Séance du 18 mai 1999






SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Questions orales sans débat (p. 1 ).

CALCUL DE L'AIDE SOCIALE POUR LA PRISE EN CHARGE
DES ADULTES HANDICAPÉS (p. 2 )

Question de M. Alain Gournac. - MM. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale ; Alain Gournac.

BUDGET DES HÔPITAUX PUBLICS (p. 3 )

Question de M. Dominique Leclerc. - MM. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale ; Dominique Leclerc.

SITUATION DE LA CAISSE DE SÉCURITÉ SOCIALE
DES FRANÇAIS DE L'ÉTRANGER (p. 4 )

Question de M. Jean-Pierre Cantegrit. - MM. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale ; Jean-Pierre Cantegrit.

CLASSIFICATION DES BOISSONS ALCOOLISÉES (p. 5 )

Question de M. Henri de Richemont. - MM. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale ; Henri de Richemont.

RESTRUCTURATION DE L'AÉROPORT D'ORLY (p. 6 )

Question de M. Jean-Marie Poirier. - M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement.

DÉVELOPPEMENT DE LA LIGNE CLERMONT-NÎMES (p. 7 )

Question de M. Guy Vissac. - MM. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement ; Guy Vissac.

TRAFIC ROUTIER DANS LE LOIRET (p. 8 )

Question de M. Paul Masson. - MM. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement ; Paul Masson.

3. Souhaits de bienvenue à une délégation parlementaire du Kazakhstan (p. 9 ).

4. Questions orales sans débat (suite) (p. 10 ).

MISSION DE « RADIO CONQUET » (p. 11 )

Question de M. Alain Gérard. - M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement.

POLITIQUE DE DIVERSIFICATION
DES MODES DE TRANSPORT (p. 12 )

Question de M. Jean-Claude Carle. - MM. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement ; Jean-Claude Carle.

SERVICE NATIONAL ET REPORT D'INCORPORATION (p. 13 )

Question de M. Bernard Piras. - MM. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie ; Bernard Piras.

REDÉPLOIEMENT DES DÉPENSES DE DÉFENSE EN FAVEUR
DE LA RECHERCHE, DES ÉTUDES
ET DU DÉVELOPPEMENT (p. 14 )

Question de M. Pierre Laffitte. - MM. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie ; Pierre Laffitte.

CRÉATION D'UNE CITÉ SCIENTIFIQUE
DANS LE VAL DE SEINE (p. 15 )

Question de M. Michel Duffour. - MM. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement ; Michel Duffour.

RÉFORME DU SYSTÈME D'AIDES DE L'AGENCE
DE L'ENVIRONNEMENT
ET DE LA MAÎTRISE DE L'ÉNERGIE (p. 16 )

Question de M. Jean-Claude Peyronnet. - MM. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement ; Jean-Claude Peyronnet.

ÉLIGIBILITÉ DE L'AGGLOMÉRATION CLERMONTOISE
À LA PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE (p. 17 )

Question de M. Serge Godard. - MM. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement ; Serge Godard.

RECRUDESCENCE DES STATIONNEMENTS ILLÉGAUX DES GENS
DU VOYAGE SUR LES PARKINGS PRIVÉS (p. 18 )

Question de M. Jean-Jacques Robert. - MM. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur ; Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement ; Jean-Jacques Robert.

ORGANISMES DE RECHERCHE ET MARCHÉS PUBLICS (p. 19 )

Question de Mme Nicole Borvo. - M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche ; Mme Nicole Borvo.

CONDITIONS D'ATTRIBUTION DE L'INDEMNITÉ SPÉCIALE
DE MONTAGNE (p. 20 )

Question de M. Roger Besse. - MM. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche ; Roger Besse.

Suspension et reprise de la séance (p. 21 )

PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE

5. Arts martiaux. - Adoption d'une proposition de loi (p. 22 ).
Discussion générale : Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports ; MM. James Bordas, rapporteur de la commission des affaires culturelles ; Bernard Plasait, Serge Lagauche, Jean Bernard, Mme Hélène Luc, M. Michel Dreyfus-Schmidt.
Mme le ministre.
Clôture de la discussion générale.

Article 1er (p. 23 )

Amendement n° 1 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 2 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 2 (p. 24 )

Amendement n° 3 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Vote sur l'ensemble (p. 25 )

MM. Ambroise Dupont, Gérard Le Cam.
Adoption de la proposition de loi.

Suspension et reprise de la séance (p. 26 )

6. Loi d'orientation agricole. - Adoption d'un projet de loi en nouvelle lecture (p. 27 ).
Discussion générale : MM. Michel Souplet, rapporteur de la commission des affaires économiques ; Jean-Paul Emorine, Ambroise Dupont, Gérard César, Dominique Leclerc, Albert Vecten, Marcel Deneux, Jean-Marc Pastor, Gérard Le Cam, Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche.
Clôture de la discussion générale.

Article 1er. - Adoption (p. 28 )

Article 1er bis (p. 29 )

Amendement n° 1 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Gérard Le Cam. - Retrait.
Adoption de l'article.

Article additionnel avant l'article 1er ter (p. 30 )

Amendement n° 36 de M. Leclerc. - MM. Dominique Leclerc, le rapporteur, le ministre, Joseph Ostermann, au nom de la commission des finances. - Irrecevabilité.

Article 1er ter (p. 31 )

Amendement n° 51 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 2 (p. 32 )

Amendements n°s 2 de la commission, 52 de M. Le Cam et 33 de M. Pastor. - MM. le rapporteur, Gérard Le Cam, Bernard Dussaut, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 2, les amendements n°s 52 et 33 devenant sans objet.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 3 (p. 33 )

Amendement n° 43 rectifié de M. Henry. - MM. Marcel Deneux, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article additionnel avant l'article 4 (p. 34 )

Amendement n° 37 rectifié de M. César. - MM. Gérard César, le rapporteur, le ministre, Joseph Ostermann, au nom de la commission des finances. - Irrecevabilité.

Article 4 (p. 35 )

Amendement n° 3 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 5 (p. 36 )

Amendements n°s 44 de M. Deneux et 34 de M. Pastor. - MM. Marcel Deneux, Pierre-Yvon Trémel, le rapporteur, le ministre, Jean-Marc Pastor. - Adoption de l'amendement n° 44, l'amendement n° 34 devenant sans objet. MM. Jean-Marc Pastor, le président, Marcel Deneux.
Amendement n° 63 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Amendement n° 50 de M. César. - MM. Gérard César, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Suspension et reprise de la séance (p. 37 )

PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD

Intitulé du titre II (p. 38 )

Amendement n° 4 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé.

Intitulé du chapitre Ier du titre II (p. 39 )

Amendement n° 5 de la commission. - Adoption de l'amendement rédigeant l'intitulé.

Article 6 A (supprimé) (p. 40 )

Amendement n° 6 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 6 B (supprimé) (p. 41 )

Amendement n° 7 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 6 C (supprimé) (p. 42 )

Amendement n° 8 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 6 D (supprimé) (p. 43 )

Amendement n° 9 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article additionnel avant l'article 6 (p. 44 )

Amendement n° 68 de M. Machet. - MM. Jacques Machet, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 7 bis (supprimé) (p. 45 )

Amendements n°s 48 de M. Deneux et 53 de M. Le Cam. - MM. Marcel Deneux, Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 48 rétablissant l'article, l'amendement n° 53 devenant sans objet.

Article 7 ter (supprimé) (p. 46 )

Article 10 quater (supprimé) (p. 47 )

Amendement n° 10 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 12. - Adoption (p. 48 )

Article additionnel après l'article 12 (p. 49 )

Amendement n° 54 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Article 14 (p. 50 )

Amendement n° 11 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendements n°s 38 de M. César et 45 de M. Deneux. - MM. Gérard César, Marcel Deneux, le rapporteur, le ministre, Claude Domeizel. - Retrait de l'amendement n° 45 ; adoption de l'amendement n° 38.
Adoption de l'article modifié.

Article 15. - Adoption (p. 51 )

Article 15 bis (supprimé) (p. 52 )

Amendement n° 12 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Réserve.

Article 16 (p. 53 )

Amendement n° 13 de la commission et sous-amendement n° 49 rectifié bis de M. César ; amendement n° 55 de M. Le Cam. - MM. le rapporteur, Gérard Le Cam, Gérard César, le ministre, Jean-Marc Pastor, Hilaire Flandre, Jean-Paul Emorine. - Adoption du sous-amendement n° 49 rectifié bis et de l'amendement n° 13 modifié rédigeant l'article, l'amendement n° 55 devenant sans objet.

Article 15 bis (supprimé) (suite) (p. 54 )

Amendement n° 12 (précédemment réservé) de la commission. - M. Joseph Ostermann, au nom de la commission des finances. - Irrecevabilité.
L'article demeure supprimé.

Article 18 (p. 55 )

Amendement n° 39 de M. César. - MM. Gérard César, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 24 (p. 56 )

Amendement n° 14 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 24 (p. 57 )

Amendement n° 15 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 24 bis (supprimé) (p. 58 )

Amendement n° 16 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Articles 27 bis, 27 ter et 28. - Adoption (p. 59 )

Article 29 (p. 60 )

Amendement n° 17 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 56 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article modifié.

Article 29 ter (p. 61 )

Amendement n° 18 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 29 quinquies A (supprimé) (p. 62 )

Amendement n° 19 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Retrait.
L'article demeure supprimé.

Article 29 quinquies (p. 63 )

Amendement n° 20 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 29 sexies (p. 64 )

Amendement n° 21 de la commission. - Retrait.
Amendement n° 46 rectifié de M. Deneux. - MM. Marcel Deneux, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles additionnels après l'article 29 quaterdecies (p. 65 )

Amendement n° 57 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 62 rectifié de M. Ostermann. - MM. Joseph Ostermann, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 31 bis (supprimé) (p. 66 )

Article 32 (p. 67 )

Amendement n° 40 rectifié de M. César. - MM. Gérard César, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 32 ter. - Adoption (p. 68 )

Article 33 (p. 69 )

Amendement n° 58 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article.

Article 38 quater (supprimé) (p. 70 )

Article 39 (p. 71 )

M. le rapporteur.
Adoption de l'article.

Articles 40 B, 40 C, 40 et 40 bis A. - Adoption (p. 72 )

Article 40 bis (p. 73 )

Amendement n° 64 de M. Ambroise Dupont. - MM. Ambroise Dupont, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles 40 ter, 40 quater, 41 bis, 42,
42 bis et 43 bis. - Adoption (p. 74 )

Article 43 ter (p. 75 )

Amendement n° 22 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Jean Bizet. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 43 quater (p. 76 )

Amendement n° 47 rectifié de M. Deneux. - MM. Marcel Deneux, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 43 septies. - Adoption (p. 77 )

Article 44 (p. 78 )

Amendement n° 65 de M. Ambroise Dupont. - MM. Ambroise Dupont, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 41 de M. Bizet. - MM. Jean Bizet, le rapporteur, le ministre, Ambroise Dupont, Joseph Ostermann, au nom de la commission des finances. - Irrecevabilité.
Adoption de l'article modifié.

Articles 44 bis à 44 quater B. - Adoption (p. 79 )

Article 44 quater (p. 80 )

Amendements identiques n°s 35 rectifié de M. Deneux et 42 rectifié de M. Bizet ; amendement n° 66 rectifié de M. Ambroise Dupont. - MM. Marcel Deneux, Jean Bizet, le rapporteur, le ministre. - Adoption des amendements n°s 35 rectifié et 42 rectifié ; l'amendement n° 66 rectifié devenant sans objet.
Adoption de l'article modifié.

Article 44 sexies. - Adoption (p. 81 )

Article 45 (p. 82 )

Amendement n° 23 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 45 bis B (supprimé) (p. 83 )

Article 45 bis. - Adoption (p. 84 )

Article 47 (p. 85 )

Amendement n° 24 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 47 bis A (p. 86 )

Amendement n° 67 de M. Ambroise Dupont. - MM. Ambroise Dupont, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article.

Articles 48 et 49 bis A. - Adoption (p. 87 )

Article 49 bis (p. 88 )

Amendement n° 59 de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article.

Article 50 bis A. - Adoption (p. 89 )

Article 50 bis (p. 90 )

Amendements n°s 25 et 26 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.

Article 50 quater. - Adoption (p. 91 )

Article 50 sexies (supprimé) (p. 92 )

Amendement n° 27 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Gérard César. - Adoption de l'amendement rétablissant l'article.

Article 51 (p. 93 )

Amendement n° 28 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 52. - Adoption (p. 94 )

Article 53 (p. 95 )

Amendement n° 29 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 57 (p. 96 )

Amendement n° 30 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 59 (p. 97 )

Amendement n° 31 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 60 rectifié de M. Le Cam. - MM. Gérard Le Cam, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article modifié.

Articles 61 et 64. - Adoption (p. 98 )

Article 65 (p. 99 )

Amendement n° 32 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Seconde délibération (p. 100 )

Demande de seconde délibération. - MM. le ministre, le rapporteur.
La seconde délibération est ordonnée.

Suspension et reprise de la séance (p. 101 )

Article 5 (p. 102 )

Amendements n°s A-1 et A-2 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Adoption des deux amendements.
Adoption de l'article modifié.

Vote sur l'ensemble (p. 103 )

MM. Jean-Marc Pastor, Gérard Le Cam, Gérard César.
Adoption du projet de loi.

7. Transmission de projets de loi (p. 104 ).

8. Dépôt de propositions de loi (p. 105 ).

9. Textes soumis en application de l'article 88-4 de la Constitution (p. 106 ).

10. Dépôt d'un rapport (p. 107 ).

11. Ordre du jour (p. 108 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à neuf heures trente-cinq.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le procès-verbal de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté.

2

QUESTIONS ORALES SANS DÉBAT

M. le président. L'ordre du jour appelle les réponses à des questions orales sans débat.

CALCUL DE L'AIDE SOCIALE POUR LA PRISE EN CHARGE DES ADULTES HANDICAPÉS

M. le président. La parole est à M. Gournac, auteur de la question n° 437, adressée à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité.
M. Alain Gournac. Monsieur le secrétaire d'Etat, ma question porte sur les difficultés rencontrées par les collectivités territoriales pour répondre aux demandes relatives à l'aide sociale aux fins de prise en charge des frais d'hébergement.
En effet, lorsque les adultes handicapés font une telle demande, il est très difficile d'évaluer non seulement le capital qui est placé, mais également les revenus que produit pour eux ce capital, car, bien souvent, les familles, les ayants droit, les représentants légaux voient les produits financiers automatiquement incorporés dans le capital placé. D'où la grande difficulté, pour les collectivités territoriales, de faire un calcul juste de la participation incombant aux adultes handicapés.
La législation en vigueur, qui a vingt ans, est-elle encore adaptée sur le plan financier, alors que les choses ont tant évolué ? Il faut y regarder de près afin de pouvoir fixer des participations justes et rétablir l'équité entre les uns et les autres.
L'objet n'est pas du tout de réaliser des économies. Simplement, l'argent ainsi récupéré pourrait permettre de mener d'autres actions : transport de handicapés, achat de matériels pour les handicapés, ces matériels n'étant pas remboursés, ou très mal, par la sécurité sociale.
Monsieur le secrétaire d'Etat, une évolution de la législation est-elle envisageable ?
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale. Monsieur le sénateur, votre question sur la difficulté qu'il y a à appréhender les revenus procurés par les capitaux placés pour les bénéficiaires de l'aide sociale est complexe.
Vous soulignez que les contrats d'assurance vie souscrits en faveur des personnes handicapées échappent au dispositif réglementaire.
Le problème n'a, en tout cas, pas échappé au groupe d'étude sur l'aide sociale, l'obligation alimentaire et le patrimoine, dont le rapport vient d'être adopté par la section du rapport et des études du Conseil d'Etat.
Il en ressort que le capital garanti par une assurance sur la vie ne fait pas partie du patrimoine de l'intéressé, même lorsque celui-ci bénéficie de l'aide sociale - c'est votre question, monsieur le sénateur. Cette analyse que fait constamment la jurisprudence civile s'impose nécessairement aux collectivités publiques chargées de l'aide sociale. Le capital ainsi constitué, bien qu'il soit alimenté directement par prélèvement sur les revenus du bénéficiaire de l'aide sociale, échappe au recouvrement sur la succession prévue par l'article 146 du code de la famille et de l'aide sociale.
Les collectivités publiques chargées de l'aide sociale ne sont pas pour autant dépourvues de moyens pour lutter - je ne sais si le mot est suffisamment doux - contre les dérives qui pourraient naître de cette situation.
D'une part, dans le domaine du droit civil, comme l'affirme la jurisprudence, le code des assurances permet qu'en cas de disproportion au regard du revenu du souscripteur les primes d'assurance vie soient rapportées à la succession.
D'autre part, des dispositions du code de la famille et de l'aide sociale, et notamment l'article 168 en ce qui concerne l'hébergement des personnes handicapées, prévoient que l'intéressé lui-même doit contribuer, à titre principal, aux frais qu'il engage, dans certaines limites définies réglementairement lui permettant de conserver une part de ses ressources. Tout cela, c'est vrai, est imprécis.
Pour la détermination de sa contribution par la commission d'admission à l'aide sociale, le demandeur d'aide sociale est tenu de communiquer tous les éléments de sa situation et l'intégralité des revenus dont il dispose.
Enfin, conscient de ne pas répondre pleinement à votre question, je rappelle que l'article 9 du décret n° 54-883 du 2 septembre 1954 modifié organisant le fonctionnement de l'aide sociale prévoit que : « Lorsque les décisions administratives ont été prises sur la base de déclarations incomplètes ou erronées, il peut être procédé à leur révision, avec répétition de l'indu ».
Sur le fond, vous avez raison, monsieur le sénateur : peut-être faudrait-il revoir tout cela ! Voilà toutefois quelques éléments de réponse qui permettent d'éclairer cette difficile question !
M. Alain Gournac. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le secrétaire d'Etat, qui, c'est vrai, apporte des éléments de clarification.
L'objet de ma question était de traiter ce problème de l'aide sociale de façon plus juste et non, bien sûr, de faire mener des enquêtes sur tout le monde.
Bien souvent, le capital n'est pas directement placé sous la responsabilité de l'adulte handicapé ; c'est quelqu'un d'autre qui le gère. Il est donc difficile pour les collectivités, même quand elles demandent que l'on établisse des déclarations de patrimoine, d'apprécier le capital, qui, de plus, augmente.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je persiste à penser qu'il serait tout de même intéressant d'y regarder de plus près. Pour ce faire, je compte sur vous.

BUDGET DES HÔPITAUX PUBLICS

M. le président. La parole est à M. Leclerc, auteur de la question n° 476, adressée à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité.
M. Dominique Leclerc. Monsieur le secrétaire d'Etat, je souhaite attirer votre attention sur les moyens octroyés aux hôpitaux de la région Centre au regard de la campagne budgétaire 1999 des établissements sanitaires.
En effet, pour cette campagne, une circulaire du 26 novembre 1998 a arrêté non seulement une orientation générale - la campagne doit s'inscrire dans le cadre de la révision des schémas régionaux d'organisation sanitaire, les SROS - mais aussi un objectif prioritaire : concentrer l'effort de réduction des inégalités sur les régions qui en ont le plus besoin.
Pour atteindre cet objectif, cette fameuse circulaire a fixé le taux d'évolution de la région Centre à 2,28 %, ce qui peut effectivement paraître assez favorable puisque le taux national est de 2,04 %. Toutefois, ce taux, établi à partir de différents critères, dont deux semblent inadéquats ou plus ou moins inéquitables, ne tient pas compte de la réalité qui est la nôtre.
Conséquemment, la dotation allouée à notre région semble insuffisante pour permettre à ses établissements de respecter l'orientation générale de la circulaire.
Les deux premiers critères, à savoir les dépenses hospitalières par habitant hospitalisable dans le secteur public et l'efficience économique mesurée en coût du point ISA, sont pertinents. Ils expriment bien les besoins de la population en matière de soins et l'efficience économique des professionnels pour répondre à ces besoins.
En revanche, tenir compte du coût des patients traités hors de leur région d'habitation, d'une part, et de l'indice comparatif de mortalité générale, d'autre part, semble plus critiquable.
En effet, prendre en considération le coût des patients traités hors de leur région d'habitation est, en premier lieu, totalement inéquitable. Cela conduit à doter une deuxième fois l'établissement qui reçoit le malade pour sa prestation. Est-ce bien normal ?
En second lieu, ce critère n'et pas porteur de changement du tissu hospitalier. Il entérine la fuite des patients pour se faire soigner et interdit ainsi toute politique d'aménagement du territoire en matière d'offre de soins.
Par ailleurs, que dire de l'indice comparatif de mortalité générale, si ce n'est que ce critère de répartition est inadéquat pour doter les établissements ? En effet, les sommes versées au titre de ce dernier critère ne modifient en rien l'évolution de son niveau.
Vous l'aurez compris, mon sentiment à l'égard de ces deux nouveaux critères qui ont présidé à la dernière répartition interrégionale est négatif, car ils ne permettent pas d'évaluer correctement la réalité du terrain, et plus spécialement celle de notre région.
Alors que notre région est sous-dotée si l'on tient compte des deux premiers critères, elle se rapproche de la moyenne nationale si l'on prend en considération les deux derniers.
C'est pourquoi il est, à mon sens, urgent de mettre un terme aux disparités entre régions - nous nous rejoignons - et de mettre en place un outil d'évaluation suffisamment performant et fiable qui couvrirait l'ensemble des structures et permettrait d'apprécier et de comparer la performance globale des dispositifs régionaux d'offre de soins.
Ma question est donc la suivante, monsieur le secrétaire d'Etat : êtes-vous prêt à mesurer et à prendre en compte l'efficience des structures d'offre ?
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat, pour répondre à cette importante question.
M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale. Monsieur le président, je réponds à cette importante question devant des orfèvres !
Monsieur le sénateur, à Poitiers, où j'étais hier, le centre hospitalier universitaire de la région Poitou-Charentes, qui n'est pas très éloignée de la vôtre, présente des caractéristiques qui ne sont pas très éloignées de celles de la région Centre.
Par le passé, les régions étaient pratiquement considérées de la même manière ; or il fallait bien réduire certaines inégalités. Nous essayons donc d'affiner la situation. C'est sans doute imparfait, j'en suis le premier convaincu, et votre président de séance sans doute aussi.
Je n'accepte pas de reconnaître l'importance que devraient avoir les deux critères que sont l'indice de mortalité et le flux de personnes extérieures à la région considérée, car ils sont encore trop approximatifs, alors que nous devons rechercher une plus juste répartition.
Avant de répondre précisément à votre question, je dirai qu'avoir retenu le Nord-Pas-de-Calais, la Picardie, le Poitou-Charentes et l'Alsace comme étant des régions souffrant d'un manque de financement par rapport à d'autres me paraît légitime. En tout cas, c'est l'argument qu'hier, au CHU de Poitiers, on a très bien accepté parce qu'il est vrai que nous avons doté très légèrement plus la région Poitou-Charentes, et ce nécessairement aux dépens des autres régions.
Vous avez raison, monsieur le sénateur, de noter qu'en 1999 la dotation régionale de dépenses hospitalières de la région Centre a progressé de 2,28 % par rapport à une moyenne nationale de 2,04 %. Mais la progression a toujours été supérieure à la moyenne nationale, je connais les problèmes spécifiques de votre région. Nous avons, en effet, pris en compte, d'une part, le flux des patients habitant hors région - c'est un des arguments avancés par les grosses concentrations hospitalières - et, d'autre part, l'indice comparatif de mortalité.
Quels ont été les choix de l'agence régionale de l'hospitalisation de votre région pour la répartition de la dotation généralisée pour 1999 ?
C'est, d'abord, la création d'une enveloppe de 50 millions de francs pour le financement de mesures nouvelles prévues dans le cadre de contrats d'objectifs et de moyens ou justifiées par la mise en oeuvre des priorités ministérielles : avant tout l'amélioration de la sécurité des soins, les schémas des « urgences » et de la « psychiatrie ». Je serai très attentif - et je le suis déjà - à ce que la psychiatrie, qui est une spécialité qui s'interroge elle-même et qui ne trouve pas sa place dans l'ouverture vers l'hôpital général, ne soit pas sous-dotée.
C'est, ensuite, l'actualisation des dépenses de personnel ou des dépenses médicales et pharmaceutiques en fonction de la valeur du point d'indice synthétique d'activité, le fameux point ISA, qui, lui aussi, est imparfait mais qui correspond tout de même à ce que nous avons trouvé pour le moment de plus juste.
C'est, enfin, la poursuite de la correction des inégalités entre établissements surdotés et sous-dotés à l'intérieur même de la région, avec le souci de favoriser des complémentarités, voire des rapprochements.
Des dossiers d'investissement pour des établissements hospitaliers de la région ont été également constitués dans le cadre de la programmation du Fonds d'investissement et de modernisation des hôpitaux pour 1999, pour 500 millions de francs, monsieur le sénateur. Martine Aubry et moi-même examinerons ces demandes avec la plus grande attention pour tenir compte de l'ancienneté du patrimoine hospitalier de la région et de la nécessaire politique d'ajustement dans votre région Centre.
Par ailleurs, je vous rappelle, monsieur le sénateur, qu'un effort financier d'environ 20 millions de francs a été consenti par le Gouvernement en fin d'année 1998 et au début de cette année pour permettre à l'Agence régionale de l'hospitalisation un accroissement des activités, notamment pour les établissements dits référents. Je pense, par exemple, au CHU de Tours et au centre hospitalier régional d'Orléans qui est le plus grand centre hospitalier non-CHU de France.
Croyez bien, monsieur le sénateur, que nous continuons à suivre de près la politique hospitalière menée dans la région Centre, et ce pour une raison très précise. En effet, les efforts de rapprochement - la complémentarité doit exister dans ce domaine - entre les établissements publics et les établissements privés ont débouché sur des progrès considérables, que nous tenons à soutenir.
Je me suis rendu à plusieurs reprises dans cette région et je le ferai à nouveau volontiers.
M. Dominique Leclerc. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Leclerc.
M. Dominique Leclerc. Je vous remercie, monsieur le secrétaire d'Etat, de votre réponse. Corriger au moyen de critères que l'on peut discuter les inégalités entre régions est, il est vrai, chose difficile. Il faut par ailleurs - vous l'avez fait - souligner le travail énorme qu'a accompli notre agence régionale sous la houlette de M. Marrot.
Au-delà des critères de péréquation, il faudra entreprendre une réforme du mode de financement des hôpitaux afin de garantir le service public et la qualité des soins tout en accélérant cette recomposition du tissu hospitalier.
Cette réforme - vaste problème - ne doit cependant pas entraîner une régulation plus ou moins arbitraire et draconienne du système hospitalier qui viderait l'hôpital public d'une part importante de ses ressources humaines, au détriment de la qualité des soins et de la sécurité.
C'est pourquoi, pour répondre à ces attentes, il faudrait évoluer vers un système de financement fondé sur l'application d'un double mécanisme : d'une part, une dotation destinée à financer l'ensemble des missions de service public et sociales d'autre part, un système tarifaire fondé sur l'activité en fonction des pathologies des établissements en considération de leurs seules performances.
Telles sont les raisons pour lesquelles, monsieur le secrétaire d'Etat, je voulais poser cette question ce matin.

SITUATION DE LA CAISSE DE SÉCURITÉ SOCIALE
DES FRANÇAIS DE L'ÉTRANGER

M. le président. La parole est à M. Cantegrit, auteur de la question n° 515, adressée à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité.
M. Jean-Pierre Cantegrit. Je voulais attirer l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité - et, monsieur le secrétaire d'Etat, c'est donc vous qui allez me répondre - sur la négociation qui a été entreprise par la division des affaires européennes et internationales du ministère des affaires sociales avec son homologue polonais.
Lors de cette négociation, qui s'est tenue à Varsovie les 3 et 5 mars 1999, la situation de la caisse de sécurité sociale des Français de l'étranger, la CFE, dont je préside le conseil d'administration, a été abordée.
En effet, au cours des discussions, la couverture apportée par cette caisse aux entreprises françaises adhérentes a été l'objet de réclamations émanant de la partie polonaise, laquelle entend mettre fin de façon rétroactive à la dispense d'adhésion au système de sécurité sociale polonais qui prévalait jusqu'à présent pour les entreprises adhérentes à la CFE et obliger, par conséquent, ces dernières soit à payer une double cotisation, polonaise et française, soit à quitter le système d'assurance volontaire de la CFE.
Je m'étonne que les négociateurs français n'aient pas défendu la position de la CFE, alors même qu'ils siègent au conseil d'administration de cette dernière, pour n'envisager dans leurs négociations que le régime du détachement au titre de la sécurité sociale.
Je vous rappelle à ce sujet que, pour des prestations équivalentes, les cotisations des entreprises françaises à la CFE, qui sont soumises sur place à une concurrence importante, sont trois fois inférieures à celles qu'elles paieraient dans le cas où elles choisiraient la formule du détachement.
Je vous rappelle également que les entreprises françaises ont été à l'origine de la création de la CFE ; lorsque l'on a fait appel à elles, elles ont toujours été solidaires des actions de solidarité qui ont été menées, notamment dans le cas où nos compatriotes étaient en difficulté comme dans les pays du golfe, dans l'ex-Zaïre et dans d'autres pays d'Afrique que vous connaissez bien, et qu'elles ont été parties prenantes aux actions menées pour faciliter l'envoi de jeunes Français à l'étranger en les dispensant de cotisations.
Dans ces conditions, je me demande comment la CFE peut assurer l'équilibre de ses comptes - auquel je sais que Mme Aubry est attachée, elle me l'a dit - si on la prive de la faculté de pouvoir assurer des entreprises françaises installées en Pologne. A ce jour, la Pologne n'est pas membre de l'Union européenne, même si des pourparlers sont en cours de vue de son admission. Aussi je me demande s'il est opportun par le biais de conventions bilatérales d'alourdir la charge des entreprises qui oeuvrent pour notre pays.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale. Monsieur le sénateur, vous avez appelé l'attention de Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité, qui est désolée de ne pouvoir vous répondre elle-même, sur les négociations qui ont été entreprises par ses services avec leurs homologues polonais, à la demande de ces derniers.
Vous vous élevez contre le fait que les intérêts de la Caisse de sécurité sociale des Français de l'étranger y auraient été mal défendus face à la volonté de la Pologne de mettre fin à la dispense de cotisation au régime polonais des entreprises françaises adhérentes à la CFE.
Dans le cadre de la mise en place le 1er janvier 1999 d'un nouveau système d'assurance maladie, l'Institut de protection sociale polonais - le ZUS - chargé du recouvrement des cotisations correspondantes a entrepris une série de contrôles des entreprises étrangères établies sur son territoire et des entreprises polonaises créées depuis 1989.
Il entend vérifier que tous les salariés des entreprises exerçant sur le territoire polonais cotisent bien au régime polonais de sécurité sociale, à l'exception des salariés détachés par leur entreprise. Ceux-ci restent, en effet, affiliés au régime obligatoire de leur Etat d'origine pour une durée déterminée, par exemple, pour les salariés français, pendant les six premiers mois de leur présence en Pologne, conformément à la convention signée en 1948 par la France avec ce pays. Au-delà de ce délai, les entreprises doivent verser des cotisations au régime polonais.
De manière générale, les clauses de détachement prévues dans les conventions bilatérales de sécurité sociale, telles que celles qui lient la France à la Pologne, déterminent les catégories de personnes qui sont maintenues pour un temps dans le régime de base du pays d'origine bien qu'exerçant leur activité professionnelle à l'étranger. Elles ne prévoient en aucune manière le transfert d'affiliation dans un organisme tiers volontaire, fût-il légal comme la CFE. Un tel organisme n'existe, au demeurant, qu'en France et, dans une moindre mesure, en Belgique. La France elle-même veille à l'application stricte de ces règles sur son propre territoire.
La campagne de contrôle engagée par la Pologne, qui ne touche pas que les entreprises françaises, a débuté en 1998. Elle n'a aucun lien avec les discussions auxquelles vous faites référence sur les modalités d'application de la convention de 1948, qui se sont déroulées à Varsovie du 3 au 5 mars dernier. Cette campagne de contrôle comme le fait que certaines entreprises françaises aient choisi d'affilier leur personnel occupé en Pologne à la Caisse de sécurité sociale des Français de l'étranger n'ont pas du tout été abordés lors de ces discussions.
L'équilibre financier du régime volontaire maladie de la Caisse de sécurité sociale des Français de l'étranger ne peut se réaliser à l'encontre des règles que je viens de rappeler. Pour préserver l'avenir de la caisse, il faut trouver d'autres voies qui soient cependant conformes à nos engagements internationaux.
Telle est la réponse que Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité voulait vous apporter, monsieur le sénateur.
M. Jean-Pierre Cantegrit. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Cantegrit.
M. Jean-Pierre Cantegrit. Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous remercie de cette réponse, bien qu'elle ne me donne pas entière satisfaction.
D'ailleurs, je vais écrire à vos collègues M. Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, et M. Dondoux, secrétaire d'Etat au commerce extérieur, pour attirer leur attention sur la situation.
Je constate qu'une caisse de sécurité sociale comme la CFE, je l'ai indiqué tout à l'heure dans mon propos, est d'un coût trois fois inférieur à celui du régime du détachement. En outre, et j'insiste sur ce point, il y a un effort important à faire à l'égard de nos compatriotes français en matière de justice sociale. Ils ne relèvent pas du régime national de sécurité sociale, qui se préoccupe, pour sa part, de mettre en oeuvre une justice sociale sur le territoire français. Je tenais à appeler l'attention de Mme Aubry sur cette question importante.
Dans d'autres pays que la Pologne, nous constatons des situations comparables.
La Caisse de sécurité sociale des Français de l'étranger peut couvrir des entreprises françaises, quelquefois avec une double cotisation. Malheureusement, en Pologne, le taux est de 48 %, comme vous le savez, monsieur le secrétaire d'Etat, ce qui devient insurmontable pour nos entreprises françaises. Il y a donc là un réel problème, car c'est un pays qui connaît un développement considérable en ce moment. Les entreprises françaises s'y installent ; elles doivent pouvoir - ce n'est pas commode à réaliser - avoir toutes leurs chances vis-à-vis de leur concurrents, européens notamment.

CLASSIFICATION DES BOISSONS ALCOOLISÉES

M. le président. La parole est à M. de Richemont, auteur de la question n° 511, adressée à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale.
M. Henri de Richemont. Monsieur le secrétaire d'Etat, le rapport de M. Roques, que vous avez commandé, fait un amalgame entre les drogues dures et l'alcool, sans distinguer l'usage et l'abus alors que tout abus est répréhensible, quel que soit le produit consommé.
Au mois de janvier dernier, M. le Premier ministre a ajouté aux missions traditionnelles dévolues à Mme la présidente de la mission interministérielle contre la drogue et la toxicomanie les drogues licites, tel l'alcool.
Classer les vins et les spiritueux dans la catégorie des drogues dures mettrait globalement à mal trois millions d'emplois dans notre pays et aurait des conséquences désastreuses pour l'économie du cognac, aujourd'hui gravement en crise, puisqu'il s'ensuivrait une dévalorisation de l'appellation « cognac ».
Vous comprendrez également que les professionnels du cognac, qu'ils soient viticulteurs ou négociants, refusent d'être assimilés à des dealers.
Il ressort d'articles de presse que le Gouvernement a décidé de geler toute décision jusqu'aux prochaines élections européennes.
Je vous demande donc, monsieur le secrétaire d'Etat, non seulement de bien vouloir me confirmer cette information, mais aussi de me dire si le Gouvernement a abandonné toute assimilation des vins et spiritueux aux drogues dures.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale. Monsieur le sénateur, vous confondez, hélas ! les effets et les causes. Il n'est pas question de déclassifier ou de classifier quoi que ce soit.
Permettez-moi de vous dire que, pour un responsable de la santé publique, comme pour n'importe quel médecin - et ils sont nombreux dans notre pays - ce sont les causes qui comptent et, dans le rapport Roques auquel vous avez fait allusion, il est question non pas de stigmatiser ou de classifier, mais de décrire, avec une compétence internationalement reconnue, les effets des diverses substances - je dis « substances » pour ne pas les ranger dans une catégorie ou une autre - sur le corps humain, en particulier ce que l'on appelle la neurotoxicité, c'est-à-dire la toxicité qui concerne le système nerveux.
En cela - hélas ! trois fois hélas ! - les consommations abusives ne concernent pas, bien entendu, l'observateur scientifique : il a essayé, et il a réussi à montrer - et c'est internationalement reconnu non seulement, d'ailleurs, depuis ce travail dont vous avez parlé, mais bien avant - que cette neurotoxicité, que le phénomène de dépendance, la voie que l'on appelle « dopaminergique », est actionnée par diverses substances, les unes étaient licites et les autres illicites.
Voilà ce que nous avons dit, car ce sont ces conséquences sur la santé publique qui sont à considérer.
A côté de l'héroïnomanie, dont divers indicateurs nous font estimer qu'elle est en décroissance dans notre pays - ce dont nous nous félicitons - on assiste au développement d'autres types de toxicomanies, et surtout de polytoxicomanies, c'est-à-dire au mélange de substances licites et illicites. Des substances médicamenteuses et alcooliques viennent se mêler aux substances illicites et, dans une moindre mesure, à de nouveaux produits comme les drogues de synthèse, ce qui nous pose des problèmes considérables de santé publique.
Le responsable de santé publique que je suis doit constater ce phénomène et lutter contre l'ensemble. Si l'on absorbe plusieurs produits à la fois, que ces produits se renforcent et même, comme l'on dit, se potentialisent, il nous faut bien tenir compte des effets de cette absorption sur la santé des hommes.
Nous avons donc le souci, dans ce domaine, bien entendu de combattre, mais aussi de donner une information objective ; je partage votre sentiment. C'est pourquoi je précise que, contrairement à ce que certains veulent faire croire - vous faites allusion à des articles de presse, mais ils ne sont pas parole d'évangile -, il n'a jamais été question de modifier le statut juridique de l'alcool ni de l'assimiler à une drogue dure, notion qui d'ailleurs n'existe pas dans le droit français.
Ce sont des toxiques ; les uns sont légaux, les autres sont illégaux. Je me souviens d'ailleurs d'un débat fort intéressant qui a eu lieu ici ; nous étions tous d'accord, en tout cas sur le plan des effets.
La réflexion actuellement menée dans le prolongement des différents rapports consacrés à cette question ne vise nullement à créer un amalgame entre l'alcool et les drogues illicites. En effet, il ne faut pas nier que la consommation de vin, d'alcool - en particulier de cognac - fait partie du patrimoine culturel et social de la France. Elle est associée à un certain art de vivre, et elle s'inscrit, pour l'immense majorité de nos concitoyens, dans la modération.
Hélas ! il ne faut pas oublier pour autant que l'abus d'alcool existe, même s'il est combattu. Le responsable de la santé publique que je suis ne peut que constater que l'abus est fréquent, et même dommageable. Il occasionne un nombre de décès considérables, de rixes, de comportements violents ou pervers à l'intérieur et à l'extérieur de la famille, dont 70 %, monsieur le sénateur, sont liés à la consommation alcoolique. De plus, une part de la mortalité est imputable à l'alcool : de 40 000 à 50 000 morts par an, dont la moitié est due à des causes indirectes. Par ailleurs, 20 % des personnes hospitalisées, quelle qu'en soit la cause, consomment de l'alcool en quantité excessive.
Bien sûr, l'immense majorité de nos concitoyens consomme de l'alcool de façon modérée, mais une grande partie d'entre eux en consomment de manière immodérée.
A cela s'ajoute le fait que, chez les jeunes, la consommation d'alcool a doublé entre 1991 et 1995 et que cette tendance, malheureusement, se poursuit. Il suffit, pour s'en convaincre, de constater les débordements qui se produisent après certaines manifestations publiques, débordements très souvent liés à la consommation d'alcool.
Les enquêtes épidémiologiques les plus récentes mettent en évidence de nouveaux modes de consommation des jeunes, qui associent drogues illicites, tabac, alcool et médicaments.
En qualité de responsable de la santé et de médecin, je considère que les médicaments nous sont utiles, mais je dénonce leur consommation excessive.
L'ensemble de ces éléments nous conduit à construire - difficilement, d'ailleurs - une politique de prévention fondée sur le comportement du consommateur, ses motivations à consommer, les facteurs de risque et de protection pour la santé.
Cette approche, aujourd'hui mise en oeuvre dans la plupart des pays européens, a pour objectif d'éviter le passage d'un usage occasionnel, souvent très précoce et au début sans danger, à un usage nocif pour la santé des personnes ou pour leur entourage.
Il m'apparaît d'ailleurs important de relever que cette distinction entre usage, usage nocif, abus et dépendance, n'est pas en contradiction avec le message de modération développé par la filière viticole depuis plusieurs années.
C'est dans ce cadre que s'inscrivent les propositions de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, la MILDT - vous l'avez rappelé - et j'ai d'ailleurs pu constater que, dans de nombreux départements, ces nouvelles orientations, qui étaient attendues des spécialistes, commençaient à être mises en oeuvre.
Mais nous sommes néanmoins inquiets, en termes de santé publique, face à ces consommations multiples, face à ces fréquents mélanges.
M. Henri de Richemont. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. de Richemont.
M. Henri de Richemont. Monsieur le secrétaire d'Etat, je comprends bien votre action. Il est normal que le Gouvernement lutte contre l'abus d'alcool, de drogue et de médicaments.
Je m'inquiète toutefois parce que, si vous avez eu la gentillesse de bien vouloir rappeler que le cognac participe d'un art de vivre, je ne peux que constater qu'on n'en consomme pas assez en France. En effet, 98 % du cognac est exporté. Nous luttons pour reconquérir le marché français. Nous espérons que les Français en consommeront beaucoup... mais modérément. (Sourires.)
Ce qui crée une confusion, c'est que les missions confiées à Mme la présidente de la mission interministérielle de la lutte contre la drogue et la toxicomanie incluent maintenant les drogues licites telles que l'alcool. Cet amalgame peut nuire gravement aux vins spiritueux, plus particulièrement au cognac.

RESTRUCTURATION DE L'AÉROPORT D'ORLY

M. le président. La parole est à M. Poirier, auteur de la question n° 411, adressée à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Jean-Marie Poirier. Monsieur le ministre, je souhaite appeler de nouveau votre attention sur les projets de restructuration de l'aéroport d'Orly et sur leurs conséquences en matière de nuisances sonores.
La mobilisation des élus et des associations de riverains pour la défense de l'environnement autour de l'aéroport d'Orly a permis, depuis un certain nombre d'années, d'obtenir de sérieuses avancées.
La loi sur la lutte contre le bruit de 1992, l'arrêté de 1994 instituant un plafond de 250 000 créneaux horaires annuels ou encore le décret du 27 mai 1997 relatif au contrôle, aux sanctions et à la prévention des nuisances sonores aéroportuaires en sont l'exemple.
Ces dispositifs constituent maintenant un acquis collectif auquel tiennent fermement les habitants du Val-de-Marne.
L'évocation d'un transfert d'activités d'Air France et d'une modification de la répartition du trafic entre Orly et Roissy-Charles-de-Gaulle a récemment bouleversé les perspectives.
S'il est légitime de s'inquiéter pour l'emploi local et l'avenir des activités en cause, on peut s'interroger sur la récente montée en puissance des demandes de révision de l'actuel plafond d'exploitation de l'aéroport.
A la faveur de la concertation prolongée qui a été ouverte et compte tenu des progrès technologiques constants des appareils, plusieurs compagnies aériennes et la direction d'Aéroports de Paris souhaitent une compensation à l'éventuelle spécialisation et demandent, en conséquence, l'aménagement de la réglementation actuelle. Il s'agit principalement de faire « sauter le verrou » des 250 000 créneaux horaires.
On évoque aussi la possibilité de mettre en place un nouveau système de plafond d'activité fondé sur ce que l'on appelle une « enveloppe de bruit », sans dire d'ailleurs si les compagnies seront ou non en mesure de renouveler entièrement leur parc d'appareils avant de nombreuses années.
Ne trouvez-vous pas, monsieur le ministre, que le moment est venu de mettre fin aux spéculations en délivrant un message clair sur l'avenir de cet aéroport, et de dévoiler vos intentions en matière d'amélioration de la protection contre les nuisances sonores ?
Quel système de limitation des nuisances vous semble-t-il le mieux adapté à la situation d'Orly ?
Entendez-vous ou non accéder à la requête d'Aéroports de Paris et des compagnies aériennes et autoriser l'attribution de créneaux horaires supplémentaires à cet aéroport ?
Quelles initiatives prendrez-vous pour assurer le respect effectif des procédures d'atterrissage et de décollage, qu'il s'agisse de formation, d'incitation ou même de sanctions ?
Orly sera-t-il enfin doté d'un réseau complet et performant de mesure du bruit inspiré des pratiques en vigueur dans les autres grands aéroports européens, et, si oui, à quelle échéance ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur le sénateur, à mon arrivée au ministère, j'ai constaté que l'activité de la plate-forme aéroportuaire d'Orly était, si je puis dire, inscrite dans une spirale de déclin.
J'ai alors engagé une profonde concertation - vous l'avez qualifiée de « prolongée » - pour dégager les conditions de son développement. Il m'est apparu immédiatement que celui-ci était conditionné par une complémentarité avec l'aéroport de Roissy. D'ailleurs, plutôt qu'en termes de spécialisation, c'est en termes de synergie qu'il faut parler.
Rencontres bilatérales, réunions avec les élus, les syndicats, les associations, les acteurs économiques, ont marqué les étapes de cette consultation, qui s'est poursuivie le 14 décembre 1998 par la tenue d'une table ronde regroupant l'ensemble de ces acteurs.
Cela a permis de mettre en évidence la réalité de ce déclin : départs de compagnies aériennes, perte d'emploi - environ 4 000 emplois ont été supprimés ou perdus entre 1990 et 1997 - pertes de taxe professionnelle pour les départements et les communes, liaisons de transports en commun entre Orly et Roissy et entre Orly et Paris pas toujours - c'est le moins que l'on puisse dire - efficaces.
Pour contrecarrer cette logique, il nous faut bâtir avec tous les partenaires concernés un véritable plan global de développement pour l'ensemble de ce secteur, véritable poumon économique des deux départements qui l'accueillent.
J'ai fait part aux participants de la table ronde du 14 décembre dernier de dix-neuf mesures qui peuvent constituer l'ossature de ce plan.
Ces mesures concernent aussi bien l'emploi, le développement à Orly de vols nationaux et européens, la fiscalité, que la préservation de l'environnement, l'aménagement urbain et l'amélioration des accès terrestres à la plate-forme d'Orly-Rungis.
Je citerai en particulier la stabilisation de l'emploi public à Air France, Aéroports de Paris et à la direction générale de l'aviation civile, la création d'une agence de développement économique, l'amélioration des aides à l'insonorisation, dont, d'ores et déjà, plusieurs milliers de riverains jusqu'ici exclus de toute aide vont bénéficier grâce au décret du 27 novembre dernier. Enfin, je mentionnerai la réalisation d'un tramway entre Villejuif et Juvisy.
Monsieur le sénateur, vous ne trouverez pas parmi ces mesures un nouveau système de plafond d'activité fondé sur une quantité d'énergie sonore et je vous confirme donc ma volonté de ne remettre en cause ni le plafond des 250 000 créneaux à Orly ni le couvre-feu à Orly.
Les riverains de l'aéroport bénéficieront ainsi du retrait des avions les plus bruyants, dits du chapitre 2, qui, aux termes de la loi européenne, doit intervenir avant avril 2002. Ces avions effectuent aujourd'hui environ 7 % des mouvements ; nous avons donc anticipé.
Ces propositions ont fait l'objet d'un débat et de propositions complémentaires des participants. Ainsi, le président d'Air France a indiqué qu'il était prêt à investir à Orly pour développer l'activité de sa compagnie dans le domaine de la maintenance industrielle des équipements des aéronefs et de rapatrier à Orly les vols à destination des Antilles.
J'ai également retenu la proposition d'un syndicaliste d'Aéroports de Paris de conduire une étude d'impact économique du scénario proposé et de variantes de ce scénario. Sur cette base, la concertation se poursuit, car une nouvelle table ronde est prévue le vendredi 21 mai. J'arrêterai ensuite une décision sur le plan d'action à mener pour le développement d'Orly.
Enfin, je vous rappelle, monsieur le sénateur, que le Sénat et l'Assemblée nationale ont maintenant adopté en première lecture le projet de loi créant l'Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires, l'ACNUSA, qui exercera la plénitude de ses prérogatives non seulement sur Roissy, mais également sur Orly et les principaux aéroports de province. J'attends, pour ma part, beaucoup de cette autorité indépendante, qui devrait contribuer efficacement à la réduction de ces nuisances sonores et, par conséquent, à une meilleure qualité de vie pour les riverains.
M. Jean-Marie Poirier. Merci, monsieur le ministre !

