Séance du 23 mars 2000
M. le président. La parole est à M. About.
M. Nicolas About. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale. (Exclamations sur les travées du groupe du RPR.)
Monsieur le ministre, des centaines d'établissements scolaires sont en grève ; les enseignants manifestent ; les parents d'élèves sont en colère ; les élèves sont mécontents.
Votre réforme de l'enseignement professionnel est contestée par manque de concertation, en tout cas si l'on en croit ceux qui le disent. Vous vous obstinez, semble-t-il, à détruire tout ce qui fonctionne encore au sein de l'éducation nationale. Le fond de votre projet ne serait-il pas de désengager l'Etat de la formation professionnelle ? Où est la voie professionnelle d'excellence ?
M. Raymond Courrière. C'est le fossoyeur de l'école publique qui nous donne des leçons !
M. Nicolas About. Pour l'instant, nous ne voyons qu'un nivellement par le bas. Ce n'est pas en réduisant les heures d'enseignement au détriment des cours de culture générale que les jeunes orientés dans la voie professionnelle pourront poursuivre leurs études vers un BTS.
Les projets de réforme du baccalauréat tendent à instaurer des baccalauréats « maisons » par le biais de contrôles continus. Ces projets ne feront qu'aggraver l'inégalité avec l'enseignement supérieur. Que vaudra le bac d'un établissement du Val-de-Marne face au bac d'un lycée parisien réputé ?
Monsieur le ministre, êtes-vous déterminé à poursuivre dans l'impasse que vous avez choisie ou êtes-vous disposé à revoir votre copie et à ouvrir enfin de véritables négociations pour mettre en place une politique de l'éducation qui vise à développer et à rénover l'enseignement professionnel et technologique et à lui attribuer une vraie place dans le système éducatif ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Monsieur le sénateur, je suis extrêmement surpris que, dans une question devant la représentation nationale, vous me posiez des questions qui sont de l'ordre du ragot et de la rumeur. (Protestations sur les travées du RPR.)
Il n'est pas question d'instaurer une formation continue pour le baccalauréat professionnel, parce qu'elle existe déjà ; il n'est pas question non plus de modifier quoi que ce soit dans ce domaine.
Monsieur le sénateur, il faut être cohérent avec ce que dit le groupe politique auquel vous appartenez ! Il est en effet question de faire en sorte que l'enseignement professionnel se fasse par le biais d'un partenariat entre l'entreprise et le lycée professionnel, ce que vous avez réclamé depuis des années, ce qui est malheureusement pratiqué clandestinement et en dehors de toute réglementation. Nous voulons faire en sorte que tout le monde respecte tout le monde, que l'éducation respecte l'entreprise et que l'entreprise respecte l'éducation. C'est cela, le pacte de l'enseignement professionnel intégré. Il ne s'agit pas d'autre chose !
Vous avez, en outre, énoncé une seconde contre-vérité : en fait, nous voulons renforcer l'éducation générale pour les candidats aux bacs professionnels, et introduire dans les programmes des enseignements de musique, de philosophie, de français. Vous ne pouvez pas prétendre le contraire !
Mme Nelly Olin. Avec des heures en moins !
M. Raymond Courrière. Laissez parler l'orateur !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Je vous demande, mesdames, messieurs les sénateurs, de bien comprendre une chose : nous vivons dans une civilisation dans laquelle la propagation de rumeurs prend de plus en plus de place.
M. Alain Gournac. Dites-le aux syndicats !
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. J'espère que la représentation nationale ne se laissera pas entraîner dans cette voie.
Monsieur le sénateur, ne me posez pas vos questions de manière polémique : je suis prêt à vous répondre et à vous expliquer ce dont il s'agit, à savoir un partenariat négocié sous forme de contrats entre l'entreprise et les lycées professionnels, qui concerne toutes les entreprises et tous les lycées professionnels, afin que nos enfants puissent trouver du travail, qu'ils soient formés et qu'ils puissent s'insérer dans l'économie. Telle est la réforme que je veux mettre en oeuvre pour promouvoir l'égalité des chances.
Il s'agit d'installer des plates-formes technologiques dans les villes moyennes, afin de permettre aux lycées professionnels de s'intégrer à l'économie du pays. C'est de cela qu'il s'agit !
M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre.
M. Claude Allègre, ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie. Si des problèmes existent, cela est dû à des divergences de vues entre les organisations syndicales sur tel ou tel point.
Le ministre n'est pas au coeur du problème ; cela relève du décret !
Je demande à la représentation nationale de défendre la rénovation du service public et de faire en sorte que, dans ce pays, les enfants, les élèves puissent être éduqués dans l'école de la République et trouver un emploi. (Très bien ! et applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées de l'Union centriste, du RDSE, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
ENFOUISSEMENT DES DÉCHETS RADIOACTIFS