SEANCE DU 24 NOVEMBRE 2000


SOMMAIRE

PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Candidatures à une commission mixte paritaire (p. 1 ).

3. Commission mixte paritaire (p. 2 ).

4. Résorption de l'emploi précaire dans la fonction publique. - Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi déclaré d'urgence (p. 3 ).

Article 13 (suite) (p. 4 )

Amendement n° 14 de la commission. - MM. Daniel Hoeffel, rapporteur de la commission des lois ; Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat ; Alain Vasselle, Claude Domeizel. - Adoption.
Amendement n° 82 de M. Claude Domeizel. - MM. Claude Domeizel, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Amendement n° 81 de M. Claude Domeizel. - Retrait.
Amendement n° 59 rectifié de M. Alain Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendements n°s 60 à 62 de M. Alain Vasselle. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 60, les amendements n°s 61 et 62 devenant sans objet.
Amendements n°s 15 de la commission et 63 de M. Alain Vasselle. - MM. le rapporteur, Alain Vasselle, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 15, l'amendement n° 63 devenant sans objet.
Amendements n°s 16 de la commission et 105 du Gouvernement. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 16, l'amendement n° 105 devenant sans objet.
Amendement n° 17 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendements n°s 18 de la commission et 80 de M. Jacques Mahéas. - MM. le rapporteur, Claude Domeizel, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 18, l'amendement n° 80 devenant sans objet.
Amendements n°s 42 rectifié de M. Pierre Hérisson et 64 de M. Alain Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 42 rectifié, l'amendement n° 64 devenant sans objet.
Amendements n°s 66 et 65 de M. Alain Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Retrait des deux amendements.
Amendement n° 67 de M. Alain Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 53 de Mme Nicole Borvo. - Mme Nicole Borvo, MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article 14 (p. 5 )

Amendement n° 19 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 106 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Rejet.
Amendement n° 20 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 107 du Gouvernement. - Rejet.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 14 (p. 6 )

Amendement n° 88 de M. Claude Domeizel et sous-amendement n° 110 de M. Alain Vasselle. - MM. Claude Domeizel, Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre. - Rejet du sous-amendement et de l'amendement.
Amendements n°s 84 à 87 rectifié et 83 de M. Claude Domeizel. - MM. Claude Domeizel, le rapporteur, le ministre, Alain Vasselle. - Retrait des amendements n°s 84, 86 et 83 ; rejet des amendements n°s 85 et 87 rectifié.

Article 15 (p. 7 )

Amendement n° 21 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Claude Domeizel. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Division et articles additionnels après l'article 15 (p. 8 )

Amendement n° 30 rectifié de M. Jean-Jacques Hyest, repris par la commission. - Réserve.
Amendement n° 27 rectifié de M. Pierre Hérisson et sous-amendement n° 41 rectifié bis de M. Jean-Pierre Schosteck ; amendement n° 89 de M. Michel Charasse. - Mme Anne Heinis, MM. Jean-Pierre Schosteck, Claude Domeizel, le rapporteur, le ministre, Daniel Goulet. - Adoption du sous-amendement n° 41 rectifié bis et de l'amendement n° 27 rectifié, modifié, insérant un article additionnel, l'amendement n° 89 devenant sans objet.
Amendement n° 35 rectifié de M. Jean-Jacques Hyest, repris par la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Alain Vasselle. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendements n°s 38 à 40 de M. Francis Giraud. - MM. Daniel Goulet, le rapporteur, le ministre, Mme Nicole Borvo, M. Claude Domeizel. - Adoption des amendements insérant trois articles additionnels.
Amendements n°s 58 rectifié ter de M. René Garrec et 90 de M. Claude Domeizel. - Mme Anne Heinis, MM. Claude Domeizel, le rapporteur, le ministre, Alain Vasselle, Jean-Pierre Schosteck. - Adoption de l'amendement n° 58 rectifié ter insérant un article additionnel, l'amendement n° 90 devenant sans objet.
Amendements n°s 91 de M. Jacques Mahéas et 99 (priorité) de la commission. - MM. Claude Domeizel, le rapporteur, le ministre, Alain Vasselle. - Adoption, après une demande de priorité, de l'amendement n° 99 insérant un article additionnel, l'amendement n° 91 devenant sans objet.
Amendements n°s 92 rectifié bis , 93 rectifié bis et 94 rectifié bis de M. Jacques Valade, repris par la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des amendements insérant trois articles additionnels.
Amendement n° 30 rectifié (précédemment réservé) de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant une division additionnelle et son intitulé.

Vote sur l'ensemble (p. 9 )

M. Jean-Pierre Schosteck, Mme Nicole Borvo, MM. Claude Domeizel, Jacques Machet, Mme Anne Heinis, MM. le rapporteur, le ministre.
Adoption du projet de loi.

5. Nomination de membres d'une commission mixte paritaire (p. 10 ).

Suspension et reprise de la séance (p. 11 )

6. Loi de finances pour 2001. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 12 ).

Motion d'ordre (p. 13 )

M. le président.

Article 1er (p. 14 )

M. Yves Fréville.
Adoption de l'article.

Article additionnel avant l'article 2 (p. 15 )

Amendement n° I-2 de la commission. - M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances ; Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget ; M. Yves Fréville, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Jean Arthuis, Alain Lambert, président de la commission des finances. - Adoption, par scrutin public, de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 2 (p. 16 )

Mme Marie-Claude Beaudeau.
Amendements n°s I-142 de M. Joseph Ostermann, I-3 de la commission, I-105 et I-106 de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Lucien Lanier, le rapporteur général, Mmes Marie-Claude Beaudeau, le secrétaire d'Etat, Maryse Bergé-Lavigne, MM. le président de la commission ; Jean Arthuis, Marc Massion, Philippe Nogrix. - Retrait de l'amendement n° I-142 ; adoption de l'amendement n° I-3, les amendements n°s I-105 et I-106 devenant sans objet.
Amendements n°s I-143 de M. Joseph Ostermann et I-75 de M. Roland du Luart. - M. Lucien Lanier, Mme Anne Heinis, M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement n° I-143, l'amendement n° I-75 devenant sans objet.
Amendement n° I-5 de la commission. - M. le rapporteur général, Mmes le secrétaire d'Etat, Marie-Claude Beaudeau, M. Jean Chérioux. - Adoption.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 2 (p. 17 )

Amendement n° I-107 de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendement n° I-228 de M. Jean-Pierre Plancade. - MM. Bernard Angels, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.

Article additionnel après l'article 2
ou après l'article 2 bis (p. 18 )

Amendements n°s I-7 de la commission et I-229 de M. Jean-Pierre Plancade. - MM. le rapporteur général, Bernard Angels, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait des deux amendements.

Articles additionnels après l'article 2 (suite) (p. 19 )

Amendements n°s I-108 de Mme Marie-Claude Beaudeau et I-144 de M. Joseph Ostermann. - Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Lucien Lanier, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Rejet de l'amendement n° I-108 ; adoption de l'amendement n° I-144 insérant un article additionnel.
Amendement n° I-109 de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendement n° I-110 de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendement n° I-145 de M. Joseph Ostermann. - MM. Lucien Lanier, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.

Suspension et reprise de la séance (p. 20 )

7. Saisine du Conseil constitutionnel (p. 21 ).

8. Loi de finances pour 2001. - Suite de la discussion d'un projet de loi (p. 22 ).

Article additionnel après l'article 2
ou après l'article 2 bis (suite) (p. 23 )

Amendements n°s I-111 de Mme Marie-Claude Beaudeau et I-146 rectifié de M. Joseph Ostermann. - MM. Thierry Foucaud, Lucien Lanier, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Rejet de l'amendement n° I-111 ; adoption de l'amendement n° I-146 rectifié insérant un article additionnel après l'article 2 bis.

Articles additionnels après l'article 2 (suite) (p. 24 )

Amendement n° I-112 de Mme Marie-Claude Beaudeau. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° I-91 de M. Denis Badré. - MM. Yves Fréville, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° I-76 de M. Roland du Luart. - Mme Anne Heinis, M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° I-77 de M. Roland du Luart. - Mme Anne Heinis, M. le rapporteur général, Mmes le secrétaire d'Etat, Marie-Claude Beaudeau, M. Charles Revet. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° I-227 de M. Marc Massion. - Mme Maryse Bergé-Lavigne, M. le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat. - Retrait.

Article additionnel après l'article 2
ou après l'article 2 bis (suite) (p. 25 )

Amendements n°s I-67 de M. Jean Chérioux, I-223 et I-226 de M. Bernard Angels. - MM. Jean Chérioux, Bernard Angels, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, MM. Jean Arthuis, Philippe Nogrix. - Retrait des amendements n°s I-223 et I-226 ; adoption de l'amendement n° I-67 insérant un article additionnel.

Article additionnel après l'article 2 (suite) (p. 26 )

Amendement n° I-78 de M. Charles Revet. - MM. Charles Revet, le rapporteur général, Mme le secrétaire d'Etat, MM. Jean Chérioux, Yann Gaillard, Lucien Lanier, Mme Marie-Claude Beaudeau. - Retrait.
Renvoi de la suite de la discussion.

9. Dépôt d'une question orale avec débat (p. 27 ).

10. Dépôt d'une question orale européenne avec débat (p. 28 ).

11. Dépôt d'une proposition de loi (p. 29 ).

12. Dépôt d'une proposition de résolution (p. 30 ).

13. Dépôt d'un rapport d'information (p. 31 ).

14. Ordre du jour (p. 32 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à neuf heures trente.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal et adopté sous les réserves d'usage.

2

CANDIDATURES À UNE COMMISSION
MIXTE PARITAIRE

M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre la lettre suivante :
« Monsieur le président,
« Conformément à l'article 45, alinéa 2, de la Constitution, j'ai l'honneur de vous faire connaître que j'ai décidé de provoquer la réunion d'une commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi portant diverses dispositions d'adaptation au droit communautaire dans le domaine des transports.
« Je vous serais obligé de bien vouloir, en conséquence, inviter le Sénat à désigner ses représentants au sein de cette commission.
« J'adresse ce jour, à M. le président de l'Assemblée nationale, une demande tendant aux mêmes fins.
« Veuillez agréer, monsieur le président, l'assurance de ma haute considération.

« Signé : lionel jospin »

Il sera procédé à la nomination des représentants du Sénat à cette commission mixte pritaire selon les modalités prévues par l'article 12 du règlement.

3

COMMISSION MIXTE PARITAIRE

M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre la lettre suivante :
« Monsieur le président,
« Conformément à l'article 45, alinéa 2, de la Constitution, j'ai l'honneur de vous faire connaître que j'ai décidé de provoquer la réunion d'une commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi organique destinée à améliorer l'équité des élections à l'assemblée de la Polynésie française.
« Je vous serais obligé de bien vouloir, en conséquence, inviter le Sénat à désigner ses représentants au sein de cette commission.
« J'adresse ce jour, à M. le président de l'Assemblée nationale, une demande tendant aux mêmes fins.
« Veuillez agréer, monsieur le président, l'assurance de ma haute considération.

« Signé : lionel jospin »

J'informe le Sénat que la commission des lois m'a fait connaître qu'elle a procédé à la désignation des candidats qu'elle présente à cette commission mixte paritaire.
Cette liste a été affichée et la nomination des membres de cette commission mixte paritaire aura lieu conformément à l'article 9 du règlement.

4

RÉSORPTION DE L'EMPLOI PRÉCAIRE
DANS LA FONCTION PUBLIQUE

Suite de la discussion et adoption d'un projet
de loi déclaré d'urgence

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion, après déclaration d'urgence, du projet de loi (n° 20, 2000-2001) relatif à la résorption de l'emploi précaire et à la modernisation du recrutement dans la fonction publique ainsi qu'au temps de travail dans la fonction publique territoriale. [Rapport n° 80 (2000-2001).]
Le Sénat a, lors d'une précédente séance, commencé la discussion de l'article 13, dont je rappelle le termes :

Article 13 (suite)



M. le président.
« Art. 13. - I. - Le dernier alinéa de l'article 3 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée est supprimé.
« Les agents contractuels qui ont été recrutés en application des dispositions du dernier alinéa de l'article 3 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée dans sa rédaction antérieure à la présente loi, en fonctions à la date de publication de la présente loi ou bénéficiaires, à la même date, de l'un des congés prévus par le décret pris en application du dernier alinéa de l'article 136 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée, continuent à être employés dans les conditions prévues par la législation antérieure, lorsqu'ils ne sont pas recrutés au titre des dispositions des articles 36 ou 38 de la loi du 26 janvier 1984 ou au titre des dispositions des articles 3 à 5 de la présente loi.
« II. - L'article 14 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée est complété par les dispositions suivantes :
« Les centres de gestion réalisent une synthèse des informations mentionnées à l'alinéa précédent ainsi que de toutes autres données relatives à l'évolution des emplois dans les collectivités et établissements relevant de leur ressort et aux besoins prévisionnels recensés en application de l'article 43 de la présente loi, dans le but d'organiser une concertation annuelle auprès de ces collectivités et établissements et de contribuer à l'évaluation des besoins prévisionnels de recrutement ainsi que des moyens nécessaires à leur mise en oeuvre.
« A ce titre, ils examinent plus particulièrement les demandes et propositions de recrutement et d'affectation susceptibles d'être effectuées sur la base du deuxième alinéa de l'article 25.
« Les informations et propositions issues de cette concertation sont portées à la connaissance des comités techniques paritaires.
« III. - Dans la deuxième phrase du premier alinéa de l'article 34 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée, le terme : "trois" est remplacé par le terme : "deux".
« IV. - L'article 36 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée est complété ainsi qu'il suit :
« En outre, l'accès à certains cadres d'emplois peut être, dans les conditions fixées par leur statut particulier, ouvert par la voie d'un troisième concours aux candidats justifiant de l'exercice, pendant une durée déterminée, d'une ou de plusieurs activités professionnelles ou d'un ou de plusieurs mandats de membre élu d'une collectivité territoriale. Ce troisième concours peut aussi être ouvert à des candidats justifiant d'une ou de plusieurs activités en qualité de responsable d'une association.
« La durée de ces activités ou mandats ne peut être prise en compte que si les intéressés n'avaient pas, lorsqu'ils les exerçaient, la qualité de fonctionnaire, de magistrat, de militaire ou d'agent public. Les statuts particuliers fixent la nature et la durée des activités requises, et la proportion des places offertes pour l'accès par ces concours aux cadres d'emplois.
« V. - Pour la durée d'application du dispositif de la présente loi, le rapport établi sur la base de l'article 33 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée comporte un bilan de la mise en oeuvre des dispositions prévues aux articles 3 à 5 ci-dessus.
« Le centre de gestion est rendu destinataire du bilan susmentionné et en assure la transmission aux organisations syndicales représentées au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale. »
Au sein de cet article, nous en sommes parvenus à l'amendement n° 14.
Présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission, il vise à insérer, après le I de cet article, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« I bis. - Le dernier alinéa de l'article 3 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée est complété par la phrase suivante :
« Dans ces communes et groupements, les agents occupant des emplois permanents à temps non complet et dont la durée de travail est inférieure à la moitié de la durée du travail des agents à temps complet peuvent exercer à titre professionnel une activité privée lucrative dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. La commission des lois vous propose d'assouplir les règles relatives au cumul d'une activité privée et d'une activité publique pour les agents qui ne travaillent pour une personne publique que dans le cadre d'horaires très réduits.
Il s'agit de permettre aux agents qui occupent, dans les communes de moins de 2 000 habitants et leurs groupements, un emploi à temps non complet, et dont la durée de travail est inférieure à la moitié de la durée du travail des agents à temps plein, d'exercer, à titre professionnel, une activité privée lucrative dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. Cet amendement reprend une des pistes évoquées dans le rapport du Conseil d'Etat remis en 1999.
Nous tirons les conséquences de l'absence d'engagement sur un calendrier législatif précis et nous interrogeons par là même le Gouvernement sur les conditions de rémunération des agents travaillant à temps non complet. La commission estime que l'assouplissement de l'interdiction de cumul est de nature à améliorer leur rémunération totale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Lors de la dernière séance consacrée à ce texte, j'ai eu l'occasion, à propos de trois amendements, dont celui-ci, de donner la position du Gouvernement.
J'ai proposé, pour les communes de moins de 2 000 habitants, de supprimer les dispositions actuelles permettant l'embauche de non-titulaires sur des contrats à temps non complet et, en contrepartie, j'ai été ouvert à l'amendement qui vient d'être présenté par le rapporteur. J'ai aussi précisé que l'ensemble de ce dispositif me paraissait équilibré.
Toutefois, votre Haute Assemblée ayant adopté l'amendement du rapporteur supprimant la disposition proposée par le Gouvernement, à ce stade de la discussion, je ne peux être favorable à cet amendement n° 14, ce cumul ne permettant plus à l'ensemble du dispositif d'dêtre équilibré.
Mais la discussion parlementaire va se poursuivre...
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 14.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. L'Association des maires de France, au sein de laquelle je préside le groupe Fonction publique territoriale, a eu l'occasion d'examiner à plusieurs reprises cette disposition. Pour notre part, nous l'avons déjà examinée et proposée à l'occasion des lois Hoeffel, Perben et, aujourd'hui, de ce qui deviendra la loi Sapin.
Les deux dispositions concernées sont indispensables pour permettre à nos communes rurales de fonctionner dans des conditions satisfaisantes.
Monsieur le ministre, je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion d'exercer la fonction de maire dans une petite localité de moins de 2 000 habitants. Dans le cas contraire, je vous encourage à vous présenter aux élections municipales ! Vous comprendrez toutes les difficultés que rencontre le maire d'une commune rurale pour recruter des agents à temps partiel, qu'il s'agisse d'agents de voirie ou de secrétaires de mairie.
Si nous n'assouplissons pas le dispositif législatif, nous rendrons encore plus difficile le recrutement d'agents de bonne qualité pour exercer des fonctions dans nos communes rurales !
Je comprends que vous vouliez préserver l'économie générale du texte et que vous soyez soucieux d'éviter la création de situations précaires pour ces agents. Mais quand le maire d'une commune rurale recrute un agent pour un emploi permanent à temps non complet, ce n'est pas pour s'en séparer huit jours, six mois, voire deux ans plus tard ! Nombreux sont les agents à temps non complet qui font une carrière complète dans les communes rurales, sans que cela présente de difficultés.
Je plaide d'autant plus fortement pour cet amendement n° 14 que j'avais été moi-même l'auteur d'une disposition similaire lors de l'examen de la loi Hoeffel, je l'ai rappelé lors de la discussion générale ; je n'insisterai donc pas. Je ne doute pas que la Haute Assemblée, dans sa sagesse habituelle, suivra M. le rapporteur.
M. Claude Domeizel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Je partage totalement l'esprit qui sous-tend cet amendement, car il est vrai qu'il n'est pas toujours facile, dans les plus petites communes, de recruter des agents, sauf à concrétiser le cumul entre un emploi public et celui d'agriculteur - encore que le décret n'ait jamais été publié - notamment.
Toutefois, je souhaite que M. le rapporteur accepte de revoir sa position, car j'ai moi-même déposé un amendement n° 81, qui me paraît beaucoup plus précis.
En effet, il concerne des agents à temps non complet qui pourraient travailler pour le compte de plusieurs employeurs publics ou privés lorsqu'ils exercent des fonctions d'exécution dans les communes de moins de 2 000 habitants, entre autres.
De plus, il ne vise que les agents de catégorie C, car les fonctionnaires des catégories A et B peuvent avoir des fonctions d'autorité ou de décision, ce qui peut poser problème en cas de cumul d'emplois public et privé.
Enfin, il précise que l'avis de la commission paritaire est nécessaire.
Je suis partagé ! Certes, je suis tenté de voter l'amendement de la commission, mais j'ai aussi très envie que mon amendement n° 81 soit adopté ! C'est pourquoi je souhaite que M. le rapporteur m'entende et modifie son amendement pour tenir compte des précisions que je viens d'indiquer.
M. Alain Vasselle. Ah ! Mieux vaut tenir que courir ! (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 28 rectifié, M. Hyest propose, après le I de l'article 13, d'insérer un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Une conférence régionale ou interdépartementale de l'emploi territorial, composée de représentants des centres de gestion, des collectivités non affiliées aux centres de gestion et de la délégation régionale du Centre national de la fonction publique territoriale est constituée pour assurer l'observation de l'évolution de l'emploi et la coordination de l'expression des besoins de recrutement dans les cadres d'emplois de catégorie A, dans des conditions et sur un ressort géographique définis par décret. »
Par amendement n° 82, M. Domeizel et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, après le II de l'article 13, d'insérer un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - L'article 43 de la loi du 26 janvier 1984 est complété par les dispositoins suivantes :
« Une conférence régionale ou interdépartementale de l'emploi territorial, composée de représentants des centres de gestion, des collectivités non affiliées aux centres de gestion et de la délégation régionale du Centre national de la fonction publique territoriale est constituée pour assurer l'observation de l'évolution de l'emploi et la coordination de l'expression des besoins de recrutement dans les cadres d'emplois de catégories A et B, dans les conditions et sur un ressort géographique définis par décret. »
L'amendement n° 28 rectifié est-il soutenu ?...
La parole est à M. Domeizel, pour défendre l'amendement n° 82.
M. Claude Domeizel. Cet amendement concerne la conférence régionale ou interdépartementale de l'emploi territorial. Il est pratiquement identique à l'amendement de M. Hyest, mis à part que celui-ci était placé après le I de l'article 13, alors que le mien est placé après le II, et que M. Hyest s'en tenait aux catégories A, alors que je vise les catégories A et B.
La question est fort importante, surtout lorsqu'on sait le nombre de concours que devront organiser les centres de gestion, les collectivités non affiliées et le CNFPT.
Il nous paraît indispensable de prévoir un lieu de rencontre et de mettre en adéquation la formation que doit dispenser le CNFPT pour la préparation aux concours avec l'organisation de ces concours elle-même.
Quel est l'échelon pertinent pour les organiser ? Pour les concours de catégorie C, ce sont les départements ; pour ceux de catégorie A, c'est indiscutablement le niveau national ; pour ceux de catégorie B, ce sont les départements - mais ces derniers ne sont pas toujours de taille suffisante - ou, plus souvent, la région.
Par conséquent, je propose que la conférence régionale ou interdépartementale de l'emploi territorial vise les cadres d'emplois de catégories A et B, et soit composée - ce qui me paraît indispensable - de représentants des centres de gestion, des collectivités non affiliées à ces centres et de la délégation régionale du CNFPT.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Mon cher collègue, je comprends l'esprit de votre amendement, mais j'ai le sentiment que l'on risque d'introduire une certaine confusion dans une répartition, qui est claire à l'heure actuelle, entre l'aspect formation et l'aspect gestion, entre le CNFPT et les centres de gestion.
Malgré toute ma bonne volonté, je suis donc au regret de devoir émettre un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Avec autant de compréhension que la commission pour l'intention qui sous-tend cet amendement, le Gouvernement émet le même avis défavorable.
Monsieur le président, si vous me le permettez, je vais m'exprimer dès maintenant sur les amendements suivants, qui portent sur le même sujet, qui est un bon sujet. Il s'agit d'essayer de faire en sorte que des organismes aujourd'hui différents, mais qui vont avoir à relever ensemble le défi du renouvellement de générations entières de fonctionnaires des collectivités territoriales puissent mieux travailler ensemble. Cela concerne le CNFPT et éventuellement, bien entendu, ses déclinaisons territoriales et les centres de gestion.
Toutefois, s'il est favorable au renforcement des capacités de dialogue et de travail en commun, le Gouvernement n'est pas favorable à une trop grande institutionnalisation des procédures, ni du côté du CNFPT ni du côté des centres de gestion. C'est cette position qui guidera les avis que je donnerai sur les amendements suivants.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 82, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 81, MM. Domeizel, Mahéas, Bel, Demerliat, Miquel, Peyronnet, Picheral, Piras, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après le I de l'article 13, un nouveau paragraphe ainsi rédigé :
« Après l'article 108 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 est inséré un article ainsi rédigé :
« Art. ... - Dans les communes de moins de 2 000 habitants et dans les groupements de communes dont la moyenne arithmétique des nombres d'habitants ne dépasse pas ce seuil, les agents de catégorie C occupant des emplois permanents à temps non complet et dont la durée de travail est inférieure à la moitié de la durée du seuil d'intégration dans un cadre d'emploi peuvent, après avis de la commission administrative paritaire, exercer à titre professionnel une activité privée lucrative dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Je le retire : il n'a plus d'objet.
M. le président. L'amendement n° 81 est retiré.
Par amendement n° 59 rectifié, MM. Vasselle et Hérisson proposent de compléter le II de l'article 13 par un alinéa ainsi rédigé :
« Les centres de gestion constituent entre eux un groupement, personne morale de droit public dotée de l'autonomie administrative et financière, afin de créer un réseau informatisé pour le recueil et la diffusion des données relatives aux emplois et aux effectifs de la fonction publique territoriale en application des 4e et 5e alinéas ci-dessus ainsi que du 3e alinéa de l'article 23 de la présente loi. Le financement s'effectue, conformément à l'alinéa 1er de l'article 22 de la présente loi, par une contribution des centres de gestion prélevée sur les cotisations déjà perçues à ce titre par lesdits centres. Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'application du présent alinéa. »
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Il s'agit d'un amendement qui répond à la volonté des élus locaux et qui, je l'espère, recueillera l'assentiment de la commission, ainsi que celui de M. le ministre, même si celui-ci a pris la précaution, à l'instant même, de préciser qu'il préférait la voie conventionnelle à une formule de caractère institutionnel.
Nous considérons que, au point où nous en sommes s'agissant du fonctionnement de la fonction publique territoriale, il serait souhaitable de faire un pas supplémentaire.
Résoudre la question de la précarité dans la fonction publique par la mise en place d'une meilleure gestion de l'emploi public, reposant notamment sur une gestion prévisionnelle des effectifs, suppose de disposer d'informations fiables sur les emplois, les effectifs et leurs évolutions.
Dans la fonction publique territoriale, chaque centre de gestion est déjà en possession, compte tenu de ses missions et de ses compétences, d'un grand nombre d'informations concernant l'ensemble des collectivités - affiliées et non affiliées - de son ressort géographique.
C'est la raison pour laquelle l'extension de leurs missions telle que prévue dans le projet de loi, en complétant le dispositif par une mise en réseau informatisée des centres de gestion, permettrait à l'Observatoire de l'emploi public, issu du décret du 13 juillet 2000, d'avoir une véritable connaissance de la situation des emplois et des effectifs de la fonction publique territoriale malgré la multiplicité des entités territoriales.
En outre, allant dans le sens d'un renforcement de la décentralisation, ce réseau donnerait à tous les niveaux, que ce soit à celui de la collectivité décentralisée ou à un niveau « intercollectivités » dans un cadre départemental, interdépartemental, voire régional librement défini par convention, les informations utiles à une gestion prévisionnelle de chaque bassin d'emplois pertinent.
L'expérience d'un réseau de ce type, créé à l'initiative d'une vingtaine de centres de gestion montre qu'avec un apport financier raisonnable et une structure administrative légère issue de ces centres on peut parvenir à un résultat remarquable.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement se situe dans la même ligne que les trois amendements suivants, déposés également par M. Vasselle, à savoir les amendements n°s 60, 61 et 62.
Mon cher collègue, la commission a examiné attentivement vos amendements. Elle comprend bien votre souci d'aboutir à la plus grande clarification possible, mais elle a le sentiment que ce souci s'acccompagne de la volonté de préserver un minimum de souplesse afin d'éviter de trop grandes rigidités.
Pour ma part, je donnerais, au nom de la commission des lois, une très nette préférence à l'amendement n° 60. C'est en effet un bon amendement, qui vise à résoudre les mêmes problèmes par voie conventionnelle et qui introduirait un élément de clarification supplémentaire dans les rapports entre les centres de gestion et les autres structures.
Je pense que nous pourrions tous nous rallier à cet amendement, dont l'adoption, je crois, marquerait une étape importante dans la réalisation de notre souhait commun de clarification.
M. le président. Monsieur Vasselle, maintenez-vous votre amendement ?
M. Alain Vasselle. Je le maintiens, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Monsieur Vasselle, permettez au maire d'une commune de 5 000 habitants, conseiller général d'un canton dont dix communes sur onze ont moins de 2 000 habitants, parfois beaucoup moins, voire moins de 300 habitants, et qui a donc une petite connaissance des réalités locales de dire, comme je l'ai fait savoir à propos de l'amendement qui concernait le CNFPT, que ma conviction est loin d'être celle qui anime M. le rapporteur et que, s'il faut beaucoup de coopération, il faut le moins de rigidité institutionnelle possible.
M. Jean-Pierre Schosteck. Très bien !
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Au demeurant, c'est effectivement l'amendement n° 60 qui, à mes yeux, favorisera la coopération pour plus d'efficacité, tout en évitant les rigidités que l'amendement n° 59 rectifié, sans que son auteur l'ait voulu, risquerait d'introduire.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 59 rectifié.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Monsieur le président, afin de faire gagner du temps au Sénat, si vous me le permettez, je vais présenter les amendements n°s 60, 61 et 62 pour expliquer ma position.
Par souci d'efficacité et de rapidité, je suis prêt, encore que j'eusse préféré que ce soit l'amendement n° 59 rectifié qui soit retenu, à m'entendre sur un compromis.
Toutefois, compte tenu de la position défendue par M. le rapporteur et par M. le ministre, compte tenu de ce que je souhaite, au nom de nombre de mes collègues maires, quant à la mise en oeuvre d'un dispositif que nous avons défini ensemble et qui, d'ailleurs, se rapprocherait très nettement du dispositif contenu dans l'amendement tendant à insérer un article additionnel après l'article 14, déposé par notre collègue M. Domeizel et concernant la CNRACL, je crois que le compromis devrait porter sur l'amendement n° 61.
En effet, cet amendement reprend l'amendement n° 60, c'est-à-dire ce que M. le ministre souhaite, en ouvrant aux centres de gestion la possibilité de se regrouper en groupements d'intérêt public autant qu'ils le veulent. Ce sont eux qui prendraient l'initiative. Il n'y aurait aucun caractère obligatoire et les groupements d'intérêt public ne seraient pas institutionnalisés. Cette faculté de regroupement pourrait être utilisée en tant que de besoin.
Nous sommes tous attachés à ce que des conventions puissent être conclues par les centres de gestion, qui pourront ainsi s'associer, dans le cadre d'une interdépartementalité, secteur par secteur, pour mener à bien les actions prévues.
En conclusion, monsieur le rapporteur, je suis prêt à retirer mon amendement n° 59 rectifié au profit de l'amendement n° 61. Bien évidemment, si celui-ci ne recevait pas un accueil favorable, j'en reviendrais à l'amendement n° 60.
M. le président. L'amendement n° 59 rectifié est retiré.
Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune. Tous trois sont déposés par MM. Vasselle et Hérisson.
L'amendement n° 60 tend à compléter le II de l'article 13 par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les centres de gestion veillent à informer et associer les délégations régionales ou interdépartementales du Centre national de la fonction publique territoriale pour ce qui concerne l'organisation des concours relevant de la compétence de cet établissement.
« Les centres de gestion peuvent conclure des conventions pour exercer les missions relevant de leurs compétences en application des dispositions prévues par les quatrième et cinquième alinéas ci-dessus, ainsi que par les troisième et quatrième alinéas de l'article 23 et les articles 24 et 25 de la présente loi. »
L'amendement n° 61 a pour objet d'insérer, après le II de l'article 13, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Le deuxième alinéa de l'article 26 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les centres de gestion peuvent conclure des conventions pour exercer en commun les missions relevant de leurs compétences en application de l'article 14, quatrième et cinquième alinéas, ainsi que des articles 23, deuxième alinéa à quatrième alinéa, 24 et 25 de la présente loi.
« Ils peuvent aussi se regrouper en groupement d'intérêt public pour assurer ces missions. »
L'amendement n° 62 vise à insérer, après le II de l'article 13, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... Le deuxième alinéa de l'article 26 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée est ainsi rédigé :
« Les centres de gestion peuvent conclure des conventions pour exercer en commun les missions relevant de leurs compétences en application des alinéas 4 et 5 de l'article 14, ainsi que des alinéas 2 et 4 de l'article 2 et des articles 24 et 25 de la présente loi. »
M. Vasselle a déjà défendu ces trois amendements.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission souhaiterait entendre l'avis du Gouvernement avant de se prononcer.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. En exprimant mon avis, je crains de compromettre la capacité de persuasion de M. le rapporteur envers la Haute Assemblée. (Sourires.)
L'amendement n° 60, pour les raisons qui ont déjà été exposées par M. le rapporteur, est celui qui, à quelques nuances près, offre le meilleur compromis entre l'efficacité obtenue grâce au travail en commun et une organisation trop rigide. Voilà pourquoi le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 60 et défavorable aux amendements n°s 61 et 62.
M. le président. Quel est dans ces conditions, l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Si le deuxième alinéa de l'amendement n° 61 ne pose aucun problème, il n'en est pas de même du troisième. En effet, cet alinéa suscite une différence d'appréciation entre, d'une part, ceux qui voudraient accroître la formalisation de ce conventionnement en proposant de créer des groupements d'intérêt public et, d'autre part, les adeptes résolus d'une véritable souplesse.
J'ai relevé dans l'intervention de M. Vasselle que, finalement, il ne serait pas totalement opposé à un repli sur l'amendement n° 60. Je suis persuadé que, dans l'esprit des débats, ô combien plus difficiles, que nous avons pu avoir sur ces sujets dans le passé, il acceptera qu'un large consensus puisse se dégager sur l'amendement n° 60. Mon appel serait-il vain ? Je n'ose pas m'y résigner. (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 60, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les amendements n°s 61 et 62 n'ont plus d'objet.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 15, M. Hoeffel, au nom de la commission, propose de supprimer le III de l'article 13.
Par amendement n° 63, MM. Vasselle et Hérisson proposent de rédiger comme suit le III de cet article :
« III. - Dans la deuxième phrase du premier alinéa de l'article 34 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée, les mots : "des trois derniers alinéas" sont remplacés par les mots : "du dernier alinéa". »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 15.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est un amendement de conséquence.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour présenter l'amendement n° 63.
M. Alain Vasselle. Cet amendement n'a plus d'objet du fait de l'adoption de l'amendement n° 60.
M. le président. En effet, l'amendement n° 63 n'a plus d'objet.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 15 ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Le Gouvernement ayant été défavorable à l'amendement d'origine, il est aussi défavorable à l'amendement de conséquence.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 16, M. Hoeffel, au nom de la commission, propose, après les mots : « ou d'un ou de plusieurs mandats », de rédiger comme suit la fin du deuxième alinéa du IV de l'article 13 : « de membre d'une assemblée élue d'une collectivité territoriale ou d'une ou de plusieurs activités en qualité de responsable d'une association ».
Par amendement n° 105, le Gouvernement propose, à la fin du deuxième alinéa du IV de cet article, de remplacer les mots : « responsable d'une association », par les mots : « responsable bénévole d'une association ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 16.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement tend simplement à reproduire la rédaction de l'article 10 du projet de loi applicable à la fonction publique de l'Etat.
M. le président. La parole et à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 105.
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. C'est un débat que nous avons déjà eu : le Gouvernement souhaite qu'il soit permis à des responsables bénévoles d'association de se présenter à un certain nombre de concours. Malheureusement, sur ce point, nous n'avons pas été suivi par le Sénat.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 105 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Selon moi, cet amendement n'a plus d'objet.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 16.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 105 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 17, M. Hoeffel, au nom de la commission, propose, après les mots : « proportion des places offertes », de rédiger comme suit la fin de la seconde phrase du dernier alinéa du IV de l'article 13 : « à ce concours par rapport au nombre total des places offertes pour l'accès par concours aux corps concernés. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est un amendement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 17, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 18, M. Hoeffel, au nom de la commission, propose de compléter l'article 13 par un paragraphe ainsi rédigé :
« VI. - Le 1° de l'article 36 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée est complété par les dispositions suivantes :
« Lorsqu'une condition de diplôme est requise, les candidats disposant d'une expérience professionnelle conduisant à une qualification équivalente à celle sanctionée par le diplôme requis peuvent, lorsque la nature des fonctions le justifie, être admis à se présenter à ces concours. Un décret du Conseil d'Etat précise la nature et la durée de l'expérience professionnelle prise en compte en fonction des diplômes requis. »
Par amendement n° 80, MM. Mahéas, Domeizel et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Le 1° de l'article 36 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précité est complété par les dispositions suivantes :
« Lorsqu'une condition de diplôme est requise, les candidats disposant d'une expérience professionnelle conduisant à une qualification équivalente à celle sanctionnée par le diplôme requis peuvent, lorsque la nature des fonctions le justifie, être admis à se présenter à ces concours. Un décret en Conseil d'Etat précise la nature et la durée de l'expérience professionnelle prise en compte en fonction du niveau des diplômes requis. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 18.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Le projet de loi ne prévoit pas de mesure de reconnaissance de l'expérience professionnelle pour l'admission à concourir en externe s'agissant de la fonction publique territoriale, alors que cela est expressément prévu pour la fonction publique d'Etat et pour la fonction publique hospitalière.
Nous estimons que rien ne justifie ce traitement différencié de la fonction publique territoriale. Le respect du principe de parité entre les trois fonctions publiques exige une égale reconnaissance de l'expérience professionnelle, a fortiori au moment où la fonction publique territoriale, ayant à faire face à un certain nombre de missions nouvelles dans un contexte sans cesse évolutif, doit pouvoir bénéficier d'expériences acquises à l'extérieur.
C'est donc à la fois au nom de la parité et au nom du réalisme que la commission demande au Sénat d'adopter cet amendement.
M. Jacques Machet. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Domeizel, pour présenter l'amendement n° 80.
M. Claude Domeizel. Cet amendement est quasiment identique à celui de la commission. Il n'y a pas de raison qui justifie que la fonction publique territoriale ait, à cet égard, un sort différent des deux autres fonctions publiques.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Le Gouvernement est tout à fait favorable à ces amendements. Il n'y a effectivement aucune raison de créer entre les fonctions publiques une différence de traitement au regard de la validation d'une expérience professionnelle en vue de la présentation à un concours.
Je remercie infiniment le Sénat d'avoir perçu immédiatement le défaut de mon texte et d'y avoir remédié.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 80 n'a plus d'objet.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 42 rectifié, MM. Hérisson, Vasselle et Gournac proposent de compléter in fine l'article 13 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Le deuxième alinéa de l'article 25 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée est complété par les mots : "pour accomplir un service à temps complet ou à temps non complet". »
Par amendement n° 64, MM. Vasselle et Hérisson proposent de compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - A la fin de la troisième phrase du deuxième alinéa de l'article 25 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée, les mots : "pour accomplir un service à temps non complet auprès de chacune des collectivités ou de chacun de ces établissements" sont supprimés. »
La parole est à M. Vasselle, pour défendre ces deux amendements.
M. Alain Vasselle. L'amendement n° 64 est un amendement de repli par rapport à l'amendement n° 42 rectifié.
La rédaction actuelle de la loi autorise la mise à disposition de fonctionnaires par les centres de gestion pour accomplir un service à temps non complet. Mes collègues Pierre Hérisson et Alain Gournac et moi-même proposons d'étendre cette mise à disposition à un service à temps complet.
Cette extension serait de nature à répondre à la demande des collectivités et à lutter contre l'emploi précaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Ce sont deux bons amendements. La commission a émis un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Je suis heureux de pouvoir donner le même avis favorable sur les amendements de M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Merci !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 42 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 64 n'a plus d'objet.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 66, M. Vasselle propose de compléter l'article 13 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... Le dernier alinéa de l'article 25 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée est supprimé. »
Par amendement n° 65, MM. Vasselle et Hérisson proposent de compléter ce même article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... Le dernier alinéa de l'article 25 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée est ainsi rédigé :
« Les dépenses afférentes à l'accomplissement des missions prévues au présent article sont financées conformément au sixième alinéa de l'article 22 de la présente loi. »
La parole est M. Vasselle, pour présenter ces deux amendements.
M. Alain Vasselle. L'amendement n° 66 vise à favoriser le développement des services de remplacement des centres de gestion en facilitant le recouvrement de la participation financière des collectivités.
L'amendement n° 65 répond au même souci.
Pour le financement de la mission des centres de gestion concernant la mise à disposition de fonctionnaires pour les besoins permanents de collectivités, actuellement, seule la possibilité d'une convention est prévue. Nous proposons, comme pour les autres missions facultatives, de laisser le choix entre la convention ou la cotisation additionnelle, ainsi que cela est prévu au sixième alinéa de l'article 22.
La seule possibilité de passer une convention représente une charge importante pour les centres de gestion, car elle oblige à multiplier les conventions : pour chaque remplacement, une convention est nécessaire. La possibilité de recourir également à une cotisation additionnelle allégerait sensiblement la tâche et les charges de fonctionnement des centres de gestion.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il s'agit ici non plus de principes essentiels, sur lesquels nous étions d'accord et que les amendements défendus par notre collègue Alain Vasselle ont permis d'affirmer clairement, mais de quelques conséquences d'ordre financier.
Je ne suis pas certain qu'il soit opportun d'évoquer, comme M. Vasselle l'a fait à propos de l'amendement n° 66, une participation financière des collectivités, qui viendrait nécessairement en complément des cotisations qu'elles ont déjà versées, ou, comme il l'a fait à propos de l'amendement n° 65, une cotisation additionnelle, qui viendrait, elle aussi, nécessairement s'ajouter au reste.
Il ne me paraît pas souhaitable, en effet, de donner le sentiment que, chaque fois que la législation est mise à jour, cela se traduit automatiquement par une contribution financière supplémentaire.
Le maire de petite commune qu'est, comme moi, Alain Vasselle sera certainement sensible à un tel argument.
M. Jean-Pierre Schosteck. Ceux des grandes communes aussi !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Autant on peut défendre sans difficulté devant une assemblée des maires les propositions de principe que M. Vasselle nous a soumises tout à l'heure et que nous avons suivies, autant il serait plus délicat de soutenir ses propositions dès lors qu'il s'agit de prévoir une contribution financière supplémentaire, sous une forme ou sous une autre.
Telle est la raison pour laquelle je crois que je me dois, au nom de la commission des lois, de donner un avis défavorable sur ces deux amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Même avis.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 66.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. J'ai noté les efforts de M. le rapporteur pour tenter de convaincre l'auteur des amendements de l'inopportunité de ceux-ci compte tenu des conséquences qu'ils pourraient avoir pour les petites communes.
Monsieur le rapporteur, je serais prêt à vous suivre si la mesure que je propose avait effectivement pour conséquence d'alourdir la contribution financière des collectivités affiliées à des centres de gestion. Mais il n'en est rien.
En effet, il s'agit uniquement de donner plus de souplesse et de rapidité à la gestion des très nombreuses demandes de remplacement exprimées par les communes affiliées.
A partir du moment où seraient instituées des modalités de recouvrement simplifiant la gestion financière des services de remplacement, les communes affiliées en tireraient nécessairement bénéfice parce que les charges de gestion qu'elles ont à supporter pour ce service de remplacement s'en trouveraient allégées.