DÉVELOPPEMENT DE LA LIGNE CLERMONT-NÎMES

M. le président. La parole est à M. Vissac, auteur de la question n° 500, adressée à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Guy Vissac. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ma question porte sur l'un des équipements ferroviaires les plus anciens, et cependant toujours d'actualité dans la desserte du territoire : il s'agit de la ligne SNCF reliant Clermont-Ferrand à Nîmes, en prolongement de la desserte Paris - Clermont-Ferrand, qui permet un trafic vers l'ensemble du bassin méditerranéen grâce à ses trois trains par jour dans chaque sens. Un aller et retour hebdomadaire par train de nuit en fin de semaine vient s'y ajouter, ainsi qu'un trafic entre la Bastide-Saint-Laurent, c'est-à-dire Mende, et Nîmes.
Cet axe ferroviaire comprend neuf arrêts principaux et sept arrêts secondaires. Il dessert le sud du Massif central, pour un nombre de voyageurs constant, qui se maintient sur l'ensemble du parcours.
Le plan Massif central avait, en 1975, ouvert des perspectives de désenclavement. Celui-ci est réalisé en partie par des infrastructures routières : citons les autoroutes A 71 et A 75, Paris - Clermont-Ferrand - Béziers, et A 89, qui reliera Lyon, Clermont-Ferrand et Bordeaux.
Le chemin de fer fait partie des infrastructures que nous devons maintenir et développer dans l'intérêt du Massif central. Outre la partie essentielle Paris - Clermont-Ferrand, deux itinéraires existants irriguent le territoire vers le sud, vers Béziers par le Cantal et l'Aveyron, vers Nîmes, Montpellier et Marseille, par la Haute-Loire, la Lozère et le Gard.
Il est important de rappeler que la longueur de la ligne Clermont-Ferrand - Nîmes est de 303 kilomètres, donc inférieure à celle de l'axe Clermont-Ferrand - Béziers, long de 394 kilomètres et qui, lui, suit le même parcours que l'autoroute A 75.
Par ailleurs, l'essor de cette ligne Clermont-Ferrand - Nîmes n'implique pas d'investissements lourds, hormis des travaux d'entretien. Je ne peux que rappeler que cet axe ferroviaire est exceptionnel du fait des gorges magnifiques qu'il traverse et des paysages somptueux et variés qu'il offre à la vue de ses passagers ; vous les connaissez bien, monsieur le ministre. (M. le ministre acquiesce.)
En outre, pour son fonctionnement, les rampes d'accès par les Cévennes ne rendent pas tributaires de frais d'exploitation complémentaires les transits de voyageurs et de services de marchandises.
En conclusion, cette ligne, qui comprend un nombre de voyageurs supérieur à d'autres - sa fréquentation étant « dopée » par un attrait touristique - et qui rend plus courtes les communications entre Paris et Nîmes, l'Ouest et le bassin méditerranéen, doit être considérée comme une transversale économique pour un aménagement équilibré des voies de communication sur le territoire.
C'est pourquoi nous attendons de vous, monsieur le ministre, la garantie de la pérennité, voire de l'essor de cette ligne SNCF.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Vous le savez, monsieur le sénateur, le Gouvernement a fait le choix du développement du transport ferroviaire, qui dispose d'indéniables atouts en matière de sécurité, de respect de l'environnement, d'aménagement du territoire et grâce à la complémentarité qu'il offre par rapport aux différents modes de transport.
Il y a là, me semble-t-il, un certaine rupture avec les politiques menées jusqu'à présent, qui ont contribué, vous le savez également, à la fermeture de nombreuses lignes ferroviaires.
Ainsi, le Gouvernement a souhaité qu'une somme de l'ordre de 120 milliards de francs soit consacrée aux investissements ferroviaires entre 2000 et 2010.
Je tiens de nouveau à souligner qu'outre la création de nouvelles lignes de TGV, qui sont bien sûr nécessaires - Nîmes sera à moins de trois heures de Paris, en 2001, grâce au TGV Méditerranée -, il s'agira d'assurer la modernisation de l'adaptation des lignes classiques, mais aussi la régénération du réseau existant, à laquelle seront affectés 4 milliards à 4,5 milliards de francs chaque année.
C'est ainsi que, comme vous le soulignez, il est prévu d'améliorer la desserte ferroviaire de l'Auvergne. J'ai bien compris le sens de votre question sur ce point. En ce qui me concerne, je ne souhaite pas opposer la ligne Paris-Clermont-Béziers à la ligne Clermont-Nîmes. La première traverserait, selon vous, le Cantal et l'Aveyron. Elle passe également par la Lozère, vous le savez.
En ce qui concerne plus particulièrement la ligne Clermont-Nîmes, il est clair qu'elle répond à un besoin d'aménagement équilibré du territoire. Sa pérennité doit donc être assurée.
Sur cette ligne circulent quotidiennement plusieurs dessertes nationales : il s'agit du Cévenol, effectuant la relation Paris-Marseille, ainsi que de deux trains assurant la desserte aller-retour entre Clermont et Nîmes.
De plus, deux trains transportent du bois deux fois par semaine entre Langeac et Tarascon, avec les conséquences sur le trafic routier que vous devinez. Les déplacements sur cette ligne correspondent essentiellement à des besoins de transport régionaux et interrégionaux. Il convient à cet égard que le chemin de fer puisse répondre au développement du tourisme sur cette ligne, qui traverse une région ayant fait le choix de faire valoir ses atouts manifestes dans ce domaine. Vous l'avez souligné, et je ne puis que partager votre point de vue.
C'est donc dans la perspective d'un développement accru du tourisme que la SNCF, en collaboration avec les partenaires locaux, notamment avec le département de la Haute-Loire, proposera, pour les mois de juillet et d'août prochains, un produit complet ayant pour vocation de promouvoir le tourisme dans le Haut-Allier. Deux jours par semaine, il sera ainsi possible de prendre un train spécial pour visiter les divers sites touristiques entre Langeac et Langogne, et les sportifs pourront associer au voyage en train une descente de l'Allier en canoë. Ce développement des fonctions touristiques de la ligne est évidemment totalement compatible avec ses fonctions de base.
M. le président. Merci pour ce voyage très agréable, monsieur le ministre !
M. Guy Vissac. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Vissac.
M. Guy Vissac. Je remercie M. le ministre, qui connaît très bien tant le parcours en question que le dossier correspondant.
Il a cité à plusieurs reprises le trafic de transport de bois à partir de Langeac et le flux touristique vers le sud. En tant que maire de cette ville et président du syndicat qui traite de ce dossier, je suis satisfait de la réponse qu'il m'a apportée.

TRAFIC ROUTIER DANS LE LOIRET

M. le président. La parole est à M. Masson, auteur de la question n° 504, adressée à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Paul Masson. Voilà sept semaines, monsieur le ministre, vous avez très obligeamment et clairement fait connaître, suite à une interrogation de ma part, votre décision de lancer un nouvel avis de publicité pour la mise en concession de l'autoroute A 19 dans le Loiret, afin, m'avez-vous indiqué, de renforcer la sécurité juridique de la consultation.
Vous m'avez alors assuré que vos services « font » le nécessaire - vous avez utilisé le présent - pour que cet avis soit lancé « très prochainement ».
Je ne doute pas un seul instant que, sur vos instructions vigilantes, la direction nationale des routes soit sur le point de lancer ce nouvel avis à publicité, qui, vous le savez, est très impatiemment attendu, notamment par la SAPRR, la société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône.
Ma question porte sur la RN 60, autre problème routier important qui se pose dans le département du Loiret. Vous savez combien cette route est dangereuse, monsieur le ministre, et combien les accidents mortels se multiplient depuis que s'additionnent les trafics européens et locaux, notamment depuis l'ouverture du tronçon Sens-Courtenay de l'A 19. Ce phénomène s'accroîtra tant que le tronçon Courtenay-Artenay ne sera pas ouvert !
Les promesses contenues dans le contrat de plan qui s'achève à propos de la RN 60 n'ont pas été tenues, et ce malgré le danger que présente la RN 60.
Le programme de sécurité prévu au plan sera pour partie repoussé sur le plan qui va lui succéder. Seul l'engagement de trois petites opérations, pour un montant de 6,5 millions de francs, vient d'être arrêté au début du mois de mai, alors qu'il reste plus de 130 millions de francs sur ce plan qui s'achève.
Ma question est simple, monsieur le ministre ; elle n'est pas innocente, même si elle vous arrange à certains égards : les crédits promis par l'Etat en début de plan seront-ils reportés pour s'ajouter à ceux que vous allez négocier avec le président de la région Centre, de telle sorte que la réfection de la RN 60, globalement, ne prenne pas de retard ? Ou bien les dotations à venir reprendront-elles essentiellement les crédits promis voilà déjà six ans mais non versés ? La RN 60, pour les sept années à venir - sept années cette fois et non pas cinq ans prolongés - recevra-t-elle encore moins de crédits pour la sécurité qu'entre 1994 et 1999 ?
Ai-je besoin de vous dire, monsieur le ministre, que personne dans le Loiret, ni à l'est ni à l'ouest, n'envisage cette deuxième solution, qui, profitant des retards passés, compromettrait un peu plus le futur ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur le sénateur, le Gouvernement est particulièrement attaché à offrir de bonnes conditions de circulation dans votre département, où le trafic de poids lourds est-ouest est très important. En témoignent, ainsi que vous l'avez rappelé, la transmission du dossier de l'autoroute A 19 au Conseil d'Etat par le Gouvernement et la déclaration d'utilité publique de cette même autoroute entre Orléans et Courtenay le 23 août dernier. A terme, cette autoroute devra assurer l'écoulement du trafic de longue distance marchandises et voyageurs.
La RN 60, que vous avez évoquée plus particulièrement, monsieur le sénateur, soulagée de la circulation des poids lourds en transit, permettra l'écoulement du trafic départemental entre les agglomérations de Montargis et d'Orléans.
Les séquences de son aménagement sont les suivantes.
En premier lieu, la déviation de Bellegarde à Saint-Maurice-sur-Fessard, dont les travaux sont engagés, sera mise en service en 2001 ; cela améliorera considérablement le niveau de service de la RN 60 entre les deux agglomérations en permettant aux usagers de disposer de créneaux régulièrement espacés à deux fois deux voies.
En second lieu, la continuité de l'aménagement de la RN 60 entre la déviation de Villemandeur, récemment doublée, et cette longue déviation de Bellegarde sera assurée pour accueillir convenablement le trafic de l'autoroute A 77 ; le financement de ces travaux sera recherché dans le prochain contrat de plan entre l'Etat et la région.
Parallèlement à ces investissements structurants seront également réalisées des opérations de sécurité. Entre Montargis et Courtenay, un avenant à l'actuel contrat Etat-région devrait permettre de consacrer, vous l'avez dit, monsieur le sénateur, un montant de 6,5 millions de francs, à l'aménagement du carrefour de la Grande Halte et à la rectification du virage dit des Pinsons. Dans le prochain plan, l'Etat poursuivra cet effort en faveur des opérations de sécurité.
J'ai bien compris le sens de votre question. Il est évident que le futur contrat de plan fait l'objet de discussions et que les enveloppes seront déterminées en fonction des priorités qui seront retenues. Sachez cependant, monsieur le sénateur, que, en tout état de cause, ainsi que je l'ai déjà déclaré publiquement, la dimension de la sécurité sera considérée par le Gouvernement comme une base intangible.
J'ai rencontré récemment M. Reboul, maire de Montargis, et M. Nublat, président du district, qui ont, comme vous, attiré mon attention sur le caractère dangereux de la RN 60. Je leur ai indiqué quels travaux étaient ou allaient être effectués sur cette route. Je leur ai également rappelé que le Gouvernement avait transmis le dossier au Conseil d'Etat.
Celui-ci a bien précisé qu'il était exclu de réaliser parallèlement une autoroute, d'une part, et une route nationale à deux fois deux voies gratuite, d'autre part. En vous écoutant, monsieur Masson, je n'ai pas eu le sentiment que vous vous prononciez clairement pour l'une ou l'autre de ces deux solutions.
Concernant la concession de l'autoroute A 19 entre Artenay et Courtenay, la société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône est la seule à avoir présenté une offre en 1997.
Toutefois, compte tenu de l'évolution récente des règles applicables en la matière, il est apparu que l'attribution de la concession risquait d'être juridiquement fragile. Le nouvel appel d'offres devra être tel qu'aucune société ne puisse être désavantagée, conformément à la réforme du financement des autoroutes que nous sommes en train de mettre au point.
Il a donc été décidé qu'un nouvel appel d'offres serait lancé, garantissant une meilleure conformité aux règles aujourd'hui en vigueur, notamment à l'échelon européen, et je confirme que mes services y travaillent actuellement. C'est d'ailleurs à la suite de la remarque de la direction des routes concernant le premier appel d'offres qu'est apparue la nécessité de renforcer la fiabilité de la procédure et, donc, de lancer un nouvel appel d'offres, dès que les conditions seraient réunies.
M. Paul Masson. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Masson.
M. Paul Masson. Monsieur le ministre, je vous sais gré d'être aussi clair que possible sur un dossier manifestement très embrouillé, qui exige autant de bonne foi que de bons sens - et je crois que nous en faisons preuve tous les deux - pour pouvoir y « retrouver ses petits ».
Bien sûr, il n'est pas question de construire une route nationale à deux fois deux voies sur des crédits budgétaires en même temps qu'une autoroute pour assurer à peu près la même liaison. Cela tombe sous le sens !
J'ai effectué un calcul : la mise à deux fois deux voies de la RN 60 pour la partie restant à faire représenterait la moitié du rendement annuel de l'impôt sur la fortune. Cette comparaison a peut-être de quoi étonner, mais elle parle à l'imagination.
Cela étant, c'est bien la question de la sécurité qui est, comme vous l'avez dit, la plus importante. Or, venant de l'est, les camions s'ajoutent aux camions - j'ai fait moi-même plusieurs fois le trajet - et, rapidement, cet itinéraire va devenir excessivement dangereux.
Vous m'avez énuméré un certain nombre d'opérations, mais je connais bien mon dossier, monsieur le ministre, et je sais qu'elles sont toutes issues de l'ancien contrat de plan, mais qu'elles ont été retardées à plusieurs reprises pour des raisons juridiques ou du fait de recours introduits contre des déclaration d'utilité publique,...
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. C'est vrai !
M. Paul Masson. ... par certains de ceux qui, aujourd'hui, s'irritent de ne pas voir réalisés assez rapidement les travaux intéressant la RN 60.
Puisque la sécurité est primordiale, ne réduisez donc pas trop les crédits dans le futur contrat de plan. Je ne doute pas que vous saurez, sur ce point-là, malgré l'exiguïté de votre programme routier, prêter une vigilante attention à la RN 60.
S'agissant de l'autoroute A 19, je suis déçu car j'ai cru comprendre aujourd'hui que sa réalisation serait moins rapide que vous ne l'aviez laissé entendre lors de notre précédent entretien. En effet, vous m'aviez alors indiqué qu'un nouvel appel d'offres allait être prochainement lancé. Bien entendu, dans le département, cette déclaration avait fait bonne impression.
Or votre réponse d'aujourd'hui donne à penser qu'il faudra attendre que soit d'abord intervenue la réforme de la loi sur les concessions autoroutières en France. Je sais qu'il est tout de même difficile de modifier une loi. Dès lors, le report de l'opération risque d'être de plusieurs mois, voire de plusieurs années.
Il serait extrêmement dommageable de laisser ainsi croire que, sous prétexte d'instituer de nouvelles procédures, on cherche surtout à retarder indéfiniment l'opération.
Peut-être, monsieur le ministre, notre dialogue serait-il vraiment fructueux s'il donnait au moins l'occasion de clarifier ce point.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Mon souci, s'agissant de l'A 19, est précisément de créer les conditions propres à éviter les retards et les contestations. C'est à cela que vise l'institution de nouvelles règles garantissant la fiabilité juridique.
Car c'est de l'insécurité juridique que naît le pire des retards, monsieur le sénateur. C'est ce qui s'est produit en région parisienne avec le bouclement de l'A 86 : alors que le projet était lancé, que les engins de travaux étaient sur place, prêts à creuser, le Conseil d'Etat a dit : « Il faut tout arrêter. Juridiquement, ce projet ne tient pas. » C'est cela le pire !
Ne croyez surtout pas que je veuille retarder les travaux. Je veux simplement créer des conditions telles que nous puissions lancer les projets avec la plus grande fiabilité juridique possible, qu'ils soient absolument incontestables. S'il nous faut prendre quelques mois supplémentaires pour nous assurer de cette fiabilité juridique, je crois que cela vaut la peine, dans l'intérêt même de la réalisation du projet.
Cette sécurité juridique concerne aussi les sociétés autoroutières : l'égalité d'accès à l'appel d'offres doit être strictement garantie, faute de quoi on s'exposerait, là encore, à des recours, qui seraient évidemment sources de retards. Or mon souci est justement d'éviter les retards.
M. Paul Masson. Je demande la parole.
M. le président. A titre exceptionnel, je vous accorde encore une fois la parole, monsieur Masson, mais pour quelques secondes seulement.
M. Paul Masson. Monsieur le président, je vous remercie de votre indulgence.
C'est un vrai dialogue que nous menons là, monsieur le ministre, un vrai dialogue républicain entre gens de foi, et je vous en sais gré, car c'est cela la vraie démocratie.
Vous m'avez parlé de quelques semaines d'attente. Maintenant, vous me dites qu'il faudra patienter quelques mois. S'il s'agit de très peu de mois, nous serons d'accord !

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SOUHAITS DE BIENVENUE
A` UNE DÉLÉGATION PARLEMENTAIRE
DU KAZAKHSTAN

M. le président. Mes chers collègues, il m'est particulièrement agréable de saluer la présence, dans notre tribune officielle, d'une délégation de parlementaires du Kazakhstan, conduite par M. Alegazy Koussainov, vice-président du Sénat kazakh, et qui séjourne en France à l'invitation du Sénat.
Cette visite, la première depuis l'indépendance du Kazakhstan, s'inscrit dans le cadre des relations interparlementaires qui, depuis quelques années, connaissent une particulière vitalité, grâce, notamment, à l'action conduite par le groupe sénatorial d'amitié que préside notre collègue François Trucy.
Que nos amis et collègues du Kazakhstan veuillent bien accepter nos souhaits de très cordiale bienvenue au Sénat, où nous sommes heureux des les accueillir.
Je forme des voeux chaleureux pour que leur visite favorise la coopération entre nos deux assemblées et renforce les liens de paix et d'amitié qui nous unissent. (M. le ministre, Mmes et MM. les sénateurs se lèvent et applaudissent.)

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QUESTIONS ORALES SANS DÉBAT (suite)

M. le président. Nous reprenons les questions orales sans débat.

MISSION DE « RADIO CONQUET »

M. le président. La parole est à M. Gérard, auteur de la question n° 508, adressée à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Alain Gérard. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, les missions de veille de la sécurité en mer, ainsi que les vacations pêches, qui permettent aux marins d'informer deux fois par jour leur famille, étaient assurées, avec une compétence reconnue par tous, par des stations de radio maritimes côtières comme « Radio Conquet ».
Depuis le 1er février 1999, conformément aux engagements réciproques pris entre France Télécom et l'Etat, la veille de fréquence de détresse est désormais assurée par les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sécurité, plus connus sous le nom de CROSS. Par voie de conséquence, « Radio Conquet » n'assure plus que l'une des ses missions, les vacations pêches.
Cependant, monsieur le ministre, le transfert de compétences ne se fait pas sans difficulté, et nombreux sont les marins ayant manifesté leur inquiétude auprès de l'administration des affaires maritimes, mais aussi auprès des services de votre ministère.
Il nous faut considérer ces témoignages avec beaucoup de sérieux, car ils font état de dysfonctionnements des CROSS alors même que des marins tentaient d'entrer en contact avec ceux-ci.
Ainsi « Radio Conquet », continuant d'assurer sa mission de vacations pêches et travaillant donc sur la même fréquence que les CROSS, a-t-elle intercepté des messages de détresse, des demandes d'assistance ou de remorquage qui sont restés sans réponse de la part des CROSS ou pour lesquels les marins n'ont pu obtenir de liaisons radio audibles.
A la date du 22 février, « Radio Conquet » faisait état de seize interventions effectuées hors de sa mission.
Il ne s'agit pas, bien sûr, de mettre en cause la compétence des personnels des CROSS, mais il faut se rendre à l'évidence : un temps d'adaptation suffisamment long et une collaboration étroite entre les différents opérateurs seront nécessaires pour rendre les CROSS totalement opérationnels. C'est ce que réclament aujourd'hui les personnels de « Radio Conquet ».
S'agissant par ailleurs des vacations pêche, auxquelles les marins sont très attachés puisqu'elles leur permettent d'établir des contacts quotidiens avec leurs familles, le retrait prématuré de la mission confiée à « Radio Conquet » priverait de ce service les marins qui ne possèdent pas les matériels adaptés au système de messagerie que propose France Télécom. Ce n'est en effet, selon les professionnels, qu'en 2003 que les coûts d'acquisition et d'installation de ces matériels seront abordables et autoriseront les professionnels à s'équiper.
Pour toutes ces raisons, les professionnels de « Radio Conquet » souhaitent que leur mission soit maintenue jusqu'en 2003 et que la période qui nous sépare de cette date soit mise à profit pour permettre aux CROSS de remplir pleinement leur mission.
Je vous prie donc, monsieur le ministre, d'examiner leur demande avec la plus grande attention et de prendre en considération les préoccupations légitimes des marins-pêcheurs, qui sont confrontés à des conditions de travail et de sécurité particulièrement difficiles.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Monsieur le sénateur, vous soulevez là un problème important, celui de la sécurité des secours en mer.
Chargés de coordonner les secours en mer, les centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage exercent une veille radio permanente sur les zones maritimes relevant de notre responsabilité nationale pour la recherche et le sauvetage des personnes en détresse.
Ainsi que vous l'avez indiqué, « Radio Conquet » a longtemps partagé cette veille au titre des obligations de service public confiées à France Télécom. Ces obligations, vous l'avez également rappelé, sont devenues caduques depuis le 1er février 1999.
Afin de garantir la continuité du service de radiocommunications de sécurité au profit des navigateurs et pallier ainsi les perspectives de désengagement de « Radio Conquet », il a été décidé de recentrer sur les CROSS l'ensemble des missions de veille des alertes et de diffusion des avis urgents aux navigateurs.
Dans cette perspective, j'ai fait engager un programme d'acquisition des équipements de radiocommunication employés par « Radio Conquet » qui permettront de consolider le niveau de la veille depuis les CROSS. La mise en exploitation de ces infrastructures complémentaires se fera progressivement tout au long de l'année 1999.
Par accord entre France Télécom et mes services - mais, interpellé sur ces questions, j'ai pu en discuter avec les marins eux-mêmes -, le transfert de service fait actuellement l'objet d'une période de transition au cours de laquelle la station de « Radio Conquet » continue à coopérer au dispositif de surveillance des appels de sécurité et de détresse.
Cet accord vise à garantir le doublement du dispositif assuré par l'Etat pour détecter les alertes et mettre en oeuvre les secours au profit des marins, dont la sécurité fait partie de mes priorités.
Les vacations qu'assure, en outre, « Radio Conquet » dans le domaine de la pêche, au profit des marins et de leurs correspondants à terre relèvent des activités commerciales de France Télécom.
Les évolutions concernant tant le contenu que les modalités de ces prestations doivent faire l'objet d'une concertation entre l'entreprise et sa clientèle dans le cadre d'une démarche qui est, comme vous le savez, de nature privée et hors des compétences de mes services.
Je souhaite que cette concertation puisse aboutir à un accord qui satisfasse le monde de la pêche, en fonction des contraintes inhérentes à ce secteur d'activité professionnelle et des évolutions attendues des techniques de communication.

POLITIQUE DE DIVERSIFICATION DES MODES
DE TRANSPORT

M. le président. La parole est à M. Carle, auteur de la question n° 523, adressée à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Jean-Claude Carle. Monsieur le ministre, je souhaite attirer votre attention sur la politique des transports en Haute-Savoie et vous faire part de mon inquiétude, qui est aussi celle de nombreux élus de mon département.
Après la catastrophe routière du tunnel du Mont-Blanc, la question, avec ses corollaires, se pose une nouvelle fois de la politique de diversification des modes de transport - c'est, bien sûr, le ferroutage - mais aussi et surtout de la politique de modernisation, de mise en sécurité et de développement des infrastructures routières et autoroutières.
A toujours laisser le trafic routier se concentrer sur quelques axes limités qui deviennent vite des points noirs pour les populations riveraines et pour les usagers, une catastrophe peut malheureusement en cacher une autre. Transférer le trafic du tunnel du Mont-Blanc sur le tunnel du Fréjus n'y changera rien.
En réalité, c'est bien un redéploiement harmonieux du trafic sur tout le territoire qui doit être envisagé, non seulement pour résoudre le problème de la sécurité, mais aussi pour permettre à d'autres secteurs enclavés de sortir de leur asphyxie économique.
Aussi se pose la question de savoir si l'Etat a les moyens financiers nécessaires pour à la fois résoudre les problèmes de sécurité et encourager le développement économique.
On peut en douter, alors que l'enveloppe de 105 milliards de francs annoncée par l'Etat pour le prochain contrat de plan Etat-région sur sept ans ne représente même pas, en proportion, l'équivalent de l'enveloppe financière engagée sur cinq ans dans le plan actuel, a fortiori si l'Etat s'engage sur de nouvelles priorités, comme les transports urbains ou le ferroviaire, qui n'y figuraient pas jusqu'à présent.
En Rhône-Alpes, faute de crédits suffisants, l'Etat n'a pas pu tenir tous les engagements pris dans le dernier contrat de plan, à l'occasion duquel 4,5 milliards de francs devaient être engagés. En définitive, 2,2 milliards de francs seulement ont été dépensés, en tenant compte des programmes spécifiques hors contrat de plan. C'est autant qu'il vous faudra reconduire dans le prochain plan.
Je prendrai troix exemples pour illustrer cette situation en Haute-Savoie, exemples qui sont également l'objet de ma triple question.
Tout d'abord, il s'agit de la liaison Annecy-Faverges, sur la RN 508, qui aurait dû être réalisée durant l'actuel contrat de plan. La région Rhône-Alpes avait débloqué 60 millions de francs, mais l'Etat n'a jamais apporté l'équivalent. Peut-on espérer que l'Etat tienne enfin sa parole ? Si oui, quand les travaux du tronçon Faverges-Ugine seront-ils engagés ?
Ensuite, après l'annulation du projet de l'A 400 par le Conseil d'Etat, le désenclavement du Chablais se révèle une urgente priorité. Financer la réalisation d'une deux fois deux voies entre Annemasse et Saint-Gingolph au seul titre du contrat de plan serait de la poudre aux yeux tant les crédits sont notoirement insuffisants, car, à ce rythme, il faudrait vingt ans pour y parvenir. Or l'économie locale ne peut plus attendre. Le développement économique et touristique exige d'urgence une liaison digne de ce nom avec le réseau autoroutier. L'Etat va-t-il inscrire les financements nécessaires à cet effet ?
Enfin, concernant l'aménagement de l'A 41 entre Cruseilles et Genève, rendu plus urgent et plus nécessaire par la fermeture du tunnel du Mont-Blanc, avez-vous de nouvelles informations sur la position du Conseil d'Etat ?
Avant d'engager l'argent public sur de nouvelles priorités, je souhaiterais savoir, monsieur le ministre, ce que vous comptez faire pour que l'Etat tienne d'abord les engagements qu'il a pris dans le contrat de plan qui s'achève et si le désenclavement du Chablais, certes par le fer, mais surtout par la route, reste bien une priorité.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot, ministre de l'équipement, des transports et du logement. Je répondrai tout d'abord aux interrogations d'ordre général que vous avez formulées concernant l'enveloppe financière du prochain contrat de plan.
Vous faites erreur, monsieur le sénateur, quand vous dites qu'elle est inférieure à celle qui a été prévue dans le contrat précédent. Même au terme d'une simple règle de trois sur sept-sixièmes - je vous le rappelle, le contrat précédent a été allongé d'une année - la somme de 105 milliards de francs est supérieure à celle qui serait ainsi obtenue. Il ne s'agit donc pas d'une enveloppe plus faible, bien au contraire.
J'en viens aux questions précises que vous avez posées, soucieux que vous êtes d'une meilleure répartition des flux routiers.
A ma demande, M. Brossier a procédé à une analyse multimodale des problèmes de déplacement dans les Alpes et de franchissement du massif. Son rapport conclut à la nécessité d'un rééquilibrage des flux de déplacement entre les différents modes, compte tenu de la croissance prévisible du trafic, notamment de marchandises. A l'évidence, pour aller de la France vers l'Italie, il faut traverser les Alpes !
La catastrophe du tunnel du Mont-Blanc ne fait que confirmer et rendre plus urgent ce rééquilibrage des flux entre les différents modes et les points de franchissement du massif alpin.
J'ai donc demandé à M. Brossier d'approfondir cet aspect de son rapport pour aboutir à un ensemble de propositions à mettre en oeuvre à court et à moyen terme.
J'attire à mon tour votre attention, monsieur le sénateur, sur la complexité d'un problème qui implique les trois pays frontaliers, les huit pays signataires d'un traité international dit « convention alpine », et l'Union européenne, qui a d'ailleurs elle-même adhéré à cette convention. Le traité prévoit notamment la réduction des nuisances et des risques dans le secteur du transport interalpin. Une solution satisfaisante dépend donc non pas uniquement de la France, mais de l'ensemble des pays concernés.
Pour ce qui me concerne, et dès le conseil des ministres des transports de l'Union européenne du 29 mars dernier, j'ai proposé à mes collègues européens de réaffirmer l'absolue nécessité de maîtriser les flux de circulation. Vous connaissez les mesures qui ont été prises afin d'éviter un simple report du trafic du tunnel du Mont-Blanc vers le tunnel du Fréjus.
Les échanges commerciaux étant porteurs de croissance économique, il s'agit non pas de les freiner, mais de les organiser et de fixer les règles de fonctionnement du marché des transports qui permettent une sécurité maximale et qui prennent en compte la traversée de cette zone sensible.
Nous devons également soutenir plus fermement et de manière plus décisive le développement du transport ferroviaire et des transports combinés, plus sûrs et plus économes de notre environnement. Cela implique le développement de l'interopérabilité et l'amélioration des infrastructures afin de mettre en place un véritable réseau européen du fret, réseau en faveur duquel j'agis au sein de la Communauté européenne.
Au plan national, j'ai également pris les mesures que l'urgence imposait, notamment les mesures de prévention des risques compte tenu du report de trafic du tunnel du Mont-Blanc vers celui du Fréjus. Ainsi, une régulation du trafic a été mise en place pour assurer un espacement suffisant entre les poids lourds dans le tunnel. De même, des restrictions ont été apportées à la circulation des matières dangereuses. Enfin, j'ai demandé à la SNCF d'aider à l'acheminement du fret à travers les Alpes, en liaison avec les opérateurs de transport combiné, ce qu'elle a fait sans délai.
S'agissant de la réalisation de la déviation de Marlens sur la RN 508, entre Faverges et le département de la Savoie, l'opération est inscrite au contrat entre l'Etat et la région Rhône-Alpes pour un montant de 120 millions de francs, dont 50 % sont à la charge de l'Etat et 50 % à celle de la région. La déclaration d'utilité publique a été prise à l'automne 1997, quelques mois après mon arrivée au Gouvernement. Je puis vous indiquer, monsieur le sénateur, que le projet technique devrait être approuvé au premier semestre 1999, ce qui permettra aux travaux de ne subir aucun retard.
Toutefois, le retard accumulé dans l'exécution des contrats de plan Etat-régions par les deux gouvernements précédents ne permettra pas d'honorer la totalité des engagements pris en 1994. Et cela est vrai sur l'ensemble du territoire, puisque nous allons à peine atteindre les 80 %. Votre interrogation est fondée, monsieur le sénateur, mais nous ne pouvons pas rattraper en deux ans le retard qui a été pris !
En 1997 et en 1998, le Gouvernement a donné la priorité à la poursuite des opérations inscrites à l'actuel contrat de plan quand les travaux étaient déjà engagés. Cette position a été reconduite en 1999, ce qui ne donne pas la possibilité de lancer, dans l'immédiat, de nouvelles opérations d'envergure comme celle de Faverges. Cependant, la réinscription de cette opération sera examinée lors de la préparation du prochain contrat de plan Etat-région.
Pour ce qui concerne le désenclavement du Chablais, j'ai chargé le préfet de la Haute-Savoie, en mars 1998, à la suite de l'annulation du projet de l'autoroute A 400 par le Conseil d'Etat - nous avons tout à l'heure eu l'occasion d'aborder cette question de risque d'insécurité juridique - de conduire une consultation pour rechercher les solutions appropriées, car il faut bien sortir de ce problème d'enclavement.
Une première phase de la consultation, fondée sur une étude intermodale des déplacements dans le Chablais, a permis de faire apparaître les fonctions prioritaires à assurer.
Une deuxième phase a permis de définir un schéma d'aménagement qui recueille le quasi-consensus de la part des élus et des représentants du milieu socio-économique. Cette consultation s'est conclue par une réunion plénière tenue par le préfet le 14 décembre 1998.
Dans le schéma d'aménagement proposé, deux fonctions majeures et prioritaires ont été mises en évidence. Il s'agit, d'une part, d'améliorer le raccordement de l'agglomération de Thonon-les-Bains-Evian vers l'ouest, à la fois sur le réseau autoroutier et sur les réseaux ferroviaires et à grande vitesse. Il s'agit, d'autre part, d'assurer le contournement du pôle Thonon-les-Bains-Evian jusqu'à l'entrée d'Evian.
Une fonction consistant à améliorer la liaison vers l'est avec la Suisse a également été identifiée.
Un nouveau mandat sera donc donné au préfet de la Haute-Savoie aux fins, d'une part, d'intégrer ce schéma dans les autres démarches engagées et, d'autre part, de poursuivre les négociations sur le volet routier avec le conseil général et les collectivités locales de la Haute-Savoie. Ce mandat permettra de rechercher des cofinancements et de définir les maîtrises d'ouvrage des opérations d'aménagement.
Enfin - à question longue, réponse longue - vous avez également évoqué l'aménagement de l'autoroute A 41 entre Saint-Julien-en-Genevois et Villy-le-Pelloux.
L'évolution du contexte juridique résultant notamment de l'interprétation du droit communautaire nécessite de procéder à un examen approfondi de tous les termes de la concession et des actes qui l'entourent. C'est à cet examen attentif que procède actuellement le Gouvernement.
Le lancement en grande masse des travaux suppose au préalable que la concession soit officiellement formalisée par la publication du décret approuvant le cinquième avenant relatif à l'autoroute A 41. C'est pourquoi, par lettre du 28 mai 1998, j'ai demandé au président de la Société des autoroutes et tunnel du Mont-Blanc d'attendre l'issue de cette procédure avant de poursuivre les travaux de cette autoroute.
Ces mesures de précaution ne signifient en aucune manière, je vous le confirme, monsieur le sénateur, l'abandon du projet, dont le principe n'est pas remis en cause.
M. Jean-Claude Carle. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle. Je tiens à remercier M. le ministre des réponses qu'il a bien voulu nous apporter sur des questions à la fois complexes et précises.
Je salue sa volonté de ne pas retarder les choses, en souhaitant simplement que cette volonté se traduise très rapidement dans les faits. C'est que, monsieur le ministre, ces dossiers sont vitaux pour la Haute-Savoie. Si notre département est l'un des plus dynamiques du point de vue économique, c'est aussi parce que nous avons su le doter d'axes de communication performants. Or, mais vous le savez mieux que quiconque, être à l'écart des grands axes de communication, c'est aussi être à l'écart du développement économique, et donc de l'emploi.

SERVICE NATIONAL ET REPORT D'INCORPORATION

M. le président. La parole est à M. Piras, auteur de la question n° 479, adressée à M. le ministre de la défense.
M. Bernard Piras. Je souhaiterais attirer l'attention de M. le ministre de la défense sur la situation des jeunes gens au regard du service national.
Ma première interrogation porte sur l'avenir des jeunes qui ont bénéficié ou qui bénéficieront d'un report, au titre de l'article L. 5 bis A du code du service national, en tant que titulaires d'un contrat à durée indéterminée ou déterminée.
Dans le premier cas, il est prévu un report d'une durée de deux ans, pouvant être prolongé. Quelles sont les conditions de cette prolongation et combien de temps peuvent-ils être prolongés ? De même, qu'adviendra-t-il de ceux qui, à la date du 31 décembre 2002, seront placés en report grâce à la possession d'un contrat à durée indéterminée ? Seront-ils définitivement libérés du service national ou pourront-ils être incorporés au cas où, par exemple, ils perdraient leur emploi par la suite ?
Dans le second cas, pour les contrats à durée déterminée, les titulaires de ces derniers peuvent aussi obtenir un report dans la limite de deux ans. Mais, après ce délai, que se passe-t-il pour eux ?
Enfin, je souhaiterais savoir ce que signifiera la date du 31 décembre 2002, date de la fin du service national, pour les jeunes qui bénéficient d'un report d'incorporation pour études. Seront-ils définitivement libérés de leurs obligations militaires ou devront-ils remplir celles-ci à l'issue du report qui leur aura été accordé ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le sénateur, M. Richard, empêché, m'a demandé de bien vouloir l'excuser auprès de vous et de vous transmettre la réponse qu'il avait préparée à votre intention.
Vous abordez la question des reports d'incorporation prévus à l'article L. 5 bis A du code du service national. Je souhaite d'abord rappeler que, pour concilier l'emploi des jeunes, priorité du Gouvernement, et le besoin en appelés des armées pendant la phase de transition, le Parlement a adopté, sur proposition du Gouvernement, des dispositions éminemment protectrices de l'emploi.
Vous savez, en effet, que la loi du 28 octobre 1997 a modifié le code du travail : désormais, le contrat de travail d'un appelé est suspendu, et non rompu comme c'était le cas auparavant, pendant la durée du service militaire, et la réintégration dans l'entreprise est de droit à l'issue du service militaire. Par ailleurs, nul ne peut être licencié au motif qu'il est astreint au service national.
L'article L. 5 bis A, relatif aux possibilités de report d'incorporation pour les titulaires d'un contrat à durée indéterminée ou d'un contrat à durée déterminée de droit privé, complète ce dispositif pour les cas où l'insertion professionnelle du jeune serait compromise par l'incorporation immédiate.
Par conséquent, pour être très clair dans ce domaine, les dispositions qui ont été votées par le Parlement traduisent bien que l'incorporation constitue la règle générale, ce qui correspond à notre volonté d'égalité devant la loi pour les jeunes d'une même classe d'âge, et que l'exception est constituée par le report d'incorporation.
Pour répondre aux conditions de prolongation d'un report accordé au titre de l'article L. 5 bis A, celle-ci se fera dans les mêmes conditions que la demance initiale et sera examinée par les commissions régionales de dispense selon les mêmes critères, à savoir la situation personnelle du jeune sursitaire au regard de son insertion professionnelle. La prolongation éventuelle est accordée pour une durée de deux ans.
Par ailleurs, comme vous le savez, la phase de transition vers la professionnalisation complète des armées s'achève en 2002. Nous avons donc besoin des appelés jusqu'à cet horizon pour pouvoir la mener à bien. L'ensemble des jeunes gens nés avant le 1er janvier 1979 se trouveront en tout état de cause en règle au regard de leurs obligations vis-à-vis du code du service national.

REDÉPLOIEMENT DES DÉPENSES DE DÉFENSE
EN FAVEUR DE LA RECHERCHE, DES ÉTUDES
ET DU DÉVELOPPEMENT

M. le président. La parole est à M. Laffitte, auteur de la question n° 530, adressée à M. le ministre de la défense.
M. Pierre Laffitte. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la défense, dans le monde moderne, ne peut désormais être dissociée des capacités techniques et de la puissance économique.
Le Gouvernement a présenté récemment au Sénat un projet de loi sur l'innovation et la recherche, que nous avons voté, visant à renforcer le potentiel technique de la France et l'action en faveur de la recherche et de la création d'entreprises à forte capacité de développement. Cela est directement lié à la défense !
Lors de tous les conflits récents, qu'il s'agisse de la guerre du Golfe ou du Kosovo, nous avons constaté que, par rapport aux Etats-Unis, notre retard est sans commune mesure avec notre puissance économique. Il y a donc là, sur le plan strictement militaire, un déphasage que chacun, et en particulier l'état-major des armées, peut constater et regretter.
Or, en France, depuis près de dix ans, comme l'ont constaté aussi bien le rapporteur général du budget, M. Marini, que les rapporteurs spéciaux MM. Trucy et Blin, les dépenses de recherche et développement ont diminué de 37 % entre 1990 et 1997.
Certes, dans d'autres pays, ces dépenses ont aussi diminué. Ainsi, aux Etats-Unis, elles ont été réduites de 18 %, mais la proportion des dépenses de recherche et de développement a doublé par rapport aux investissements en matière d'infrastructures et de technique. Par conséquent, tandis que les Etats-Unis diminuaient leur effort militaire, ils augmentaient, en proportion, leurs investissements en matière de recherche et développement. C'est une des raisons pour lesquelles nous constatons une telle différence entre le poids de l'Europe et celui des Etats-Unis, le rapport étant de l'ordre de un à cent, ce qui n'est pas normal.
Aussi, il me paraît essentiel, monsieur le ministre, que vous réfléchissiez avec l'état-major des armées et avec M. le Président de la République, qui a en la matière une responsabilité éminente, sur la façon de moderniser notre action. Nous éviterions ainsi des cris d'alarme comme ceux de mon ami Jacques Blamont, membre de l'Académie des sciences, qui, dans Le Monde du 23 avril dernier, se demandait si nous n'étions pas en train de préparer la guerre précédente.
Il y a là un problème de fond, qui intéresse la nation et le Sénat. Il faut considérer que, désormais, la technologie et la logistique constituent les points essentiels sur le plan militaire, comme les récents conflits l'ont montré.
Ainsi, nous sommes dans une situation de totale dépendance en matière de localisation au sol. Certes, des projets existent. J'ai interrogé M. le secrétaire d'Etat à l'industrie sur le projet GMSS 2, projet concurrent du GPS, qui est en cours d'étude à Bruxelles. Le financement n'est, semble-t-il, pas encore totalement assuré, même si, s'agissant des questions spatiales européennes, la Commission prévoit de consacrer 1 milliard d'euros pour financer un programme qui coûte 2 milliards, des contributions nationales et des contributions privées étant prévues.
Il faut bien se rendre compte qu'il y a là, notamment en ce qui concerne les systèmes satellitaires, un retard capital. Le redéploiement d'une petite partie des quelque 200 milliards que représente le budget de votre département ministériel permettait au moins d'amorcer un mouvement dans le bon sens.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le sénateur, comme je le disais à l'instant à votre collègue Bernard Piras, le ministre de la défense, M. Alain Richard, m'a demandé de le représenter ce matin, et c'est donc en son lieu et place que je répondrai à votre question.
Constatant la diminution, depuis quelques années, des dépenses du ministère en faveur de la recherche, des études et du développement, et prenant exemple sur le soutien apporté par le département américain de la défense à des projets de systèmes satellitaires à usage dual tels que le GPS, qui constitue désormais un monopole stratégique mondial préoccupant, vous suggérez de redéployer une part des dépenses militaires sur des applications satellitaires, afin de renforcer les positions française et européenne dans un domaine crucial pour la défense.
L'effort annuel de recherche du ministère de la défense s'élève à environ de 5,5 milliards de francs, ce qui inclut les budgets d'études en amont, les subventions à la direction des applications militaires du CEA, le Commissariat à l'énergie atomique, et aux organismes de recherche tels que l'ONERA, l'Office national d'études et de recherches aérospatiales, et l'Institut de Saint-Louis, ainsi que la contribution de la défense au BCRD, le budget civil de recherche et de développement technologique, qui atteint 900 millions de francs. Cet effort est du même niveau que celui du Royaume-Uni, et il est très supérieur à celui de l'Allemagne.
Vous avez parfaitement raison, monsieur le sénateur, de souligner que les technologies civiles de l'information et des communications sont de même nature que les technologies militaires. Le phénomène est d'ailleurs tel, aujourd'hui, que ce secteur fortement dual possède sa dynamique propre et que les investissements industriels et commerciaux civils y sont désormais sans commune mesure avec les investissements d'origine militaire.
La France consacre en outre une part significative de son budget militaire, de l'ordre de 3 milliards de francs par an, à la recherche et au développement de systèmes satellitaires, notamment en matière d'observation et de télécommunications. La recherche de la convergence des technologies développées pour les usages militaires avec les besoins du secteur commercial est une préoccupation constante du ministère de la défense.
Par ailleurs il est certain que l'usage par les militaires de services satellitaires de communication ou d'observation proposés par le secteur commercial est appelé à se développer à l'avenir, notamment pour des raisons économiques. De même, le ministère de la défense suit avec intérêt les travaux menés par l'Union européenne dans le cadre du projet de système satellitaire de navigation Galileo, qui permettrait de s'affranchir du monopole du GPS américain.
Vous avez parlé du rôle du Pentagone dans le déploiement de ce système GPS. A cet égard, il paraît utile de rappeler ici quelques ordres de grandeur.
Le budget du Pentagone est équivalent à l'ensemble du budget de l'Etat français. La part de ce budget destinée à la recherche et au développement de nouveaux équipements dépasse à elle seule le budget d'investissement du département de la défense français. Enfin, la structure de financement de la recherche développement outre-Atlantique est radicalement différente de celle que nous connaissons en France, puisque le Pentagone est responsable de plus de 55 % du financement public américain de la recherche.
Ce n'est donc pas par une modification, nécessairement à la marge, de la répartition budgétaire au sein de mon département ministériel que nous parviendrons à combler le déséquilibre avec les Etats-Unis, d'autant que, comme l'a souligné le rapport Guillaume, l'effort de recherche développement par habitant consenti en France est tout à fait similaire aux dépenses américaines.
Trois axes d'amélioration me semblent toutefois nécessaires pour améliorer l'efficacité de la dépense publique et éviter la création d'un fossé technologique, que vous avez dénoncé, à juste titre.
Le premier, c'est un renforcement de l'effort de recherche développement civil et militaire des différents partenaires européens pour permettre à l'Europe d'acquérir un niveau globalement équilibré par rapport aux autres grandes nations comme les Etats-Unis ou le Japon.
Le deuxième axe, c'est une politique de coopération et de coordination des programmes de recherche développement européens qui permettent d'augmenter les synergies et de limiter les doublons. J'ai notamment donné comme directive à mon département ministériel d'atteindre un niveau de 25 % d'études en amont réalisées sur des projets en coopération.
Enfin, le troisième axe, c'est une meilleure concertation des politiques de recherche entre les ministères pour en améliorer les synergies : mes collègues Claude Allègre et Alain Richard ont demandé à leurs administrations respectives de mettre en place une coordination entre la direction de la technologie et la délégation générale pour l'armement. Cette action sera étendue ultérieurement au ministère de l'industrie.
Les services du ministère de la défense étudient et anticipent ces perspectives d'évolution du contexte, en coordination avec les ministères et organismes civils compétents et aussi dans le cadre des instances de coordination internationales. C'est, en effet, dans un cadre international et européen que des possibilités de trouver un certain équilibre face aux capacités américaines pourront et doivent être recherchées.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Je me réjouis de constater que, sur l'essentiel des questions que j'ai évoquées, M. le ministre de la défense partage mes préoccupations.
Je me félicite également du renforcement de la coopération européenne en matière de financement de défense qui devrait, à l'évidence, s'opérer. En effet, je ne pourrais me satisfaire d'une situation dans laquelle le plus important pays européen du point de vue économique n'a pas à supporter de charges financières quant à l'essentiel d'une stratégie d'avenir : je veux parler de l'Allemagne, qui ne remplit pas actuellement le devoir de prospective stratégique qui devrait être le sien. C'est là, à mon avis, un problème politique majeur.
Il conviendra donc, me semble-t-il, à l'occasion des prochaines échéances électorales, de veiller à aller dans le sens des dispositions du traité d'Amsterdam, c'est-à-dire à prévoir des opérations dont la part tant militaire que diplomatique sera importante dans le rôle de la nouvelle Europe.
Il y a là, à mon avis, une volonté d'échapper à une hégémonie qui, même si elle est exercée par des puissances amies, n'est cependant pas admissible au regard du rapport des forces actuel. C'est d'autant plus nécessaire que, au-delà de la défense nationale au sens strict, une guerre économique fait d'une certaine façon rage dans toute une série de domaines dans lesquels nous devons certainement renforcer notre position.

