SEANCE DU 1ER FEVRIER 2001
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
(Applaudissements sur les travées du RPR et
des Républicains et Indépendants.)
M. Alain Vasselle.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les membres du Gouvernement, mes
chers collègues, j'avais l'intention de poser ma question à M. le Premier
ministre, mais il est absent. Je pensais qu'à défaut je pourrais la poser à Mme
Guigou, mais elle est absente elle aussi. Je me contenterai donc de la réponse
que me fera M. Bartelone au nom du Gouvernement.
Mme Dinah Derycke.
Votre ton est extrêmement déplaisant !
M. Alain Vasselle.
Ma question est simple, je demande au Gouvernement ce qu'il fait pour préparer
l'avenir des retraites.
Mes chers collègues, vous connaissez la réponse d'avance : rien ou presque
rien !
(Protestations sur les travées socialistes.)
Il faut se rendre compte qu'en définitive ce qui caractérise ce Gouvernement
c'est à la fois le surendettement, la combine électorale, l'inaction et la
démagogie.
(Protestations sur les travées socialistes et sur celles du
groupe communiste républicain et citoyen.)
MM. Raymond Courrière et Paul Raoult.
Et Tibéri !
M. Alain Vasselle.
Mais oui, mes chers collègues ! Vous hurlez, mais quand la France accuse 5 000
milliards de francs de dettes, on ne peut pas dire que le Gouvernement ait bien
géré le budget de la France. C'est une situation de surendetté !
(Exclamations sur les travées socialistes.)
Que la France soit obligée d'emprunter pour rembourser sa dette n'est guère
brillant !
Quant à la combine électorale, nous en avons la démonstration en ce moment.
(Protestations sur les mêmes travées.)
M. Raymond Courrière.
Provocateur !
M. Paul Raoult.
Arrêtez de nous insulter !
M. Alain Vasselle.
Monsieur le président, puis-je parler ?
M. le président.
Monsieur Vasselle, ce n'est pas un dialogue avec vos collègues ! C'est une
question que vous posez au Gouvernement.
M. Raymond Courrière.
Monsieur Vasselle, posez votre question !
M. le président.
Mes chers collègues du groupe socialiste, laissez M. Vasselle s'exprimer !
M. Alain Vasselle.
J'en viens à mon sujet. Quelle réponse avez-vous apportée au problème des
retraites ?
M. Raymond Courrière.
Et vous, qu'avez-vous fait ?
M. Alain Vasselle.
Vous avez commandé le rapport Charpin.
Nous en connaissons les résultats. Et le Premier ministre, en guise de réponse
à ce rapport,...
Un sénateur du RPR.
Au tiroir !
M. Alain Vasselle.
... a créé le Conseil d'orientation des retraites, qui n'a toujours pas rendu
ses conclusions.
Une autre initiative a été prise : la constitution du fonds de réserve.
(Exclamations sur les travées du RPR.)
Comme notre collègue M. Hérisson l'a rappelé tout à l'heure, ce fonds devait
être alimenté essentiellement par des reliquats. Ces reliquats devaient
provenir des excédents de la branche vieillesse dus à une démographie positive
- mais cela ne va pas durer - des excédents de la contribution sociale de
solidarité des sociétés, la C3S, et de ceux du fonds de solidarité vieillesse.
Ce fonds devait également être alimenté par le produit des licences UMTS.
M. Alain Gournac.
Il n'y en a plus !
M. Pierre Hérisson.
Soit 120 milliards !
M. Claude Estier.
Attendez un peu !
M. Alain Vasselle.
Or nous venons d'apprendre que nous perdions 64 milliards de francs de
recettes...
M. Raymond Courrière.
Il n'y a pas urgence !
M. Alain Vasselle.
... et que les 18 milliards de francs qui étaient destinés à l'alimentation du
fonds de réserve risquaient de ne pas pouvoir y être affectés.
Le dispositif imaginé par le Gouvernement reposait sur le produit des licences
UMTS.
M. Raymond Courrière.
Cela viendra !
M. Alain Vasselle.
Or nous savons bien que, du fait du désengagement d'un certain nombre de
partenaires, le produit des licences ne sera pas au rendez-vous.
Ma question est la suivante
(Exclamations sur les travées socialistes)
: monsieur le ministre, le Gouvernement compte-t-il modifier la loi de finances
pour rétablir l'équilibre initial entre l'amortissement de la dette publique et
l'abondement du fonds de réserve ?
M. Raymond Courrière.
Parlez-nous des grèves de 1995 !
M. Alain Vasselle.
J'espère que la réponse qui sera apportée permettra enfin aux partenaires
sociaux d'y voir un peu plus clair et de s'engager dans un dialogue constructif
sur les retraites complémentaires et la réforme du régime de base.
M. Paul Raoult.
Démagogue !
M. Raymond Courrière.
C'est révoltant !