Cela étant, je reconnais que mes amendements peuvent donner le sentiment qu'on va créer un prélèvement supplémentaire qui va peser sur le budget des collectivités. Mais c'est un sentiment erroné puisqu'il n'est question que d'instituer, dans un souci de souplesse et de rapidité, une nouvelle modalité de recouvrement concernant une charge que les communes ont de toute façon à supporter.
Je rappelle que le système actuel induit une multiplication des conventions puisqu'il y en a autant que de remplacements. Je suis président d'un centre de gestion et j'ai dix parapheurs par jour à signer. Sur ces dix parapheurs, deux ou trois concernent des conventions pour des services de remplacement. Cette mesure permettrait d'éviter cette multiplication des conventions.
Si vous n'êtes pas convaincu dans l'immédiat par les mesures que je propose, monsieur le rapporteur, je vous demande d'y réfléchir d'ici à la réunion de la commission mixte paritaire et de voir si une rédaction pourrait mieux vous convenir. En tout état de cause, retenez-en l'esprit car mon souci est non pas d'alourdir la contribution des centres de gestion, mais bien de l'alléger et de donner un maximum d'efficacité à l'action de ceux-ci.
M. le président. Monsieur Vasselle, retirez-vous les amendements n°s 66 et 65 ?
M. Alain Vasselle. Si telle est la volonté de M. le rapporteur, je le veux bien, dans la mesure où il prend l'engagement d'examiner cette question, non pas au cours de la navette, puisqu'il n'y en aura pas, mais avant la réunion de la commission mixte paritaire.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur. M. Daniel Hoeffel, rapporteur. J'affirme à notre collègue Alain Vasselle que j'intégrerai naturellement dans ma réflexion, d'ici à la réunion de la commission mixte paritaire, l'argumentaire qu'il vient de présenter.
Je le remercie en outre de la compréhension qu'il a manifestée dans ce contexte général où les équilibres sont fragiles entre les diverses structures chargées de la gestion de la fonction publique et de la formation au sein de celle-ci.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je retire les amendements n°s 66 et 65.
M. le président. Les amendements n°s 66 et 65 sont retirés.
Par amendement n° 67, MM. Vasselle et Hérisson proposent de compléter l'article 13 par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Le dernier alinéa de l'article 32 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Toutefois lorsque ces centres emploient plus de 50 agents, ils peuvent décider de créer un comité technique paritaire propre au centre de gestion. »
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Il s'agit de donner la possibilité aux centres de gestion qui comptent plus de cinquante agents de créer, s'ils le souhaitent, leur propre comité technique paritaire.
Actuellement, c'est le même comité technique paritaire qui traite à la fois de tous les agents des communes affiliées et de ceux du centre de gestion. Pour améliorer et rendre plus lisible le fonctionnement des comités techniques paritaires, il nous semblerait judicieux de donner la possibilité aux centres de gestion comptant un nombre d'agents relativement important d'avoir leur propre comité technique paritaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission des lois a eu un débat approfondi sur la question.
L'amendement prévoit la création d'un comité technique paritaire propre au centre de gestion lorsqu'il comprend au moins cinquante agents. Devons-nous nous consacrer en priorité à l'apport des centres de gestion à la gestion de la fonction publique territoriale ou devons-nous légiférer aussi sur la structuration interne des centres de gestion ?
Tout à l'heure, à propos d'une autre structure, j'ai été conduit à donner ma préférence à l'absence de prise de position sur la structuration interne.
Monsieur Vasselle, estimez-vous qu'il s'agit-là d'un point fondamental, ou bien préférez-vous que je puisse l'adjoindre aux autres points de réflexion et me présenter avec ce « paquet » devant nos collègues de l'Assemblée nationale ?
Je comprends tout à fait que le responsable d'un centre de gestion que vous êtes puisse avoir cette préoccupation. Mais nous en sommes aussi à l'affirmation de la préservation d'équilibres délicats. C'est la raison pour laquelle je ne veux pas donner le sentiment d'accorder d'un côté ce qui n'a pas été accordé de l'autre.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
J'ajouterai un argument qui va dans le sens, au fond, de ce que souhaite M. Vasselle.
Sauf erreur de ma part, le dispositif actuel du troisième alinéa de l'article 32 de la loi du 26 janvier 1984 permet à l'organe délibérant d'une collectivité territoriale, quel que soit le nombre de ses habitants, ou d'un établissement public, d'instituer un comité technique paritaire spécifique lorsque la nature ou l'importance des services le justifient. Je pense que l'on peut trouver dans ces dispositions les outils juridiques permettant de répondre à certaines des préoccupations exprimées par M. Vasselle.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 67.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Bien entendu, je m'en voudrais de contrarier M. le rapporteur, mais j'ai le sentiment que tel n'est pas le cas et qu'ensemble nous nous efforçons d'oeuvrer pour améliorer le fonctionnement de la fonction publique territoriale.
Que l'on ne se méprenne pas sur mes intentions. L'objectif qui soustend ces amendements est toujours le même : donner un maximum d'efficacité à l'action et aux missions des centres de gestion et non pas, loin s'en faut, ajouter des contraintes administratives qui seraient de nature à alourdir le fonctionnement de ces centres.
Nos propositions sont le fruit de l'expérience et du recul que nous avons depuis l'application de la loi de 1984.
Monsieur le ministre, nous avons l'impression que l'interprétation que vous faites aujourd'hui des textes n'est malheureusement pas la même que celle des représentants de l'Etat sur l'ensemble du territoire national. Même si nous avions voulu appliquer les dispositions du troisième alinéa de l'article 32 de la loi de 1984, je ne suis pas persuadé que nous aurions réussi à obtenir le feu vert des représentants de l'Etat sur l'ensemble du territoire. Pour ce faire, il faudrait, monsieur le ministre, qu'à partir de la déclaration que vous venez de faire devant notre assemblée, une circulaire ministérielle soit adressée à l'ensemble des préfets pour les informer de votre position à cet égard : si un centre de gestion, par application du troisième alinéa de l'article 32 de la loi du 26 janvier 1984, demande la création d'un comité technique paritaire spécifique, vous donnez votre accord à cette création.
Au bénéfice de cet engagement et compte tenu de la demande de M. Hoeffel, je suis prêt à retirer cet amendement.
Monsieur le rapporteur, poursuivre la réflexion, c'est bien, mais je ne veux pas que cette réflexion s'évanouisse dans le nature. Je souhaite qu'elle se traduise concrètement par des mesures législatives, dans le cadre du texte qui sortira de la discussion entre l'Assemblée nationale et le Sénat.
Mais, connaissant votre rigueur intellectuelle, je suis persuadé que vos engagements ne resteront pas lettre morte.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je suis tout à fait d'accord avec l'interprétation de M. Vasselle. En effet, à un moment donné, j'avais l'impression d'un rappel du passé. Mais je suis prêt, dans une vision d'avenir, à partager son sentiment.
M. le président. L'amendement n° 67 est retiré.
Par amendement n° 53, Mme Borvo, M. Bret et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de compléter in fine l'article 13 par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - En outre, la direction générale des collectivités locales du ministère de l'intérieur présentera, durant la période de validité de la présente loi, au Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, des propositions de nouveaux cadres d'emplois ou de nouvelles spécialités aux cadres d'emplois existants et correspondant aux qualifications et métiers émergents ou non reconnus par le statut. »
La parole est à M. Borvo.
Mme Nicole Borvo. Nous savons, les uns les autres, et les élus territoriaux de notre assemblée ne me contrediront pas, que les missions de service public, notamment au sein des collectivités locales, se sont considérablement élargies, voire transformées.
Aussi, le projet de loi que nous examinons et qui prendra le relais, si nous l'adoptons, du dispositif Perben, ne doit pas conduire aux mêmes impasses, à savoir la reconstitution d'un nombre important d'emplois précaires au sein de la fonction publique.
Certes, ce projet de loi, mais, plus largement, l'accord signé en juillet dernier et les groupes de travail tentent de mettre en place des procédures, afin d'éviter que ne se recréent des poches de précarité. Mais, nous le savons, c'est aux causes structurelles de la précarité qu'il convient de s'attaquer.
A cet égard, l'absence de cadres d'emplois est un motif important de précarité, notamment au sein des collectivités territoriales. Chacune des filières administratives de ces collectivités mériterait de faire l'objet d'un examen attentif, afin d'être plus précisément redéfinie, voire élargie.
Est-il justifié de demander à un informaticien de passer un concours d'attaché ne correspondant pas à sa formation ? Peut-on accepter que la filière culturelle reste, encore aujourd'hui, à l'état embryonnaire ? Depuis plusieurs décennies, les collectivités territoriales se sont dotées de services de communication et les personnels exerçant dans ces postes sont privés de cadres d'emploi. La liste de ces métiers est longue.
Les personnes au service de l'Etat ne doivent pas subir les conséquences de la lenteur de l'administration à se réformer et à évoluer pour prendre mieux en compte les métiers nouveaux.
Aussi, au travers de l'amendement que nous vous proposons d'adopter, nous proposons que la direction générale des collectivités locales du ministère de l'intérieur travaille à des propositions de nouveaux cadres d'emplois ou de nouvelles spécialités correspondant aux qualifications et métiers émergeants ou non reconnus par le statut.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Si l'objectif de l'amendement n° 53 est incontestablement louable, les modalités proposées - M. le ministre nous le confirmera - nous paraissent être une injonction au Gouvernement et, de ce fait, difficilement défendables.
Je donnerai donc un avis défavorable sur cet amendement.
Mais je souhaite interroger M. le ministre sur les mesures réglementaires permettant d'adapter les statuts particuliers de la fonction publique territoriale aux nouveaux métiers. En effet, il s'agit incontestablement d'un problème que nous devons, à l'heure actuelle, prendre en compte si nous voulons permettre aux collectivités territoriales de s'adapter à leur temps.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Nous avons déjà eu un débat sur ce sujet lors de l'examen de l'amendement n° 43. Permettez-moi de rappeler la position du Gouvernement à cet égard.
D'abord, s'agissant de la forme, l'amendement n° 53 est effectivement une injonction ; il n'est pas d'ordre législatif.
Mais laissons la forme de côté pour en venir au fond.
Comme je l'ai déjà indiqué, il faut évoluer au moins aussi vite que les besoins des collectivités territoriales. De nouveaux métiers, de nouvelles spécialités, de nouvelles manières d'exercer un métier apparaissent. Il faut pouvoir en tenir compte. Sinon, effectivement, le recours aux contractuels est presque obligatoire pour faire face aux besoins des collectivités territoriales.
Je suis donc très attentif à l'adaptation des cadres d'emplois et à la création, le cas échéant, de nouveaux cadres pour tenir compte de cette évolution des missions de service public et favoriser l'intégration des emplois-jeunes. J'ai déjà déclaré que le ministre de l'intérieur et moi-même travaillions avec nos services, en particulier la direction générale des collectivités locales, pour accélérer les choses. Je vous propose donc, madame Borvo, de retirer cet amendement.
M. le président. Madame Borvo, l'amendement est-il maintenu ?
Mme Nicole Borvo. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 53 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 13, modifié.

(L'article 13 est adopté.)

Article 14



M. le président.
« Art. 14. - L'article 29 de la loi du 9 janvier 1986 susmentionnée est modifié comme suit :
« I. - Le 1° est remplacé par les dispositions suivantes :
« 1° Des concours ouverts aux candidats justifiant de certains diplômes ou ayant accompli certaines études.
« Lorsqu'une condition de diplôme est requise, les candidats disposant d'une expérience professionnelle conduisant à une qualification équivalente à celle sanctionnée par le diplôme requis peuvent, lorsque la nature des fonctions le justifie, être admis à se présenter à ces concours. Un décret en Conseil d'Etat précise la durée de l'expérience professionnelle prise en compte en fonction de la nature et du niveau des diplômes requis. »
« II. - Le même article est complété par les dispositions suivantes :
« 3° En outre, pour l'accès à certains corps et dans les conditions fixées par leur statut particulier, des concours réservés aux candidats justifiant de l'exercice pendant une durée déterminée d'une ou plusieurs activités professionnelles, d'un ou de plusieurs mandats de membre élu d'une collectivité territoriale ou d'une ou de plusieurs activités en qualité de responsable d'une association, peuvent être organisés. La durée de ces activités ou mandats ne peut être prise en compte que si les intéressés n'avaient pas, lorsqu'ils les exerçaient, la qualité de fonctionnaire, de magistrat, de militaire ou d'agent public. Les statuts particuliers fixent la nature et la durée des activités requises, ainsi que la proportion des places offertes à ces concours par rapport au nombre total des places offertes pour l'accès par concours aux corps concernés. »
Par amendement n° 19, M. Hoeffel, au nom de la commission, propose de remplacer les deux premiers alinéas du I de cet article par un alinéa ainsi rédigé :
« I. - Le 1° est complété par les dispositions suivantes. : »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 19, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 106, le Gouvernement propose :
I. - Dans la première phrase du dernier alinéa du I de l'article 14, de supprimer le mot : « professionnelle ».
II. - De procéder à la même suppression dans la seconde phrase du même alinéa.
La parole est à M. le ministre.
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. La suppression du mot « professionnelle » permet d'inclure les candidats disposant d'une expérience à titre bénévole dans le milieu associatif et de les faire participer à un certain nombre de concours.
Cet amendement est la suite de toute une série d'amendements que j'ai proposés.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Par cohérence, la commission est défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 106, repoussé par la commission.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 20, M. Hoeffel, au nom de la commission, propose, dans la première phrase du second alinéa du II de l'article 14, de remplacer les mots : « membre élu », par les mots : « membre d'une assemblée élue ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est un amendement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 20, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 107, le Gouvernement propose, dans la première phrase du second alinéa du II de l'article 14, de remplacer les mots : « responsable d'une association », par les mots : « responsable bénévole d'une association ».
La parole est à M. le ministre.
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Cet amendement concerne également les responsables bénévoles des associations.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Défavorable !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 107, repoussé par la commission.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 14, modifié.

(L'article 14 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 14



M. le président.
Par amendement n° 88, MM. Domeizel, Mahéas et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 24 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les conditions de transmission des données par voie informatique sont définies dans le cadre d'une convention annuelle unique, conclue entre la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales et l'ensemble des centres de gestion fédérés au sein d'un groupement d'intérêt public. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 110, présenté par M. Vasselle et tendant à compléter le texte proposé par l'amendement n° 88 de M. Domeizel par la phrase suivante : « Ce dernier pourra se voir également confier les missions prévues aux articles 14, 23, troisième et quatrième alinéas, et 25, premier et deuxième alinéas, de la présente loi. »
La parole est à M. Domeizel, pour défendre l'amendement n° 88.
M. Claude Domeizel. Dans le cadre de la modernisation de la gestion des carrières, cet amendement traite des relations entre les centres de gestion et la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales, la CNRACL.
L'article 24 de la loi du 26 janvier 1984 prévoit que les centres de gestion apportent leur concours à la CNRACL pour constater les durées de services accomplis par les personnels affiliés.
Depuis dix ans, la CNRACL et les centres de gestion ont passé convention : ces dossiers sont traités à l'échelon des centres de gestion et sont transmis ensuite à la CNRACL. En effet, particulièrement dans les communes adhérentes les plus petites, les dossiers de liquidation sont très rares, un tous les dix ans, voire tous les quinze ans parfois, et qui ont donc l'expérience nécessaire pour régler ce genre de problèmes toujours très complexes.
Dans un premier temps, aux termes de la convention, les dossiers étaient transmis sur support papier ; puis ils l'ont été par Minitel et, aujourd'hui, des expériences sont menées pour les transmettre par internet.
Afin d'harmoniser et de rationaliser le dispositif d'échange d'informations entre la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales et les centres de gestion, il est proposé que l'ensemble des centres de gestion se fédèrent au sein d'un groupement d'intérêt public, un GIP, qui serait chargé de conclure avec la Caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales une convention révisable annuellement et définissant les conditions d'échanges de données.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour présenter le sous-amendement n° 110.
M. Alain Vasselle. J'ai bien compris l'objet de l'amendement de notre collègue Claude Domeizel, mais il m'a semblé utile que le dispositif ne soit pas trop limitatif. C'est la raison pour laquelle je propose, à partir du moment où ce GIP serait constitué, de lui donner la possibilité, s'il le souhaite, d'exercer d'autres missions que les centres décideraient de gérer ensemble. Il s'agirait en quelque sorte d'appliquer le principe de subsidiarité, comme le suggère notre collègue Domeizel, mais au lieu que cela soit limité aux seules questions qui concernent la CNRACL, qu'il puisse le faire également dans d'autres domaines, dans la mesure où il en déciderait ainsi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 110 et sur l'amendement n° 88 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Par coordination avec ce que j'ai dit tout à l'heure à propos des GIP, je ne puis, au nom de la commission des lois, que donner un avis défavorable à l'un comme à l'autre.
Je comprends la préoccupation exprimée par notre collègue Claude Domeizel, mais je crois que, en l'occurrence, nous devons nous en tenir à la ligne de conduite fixée tout à l'heure.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Même avis.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 110, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 88, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 84, MM. Domeizel, Mahéas et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article 34 de la loi n° 84-53 est complété in fine par les mots : "après épuisement des garanties de l'article 12, dernier alinéa, de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 et des possibilités offertes à l'article 41 de la présente loi". »
La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Monsieur le président, si vous en êtes d'accord, je souhaiterais présenter en même temps l'ensemble des amendements concernant les fonctionnaires momentanément privés d'emploi visés par les articles 97 et 97 bis de la loi du 26 janvier 1984.
M. le président. J'appelle donc les amendements n°s 85, 86, 87 rectifié et 83, également présentés par MM. Domeizel, Mahéas et les membres du groupe socialiste et apparentés.
L'amendement n° 85 vise à insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le dernier alinéa de l'article 41 de la loi du 26 janvier 1984 précitée est complété par les mots : "ou d'un fonctionnaire pris en charge dans les conditions fixées à l'article 97". »
L'amendement n° 86 tend à insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le second alinéa de l'article 56 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984, après les mots : "mandat syndical", sont insérés les mots : "ainsi que le fonctionnaire pris en charge dans les conditions fixées à l'article 97".
« II. - Dans le même alinéa, les mots : "est réputé" sont remplacés par les mots : "sont réputés". »
L'amendement n° 87 rectifié a pour objet d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans la première phrase du second alinéa du I de l'article 97 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée, après les mots : "pouvoir de domination", sont insérés les mots : "l'intéressé est soumis à tous les droits et obligations attachés à sa qualité de fonctionnaire".
« II. - Dans la deuxième phrase du second alinéa du I de l'article 97 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée, après les mots : "confier des missions", sont insérés les mots : " ; en application des dispositions de l'article 61". »
Enfin, l'amendement n° 83 vise à insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le premier alinéa de l'article 99 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984, est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« A titre dérogatoire, les fonctionnaires pris en charge au titre de l'article 53 peuvent bénéficier des dispositions du présent article lorsqu'ils remplissent l'ensemble des conditions réglementaires requises. »
Veuillez poursuivre, monsieur Domeizel.
M. Claude Domeizel. Ces amendements ont pour objet non seulement d'éviter la reconstitution du stock de fonctionnaires et d'agents en situation précaire et à l'avenir professionnel incertain, mais également et surtout de tenir compte d'un avis du Conseil d'Etat du 11 juillet 2000, qui préconise une intervention du législateur pour faire bénéficier ces personnels de toutes les garanties fondamentales attachées à leur statut. Or, actuellement, la loi ne règle que le problème de la prise en charge de leurs rémunérations.
L'amendement n° 84 vise à préciser qu'il est tenu compte du reclassement des fonctionnaires momentanément privés d'emploi comme de ceux qui sont inscrits sur les listes d'aptitude pour les délibérations concernant le recrutement d'agents non titulaires.
L'amendement n° 85 tend à compléter l'article 41 de la loi de 1984, qui prévoit que, pour le recrutement sur un emploi vacant, l'autorité territoriale peut nommer un candidat par mutation, promotion interne ou avancement de grade, mais que si, au bout de quatre mois, l'opération reste infructueuse, il faut mettre en concurrence tous les candidats. Nous proposons qu'il s'agisse de ceux qui figurent sur une liste d'aptitude mais également des fonctionnaires momentanément privés d'emploi.
L'amendement n° 86 visait simplement - j'emploie l'imparfait, car je le retire - à démontrer le caractère anormal, au regard de l'exercice du mandat syndical, de la situation des personnels visés par l'article 97 par rapport aux autres fonctionnaires.
M. Claude Domeizel. Le paragraphe I de l'amendement n° 87 rectifié vise à clarifier la situation des fonctionnaires en prévoyant expressément que « l'intéressé est soumis à tous les droits et obligations attachés à sa qualité de fonctionnaire ».
Le paragraphe II du même amendement a pour objet d'encadrer le régime des missions, aujourd'hui, temporaires, qui peuvent être confiées aux fonctionnaires privés d'emploi. Il me paraît utile de préciser que ces missions doivent être confiées en application des dispositions de l'article 61, et ce afin de faciliter le reclassement des fonctionnaires momentanément privés d'emploi.
Quant à l'amendement n° 83, il a pour objet d'ouvrir, ce qui peut être intéressant dans certains cas, le bénéfice du congé spécial aux agents qui n'ont pu le prendre parce qu'ils ont été privés d'emploi avant l'âge de cinquante-cinq ans mais qui pourraient partir en congé spécial après l'âge de cinquante-cinq ans.
M. le président. L'amendement n° 86 est retiré. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 84, 85, 87 rectifié et 83 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission souhaite connaître l'avis du Gouvernement avant de se prononcer.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. S'agissant de l'amendement n° 84, le Gouvernement est sensible aux préoccupations de ses auteurs. Il lui paraît cependant que la technique juridique utilisée est inappropriée, puisque l'article 34 traite de la création des emplois par l'assemblée délibérante, qui doit être distinguée des conditions de nomination d'agents sur ces emplois par l'exécutif, lesquels doivent être, par priorité, des fonctionnaires et peut-être des non-titulaires, dans le cas prévu par l'article 3.
Pour ces raisons de technique juridique, le Gouvernement souhaite le retrait de cet amendement.
Par ailleurs, le Gouvernement est favorable aux amendements n°s 85 et 87 rectifié.
S'agissant de l'amendement n° 83, le Gouvernement ne souhaite pas qu'il soit adopté en l'état. Le problème est réel, mais la réponse proposée n'est pas tout à fait appropriée et la réflexion doit se poursuivre.
Si cet amendement n° 83 pouvait également être retiré, cela faciliterait nos débats.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. En ce qui concerne l'amendement n° 84, la commission émet un avis défavorable en raison, en particulier, des arguments qui ont été avancés tout à l'heure par M. le ministre.
Pour les amendements n°s 85 et 87 rectifié, la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
Quant à l'amendement n° 83, son auteur a été appelé par M. le ministre à le retirer.
M. le président. Monsieur Domeizel, les amendements n°s 84 et 83 sont-ils maintenus ?
M. Claude Domeizel. J'accepte de les retirer, après les explications qui m'ont été données. La clarification était, en effet, nécessaire.
M. le président. Les amendements n°s 84 et 83 sont retirés.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 85.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. J'ai vraiment le sentiment, à travers ces amendements, que nous faisons du rapiéçage.
Chacun le reconnaît, le dispositif des articles 97 et 97 bis de la loi de 1984 ne fonctionne pas de manière satisfaisante et pose des problèmes face au centre national de la fonction publique territoriale, le CNPTF, et également face aux centres de gestion.
Nous avions, par des dispositions de la loi Hoeffel, fait des avancées qui, sans répondre complètement à l'attente des élus de la totalité des communes affiliées et non affiliées, étaient cependant significatives.
En ce qui concerne ces agents déchargés de fonctions et privés d'emploi, il faut absolument que nous trouvions un dispositif équilibré qui tienne compte à la fois des collectivités responsables de ce type de décision et des agents eux-mêmes.
Notre collègue Claude Domeizel plaide, certes, en faveur d'une amélioration de la situation de ces agents. Mais attention ! En prenant des mesures de cette nature, on conforte l'évolution non seulement de leur carrière, mais également de leur rémunération, alors qu'ils n'exercent pas une activité effective, sauf exceptions. Le caractère dissuasif du dispositif législatif qui a été mis en oeuvre ne jouera plus comme précédemment. Nous allons donc, en fait, aggraver la situation déjà déplorable dans laquelle se trouvent à la fois les agents concernés, les centres de gestion et le centre national de la fonction publique territoriale.
Je n'ai pas le sentiment que nous rendions service aux agents et aux centres de gestion en prenant des mesures de cette nature. Il eût été plus judicieux, au contraire, que M. Domeizel retire ses amendements, comme j'ai retiré les miens auparavant à la demande de M. le rapporteur, et que nous profitions de la discussion qui va s'engager entre le Gouvernement, l'Assemblée nationale et le Sénat, pour élaborer un dispositif un peu plus équilibré qui prenne en compte tous les aspects du problème, du point de vue tant des collectivités que des agents.
C'est la raison pour laquelle je ne voterai aucun de ces différents amendements.
Nous n'avancerons sur ce dossier qu'à partir du moment où toutes les parties concernées accepteront de s'asseoir autour d'une table, pour examiner les conséquences de l'application de ces articles et les difficultés vécues par ces déchargés de fonctions et ces agents privés d'emploi.
Il eût été préférable que M. le ministre décide de créer un groupe de travail - on l'a fait dans bien d'autres domaines - réunissant les représentants des agents, les représentants du CNFPT, les représentants des centres de gestion et les parlementaires, afin d'essayer de travailler sur ce dossier d'une manière saisfaisante. Mais, aujourd'hui, j'ai vraiment le sentiment, mes chers collègues, que nous faisons du rapiéçage et que nous ne réglons pas le problème au fond.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 85, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 87 rectifié, accepté par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 29, M. Hyest propose d'insérer, après l'article 14, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 41 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale est complété par les dispositions suivantes :
« Doivent être transmises pour publicité au Journal officiel de la République française les décisions de nomination dans les grades des cadres d'emplois suivants :
« administrateur territorial,
« conservateur territorial du patrimoine,
« conservateur territorial de bibliothèques,
« directeur d'établissement d'enseignement artistique,
« médecin territorial,
« biologiste, vétérinaire, pharmacien territorial,
« ainsi que les nominations en qualité d'ingénieur en chef de 1re catégorie de 2e classe, de 1re classe et hors classe. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 108, déposé par M. Vasselle, et tendant à compléter le texte présenté par l'amendement n° 29 de M. Hyest par un alinéa ainsi rédigé :
« Les centres de gestion sont chargés de la transmission de ces décisions qui leur sont communiquées, en application des articles 14 et 23 de la présente loi, par les autorités ayant prononcé les nominations. »
L'amendement n° 29 est-il soutenu ?...

TITRE III

DISPOSITIONS RELATIVES
AU TEMPS DE TRAVAIL

Article 15



M. le président.
« Art. 15. - Il est inséré, après l'article 7 de la loi du 26 janvier 1984 susmentionnée, un article 7-1 ainsi rédigé :
« Art. 7-1 . - Les règles relatives à la définition, à la durée et à l'aménagement du temps de travail s'appliquent aux agents des collectivités territoriales et des établissements publics mentionnés au premier alinéa de l'article 2 dans les mêmes conditions qu'aux agents de l'Etat, sauf dérogations ou adaptations justifiées par les particularités des missions exercées au sein de ces collectivités ou établissements.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'application du présent article. »
Par amendement n° 21, M. Hoeffel, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le texte présenté par l'article 15 pour l'article 7-1 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée :
« Art. 7-1. - Les règles relatives à la définition, à la durée et à l'aménagement du temps de travail des agents des collectivités territoriales et des établissements publics mentionnés au premier alinéa de l'article 2 sont fixées par l'assemblée délibérante de la collectivité ou l'organe délibérant de l'établissement, par référence aux conditions applicables aux agents de l'Etat, en tenant compte de la spécificité des missions exercées par ces collectivités ou établissements. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Nous abordons le problème de l'aménagement et de la réduction du temps de travail dans la fonction publique territoriale.
Le projet de loi prévoit de renvoyer purement et simplement à un décret la fixation de l'aménagement et de la réduction du temps de travail dans la fonction publique territoriale. Il n'est pas acceptable de limiter la libre administration des collectivités par une application trop restrictive du principe de parité entre les fonctions publiques. Confier au seul pouvoir réglementaire une modalité essentielle de l'organisation des services territoriaux revient à nier la différence de situation entre l'Etat employeur unique et les 60 000 employeurs locaux très diversifiés.
Tout en acceptant l'objectif de l'aménagement du temps de travail et sa réduction lorsque celle-ci n'est pas encore effective, la commission des lois propose d'affirmer la compétence des collectivités territoriales dans ce domaine. Le principe de parité sera respecté, mais dans des termes plus souples que ce que prévoit le projet de loi. Les conditions applicables aux agents de l'Etat serviront de référence aux collectivités locales, mais celles-ci pourront faire valoir la spécificité de leurs missions.
Par ailleurs, la commission des lois souhaite interroger le Gouvernement sur le coût budgétaire du passage aux 35 heures dans les collectivités locales. Elle estime que seule la libre fixation du temps de travail des agents par les assemblées délibérantes des collectivités garantira que le coût financier du passage aux 35 heures sera proportionné aux ressources des collectivités et à leurs besoins en termes de service public.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Le Gouvernement est sensible à l'argumentation de la commission et de son rapporteur, car, au fond, elle correspond à sa pensée.
Il n'est pas question, comme pour l'Etat, d'imposer à l'ensemble des collectivités territoriales une seule manière de faire pour aménager et réduire le temps de travail dans leurs services. D'ailleurs, les collectivités territoriales, qui, depuis bien longtemps, ont montré l'exemple dans ce domaine, y compris à l'Etat, savent, et parfois de manière ingénieuse, mettre en place des aménagements qui concilient avantage social pour le personnel, amélioration du service rendu aux usagers et maîtrise des coûts budgétaires de telles mesures.
Selon votre commission, il ne faut pas donner l'impression de faire des références trop contraignantes au processus dans l'Etat, en considérant que c'est ce processus-là qui doit s'appliquer dans les collectivités territoriales. Je partage cette préoccupation. Je suis donc favorable à la nouvelle rédaction du premier paragraphe de l'article, qui prévoit que les règles sont fixées par références aux conditions applicables aux agents de l'Etat, et non pas, comme je le proposais, dans les mêmes conditions qu'aux agents de l'Etat. Cet assouplissement du texte va dans le sens de la volonté du Gouvernement. Si cette volonté rejoint celle du Sénat, je ne peux que m'en réjouir.
Cependant, monsieur le rapporteur, je m'interroge sur deux points.
D'abord, vous nous dites que les règles sont fixées par l'assemblée délibérante de la collectivité - je pense qu'il doit s'agir, en l'occurrence, du conseil municipal dans le cas d'une commune, l'assemblée délibérante de la collectivité pouvant être aussi la commission permanente dans un conseil général ou dans un conseil régional, - ou par l'organe délibérant de l'établissement. Je crains - mais peut-être allez-vous me rassurer sur ce point - que votre rédaction n'aboutisse à faire examiner par le conseil municipal, le conseil général ou le conseil régional des dispositifs assez précis qui, habituellement, relèvent de l'autorité du maire, du président du conseil général ou du président du conseil régional, en qualité de chef de l'administration, celle-ci organisant les services sous son autorité. Je ne voudrais pas que cette rédaction, qui ne figurait pas dans le texte du Gouvernement, apparaisse, en fait plus contraignante pour les collectivités territoriales, en particulier pour celles et ceux qui les dirigent.
Ensuite, il me semble malgré tout nécessaire qu'un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'application du présent article. Il ne s'agit pas de prévoir des conditions très restrictives. Je considère que le dispositif législatif ne se suffira pas à lui-même.
C'est la raison pour laquelle j'émets un avis favorable sur cet amendement, tout en interrogeant M. le rapporteur sur les conséquences des termes « assemblée délibérante ou organe délibérant » et en lui suggérant de rectifier l'amendement en ajoutant un paragraphe ainsi rédigé : « Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'application du présent article. »
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Monsieur le ministre, je constate votre volonté de vous rapprocher de la position de notre commission, puisque vous acceptez que les règles soient fixées par la collectivité ou par l'établissement.
Je rectifie notre amendement en supprimant les mots « l'assemblée délibérante de » et « l'organe délibérant de ». Ainsi, il prévoira que les règles sont fixées par la collectivité ou par l'établissement.
Cela étant dit, il reste tout de même un point fondamental : votre suggestion de rectification, aux termes de laquelle un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'application du présent article.
Il s'agit d'une question de principe importante.
Tout en reconnaissant l'effort que vous avez fait de votre côté, je ne puis accepter votre suggestion sur ce point, car le décret en Conseil d'Etat est une question de principe qui continue de nous opposer à ce stade des débats.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 21 rectifié, proposé par M. Hoeffel, au nom de la commission, et tendant à rédiger comme suit le texte présenté par l'article 15 pour l'article 7-1 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée :
« Art. 7-1. - Les règles relatives à la définition, à la durée et à l'aménagement du temps de travail des agents des collectivités territoriales et des établissements publics mentionnés au premier alinéa de l'article 2 sont fixées par la collectivité ou l'établissement, par référence aux conditions applicables aux agents de l'Etat, en tenant compte de la spécificité des missions exercées par ces collectivités ou établissements. »
Je vais mettre aux voix cet amendement.
M. Claude Domeizel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Nous sommes favorables à l'amendement tel qu'il vient d'être modifié par M. le rapporteur. Cependant, nous ne pourrons pas le voter, car, selon nous, il faut maintenir un décret pour préciser les conditions d'application du dispositif. En effet, il est indispensable d'assurer la parité entre les fonctions publiques et, surtout, il faudra trouver une harmonie entre les pratiques des différentes collectivités, ne serait-ce que pour des questions de mobilité.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 21 rectifié.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 15, ainsi modifié.

(L'article 15 est adopté.)