CRÉATION D'UNE CITÉ SCIENTIFIQUE
DANS LE VAL DE SEINE

M. le président. La parole est à M. Duffour, auteur de la question n° 527, adressée à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. Michel Duffour. Monsieur le secrétaire d'Etat, l'aménagement du « Val de Seine », sur le site laissé vacant par le départ des usines Renault, est un immense chantier de très grande importance.
Le syndicat mixte aménageur regroupe, outre le conseil général et le conseil régional d'Ile-de-France, six communes des Hauts-de-Seine. Son président, M. Jean-Pierre Fourcade, ancien ministre et sénateur-maire de Boulogne-Billancourt, a dernièrement présenté un projet, au coeur duquel une cité scientifique serait l'élément structurel.
Cette cité devrait résulter de la cohabitation d'installations universitaires, de laboratoires de recherche, d'un centre international de réunion et d'hébergement pour des savants du monde entier, et d'entreprises de haute technologie.
Je me permets de vous indiquer, monsieur le secrétaire d'Etat, que, au point actuel de sa présentation, ce projet qui vise à initier une synergie entre la recherche, la formation et des industries de pointe, nonobstant son caractère très général, a ma sympathie. Sa création peut s'inscrire, si la volonté politique existe, dans la reconquête des emplois industriels nécessaires dans l'Ouest parisien.
Un tel projet ne verra le jour, bien entendu, qu'avec l'impulsion et l'appui de l'Etat.
M. Jean-Pierre Fourcade souligne d'ailleurs la liaison qu'il a établie avec le ministère de l'éducation nationale et la désignation d'un correspondant, M. Payan, qui siège dans le groupe de travail concerné.
J'aimerais, monsieur le secrétaire d'Etat, vous poser à partir de là quelques questions précises.
Quelle place consacrez-vous à cette cité scientifique dans vos perspectives universitaires du troisième millénaire en Ile-de-France ?
Ce projet de cité scientifique fait-il l'objet d'un débat transparent avec les présidents d'université ?
Le comité scientifique mis en place pour cette cité scientifique comprend des responsables d'Orsay et de Paris intra-muros ; les présidents de Paris-XI et de Paris-VI en sont-ils partie prenante ?
Seriez-vous favorable à ce que l'université Paris-X soit associée au projet et à ce que ce nouveau pôle technologique inclue une réflexion sur le développement de l'institut de Ville-d'Avray ?
Je vous remercie par avance de votre réponse, monsieur le secrétaire d'Etat.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement. Monsieur le sénateur, permettez-moi tout d'abord de vous exprimer le regret de mon collègue Claude Allègre de ne pouvoir vous répondre personnellement. Retenu par un impératif, il m'a chargé de vous apporter les éléments de réponse qu'il vous aurait donnés lui-même.
Le développement de structures d'enseignement supérieur et de la recherche dans le secteur du « Val de Seine » constitue effectivement l'un des axes de réflexion de la préparation pour l'Ile-de-France du plan Université du troisième millénaire, U3M, qui devrait se réaliser sur deux contrats de plan, c'est-à-dire deux fois sept ans, et du schéma de services collectifs de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Le comité chargé de ces travaux de prospective à moyen et à long terme, animé par M. Jean-Jacques Payan, sous la coprésidence des recteurs des académies d'Ile-de-France, du préfet de la région d'Ile-de-France et du président du conseil régional d'Ile-de-France, n'a pas encore rendu ses conclusions, qui devront être analysées par le comité stratégique national - U3M, présidé par M. Guy Aubert.
La réalisation du plan U3M est particulièrement prioritaire pour Paris intra-muros, étant donné que le plan U2000 ne l'avait pas favorisé - c'est le moins que l'on puisse dire. C'est aussi l'occasion de restructurer l'ensemble universitaire parisien, actuellement éclaté sur plus de 180 sites, en espérant des implantations géographiques mieux réparties dans Paris. Il est évident que la restructuration universitaire parisienne ne peut pas se faire indépendamment de celle de l'Ile-de-France.
Le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie a eu, à plusieurs reprises, des discussions avec l'ensemble des présidents d'université non seulement de Paris mais aussi de la proche couronne. Il leur appartient de lui faire des propositions en liaison avec les comités précédemment cités.
Le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie s'appuiera sur l'ensemble de ces réflexions et de ces propositions pour élaborer le schéma d'organisation de l'enseignement supérieur et de la recherche en Ile-de-France pour les deux prochaines décennies.
S'il serait actuellement prématuré d'affirmer - vous l'avez bien compris, monsieur le sénateur - que des décisions pourront être arrêtées rapidement, la création d'un pôle d'enseignement supérieur et de recherche sur le site laissé vacant par le départ des usines Renault fait effectivement partie de l'immense chantier de réflexion du plan U3M sur l'Ile-de-France.
Tels sont, monsieur le sénateur, les éléments de réponse que je pouvais vous apporter aujourd'hui, au nom de M. Allègre.
M. Michel Duffour. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Duffour.
M. Michel Duffour. Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous remercie de ces précisions, que je transmettrai bien évidemment aux universitaires qui sont mes interlocuteurs et à l'ensemble des acteurs concernés.

RÉFORME DU SYSTÈME D'AIDES
DE L'AGENCE DE L'ENVIRONNEMENT
ET DE LA MAÎTRISE DE L'ÉNERGIE

M. le président. La parole est à M. Peyronnet, auteur de la question n° 522, adressée à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
M. Jean-Claude Peyronnet. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, je voudrais, à partir d'un exemple local, celui de la Haute-Vienne, que j'évoquerai rapidement, poser le problème plus général de la mise en oeuvre des plans départementaux d'élimination des déchets ménagers.
En Haute-Vienne, le plan a été approuvé par arrêté préfectoral du 17 janvier 1996. C'est un plan ambitieux qui prévoit 200 millions de francs d'investissement. Je crois pouvoir aussi affirmer que c'est un plan de qualité qui fait porter l'effort principal sur le tri et sur le recyclage. A ce titre, il ne sera pas contraint à la révision, comme l'ont été un grand nombre de plans dans d'autres départements.
Mais ce plan se fondait sur un niveau de subventionnement par l'ADEME, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, de l'ordre de 50 %.
La Haute-Vienne est le premier département à avoir passé un contrat avec l'ANRED, devenue l'ADEME, pour établir un schéma de déchetterie.
Jusque-là, je n'avais eu qu'à me féliciter de ce partenariat. En effet, jusqu'à une date récente, rien n'indiquait que les choses allaient changer rapidement : le 7 janvier 1998, soit voilà un peu plus d'un an, le conseil d'administration de l'Agence prévoyait encore des taux de subventionnement de 50 % pour une grande majorité des projets aidés.
Or, le 12 mai 1999 - mais le bruit courait depuis quelques mois - le même conseil d'administration décidait de réduire sensiblement les taux de subvention, ces derniers passant par exemple, en matière de collecte sélective, de 50 % à 20 %.
Vous m'accorderez, monsieur le secrétaire d'Etat, que ces changements ne facilitent pas la gestion locale et la prévision budgétaire, même si je peux comprendre que l'ADEME est, d'une certaine façon, victime de son succès.
Mais surtout, il y a là, monsieur le secrétaire d'Etat, une réelle préoccupation pour les collectivités locales de la Haute-Vienne, qui sont pourtant prêtes à continuer avec le même dynamisme que par le passé, préoccupation qui est probablement celle d'un grand nombre d'élus dans de nombreux départements.
En clair, je crains que ces décisions, qui touchent non pas l'élaboration des plans mais leur mise en oeuvre, ne remettent en cause les objectifs de la loi de 1992, notamment son heureux aboutissement au terme fixé de 2002.
En conséquence, je voudrais savoir, monsieur le secrétaire d'Etat, si le Gouvernement envisage d'adopter des mesures propres à assurer la continuité des plans départementaux d'élimination des déchets ménagers.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement. Monsieur le sénateur, je vous prie de bien vouloir excuser ma collègue Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, qu'un déplacement empêche d'être présente ici, ce matin, et qui m'a donc chargé de vous communiquer les éléments de réponse qu'elle avait préparés.
Depuis le milieu de l'année dernière, l'ADEME se trouve effectivement confrontée à un volume très important de demandes de soutien financier à des opérations de collecte sélective, de traitement, de recyclage et d'élimination des déchets ménagers et assimilés. C'est la conséquence d'un surcroît de mobilisation des divers acteurs de la filière, et, en premier lieu, des collectivités locales et de leurs groupements pour bien préparer l'échéance de 2002, c'est-à-dire la fin de la mise en stockage des déchets non traités.
Dans ces conditions, l'ADEME est désormais contrainte de réexaminer ses modalités et ses barèmes d'interventions afin de mieux les adapter aux programmes d'investissement qui seront engagés entre 1999 et 2001, compte tenu naturellement des moyens budgétaires qui pourront lui être attribués durant cette période. Son conseil d'administration vient d'adopter un dispositif qui fournira un cadre stable pour les interventions de l'Agence durant cette période.
Ce dispositif maintient un taux d'aide élevé pour les études. S'agissant des investissements eux-mêmes, l'ADEME apportera des aides d'un niveau différencié en fonction de la nature des équipements et, le cas échéant, de leurs caractéristiques du point de vue de l'exemplarité ou de l'innovation. Les aides de l'ADEME seront certes d'un niveau inférieur en moyenne à celui qui a été retenu en 1998, mais elles seront supérieures à celles qui ont été pratiquées jusqu'en 1997.
A ces aides vient en outre s'ajouter, comme vous le savez, la baisse de TVA intervenue à compter de 1999 en faveur de la collecte sélective des déchets. De ce fait, le coût final de la collecte et du traitement d'une tonne de déchets municipaux qui bénéficie à la fois des aides de l'ADEME et de celles d'Eco-Emballages peut diminuer significativement. Selon une étude réalisée à la demande de l'Association des maires de France sur un exemple jugé représentatif, le coût moyen passe de 1 181 francs en 1997 à 1 115 francs en 1998, et à seulement 987 francs en 1999.
C'est dire que la coopération engagée par l'ADEME avec les conseils généraux pour mettre en oeuvre les plans départementaux d'élimination des déchets pourra être durablement poursuivie - c'est, en tout cas, la conviction de ma collègue - et que les maîtres d'ouvrage concernés continueront à bénéficier d'une aide significative, voire élevée, de la part des pouvoirs publics.
Tels sont, monsieur le sénateur, les éléments de réponse qu'au nom de Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement j'étais à même d'apporter à votre question.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je vous remercie de ces précisions, qui sont assez optimistes, monsieur le secrétaire d'Etat. J'en accepte l'augure. Je souhaite que les choses se passent bien ainsi, sans en être cependant tout à fait certain.
Ma crainte, c'est que, pour les usagers domestiques comme pour les industriels, puisque les départements ont également en charge les déchets industriels banals, l'on n'aboutisse à des coûts prohibitifs et dissuasifs avec, au bout du compte, une forte pression.
Un certain nombre de voix s'élèvent, auxquelles il sera peut-être difficile de résister, pour que l'échéance de 2002 ne soit pas respectée. Cela ne satisferait sûrement ni le président du conseil général de la Haute-Vienne ni le Gouvernement, et ce serait tout à fait fâcheux pour l'environnement dans son ensemble.

ÉLIGIBILITÉ DE L'AGGLOMÉRATION CLERMONTOISE
À LA PRIME D'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

M. le président. La parole est à M. Godard, auteur de la question n° 525, adressée à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
M. Serge Godard. Monsieur le secrétaire d'Etat, les critères d'attribution et de localisation des aides accordées pour l'implantation d'entreprises, et plus particulièrement la prime d'aménagement du territoire, la PAT, suscitent chez moi quelque inquiétude.
En effet, les informations dont je dispose quant au maintien de l'éligibilité de la zone d'emploi de Clermont-Ferrand, qui pourrait être totalement exclue de futur zonage de la prime d'aménagement du territoire, m'inquiètent.
Cette prime est tout à fait essentielle pour le développement économique de l'agglomération clermontoise. La prime d'aménagement du territoire a en effet permis, entre 1994 et 1998, à douze projets industriels de bénéficier de plus de 23 millions de francs d'aides sur la zone d'emploi de Clermont-Ferrand.
Il serait, en conséquence, extrêmement dommageable que le bassin clermontois ne puisse plus bénéficier des concours financiers relevant de la prime d'aménagement du territoire, alors même que l'agglomération clermontoise, qui a perdu, je le rappelle, quelque quinze mille emplois, en dix ans, dans le secteur du pneumatique, réalise un effort important de développement de zones d'activités et d'aménagement de parcs industriels et de structures d'accueil.
Des investissements lourds ont été engagés dans le cadre d'une stratégie de pôles de compétence et de hiérarchisation des espaces économiques : le biopôle d'Ennezai pour les entreprises du secteur agroalimentaire, le parc logistique de Clermont-Auvergne, le parc industriel de la Combaude, l'hôtel d'entreprises du Brézet, le parc technologique de la Pardieu le Cyber-Centre et le Cyber-Parc pour les entreprises du secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication.
L'ensemble des collectivités et des acteurs qui concourent au développement économique de l'agglomération clermontoise ne comprendraient pas que le Gouvernement français renonce à accompagner les efforts ainsi déployés et remette en cause un dispositif d'aides obtenu de haute lutte, en 1993, par mon prédécesseur, Roger Quilliot.
Ce serait un rude coup porté à notre agglomération et, au-delà, au département du Puy-de-Dôme, à la région Auvergne, voire au Massif central, qui ont besoin, pour leur développement, d'une métropole forte et dynamique.
Voilà pourquoi je souhaite que le Gouvernement examine ce dossier avec la plus grande attention et appuie l'agglomération clermontoise lors de l'examen final de la nouvelle carte des zones éligibles.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement. Monsieur le sénateur, vous avez bien voulu appeler l'attention de Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, dont je prie de nouveau le Sénat de bien vouloir excuser l'absence, sur le projet de zonage pour la prime d'aménagement du territoire présenté au Conseil national de l'aménagement et du développement du territoire, le CNADT.
Les possibilités d'utilisation de cette prime d'aménagement du territoire par les Etats membres de l'Union européenne sont encadrées, vous le savez, par une réglementation communautaire et contrôlées par la Commission de l'Union européenne. Cette réglementation, qui a récemment évolué, sera à plus d'un titre, c'est vrai, plus contraignante que par le passé.
La contrainte la plus grande est la réduction de la population française éligible au bénéfice de cette prime. Le taux maximum de population éligible autorisé pour notre pays passera à 34 %, alors qu'il est de 40 % aujourd'hui. Naturellement, cela entraînera une réduction des zones bénéficiant de cette prime.
D'autres règles rendront l'élaboration de la future carte de la PAT plus compliquée que par le passé : les zones choisies devront être homogènes sur l'ensemble du territoire et caractérisées par des critères statistiques objectifs ; les zones éligibles devront, dans l'ensemble, respecter un principe de continuité territoriale ; les zones isolées compteront pour 100 000 habitants quelle que soit leur population effective.
Tout cela contribuera forcément, comme vous l'appréhendez, à une contraction du territoire éligible à la PAT.
Voilà, monsieur le sénateur, le cadre dans lequel le Gouvernement travaille. Il ne s'agit ni de chercher à embellir la situation ni de la noircir, mais simplement de dire que, dans ce domaine, le Gouvernement n'agit pas à sa guise. Il devra s'accommoder de ces contraintes, en cherchant, bien sûr, à préserver au mieux les intérêts de notre pays.
La DATAR a fait le travail qui lui revient. Elle a organisé une concertation dans le cadre prévu à cet effet, à savoir le CNADT et sa commission permanente. Les cartes présentées à cette instance de consultation ne sont que des documents de travail permettant aux membres du conseil de visualiser les conséquences que peut avoir le choix de tel ou tel critère sur la carte française du zonage de la PAT.
En faisant cela, il semble à Mme Dominique Voynet que le Gouvernement va dans le bon sens. Je rappelle que l'établissement de la carte précédente n'avait donné lieu à aucune concertation.
D'autres scénarios ont été envisagés, qui mettent en avant d'autres critères ; par exemple, celui de l'importance de la main-d'oeuvre industrielle par rapport à la main-d'oeuvre totale. Dans ce cas, on obtient, naturellement, une carte d'une physionomie très différente.
Il reste donc à étudier de façon approfondie les conséquences de ces différents scénarios et à prendre, au bout du compte, les décisions.
Le Gouvernement se donnera tout le temps nécessaire à l'analyse, à la réflexion et à la concertation. Il faut également prendre en compte, pour arrêter les décisions, les conséquences des positions du Conseil européen de Berlin sur la réforme des fonds structurels, de façon à mettre en oeuvre une démarche cohérente.
Enfin, le Comité interministériel pour l'aménagement et le développement du territoire, qui s'est tenu le 15 décembre 1998, avait annoncé une réforme des conditions d'utilisation de la prime d'aménagement du territoire. Les arbitrages interministériels ont maintenant été rendus.
Ils permettront d'abaisser le seuil d'éligibilité à la prime d'aménagement du territoire de 20 millions à 15 millions de francs d'investissement. Les projets de dimension moins importante pourront donc bénéficier de cette prime.
De la même façon, l'exigence en termes d'emplois créés sera ramenée de vingt à quinze emplois pour les créations d'entreprise et de trente à vingt emplois pour les extensions d'activité.
Enfin, l'existence d'une prime d'aménagement du territoire en faveur de la création d'emplois dans le secteur tertiaire est confirmée. Les services aux entreprises, désormais le plus souvent externalisés, seront donc plus largement éligibles. Cette prime à l'aménagement du territoire dans le domaine tertiaire n'est, vous le savez, soumise à aucun zonage ; elle pourra, en fait, être utilisée partout en France, en dehors du grand Bassin parisien.
Tels sont les éléments et précisions qui peuvent à ce jour être apportés en réponse à votre intervention, monsieur le sénateur, qui a marqué vos préoccupations pour le bassin clermontois et dont le Gouvernement a pris bonne note.
M. Serge Godard. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Godard.
M. Serge Godard. Je vous remercie des éléments de réponse que vous venez de m'apporter, monsieur le secrétaire d'Etat. Certes, ils ne me rassurent pas totalement, mais j'ai bien compris aussi les contraintes auxquelles devait faire face le Gouvernement.
Par delà les critères techniques, que vous avez rappelés, sur le zonage concernant la prime d'aménagement du territoire, je tiens simplement à souligner encore que la métropole clermontoise est la seule métropole structurante du centre de la France, de la région Auvergne, bien sûr, mais, au-delà, du Massif central. Cela mérite, me semble-t-il, une attention particulière en matière d'aménagement du territoire.
Un autre souci me vient à l'esprit. Dans les zonages précédents, il y avait à peu près correspondance entre le zonage de la prime d'aménagement du territoire et les zones éligibles au FEDER, le fonds européen de développement régional, ou à d'autres aides européennes.
J'aimerais donc que les zonages ne soient pas tous calqués sur la zone de la prime d'aménagement du territoire. Sinon, la zone clermontoise serait exclue du bénéfice non seulement de ladite prime, mais aussi de toute aide européenne, alors que nous en avons le plus grand besoin compte tenu de nos problèmes économiques actuels.
Quant aux critères, je sais qu'ils ne jouent pas tous en notre faveur. Ainsi, le taux de chômage n'est pas très élevé dans la métropole clermontoise, non plus que dans le bassin d'emploi. Il faut savoir que c'est une tradition auvergnate, lorsque l'on ne trouve pas d'emploi au pays, que d'aller à l'extérieur. Cela explique peut-être qu'il y ait un peu moins de chômage qu'ailleurs.

RECRUDESCENCE DES STATIONNEMENTS ILLÉGAUX
DES GENS DU VOYAGE SUR LES PARKINGS PRIVÉS

M. le président. La parole est à M. Robert, auteur de la question n° 513, adressée à M. le ministre de l'intérieur.
M. Jean-Jacques Robert. Monsieur le ministre, je suis très sensible au fait que vous ayez accepté de venir me répondre personnellement. Votre réponse est en effet attendue par tous ceux que l'important problème que je veux soulever préoccupe.
Vous savez très bien vous-même tout ce que je veux vous dire sur ceux que l'on appelle les « gens du voyage ».
Vous me répondrez sans doute qu'un projet de loi est en instance, qu'il a été adopté en conseil des ministres. Je crains toutefois que les aires de stationnement programmées ne relèvent quelque peu de l'utopie et qu'elles n'aient pas trop d'avenir.
Pour ma part, je veux vous dire tout haut ce que les maires n'hésitent pas à dire en entretien privé et ce que nos concitoyens, qui en ont « ras-le-bol », nous chargent d'exprimer.
Les gens du voyage sont des citoyens à part entière : leur mode de vie, qu'ils ont choisi, ne doit les dispenser ni des droits ni des devoirs. Ils doivent s'assumer.
Or, tel n'est, hélas ! pour un grand nombre d'entre eux, pas le cas. Qui est amené à payer les branchements pirates pratiqués communément pour l'eau et l'électricité, les enlèvements de détritus, le maintien de l'hygiène, la réparation des dégradations, les frais de procédures obligatoires hélas ! de référé, de l'ordre de 12 000 à 15 000 francs, à quoi s'ajoute le refus de partir lorsque le jugement l'a décidé ?
Il faut voir comment cela marche ! Dans mon département, l'Essonne, mais aussi dans la région dont je suis originaire, la Côte d'Azur, ils sont organisés en tribus, avec un chef de tribu - j'allais dire un caïd. Ils ne respectent rien, se croient en pays conquis !
La police et la gendarmerie n'osent plus faire respecter la loi et aller dans leurs campements sauvages.
Dans l'Essonne, c'est à tout va : ils s'installent dans les centres commerciaux, les zones industrielles, les parkings publics et privés ! Faudrait-il clore tous ces parkings pour les rendre inaccessibles ?
Sur la Côte d'Azur, il est impressionnant de voir, jour et nuit, dans les communes, des camions barrer les accès aux aires touristiques de stationnement, avec une veille vingt-quatre heures sur vingt-quatre, pendant que, sur les routes attenantes, on voit de longues files de caravanes avec tous les moyens de communication prévus, les responsables étant prêts à la moindre occasion à faire le coup de force pour occuper le terrain.
Cette recrudescence de stationnements, que je qualifierai d'irresponsables, doit cesser avec la même diligence dont font preuve les forces de police pour verbaliser et faire « décamper » les malheureux citoyens adeptes du caravaning, du camping et du camping-car lorsqu'ils occupent ces mêmes aires. D'ailleurs, les associations de jeunes campeurs qui décident de s'installer en nombre doivent, quant à eux, solliciter une autorisation.
Le nombre de gens du voyage dans notre pays, sans cesse croissant, n'est pas comparable à celui que comptent nos voisins européens, chez qui ils sont quasi inexistants.
Plus encore, le matériel utilisé, neuf, ultramoderne, qu'il s'agisse de caravanes, de voitures, de camions de l'année, Mercedes ou BMW, ou d'antennes paraboliques atteste que nous ne sommes pas là dans des quartiers en difficulté !
Ne pensez-vous pas qu'il serait souhaitable, monsieur le ministre, d'effectuer des contrôles fiscaux - ils me semblent urgents et nécessaires - pour cerner les moyens d'existence de ces tribus ?
Ne pensez-vous pas, face à l'analphabétisme croissant, que la scolarité des enfants du voyage devrait être étroitement surveillée et rendue obligatoire comme pour tous les autres Français ?
Je me demande avec objectivité et beaucoup d'inquiétude pourquoi une telle mansuétude et pourquoi de telles difficultés pour faire appliquer le droit alors que, la plupart du temps, il s'agit de flagrants délits.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, la question du stationnement des gens du voyage revêt une acuité croissante avec le développement de l'urbanisation qui a supprimé nombre d'emplacements traditionnellement utilisés.
Vous avez évoqué beaucoup de questions.
S'agissant de l'obligation scolaire, dont le respect ne peut être contrôlé que par les établissements de l'éducation nationale, la question ne relève pas du ministère de l'intérieur.
Vous avez laissé entendre que les services de police et de gendarmerie feraient preuve de laxisme. J'aimerais vous rappeler que la loi s'applique à tous également et qu'un certain nombre d'opérations menées avec succès ont permis récemment le démantèlement tout à fait spectaculaire d'un certain nombre de réseaux, de trafics, de recels. Je ne peux donc pas accepter le procès d'intention, latent dans votre question, fait aux services de police et de gendarmerie, qui font leur travail à l'égard de tous les citoyens.
Mais, puisque vous établissiez un rapprochement avec un certain nombre de problèmes posés par les gens du voyage, je voudrais vous rappeler que l'article 28 de la loi du 31 mai 1990, dite « loi Besson » - je parle sous le contrôle de M. le secrétaire d'Etat au logement - prévoyait l'élaboration de schémas départementaux et l'obligation pour les communes de plus de 5 000 habitants de réaliser une aire de stationnement.
Or seul un tiers des départements dispose d'un schéma approuvé et un quart environ des communes concernées a réalisé des aires d'accueil. Il faut donc que chacun balaie aussi devant sa porte.
Cette situation n'est satisfaisante ni pour les gens du voyage, qui ne trouvent pas suffisamment d'aires adaptées à leurs besoins, ni pour les communes, qui restent confrontées au stationnement irrégulier.
Aussi le Gouvernement a-t-il voulu aller plus loin et soumettre au Parlement un nouveau projet de loi. Ce texte a été présenté au conseil des ministres du 12 mai dernier par M. le secrétaire d'Etat au logement. Je vais lui laisser le soin de vous répondre : il pourra en effet le faire mieux que moi, puisque ce texte relève de sa compétence.
Je tiens à vous assurer que, pour ma part, j'ai la volonté d'exercer la plus grande vigilance par rapport à toutes les entorses qui seraient faites à la loi, d'où qu'elles viennent, sans aucune discrimination : il y a des citoyens à part entière - vous avez commencé par le souligner au début de votre intervention - et, si ces citoyens ont les mêmes droits, ils ont aussi les mêmes devoirs. Les directives que je donne s'appliquent donc aux gens du voyage comme à n'importe quels autres citoyens sur le territoire de la République.
Un dispositif spécial va être mis en oeuvre. Il sera plus efficace - je l'espère - que celui de la loi de 1990. En tout cas, le Gouvernement va y veiller, le ministre de l'intérieur dans son domaine, comme le ministre de l'éducation nationale s'agissant de l'obligation scolaire que vous avez évoquée.
Je laisse maintenant la parole à M. le secrétaire d'Etat au logement, pour qu'il vous réponde plus précisément sur le chapitre des dispositions du projet de loi devant venir très bientôt devant le Parlement.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement. Je demande la parole.
M. le président. L'information du Sénat est importante sur un sujet qui est très sensible pour les collectivités locales.
La parole est donc à M. le secrétaire d'Etat.
M. Louis Besson, secrétaire d'Etat au logement. Avec votre autorisation, monsieur le président, je vais apporter quelques compléments aux propos, auxquels je ne peux que souscrire, de M. le ministre de l'intérieur.
En fait, si j'ai rapporté ce projet de loi devant le conseil des ministres, c'est à la suite d'un arbitrage du Premier ministre, qui a estimé qu'il me revenait d'en coordonner la préparation. Ce texte, qui a impliqué le ministère de l'intérieur, celui de la justice et celui de l'emploi et de la solidarité, est donc le fruit d'un travail interministériel.
On compte aujourd'hui environ 300 000 gens du voyage dans notre pays. Un gros tiers d'entre eux est réellement itinérant ; un petit tiers s'est déjà sédentarisé ; d'autres se trouvent en situation de transition entre le nomadisme et la sédentarisation.
La diminution du nombre des espaces destinés à accueillir les gens du voyage n'a pas été sans conséquence dans les comportements. Les gens du voyage qui ont vu se raréfier les aires d'accueil ont pris l'habitude de se déplacer en groupe de plus en plus important, considérant que, dans ces conditions, ils créaient un rapport de force qui pouvait être à l'origine de situations comme celles que vous avez décrites.
La réponse ne peut que résider dans la multiplication des aires d'accueil pour répondre aux besoins, d'où l'importance d'une législation nouvelle qui, bien sûr, permettra les réalisations nécessaires dans un délai relativement bref.
La loi du 31 mai 1990 à laquelle a fait référence M. le ministre de l'intérieur comportait un article issu d'une initiative parlementaire lors de la navette. A l'époque, au nom du Gouvernement, je m'étais opposé à l'adoption de cet amendement, lequel a néanmoins été retenu par le Parlement. En effet, il présentait l'inconvénient de ne pas avoir fait l'objet d'une préparation concertée : il ne fixait ni obligation réelle ni calendrier. C'est donc cette étape qu'il nous faut aujourd'hui franchir avec des moyens nouveaux.
Bientôt, les collectivités territoriales ne seront plus seules pour faire face à leurs obligations, puisque l'Etat a décidé, dans le cadre de ce projet de loi, de doubler sa participation au coût de l'investissement en la portant de 35 % à 70 %. En outre, sera instituée, pour la première fois, une aide au fonctionnement des aires d'accueil des gens du voyage par une sorte d'allocation de logement temporaire, qui coûtera quelque 300 millions de francs par an à l'Etat, lequel se fixe comme objectif de couvrir la moitié des coûts. Il s'agit de mettre en place des aires gardiennées afin que l'ordre, que vous appelez de vos voeux, règne.
Je résume : l'Etat consentira un effort de 1,7 milliard de francs sur quatre ans pour les investissements et apportera 300 millions de francs par an pour le fonctionnement. En outre, nous proposerons de modifier les règles de calcul de la dotation globale de fonctionnement afin de tenir compte des gens du voyage, et ce en proportion des aires et des emplacements effectivement réalisés.
Si le Gouvermenent propose au Parlement de traiter le problème sous cet angle, c'est bien sûr parce qu'il a le souci d'aboutir à une vraie solution en quelques années, en mobilisant tout le monde. Il faut que cette action menée en commun se fasse bien, comme vous l'avez indiqué, avec, en perspective, comme le rappelait M. le ministre de l'intérieur, l'égalité des citoyens et des responsables des collectivités territoriales, en termes aussi bien de devoirs que de droits, qui devront donc, dans cette affaire, être respectés.
Telles sont les dispositions principales de ce texte, qui sera inscrit à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale dès les premiers jours de juin, ce qui permettra ensuite au Sénat d'en être saisi afin de mener à son terme le plus rapidement possible ce travail, dont chacun est bien conscient qu'il est urgent.
M. Jean-Jacques Robert. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Robert.
M. Jean-Jacques Robert. Monsieur le secrétaire d'Etat, comme tous mes collègues, je suis sensible à votre intervention complétant celle de M. le ministre de l'intérieur.
Je n'ai pas oublié l'amendement en question, que j'ai d'ailleurs voté, considérant que nous nous engagions dans la bonne voie. Or, à ce jour, la France ne compte que 10 000 aires de stationnement, dont 5 000 sont condamnées à disparaître par défaut de surveillance.
Faire retomber inlassablement la responsabilité sur les malheureux maires ou sur les malheureux centres commerciaux dont les aires de stationnement sont squattées n'est certainement pas la bonne solution.
Effectivement, la participation de l'Etat que vous projetez est une heureuse initiative. Malheureusement, je crains que le crédit de 300 millions de francs alloué au fonctionnement ne soit trop modeste pour s'assurer que les terrains soient bien clôturés et bien entretenus. Je sais par expérience que, même en exerçant une surveillance, la tâche n'est pas aisée. Ainsi, je connais certains terrains qui ont été clôturés et pourtant abandonnés.
Il ne faudrait pas que cette future loi soit considérée par les responsables des gens du voyage, qui vivent en groupe, comme un aveu de faiblesse de notre part et un dû.
J'ai la conviction que le Gouvernement comme nous-mêmes devons faire preuve de fermeté afin que la loi soit respectée, ce qui, hélas ! n'est pas le cas aujourd'hui.
Je me permets d'insister sur ma proposition tendant à contrôler les revenus des gens du voyage tant la disproportion est grande entre les moyens de ces populations que je côtoie quotidiennement et l'aide que le Gouvernement propose maintenant d'apporter, en complément de celle que les communes octroient déjà.
Telles sont mes remarques, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat. Je vous remercie de vos réponses. Je sais que ceux qui, comme moi, vivent quotidiennement ce problème forment l'espoir que nous parviendrons à trouver une solution.

ORGANISMES DE RECHERCHE ET MARCHÉS PUBLICS

M. le président. La parole est à Mme Borvo, auteur de la question n° 496, adressée à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le ministre, ma question était motivée par les difficultés ressenties par les organismes de recherche publique - Centre national de la recherche scientifique et Institut national de la santé et de la recherche médicale - qui étaient contraints de se plier aux règles de droit commun de passation des marchés publics pour l'ensemble de leurs fournitures.
Les chercheurs, qui, comme vous le savez, ont signé un grand nombre de pétitions contre ces mesures, voyaient dans cette contrainte unique en Europe une cause de ralentissement des recherches et de perte de brevets, sans compter les coûts financiers supplémentaires qu'elle engendre.
Fort heureusement, depuis le dépôt de cette question, la mobilisation des chercheurs, voire leur sagesse, a été payante : en effet, le décret n° 99-131 du 29 avril 1999, paru au Journal officiel du 2 mai 1999, et régissant les marchés publics, diffère sensiblement du projet initial. C'est ainsi qu'il prévoit un assouplissement des procédures dans le sens souhaité par les chercheurs.
En reconnaissant la possibilité « de conclure des marchés à bons de commande sans minimum ni maximum avec plusieurs titulaires pour le même objet », les rédacteurs du texte vont permettre aux chercheurs de commander - en tout cas pour les matériels type recherche et technologie - à peu près ce qu'ils veulent à partir du moment où l'entreprise a été incluse dans les marchés publics. C'est donc pratiquement un retour à la situation antérieure.
Si j'ai maintenu ma question, c'est parce qu'il me semble que tous les problèmes sont encore loin d'être résolus et qu'il faut continuer à adapter la réglementation dans un sens qui permettrait aux établissements de recherche de fonctionner normalement en tenant compte de la spécificité de la recherche scientifique.
S'il est parfaitement compréhensible de passer les commandes de gros équipements et de mobiliers dans le cadre d'appels d'offres concurrentiels, en revanche, placer dans le même cadre les commandes de fonctionnement courant et de petits matériels ne convient pas. Par exemple, pour l'achat d'un produit chimique, il faudrait définir dès le départ ses propriétés techniques. Ensuite - au minimum pendant un an - les seuls critères de choix du fournisseur seraient le prix et le délai, aucun autre critère ne pouvant être pris en compte, ce qui ne tient compte ni de l'évolution des produits ni de la spécificité des produits chimiques.
Par conséquent, je souhaite - et tel est le motif de ma question - que les circulaires d'application paraissent, respectent l'esprit et la lettre du décret et définissent un cadre précis pour les organismes de recherche.
A cet égard, il serait important d'approfondir la concertation avec les chercheurs, comme ils le souhaitent d'ailleurs.
Permettez-moi d'insister sur ce point : nombre de chercheurs s'interrogent sur le fait qu'il leur ait fallu deux ans avant de parvenir à se faire entendre.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Madame le sénateur, les établissements de recherche ont rencontré des difficultés grandissantes pour appliquer le code des marchés publics. Nombre de ces difficultés ont pu être résolues, au terme d'une consultation étroite entre ces établissements et leurs administrations de tutelle.
Il est apparu cependant que, s'agissant spécifiquement des matériels ou des produits nécessaires à la poursuite de certaines recherches, les textes actuels sont mal adaptés aux besoins des chercheurs, qui sont amenés à préciser les caractéristiques des matériels qui leur sont indispensables au fur et à mesure de l'avancement des expérimentations.
Pour répondre à ces besoins, le ministère de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie a élaboré, en liaison étroite avec les établissements concernés, des dispositions insérées dans le décret n° 99-331 du 29 avril 1999 modifiant le code des marchés publics, à travers un nouvel article 76 bis propre aux achats liés à la recherche.
Ce dispositif spécifique permet de concilier le respect des principes généraux applicables à tout achat public, dont la justice suit avec attention le respect, et les exigences de fonctionnement des laboratoires.
A cet effet, il permet aux établissements de lancer des consultations permettant de retenir au plan national, dans la perspective d'obtenir un effet d'échelle favorable aux finances publiques, plusieurs fournisseurs pour une même gamme ou famille de produits. Il appartient ensuite à chaque laboratoire de reconsulter ces fournisseurs lorsqu'il exprime un besoin en indiquant les caractéristiques fines attendues du produit.
Ce texte et donc bien destiné, contrairement à l'inquiétude que vous exprimez, à permettre aux chercheurs de choisir les fournitures les plus appropriées à leur activité et à la réussite de leur protocole d'expériementation, dans un cadre juridique qui sera désormais sécurisé.
Mme Nicole Borvo. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le ministre, je suis tout à fait d'accord s'agissant de la modification dont vous avez fait état et que j'avais moi-même mentionnée, car elle répond à la préoccupation des chercheurs.
Je renouvelle toutefois mon souhait que les circulaires d'application paraissent rapidement et que la consultation fonctionne mieux à l'avenir.

CONDITIONS D'ATTRIBUTION
DE L'INDEMNITÉ SPÉCIALE DE MONTAGNE

M. le président. La parole est à M. Besse, auteur de la question n° 491, adressée à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche.
M. Roger Besse. Monsieur le ministre, je souhaite attirer votre attention sur l'impérieuse nécessité qu'il y a à relever le défi impérieux de l'installation des jeunes agriculteurs.
C'est un problème que vous connaissez bien. Les jeunes agriculteurs ont fait, avec leurs aînés, le choix des hommes, celui d'avoir des exploitations familiales, à taille humaine et réparties harmonieusement sur l'ensemble du territoire.
Pour établir les meilleures conditions de passage de témoin entre aînés et jeunes agriculteurs, il convient de réfléchir avec réalisme et pragmatisme à cette transmission d'exploitation, obstacle majeur de l'installation.
En ce qui concerne le contrôle des structures, une importante difficulté persiste. Il s'agit de la transparence des groupements agricoles d'exploitation en commun, les GAEC, notamment pour l'obtention de l'indemnité spéciale de montagne.
Vous le savez, monsieur le ministre, l'octroi de cette indemnité dépend de la réglementation communautaire. Les parlementaires nationaux ne sont pas consultés, cette question ne relevant pas du domaine de la loi.
Pour obtenir la « transparence GAEC », autrement dit autant d'aides qu'il y a d'associés dans le groupement, obligation est faite d'un apport de foncier. A titre d'exemple, dans mon département, le Cantal, les jeunes qui s'installent doivent acquérir obligatoirement 10,5 hectares, soit une demi-surface minimum d'installation.
Cette réglementation a pour conséquence une lourde pression sur le foncier, dont les prix ont fortement augmenté depuis la mise en place de cette mesure. Il s'agit, là, à l'évidence, d'un frein à l'installation des jeunes agriculteurs, qui se livrent tout naturellement à une surenchère malsaine au moment de leur installation. Les prix flambent artificiellement, et ce sont les plus forts qui imposent leur loi aux plus faibles. La solidarité paysanne en est gravement affectée.
Je vous demande donc, monsieur le ministre, de bien vouloir préciser les mesures que vous entendez prendre afin que l'indemnité spéciale de montagne prenne réellement en compte la situation de chaque exploitation agricole et soit un véritable outil de développement et d'aménagement du territoire.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le sénateur, les aides structurelles à l'élevage telles que les indemnités compensatoires de handicaps naturels, les ICHN, ont vocation à compenser les déséquilibres des structures de production. Ainsi, les indemnités spéciales de montagne, les ISM, concernent les exploitations qui sont situées dans des zones qui subissent des handicaps liés aux conditions géographiques de pente et d'altitude spécifiques aux zones de montagne.
Le versement aux GAEC des aides publiques, dont les ICHN et les ISM, s'effectue selon le principe de transparence, en application de l'article L. 323-13 du code rural. Ce principe admet que les associés de GAEC ne sauraient se trouver dans une situation économique moins favorable que celle des autres chefs d'exploitation.
Ainsi, peuvent bénéficier d'un plafond d'unités primables à l'ICHN chaque associé d'un GAEC, pour autant qu'il soit chef d'exploitation, ainsi que tout nouvel associé entrant dans un GAEC en apportant une exploitation autonome préexistante dotée d'au moins la moitié de la surface minimum d'installation.
Cette dernière condition est en cohérence avec le principe de transparence, dans la mesure où un associé entrant dans un GAEC sans y apporter une exploitation n'aurait pu personnellement bénéficier de l'indemnité en dehors du groupement. La réglementation communautaire reconnaît d'ailleurs difficilement la spécificité des GAEC qui, comme vous le savez, monsieur le sénateur, n'existent qu'en France. Elle considère que toute personne physique ou morale, de même que tout groupement de personnes physiques ou morales, ne peut constituer qu'un seul et unique « producteur ».
Lors de la mise en place de la réforme de la PAC de 1992, le gouvernement français avait donc dû négocier, très difficilement d'ailleurs, une dérogation à cette définition pour les GAEC. Celle-ci avait pu être finalement obtenue, sous réserve que la multiplication des seuils pour ces groupements ne puisse en aucun cas permettre de valoriser des scissions fictives d'exploitations.
Dans certaines situations où l'accès au foncier est difficile et où l'entrée d'un jeune dans la profession agricole s'effectue dans un GAEC aux dimensions déjà importantes, l'obligation faite au nouvel associé d'apporter au groupement une exploitation préexistante pour doter celui-ci d'un plafond d'indemnité supplémentaire peut se révéler inutile, voire nuisible. C'est la raison pour laquelle les règles d'accès aux aides à l'installation ont été modifiées en 1998 par la suppression de la condition d'augmentation physique de consistance lors de l'arrivée d'un jeune dans une société.
Ces considérations sont prises en compte dans la réflexion en cours sur les conditions d'attribution des ICHN aux GAEC. Mais, dans le souci de ne pas susciter l'entrée dans des GAEC de jeunes agriculteurs qui seraient placés dans une situation de faiblesse vis-à-vis des autres associés, il serait opportun qu'en préalable à toute modification de la réglementation un consensus soit acquis sur la nécessité que les jeunes agriculteurs en cause soient dotés par les autres associés de ces groupements de droits personnels sur le foncier à hauteur d'au moins une demi-surface minimum d'installation.
Cet accord « jeunes-aînés » constituerait la meilleure garantie pour faire progresser ce dossier conformément à l'esprit propre aux GAEC, dont il convient en tout état de cause de préserver la spécificité.
Afin de relancer la politique de montagne avec le souci de mieux équilibrer la répartition des aides publiques sur notre territoire en faveur des zones les plus difficiles, un groupe de travail sur la politique agricole de la montagne mis en place en début d'année, doit examiner toutes les dispositions visant à relancer l'agriculture de montagne. Ce groupe est chargé de faire le point sur les mesures de compensation des handicaps, sur la place accordée aux dispositifs de soutien à l'agriculture de montagne dans les prochains contrats Etat-régions et sur le développement des politiques de qualité et d'identification des produits de montagne.
Enfin, vous le savez, monsieur le sénateur, la loi d'orientation agricole, dont nous allons débattre à nouveau ici même cet après-midi, créera un nouvel outil dont les éleveurs de montagne pourront se saisir pour passer un contrat avec l'Etat. Il s'agit du contrat territorial d'exloitation, le CTE, qui a pour ambition de tenir compte de la multifonctionnalité de l'agriculture.
Les éleveurs de montagne sont invités à s'intégrer, dès la fin de cette année, dans ce dispositif, qui se met en place et que je crois parfaitement adapté à leur situation.
M. Roger Besse. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Besse.
M. Roger Besse. Monsieur le ministre, je vous remercie de la réponse extrêmement argumentée et circonstanciée que vous venez d'apporter à une question très technique.
Je la relirai, bien sûr, avec la plus grande attention et je la transmettrai à mes interlocuteurs, qui ne manqueront pas d'être extrêmement intéressés.
M. le président. Mes chers collègues, l'ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à seize heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à douze heures quinze, est reprise à seize heures, sous la présidence de M. Guy Allouche.)