M. Claude Estier.
Les partenaires sociaux ne vous ont pas attendu !
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone,
ministre délégué à la ville.
Monsieur le sénateur, vous interrogez le
Gouvernement sur les régimes de retraite. Puisqu'il s'agit de questions
d'actualité, je vais essayer de répondre à l'actualité.
La première priorité du Gouvernement est de préserver l'avenir des régimes de
retraite par répartition. Nos concitoyens y sont attachés et ces régimes ont
assuré, depuis cinquante ans, la sécurité des retraites après une vie de
travail.
Les résultats obtenus par le Gouvernement ont permis d'améliorer la situation
et de nous donner du temps pour négocier avec les partenaires sociaux afin
d'éviter les problèmes que vous avez pu connaître en soutenant le gouvernement
Juppé qui, en mettant des millions de salariés dans la rue, a retardé toute
évolution de ce dossier.
M. Alain Vasselle.
Et vous, que faites-vous ?
M. Claude Bartolone,
ministre délégué.
Mais nous nous préoccupons aujourd'hui exclusivement,
puisque nous parlons d'actualité, des retraites complémentaires et non bien
entendu des régimes de base. Il faut être bien clair sur ce point.
Il n'y a pas non plus d'inquiétude à avoir sur la pérennité de la liquidation
des retraites complémentaires de ceux qui sont déjà à la retraite...
M. Alain Gournac.
Elles sont liquidées !
M. Claude Bartolone,
ministre délégué.
... ou qui y parviendront d'ici au 31 mars 2001. Ces
pensions ne subiront aucune modification, elles continueront d'être versées
comme elles le sont aujourd'hui.
En revanche, puisque vous me posez cette question, ce qui est en cause, c'est
le niveau des retraites complémentaires de ceux qui partiront après le 31 mars
prochain avant soixante-cinq ans, et le maintien ou non des prestations que
prélève actuellement l'UNEDIC pour le compte de ce qu'on appelle l'association
pour la structure financière, l'ASF.
Sur ces deux questions, je ne peux que constater la compétence première des
partenaires sociaux, qui disposent d'une large autonomie conventionnelle dans
ce domaine. Je note que les négociations n'ont pas abouti à ce jour et que le
MEDEF semble en porter la responsabilité. Je pense que c'était à lui, dans un
premier temps, compte tenu de l'urgence, que vous auriez dû poser votre
question !
M. Raymond Courrière.
Très bien !
M. Alain Vasselle.
Et Nicole Notat !
M. Claude Bartolone,
ministre délégué.
Il ne m'appartient pas, évidemment, de dire aux uns ou
aux autres ce qu'ils ont à faire.
(M. Alain Gournac s'exclame.)
Je crois
cependant que l'impératif de négociation et de concertation que ce Gouvernement
a placé au coeur de ses démarches s'impose finalement à tous.
M. Alain Vasselle.
Ne rien faire avant les présidentielles !
M. Claude Bartolone,
ministre délégué.
On ne peut pas prétendre faire de la refondation
sociale et adopter la méthode du diktat.
(Exclamations sur les travées du
RPR.)
Je relève également que les dernières prévisions sur l'évolution financière
des régimes de retraite complémentaire s'améliorent.
M. Alain Gournac.
Tout va bien !
M. Claude Bartolone,
ministre délégué.
Cela peut permettre d'engranger des réserves
supplémentaires pour l'avenir, de prendre le temps de la négociation...
M. Alain Gournac.
Oui, prendre le temps !
M. Claude Bartolone,
ministre délégué.
... et de ne pas imposer brutalement une réduction des
droits des salariés et des assurés.
Les régimes de retraite complémentaire ne sont pas en crise. Pour l'heure, le
Gouvernement fait confiance aux partenaires sociaux pour trouver des solutions
acceptables par tous et qui permettent de garantir les droits des assurés.
Les partenaires sociaux sont convenus de se revoir dans les prochains jours.
Nous verrons quel sera le résultat de cette rencontre. Mais, en cas d'échec,
bien évidemment, le Gouvernement prendra ses responsabilités, en concertation
avec les partenaires sociaux, pour garantir les retraites à soixante ans.
Monsieur le sénateur, je tiens à vous remercier de votre question parce que,
au travers de celle-ci, que vous voulez polémique pour essayer peut-être de
cacher la vacuité de vos réflexions
(Vives protestations sur les travées du
RPR)
et des propositions de l'opposition, cela m'a permis de parler de
l'actualité, notamment de la position du MEDEF.
(Applaudissements sur les
travées socialistes, ainsi que celles du groupe communiste républicain et
citoyen. - Vives protestations sur les travées du RPR et des Républicains et
Indépendants.)
M. Jean-Pierre Raffarin.
C'est la réponse du mistigri !
RÉGIME DES AIDES AUX ASSOCIATIONS