Division et articles additionnels après l'article 15



M. le président.
Par amendement n° 30, M. Hyest propose d'insérer, après l'article 15, une division additionnelle ainsi rédigée :
« Titre...
« Dispositions diverses. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je le reprends au nom de la commission, monsieur le président.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 30 rectifié.
Vous avez la parole pour le défendre, monsieur le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. En fait, monsieur le président, j'en demande la réserve jusqu'après l'examen des amendements tendant à insérer des articles additionnels après l'article 15, puisqu'il vise à insérer une nouvelle division.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de réserve ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Favorable.
M. le président. La réserve est ordonnée.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 27 rectifié, MM. Hérisson, Delevoye, About, Balarello, Bonnet, Bordas, Jean Boyer, Carle, Cléach, Clouet, de Cossé-Brissac, Delaneau, Ambroise Dupont, Falco, Gaudin, Grillot, Mme Heinis, MM. du Luart, Mathieu, Pépin, de Raincourt, Revet, Revol, de Rocca Serra, Bourdin, Pourny et Pelchat proposent d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé.
« Après les mots : "d'une collectivité", la fin du second alinéa de l'article L. 52-1 du code électoral est ainsi rédigée : "intéressée par le scrutin ne peut être organisée ni financée par celle-ci sur son territoire". »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 41 rectifié, présenté par MM. Schosteck, Goulet, Darcos, Dubrul, Joyandet et Murat et tendant à compléter in fine le texte proposé par l'amendement n° 27 rectifié par les mots : « à l'exception de celles organisées et financées par des candidats eux-mêmes ou par leur mandataire financier ».
Par amendement n° 89, MM. Charasse, Mahéas, Domeizel et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 52-1 du code électoral est complété par trois alinéas ainsi rédigés :
« Les dispositions de l'alinéa précédent ne s'appliquent pas aux campagnes de promotion publicitaire des réalisations ou de la gestion d'une collectivité effectuées par les élus de cette collectivité à la condition :
« - que cette campagne soit exclusivement financée par des participations individuelles des élus sortants et, le cas échéant, de leurs sympatisants ;
« - que les dépenses de cette campagne publicitaire s'imputent sur le compte de campagne du candidat ou de la liste, lorsqu'il en existe un. »
La parole est à Mme Heinis, pour défendre l'amendement n° 27 rectifié.
Mme Anne Heinis. La loi du 15 janvier 1990, relative à la limitation des dépenses électorales et à la clarification du financement des activités politiques et celle du 19 janvier 1995 relative au financement de la vie politique encadrent de manière très stricte la communication des collectivités tout comme celle des candidats aux élections locales, et ce quelle que soit l'importance démographique de la collectivité.
En effet, à compter du 1er mars 2000, les candidats ne peuvent valablement percevoir ni don, ni avantage direct ou indirect en provenance d'une personne morale - collectivité, entreprise, association - dans le cadre de leur campagne électorale. A compter du 1er septembre 2000, la loi prohibe, en outre, l'organisation de toute « campagne de promotion publicitaire des réalisations ou de la gestion d'une collectivité » sur le territoire des collectivités intéressées par le scrutin.
Des décisions récentes sur lesquelles l'Association des maires de France s'est penchée montrent que le juge interprète très largement la notion de « campagne de promotion publicitaire » puisqu'il considère que l'interdiction d'organiser une telle campagne s'applique non seulement lorsque le support de communication est financé par la collectivité ou par toute autre personne morale, mais également dans l'hypothèse où le support de communication incriminé est financé par des sympathisants ou par les candidats eux-mêmes.
Force est de reconnaître que cette interprétation restrictive constitue une atteinte à la liberté d'un débat électoral démocratique et à la transparence vis-à-vis des électeurs, et qu'elle institue, en outre, une inégalité de traitement injustifiée entre les candidats.
Il est par conséquent proposé de délimiter clairement le champ d'application de l'article L. 51-2 du code électoral, conformément à l'esprit du législateur de 1990, en précisant que l'interdiction prévue au deuxième alinéa de l'article susmentionné ne vise que les opérations de communication menées dans les six mois avant les élections par les collectivités, et non la communication effectuée par les candidats dans le cadre de leurs dépenses de campagne. Serait seulement autorisée la mise en valeur des réalisations ou de la gestion municipale des candidats financée par les candidats eux-mêmes, leurs sympathisants, à l'exclusion de toute personne morale autre que celles qui sont visées à l'article L. 52-8 du code électoral.
Cet amendement est important, car il vise à corriger une inégalité de traitement dans la mesure en permettant aux maires sortants de défendre leur action. Autant il est normal que la collectivité ne finance pas cette part de la campagne, autant il paraît tout à fait inconcevable que le maire sortant et ses sympathisants ne puissent pas faire état du bilan du travail réalisé.
M. Daniel Goulet. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Schosteck, pour présenter le sous-amendement n° 41 rectifié.
M. Jean-Pierre Schosteck. S'inscrivant dans le droit-fil des propos tenus à l'instant par Mme Heinis, le sous-amendement n° 41 rectifié a pour effet de préciser de façon plus stricte, pour éviter tout malentendu, la volonté du législateur, à l'encontre de laquelle une jurisprudence quelque peu aventureuse, ne suivant d'ailleurs pas les conclusions du commissaire du Gouvernement, est allée.
M. le président. La parole est à M. Domeizel, pour défendre l'amendement n° 89.
M. Claude Domeizel. Mon amendement s'inscrit également dans le droit-fil des propos qui viennent d'être tenus.
En effet, alors que le législateur avait demandé que les campagnes publicitaires payées par les collectivités soient impossibles dans un délai de six mois, la jurisprudence du Conseil d'Etat a abouti à mettre les candidats sortants dans l'impossibilité de présenter leur bilan et, pis, de répondre à des arguments de l'opposition qui démoliraient tout leur mandat. Cette interprétation est anormale.
Notre amendement n° 89 vise au même objet que l'amendement n° 27 rectifié, mais nous avons la faiblesse de penser qu'il est beaucoup plus clair ! (Sourires.) En effet, l'article 52-1 du code électoral, tel qu'il est rédigé, traite de la situation générale, et notre amendement tend à prévoir l'exception dans trois alinéas supplémentaires. La lecture en serait donc très simple pour ceux qui auront à appliquer la disposition, alors que la rédaction de l'article L. 52-1 telle qu'elle résulterait de l'adoption de l'amendement n° 27 rectifié et du sous-amendement n° 41 rectifié exigerait au moins dix minutes de réflexion et d'analyse grammaticale pour arriver à tout comprendre !
Mais notre seul objectif est de parvenir à un accord. Nous n'avons pas d'amour-propre d'auteur et notre seul souci est de mettre au point une bonne rédaction.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 27 rectifié, sur le sous-amendement n° 41 rectifié et sur l'amendement n° 89 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission considère que les amendements n°s 27 rectifié et 89 et le sous-amendement n° 41 rectifié répondent incontestablement à un problème qui se pose avec une certaine acuité.
M. Daniel Goulet. Absolument !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Si le Sénat veut être réaliste, il doit prendre en compte les nécessités d'une préparation équilibrée des élections municipales.
L'amendement n° 27 rectifié, défendu par Mme Heinis, vise à préciser la législation relative à la communication des élus sortants candidats dans la période précédant les élections, lesquels ne doivent pas se trouver en position d'infériorité par rapport à tout autre candidat : il tend à préciser la rédaction de l'article L. 52-1 du code électoral, lequel prohibe actuellement l'organisation de toute « campagne de promotion publicitaire des réalisations ou de la gestion d'une collectivité » sur le territoire de la collectivité intéressée par le scrutin dans la période de six mois précédant celui-ci.
Où commence la campagne de promotion, où s'arrête la campagne de publicité ? Où peut commencer la présentation en toute objectivité du bilan du travail réalisé ?
On nous dit, d'un côté, que nous devons entreprendre de plus en plus d'efforts pour informer nos concitoyens des réalisations des collectivités mais, de l'autre, c'est au moment le plus important, celui de la présentation du travail réalisé pendant tout un mandat électoral, que la prohibition intervient ! Il y a là pour le moins un manque de cohérence et de logique.
L'amendement n° 27 rectifié vise donc à prévoir que la communication effectuée par les candidats dans le cadre de leurs dépenses de campagne ni organisée ni financée par la collectivité locale n'est pas visée par cette interdiction.
La commission des lois émet un avis favorable sur l'amendement n° 27 rectifié sous réserve que le sous-amendement n° 41 rectifié présenté par notre collègue Jean-Pierre Schosteck soit rectifié afin que, après le point final de l'amendement n° 27 rectifié, commence une nouvelle phrase qui prendrait la substance du sous-amendement et qui serait ainsi rédigée : « Les candidats ou leur mandataire financier peuvent organiser et financer de telles campagnes. »
Je tiens d'ailleurs à remercier notre collègue M. Domeizel pour ses suggestions extrêmement utiles à notre travail, qui doit être, sur ce plan, collectif. Et je crois que la rectification du sous-amendement permettrait de prendre en compte ses justes préoccupations. C'est ainsi que la volonté convergente qui s'exprime à travers les amendements n°s 27 rectifié et 89 et le sous-amendement n° 41 rectifié bis pourrait et devrait donner lieu à une expression unanime du Sénat car, en l'occurrence, l'enjeu en vaut la peine ! (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 27 rectifié et 89, et sur le sous-amendement n° 41 rectifié ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Je formulerai trois commentaires et une conclusion très brève.
Tout d'abord, comme le disent très justement les auteurs des amendements et du sous-amendement, ainsi que M. le rapporteur, il y a là un problème réel qui a été principalement posé par une interprétation souveraine mais jurisprudentielle très stricte des dispositions de la loi, interprétation qui peut effectivement poser ensuite des difficultés dans la vie concrète.
Mais je ne voudrais pas que ce texte, qui a un objet très précis, devienne le support d'une très grande variété d'amendements et de dispositions dans les domaines très divers - on en connaît la richesse ! - qui concernent la vie des collectivités locales, et je voudrais donc en appeler à votre sagesse pour limiter le plus possible les dispositions nouvelles diverses qui chargeraient ce texte, avec le risque d'en ralentir au bout du comtpe l'adoption, alors que, je vous le rappelle, ce projet de loi doit absolument avoir été adopté avant la fin de l'année pour qu'il n'y ait pas de coupure entre l'application des dispositions du plan Perben et l'application des dispositions de ce que je me permettrai d'appeler le « plan Sapin » - je vous prie d'excuser mon manque de modestie ! -, ce qui serait très préjudiciable à la fois aux autorités élues qui souhaiteraient mettre en oeuvre un certain nombre de titularisations et, bien entendu, aux personnels.
Enfin - et ce sera là le commentaire d'un maire sortant - le fait de préciser un certain nombre de règles du jeu et donc d'apporter des modifications à l'ordre juridique existant alors que nous sommes déjà, si je puis dire, sur le terrain,...
M. Alain Vasselle. En campagne !
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. ... me gêne quelque peu.
En conclusion, je m'en remets à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Monsieur Schosteck, que pensez-vous de la suggestion de M. le rapporteur ? M. Jean-Pierre Schosteck. J'y suis favorable, et je rectifie donc mon sous-amendement en ce sens.
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 41 rectifié bis, présenté par MM. Schosteck, Goulet, Darcos, Dubrule, Joyandet et Murat, et tendant à compléter in fine le texte proposé par l'amendement n° 27 rectifié par une phrase ainsi rédigée : les candidats ou leur mandataire financier peuvent organiser et financer de telles campagnes. »
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 41 rectifié bis.
M. Daniel Goulet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Goulet.
M. Daniel Goulet. Je voudrais rejoindre les propos pleins de sagesse de M. le rapporteur et surtout manifester mon soutien aux maires sortants, car il faut bien insister sur le fait qu'il s'agit de maires sortants. Ceux-ci ont été bien souvent victimes de déconvenues au cours de leur mandat, et il faut que nous levions absolument l'équivoque. Nous serions bien inspirés, par-delà les clivages politiques de cette assemblée, de nous rallier aux propositions de M. le rapporteur. Je voterai bien entendu le sous-amendement ainsi rectifié.
M. Jean-Pierre Schosteck. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Schosteck.
M. Jean-Pierre Schosteck. Je voudrais répondre à la préoccupation qu'a très justement exprimée M. le ministre : il s'agit non pas de changer la règle à l'approche d'une élection, mais justement de faire en sorte qu'elle ne soit pas changée à l'approche d'une élection, ce qui est tout à fait différent !
M. Claude Domeizel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Nous allons faire preuve de sagesse, puisqu'on nous le demande, même si la rédaction qui résultera de l'adoption de l'amendement n° 27 rectifié du sous-amendement n° 41 rectifié bis sera d'une lecture difficile. Vous relirez la phrase, mes chers collègues, et vous constaterez qu'elle n'est pas facile à comprendre ! Mais, à la suite des précisions apportées par M. le rapporteur, nous voterons le sous-amendement et l'amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 41 rectifié bis, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 27 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15, et l'amendement n° 89 n'a plus d'objet.
Je crois que c'est une évolution importante pour la démocratie qui vient de s'opérer en douceur au Sénat.
Par amendement n° 31, M. Hyest propose d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le quatrième alinéa de l'article 12 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, les mots : "et des présidents de conseil régional", sont remplacés par les mots : ", des présidents de conseil régional et des présidents d'établissements publics de coopération intercommunale".
« II. - Après le deuxième alinéa (1°) de l'article 15 de la loi n° 84-594 du 12 juillet 1984 relative à la formation des agents de la fonction publique territoriale et complétant la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« 1° bis. Deux représentants des établissements publics de coopération intercommunale situés dans le ressort territorial de la délégation ».
« III. - Dans le cinquième aliéna (4°) de l'article 15 de la loi du 12 juillet 1984 précitée, après la référence : "1°,", est inséré la référence : "1° bis, ".
« IV. - Le septième alinéa de l'article 15 de la loi du 12 juillet 1984 précitée est ainsi rédigé :
« Les membres du conseil d'orientation prévus aux 1°, 1° bis, 2°, 3° ci-dessus sont respectivement des maires, des présidents d'établissements publics de coopération intercommunale, des présidents de conseil général, et des présidents de conseil régional ou leurs représentants choisis par eux au sein des assemblées délibérantes des collectivités locales concernées ou des organes délibérants des établissements concernés. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 32, M. Hyest propose d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'avant-dernier alinéa de l'article 12 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« Dans ces cas les décisions sont prises à la majorité absolue des suffrages exprimés, le conseil d'administration ne délibérant valablement que lorsque la majorité des représentants des collectivités territoriales est présente. Si ce quorum n'est pas atteint le conseil est à nouveau convoqué à trois jours au moins d'intervalle, il délibère alors valablement sans condition de quorum. »
Cet amendement est-il soutenu ?... Par amendement n° 33, M. Hyest propose d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le deuxième alinéa de l'article 12-3 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale est ainsi rédigé :
« Le président du Centre national de la fonction publique territoriale peut, sous sa surveillance et sa responsabilité, donner par arrêté, délégation de signature au directeur, ainsi qu'aux responsables des services du Centre national de la fonction publique territoriale et aux délégués régionaux ou interdépartementaux mentionnés à l'article 14 de la loi n° 84-594 du 12 juillet 1984 précitée et, en l'absence ou en cas d'empêchement de ces derniers, aux directeurs de délégation. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 34, M. Hyest propose d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 12-4 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour application des dispositions du code des marchés publics, le montant annuel des travaux, fournitures ou services pouvant faire l'objet d'une commande du délégué régional ou interdépartemental s'apprécie au niveau de chaque délégation régionale ou interdépartementale. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 109, présenté par M. Vasselle, et tendant à compléter le texte proposé par l'amendement n° 34 de M. Hyest par deux phrases ainsi rédigées :
« Pour cela, le délégué régional a la qualité d'ordonnateur secondaire. Il est créé un comptable secondaire à cet effet. »
L'amendement n° 34 est-il soutenu ?...
Par amendement n° 35, M. Hyest propose d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le quatrième alinéa de l'article 53 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, les mots : « de plus de 5 000 habitants » sont remplacés par les mots : « de plus de 3 500 habitants ».
Cet amendement est-il soutenu ?...
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je le reprends au nom de la commission.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 35 rectifié.
La parole est à M. le rapporteur, pour le défendre.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je tiens au préalable à remercier notre collègue M. Domeizel pour la compréhension constructive dont il a fait preuve tout à l'heure à propos de l'amendement et du sous-amendement que nous avons adoptés,...
M. Claude Domeizel. C'était trop important !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. ... et qui contribue ainsi à l'expression unanime du Sénat sur un sujet auquel toutes nos collectivités, nous le savons, sont très sensibles.
J'en viens à l'amendement n° 35 rectifié, initialement présenté par M. Hyest.
Cet amendement tend à abaisser le seuil de fonctionnalité des emplois de directeur général des services et de directeurs généraux adjoints des services des communes de 3 500 à 5 000 habitants.
Cette réforme, qui a reçu l'avis favorable du CSFPT, fait l'objet de l'article 27 du projet de loi de modernisation sociale.
C'est pourquoi la commission des lois a repris cet amendement, et elle remercie M. Hyest d'en avoir pris l'initiative.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Comme vient de le souligner M. le rapporteur, il s'agit d'une disposition que le Gouvernement a intégrée dans le projet de loi sur la modernisation sociale.
Mais je comprends tout à fait que le Sénat souhaite anticiper sur l'adoption à venir de cette disposition et je donne un avis favorable à cet amendement, tout en mettant en garde la Haute Assemblée : ne chargeons pas trop ce navire frêle qui doit arriver au port avant Noël !
M. le président. Je vous remercie, monsieur le ministre. Le message est entendu !
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 35 rectifié.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je comprends l'objectif recherché.
J'ai bien noté que le conseil supérieur de la fonction publique territoriale a, semble-t-il, donné un avis favorable à cette disposition. Néanmoins, je crains fort qu'après les échéances municipales du mois de mars prochain la barque des centres de gestion ne s'alourdisse sensiblement. En effet, si la faculté est donnée aux maires de pouvoir se séparer, pour des raisons qui ne vous échapperont pas, de certains secrétaires généraux dans les communes de plus de 3 500 habitants et non plus dans les communes de plus de 5 000 habitants - et Dieu sait s'il y a beaucoup plus de communes de plus de 3 500 habitants que de communes de plus de 5 000 habitants en France ! - c'est aux présidents de centres de gestion que nous sommes ou au CNFPT qu'incombera la charge du reclassement de ces agents, en fonction du cadre d'emploi qu'ils occupent.
Je prends donc acte de cette volonté commune de commission des lois et du Gouvernement, mais je tiens à profiter de l'occasion pour mettre en garde les uns et les autres sur les conséquences qui risquent de résulter de ce dispositif.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 35 rectifié, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15.
Par amendement n° 38, M. Francis Giraud et les membres du groupe du Rassemblement pour la République et apparentés proposent d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - L'article L. 461 du code des pensions militaires d'invalidité et des victimes de la guerre est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« 3° Dont le père, la mère ou le soutien de famille, sapeur-pompier, est mort en service commandé ou de blessures ou de maladies contractées ou aggravées en service commandé.
« B. - La perte de recettes est compensée à due concurrence par le relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Goulet.
M. Daniel Goulet. Cet amendement, ainsi que les amendements n°s 39 et 40, reprend les termes de la proposition de loi n° 466 portant diverses mesures relatives à la nature des risques pris par les sapeurs-pompiers dans l'exercice de leurs fonctions, proposition déposée sur l'initiative de M. Francis Giraud et des membres du groupe du RPR en juillet dernier et que j'ai eu l'honneur de cosigner.
Cet amendement a pour objet de donner aux orphelins des sapeurs-pompiers décédés en service commandé le statut de pupille de la nation : 500 enfants sont concernés par cette mesure.
S'il est vrai que le statut de pupille de la nation n'est, jusqu'à présent, réservé qu'aux enfants de militaires morts en temps de guerre ou des suites de blessures ou de maladies contractées en temps de guerre, une réflexion doit s'engager sur l'opportunité d'étendre ce statut de pupille de la nation à l'ensemble des enfants de parents décédés au service de la nation, y compris hors du théâtre d'opérations militaires, et au premier chef aux enfants des sapeurs-pompiers.
Les orphelins de sapeurs-pompiers doivent pouvoir bénéficier de cette qualité, puisque, tout comme les militaires, leurs parents, soldats du feu, ont servi la France au péril de leur vie.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission souhaite connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Nous serons sans aucun doute unanimes à estimer qu'il est nécessaire de reconnaître le dévouement des sapeurs-pompiers, en particulier lorsqu'ils poussent ce dévouement jusqu'au bout - jusqu'à des blessures graves, voire, parfois, jusqu'à la mort - ce qui entraîne, pour la famille et pour l'ensemble des collègues de l'intéressé, des conséquences dramatiques.
Ce n'est donc pas sur l'objectif général que le Gouvernement pourrait avoir à marquer une différence par rapport à vous, mais sur les moyens d'y parvenir. En effet, sans revenir en détail sur chacun de ces amendements, le Gouvernement considère que ces moyens ne sont pas adaptés à l'objectif - qui nous est commun - de rendre hommage de manière très concrète aux disparitions dramatiques de sapeurs-pompiers qui se sont consacrés à leur tâche.
Le Gouvernement est donc défavorable à ces amendements.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. S'agissant de l'amendement n° 38, qui tend à étendre le statut de pupille de la nation aux orphelins de sapeurs-pompiers morts en service commandé, le nombre réduit de personnes concernées et le drame humain qui conduit à de telles situations de détresse amènent la commission des lois à être favorable à la mesure proposée.
Par ailleurs, j'indique d'ores et déjà que la commission s'en remettra à la sagesse du Sénat sur les amendements n°s 39 et 40.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 38.
Mme Nicole Borvo. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. J'ai bien conscience que cet amendement n'a pas pleinement sa place dans le dispositif dont nous débattons aujourd'hui. Mais j'aurais souhaité, monsieur le ministre, que vous vous engagiez sur le fond. Il nous appartient, en effet, de répondre à la demande des sapeurs-pompiers.
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Compte tenu de la position de la commission et du souhait de Mme Borvo, je tiens à apporter quelques précisions sur cet amendement n° 38.
Il est opportun de rappeler que la qualité de pupille de la nation n'est pas attribuée de plein droit. L'octroi de ce statut demeure lié à la décision du juge des tutelles, qui examine, dans le cadre du respect de la loi, la situation individuelle du mineur considéré.
Ce statut de pupille a marqué la volonté de l'Etat et de la nation d'adoucir les conséquences des guerres - si cela est possible.
Ainsi, il convient de relever qu'aux termes des dispositions en vigueur et dans les conditions que je viens de rappeler un sapeur-pompier qui serait agressé dans l'exercice de ses fonctions serait éligible à ce dispositif.
L'Etat ne pouvait cependant rester sourd à la détresse des familles de sapeurs-pompiers. Ainsi, à la suite des tragiques disparitions de sapeurs-pompiers au début de l'été - et c'est à cette occasion que la proposition de loi de M. Francis Giraud, a été rédigée - la question de la reconnaissance du statut de pupille de la nation aux orphelins de sapeurs-pompiers, mesure à laquelle le ministre de l'intérieur était favorable, s'est très légitimement posée.
Cette demande - je voudrais vous y rendre attentifs - a été examinée par la direction de la défense et de la sécurité civile, en concertation avec le président de l'oeuvre des pupilles, association reconnue d'utilité publique qui assure la protection matérielle et morale des orphelins mineurs des sapeurs-pompiers professionnels et volontaires décédés des suites d'un accident survenu ou d'une maladie contractée en service, et avec le président de la fédération nationale des sapeurs-pompiers de France.
Il a été conclu d'un commun accord, à la suite de cette discussion, que le statut de pupilles de la nation n'apporterait rien par rapport au travail remarquable effectué par l'oeuvre des pupilles.
C'est pourquoi il nous semble que cette disposition n'ajouterait pas, matériellement, d'éléments à la réalité de la situation, c'est-à-dire au dévouement de ceux qui animent aujourd'hui l'oeuvre des pupilles.
M. Claude Domeizel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Nous allons voter cet amendement, parce qu'il nous paraît tout à fait légitime que les orphelins des sapeurs-pompiers, comme ceux des militaires, soient reconnus comme tels. En effet, leurs parents, soldats du feu, ont servi la France au péril de leur vie.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 38, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15.
Par amendement n° 39, M. Francis Giraud et les membres du groupe du Rassemblement pour la République et apparentés proposent d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Les services effectifs accomplis en qualité de fonctionnaire territorial exerçant une activité de sapeur-pompier volontaire à temps complet par les agents intégrés dans les cadres d'emplois des sapeurs-pompiers professionnels sont validés à la demande des intéressés, au jour de leur intégration, en tant que services effectifs accomplis en qualité de sapeur-pompier professionnel pour la détermination de leur pension de retraite.
« B. - La perte de recettes est compensée à due concurrence par le relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
M. Goulet a déjà exposé cet amendement, et la commission ainsi que le Gouvernement se sont exprimés.
Je vais mettre aux voix cet amendement.
M. Claude Domeizel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Il s'agit d'un amendement important, qui concerne un millier de personnes.
La mesure proposée a fait l'objet d'un décret, paru en 1988. Mais il faut savoir que cela va avoir un coût ! Or le gage prévu vise une perte de recettes, mais il s'agit surtout d'une dépense supplémentaire, puisque 1 000 agents vont pouvoir partir à la retraite à cinquante-cinq ans dès lors qu'ils auront accompli quinze années de service en catégorie B.
Qui va payer ? Les caisses de retraite, c'est-à-dire les collectivités territoriales. Je tenais à mettre en garde nos collègues sur cet aspect de la question !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 39, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. Claude Domeizel. Le groupe socialiste s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15.
Par amendement n° 40, M. Francis Giraud et les membres du groupe du Rassemblement pour la République et apparentés proposent d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Le total des rentes de réversion et pensions d'orphelin attribuées aux ayants cause des sapeurs-pompiers décédés en service commandé, cités ou non à titre posthume à l'ordre de la Nation, est porté au montant maximum de la rente d'invalidité à compter du 1er janvier 2000.
« B. - La perte de recettes est compensée à due concurrence par le relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
M. Goulet a déjà défendu cet amendement, et la commission ainsi que le Gouvernement se sont exprimés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 40, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 58 rectifié est présenté par M. Garrec et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
L'amendement n° 70 est présenté par M. Michel Mercier.
Tous deux tendent à insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 7, il est inséré dans la loi n° 84-53 du 16 janvier 1984 précitée un article ainsi rédigé :
« Art. ... - Constitue l'action sociale, culturelle, sportive ou de loisirs, au sens du dernier alinéa de l'article 9 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, la mise en oeuvre d'aides, notamment à la restauration, de prestations et d'activités non obligatoires, individuelles ou collectives, au bénéfice des agents, en vue d'améliorer leurs conditions collectives d'emploi, de travail et de vie. Ces prestations sont distinctes de la rémunération visée à l'article 20 de la loi du 13 juillet 1986 et attribuées indépendamment du grade, de l'emploi ou manière de servir.
« Les collectivités territoriales déterminent, dans les conditions définies à l'article 9 précité, les prestations accordées à leurs agents, le montant des financements accordés et les modes de gestion de celles-ci. Elles peuvent, par voie de convention, confier la gestion de tout ou partie de celles-ci à des associations nationales ou locales régies par la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association. »
Par amendement n° 90, MM. Domeizel, Mahéas et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le second alinéa de l'article 9 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires est complété par trois phrases ainsi rédigées :
« Les prestations d'action sociale sont individuelles ou collectives et ont un caractère facultatif. Elles sont disctinctes de la rémunération, prévue à l'article 20 de la présente loi, et sont attribuées indépendamment du grade, de l'emploi ou de la manière de servir. L'Etat, les collectivités territoriales et leurs établissements publics peuvent confier la gestion de cette action à des organismes à but non lucratif et peuvent participer aux organes d'administration et de surveillance de ces organismes. »
La parole est à Mme Heinis, pour défendre l'amendement n° 58 rectifié.
Mme Anne Heinis. Il s'agit d'assurer une plus grande sécurité juridique aux initiatives prises par les élus en faveur de leur personnel, en particulier en matière de restauration. Ce problème, vous le savez, est important pour un certain nombre de collectivités, et je serais heureuse si vous pouviez, monsieur le ministre, nous donner quelques précisions à ce sujet.
Le protocole d'accord signé par le ministre de la fonction publique et les formations syndicales en février 1998 prévoyait qu'un effort de clarification serait réalisé concernant l'action sociale dans les collectivités car, si les politiques en la matière sont souvent dynamiques et variées, les bases juridiques qui fondent les actions menées sont floues et souffrent d'une absence de base légale claire. Dans ces conditions, il arrive souvent que les chambres régionales des comptes mettent en cause certaines d'entre elles.
Quelques mois plus tard, le rapport de Mme Anne-Marie Escoffier, remis en juin 1998, prônait, lui aussi, une nécessaire clarification des règles juridiques servant de base à l'octroi de divers avantages sociaux au profit du personnel des collectivités.
Or, plus de deux ans après, le dossier n'a malheureusement pas évolué.
Nous pensons que la question de l'insécurité juridique qui entoure l'action des élus territoriaux doit être résolue. C'est pourquoi nous avons déposé le présent amendement, dont le principal objectif est de donner une définition de l'action sociale dans les collectivités locales, permettant ainsi de tracer une ligne de partage suffisamment claire entre ce qui est possible et ce qui ne l'est pas.
M. le président. L'amendement n° 70 est-il soutenu ?...
La parole est à M. Domeizel, pour défendre l'amendement n° 90.
M. Claude Domeizel. Le statut général des fonctionnaires, en son article 9, prévoit la participation des fonctionnaires à la définition et à la gestion de l'action sociale culturelle, sportive et de loisirs dont ils bénéficient ou qu'ils organisent.
Cette situation entraîne des difficultés. En effet, l'absence de définition de la nature juridique des prestations conduit parfois à assimiler celles-ci à un supplément de rémunération.
Il convient également de donner une base légale à la gestion de l'action sociale en consacrant le principe d'une gestion partenariale et la possibilité pour l'Etat ou la collectivité employeur de confier cette gestion à un organisme à but non lucratif.
Tel est l'objet de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 58 rectifié et 90 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission souhaite connaître l'avis du Gouvernement, mais a priori elle est encline à émettre un avis défavorable sur les deux amendements, qui visent à définir l'action sociale des collectivités.
Le rapport de Mme Escoffier ouvre un certain nombre de pistes concernant l'action sociale des collectivités territoriales au profit de leurs agents.
Il serait urgent, monsieur le ministre, que ces pistes puissent progressivement être empruntées afin que, très vite, après une réflexion d'ensemble sur le problème, on puisse arriver à le régler de manière globale et non pas parcellaire.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 58 rectifié et 90 ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Le Gouvernement est très sensible aux préoccupations que traduisent les trois amendements.
Si je puis me permettre d'en faire une analyse succincte, la différence principale entre les deux premiers, à savoir l'amendement n° 58 rectifié et l'amendement n° 70, et le troisième, c'est-à-dire l'amendement n° 90, c'est que les deux premiers ne concernent que les collectivités territoriales, alors que le troisième concerne l'ensemble de l'action sociale, qu'elle soit mise en oeuvre au sein de la fonction publique territoriale ou au sein de la fonction publique de l'Etat.
Il me semble important, si nous devons avancer aujourd'hui dans ce domaine, de le faire de manière générale, pour l'ensemble de la fonction publique concernée, plutôt que pour la seule fonction publique territoriale, à laquelle je comprends que les sénateurs s'intéressent plus particulièrement.
C'est la seule raison pour laquelle le Gouvernement préfère l'amendement n° 90, tout en comprenant les préoccupations exprimées par MM. Mercier et Garrec.
L'action sociale au profit des fonctionnaires s'est très largement développée ces dernières années. Elle est désormais indissociable, où qu'elle s'exprime, de la bonne gestion des ressources humaines et elle permet aussi des avancées considérables du dialogue social.
Pour la seule fonction publique de l'Etat, le coût de cette action sociale atteint 3,5 milliards de francs, dont 900 millions de francs au sein de mon propre budget.
L'action sociale permet d'améliorer les conditions de vie et de travail des agents dans des domaines très variés : elle couvre ainsi la garde d'enfants, les aides ménagères apportées aux retraités, les chèques-vacances, les aides à la restauration, domaine auquel vous avez fait allusion, madame Heinis.
Aujourd'hui, il me paraît nécessaire, compte tenu d'un certain nombre de difficultés, de donner une base juridique plus claire à l'action sociale dans la fonction publique. Le Gouvernement s'y était engagé dans un protocole d'accord signé en février 1998, et un rapport a été déposé sur ce sujet qui nous permet d'y voir aujourd'hui un peu plus clair.
Ces clarifications nécessaires, auxquelles visent les trois amendements - mais, je le répète, les uns uniquement pour la fonction publique territoriale et l'autre pour l'ensemble de la fonction publique - doivent d'abord permettre de faire en sorte que les prestations soient bien considérées comme distinctes de la rémunération - la question se pose, en particulier, pour les chèques-restaurant.
Il faut aussi faire en sorte que la gestion de l'action puisse être confiée à des organismes sans but lucratif. C'est également ce que prévoit le texte.
Enfin, il faut faire en sorte que l'administration employeur puisse participer aux organes d'administration et de surveillance de ces organismes sans pour autant, s'agissant des collectivités territoriales, être considérée comme étant en situation de gestion de fait.
Ces mesures doivent permettre, me semble-t-il, de mettre fin aux difficultés d'interprétation sur la nature des prestations et permettre un bon fonctionnement de la gestion participative, qui associe l'administration employeur, quelle que soit cette administration, et les agents.
Telle est la raison pour laquelle, monsieur le rapporteur - puisque vous voulez connaître mon opinion - le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 90, qui satisfait les deux autres amendements dans la mesure où son objet est plus large.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 58 rectifié.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je voterai cet amendement défendu par Mme Heinis.
J'ai bien entendu la remarque, tout à fait pertinente, développée par M. le ministre, mais mieux vaut tenir que courir. Nous ne pouvons pas savoir en effet quel sort sera réservé à l'amendement n° 90, qui ne sera qu'éventuellement mis aux voix ensuite.
Permettez-moi cependant, monsieur le ministre, de faire une remarque.
Je viens de vous entendre dire qu'il serait difficilement acceptable que, dans le domaine de l'action sociale, des mesures soient prises en faveur des agents des collectivités territoriales sans l'être également en faveur des agents de l'Etat. Permettez-moi de vous renvoyer la balle au bond.
Voilà maintenant plusieurs années que l'Association des maires de France demande qu'enfin la transparence la plus complète soit faite sur le régime indemnitaire. En effet, l'Etat s'oppose systématiquement aux mesures que prennent les collectivités territoriales en faveur de leurs agents à ce titre, sous prétexte qu'elles doivent « coller » à celles que l'Etat accorde à ses propres agents. Or, nous ne savons pas ce qui est accordé aux agents de l'Etat, et je renvoie, à cet égard, à un rapport de la Cour des comptes de M. Joxe en ce qui concerne un certain nombre de fonctionnaires du ministère des finances.
Alors, on nous dit qu'on y travaille. Votre prédécesseur nous a dit qu'il avait créé un groupe de travail sur le sujet. Mais rien n'en sort.
Autrement dit, quand nous proposons de prendre une mesure spécifique en faveur des agents territoriaux, vous nous dites, en votre qualité de membre du Gouvernement, que ce qui est fait pour eux doit l'être également pour les agents de l'Etat, et quand nous demandons qu'en matière de régime indemnitaire les fonctionnaires territoriaux aient droit au même traitement que les fonctionnaires de l'Etat, c'est le flou le plus complet, voire l'absence de réponse, vous nous dites qu'un groupe de travail planche sur la question. Le groupe de travail travaille depuis des semaines, des mois, des années, et cela ne débouche sur rien.
Je tenais à profiter de l'occasion pour relever cette incohérence. J'espère que bientôt, puisque vous avez pris vos fonctions assez récemment, vous vous attaquerez à ce problème et que le souci que vous manifestez à l'égard de l'action sociale, vous le manifesterez également à l'égard du régime indemnitaire.
M. Daniel Goulet. Très bien !
M. Jean-Pierre Schosteck. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Schosteck.
M. Jean-Pierre Schosteck. Pour appuyer l'argumentation très judicieuse développée par mon ami Alain Vasselle, j'ajouterai que, à mon avis, on ne trouvera pas un seul maire en France qui puisse, parlant de sa commune, dire ce qu'un ministre, dans un aveu sans doute bien inspiré, avait dit de son propre ministère, à savoir qu'il ne connaissait pas la totalité des indemnités qui y étaient versées.
Cela étant, en effet, nous ne réclamons pas, au nom de la parité de traitement, la même opacité que celle qui sert les agents de l'Etat.
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Il vaudrait mieux, dans ce débat, éviter toute confusion : nous ne traitons pas des indemnités.
M. Alain Vasselle. J'entends bien ! J'ai simplement profité de l'occasion pour en parler !
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Si vous voulez débattre des indemnités, je suis prêt à le faire avec vous. Je parlerai, entre autres, du travail qui est actuellement accompli. Jour après jour, je signe des arrêtés ou des décrets qui rendent définitivement transparents, les régimes indemnitaires, de l'Etat, monsieur Vasselle. Il vous faudrait trois nuits entières pour en achever la lecture. Aussi, ne me dites pas que rien n'est fait, que l'on se contente de créer des commissions, de mettre en place des groupes de travail !
Tout ce travail facilitera, effectivement, en contrepartie, la comparaison pour les collectivités territoriales.
Aujourd'hui, nous parlons des régimes d'action sociale, et les problèmes juridiques sont de même nature pour les collectivités territoriales que pour l'Etat ; il n'y a pas un endroit où ce serait clair et un autre où ce ne le serait pas ; ce n'est clair nulle part !
Des propositions sont donc faites par les uns et les autres pour clarifier ce régime juridique, s'appuyant à la fois sur des discussions entre l'Etat et les organisations syndicales, et sur les rapports successifs sur ce sujet.
Il y a des données pour proposer une solution. Vous le faites. Ce que je ne voudrais pas, monsieur le président, c'est qu'au nom d'un souci d'auteur et compte tenu de l'ordre dans lequel seront mis aux voix les amendements, on adopte un système clair et nécessaire pour la fonction publique territoriale, en privant de ce système clair et tout aussi nécessaire la fonction publique de l'Etat.
Car je n'ai pas le sentiment, monsieur Vasselle - je suis sûr que vous ne l'avez pas non plus -, que vous seriez ici les représentants d'un seul intérêt général, celui des collectivités territoriales. Vous êtes, avec moi, les représentants de l'intérêt général de la nation.
Il serait mauvais, à mon sens, de faire ainsi des catégories, avec des bons fonctionnaires d'un côté, pour lesquels il faudrait clarifier les choses, et des moins bons de l'autre, pour lesquels il ne faudrait pas les clarifier.
Je ne sais - je connais moins bien le règlement du Sénat que celui de l'Assemblée nationale - si je peux demander un vote par priorité. Aussi, je veux rendre le Sénat attentif au fait que, s'il adopte les amendements n°s 58 rectifié et 70, qui sont des bons amendements, l'amendement n° 90 n'aura plus d'objet et, de ce seul fait, une partie de la fonction publique française se verra privée de la clarification qu'on souhaite par ailleurs pour la fonction publique territoriale.
Mme Anne Heinis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme Heinis.
Mme Anne Heinis. J'ai écouté très attentivement l'excellent plaidoyer de M. le ministre.
Il était normal, me semble-t-il, que les sénateurs s'intéressent prioritairement à ceux qui dépendent d'eux, ce qui n'excluait pas, dans leur esprit, que la norme soit étendue aux fonctionnaires de l'Etat, même si, pour eux, c'était plutôt là le problème de l'Etat.
Aussi, afin de n'exclure personne, ce qui semble être un souhait général, je rectifie l'amendement n° 58 rectifié, en ajoutant, au début du deuxième alinéa du texte proposé, les mots : « L'Etat et », avant les mots : « les collectivités territoriales... ».
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 58 rectifié bis, présenté par M. Garrec et les membres du groupe des Républicains et Indépendants, et tendant à insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article 7, il est inséré dans la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée un article ainsi rédigé :
« Art. ... - Constitue l'action sociale, culturelle, sportive ou de loisirs, au sens du dernier alinéa de l'article 9 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires, la mise en oeuvre d'aides, notamment à la restauration, de prestations et d'activités non obligatoires individuelles ou collectives, au bénéfice des agents, en vue d'améliorer leurs conditions collectives d'emploi, de travail et de vie. Ces prestations sont distinctes de la rémunération visée à l'article 20 de la loi du 13 juillet 1986 et attribuées indépendamment du grade, de l'emploi ou manière de servir.
« L'Etat et les collectivités territoriales déterminent, dans les conditions définies à l'article 9 précité, les prestations accordées à leurs agents, le montant des financements accordés et les modes de gestion de celles-ci. Ils peuvent, par voie de convention, confier la gestion de tout ou partie de celles-ci à des associations nationales ou locales régies par la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association. »
Quel est l'avis de la commission sur cet amendement n° 58 rectifié bis ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Nous avons, d'une part, le statut général de l'ensemble des trois fonctions publiques et, d'autre part, trois statuts particuliers. Pour que l'amendement n° 58 rectifié bis soit cohérent avec l'amendement n° 90 et la position exprimée par M. le ministre, il conviendrait de faire référence au statut général du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires.
M. Michel Sapin ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. L'observation de M. le rapporteur est fort pertinente : l'amendement n° 90 de M. Domeizel porte sur l'article 9 de la loi du 13 juillet 1983, c'est-à-dire le texte qui concerne l'ensemble de la fonction publique. L'amendement n° 58 rectifié bis , et c'est conforme à sa logique, concerne uniquement la fonction publique territoriale. Mon avis serait favorable si était irsée l'ensemble des fonctions publiques.
M. le président. Madame Heinis, acceptez-vous de modifier votre amendement en reprenant comme « chapeau » celui de l'amendement n° 90 ?
Mme Anne Heinis. Oui, monsieur le président.
Tout à l'heure déjà, nous avons pu aboutir à des textes consensuels. La sagesse du Sénat doit primer afin que nous adoptions des textes dont la rédaction soit la meilleure possible.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 58 rectifié ter, présenté par M. Garrec et les membres du groupe des Républicains et Indépendants, et tendant, après l'article 15, à ajouter un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 9 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« Art. ... - Constitue l'action sociale, culturelle, sportive ou de loisirs, au sens de l'alinéa précité, la mise en oeuvre d'aides, notamment à la restauration, de prestations et d'activités non obligatoires, individuelles ou collectives, au bénéfice des agents, en vue d'améliorer leurs conditions collectives d'emploi, de travail et de vie. Ces prestations sont distinctes de la rémunération visée à l'article 20 de la présente loi et attribuées indépendamment du grade, de l'emploi ou manière de servir.
« L'Etat et les collectivités territoriales déterminent, dans les conditions définies au présent article, les prestations accordées à leurs agents, le montant des financements accordés et les modes de gestion de celles-ci. Ils peuvent, par voie de convention, confier la gestion de tout ou partie de celles-ci à des associations nationales ou locales régies par la loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association. »
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 58 rectifié ter .
M. Claude Domeizel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Le groupe socialiste fait preuve à nouveau de sagesse : l'amendement proposé par Mme Heinis et les membres du groupe des Républicains et Indépendants se rapprochant du nôtre, nous le voterons.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 58 rectifié ter .

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15 et l'amendement n° 90 n'a plus d'objet.
Je suis maintenant saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 91, MM. Mahéas, Domeizel, Mauroy et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'ajouter, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le dernier alinéa de l'article 21 de la loi n° 90-1067 du 28 novembre 1990 relative à la fonction publique territoriale et portant modifications de certains articles du code des communes les mots : "ou de secrétaire général d'une commune ou de directeur d'un établissement public de coopération intercommunale mentionnés à l'article 53 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relative à la fonction publique territoriale", sont remplacés par les mots : "ou de directeur général des services d'une commune ou de directeur d'un établissement public de coopération intercommunale mentionnés à l'article 53 de la loi du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, ainsi que le directeur général adjoint des services d'une commune de plus de 80 000 habitants ou de directeur adjoint d'un établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre de plus de 80 000 habitants". »
Par amendement n° 95 rectifié, MM. Valade et Francis Giraud proposent d'ajouter, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le dernier alinéa de l'article 21 de la loi n° 90-1067 du 28 novembre 1990 relative à la fonction publique territoriale et portant modification de certains articles du code des communes est complété in fine par une phrase ainsi rédigée :
« Ces dispositions sont également applicables aux agents occupant un des emplois fonctionnels d'une commune ou d'un établissement public de coopération intercommunale d'une taille au moins égale à 80 000 habitants. »
Par amendement n° 99, M. Hoeffel, au nom de la commission, propose d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après les mots : "l'un des emplois fonctionnels", la fin de la première phrase du dernier alinéa de l'article 21 de la loi n° 90-1067 du 28 novembre 1990 relative à la fonction publique territoriale et portant modification de certains articles du code des communes est ainsi rédigée : "suivants : directeur général, directeur général adjoint, directeur général des services techniques des départements et des régions, directeur général des communes de plus de 5 000 habitants et des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre de plus de 5 000 habitants, directeur général adjoint et directeur général des services techniques des communes de plus de 80 000 habitants et des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre de plus de 80 000 habitants". »
La parole est à M. Domeizel, pour présenter l'amendement n° 91.
M. Claude Domeizel. Cet amendement vise à préciser la liste des emplois fonctionnels bénéfiant des avantages en nature prévus par l'article 79 de la loi du 12 juillet 1999, relative à la simplification et au renforcement de la coopération intercommunale, en étendant le bénéfice des avantages en nature aux directeurs généraux adjoints et en harmonisant le régime des seuils démographiques entre les collectivités et les établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre.
M. le président. L'amendement n° 95 rectifié est-il soutenu ?...
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 99.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement poursuit le même objectif que l'amendement n° 91, mais nous estimons, sans amour-propre d'auteur, qu'il a peut-être été rédigé de manière un peu plus perfectionniste... comme il se doit pour la commission des lois.
L'important est de prendre en compte - et tel est l'objectif des auteurs des amendements n°s 91, 95 rectifié et 99 - le phénomène de l'intercommunalité en précisant la liste des emplois fonctionnels. Il n'est pas possible aujourd'hui de ne pas tenir compte de l'important mouvement de généralisation de l'intercommunalité sans donner à ceux qui, dans ces structures, occupent des postes de responsabilité la place qui leur revient.
Voilà pourquoi l'amendement n° 99 précise la liste des emplois fonctionnels bénéficiant d'avantages en nature, tout en simplifiant le régime des seuils démographiques, dans un souci de réalisme. Nous ne pouvons que vous inciter, mes chers collègues, à le voter.
Monsieur Domeizel, si je demande le vote en priorité de l'amendement n° 99, c'est parce que nous estimons que sa rédaction est meilleure, tout en intégrant les préoccupations que vous avez exprimées.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 91 et 99 ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur la demande de priorité formulée par la commission ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Favorable.
M. le président. La priorité est ordonnée.
Je vais donc mettre aux voix l'amendement n° 99.
M. Claude Domeizel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. L'amendement de la commission est plus large que le nôtre ; c'est un avantage mais ce peut être aussi un inconvénient.
En effet, il inclut dans les emplois fonctionnels les emplois de directeurs généraux des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre à partir de 5 000 habitants, ainsi que ceux des départements et régions, au lieu de retenir le seuil de 20 000 habitants fixé par la législation en vigueur.
Les postes de directeurs généraux des établissements publics de coopération intercommunale ne sont des emplois fonctionnels qu'à partir de 20 000 habitants. Quant aux postes de directeurs généraux des services techniques, ils ne sont pas des emplois fonctionnels dans les régions et départements.
Notre amendement ne tend à ajouter à la législation en vigueur que les directeurs généraux adjoints des communes et des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre de plus de 80 000 habitants.
En conséquence, le groupe socialiste s'abstiendra sur l'amendement n° 99.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Ce qui m'ennuie dans la rédaction de ces amendements, c'est l'introduction de seuils. Pourquoi fixer un seuil à 5 000 habitants, et non pas à 3 500 habitants, ou à 2 000 habitants et, pourquoi pas ? à 6 000 ?
Tout à l'heure, nous avons modifié un seuil fixé à 5 000 habitants, sur l'initiative de la commission, pour le ramener à 3 500 habitants. Cela signifie que nous aurions, dans la fonction publique territoriale, des municipalités qui pourraient accorder des avantages en nature à leur directeur général des services dans des communes de 5 000 habitants mais pas dans des communes de 3 500 habitants à moins de 5 000 habitants.
J'aurais plutôt été partisan de supprimer purement et simplement les seuils.
De toute façon, il ne faut pas se faire d'illusion : les communes de 500 habitants, 1 000 habitants ou 2 000 habitants n'ont pas les moyens financiers d'accorder de tels avantages. En revanche, il est des communes de 3 500 habitants qui peuvent le faire. Pourquoi les priver de cette possibilité ?
Nous n'allons pas entamer un travail de commission, mais je me permets d'attirer l'attention de M. le rapporteur afin qu'à l'occasion de la commission mixte paritaire il puisse obtenir quelques avancées supplémentaires.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 99, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15, et l'amendement n° 91 n'a plus d'objet.
Je suis saisi de trois amendements présentés par M. Valade.
L'amendement n° 92 rectifié tend à ajouter, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans la deuxième phrase du troisième alinéa de l'article 5211-9 du code général des collectivités territoriales, le mot : "directeur" est remplacé par les mots : "directeur général" et les mots : "directeur adjoint" sont remplacés par les mots : "directeur général adjoint". »
« II. - Au début du cinquième alinéa de l'article 47 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, le mot : "Directeur" est remplacé par les mots : "Directeur général". »
« III. - Dans le sixième alinéa de l'article 53 de la même loi, le mot : "directeur" est remplacé par les mots : "directeur général" et les mots : "directeur adjoint" sont remplacés par les mots : "directeur général adjoint". »
« IV. - Jusqu'à leur modification, les délibérations et les décisions individuelles mentionnant les appellations telles qu'elles étaient fixées par le code général des collectivités territoriales et par la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 précitée sont réputées conformes aux dispositions modifiées par la présente loi. »
L'amendement n° 93 rectifié vise à ajouter, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le troisième alinéa de l'article 47 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale est complété in fine par les mots : "et des établissements publics de coopération intercommunale dont la liste est fixée par décret ". »
« II. - Le cinquième alinéa de l'article 53 de la même loi est complété in fine par les mots : "et des établissements publics de coopération intercommunale dont la liste est fixée par décret". »
L'amendement n° 94 rectifié a également pour objet d'ajouter, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans la deuxième phrase du troisième alinéa de l'article 5211-9 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "au directeur" sont insérés les mots : ", au directeur général des services techniques des établissements publics de coopération intercommunale dont la liste est fixée par décret". »
Ces amendements sont-ils soutenus ?...
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je les reprends, au nom de la commission.
M. le président. Il s'agit donc des amendement n°s 92 rectifié bis, 93 rectifié bis et 94 rectifié bis.
La parole est à M. le rapporteur pour les défendre.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. En complément de l'amendement n° 99 que nous venons d'adopter, la commission reprend à son compte les amendements présentés par M. Valade qui, pour tenir compte du phénomène de l'intercommunalité, concernent les directeurs généraux des services des EPCI, les emplois fonctionnels des EPCI, ainsi que la délégation de signature aux directeurs généraux des services techniques des EPCI.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat, ayant conscience que deux, au moins, de ces amendements mériteraient quelques améliorations techniques... ce qui est bien normal, puisque, n'ayant pas été élaborés par la commission des lois elle-même, ils n'ont pas pu atteindre la perfection. (Sourires.)
M. le président. La perfection sera peut-être atteinte en commission mixte paritaire !
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 92 rectifié bis, , pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 93 rectifié bis, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 94 rectifié bis pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15.
Nous en revenons à l'amendement n° 30 rectifié, précédemment réservé, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, et visant, après l'article 15, à insérer une division additionnelle aiinsi rédigée :
« Titre...
« Dispositions diverses. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Le titre « Dispositions diverses » a maintenant un contenu incontestablement concret : nous pouvons donc voter cet amendement.
Monsieur le ministre, vous avez souhaité qu'il n'y ait pas trop de « dispositions diverses ». Nous avons le sentiment d'être à mi-chemin entre le souhaitable et ce qui aurait pu être abusif.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Le Gouvernement émet un avis favorable par conséquence, puisque des amendements ont été adoptés.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 30 rectifié, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, une division additionnelle ainsi rédigée est insérée dans le projet de loi, après l'article 15.

Vote sur l'ensemble



M. le président.
Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M. Schosteck pour explication de vote.
M. Jean-Pierre Schosteck. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au nom du groupe du RPR, j'indique que nous voterons naturellement ce texte avec beaucoup de satisfaction.
A l'instar d'autres collègues du Sénat, nous avons été très sensibles au fait que le Gouvernement ait choisi notre assemblée pour examiner en première lecture ce texte qui intéresse évidemment en particulier, mais pas seulement, les collectivités territoriales.
Toutefois, je regrette que l'urgence ait été déclarée. J'en comprends le motif, mais cette procédure est toujours ennuyeuse car, au fil des discussions, des aménagements techniques, par le jeu normal de la navette, pourraient être adoptés de façon sans doute plus pertinente. Mais c'est ainsi et, en l'occurrence, nous le comprenons.
Je voudrais rendre hommage au remarquable travail - je l'ai déjà dit avant-hier, c'est une vérité première - accompli par notre rapporteur, M. Hoeffel, qui, avec sa courtoisie et sa fermeté habituelles, a permis de clarifier une matière qui, parfois, est assez technique.
M'exprimant au nom du groupe du Rassemblement pour la République, je ne saurais oublier le travail remarquable de spécialiste effectué par mon collègue AlainVasselle, à qui je rends hommage.
Le groupe du RPR votera donc ce texte, en souhaitant qu'il soit encore amélioré par la navette, hélas, très courte. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le ministre, je voterai ce texte qui contribuera certainement à mettre un terme à la précarité observée dans la fonction publique. Certes, il devra, nous n'en doutons pas, être renforcé, mais nous attendons beaucoup de la mise en place des différents groupes de travail en charge de moderniser les diverses filières de la fonction publique.
Comme je l'ai dit en défendant des amendements, ce texte est conforme aux engagements de la gauche d'aller plus vite dans ce sens pour éviter de retomber dans les errements du passé.
L'actualité des négociations conduites aujourd'hui entre le Gouvernement et les organisations syndicales pour un rattrapage du pouvoir d'achat nous amène, bien évidemment, à souhaiter qu'un accord intervienne, afin que les agents au service de l'Etat, qui ont dû payer un lourd tribut ces dernières années à la réduction des déficits publics, puissent bénéficier à leur tour d'une partie des fruits de la croissance retrouvée. C'est tout simplement une mesure de justice sociale et la reconnaissance du travail accompli, souvent dans des conditions difficiles, par ceux qui ont en charge le fonctionnement du service public.
J'en profite pour dire que l'efficacité du service public, et donc l'efficacité de l'Etat, sont des éléments incontournables de la réconcialiation entre nos concitoyens et la classe politique.
Pour l'ensemble de ces raisons, assurer une juste rémunération des fonctionnaires et de tous ceux qui participent au service de l'Etat est une nécessité incontournable.
Pour en revenir au texte qui nous est proposé, nous attendons du Gouvernement qu'il aille plus loin dans la modernisation du service public, notamment par un élargissement des cadres d'emplois et par des formes de mutualisation des services, et nous espérons que le recours à des personnels précaires deviendra enfin l'exception dans l'ensemble des services publics.
A ce propos, comme je l'ai dit au début de la discussion, nous regrettons que ce texte visant à la réduction de la précarité n'ait pas pris en compte les agents de La Poste.
Cela dit, nous le voterons, tout en insistant sur la nécessité qu'il y a de poursuivre le dialogue social dans la fonction publique et de fournir au service public - c'est le moment, puisque nous entamons la discussion budgétaire - les moyens nécessaires à l'accomplissement de ses missions, dans l'intérêt des collectivités territoriales et des agents de la fonction publique, mais aussi, plus généralement, dans l'intérêt de nos concitoyens.
M. le président. La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le présent projet de loi était fort attendu pour résorber l'emploi précaire dans la fonction publique et plus particulièrement, permettez-moi de le dire, dans la fonction publique territoriale, l'emploi précaire concernant environ 350 000 personnes. Les maires, les agents concernés et les membres du conseil d'administration de la CNRACL ont manifesté beaucoup d'intérêt à l'égard de ce projet de loi.
Si les amendements adoptés l'ont positivement enrichi, le groupe socialiste regrette que la majorité du Sénat ait adopté un amendement prévoyant une mesure contraire au but recherché : je veux parler du recrutement sans recours aux concours dans les communes de moins de 2 000 habitants. On ne peut pas, comme je l'ai dit, laisser un robinet ouvert pour reconstituer un « stock » de non-titulaires.
M. Alain Vasselle. Vos collègues à l'AMF étaient pour !
M. Claude Domeizel. Monsieur Vasselle, nous ne sommes pas à l'Association des maires de France ! Ici, nous donnons notre point de vue.
M. Alain Vasselle. Le langage est différent selon le lieu !
M. Claude Domeizel. Je me permets également d'insister sur un sujet qui me tient à coeur.