PRÉSIDENCE DE M. GUY ALLOUCHE
vice-président

M. le président. La séance est reprise.

5

ARTS MARTIAUX

Adoption d'une proposition de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion de la proposition de loi (n° 274, 1998-1999), adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la délivrance des grades dans les disciplines relevant des arts martiaux. [Rapport n° 350 (1998-1999).]
Dans la discussion générale, la parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, le Gouvernement apporte son soutien à la proposition de loi qui vous est soumise aujourd'hui.
Les arts martiaux connaissent un développement très important depuis ces dernières années. L'enthousiasme, notamment des jeunes, a abouti à l'émergence de structures nouvelles et à une multiplication des disciplines.
Une enquête des services déconcentrés du ministère de la jeunesse et des sports fait apparaître l'existence de plus de 180 disciplines relevant des arts martiaux et des sports de combat. Cette évolution, loin d'être négative, bien au contraire, s'inscrit dans la diversification de la pratique sportive.
Mais l'organisation de nombreuses pratiques en dehors de tout cadre réglementaire pose des problèmes importants. Au-delà de certaines dérives commerciales, sécuritaires, sectaires - heureusement minoritaires - qu'il faut prendre au sérieux, sont en jeu, plus largement, le respect de la sécurité des pratiquants et le contrôle de l'observation des règlements régissant les activités physiques et sportives.
Un plan d'action en plusieurs étapes a été défini par mes services afin de parvenir à garantir à tout pratiquant de ces disciplines un encadrement qualifié attentif au respect élémentaire de son intégrité physique et morale.
Cette proposition de loi s'inscrit tout à fait dans cet objectif. En effet, ces disciplines sportives sont caractérisées par une très forte tradition, dont le grade, ou dan , est une expression forte. Il constitue une reconnaissance d'un individu au sein d'une école et établit ainsi une hiérarchie entre les pratiquants.
Depuis, cette notion a évolué pour se rapprocher davantage de l'appréciation du niveau technique du pratiquant. En France, il représente également un niveau de qualification technique, qui sert de prérequis à l'inscription aux brevets d'Etat d'arts martiaux. Le dan sanctionne des valeurs morales, la technique et l'attitude corporelle.
Sa délivrance est un enjeu trop important pour ne pas être confiée à des structures assurant une mission de service public.
Cette proposition de loi répond à cet objectif.
Elle soutient l'action des fédérations sportives. Elle crédibilise le titre en confiant sa délivrance à une structure unique par discipline, ce qui ne fait que préserver, en le précisant, un mode d'attribution cohérent qui existe depuis 1976.
Comme vous le savez, l'intervention de la loi a été rendue nécessaire du fait de l'annulation par le Conseil d'Etat du décret du 2 août 1993, à la fois pour donner une base légale à ce dispositif, mais aussi pour sécuriser, dans l'article 2, les 60 000 dans délivrés depuis 1993 par les commissions spécialisées des fédérations délégataires.
Elle permet de mettre en place un système qui préserve l'égalité de chance d'accéder à ce titre, pour tous les pratiquantes et pratiquants, autour d'un programme unique, de membres du jury spécialement formés à cet effet et d'un contenu technique harmonisé entre les fédérations sportives.
Elle permet également d'assurer le plus large partenariat entre les différentes structures organisant les arts martiaux ou représentant les enseignants professionnels.
Dans l'esprit de cette proposition, l'Etat fixera la composition des commissions spécialisées mises en place dans les fédérations sportives délégataires ou agréées ainsi que les modalités de délivrance de ces titres et sera donc ainsi garant de la pluralité des formes de pratiques.
Lesdites fédérations, bien sûr, mais également les fédérations multisports et affinitaires, les organismes professionnels et les professeurs seront représentés dans ces commissions.
Enfin, la commission consultative que vous proposez de mettre en place garantira le dialogue permanent entre les différents partenaires.
Cette proposition de loi répond, mesdames, messieurs les sénateurs, aux préoccupations et aux attentes des pratiquants, des professeurs et des dirigeants de ces disciplines. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que sur les travées socialistes et sur certaines travées du RDSE. - M. Robert applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur de la commission des affaires culturelles. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le Conseil d'Etat a annulé en janvier 1998, pour défaut de base légale, le décret qui réglementait depuis 1993 les conditions de délivrance de certains titres spécifiques aux arts martiaux, les dans , ce qui correspond, en clair, à tous les titres de niveau égal ou supérieur à la ceinture noire.
L'objet de la proposition de loi qui nous est soumise est donc simple : il s'agit, d'une part, de combler le vide juridique résultant de cette annulation et, d'autre part, de valider les titres délivrés en application du décret annulé.
Avant d'analyser le contenu de ce texte, qui tient en deux articles, je voudrais rappeler l'objet et les modalités de la réglementation de la délivrance de ces titres.
Celle-ci, je tiens à le souligner, n'est pas une nouveauté : elle remonte, en effet, à 1962 ; elle s'appliquait alors uniquement au judo. Sa nécessité est apparue avec le développement de la pratique des disciplines relevant des arts martiaux extrême-orientaux : du judo et du jujitsu d'abord, puis du kendo, du karaté, de l'aïkido, et d'autres arts martiaux vietnamiens, coréens ou chinois.
Comme dans tous les autres sports, et d'autant plus qu'il s'agit de disciplines à risques, il a fallu garantir le niveau et le sérieux de leur pratique et de leur enseignement, la qualité des titres délivrés et la sécurité des pratiquants.
La maîtrise de ces disciplines est sanctionnée par l'accession progressive à des grades, les ceintures, comportant chacun un certain nombre de degrés qui, à partir de la ceinture noire, sont appelés dans.
Tenant compte de cette spécificité, la réglementation a eu pour objet de définir et d'harmoniser les conditions de délivrance des titres les plus élevés, à partir de la ceinture noire, et de réserver l'accès aux brevets d'Etat d'éducateur sportif aux titulaires de ces titres.
Très logiquement, et comme dans les autres disciplines sportives, on s'est appuyé, pour parvenir à cette harmonisation, sur les fédérations compétentes investies d'une mission de service public, mais en leur associant des représentants des enseignants, ainsi que des fédérations multisports qui ont, elles aussi, largement contribué au développement des arts martiaux.
Les trois textes qui se sont succédé - le décret de 1962, auquel j'ai fait allusion, le décret de 1976, pris sur le fondement de la loi Mazeaud de 1975, et, enfin, le décret de 1993 - se sont, à cet égard, inscrits dans une parfaite continuité.
J'en viens à présent au dispositif de la proposition de loi.
L'article 1er tend à donner une base légale à la compétence des fédérations, délégataires ou, à défaut, agréées, des arts martiaux.
Mais le texte a également pour objet, non sans empiéter quelque peu sur la compétence du pouvoir réglementaire, d'inscrire dans la loi les conditions de délivrance des titres des arts martiaux.
Le dispositif proposé est très proche de celui que prévoyait le décret de 1993 : il donne compétence pour la délivrance des titres des arts martiaux à des commissions spécialisées organisées au sein des fédérations.
Il nous paraît « globalement satisfaisant », mais il appelle cependant quelques précisions.
La première concerne son champ d'application. Tel qu'il est rédigé, le texte donnerait compétence aux commissions spécialisées pour délivrer l'ensemble des grades, c'est-à-dire toutes les ceintures. Or nous n'avons pas eu l'impression que ce soit l'intention de ses auteurs. De plus, cette extension de compétence poserait des problèmes pratiques, car la seule délivrance des dans représente déjà une dizaine de milliers de décisions par an.
Nous vous proposerons donc d'en rester à la solution retenue depuis 1962 et de limiter la compétence des commissions spécialisées à l'attribution des titres d'un niveau au moins égal à la ceinture noire, c'est-à-dire les dans et grades équivalents.
Notre seconde interrogation concerne la composition des commissions spécialisées. Selon le décret de 1993, celles-ci comprenaient, en principe pour la moitié de leurs membres, des représentants des enseignants et des fédérations affinitaires, scolaires et universitaires concernées.
La proposition de loi ne précise pas la composition des commissions spécialisées. Elle prévoit qu'elle sera fixée par arrêté du ministre, sur proposition des fédérations.
Je voudrais d'abord dire que cette procédure ne nous paraît pas logique : la décision du ministre ne doit pas lui être dictée par les fédérations. En outre, elle ne garantirait pas la cohérence nécessaire dans la composition des commissions.
Nous vous proposerons donc que l'arrêté ministériel soit pris après consultation des fédérations. Cela permettra de les associer, ce qui est souhaitable, à la décision ministérielle, tout en laissant à l'Etat le rôle qui doit être le sien.
Pour ce qui est de la composition des commissions spécialisées, nous avons noté, madame la ministre, que, lors des débats à l'Assemblée nationale, vous aviez souhaité que ces commissions soient ouvertes à « tous les acteurs concernés par les disciplines des arts martiaux ».
C'est aussi notre souhait, et ce serait cohérent avec la démarche suivie depuis 1962. Nous attendons donc que vous nous donniez quelques précisions à ce sujet et nous espérons que la solution retenue ne sera pas en retrait par rapport au texte de 1993.
Nous avons également relevé, à l'article 1er de la proposition de loi, la création d'une commission consultative des arts martiaux et nous approuvons, madame la ministre, votre intention d'y faire siéger des élus.
J'en arrive, mes chers collègues, au second article de la proposition de loi.
Il a pour objet de valider les dans attribués en application du décret annulé. Ces titres, 60 000 environ, pourraient en effet tous être contestés, car leur délivrance n'a pas fait l'objet de mesures de publication faisant courir le délai de recours. Cela nous paraît d'ailleurs tout à fait anormal et nous souhaiterions, madame la ministre, que les fédérations sportives, lorsqu'elles sont amenées à prendre des décisions de nature administrative, respectent les procédures qui ont pour objet de garantir l'information et les droits de tous les intéressés.
Nous connaissons tous les inconvénients des validations. Et nous pourrions sans doute nous interroger sur l'intérêt général qui justifie celle qu'on nous propose.
Nous sommes cependant tout à fait conscients de la nécessité de ne pas remettre en question les situations acquises de bonne foi et de repartir sur des bases claires. Nous vous proposerons donc d'accepter cette validation, en restreignant toutefois strictement sa portée aux motifs d'illégalité tenant à l'annulation du décret de 1993. Il n'y a en effet aucune raison d'interdire que soient contestés des titres qui présenteraient d'autres irrégularités.
En adoptant cette proposition de loi, nos collègues députés ont voulu mettre le plus rapidement possible un terme à une situation de vide juridique préjudiciable à des disciplines sportives dont nous reconnaissons tous la valeur formatrice.
La commission des affaires culturelles, mes chers collègues, partage ce souci et c'est pourquoi elle vous demande, sous réserve des amendements qu'elle vous propose, d'adopter la proposition de loi qui nous est soumise. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. Plasait.
M. Bernard Plasait. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous voici réunis pour débattre d'une proposition de loi relative à la délivrance des grades dans les disciplines relevant des arts martiaux.
Je dois vous dire mon étonnement quand j'ai appris que nous allions être saisis d'un tel texte. Faut-il vraiment légiférer pour s'introduire dans l'administration technique d'une discipline sportive ? Ne saura-t-on jamais répondre au voeu de Montesquieu et « se garder de la fureur de légiférer » ?
Mais, passé cette première réaction, j'ai dû me rendre à l'évidence.
Hélas ! oui, madame la ministre, ce texte est utile, pour des raisons techniques, mais aussi éthiques. D'ailleurs, je crains fort que, à l'heure où nous voyons certaines disciplines en proie à des dérives insupportables et inacceptables, le législateur ne doive de nouveau intervenir.
En effet, il nous est proposé par le présent texte de conférer une base légale à la délivrance des grades dans les disciplines relevant des arts martiaux : judo, jujitsu, karaté, kendo et taekwondo en particulier.
Cette disposition est pleinement justifiée dans la mesure où il faut bien remédier à l'annulation par le Conseil d'Etat du décret du 21 août 1993. De même, il est nécessaire de sécuriser, et donc de valider, les dans délivrés depuis cette date.
Toutefois, saurons-nous ne pas aller trop loin ? J'approuve sans réserve les propositions équilibrées du rapporteur de la commission des affaires culturelles, notre excellent collègue James Bordas.
Il me paraît, en effet, indispensable de restreindre la compétence des commissions fédérales spécialisées à la seule délivrance des dans et des grades équivalents, tant l'extension à l'ensemble des grades, c'est-à-dire à toutes les ceintures, serait proprement ingérable.
Dans le même esprit, il semble raisonnable de prévoir que la composition des commissions spécialisées soit fixée, par arrêté du ministre, après consultation des fédérations concernées, ce qui vise à satisfaire l'objectif recherché d'harmonisation des conditions de délivrance des titres.
Sous réserve de ces remarques techniques, il me paraît judicieux de veiller à ce que l'attribution d'un grade ou dan sanctionnant une qualification ou un niveau dans les divers arts martiaux ne puisse se faire sans un minimum de contrôle et de rigueur.
Dans ces domaines, où il pourrait parfois être porté atteinte à la santé et à la sécurité des pratiquants, trop de personnes se prévalent souvent de titres et qualifications trompeuses ou obtenues de façon purement arbitraire ou complaisante. Le pratiquant naïf peut alors être abusé sur la qualité du service sportif qu'il croit recevoir de bonne foi.
Si cette démarche est donc tout à fait louable, dans un souci de protection et de sécurité, je m'étonne cependant, madame la ministre, qu'on ne se préoccupe pas de l'étendre à d'autres pratiques sportives dites « de combat », qui sont des arts martiaux au sens large, et qui peuvent receler des risques au moins aussi élevés, sinon plus, que les arts martiaux d'origine extrême-orientale dont il est ici question.
Je pense, bien évidemment, à toute une kyrielle de sports « pugilistiques », apparue ces dernières décennies en France. N'oublions pas, en effet, que toutes ces pratiques de combat, aux dénominations variées et évolutives - full-contact, boxe américaine, kick boxing, boxe taï - comportent, dans leur finalité même, cette sorte d'anomalie juridique tout à fait exceptionnelle : le droit de mettre hors de combat un autre homme, par un coma traumatique grave, à la suite de coups portés volontairement dans ce but.
Cette anomalie sportive a bien été perçue par les autorités publiques, s'agissant des deux grandes formes de boxe existant en France, la boxe classique dite anglaise et la boxe française Savate, toutes deux encadrées par deux fédérations délégataires de pouvoir.
Pour ce qui concerne la boxe française Savate, elle est encadrée, enseignée et réglementée par une fédération extrêmement structurée et rigoureuse, soucieuse des valeurs humanistes du sport. Mais qu'en est-il de toutes ces disciplines dites « pieds-poings » que j'ai citées et qui prolifèrent actuellement, pratiquement sans contrôle ni réglementation ?
On est, hélas, bien loin de la collation des qualifications par une commission spécialisée comme celle dont nous parlons aujourd'hui pour les arts martiaux, alors que de nombreux jeunes s'entraînent et s'affrontent violemment chaque semaine sur des rings, encadrés par des personnes aux qualifications largement fantaisistes, voire inexistantes.
Le ministère de la jeunesse et des sports essaie, semble-t-il, depuis des années, de contrôler toutes ces pratiques d'affrontement, mais en vain, car ces milieux semblent d'abord fonctionner sur des motivations autres que purement sportives.
C'est la raison pour laquelle, madame la ministre, je saisis l'occasion de cette proposition de loi pour poser le problème. N'est-il pas temps, aussi, d'assainir, de réglementer et de contrôler rigoureusement toutes ces nouvelles formes de boxe, dans un souci de santé et de moralité publiques ?
Le temps presse car, déjà, une nouvelle forme d'affrontements apparaît. Il s'agit de ce qu'on appelle les « combats extrêmes », dans lesquels à peu près tout est permis, sauf mordre et crever les yeux ! Un article paru en première page d'un grand journal du soir, le 19 mars dernier, relatait une manifestation de ce type qui s'était soldée, en l'occurrence, par la mort d'un des deux combattants. Cela se passait, il est vrai, à l'étranger, mais, on le sait, des stages et entraînements de ce type, ont lieu aujourd'hui en France.
Certes, à l'occasion de la récente loi sur la lutte antidopage et la protection des sportifs a été adopté un article qui pourrait permettre aux préfets de freiner ces dérives lamentables. Mais il est à craindre que cela ne soit très insuffisant. C'est pourquoi il serait urgent que le Gouvernement réactualise le décret n° 62-1321 du 7 novembre 1962 relatif aux manifestations publiques de boxe, décret qui est toujours en vigueur mais dont certaines dispositions ne paraissent plus adaptées à la réalité présente.
Aussi, c'est avec un grand intérêt, madame la ministre, que j'entendrai les réflexions et intentions que vous voudrez bien nous livrer pour lutter contre cette situation qui ne peut que nous préoccuper.
Encore une fois, on ne peut qu'appouver l'instauration d'un meilleur contrôle de la pratique et de l'enseignement des arts martiaux à travers l'attribution des qualifications.
Permettez-moi simplement de vous livrer le sentiment profond de quelqu'un qui a beaucoup pratiqué et enseigné la boxe française, cette véritable escrime des pieds et des poings.
Un sport de combat est avant tout un sport, ce n'est pas une technique de combat dont la finalité unique est la destruction de l'adversaire, ce n'est pas le close-combat que l'on apprend aux soldats pour qu'ils tuent avant d'être tués.
Un sport de combat est l'expression codifiée de l'agressivité naturelle, la simulation de l'action guerrière mais pas son accomplissement.
Certes, le sport peut préparer à la guerre. Et Wellington a pu dire que « la bataille de Waterloo avait été gagnée sur les terrains de sport d'Eton ».
Mais l'éthique du sport impose le respect de son adversaire. La boxe anglaise, cet « art limpide », disait Montherlant, on l'appelait « le noble art ».
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Et le cricket ?
M. Bernard Plasait. « La boxe française est une science profonde qui exige beaucoup de sang-froid, d'agilité, de force », disait Théophile Gautier. « C'est le plus beau développement de la vigueur humaine. Un jeu hardi, imprévu, étincelant, plein d'illuminations romantiques. »
Comme dans l'escrime, on cherche non à détruire mais à toucher, non par la violence mais par la subtilité d'une passe d'arme, dans un véritable dialogue de feintes, de parades et de ripostes au bout duquel le vainqueur est celui qui a pu surpasser la combinaison de son adversaire.
Un tel esprit - on a pu dire esprit chevaleresque - est la marque du sport, c'est-à-dire une culture physique par le jeu tout autant qu'une éducation morale.
Si un sport de combat n'apprend pas la maîtrise de soi, il ne mérite pas son titre. Il n'est pas une discipline sportive mais une douteuse exploitation commerciale des bas instincts de pugilat.
Voilà, madame la ministre, de quelles dérives il nous faut nous protéger.
Il ne peut y avoir de confusion entre des combats extrêmes, c'est-à-dire de nouveaux jeux du cirque de violence, de sang et de drames, et de véritables sports de combat dont vous attendez, j'en suis sûr, madame la ministre, qu'ils développent le corps et l'esprit et forgent le caractère.
J'ajouterai, si vous me le permettez, qu'ils sont aussi source de joie. C'est là, je le crois profondément, la condition de l'épanouissement du sportif. Vous m'autoriserez à conclure par un plagiat, en disant que, et je le crois là aussi très profondément, « Technique sans éthique n'est que ruine du sport ». (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Lagauche.
M. Serge Lagauche. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la proposition de loi qui nous est présentée aujourd'hui vise, d'une part, à prendre acte de la décision du Conseil d'Etat annulant le décret du 2 août 1993 relatif à la délivrance de titres dans les disciplines sportives relevant des arts martiaux, et, d'autre part, à réaffirmer la place des fédérations dans leur mission de service public.
Même si quelques professionnels et unions sportives émettent des critiques sur ce texte, la grande majorité des acteurs concernés reconnaissent son utilité et l'évolution positive qu'il apporte.
En donnant à une commission spécialisée tout pouvoir de décision pour la délivrance des dans et grades équivalents, ce texte permet une harmonisation de leur valeur au niveau national et l'égalité des chances quant à leur obtention. Au-delà, il est un gage de sécurité et de qualification pour l'enseignement des disciplines. Il aide à lutter contre toute dérive sectaire ou commerciale afin que l'éthique sportive, comme dans le cadre de la lutte antidopage, soit respectée. De tels faits restent limités, mais ils méritent que nous fassions preuve de vigilance.
Grâce à la création d'une commission consultative, un dialogue permanent est instauré entre tous les partenaires concernés - fédérations délégataires ou agréées, Etat, mais aussi représentants des professeurs et des structures professionnelles - dans un souci d'harmonisation des titres et de la déontologie.
Enfin, cette proposition de loi vise à valider les 60 000 dans et grades délivrés depuis la publication du décret de 1993. Cela explique l'urgence de son adoption, et je ne peux que saluer l'initiative du groupe communiste de l'Assemblée nationale.
Le groupe socialiste votera donc ce texte, ainsi que les amendements proposés par la commission qui en améliorent la rédaction et précisent certains points.
Par son vote, que j'espère unanime, le Parlement prouvera encore davantage sa volonté de lutter contre les intérêts mercantiles qui polluent le sport dans son ensemble, comme nous le rappelle trop souvent l'actualité.
Madame la ministre, le projet de loi que vous nous présenterez prochainement constituera l'un des moyens majeurs de cette action. Nous l'attendons avec impatience.
Je profite de cette occasion pour vous renouveler notre soutien et vous féliciter encore pour le combat mené, tant en France qu'en Europe, afin de confirmer le sport dans les valeurs qu'il doit promouvoir : l'engagement individuel et collectif, la solidarité, la tolérance, pour une citoyenneté active. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen. - M. Robert applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Bernard.
M. Jean Bernard. Je ne reviendrai pas, madame « le » ministre - je ne sacrifie pas au nouvel usage, mais cela n'enlève rien au respect et à la considération que je vous porte - sur la situation inextricable dans laquelle votre administration a été plongée du fait de la décision du Conseil d'Etat du 28 janvier 1998 annulant le décret - qui paraissait pourtant de bon sens - du 2 août 1993 relatif à l'attribution des grades et des dans pour les arts martiaux.
Vous me permettez de rappeler seulement que 60 000 pratiquants des arts martiaux ayant obtenu, dans les conditions adéquates, des dans sanctionnant leurs qualités physiques, leur connaissance de la discipline et leur potentiel technique ont ainsi vu leur titre perdre toute base juridique.
Or l'obtention de certains des titres les plus élevés, comme la ceinture noire, est indispensable pour pouvoir passer un brevet d'Etat. Cette situation justifie l'intervention du législateur et démontre la pertinence de la proposition de loi que nous examinons aujourd'hui.
A ces raisons pratiques s'ajoute - et il semble important de le souligner - une raison éthique. Les arts martiaux ne sont pas des sports de la même nature que les autres.
En effet, la majorité des autres sports - et c'est même souvent le propre de ceux qui ont été créés et développés sur notre continent - sont associés, de manière très significative, à une notion de compétition. C'est pourquoi il est normal que des titres d'athlétisme, par exemple, soient décernés à ceux qui courent le plus vite, à ceux qui sautent le plus haut, à ceux qui lancent le plus loin.
Peut-il en être de même pour des activités sportives où, en général, les compétitions sont accessoires, se situant tout au plus à la périphérie de leur philosophie inspiratrice ?
Il est temps de reconnaître aux arts martiaux leur spécificité, parce qu'ils ne sont pas de même essence que nos sports occidentaux. Vouloir les inclure dans le dispositif de la loi de 1984, qui n'a pas été taillée pour eux, relèverait d'une acculturation artificielle.
Pour nombre de jeunes, la pratique de ces sports va bien au-delà d'un simple esprit de compétition. Ils appréhendent, à travers ces disciplines, certaines valeurs comme le respect de son adversaire, le contrôle de soi et la maîtrise de son corps.
Si nous voulions restreindre ces disciplines à de simples combats ou échanges de coups, nous nous égarerions, perdant de vue qu'il s'agit d'« arts » ; il est d'ailleurs essentiel d'insister sur ce mot, faute duquel ne resterait que le qualificatif : martiaux.
C'est pour ces raisons pratiques et éthiques que la délivrance des grades dans les arts martiaux ne doit pas être simplement la sanction de réussites dans des compétitions : il faut qu'elle repose sur les aptitudes techniques, physiques et spirituelles du sportif.
Je m'attarderai plus particulièrement sur quelques points.
Une nouvelle commission sera créée par arrêté ministériel. Les deux mois de réflexion supplémentaires dont vous avez disposé depuis votre intervention à l'Assemblée nationale, madame le ministre, vous permettront peut-être de nous préciser les modalités qui présideront la composition de cette commission consultative.
Pouvez-vous nous dire, notamment, si toutes les branches des arts martiaux, et elles sont nombreuses, y trouveront leur place ? Comment y sera réglée leur représentativité ? Quelle place accorderez-vous aux fédérations agréées par rapport aux fédérations délégataires ? S'il faut ouvrir la commission aux disciplines nouvelles, ne doit-on pas accorder la prééminence aux fédérations délégataires ?
Surtout, quelle part ferez-vous aux syndicats professionnels ? Ce sont eux, bien souvent, qui forment le noyau dynamique des disciplines en question. Il serait opportun de leur accorder toute la place qui leur revient dans cette commission. Chacun d'entre eux, à son échelon, donne le souffle nécessaire à la vie de son club. Ils ne doivent pas, dès lors, être les oubliés de cette réforme.
Je tiens à souligner l'importance de l'amendement n° 2 de notre commission des affaires culturelles, qui permettra de faciliter la procédure concernant la composition des commissions spécialisées dans la délivrance des grades. Je suis certain qu'il vous agréera, madame le ministre, car il va dans le sens d'une plus grande latitude pour vos services.
Il est précisé que la composition des commissions spécialisées sera définie par arrêté ministériel, sur consultation des fédérations concernées, ce qui évitera une longue et contestable procédure qui forcerait les fédérations à modifier une ou plusieurs fois leur proposition si celle-ci ne vous convenait pas. Nous ne doutons pas, madame le ministre, que vous serez sensible à nos arguments.
Le Parlement, chaque fois qu'il le peut, manifeste sa volonté de lutter contre les sectes, ce dont nous nous félicitons. A l'instar de nos collègues de l'Assemblée nationale, nous aimerions vous alerter sur ce phénomène qui a tendance à se développer et qui n'épargne pas le milieu des arts martiaux, même s'il y est marginal. Je ne peux, avec vous, madame le ministre, que m'associer aux propos tenus par M. le rapporteur sur ce sujet.
Les arts martiaux, par l'accent qu'ils mettent sur le développement spirituel de la personne, par leur orientale originalité, attirent bon nombre de nos concitoyens à la recherche, en cette fin de millénaire, de nouveaux repères, voire d'un nouveau mode de vie. Des néophytes peuvent, hélas ! facilement se laisser berner par des apprentis gourous, qui voient là une occasion d'abuser de la confiance de leurs élèves, encore incapables de faire la part entre maîtres illustres et fumeux exégètes d'une pseudo-philosophie.
Il conviendra que la commission consultative créée par vos soins, madame le ministre, s'enquière de ce problème, car il n'est pas pensable que ces nobles arts voient ainsi leurs plus élémentaires principes occasionnellement dévoyés.
Trop de jeunes, aujourd'hui, se tournent vers ces nouvelles pratiques pour que nous laissions les arts martiaux se détourner de leurs vertus, ô combien formatrices lorsqu'ils sont enseignés selon les principes qui les ont vu naître.
En conclusion, j'indique que le groupe du Rassemblement pour la République votera cette proposition de loi, sous réserve de l'adoption des amendements présentés par notre rapporteur. Nous ne pourrons que nous féliciter, une fois encore, que l'éthique, dans sa dimension sportive, fasse l'objet d'un large consensus. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, les arts martiaux connaissent depuis quelques années un essor considérable. Ainsi, le judo compte aujourd'hui quelque 500 000 licenciés, répartis en 5 400 clubs, lesquels sont animés par 40 000 bénévoles et 7 300 professeurs diplômés.
A Choisy-le-Roi, dans le Val-de-Marne, j'ai pu constater que les victoires de David Douillet, notamment aux jeux Olympiques, avaient suscité l'inscription de nombreux enfants dans les clubs de judo, au point qu'il n'a pas été possible, dans un premier temps, de les accueillir tous.
Qu'il s'agisse du judo ou d'autres disciplines apparues chez nous plus récemment comme l'aïkido, le taekwondo, tous ces « arts », dès lors que leur apprentissage est bien encadré, jouent un rôle social très important, comme d'ailleurs tous les sports. Ils sont l'occasion d'une activité physique intense tout en apprenant à se maîtriser ; en cela, ils sont très éducatifs, et ils empêchent, notamment, la violence de prendre le pas.
Si ces disciplines sont populaires, la nécessité de les encadrer juridiquement n'en est pas moins réelle.
Contrairement à ce qui se passe pour d'autres pratiques sportives, la délivrance des titres dans les disciplines des arts martiaux ne relève pas de la seule participation aux compétitions individuelles.
En effet, la spécificité de ces disciplines impose que la délivrance des titres s'accompagne d'épreuves techniques ou d'exercices collectifs effectués dans les clubs.
Dans ce cadre, le décret du 2 août 1993 fixait les conditions de délivrance des titres dans les disciplines relevant des arts martiaux.
Or une décision du Conseil d'Etat a annulé en 1998 le décret applicable aux arts martiaux. Cette décision revient à remettre en cause les titres obtenus par 60 000 gradés dans les disciplines des arts martiaux.
La proposition de loi que nous examinons vise donc à rétablir dans leurs droits les titulaires de titre, mais aussi à réaffirmer le rôle des fédérations dans la délivrance des titres.
En outre, afin d'associer au mieux l'ensemble des acteurs des arts martiaux, la proposition de loi prévoit la création d'une commission consultative des arts martiaux.
Il importe d'agir vite afin de permettre la mise en conformité de notre législation.
La spécificité des disciplines relevant des arts martiaux impose donc de modifier la loi du 16 juillet 1984 dans le sens que je viens d'évoquer.
C'est là une question importante, s'agissant de disciplines sportives susceptibles de porter atteinte à la sécurité physique, voire morale des licenciés, pour lesquels cette particularité se justifie pleinement.
Vous sachant, madame la ministre, très occupée par ces questions, votre action en faveur du développement du sport et votre lutte contre le dopage en témoignent, je suis persuadée que l'enjeu de cette proposition de loi ne vous échappera pas.
Pour l'ensemble de ces raisons, le groupe communiste républicain et citoyen votera sans réserve cette proposition de loi. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen ainsi que sur les travées socialistes. - M. le rapporteur applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt Je suis heureux qu'une telle unanimité se dégage pour rendre hommage à vous-même, madame le ministre, à votre personnalité et à votre action. L'unanimité ne me gêne pas dès lors qu'il s'agit de saluer l'action d'une personne, en particulier celle d'un ministre appartenant à un gouvernement que je soutiens. (Sourires.)
L'unanimité me gêne plus lorsqu'il s'agit d'un texte de loi. En général, cela cache quelque chose !
Permettez-moi, au passage, de regretter que vous n'ayez pas apporté de réponse à une lettre en date du 30 octobre 1998 par laquelle je vous saisissais du problème de la délivrance des dans. J'attirais votre attention sur le cas d'un professeur belfortain, muni de tous les titres d'Etat voulus, ayant lui-même créé son école, qui protestait contre le fait que ne soit plus reconnue aux professeurs ayant pourtant les qualités requises la possibilité de délivrer eux-mêmes les ceintures, comme c'est la tradition dans les arts martiaux, car il est bien évident que les grands maîtres japonais n'étaient pas encadrés par une fédération.
Les professeurs considèrent que, derrière tout cela, il y a aussi un aspect financier. En effet, depuis 1993, pour pouvoir obtenir une ceinture, il faut être licencié auprès de la fédération. Auparavant, ce n'était pas nécessaire : c'étaient les professeurs eux-mêmes qui accordaient les ceintures, étant entendu que, pour avoir le titre de professeur, il faut être titulaire du diplôme d'Etat, lequel est accordé non par la fédération mais par vous-même, madame le ministre.
Je crois que tout cela méritait d'être dit.
Je n'ignore pas que deux arguments ont été avancés.
Le premier concerne le phénomène sectaire. Un professeur m'a dit qu'il avait lui-même été alerté par un cas particulier et l'avait rendu public. L'alerte était-elle justifiée ? Peut-être serez-vous en mesure de me le dire, madame le ministre. Quoi qu'il en soit, à ma connaissance, jusqu'à présent, aucun autre cas n'a été signalé.
Le deuxième argument porte sur l'urgence : la décision du Conseil d'Etat remontant au 7 janvier 1998, y avait-il urgence à ce que soit déposé non un projet mais une proposition de loi, dont les motifs ressemblent d'ailleurs diablement, madame le ministre, aux arguments que vous avez longtemps été amenée à exposer vous-même ?
Il aurait tout de même été intéressant de connaître l'avis du Conseil d'Etat sur un texte tendant à valider des grades qu'il avait annulés. Or, s'agissant d'une proposition de loi, cet avis, nous ne le connaîtrons pas.
Cela étant, il est évident qu'il fallait valider les ceintures accordées par les fédérations depuis 1993. Nous nous trouvions en effet devant des milliers, voire des dizaines de milliers de jeunes à qui avait été attribuée une ceinture : on n'allait pas la leur retirer !
La validation était donc nécessaire, j'en suis d'accord. Mais cela suffisait ! Ce n'était pas la peine d'aller plus loin et de revenir ainsi sur une tradition très ancienne en enlevant aux professeurs munis d'un diplôme d'Etat le droit de décerner eux-mêmes les dans sans obliger l'impétrant à payer une licence à la fédération ; et toutes les fédération sportives ne sont pas des modèles !
Personnellement, je ne suis pas convaincu de la nécessité de revenir sur ces errements. Je tenais à le dire, car il m'aurait été bien désagréable, en me regardant dans la glace, de savoir que je n'avais pas dit ici ce que je pense.
Et que dire aussi du coût de la licence ?
Maintenant, comment voter, madame le ministre ? Mon ami Serge Lagauche espérait, il y a un instant, sur ce texte, l'unanimité. Et je ne veux pas le décevoir. (Sourires.)
Mme Hélène Luc. C'est sûr !
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Après tout, si les amendements de M. le rapporteur sont adoptés par le Sénat, le texte fera l'objet d'une navette entre les deux assemblées, ce qui vous fournira peut-être l'occasion, madame le ministre, aussi bien ici qu'à l'Assemblée nationale, de rassurer ceux qui éprouvent les inquiétudes que je viens d'exprimer. Ainsi n'aurai-je pas à regretter le vote positif que, pour faire plaisir notamment à mon ami Serge Lagauche, je vais émettre !
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Mesdames, messieurs les sénateurs, fallait-il légiférer ? Sincèrement, j'aurais préféré ne pas avoir à le faire, mais nous avions l'obligation de donner une base légale aux titres obtenus et, partant, de conférer une sécurité juridique totale à leurs détenteurs.
Pourquoi un tel laps de temps depuis octobre dernier ? C'est qu'il a fallu de nombreuses réunions de concertation, avec à la fois les fédérations délégataires, les fédérations affinitaires et les professionnels, notamment les professeurs, pour arriver à un accord sur un texte qui puisse attester que l'on pouvait travailler ensemble, que l'on soit délégataire, affinitaire ou professionnel. Nous progressons dans ce sens sur ces sports, comme sur d'autres, et nous en avons besoin.
J'insiste sur le problème de la composition des commissions spécialisées, qui doit vraiment refléter la réalité de la pratique sportive. C'est ainsi que devront siéger, outre les représentants des organisations professionnelles des professeurs, les réprésentants non seulement des fédérations unisports délégataires - ce sont elles qui règlent les compétitions et la délivrance des titres - mais aussi des fédérations affinitaires. Nous avons besoin de la présence des unes comme des autres. Je sais que des préoccupations se sont élevées dans le pays, mais je réaffirme aujourd'hui que les fédérations affinitaires seront associées à ces commissions.
Vous avez évoqué le problème du coût de la licence, monsieur Dreyfus-Schmidt. Nous pourrions également parler du coût des cours professionnels !
Il faut donc que l'ensemble des composantes de ces pratiques soient représentées sans que l'une soit privilégiée par rapport aux autres. D'après les contacts que nous avons eus, je pense que telle est la volonté commune de tous les partenaires concernés.
Permettez-moi quelques mots sur les arts martiaux et les sports de combat. Des dérives, certes très marginales, ont été constatées, et il faut les prendre au sérieux, car certaines pratiques peuvent relever de démarches sectaires, voire intégristes, sans parler des dérives de nature financière. Il n'en demeure pas moins qu'elles ne concernent qu'une minorité de ces pratiques.
Dans leur grande majorité, en effet, ces arts martiaux et ces sports de combat sont plutôt porteurs d'une forte tradition éthique et, par la démarche éducative et compétitive qu'ils induisent, peuvent apporter beaucoup aux enfants et aux jeunes de ce pays.
Mais vous avez raison, il nous faut être vigilants, et les fédérations délégataires comme les fédérations affinitaires sont en total accord avec nous sur ce point.
Nous avons reçu énormément de demandes d'agrément. Dans un premier temps, nous avons essayé de les regrouper et de rassembler certaines de ces pratiques dans une même fédération. Nous avons été tenus en échec. Chacun veut rester, en quelque sorte, chez soi !
Aujourd'hui, nous considérons chaque demande l'une après l'autre et nous analysons très sérieusement le contenu de chacune de ces pratiques en fonction de certains critères, en engageant les candidats à faire un effort en termes de démocratie à l'intérieur de leur organisation, de gestion financière et de principes éthiques.
Bref, nous allons vraiment faire preuve d'une très grande rigueur et, si nous répondons aux demandes d'agrément, ce sera à chaque fois après avoir reçu l'assurance que les fédérations en question garantiront la sécurité morale et physique des enfants et des jeunes qui leur seront confiés.
J'en viens à certaines pratiques à propos desquelles on ne peut plus parler de sport : les combats extrêmes. Ils sont souvent liés à des mises très importantes et ne sont plus le seul fait de pays situés outre-Atlantique, puisque nous les avons vu apparaître dans certaines de nos villes.
Ces cas relèvent de la loi relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage qui, dans l'un de ses articles, permet d'interdire ou de poursuivre telle ou telle pratique. Sur ce plan, nous disposons donc déjà de bons outils. Faut-il encore les renforcer ? Puisque vous en avez le projet, nous allons y travailler. Toujours est-t-il que nous devrons par la suite nous donner les moyens de leur mise en application car, vous le savez bien, après l'adoption de la loi, c'est à sa mise en oeuvre qu'il faut veiller. Et nous en sommes là pour ce qui est de la loi relative à la protection de la santé des sportifs et à la lutte contre le dopage.
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.

Article 1er



M. le président.
« Art. 1er. _ L'article 17 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 relative à l'organisation et à la promotion des activités physiques et sportives est complété par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Dans les disciplines sportives relevant des arts martiaux, nul ne peut se prévaloir d'un grade ou dan sanctionnant les qualités sportives et les connaissances techniques, et le cas échéant les performances en compétition, s'il n'a pas été délivré par la commission spécialisée des grades et dans de la fédération délégataire ou, à défaut, de la fédération agréée consacrée exclusivement aux arts martiaux.
« Un arrêté du ministre chargé des sports fixe la liste des fédérations mentionnées à l'alinéa précédent.
« Les commissions spécialisées des grades et dans , dont la composition est fixée par arrêté du ministre chargé des sports sur proposition des fédérations concernées, soumettent les conditions de délivrance des grades et dans, dans le respect des règlements internationaux, au ministre chargé des sports, qui les approuve par arrêté.
« Il est créé une commission consultative des arts martiaux comprenant des représentants des fédérations sportives concernées et de l'Etat, dont la composition est arrêtée par le ministre chargé des sports. Cette commission est compétente pour donner son avis au ministre de la jeunesse et des sports sur toutes les questions techniques, déontologiques, administratives et de sécurité se rapportant aux disciplines considérées et assimilées. »
Par amendement n° 1, M. Bordas, au nom de la commission, propose :
I. - Dans le premier alinéa du texte présenté par cet article pour compléter l'article 17 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984, de remplacer les mots : « d'un grade ou dan » par les mots : « d'un dan ou d'un grade équivalent » ;
II. - Dans le même alinéa, de remplacer les mots : « des grades et dans » par les mots : « des dans et grades équivalents ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur. Cet amendement a pour objet de restreindre expressément, comme cela a toujours été le cas, le champ d'application de la réglementation à la délivrance des titres d'un niveau au moins égal à la ceinture noire.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 1, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 2, M. Bordas, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le troisième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour compléter l'article 17 de la loi n° 84-610 du 16 juillet 1984 :
« Les commissions spécialisées des dans et grades équivalents, dont la composition est fixée par arrêté du ministre chargé des sports après consultation des fédérations concernées, soumettent les conditions de délivrance de ces dans et grades au ministre chargé des sports, qui les approuve par arrêté. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur. Outre une coordination rédactionnelle avec l'amendement précédent, cet amendement a pour principal objet de prévoir que les fédérations seront simplement consultées sur la composition des commissions spécialisées. Il serait en effet anormal, comme je l'indiquais tout à l'heure, que le ministre soit lié dans l'exercice de son pouvoir réglementaire par des propositions émanant des fédérations.
Enfin, le texte que nous vous proposons supprime la référence aux règlements internationaux applicables aux disciplines des arts martiaux. Il est, bien entendu, normal que les règlements des fédérations nationales soient cohérents avec ceux des fédérations internationales, mais cette précision n'a pas à figurer dans la loi, car les règlements des fédérations internationales n'ont aucune valeur normative en droit français.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-George Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Après consultation des fédérations, si j'ose dire, avis favorable ! (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er, modifié.

(L'article 1er est adopté.)

Article 2



M. le président.
« Art. 2. _ Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée, les grades et dans délivrés depuis le 2 août 1993 et jusqu'à la date de promulgation de la présente loi par la commission spécialisée des grades et dans de judo, jujitsu, kendo et disciplines associées de la Fédération française de judo, jujitsu, kendo et disciplines associées, la commission nationale spécialisée des grades et dans de karaté de la Fédération française de karaté et arts martiaux affinitaires, la commission nationale spécialisée des grades et grades taekwondo et disciplines associées de la Fédération française de taekwondo et disciplines associées et par la commission spécialisée des grades aïkido de l'Union des fédérations d'aïkido sont réputés acquis à leurs titulaires depuis leur date d'obtention. »
Par amendement n° 3, M. Bordas, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi cet article :
« Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose jugée, sont validés, en tant que leur légalité serait contestée en raison de l'annulation du décret n° 93-988 du 2 août 1993, les grades et dans délivrés par :
« - la commission spécialisée des grades et dans de judo, jujitsu, kendo et disciplines associées de la Fédération française de judo, jujitsu, kendo et disciplines associées ;
« - la commission spécialisée des grades et dans de karaté de la Fédération française de karaté et arts martiaux affinitaires ;
« - la commission spécialisée des grades et dans de taekwondo et disciplines associées de la Fédération française de taekwondo et disciplines associées ;
« - la commission spécialisée des grades d'aïkido de l'Union des fédération d'aïkido. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. James Bordas, rapporteur. La commission propose une nouvelle rédaction de l'article 2 pour en alléger le texte et rectifier des erreurs matérielles.
Cela étant, cet amendement a surtout pour objet de limiter la portée de la validation des titres délivrés en application du décret de 1993 aux conséquences directes sur leur légalité de l'annulation de ce décret.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marie-Georges Buffet, ministre de la jeunesse et des sports. Favorable !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 2 est ainsi rédigé.

