SEANCE DU 20 JUIN 2001
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 51 rectifié, MM. Pelletier, Paul Girod, Joly, Mouly,
Demilly, Vallet et Guichard proposent, après les mots : « au premier alinéa, »,
de rédiger ainsi la fin de la première phrase du second alinéa du texte
présenté par l'article 1er pour l'article L. 752-5 du code rural : « est fixée
par décret ».
Par amendement n° 6, MM. Seillier, au nom de la commission, propose dans la
première phrase du second alinéa du texte présenté par l'article 1er pour
l'article L. 752-5 du code rural, de remplacer les mots : « est égale à », par
les mots : « est au moins égale à ».
La parole est à M. Joly, pour défendre l'amendement n° 51 rectifié.
M. Bernard Joly.
Cet amendement a pour objet de fixer par décret la détermination du montant
des indemnités journalières qui devraient s'établir à 150 francs.
Passé le délai de carence de sept jours, il serait préférable de remplacer les
deux tranches par un taux unique fixé à 150 francs.
La situation des professions agricoles est différente de celle des autres
salariés, car les agriculteurs, nous le savons, ont tendance à reprendre leur
activité au plus tôt.
Il serait donc plus légitime, et plus conforme à la réalité du monde agricole,
d'instituer dès le huitième jour une indemnité journalière à taux unique d'un
montant de 150 francs.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 6 et pour
donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 51 rectifié.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
L'amendement n° 6 vise à préciser que le montant des
indemnités journalières fixées par décret du ministre de l'agriculture doit
être un plancher. Rien ne doit empêcher un exploitant agricole de bénéficier
d'indemnités journalières supérieures s'il accepte de s'acquitter de
cotisations ou de primes supplémentaires. C'est sur ce plancher qu'est fondée
la proposition de construction d'un régime de base de protection contre les
accidents du travail.
Par ailleurs, je n'ai identifié, dans l'amendement n° 51 rectifié, qu'une
différence de recours juridique à un décret au lieu d'un arrêté. Me gardant
bien de trancher entre les deux références, j'émettrai donc un avis de
sagesse.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 51 rectifié et 6 ?
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Comme M. le rapporteur, je
pense que la fixation du montant des indemnités journalières par la loi donne
plus de garanties que ne le ferait le renvoi à un arrêté ou à un décret. Je
suis donc plutôt défavorable à l'amendement 51 rectifié.
L'amendement n° 6 s'inscrit clairement dans une logique assurancielle, à
l'opposé de la logique de sécurité sociale que le Gouvernement veut instaurer
en prévoyant les mêmes prestations pour tous les assurés. Je ne peux donc qu'y
être défavorable.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Monsieur le président, je réalise à l'instant que l'adoption
de l'amendement n° 51 rectifié, ferait tomber l'amendement n° 6 de la
commission. Je souhaiterais donc vivement que celui-ci soit retiré.
M. le président.
Votre remarque est tout à fait pertinente, monsieur le rapporteur.
Dans ces conditions, monsieur Joly, maintenez-vous l'amendement n° 51 rectifié
?
M. Bernard Joly.
Sensible au souhait de M. le rapporteur, je le retire, monsieur le
président.
M. le président.
L'amendement n° 51 rectifié est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
Le premier, n° 7, est présenté par M. Seillier, au nom de la commission.
Le second, n° 52 rectifié, est déposé par MM. Pelletier, Paul Girod, Joly,
Mouly, Demilly, Vallet et Guichard.
Tous deux tendent à supprimer la deuxième phrase du second alinéa du texte
présenté par l'article 1er pour l'article L. 752-5 du code rural.
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 7.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Dans le cadre du dispositif concurrentiel souple et
pragmatique que vous propose la commission, il n'y a pas lieu de prévoir la
majoration du montant des indemnités journalières à l'issue d'une période de
vingt-huit jours.
Cette disposition ne semble pas nécessairement adaptée aux besoins de
l'ensemble des exploitants agricoles. Ceux qui seront intéressés par une telle
majoration la solliciteront auprès de l'organisme assureur.
C'est toujours dans le souci de limiter le coût du régime de base que je
propose de maintenir le système de base des indemnités journalières, sans
prévoir cette augmentation automatique.
M. le président.
La parole est à M. Joly, pour défendre l'amendement n° 52 rectifié.
M. Bernard Joly.
L'argumentation est la même que pour l'amendement n° 51 rectifié.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 7 et 52
rectifié ?
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
La majoration de l'indemnité
journalière dans un régime d'accidents du travail vise à mieux indemniser les
arrêts prolongés pour prendre en compte la gravité de l'accident. Or,
l'amendement supprime cette disposition pour placer cette majoration dans le
cadre de garanties complémentaires librement contractées par les assurés.
Il y a, certes, place pour une assurance complémentaire, mais pas au détriment
des prestations de base qui - je l'ai dit tout à l'heure -, doivent rester
identiques pour tous les assurés, en particulier pour les plus démunis, qui
n'ont pas forcément les moyens d'avoir recours à ce type d'assurance. C'est
pourquoi je suis défavorable à ces amendements.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Bernard Seillier,
rapporteur.
Je tenais à dire que cette disposition peut sans doute être
perfectionnée au cours des discussions. Cela fait partie des possibilités
d'ouverture de la commission.
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 7 et 52 rectifié.
M. Guy Fischer.
Je demande la parole contre les amendements.
M. le président.
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer.
Ce sont toujours les mêmes motifs qui sont invoqués : pour limiter au minimum
les charges pesant sur les agriculteurs, la commission des affaires sociales
envisage de supprimer la majoration du montant des indemnités journalières à
l'issue d'une période de vingt-huit jours.
« Si les exploitants agricoles souhaitent cette majoration, ils la
solliciteront auprès de leur organisme assureur, sous la forme d'une garantie
supplémentaire ». Telle est la solution préconisée par M. le rapporteur,
Fidèles à notre logique, nous estimons que cette solution est peu
satisfaisante en termes d'égalité de traitement des exploitants agricoles, car
ils continueront à pâtir d'une protection accident du travail à plusieurs
vitesses.
Certains pourront y avoir accès, d'autres non. Les choix, me direz-vous,
seront laissés aux exploitants agricoles, qui se détermineront en fonction de
leur expérience. Je crois pourtant que la solution médiane proposée était
intéressante.
Nous ne pouvons qu'être contre de tels amendements qui n'améliorent nullement
la garantie et les prestations offertes par le régime d'AAEXA, et ce d'autant
plus que bien que la création d'indemnité journalière constitue, selon nous,
une réelle avancée, nous estimons que le montant de ces dernières - 115 francs
par jour au premier niveau et 150 francs par jour au second niveau - est
relativement bas au regard des coûts journaliers des services et remplacements,
qui s'élèvent, quant à eux, à 300 ou 400 francs.
Sur ce point, monsieur le ministre, nous attendons que vous preniez la mesure
du décalage existant et que vous vous engagiez à garantir des prestations
effectivement à la hauteur des exigences. Il y a matière à discussion.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 7 et 52 rectifié, repoussés
par le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 752-5 du code
rural.
(Ce texte est adopté.)
ARTICLE L. 752-6 DU CODE RURAL