Depuis la promulgation de la loi de 1984, je n'ai eu de cesse de me préoccuper des fonctionnaires momentanément privés d'emploi, non seulement parce qu'ils sont dans une situation très difficile, mais aussi parce que cela coûte cher à la collectivité.
Pour ne citer qu'un exemple, un fonctionnaire momentanément privé d'emploi ne connaît pas son employeur. Il ne peut pas remplir de fiche. Il ne peut pas non plus prétendre aux avantages de sa propre retraite faute de service effectif, notion qui devrait être précisée.
Par conséquent, je souhaite que les amendements qui concernent les fonctionnaires momentanément privés d'emploi et qui ont été rejetés par la majorité soient réexaminés lors de la navette, quitte à ce qu'ils soient modifiés.
Mais nous ne voterons pas pour autant contre le texte tel qu'il a été modifié. Nous nous abstiendrons, tout en précisant que cette abstention se rapproche malgré tout d'un vote positif !
M. le président. La parole est à M. Machet.
M. Jacques Machet. Le groupe de l'Union centriste votera, bien sûr, ce texte et remercie son rapporteur, M. Daniel Hoeffel, qui est un des leurs, et tous ceux et toutes celles qui se sont attachés, au cours de cette matinée, à trouver par trois fois un consensus. Cela va dans le bon sens ! (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. le président. La parole est à Mme Heinis.
Mme Anne Heinis. Au nom du groupe des Républicains et Indépendants, je veux remercier M. Hoeffel du travail tout à fait important, plein de mesure, de sagesse et de prospection qu'il a fait sur ce texte.
Sur ce problème qui nous préoccupe tous, nous avons essayé, ensemble, avec M. le ministre aussi, de progresser dans l'intérêt des personnes concernées, c'est-à-dire les fonctionnaires, en particulier ceux de nos collectivités territoriales, auxquels nous sommes tous très attachés.
Notre groupe votera ce texte qui, nous l'espérons, aura des effets positifs et qui ne manquera pas, au cours de la navette, d'être encore amélioré, ce qui est un objectif constant et toujours souhaitable. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, permettez-moi de faire trois brèves observations en conclusion de notre débat.
D'abord, nous vous remercions du caractère constructif du dialogue qui s'est instauré, au premier chef avec vous, monsieur le ministre, malgré les contraintes, que nous connaissons, qui s'imposent à un membre du Gouvernement, celui-ci devant respecter un certain nombre de principes. Elles n'ont pas été incompatibles avec votre volonté de dialogue avec les membres du Sénat.
M. Jacques Machet. Très bien !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Ensuite, je constate que de nombreuses dispositions essentielles ont été adoptées à l'unanimité. Je voudrais dire à cet égard qu'il n'est jamais facile, pour un rapporteur, de convaincre des membres de l'assemblée, siégeant tantôt ici, tantôt là, de retirer un amendement qui est le fruit d'un travail approfondi ou d'émettre un avis défavorable sur un amendement qu'ils considéraient comme tout à fait raisonnable. C'est pourtant le travail ingrat que doit réaliser celui qui s'exprime au nom d'une commission.
Mes chers collègues, vous avez souvent su faire preuve d'abnégation et de compréhension, et chacun, avec son style et sa personnalité, a apporté un élément constructif à l'élaboration finale de notre position.
Je terminerai par une observation sur l'urgence.
S'agissant de l'urgence déclarée sur ce texte, si nous la regrettons, nous reconnaissons toutefois que l'utilisation de cette procédure a été partiellement compensée par le fait que ce texte a d'abord été déposé sur le bureau du Sénat.
S'agissant de l'urgence dans les faits, beaucoup des dispositions adoptées doivent s'appliquer le plus rapidement possible, vous l'avez rappelé, monsieur le ministre.
Etant donné que nous ne pourrons procéder à un nouvel examen de ce texte, faute d'une seconde lecture, nous veillerons, lors de la commission mixte paritaire, à ce que les points de vue puissent se rapprocher, sans pour autant que soient sacrifiés les principes sur lesquels nous nous sommes appuyés. Mais rien, à ce stade, ne nous incite à croire que l'impossible ne sera pas réalisable. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Je tiens tout d'abord à vous remercier, les uns et les autres, d'avoir accompli un travail très constructif malgré des conditions difficiles dues au fait que nous avons siégé en séance de nuit et que l'examen de la fin de ce texte a été reporté à ce vendredi matin. Je sais que M. Vasselle en a beaucoup souffert ! (« Nous aussi ! » sur de nombreuses travées.)
M. Claude Domeizel. Je devais être à Grenoble ce matin !
M. Michel Sapin, ministre de la fonction publique et de la réforme de l'Etat. Tous en ont souffert, mais certains l'ont fait savoir ! (Sourires.)
Notre débat s'est caractérisé par une convergence de volontés pour rechercher des solutions destinées à résorber aujourd'hui la précarité et à prévenir demain son retour.
Avant de revenir sur nos points de désaccord, je tiens à vous remercier infiniment, monsieur le rapporteur, du caractère très constructif de votre travail, de la volonté que vous avez mise à défendre votre position, de votre sens du dialogue bien connu et de la compréhension, qui tient bien sûr à votre expérience politique grande que vous avez manifestée à l'égard du travail accompli par un membre du Gouvernement.
Je souhaite revenir sur la question de l'urgence, qui, je le sais peut vous choquer, les uns ou les autres, même si j'ai souhaité que ce projet de loi soit examiné en premier par le Sénat.
Voici les données du problème. En juillet, nous avons conclu un accord avec les organisations syndicales. En septembre - car la procédure est lourde - les conseils supérieurs se sont réunis et ont donné un avis favorable. En octobre, le conseil des ministres a adopté le texte. En novembre, le Sénat en discute pour l'adopter.
Il était difficile de faire plus vite, sachant qu'il importe que le dispositif soit en place le 1er janvier prochain afin que l'on puisse passer d'un plan de résorption à l'autre, car, et vous m'en excuserez, je considère celui-ci doté de qualités supplémentaire ; par rapport au précédent mais ce n'est peut-être que vanité d'auteur ! (Sourires.)
Je voudrais maintenant, et je conclurai sur cet aspect, monsieur le président, relever deux points de désaccord.
En premier lieu, mesdames, messieurs les sénateurs, vous avez souhaité restreindre un peu le champ de titularisation possible avec l'amendement visant à porter de deux à quatre mois la présence effective requise pour qu'un collaborateur en place puisse être titularisé.
En second lieu, avec l'amendement portant sur les communes de moins de 2 000 habitants, vous avez élargi à nouveau le champ de la contractualisation et donc de la précarité.
En somme, d'un côté, vous avez fermé le champ de la titularisation et, de l'autre, vous avez un peu ouvert le champ de la contractualisation et de la précarisation.
Sur ces deux points, le Sénat est donc en contradiction avec la position que j'ai exprimée ; je vous le dis très naturellement, cela fait partie du débat.
Bien entendu, devant l'Assemblée nationale, je défendrai la position que je viens de défendre devant vous ; je vous le dis en toute honnêteté.
Au demeurant, nombre d'amendements tendant à clarifier, à améliorer et à compléter le texte ont été adoptés et, de ce travail, je tenais à vous remercier les uns et les autres. (Applaudissements.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
M. Claude Domeizel. Le groupe socialiste s'abstient.

(Le projet de loi est adopté.)

5

NOMINATION DE MEMBRES
D'UNE COMMISSION MIXTE PARITAIRE

M. le président. Il va être procédé à la nomination de sept membres titulaires et de sept membres suppléants de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion de la proposition de loi organique destinée à améliorer l'équité des élections à l'assemblée de la Polynésie française.
La liste des candidats établie par la commission des lois a été affichée conformément à l'article 12 du règlement.
Je n'ai reçu aucune opposition.
En conséquence, cette liste est ratifiée et je proclame représentants du Sénat à cette commission mixte paritaire :
Titulaires : MM. Charles Jolibois, Lucien Lanier, Gaston Flosse, Jean-Jacques Hyest, Georges Othily, Guy Allouche et Robert Bret ;
Suppléants : MM. José Balarello, Marcel Charmant, Patrice Gélard, Paul Girod, Daniel Hoeffel, Jean-Claude Peyronnet et Henri de Richemont.
L'ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons interrompre nos travaux jusqu'à quinze heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures quinze, est reprise à quinze heures cinq.)

M. le président. La séance est reprise.

6

LOI DE FINANCES POUR 2001

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2001 (n° 91, 2000-2001), adopté par l'Assemblée nationale. [Rapport n° 92 (2000-2001)].
La discussion générale a été close hier.
Nous allons passer à la discussion des articles de la première partie.

Motion d'ordre



M. le président.
Mes chers collègues, au moment d'entamer la discussion des articles du projet de loi de finances, je voudrais vous rappeler que nous aurons, mardi 28 novembre, à seize heures, un débat sur les recettes des collectivités locales.
A l'issue de ce débat, organisé sur trois heures, nous procéderons à l'examen des articles 5, 26, 26 bis , 26 ter et 27.
La commission des finances propose que, par cohérence, nous examinions en même temps l'ensemble des articles additionnels se rapportant aux finances locales.
Les amendements concernés sont les suivants :
- n°s I-138 rectifié bis et I-157 tendant à insérer un article additionnel après l'article 5 ou avant l'article 26 bis ;
- n° I-141 rectifié quater tendant à insérer un article additionnel après l'article 12 ;
- n° I-87 tendant à insérer un article additionnel après l'article 15 ;
- n°s I-52 et I-137 rectifié tendant à insérer un article additionnel avant l'article 26 ;
- n°s I-54, I-190, I-186, I-189, I-187, I-188, I-183, I-184 et I-185 tendant à insérer des articles additionnels après l'article 26 ;
- n° I-191 tendant à insérer un article additionnel après l'article 26 bis ;
- n°s I-102 rectifié bis , I-103 rectifié, I-104 rectifié et I-192 rectifié tendant à insérer des articles additionnels après l'article 27.
Il n'y a pas d'opposition ?...
Il en est ainsi décidé.

PREMIÈRE PARTIE

CONDITIONS GÉNÉRALES
DE L'ÉQUILIBRE FINANCIER

TITRE Ier

DISPOSITIONS RELATIVES AUX RESSOURCES
I. - IMPÔTS ET REVENUS AUTORISÉS
A. - Dispositions antérieures

Article 1er



M. le président.
« Art. 1er. - I. - La perception des impôts, produits et revenus affectés à l'Etat, aux collectivités territoriales, aux établissements publics et organismes divers habilités à les percevoir continue d'être effectuée pendant l'année 2001 conformément aux lois et règlements et aux dispositions de la présente loi de finances.
« II. - Sous réserve de dispositions contraires, la loi de finances s'applique :
« 1° A l'impôt sur le revenu dû au titre de 2000 et des années suivantes ;
« 2° A l'impôt dû par les sociétés sur leurs résultats des exercices clos à compter du 31 décembre 2000 ;
« 3° A compter du 1er janvier 2001 pour les autres dispositions fiscales. »
Je vais mettre aux voix l'article 1er.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, monsieur le rapporteur général, mes chers collègues, si l'un de nos concitoyens venait à nous demander le montant total des impôts que nous votons en adoptant cet article 1er, nous serions assez gênés pour lui répondre.
Comme le rappelait hier M. Oudin, l'article XIV de la Déclaration des droits de homme et du citoyen dispose pourtant que tout citoyen doit pouvoir constater les contributions qui sont mises à sa charge.
Je ne parle pas ici des impôts locaux : des assemblées élues les votent. Je ne parle pas non plus des impôts de l'Etat : nous en connaissons le montant à partir de l'état A, que nous examinerons plus tard. Je parle de tous les impôts qui sont affectés à des organismes et établissements divers.
Cette année voit une certaine amélioration se produire puisque nous en avons la liste, avec leur évaluation, dans le fascicule des voies et moyens : cela ne représente pas moins de vingt-cinq pages ! Cependant, aussi étonnant que cela puisse être, le ministère des finances n'a pas cru bon d'en présenter le total. J'ai donc moi-même fait l'addition et ai obtenu les montants suivants : 560 milliards de francs pour les organismes du secteur social et 78 milliards de francs pour les autres, soit un total général de 638 milliards de francs d'impôts que nous allons voter.
Je souhaiterais qu'à l'avenir ce total puisse faire l'objet d'un débat particulier. Cela pourrait être intégré dans la révision de l'ordonnance organique.
M. Jean Arthuis. Excellente idée !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er.

(L'article 1er est adopté.)

B. - Mesures fiscales

Article additionnel avant l'article 2



M. le président.
Par amendement n° I-2, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose d'insérer, avant l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Après l'article 200 quater du code général des impôts, il est inséré un article 200 quinquies ainsi rédigé :
« Art. 200 quinquies. - I. Il est institué un crédit d'impôt destiné à encourager l'activité professionnelle, réservé aux contribuables dans les conditions précisées au présent article.
« Les contribuables qui perçoivent à compter du 1er janvier 2000 un revenu d'activité au sens du code de la sécurité sociale peuvent bénéficier d'un crédit d'impôt.
« Le montant du revenu d'activité déclaré ouvrant droit à ce crédit d'impôt, calculé sur une base annuelle en fonction du nombre d'heures travaillées, ne peut excéder par foyer fiscal la somme de 121 162 F.
« Le montant du crédit d'impôt est, sous réserve du huitième alinéa, calculé en application de la formule suivante, où R représente le revenu d'activité déclaré :
« CI = (121 162 - R)/[12 × (R/67 312)³ ] × (nombre d'heures travaillées/1 600).
« Le nombre d'heures travaillées dans l'année pris en compte pour le calcul du présent crédit d'impôt ne peut être supérieur à 1 600 pour l'ensemble du foyer fiscal.
« Pour le foyer fiscal dont un ou plusieurs membres ont des revenus mentionnés aux articles L. 136-3 et L. 136-4 du code de la sécurité sociale, le nombre d'heures travaillées dans l'année est calculé en multipliant par 133,3 le nombre de mois pendant lesquels l'intéressé a exercé son activité.
« Dans le cas où le revenu d'activité déclaré calculé sur une base annuelle est inférieur à 67 312 F, le crédit d'impôt est égal à 8,3 % du revenu d'activité déclaré.
« Le crédit d'impôt est majoré de 20 % par enfant à charge.
« Le crédit d'impôt total est plafonné au dixième du plafond de revenu pris en compte pour son calcul.
« Le crédit d'impôt est imputé sur l'impôt sur le revenu dû au titre de l'année au cours de laquelle ont été perçus les revenus mentionnés ci-dessus après imputation des réductions mentionnées aux articles 199 quater B à 200, de l'avoir fiscal, des crédits d'impôt et des prélèvements non libératoires. S'il excède l'impôt dû, l'excédent est restitué.
« Les montants mentionnés au présent article sont révisés en fonction de l'évolution du salaire minimum de croissance.
« II. - Pour l'année 2000, le crédit d'impôt est égal au tiers du produit résultant de l'application des dispositions du I. Pour l'année 2001, le crédit d'impôt est égal aux deux tiers du produit résultant de l'application des dispositions du I. »
« B. - Les pertes éventuelles de recettes pour l'Etat résultant de l'application des dispositions du A ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini. rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, ce premier amendement porte sur un sujet tout à fait essentiel.
On l'a dit à de nombreuses reprises, tant au cours de la discussion générale du présent projet de loi de finances que lors du débat sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, il est absolument indispensable d'avoir une vue globale des deux textes.
Dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, le Gouvernement a proposé une ristourne dégressive de contribution sociale généralisée et une exonération de la contribution pour le remboursement de la dette sociale en faveur des salaires inférieurs à 1,4 SMIC. Aussi bien la commission des affaires sociales que la commission des finances sont, pour différentes raisons, très critiques vis-à-vis de ce mécanisme. Nous proposons donc d'y substituer un crédit d'impôt sur le revenu : c'est l'objet du présent amendement.
Le dispositif du Gouvernement est excessivement complexe et il vient introduire encore un peu plus de confusion entre les comptes de l'Etat et ceux de la sécurité sociale.
Tout se passe, mes chers collègues, comme si cette confusion était volontairement entretenue, de telle sorte que l'on n'ait plus de vision globale et claire tant des prélèvements obligatoires que de leur évolution.
Le dispositif du Gouvernement est, par ailleurs, injuste à bien des égards, car il crée, pour des situations identiques en terme de revenu, des disparités incompréhensibles dans le traitement.
J'ajoute que le dispositif gouvernemental de ristourne de CSG et d'exonération de CRDS est dangereux pour l'avenir, défaut qui m'apparaît comme rédhibitoire.
En effet, il rompt le lien entre le paiement d'une contribution proportionnelle aux revenus et le bénéfice de l'assurance maladie pour des millions de salariés. La CSG est, par essence, un prélèvement proportionnel sur toutes les catégories de revenus, destiné à permettre le financement des prestations sociales. Avec la ristourne dégressive telle qu'elle est nous est proposée, nous pouvons nous demander si, demain ou après-demain, selon la même source d'inspiration, on ne nous conduirait pas à une fiscalisation de l'assurance maladie ou à une mise sous condition de ressources des prestations de l'assurance maladie. En d'autres termes, nous nous trouverions ainsi engagés, de manière d'abord discrète, puis évidente, dans la voie d'une étatisation de la sécurité sociale, c'est-à-dire d'un complet changement de nature de notre système de protection sociale.
De plus, madame le secrétaire d'Etat, le Gouvernement s'efforce, par ce mécanisme, de transformer la CSG en une sorte de prélèvement progressif, ce qui est contraire, je le répète, à sa nature même.
Enfin, votre dispositif enfermera ses bénéficiaires dans des « trappes à bas salaires » en créant un obstacle à la progression du pouvoir d'achat des salariés, ce qui favorisera leur maintien à un niveau très proche du SMIC.
Après avoir fait cette analyse, nos commissions, d'un commun accord, proposent de substituer à votre ristourne de CSG et à votre système d'exonération de la CRDS un mécanisme différent qui prend appui sur l'impôt sur le revenu.
Dans le but d'accroître l'écart entre les revenus d'activité et ceux qui sont tirés de l'inactivité, la commission des finances vous propose ainsi de jouer sur un mécanisme de crédit d'impôt dont le champ d'application s'étendrait jusqu'à un revenu équivalent à 1,8 fois le SMIC.
Notre objectif, mes chers collègues, est de lutter contre les « trappes à bas salaires » et d'inciter partout à la reprise de l'activité et à la progression salariale en faveur des personnes qui peuvent en bénéficier et qui le méritent.
Par ailleurs, le crédit d'impôt que nous préconisons serait plus favorable aux familles par le biais d'une majoration par enfant à charge. Il n'encourrait pas les mêmes reproches d'injustice que le dispositif du Gouvernement.
En outre, il appartient à l'impôt sur le revenu - c'est son rôle - d'être un instrument non seulement d'équité fiscale, mais aussi de politique familiale.
Au bout du compte, la mesure que nous préconisons et qui fait l'objet de cet amendement nous apparaît comme ayant beaucoup plus d'avantages que celle du Gouvernement. J'ajoute que le dispositif que nous proposons est susceptible de s'appliquer pour un coût tout à fait similaire à celui qui est envisagé par le Gouvernement.
Telles sont, mes chers collègues, les motivations essentielles de cet amendement, qui est vraiment l'un des apports significatifs que nous pouvons réaliser dans le cadre de cette discussion budgétaire.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget. Monsieur le rapporteur général, l'amendement que vous proposez consiste à substituer au mécanisme de la ristourne de CSG un mécanisme de crédit d'impôt au bénéfice des foyers dont le montant des revenus d'activités ne dépasse pas 1,8 SMIC.
Pour ma part, je suis très heureuse de voir que la commission des finances du Sénat partage l'objectif poursuivi par le Gouvernement d'augmenter le revenu disponible des personnes qui, soit exercent une activité professionnelle faiblement rémunérée, soit reprennent une activité professionnelle.
Cependant, nous ne sommes pas d'accord sur le mécanisme qui est finalement mis en oeuvre, ce désaccord relevant, selon moi, non pas seulement d'un débat d'ordre technique, mais également d'un débat d'ordre politique.
En effet, la CSG est un impôt, mais son produit est affecté au financement de la sécurité sociale. Dès lors, fallait-il privilégier le caractère fiscal de ce prélèvement ou bien son caractère d'affectation à la protection sociale ? Il est vrai que ce sujet fait l'objet d'un débat, et il n'est pas facile à trancher.
Au fond, si le Gouvernement a fait ce choix - et croyez bien qu'il y a mûrement réfléchi, car les avantages et les inconvénients de chacune des solutions se discutent - c'est que, au fond, le mécanisme de la ristourne nous a paru plus adapté à l'objectif poursuivi pour au moins une raison, qui devrait également vous paraître importante : c'était le seul mécanisme qui permettait d'avoir un effet incitatif immédiat - c'est bien ainsi que ce dispositif a été conçu - puisque la traduction de la mesure, si elle est adoptée, sera visible dès la fin du mois de janvier 2001 sur la feuille de paie du salarié.
Or le mécanisme de crédit d'impôt que vous avez imaginé ne permet pas, dans un certain nombre de situations, de restituer au salarié, dans des délais rapides, l'effet d'allégement qui résulte directement de cette mesure. Nous avons même constaté que, dans certains cas, plusieurs mois, voire une année entière, peuvent s'écouler avant que le bénéfice concret de cette disposition puisse être perçu par les bénéficiaires.
Au-delà de ce problème, qui nous a semblé très important, de mise en oeuvre du mécanisme, la philosophie de l'amendement et les curseurs qui ont été retenus par la commission des finances ont pour effet de rendre l'allégement induit beaucoup plus faible, dans la plupart des cas, que celui que le Gouvernement a proposé dans le projet de loi de finances.
De ce point de vue, cet amendement n'encourage pas, contrairement à l'objectif qui est le nôtre, le retour à l'emploi, notamment d'une deuxième personne au sein du foyer. A cet égard, permettez-moi de souligner ce qui est apparu à mes yeux comme une bizarrerie : l'amendement de la commission des finances crée une distorsion entre les couples mariés et les couples non mariés, paradoxalement au profit des seconds. En effet, deux concubins qui auraient un revenu d'activité égal au SMIC bénéficieraient d'un avantage de près de 9 000 francs, alors qu'un couple marié disposant des mêmes revenus serait exclu du dispositif.
Je ne veux pas polémiquer sur ce sujet. Laissez-moi simplement vous dire, encore une fois, que nous cherchons à atteindre les mêmes objectifs : alléger les charges pesant sur les bas salaires, afin de permettre à ceux qui n'ont pas d'emploi d'en retrouver un et à ceux qui en ont un faiblement rémunéré de voir leur pouvoir d'achat augmenter.
Je crois sincèrement que le dispositif proposé par le Gouvernement est plus juste, plus cohérent et aussi plus compréhensible par les bénéficiaires du dispositif, ce qui, en matière fiscale, je pense que vous serez d'accord avec moi, reste tout de même un point d'une grande importance. C'est la raison pour laquelle je demande le retrait de cet amendement. Dans le cas contraire, j'émettrais un avis défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-2.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Ce débat est important. Même si nous sommes d'accord, les uns et les autres, sur l'objectif de réduction de la « trappe d'inactivité » que poursuivent les deux mécanismes en concurrence - la ristourne dégressive sur la CSG ou le crédit d'impôt proposé par la commission des finances - la solution présentée par la commission me paraît préférable à la fois pour des raisons techniques et pour des raisons politiques.
Sur le plan technique, si j'ai bien compris, la ristourne dégressive introduit la progressivité au sein de la CSG. Or tout le monde sait que, lorsqu'un impôt est progressif, pour qu'il puisse être établi valablement, il faut connaître la totalité des revenus, en l'espèce les revenus salariaux, et la situation familiale du foyer fiscal.
On a bien vu, lors de la discussion à l'Assemblée nationale, qu'il existait une difficulté majeure dans le mécanisme de la ristourne dégressive en cas du pluriactivité : il faut pouvoir additionner les revenus partiels d'une personne qui travaillerait, par exemple, à temps partiel à 0,7 SMIC dans une entreprise et à 0,7 SMIC dans une autre. C'est très complexe dans le cadre de la CSG !
De la même façon, si vous vous voulez tenir compte de la situation familiale dans le dispositif, peut-être en débarrassant le texte de la commission de certaines scories, cela n'est réalisable qu'au niveau de la globalisation des revenus du foyer fiscal, donc dans le système de crédit d'impôt sur l'impôt sur le revenu.
Par conséquent, sur le plan technique, le système du crédit d'impôt est préférable.
Sur le plan politique, le rapporteur général a parfaitement expliqué - et je partage tout à fait ce point de vue - que l'impôt proportionnel général était la caractéristique exigible d'un impôt affecté à la sécurité sociale.
Cela étant, j'ai bien entendu les propos tenus par Mme le secrétaire d'Etat et je ne comprends pas que, dans le cadre de cette réforme de l'impôt sur le revenu, qui constitue tout de même l'un des objectifs de cette première partie du projet de loi de finances, les propositions du Conseil des impôts n'aient pas fait l'objet d'une étude. Celui-ci proposait à la fois une CSG non déductible, la suppression de l'abattement de 20 % et, surtout, la retenue à la source. Or la difficulté signalée par Mme le secrétaire d'Etat - le décalage entre la perception du salaire et le crédit d'impôt - tient essentiellement au fait que nous n'avons pas de retenue à la source en matière d'impôt sur le revenu. Dès lors, la solution du crédit d'impôt aurait eu tous les avantages ! Je regrette que ce débat n'ait pas eu lieu. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste.)

M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. A la suite des remarques formulées par Mme le secrétaire d'Etat et afin que le débat soit complet, j'apporterai quelques éléments de réflexion supplémentaires.
S'agissant de l'équité sociale, le dispositif qui porte sur la CSG et sur la CRDS est injuste si l'on compare la situation des différentes catégories de ménages et celle des monoactifs et des pluriactifs.
Prenons l'exemple de deux conjoints payés au SMIC : ils disposent d'un revenu annuel d'activité de 134 626 francs et, avec votre système, ils bénéficent d'un gain de 12 960 francs. Prenons maintenant le cas d'un couple dans lequel une seule personne travaille, celle-ci étant payée à 1,4 SMIC : par définition, le revenu sera moins important, soit 94 238 francs, et l'avantage s'élèvera à zéro franc. Ainsi, dans le premier cas, le gain sera de 12 900 francs pour 134 000 francs de revenus et, dans le second cas, il sera de zéro franc pour 94 000 francs. Où est la justice ?
Je vous citerai un autre exemple : pour un emploi à temps plein payé 1,4 SMIC - c'est la référence que j'évoquais à l'instant - soit 94 000 francs de revenu d'activité, le gain sera de zéro franc ; pour deux emplois à temps partiel payés 0,7 SMIC chacun, ce qui est concevable, par exemple pour un pluriactif - par hypothèse, on retiendra le même revenu de 94 000 francs - le gain annuel s'élèvera à 9 072 francs. Par conséquent, pour des revenus identiques, dans un cas, le gain est de zéro franc et, dans l'autre cas, il est de 9 072 francs.
Le troisième point de mon intervention concerne l'aspect familial du dispositif. Je prendrai l'exemple du célibataire, du couple sans enfant et du couple avec un, deux ou trois enfants.
Votre système, madame la secrétaire d'Etat, prévoit une dégressivité totale. Celui qui gagne le plus, c'est le célibataire : par unité de consommation, donc pour un foyer gagnant un SMIC, il bénéficie d'un gain de 6 480 francs. Pour un couple sans enfant, le gain n'est plus que de 4 380 francs. Lorsque le couple a un enfant, le gain tombe à 3 600 francs, avec deux enfants à 3 085 francs et, avec trois enfants, à 2 700 francs. Madame la secrétaire d'Etat, c'est un système complètement régressif ! C'est exactement le contraire de ce qu'il faudrait faire.
Pour ce qui est du délai de mise en oeuvre du crédit d'impôt, ce point a été abordé avec d'autres le 14 novembre dernier, lors de la discussion du projet de loi de financement de la sécurité sociale : Elisabeth Guigou, en sa nouvelle qualité de ministre de l'emploi et de la solidarité, a soulevé la même objection que vous.
Toutefois, nous avons vu cette question et je me permets de vous faire remarquer que le dispositif que nous préconisons porte sur les revenus de l'année 2000, déclarés en 2001. Par conséquent, dès le premier acompte de l'impôt sur le revenu du 15 février, il sera possible de tenir compte du crédit d'impôt ou, en tout cas, d'une partie de ce crédit d'impôt, selon la déclaration qui sera faite par les contribuables. Il n'est pas vrai que l'on doive attendre quinze mois pour que les intéressés bénéficient concrètement de la mesure.
Mais Mme Guigou, à cette même occasion, a avancé un autre argument, que j'ai trouvé, pour ma part, assez surprenant. Notre système était, selon elle, trop lourd à gérer et il lui semblait préférable, dans le cadre du dispositif gouvernemental CSG-CRDS, que ce soient les employeurs, pour les salariés, et les organismes de recouvrement, URSSAF ou Caisse de mutualité sociale agricole, qui appliquent la mesure.
J'avoue avoir été très surpris de cette présentation des choses : la mesure est techniquement aussi complexe que la nôtre, ni plus ni moins, mais Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité préfère que le coût de la gestion de cette complexité repose sur les entreprises et les partenaires sociaux, alors que, dans notre système, ce sont les services fiscaux qui l'assument.
Il est assez choquant de constater qu'une mesure technique complexe, considérée, par ailleurs, comme de nature à conduire au retour du développement de l'activité est jugée trop complexe pour les services fiscaux, mais pas pour les entreprises et les partenaires sociaux !
D'ailleurs, j'ai noté avec intérêt que Mme le secrétaire d'Etat au budget ne reprenait pas cet argument, invoqué le 14 novembre dernier.
Il convient de faire très rapidement justice de ce dernier argument.
Il y a un point sur lequel nous sommes parfaitement en accord avec vous, madame le secrétaire d'Etat : le débat est ici d'ordre politique, très peu d'ordre technique. La technique, on y arrive par une voie ou par une autre, mais ce que nous traduisons, par notre approche, c'est une vision différente du système fiscal et des prélèvements obligatoires.
Nous tenons beaucoup au retour de l'activité. Avec le président Alain Lambert, voilà quelques mois, nous avons déposé une proposition de loi visant à établir un revenu minimum d'activité, c'est-à-dire à recycler dans le système des entreprises marchandes des revenus qui, aujourd'hui, sont des revenus d'assistance, qu'il s'agisse du revenu minimum d'insertion, le RMI, ou de l'allocation de solidarité, l'ASS, versée par les ASSEDIC spécifique.
Nous avons fait des propositions très précises de ce point de vue. Bien entendu, si je puis évoquer la cohérence de notre raisonnement, celui-ci repose, d'une part, sur l'incitation au retour à l'activité, donc sur l'activation des dépenses d'assistance, pour autant que cela soit possible, afin qu'une partie des bénéficiaires de ce revenu puissent revenir dans le monde de l'entreprise et occuper de vrais emplois et, d'autre part, sur le système de crédit d'impôt qui étend son domaine d'application jusqu'à 1,8 SMIC, nous permettant d'établir une courbe des avantages plus cohérente au regard tant des revenus des intéressés que de leur situation de famille.
Voilà, mes chers collègues, les quelques précisions et arguments que je voulais ajouter à ce stade du débat. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.) Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le rapporteur général, nous sommes assez clairement opposés à l'amendement que vous nous présentez, au nom de la commission des finances, fût-il paré des couleurs de la logique et de l'équité entre ménages imposables.
Vous nous invitez à opter, dès l'imposition des revenus 2000, pour un crédit d'impôt en lieu et place de la ristourne de CSG et de CRDS que proposait de mettre en oeuvre le projet de loi de financement de la sécurité sociale.
J'observe d'ailleurs que l'exercice auquel vous vous livrez présente tout de même un petit défaut, car il n'a plus vraiment lieu d'être à quelque jours de l'adoption définitive dudit projet de loi de financement.
M. Yves Fréville. C'est vrai ! On verra ce que le Conseil constitutionnel dira !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Reconnaissons, néanmoins, son intérêt spéculatif.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances, de contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Nous verrons !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Le crédit d'impôt qu'il nous est proposé de mettre en oeuvre s'attache, en effet, à la situation de l'ensemble des revenus d'activité.
On observera que sa portée est donc plus « universelle » que celle de la ristourne créée par le projet de loi de financement, et qu'il a donc comme spécificité de concerner de la même manière contribuables imposables et contribuables non imposables.
En clair, dans des limites admises, même les cadres salariés des plus grandes entreprises bénéficieront d'un plus ou moins grand crédit d'impôt.
Bien entendu, votre proposition, monsieur le rapporteur général, pouvait présenter une difficulté : celle de ne pouvoir éventuellement être totalement imputable sur la cotisation d'impôt, si l'on restait sur la base d'un crédit non remboursable, comme c'est le cas pour certaines réductions d'impôt.
Il convenait donc de faire en sorte que se crée, dans notre pays, une forme d'impôt négatif, assez directement inspirée d'études fournies, en leur temps, par quelques économistes libéraux qui estiment que ce procédé pourrait constituer une partie de la réforme de notre système de prélèvements.
Cela pose néanmoins une question qui n'est pas secondaire : un crédit d'impôt, notamment quand il est remboursable, n'intervient qu'une fois effectivement constaté l'état de la cotisation effective de chaque contribuable.
Pour être tout à fait claire, je précise que cela revient à placer les contribuables dans une situation variable en fonction de leur cotisation effective au titre de l'impôt sur le revenu.
Si les contribuables sont imposables à la moyenne observable, on peut escompter que ce crédit d'impôts soit imputable sur chacun des acomptes provisionnels, qu'ils soient ou non mensualisés.
Mais, pour les contribuables non imposables, cela ne sera possible effectivement qu'une fois disponible leur avis de non-imposition, c'est-à-dire au milieu de l'été.
La même observation vaut, au demeurant, pour les contribuables acquittant pour la première fois leur cotisation, et je pense ici aux jeunes salariés (Mme le secrétaire d'Etat opine.)
Quant à la récupération du trop-perçu d'impôt, elle peut raisonnablement être escomptée pour l'automne 2001.
Madame le secrétaire d'Etat, si le dispositif prévu par le projet de loi de financement n'avait pas que des qualités, il avait au moins l'avantage d'être perceptible dès le 1er janvier 2001, pour l'ensemble des salariés concernés.
Je ne suis pas certaine que le dispositif qui consiste à rendre des smicards ou des pères de famille nombreuse mal payés créditeurs gratuits du Trésor public soit nécessairement le plus indiqué et le plus populaire pour garder toutes leurs vertus à la contribution sociale généralisée et à la contribution pour le remboursement de la dette sociale que les politiques récessives que vous avez soutenues, monsieur le rapporteur général, ont accrues de 1993 à 1997.
M. Jean Arthuis. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Arthuis.
M. Jean Arthuis. Je voterai l'amendement de la commission des finances.
M. Philippe Marini a exposé avec brio ses arguments, et il emporte ma conviction. Je regrette que Mme Beaudeau ne puisse pas s'y rallier et qu'elle exprime une sorte de fatalisme par rapport à la décision du Conseil constitutionnel.
La progressivité de l'impôt n'a de justification que si l'on prend en compte l'intégralité des revenus du contribuable. Or, dans le cas particulier, il me paraît hautement considérable que l'on puisse introduire une progressivité sur un segment du revenu. Ce seul argument suffisait à lui seul, mais les autres, de nature technique, sociale, familiale, me convainquent.
Madame le secrétaire d'Etat, les gouvernements qui se sont succédé dans les années quatre-vingt-dix ont procédé implicitement à une réforme fiscale fondamentale, celle de l'impôt sur le revenu, en instituant une fraction proportionnelle et en maintenant une fraction progressive. Cette réforme fondamentale a mis la France en harmonie avec les autres pays de l'Union européenne. Et voilà qu'à l'occasion du projet de loi de financement de la sécurité sociale, on vient briser cette dynamique.
Eh bien, madame le secrétaire d'Etat, j'espère que le Gouvernement finira par se ranger aux arguments du Sénat et de sa commission des finances. Pour ma part, je n'hésiterai pas un seul instant à voter cet amendement. Et j'espère, madame Beaudeau, que le Conseil constitutionnel nous aidera à préciser de nouveau les principes fondamentaux. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je voudrais vous dire, mesdames, messieurs les sénateurs, combien je suis positivement touchée par les propos qui s'échangent au sein de cet hémicycle, car j'ai en mémoire les conditions dans lesquelles la contribution sociale généralisée a été instituée par Michel Rocard, il y a quelques années.
Si mes souvenirs sont exacts, nous ne baignions pas, alors, dans l'unanimité, comme c'est le cas aujourd'hui, ce dont je me félicite.
Il est vrai que ce nouvel impôt était effectivement révolutionnaire dans sa conception.
M. Jean Arthuis. Eh oui !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Les exemples cités tout à l'heure par le rapporteur général sont tout à fait éloquents. Ils traduisent « en creux » l'objectif numéro un du Gouvernement. Car, oui, monsieur le rapporteur général, il s'agit effectivement d'une mesure pour l'emploi.
Mais je reprends vos chiffres, que j'ai soigneusement notés.
Pour un salarié dont le salaire équivaut à 1,4 SMIC avec un conjoint inactif, soit 94 000 francs de revenu, zéro franc d'avantages ; pour deux personnes percevant 0,7 SMIC chacune, 9 000 francs d'avantages, pour le même revenu. Eh bien, oui ! dans un cas, il y a un emploi et, dans l'autre, il y en a deux. Et c'est exactement ce que le Gouvernement a voulu encourager.
De ce point de vue, je crois donc que nous sommes en cohérence parfaite avec la logique qui nous a animés.
Vous avez mis l'accent sur le fait que cette mesure ne comportait pas de dimension familiale. Une des difficultés auxquelles nous sommes confrontés lorsque nous modifions un des éléments de la construction fort complexe de notre édifice fiscal, c'est qu'en général nous poursuivons plusieurs objectifs en même temps.
Cette fois-ci, l'objectif est clair, c'est l'emploi.
M. Yves Fréville. La trappe à bas salaires !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je le redis, nous voulons que cette mesure soit efficace pour l'emploi. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas poursuivi plusieurs objectifs en même temps, considérant que, pour ce qui concerne la politique familiale, la France est dotée d'un système de protection familiale important, étoffé, beaucoup plus étoffé, d'ailleurs, que dans la plupart des autres systèmes européens, et que, pour les contribuables assujettis à l'impôt sur le revenu, la « familialisation » du barème prend en compte cette dimension.
Je terminerai en reprenant les observations extrêmement justes faites par Mme Beaudeau sur le caractère perceptible de cette mesure.
On a plaidé en faveur du crédit d'impôt en indiquant qu'on aurait pu, après tout, envisager d'appliquer cette mesure sur les revenus de l'année 2000, donc déclarés au début de l'année 2001. Cependant, notre objectif étant l'emploi, quel serait l'effet incitatif d'un dispositif dans le cadre duquel les revenus imposés auraient été perçus l'année précédant sa mise en place ?
A l'inverse, comme Mme Beaudeau l'a très bien dit, dans le dispositif que le Gouvernement préconise, si un salarié trouve un emploi le 1er janvier de l'année 2001, moins de vingt-huit jours plus tard, il constatera, sur sa feuille de paye, le bénéfice de cet allégement. Dans la situation qui correspondrait à celle de l'amendement que vous proposez, monsieur le rapporteur général, il faudrait effectivement attendre le début de l'année 2002 pour que ce même salarié puisse bénéficier de cet allégement.
Je crois véritablement que cette considération méritait d'être prise en compte et, parmi tous les arguments que l'on pouvait développer en positif ou en négatif sur les deux systèmes, c'est vraiment celle-là qui a prévalu. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Philippe Nogrix. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Nogrix.
M. Philippe Nogrix. Madame le secrétaire d'Etat, il est vraiment très révélateur de vous entendre cet après-midi.
D'abord, nous sommes, en effet, désormais convaincus que vous êtes en train de créer une trappe - que dis-je ? - peut-être un piège à bas salaires. En effet, nous avez-vous expliqué, vous privilégiez les petits salaires de 0,7 SMIC et il vaudrait mieux en avoir deux au lieu d'avoir un salaire de 1,4 SMIC.
Par ailleurs, vous êtes totalement insensible à l'argument de M. le rapporteur général sur l'aspect anti-familial de ce que vous nous proposez. M. Marini a été très clair dans ses propos, les illustrant par des exemples. C'est ainsi que l'on comprend le mieux.
Pour ces deux raisons, il est bien évident que je ne pourrai vous suivre, madame la secrétaire d'Etat, et que je voterai l'amendement qu'il a présenté. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je souhaiterais apporter brièvement quelques précisions pour que notre information soit bien complète.
Notre collègue Jacques Oudin, dans son rapport pour avis sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2001, cite un avis récent du Conseil des impôts : « Il serait notamment dangereux, quelles que soient les vertus économiques présumées d'une telle réforme, de créer un abattement sur la CSG. » Le Conseil des impôts estime qu'il reste nécessaire de ne pas personnaliser cet impôt. Il ajoute : « Surtout, une telle réforme constituerait un précédent contestable, remettant en cause la nature même de la CSG. Il est en effet particulièrement difficile de personnaliser la CSG, impôt cédulaire qui - M. Jean Arthuis l'a dit - « prend en compte non pas le revenu global du foyer fiscal, mais uniquement les revenus catégories pris isolément ».
Madame le secrétaire d'Etat, vous nous dites que l'objectif de votre dispositif, c'est l'emploi. Mais, apparemment, c'est l'emploi mal payé,...
M. Philippe Nogrix. Bien sûr !
M. Philippe Marini, rapporteur général. ... et c'est ce que nous nous efforçons de dénoncer.
Il faut effectivement mettre en place, dans notre pays, un système efficace pour inciter au retour à l'activité. Je souhaiterais beaucoup, monsieur le président, mes chers collègues, que nous puissions débattre prochainement de notre proposition de loi sur le revenu minimum d'activité, car, je me permets de le dire à nouveau, cela forme un tout.
Enfin, madame le secrétaire d'Etat, comment justifier les effets de seuil, qui sont considérables dans le dispositif que vous préconisez ? En effet, pour un seul et même revenu - l'exemple que je citais - l'impact représente près de 10 % de ce revenu. C'est soit zéro, soit 10 % : il n'y a pas de formule intermédiaire. Le système est exagérément brutal et il ne peut être raisonnablement défendu au-delà d'un certain point.
S'agissant de la rapidité de mise en oeuvre, il y a, c'est vrai, un facteur complexe. Mme Beaudeau l'a souligné et vous l'avez vous-même repris, madame le secrétaire d'Etat. Je me suis efforcé d'y répondre tout à l'heure : un système déclaratif est possible avec prise en compte dès l'acompte du 15 février pour les personnes redevables de l'impôt sur le revenu. Pour les autres personnes, donc celles qui ne seraient pas redevables de cet impôt, il est tout à fait possible d'envisager, dans le cadre de ce système de déclaration, un remboursement partiel avec une régularisation lorsque l'impôt sera liquidé, en fonction de l'ensemble des éléments afférents à la situation du contribuable ou du foyer fiscal concerné.
Mes chers collègues, je crois donc que nous ne pouvons pas avoir de doute quant au choix à exercer. La proposition de nos commissions est, tant sur le plan politique - c'est évident - que sur le plan technique, préférable à celle qui est présentée par le Gouvernement. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Nous pourrions donner l'impression de perdre du temps, mais, en fait, le sujet est très important.
Lorsqu'on pousse les raisonnements à l'extrême, on peut parfois dire des choses qui choquent. Madame la secrétaire d'Etat, cette discussion est tout de même très politique. Ai-je compris que l'organisation de la famille qui a votre préférence, ce sont deux conjoints rémunérés à 0,7 SMIC chacun ?
M. Marc Massion. C'est une interprétation !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Ce n'est pas très loin de ce que j'ai entendu. Mais je ne voudrais pas déformer votre pensée, madame la secrétaire d'Etat. Vous pourrez, après moi, corriger cette interprétation. Méfions-nous bien, car, à travers ce dispositif, ce qui est en question, c'est l'organisation de notre société,...
M. Philippe Nogrix. Exact !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. ... c'est la conception de la vie de nos familles.
M. Jacques Machet. Totalement !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Donc, il faut que les Français sachent ce qui nous sépare. (Marques d'approbation sur les travées de l'Union centriste.)
Madame la secrétaire d'Etat, si j'ai mal compris, il faut préciser votre pensée et vous mettre à la portée de quelqu'un de simple comme moi. En effet, je vous le dis, je pense le contraire de ce que j'ai compris de vos propos. Pour ma part, je crois qu'il faut favoriser la promotion sociale dans notre pays (M. Jacques Machet opine), qu'il faut favoriser le choix pour les familles de s'organiser au mieux de l'intérêt de leurs enfants.
Un sénateur de l'Union centriste. Effectivement.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je ne peux pas souscrire à un système fiscal, à un système politique qui amènent les conjoints à choisir une organisation qui n'est pas celle qui leur paraît la plus appropriée pour l'épanouissement de leur famille.
M. Jean Arthuis. Bien sûr !
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. N'abusons donc pas des arguments. Disons que la solution que vous avez trouvée vous paraissait plus adaptée, mais elle ne mérite pas plus. En tout cas, il faut que vous ayez à l'endroit de la proposition du Sénat la considération qu'elle mérite, car elle est plus proche de l'attente de beaucoup de nos compatriotes. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je ne voudrais pas prolonger inconsidérément la discussion. Je souhaite simplement répondre au président de la commission des finances car le débat que nous avons est en effet important, et je ne voudrais surtout pas que le président de la commission des finances se méprenne sur mes propos. Je crois qu'en cette matière il faut être clair.
S'il est bien une injustice dans la vie, que notre société ne peut tolérer, c'est l'exclusion, et l'exclusion c'est aussi le fait de ne pas avoir d'emploi. Depuis 1997, le Gouvernement s'est attelé de toutes ses forces à lutter pour l'emploi.
Je rappellerai deux chiffres : 850 000 personnes ont retrouvé le chemin d'un emploi et un million d'emplois ont été créés au sein des entreprises,...
M. Jean Chérioux. Grâce à la croissance !
M. Philippe Nogrix. Merci les entreprises ! Merci la croissance !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. ... et cela, je crois, est sans ambiguïté quant à l'objectif qui est le nôtre.
Je n'aimerais pas que vous pensiez que, pour moi, le modèle idéal d'organisation de la société serait une société organisée sur un travail sous-rémunéré..
Si je me suis permis de reprendre - pour la commodité de la démonstration - les chiffres cités par M. le rapporteur général, c'est qu'ils m'ont paru intéressants dans la mesure où ils démontraient l'efficacité de la mesure que le Gouvernement avait instituée.
Par ailleurs, je ne suis pas de celles qui ont une vision dogmatique de l'organisation de la société en ce qui concerne les conjoints, le fait qu'ils soient mariés ou non. Je pense que vous aurez bien saisi la pointe d'ironie qui était la mienne lorsque j'ai répondu à M. le rapporteur général sur ce point. (Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-2 repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des finances.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)

M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 20:

Nombre de votants 319
Nombre de suffrages exprimés 319
Majorité absolue des suffrages 160
Pour l'adoption 220
Contre 99

Le Sénat a adopté.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, avant l'article 2.