Vote sur l'ensemble



M. le président.
Avant de mettre aux voix l'ensemble de la proposition de loi, je donne la parole à M. Ambroise Dupont pour explication de vote.
M. Ambroise Dupont. Je souhaite souligner combien la proposition de loi dont nous venons de discuter a été tout d'abord l'occasion de constater l'essor spectaculaire des arts martiaux dans notre pays depuis une cinquantaine d'années, que ce soit le judo, le jujitsu, le karaté, le kendo, le taekwondo ou bien d'autres encore.
On ne compte aujourd'hui pas moins de 850 000 licenciés qui pratiquent l'une ou l'autre de ces disciplines, et la France figure souvent aux meilleures places dans les championnats internationaux.
C'est dire si, par là même, cette proposition de loi avait son importance.
Sur le fond, ce texte d'origine parlementaire donne, on l'a vu, une base légale à la délivrance des grades dans les arts martiaux d'origine orientale, le décret la régissant ayant été annulé.
La proposition de loi réserve, en outre, aux fédérations sportives la délivrance des titres, grades et dans pour toutes les ceintures. Comme l'ont indiqué M. le rapporteur et Mme le ministre, cette disposition s'avère cependant impraticable, car la délivrance des dans représente déjà une dizaine de milliers de décisions par an.
L'attribution de tous les grades imposerait aux commissions spécialisées des charges qu'elles ne seraient guère en mesure d'assumer. C'est pourquoi il convenait de restreindre cette disposition à la délivrance des titres d'un niveau au moins égal à la ceinture noire.
La proposition de loi donne, par ailleurs, un pouvoir de proposition aux fédérations en matière de composition des commissions spécialisées. Cette procédure aurait un double inconvénient : elle risquerait d'être longue et elle pourrait aboutir à des compositions variables selon les fédérations, portant ainsi préjudice à la nécessaire harmonisation des conditions de délivrance des titres.
Une simple consultation des fédérations est donc préférable.
Enfin, le Sénat a apporté une troisième amélioration à ce texte en limitant la portée de la validation des titres afin de ne pas empêcher l'exercice de tout droit de recours contre eux.
Le texte ainsi amendé sécurise les titres déjà délivrés et donne une base légale à leur délivrance future. Il permettra aux arts martiaux de poursuivre leur essor.
C'est pourquoi les sénateurs du groupe des Républicains et Indépendants voteront, avec l'ensemble de la Haute Assemblée, la proposition de loi telle qu'elle résulte de nos débats.
Permettez-moi enfin de saluer tout spécialement le travail excellent, très approfondi, de notre collègue James Bordas, dont nous avons pu apprécier, encore une fois, la compétence et la rigueur. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, en tant qu'ancien judoka j'ai beaucoup de plaisir à expliquer aujourd'hui le vote de mon groupe.
Le débat qui s'achève atteste la qualité de nos travaux dès lors qu'il s'agit d'aller dans un sens conforme aux intérêts du sport et, en l'occurrence, de l'ensemble des disciplines relevant des arts martiaux.
Les amendements proposés par la commission ont permis de lever quelques ambiguïtés dans un texte attendu par de nombreux licenciés. La création des commissions spécialisées permettra d'associer l'ensemble des pratiquants, dans le souci d'améliorer des règles techniques, mais aussi déontologiques qui sont fondamentales dans ces disciplines.
Permettez-moi, à mon tour, de remercier M. Bordas du travail qu'il a accompli, avant d'indiquer que mon groupe votera sans réserve le texte de la proposition de loi tel qu'il a été amendé.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de la proposition de loi.

(La proposition de loi est adoptée.)
M. le président. Mes chers collègues, dans l'attente de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche, il y a lieu d'interrompre nos travaux quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-sept heures, est reprise à dix-sept heures dix.)

