiner
les possibilités de préemption par la Ville de Paris - je prends cet exemple
car c'est évidemment la ville la plus concernée - en vue d'une reconversion en
logements sociaux. Il faudrait aussi réfléchir aux partenariats publics
envisageables et au rôle que pourraient jouer les SEM dans cette
perspective.
Mon ami Jacques Daguenet, conseiller communiste de Paris comme moi, a
interpellé le maire de Paris à ce sujet. Celui-ci lui a répondu qu'une
réflexion dans ce sens avait été engagée, mais que la mairie attendait de la
part de La Poste des précisions quant aux modalités exactes du plan.
Monsieur le secrétaire d'Etat, il serait par conséquent souhaitable que La
Poste engage ces partenariats publics - je pense notamment à la Ville de Paris
par laquelle je me sens davantage concernée -, faute de quoi une partie du
patrimoine public sera encore une fois bradée au privé, ce qui est vraiment du
gâchis d'argent public !
TRANSFERT DU CENTRE DE TRI POSTAL
DE SOTTEVILLE-LÈS-ROUEN