Article 2



M. le président.
« Art. 2. - I. - Le I de l'article 197 du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Le 1 est ainsi rédigé :
« 1. L'impôt est calculé en appliquant à la fraction de chaque part de revenu qui excède 26 600 F le taux de :
« - 8,25 % pour la fraction supérieure à 26 600 F et inférieure ou égale à 52 320 F ;
« - 21,75 % pour la fraction supérieure à 52 320 F et inférieure ou égale à 92 090 F ;
« - 31,75 % pour la fraction supérieure à 92 090 F et inférieure ou égale à 149 110 F ;
« - 41,75 % pour la fraction supérieure à 149 110 F et inférieure ou égale à 242 620 F ;
« - 47,25 % pour la fraction supérieure à 242 620 F et inférieure ou égale à 299 200 F ;
« - 53,25 % pour la fraction supérieure à 299 200 F. »
« Pour l'imposition des revenus de 2001, les taux : "8,25 %", "21,75 %", "31,75 %", "41,75 %", "47,25 %" et "53,25 %" sont respectivement remplacés par les taux : "7,5 %", "21 %", "31 %", "41 %", "46,75 %" et "52,75 %" ;
« 2° Au 2, les sommes : "11 060 F", "20 370 F", "6 130 F" et "5 410 F" sont remplacées par les sommes : "12 440 F", "21 930 F", "6 220 F" et "4 260 F". »
« Pour l'imposition des revenus de 2001, les sommes : "12 440 F", "21 930 F" et "4 260 F" sont respectivement remplacées par les sommes : "13 020 F", "22 530 F" et "3 680 F" ;
« 3° Au 4, les mots : "3 350 F et son montant" sont remplacés par les mots : "2 450 F et la moitié de son montant". »
« II. - Le montant de l'abattement prévu au deuxième alinéa de l'article 196 B du code général des impôts est fixé à 23 360 F. »
« Pour l'imposition des revenus de 2001, la somme : "23 360 F" est remplacée par la somme : "24 680 F". »
« III. - Le deuxième alinéa du 1 bis de l'article 1657 du code général des impôts est supprimé. »
Sur l'article, la parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Monsieur le président, madame le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, l'article 2 porte sur la question essentielle de la réforme de l'impôt sur le revenu.
J'observerai d'emblée que cette réforme porte sur deux aspects assez fondamentaux. Le premier est l'amélioration du dispositif de décote, qui, apparemment, ne pose pas problème. Le second est une réduction globale de l'ensemble des tranches du barème, réduction poursuivant, si l'on peut dire, le mouvement engagé dans le collectif budgétaire, où seuls les taux des deux premières tranches avaient été réduits.
Ce mouvement de réduction est d'ailleurs complété par une programmation pluriannuelle qui n'est pas sans rappeler une autre réforme avortée que le gouvernement qui était en place avant 1997 avait tenté de mettre en oeuvre, mais dont certains caractères sont heureusement absents de la présente réforme.
On constatera évidemment que cela ne suffit pas à la majorité sénatoriale, qui continue de voir dans un redressement sensible du plafond du quotient familial et dans l'éventuelle intégration de l'abattement de 20 % dans le barème de l'impôt l'alpha et l'oméga de toute réforme de l'impôt sur le revenu.
A ce stade du débat, je voudrais formuler quelques observations qui me paraissent nécessaires.
Première remarque : l'impôt sur le revenu, dans notre pays, n'est pas trop élevé et son rendement s'avère tout à fait secondaire dans le volume global des recettes de l'Etat et, a fortiori, dans l'ensemble de notre système de prélèvements.
Il est même aujourd'hui un peu comme la défunte surtaxe progressive d'un impôt général sur le revenu que constitue le bloc CSG-CRDS qui tire pleinement parti d'une assiette plus large pour rapporter plus.
Les chiffres sont connus : l'impôt sur le revenu devrait dégager un produit fiscal d'environ 340 milliards de francs cette année, le surplus provenant, pour l'essentiel, de la croissance du nombre et de la valeur des rôles d'imposition liée à la croissance, tandis que les deux contributions sociales apporteront plus de 370 milliards de francs.
Seconde remarque : pour quel motif la question cruciale du traitement des revenus catégoriels n'est-elle toujours qu'imparfaitement résolue par la réforme proposée ?
Nous avons maintes fois formulé notre interrogation, au demeurant fort légitime, reconnaissez-le, sur l'inégalité de traitement entre revenus catégoriels qui consistait à faire des salaires d'abord et des revenus de remplacement ensuite les deux principaux éléments d'assiette de l'impôt sur le revenu.
Nous avons rappelé dans la discussion générale notre position sur la dépense fiscale qui corrige la portée de l'impôt sur le revenu et qui agit essentiellement sur les revenus du capital et du patrimoine.
Pour le coup, rappelons-le, un pays comme l'Allemagne peut opter pour une réduction des taux d'imposition de son Einkommensteuer . Mais, à revenu égal, aujourd'hui, le même salarié paie deux fois plus d'impôt sur le revenu en Allemagne qu'en France.
De même, le taux apparent du prélèvement est plus faible en Grande-Bretagne qu'en France ; mais je crois savoir que la législation fiscale britannique ignore le quotient familial auquel, mes chers collègues, vous êtes pourtant si fortement attachés...
Une véritable réforme de l'impôt sur le revenu appelle donc une réflexion sur le traitement des revenus catégoriels et appelle également un renforcement de la progressivité de l'impôt que nous défendrons d'ailleurs a priori par le biais de nos amendements.
Telles sont les quelques observations que je souhaitais faire avant l'examen de l'article 2.
M. le président. Sur l'article 2, je suis d'abord saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-142, MM. Ostermann, Besse, Braun, Cazalet, Chaumont, Gaillard, Joyandet, Trégouet, Cornu, Martin, Vasselle, Murat, Darcos, Fournier, Ginsy, de Broissia, Leclerc, Marest, Schosteck, Lanier et Mme Olin, proposent :
I. - De rédiger ainsi les premier à septième alinéas du texte présenté par le 1° du I de l'article 2 pour le 1 de l'article 197 du code général des impôts :
« L'impôt est calculé en appliquant à la fraction de chaque part de revenu qui excède 26 650 F le taux de :
« 7,50 % pour la fraction supérieure à 26 650 F et inférieure ou égale à 52 430 F ;
« 21 % pour la fraction supérieure à 52 430 F et inférieure ou égale à 92 270 F ;
« 31 % pour la fraction supérieure à 92 270 F et inférieure ou égale à 149 400 F ;
« 41 % pour la fraction supérieure à 149 400 F et inférieure ou égale à 243 100 F ;
« 46 % pour la fraction supérieure à 243 100 F et inférieure ou égale à 299 790 F ;
« 52 % pour la fraction supérieure à 299 790 F. »
II. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus, de compléter in fine l'article, par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la révision des tranches du barème de l'impôt sur le revenu est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. » Par amendement n° I-3, M. Marini, au nom de la commission, propose :
I. - De rédiger ainsi les sept premiers alinéas du texte présenté par le 1° du I de l'article 2 pour le 1 du I de l'article 197 du code général des impôts :
« 1. L'impôt est calculé en appliquant à la fraction de chaque part de revenu qui excède 27 052 F le taux de :
« - 8,25 % pour la fraction supérieure à 27 052 F et inférieure ou égale à 53 209 F ;
« - 21,75 % pour la fraction supérieure à 53 209 F et inférieure ou égale à 93 656 F ;
« - 31,75 % pour la fraction supérieure à 93 656 F et inférieure ou égale à 151 645 F ;
« - 41,75 % pour la fraction supérieure à 151 645 F et inférieure ou égale à 246 745 F ;
« - 47,25 % pour la fraction supérieure à 246 745 F et inférieure ou égale à 304 286 F ;
« - 53,25 % pour la fraction supérieure à 304 286 F. »
II. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du I, de compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de la modification des seuils des tranches d'imposition sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Les deux amendements suivants sont présentés par Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
L'amendement n° I-105 est ainsi rédigé :
« I. - Dans le deuxième alinéa du texte proposé par le 1° du I de l'article 2 pour le 1 du I de l'article 197 du code général des impôts, remplacer la somme : "26 600 F" par la somme : "32 830 F".
« II. - Dans le même alinéa, remplacer la somme : "52 320 F" par la somme : "53 160 F".
« III. - Pour compenser la perte de recettes résultant des I et II ci-dessus, compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Le taux fixé au 1° du paragraphe III bis de l'article 125 A du code général des impôts est relevé à due concurrence de la perte de recettes résultant du relèvement de la tranche imposée à 8,25 %. »
L'amendement n° I-106 tend :
I. - Dans le septième alinéa du texte proposé par le 1° du I de l'article 2 pour le 1 du I de l'article 197 du code général des impôts, à remplacer le taux : « 53,25 % » par le taux : « 54 % ».
II. - Dans le huitième alinéa dudit texte, à remplacer les taux : « 53,25 % » et « 52,75 % » par le taux : « 54 % ».
La parole est à M. Lanier, pour défendre l'amendement n° I-142.
M. Lucien Lanier. Cet amendement tend à placer toutes les tranches du barème sur un pied d'égalité. Pourquoi, en effet, certaines tranches bénéficieraient-elles d'un allégement supérieur à d'autres ? La baisse doit être uniforme, comme le préconisait la réforme entreprise en 1997. Il s'agit également de réviser les tranches du barème de 1,6 %.
Cet amendement vise à permettre la réalisation de la réforme proposée par le Gouvernement en une seule année au lieu de trois ans. Ainsi, l'ensemble des contribuables à l'impôt sur le revenu seraient concernés. Dans le cas contraire, les Français ne se rendraient pas plus compte qu'au cours des dernières années des baisses d'impôts intervenant en 2001.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° I-3.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Par cet amendement, la commission manifeste sa volonté de lutter contre les prélèvements rampants. Cela veut dire que le barème de l'impôt sur le revenu doit être actualisé non seulement à partir de l'évolution des prix mais aussi en fonction de la croissance. S'il n'en est pas ainsi, on prélève automatiquement toujours plus sur le contribuable et l'Etat confisque la rente de la croissance.
L'année dernière, nous avions déjà adopté un amendement analogue. Nous voulons donc réaffirmer notre option en faveur d'un partage équitable des fruits de la croissance entre le citoyen contribuable et l'Etat.
Puisque nous parlons de croissance, madame le secrétaire d'Etat, j'en profiterai pour revenir un instant sur la situation de l'emploi que vous avez évoquée à juste titre.
Grâce à la croissance, un million d'emplois ont été créés, avez-vous dit ; grâce à la croissance,... Mais ne croyez pas en avoir le monopole ou en être les seuls auteurs ! La croissance est une oeuvre commune, largement partagée. Mais il est une chose dont vous êtes directement les auteurs, un programme que vous revendiquez, l'alpha et l'oméga de votre politique : les 35 heures !
Selon les documents officiels, « grâce aux 35 heures, nous préservons ou créons 200 000 emplois ». C'est la meilleure des hypothèses et la plus optimiste ! « Nous préservons ou nous créons » : mais on ne sait même pas ce qui est préservé et ce qui est créé ! Alors, 200 000 emplois préservés ou créés d'un côté, 1 million d'emplois créés de l'autre : pour quel prix, mes chers collègues ? Quatre-vingt-cinq milliards de francs en 2001 et 110 milliards de francs en année pleine quand le régime aura atteint son niveau définitif.
Madame le secrétaire d'Etat, est-ce un bon usage de l'argent public ? Nous sommes ici pour discuter de l'argent public, pour discuter du partage des fruits de la croissance. N'aurait-il pas mieux valu rendre ces 100 milliards de francs - en tout cas dans une large proportion - aux contribuables, à l'économie, à la libre initiative des entrepreneurs ?
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau, pour défendre les amendements n°s I-105 et I-106.
Mme Marie-Claude Beaudeau. L'amendement n° I-105 porte sur la question de l'amplitude de la première des tranches de revenus soumise à l'application du barème : il vise à modifier les bornes de cette tranche d'imposition.
Les chiffres que nous avons retenus présentent deux caractères essentiels.
D'une part, ils permettent un renforcement de la progressivité de l'impôt sur le revenu, alors qu'un écrasement général des différents seuils du barème pourrait la remettre en question, même si cela ne correspond pas tout à fait à l'esprit du projet de loi.
D'autre part, ils nous permettent de faire valoir une autre idée, relativement simple : le seuil inférieur de la tranche correspond en effet à la valeur annuelle du seuil de pauvreté tel que l'a défini l'Union européenne, déduction faite de l'abattement de 10 % et de la déduction de 20 %.
Il s'agit clairement, pour nous, d'éviter cette situation à tout le moins étrange pour des contribuables dont on reconnaît pourtant a priori qu'ils n'ont guère de ressources.
Le seuil supérieur de la tranche correspond pour sa part, à quelques dizaines de francs près, à la valeur annuelle, calculée sur treize mois, du salaire minimum interprofessionnel de croissance, qui constitue, je crois, une base assez précise de rémunération.
Pour nous, il s'agit également de créer les conditions d'un allégement significatif de la cotisation d'impôt sur le revenu des contribuables dont le revenu professionnel est proche du SMIC, au-delà de l'application du système de décote.
Loin de nous l'idée de faire en sorte que s'ouvre une nouvelle « trappe à pauvreté », par une forme d'adaptation de notre fiscalité à une situation empirique de faiblesse des rémunérations salariales.
Non, il s'agit pour nous de la simple application d'un principe fondateur de notre fiscalité qui veut que la contribution de chacun au paiement de la charge publique soit liée à ses facultés contributives.
Tel est l'objet de l'amendement n° I-105.
L'amendement n° I-106 a pour objet de reposer la question cruciale de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu.
On peut concevoir, à l'image du débat mené à l'Assemblée nationale, que la « réforme » en cours concernant l'impôt sur le revenu prévoie un allégement de la contribution des plus importants contribuables.
A nos yeux, la question du taux marginal est donc loin d'être secondaire. Ce n'est pas pour nous une sorte de dogme immuable de notre système fiscal, un signe fort qu'il conviendrait de préserver coûte que coûte. C'est tout simplement une nécessité.
Nous nous attachons en effet depuis de longues années à défendre et à illustrer le principe constitutionnel qui veut que chacun contribue à la charge publique à proportion de ses facultés.
Défense et illustration de ce principe passent à notre sens par un double mouvement de renforcement de la progressivité de l'impôt par le biais du barème et de rééquilibrage du traitement de la « matière » fiscale pour chacune des catégories de revenu.
L'amendement n° I-106 vise à favoriser le premier terme de ce mouvement en permettant, en complément de l'amendement concernant les seuils de la première tranche et des autres dispositions de l'article, que la progressivité du barème soit plus clairement affirmée.
Nous en sommes parfaitement conscients, cette proposition ne recueille pas tout à fait l'assentiment de M. le rapporteur général, qui est attaché depuis de longues années, lui aussi, à une baisse sensible du taux marginal, attachement certes compréhensible mais qui ne concerne pourtant, si je ne me trompe, que 1 % environ des contribuables de notre pays.
On peut également penser que ce débat sur le taux marginal est quelque peu biaisé par le fait que la confusion entre taux marginal et taux marginal moyen est savamment entretenue, le nombre de contribuables dont l'essentiel du revenu est frappé par le taux marginal étant plus marginal que le pourcentage cité plus haut !
Pour notre part, nous estimons donc qu'il est nécessaire de maintenir autant que faire se pourra, en vertu d'impératifs de justice fiscale et sociale, l'existence du taux marginal de 54 %.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s I-142, I-105 et I-106 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission partage bien sûr les intentions exprimées dans l'amendement n° I-142. Elle est, en effet, favorable à une réforme globale de l'impôt sur le revenu qui conduise un jour à un remodelage complet des tranches de cet impôt.
Cette année, la commission s'est concentrée sur la question du crédit d'impôt et sur la nécessité d'actualiser les seuils en tenant compte de la croissance. Elle ne s'est pas considérée en mesure d'aller au-delà dans la première partie du projet de loi de finances.
Par conséquent, il me paraît certes judicieux que l'objectif soit clairement indiqué, ce qui est le cas avec l'amendement n° I-142. Je souhaiterais néanmoins que, à ce stade, cet amendement soit retiré, afin de ne pas « impacter » le solde des finances publiques pour 2001, pour être éventuellement présenté de nouveau - il apparaîtrait ainsi comme un objectif pour l'avenir - dans la seconde partie du projet de loi de finances.
S'agissant de l'amendement n° I-105, déposé par le groupe communiste républicain et citoyen, la commission souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement sur son coût.
Quant à l'amendement n° I-106, qui concerne la dernière tranche de l'impôt sur le revenu, on comprendra que la commission émette un avis défavorable puisque des taux d'imposition marginaux excessifs conduisent à des délocalisations de matière grise et handicapent la France dans la compétition internationale.
M. Jean Chérioux. C'est vrai !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Quel argument !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-142, I-3, I-105 et I-106 ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le président, si vous m'y autorisez, je commencerai par un propos liminaire.
S'agissant de la croissance, M. le rapporteur a raison : le Gouvernement n'a pas le monopole de la croissance. Mais le Gouvernement, depuis 1997, a su réveiller une croissance qui était atone ; il a su ensuite la protéger,...
M. Michel Caldaguès. C'est le prince charmant !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. ... notamment pendant des périodes de crise, je ne rappellerai pas ce qui est désormais un mauvais souvenir - à savoir la crise asiatique de l'automne de l'année 1998 - et il a su la nourrir.
La croissance, c'est le fruit du travail des Français ! Je crois que, sur ce point, nous ne serons pas en désaccord. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement a jugé juste et équitable de s'engager dans un plan d'allégement des impôts, précisément pour rendre aux Français le fruit de leur travail.
Ce plan, prévu sur trois ans, représente 120 milliards de francs d'allégements d'impôts, auxquels s'ajoutent 90 milliards de francs de baisse, dès cette année 2000.
S'agissant de l'impôt sur le revenu, puisque c'est de cela qu'il est question à l'article 2, ce sont 56 milliards de francs de baisse qui ont été programmés, mais, contrairement à la philosophie qui anime les auteurs de l'amendement n° I-142, le Gouvernement n'a pas souhaité renvoyer à plus tard les baisses d'impôt sur le revenu puisque, au titre de l'année 2000, ce sont 11 milliards de francs de baisse qui auront été mis en oeuvre et, au titre de l'année 2001, 25 milliards de francs de baisse supplémentaires.
Par conséquent, sur un plan total de 56 milliards de francs d'allégement de l'impôt sur le revenu, plus de 35 milliards de francs auront déjà été réalisés entre 2000 et 2001.
Je ne puis donc être favorable à l'amendement n° I-142, car cet amendement, qui représente un coût de 14 milliards de francs, consiste à baisser l'ensemble des taux de deux points sur un seul exercice budgétaire.
J'ai rappelé tout à l'heure les masses budgétaires que le Gouvernement avait investies dans la baisse de l'impôt sur le revenu. S'il l'a fait, ce n'est pas seulement pour baisser les impôts, mais aussi parce qu'il souhaitait le faire de manière juste. Or nous ne pensons pas que baisser de manière uniforme de deux points les taux du barème constitue une manière juste de réformer l'impôt sur le revenu.
Nous avons préféré privilégier les titulaires de revenus modestes et moyens, et nous avons commencé à le faire au printemps 2000, puisque le Parlement a adopté une réforme consistant à réduire le taux des deux premières tranches. Ce qui est proposé désormais, c'est de poursuivre ce travail dans le même esprit, c'est-à-dire en renforçant la baisse pour les tranches les plus faibles et en réduisant l'impact de cette baisse sur les tranches les plus élevées.
Avec l'amendement n° I-3, la commission des finances propose d'indexer le barème de l'impôt sur le revenu en tenant compte de la croissance.
Outre le fait que cet amendement aurait un coût supplémentaire de 5,6 milliards de francs par rapport à l'indexation déjà réalisée des tranches du barème sur l'indice des prix, cette proposition ne peut pas recueillir notre approbation, pas plus qu'elle n'a recueilli, d'ailleurs, celle du conseil des impôts. En effet, on ne voit pas très bien au nom de quoi, en période de croissance des revenus, les recettes fiscales ne devraient pas traduire l'amélioration de la situation de ces revenus.
Par ailleurs, si le revenu disponible brut n'augmente pas de plus de 2 % par an, nous savons que la pression fiscale diminue au lieu d'augmenter.
Enfin, une telle indexation serait complexe à expliquer et - je pense que vous y serez sensibles - elle priverait le Parlement d'une part importante de ses marges de manoeuvre pour réformer, précisément, l'impôt sur le revenu.
Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons être favorables à cet amendement.
L'amendement n° I-105, défendu par Mme Beaudeau, vise à porter la limite inférieure de la première tranche à 32 830 francs. Il s'inscrit, comme l'amendement n° I-106, dans une philosophie tout à fait différente. Le souci qui anime Mme Beaudeau est, en effet, d'alléger d'autant plus le poids de l'impôt sur le revenu que les revenus du contribuable sont modestes.
Sur cet objectif, il n'y a pas de désaccord entre vous-même, madame Beaudeau, et le Gouvernement. En effet, nous proposons, dans le cadre du projet de loi de finances, un aménagement de la décote qui permettra d'atténuer les effets de seuil à l'entrée du barème de l'impôt sur le revenu, ce qui conduira à exonérer de toute cotisation d'impôt les célibataires ne bénéficiant que d'une seule part de quotient familial et dont le revenu imposable n'excède pas 49 625 francs.
La proposition que vous faites, madame Beaudeau, consiste, à l'inverse, à augmenter la limite supérieure de la tranche à taux zéro, mais elle s'appliquerait principalement aux contribuables les plus privilégiés, dont la fraction de revenus exonérée de toute imposition profiterait ainsi de ce relèvement.
Cette mesure se traduirait, par ailleurs, par une augmentation du nombre de contribuables non imposables, dont nous constatons la progression depuis 1998 puisque leur nombre est passé de 13,7 millions à 15,6 millions cette année.
Je vous rappelle que, selon le dispositif qui a été adopté par l'Assemblée nationale, la baisse des taux du barème sera plus forte sur les premières tranches d'imposition.
Nous venons, par ailleurs, d'engager une discussion intéressante sur la réduction de la CSG et de la CRDS sur les bas revenus d'activité, ces allégements s'appliquant principalement aux titulaires de revenus les plus modestes.
Enfin, ne l'oublions pas, la mesure d'allégement de la taxe d'habitation, qui a été également adoptée au printemps dernier, profite dès cette année aux ménages les plus modestes.
Par conséquent, l'ensemble de ces mesures me paraît répondre aux préoccupations exprimées par Mme Beaudeau.
L'amendement n° I-106 consiste à maintenir la dernière tranche du barème à 54 % pour les deux années 2001 et 2002.
Aux termes du dispositif adopté par l'Assemblée nationale, à l'issue de l'imposition des revenus de 2001, les deux premières tranches verront leurs taux baisser de trois points, les deux tranches intermédiaires de deux points et les deux dernières tranches de 1,25 point, ce qui est l'illustration du principe que j'énonçais tout à l'heure selon lequel la baisse est d'autant plus forte que les bénéficiaires ont des revenus moyens ou modestes.
Par ailleurs, je rappelle que l'article 2 bis de ce projet de loi, que nous n'avons pas encore examiné, prévoit la suppression de l'abattement applicable sur les dividendes d'actions, qui concerne évidemment les contribuables imposables au taux marginal le plus élevé.
Dans ces conditions, je crois que le Gouvernement a pris en compte la préoccupation qui était la vôtre, madame Beaudeau.
M. le président. Monsieur Lanier, l'amendement n° I-142 est-il maintenu ?
M. Lucien Lanier. Compte tenu des arguments qui ont été invoqués par M. le rapporteur, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° I-142 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-3.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Monsieur le président, j'entends beaucoup parler de justice fiscale. Je m'interroge sur ce que recouvre cette notion ! Selon un vieux dicton de droit romain, summum jus, summa injuria : plus on recherche la justice, plus on crée des injustices.
Peut-être la justice est-ce ce qu'évoquait tout à l'heure Mme Beaudeau, c'est-à-dire un principe constitutionnel contenu dans la Déclaration des droits de l'homme, selon lequel tout citoyen doit contribuer en fonction de ses ressources. Qu'elle me permette cependant de lui rappeler qu'à une certaine époque, en 1917, sous Caillaux, on avait utilisé ce même argument pour s'opposer à l'impôt progressif !
Que signifie l'expression « en fonction de » ? S'agit-il de la proportionnalité ? Rassurez-vous, au demeurant : je ne suis pas pour la proportionnalité, mais pour la progressivité. Encore faut-il, toutefois, ne pas appliquer ce principe jusqu'à l'absurde !
On oppose le montant de la CSG à ce que rapporte - pas assez, selon certains - l'impôt sur le revenu. Or ce dernier n'est payé que par 50 % des citoyens à peine, et ceux qui le payent, payent aussi la CSG, il ne faut pas l'oublier.
On oppose, par ailleurs, les revenus des capitaux aux revenus des salaires. Or les revenus des salaires bénéficient - je ne suis pas contre - d'un abattement de 20 % - certes plafonné, mais seuls les gros revenus sont concernés par ce plafond -, ce qui devrait aller dans le sens de ce que souhaitent Mme Beaudeau et un certain nombre de sénateurs qui siègent à la gauche de cet hémicycle.
Il n'en demeure pas moins que la progressivité est insuffisante, notamment s'agissant des capitaux. Or l'impôt qui frappe les capitaux, ce n'est pas seulement l'impôt sur le revenu ou la CSG, c'est aussi l'impôt sur la fortune ! Nous avons d'ailleurs même été obligés, à ce sujet, de créer un système de plafonnement, parce que certains contribuables finissaient par payer plus d'impôts qu'ils ne percevaient de revenus. Voilà qui devrait satisfaire Mme Beaudeau !
Soyons raisonnables ! Certes, nous devons être justes, comprendre qu'il ne faut pas imposer les gens qui ont peu de revenus, peu de ressources. Mais il ne faut pas non plus trop surcharger la barque des autres ! N'oubliez pas, en effet, que nous sommes en Europe ! Or je crains que, à force d'opter pour des solutions dites de justice, nous ne nous écartions de plus en plus de la situation fiscale des autres pays européens, ce qui risque de nous mettre en difficulté et d'aller à l'encontre de cette croissance qui, d'après Mme la secrétaire d'Etat, serait due à l'action magique de notre gouvernement. Je constate toutefois, je le dis au passage, que la croissance existe dans d'autres pays qui, pourtant, n'ont pas la chance d'avoir un gouvernement comme le nôtre !
Par conséquent, il faut penser à l'avenir, à l'expansion, au développement du pays. Que les bénéfices de cette expansion aillent à tous, j'en suis d'accord, mais n'allez pas jusqu'à la confiscation, qui entraînerait des délocalisations. Et je n'agite pas seulement, disant cela, un fantôme : c'est une réalité que nous avons connue. Souvenez-vous, au lendemain de la guerre, lorsque le gouvernement Attlee a voulu pratiquer ce système : il est parvenu au taux absurde de prélèvement de 97,5 % sur le revenu avec son Income Tax et sa surtaxe. Que s'est-il passé ? Tous les cerveaux, toutes les personnes capables de gagner de l'argent, tous ceux qui avaient le sens de l'initiative sont partis aux Etats-Unis. Si c'est cela que vous voulez, continuez votre politique ! (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. J'ai bien compris les avantages et les inconvénients des deux systèmes d'indexation des tranches du barème, celui de Mme le secrétaire d'Etat, sur les prix, et celui de la commission, sur la croissance.
Mais quel a été le taux d'indexation du barème - sur les prix - l'année dernière ? Si mes souvenirs sont exacts - mais je peux me tromper, ma mémoire peut connaître des défaillances - je crois que c'était 0,5 %. Quelle a été la hausse des prix cette année ? Compte tenu des événements liés au pétrole, elle s'établira certainement aux environs de 1,4 %. En 2000, nous avons donc eu non pas une indexation totale, mais une réduction de l'ordre de 1 % !
Il serait tout à fait logique, pour que la position du Gouvernement soit acceptable, de corriger les sous-estimations d'une année l'année suivante ! C'est d'ailleurs le régime auquel sont soumises les collectivités locales. Je ne vois pas pourquoi il ne serait pas appliqué aux ménages ! En tout cas, c'est une raison supplémentaire pour que je me rallie à la proposition de la commission.
Mme Maryse Bergé-Lavigne. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Bergé-Lavigne.
Mme Maryse Bergé-Lavigne. M. le rapporteur général, tout à l'heure, s'est dit outré par le fait que l'on utilise de l'argent public pour créer des emplois.
Il a la mémoire courte. Lui rappellerai-je que les gouvernements précédents, notamment ceux qui avaient à leur tête un membre de sa famille politique, ont dépensé des milliards de francs en faveur des entreprises pour qu'elles créent des emplois - tout le monde s'en souvient ici - et ce en pure perte puisque le chômage, alors, ne cessait d'augmenter ?
Au moins ce Gouvernement a-t-il réussi, par le biais des 35 heures, à créer des emplois ! On ne peut le nier, et M. le rapporteur général l'a d'ailleurs lui-même souligné.
La majorité sénatoriale n'a de cesse de stigmatiser les 35 heures.
M. Jean Chérioux. On ne les stigmatise pas, on les déplore !
Mme Maryse Bergé-Lavigne. Chers collègues, avez-vous déjà interrogé des salariés qui sont passés aux 35 heures ?
M. Michel Caldaguès. Bien sûr !
M. Jean Chérioux. Oui, ils aimeraient gagner plus !
Mme Maryse Bergé-Lavigne. L'application des 35 heures s'est souvent traduite par une demi-journée supplémentaire, qu'ils utilisent pour s'occuper de leur famille, pour animer des associations, pour leurs loisirs.
M. Jean Chérioux. Cela se paye, les loisirs !
Mme Maryse Bergé-Lavigne. Certes ! Mais je ne crois pas que vous en trouverez qui soient aussi négatifs que vous.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Le débat sur la croissance est absolument essentiel, et le présent débat porte bien sur l'effet de la croissance sur la dynamique des recettes fiscales.
De quoi parlons-nous, madame le secrétaire d'Etat ? De la cagnotte, si je puis m'exprimer ainsi, puisque cette appellation est maintenant admise, même si elle est fausse.
En début d'année, on prévoit un volume de ressources par rapport à un volume de charges dans le budget de l'Etat. En cours d'année, on observe - c'est une très bonne chose pour les caisses de l'Etat ! - que les ressources s'amplifient. Si je m'en réfère à la situation hebdomadaire des recettes fiscales fin octobre, je constate que le rendement de l'impôt sur le revenu est supérieur de 7 % à ce qu'il était fin octobre 1999.
Or, qu'avons-nous voté dans la loi de finances initiale ? Ce qu'a rappelé M. Fréville, c'est-à-dire un barème indexé sur la hausse des prix prévisionnelle. Donc, vous dégagez des marges dans les caisses de l'Etat grâce à la croissance. C'est là un simple constat.
La commission des finances estime qu'il faut établir la transparence sur ce type de phénomène.
Par ailleurs, la croissance - vous le disiez vous-même très justement - c'est l'ensemble des Françaises et des Français qui la créent. De ce fait, plutôt que de se créer, dans le budget de l'Etat, des marges grâce à des recettes supplémentaires non prévues à l'origine, peut-être vaudrait-il mieux ajuster l'évolution des impôts en fonction de la croissance et le faire à titre prévisionnel plutôt que de devoir, comme vous le faites cette année encore, comme vos prédécesseurs l'avaient fait dans des circonstances encore pires l'an dernier, faire toutes sortes de contorsions pour expliquer que vous retombez sur vos pieds alors que l'année fiscale et budgétaire s'exécute dans des conditions très différentes de ce qui a été voté par le Parlement.
En réalité, en proposant d'indexer le barème, pour partie seulement, sur la croissance, nous souhaitons que nos votes mesurent bien la réalité économique prévisionnelle de l'année à venir et qu'en exécution nous puissions, par le jeu de la transparence, nous y retrouver beaucoup plus facilement.
L'amendement de la commission des finances tend donc à faire prendre conscience de cet effet d'amplification des recettes fiscales, dont nous nous réjouissons, dû à la croissance.
Si nous ne prenons pas des dispositions de cette nature, on aura toujours, en cours d'année, ce type de débat sur une prévision plus ou moins bien faite, et l'on pourra toujours suspecter le Gouvernement, qui établit les prévisions, de le faire de façon à se garder des marges qu'il répartira opportunément sur un exercice ou sur un autre.
Notre amendement est donc parfaitement cohérent avec notre démarche de rigueur qui tend à une amélioration des méthodes budgétaires dans le cadre, notamment, de la révision, dont nous allons sûrement reparler à maintes reprises dans ce débat, de l'ordonnance organique du 2 janvier 1959.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des finances.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. S'agissant de la croissance, je suis toujours quelque peu surpris que le Gouvernement nous dise qu'au fond il est en son pouvoir de la décider.
Vous nous avez dit, madame le secrétaire d'Etat, que cette croissance, vous pouviez la réveiller, la nourrir. Méfiez-vous de telles affirmations ! Il y a eu des gouvernements de votre sensibilité - je pense à 1992 - qui auraient bien voulu pouvoir décider du taux de croissance, qui auraient bien voulu « réveiller » la croissance, la « nourrir », comme vous dites. S'ils ne l'ont pas fait - je ne les accuse pas d'avoir manqué de savoir-faire - c'est que le vent soufflait trop fort en face. Ils ne le pouvaient pas !
Je comprends que, quand le vent vous porte, vous soyez tentée de dire : « Regardez comme tout va bien, et le mérite nous en revient ! » Gardez-vous d'utiliser cet argument qui pourrait un jour se retourner violemment contre vous et, pis encore, contre la France !
Par ailleurs, s'agissant de l'amendement n° I-106 de Mme Beaudeau, j'aimerais que le Gouvernement nous clarifie sa position sur les dernières tranches du barème. C'est l'occasion ! Un certain nombre de compatriotes qui, grâce à leur travail, ont bénéficié d'une promotion sociale qui leur permet d'avoir un certain niveau de revenu, aimeraient tout de même savoir ce que le Gouvernement leur réserve pour l'avenir.
Vous appartenez à la même majorité, communistes et socialistes ! En matière de taux marginal, madame le secrétaire d'Etat, il faut nous dire celui qui a votre préférence. Ne dites pas à Mme Beaudeau que ses intentions sont bonnes, qu'au fond ce qu'il faut, c'est baisser les impôts de ceux qui n'en paient pas ! Non, cela a trop duré ! Il faut, enfin, parler clairement à ceux qui paient des impôts.
J'attends donc que le Gouvernement me dise quel est le taux marginal qu'il lui semble souhaitable de fixer afin que ceux qui, dans notre pays, sont les plus entreprenants, qui sont coupables, précisément, de créer des emplois, sachent le sort qu'il entend leur réserver. A défaut, il ne « nourrira » pas - pour reprendre votre expression, madame le secrétaire d'Etat - la confiance dont les entreprises ont besoin. (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le président de la commission des finances, le bon taux marginal de l'impôt sur le revenu, aux yeux du Gouvernement, n'est pas celui de 47 % auquel conduisait la réforme Juppé, qui représentait un coût de 100 milliards de francs, le bénéfice étant concentré sur les catégories de contribuables les plus aisées.
Le taux que nous proposons, au terme de la réforme, est celui de 52,5 %. A vos yeux, ce n'est sans doute pas assez.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Non, c'est trop !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. De notre point de vue, il permet d'atteindre les objectifs de justice sociale que j'ai rappelés tout à l'heure, étant entendu - ce n'est pas à vous que je l'apprendrai - que, la mécanique de notre impôt sur le revenu étant ce qu'elle est, le fait de « bouger » les premières tranches profite aussi aux contribuables qui sont taxés au taux marginal.
Ce débat est un peu réducteur, et vous m'offrez là une merveilleuse occasion de rappeler l'une des innovations de la feuille d'impôt de l'année prochaine. Celle-ci mettra en évidence, de manière très utile, je le crois, ce qu'est le taux moyen d'imposition sur le revenu, qui me paraît tout de même être une meilleure approche de notre système d'impôt sur le revenu qu'une approche exclusivement centrée sur le taux marginal.
M. Jean Arthuis. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Arthuis.
M. Jean Arthuis. Je voterai l'amendement de la commission des finances, et je veux m'en expliquer, répondant, ce faisant, à Mme Bergé-Lavigne.
Ce que nous souhaitons, c'est qu'il y ait plus de croissance.
M. Marc Massion. On ne le dirait pas !
M. Jean Arthuis. Comment pourrons-nous financer décemment et durablement les retraites si nous ne produisons pas plus ?
Une donnée statistique m'inquiète : il semble que la croissance soit de l'ordre de 3,4 %, alors que les effectifs de la population active ont progressé de 3,5 %. Cela veut dire qu'il y a plus de monde qui travaille, mais, proportionnellement, moins de croissance.
Comment pourrons-nous mieux répondre à l'attente de nos aînés qui ne travaillent plus, et qui seront de plus en plus nombreux, si nous travaillons moins ? Telle est ma première observation.
Je comprends bien les arguments avancés par Mme Bergé-Lavigne. Mais j'entends aussi certains de nos concitoyens qui ont des salaires modestes et qui souhaiteraient gagner plus. Je leur souhaite de gagner plus. Mais il est clair qu'il est extrêmement difficile d'y parvenir lorsque l'on réduit la durée du temps de travail !
Ce que souhaitent nos compatriotes, c'est disposer d'un pouvoir d'achat plus substantiel. Nous devons créer les conditions pour que l'ascension sociale soit possible. Il est un peu dommage de faire d'un objectif de 0,7 SMIC une sorte d'idéal social. Permettons aux potentiels de s'exprimer, de se mobiliser !
S'agissant du barème de l'impôt sur le revenu, je rappellerai simplement que, si le taux marginal est à 52 %, il faut y ajouter les 10 % de CSG. Cela fait - pardonnez du peu ! - 62 %.
Notre économie est ouverte sur l'extérieur. M. Angels l'a rappelé lui-même, hier, en s'exprimant au nom du groupe socialiste. Cela veut dire que nous sommes aujourd'hui en situation de compétition. Si donc nous devons, certes, avoir une fiscalité juste, il faut aussi qu'elle soit compétitive par rapport à celle de nos partenaires. De ce point de vue, même à 52 %, même à 47 %, référence rappelée il y a un instant, le taux marginal me paraît excessif.
Par ailleurs, madame le secrétaire d'Etat, pourquoi résistez-vous à la tentation de suivre le conseil des impôts lorsqu'il préconise la remise en cause de certains abattements, dont celui de 20 %, qui constitue une espèce de tabou ? Dès qu'on en parle, on est suspect, aux yeux de certains, de vouloir imposer 20 % de plus.
Sortons de ce débat stupide, brisons ces tabous, essayons d'y voir clair dans nos barèmes d'imposition. Parce que l'Etat est incapable de baisser les prélèvements obligatoires, il s'ingénie, en demandant la complicité du Parlement, à multiplier les régimes particuliers, les régimes spécifiques, pour convaincre chaque contribuable qu'il est moins maltraité que son voisin.
Ce n'est pas ainsi que nous apporterons une bonne réponse aux exigences de cohésion sociale. Ce n'est pas ainsi que nous refonderons le pacte républicain.
Pour ma part, j'aimerais qu'on puisse avoir, un jour, un vrai débat sur la fiscalité. C'est là un vrai motif pour modifier l'ordonnance de 1959. Mais ce n'est pas avec le dépôt du projet de loi de finances sur le bureau des assemblées au début du mois d'octobre et une discussion sur les articles de la première partie de deux ou trois jours que nous pourrons réformer la fiscalité !
Nous sommes entrés dans une procédure qui tient du ridicule. Le Gouvernement fait des petites annonces pendant l'été - ce sont les « confidences estivales ». On mesure les réactions. Puis, à la fin du mois de septembre, le conseil des ministres arrête la réforme fiscale. Voilà comment on ne fait jamais de réforme fiscale ! Voilà comment on pérennise les tabous, les préjugés, les archaïsmes !
La commission des finances nous invite à avancer dans la voie de la modernité ; c'est un premier pas.
Puissent un jour les projets de loi de finances être déposés dès le printemps ! Cela nous éviterait de nous égarer dans un débat d'orientation budgétaire qui - permettez-moi de le dire, chers collègues qui y consacrez toute votre ardeur - ne veut plus rien dire.
Alors, peut-être pourrions-nous, entre le mois de mai et celui de septembre, enfin débattre au Parlement, dans une véritable concertation, de l'avenir de notre fiscalité ! (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Marc Massion. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion. Pourquoi, chers collègues de la majorité sénatoriale, donnez-vous cette impression désagréable que le million d'emplois créés ou que la croissance vous gênent ? Dans chacune de vos interventions, on a ce sentiment !
M. Jean Chérioux. On s'en réjouit !
M. Marc Massion. La croissance et les créations d'emplois, c'est bon pour notre pays et sa population.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Personne ne dit le contraire !
M. Marc Massion. Concernant le coût des 35 heures, pourquoi ne nous présentez-vous pas le bilan des sommes que vous avez englouties pour aider les entreprises entre 1993 et 1997, pour prétendument soutenir l'emploi ? Combien de milliards de francs avez-vous accordé aux entreprises et pour combien de créations d'emplois ?
Quant à vous, monsieur le rapporteur général, qui aimez bien les comparaisons chiffrées, pourquoi ne nous révélez-vous pas quel aurait été le coût de l'application de la loi de Robien simplement pour préserver les emplois existants ?
Monsieur le président de la commission des finances, à vous écouter, on se demande à quoi sert le Gouvernement. Vous lui reprochez quasiment de soutenir la croissance ! Le Gouvernement n'a jamais dit qu'il avait le monopole de la croissance. Les dispositions qu'il prend pour soutenir la consommation, c'est sa contribution au développement de la croissance. Vous dites qu'il ne faut rien faire. A quoi sert un gouvernement sinon à faire de la politique et à prendre des dispositions qui sont bonnes pour le pays ?
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Réduire les dépenses est le boulot du Gouvernement !
M. Philippe Nogrix. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Nogrix.
M. Philippe Nogrix. Bien évidemment, je suivrai la commission des finances.
Mais je tiens à revenir sur les propos de nos collègues qui soutiennent le Gouvernement.
N'est-ce pas prendre les Français pour des imbéciles que de penser qu'ils pourraient être mécontents de ne travailler que 35 heures ? Quel masochisme ce serait !
Je vous rappelle que, pour l'instant, seules les grandes entreprises ont négocié les 35 heures.
Mme Maryse Bergé-Lavigne. Non !
M. Philippe Nogrix. Mais si, madame, parce que la croissance le leur permettait, parce que l'argent qui leur a été donné pour acquérir un outil de travail performant leur a permis de répondre aux besoins de la consommation mondiale. Si les entreprises n'avaient pas eu ces capacités d'investir, sans doute ne récolteriez-vous pas aujourd'hui les fruits de la croissance.
Mais à force de nourrir la croissance, madame, vous allez lui donner une indigestion ! En effet, que constatons-nous aujourd'hui ? On n'arrive pas à exploiter tout notre potentiel de croissance parce qu'il n'y a plus d'employés disponibles, avec tous les emplois que vous avez créés dans les entreprises, qui, sans doute, n'en avaient pas besoin mais qui ont profité de l'effet d'aubaine que vous leur offriez avec les primes « 35 heures ». Dans cinq ans, on fera le bilan !
Alors, je vous en prie, madame, n'ayez pas une vision à court terme. Une politique se gère à long terme. Sur le court terme, vous êtes en train de récolter des fruits. Mais prenez garde à ce que vous allez nous laisser ! (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste.)
M. Marc Massion. Le terme, vous l'avez eu en 1997 !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je souhaite apporter une précision.
M. Massion a évoqué les aides accordées aux entreprises par le gouvernement précédent. Il s'agit en fait du dispositif que l'on a appelé la « ristourne Juppé » et qui a consisté à alléger les charges sociales sur les bas salaires. Or, si je ne m'abuse, ce dispositif est toujours en vigueur aujourd'hui et son bénéfice en a même été étendu puisqu'il concerne désormais les salaires équivalents à 1,8 fois le SMIC.
M. Jean Chérioux. Alors ça, ce n'est pas bête !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Si c'est une mauvaise mesure, il faut la supprimer ! (Murmures sur les travées socialistes.)
Il faut être cohérent avec vous-même. Vous reconnaissez le bien-fondé de cette mesure, puisque vous approuvez la politique du Gouvernement qui, à juste titre, l'a maintenue. Ne critiquez donc pas la politique du gouvernement précédent, du moins pas sur ce point !
Alors, bien sûr, les 35 heures... la conception optionnelle du dispositif « de Robien »... ou générale... C'est un débat essentiel, mais qui doit rester un peu en arrière-plan de cette discussion, nous ne pouvons pas aller jusqu'à son terme en cet instant.
Madame le secrétaire d'Etat, les 35 heures, c'est l'alpha et l'oméga de votre politique. Il faudra bien en faire bénéficier les agents des services publics et les fonctionnaires. Nous en reparlerons lors de l'examen de la seconde partie du projet de loi de finances !
Une loi de finances doit être cohérente car c'est un tout. Il y a les ressources, dont nous parlons, et les dépenses, dont nous parlerons ensuite, après l'examen de l'article d'équilibre. Où est l'argent, dans ce projet de loi de finances, pour permettre l'application des 35 heures dans la fonction publique ?
Comme le disait M. le président de la commission des finances tout à l'heure, nous sommes, l'un et l'autre, des esprits frustes. Nous répétons sans cesse les mêmes choses parce que nous n'avons pas encore tout compris. Il faudrait donc sortir de ce réseau de contradictions et, enfin, comme l'a dit Jean Arthuis, être honnête et dire la vérité à ce pays. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-3, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les amendements n°s I-105 et I-106 n'ont plus d'objet.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-143, MM. Ostermann, Besse, Braun, Cazalet, Chaumont, Gaillard, Joyandet, Trégouët, Cornu, Martin, Vasselle, Murat, Rispat, Darcos, Fournier, Ginesy, de Broissia, Leclerc, Marest, Schosteck, Lanier et Mme Olin proposent :
I. - Dans le premier alinéa du 2° du I de l'article 2, de remplacer la somme : « 12 440 francs » par la somme : « 17 000 francs ».
II. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus, de compléter, in fine, cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'accroissement du quotient familial est compensée a due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° I-75, M. du Luart et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent :
I. - Dans le premier alinéa du 2° du I de l'article 2 de remplacer la somme : « 12 440 francs » par la somme : « 16 380 francs ».
II. - Pour compenser la perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions du I ci-dessus, de compléter, in fine, cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« La perte de recettes résultant pour l'Etat du relèvement du plafond du quotient familial est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Lanier, pour présenter l'amendement n° I-143.
M. Lucien Lanier. Cet amendement en faveur des familles a pour objet de revenir sur la baisse du plafond du quotient familial et de le rétablir au niveau où il se situait avant la loi de finances de 1999, c'est-à-dire à 16 350 francs, et de l'indexer.
Rapprocher cette baisse du quotient familial et le rétablissement des allocations familiales pour toutes les familles paraît très difficilement recevable, ne serait-ce qu'en raison d'une différence de nature : les allocations familiales sont une prestation et le quotient familial relève de la fiscalité. Il faut en tirer les conséquences.
M. le président. La parole est à Mme Heinis, pour présenter l'amendement n° I-75.
Mme Anne Heinis. Cet amendement traite du même sujet que celui qui vient d'être présenté par notre collègue Lucien Lanier.
Le plafond du quotient familial a été abaissé en 1999 de façon exagérée. Cette décision a entraîné une nette augmentation de la pression fiscale pour de nombreuses familles.
Or, la famille est insuffisamment prise en compte par la politique budgétaire du Gouvernement, ce qui a été rappelé tout à l'heure par certains de nos collègues. Nous venons de le voir avec la ristourne dégressive de CSG et de CRDS, qui serait particulièrement injuste, car elle ferait bénéficier les contribuables d'allégements en fonction de leurs seuls salaires et non de leurs capacités contributives ou de leur charges familiales.
Le crédit d'impôt sur le revenu proposé par la commission des finances permet d'éviter cet effet pervers. Mon groupe propose d'aller plus loin en relevant le plafond du quotient familial à 16 380 francs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. J'indique à nos collègues que, bien sûr, la commission pargage complètement leur approche, puisqu'elle avait elle-même présenté un amendement d'objet identique.
En analysant la rédaction de ces amendements, j'observe que celle de l'amendement n° I-143 est plus simple, plus satisfaisante.
Je sollicite donc de Mme Heinis le retrait de l'amendement n° I-75, qui sera satisfait par l'adoption de l'amendement n° I-143.
Sur le fond, il s'agit de revenir au plafond de la demi-part, qui était en vigueur avant que la loi de finances pour 1999 ne l'abaisse à 11 000 francs, en contrepartie du rétablissement de l'universalité des allocations familiales, que le Gouvernement venait de supprimer. Il faut revenir sur ce pas de clerc et afficher des objectifs plus volontaristes de politique familiale, ce à quoi tendent les amendements n°s I-143 et I-75.
La commission émet donc un avis favorable sur l'amendement n° I-143, dont l'adoption donnerait satisfaction aux auteurs de l'amendement n° I-75.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-143 et I-75 ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable à ces amendements.
Il convient de rappeler que la baisse du plafond du quotient familial, adoptée dans le cadre de la loi de finances de 1998, l'a été en contrepartie de la suppression d'une mesure antérieure qui avait consisté à mettre sous condition de ressources les allocations familiales. Cette mesure de réduction du plafond du quotient familial a été décidée après une large concertation avec les associations familiales.
Ce mécanisme permet d'introduire une progressivité de l'effort de solidarité en fonction du revenu et préserve la situation de toutes les familles disposant de revenus modestes et moyens.
Ainsi, pour une famille ayant deux enfants, l'avantage fiscal n'est plafonné à 11 060 francs par enfant que lorsque le revenu imposable dépasse 330 000 francs par an, ce qui correspond à un salaire mensuel déclaré de l'ordre de 38 000 francs. Ce chiffre illustre bien le caractère limité de la mesure qui a été adoptée dans le cadre du budget de 1998. C'est un débat que nous avons déjà eu à plusieurs reprises.
Je me contenterai de rappeler quelques autres mesures qui ont été prises en faveur des familles : le rétablissement de la réduction d'impôt au titre des frais de scolarité, qui avait été supprimée par le précédent gouvernement ; la majoration, pérenne, à 1 600 francs par enfant de l'allocation de rentrée scolaire et son extension aux familles qui n'ont qu'un seul enfant ; enfin, le report d'un an, dès 1999, de l'âge de perception des allocations familiales. Et cela ne retrace pas la totalité des mesures qui ont été adoptées, année après année, dans le cadre des conférences pour la famille !
Dans ces conditions, le Gouvernement est défavorable aux amendements n°s I-143 et I-75.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-143, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° I-75 n'a plus d'objet.
Par amendement n° I-5, M. Marini, au nom de la commission, propose :
A. - De remplacer le II de l'article 2 par deux paragraphes ainsi rédigés :
« II. - Le début du 3 de l'article 6 du code général des impôts est ainsi rédigé :
« 3. Toute personne majeure âgée de moins de 25 ans ou, quel que soit son âge, (le reste sans changement)... »
« II bis. - L'article 196 B du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Art. 196 B. - Le contribuable qui accepte le rattachement des personnes désignées au 3, de l'article 6 bénéficie d'un abattement de 30 330 francs sur son revenu global net par personne ainsi prise en charge. »
B. - Pour compenser la perte de recettes résultant des dispositions du A ci-dessus de compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« La perte de recettes résultant pour l'Etat de la modification des conditions de rattachement au foyer fiscal de personnes majeures est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il s'agit également d'un amendement à caractère familial, qui vise à répondre à un souci de justice en même temps qu'à un souci de simplification. C'est d'ailleurs un point sur lequel le Sénat a déjà eu l'occasion de prendre position.
En premier lieu, cet amendement permet le rattachement au foyer fiscal de tous les enfants majeurs âgés de moins de vingt-cinq ans, quel que soit leur statut, qu'ils soient étudiants, comme c'est le cas aujourd'hui, mais également demandeurs d'emploi, ou même des enfants de moins de vingt-cinq ans qui ont un travail, étant entendu que ce rattachement ne serait demandé, pour des raisons évidentes, que pour ceux de ces enfants ayant des revenus de faible importance.
Nous voulons tenir compte de l'évolution de la société, du fait que beaucoup de « grands enfants » peuvent tirer avantage à rester rattachés au foyer fiscal de leurs parents. C'est un fait que nous observons de plus en plus souvent.
La présence au foyer de « grands enfants » - étudiants, chômeurs ou jeunes salariés faiblement rémunérés - fait peser une charge importante sur les familles.
En deuxième lieu, l'amendement vise à simplifier le régime fiscal pour des enfants majeurs rattachés au loyer fiscal en ne prévoyant que la possibilité d'un abattement, solution simple dès lors que le niveau élevé de l'abattement permet d'offrir un régime favorable à tous, notamment aux couches les plus modestes de la population, pour lesquelles, par hypothèse, l'abattement est plus favorable que le quotient familial.
Nous avons établi cette proposition, je le répète, dans un souci d'équité et pour encourager la politique familiale.
Le relèvement substantiel de l'abattement devait compenser l'inconvénient qui pourrait résulter pour certains contribuables de la diminution du nombre de parts pour le calcul du quotient familial.
Si ma mémoire est bonne, nous avons déjà adopté un dispositif analogue lorsque nous avons été saisis, l'année dernière, du projet de loi relatif au pacte civil de solidarité, le PACS.
Il me semble qu'il est important de mettre l'accent sur les solidarités familiales, de les traduire fiscalement, s'agissant des « grands enfants » notamment.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement, même s'il comprend les motifs qui le sous-tendent.
Ma première observation concernera le montant de l'abattement prévu par l'article 196 B du code général des impôts, que vous proposez de fixer à 30 330 francs, pour l'imposition des revenus de 2000, au lieu de 23 360 francs, comme le prévoit le projet de loi de finances.
Votre proposition conduirait donc à relever le plafond du quotient familial à 16 150 francs au lieu de 12 440 francs, soit au niveau auquel il se situait avant le rétablissement du principe d'universalité des allocations familiales.
Or, s'il est légitime, comme le prévoit le projet du Gouvernement, d'augmenter le plafond actuel afin que la baisse des taux du barème de l'impôt sur le revenu se traduise bien, pour l'ensemble des familles, par un allégement proportionné à leurs charges, à l'inverse, il n'est pas envisageable d'accepter une hausse qui aurait pour conséquence de remettre en cause l'équilibre général du dispositif.
Ma seconde observation concerne le fond de votre proposition, qui peut, dans certains cas, s'avérer pénalisante, en particulier pour les familles nombreuses bénéficiant d'une part entière, au lieu d'une demi-part, de quotient familial pour chaque personne à charge au-delà de la deuxième, mais aussi pour les foyers monoparentaux, si le premier enfant à charge ouvre également droit à une part entière de quotient familial, qui, avec votre proposition, n'auraient plus droit qu'à un abattement.
Vos propositions auraient pour conséquence de diminuer, voire, dans certains cas, d'annuler purement et simplement les effets de la baisse des taux du barème de l'impôt sur le revenu. Elles aboutiraient à l'objectif inverse de celui que cherche à atteindre le Gouvernement, qui consiste à permettre à l'ensemble des contribuables de bénéficier d'un allégement de leur impôt sur le revenu.
Pour ces raisons, je vous demande de bien vouloir retirer l'amendement, monsieur le rapporteur général.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-5.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole, pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Vous nous proposez, monsieur le rapporteur général, de permettre de rattacher au foyer fiscal des parents les enfants - mais peut-on encore employer ce mot ? - de moins de vingt-cinq ans.
Faut-il considérer les « grands enfants » de vingt et un à vingt-cinq ans, qui ne sont ni étudiants, ni handicapés, comme étant à la charge de leurs parents ? C'est effectivement le cas des jeunes victimes du chômage. Est-il pour autant opportun, d'une part, d'aider davantage les parents plutôt que les jeunes eux-mêmes et, d'autre part et surtout, de les aider en jouant sur l'impôt sur le revenu ?
Dans ce cas encore, ce ne sont évidemment que les foyers imposables, que les foyers les plus aisés donc, qui bénéficieraient de l'abattement de 30 000 francs !
Pour notre part, je tiens à le redire, tout en restant sceptiques quant à l'idée d'instaurer un revenu minimum d'insertion pour les moins de vingt-cinq ans, idée que nous avions défendue un temps, nous pensons qu'il faut aider financièrement ces jeunes à rechercher un emploi.
En ce qui nous concerne, nous ne voterons donc pas votre amendement, monsieur le rapporteur général.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Pour ma part, je voterai l'amendement n° I-5, justement parce qu'on ne peut pas vouloir une chose et son contraire !
Il est indiscutable que, malheureusement, des jeunes qui ne sont plus étudiants et qui ne sont pas handicapés vivent à la charge de leurs parents.
Pourquoi sont-ils à la charge de leurs parents ? Parcequ'ils ne bénéficient pas du RMI ! Or je ne pense pas que le Gouvernement souhaite, pour le moment, étendre le RMI aux jeunes de moins de vingt-cinq ans.
Il faut tout de même bien tenir compte du fait que, comme ils n'ont pas de ressources propres, ils sont à la charge de leurs parents. La logique, c'est soit de leur verser le RMI, soit de prévoir un abattement fiscal. Si, quant à vous, vous leur refusez tout, je crois qu'ils s'en souviendront !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous avons déjà eu ce débat. Le Sénat a déjà voté un amendement analogue.
Je veux cependant faire référence au dix-huitième rapport au Président de la République du Conseil des impôts, en l'occurrence à sa page 139 : « Néanmoins, pour traiter de façon plus équitable la période d'incertitude que constitue l'entrée des enfants dans l'âge adulte et la vie professionnelle », le Conseil estime « qu'il faudrait supprimer la distinction entre étudiant et non-étudiant pour le rattachement des enfants majeurs au foyer fiscal de leurs parents et retenir, dans les deux cas, la limite d'âge de vingt-cinq ans applicable actuellement aux seuls enfants majeurs étudiants ».
Nous nous efforçons de traduire dans les faits cette préconisation. C'est une question de réalisme.
Mme Beaudeau se demandait s'il fallait apporter une aide aux jeunes ou une aide aux parents et Jean Chérioux s'est interrogé sur le même sujet en des termes différents mais guère éloignés quant au fond.
Si l'on aide fiscalement les familles, on aidera les jeunes. Ces jeunes pouvant être, à certaines périodes, à la charge de leur famille, ils ne pourront disposer, par définition que des moyens que leurs familles mettront à leur disposition. Il faut tenir compte de cet élément dans l'appréciation de la situation fiscale de la famille, en élargissant les critères du rattachement au foyer fiscal des enfants majeurs âgés de moins de vingt-cinq ans.
Madame le secrétaire d'Etat, le dispositif que nous prévoyons nous semble être une solution simple, et le montant de l'abattement est calculé à un niveau tel que les effets que vous évoquez sur le quotient familial doivent être nuls ou négligeables. Selon moi, c'est une solution d'équité, qui tient compte de l'évolution de la société et des difficultés qu'éprouvent de nombreux jeunes à s'insérer dans la vie professionnelle.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-5, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'article 2.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Au terme de la discussion de l'article 2, nous voudrions à nouveau émettre notre avis sur la traduction concrète pour les contribuables des dispositions qu'il nous est proposé d'adopter.
Si l'on tient pour acquis le principe d'une réduction relative de l'impôt sur le revenu compte tenu des marges offertes par la croissance économique et de l'augmentation du nombre des contribuables - encore que cela puisse se discuter - on doit s'interroger sur l'importance que l'on donne à cette réduction et sur sa répartition.
A l'évidence, mes chers collègues de la majorité sénatoriale, dès qu'il s'agit de partager le produit de la baisse d'impôt, il existe immédiatement dans notre assemblée une bien plus grande sollicitude pour les revenus les plus élevés et une moindre pour les autres. (Exclamations sur les travées du RPR.)
Même si d'aucuns les appellent ici les « classes moyennes », la vérité, c'est que la majorité sénatoriale et la commission des finances ont, cette année encore, et comme toujours, les plus grandes prévenances pour les 220 000 ou 250 000 contribuables dont une part du revenu est imposée au taux maximal du barème.
Avec l'amendement de M. Ostermann et du groupe du RPR, les contribuables soumis à la première tranche bénéficient d'une réduction supplémentaire d'impôt de 188 francs. Pour ceux dont les revenus sont imposés au taux supérieur, la correction est plus sensible : elle atteint en effet 2 004 francs pour un revenu net de 400 000 francs annuels et plus de 6 000 francs pour un revenu de 600 000 francs.
Avec l'amendement que vient de défendre M. le rapporteur général, nous sommes dans un cas de figure assez proche. Pour les revenus les plus faibles, l'impôt augmente de quelque 40 francs, tandis que, pour les contribuables les plus aisés, le cadeau fiscal va de 300 francs à 2 700 francs pour un revenu de 400 000 francs à 600 000 francs.
En clair, mes chers collègues de la majorité, en adoptant l'article 2 tel que modifié, non seulement vous transformez nos concitoyens non imposables en banquiers de l'Etat, mais, en plus, vous demandez aux plus modestes de financer la baisse d'impôt des plus aisés.
Vous avouerez que c'est là une étrange conception de la justice fiscale et sociale, dont notre collègue M. Chérioux ne sait même plus ce qu'elle est !
Cette étrange conception explique évidemment que nous ne votions pas l'article 2 tel qu'il ressort des débats du Sénat.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2, modifié.