M. le président. La séance est reprise.

6

LOI D'ORIENTATION AGRICOLE

Adoption d'un projet de loi en nouvelle lecture

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion, en nouvelle lecture, du projet de loi d'orientation agricole (n° 311, 1998-1999), adopté avec modifications par l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture.
Rapport n° 334, (1998-1999).
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, voté en première lecture par l'Assemblée nationale en octobre 1998, le projet de loi d'orientation agricole avait été substantiellement modifié par le Sénat au mois de février dernier.
A l'issue de son adoption par la Haute Assemblée, et compte tenu de la déclaration d'urgence du Gouvernement sur ce texte, procédure que votre rapporteur consisère comme particulièrement mal venue s'agissant d'un débat de cette importance, une commission mixte paritaire s'est réunie le 4 mars 1999.
L'Assemblée nationale et le Sénat ont constaté leur désaccord dès l'examen de l'article 1er bis du projet de loi. Lors de la nouvelle lecture de ce texte, les 7 et 8 avril dernier, l'Assemblée nationale a souhaité, sur plusieurs articles, en revenir à son texte de première lecture : il s'agit des dispositions relatives aux contrats territoriaux d'exploitation, au contrôle des structures et à l'enseignement agricole. Sur d'autres points importants, comme la représentation des organisations agricoles dans diverses instances ou les indications géographiques protégées, l'Assemblée nationale a élaboré un nouveau dispositif.
Alors que le Sénat avait adopté conformes trente-deux articles en première lecture, l'Assemblée nationale, lors de sa nouvelle lecture, a adopté conformes cinquante articles. Restent ainsi en discussion un peu moins de la moitié des articles du projet de loi, qui en compte désormais quelque cent cinquante.
Je vous proposerai, mes chers collègues, de revenir à la rédaction adoptée par le Sénat en première lecture pour environ la moitié des articles qui restent en discussion, l'autre moitié pouvant être adoptée sans modification. Les dispositions que je vous suggérerai d'amender sont, en effet, fondamentales pour répondre aux exigences économiques de notre agriculture.
J'évoquerai les dispositions principales.
Il s'agit des dispositions relatives au CTE, le contrat territorial d'exploitation. Selon moi, la rédaction adoptée par le Sénat n'était en aucune façon dogmatique et procédait uniquement à une clarification de cet instrument.
Il s'agit des modalités de cumul et de plafonnement des aides. Compte tenu du fait que, actuellement, toute aide nationale est plafonnée, je ne comprends pas la logique qui conduit à vouloir opposer en permanence petits et gros agriculteurs, productions animales et végétales : une telle démarche est par trop réductrice et ne prend pas en compte la réalité de notre agriculture.
Il s'agit du contrôle des structures. J'estime que cet outil doit être au service des agriculteurs, et non devenir un droit byzantin aboutissant à une mécanique infernale que déjà bien peu de spécialistes sont en mesure de comprendre. M. le ministre considère que le renforcement draconien de cet instrument doit permettre de développer l'installation des jeunes : les prochains mois nous apporteront la réponse. Point n'est besoin d'être devin, il suffit d'être praticien pour mesurer l'inefficacité d'un système dénué de mesures d'encouragement.
Il s'agit des mesures fiscales, qui n'existent pas et sans lesquelles on ne peut pas véritablement parler de loi d'orientation agricole.
Il s'agit également de la plupart des mesures proposées en première lecture par la commission des affaires sociales lorsqu'elles n'ont pas été retenues par l'Assemblée nationale. Je pense notamment à la déduction des cotisations sociales pour les jeunes agriculteurs.
Il s'agit encore du remplacement du commissaire du gouvernement par un conseil de surveillance auprès de la mutualité sociale agricole, la MSA, et du maintien du dispositif adopté par la Haute Assemblée en matière de biovigilance, qui est une garantie de qualité, en particulier pour les consommateurs, lesquels sont toujours plus exigeants.
Il s'agit, enfin, de la volonté de parvenir à un réel équilibre entre l'enseignement agricole public et privé, dans le respect de la loi de 1984.
Les dernières négociations sur la politique agricole commune et l'évolution récente des relations entre l'Europe et les Etats-Unis sur les principaux dossiers agricoles ont montré de nouveau toute l'importance que nous devons accorder à notre agriculture, qui ne doit pas être sacrifiée sur l'autel des prochaines négociations internationales. Il faut que, une fois pour toutes, l'Europe n'ait pas de complexe à défendre ses intérêts.
Le projet de loi d'orientation agricole se doit, dans un tel contexte, d'offrir aux agriculteurs français les moyens de faire face à ce nouveau défi.
Telle est l'ambition des amendements que je vais vous présenter et qui reprennent sur certains points importants le texte qui a été adopté précédemment par le Sénat.
En conclusion, permettez-moi, monsieur le ministre, de regretter de nouveau que la majorité de la commission des affaires économiques et le Sénat n'aient pas su vous convaincre que notre objectif principal était très proche du vôtre. Nous regrettons aussi que les moyens que nous vous proposions n'aient pas été retenus.
Nous sommes d'accord avec vous pour reconnaître la pluriactivité de l'agriculteur et sa nécessaire adaptation au rôle qui doit être le sien s'agissant de l'occupation du territoire, de son aménagement et d'une plus grande valorisation de la production, en particulier par un meilleur partage de la valeur ajoutée.
Nous sommes d'accord pour que l'agriculture française devienne compétitive dans les grands secteurs de production, animale et végétale, et puisse ainsi s'attaquer à armes égales aux grands marchés mondiaux.
Nous sommes tous d'accord pour garantir la sécurité alimentaire de tous les Européens en produits de grande qualité et pour souhaiter que les normes exigées par Bruxelles ou Paris soient appliquées avec la même rigueur aux produits alimentaires importés qu'aux produits internes à la Communauté.
Nous sommes tous d'accord pour encourager les jeunes à s'installer sur des entreprises agricoles viables.
Mais que nous propose-t-on dans ce projet de loi adopté par l'Assemblée nationale ?
On nous propose des contraintes administratives accrues au travers des CDOA dont on ne sait plus si les représentants des organisations agricoles y siégeront à parité ; il semble en effet que ce ne soit plus le cas dans la nouvelle composition.
On nous propose une politique des structures plus rigoureuses portant parfois atteinte aux libertés en occultant les droits légitimes de ceux qui libèrent des terres après plus de quarante ans de labeur en limitant, pour eux, le choix de l'attribution de ces terres.
Par ailleurs, le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie rejette toute mesure fiscale qui pourrait résoudre cette quadrature du cercle : installation, cession, retraite.
Notre dernier espoir aujourd'hui, monsieur le ministre, vient de ce que les accords de Berlin, acceptés par le gouvernement français, conduisent celui-ci à corriger sa copie en acceptant bon nombre des sages et efficaces propositions du Sénat. Vouloir une politique en se privant des moyens de la réaliser, c'est leurrer ceux qui espèrent en leur métier et veulent en faire le fer de lance de notre économie en même temps qu'un instrument de meilleure qualité de vie pour tous les citoyens. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants. - M. Pastor applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Emorine.
M. Jean-Paul Emorine. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ce projet de loi d'orientation agricole revient de l'Assemblée nationale, pour examen en nouvelle lecture, amputé des principaux apports faits par le Sénat en première lecture. Ainsi en va-t-il de la navette entre les deux chambres du Parlement lorsqu'elles sont de majorités opposées.
Après l'échec de la commission mixte paritaire, les textes de l'Assemblée nationale et du Sénat demeurent en fait inconciliables sur les mesures essentielles de ce projet de loi.
Au-delà de nos différences politiques, nous cherchons tous, sur ces travées, sans avoir les mêmes analyses ni les mêmes solutions, à construire un bon avenir pour notre agriculture et nos agriculteurs. Pour cette nouvelle lecture, le dialogue démocratique continuera, j'espère, de se tenir dans une atmosphère franche, mais respectueuse et ouverte.
L'Assemblée nationale a adopté l'article 40 bis A que notre groupe avait fait voter, sur proposition de notre collègue Jean-Pierre Raffarin, afin de faciliter l'accès à la certification des produits des petites entreprises, en élargissant la simplification des procédures de contrôle auxquelles elles doivent faire face et en en allégeant le coût.
Je me réjouis également que la proposition de notre collègue Serge Mathieu visant à permettre aux viticulteurs de mieux se protéger contre les aléas climatiques en souscrivant des assurances collectives ait été retenue à l'article 34.
Je regrette cependant que nous n'ayons pas pu nous entendre sur la préretraite-installation et sur l'urgence de l'assurance-récolte. Je maintiens que ce sont là des thèmes majeurs pour notre agriculture sur lesquels il conviendra d'avancer.
De même, les modifications apportées grâce à la détermination et à la conviction de notre collègue Janine Bardou, au nom des élus de la montagne n'ont pas reçu de la part de nos collègues députés l'onction qu'elles auraient méritée.
S'agissant de la qualité, nous regrettons que l'Assemblée nationale n'ait pas suivi le Sénat sur l'article 40 quater concernant les AOC viticoles, article qui avait été clarifié grâce à la proposition de notre collègue Jean-François Humbert.
Certains articles ont cependant pu être adoptés dans les mêmes termes et traduisent, à l'issue des navettes effectuées, des avancées notables en faveur des agriculteurs et des agricultrices de notre pays. Sur le plan social, c'est incontestable, et nous nous en réjouissons tous. Nous devrons cependant continuer à formuler des propositions sur la revalorisation des retraites agricoles.
Sur les autres titres, nos conceptions du rôle et de la place de l'agriculture sont demeurées divergentes. C'est pourquoi le groupe des Républicains et Indépendants s'apprête à adopter les amendements déposés par M. le rapporteur, au nom de la commission des affaires économiques, concernant les mesures phares du projet de loi.
Il en ira ainsi pour le contrat territorial d'exploitation qui doit, pour nous, conserver un axe économique. Nous serons d'ailleurs particulièrement attentifs au devenir du fonds de financement dans le prochain budget.
Le groupe des Républicains et Indépendants adoptera également les amendements relatifs au contrôle des structures, au rétablissement de la préretraite-installation et à la fiscalité des entreprises. Nous comptons bien sur la détermination de la commission des affaires économiques pour formuler dans les prochains mois d'autres propositions dans ce dernier domaine, en concertation avec les organisations professionnelles. Nous espérons que le Gouvernement y fera le meilleur accueil.
Enfin, le groupe des Républicains et Indépendants adoptera les amendements de la commission relatifs à la biovigilance.
Le niveau de formation des jeunes agriculteurs permet de conforter nos entreprises agricoles. Nous redisons notre attachement à garantir les réussites obtenues par la loi de 1984 sur l'enseignement agricole, tout en défendant une égalité de moyens entre les deux secteurs public et privé. Nous déplorons que le Sénat ne puisse être entendu sur ce point.
Les modifications apportées par la Haute Assemblée à ce projet de loi peuvent aider l'agriculture française à relever les grands défis du siècle prochain.
Dans la compétition mondiale à laquelle notre pays doit faire face et à laquelle l'agriculture européenne doit s'adapter, nous ne renonçons ni aux objectifs essentiels d'occupation et de valorisation du territoire ni à nos préoccupations concernant la situation sociale des agriculteurs et des agricultrices. Nous plaidons aussi en faveur de mesures fiscales d'incitation, devenues plus indispensables depuis l'adoption de la réforme de la politique agricole commune par le Conseil européen de Berlin.
En effet, même si elle est heureusement en deçà des projets initiaux, la réforme de la politique agricole commune marque une nouvelle ère pour l'Europe verte : des masses budgétaires moindres, des prix moins garantis, des aides conditionnées, une part potentiellement accrue des financements nationaux. Je suis pour ma part convaincu que l'avenir de nos agricultures passera par une plus grande maîtrise des productions.
Je ne terminerai pas mon propos sans saluer l'excellent travail, la compétence et les qualités d'écoute de M. le rapporteur Michel Souplet.
Mes chers collègues, puissions-nous donner l'espoir aux paysans d'une agriculture remplissant sa fonction primaire : produire et donner l'envie à nos enfants de perpétuer un métier passionnant qui concilie les valeurs de l'ancien temps et les défis de la modernité.
Le groupe des Républicains et Indépendants adoptera, bien entendu, le projet de loi tel qu'il résultera des travaux de la Haute Assemblée. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Ambroise Dupont.
M. Ambroise Dupont. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ainsi que viennent de le souligner tant notre excellent rapporteur, M. Souplet, que M. Emorine, ce projet de loi d'orientation agricole, qui aurait dû faire date dans l'histoire de notre agriculture, nous revient de l'Assemblée nationale avec nos principales dispositions rayées d'un trait de plume... Je le regrette. Nous avions pourtant apporté de sérieuses améliorations et avancées reconnues comme positives par les organisations professionnelles, notamment en ce qui concerne les CTE, le contrôle des structures ou la qualité des produits. Et nous avons ouvert certains dossiers qui nous paraissaient indispensables, comme le statut de l'entreprise agricole, la fiscalité ou la sécurité sanitaire des produits alimentaires.
Je regrette aussi que l'on ait renvoyé à un rapport des problèmes aussi importants que la fiscalité agricole ou la pluriactivité : il est en effet crucial de trouver un équilibre entre la nécessité d'ouvrir de nouveaux espaces à l'agriculture et le respect des équilibres avec le monde artisanal, qui est l'un des acteurs fondamentaux du monde rural. Nous aurions dû, dans ce domaine, avoir des propositions concrètes. Il est dommage de ne pas régler dès maintenant ce problème de distorsions de concurrence entre ces deux secteurs importants de notre économie.
Nous nous sommes tous inquiétés des modalités de mise en place des CTE.
Nous avions déjà évoqué le flou de cette disposition et de son financement en première lecture. Notre assemblée vous avait proposé des améliorations importantes pour le rendre plus précis et plus opérationnel, notamment en lui donnant une certaine cohérence économique et en privilégiant la responsabilité de l'agriculteur pour élaborer son projet d'exploitation. Vous n'en avez pas vraiment tenu compte. Quels effets pervers découvrirons-nous dans l'avenir ?
En effet, si cette conception de l'agriculture que vous nous imposez, une agriculture administrée et centralisée, devait échouer, ce serait désastreux pour ce secteur économique dans lequel notre pays a une place prépondérante en Europe et dans le monde. A l'aube du xxie siècle, les défis sont nombreux : pour le deuxième exportateur de produits agricoles que nous sommes, une bonne adaptation à une mondialisation accrue est particulièrement nécessaire.
Un aspect de ces CTE m'inquiète particulièrement : le financement des mesures ne me paraît pas équitablement réparti entre les volets économique et socio-environnemental de chaque contrat. En effet, il semble, à ce que l'on dit dans le Calvados, que l'aide financière se répartirait à hauteur de 25 000 francs sur toute la durée du contrat pour les mesures économiques et à 22 500 francs par an pour les mesures socio-environnementales. Que se passera-t-il pour ceux qui auront bénéficié d'un contrat ? Cette priorité donnée à l'aspect environnemental ne va pas, à mon sens, concourir au succès du dispositif. Je pense que l'équilibre devrait être respecté entre les différentes orientations du CTE. Comment ces contrats seront-ils choisis et quelles seront les aides aux exploitations qui respectent déjà ces prescriptions au prix d'un effort très personnel mais conséquent ?
Le renforcement du contrôle des structures par l'Assemblée nationale me paraît difficilement conciliable avec les conséquences de la réforme de la PAC. Alors qu'à l'avenir les aides communautaires ne compenseraient que partiellement la baisse des prix, on imagine aisément les conséquences probables de cette réforme : une course à l'agrandissement des exploitations pour préserver leur situation économique. Or, le contrôle des structures renforcé va rendre plus difficile l'augmentation de la surface des entreprises. Et si la taille des exploitations se fige, de nombreux agriculteurs seront en difficulté dans les années à venir. Les orientations que vous nous proposez me semblent donc difficilememt compatibles avec la réforme de la PAC.
Quant aux dispositions que nous avions prises au Sénat sur la transmission des exploitations familiales - prise en compte des liens de parenté entre associés, transmissions d'exploitation par voie successorale exclues du contrôle - vous les avez rejetées. Je souhaite vivement que le Sénat les rétablisse et suive en ce sens les propositions de M. le rapporteur, car la transmission des entreprises dans le cadre familial me paraît très importante et doit, à mes yeux, être facilitée.
J'évoquerai aussi un amendement adopté par les députés soumettant à autorisation préalable toute création ou extension d'atelier porcin hors sol sur caillebotis, quelle que soit sa capacité. Cette disposition bien sévère me paraît aller à l'encontre des principes de ce texte en faveur de la diversification des activités et de l'installation des jeunes.
J'en viens au volet « qualité », sujet qui m'est cher. Le Sénat a fait un très bon travail en première lecture. Il n'a pas souhaité un mélange des genres entre les différents signes de qualité afin que les consommateurs s'y reconnaissent.
A ce titre, je me félicite que l'Assemblée nationale ait renoncé à faire de l'indication géographique protégée, l'IGP, un cinquième signe de qualité, comme l'avait souhaité M. le rapporteur dès la première lecture. Je souhaite en outre que le dispositif voté par le Sénat soit maintenu : il permet à l'INAO de proposer une reconnaissance des produits susceptibles de bénéficier d'une IGP, proposition faite sur la base du cahier des charges du label ou de la certification de conformité dont bénéficie le produit, et après avis de la Commission nationale des labels et des certifications des produits agricoles et alimentaires. Renforcer le rôle de l'INAO sur l'ensemble des certifications d'origine me paraît répondre aux attentes des consommateurs pour lesquels une attestation d'origine est nécessairement la marque d'un produit de qualité.
Je n'insisterai pas plus sur l'importance de la qualité pour nos concitoyens, plus que jamais sensibles, en cette fin de siècle où nous connaissons une alimentation de plus en plus standardisée, aux produits naturels et de terroir. C'est évidemment une garantie importante de débouchés pour nos agriculteurs.
Les mots ont un sens dans ces domaines. Le nom des appellations contrôlées doit être défendu ; les homonymies ou les à-peu-près engendrent la confusion, pas toujours involontairement peut-on craindre ; ces mots ont aussi un sens dans l'information qui est faite à leur propos.
L'ampleur démesurée qui a été donnée récemment par les médias aux problèmes de listeria ne peut que jeter le trouble dans l'esprit du consommateur. Depuis cette affaire, les ventes des autres camemberts au lait cru ont chuté, elles aussi. Il est dangereux de jeter la suspicion sur toute une filière, car vous savez comme moi, monsieur le ministre, que le risque bactériologique zéro n'existe pas. Et les fromageries, notamment en Normandie, obéissent à des règles de contrôle et d'hygiène très strictes : les contaminations, lorsqu'elles se produisent, sont sporadiques et, de toute façon, très faibles.
Je pense qu'il serait nécessaire d'assouplir les règles actuelles et d'admettre que la présence de germes pathogènes est inéluctable ; sinon, nous allons vers une condamnation à plus ou moins court terme des AOC au lait cru. De plus, il serait préférable, dans une situation de crise, que la réaction des pouvoirs publics ne se traduise pas par des mesures radicales à l'égard des entreprises. J'aurai l'occasion de vous proposer à ce sujet un amendement visant à une démarche plus concertée.
J'ajouterai que les AOC sont un concept français très suivi par nos partenaires européens. La défense de la spécificité des terroirs, de la saveur des produits et la culture gastronomique rencontrent de nombreux échos chez nos partenaires, tels l'Italie, le Portugal, l'Espagne, la Grèce ou la Grande-Bretagne.
Notre pays sert ainsi de référence dans ce domaine de la qualité. Il faut le garder à l'esprit et maintenir nos exigences à cet égard. Lors d'une table ronde, à Cambremer, sur les AOC de Normandie, nous avons pu mesurer l'engagement de nos partenaires européens sur cette idée française qui sert si bien l'aménagement du territoire.
Pour conclure, je dirai deux mots de l'article 65, en soulignant le regret que j'ai eu de voir l'Assemblée nationale supprimer la disposition votée par le Sénat et relative à la situation fiscale et sociale des entraîneurs publics de chevaux de course.
J'apprécie tout particulièrement que notre collègue rapporteur ait réintroduit cette mesure dans le rapport sur l'adaptation de la fiscalité agricole et jose vous rappeler, monsieur le ministre, que les entraîneurs attendent véritablement un signe dans leur direction. Ils sont actuellement, vous le savez, dans une situation très difficile.
Notre agriculture doit impérativement s'adapter pour faire face aux défis du siècle prochain ; les propositions de la commission et tout le travail qui a été fait ici l'y préparent. Je souhaite vivement que ces propositions soient retenues afin que nous ayons la grande loi d'orientation que notre agriculture mérite. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la nouvelle réforme de la politique agricole commune, décidée à Berlin le 26 mars dernier, a rendu caduque la politique agricole du Gouvernement et de sa majorité plurielle.
L'alerte lancée par l'ensemble de la majorité sénatoriale lors de l'examen de ce projet de loi en première lecture n'a malheureusement pas trouvé d'écho auprès de vous, monsieur le ministre.
Les décisions prises à Berlin doivent maintenant s'appliquer, et la responsabilité du Gouvernement est grande pour accompagner et provoquer la nécessaire adaptation du monde agricole français.
Alors que, hier, la réforme de 1992 avait stabilisé le revenu, mais accéléré la diminution du nombre des exploitations agricoles, aujourd'hui, les adaptations à la réforme de 1999 seront moins faciles et plus aléatoires, dans un environnement international et communautaire grevé d'incertitudes. Je pense, en particulier, aux discussions futures sur l'Organisation mondiale du commerce.
Il sera beaucoup plus difficile, en effet, de doter notre agriculture, en perpétuelle mutation, des instruments nécessaires pour lui permettre de répondre pleinement aux attentes de notre société.
Les incertitudes, monsieur le ministre, sont liées, tout d'abord, au contexte de la mondialisation, qui résulte d'un accroissement considérable des échanges, de l'internationalisation des investissements, de la multiplication des réseaux de communication et de la rapidité de l'innovation technologique.
Elles tiennent, ensuite, alors que la politique agricole commune a hissé, en près de quatre ans, l'Union européenne au premier rang mondial des marchés alimentaires, aux évolutions qui sont apparues dans les années quatre-vingt.
Pour nos agriculteurs, la mondialisation, caractérisée par la libéralisation et la régionalisation des échanges commerciaux, ne doit pas aller à l'encontre d'une politique d'exportation dynamique, construite sur des bases définitives et solides.
Notre agriculture doit, au contraire, tirer parti de cet environnement international incertain en revalorisant ses atouts, tels que la diversité et la qualité de ses produits, ses compétences techniques, l'avancée de sa recherche, sa position de premier exportateur alimentaire mondial.
Surtout, n'oublions pas que ce sont des hommes et des femmes qui travaillent toute leur vie pour assurer la pérennité et le développement de cette agriculture.
L'agriculture du troisième millénaire sera donc bien la résultante de grands choix stratégiques qui doivent être définis dès maintenant.
A cet égard, la nouvelle réforme de la politique agricole commune aurait dû, notamment, adapter le système des aides, ces dernières devant néanmoins conserver leur nature économique en raison des variations du marché mondial et du dollar, de l'existence d'aides outre-Atlantique à travers le Fair Act américain, ainsi que de niveaux de vie et de coûts de production très différents dans le monde.
Les aides auraient dû prendre en compte les fluctuations des prix du marché, devenant alors variables, du potentiel agronomique local des exploitations, du nombre d'actifs sur l'exploitation et, enfin, des zones sensibles du territoire, et ce sans que cette adaptation aille à l'encontre du dynamisme de nos exploitations et se traduise par une perte de compétitivité de notre outil de production agricole.
Or, l'accord de Berlin, loin de répondre à ces adaptations, esquisse déjà une gestion des aides désobéissant aux règles communes, en risquant d'aboutir très rapidement à de nouvelles distorsions de concurrence entre les producteurs des différents Etats membres.
N'est-il pas paradoxal, monsieur le ministre, qu'au moment où la réalisation de l'euro établit enfin, sur le plan monétaire, la loyauté de la concurrence entre les Etats membres, la concurrence se trouve de nouveau faussée par la fiscalité, les charges différentes et une gestion différenciée des aides ?
Devant cet enjeu, votre réponse, monsieur le ministre, aurait dû être ferme et cohérente. Or, votre loi d'orientation a eu l'effet contraire. En s'engageant dans un système de modulation des aides et en brouillant la frontière entre le financement communautaire et le financement national, votre texte ouvre la porte aux évolutions qu'il aurait dû, au contraire, contrecarrer.
Alors qu'à Berlin, conformément à la volonté du Président de la République et à celle de la majorité sénatoriale, vous vous êtes opposé, monsieur le ministre, aux tendances à la renationalisation de la politique agricole commune, vous vous êtes lancé, à l'échelon national, dans une démarche contraire.
Votre contrat territorial d'exploitation a en effet affaibli votre position, lors de ces négociations européennes vitales. Vous vous êtes affaibli vous-même, dans cette négociation capitale.
En outre, Berlin a fait tomber le couperet de son financement : il n'y aura pas de financement européen pour le contrat territorial d'exploitation français. Ce constat est d'autant plus grave qu'un contrat territorial d'exploitation coûtera, on le sait, entre 30 000 et 40 000 francs par an.
J'ai bien noté que, pour le quatrième trimestre de cette année, vous avez fait voter, monsieur le ministre, 300 millions de francs de crédits dans le projet de loi de finances pour 1999. J'en conclus qu'on pourra signer une dizaine de milliers de contrats. Pour l'ensemble de l'année 1999, entre 400 millions et 500 millions de francs seront nécessaires.
Si l'on continue à ce rythme, l'année prochaine, en ajoutant les contrats de cette année à ceux de la deuxième année, il faudra 2 milliards de francs, puis encore tant ou tant l'année suivante, et ainsi de suite.
Le plus grave, c'est qu'avec ces deux milliards de francs vous ne pouvez conclure que 50 000 contrats territoriaux d'exploitation, sur la base, je le répète, de 40 000 francs par exploitation.
Pis encore, nous constatons que ces contrats seront financés par le principe des vases communicants. Vous prendrez d'un côté pour donner de l'autre et in fine il n'y aura rien de plus pour l'agriculteur. Le Gouvernement a déjà procédé, dans la dernière loi de finances, à des redéploiements de crédits nationaux, c'est-à-dire qu'il a prélevé de l'argent sur certaines politiques pour l'affecter à ces contrats.
A ce titre, le Gouvernement ne nous a toujours pas indiqué clairement les actions qui seront amputées au bénéfice des contrats territoriaux d'exploitation et il n'a pas mesuré toutes les conséquences de cette politique.
Ainsi, si l'on réduit le budget des offices, les agriculteurs savent-ils qu'on affaiblit les capacités de soutien à l'organisation des filières et la compétitivité des entreprises, ou encore les capacités d'intervention en cas de crise ?
De plus, ces mêmes agriculteurs savent-ils qu'en prenant des crédits sur la politique d'installation des jeunes agriculteurs on porte atteinte à celle-ci au moment où elle donne des premiers résultats encourageants ?
En réalité, le Gouvernement compte sur les futurs contrats de plan Etat-région pour financer ces contrats. Non seulement cette ponction s'effectuera au détriment des actions mises en oeuvre par les collectivités territoriales et locales en faveur de nos agriculteurs, mais elle creusera également, ce qui est très grave, l'écart entre les régions régions riches et les régions pauvres, et ce au détriment de notre agriculture. Ce sera donc une agriculture à deux vitesses : riche et prospère, d'un côté, pauvre et délaissée, de l'autre.
Toujours pis, la majorité plurielle, lors de la nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, a mis en cause, conformément d'ailleurs à sa position lors de la réunion de la commission mixte paritaire, l'essentiel des avancées obtenues lors de l'examen de ce projet de loi devant la Haute Assemblée, et sur lesquelles la quasi-unanimité des organisations professionnelles agricoles avaient émis un avis très favorable.
Je pense notamment ici aux dispositifs favorisant la baisse des charges sociales et fiscales des exploitations. La possibilité donnée à l'ancien propriétaire ayant décidé de maintenir son capital au sein de la société de déduire de son revenu imposable les intérêts versés par le jeune agriculteur auquel il a transmis son exploitation, l'instauration, à compter du 1er janvier 2000, d'une aide fiscale destinée à favoriser la performance économique de l'agriculture, l'incitation à la transformation d'exploitations agricoles individuelles en entreprises sous forme sociétaire, qui facilitent leur financement, leur transmission et l'organisation du travail, l'instauration d'une taxe progressive des plus-values réalisées lors de la vente d'exploitations agricoles afin d'encourager leur transmission à des jeunes agriculteurs sont autant de dispositifs devenus impératifs au regard de cette nouvelle réforme de la politique agricole commune.
Votre texte, loin d'être une loi d'orientation, gomme d'un trait tout le dynamisme et l'innovation qui ont toujours caractérisé le modèle agricole.
De plus, je note le plus grand mépris pour le Parlement, monsieur le ministre, car j'apprends que, sans attendre le vote de la loi d'orientation par le Parlement, le conseil supérieur d'orientation agricole doit se saisir le 20 mai, c'est-à-dire dans quarante-huit heures, du projet de texte sur le CTE.
La moindre des courtoisies aurait été de nous permettre de voter la loi avant que le conseil d'orientation agricole ne se saisisse de ce problème, d'autant que nous sommes à la veille des élections européennes et dans la perspective du lancement des négociations sur l'Organisation mondiale du commerce aux Etats-Unis, à la fin de 1999, et des négociations d'élargissement aux pays d'Europe centrale et orientale.
Pour conclure, monsieur le ministre, j'attire de nouveau votre attention sur la nécessité de tenir compte des décisions prises à Berlin sur la réforme de la PAC, qui aligne progressivement le marché intérieur sur le marché mondial par la baisse des prix et le démantèlement programmé des mécanismes de gestion du marché.
Je veux donc, au nom du groupe du Rassemblement pour la République, prendre date avec vous, monsieur le ministre, en espérant qu'il sera toujours temps de proposer au monde agricole une véritable loi d'orientation digne de ce nom. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Leclerc.
M. Dominique Leclerc. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi d'orientation agricole comportait à l'origine un volet social modeste, constitué de douze articles. Le texte qui nous revient aujourd'hui de l'Assemblée nationale en nouvelle lecture comprend dix articles « sociaux ». Il ne s'agit pas tout à fait des mêmes dispositions, car, malgré une navette parlementaire réduite par l'urgence, l'Assemblée nationale et le Sénat ont d'ores et déjà adopté dans les mêmes termes, sur ce volet spécifique, vingt-quatre articles conformes.
En première lecture, je m'étais étonné, au nom de la commission des affaires sociales, de la modestie dont avait fait preuve le Gouvernement. Une loi d'orientation agricole aurait dû comprendre un volet social nourri et utile. Les mutations sociales sont en effet loin d'être les moins importantes des révolutions qu'a connues l'agriculture : l'agriculteur est devenu un entrepreneur ; le régime de sécurité sociale agricole a préservé son autonomie, mais l'agriculteur, on le sait, est fragilisé ; l'emploi agricole a considérablement diminué et changé de nature.
L'enrichissement du texte par la discussion parlementaire est visible aux travers de dispositions certes techniques mais très utiles. Je me contenterai de citer l'extension de l'exonération de charges sociales pour les associations d'aide à domicile intervenant en milieu rural ou des articles permettant aux caisses de mutualité sociale agricole de mieux fonctionner.
Nous avons su contourner l'absence d'inscription à l'ordre du jour parlementaire d'un projet de loi portant diverses mesures d'ordre social, absence imputable au Gouvernement, et qui pénalise depuis trois ans les autres régimes de sécurité sociale.
En ce qui concerne le développement de l'emploi salarié en agriculture, le désaccord entre l'Assemblée nationale et le Sénat est désormais beaucoup moins marqué. Ainsi, l'Assemblée nationale a retenu, en nouvelle lecture, la proposition du Sénat d'étendre la portée du titre emploi simplifié agricole, le TESA.
Les autres mesures relatives à l'emploi salarié - je pense notamment aux mesures visant à encadrer les déplacements des salariés agricoles des groupements d'employeurs ou à créer des observatoires de l'emploi salarié en agriculture - restent empreintes d'une logique quelque peu bureaucratique, susceptible de devenir un frein à l'emploi.
Mais l'Assemblée nationale a pris en compte les critiques formulées par le Sénat pour adopter une nouvelle rédaction de ces articles.
Cependant, deux désaccords de fond demeurent.
Le premier désaccord, monsieur le ministre, est lié à la conception même d'une loi d'orientation agricole. Cette loi n'est pas seulement, n'aurait pas dû être seulement, une loi portant diverses mesures d'ordre social dans le domaine agricole. Une loi d'orientation se doit d'approuver de grands principes.
En ce qui concerne les retraites agricoles, le Sénat souhaitait qu'un objectif soit clairement fixé. Je ne sous-estime ni ne mésestime les efforts réalisés pour revaloriser les retraites agricoles par tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 1994. Mais répéter le procédé utilisé en 1997 et en 1998, consistant à proposer une revalorisation via un amendement de dernière minute au projet de loi de finances, ne m'apparaîtrait pas souhaitable : d'abord, ce procédé n'est pas respectueux du Parlement ; ensuite, il ne m'apparaît pas du tout digne du respect que nous devons aux retraités de l'agriculture. S'il existe un plan pluriannel de revalorisation s'étendant sur la législature, pourquoi ne pas le faire approuver solennellement par le Parlement ?
J'avais proposé, au nom de la commission des affaires sociales, un amendement en ce sens : « La nation se fixe comme objectif de porter, d'ici à quatre ans, les pensions de retraite versées par le régime agricole à un montant au moins égal au minimum vieillesse, sous réserve d'une carrière complète en agriculture. » Cet amendement était réaliste. Certains membres de la Haute Assemblée ont pu même me reprocher son caractère timide. Il m'apparaissait en tout cas important que la représentation nationale adopte clairement cet objectif pluriannuel, plutôt que de l'approuver, de manière implicite mais fragmentaire, à l'occasion de chaque loi de finances.
En opposant à cet amendement l'article 40, je crois, monsieur le ministre, que le Gouvernement n'a pas contribué à la transparence et à la clarté de l'action publique. Je le regrette profondément ; cette loi d'orientation agricole était le support législatif adéquat.
Le second désaccord de fond concerne le fonctionnement des caisses de mutualité sociale agricole. J'ai l'impression, sur ce sujet, que beaucoup, à l'image bien connue des généraux de l'armée française, sont « en retard d'une guerre ». Certes, l'inertie administrative plaidait, à la suite des dérapages constatés en 1997 par la Cour des comptes, pour la mise en place d'un commissaire du Gouvernement auprès de l'assemblée générale et du conseil d'administration de la caisse centrale de mutualité sociale agricole. Je crois cependant avoir consacré du temps, en première lecture, pour vous expliquer que ce système ne m'apparaissait ni juridiquement ni techniquement nécessaire. Un grand nombre de procédures ont été définies pour éviter que se reproduisent les égarements du passé. Une convention d'objectifs et de gestion a été signée entre l'Etat et la MSA. Un commissaire du Gouvernement auprès de la caisse centrale est, ainsi, au mieux inutile.
En première lecture, je vous avais mis en garde contre les effets psychologiques désastreux de cette mesure. Les responsables actuels du deuxième régime de protection sociale de France ont, en effet, engagé un effort de redressement qui méritait mieux, pour tout remerciement, qu'une disposition bureaucratique. Nous avons ainsi appris, le 24 mars dernier, la mise en examen de la présidente de la caisse centrale, Mme Jeannette Gros, en tant que présidente de la caisse de mutualité sociale agricole du Doubs. C'est un fait objectif : la contestation du régime de protection sociale agricole joue habilement des mêmes arguments que ceux qui sont utilisés pour imposer un commissaire du Gouvernement.
Le Sénat avait eu une position tout à fait équilibrée, en supprimant la présence d'un commissaire du Gouvernement, mais en instituant un conseil de surveillance, à la suite d'une initiative de notre collègue Xavier Darcos. Ces conseils de surveillance fonctionnent, en effet, dans les branches du régime général, et contribuent à une plus grande transparence de ces organismes, qu'il s'agisse de la Caisse nationale d'assurance maladie, de la Caisse nationale d'assurance vieillesse, de la Caisse nationale des allocations familiales ou de l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale.
Deux visions de l'Etat sont en cause : d'un côté, un Etat qui contrôle, via les commissaires du Gouvernement, les régimes de sécurité sociale ; de l'autre, un Etat qui, par le biais des conventions d'objectifs et de gestion, essaie de bâtir une tutelle non pas tatillonne, mais « stratégique ».
Je regrette que le système, pourtant mesuré, adopté par le Sénat en première lecture n'ait pas été retenu par l'Assemblée nationale.
Pour conclure, je ferai remarquer que la discussion par le Parlement, sur une période de neuf mois, d'un texte - par ailleurs frappé d'urgence ! - a pour avantage, ou pour inconvénient, l'apparition de nouvelles problématiques. Ainsi, le projet de loi portant création de la couverture maladie universelle, tel qu'il est actuellement défini, risque de fragiliser l'existence même du régime de protection sociale agricole.
A défaut de vous convaincre sur nos points de désaccord, j'aimerais connaître votre sentiment, monsieur le ministre, sur cette dernière question. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE)
M. le président. La parole est à M. Vecten.
M. Albert Vecten. Monsieur le ministre, le 28 avril dernier, vous célébriez, au palais de l'Unesco, le cent cinquantième anniversaire de l'enseignement agricole, par référence au décret du 3 octobre 1848 sur l'enseignement professionnel agricole. Je partage avec vous la fierté que nous inspire cette commémoration.
A cette occasion, je vous ai écouté très attentivement et avec beaucoup d'intérêt ébaucher les grandes lignes d'un projet pour l'enseignement agricole de demain. C'est avec plaisir que je vous ai entendu affirmer que « ce projet... repose nécessairement sur le socle législatif de 1984 », dont vous souhaitiez que « les équilibres qui en découlent soient maintenus ». Sur ce point, je ne pouvais que rejoindre votre appréciation, et je me suis pris à rêver à ce que pourrait être la célébration du centenaire des lois des 9 juillet et 31 décembre 1984...
Ces lois de 1984, adoptées de manière consensuelle, ont doté l'enseignement agricole de structures qui en ont permis la modernisation et ont largement contribué au succès qui est désormais le sien. La pérennité de ce dispositif législatif en a souligné l'excellence.
L'un des principaux acquis de ce « socle », dont vous faisiez l'éloge voilà quelques jours encore, est la parité entre l'enseignement public et l'enseignement privé sous contrat.
L'adoption d'une nouvelle loi d'orientation agricole, dont les dispositions concernant l'enseignement agricole sont au demeurant modestes, ne doit pas être l'occasion de revenir sur cet équilibre essentiel qui a permis le développement harmonieux de ses différentes composantes. Permettez-moi de m'attarder quelques instants sur cette question, qui constitue l'un des points de divergence subsistant entre les deux assemblées à propos du titre V du projet de loi.
Lors de l'examen en nouvelle lecture par l'Assemblée nationale de l'article 59 du projet de loi, il a été, je crois, fait une mauvaise interprétation de la volonté du Sénat. Je rappelle que cet article a pour seul objet de tirer les conséquences pour l'enseignement technique privé des modifications apportées par le projet de loi aux articles précisant les missions de l'enseignement public.
En étendant le champ des formations dispensées dans l'enseignement agricole privé sous contrat jusqu'au premier cycle de l'enseignement supérieur inclus, nous n'avions pas l'intention de remettre en cause l'esprit des lois de 1984, bien au contraire : nous en avons modifié la lettre pour en conserver l'inspiration.
La loi du 31 décembre 1984 a assigné aux établissements d'enseignement agricole privés contractant avec l'Etat les mêmes missions que celles qui sont reconnues par la loi du 9 juillet 1984 aux établissements publics.
La rédaction des articles concernant les premiers a donc été étroitement calquée sur ceux qui régissent les seconds.
La rédaction que proposait l'article 52 du projet de loi initial pour l'article L. 811-2 du code rural relatif aux établissements publics précisait que l'enseignement public usuellement qualifié de « technique » s'étendait « de la classe de quatrième du collège au premier cycle de l'enseignement supérieur inclus ».
Je n'ai donc fait que tirer les conséquences de cette nouvelle définition du champ de l'enseignement technique pour les établissements privés sous contrat. Je rappelle, en effet, que l'article L. 813-2 du code rural, que l'article 59 vise à modifier, concerne exclusivement l'enseignement technique. En effet, les établissements privés sous contrat dispensant des formations supérieures, à savoir les écoles d'ingénieurs, sont régis par un dispositif spécifique défini à l'article L. 813-10 du code rural.
Au demeurant, le Gouvernement l'avait bien compris à l'Assemblée nationale, lors de la première lecture, le 12 octobre 1998. Se prononçant sur une proposition identique à la nôtre, M. le ministre indiquait qu'il s'agissait d'« aligner strictement les formations dispensées par l'enseignement technique agricole privé sur celles de l'enseignement agricole public », et il se disait prêt à examiner cette question.
Vous conviendrez avec moi que nous sommes très loin d'une quelconque volonté de ranimer la guerre scolaire ! Vous le savez bien, monsieur le ministre, et je me permets de penser que vos arguments reposent sur une interprétation erronée des lois de 1984. Ma proposition se contentait de tirer les conséquences, dans le respect des équilibres définis en 1984, de l'évolution des formations dispensées dans l'enseignement agricole, évolution qui en atteste le succès.
Au risque de lasser, je répéterai en effet que le champ des formations de l'enseignement privé sous contrat a été défini par la loi du 31 décembre 1984 au regard du champ des formations dispensées dans l'enseignement public. Il me semble nécessaire que l'égalité voulue alors soit, au fil des ans, préservée.
A l'exception de ce point très important, les autres dispositions du projet de loi ne posent guère de problèmes.
Un bon nombre des améliorations apportées au texte du Gouvernement, adoptées par le Sénat sur proposition de la commission des affaires culturelles, ont été retenues par l'Assemblée nationale. Je m'en réjouis. Pour les dispositions où des divergences très minimes, je tiens à le souligner, demeurent, le rapporteur de la commission des affaires économiques, notre excellent collègue M. Michel Souplet, vous présentera des amendements visant à reprendre la rédaction du Sénat.
J'espère donc, monsieur le ministre, que la nouvelle explication que je viens de donner en précisant l'objet d'un amendement accepté, je le répète, à l'unanimité par la commission des affaires culturelles du Sénat sur l'article 59 du projet de loi, vous aura convaincu. Alors, je vous demanderai de l'accepter et de le défendre ensuite à l'Assemblée nationale. Je vous fais donc confiance et, par avance, je vous en remercie. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Monsieur le ministre, si je ne craignais un rappel au règlement et à l'article 41 de la Constitution, je voudrais, avant d'intervenir sur le projet de loi d'orientation agricole, vous poser deux questions.
Qu'en est-il de la crise porcine et de ses perspectives ? Beaucoup de gens attendent des réponses et sont inquiets. Qu'en est-il de la position de la France au sein de l'OMC, s'agissant de cette histoire que nous appelons familièrement le « boeuf aux hormones » ?
Si vous pouviez me répondre, cela m'éviterait de vous poser des questions d'actualité et nous gagnerions une semaine sur les réponses. (Sourires.)
Cela étant dit, monsieur le ministre, revenant sur le débat qui nous intéresse, je voudrais d'abord vous remercier du climat qui a présidé à nos débats en première lecture. Vous n'y étiez pas étranger, mais nous non plus, bien sûr !
Je voudrais également me féliciter de la manière dont nous avons pu débattre. Nous avons tous pu, à cette occasion, exprimer, chacun selon nos convictions, comment nous concevions l'avenir de l'agriculture française, compétitive dans l'Europe, respectueuse de l'environnement et apportant une contribution essentielle à l'aménagement des territoires, aujourd'hui et demain.
Le texte que nous avons discuté pendant plusieurs dizaines d'heures était bon, au sens où nous l'entendons, par rapport aux objectifs que je viens d'évoquer. Il a été examiné par le Sénat, je n'y reviens pas. La commission mixte paritaire a eu lieu, je n'y reviens pas non plus. Je regrette personnellement le résultat qui a été acquis puisque, finalement, quand on y regarde de plus près, entre gens de bonne volonté, on s'aperçoit que peu de choses séparaient les positions divergentes.
Tout le monde vise les mêmes objectifs, et nos divergences de conceptions sur l'agriculture portent sur des nuances.
En fait, nous divergeons surtout sur les moyens pour atteindre nos objectifs. Les uns mettent davantage l'accent sur l'entreprise, l'efficacité économique et la production. Les autres placent en priorité les missions nouvelles que l'on veut confier à l'agriculture, sans que la préoccupation concurrentielle soit toujours dominante.
Pourtant, la commission mixte paritaire a échoué.
Nous examinons donc aujourd'hui un texte qui nous revient de l'Assemblée nationale. Celle-ci a adopté conformes une grande partie des articles votés par le Sénat. Il n'empêche que le texte souffre encore des carences que j'évoquais au début de notre discussion en première lecture quant à ce que nous croyons être nécessaire pour l'agriculture. Il ne tient en effet pas assez compte des orientations économiques, de l'esprit d'entreprise et de la fiscalité, qu'il faut adapter.
Ce texte va exister malgré ces carences. Puisqu'il ne correspond pas totalement aux besoins que nous aurons demain, il nous faudra reprendre ce travail.
Je veux maintenant insister sur un autre point et attirer votre attention, monsieur le ministre, sur le fait que, lors de la discussion des articles, nous avons, les uns et les autres, argumenté sur la nécessité urgente de mettre à plat les conditions de vie et de travail dans le milieu rural, et donc les règles fiscales, économiques et sociales. Il serait, à cette fin, important que nous disposions du rapport que vous avez évoqué, et que préconise l'article 65, avant l'automne.
Un ministre a des pouvoirs ! Faites-en usage, et que les conclusions de ce rapport soient rendues dès le mois de septembre ! Vous savez en effet comme moi que, quand les « bleus » du ministère de l'économie et des finances sont tombés, on ne peut plus changer grand-chose. Si nous ne disposons pas des conclusions de ce rapport assez tôt, nous aurons donc perdu un an.
Monsieur le ministre, il faudra également reprendre ce texte parce que, depuis la discussion en première lecture au Sénat, un élément nouveau fondamental s'est produit : l'accord de Berlin.
Même si ce n'est ni le lieu ni le moment de le faire, je souhaite vous féliciter, monsieur le ministre, vous et l'ensemble des négociateurs français. En effet, sans méconnaître la très forte sensibilité politique du Président de la République par rapport à l'agriculture, je tiens à souligner que vous avez joué votre rôle. Grâce à vous, la France a été bien défendue.
Sans aller jusqu'à dire à cette tribune que la France a gagné, je crois que, dans cette négociation de Berlin, le principal vainqueur, si vainqueur il y a, c'est la Commission, qui a fait triompher ses orientations. Mais, grâce à vous, la France n'a pas perdu autant qu'on pouvait le craindre.
Cet accord de Berlin, il est ce qu'il est, et nous voyons désormais se dessiner le profil de l'agriculture française avec cette période programmée et ces disparités qu'il faudra corriger.
Le texte que nous allons voter aujourd'hui sera-t-il mieux adapté pour corriger ces disparités ?
De quels instruments allez-vous disposer ?
L'instrument principal, ce sera le CTE. Vous l'aviez dit, et cela se dessine comme prévu.
Si votre marge de manoeuvre est faible, elle existe. Comment allez-vous vous servir de ce nouvel instrument ?
Pour l'année en cours, pour 1999, les coûts sont connus : ils sont de l'ordre de 400 millions à 500 millions de francs.
Je voudrais maintenant, monsieur le ministre, poser une question que notre ami M. César a évoquée tout à l'heure.
Malgré les réticences qui se sont exprimées sur ce CTE, je souhaiterais que vous n'en fassiez pas, demain, un instrument d'intervention au rabais.
M. Gérard César. Eh oui !
M. Marcel Deneux. Il vous faudra avoir des ambitions fortes quant au nombre de CTE. Avec 100 CTE par département, cela fera 10 000 par an, soit 30 000 en trois ans, soit des financements de l'ordre de 1 milliard, voire 2 milliards ou 3 milliards de francs Or, je le dis comme je le pense, ce n'est pas avec 30 000 CTE que l'on pourra orienter l'agriculture française. Compte tenu du nombre des secteurs, des régions et des types d'exploitations qu'il faut orienter à partir de CTE ciblés et bien adaptés, 30 000, c'est insuffisant.
Soyez ambitieux, monsieur le ministre ; cela ne pourra qu'augmenter les financements !
Je voudrais maintenant rappeler qu'il y a un an mon ami M. Emorine et moi-même, sous la présidence de M. François, avons commis un rapport sur l'évolution de la politique agricole commune. Nous avions à cette occasion souligné que nous étions opposés au plafonnement des aides mais que, sous certaines conditions, nous pouvions accepter une modulation.
En fait, nous sommes aujourd'hui au pied du mur. Il va bien falloir mettre en oeuvre cette modulation ! Mais selon quels critères ? C'est à vous qu'il revient de choisir.
J'évoquerai trois hypothèses. Vous devrez choisir entre elles, voire opérer des combinaisons.
Vous pourrez moduler en fonction du montant des aides, en plaçant la barre au-delà de 500 000 ou au-delà de 300 000. Il s'agit là d'une sorte de plafonnement. Or, comme nous vous l'avons dit, nous n'y tenons pas.
Vous pourrez moduler en fonction du revenu. Mais attention à l'« usine à gaz » ! Lorsqu'on touche aux revenus en France, il se pose des problèmes d'égalité républicaine, d'égalité devant l'impôt, et la marge de manoeuvre est étroite.
Enfin, vous pourrez moduler en fonction du nombre d'emplois dans les entreprises. C'est le débat que nous avions eu lorsque vous nous aviez dit que, aujourd'hui, 80 % des aides sont attribuées à 20 % des exploitations. Cependant, si l'on met en parallèle le nombre des personnes concernées, les choses sont un peu différentes.
Au fond, c'est en se fondant sur ces trois hypothèses que je souhaite que soit mise en place la modulation, puisqu'il y en aura une.
Mais, pour mixer ces trois types d'hypothèses, j'aimerais que vous vous souveniez qu'il s'agit non pas d'aides à la personne, mais d'aides au développement économique, donc à des entreprises, et, par ailleurs, que justice ne signifie pas toujours égalité.
Il faut que vous soyez conscient aussi que, malgré vos bonnes intentions, vous pouvez créer, à partir de cette modulation, des distorsions de concurrence. Or, dans l'Europe qui se construit, l'agriculture française ne peut accepter des limites déraisonnables.
Si vous vouliez bien nous dire, monsieur le ministre, la manière dont vous envisagez la modulation, si vous vouliez bien éclairer un peu les débats naissants que nous allons être obligés d'avoir sur ce sujet, nous verrions peut-être se dessiner avec plus de précision le profil de l'agriculture des années à venir. Si vous le faisiez dès aujourd'hui, nous serions bien dans le débat, puisque c'est d'une loi d'orientation que nous discutons. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants et du RPR, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la commission mixte paritaire ayant échoué - ce que nous avons tous regretté, en tout cas beaucoup d'entre nous - nous sommes conduits à réexaminer ce projet de loi d'orientation agricole.
Lors de la nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, les députés sont revenus pour partie au texte qu'ils avaient adopté en première lecture en intégrant, il est vrai, des correctifs souhaités par le Sénat à la suite de votre travail, monsieur le rapporteur.
Je m'en félicite, puisque certains de ces amendements et de ces correctifs avaient été impulsés par notre commission, mais également par notre groupe. Quelques-uns me tenaient particulièrement à coeur : c'est le cas, notamment, des dispositions prévues par l'article 65 ou de la question des groupements d'employeurs en milieu rural.
Il est vrai qu'il s'agissait là d'un dispositif que chacun appelait de ses voeux, d'un texte indispensable pour l'avenir de notre agriculture et de notre ruralité. Il est impératif, en effet, de donner aux agriculteurs les moyens de concilier toutes les missions dont ils sont peu à peu investis au regard de la société.
Cette loi d'orientation est, par définition, l'un des textes majeurs de la législature. Elle a donné à chacun l'occasion de défendre sa vision de l'agriculture. Il était donc logique que les passions se déchaînent quelque peu, comme nous avons pu le constater dans cette assemblée. C'est, me semble-t-il, le jeu normal de la démocratie, témoin de bonnes choses, mais aussi, parfois, de moins bonnes choses.
Il fut donc question, à un moment donné, d'un contre-projet, car le projet proposé par le Gouvernement était réputé vide de sens, de moyens et d'avenir.
Voilà quelques mois, donc, un de nos collègues a jugé bon de prendre à témoin tous les maires de France et de leur dire : « Vous allez voir, nous avons un contre-projet, car le projet présenté par le Gouvernement ne correspond à rien du tout.
Je dois avouer qu'il s'agissait là d'une forme de provocation. Mais, quelques mois plus tard, alors que personne dans le monde rural n'a fait jusqu'à présent la moindre allusion à ce courrier, je crois que l'on peut enfin en parler dans cet hémicycle.
Tout d'abord, s'agissant de la provocation, je constate que celle-ci n'a fait aucune vague sur notre territoire dans la profession agricole.
Par ailleurs, je veux souligner, pour avoir vécu avec vous, mes chers collègues, l'ensemble du débat et toute sa préparation en commission, que je n'ai jamais entendu parler d'un contre-projet.
Des améliorations, des amendements ont été proposés, et nous y avons les unes et les autres pris notre part à juste titre, mais il n'y pas eu de contre-projets fondamentaux. Il me semblait donc que je pouvais faire ce rappel gentiment et de façon aimable, comme c'est la tradition dans notre assemblée.
Qui du père ou de la mère de ce qui aurait pu être un contre-projet de loi d'orientation était avant stérile ? Je n'en sais rien ! Je n'irai pas en tout cas jusque à chercher plus pour tenter d'analyser la situation.
Mon seul regret, c'est que l'auteur de ce courrier ne nous ait pas fait profiter les uns et les autres de ses connaissances dans ce domaine. En effet, je dois constater que nous ne l'avons jamais vu dans l'hémicycle au cours de ce débat. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
Mais le bon côté des choses, c'est que le Sénat, dans sa grande sagesse, a choisi, lors de la première lecture, de se rallier aux grandes orientations proposées par le Gouvernement. Certes, des divergences sont apparus et c'est assez compréhensible !
Certaines demeurent, concernant, par exemple, les notions d'entreprise agricole, et d'exploitation agricole. Il semble, sur ce terrain, qu'il ne puisse y avoir de consensus puisque ce sont bien deux visions politiques de l'agriculture qui s'opposent. L'une vise la rentabilité, l'agrandissement des structures et la production renforcée. L'autre privilégie une agriculture raisonnée mise en oeuvre par des hommes et pour des hommes, sur des territoires préservés dans des structures à taille humaine, et répond mieux, monsieur le ministre, à votre choix de maintenir un maximum d'agriculteurs sur notre territoire.
Tout en reconnaissant le véritable travail accompli au sein de notre assemblée, au sein de notre commission, l'ensemble des sénateurs socialistes ont été amenés, à la fin de la première lecture de ce texte de loi, à s'abstenir au moment du vote.
Vous le savez aussi bien que moi, l'abstention est un acte politique significatif. Par l'abstention, nous reconnaissions que ce texte a été bonifié lors de son passage dans notre assemblée, même si, sur certains points, nous n'étions pas d'accord et si nous avons voulu, politiquement, marquer le pas par rapport à cette approche, afin que l'on puisse en retrouver le prolongement à l'occasion de la deuxième lecture à l'Assemblée nationale et au Sénat.
Des points sont restés en l'état : notre collègue M. Vecten, tout à l'heure, a notamment évoqué tous ceux qui concernent l'enseignement agricole.
A un moment donné, il est vrai que nous avons craint de revenir sur des équilibres acquis, voilà une dizaine d'années, dans le domaine de l'enseignement agricole. Mais ces craintes ont été dissipées : je sais maintenant que vous intervenez avec la rondeur et la sagesse qui conviennent, et je suis persuadé que vos propos avaient pour objet non pas de recréer un trouble alors que des équilibres ont été trouvés, mais au contraire de faire avancer les choses.
Pour ma part, je veux aussi vous remercier, monsieur le ministre, d'avoir abordé des points qui suscitaient de fortes interrogations. Je fais allusion aux critères de qualité.
Dans mon propos liminaire, lors de la première lecture de ce texte, j'avais également manifesté une certaine inquiétude quant à l'indication géographique protégée et à certains autres éléments.
Mon groupe, avec, d'ailleurs, l'ensemble de nos collègues dans cette assemblée, craignait de diminuer la lisibilité pour le consommateur. Je me félicite que vous ayez accepté une certaine évolution de ce texte de façon à éviter les superpositions de critères.
Comme je l'ai dit précédemment, il est logique, voire souhaitable, que le débat s'instaure sur de tels enjeux. On parvient à des accords, on échoue sur certains points quand la divergence de vues est trop grande, mais l'axe fort de cette loi d'orientation étant constitué par les contrats territoriaux d'exploitation, c'était sur cet axe qu'il convenait de converger.
La volonté de la profession de voir aboutir ces contrats était trop forte et, dans nombre de départements, élus, administratifs, socioprofessionnels et responsables syndicaux se sont mis à l'oeuvre. Il y a eu beaucoup de réunions de travail. Les échanges se sont intensifiés. Aujourd'hui, la vision du CTE est clarifiée, mieux cadrée autour des deux volets qui doivent le composer : le volet économique et le volet socio-environnemental.
Faire des producteurs agricoles des partenaires de la société, ouvrir la voie d'une agriculture aussi soucieuse de cohésion sociale que de développement économique, telles sont, s'agissant des CTE, les ambitions qui ressortent, en tout cas, de la première lecture faite par le Parlement.
Les producteurs ont également, avec les CTE, le moyen d'imprimer la marque de la multifonctionnalité et de mieux la cadrer. Mais, considérant le défi qu'ils représentaient, des inquiétudes s'étaient levées - plus particulièrement dans cette assemblée, et à juste titre certainement - quant aux moyens d'en assurer le financement, qui devait se faire en partenariat avec l'Union européenne. Depuis les accords de Berlin, une grande partie des interrogations sont caduques - je dis bien une grande partie ; tout n'est pas bouclé, bien entendu - puisque le Gouvernement a obtenu le cofinancement. Aussi le pari relatif aux CTE ne peut-il que réussir.
Au départ, ce projet de loi me paraissait figé dans des éléments bien cadrés. Au fil du débat, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, et des rencontres en commission, j'ai le sentiment que ce texte initial a énormément évolué : d'un schéma figé, nous avons fait un schéma dynamique, un projet de loi évolutif, capable d'être adapté, précisément parce que rien n'est fermé.
A la suite de la nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, nous savons qu'une série d'amendements permettront l'adaptation ultérieure de ce texte législatif - auquel nous avons participé - sur un certain nombre de situations pour lesquelles nous ne pouvons pas, en quelques jours et dans une assemblée fermée, verrouiller l'ensemble des dispositifs. Cela me paraît très important.
Nous avons longuement débattu de l'article 65. Sur les grandes lignes de cet article, un consensus s'est instauré, même si, en termes rédactionnels, nous proposerons les uns ou les autres des formulations différentes.
Cet article 65 nous projette dans l'avenir. Au-delà des CTE, il s'agit d'un autre élément fort d'une loi d'orientation. Une loi rigide au départ peut ainsi évoluer pour être bien perçue sur le terrain et dans le monde agricole.
L'évolution sur la fiscalité, sur la transmission des droits à produire, sur la relation avec les grandes et moyennes surfaces, sont autant de préoccupations qui doivent effectivement trouver un prolongement dans ce projet de loi par un travail supplémentaire.
En fait, ce projet de loi affine un certain nombre d'indicateurs, ce qui est un des points importants quand on veut fixer une loi d'orientation. Il annonce des rendez-vous futurs entre le Gouvernement et le Parlement. Il est important de pouvoirs, à un moment donné, interroger de nouveau le Gouvernement sur des pistes. Ce projet est crédible parce qu'il est réaliste.
La voie que nous avons tracée est la bonne, me semble-t-il. Nous l'avons tracée ensemble dans ses grandes lignes, même si des divergences subsistent encore. La démarche contractuelle est importante. Toute expression d'une volonté préfigure un chemin. Il fallait avoir la volonté de proposer un nouveau projet de loi d'orientation agricole. Il fallait surtout avoir la volonté de prendre le risque d'être innovant.
A l'occasion de cette nouvelle lecture, même si ce débat sera beaucoup plus court que le précédent, nous trouverons ensemble, j'en suis sûr, les chemins de sa réussite. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, après l'échec de la commission mixte paritaire, regretté par les acteurs et les représentants du monde agricole, mais somme toute assez logique compte tenu des différences d'appréciation qui nous caractérisent les uns et les autres, le projet de loi d'orientation agricole revient en nouvelle lecture devant la Haute Assemblée.
Cette discussion nous permet néanmoins de mesurer la distance qui sépare les objectifs inscrits dans ce texte de loi et les conclusions des accords de Berlin approuvées par les Quinze le 26 mars dernier.
Au cours de la première lecture, j'avais eu l'occasion de répéter qu'une loi française, aussi innovante et progressiste soit-elle, était certes nécessaire, mais insuffisante pour contrecarrer les effets de la réforme de la politique agricole communes telle que l'envisageait la Commission de Bruxelles.
Il est vrai que l'accord obtenu à Berlin marque des avancées sur le paquet Santer, grâce en particulier à la pression exercée par le gouvernement français.
Pour autant, la tendance, même infléchie, reste la même ; c'est celle de l'alignement des prix d'intervention sur les cours mondiaux ; c'est celle de l'abandon progressif de la préférence communautaire. Le dernier épisode de ce qu'il est convenu d'appeler la « guerre de la banane » en est une illustration criante.
Comme M. Deneux, je suis impatient de savoir comment va se terminer le conflit du boeuf aux hormones américain.
La tendance reste encore celle du productivisme et de la mondialisation ; c'est, enfin, la tendance à la disparition de milliers de petites exploitations et à une compression des revenus agricoles pour le plus grand nombre.
On pourra toujours épiloguer, les uns et les autres, sur l'influence française à Berlin, sur le « moins pire » des accords possibles, sur le verre à moitié plein ou le verre à moitié vide.
Toujours est-il que le contenu de ce verre a le goût amer de la rigueur budgétaire - il est en effet prévu un financement constant malgré l'élargissement de l'Union européenne aux pays de l'Est - , et ce verre a également le parfum âcre du libéralisme, puisque cet accord s'inscrit ouvertement dans les sillons tracés par l'OMC.
C´est dire si les craintes exprimées par le monde agricole sont légitimes et si les inquiétudes dont notre groupe faisait part voilà quelques mois sont plus que jamais valables.
A l'évidence, monsieur le ministre, si la réforme de la PAC ne rend pas caduques les dispositions de votre projet de loi, loin s'en faut, toujours est-il qu'elle va sérieusement en compliquer la mise en oeuvre et l'efficacité sur le terrain.
C'est pourquoi les espoirs que nous mettons dans ce texte - comme la majorité des exploitants agricoles - ont redoublé après le 26 mars. Nous demandons au Gouvernement d'en accélérer l'application. Il est souhaitable que les décrets, notamment ceux qui concernent le CTE, sortent dès cet été pour que les agriculteurs puissent s'engager au plus vite dans le choix de la multifonctionnalité.
Il y a urgence, car les conséquences de la PAC se feront rapidement sentir et seront, si nous n'y prenons pas garde, aggravées par les négociations de l'OMC, qui doivent débuter, me semble-t-il, en novembre prochain.
Je ne veux pas être catastrophiste à l'excès, mais tout indique, en effet, que la baisse des prix garantis - moins 20 % sur la viande bovine, moins 15 % sur les céréales - contribuera à détériorer le type d'agriculture que nous souhaiterions promouvoir à travers ce projet de loi.
Il est clair que nos exportations ne connaîtront pas nécessairement et mécaniquement la croissance escomptée, dans la mesure où l'essentiel de nos échanges sont orientés vers la Communauté européenne et où l'écart entre prix européens et américains reste tel, malgré cette baisse, que l'accès aux marchés extérieurs sera limité.
J'oserai dire que la réforme de la PAC sera contre-productive, puisqu'elle incitera nos agriculteurs, pour s'assurer un revenu stable, à privilégier la quantité produite au détriment de la qualité, à préférer la production de matières premières aux dépens de produits élaborés à forte valeur ajoutée, marché sur lequel nous aurions tout intérêt, nous, Européens, à être davantage présents.
En résumé, les agriculteurs verront les prix garantis décroître sans pour autant que la quantité exportée progresse suffisamment. Pis, ils risquent d'être détournés de préoccupations qu'ils partagent par ailleurs s'agissant de la qualité de l'environnement ou de l'aménagement équilibré du territoire.
Monsieur le ministre, vous me répondrez certainement que la baisse des prix aura globalement un effet limité sur les recettes. Globalement, je veux bien en convenir avec vous, mais vous n'êtes pas sans savoir que, précisément, le nivellement des prix vers le bas ne favorise que les gros producteurs, qui vont continuer de prospérer, mais constitue une menace de disparition pour les petites et moyennes exploitations.
J'ai pu lire que vos calculs supposent des gains de productivité de l'ordre de 2 % à 3 % par an dans le secteur des grandes cultures ou des élevages intensifs. Mais faut-il l'espérer dès lors que vous et nous souhaitons défendre un modèle agricole débarrassé des schémas productivistes ?
Si l'idée d'un cofinancement national des aides communautaires défendue par les Allemands a été finalement évacuée par la grande porte - et il faut s'en réjouir - ne risque-t-elle pas de revenir par la fenêtre, les agriculteurs qui verront leur baisse de revenus partiellement compensée par le Fonds européen s'adresse, par la force des choses, à l'Etat pour soutenir leur activité ?
En revanche, les idées de dégressivité et de plafonnement des aides publiques, malgré l'opiniâtreté du Gouvernement français en direction de nos partenaires européens, ont été écartées pour le plus grand bénéfice, hélas ! de la famille Dassault.
Vous avez vous-même, monsieur le ministre, déclaré devant l'Assemblée nationale que quatorze gouvernements seraient d'accord sur le principe de dégressivité et/ou de plafonnement des soutiens.
C'est une raison supplémentaire, mes chers collègues, pour les mettre en oeuvre au plus vite dans notre pays pour montrer l'exemple à suivre à nos partenaires européens et pour convaincre les derniers sceptiques de se rallier à la nécessité de réorienter les aides.
Sur ce point, monsieur le ministre, êtes-vous en mesure de nous assurer que le fonds de financement du CTE sera abondé par des fonds communautaires dans des proportions suffisantes ? De quelle marge de manoeuvre disposerez-vous, dans le cadre national, pour procéder à la modulation et au plafonnement des aides sur la base de critères économiques, mais aussi sociaux, environnementaux et territoriaux, en vertu de l'article 4 de ce projet de loi ?
A l'évidence, je le répète, la pleine mesure de cette loi d'orientation sera quelque peu altérée par l'accord adopté à Berlin.
C'est pourquoi notre groupe sera vigilant quant à l'application qui en sera faite dans nos départements, d'autant plus que le monde agricole y poursuit à grands pas sa restructuration. La chute durable des cours du porc accélère le phénomène de concentration, notamment dans l'ouest de la France. C'est fort regrettable, dans la mesure où ce ne sont pas les responsables de la surproduction qui disparaissent : ce sont les jeunes producteurs et les élevages de taille modeste !
Il faut, mes chers collègues, que l'esprit de la loi telle qu'elle a été approuvée par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture soit conservé.
Or j'observe que les amendements proposés par la commission des affaires économiques et du Plan reflètent l'obstination dans ses orientations de la première lecture : refus du pluralisme syndical, marginalisation du contrat territorial d'exploitation, exonérations fiscales sans considérations sociales et environnementales, discriminations à l'égard des jeunes non issus du milieu rural, remise en cause du contrôle des structures, réduction du contrôle sur la MSA, priorité donnée à l'enseignement privé agricole, etc.
A l'issue de nos travaux, ce nouveau texte remanié par le Sénat, réorienté vers une logique que nous ne partageons pas, ne pourra, en conséquence, recueillir les suffrages de notre groupe. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je souhaite répondre succinctement, mais le plus complètement possible, aux différentes interventions.
Dans un premier temps, je me contenterai de revenir sur un certain nombre de remarques d'ordre général ou de questions d'actualité, selon l'expression de M. Deneux, me réservant de répondre plus précisément, au cours de la discussion des articles, à certaines des questions qui m'ont été posées.
Tout d'abord, je remercie M. le rapporteur de l'excellent travail qu'il a une nouvelle fois accompli, me réjouissant qu'il soit parmi nous en si bonne santé.
Je vais maintenant, en préalable, évoquer les événements qui se sont déroulés depuis la première lecture de ce projet de loi au Sénat.
En effet, depuis cette première lecture, sont intervenus l'échec de la commission mixte paritaire et les accords de Berlin.
En ce qui concerne la commission mixte paritaire, il me semble nécessaire de dédramatiser un échec qui, au fond, n'est que le fruit de débats démocratiques naturels. Il eût mieux valu, certes, que la commisison mixte paritaire aboutisse, mais son échec nous donne l'occasion de nous retrouver agréablement quelques heures supplémentaires pour continuer à débattre de l'agriculture. Je fais d'un mal un bien en me disant que c'est l'occasion de continuer à améliorer le texte, ce que nous n'allons pas manquer de faire.
Les débats ne sont pas inutiles. Ils ne l'ont pas été en première lecture ; ils ne le seront pas non plus en nouvelle lecture. Comme l'a dit M. le rapporteur tout à l'heure, cinquante articles ont déjà été adoptés conformes par les deux assemblées, ce qui montre que le débat permet de progresser.
Certes, le dernier mot reviendra à l'Assemblée nationale, mais ce n'est pas moi qui l'ai voulu, monsieur César, c'est la Constitution de 1958, sur l'initiative du général de Gaulle et de Michel Debré. Ce n'est pas vous, je pense, qui allez revenir sur cette disposition,...
M. Gérard César. Ni vous, monsieur le ministre !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. ... ni moi non plus d'ailleurs ! En tout cas, nous n'avons qu'à respecter scrupuleusement cette volonté constitutionnelle.
Au demeurant, je tiens à dire que les délais ne seront pas rallongés pour autant. En effet, si la commission mixte paritaire avait été couronnée de succès, les textes d'application n'auraient pas été applicables du jour au lendemain. Il faut du temps pour les préparer.
Ayant, lorsque j'étais parlementaire comme vous, pesté tant de fois devant ces textes votés par le Parlement et rendus inapplicables par la lenteur de la parution des textes d'application,...
M. Hilaire Flandre. Par l'inertie !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. ... qui mettait parfois des années - l'administration et les ministères avaient alors un pouvoir de blocage par rapport à la volonté de la représentation nationale, ce qui est démocratiquement inacceptable -...
MM. Gérard Braun et Hilaire Flandre. Très bien !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. ... j'ai déclenché une sorte de branle-bas de combat au sein du ministère de l'agriculture et de la pêche pour que les textes d'application paraissent aussi vite que possible. J'ai ainsi pris l'engagement que ces textes seraient tous publiés pour l'essentiel au cours de l'été, de façon que le CTE soit applicable à l'automne.
C'est pourquoi, monsieur César, vous êtes mal fondé à me dire qu'aller vite, c'est mépriser le Parlement : c'est aller lentement qui serait mépriser le Parlement ! Vous ne pouvez pas me reprocher de lancer, parallèlement à la discussion devant les assemblées, la préparation des textes d'application !
M. Gérard César. Et le Conseil supérieur d'orientation ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Oui, monsieur César, j'ai saisi pour avis le CSO, mais il travaille sur les projets que je lui ai soumis depuis plusieurs mois. Il en est à sa deuxième, troisième ou quatrième version du texte relatif au CTE. Il est bon, en effet, d'associer les organisations professionnelles à la rédaction des textes d'application. Le texte que vous adopterez aujourd'hui ou demain et qui ne manquera pas d'être adopté par l'Assemblée nationale la semaine prochaine pourra être très vite prêt grâce à ce travail parallèle auquel je veille et qui, loin de manifester d'un quelconque mépris à l'égard du Parlement, témoigne au contraire d'une volonté de respecter aussi scrupuleusement et rapidement que possible sa volonté.
Le deuxième événement intervenu depuis la première lecture, c'est évidemment l'accord de Berlin. Est-ce un bon ou un mauvais accord ? Est-il bon, comme le disait M. Deneux, ou plutôt - si je me permets d'interpréter votre expression, monsieur le sénateur - moins grave que si cela avait été pire ? (Sourires.)
M. Gérard César. Moins pire !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Est-il mauvais, comme le disait M. César, « pire qu'en 1992 », selon son expression ?
Je me permettrais de me référer à l'appréciation du Président de la République, selon qui il s'agit d'un bon accord. Faut-il le croire ? En tout cas, il est difficile au ministre de la République que je suis d'aller contre l'avis du Président de la République !
M. Gérard César. C'est un compromis !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. En effet, disons que c'est un compromis. Et, comme un compromis, il a le mérite d'exister. Du moins, nous devrions nous rejoindre sur ce point, monsieur César : il valait mieux un compromis en avril plutôt que laisser se dérouler une négociation qui aurait duré des mois et des mois, ce qui, d'une part, aurait aggravé l'incertitude des agriculteurs, notamment des jeunes qui hésitent à s'installer, et qui, d'autre part - c'est une remarque qui a été faite par plusieurs d'entre vous - nous aurait fait arriver en ordre dispersé dans d'autres négociations, notamment celles de l'OMC ou celles de l'élargissement, alors qu'un certain nombre de pays candidats demandent, à juste titre, des précisions.
Pour ma part, je le dis ici en toute honnêteté, cet accord me laisse trois regrets.
Le premier concerne cette sorte de religion de la baisse des prix qui anime toujours la Commission et que je ne considère pas comme le B.A.-BA du raisonnement agricole en Europe.
Tout d'abord, cette conception coûte cher. Monsieur Le Cam, c'est quand on baisse les prix, puis que l'on compense, que cela coûte cher au budget ! (Marques d'approbation sur les travées du RPR.) Moins on baisse les prix, moins il y a de compensations à mettre en oeuvre. Par conséquent, la stabilisation budgétaire est souvent une bonne nouvelle pour les agriculteurs. Ainsi, l'accord de Berlin accepté par le Président de la République coûtera 5 milliards d'euros de moins que celui que j'avais refusé à Bruxelles, et il n'en est pas moins meilleur. Par conséquent, paradoxalement, la dépense peut être de mauvais aloi pour les agriculteurs.
Quand 80 %, 85 %, voire 90 % de nos échanges, suivant les productions, sont intracommunautaires, on conçoit bien que le prix mondial a peu d'influence sur nos échanges. Par ailleurs, quand les prix mondiaux - je pense à la viande bovine et aux prix argentins - sont à 70 % inférieurs aux prix européens, ce n'est pas une baisse de 20 %, voire de 30 % qui nous amènera à un niveau équivalent. Tout juste s'en approchera-t-on un peu !
Mon deuxième regret concerne les oléo-protéagineux. En effet, je ne comprends pas l'obstination de la Commission en la matière.
Si je comprends son obéissance sacro-sainte aux accords de Blair House en termes de parts de marché pour se présenter prétendument dans une position plus confortable aux négociations de l'OMC, je n'accepte pas l'idée selon laquelle il faudrait « s'automutiler », réduire la production par la baisse des primes aux oléoprotéagineux alors que l'Europe connaît un déficit de production et que nous devrons importer encore plus.
En revanche, faciliter des transferts de production sur les céréales alors que nous avons déjà des excédents, c'est, je pense, un mauvais calcul global.
Ce regret sur les oléo-protéagineux m'a amené, dans les derniers jours de la négociation, à exprimer la volonté d'imposer à la Commission une clause de rendez-vous dans deux ans. C'est un chapitre qui n'a pas été modifié par l'accord. Aussi, j'ai bien l'intention de faire valoir cette clause, qui est très directive, pour que la Commission revoie sa copie, si, comme cela est probable, une baisse de production devait intervenir en Europe.
Certaines mesures peuvent être prises au niveau national. J'en ai annoncé devant la fédération des oléo-protéagineux la semaine dernière à Dijon pour essayer de rectifier le tir, notamment sur le reste environnemental.
Quoi qu'il en soit le sujet reste préoccupant.
Mon troisième regret a trait au développement rural.
L'Europe, à mon sens, aurait dû aller plus loin que la création du deuxième pilier de la PAC, qui est une bonne nouvelle en soi. Elle aurait dû aller plus loin, notamment en termes de réorientation des aides. C'est en effet un message qui est absent dans l'accord de Berlin. Or les agriculteurs européens attendaient qu'on mette en place un système permettant un transfert progressif, partiel et limité des aides directes vers les aides au développement rural, qui manquent à l'appel. L'absence de ce message obscurcit d'une certaine manière l'accord de Berlin.
J'en profite pour préciser à M. Le Cam que, si nous avons souhaité stabiliser les dépenses à 5 milliards d'euros, cela n'intègre pas les dépenses d'élargissement. Dans le cas contraire, on pourrait en effet s'inquiéter de cette stabilisation budgétaire !
Quelles conclusions peut-on tirer de l'accord de Berlin dans l'optique du projet de loi d'orientation agricole, puisque nous sommes là pour en discuter, et notamment par rapport au financement du CTE ?
Malgré tout, cet accord de Berlin nous offre la possibilité de financer le CTE grâce à la modulation des aides.
Je vais m'efforcer d'éclaircir le sujet.
L'article 4 de l'accord nous permet de prélever un maximum de 20 % des aides européennes pour financer les actions de développement rural dans des conditions relativement contraignantes, qui limitent notamment les risques de distorsion de concurrence.
S'agit-il d'un cofinancement, c'est-à-dire de l'éventualité de voir revenir par la fenêtre une technique que nous avons refusé de laisser entrer par la porte ? Je le répète ici solennellement : non ! Le Président de la République, le Premier ministre et moi-même avons refusé avec véhémence le cofinancement des aides directes. Nous avons gagné cette bataille. Nous considérons qu'accepter le cofinancement des aides directes reviendrait à mettre le doigt dans l'engrenage d'un démantèlement à terme de la PAC, en créant des distorsions de concurrence.
Si, en revanche, nous avons accepté le cofinancement du CTE et du développement rural, c'est parce que ce n'est pas une nouveauté : vous l'avez, nous l'avons accepté depuis des années ; le développement rural est déjà cofinancé dans notre pays par toutes les mesures concrètes qui sont en vigueur.
Quand nous menons dans nos campagnes avec les chambres d'agriculture des opérations du type Irri-Mieux ou Ferti-Mieux, elles sont cofinancées par l'Europe, l'Etat et les collectivités locales. Quand nous organisons des gîtes ruraux dans les fermes qui veulent se diversifier, ces gîtes sont cofinancés par l'Europe, par l'Etat et par les collectivités locales.
Comment la modulation sera-t-elle mise en oeuvre ?
A ce propos, je tiens à dire que, si les collectivités locales veulent participer, elles pourront le faire, mais que, si elles ne le veulent pas, elles n'y seront pas forcées. Il n'y aura donc pas de transfert de charges, monsieur César, je vous rassure.
Profitant du temps qui nous était donné par l'échec de la commission mixte paritaire, j'ai pu, au cours de la deuxième partie du mois d'avril et au début du mois de mai, organiser dans les vingt-deux régions de France vingt-deux réunions régionales avec les fonctionnaires des directions départementales et régionales de l'agriculture et de la forêt, avec les responsables des organisations professionnelles agricoles, avec de nombreux élus, conseillers régionaux et parlementaires, pour parler de la mise en place des CTE et pour engager la préparation des contrats de plan Etat-région. Nous leur avons dit que, s'ils souhaitaient s'intéresser à la mise en oeuvre des CTE, nous n'y verrions que des avantages. Il me semble que ces réunions, qui ont rencontré un réel succès - et non pas seulement un succès d'estime - en termes de participation et de qualité des échanges, ont permis d'augurer assez positivement de l'implication des collectivités locales dans les CTE. Mais nous verrons bien !
Quels critères adopter ? Vous avez cité, monsieur Deneux, les trois critères évoqués par l'article 4 de l'accord de Berlin, et notamment le montant total des aides.
Après tout, on pourrait décider qu'une exploitation sera concernée à partir d'un certain montant d'aides, par exemple 500 000 francs. Mais l'application de ce seul critère ne suffirait pas : sur deux exploitations percevant chacune 500 000 francs d'aides, l'une peut ne produire que des céréales alors que l'autre aura en outre quelques hectares de pieds de vigne classés ; ce sont là des situations économiques complètement différentes !
Dès lors, il faut peut-être prendre en compte, comme le prévoit l'accord, la marge brute standard.
Peut-on s'arrêter là ? Non, car, comme vous le disiez très justement, monsieur Deneux, sur deux exploitations recevant un million de francs d'aides chacune, on comptera dans l'une une seule unité de travail alors que l'autre emploiera dix salariés ; ce sont encore deux exploitations aux caractéristiques différentes Il convient donc de prendre également en compte le critère de l'emploi.
Nous pouvons utiliser un, deux ou trois des critères définis par l'accord de Berlin. Mais lesquels ? Nous allons en discuter avec les organisations professionnelles, parce que je ne veux pas prendre une décision d'une manière trop administrative ou trop contraignante.
La principale conclusion que je tire de tout cela, c'est que mettre en oeuvre, la même année, la nouvelle PAC avec les modifications enregistrées à Berlin, la nouvelle loi d'orientation agricole, le CTE et la modulation des aides, cela fait beaucoup pour les agriculteurs de France : c'est un gros virage à effectuer !
J'ai donc souhaité, pour répondre aux organisations professionnelles qui réclamaient une conférence nationale, que se mette rapidement en place une concertation très étroite sur les conséquences de l'accord de Berlin.
J'ai proposé un calendrier pour cinq groupes de travail chargés d'étudier ces conséquences concernant les grandes cultures, les problèmes fiscaux et sociaux, les problèmes de développement rural, dont nous parlions à l'instant, et quelques autres grands sujets.
J'ai demandé que cette concertation intéresse non seulement les organisations professionnelles et le ministère de l'agriculture, mais aussi d'autres ministères également concernés, et que ce travail prenne fin en septembre, afin qu'il soit éventuellement possible d'en tirer des conclusions concrètes dans la loi de finances pour 2000.
Sur les modalités de mise en oeuvre de la modulation, j'ai besoin d'écouter les organisations professionnelles, même si j'ai ma petite idée sur le sujet, et je souhaite que, dans la définition des critères à retenir, le souci d'équité soit toujours présent.
Il va de soi que certaines notions méritent d'être peaufinées. Je pense en particulier à celle de marge brute standard, qui est singulièrement complexe puisqu'elle implique une soixantaine de critères. J'aimerais pouvoir les utiliser tous, mais je ne peux pas le faire du jour au lendemain sans courir le risque de compliquer encore, et sans doute inutilement, la vie des agriculteurs.
Tous ces points doivent donc être discutés avec les organisations professionnelles.
M. Le Cam a indiqué, concernant la modulation, que quatorze pays s'étaient prononcés soit pour la dégressivité, soit pour le plafonnement. C'est bien pourquoi je souhaite que cette idée de modulation des aides dépasse les frontières de la France, et je saisis toutes les occasions qui me sont offertes pour la diffuser. Hier encore, à Bruxelles, je l'ai fait lors du conseil des ministres de l'agriculture. Je le ferai de nouveau la semaine prochaine à Dresde, où se réunira pendant deux jours un conseil informel proposé par le ministre allemand, et qui aura pour unique thème le développement rural.
Je souhaite convaincre le plus grand nombre possible de nos partenaires de nous rejoindre sur la modulation. Le Portugal y est déjà décidé ; l'Autriche et l'Italie y réfléchissent. Même le Royaume-Uni, surprise des surprises, qui était résolument hostile à l'idée de plafonnement, commence à infléchir sa position : le ministre britannique de l'agriculture me disait hier qu'une grande majorité d'agriculteurs lui demandaient maintenant de mettre en place le plafonnement et la modulation, et que lui-même se mettait donc à y réfléchir.
Je crois qu'il faut impulser ce mouvement pour que, effectivement, le plus grand nombre possible de pays européens donnent ce signal politique.
Oui, nous voulons répartir les aides publiques dans un souci de plus grande justice et de plus grande équité, mais aussi dans un souci de plus grande efficacité puisque cette redistribution des aides limitée à 20 % nous permettra de financer le CTE, c'est-à-dire le développement rural, et de conforter les petites exploitations qui ont du mal à vivre.
Afin de ne pas prolonger excessivement cette intervention, je répondrai précisément dans le cours de la discussion des articles à un certain nombre des questions qui ont été posées, notamment sur l'enseignement agricole et sur la MSA.
Je veux croire que, sur plusieurs de ces dossiers, nous parviendrons à rapprocher encore nos points de vue.
Avant de conclure, je souhaite seulement évoquer trois questions d'actualité qui m'ont été posées : la listériose, le boeuf aux hormones et le porc.
S'agissant de la listériose, monsieur Ambroise Dupont, je vous livrerai le fond de ma pensée. Nous avons l'impérieux devoir à la fois d'informer le consommateur et de le protéger d'un point de vue sanitaire contre des risques qui sont réels. Pour cela, il suffit de poursuivre, éventuellement en en améliorant la mise en oeuvre, l'action qui est d'ores et déjà menée. En effet, appuyés par les pouvoirs publics, les professionnels se sont engagés voilà des années dans une lutte visant à améliorer la qualité de leurs produits, à garantir la transparence, si bien que les risques liés à la listeria sont maintenant en chute libre dans notre pays.
Il faut donc poursuivre en ce sens, même si nous avons encore un effort à accomplir, notamment en termes d'information des personnes à risque.
Des listeriae , nous en mangeons tous, et tous les jours : en consommant du lait cru, du poisson fumé, de la charcuterie, j'en passe et des meilleures, de bien meilleures même ! (Sourires.) Mais il y a des individus particulièrement exposés au risque : les femmes enceintes, les immunodéprimés, les personnes très âgées. Or, bien souvent, les intéressés l'ignorent, et 70 % des médecins qui les soignent ne savent même pas qu'il s'agit de personnes à risque. Un travail reste donc à faire pour améliorer la connaissance des consommateurs.
Dun autre côté, il faut aussi se prémunir contre le risque de psychose. Comme vous, monsieur Dupont, j'ai été frappé par un certain nombre d'événements récents, qui montrent que, parfois, on prend des marteaux-piqueurs pour écraser des mouches. Ainsi, il faut un communiqué du ministère de l'agriculture, du secrétariat d'Etat à la santé, du ministère en charge de la consommation pour indiquer que tel lot de fromages a été retiré de la vente. Bien entendu, les autres fromages ne posaient aucun problème ! Il n'empêche que la diffusion d'un tel communiqué peut provoquer des chutes considérables dans les ventes !
Permettez-moi de vous relater une anecdote. Voilà quelque minutes, on me demandait de publier un communiqué pour indiquer qu'une chauve-souris exposée dans une animalerie de Bordeaux - pardonnez-moi, monsieur César, mais c'est la réalité des faits ! (Sourires) - était morte de la rage. Et il faudrait un communiqué du ministère de l'agriculture pour le signaler à l'ensemble de la population française ?
Il y a tout de même là quelque chose d'un peu excessif. Il n'est pas concevable de faire passer par le ministère de l'agriculture l'ensemble des informations sur l'ensemble des cas révélant des problèmes de santé animale.
Par ailleurs, il est aussi nécessaire de veiller à défendre notre modèle culturel de consommation et d'alimentation. On voit bien ce qu'il y a derrière cette pression qu'exercent, notamment, les Américains : ils jettent l'opprobre sur un certain nombre de nos produits afin d'imposer les leurs. Or il serait très intéressant que les Américains rendent publiques les statistiques de morts par listériose aux Etats-Unis l'année dernière : 900, d'après mes informations. Evidemment, ils s'en gardent bien !
MM. Deneux et Le Cam ont, eux, soulevé le problème du boeuf aux hormones.
Là encore, nous avons subi la pression des Américains, qui veulent livrer leur boeuf aux hormones, sans prendre de précautions, sur l'ensemble du marché européen. Mais nous avons également subi la pression des organisations de consommateurs des Etats-Unis, qui nous demandent de résister pour les aider à combattre ces lobbies puissants qui voudraient déverser sur l'Europe des produits semblables à ceux qu'ils ont déjà déversés sur le marché américain.
Sur ce sujet, que nous avons évoqué hier au Conseil des ministres de l'agriculture, l'Union européenne est à la fois très soudée et déterminée pour résister, avec la Commission, à cette pression.
La Commission avait commandé dix-sept études scientifiques. Le seul problème, c'est qu'elle a un peu tardé à les commander, si bien que nous n'avons pu disposer des résultats globaux avant le 13 mai, date à laquelle nous devions remettre notre « copie » à l'OMC.
M. Gérard César. Pourquoi dix-sept ? C'est beaucoup trop !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Cela tient sans doute au nombre d'hormones concernées.
Quoi qu'il en soit, selon les résultats provisoires de ces études, il existe de véritables risques à consommer du boeuf aux hormones. Ainsi, certaines de ces hormones peuvent être cancérigènes, des études faisant apparaître des proliférations de tumeurs chez des animaux sur lesquels l'utilisation de ces hormones a été testée.
Nous avons présenté ces résultats provisoires aux Américains dans le cadre de l'OMC. Nous devons maintenant leur faire admettre que, s'il y a un risque, il n'y a pas d'arrangement possible.
L'Union a donc décidé unanimement de mandater la Commission pour demander le maintien de l'embargo sur le boeuf aux hormones. Le problème devra être réglé dans le cadre de l'OMC.
Hier, à Bruxelles, nous avons aussi parlé du porc. A ce sujet, je tiens à faire une mise au point, car certains articles de presse ne reflètent pas du tout ce qui s'est passé au Conseil des ministres de l'agriculture.
Hier, c'est une majorité de pays - huit sur quinze -, et non pas une minorité qui a demandé des mesures de maîtrise de la production, souhaitant que la Commission formule de nouvelles propositions pour qu'elles soient soumises au comité de gestion porcine qui doit se réunir demain, mercredi 19 mai 1999. La proposition émanant de ces huit pays a donc été présentée par le président du Conseil de l'agriculture, le ministre allemand, qui a donné mandat à la Commission pour faire de nouvelles propositions au comité de gestion.
Ma surprise a été grande d'entendre la Commission indiquer, lors d'une conférence de presse, que cela n'avait été demandé que par une minorité de pays et que, dès lors, il n'y avait rien d'autre à faire que d'attendre.
J'ai émis, ce matin, une protestation auprès de la présidence de la Commission, exigeant une rectification de ce communiqué.
Le combat doit être poursuivi car, comme l'a dit M. Le Cam, la crise perdure. Des éléments nouveaux sont intervenus, je l'ai dit hier au Conseil de l'agriculture, qui viennent renforcer nos craintes : les services de la statistique de la Commission européenne, Eurostat, nous ont informé que la production porcine européenne continuait à s'accroître. Elle s'est accrue au premier trimestre de 1999, elle croît encore actuellement, et il faudra sans doute attendre la fin de l'année pour la voir décroître ou même seulement stagner.
Cela signifie que la crise que nous vivons va encore durer des mois, peut-être même encore un an, si nous n'intervenons pas par des mesures supplémentaires.
Bien sûr, nous essayons d'activer les choses.
J'ai noté, comme vous, les mesures prises par les professionnels, telles que l'abattage de porcelets. Je ne pouvais qu'encourager une telle initiative, qui témoigne d'une bonne volonté, et peut-être aussi d'une bonne communication à l'égard de l'opinion. Mais chacun sait, et les professionnels au premier chef, que ce n'est pas avec ce type de mesures très limitées que l'on pourra maîtriser la production, surtout si on ne les met en oeuvre qu'à l'échelon national : il n'y aura de bonne maîtrise de la production qu'à l'échelon européen.
Nous continuons donc à mener cette bataille. Je l'ai menée hier et elle sera menée, demain, au comité de gestion porcine, avec le rappel de cette protestation de la France après les conclusions hasardeuses de la Commission européenne. Je compte bien m'efforcer d'obtenir les mesures de maîtrise qui sont indispensables pour sortir de cette crise.
Mesdames, messieurs les sénateurs, j'ai sans doute été beaucoup trop long, et encore n'ai-je abordé que certaines questions d'ordre général. Sur les points plus précis que vous avez abordés, je m'attacherai à répondre aussi scrupuleusement que possible dans la phase de la discussion qui va maintenant s'ouvrir. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle qu'aux termes de l'article 42, alinéa 10, du règlement, à partir de la deuxième lecture au Sénat des projets de loi, la discussion des articles est limitée à ceux pour lesquels les deux chambres du Parlement n'ont pas encore adopté un texte identique.