(L'article 2 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 2



M. le président.
Par amendement n° I-107, Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste, républicain et citoyen proposent, après l'article 2, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le dernier alinéa du 1 de l'article 6 du code général des impôts, les mots : "de l'imposition des revenus de l'année du troisième anniversaire" sont remplacés par les mots : "du jour".
« II. - Le III de l'article 779 du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Dans la seconde phrase du premier alinéa, l'année : "2000" est remplacée par l'année : "2001".
« 2° Le second alinéa est supprimé.
« III. - Le taux fixé au III bis de l'article 125 A du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Il s'agit, pour nous, d'un amendement fondamental.
La loi instituant le pacte civil de solidarité a créé une nouvelle catégorie de foyers fiscaux composés de personnes - quels que soient leur sexe et leur situation professionnelle au demeurant - ayant conclu un pacte.
Pour autant, dans l'état actuel de la législation, on a un peu l'impression que ces « pacsés » - appelons-les ainsi - sont mis en demeure, pour pouvoir bénéficier d'un nouveau statut fiscal, de passer par une période de probation, en quelque sorte, qui couvre les trois premières années de déroulement du pacte.
Il s'agit presque de se demander si l'on n'a pas opté pour une forme de mise à l'épreuve qui n'est, au demeurant, imposée - et c'est heureux - à aucune autre catégorie de foyer fiscal.
Nous ne pensons pas que la situation des pacsés soit, sur le strict plan de l'égalité fiscale, en quelque sorte moins respectable que celle des autres ménages imposés à l'impôt sur le revenu, et rien, de fait, ne vient justifier réellement cette discrimination.
D'ailleurs, à l'examen de la situation des premiers pactes qui ont pu être signés, il apparaît que l'engagement souscrit par les parties faisait suite à une période de cohabitation déjà longue. On ne peut donc objectivement assimiler toute disposition de la nature de celle que nous proposons à une forme d'effet d'aubaine.
En outre, le PACS ayant au moins permis de mettre en évidence que l'évolution de notre société passe également par une transformation des structures de vie commune et de vie familiale, il est plus que temps d'en tenir compte dans notre législation fiscale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission ne peut pas être favorable à des aménagements qui rapprocheraient encore plus le statut des « pacsés » de celui des couples mariés, et qui vont à l'encontre de nos principes et des positions que nous avons défendues à l'occasion de l'examen de ce qui est devenu la loi relative au pacte civil de solidarité.
M. Marc Massion. Quels principes ? Les vôtres !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cela va à l'encontre des positions de la majorité du Sénat ! (Exclamations sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen), mais je parle au nom de la commission, mes chers collègues !
M. Marc Massion. Ah !
M. Philippe Marini, rapporteur général. La majorité des membres de la commission et la majorité des sénateurs ont défendu des positions, des principes et même des valeurs auxquel nous sommes particulièrement attachés.
Votre amendement allant strictement à l'opposé de ces principes, nous ne pouvons, en aucun cas, y être favorables, d'autant que le gage que vous avez prévu ne donne pas satisfaction à la commission des finances.
D'ici un certain temps, nous disposerons peut-être de statistiques plus précises et intéressantes, non seulement sur ceux qui se « pacsent », mais également sur ceux qui se « dépacsent », ce qui nous donnera une vision plus réaliste de ce dispositif !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je comprends bien les observations qui ont été formulées par M. Foucaud.
Ce débat n'est pas nouveau, et il convient de faire un rappel.
En prévoyant que l'imposition commune des partenaires liés dans le cadre d'un pacte civil de solidarité ne peut intervenir qu'à compter des revenus de la troisième année après la signature du pacte, le législateur a voulu garantir l'existence d'une période de vie commune suffisamment longue pour attester la volonté des partenaires d'inscrire leur union dans la durée, tout simplement pour éviter que le PACS ne constitue un instrument d'optimisation fiscale.
M. Jean Chérioux. De fraude fiscale, n'ayons pas peur des mots !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Ce sujet a été de nouveau débattu lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2001 à l'Assemblée nationale, et la commission des finances, dans un avis de sagesse, a fait valoir que le texte instituant le PACS était sans doute un peu trop récent pour que son équilibre puisse en être profondément modifié.
Pour ma part, je me rangerai derrière cet avis et vous demanderai, pour cette raison, de bien vouloir retirer votre amendement, monsieur Foucaud.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-107, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° I-228, M. Plancade et les membres du groupe socialiste proposent, après l'article 2, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - I. - Dans l'avant-dernière phrase du cinquième alinéa du e du 1° du I de l'article 31 du code général des impôts, les mots : ", une personne occupant déjà le logement" sont supprimés.
« II. - En conséquence, après le cinquième alinéa du e du 1° du I du même article, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Sous réserve que les conditions de loyer et de ressources prévues à l'alinéa précédent soient remplies, le propriétaire peut bénéficier de la déduction forfaitaire majorée au taux de 25 %, à l'occasion du renouvellement ou de la reconduction du bail, pour les locations en cours au 1er janvier 2001. »
« B. - Les pertes de recettes résultant du A ci-dessus sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels. Par cet amendement, il est proposé d'autoriser les propriétaires-bailleurs de logements anciens à rentrer dans le statut de bailleur privé pour les locations en cours, dès lors que ces locations répondent aux critères de loyer et de ressources fixés par le statut.
Le statut du bailleur a toutes les caractéristiques d'un produit pérenne permettant de fidéliser les propriétaires-bailleurs en leur donnant plus de sécurité dès lors qu'ils s'engagent dans une location à vocation sociale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement vise à élargir le nombre de bailleurs inclus dans le régime dit « Besson » en faveur de l'investissement locatif intermédiaire.
Il est difficile, à ce stade, de se faire une idée sur le coût d'un tel amendement ; la commission se prononcera après avoir entendu le Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Nous ne sommes pas favorables à cet amendement, car le dispositif proposé - qui consisterait à autoriser les propriétaires à bénéficier de la déduction forfaitaire majorée de 25 % dès le renouvellement ou la reconduction du contrat de location s'inscrivant dans le dispositif Besson - procurerait aux bailleurs un avantage fiscal important dépourvu de toute utilité incitative.
En outre, il nous semble que des dispositions pourraient être éventuellement adaptées au sein de ce dispositif.
Mais d'autres amendements ayant été déposés sur ce même sujet, il serait préférable que nous entrions au coeur de la discussion lors de leur examen, il s'agit des amendements n°s I-7, présenté par M. le rapporteur général, et I-229, déposé également par M. Angels.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Compte tenu des indications de Mme le secrétaire d'Etat, la commission, à ce stade, n'est pas favorable à ce premier amendement.
M. le président. Monsieur Angels, votre amendement est-il maintenu ?
M. Bernard Angels. Je vais le retirer pour aborder la discussion à l'occasion de l'examen de l'amendement n° I-229, comme le suggère Mme le secrétaire d'Etat.
M. le président. L'amendement n° I-228 est retiré.

Article additionnel après l'article 2 ou après l'article 2 bis



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-7, M. Marini, au nom de la commission des finances, propose d'insérer, après l'article 2 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - I. - Dans la troisième phrase du cinquième alinéa du e du 1° du I de l'article 31 du code général des impôts les mots : ", un ascendant ou un descendant" sont supprimés.
« II. - En conséquence, dans la première phrase du sixième alinéa du e du 1° du I du même article, les mots : "de membres de son foyer fiscal ou de ses descendants ou ascendants" sont remplacés par les mots : "ou de membres de son foyer fiscal".
« B. - I. - A la fin de la deuxième phrase du troisième alinéa du g du 1° du I du même article, les mots : ", un ascendant ou un descendant" sont remplacés par les mots : "ou de membres de son foyer fiscal."
« II. - En conséquence,
« 1° Dans la dernière phrase du même alinéa, les mots : "de membres de son foyer fiscal ou de ses descendants et ascendants" sont remplacés par les mots : "ou de membres de son foyer fiscal".
« 2° Dans la deuxième phrase du troisième alinéa du 2 du g du 1° du I du même article, les mots : ", un ascendant ou un descendant" sont supprimés.
« C. - Le e et le g du 1° du I du même article sont complétés par un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque le locataire est un ascendant ou un descendant du contribuable, celui-ci ne peut bénéficier des dispositions du 2° du II de l'article 156 au titre de la pension alimentaire versée au locataire. »
« D. - La perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions des A, B et C ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° I-229, M. Plancade et les membres du groupe socialiste proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - I. - Dans l'avant-dernière phrase du cinquième alinéa de e du 1° du I de l'article 31 du code général des impôts les mots : ", un ascendant ou un descendant" sont supprimés.
« II. - En conséquence,
« 1° Le même alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée : "Lorsque le locataire est un ascendant ou un descendant du contribuable, la déduction forfaitaire s'applique au taux de 14 % et la période de location n'est pas prise en compte pour la durée de location minimum de six ans."
« 2° Dans la première phrase du sixième alinéa du e du 1° du I du même article, les mots : "ou de ses descendants et ascendants" sont supprimés.
« B. - I. - A la fin de la deuxième phrase du troisième alinéa du g du 1° du I du même article, les mots : ", un ascendant ou un descendant" sont supprimés.
« II. - En conséquence,
« 1° Après la deuxième phrase du même alinéa, sont insérées deux phrases ainsi rédigées : "Lorsque le locataire est un ascendant ou un descendant du contribuable, ce dernier ne bénéficie pas, pendant la durée de la location, de la déduction au titre de l'amortissement, et la déduction forfaitaire s'applique au taux de 14 %. La période de location à un ascendant ou un descendant n'est pas prise en compte pour la durée de location minimum de neuf ans. "
« 2° Dans la dernière phrase du même alinéa, les mots : "ou de ses descendants et ascendants" sont supprimés.
« 3° Dans la deuxième phrase du troisième alinéa du 2 du g du 1° du I du même article, les mots : ", un ascendant ou un descendant" sont supprimés.
« C. - La perte de recettes résultant pour l'Etat des dispositions des A et B ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l'amendement n° I-7.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ce dispositif, déjà soumis au Sénat et adopté à plusieurs reprises, a pour objet de permettre l'extension du régime dit Besson à la location d'un bien aux ascendants ou aux descendants de l'investisseur.
Cela nous semble d'autant plus justifié que le nouveau régime Besson a un peu de mal à démarrer ; en tout cas, il n'a peut-être pas, sur la construction et la conjoncture immobilières, les conséquences positives que l'on serait en droit de souhaiter. Cet amendement a donc pour objet de rendre ce régime plus attractif.
M. le président. La parole est à M. Angels, pour défendre l'amendement n° I-229.
M. Bernard Angels. Cet amendement pourrait, à première vue, avoir la même destination que celui de la commission. Néanmoins, il est plus précis et son objectif est plus limité.
Nous proposons d'autoriser la location d'un logement à des ascendants ou à des descendants, tout en neutralisant les périodes correspondantes du point de vue tant de l'avantage fiscal - amortissement ou déduction forfaitaire majorée - que de l'engagement de location pendant six, neuf ou quinze ans.
Ce dispositif relativement souple permet d'ouvrir une location sous le statut de bailleur privé et de l'interrompre si l'on souhaite en faire bénéficier un membre de sa famille. Il offre, en outre, la possibilité d'acheter un bien immobilier d'habitation pour y loger un enfant étudiant et de basculer ensuite dans le statut de bailleur privé.
L'achat d'un petit logement est souvent dicté par le souci d'aider ses enfants à poursuivre leurs études hors du domicile familial. Les parents préfèrent ainsi un petit placement au paiement d'un loyer souvent onéreux. Les ménages qui s'engagent dans une telle démarche ont comme première priorité non pas de faire une « bonne affaire » sur le plan fiscal, mais avant tout de préparer l'avenir de leurs enfants.
Dans ces conditions, rien ne semble plus justifier le maintien de cette interdiction, qui constitue, de l'avis de tous, un frein psychologique majeur au développement du dispositif dit Besson.
Contrairement au dispositif Périssol et à l'amendement n° I-7, notre amendement n° I-229 ne reconstitue pas pour autant un « effet d'aubaine » ; il est plutôt un signal positif à destination des ménages à revenus moyens.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° I-229 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaiterait entendre le Gouvernement.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-7 et I-229 ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. La proposition qui vient d'être faite à travers l'amendement n° I-229 peut se résumer ainsi : en cas de location à un membre de la famille, on mettrait entre parenthèses, en quelque sorte, le dispositif fiscal favorable institué par la loi Besson.
La solution qui vient d'être exposée, sur plusieurs points, n'a pas les inconvénients de l'amendement n° I-7 de la commission. En particulier, elle réduirait les risques d'évasion fiscale, et elle est juste dans la mesure où elle permettrait de ne pas sanctionner trop durement une pratique, par ailleurs fort louable, qui est de loger un membre de sa famille. Elle est donc de nature à faire évoluer la réflexion sur ce sujet.
Toutefois, en l'état, elle est difficilement acceptable, pour deux raisons.
En premier lieu, elle serait un peu lourde à gérer, car il s'agirait, en quelque sorte, d'un régime fiscal qui fonctionnerait par intermittence et qui, de ce fait, serait immanquablement source d'erreurs et de litiges avec les contribuables.
En second lieu, elle n'éviterait pas totalement les risques d'optimisation fiscale puisque, comme vous le savez, l'avantage fiscal est élevé pour les logements neufs les cinq premières années ; il est ensuite fortement réduit. Il pourrait donc être intéressant de donner en location un logement pendant quelques années à un tiers avant de le louer à un membre de sa famille.
Il faudrait donc que nous recherchions une solution qui présente les avantages de votre proposition sans en avoir les inconvénients, en clair, une solution équitable qui reste fidèle à l'objectif d'encouragement au logement social.
Cette solution pourrait consister à ne pas remettre en cause la totalité de l'avantage fiscal lorsque, après une période de location d'au moins trois années à un tiers, le logement est donné en location à un membre de la famille. Le montant de l'avantage fiscal réintégré serait calculé en fonction de la durée de location, afin d'éviter les risques d'optimisation fiscale que j'évoquais à l'instant.
Comme nous avons un peu de temps devant nous pour finaliser cette solution, puisque les effets budgétaires de cette mesure n'interviendront au mieux qu'en 2002, je prends l'engagement de présenter, lors de l'examen de la deuxième partie du projet de loi de finances, un dispositif visant à répondre à l'objectif que vous venez d'exprimer. En attendant, je souhaite que vous retiriez votre amendement, monsieur Angels, et je vous remercie de la suggestion qui vient d'être faite, car elle permettra, je crois, de trouver une solution intéressante à un problème qui est tout à fait réel.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission sur l'amendement n° I-229 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La question est un peu complexe.
Que voulons-nous ? Que le régime Besson marche, en particulier dans le cas où un investisseur est amené à utiliser un bien pour loger un membre de sa famille. Cela fait déjà plusieurs fois que le problème est posé à travers des amendements de différentes origines.
Jusqu'ici, la situation était complètement bloquée. D'un côté, il y avait le secrétaire d'Etat au logement, qui, très légitimement, souhaitait que son régime - si je puis dire, puisqu'il porte son nom - marche bien, qu'il ait un impact économique, et, de l'autre côté, il y avait Bercy, votre ministère, madame, qui se montrait très réticent en invoquant le risque d'évasion fiscale ou différents problèmes de toute nature, raisonnement que, d'une manière assez générale, nous ne partagions pas.
Or, madame le secrétaire d'Etat, vous venez de nous dire, avec beaucoup de nuances, et de réserves, que vous comptiez nous faire une proposition en seconde partie de la loi de finances pour tenir compte de nos préoccupations.
Dès lors, mes chers collègues, je pense que nous pourrons nous déterminer à la vue de cette proposition qui figurera en seconde partie. Pour le moment, il me semble donc préférable de retirer notre amendement, sous bénéfice d'inventaire, dirai-je, nous plaçant dans une attitude constructive en vue d'examiner le texte qui nous sera soumis.
Je prie nos collègues socialistes de faire de même.
M. le président. Monsieur Angels, maintenez-vous votre amendement ?
M. Bernard Angels. Bien sûr, je le retire, monsieur le président.
Je tiens à remercier Mme le secrétaire d'Etat, qui a bien compris que nous voulions à la fois éviter les effets d'aubaine, répondre à un besoin économique et faire en sorte que le dispositif fonctionne mieux et que ceux qui veulent aider leurs enfants puissent le faire sans être pénalisés.
M. le président. Les amendements n°s I-7 et I-229 sont retirés.

Articles additionnels après l'article 2 (suite)



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-108, Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le premier alinéa du 1° de l'article 81 du code général des impôts, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Il en est de même pour les voyageurs-représentants-placiers titulaires d'une carte professionnelle.
« II. - L'augmentation du prélèvement sur recettes résultant de l'application du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Par amendement n° I-144, MM. Ostermann, Besse, Braun, Cazalet, Chaumont, Joyandet, Trégouët, Martin, Vasselle, Murat, Rispat, Neuwirth, Darcos, Fournier, Vial, Leclerc, Schosteck, Lanier et Mme Olin proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le quatrième alinéa du 3° de l'article 83 du code général des impôts est complété par une phrase ainsi rédigée :
« A compter de l'imposition des revenus de 2000, cette limite est de 50 000 francs pour les voyageurs, représentants-placiers de commerce ou d'industrie.
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du I ci-dessus sont compensées par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Beaudeau, pour présenter l'amendement n° I-108.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Sans vouloir rouvrir le débat des abattements supplémentaires dont bénéficiaient dans le passé un certain nombre de professions diverses, par cet amendement nous posons le problème des frais professionnels occasionnés par l'exercice du métier de voyageur représentant placier.
La suppression des déductions supplémentaires accordées à certains salariés en matière d'impôt sur le revenu a connu, on le sait, une exception sensible, celle de la profession de journaliste, pour laquelle il était assez clairement établi que cela poserait un grave problème.
Le problème se pose de façon quelque peu différente, aujourd'hui, dans un contexte où l'essentiel des frais susceptibles d'être éligibles au titre des déductions pour frais réels est constitué, vous le savez bien, madame la secrétaire d'Etat, par des frais de déplacement.
Compte tenu de l'augmentation importante du prix des carburants pétroliers, les salariés dont le véhicule personnel est un outil de travail essentiel se trouvent confrontés à une moins-value importante, si importante qu'elle met gravement en cause leur pouvoir d'achat et leur niveau de vie.
Je sais, madame la secrétaire d'Etat, que vos conseillers ont reçu les organisations syndicales, comme je l'ai fait moi-même et comme des membres d'autres groupes du Sénat ont pu le faire.
Toutes les organisations syndicales, que ce soient FO, la CGC ou la CGT - et je sais qu'elles ont été reçues par votre cabinet - nous ont confirmé, et elle l'ont démontré par des chiffres, que la baisse pouvait aller jusqu'à 30 %.
Alors, de deux choses l'une : ou l'on prend en compte l'augmentation du prix des carburants et l'on fait évoluer les dispositions relatives au VRP pour les rapprocher de celles qui ont été prises pour les professionnelles de la presse, ou l'on nous assure que des dispositions spécifiques seront prises, pour la détermination du forfait kilométrique, par exemple.
Le débat est donc ouvert.
Où en sommes-nous aujourd'hui ?
Le présent projet de loi prévoit expressément la mise en place d'une forme d'« amortisseur » fiscal pour geler les effets du renchérissement du prix des carburants, le prix étant entendu toutes taxes comprises, par un jeu subtil entre la taxe intérieure, d'une part, et la taxe sur la valeur ajoutée, d'autre part.
Il n'en reste pas moins que la question de l'évolution du forfait kilométrique, comme celle de la déduction forfaitaire pour frais professionnels que nous avons déjà visée dans nos amendements, demeure posée.
La fixation du forfait pour 2001 prendra-t-elle en compte le renchérissement du prix des carburants observé depuis le début de l'année ? Pour l'instant, il apparaît que la modification envisagée ne réglera pas la situation des VRP.
De manière plus générale, on pourrait opter pour une formule qui aurait le mérite de la simplicité et de la lisibilité : celle que nous préconisons.
Le traitement des dossiers fiscaux en matière de frais réels s'avère en effet de plus en plus complexe et donc coûteux pour l'administration fiscale, ce qui est pour nous une motivation pour aller au plus simple.
M. le président. La parole est à M. Lanier, pour défendre l'amendement n° I-144.
M. Lucien Lanier. Cet amendement a l'avantage d'être un peu plus précis que celui de Mme Beaudeau.
Il prend également en compte la spécificité des VRP, dont le rôle est particulièrement important pour le développement des PME et le commerce extérieur de la France. Nous proposons d'en revenir pour eux au plafond de 50 000 francs, qui était antérieurement fixé pour la déduction forfaitaire supplémentaire pour frais professionnels.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s I-108 et I-144 ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission comprend le souci des auteurs de ces deux amendements.
Estimant que la rédaction de l'amendement n° I-144 est plus précise que celle de l'amendement n° I-108, elle émet une préférence en faveur du premier, pour lequel elle s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s I-108 et I-144 ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable à ces amendements, pour les raisons suivantes.
Le système de l'allocation pour frais d'emploi et la mesure qui est prévue à l'article 81 du code général des impôts sont adaptés à une situation très spécifique, qui est celle des journalistes, situation qui ne peut pas aisément être comparée à celle d'autres catégories.
De ce point de vue, la situation des VRP est très différente. Les frais professionnels qu'ils engagent sont, pour l'esentiel, représentés par des frais de déplacement, qu'il s'agisse des frais de transport, d'hébergement ou de repas.
Il existe un barème administratif du prix de revient kilométrique des véhicules automobiles, barème plutôt généreux, il convient de le dire, qui permet une évaluation simplifiée et forfaitaire des frais de transport, lesquels constituent, eux-mêmes, la majeure partie des dépenses de déplacement de la profession.
Une instruction administrative du 30 novembre 1998 a en outre simplifié et clarifié le régime des frais professionnels réels de l'ensemble des salariés, notamment de ceux qui sont titulaires d'une déduction forfaitaire supplémentaire.
Il n'en demeure pas moins que la situation de la profession des VRP que vous évoquez peut, dans certains cas, être difficile ; mais elle soulève des problèmes qui sont moins d'ordre fiscal, me semble-t-il, que d'ordre social. Ces salariés peuvent, en effet, dans certains cas, rencontrer des difficultés à faire convenablement prendre en charge leurs frais par leurs employeurs. Mais il ne me semble pas que l'outil fiscal soit le plus adapté pour répondre à cette situation de fait, qui relève plus du dialogue social entre employeurs et salariés que d'une disposition du code général des impôts.
En conséquence, je souhaiterais le retrait de ces deux amendements.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-108.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Madame la secrétaire d'Etat, j'ai essayé d'expliciter les revendications de ces salariés, revendications qui, je le répète, étaient formulées par toutes les organisations sydicales.
Nous avons estimé que la proposition que nous faisions en déposant l'amendement n° I-108 était une proposition réaliste, adaptée aux conditions de travail des VRP et propre à soulager le travail de l'administration fiscale. C'est une proposition juste, pour une profession qui voit le nombre de ses membres diminuer et son niveau de vie chuter. L'adopter aurait constitué un geste de reconnaissance, d'écoute à l'égard des VRP, dont nous connaissons le rôle dans la vie économique.
Vous nous avez dit, madame la secrétaire d'Etat, que la solution relevait plus de leur employeur que d'une disposition du code général des impôts. Pour ma part, je pense plus particulièrement aux 160 000 VRP qui sont rémunérés à la commission et qui, de ce fait, ne peuvent demander à leurs employeurs une meilleure prise en compte de leurs frais professionnels, alors que, je le répète, leur rémunération et leur niveau de vie baissent en raison de l'augmentation du prix du carburant.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-108, repoussé par la commisison et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-144, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Le groupe communiste républicain et citoyen vote pour.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 2.
Par amendement n° I-109, Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le sixième alinéa, il est inséré dans l'article 83 du code général des impôts un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« ...° Les cotisations versées aux sociétés mutualistes, dans la limite de 1 % du salaire ou du traitement annuel. »
« II. - Dans le premier alinéa de l'article 980 bis du code général des impôts, les mots : "n'est pas", sont remplacés par le mot : "est". »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement portant sur l'assiette de l'impôt sur le revenu participe de notre démarche d'une réforme fiscale équilibrée et plus directement favorable aux détenteurs de revenus d'activité.
Il s'agit ici, sous une formulation légèrement différente de celle que nous avons pu présenter l'année dernière, de faire en sorte que, sous certaines limites, les cotisations mutualistes soient susceptibles d'être déduites du montant brut du revenu.
Dans l'état actuel de la législation fiscale, l'ensemble des cotisations et contributions sociales payées par les contribuables est admis en déduction du revenu imposable, à l'exception de la part non déductible de la CSG et de la CRDS.
On observera également que les cotisations acquittées par les non-salariés auprès de régimes complémentaires de protection sociale, et notamment de protection contre le risque maladie, bénéficient d'un principe d'exemption.
Enfin, la même déduction est offerte, si je ne m'abuse, aux salariés qui sont imposés au régime des frais réels et à tous ceux qui ont l'obligation de souscrire, compte tenu des conditions d'exercice de leur activité, une couverture complémentaire.
Quant au fond, la mesure que nous préconisons présente plusieurs aspects.
Le mouvement mutualiste apporte aujourd'hui une contribution importante à la résolution de nombre des besoins sociaux exprimés, et singulièrement en matière de santé publique.
La couverture complémentaire maladie est un élément déterminant de la solidarité nationale, car elle permet aux assurés sociaux de s'exonérer d'une part importante du coût des prestations maladie, aux collectivités locales d'éviter de recourir aux dispositifs d'aide médicale - qu'il s'agisse de l'ancienne aide médicale gratuite, l'AMG, de l'aide médicale hospitalière, l'AMH, ou de l'actuelle couverture maladie universelle, la CMU - et participe, par l'examen concret des situations, de l'atteinte d'un meilleur niveau de qualité sanitaire.
L'existence d'un fort mouvement mutualiste dans notre pays a en effet permis d'atteindre des objectifs d'amélioration de l'état de la population en termes de santé publique et de donner corps, notamment, à l'ensemble de la prévention sanitaire dans notre pays.
Nombre de plans de dépistage d'affections ou de maladies diverses ont, en effet, été engagés par l'intervention mutualiste, comme cela a pu se vérifier en termes de lutte contre certaines maladies professionnelles.
Notre amendement vise donc à ouvrir à l'ensemble des salariés la possibilité, plafonnée, de déduire de leur revenu imposable le montant de leurs cotisations mutualistes.
Notons que nous aurions pu opter pour une réduction d'impôt, comme cela se fait déjà pour un certain nombre de cotisations volontaires ou de dons aux oeuvres. Nous avons cependant préféré cette formule, afin que l'ensemble des personnes concernées en tire effectivement parti.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite, mes chers collègues, à adopter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission souhaite, bien entendu, favoriser le développement des efforts en ce qui concerne la protection complémentaire en matière de santé.
Cependant, le dispositif qui nous est soumis comporte deux défauts à nos yeux importants.
Tout d'abord, il s'agit uniquement des cotisations aux mutuelles et non pas des cotisations de l'ensemble des organismes de protection complémentaire, quel que soit leur statut. Ensuite, le gage qui est prévu ne peut rencontrer l'accord de la majorité de la commission.
Telles sont les raisons qui nous conduisent à émettre un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Nous ne sommes pas favorable à cet amendement dans la mesure où il conduirait à rendre déductibles des cotisations qui seraient versées dans le cadre des régimes d'adhésion individuels et facultatifs.
Aujourd'hui, seules les cotisations de prévoyance complémentaire qui sont versées dans le cadre obligatoire et professionnel, comme les cotisations d'assurance maladie, peuvent être admises, sous certaines conditions et dans certaines limites, en déduction du revenu imposable. Mais aller plus loin paraît difficile.
En contrepartie, il existe un mécanisme d'exonération de l'impôt sur le revenu des prestations qui sont servies par ces régimes. Par conséquent, les cotisations ne sont pas déductibles, mais les prestations ne sont pas soumises à l'impôt sur le revenu.
Par ailleurs, je rappelle que, selon la philosophie qui sous-tend cet amendement, le Gouvernement a mis en place un dispositif en faveur des personnes les plus démunies - la couverture maladie universelle - qui permet, depuis le 1er janvier, à plus d'un million de personnes de bénéficier non seulement d'une couverture maladie de base mais également d'une protection complémentaire gratuite.
Dans ce contexte, je souhaiterais que vous puissiez retirer votre amendement, monsieur le sénateur.
M. le président. Monsieur Foucaud, l'amendement est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. Je le maintiens, monsieur le président.
D'ailleurs, je fais remarquer à Mme le secrétaire d'Etat que, hormis la question du gage, M. le rapporteur général est d'accord avec nous.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-109, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° I-110, Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'artticle 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le deuxième alinéa du 30 de l'article 83 du code général des impôts, le taux : "10 %" est remplacé par le taux : "12 %".
« II. - Le taux fixé au 1° du paragraphe III bis de l'article 125 A du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Thierry Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement porte sur la question des frais professionnels.
Nous tenons d'emblée à préciser que nous sommes ici en présence d'un amendement d'appel qui tend, à l'examen de situations concrètes, à préconiser une nouvelle orientation de l'allégement de l'impôt sur le revenu fondée sur une meilleure prise en compte de la réalité des conditions actuelles d'exercice d'une activité salariée.
Un nombre croissant de salariés est en effet aujourd'hui en situation de devoir passer au régime des frais professionnels, avec ce que cela signifie en termes de contraintes administratives, compte tenu de l'accroissement des frais concourant à l'exercice de l'activité professionnelle.
Le débat est d'ailleurs déjà relativement ancien dans notre Haute Assemblée ; il existe notamment depuis que la législation fiscale a supprimé les abattements professionnels supplémentaires de certaines professions.
Aujourd'hui est de plus en plus croissante la charge que peut représenter pour nombre de salariés de notre pays le fait d'utiliser un véhicule personnel pour se rendre et revenir de leur lieu de travail, dans un contexte de croissance importante du prix hors taxes des produits pétroliers.
Il s'agit donc pour nous de prendre en compte ces réalités en accroissant de deux points le montant de l'abattement professionnel dont bénéficient les salariés.
Cet amendement, qui conduira à ramener à 70,4 % du revenu brut le revenu net imposable des salariés, est aussi une manière de créer les conditions éventuelles d'un nouvel allégement de l'impôt sur le revenu qui pourrait, dans les années à venir, se matérialiser par un accroissement de l'abattement à 14 % puis à 15 %.
A revenu équivalent, la baisse de l'impôt serait donc de 1,6 point dès la première année et serait d'une portée au moins aussi positive que celle qui est occasionnée par la correction des taux du barème prévue par l'article 2. Elle aurait enfin le mérite de faire vivre le principe d'une moindre taxation des revenus du travail, qui doit participer d'une réforme plus globale de l'impôt sur le revenu.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite à adopter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est intéressée par cet amendement ou, plus exactement, par la démarche qu'il reflète. En effet, nos collègues reconnaissent, en quelque sorte, que le poids de l'impôt sur le revenu est excessif puisque, selon eux - et je ne suis pas loin de partager leur approche - il y aurait lieu de relever la déduction pour frais professionnels.
Mais, mes chers collègues, n'est-il pas plus simple, pour atteindre les objectifs que vous vous assignez, de baisser les taux du barème, donc de voter nos amendements de réduction globale de l'ensemble de l'impôt sur le revenu ? (Mme Marie-Claude Beaudeau et M. Thierry Foucaud font un signe de dénégation.) Ainsi, il ne serait pas nécessaire d'entrer autant dans le détail des mesures de baisse d'impôt qui conduisent, ici, à augmenter de deux points un taux de déduction, là, à créer une incitation, ou une niche fiscale. Il serait infiniment plus clair, plus simple et plus efficace de prévoir un barème dont les taux diminuent davantage que ne le propose le Gouvernement.
En outre, le gage n'est pas susceptible d'être accepté par la commission.
Au vu de l'ensemble de ces éléments, j'émets un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Les dispositions fiscales actuellement en vigueur permettent de prendre en compte les dépenses supportées par les salariés dans l'exercice de leur activité professionnelle.
En effet, si la déduction des frais professionnels dans la catégorie des traitements et salaires s'effectue normalement par la voie du forfait de 10 %, les contribuables peuvent, lorsqu'ils l'estiment insuffisant, renoncer à ce forfait et opter pour la prise en compte du montant réel, et justifié, des frais professionnels. Or, comme environ 14 % des salariés optent effectivement pour la déduction du montant réel de leurs frais professionnels, on peut a contrario légitimement penser que, pour plus de 85 % des salariés, c'est-à-dire pour tous les autres, la déduction forfaitaire de 10 % correspond bien, en tout cas suffisamment, à la réalité des frais professionnels exposés.
De surcroît, le montant minimum de la déduction forfaitaire de 10 % a été fortement majoré depuis l'imposition des revenus de 1997 pour les demandeurs d'emploi de longue durée, c'est-à-dire ceux qui sont inscrits à l'ANPE depuis plus d'un an. C'est donc un système de déduction pour recherche d'emploi.
Ainsi, pour l'imposition des revenus de 2000, les intéressés bénéficient, compte tenu, par ailleurs, de l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu, d'une déduction minimale de 5 140 francs, au lieu de 2 350 francs, montant de droit commun.
Il s'agit donc d'une véritable mesure de justice fiscale, que nous devons, je dois le dire, à une initiative des parlementaires communistes prise lors de l'examen du projet de loi de finances pour 1998.
Sous le bénéfice de ces observations, je souhaite que cet amendement soit retiré.
M. le président. Monsieur Foucaud, maintenez-vous votre amendement ?
M. Thierry Foucaud. Je suis un peu embarrassé, monsieur le président !
C'est vrai, le Gouvernement a fait des choses.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Mais pas assez...
M. Thierry Foucaud. Mais, compte tenu de la situation et de la hausse des prix des carburants, nous aurions souhaité - je dis bien : « nous » - que le Gouvernement fasse un geste en direction d'un certain nombre de salariés de notre pays.
Je maintiens donc mon amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-110, repoussé par la commission et par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° I-145, MM. Ostermann, Besse, Braun, Cazalet, Chaumont, Gaillard, Joyandet, Trégouët, Cornu, Martin, Vasselle, Murat, Rispat, Neuwirth, Darcos, Fournier, Ginésy, de Broissia, Vial, Leclerc, Schosteck, Lanier et Mme Olin proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa de l'article 151 septies du code général des impôts, remplacer les mots : « le double de » par les mots : « deux fois et demie ».
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'application du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Lanier.
M. Lucien Lanier. Les auteurs de l'amendement considèrent que les professions libérales ont été particulièrement oubliées depuis 1997.
Le seuil de recettes en deçà duquel les plus-values professionnelles réalisées par des contribuables exerçant leur activité depuis plus de cinq ans bénéficient d'une exonération est resté inchangé depuis 1988, période au cours de laquelle l'inflation était particulièrement élevée.
Afin de restituer son plein effet à la mesure décidée par le législateur il conviendrait que les différents plafonds fassent l'objet d'une revalorisation, dans les proportions proposées dans l'amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Notre collègue Lucien Lanier a raison de mettre l'accent sur les modalités actuelles d'imposition des plus-values professionnelles, qui ne sont pas toujours satisfaisantes. En particulier, comme il le faisait remarquer, des seuils mis en place en 1988 méritent d'être adaptés.
S'agissant du seuil de recettes, M. Lanier nous propose, par cet amendement n° I-145, de remplacer les mots « le double de » par les mots « deux fois et demie ».
La commission souscrit à cet objectif. Mais elle vous proposera un dispositif plus large - en vérité, elle s'attaque, si je puis dire, au même problème - dans l'amendement n° I-40, tendant à insérer un article additionnel après l'article 11. Nous suggérerons de prendre en compte l'inflation pour le calcul des plus-values de cession de fonds de commerce, ce qui concerne, bien entendu, les professions libérales, que vise notre collègue, mais aussi, de manière générale, le commerce et l'artisanat.
Nous avions déjà, l'an dernier, soumis cet amendement, qui avait été voté par le Sénat.
En attendant, et sous le bénéfice de ces observations, notre collègue devrait retirer son amendement n° I-145, puisqu'il serait satisfait par le vote, à intervenir, de l'amendement n° I-40 de la commission, qui sera examiné après l'article 11.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Compte tenu de ce qui vient d'être dit par M. le rapporteur général, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.
Cet important dispositif d'exonération avait sa légitimité à une époque où il n'existait pas de régime de retraite pour les entrepreneurs. Ce dispositif est moins adapté aujourd'hui dans la mesure où, depuis plusieurs années, des régimes facultatifs ont été mis en place assurant aux intéressés des prestations de niveau comparable à celui des salariés, notamment dans le cadre des contrats dits « contrats Madelin », dont les primes sont déductibles du revenu imposable.
L'article 151 septies a été conçu pour s'appliquer aux petites et moyennes entreprises. Il remplit d'ores et déjà son objectif, puisque 50 % à 60 % des contribuables intéressés sont susceptibles d'en bénéficier.
Par ailleurs, il existe déjà des régimes de report applicables aux exploitations qui ne peuvent pas bénéficier de l'exonération correspondant à celle qui est visée par l'amendement, c'est-à-dire celle de l'article 151 septies . Ces régimes atténuant les conséquences fiscales des changements d'exploitants dans le cadre d'apports ou de transmissions à titre gratuit, ils permettent donc de garantir la pérennité des entreprises lors des transmissions, et ce quelle que soit la taille des entreprises mais nous aurons l'occasion d'y revenir un peu plus tard dans la discussion des articles.
M. le président. Monsieur Lanier, l'amendement n° I-145 est-il maintenu ?
M. Lucien Lanier. En attendant l'article additionnel après l'article 11 que nous proposera la commission, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° I-145 est retiré.
Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-huit heures cinq, est reprise à dix-huit heures vingt.)

M. le président. La séance est reprise.

7

SAISINE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL

M. le président. M. le président a reçu de M. le président du Conseil constitutionnel des lettres par lesquelles il informe le Sénat que le Conseil constitutionnel a été saisi, en application de l'article 61, alinéa 2 de la Constitution, le 23 novembre 2000 par plus de soixante sénateurs et le 24 novembre 2000 par plus de soixante députés, de demandes d'examen de la conformité à la Constitution de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains.
Acte est donné de cette communication.
Le texte des saisines du Conseil constitutionnel est disponible au bureau de la distribution.

8

LOI DE FINANCES POUR 2001

Suite de la discussion d'un projet de loi

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi de finances pour 2001.

Articles additionnels après l'article 2
ou après l'article 2 bis (suite)



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-111, Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le deuxième alinéa du a du 5 de l'article 158 du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Les pensions et retraites font l'objet d'un abattement de 10 %. »
« II. - Le taux fixé au 1° du paragraphe III bis de l'article 125 A du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
Par amendement n° I-146 rectifié, MM. Ostermann, Besse, Braun, Cazalet, Chaumont, Gaillard, Joyandet, Trégouët, Cornu, Martin, Vasselle, Murat, Rispat, Neuwirth, Darcos, Fournier, Ginésy, de Broissia, Leclerc, Marest, Schosteck, Lanier, Mme Olin et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après l'article 2 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - A la fin de la première phrase du deuxième alinéa du 5 (a) de l'article 158 du code général des impôts, la somme : "20 000 francs" est remplacée par la somme : "22 000 francs".
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du I ci-dessus sont compensées par la création de taxes additionnelles aux droits visés aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Foucaud, pour défendre l'amendement n° I-111.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement participe de conceptions que nous défendons depuis plusieurs années en matière d'impôt sur le revenu.
Il s'agit, ainsi que nous l'avions proposé dans le cadre de discussions budgétaires antérieures, de remettre à niveau l'abattement dont bénéficient les pensions et retraites au titre de la détermination du revenu imposable au barème de l'impôt sur le revenu.
La mesure de plafonnement de l'abattement de 10 %, qui a été prise lors de l'amorce de la réforme de l'impôt sur le revenu en 1997, a été fort heureusement interrompue pour les lois de finances ultérieures votées depuis. Pour autant, elle conserve de notre point de vue son caractère éminemment discutable.
On nous rétorquera, un peu rapidement peut-être, que nous proposons de revenir sur un plafonnement touchant des pensions et retraites d'un montant relativement important, en l'occurrence supérieures à 250 000 francs annuels.
Il n'en demeure pas moins que le souci qui nous anime est de considérer effectivement ces pensions et retraites pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire des salaires différés qui ont été prélevés tout au long de la vie active de chaque retraité ou pensionné et qui doivent donc, en toute logique, obéir aux mêmes règles de fiscalisation que les revenus d'activité salariée.
Au bénéfice de ces observations, je vous invite à adopter cet amendement.
M. le président. La parole est à M. Lanier, pour défendre l'amendement n° 1-146 rectifié.
M. Lucien Lanier. Cet amendement a pour objet de relever à 22 000 francs le plafond de l'abattement de 10 % sur les pensions.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s I-111 et I-146 rectifié ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission émet un avis favorable sur l'amendement n° I-146 rectifié.
En revanche, et à ce stade, elle émet un avis défavorable sur l'amendement n° I-111.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement n° I-146 rectifié car le plafond de l'abattement applicable dans le cadre de l'article 158 du code général des impôts, qui s'élève à 20 400 francs pour l'imposition des revenus de l'année 2000, représente un point d'équilibre qui permet de préserver la situation de la grande majorité des retraités, c'est-à-dire des retraités qui disposent de revenus modestes ou moyens. Cet amendement rétablirait le plafond à 22 000 francs, ce qui bénéficierait à 6 % de l'ensemble des retraités ; c'est dire si cette mesure concerne une très faible minorité de retraités.
A l'inverse, le projet de loi de financement de la sécurité sociale prévoit deux dispositions importantes pour une très grande majorité de retraités. Il s'agit, d'une part, de la revalorisation de leurs pensions, ainsi que des cotisations et salaires servant de base à leur calcul, à hauteur de 2,2 % pour l'année 2001. Il s'agit, d'autre part, de l'exonération de la contribution pour le remboursement de la dette sociale, pour les retraités non imposables.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite à retirer cet amendement, monsieur le sénateur.
M. le président. Personne ne demande la parole ?
Je mets aux voix l'amendement n° I-111, repoussé par la commission ?

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-146 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 2 bis.

Articles additionnels après l'article 2 (suite)

M. le président. Par amendement n° I-112, Mme Beaudeau, MM. Foucaud, Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le quatrième alinéa du I de l'article 158 bis du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Ce crédit d'impôt est égal au tiers des sommes effectivement versées par la société. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement relatif à l'avoir fiscal est, de notre point de vue, une des mesures essentielles que nous nous devons de faire valoir dans une réforme de l'impôt sur le revenu dont les contours obéiraient encore plus aux exigences de la justice fiscale.
L'avoir fiscal, dont l'existence nous semble d'ailleurs quelque peu remise en question, est en effet le seul élément de correction de l'impôt sur le revenu dont l'application est susceptible de générer un important remboursement à percevoir auprès du Trésor public.
Mais plus encore que ce problème, ce qui pose aujourd'hui question pour l'avoir fiscal, c'est bel et bien son taux.
Censé couvrir les effets de l'impôt sur les sociétés sur les revenus tirés de la possession d'actions et de la distribution de dividendes, l'avoir fiscal, quand il a été instauré, a été immédiatement pourvu d'un taux de 50 % qui correspondait au taux historique de l'impôt sur les sociétés.
On sait que, depuis 1985, le taux de l'impôt sur les sociétés a connu d'importantes évolutions, marquées en fait par une réduction sensible de celui-ci, jusqu'à 33,33 % aujourd'hui.
On ne reviendra pas, évidemment, sur la question des surtaxes Juppé et Strauss-Kahn, qui s'appliquaient, soit dit en passant, hors avoirs fiscaux.
La réduction du taux de l'avoir fiscal aurait donc dû, si l'on admet le principe d'un crédit d'impôt venant compenser la double imposition, accompagner la réduction du taux.
Il n'en a rien été et, de fait, la dépense fiscale n'a cessé de croître et d'embellir, mettant à mal l'équité et la justice fiscales, déjà largement victimes du traitement pour le moins différencié des revenus catégoriels.
Notre amendement vise donc à remédier, dans un premier temps, à cette anomalie.
Nous plaçons de surcroît résolument notre proposition dans la perspective d'une mise en déclin de l'avoir fiscal, mise en déclin d'autant plus justifiée que l'évolution des législations fiscales de nos principaux partenaires tend à promouvoir la disparition de cet outil.
Ainsi, la fameuse réforme de l'impôt et de la fiscalité en cours en Allemagne dans le cadre du programme pluriannuel du Chancelier Schröder intègre, en compensation de la correction des taux d'imposition, la suppression de l'avoir fiscal.
Il est vrai que, par commodité et sans doute par souci idéologique, d'aucuns qui s'apprêtent à décerner un brevet de baisse des impôts à l'Etat fédéral voisin oublient un peu vite ce détail qui pèse tout de même plusieurs dizaines de milliards de marks et plusieurs dizaines de milliards de francs chez nous.
La convergence des politiques fiscales peut éventuellement emprunter ce chemin pour commencer.
Sous le bénéficie de ces observations, je vous invite mes chers collègues, à adopter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Monsieur le président, l'avoir fiscal n'est que la neutralisation d'une double imposition. La commission est tout à fait opposée aux objectifs du groupe communiste républicain et citoyen, et elle émet donc un avis défavorable sur l'amendement n° I-112.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Cet amendement vise à réduire le taux de l'avoir fiscal de 50 % à 33,33 % pour les actionnaires personnes physiques.
Cette mesure de durcissement de la fiscalité des actions nous paraît aller à l'encontre de la politique du Gouvernement, qui tend à réorienter l'épargne vers les fonds propres des entreprises.
J'ajoute que de nombreux ménages non imposables, particulièrement les petits retraités, obtiennent le remboursement de l'avoir fiscal.
Enfin, à l'article 7 de ce projet de loi de finances, le Gouvernement va au-delà de la proposition formulée dans cet amendement en ce qui concerne les actionnaires personnes morales, puisque, pour ces derniers, il est prévu de fixer de l'avoir fiscal à 25 % en 2001 et à 15 % en 2002.
Sous le bénéfice de ces observations, j'invite M. Foucaud à retirer l'amendement n° I-112.
M. le président. Monsieur Foucaud, l'amendement n° I-112 est-il maintenu ?
M. Thierry Foucaud. Non, je le retire.
M. le président. L'amendement n° I-112 est retiré.
Par amendement n° I-91, MM. Badré, Fréville, Mme Bocandé et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le 4 du I de l'article 197 du code général des impôts est complété par le membre de phrase suivant : "; pour un couple marié soumis à imposition commune, le montant de l'impôt est diminué, dans la limite de son montant, de la différence entre 4 900 F et la moitié de son montant ; »
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'application du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts ».
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Le dispositif du Gouvernement concernant la décote accroît la limite supérieure de la décote mais, en contrepartie - et c'est parfaitement justifié -, réduit la majoration des taux marginaux de l'impôt sur le revenu lors de l'entrée dans le barème de l'impôt.
Cette réforme, aussi souhaitable soit-elle, ne résout pas tous les problèmes posés par la décote, en particulier celui de la « conjugalisation », si je peux m'exprimer ainsi. En d'autres termes, la décote est due par foyer fiscal, ce qui pose le problème des jeunes couples de salariés. A cet égard, je prendrai deux exemples.
Imaginons tout d'abord le cas de deux jeunes salariés rémunérés au SMIC : ils bénéficient l'un et l'autre de la décote, c'est-à-dire qu'ils ne paient pratiquement pas d'impôt sur le revenu. S'ils se marient, ils ne formeront plus qu'un seul foyer fiscal et bénéficieront donc une seule fois de la décote, au lieu de deux fois auparavant. Et, comme cadeau de mariage - je n'ai pas fait le calcul avec le nouveau barème du Gouvernement -, on leur fera supporter quelque 2 000 à 3 000 francs d'impôt supplémentaire.
Prenons par ailleurs le cas d'un couple de jeunes dont un seul occupe un emploi. Si la seconde personne du foyer se met à travailler, le couple ne pourra bénéficier qu'une fois de la décote et, par conséquent, il devra payer un impôt supplémentaire qu'il n'imaginait pas devoir acquitter. Telle est la logique de « non-conjugalisation ».
L'amendement n° I-91 tend donc tout simplement à « conjugaliser » la décote, et donc à permettre à un couple de bénéficier deux foix de cette dernière.
Techniquement, nous nous sommes fondés, pour le calcul de la décote, sur le nouveau texte du Gouvernement qui, pour des raisons techniques, fait apparaître cette dernière non pas pour son montant maximal de 4 900 francs mais pour la moitié.
J'ajoute que je suis parfaitement conscient du fait que si, par hasard - il faut toujours espérer -, le dispositif du crédit d'impôt que nous avons voté était repris par l'Assemblée nationale, cet amendement serait alors moins nécessaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Comme vient de l'indiquer Yves Fréville, l'inspiration de la commission, en présentant le dispositif du crédit d'impôt, est très voisine de celle qui sous-tend cet amendement n° I-91.
L'année dernière, la commission avait appuyé cette mesure de « conjugalisation » de la décote : elle l'avait reprise à son compte, et le Sénat l'avait adoptée.
Nous demeurons convaincus du bien-fondé de cette démarche. Mais, pour des raisons liées au pilotage du solde qui va être défini au terme de la première partie du projet de loi de finances, il serait à mon avis souhaitable que cet amendement, dont je ne connais d'ailleurs pas le coût, soit retiré à ce stade, puis réintroduit dans la seconde partie, pour bien exprimer l'objectif et la conviction des auteurs de l'amendement, objectif et conviction que partage complètement la commission.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. La décote a été instituée précisément pour corriger, au profit des contribuables célibataires de condition modeste, les effets du barème de l'impôt sur le revenu qui est progressif et qui tient compte de la situation familiale à travers le mécanisme du quotient familial.
Le quotient familial est une technique très favorable pour les contribuables soumis à une imposition commune et qui, depuis 1987, bénéficient également du mécanisme de la décote.
Par conséquent, nous sommes d'ores et déjà dans un système de cumul de dispositions plus favorables que ne le laissent penser les exemples que vous venez de développer.
En effet, monsieur Fréville, la comparaison à laquelle vous vous êtes livré est extrêmement réductrice puisqu'elle ne concerne que des couples biactifs qui vivent en concubinage avant de se marier.
M. Philippe Nogrix. Pas forcément !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. La réflexion qui consiste à s'interroger sur l'opportunité de « conjugaliser » la décote ne peut donc être menée sur la base de ce seul cas particulier. En revanche, si l'on s'interroge sur l'objet même de la décote, il faut bien dire que l'aménagement du dispositif que vous proposez ne paraît pas se justifier, puisque cet objet n'est pas d'instituer un seuil d'exonération qui serait directement proportionnel à la situation de famille.
Enfin et surtout, le projet de loi de finances qui vous est actuellement soumis prévoit d'ores et déjà un aménagement du dispositif de la décote et de ses modalités de calcul, qui se traduira par un élargissement du champ d'application de la décote et par une amélioration de ses effets.
Je ne citerai qu'un exemple : ainsi, un couple marié sans enfant - je prends un exemple cohérent avec celui que vous indiquiez tout à l'heure - bénéficiera de la décote au titre de l'imposition des revenus de 2000 jusqu'à 107 654 francs de revenus imposables, soit un revenu mensuel de 12 500 francs, au lieu de 87 717 francs, c'est-à-dire un revenu mensuel d'environ 10 200 francs.
Pour ces motifs, et compte tenu des dispositions proposées par le Gouvernement dans le cadre de ce projet de loi de finances, je vous suggère, monsieur le sénateur, de retirer cet amendement.
M. le président. Monsieur Fréville, l'amendement n° I-91 est-il maintenu ?
M. Yves Fréville. J'ai bien entendu les remarques de Mme le secrétaire d'Etat et de M. le rapporteur général.
Je n'ai pas été convaincu du tout par l'exemple donné par Mme le secrétaire d'Etat. J'envisageais non pas le cas unique d'un couple de concubins qui se marient, mais tout simplement le cas de deux personnes qui convolent, quel que soit leur statut antérieur. Et effectivement, parmi elles, il peut se trouver des couples de concubins. Mais ma démarche était infiniment plus générale, et je faisais simplement remarquer qu'il y avait là un inconvénient à se marier, puisque les deux personnes qui se mariaient ne bénéficiaient plus des avantages qui étaient les leurs séparément. Par conséquent, sur ce plan, je ne suis pas du tout convaincu.
En ce qui concerne le coût de mon amendement, je reconnais qu'il est difficile de l'évaluer compte tenu de l'amendement de la commission qui a déjà financé le crédit d'impôt ; mais je suis certain que son coût sera certainement très inférieur à celui qu'il aurait été sans la proposition de la commission sur le crédit d'impôt.
Alors, pour que tout cela soit affiné, j'accepte bien entendu de retirer pour l'instant cet amendement et de le déposer à nouveau dans la seconde partie du projet de loi de finances.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Merci beaucoup !
M. le président. L'amendement n° I-91 est retiré.
Par amendement n° I-76, M. du Luart, et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le deuxième alinéa de l'article 199 quater C du code général des impôts, le pourcentage "30 %" est remplacé par le pourcentage "50 %".
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la majoration, à due concurrence, des droit prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Heinis.
Mme Anne Heinis. Cet amendement porte sur les cotisations syndicales.
Les cotisations versées aux organisations syndicales représentatives de salariés et de fonctionnaires ouvrent droit à une réduction d'impôt sur le revenu. Toutefois, cette réduction est limitée à 30 %, alors que les dons aux partis politiques et aux associations ouvrent droit à une déductibilité de 50 %. Il paraît équitable que les cotisations syndicales soient alignées sur ce taux de 50 %.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je me demande si l'article 48 nonies, adopté par l'Assemblée nationale, ne comporte pas la même disposition. Mais peut-être Mme la secrétaire d'Etat nous donnera-t-elle l'information nécessaire ?
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je souscris tout à fait aux observations de M. le rapporteur général. En effet, l'article 48 nonies du présent projet de loi de finances, qui a été adopté par l'Assemblée nationale sur une proposition de M. Emmanuelli, prévoit précisément le relèvement de ce taux pour les cotisations versées à compter du 1er janvier 2001, ce qui ne modifiera pas l'équilibre budgétaire de l'année 2000, contrairement à l'amendement qui est présenté ici.
Cette disposition me semble donc répondre tout à fait directement à l'objet de l'amendement n° I-76, lequel pourrait donc être retiré.
M. Philippe Marini, rapporteur général. L'amendement est satisfait !
M. Jean Chérioux. Emmanuelli, du Luart, même combat ! Cela mérite d'être souligné ! (Sourires.)
M. Philippe Marini, rapporteur général. Toutes les configurations sont possibles !
M. le président. Madame Heinis, l'amendement n° I-76 est-il maintenu ?
Mme Anne Heinis. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° I-76 est retiré.
Par amendement, n° I-77, M. du Luart et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent d'insérer, après l'article 2, un article ainsi rédigé :
« I. - Dans la deuxième phrase du premier alinéa de l'article 199 quater D du code général des impôts, la somme : "15 000 francs" est remplacée par la somme : "30 000 francs".
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à Mme Heinis.
Mme Anne Heinis. Cet amendement concerne les frais de garde de jeunes enfants.
Les contribuables célibataires, veufs ou divorcés peuvent bénéficier d'une réduction de leur impôt sur le revenu pour les dépenses qu'ils effectuent pour la garde d'enfants de moins de six ans.
La réduction est de 25 %, pour un plafond de dépenses de 15 000 francs par enfant.
Cette réduction est également ouverte aux foyers fiscaux dont les conjoints travaillent tous les deux à plein temps ou à mi-temps, ou l'un à plein temps et l'autre à mi-temps.
Cet amendement vise donc à augmenter le plafond de 15 000 francs à 30 000 francs afin d'aider non seulement les parents qui font appel à des assistantes maternelles, mais aussi ceux qui mettent leurs enfants dans des crèches. Nous sommes là dans le cadre de l'aide à la famille.
M. Charles Revet. Très bon amendement !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. C'est une bonne mesure sociale à laquelle la commission souscrit tout à fait. Elle émet donc un avis favorable.
M. Charles Revet. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Chérioux. Favorable !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement.
M. Philippe Marini, rapporteur général, et M. Charles Revet. Oh !
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Ce faisant, il adopte une position cohérente avec des mesures votées, de mémoire, dans la loi de finances de 1998, qui ont tendu à proportionner l'avantage fiscal aux revenus des contribuables.
Pour autant, permettez-moi de rappeler qu'il existe un certain nombre d'avantages fiscaux en faveur des familles : il en est ainsi de l'avantage fiscal consistant à exonérer des frais de garde d'un enfant à l'extérieur du domicile, qui se cumule avec une allocation mensuelle, à savoir l'aide aux familles pour l'emploi d'une assistance maternelle agréée, aide qui est attribuée sans conditions de ressources et exonérée d'impôt sur le revenu et qui peut se cumuler avec une réduction d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile lorsque ce dernier assure la garde des enfants à la sortie de la crèche ou exécute des tâches ménagères complémentaires.
La garde des jeunes enfants bénéficie ainsi d'un dispositif varié d'aides fiscales, complété par un dispositif tout aussi varié d'aides sociales qui ont pour effet de compenser en partie les charges supplémentaires que supportent les ménages ayant de jeunes enfants.
J'invite donc Mme Heinis à retirer son amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-77.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. J'ai été un peu surprise que cet amendement émane du groupe des Républicains et Indépendants ! (Exclamations sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.).
M. Jean Chérioux. Pourquoi ? Vous avez le monopole ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ils sont très sociaux !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je suis étonnée parce que ce n'est pas habituel, je tenais à le dire. (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.).
Pour autant, je vais vous faire plaisir en votant cet amendement.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ah !
Mme Marie-Claude Beaudeau. Nous nous sommes opposés, pendant de nombreuses années, aux allocations dites de garde d'enfant à domicile, parce que nous pensions que les déductions très importantes accordées à ce titre correspondaient, en fait, à la rémunération d'employés de maison. Je suis donc très à l'aise, aujourd'hui, pour voter un amendement, qui permettra à certain contribuables qui font appel à l'extérieur, à un assistant maternel ou qui mettent leurs enfants à la crèche de bénéficier de cet avantage.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Très bien !
M. Charles Revet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet. Contrairement à ce que dit Mme Beaudeau, et même si cela l'étonne, le groupe des Républicains et Indépendants a toujours été extrêmement favorable à toutes les mesures qui pouvaient être prises en faveur de la famille. C'est d'ailleurs, je crois, le cas de l'ensemble de la majorité sénatoriale.
Madame le secrétaire d'Etat, il existe deux raisons de voter pour cet amendement : la première, c'est que c'est une bonne mesure en soi ; la seconde, c'est qu'il existe dans la pratique, deux façons de faire garder ses enfants : soit la personne qui s'en charge est officiellement déclarée, soit cela se fait parfois « sous le coude ». Il est clair qu'à partir du moment où nous créerons une mesure incitative pour les familles, elles pourront faire appel à des assistantes maternelles agréées reconnues, ce qui est l'intérêt même de la famille qui met l'enfant en garde.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cela fera même rentrer des impôts !
M. Charles Revet. Madame le secrétaire d'Etat, vous auriez donc peut-être intérêt à réexaminer l'amendement et à vous y rallier vous aussi. Nous irions ainsi tous dans le même sens !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Et il y a un tel climat dans cet hémicycle !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-77, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 2.
M. Jean Chérioux. Je constate que les socialistes se sont opposés à l'amendement !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Ils sont moins sociaux que nous !
M. Bernard Angels. Ils ne sont pas démagos !
M. le président. Par amendement n° I-227, M. Massion, Mme Bergé-Lavigne, MM. Angels, Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Miquel, Moreigne, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - A compter de l'imposition des revenus 2000, la réduction d'impôt prévue au premier alinéa du I de l'article 199 terdecies- O A du code général des impôts s'applique aux contribuables domiciliés en France en cas de souscription de parts ou actions de sociétés d'investissement solidaires agréées par le ministre en charge de l'innovation sociale et de l'économie sociale et solidaire dans les conditions définies par les VI-1 a et b et les VI-2 et VI-3 du même article.
« B. - Les pertes de recettes pour l'Etat sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. ».
La parole est à Mme Bergé-Lavigne.
Mme Maryse Bergé-Lavigne. Le projet de loi sur l'épargne salariale a déjà été examiné par les deux chambres en première lecture et il est en cours de navette. Or l'article 9 de ce texte encourage l'investissement dans l'économie solidaire.
Permettez-moi de rappeler brièvement ce que l'on entend par « économie solidaire » : sont concernées des entreprises qui n'ont pas de titres de capital admis aux négociations sur un marché réglementé et dont le tiers au moins des salariés ont vocation à bénéficier d'un contrat initiative-emploi ou souffrent d'un handicap reconnu par une COTOREP.
C'est ainsi que sont visés ici, par exemple, les associations, les coopératives, les mutuelles, les institutions de prévoyance et toutes les sociétés dont les dirigeants sont élus, mais aussi les entrepreneurs qui remplissent les conditions prédédemment énoncées.
Dans la logique de ce texte, il vous est proposé d'élargir le champ de la réduction d'impôt prévue au premier alinéa du I de l'article 199 terdecies- O A du code général des impôts.
L'avantage d'une telle proposition doit être évident aux yeux de tous : nous souhaitons inciter les classes moyennes à investir dans ce secteur que je qualifierai de « secteur intermédiaire », car cela leur permettra de mutualiser les risques qu'elles prennent, leur donnant ainsi une plus grande sécurité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est très sceptique, pour un certain nombre de raisons qui tiennent d'abord à la procédure : est-il opportun de déposer un tel amendement sur ce texte, alors que le projet de loi sur l'épargne salariale, qui est en cours de navette, crée plusieurs incitations fiscales en faveur de ce que vous appelez « l'économie solidaire » ? Faut-il ajouter un morceau ici, un morceau là, au moment où le projet de loi sur l'épargne salariale vise, précisément, à mettre l'accent sur ce tiers secteur de l'économie, qui dispose d'ailleurs depuis peu d'un secrétaire d'Etat pour lui tout seul ?
Il me paraît donc préférable, par souci de cohérence, d'en rester à ce texte sur l'épargne salariale.
Au demeurant, sur le fond, vous nous avez donné votre définition de l'économie solidaire. Or j'avoue que je n'ai pas trouvé - pardonnez-moi, chère collègue - cette définition extrêmement précise : vous nous dites que cela vise un organisme, une société non cotée qui exerce son activité dans différents secteurs, à condition qu'un tiers des salariés soient en contrat initiative-emploi, si je comprends bien ; ensuite, vous nous parlez des mutuelles, des organismes coopératifs, mais sans évoquer alors la condition précédente.
S'agissant d'un régime favorable d'investissement, il me paraît nécessaire d'affiner la cible afin de bien informer les investisseurs, dans le souci de transparence et de sécurité que vous avez vous-même évoqué. De ce point de vue, chère collègue, je crois que votre texte pourrait être amélioré.
Pour l'ensemble de ces raisons, et à ce stade de l'analyse, je souhaite connaître l'avis du Gouvernement avant de me prononcer définitivement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Effectivement, le Gouvernement s'est engagé à examiner de manière favorable un avantage fiscal en faveur des personnes physiques qui investiraient en titres d'entreprises de l'économie solidaire. Toutefois, dans la mesure où les entreprises solidaires n'existent pas encore juridiquement, il semble préférable que le mécanisme d'incitation fiscale en direction de ce type d'entreprises soit envisagé plutôt dans le cadre du projet de loi sur l'épargne salariale, qui est actuellement en cours de discussion et qui ne sera définitivement adopté, de surcroît, qu'après le vote définitif du projet de loi de finances pour 2001 que nous examinons en ce moment.
Je puis toutefois vous dire qu'il sera proposé d'étendre, sous un certain nombre de conditions, le champ de la réduction d'impôt accordée au titre de la souscription au capital de sociétés non cotées, l'extension proposée portant sur les investissements réalisés par l'intermédiaire d'une société dont l'actif est constitué pour une large part de titres d'entreprises solidaires.
Forte de ces précisions, j'espère, madame Bergé-Lavigne, que vous voudrez bien retirer cet amendement, que nous aurons tout loisir d'examiner dans le cadre de nos prochains débats sur l'épargne salariale.
M. le président. Madame Bergé-Lavigne, l'amendement n° I-227 est-il maintenu ?
Mme Maryse Bergé-Lavigne. Madame le secrétaire d'Etat, je vous remercie de vos précisions et, bien entendu, je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° I-227 est retiré.