Article 1er



M. le président.
« Art. 1er. _ I. _ La politique agricole prend en compte les fonctions économique, environnementale et sociale de l'agriculture et participe à l'aménagement du territoire, en vue d'un développement durable. Elle a pour objectifs, en liaison avec la politique agricole commune et la préférence communautaire :
« - l'installation en agriculture, notamment des jeunes, la pérennité des exploitations agricoles, leur transmission, et le développement de l'emploi dans l'agriculture, dont le caractère familial doit être préservé, dans l'ensemble des régions françaises en fonction de leurs spécificités ;
« - l'amélioration des conditions de production, du revenu et du niveau de vie des agriculteurs ainsi que le renforcement de la protection sociale des agriculteurs tendant à la parité avec le régime général ;
« - la revalorisation progressive et la garantie de retraites minimum aux agriculteurs en fonction de la durée de leur activité ;
« - la production de biens agricoles, alimentaires et non alimentaires de qualité et diversifiés, répondant aux besoins des marchés nationaux, communautaires et internationaux, satisfaisant aux conditions de sécurité sanitaire ainsi qu'aux besoins des industries et des activités agro-alimentaires et aux exigences des consommateurs et contribuant à la sécurité alimentaire mondiale ;
« - le développement de l'aide alimentaire et la lutte contre la faim dans le monde, dans le respect des agricultures et des économies des pays en développement ;
« - le renforcement de la capacité exportatrice agricole et agro-alimentaire de la France vers l'Europe et les marchés solvables en s'appuyant sur des entreprises dynamiques ;
« - le renforcement de l'organisation économique des marchés, des producteurs et des filières dans le souci d'une répartition équitable de la valorisation des produits alimentaires entre les agriculteurs, les transformateurs et les entreprises de commercialisation ;
« - la mise en valeur des productions de matières à vocation énergétique ou non alimentaire dans le but de diversifier les ressources énergétiques du pays et les débouchés de la production agricole ;
« - la valorisation des terroirs par des systèmes de production adaptés à leurs potentialités ;
« - le maintien de conditions favorables à l'exercice de l'activité agricole dans les zones de montagne conformément aux dispositions de l'article L. 113-1 du code rural ;
« - la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité, et l'entretien des paysages, l'équilibre économique des exploitations ne devant pas être mis en péril par les obligations qui en découlent, notamment en matière de préservation de la faune sauvage, sans qu'il en résulte des charges supplémentaires pour l'Etat ;
« - la poursuite d'actions d'intérêt général au profit de tous les usagers de l'espace rural ;
« - la promotion et le renforcement d'une politique de la qualité et de l'identification de produits agricoles ;
« - le renforcement de la recherche agronomique et vétérinaire dans le respect des animaux et de leur santé ;
« - l'organisation d'une coexistence équilibrée, dans le monde rural, entre les agriculteurs et les autres actifs ruraux, dans le respect d'une concurrence loyale entre les différents secteurs économiques.
« La politique agricole prend en compte les situations spécifiques à chaque région, notamment aux zones de montagne, aux zones humides précisément délimitées dont les particularités nécessitent la mise en place d'une politique agricole spécifique, aux zones défavorisées et aux départements d'outre-mer, pour déterminer l'importance des moyens à mettre en oeuvre pour parvenir à ces objectifs. La politique forestière participe de la politique agricole dont elle fait partie intégrante.
« La politique agricole est mise en oeuvre en concertation avec les organisations professionnelles représentatives et avec les collectivités territoriales en tant que de besoin.
« Chaque année, en juin, au cours d'un débat organisé devant le Parlement, le Gouvernement rend compte de la politique agricole mise en oeuvre au titre de la présente loi et de la politique agricole commune.
« II. _ Non modifié . »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er.

(L'article 1er est adopté.)

Article 1er bis



M. le président.
« Art. 1er bis. - I. - L'ensemble des organisations syndicales d'exploitants agricoles qui remplissent les conditions fixées par décret en Conseil d'Etat ont vocation à être représentées au sein des commissions ainsi que dans les comités professionnels ou organismes de toute nature investis d'une mission de service public, ou assurant la gestion de fonds publics ou assimilés, où siègent des représentants des exploitants agricoles.
« La présente disposition n'est pas applicable aux organisations interprofessionnelles reconnues, établissements et organismes intervenant dans le secteur des produits à appellation d'origine.
« II. _ Non modifié . »
Par amendement n° 1, M. Souplet, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le I de cet article :
« I. - Sont habilitées à siéger au sein des commissions ou organismes agricoles dont la liste est fixée par décret les organisations syndicales d'exploitants agricoles qui satisfont aux conditions suivantes :
« 1° Justifier d'un fonctionnement indépendant, régulier et effectif depuis cinq ans au moins ;
« 2° Avoir obtenu dans le département plus de 15 % des suffrages exprimés lors des élections à la chambre d'agriculture (collèges des chefs d'exploitation et assimilés). Lorsque deux organisations syndicales ont constitué une liste d'union ayant obtenu plus de 30 % des suffrages, elles sont réputées satisfaire à l'une et l'autre des conditions.
« Sont représentées au niveau régional les organisations syndicales qui ont été habilitées dans la moitié au moins des départements de la région.
« Sont représentées au plan national les organisations syndicales qui ont été habilitées dans au moins vingt-cinq départements.
« La présente disposition n'est pas applicable aux organisations interprofessionnelles reconnues. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. La rédaction adoptée en nouvelle lecture par l'Assemblée nationale constitue une amélioration par rapport au dispositif, difficilement applicable, qu'elle a retenu en première lecture.
En effet, M. François Patriat, rapporteur du projet de loi au Palais-Bourbon, a souhaité, d'une part, exclure du champ d'application de ce dispositif les organisations interprofessionnelles intervenant dans le secteur des appellations d'origine contrôlée, et, d'autre part, préciser que les organisations syndicales considérées comme représentatives ne sont pas systématiquement représentées mais ont vocation à l'être.
Par ailleurs, M. le ministre a confirmé en séance publique que les dispositions du décret de 1990 seraient maintenues et que le critère de 15 % ne serait pas abaissé.
Je rappelle que, si le respect du pluralisme est l'un des corollaires fondamentaux de la démocratie, le respect du fait majoritaire n'en demeure pas moins essentiel. Je me félicite de l'avancée réelle que constitue le nouveau texte de l'Assemblée nationale.
Ayant adopté un texte dogmatique en première lecture, l'Assemblée nationale a pris en compte les observations du Sénat, mais seulement au stade de la nouvelle lecture. L'utilisation de la procédure d'urgence souhaitée par le Gouvernement a ainsi cristallisé les désaccords.
Ce fait démontre a posteriori l'utilité des deux lectures avant que ne s'engage le processus de la commission mixte paritaire.
La commission vous propose néanmoins un amendement tendant à rétablir la rédaction du Sénat.
Elle souhaite, en effet, que le ministre de l'agriculture et de la pêche confirme devant la Haute Assemblée que les dispositions du décret de 1990 seront maintenues, que le critère de 15 % ne sera pas abaissé et que toutes les organisations interprofessionnelles reconnues seront bien exclues de ce dispositif.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Cet amendement reprend le texte adopté par le Sénat, contre l'avis du Gouvernement, en première lecture.
D'une part, il limite le champ d'application du pluralisme syndical en le restreignant à une liste qui serait fixée par décret, alors que le texte proposé par l'Assemblée nationale permet, lui, le respect du pluralisme pour les organismes investis d'une mission de service public ou assurant la gestion de fonds publics ou assimilés. D'autre part, en transposant dans la loi les termes du décret du 28 février 1990, il empiète sur le domaine réglementaire.
S'il appartient au législateur de définir le principe de la représentativité, il revient au pouvoir réglementaire d'en fixer les conditions d'application.
Pour ces deux raisons, je souhaite que le Sénat rejette cet amendement et que l'on s'en tienne au texte adopté par l'Assemblée nationale.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 1.
M. Gérard Le Cam. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Cet amendement proposé par la commission est tout à fait caractéristique du refus qui anime la majorité sénatoriale de toute ouverture en direction des organismes agricoles pour assurer le pluralisme démocratique.
Il apparaît plus que nécessaire aujourd'hui de dépasser les motivations d'un décret qui date de 1990 pour l'adapter au nouveau contexte syndical agricole.
N'en déplaise à certains dans cet hémicycle, la FNSEA ne peut représenter en 1999 à elle seule la diversité des opinions des agriculteurs.
C'est pourquoi non seulement notre groupe, comme en première lecture, votera contre l'amendement n° 1, mais il vous suggère également, monsieur le ministre, de réviser dès que possible le décret Nallet...
M. Hilaire Flandre. C'était pourtant un bon ministre !
M. Gérard Le Cam. ... pour, enfin, donner toute la place qu'elles méritent aux organisations professionnelles qui ont émergé dans le paysage agricole durant ces dix dernières années.
Monsieur le ministre, alors que j'avais proposé, en première lecture, de ramener le seuil de représentativité de 15 % à 5 %, vous nous aviez laissé entendre qu'une telle hypothèse n'était pas à rejeter a priori. Or j'observe que, lors des débats à l'Assemblée nationale, vous avez, et de façon catégorique, exclu cette possibilité avant les prochaines élections.
Dès lors, monsieur le ministre, je doute de l'efficacité du dispositif prévu à l'article 1er bis, puisque l'on déclare vouloir admettre la pleine représentation des organisations syndicales tout en refusant à certaines d'entre elles les conditions de leur accès dans les instances où se décident l'avenir de notre agriculture, mais aussi, pour partie, l'application de ce texte.
Aussi, monsieur le ministre, je souhaiterais connaître vos intentions dans ce domaine.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. A l'issue des débats à l'Assemblée nationale et après examen des conséquences d'un dispositif différent pour un certain nombre de structures, il est apparu que le critère de 15 % devait être maintenu. Il ne faut pas, en effet, que l'émiettement de la représentation aboutisse à rendre les structures ingérables.
Autant nous voulons accentuer le principe du pluralisme - et l'objet même de cet article est d'instaurer le pluralisme partout, dans toutes les instances investies d'une mission de service public - autant aller trop loin serait rendre ces instances ingérables. C'est la raison pour laquelle - je m'adresse ici en particulier à M. le rapporteur et à M. Le Cam - nous maintiendrons le critère de 15 %.
Par la même occasion, monsieur le rapporteur, je précise que nous excluons les interprofessions de ce pluralisme. En effet, les interprofessions sont, elles, engagées non pas dans une mission de service public au sens strict, mais dans une gestion de politique des filières, ce qui est un cas bien particulier.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Monsieur Le Cam, si la commission était très attachée au critère de 15 %, c'est parce qu'elle reconnaissait l'utilité du pluralisme et de sa représentation. Mais nous ne voulions pas tomber dans le ridicule pour autant.
La commission avait souhaité reprendre le texte de première lecture, sauf si M. le ministre répondait positivement aux questions que j'ai posées à l'instant. Or nous avons obtenu une réponse sur l'interprofession et sur le seuil de 15 %. En conséquence, je peux retirer l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 1 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er bis.

(L'article 1er bis est adopté.)

Article additionnel avant l'article 1er ter



M. le président.
Par amendement n° 36, M. Leclerc et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, avant l'article 1er ter, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - La nation se fixe comme objectif de porter, d'ici quatre ans, les pensions de retraite versées par le régime agricole à un montant au moins égal au minimum vieillesse, sous réserve d'une carrière complète en agriculture.
« II. - La perte des recettes pour l'Etat résultant du I est compensée par une majoration des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du même code. »
La parole est à M. Leclerc.
M. Dominique Leclerc. Vous connaissez l'objectif de la commission des affaires sociales : d'ici à quatre ans, les pensions de retraite versées par le régime agricole doivent être d'un montant au moins égal au minimum vieillesse, sous réserve d'une carrière complète en agriculture.
En première lecture, l'amendement déposé en ce sens avait reçu un avis favorable de la commission des affaires économiques. Malheureusement, monsieur le ministre, vous vous y étiez opposé, estimant que l'alignement des bases de retraite sur le minimum vieillesse coûterait 7 milliards de francs. Notre estimation est, vous le savez, légèrement différente. Quoi qu'il en soit, nous pensons que cet objectif peut être atteint sur quatre ans.
Certes, il est toujours possible aux 300 000 personnes concernées de percevoir un complément au titre du Fonds de solidarité vieillesse, mais il est alors récupérable sur succession, ce qui est difficilement admis dans le milieu agricole.
C'est la raison pour laquelle je propose de nouveau cet amendement, dans un souci de transparence et avec un objectif clair.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur Leclerc, permettez-moi de préciser ma position sur cette question.
Je ne suis pas opposé à l'objectif. J'ai déjà indiqué, dans cette enceinte, que le Gouvernement et sa majorité s'étaient engagés dans un plan pluriannuel de revalorisation des retraites agricoles couvrant l'ensemble de la législature. Nous avons d'ailleurs déjà franchi deux étapes importantes dans ce sens et nous ferons un pas supplémentaire dans le projet de loi de finances pour 2000.
Par ailleurs, il est prévu, dans un article suivant, que le Gouvernement déposera un rapport dans les trois mois suivant la publication de la loi, c'est-à-dire, si la loi est publiée au début du mois de juin, avant la fin du mois de septembre.
M. Hilaire Flandre. Vous allez passer de mauvaises vacances, monsieur le ministre ! (Sourires.)
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le sénateur, comme nous nous sommes engagés dès la première lecture dans ce sens, nous y travaillons déjà, figurez-vous ! Et ce n'est pas, comme le disait M. César, au mépris du Parlement, tout au contraire ! Il s'agit précisément de respecter plus scrupuleusement encore la volonté du Parlement.
Par conséquent, nous disposerons en septembre de ce document et, ensemble, nous définirons les étapes suivantes de ce plan de revalorisation, que je souhaite voir mis en oeuvre dans les années qui viennent, y compris concernant les problèmes d'équivalence avec le minimum vieillesse ou de régime de retraite complémentaire.
Donc, tout cela, nous allons le faire ensemble, et c'est pourquoi je vous demande de retirer cet amendement. Cela m'évitera d'avoir à invoquer l'article 40 de la Constitution, ce qui serait très désagréable entre nous !
M. Gérard Cornu. C'est l'arme absolue !
M. le président. Monsieur Leclerc, maintenez-vous votre amendement ?
M. Dominique Leclerc. Nous en sommes tous convenus, des revalorisations substantielles sont intervenues par deux fois.
M. le ministre nous renvoie aujourd'hui à la loi de finances, mais, justement, notre argument consiste à dire qu'une loi d'orientation doit avoir de l'ambition, du souffle. Dès lors, pourquoi ne pas donner au Parlement la possibilité d'afficher avec le Gouvernement cet objectif auquel tous souscrivent et qui relève, sinon de la décence - le mot est peut-être trop fort - du moins de la justice sociale ?
En d'autres termes, je maintiens mon amendement.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Dans ces conditions, j'invoque l'article 40 de la Constitution.
M. le président. Monsieur Ostermann, l'article 40 de la Constitution est-il applicable ?
M. Joseph Ostermann, au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Il l'est, monsieur le président.
M. le président. L'article 40 étant applicable, l'amendement n° 36 n'est pas recevable.

Article 1er ter



M. le président.
« Art. 1er ter. _ Le Gouvernement déposera, sur le bureau des assemblées, dans un délai de trois mois à compter de la publication de la présente loi, un rapport décrivant, catégorie par catégorie, l'évolution qu'il compte imprimer aux retraites agricoles au cours de la période du 30 juin 1997 au 30 juin 2002. Un développement particulier sera consacré aux mesures envisagées au cours de cette période, avec un effort plus important à son début, pour revaloriser les plus faibles pensions.
« Il étudiera les possibilités juridiques et financières de la création d'un régime de retraite complémentaire obligatoire pour les non-salariés exerçant les professions énumérées à l'article 1060 du code rural, à l'exception des artisans ruraux.
« Ce rapport présentera les modalités de financement des différentes mesures proposées. »
Par amendement n° 51, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans la première phrase du premier alinéa de cet article, de remplacer le millésime : « 1997 » par le millésime : « 1999 ».
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Lors de la nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, les députés ont souhaité que la revalorisation des retraites soit particulièrement accentuée au début de la période allant de juin 1997 à juin 2002. Or cette disposition peut se révéler à double tranchant pour les retraités agricoles.
On pourrait effectivement comprendre que les efforts consentis en faveur des faibles pensions durant les deux premières années de la présente législature sont suffisants et qu'il serait désormais devenu possible de relâcher l'effort de la nation.
Nous estimons au contraire que la priorité donnée par ce gouvernement aux retraites les plus modestes doit être garantie et que la revalorisation de ces retraites devra être poursuivie et amplifiée dans les prochaines lois de finances.
C'est pourquoi nous proposons de faire débuter au 30 juin 1999 la période devant marquer l'évolution des retraites agricoles, afin que soit levée toute ambiguïté sur les intentions du Gouvernement en la matière.
Je rappelle, au demeurant, que ce gouvernement a d'ores et déjà consacré d'importants moyens aux retraités les plus nécessiteux, allant bien au-delà de ce que les précédents gouvernements avaient mis en oeuvre.
En outre, vous avez signalé tout à l'heure, monsieur le ministre, que les consultations avec les parties prenantes sur une revalorisation des retraites agricoles avaient débuté voilà plusieurs mois. Serait ainsi envisagée une réévaluation des pensions des exploitants agricoles à hauteur de 3 500 francs et, s'agissant des conjoints, entre 2 600 francs et 2 700 francs par mois.
Cette discrimination à l'encontre des femmes me paraît excessive dès lors que celles-ci ont contribué, au même titre que leur mari, à la gestion et au développement de l'exploitation.
Dans ces conditions, pourquoi ne pas envisager un rapprochement des pensions ?
Pour l'heure, monsieur le ministre, cet amendement doit vous permettre de satisfaire les engagements pris en 1997 à l'égard de cette population.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission, souhaitant que 1999 soit un bon millésime, a émis un avis favorable ! (Sourires.)
M. Gérard César. A Bordeaux, ce sera le cas ! (Nouveaux sourires.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Sagesse !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 51, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er ter, ainsi modifié.

(L'article 1er ter est adopté.)

TITRE Ier

LES CONTRATS TERRITORIAUX
D'EXPLOITATION

Article 2



M. le président.
« Art. 2. _ Il est inséré, dans le code rural, un article L. 311-3 ainsi rédigé :
« Art. L. 311-3 . _ Toute personne physique ou morale exerçant une activité agricole au sens de l'article L. 311-1 peut souscrire avec l'autorité administrative un contrat territorial d'exploitation qui comporte un ensemble d'engagements portant sur les orientations de la production de l'exploitation, l'emploi et ses aspects sociaux, la contribution de l'activité de l'exploitation à la préservation des ressources naturelles, à l'occupation de l'espace ou à la réalisation d'actions d'intérêt général et au développement de projets collectifs de production agricole.
« Le contrat territorial d'exploitation a pour objectif d'inciter les exploitations agricoles à développer un projet économique global qui intègre les fonctions de l'agriculture mentionnées à l'article 1er de la loi n° du d'orientation agricole.
« Le contrat territorial d'exploitation concerne l'ensemble de l'activité de l'exploitation agricole. Il définit la nature et les modalités des prestations de l'Etat et les engagements de l'exploitant qui en constituent la contrepartie. Il est conclu sous réserve des droits des tiers.
« Le préfet arrête un ou plusieurs contrats types d'exploitation déterminant les systèmes d'exploitation assurant un développement durable de l'agriculture, ainsi que les actions répondant aux objectifs mentionnés au premier alinéa. Ces contrats types respectent les orientations définies par le ministre de l'agriculture, après avis du Conseil supérieur d'orientation et de coordination de l'économie agricole et alimentaire.
« Le contrat territorial d'exploitation doit être compatible avec l'un des contrats types définis à l'alinéa précédent. Il prend éventuellement en compte les projets à caractère particulier présentés par les agriculteurs.
« Il prend en compte les orientations définies par le ministre de l'agriculture, après avis du Conseil supérieur d'orientation et de coordination de l'économie agricole et alimentaire. Il s'inscrit dans le cadre des cahiers des charges définis au plan local, en lien avec les projets agricoles départementaux et dans le cadre de la politique d'aménagement du territoire avec les projets des pays.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions de mise en oeuvre du présent article. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 2, M. Souplet, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le textte présenté par cet article pour l'article L. 311-3 du code rural :
« Art. L. 311-3 . - Toute personne physique ou morale exerçant une activité agricole au sens de l'article L. 311-1 peut souscrire avec l'autorité administrative un contrat territorial d'exploitation. Ce contrat territorial d'exploitation a pour objectif d'inciter les exploitations agricoles à développer ou à poursuivre un projet économique global qui intègre les fonctions de l'agriculture mentionnées à l'article 1er de la loi n° du d'orientation agricole.
« Le contrat territorial d'exploitation concerne l'ensemble de l'activité de l'exploitation agricole, à l'exception des points régis par les dispositions découlant des organisations communes de marchés agricoles ainsi que des mesures de compensation de handicap naturel permanent, notamment celles relatives aux surcoûts des exploitations situées en zones de montagne. Il définit la nature et les modalités des prestations de l'Etat et les engagements de l'exploitant qui en constituent la contrepartie. Ceux-ci portent sur les orientations de production de l'exploitation, y compris les petits espaces boisés présents et à venir des propriétés agricoles, dans le but d'atteindre un niveau élevé de sécurité sanitaire de qualité et de diversité, l'emploi, la contribution de l'activité de l'exploitation à la préservation des ressources naturelles, à l'occupation de l'espace ou à la réalisation d'actions d'intérêt général. Ils doivent participer au développement de projets collectifs de production agricole ou de gestion locale du territoire.
« Le contrat territorial d'exploitation doit être compatible avec l'un des contrats types définis au niveau du département.
« Le préfet arrête un ou plusieurs contrats types d'exploitation déterminant les systèmes d'exploitation assurant un développement durable de l'agriculture, ainsi que les actions répondant aux objectifs mentionnés au deuxième alinéa. Ces contrats types respectent les orientations définies par le ministre de l'agriculture, après avis du Conseil supérieur d'orientation et de coordination de l'économie agricole et alimentaire, et celles arrêtées dans le cadre des projets agricoles départementaux.
« Les contrats types comportent un ensemble de mesures répondant à des cahiers des charges définis au plan local. Les engagements de l'exploitant dans le cadre de son projet d'exploitation portent sur tout ou partie des mesures retenues dans le contrat type. Ils constituent le contrat territorial d'exploitation.
« Le contrat territorial d'exploitation est conclu sous réserve des droits des tiers. Il fait l'objet d'une information au préalable du propriétaire des fonds sur lesquels est exercée cette activité.
« Un décret en Conseil d'Etat précise les conditions de mise en oeuvre du présent article. »
Par amendement n° 52, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 311-3 du code rural, après le mot : « orientations », d'insérer les mots : « les conditions et les modes ».
Par amendement n° 33, M. Pastor, Mme Yolande Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Trémel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, après la deuxième phrase du troisième alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article L. 311-3 du code rural, d'insérer une phrase ainsi rédigée : « Ceux-ci portent sur les orientations de production de l'exploitation, y compris les petits espaces boisés présents et à venir des propriétés agricoles. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 2.
M. Michel Souplet, rapporteur. Le Sénat avait souhaité, tout en maintenant la philosophie du contrat territorial d'exploitation, clarifier l'architecture de celui-ci et en préciser le contenu. Votre Haute Assemblée avait ainsi adopté une nouvelle rédaction globale de cet article. L'Assemblée nationale n'a pas souhaité tenir compte des modifications apportées par le Sénat, et je le regrette.
La commission vous propose, pour les raisons formulées en première lecture et sur lesquelles je ne reviendrai pas aujourd'hui, d'en revenir au texte adopté par le Sénat.
Il s'agit de réaffirmer que le CTE a pour objet d'inciter les exploitations agricoles à développer ou à poursuivre un projet économique global.
Il s'agit de rappeler que le CTE concerne l'ensemble de l'activité de l'exploitation, à l'exception des points régis par les dispositions découlant des organisations communes de marché ainsi que des mesures de compensation de handicaps naturels permanents, notamment de celles qui sont relatives aux surcoûts des exploitations situées en zones de montagne.
Il s'agit de souligner que le CTE porte sur les orientations de production de l'exploitation, y compris pour les petits espaces boisés présents et à venir des propriétés agricoles, afin d'atteindre un niveau élevé de sécurité sanitaire, de qualité et de diversité.
Il s'agit d'indiquer que le CTE doit participer au développement de projets collectifs de production agricole ou de gestion locale du territoire.
Enfin, il s'agit de mentionner que le CTE fait l'objet d'une information préalable du propriétaire des fonds.
Telles sont les raisons pour lesquelles la commission propose de revenir au texte qui a été adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. La parole est à M. Le Cam, pour défendre l'amendement n° 52.
M. Gérard Le Cam. Cet amendement reprend en des termes similaires un amendement que j'avais défendu en première lecture.
Le premier alinéa de l'article 2 énumère les différents aspects dont l'agriculteur qui signe un CTE devra tenir compte.
Certains estiment que le CTE doit se cantonner à un simple aménagement de l'activité agricole qui, tout en conservant la logique productiviste, intègre à la marge un certain nombre de considérations non spécifiquement économiques. C'est d'ailleurs ce que l'on retrouve dans l'amendement proposé par la commission.
D'autres pensent, au contraire, que le CTE doit être un outil pour changer notre façon de produire, dans la perspective de réconcilier efficacité économique, progrès social, préservation des ressources naturelles et équilibre du territoire.
C'est pourquoi la loi doit, nous semble-t-il, être suffisamment précise pour éviter une dérive ou une marginalisation du CTE au moment de son application.
Il importe donc de faire expressément référence aux conditions et aux modes de production afin de confirmer la volonté du législateur de faire du CTE un moyen de transformation de la production agricole, et non un simple moyen de gestion de ses effets externes.
Dans cet esprit, nous demandons au Sénat d'adopter le présent amendement.
M. le président. La parole est à M. Dussaut, pour défendre l'amendement n° 33.
M. Bernard Dussaut. Contrairement à la proposition de la commission, cet amendement s'inscrit dans la logique du texte initial.
Il s'agit simplement de prendre en compte les petits espaces boisés présents et à venir des propriétés agricoles. Dans les régions du sud de la France, un exploitant agricole est propriétaire de 3,5 hectares de bois en moyenne. Ces espaces boisés sont souvent peu ou pas entretenus. L'exploitation et la mise en valeur de ces forêts paysannes peut contribuer aux objectifs de la loi, à savoir la diversification économique, l'entretien des paysages, la lutte contre l'érosion, la protection de l'environnement et l'accompagnement de l'agritourisme.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 52 et 33 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission émet un avis défavorable sur l'amendement n° 52, car il va au-delà du dispositif qu'elle propose.
Par ailleurs, monsieur Dussaut, la phrase que vous proposez d'insérer figure dans l'amendement de la commission. Aussi, je vous demande de retirer votre amendement n° 33 au profit de celui-ci. (Sourires.) Sinon, j'émettrais un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 2, 52 et 33 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. S'agissant de l'amendement n° 2, le Gouvernement émet un avis défavorable, pour les raisons que j'ai largement exposées en première lecture. Le Gouvernement est opposé à l'obligation de participer à des projets collectifs de production agricole et de gestion locale du territoire, ainsi qu'à l'information préalable des propriétaires.
L'amendement n° 52 apporte une précision utile mais elle alourdit peut-être le texte. Aussi, je m'en remets à la sagesse du Sénat.
Enfin, je suis favorable à l'amendement n° 33. Certes, la phrase qu'il prévoit d'insérer figure dans l'amendement de la commission, mais ce dernier comporte aussi beaucoup d'autres dispositions sans lesquelles j'aurais émis un avis favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les amendements n°s 52 et 33 n'ont plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2, ainsi modifié.

(L'article 2 est adopté.)

Article additionnel après l'article 3



M. le président.
Par amendement n° 43 rectifié, M. Henry et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le fonds de financement des contrats territoriaux d'exploitation apporte également son concours au financement des opérations groupées d'aménagement foncier mises en oeuvre en Nouvelle-Calédonie, dans les territoires d'outre-mer et la collectivité territoriale de Mayotte. »
La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Les opérations groupées d'aménagement foncier, les OGAF, seront reprises dans le cadre des contrats territoriaux d'exploitation, sauf dans les territoires d'outre-mer, en Nouvelle-Calédonie et dans la collectivité territoriale de Mayotte. Afin de les y maintenir, il est nécessaire d'introduire une disposition spécifique permettant de poursuivre leur financement par le fonds de financement du contrat territorial d'exploitation, le FFCTE.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 43 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 3.

Article additionnel avant l'article 4



M. le président.
Par amendement n° 37 rectifié, M. César et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, avant l'article 4, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est créé un fonds de péréquation des contrats territoriaux d'exploitation.
« Les opérations du fonds sont inscrites au budget du ministère de l'agriculture dans les conditions fixées par la loi de finances.
« II. - La perte des recettes pour l'Etat résultant du I est compensée par une majoration des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du même code. »
La parole est à M. César.
M. Gérard César. Cet amendement pose le problème crucial du financement des contrats territoriaux d'exploitation.
Lors de la première lecture, la majorité sénatoriale avait déjà mis en garde le Gouvernement sur ce point, qui risque de remettre en cause l'ensemble de l'aide financière que l'Etat accorde à nos agriculteurs.
Aujourd'hui, plus qu'hier, il apparaît clairement que les contrats territoriaux d'exploitation seront financés selon le principe des vases communicants. Il s'agit de prendre d'un côté pour donner de l'autre et, au total, rien de plus ne sera attribué à l'agriculteur. Le Gouvernement a déjà procédé, dans le cadre de la dernière loi de finances, à des redéploiements de crédits nationaux, c'est-à-dire qu'il a prélevé de l'argent sur certaines politiques pour l'affecter à ces contrats.
Le Gouvernement ne nous a toujours pas indiqué clairement les actions qui seront amputées au profit des CTE et il n'a pas mesuré toutes les conséquences de cette politique. Par exemple, les agriculteurs savent-ils que, si l'on réduit le budget des offices, on affaiblit les capacités de soutien à l'organisation des filières et la compétitivité des entreprises, ou encore les capacités d'intervention en cas de crise ? De même, lesdits agriculteurs savent-ils qu'en prenant des crédits sur la politique d'installation des jeunes agriculteurs on porte atteinte à celle-ci au moment où elle donne de premiers résultats encourageants ?
En réalité, le Gouvernement compte sur les futurs contrats de plan Etat-région - vous l'avez dit tout à l'heure, monsieur le ministre - pour financer ces CTE. Non seulement ce ponctionnement s'effectuera au détriment des actions mises en oeuvre par les collectivités territoriales et locales en faveur de nos agriculteurs, mais il creusera également l'écart entre les régions riches et les régions pauvres, et ce au détriment de notre agriculture. Ce sera donc une agriculture à deux vitesses : d'une part, une agriculture riche et prospère et, d'autre part, une agriculture pauvre et délaissée.
C'est la raison pour laquelle nous proposons de créer un fonds de péréquation afin de nous prémunir contre de telles perspectives.
Cet amendement apporte également une réponse à la question des contreparties liées aux baisses de prix décidées dans le cadre de l'Agenda 2000.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je voudrais faire part de mon opposition formelle sur ce point. Il me semble que l'article 3 suffit ! Il s'agit d'un fonds de gestion, et non d'un fonds de péréquation. Il faut s'en tenir là, car la redistribution a lieu par la modulation des aides.
Avec des taux de retour départementaux - ce que vous souhaitez, si j'ai bien compris - on ne s'en sortira plus.
Si cet amendement était maintenu, j'invoquerais l'article 40 de la Constitution.
M. le président. Monsieur César, l'amendement n° 37 rectifié est-il maintenu ?
M. Gérard César. J'ai bien noté les observations de M. le ministre, mais nous sommes dans le cadre d'une loi d'orientation qui, comme M. Dominique Leclerc l'a dit tout à l'heure, doit avoir du souffle et de l'avenir. Ne pas instaurer une péréquation, compte tenu des contrats de plan Etat-région, entre régions riches et régions pauvres, c'est se priver d'un dispositif tout à fait normal pour les agriculteurs. Aussi, je maintiens cet amendement.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Dans ces conditions, j'invoque l'article 40 de la Constitution.

M. le président. Monsieur Ostermann, l'article 40 est-il applicable ?
M. Joseph Ostermann, au nom de la commission des finances. L'article 40 est applicable, monsieur le président.
M. Gérard César. Ce n'est pas la peine d'élaborer une loi d'orientation !
M. le président. L'article 40 étant applicable, l'amendement n° 37 rectifié n'est pas recevable, au grand regret de M. César.
M. Jean Bizet. Nous prenons date !

Article 4



M. le président.
« Art. 4. _ L'article L. 341-1 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 341-1 . _ I. _ L'aide financière de l'Etat aux exploitants agricoles prend la forme de subventions, de prêts ou de bonifications d'intérêts, de remises partielles ou totales d'impôts ou de taxes. Ces aides sont modulées et plafonnées sur la base de critères économiques de l'exploitation, du nombre d'actifs, de facteurs environnementaux et d'aménagement du territoire.
« Les objectifs prioritaires de cette aide financière sont :
« _ l'installation de jeunes agriculteurs encouragée par la politique d'installation définie à l'article L. 330-1 ;
« _ l'adaptation du système d'exploitation aux exigences économiques, environnementales et sociales, notamment dans le cadre des contrats territoriaux d'exploitation.
« Sauf lorsqu'elle a revêtu la forme de prêts, l'aide financière peut être interrompue si l'exploitation ne satisfait plus aux conditions de mise en valeur de l'espace agricole ou forestier mentionnées au schéma directeur départemental des structures agricoles défini à l'article L. 312-1 ou au projet agricole départemental défini à l'article L. 313-1, ou si les engagements souscrits dans le cadre du contrat territorial d'exploitation ne sont pas tenus. Dans tous les cas, elle peut donner lieu à remboursement si ces circonstances sont imputables à l'exploitant. »
« II et III. _ Non modifiés . »
Par amendement n° 3, M. Souplet, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le I du texte présenté par cet article pour l'article L. 341-1 du code rural :
« I. - L'aide financière de l'Etat aux exploitants agricoles prend la forme de subventions, de prêts ou de bonifications d'intérêts, de remises partielles ou totales d'impôts ou de taxes. Ces aides peuvent être modulées ou plafonnées sur la base de critères économiques de l'exploitation, ou de facteurs environnementaux, ou du nombre d'actifs, ou de priorités en termes d'aménagement du territoire et de handicap géographique.
« Les objectifs prioritaires de cette aide financière sont :
« - l'installation de jeunes agriculteurs encouragée par la politique d'installation définie à l'article L. 330-1 ;
« - la modernisation, le regroupement, la reconversion partielle ou totale des entreprises en vue d'améliorer leur viabilité ;
« - la création et le développement d'entreprises agricoles à responsabilité personnelle qui contribuent au développement local ;
« - la reconnaissance de l'exploitation agricole en tant qu'entreprise agricole ;
« - l'adaptation du système d'exploitation aux exigences économiques, environnementales et sociales, notamment dans le cadre des contrats territoriaux d'exploitation.
« L'aide financière apportée par les contrats territoriaux d'exploitation a un caractère spécifique et ne peut conditionner les subventions, prêts, bonifications d'intérêts, remises partielles d'impôts ou de taxes octroyées aux agriculteurs selon les modalités déjà définies dans le code rural. »
La parole est M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Si l'Assemblée nationale a accepté deux modifications adoptées par le Sénat au paragraphe II de l'article 4 portant sur la résiliation du CTE, elle a néanmoins rétabli, dans le paragraphe I, l'essentiel du dispositif qu'elle avait retenu en première lecture.
Ainsi, elle a réintroduit le cumul de la modulation et du plafonnement des aides. Elle a, dans les objectifs de l'aide financière de l'Etat aux exploitants agricoles, supprimé la référence à la notion d'entreprise agricole. Enfin, elle a refusé le principe selon lequel l'aide financière apportée par les CTE ne peut pas conditionner les aides octroyées aux agriculteurs selon les modalités définies dans le code rural.
Votre commission souhaite rétablir, pour les raisons qu'elle vous a exposées en première lecture, le paragraphe I de cet article dans la rédaction qui avait alors été adoptée par le Sénat.
Je rappelle que, aujourd'hui, toutes les aides nationales sont plafonnées. La disposition introduite par l'Assemblée nationale est donc totalement démagogique. La commission, dans sa majorité, souhaite le maintien des dispositions que je présente en cet instant.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement, car il vise à rétablir le texte qui a été adopté en première lecture par le Sénat et qui reflète une conception très différente de celle de l'Assemblée nationale en ce qui concerne la modulation et le plafonnement des aides, en introduisant la notion d'entreprise agricole et en modifiant le régime juridique de l'aide financière apportée par le CTE.
Selon moi, il convient, en particulier, de revenir au principe de modulation et de plafonnement des aides, et non de prévoir une simple possibilité.
Telles sont les raisons pour lesquelles je propose d'en rester au texte adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture, et donc de rejeter cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 4, ainsi modifié.

(L'article 4 est adopté.)

Article 5



M. le président.
« Art. 5. _ I. _ Le premier alinéa de l'article L. 313-1 du code rural est ainsi rédigé :
« Il est institué auprès du représentant de l'Etat dans le département, qui la préside, une commission départementale d'orientation de l'agriculture composée notamment de représentants des ministres intéressés, de la production agricole, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles, de l'artisanat et du commerce indépendant de l'alimentation, des consommateurs et des associations agréées pour la protection de l'environnement, ainsi que d'un représentant du comité permanent du financement de l'agriculture. »
« II. _ Non modifié . »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 44, M. Deneux et les membres du groupe de l'Union centriste proposent, dans le deuxième alinéa du I de cet article, après les mots : « production agricole, », d'insérer les mots : « des propriétaires et des fermiers, ».
Par amendement n° 34, M. Pastor, Mme Yolande Boyer, MM. Bony, Courteau, Lejeune, Piras, Plancade, Raoult, Tremel, Bellanger, Besson, Demerliat, Désiré, Dussaut, Fatous, Godard, Journet, Percheron, Rinchet, Signé, Teston, Vidal, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter in fine le texte présenté par le I de l'article 5 pour le premier alinéa de l'article L. 313-1 du code rural par les mots : « et d'un représentant des fermiers-métayers ».
La parole est à M. Deneux, pour défendre l'amendement n° 44.
M. Marcel Deneux. Il s'agit d'un amendement de précision qui vise, pour des raisons de paix dans certaines commissions départementales d'orientation de l'agriculture, à insérer quatre mots : « des propriétaires et des fermiers ».
Etant donné que le fermage représente aujourd'hui plus de 60 % de la surface cultivée, il est souhaitable que propriétaires et fermiers soient effectivement représentés au sein de la CDOA.
M. le président. La parole est à M. Trémel, pour défendre l'amendement n° 34.
M. Pierre-Yvon Trémel. Cet amendement vise à permettre la représentation d'une catégorie intéressée par les travaux de la CDOA, les fermiers-métayers.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 44 et 34 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Après en avoir discuté, la commission a préféré le texte de l'amendement n° 44, qui est plus complet. On peut effectivement évoquer les fermiers, mais il est utile, comme l'a rappelé M. Deneux, de faire référence aux propriétaires et aux fermiers.
La commission émet donc un avis favorable sur l'amendement n° 44 et un avis défavorable sur l'amendement n° 34, la demande de nos collègues socialistes étant satisfaite par la proposition de M. Deneux.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement est favorable aux deux amendements. (Rires sur les travées du RPR.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 44.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Il est vrai que les amendements n°s 34 et 44 sont voisins. Toutefois, les propriétaires sont déjà représentés au sein de la CDOA, en application de l'ancienne loi. En revanche, aucun siège n'est identifié pour les fermiers-métayers.
Par conséquent, si l'on devait ajouter un élément supplémentaire, je préférerais qu'il s'agisse des fermiers-métayers M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 44, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 34, satisfait, n'a plus d'objet.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Monsieur le président, vous avez dit que l'amendement n° 34 était satisfait par l'adoption de l'amendement n° 44. Tel n'est pas mon sentiment, car l'amendement n° 34 fait état des fermiers et des métayers, alors que l'amendement n° 44 ne mentionne que les fermiers. Par conséquent, je souhaite que l'on adopte l'amendement n° 34.
M. le président. Monsieur Pastor, les deux amendements étant en discussion commune, l'adoption de l'un fait tomber l'autre ! (Exclamations sur les travées socialistes.) M. Marcel Deneux. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. En fait, nous voulons dire la même chose.
Monsieur Pastor, l'appellation « fermiers-métayers » date, me semble-t-il, de 1945 ; depuis, le métayage en a « pris un coup », conformément à mes souhaits d'ailleurs, et peu de métayers subsistent. Peut-être tenez-vous à ces quelques survivants, mon cher collègue, en tout cas, il n'y en aura pas de nouveaux !
Cela dit, la transformation du métayage en fermage est de droit.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Il reste effectivement très peu de métayers ; mais quelques très rares cas subsistent dans le sud de la France.
Monsieur le président, est-il possible de sous-amender l'amendement n° 44, afin de faire référence aux métayers ? Si tel était le cas, nous pourrions parvenir à nous mettre d'accord.
M. le président. J'aurais aimé vous être agréable, monsieur le sénateur, mais un vote étant intervenu sur l'amendement n° 44, il n'est plus possible de le sous-amender.
Par amendement n° 63, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le texte présenté par l'article 5 pour l'article L. 313-1 du code rural, après les mots : « de l'artisanat et du commerce indépendant de l'alimentation », d'insérer les mots : « des salariés agricoles ».
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'une des innovations majeures de ce projet de loi sera, chacun en convient, d'ouvrir les instances de concertation et de réflexion à d'autres représentants de la société qui, sans être directement impliqués dans la production agricole, doivent être en mesure d'agir sur les grandes orientations de la politique agricole.
La politique agricole est l'affaire non plus seulement des professionnels de l'agriculture, mais aussi des défenseurs de l'environnement, des consommateurs, pour la première fois associés à l'élaboration des projets agricoles, ou encore des artisans qui, à juste titre, souhaitent travailler en harmonie avec les représentants du monde agricole plutôt que de subir une concurrence déloyale.
Le Sénat a souhaité, en première lecture, inscrire dans la loi d'orientation agricole la composition des CDOA sans attendre la publication des décrets.
Dès lors, il convient d'être précis. C'est pourquoi nous proposons d'y intégrer les salariés agricoles, qui seront explicitement présents dans le CSO, mais pas dans les commissions départementales.
Je veux bien convenir que le terme « notamment », introduit par l'Assemblée nationale sur l'initiative du Gouvernement, laisse une porte de sortie pour compléter, le cas échéant, la composition de ces commissions.
Aussi, je serai disposé à retirer mon amendement si nous avons l'assurance que les salariés agricoles, qui sont partie prenante du développement de notre agriculture, pourront être représentés dans cette structure.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission n'a pas suivi les arguments de M. Le Cam. J'avais d'ailleurs soulevé tout à l'heure le problème devant M. le ministre, à l'occasion de la défense d'un amendement. Compte tenu des ajouts décidés lors des lectures successives, les CDOA devraient compter vingt-sept ou vingt-huit membres, parmi lesquels les représentants des organisations professionnelles seront finalement très minoritaires.
La commission, souhaitant ne pas aller au-delà de la situation actuelle, émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ? M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement émet un avis favorable sur cet amendement.
J'ajoute, monsieur le rapporteur, que vos extrapolations catastrophiques sur la place des organisations professionnelles sont démenties par les faits : ces organisations ne sont pas du tout minoritaires.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 63, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 50, M. César et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le second alinéa du I de l'article 5, de supprimer les mots : « du comité permanent ».
La parole est à M. César.
M. Gérard César. Il s'agit simplement d'un problème de rigueur. Le comité permanent, qui figure à la fin de l'article 5, n'existe pas. Il convient donc de ne pas y faire référence.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Egalement favorable.
M. Gérard César. Merci, monsieur le ministre.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 50, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, modifié.

(L'article 5 est adopté.)
M. le président. Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt-deux heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures quarante, est reprise à vingt-deux heures, sous la présidence de M. Paul Girod.)

PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
vice-président

M. le président. La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion, en nouvelle lecture, du projet de loi d'orientation agricole, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale, en nouvelle lecture.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus au titre II.