Article additionnel après l'article 2
ou après l'article 2 bis (suite)



M. le président.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° I-67, M. Chérioux propose d'insérer, après l'article 2 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa de l'article 199 quindecies du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Les mots : "une section de cure médicale" sont remplacés par les mots : "ou un établissement de santé visé au 2° de l'article L. 711-2 du code de la santé publique".
« 2° La somme : "15 000 francs" est remplacée par la somme : "45 000 francs".
« 3° Il est complété par la phrase suivante : "Ce plafond est porté à 90 000 francs lorsque la personne hébergée relève du 3° de l'article L. 341-4 du code de la santé publique".
« II. - La perte de recette résultant pour l'Etat du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Les deux amendements suivants sont déposés par MM. Angels, Dreyfus-Schmidt, Mme Bergé-Lavigne, MM. Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne, Sergent et les membres du groupe socialiste et apparentés.
L'amendement n° I-223 tend à insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Après le premier alinéa de l'article 199 quindecies du code général des impôts, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, pour le cas des personnes invalides séjournant dans des établissements de long séjour et médicalisés, le taux de la réduction d'impôt visée au premier alinéa est porté à 50 % dans une limite de 30 000 F des sommes versées.
« B. - La perte de recettes résultant du A ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° I-226 vise à insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article 199 quindecies du code général des impôts, le pourcentage "25 %" est remplacé par le pourcentage "50 %" et la somme de : "15 000 F" par la somme de : "30 000 F". »
La parole est à M. Chérioux, pour défendre l'amendement n° I-67.
M. Jean Chérioux. Voici un amendement qui répond au souci exprimé en permanence depuis le début de ce débat par le Gouvernement... et par ceux qui siègent dans la partie gauche de cet hémicycle !
On a beaucoup parlé de justice fiscale, d'équité fiscale. Or cet amendement vise véritablement à établir l'équité fiscale en faveur d'une catégorie qui bénéficie, de surcroît, du soutien de tous, à savoir les personnes âgées dépendantes.
Actuellement, aux termes de l'article 199 quindecies du code général des impôts, lorsqu'une personne âgée dépendante est hébergée dans un établissement, le coût de cet hébergement ouvre doit à une réduction d'impôt égale à 25 % du montant des sommes versées, retenues dans la limite de 15 000 francs, soit 3 750 francs.
Or, si cette personne dépendante était restée chez elle, elle aurait bénéficié alors d'une réduction d'impôt pouvant aller jusqu'à 50 % des sommes versées au titre d'un emploi familial, dans la limite de 45 000 francs. La réduction aurait donc atteint 22 500 francs, et même 45 000 francs si l'intéressé avait été titulaire de la carte d'invalidité, le plafond passant alors à 90 000 francs.
Une personne dépendante hébergée dans un établissement ne peut donc déduire que 3 750 francs, alors qu'elle peut déduire 22 500 francs, voire 45 000 francs si elle est invalide, à condition de rester chez elle. Voilà tout de même qui est absolument extraordinaire !
Je sais que l'on doit faciliter le maintien à domicile. Il n'en demeure pas moins que, dans certains cas, les personnes âgées doivent être hébergées en établissement. La moindre des choses serait, dans ces conditions - et c'est l'objet de cet amendement - de porter le montant des dépenses prises en compte à 45 000 francs lorsque la personne concernée n'est pas titulaire de la carte d'invalidité et à 90 000 francs lorsqu'elle est titulaire de cette carte, la déduction n'étant, je vous le rappelle, que de 25 %, et non de 50 % comme c'est le cas pour les emplois familiaux pris en charge dans le cadre du maintien à domicile.
Je reconnais que, souvent, la prise en charge à 50 % du salaire d'un employé à domicile ne suffit pas à compenser la dépense. Mais l'hébergement en établissement représente, lui aussi, tout un ensemble de frais !
Cet amendement comporte également une disposition annexe, qui vise l'article L. 711-2 du code de la santé publique, afin de tenir compte des modifications qui sont intervenues dans la loi du 24 janvier 1997 relative à la prestation spécifique dépendance, pour que la disposition visée puisse s'appliquer à toute personne qui se trouve dans un établissement correspondant aux besoins d'une personne dépendante.
M. Charles Revet. Très bien !
M. Jean Chérioux. Tel est l'objet de cet amendement d'équité, que notre assemblée s'honorerait d'adopter à l'unanimité, avec le soutien, bien sûr, du Gouvernement.
M. Charles Revet. Ce serait très bien ! Voilà un bon plaidoyer !
M. le président. La parole est à M. Angels, pour présenter les amendements n° I-223 et I-226.
M. Bernard Angels. Les amendements n°s I-223 et I-226 ont le même objet, mais le second est un amendement de repli.
Je suis absolument d'accord avec M. Chérioux, et nos amendements vont dans le même sens que son amendement n° I-67.
Il s'agit, dans les deux cas, de revoir le dispositif de réduction d'impôt qui existe aujourd'hui en matière de frais de long séjour. En effet, les dépenses engagées par les personnes âgées qui ne peuvent plus rester à domicile et qui sont obligées d'être prises en charge par les organismes de long séjour sont sans commune mesure avec l'avantage fiscal actuellement consenti.
Il ne s'agit pas, pour nous, de faire de la surenchère, mais, aujourd'hui - vous avez raison, monsieur Chérioux - l'allégement d'impôt, de 3 750 francs par an au maximum, ne répond pas à notre souci d'aider les personnes concernées, qui dépensent de l'ordre de 10 000 francs par mois pour ce type de service.
M. Jean Chérioux. Ou davantage !
M. Bernard Angels. Je ne vais pas reprendre tous les arguments qui ont été avancés, mais nous estimons que le Gouvernement pourrait utilement réviser à la hausse le dispositif actuellement en vigueur. La place dans notre société des personnes âgées dépendantes, invalides ou handicapées, s'en trouverait améliorée.
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. A l'examen de plusieurs des amendements qui viennent d'être présentés, nous avons pu constater que des collègues de groupes différents, voire de groupes opposés, pouvaient se rejoindre dans les mêmes analyses lorsqu'il s'agit d'une question concrète, d'une question d'équité.
Comme le dit très justement M. Jean Chérioux dans l'exposé des motifs de son amendement, la chute brutale de la réduction d'impôt accordée, qui peut passer d'une année à l'autre de 45 000 francs à 3 750 francs, est tout à fait injustifiable.
Soit une personne considérée comme dépendante, gravement invalide, mais qui était maintenue à son domicile, et qui, du fait de la dégradation de son état, doit entrer dans une maison d'accueil pour personnes âgées dépendantes, une MAPAD. Il en résulte une chute brutale de l'avantage fiscal qui lui est alloué, précisément, pour tenir compte de son état de santé. C'est tout à fait contraire au bon sens.
En effet, lorsqu'une personne âgée se trouve placée dans un établissement d'hébergement, ce serait une erreur de croire que, pour son conjoint, il peut en résulter un quelconque avantage pécuniaire. Outre, bien entendu, le coût des déplacements, notamment en ville, pour rendre visite à la personne qui est hébergée, il y a toutes sortes de frais que l'autre conjoint, qui n'est pas hospitalisé, doit assumer.
Je n'insisterai pas sur ces situations souvent douloureuses que nous connaissons tous dans nos communes, en particulier lorsqu'il s'agit de ménages des classes moyennes, c'est-à-dire qui ne sont pas bénéficiaires de l'aide sociale et qui, malgré tout, doivent calculer au plus juste un budget fortement amputé par des dépenses inéluctables liées à l'état de dépendance et à la dégradation de l'état de santé de l'un au moins des membres du couple.
Ce changement fiscal - Jean Chérioux a eu raison de le souligner - est complétement incompréhensible.
Notre collège a, en outre, évoqué le problème particulier des places dans les sections de cure médicale, qui avait été résolu par le maintien temporaire d'un financement pendant deux ans dans la loi du 24 janvier 1997. Cette période de deux ans étant expirée, il n'y a plus rien pour faire face à des situations souvent difficiles.
Madame le secrétaire d'Etat, l'inspiration de l'amendement de Jean Chérioux et celle qui est à la base des amendements défendus par Bernard Angels me paraissent largement convergentes, et la commission ne peut qu'y souscrire.
Sur le plan technique, nous estimons que l'amendement n° I-67, présenté par notre collègue Jean Chérioux, est plus complet et de portée plus large. Aussi souhaitons-nous que nos collègues auteurs des amendements n°s I-223 et I-226, inspirés, je le répète, du même souci, le votent, afin d'exprimer ainsi une préoccupation très largement partagée sur toutes les travées de notre assemblée.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Ces trois amendements visent un objectif identique.
Mais, avant de commenter les propositions qui sont faites, on me permettra de rappeler ce que sont les deux dispositifs fiscaux dont il a été fait état, et qui sont d'inspiration assez différente.
Dans un cas, pour ce qui concerne la réduction d'impôt pour l'emploi d'un salarié à domicile, c'est-à-dire lorsque la personne en question est suffisamment valide pour pouvoir rester chez elle, le plafond de dépenses retenu a été fixé à un niveau élevé, afin de constituer une incitation à la création d'emplois familiaux.
Dans l'autre cas, lorsque la personne se trouve hébergée dans un établissement de long séjour ou dans une section de cure médicale, la réduction d'impôt répond au souci d'apporter une aide aux personnes dépendantes, en diminuant leur cotisation d'impôt sur le revenu. Elle ne vise pas à prendre en charge l'intégralité du coût de l'hébergement en établissement. Elle s'intègre dans un dispositif d'ensemble qui a pour objet de réduire de façon substantielle, voire, dans certains cas, d'annuler tout à fait, la cotisation d'impôt des personnes de condition modeste qui sont hébergées dans les établissements de long séjour.
Cela étant, le Gouvernement est tout à fait conscient de l'ampleur du problème de santé publique qui est soulevé au travers de ces trois amendements, d'autant que les nouvelles dispositions sociales relatives à la tarification de l'hébergement en établissement et à l'aide à la dépendance nécessitent que l'on reconsidère complètement les critères sur lesquels repose actuellement l'attribution de la réduction d'impôt accordée aux personnes âgées qui se trouvent hébergées en établissement.
Aussi, compte tenu de la complexité du sujet, et comme mon collègue Christian Pierret l'a récemment indiqué au cours de l'examen en première lecture du projet de loi de finances devant l'Assemblée nationale, je vous propose de réfléchir à la mise en place d'un dispositif cohérent qui pourrait, par exemple, être discuté dans le cadre du projet de loi de finances rectificative pour 2000.
Sur un sujet aussi délicat, il me paraît en effet essentiel que nous nous donnions un peu de temps pour la réflexion, car - M. le rapporteur général l'a souligné fort justement - on voit bien que, suivant la rédaction retenue, on peut être conduit, sans doute de manière involontaire, à priver du bénéfice de l'avantage fiscal proposé les personnes qui se trouvent hébergées en section de cure médicale. Nous pourrions donc faire progresser notre réflexion sur ce sujet pendant les quelques semaines qui nous séparent de l'examen du collectif.
Il est clair que cette réflexion devra également tenir compte du nouveau contexte de tarification des établissements d'hébergement.
Enfin, il nous faudra aussi prendre en considération les conséquences liées à l'allongement de la durée de la vie. Nous savons en effet - cela a été dit - que de plus en plus souvent nous sommes confrontés au cas d'époux très âgés qui, l'un et l'autre, ont perdu leur autonomie, ce qui nécessite leur hébergement conjoint dans un établissement.
Sous le bénéfice de ces observations, je demande le retrait des trois amendements, ce qui ne signifie pas que nous n'allons pas en reparler très vite.
M. le président. Votre amendement est-il maintenu, monsieur Chérioux ?
M. Jean Chérioux. J'avoue que la réponse de Mme le secrétaire d'Etat m'a stupéfié, surtout compte tenu de l'unanimité qui existe dans cette assemblée et qui est le fait de gens qui sont sur le terrain, qui vivent avec les populations, qui connaissent leurs problèmes, leurs difficultés et qui ne les résolvent pas uniquement à partir de barèmes de tarification et sur la base de systèmes.
Nous ne sommes pas là pour répondre à des schémas administratifs : nous sommes là pour régler des problèmes humains. Et ces problèmes humains existent, M. Angels, moi-même et bien d'autres ici le constatent tous les jours !
Il y a de plus en plus de personnes âgées qui entrent dans des maisons d'accueil pour personnes âgées dépendantes ou dans des établissements hospitaliers de long séjour. Lorsqu'il s'agit de couples, celui qui est resté à la maison doit payer chaque jour 200 francs, 300 francs voire 400 francs, après déduction du forfait de sécurité sociale, soit 10 000 à 12 000 francs par mois. Même ceux qui ont une belle retraite n'y arrivent pas. Je connais le cas d'un général à la retraite qui, une fois qu'il a payé les 200 francs par jour, une fois qu'il a payé son loyer - il ne peut tout de même pas aller vivre sous les ponts pour faire plaisir à l'administration ! - n'a plus de quoi se nourrir.
Cette situation est-elle normale ? Et il faudrait attendre... attendre encore et toujours...
La tarification hospitalière, c'est le serpent de mer ! Voilà des années que notre commission des affaires sociales la demande aux gouvernements successifs, à celui-ci comme aux précédents, sans succès !
Or, pendant ce temps, il y a des gens qui souffrent.
M. Charles Revet. Très bien !
M. Jean Chérioux. Moi, je n'admets pas que l'on puisse laisser ainsi souffrir des gens et peiner des familles, et c'est pourquoi je vous demande, mes chers collègues, de voter mon amendement ! (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Les amendements n°s I-223 et I-226 sont-ils maintenus, monsieur Angels ?
M. Bernard Angels. Je peux comprendre la colère de mon collègue Jean Chérioux, car il est vrai que nous sommes quotidiennement confrontés à des situations humaines dramatiques...
M. Jean Chérioux. On ne voit que ça !
M. Charles Revet. Elles sont de plus en plus dramatiques !
M. Bernard Angels. ... au point que, parfois, nous nous demandons comment de telles situations peuvent encore exister, pourquoi nous n'avons pas pu les résoudre avant,...
M. Charles Revet. C'est vrai !
M. Bernard Angels. ... et si, finalement, nous ne passons pas souvent à côté des réalités quotidiennes.
Cela étant dit, contrairement à M. Chérioux, je suis, moi, satisfait par la réponse de Mme le secrétaire d'Etat.
M. Jean Arthuis sait qu'il n'est pas facile, pour un ministre des finances, ou pour un secrétaire d'Etat au budget, de subir les assauts des parlementaires, parce qu'il est là, lui aussi, pour faire son travail.
En l'espèce, une ouverture importante est faite. Et ce n'est pas pour dans un an ; j'ai bien noté qu'il a été question de la loi de finances rectificative, c'est-à-dire dans quelques semaines.
Je souhaite donc qu'avec M. Chérioux, avec d'autres parlementaires ici présents ce soir, nous puissions rencontrer les collaborateurs de Mme le secrétaire d'Etat, pour tenter de trouver une solution qui satisfasse l'ensemble de la population. Car il est vrai aussi qu'il ne faut pas se tromper. Il faut bien cibler. C'est bien pourquoi j'ai déposé deux amendements, l'un ayant une portée plus large que l'autre, dans l'incertitude où j'étais que les taux retenus permettaient vraiment de pallier les difficultés que nous rencontrons.
Cher collègue Jean Chérioux, faisons donc tous deux confiance et attendons quelques semaines, de façon à voir ensemble un problème difficile résolu !
M. Charles Revet. Ce qui est acquis est acquis !
M. Bernard Angels. En tout cas, pour ma part, je retire nos deux amendements.
M. le président. Les amendements n°s I-223 et I-226 sont retirés.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Les propos qu'a tenus Mme le secrétaire d'Etat ont laissé entrevoir une grande ouverture. Il faut donc que nous l'aidions à aller dans ce sens. Peut-être les choses peuvent-elles - enfin ! - bouger.
Mais la question se pose alors de savoir quelle est la meilleure méthode pour ce faire. Est-ce de marquer fortement notre préoccupation, ce soir, par le vote d'un amendement ? Est-ce d'attendre et de reprendre ce sujet un peu plus tard, conformément aux engagements qui ont été pris, tout en sachant que certaines influences au sein de l'administration conduiront, comme c'est toujours le cas, à aller plus ou moins loin dans la solution du problème ?
Nous connaissons le problème les uns et les autres. Nous le soulevons depuis de longues années. Le Gouvernement ne peut donc pas se dire surpris de voir ce sujet émerger de nouveau dans la discussion d'un projet de loi de finances.
Madame le secrétaire d'Etat, s'il est possible, d'ici à l'examen du collectif budgétaire, de faire avancer ce dossier, ce sera une excellente chose. Mais peut-être est-il utile que nous manifestions fortement l'importance que nous attachons à ce problème dès maintenant.
Il n'y a pas véritablement d'opposition, autre que de forme, entre les deux attitudes possibles. Je comprends fort bien la véhémence justifiée de Jean Chérioux. Je comprends aussi que M. Bernard Angels, partenaire parlementaire de la majorité gouvernementale, doive faire face à quelques contraintes. Nous avons nous-mêmes connu, il y a quelques années, cette situation, où nous étions, c'est vrai, tenus à quelque réserve vis-à-vis du Gouvernement que nous soutenions.
Il me semble toutefois que le vote de l'amendement de Jean Chérioux serait susceptible de faire avancer le dossier. Il manifesterait, en outre, l'intérêt que nombre de parlementaires y portent.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Pour ma part, je ne souhaite pas m'emporter. Sur ce sujet qui nous touche tous, car nous connaissons tous dans nos familles ces problèmes qui sont liés à la dépendance des personnes âgées, il convient simplement de mettre au point une solution efficace et pertinente.
Il ne me semble pas utile de rappeler ici que le Gouvernement est sensible à cette question, je viens de l'indiquer, et je viens de prendre un engagement en termes de calendrier. Il ne s'agit pas de repousser cette solution aux calendes grecques, mais simplement de se donner quelques semaines de réflexion - même pas, puisque la discussion du collectif budgétaire aura lieu le 6 décembre à l'Assemblée nationale - pour mettre au point un texte juste, qui améliorera la vie quotidienne des personnes agées, ce que nous souhaitons tous dans cette assemblée.
M. Jean Arthuis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Arthuis.
M. Jean Arthuis. J'accueille avec beaucoup de satisfaction les propos et l'engagement de Mme le secrétaire d'Etat. J'ai bien entendu les observations de Bernard Angels, et nous partageons les convictions exprimées avec passion et détermination par Jean Chérioux.
Chacun sent bien, en cet instant, qu'il y a une totale convergence sur toutes les travées de cette assemblée sur ce sujet. Nous essaierons donc de trouver une solution pertinente, d'ici à l'examen de la loi de finances rectificative.
Cela étant, je demanderai à mes collègues de la gauche plurielle de bien vouloir comprendre qu'en cet instant nous n'avons nul autre moyen de nous exprimer que de voter l'amendement de M. Chérioux. (M. le président de la commission des finances et M. le rapporteur général manifestent leur approbation.) Qu'il n'y ait pas d'ambiguïté entre nous, mes chers collègues : nous posons tout simplement un jalon ! Dans quelques jours, nous nous retrouverons, ici, au Sénat, avec le Gouvernement pour mettre au point cette disposition.
Il me paraît digne, en cet instant, de manifester notre volonté.
Monsieur Angels, nous comprenons votre réserve, par solidarité à l'endroit du Gouvernement. Permettez cependant que l'opposition puisse affirmer sans ambiguïté sa détermination.
Je voterai donc l'amendement de Jean Chérioux.
M. Philippe Nogrix. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Nogrix.
M. Philippe Nogrix. Mes chers collègues, je n'ai, pour ma part, pas noté de colère dans le ton de Jean Chérioux.
M. Jean Chérioux. C'est mon ton habituel ! (Sourires.)
Mme Marie-Claude Beaudeau. C'est vrai !
M. Philippe Nogrix. Je siège avec lui au sein de la commission des affaires sociales. C'est un homme passionné, qui connait le terrain et sait de quoi il parle. Je le remercie de nous donner cette leçon de ténacité. Quand on travaille comme lui depuis de longues années, ou comme moi depuis quelques années seulement, au sein de la commission des affaires sociales, on dit : ça suffit ! Nous demander encore quarante jours, c'est un carême qu'il nous serait difficile de supporter. (Sourires.)
Madame le secrétaire d'Etat, n'auriez-vous pas pu ajouter à la symbolique de la réduction d'impôt - puisque c'est votre leitmotiv : « Réduction d'impôt, réduction d'impôt... » ? Or vous laissez sur le bord du chemin des personnes qui attendent depuis des années et des années la prise en compte de leurs difficultés pour assumer leur grand âge ou celui de leur conjoint.
Moi, je soutiens Jean Chérioux et je voterai son amendement, car cela fait des années et des années que, à la commission des affaires sociales du Sénat, nous réclamons la prise en compte de ce problème.
M. Bernard Angels. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Angels.
M. Bernard Angels. Si je comprends votre position, mes chers collègues, néanmoins je la regrette.
Je pressentais la difficulté de bien cibler la réduction d'impôt que nous proposons. C'est pourquoi il est plus sage de prendre quelques semaines de réflexion pour apporter une véritable solution à ce problème.
Je comprends très bien que vous vouliez marquer votre volonté dès aujourd'hui. Mais, personnellement je ne pourrai pas vous suivre en votant l'amendement n° I-67 de M. Chérioux, car je ne suis pas certain que par-delà les chiffres, nous pourrons atteindre l'objectif que nous visons tous.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° I-67, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances, après l'article 2 bis .

Articles additionnels après l'article 2 (suite)



M. le président.
Par amendement n° I-224, M. Delanoë, Mme Pourtaud, M. Lagauche proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Après l'article 200 du code général des impôts, il est inséré un article ainsi rédigé :
« Art. ... - Les contribuables qui, à compter du 1er janvier 2001 et jusqu'au 31 décembre 2003, achètent en France des véhicules ou des kits de bicarburation agréés par arrêté conjoint des ministres chargés des transports, de l'environnement et du budget, utilisant totalement ou partiellement comme carburants les gaz de pétrole et autres hydrocarbures présents à l'état gazeux ou fonctionnant totalement ou patiellement à l'électricité, peuvent bénéficier d'une réduction d'impôt.
« La réduction d'impôt est égale à 40 % des sommes versées dans la limite égale à 20 000 francs par foyer fiscal. Elle est accordée sur présentation des factures de l'achat du véhicule ou du kit.
« Les dispositions du 5 du I de l'article 197 sont applicables.
« B. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe A sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts ».
Cet amendement est-il soutenu ? ...
Par amendement n° I-78, M. Revet propose d'insérer, après l'article 2, un article ainsi rédigé :
« I. - Il est institué un fichier national recensant les informations sur l'état d'endettement des personnes physiques lié aux emprunts que celles-ci contractent pour des besoins non professionnels. Ce fichier est géré par la Banque de France. Il est soumis aux dispositions de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.
« Les établissements de crédit visés par la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984 relative à l'activité et au contrôle des établissements de crédit ainsi que les services financiers de La Poste sont tenus de déclarer à la Banque de France les informations visées à l'alinéa précédent. La Banque de France est seule habilitée à centraliser ces informations.
« La Banque de France est déliée du secret professionnel pour la diffusion, aux établissements de crédit et aux services financiers susvisés, des informations nominatives contenues dans le fichier.
« Il est interdit à la Banque de France, aux établissements de crédit et aux services financiers de La Poste de remettre à quiconque copie, sous quelque forme que ce soit, des informations contenues dans le fichier, même à l'intéressé lorsqu'il exerce son droit d'accès conformément à l'article 35 de la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 précitée, sous peine des sanctions prévues aux articles 43 et 44 de la même loi.
« Un règlement du Comité de la réglementation bancaire, pris après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés et du comité consultatif institué par l'article 59 de la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984 précitée, fixe notamment les modalités de collecte, d'enregistrement, de conservation et de consultation de ces informations.
« Dans les départements d'outre-mer, l'institut d'émission des départements d'outre-mer exerce, en liaison avec la Banque de France, les attributions dévolues à celle-ci par le présent article.
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat du I ci-dessus est compensée à due concurrence par l'augmentation des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet. J'expliciterai cet amendement à partir d'une situation que j'ai eu à traiter voilà quelques semaines.
Un soir, je reçois un coup de fil à mon domicile d'une famille qui m'alerte en me disant : « Monsieur le président - je suis président d'un OPAC -, nous allons devoir vendre notre pavillon ; si nous ne le vendons pas nous-mêmes, il sera vendu aux enchères. Pouvez-vous nous aider à trouver un logement ? »
J'essaie d'obtenir quelques explications. Je demande aux intéressés quelle somme il leur reste à rembourser. Ils me répondent : « Entre 300 000 et 400 000 francs. » Je leur dis que je vais, bien entendu, les aider à trouver un logement, mais qu'il existe peut-être une meilleure solution ; le rachat par l'OPAC de leur logement, une aide pour rembourser leur crédit. Ainsi pourraient-ils rester dans le pavillon qu'ils occupent et, éventuellement, le racheter par la suite.
Nous mettons donc en oeuvre cette démarche et le dossier vient, tout naturellement, devant les responsables de l'OPAC, dont moi. A ce moment-là, je découvre que cette famille avait réussi le tour de force de contracter plus d'une trentaine de prêts pour l'acquisition de matériels divers en l'espace de moins de quatre ans et que le montant cumulé des remboursements équivalait à trois fois les revenus annuels totaux de la famille, c'est-à-dire un montant en capital de plus de 2,5 millions de francs.
Vous me direz que la famille doit être responsable de ses actes, qu'on ne l'a pas forcée à contracter ces crédits. Elle doit donc les assumer. Mais elle en est totalement incapable. On sait bien comment les choses se passent : un démarcheur vient chez vous et vous propose d'acheter des livres... ou tel ou tel matériel... et de les payer dans trois mois. Les crédits s'accumulent et les échéances se succèdent.
Madame le secrétaire d'Etat, je crois qu'il nous appartient de créer un cadre juridique qui permette d'éviter que ne se produisent de telles situations.
Dans le cas que j'ai évoqué, même si nous avons trouvé une solution pour le problème du logement, les emprunts continuent à courir et la famille n'aura pas assez de toute sa vie pour en assumer le remboursement. Qui plus est, comme il y aura des saisies, c'est bien entendu la collectivité que l'on viendra solliciter, pour épauler la famille qui n'aura plus d'argent pour vivre.
Je crois savoir que l'Allemagne - et je suppose que ce n'est pas le seul pays - a élaboré un dispositif pour éviter de telles situations.
Je propose d'instituer un fichier national, bien entendu confidentiel, géré par la Banque de France, où serait recensé l'état d'endettement des personnes physiques et qu'il serait possible d'interroger avant d'accorder un crédit. On éviterait ainsi l'accumulation d'emprunts, et donc de remboursements qui plongent les familles dans des difficultés que je n'ai pas besoin de vous décrire.
Tel est l'objet de mon amendement. Je souhaite qu'il soit adopté. Nous ne pouvons pas, en tant que législateur, ignorer ces situations, avec toutes les conséquences sociales et familiales qu'elles emportent.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission est convaincue des risques pris au-delà d'un certain niveau d'endettement... et cela vaut à tous les niveaux. (Sourires.)
Notre collègue nous a indiqué quelle était sa démarche, à partir de quels problèmes très concrets il avait été amené à formuler cette proposition.
La constitution d'un fichier est une idée certainement intéressante, que nous n'avons peut-être pas suffisamment étudiée dans toutes ses implications.
La commission souhaiterait savoir quelles peuvent être les remarques à formuler sur un plan administratif, s'agissant du mode de gestion de ce fichier et s'agissant, surtout, de son insertion dans le dispositif de la loi « informatique et libertés ».
Nous avons, récemment, traité de questions analogues dans le texte relatif aux nouvelles régulations économiques, lorsque nous avons évoqué le service bancaire de base. Nous avons eu, notamment sur l'initiative de M. Gérard Larcher, une discussion sur un sujet voisin.
Par ailleurs, deux de nos collègues, MM. Jean-Jacques Hyest et Paul Loridant, ont établi, en 1998, un rapport d'information sur le surendettement, qui analysait des questions voisines et qui formulait d'autres propositions.
Avant d'être en mesure de donner un avis au nom de la commission, je souhaiterais savoir quelle est l'opinion du Gouvernement, madame la secrétaire d'Etat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat. Monsieur le sénateur, en proposant de créer, auprès de la Banque de France, un fichier recensant l'état d'endettement des personnes, vous soulevez une vraie question. Je ne relèverai pas que votre amendement est un cavalier budgétaire, car, ce qui importe, c'est le fond du sujet.
Il est vrai qu'une accumulation de crédits peut conduire au surendettement. Le cas que vous avez évoqué est presque caricatural, si vous me permettez ce qualificatif, mais l'expérience prouve qu'il peut se produire.
Dans ce contexte, l'idée de mettre en place un fichier recensant l'endettement des ménages, pour éviter que certains d'entre eux ne puissent multiplier les engagements financiers dans des proportions bien supérieures aux ressources dont ils disposent, a déjà été évoquée, depuis l'adoption de la première loi relative au traitement du surendettement, la loi Neiertz de 1990. Mais cette suggestion n'a pas été retenue, notamment dans le cadre d'une réforme plus récente intervenue par la loi du 29 juillet 1998 pour traiter les situations de surendettement, et cela pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, la création d'un tel fichier pourrait être analysée comme une mesure attentatoire à la vie privée et, au-delà de ce problème juridique, risquerait de stigmatiser de manière définitive des ménages qui sont d'ores et déjà victimes de surendettement et qui n'ont peut-être pas besoin de cela.
Par ailleurs, on ne peut pas écarter le risque que l'utilisation de ce fichier pourrait induire, puisqu'il pourrait consacrer, d'une certaine manière, une forme de norme d'endettement, au préjudice des ménages les plus modestes. Or le taux d'endettement a vocation à être un peu plus élevé lorsque les revenus sont modestes que dans le cas inverse. De surcroît, un tel fichier nécessiterait une surveillance extrême afin que son utilisation ne donne pas lieu à des abus et à des dérapages.
Cette proposition, dont le principe est tout à fait judicieux, pose néanmoins un certain nombre de problèmes techniques sérieux. Par ailleurs, je ne suis pas certaine qu'elle soit le meilleur remède pour prévenir des situations de surendettement, ce qui était bien, je crois, le sens de votre intervention. En effet, dans le cas que vous décrivez, on peut se poser la question de savoir comment un ménage a pu en arriver là. Cela veut dire que des vérifications n'ont pas été faites, ou que des sécurités n'ont pas été actionnées au préalable, et si, comme je le suppose, des hypothèques ont été prises, des vérifications sur les biens hypothéqués n'ont pas été réalisées.
Je comprends donc le souci qui consiste, à défaut de pouvoir prévenir, à essayer de guérir, mais je ne suis pas sûre que le remède, en la matière, soit tout à fait adapté, pour les raisons que je viens d'indiquer, même si l'esprit de la mesure est effectivement séduisant.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Nous comprenons bien les origines de telles situations et la difficulté du problème. Mais, il ne faut pas se le dissimuler, cher collègue, ce sont les établissements de crédit qui portent la principale responsabilité.
En effet, même en l'absence de normes légales, un dossier de crédit doit être examiné en fonction de la solvabilité de l'emprunteur et, plutôt que de produire... produire... produire..., comme le font certains établissements de crédit, mieux vaut avoir une approche stricte et conclure peut-être un peu moins de contrats, mais permettre aux personnes concernées de tenir leurs engagements et les mettre ainsi à l'abri de graves problèmes !
Il conviendrait peut-être aussi de traiter cette question dans le cadre du comité des établissements de crédit et entreprises d'investissement, ou encore de l'évoquer avec la direction du Trésor et la Banque de France, afin de donner à l'initiative de notre collègue Charles Revet une traduction concrète, puis de voir comment faire évoluer un code de bonne pratique des établissements de crédit, en quelque sorte, quels que soient leur statut et la nature des crédits.
Face à des situations décrites, par exemple, par le centre d'action sociale d'une commune, on reste stupéfait quand on analyse les ressources, les dépenses, les dettes et les engagements ! On se demande même comment tant de crédits ont pu être alloués.
Toutefois, il ne serait probablement pas conforme à notre conception des libertés publiques de créer un système d'information qui aurait des effets pervers, ou de mettre en place une norme légale ne varietur applicable à tous ou à certains. Ce n'est pas si simple, d'autant qu'interviennent d'autres éléments tels que l'accès au crédit, la libre décision d'affecter ses ressources dans telle ou telle proportion à la réalisation de telle ou telle chose, etc. Il est une composante qui est irréductible : celle de la liberté individuelle !
Si Mme le secrétaire d'Etat nous dit pouvoir explorer cette piste, la solution consisterait, je crois, à reprendre la question sous l'angle des bonnes pratiques des établissements financiers, au sein des organes que j'ai cités, et ainsi notre collègue pourrait-il, ayant posé un très utile et très important problème, retirer son amendement.
M. le président. Monsieur Revet, votre amendement est-il maintenu ?
M. Charles Revet. Notre débat démontre que j'ai soulevé un problème préoccupant et grave.
Permettez-moi d'ajouter une chose : lorsque j'ai visité les centres sociaux de mon département, j'ai demandé aux travailleurs sociaux, aux assistantes sociales, ce qui les mobilisait le plus. La réponse a été partout unanime : deux cas, le RMI et le surendettement.
Par conséquent, vous le comprenez bien, je ne vous ai pas cité un cas unique ! Raison de plus pour s'attaquer à ces problèmes, même s'il faut nuancer les solutions.
La création d'un fichier risquerait de stigmatiser de manière définitive des ménages déjà victimes de surendettement, avez-vous dit, madame le secrétaire d'Etat. Mais un tel fichier serait bien entendu archi-confidentiel ! La Banque de France dispose déjà de données, dans d'autres domaines et pour des situations différentes, pour lesquelles - Dieu merci ! - la confidentialité est exigée ! Ne vaut-il mieux pas être en mesure de mettre en garde une famille, de la prévenir qu'elle ne pourra pas supporter un tel endettement ?
Vous avez également fait allusion aux hypothèques, madame le secrétaire d'Etat. Mais, la plupart du temps, il n'y en a pas, car vous savez comme moi comment les choses se passent : on vient vous vendre une pile de livres en vous disant que vous paierez dans trois mois, ou dans six mois, que ce n'est pas un problème, et vous signez la demande de crédit... j'allais presque dire sur le capot de la voiture (Sourires.)...
M. Georges Othily. Tout de même pas !
M. Charles Revet. ... pour bien insister sur les méthodes utilisées !
Comment d'ailleurs pourrait-il en être autrement quand on sait que des familles se voient accorder, en quatre ans, plus de trente crédits par dix organismes de crédit différents ! J'ai vérifié : il n'y a pas plus de trois fois le même ! La responsabilité de ces organismes est d'autant plus grande que la personne qui a signé va être confrontée à la misère, ainsi que toute sa famille, et cela sa vie durant !
Il est donc de notre responsabilité de législateur de mettre au point des dispositifs instaurant sinon certaines contraintes, du moins des barrières destinées à éviter de telles situations !
Monsieur le rapporteur général, je serais tenté de vous suivre en retirant mon amendement, mais je ne le ferai pas, pardonnez-moi. Je reprendrai ce que vous disiez à Mme le secrétaire d'Etat il y a un instant à propos de l'excellent amendement de notre ami Jean Chérioux, à savoir que deux solutions s'offraient à nous : soit la question était reportée à plus tard, soit nous commencions à engager les choses.
En votant cet amendement ce soir, madame le secrétaire d'Etat, même s'il faudra y revenir, nous aurons au moins jeté les bases d'une amorce de solution à un problème extrêmement préoccupant et grave.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-78.
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Je soutiens tout à fait l'amendement de notre ami Revet parce que cette disposition a, selon moi, un caractère pédagogique. Car, comme l'a dit très justement tout à l'heure M. le rapporteur général, à l'évidence, les établissements financiers et les banques exagèrent !
Mais je voudrais ajouter un élément au débat, qui est aussi le fruit d'une expérience personnelle, mais une expérience, hélas ! largement partagée.
Il n'existe pas que des cas d'endettement dus à la consommation ; il y a aussi des cas dus au fait que les banques demandent systématiquement des cautions non seulement aux chefs des petites entreprises, mais aussi à leur épouse quand celle-ci travaille. Si bien qu'au lendemain d'un divorce - et je connais des cas - on retrouve une femme avec un traitement de 15 000 francs par mois obligée de payer les dettes de son mari, lesquelles représentent, par exemple, 600 000 francs, et cela jusqu'à la fin de ses jours !
C'est là aussi un problème de surendettement, et celui-ci est dû à la pratique des banques, qui, systématiquement, se couvrent et n'accordent de crédit que contre la caution de personnes qui ne savent pas toujours à quoi elles s'engagent !
M. Yann Gaillard. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard. Je préférerais que l'on fasse un fichier des établissements de crédit imprudents, qui accordent des crédits injustifiés ! (Rires.)
M. Alain Lambert, président de la commission des finances. Très bonne observation !
M. Yann Gaillard. Mes chers collègues, la question est très grave et l'amendement de notre collègue Charles Revet, qui a été très bien étudié, est très intéressant. Mais ce n'est pas une question que l'on peut régler par le biais d'un simple amendement, à presque huit heures du soir, même avec un objectif pédagogique !
Tout à l'heure, j'ai voté l'amendement de M. Chérioux parce qu'il ne pouvait donner lieu à aucune exploitation politique désagréable ; nous tirions en effet tous dans le même sens ! Mais si nous votons cet amendement, je vous assure que, demain, la presse titrera : « Le Sénat met en fiches les mauvais payeurs ! »
Franchement, une telle disposition mérite réflexion et surtout une étude vraiment approfondie.
S'agissant d'une mesure qui est exceptionnelle et qui a tout de même une connotation Big Brother (Sourires) même si telle n'est pas l'intention de l'auteur de l'amendement, nous ne pouvons nous permettre de jouer l'incitation pédagogique. Procédons préalablement à une étude au fond !
Personnellement, je regrette de dire que, si l'amendement était maintenu, je ne pourrais pas le voter.
M. Lucien Lanier. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lanier.
M. Lucien Lanier. Rapporteur du premier projet de loi sur le surendettement, je considérais à l'époque qu'il était effectivement urgent de poser ce problème, et cette urgence reste encore d'actualité aujourd'hui, quelles que soient les avancées qui ont pu être faites sur ce point.
Je comprends donc parfaitement l'esprit de l'amendement, d'autant qu'il a un caractère social évident. Notre collègue a d'ailleurs exposé très sobrement les conditions dans lesquelles certaines personnes, qui ne comprennent pas ce qu'elles signent, s'endettent. Elles ne comprennent qu'une chose : leur envie d'avoir, comme les autres, parce qu'elles n'en ont pas, une machine à laver, par exemple. Alors elles signent un papier sur la machine à laver elle-même ! (Sourires.) Et, trois mois après, elles sont « lessivées »...
Comme notre collègue Yann Gaillard, je pense que cette question, si elle mérite d'être traitée, est trop importante pour être réglée par la voie d'un amendement, qui ne manquerait pas d'avoir un caractère démagogique qu'il faut complètement écarter.
Mon cher collègue, maintenant que vous avez posé le problème, si vous voulez que votre idée, qui est tout à fait excellente, soit examinée plus au fond et non à la sauvette, à dix-neuf heures quarante-cinq, au détour d'un amendement au projet de loi de finances, il serait sage que vous retiriez votre amendement.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau. Je comprends parfaitement le souci de nos collègues qui souhaitent aider les familles surendettées.
Vous avez donné des exemples, mes chers collègues ; nous en avons tous à l'esprit car des problèmes de ce genre nous sont constamment soumis dans nos permanences et nous en entendons constamment parler par les assistances sociales. Certaines familles connaissent un surendettement tel qu'elles ne savent même plus les sommes qu'elles doivent !
Toutefois, monsieur Revet, je ne vois pas en quoi votre amendement visant à créer un fichier réglera la question. Le problème auquel nous voulons trouver une solution ne sera pas résolu par la création d'un fichier. C'est un tout autre système qu'il faut inventer pour permettre à ces familles de ne pas se surendetter.
Je suis tout à fait d'accord pour que nous réexaminions la loi sur le surendettement, qui demande en effet à être modifié, mais, je le répète, je ne vois pas en quoi la création d'un fichier réglera la question.
M. Charles Revet. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Revet.
M. Charles Revet. Bien entendu, madame Beaudeau, ce n'est pas le fichier en tant que tel que je souhaite. J'espère simplement que, à partir du moment où le fichier existera, les organismes de crédit, informés de la situation d'endettement des personnes, deviendront un peu plus raisonnables et n'accorderont pas n'importe comment, à des familles qui, malheureusement, seront incapables de les supporter, des crédits s'élevant parfois à trois ou quatre fois leurs revenus.
Cela étant, j'ai bien compris qu'il fallait approfondir les choses.
Je souhaite, madame le secrétaire d'Etat, que ce débat important et intéressant ne reste pas « lettre morte » et que, rapidement, nous examinions de nouveau ce problème de surendettement, qui touche de plus en plus de familles.
En attendant, je retire mon amendement, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° I-78 est retiré.
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

9

DÉPÔT D'UNE QUESTION ORALE AVEC DÉBAT M. le président. J'informe le Sénat que j'ai été saisi de la question orale avec débat suivante :
M. Hubert Haenel demande à M. le ministre des affaires étrangères d'exposer au Sénat les résultats du Conseil européen réuni à Nice les 7 et 8 décembre 2000. (N° 30)
Conformément aux articles 79 et 80 du règlement, cette question orale avec débat a été communiquée au Gouvernement et la fixation de la date de la discussion aura lieu ultérieurement.

10

DÉPÔT D'UNE QUESTION
ORALE EUROPÉENNE AVEC DÉBAT

M. le président. J'informe le Sénat que j'ai été saisi de la question orale européenne avec débat suivante :
M. Pierre Lefebvre interroge M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur l'important objectif que ce dernier a fixé de doubler le fret ferroviaire d'ici à 2010.
Cet objectif constitue un enjeu crucial de société pour les décennies à venir.
M. Pierre Lefebvre demande à M. le ministre si, pour permettre une évolution significative des parts de marché entre les différents modes de transport et pour favoriser ainsi le rééquilibrage entre le rail et la route, le Gouvernement envisage un engagement plus fort encore, dans le domaine financier en particulier.
Cet engagement permettrait de soutenir plus efficacement encore les entreprises publiques, la SNCF et RFF, qui s'inscrivent dans cet objectif.
Enfin, M. Pierre Lefebvre interroge M. le ministre sur le bilan de sa présidence européenne du conseil des ministre des transports et sur les résultats des négociations dites du « paquet ferroviaire ». (QE-12.)
Conformément aux articles 79, 80 et 83 bis du règlement, cette question orale européenne avec débat a été communiquée au Gouvernement et la fixation de la date de la discussion aura lieu ultérieurement.

11

DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. J'ai reçu de M. Pierre Laffitte une proposition de loi tendant à renforcer la protection des biens mobiliers dont la conservation présente un intérêt historique ou artistique.
La proposition de loi sera imprimée sous le numéro 105, distribuée et renvoyée à la commission des affaires culturelles, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

12

DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE RÉSOLUTION

M. le président. J'ai reçu de M. Hubert Haenel une proposition de résolution, présentée au nom de la délégation pour l'Union européenne en application de l'article 73 bis du règlement, sur la communication de la Commission sur les services d'intérêt général en Europe (n° E-1560).
La proposition de résolution sera imprimée sous le n° 107, distribuée et renvoyée à la commission des affaires économiques et du plan sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

13

DÉPÔT D'UN RAPPORT D'INFORMATION

M. le président. J'ai reçu de M. Hubert Haenel un rapport d'information fait au nom de la délégation du Sénat pour l'Union européenne sur la XXIIIe réunion de la conférence des organes spécialisés dans les affaires communautaires (Versailles, 16-17 octobre 2000).
Le rapport d'information sera imprimé sous le numéro 106 et distribué.

14

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au lundi 27 novembre 2000, à dix heures trente, quinze heures et le soir :
Suite de la discussion du projet de loi de finances pour 2001, adopté par l'Assemblée nationale (n°s 91 et 92, 2000-2001).
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
Première partie (suite). - Conditions générales de l'équilibre financier :
- Articles 2 bis à 29 et état A.
Aucun amendement aux articles de la première partie de ce projet de loi de finances n'est plus recevable.

Vote de l'ensemble de la première partie
du projet de loi de finances pour 2001

En application de l'article 59, premier alinéa, du règlement, il sera procédé à un scrutin public ordinaire lors du vote de la première partie du projet de loi de finances pour 2001, le mercredi 29 novembre 2000.

Délai limite pour les inscriptions de parole dans les discussions précédant l'examen des crédits de chaque ministère

Le délai limite pour les inscriptions de parole dans les discussions précédant l'examen des crédits de chaque ministère est fixé à la veille du jour prévu pour la discussion, à dix-sept heures.

Délai limite pour le dépôt des amendements aux crédits budgétaires pour le projet de loi de finances pour 2001

Le délai limite pour le dépôt des amendements aux divers crédits budgétaires et articles rattachés du projet de loi de finances pour 2001 est fixé à la veille du jour prévu pour la discussion, à dix-sept heures.

Délai limite pour le dépôt des amendements

Nouvelle lecture du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2001 :
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 29 novembre 2000, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à dix-neuf heures quarante-cinq.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Fonctionnement du Fonds d'intervention
pour la sauvegarde de l'artisanat et du commerce

954. - 24 novembre 2000. - M. Michel Teston appelle l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l'artisanat et à la consommation sur les difficultés d'application de la circulaire du 21 juin 1999, relative à la mise en oeuvre du Fonds d'intervention pour la sauvegarde de l'artisanat et du commerce (FISAC), dans le cadre des « opérations rurales collectives » et des « opérations urbaines collectives ». En effet, il résulte de ce texte, scrupuleusement appliqué par les services de l'Etat au cours de la phase d'instruction des dossiers, que lesdites opérations doivent faire l'objet d'un financement à parité entre Etat et collectivités territoriales. Si l'intervention des collectivités territoriales, au cours de la phase « étude » du tissu artisanal et commercial local ne soulève aucune difficulté particulière, il n'en est pas de même en ce qui concerne les moyens apportés pour la phase plus opérationnelle de l'« amélioration ». En effet, les dispositions des articles L. 1511-1 à L. 1511-4 du code général des collectivités territoriales ajoutées à celles des décrets n° 82-806 à n° 82-808 du 22 septembre 1982, interdisent toute intervention directe des départements et des communes ne constituant pas un complément à une aide régionale réglementée. Or, le recours à ces aides (prime régionale à l'emploi, prime régionale à la création d'entreprise, prêts, avances et bonifications d'intérêts) est très rare dans ce type d'opération, car les conditions posées par les décrets cités sont rarement réunies. Par ailleurs, le juge administratif considère que le transit d'une aide directe par un organisme relais ne modifie en rien sa nature. Par conséquent, cette situation conduit nombre de collectivités à consentir, dans le cadre des opérations rurales ou urbaines collectives, des aides directes, dont l'illégalité est patente. Aussi, eu égard aux impasses juridiques ou pratiques auxquelles se heurte l'intervention à parité des départements et des communes dans le cadre de ces opérations il lui demande quelles sont les solutions envisagées à court terme sur cette question.




ANNEXE AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du vendredi 24 novembre 2000


SCRUTIN (n° 20)



sur l'amendement I-2, présenté par M. Marini au nom de la commission des finances, tendant à insérer un article additionnel avant l'article 2 du projet de loi de finances pour 2001, adopté par l'Assemblée nationale.


Nombre de votants : 319
Nombre de suffrages exprimés : 319
Pour : 220
Contre : 99

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (17) :
Contre : 17.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (23) :

Pour : 18.
Contre : 5. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Gérard Delfau.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (99) :

Pour : 98.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Christian Poncelet, président du Sénat.

GROUPE SOCIALISTE (77) :

Contre : 77.

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (52) :

Pour : 51.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Jean Faure, qui présidait la séance.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (46) :

Pour : 46.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (7) :

Pour : 7.

Ont voté pour


Nicolas About
Philippe Adnot
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Pierre André
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Denis Badré
José Balarello
René Ballayer
Janine Bardou
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Jean Boyer
Louis Boyer
Jean-Guy Branger
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Louis de Broissia
Guy-Pierre Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cléach
Jean Clouet
Gérard Cornu
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Xavier Darcos
Philippe Darniche
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Robert Del Picchia
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Gérard Deriot
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Jacques Donnay
Michel Doublet
Paul Dubrule
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Jean-Léonce Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Michel Esneu
Hubert Falco
Pierre Fauchon
André Ferrand
Hilaire Flandre
Gaston Flosse
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yves Fréville
Yann Gaillard
René Garrec
Jean-Claude Gaudin
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Francis Giraud
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Louis Grillot
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Alain Hethener
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Jean-Paul Hugot
Jean-François Humbert
Claude Huriet
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jarlier
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Roger Karoutchi
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Patrick Lassourd
Robert Laufoaulu
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Serge Lepeltier
Marcel Lesbros
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Kléber Malécot
André Maman
Max Marest
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Jean-Luc Miraux
Louis Moinard
René Monory
Aymeri de Montesquiou
Georges Mouly
Bernard Murat
Philippe Nachbar
Paul Natali
Lucien Neuwirth
Philippe Nogrix
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Lylian Payet
Michel Pelchat
Jacques Pelletier
Jean Pépin
Jacques Peyrat
Xavier Pintat
Bernard Plasait
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Ladislas Poniatowski
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Henri de Richemont
Philippe Richert
Yves Rispat
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Jean-Pierre Vial
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Guy Vissac

Ont voté contre


François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
Henri d'Attilio
Bertrand Auban
François Autain
Jean-Yves Autexier
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jean-Pierre Bel
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Yolande Boyer
Robert Bret
Claire-Lise Campion
Jean-Louis Carrère
Bernard Cazeau
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Yvon Collin
Gérard Collomb
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Claude Domeizel
Michel Dreyfus-Schmidt
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Thierry Foucaud
Serge Godard
Jean-Noël Guérini
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Alain Journet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Roger Lagorsse
Dominique Larifla
Gérard Le Cam
Louis Le Pensec
Pierre Lefebvre
André Lejeune
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
François Marc
Marc Massion
Pierre Mauroy
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Roland Muzeau
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean-Claude Peyronnet
Jean-François Picheral
Bernard Piras
Jean-Pierre Plancade
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jack Ralite
Paul Raoult
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent


René-Pierre Signé
Simon Sutour
Odette Terrade
Michel Teston
Pierre-Yvon Tremel
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. Christian Poncelet, président du Sénat, et Jean Faure, qui présidait la séance.

Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.