TITRE II

EXPLOITATIONS ET PERSONNES

M. le président. Par amendement n° 4, M. Souplet, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi l'intitulé du titre II : « Entreprises agricoles, fiscalité et personnes »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale a substitué au titre adopté par le Sénat celui d'« Exploitations et personnes ».
La commission propose d'en revenir à l'intitulé adopté par la Haute Assemblée afin de remplacer dans le code rural, du moins au niveau des intitulés de titres et de chapitres, la notion d'exploitation par celle d'entreprise ; elle estime essentiel d'initier, comme je l'ai longuement analysé dans mon rapport de première lecture, une réflexion sur la notion d'entreprise agricole et de donner un signe visible d'encouragement en faveur de l'installation des jeunes. Soulignons que 1998 a vu le nombre d'installations fortement chuter.
Par ailleurs, les dernières négociations sur la politique agricole commune nécessitent une réelle politique incitative de l'installation.
C'est pourquoi, même s'il est essentiel d'effectuer une étude comparée des situations entre les différents acteurs du monde rural, la Haute Assemblée considère urgent de mettre en place des dispositions d'ordre fiscal.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je comprends l'argumentation de M. le rapporteur ; elle est cohérente avec les positions du Sénat. Mais, à partir du moment où ces positions n'ont pas été retenues par l'Assemblée nationale, je ne peux que donner un avis défavorable sur l'amendement.
M. le président. Monsieur le ministre, vous ne pouvez tout de même pas dire que le Gouvernement est soumis à l'Assemblée nationale !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Il n'est pas soumis, monsieur le président !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 4, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'intitulé du titre II est ainsi rédigé.

Chapitre Ier

L'exploitation agricole

M. le président. Par amendement n° 5, M. Souplet, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi l'intitulé du chapitre Ier : « L'entreprise agricole ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'intitulé du chapitre 1er est ainsi rédigé.

Article 6 A



M. le président.
L'article 6 A a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 6, M. Souplet, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« I. - Le 3° du 1 de l'article 39 du code général des impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« La même déduction s'applique aux intérêts de la part du capital détenue par l'ancien propriétaire de l'exploitation agricole, en cas de transmission à un jeune agriculteur bénéficiant des aides à l'installation. »
« II. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat du I ci-dessus sont compensées par une majoration, à due concurrence, des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'article 6 A, adopté par le Sénat, a été supprimé par l'Assemblée nationale lors de son examen du 8 avril dernier.
Le rapporteur ne peut que s'étonner du rejet systématique, par les députés de la majorité plurielle, de toute avancée concrète dans le domaine fiscal, alors que l'année 1998 a enregistré un très faible nombre d'installations. Peut-on réellement parler de projet de loi d'orientation agricole en l'absence de toute disposition fiscale ?
Enfin, le rapporteur regrette d'autant plus une telle suppression que chacun connaît le poids écrasant, en France, de la fiscalité sur les transmissions d'exploitations et d'entreprises.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement émet un avis défavorable.
La non-imposition des intérêts versés à raison des sommes mises à la disposition du nouveau propriétaire jeune agriculteur par un ancien exploitant ne profiterait qu'aux cédants les plus aisés et poserait sans doute un problème d'égalité devant l'impôt.
J'ajoute que l'impôt sur les sociétés, qui pèse sur le niveau des dividendes distribués, est effacé, pour l'essentiel, par l'avoir fiscal.
Enfin, je rappelle - on le verra plus tard - que l'article 65 du présent projet de loi d'orientation prévoit que le Gouvernement présentera au Parlement, avant le 1er avril de l'an 2000, un rapport sur les adaptations à apporter à la fiscalité agricole.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 6, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 6 A est rétabli dans cette rédaction.

Article 6 B



M. le président.
L'article 6 B a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 7 rectifié, M. Souplet, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« I. - A compter du 1er janvier 2000, le II de l'article 41 du code général des impôts est complété par trois alinéas ainsi rédigés :
« En cas de transmission à titre gratuit avec ou sans soulte d'éléments d'actif immobilisé affectés à l'exercice de la profession à un ou plusieurs héritiers ou successibles possédant un lien de parenté jusqu'au troisième degré inclus, les plus-values constatées sont exonérées à hauteur de 75 % dans la limite de 3 millions de francs, si le bénéficiaire de la tranmission prend l'engagement de ne pas céder ces biens à titre onéreux avant l'expiration d'un délai de dix ans et s'il y a transfert effectif du pouvoir de gestion.
« Lorsque le bénéficiaire de la transmission n'est pas un héritier ou un successible possédant un lien de parenté jusqu'au troisième degré inclus, mais a le statut de jeune agriculteur, le taux de l'exonération est ramené à 50 % dans la limite de 3 millions de francs.
« En cas de cession dans le délai de dix ans, les plus-values exonérées en vertu des dispositions précédentes sont réintégrées dans les bénéfices de l'exercice en cours. »
« II. - Le paragraphe II de l'article 151 nonies du code général des impôts est complété par quatre alinéas ainsi rédigés :
« En cas de transmission à titre gratuit avec ou sans soulte de droits sociaux considérés, en application du I, comme des éléments d'actifs affectés à l'exercice de la profession, à un ou plusieurs héritiers ou successibles possédant un lien de parenté jusqu'au troisième degré inclus, les plus-values constatées sont exonérées à hauteur de 75 %, dans la limite de 3 millions de francs, si le bénéficiaire de la transmission prend l'engagement de ne pas céder ces biens à titre onéreux avant l'expiration d'un délai de dix ans et s'il y a transfert effectif du pouvoir de gestion.
« Lorsque le bénéficiaire de la transmission n'est pas un héritier ou un successible possédant un lien de parenté jusqu'au troisième degré inclus mais a le statut de jeune agriculteur, le taux de l'exonération est ramené à 50 % dans la limite des 3 millions de francs.
« En cas de cession dans le délai de dix ans, les plus-values exonérées en vertu des dispositions précédentes sont réintégrées dans les bénéfices de l'exercice en cours.
« En cas de décès du bénéficiaire de la transmission avant expiration d'un délai de dix ans, les plus-values exonérées en vertu des dispositions précédentes sont réintégrées dans les bénéfices de l'exercice en cours pour la fraction de dix années restant à courir. Toutefois, si l'exploitation de l'entreprise se poursuit avec l'un des descendants ayant un lien de parenté inférieur ou égal au troisième degré, les dispositions du deuxième alinéa du II continuent de s'appliquer. »
« III. - Il est inséré, après le premier alinéa du 1 de l'article 201 du code général des impôts, un alinéa ainsi rédigé :
« En cas de transmission à titre gratuit avec ou sans soulte d'une exploitation agricole, les stocks sont évalués conformément aux dispositions du 3 de l'article 38 du code général des impôts. »
« IV. - La perte de recettes pour l'Etat résultant de l'application des I, II et III est compensée par le relèvement, à due concurrence, des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du même code. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. M. François Patriat a indiqué, dans son rapport, que ce type de dispositions, sous couvert de favoriser l'installation en agriculture, « avantage les sortants bien plus que les jeunes entrants ».
La commission propose un amendement tendant à rétablir ce dispositif, car, quoiqu'en dise le rapporteur de l'Assemblée nationale, cette mesure favorise l'installation. En effet, pour le sortant, la plus-value effectuée lors de la transmission de l'exploitant constitue un complément de retraite. Si celle-ci est surfiscalisée, l'agriculteur aura tendance à vendre au plus offrant, ce qui, compte tenu du niveau des retraites agricoles, est parfaitement légitime. Si le sortant dispose d'avantages fiscaux réels, il sera incité à favoriser la transmission à de jeunes agriculteurs.
Je m'étais très longuement exprimé, en première lecture, sur cet article 6 B, dont la commission demande le rétablissement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je m'étais, moi aussi, très longuement expliqué sur cet amendement, qui aboutirait à une exonération définitive de la majeure partie des plus-values constatées à l'occasion de la transmission à titre gratuit d'exploitations agricoles exploitées directement au travers des sociétés de personnes.
J'ajoute qu'en 1995 le Conseil constitutionnel a déjà eu l'occasion de sanctionner une mesure qui prévoyait une atténuation des droits de mutation à titre gratuit en cas de transmission d'entreprise. Il convient, dès lors, d'être très vigilant sur le problème de la rupture d'égalité devant les charges publiques.
Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 6 B est rétabli dans cette rédaction.

Article 6 C



M. le président.
L'article 6 C a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 8, M. Souplet, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« I. - Il est inséré, après le III de l'article 72 B du code général des impôts, un III bis ainsi rédigé :
« III bis . - Lorsque les sociétés ou organismes placés sous le régime des sociétés de personnes défini à l'article 8 deviennent passibles de l'impôt sur les sociétés, les dispositions du second alinéa du I de l'article 202 ter sont applicables aux bénéfices afférents aux stocks comptabilisés, à la date de cet assujettissement, selon les modalités définies au I.
« Si la valeur comptable de ces stocks est modifiée, les bénéfices correspondants peuvent être rattachés par parts égales aux résultats des cinq premiers exercices soumis à l'impôt sur les sociétés. Une option doit être jointe à cet effet à la déclaration des résultats du premier exercice auquel elle s'applique.
« Un décret fixe les modalités d'application du présent paragraphe. »
« II. - L'article 72 D du même code est complété par un paragraphe ainsi rédigé :
« III. - En cas d'apport, dans les conditions visées au I de l'article 151 octies , d'une exploitation individuelle à une société passible de l'impôt sur les sociétés par un exploitant agricole qui a pratiqué des déductions au titre d'un exercice précédant celui au cours duquel intervient l'apport, les déductions non utilisées à la date de l'apport peuvent, par dérogation aux dispositions de l'article 201, être rattachées par parts égales aux résultats imposables de la société au titre de l'exercice au cours duquel intervient l'apport et des quatre exercices suivants. Ce rattachement s'applique sur option exercée dans l'acte d'apport conjointement par l'apporteur et la société.
« La même faculté est ouverte aux sociétés ou organismes placés sous le régime des sociétés de personnes défini à l'article 8, lorsqu'ils deviennent passibles de l'impôt sur les sociétés, sous réserve du respect de la double condition énoncée au second alinéa du I de l'article 202 ter . Une option doit être jointe à cet effet à la déclaration de résultats du premier exercice auquel elle s'applique. »
« III. - Les dispositions du I et du II s'appliquent aux exercices ouverts à compter du 1er janvier 1999.
« IV. - La perte de recettes pour l'Etat résultant des I, II et III est compensée par une majoration des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du même code. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Cet amendement est de même nature fiscale que celui que je viens de défendre. Il a le même objet que les deux amendements précédents.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 6 C est rétabli dans cette rédaction.

Article 6 D



M. le président.
L'article 6 D a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 9, M. Souplet, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« I. - Sont insérées, après le premier alinéa de l'article 151 septies du code général des impôts, les dispositions suivantes : « L'exonération des plus-values réalisées lors de la transmission d'exploitation à un jeune agriculteur bénéficiaire des aides à l'installation est progressive entre 1 et 2 millions de francs de chiffre d'affaires, selon le barème suivant :


CHIFFRE

d'affaires

PART TAXABLE

des plus-values

Inférieur à 1 MF

0 %

Compris entre 1 et 1,2 MF
10 %
Compris entre 1,2 et 1,4 MF
20 %
Compris entre 1,4 et 1,6 MF
40 %
Compris entre 1,6 et 1,8 MF
60 %
Compris entre 1,8 et 2 MF
80 %
Supérieur à 2 MF 100 %


« II. - La perte de recettes pour l'Etat résultant du 1 est compensée par une majoration des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du même code. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Toujours dans le même ordre d'idée, l'Assemblée nationale a supprimé le dispositif qui prévoit une taxation progressive lorsque le chiffre d'affaires se situe entre 1 million et 2 millions de francs, dans le seul cas où la cession se fait au profit d'un jeune agriculteur bénéficiant des aides à l'installation.
La commission propose de rétablir cette disposition afin de constituer un ensemble de mesures fiscales cohérentes en faveur de l'installation au sein de ce projet de loi d'orientation agricole.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 9, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 6 D est rétabli dans cette rédaction.

Article additionnel avant l'article 6



M. le président.
Par amendement n° 68, M. Machet propose d'insérer, avant l'article 6, un article additionnel ainsi rédigé :
« La définition de l'activité agricole est réputée d'ordre public. »
La parole est à M. Machet.
M. Jacques Machet. Il nous paraît nécessaire d'affirmer que des contrats entre particuliers ne peuvent pas déroger à la définition législative de l'activité agricole de 1988.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission émet un avis favorable.
Nous connaissons, aujourd'hui, trop de cas de disputes entre propriétaires et exploitants, ou jeunes exploitants, qui, cherchant la diversification, se trouvent parfois empêchés par l'attention des décisions de justice.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Il s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 68, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 6.

Article 7 bis



M. le président.
L'article 7 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale. Mais je suis saisi de deux amendements qui tendent à le rétablir.
Par amendement n° 48, M. Deneux et les membres du groupe de l'Union centriste proposent de le rétablir dans la rédaction suivante :
« Il est inséré, dans le code rural, un article L. 311-5 ainsi rédigé :
« Art. L. 311-5. - Est considérée comme exploitant agricole toute personne physique qui n'est pas titulaire d'un contrat de travail et qui exerce une activité agricole au sens de l'article L. 311-1 à titre professionnel, soit individuellement, soit au sein d'une société, et qui :
« - assure la surveillance et la direction de l'exploitation ;
« - participe de façon effective aux actes nécessaires à l'exploitation ;
« - bénéficie des résultats de l'exploitation ou en supporte les pertes. »
Par amendement n° 53, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de rétablir l'article 7 bis dans la rédaction suivante :
« Il est inséré, dans le code rural, un article L. 311-5 ainsi rédigé :
« Art. L. 311-5. - Est considérée comme exploitant agricole toute personne physique qui exerce une activité agricole au sens de l'article L. 311-1 à titre professionnel, soit individuellement, soit au sein d'une société, et qui :
« - assure la surveillance et la direction de l'exploitation ;
« - participe de façon effective aux actes nécessaires à l'exploitation ;
« - bénéficie des résultats de l'exploitation ou en supporte les pertes. »
La parole est à M. Deneux, pour défendre l'amendement n° 48.
M. Marcel Deneux. Cet amendement tend à donner une définition de l'exploitant agricole en insérant l'article L. 311-5 dans le code rural et vise à compléter la liste des conditions que doit remplir tout professionnel pour être considéré comme exploitant agricole. Cette définition peut devenir la référence chaque fois que, dans le livre III du code rural, est évoquée la notion d'exploitant.
De plus, cet amendement a pour objet d'éviter toute possibilité de détournement de la réglementation, détournement qui serait aisé si l'on acceptait que certains salariés qui détiennent des parts de SCEA et qui exercent des fonctions de direction puissent être considérés comme des exploitants agricoles.
Telles sont les raisons pour lesquelles les auteurs du présent amendement ont souhaité rétablir l'article 7 bis tel qu'il avait été adopté par le Sénat en première lecture.
M. le président. La parole est à M. Le Cam, pour défendre l'amendement n° 53.
M. Gérard Le Cam. Par cet amendement, nous proposons d'en revenir à la rédaction initiale de cet article adopté par l'Assemblée nationale.
La suppression conforme de l'article 6 par les deux chambres, suppression que nous regrettons, aura pour effet de repousser à plus tard un problème qui aurait dû être traité au plus vite, avant que la coexistence, parfois précaire, entre agriculteurs et artisans ne devienne un rapport de force qui jouerait, le cas échéant, contre l'ensemble du monde rural.
Le rapport d'évaluation qui devra être remis au Parlement dans les prochains mois aura pour souci, je le souhaite, de parvenir à un équilibre durable entre tous les acteurs de la ruralité afin que, cette fois-ci, il n'y ait pas de volte-face. On ne peut que regretter, d'ailleurs, qu'une telle évaluation n'ait pas été conduite plus tôt, ce qui nous aurait évité tout à la fois les tensions qui se sont fait jour chez les artisans puis chez certains représentants agricoles, ainsi que les hésitations du législateur, qui, après de longs débats, certes loin d'être inutiles, auront pour résultat le retour pur et simple à la rédaction du code rural dans sa version de 1988.
Encore une fois, il est à craindre que le droit ne soit à la remorque des faits et que ce ne soit, en dernière instance, aux tribunaux de résoudre ce que le législateur n'aura pas su ou pas voulu régler.
Pour autant, il ne me paraît pas contradictoire, tout en faisant référence à l'article L. 311-1 du code rural tel qu'il existe, de prévoir une définition de l'exploitant agricole en vue d'éviter qu'apparaissent des fraudes ou que des prétendus exploitants s'improvisent agriculteurs pour toucher les primes.
C'est pourquoi la suppression de l'article 6 ne doit pas entraîner nécessairement la suppression de l'article 7 bis, qui, tout en étant lié à l'article 6, se réfère à un tout autre problème, celui des vrais agriculteurs et de ceux qui en usurpent le nom.
Je dirai même que la suppression de l'article portant définition des activités agricoles justifie encore plus le maintien de cet article définissant l'exploitant agricole.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 48 et 53 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Ces deux amendements se ressemblent, mais, la commission ayant eu à examiner en premier lieu l'amendement n° 48 de M. Deneux, elle y a donné un avis favorable et, considérant que l'amendement n° 53 était satisfait par cet amendement, elle a évidemment émis un avis défavorable sur l'amendement n° 53.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement est défavorable à ces deux amendements.
En effet, nous avons fait le choix de supprimer l'article 6 pour ne pas entrer dans la logique de définition ; rétablir cette logique à l'article 7 bis est incohérent avec notre choix.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 48, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 7 bis est rétabli dans cette rédaction et l'amendement n° 53 n'a plus d'objet.

Article 7 ter



M. le président.
L'article 7 ter a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article 10 quater



M. le président.
L'article 10 quater a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 10, M. Souplet, au nom de la commission, propose de la rétablir dans la rédaction suivante :
« Il est inséré, après le quatrième alinéa de l'article L. 411-64 du code rural, un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, le preneur ayant atteint l'âge de la retraite retenu en matière d'assurance vieillesse des exploitants agricoles et ayant un ou plusieurs enfants à charge bénéficie d'un renouvellement de deux périodes triennales. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Cette disposition, adoptée par le Sénat sur votre initiative, monsieur le président, a pour objet de permettre la transmission de l'exploitation aux descendants de l'exploitant si celui-ci a atteint l'âge de la retraite alors que ses enfants poursuivent encore leurs études ou sont encore trop jeunes pour la reprendre immédiatement.
Nous souhaitons donc que cet article soit rétabli.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Bien que cette disposition ait été adoptée par le Sénat sur votre initiative, monsieur le président, le Gouvernement est défavorable à cet amendement. (Oh ! sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Je vous remercie, monsieur le ministre : le mot « votre » précédant « initiative » étant d'une certaine manière indéfini. (Sourires.)
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 10 quater est rétabli dans cette rédaction.

Article 12



M. le président.
« Art. 12. _ Dans un délai de six mois à compter de la publication de la présente loi, le Gouvernement présentera au Parlement un rapport sur les conditions de mise en oeuvre d'un mécanisme d'assurance-récolte et son articulation avec le régime des calamités agricoles. » - (Adopté.)

Article additionnel après l'article 12



M. le président.
Par amendement n° 54, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen propose d'insérer, après l'article 12, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans un délai d'un an à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement présentera au Parlement un projet de loi tendant à modifier les conditions de saisissabilité des revenus provenant des produits de l'activité d'un exploitant agricole ainsi que du lieu d'habitation principale de l'exploitation agricole en situation de liquidation judiciaire ou de redressement judiciaire. »
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Cet amendement a pour objet de revenir sur deux points adoptés conformes par l'Assemblée nationale et par le Sénat, mais qui soulèvent néanmoins un vrai problème : celui de la précarité de certains exploitants agricoles qui n'ont pas pu suivre la marche forcée vers le productivisme.
On a invoqué, un peu rapidement à mon sens, la nature inconstitutionnelle des articles 12 bis et 12 ter pour justifier leur suppression. Or les difficultés posées par ces deux dispositions - que je ne conteste pas par ailleurs - étaient tout à fait surmontables.
Comment pouvait-on, en effet, prétendre qu'il y ait une rupture d'égalité entre exploitants agricoles et commerçants dès lors qu'elle existe déjà en faveur des salariés ? Si rupture d'égalité il y a, elle réside entre salariés et non-salariés !
C'est pourquoi nous proposons, par cet amendement, d'examiner d'ici à un an un projet de loi qui apporte des réponses à ce vrai problème dans le respect de la légalité et de l'équité.
Un gouvernement de gauche s'honorerait, je le pense, en instaurant un dispositif qui protège, qui sécurise les plus faibles, victimes d'une politique qui a trop longtemps privilégié les grands producteurs, politique que ce projet de loi entend contribuer à infléchir partiellement.
Dès lors, il s'agit d'aller jusqu'au bout de cette logique qui consiste à modifier les règles du jeu économique tout en protégeant ceux qui sont restés sur le bord de la route.
En conséquence, nous demandons au Gouvernement d'engager une politique plus volontariste à leur égard. C'est le sens de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est défavorable à l'amendement n° 54, qui crée une situation inacceptable pour beaucoup d'autres catégories professionnelles, tels les commerçants et les artisans.
Comme je l'avais souligné en première lecture, le fait de consacrer, à terme, l'insaisissabilité du revenu de l'agriculteur apparaît choquant. La commission, qui tient beaucoup au point de vue qu'elle a défendu, demande le rejet de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur Le Cam, le Gouvernement est défavorable à cet amendement pour des raisons constitutionnelles. Le problème est que cette disposition instaure non pas une rupture d'égalité entre les exploitants agricoles et les commerçants, mais une rupture d'égalité entre citoyens qu'ils soient commerçants, salariés ou non salariés.
Rendre des biens insaisissables pour certains et pas pour d'autres est une rupture d'égalité. Par conséquent, je crois profondément que cette mesure est anticonstitutionnelle et je ne peux m'y résoudre.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 54, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Chapitre II

L'orientation des structures
des exploitations agricoles

Section 1

Les éléments de référence et la politique d'installation


Article 14



M. le président.
« Art. 14. _ I. _ Il est inséré, après le premier alinéa de l'article L. 330-1 du code rural, un alinéa ainsi rédigé :
« Dans ce cadre, elle prévoit des formes d'installation progressive, permettant d'organiser, dans des conditions précisées par décret, des parcours d'accès aux responsabilités de chef d'exploitation agricole, notamment pour les candidats non originaires du milieu agricole. »
« II. Non modifié. » Par amendement n° 11, M. Souplet, au nom de la commission, propose, dans le texte présenté par le I de cet article pour compléter l'article L. 330-1 du code rural, de remplacer les mots : « dans des conditions précisées par décret, » par les mots : « selon des modalités précisées par décret, des conditions spécifiques d'accès au foncier, aux droits de nature économique, à la protection sociale ainsi que ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale a, d'une part, rétabli le texte qu'elle avait adopté en première lecture au paragraphe I et, d'autre part, adopté conforme le paragraphe II modifié par le Sénat, qui avait souhaité réduire de trois ans à deux ans le délai au terme duquel les organismes de retraite doivent informer chaque agriculteur de son obligation de notifier son intention de cesser son activité.
Afin d'élargir la portée de ce dispositif, la commission souhaite en revenir à la rédaction adoptée par le Sénat au paragraphe I.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 38, M. César et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent :
A. - De compléter le I de l'article 14 par un nouvel alinéa rédigé comme suit :
« Pour faciliter cet accès, les exploitants agricoles, dont l'âge est compris entre 55 et 60 ans et qui embauchent un jeune salarié de moins de 35 ans dans le but de le former et de lui transmettre l'exploitation, bénéficient d'une exonération de charges sociales. La perte des recettes pour l'Etat résultant de cette disposition est compensée par une majoration des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du même code. »
B. - En conséquence, à la fin du premier alinéa du I de ce même article, de remplacer les mots : « un alinéa ainsi rédigé » par les mots : « deux alinéas ainsi rédigés ».
Par amendement n° 45, M. Deneux et les membres du groupe de l'Union centriste proposent :
A. - De compléter le I de l'article 14 par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour faciliter cet accès, les exploitants agricoles, dont l'âge est compris entre cinquante-cinq et soixante ans et qui embauchent un jeune salarié de moins de trente-cinq ans dans le but de le former et de lui transmettre l'exploitation, bénéficient d'une exonération de charges sociales. »
B. - En conséquence, à la fin du premier alinéa, de remplacer les mots : « un alinéa ainsi rédigé : » par les mots : « deux alinéas ainsi rédigés : ».
La parole est à M. César, pour défendre l'amendement n° 38.
M. Gérard César. Cet amendement a pour objet de faciliter l'installation des jeunes agriculteurs. Les exploitants agricoles dont l'âge est compris entre cinquante-cinq et soixante ans et qui embauchent un jeune salarié de moins de trente-cinq ans dans le but de le former et de lui transmette l'exploitation bénéficieraient d'une exonération de charges sociales.
M. le président. La parole est à M. Deneux, pour défendre l'amendement n° 45.
M. Marcel Deneux. J'ajouterai aux propos de M. César, que je fais miens, que mon amendement tend à favoriser l'installation de jeunes qui ne sont pas originaires du milieu agricole. Tout le monde le souhaite, mais peu de gens le font.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 38 et 45 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission ayant eu à statuer sur l'amendement n° 38 avant l'amendement n° 55, elle y a donné un avis favorable. Je demande en conséquence à notre collègue M. Deneux de bien vouloir retirer le sien, qui est d'ailleurs satisfait.
M. le président. Monsieur Deneux, votre amendement est-il maintenu.
M. Marcel Deneux. Il est retiré, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 45 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 38 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable. En effet, ces dispositions sont intégrées dans un article que nous examinerons ultérieurement et qui précise le dispositif de l'installation progressive. Cet amendement est donc superflu.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 38.
M. Claude Domeizel. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Domeizel.
M. Claude Domeizel. Cet amendement me paraît très intéressant dans la mesure où il favorise l'emploi en permettant l'embauche d'un jeune qui veut devenir exploitant agricole. Il permet, en outre, d'assurer la continuité de l'exploitation gérée par un agriculteur qui souhaite prendre sa retraite. Cela peut permettre en particulier le maintien d'activités agricoles dans les régions défavorisées, notamment dans les régions d'élevage.
Le groupe socialiste est donc plutôt favorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 38, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 14, modifié.

(L'article 14 est adopté.)

Article 15



M. le président.
« Art. 15. _ I et II. _ Non modifiés .
« III. _ Supprimé . » - (Adopté.)

Article 15 bis (réservé)



M. le président.
L'article 15 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 12, M. Souplet, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« I. - Une allocation de préretraite peut être allouée aux chefs d'exploitation agricole âgés de cinquante-cinq ans ayant exercé cette activité pendant au moins quinze années, s'ils cessent définitivement leur activité agricole et rendent leurs terres et leurs bâtiments disponibles à un jeune agriculteur bénéficiant des aides à l'installation.
« II. - Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités de mise en oeuvre du régime défini par le présent article.
« III. - La perte de recettes pour l'Etat résultant du I est compensée par le relèvement, à due concurrence, des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission propose de rétablir l'article 15 bis afin d'allouer aux exploitants agricoles qui cessent leur activité une aide à la transmission de l'exploitant au-delà du 31 décembre 1999, dans le cas où ils rendent leurs terres et leurs bâtiments disponibles pour un jeune agriculteur.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
En outre, il invoque l'article 40 de la Constitution, car le gage qui est proposé est, selon le Gouvernement, un faux gage.
M. Hilaire Flandre. C'est un gage virtuel !
M. le président. En l'absence d'un représentant de la commission des finances, il y a lieu de réserver l'article 15 bis et l'amendement n° 12.

Section 2

Le contrôle des structures des exploitations agricoles

Article 16



M. le président.
« Art. 16. _ Le chapitre Ier du titre III du livre III (nouveau) du code rural est ainsi rédigé :

« Chapitre Ier

« Le contrôle des structures
des exploitations agricoles

« Art. L. 331-1 . _ Le contrôle des structures des exploitations agricoles s'applique à la mise en valeur des biens fonciers ruraux au sein d'une exploitation agricole, quels que soient la forme ou le mode d'organisation juridique de celle-ci, et le titre en vertu duquel la mise en valeur est assurée.
« Est qualifié d'exploitation agricole, au sens du présent chapitre, l'ensemble des unités de production mises en valeur directement ou indirectement par la même personne, quels qu'en soient le statut, la forme ou le mode d'organisation juridique, dont les activités sont mentionnées à l'article L. 311-1.
« L'objectif prioritaire du contrôle des structures est de favoriser l'installation d'agriculteurs, y compris ceux engagés dans une démarche d'installation progressive.
« En outre, il vise :
« _ soit à empêcher le démembrement d'exploitations agricoles viables pouvant permettre l'installation d'un ou plusieurs agriculteurs ;
« _ soit à favoriser l'agrandissement des exploitations agricoles dont les dimensions, les références de production ou les droits à aide sont insuffisants au regard des critères arrêtés dans le schéma directeur départemental des structures ;
« _ soit à permettre l'installation ou conforter l'exploitation d'agriculteurs pluriactifs partout où l'évolution démographique et les perspectives économiques le justifient.
« Art. L. 331-2 . _ I. _ Sont soumises à autorisation préalable les opérations suivantes :
« 1° Les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles au bénéfice d'une exploitation agricole mise en valeur par une ou plusieurs personnes physiques ou morales, lorsque la surface totale qu'il est envisagé de mettre en valeur excède le seuil fixé par le schéma directeur départemental des structures.
« Ce seuil est compris entre 0,5 et 1,5 fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5.
« Toute diminution du nombre total des associés exploitants, des coexploitants, des coïndivisaires au sein d'une exploitation est assimilée à un agrandissement. Elle entraîne pour celui ou ceux qui poursuivent la mise en valeur de l'exploitation l'obligation de solliciter une autorisation préalable pour continuer d'exploiter dès lors que l'exploitation en cause a une superficie supérieure au seuil fixé ci-dessus. Dans ce cas, l'autorisation peut être accordée à titre provisoire pour une durée qui ne saurait excéder deux ans, afin de leur permettre, le cas échéant, de remettre leur exploitation en conformité avec les prescriptions du schéma directeur départemental des structures ;
« 2° Quelle que soit la superficie en cause, les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles ayant pour conséquence :
« a) De supprimer une exploitation agricole dont la superficie excède un seuil fixé par le schéma directeur départemental des structures et compris entre le tiers et une fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5, ou de ramener la superficie d'une exploitation en deçà de ce seuil ;
« b) De priver une exploitation agricole d'un bâtiment essentiel à son fonctionnement, sauf s'il est reconstruit ou remplacé ;
« 3° Quelle que soit la superficie en cause, les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles au bénéfice d'une exploitation agricole :
« a) Dont l'un des membres ayant la qualité d'exploitant ne remplit pas les conditions de capacité ou d'expérience professionnelle ou a atteint l'âge requis pour bénéficier d'un avantage de vieillesse agricole,
« b) Ne comportant pas de membre ayant la qualité d'exploitant.
« Il en est de même pour les exploitants pluriactifs remplissant les conditions de capacité ou d'expérience professionnelle dont les revenus extra-agricoles du foyer fiscal excèdent 3 120 fois le montant horaire du salaire minimum de croissance ;
« 4° Hormis la seule participation financière au capital d'une exploitation, toute participation dans une exploitation agricole, soit directe, en tant que membre, associé ou usufruitier de droits sociaux, soit par personne morale interposée, de toute personne physique ou morale, dès lors qu'elle participe déjà en qualité d'exploitant à une autre exploitation agricole, ainsi que toute modification dans la répartition des parts ou actions d'une telle personne morale qui a pour effet de faire franchir à l'un des membres, seul ou avec son conjoint et ses ayants droit, le seuil de 50 % du capital.
« Dans le cas où le franchissement de ce seuil ne résulte pas d'une décision de l'intéressé, l'autorisation peut être accordée à titre provisoire, pour une durée qui ne saurait excéder deux ans, afin de permettre aux associés de rétablir une situation conforme au schéma directeur départemental des structures ;
« 5° Les agrandissements ou réunions d'exploitations pour les biens dont la distance par rapport au siège de l'exploitation du demandeur est supérieure à un maximum fixé par le schéma directeur départemental des structures, sans que ce maximum puisse être inférieur à cinq kilomètres ;
« 6° Les créations ou extensions de capacité des ateliers hors-sol, quelle que soit cette capacité pour les élevages de porcs sur caillebotis partiel ou intégral, et au-delà d'un seuil de production fixé par décret pour les autres ateliers.
« Pour déterminer la superficie totale mise en valeur, il est tenu compte des superficies exploitées par le demandeur sous quelque forme que ce soit ainsi que des ateliers de production hors-sol évalués par application des coefficients mentionnés au dernier alinéa de l'article L. 312-6. En sont exclus les bois, landes, taillis et friches, sauf les terres situées dans les départements d'outre-mer et mentionnées par l'article L. 128-3 ; en sont également exclus les étangs autres que ceux servant à l'élevage piscicole.
« Les opérations réalisées par une société d'aménagement foncier et d'établissement rural, ayant pour conséquence la suppression d'une unité économique égale ou supérieure au seuil fixé en application du 2° ci-dessus, ou l'agrandissement, par attribution d'un bien préempté par la société d'aménagement foncier et d'établissement rural, d'une exploitation dont la surface totale après cette cession excède deux fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5, sont soumises à autorisation dans les conditions de droit commun. Les autres opérations réalisées par ces sociétés font l'objet d'une simple information du préfet du département où est situé le fonds.
« II. _ Supprimé .
« Art. L. 331-3 . _ L'autorité administrative, après avis de la commission départementale d'orientation de l'agriculture, se prononce sur la demande d'autorisation en se conformant aux orientations définies par le schéma directeur départemental des structures agricoles applicable dans le département dans lequel se situe le fonds faisant l'objet de la demande. Elle doit notamment :
« 1° Observer l'ordre des priorités établi par le schéma départemental entre l'installation des jeunes agriculteurs et l'agrandissement des exploitations agricoles, en tenant compte de l'intérêt économique et social du maintien de l'autonomie de l'exploitation faisant l'objet de la demande ;
« 2° S'assurer, en cas d'agrandissement ou de réunion d'exploitations, que toutes les possibilités d'installation sur une exploitation viable ont été considérées ;
« 3° Prendre en compte les références de production ou droits à aide dont disposent déjà le ou les demandeurs ainsi que ceux attachés aux biens objets de la demande en appréciant les conséquences économiques de la reprise envisagée ;
« 4° Prendre en compte la situation personnelle du ou des demandeurs, notamment en ce qui concerne l'âge et la situation familiale ou professionnelle et, le cas échéant, celle du preneur en place ;
« 5° Prendre en compte la participation du demandeur ou, lorsque le demandeur est une personne morale, de ses associés à l'exploitation directe des biens objets de la demande dans les conditions prévues à l'article L. 411-59 ;
« 6° Tenir compte du nombre d'emplois non salariés et salariés permanents ou saisonniers sur les exploitations concernées ;
« 7° Prendre en compte la structure parcellaire des exploitations concernées, soit par rapport au siège de l'exploitation, soit pour éviter que des mutations en jouissance ne remettent en cause des aménagements réalisés à l'aide de fonds publics ;
« 8° Prendre en compte la poursuite d'une activité agricole bénéficiant de la certification du mode de production biologique.
« L'autorisation peut n'être délivrée que pour une partie de la demande, notamment si certaines des parcelles sur lesquelles elle porte font l'objet d'autres candidatures prioritaires. Elle peut également être conditionnelle ou temporaire.
« Art. L. 331-4 . _ Non modifié .
« Art. L. 331-5 . _ Les informations concernant les structures des exploitations agricoles figurant dans les fichiers des caisses de mutualité sociale agricole ou les organismes qui en tiennent lieu dans les départements d'outre-mer, dans les centres de formalités des entreprises tenus par les chambres d'agriculture, dans le registre de l'agriculture, ou dans le système intégré de gestion et de contrôle mis en place pour l'application de la réglementation communautaire, sont communiquées, sur sa demande, à l'autorité administrative lorsqu'elles sont nécessaires à l'exercice du contrôle des structures.
« Art. L. 331-6 . _ Non modifié .
« Art. L. 331-7 . _ Lorsqu'elle constate qu'un fonds est exploité contrairement aux dispositions du présent chapitre, l'autorité administrative met l'intéressé en demeure de régulariser sa situation dans un délai qu'elle détermine et qui ne saurait être inférieur à un mois.
« La mise en demeure mentionnée à l'alinéa précédent prescrit à l'intéressé soit de présenter une demande d'autorisation, soit, si une décision de refus d'autorisation est intervenue, de cesser l'exploitation des terres concernées.
« Lorsque l'intéressé, tenu de présenter une demande d'autorisation, ne l'a pas formée dans le délai mentionné ci-dessus, l'autorité administrative lui notifie une mise en demeure de cesser d'exploiter dans un délai de même durée.
« Lorsque la cessation de l'exploitation est ordonnée, l'intéressé est mis à même, pendant le délai qui lui est imparti, de présenter ses observations écrites ou orales devant toute instance ayant à connaître de l'affaire.
« Si, à l'expiration du délai imparti pour cesser l'exploitation des terres concernées, l'autorité administrative constate que l'exploitation se poursuit dans des conditions irrégulières, elle peut prononcer à l'encontre de l'intéressé une sanction pécuniaire d'un montant compris entre 2 000 francs et 6 000 francs par hectare. La surface prise en compte correspond à la surface de polyculture-élevage faisant l'objet de l'exploitation illégale, ou son équivalent, après le cas échéant application des coefficients d'équivalence résultant, pour chaque nature de culture, de l'application de l'article L. 312-6.
« Cette mesure pourra être reconduite chaque année s'il est constaté que l'intéressé poursuit l'exploitation en cause.
« Art. L. 331-8 . _ La décision prononçant la sanction pécuniaire mentionnée à l'article L. 331-7 est notifiée à l'exploitant concerné, qui peut la contester, avant tout recours contentieux, dans le mois de sa réception, devant une commission des recours dont la composition et les règles de fonctionnement sont fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Les recours devant cette commission sont suspensifs. Leur instruction est contradictoire.
« La commission, qui statue par décision motivée, peut soit confirmer la sanction, soit décider qu'en raison d'éléments tirés de la situation de la personne concernée il y a lieu de ramener la pénalité prononcée à un montant qu'elle détermine dans les limites fixées à l'article L. 331-7, soit décider qu'en l'absence de violation établie des dispositions du présent chapitre il n'y a pas lieu à sanction. Dans les deux premiers cas, la pénalité devient recouvrable dès notification de sa décision.
« La décision de la commission peut faire l'objet, de la part de l'autorité administrative ou de l'intéressé, d'un recours de pleine juridiction devant le tribunal administratif.
« Art. L. 331-9 à L. 331-11 . _ Non modifiés . »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 13, M. Souplet, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi cet article :
« Le chapitre Ier du titre III du livre III (nouveau) du code rural est ainsi rédigé :

« Chapitre Ier

« Le contrôle des structures
des exploitations agricoles

« Art. L. 331-1. - Le contrôle des structures des exploitations agricoles s'applique à la mise en valeur des biens fonciers ruraux au sein d'une exploitation agricole, quels que soient la forme ou le mode d'organisation juridique de celle-ci, et le titre en vertu duquel la mise en valeur est assurée.
« Est qualifiée d'exploitation agricole, au sens du présent chapitre, toute unité de production, quels qu'en soient le statut, la forme ou le mode d'organisation juridique, dont l'activité est mentionnée à l'article L. 311-1.
« Est qualifié d'exploitant agricole, au sens du présent chapitre, toute personne physique qui participe effectivement à la mise en valeur d'une exploitation agricole, au sens de l'article L. 411-59 du code rural.
« L'objectif prioritaire du contrôle des structures est de favoriser, en complémentarité avec une politique incitative en faveur de la transmission des exploitations agricoles à des jeunes, l'installation d'agriculteurs, y compris ceux engagés dans une démarche d'installation progressive.
« En outre, il vise :
« - soit à empêcher le démembrement d'exploitations agricoles viables pouvant permettre l'installation d'un ou plusieurs agriculteurs,
« - soit à favoriser l'agrandissement des exploitation agricoles dont les dimensions, les références de production ou les droits à aide sont insuffisants au regard des critères arrêtés dans le schéma directeur départemental des structures, « - soit à contribuer à la constitution ou la préservation d'exploitations familiales,
« - soit à permettre l'installation ou conforter l'exploitation d'agriculteurs pluriactifs partout où l'évolution démographique et les perspectives économiques le justifient.
« Art. L. 331-2. - I. - Sont soumises à autorisation préalable les opérations suivantes :
« 1° Les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitaions agricoles au bénéfice d'une exploitation agricole détenue par une personne physique ou morale, lorsque la surface totale qu'il est envisagé de mettre en valeur excède le seuil fixé par le schéma directeur départemental des structures.
« Ce seuil est compris entre une et deux fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5.
« Toute diminution du nombre total des associés exploitants, des coexploitants, des coïndivisaires au sein d'une exploitation est assimilée à un agrandissement. Elle entraîne pour celui ou ceux qui poursuivent la mise en valeur de l'exploitation l'obligation de solliciter une autorisation préalable pour continuer d'exploiter dès lors que l'exploitation en cause a une superficie supérieure au seuil fixé ci-dessus. Dans ce cas, l'autorisation peut être accordée à titre provisoire pour une durée qui ne saurait excéder un an, afin de leur permettre, le cas échéant, de remettre leur exploitation en conformité avec les prescriptions du schéma directeur départemental des structures. Cette disposition ne concerne pas les transmissions par voie de succession ou en cas de liquidation de communauté de biens entre époux et entre ascendants et descendants jusqu'au troisième degré ;
« 2° Quelle que soit la superficie en cause, les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles ayant pour conséquence :
« a) De supprimer une exploitation agricole dont la superficie excède un seuil fixé par le schéma directeur départemental des structures et compris entre la moitié et une fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5, ou de ramener la superficie d'une exploitation en deçà de ce seuil,
« b) De priver une exploitation agricole d'un bâtiment essentiel à son fonctionnement, sauf s'il est reconstruit ou remplacé ;
« 3° Quelle que soit la superficie en cause, les installations, les agrandissements ou les réunions d'exploitations agricoles au bénéfice d'une exploitation agricole :
« a) Dont l'un des membres ayant la qualité d'exploitant ne remplit pas les conditions de capacité ou d'expérience professionnelle ou a atteint l'âge requis pour bénéficier d'un avantage de vieillesse agricole,
« b) Ne comportant pas de membre ayant la qualité d'exploitant.
« Il en est de même pour les exploitants pluriactifs remplissant les conditions de capacité ou d'expérience professionnelle dont les revenus extra-agricoles du foyer fiscal excèdent 3 120 fois le montant horaire du salaire minimum de croissance ;
« 4° Hormis la seule participation financière au capital d'une exploitation, toute participation dans une exploitation agricole, soit directe, en tant que membre, associé ou usufruitier de droits sociaux, soit par personne morale interposée, de toute personne physique, dès lors qu'elle participe déjà en qualité d'exploitant à une autre exploitation agricole, ainsi que toute modification dans la répartition des parts ou actions d'une telle personne morale qui a pour effet de faire franchir à l'un des membres, seul ou avec son conjoint et ses ayants droit, le seuil de 50 % du capital.
« Dans le cas où le franchissement de ce seuil ne résulte pas d'une décision de l'intéressé, l'autorisation peut être accordée à titre provisoire, pour une durée qui ne saurait excéder un an, afin de permettre aux associés de rétablir une situation conforme au schéma directeur départemental des structures ;
« 5° Les agrandissement ou réunions d'exploitations pour les biens dont la distance par rapport au siège de l'exploitation du demandeur est supérieure à un maximum fixé par le schéma départemental des structures, sans que ce maximum puisse être inférieur à dix kilomètres ;
« 6° Les créations ou extensions de capacité des ateliers hors-sol, au-delà d'un seuil de capacité de production fixé par décret.
« Pour déterminer la superficie totale mise en valeur, il est tenu compte des superficies exploitées par le demandeur sous quelque forme que ce soit ainsi que des ateliers de production hors-sol évalués par application des coefficients mentionnés au dernier alinéa de l'article L. 312-6. En sont exclus les bois, landes, taillis et friches, sauf les terres situées dans les départements d'outre-mer et mentionnées par l'article L. 128-3 ; en sont également exclus les étangs autres que ceux servant à élevage piscicole.
« Les opérations réalisées par une société d'aménagement foncier et d'établissement rural, ayant pour conséquence la suppression d'une unité économique égale ou supérieure au seuil fixé en application du 2° ci-dessus, ou l'agrandissement, par attribution d'un bien préempté par la société d'aménagement foncier et d'établissement rural, d'une exploitation dont la surface totale après cette cession excède deux fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5, sont soumises à autorisation dans les conditions de droit commun. Les autres opérations réalisées par ces sociétés font l'objet d'une simple information du préfet du département où est situé le fonds.
« II. - Lorsqu'elles sont inférieures à un seuil compris entre une et deux fois l'unité de référence, les exploitations agricoles sont librement transmissibles par voie de succession ou en cas de liquidation de communauté de biens entre époux et librement cessibles entre conjoints et entre ascendants et descendants jusqu'au troisième degré.
« Art. L. 331-3 - L'autorité administrative, après avis de la commission départementale d'orientation de l'agriculture, se prononce sur la demande d'autorisation en se conformant aux orientations définies par le schéma directeur départemental des structures agricoles applicable dans le département dans lequel se situe le fonds faisant l'objet de la demande. Elle doit notamment :
« 1° Observer l'ordre des priorités établi par le schéma départemental entre l'installation des jeunes agriculteurs et l'agrandissement des exploitations agricoles, en tenant compte de l'intérêt économique et social du maintien de l'autonomie de l'exploitation faisant l'objet de la demande ;
« 2° S'assurer, en cas d'agrandissement ou de réunion d'exploitations, que toutes les possibilités d'installation sur une exploitation viable ont été considérées ;
« 3° Prendre en compte les références de production ou droits à aide dont disposent déjà le ou les demandeurs ainsi que ceux attachés aux biens objets de la demande en appréciant les conséquences économiques de la reprise envisagée ;
« 4° Prendre en compte la situation personnelle du ou des demandeurs, notamment en ce qui concerne l'âge et la situation familiale ou professionnelle et, le cas échéant, celle du preneur en place ;
« 5° Prendre en compte la participation du demandeur ou, lorsque le demandeur est une personne morale, de ses associés à l'exploitation directe des biens objets de la demande dans les conditions prévues à l'article L. 411-59 ;
« 6° Tenir compte du nombre d'emplois non salariés et salariés permanents ou saisonniers sur les exploitations concernées ;
« 7° Prendre en compte la structure parcellaire des exploitations concernées, soit par rapport au siège de l'exploitation, soit pour éviter que des mutations en jouissance ne remettent en cause des aménagements réalisés à l'aide de fonds publics ;
« 8° S'assurer du respect des règles de protection de l'environnement établies au niveau national et local.
« L'autorisation peut n'être délivrée que pour une partie de la demande, notamment si certaines des parcelles sur lesquelles elle porte font l'objet d'autres candidatures prioritaires. Elle peut également être conditionnelle ou temporaire.
« Art. L. 331-4. - L'autorisation est périmée si le fonds n'a pas été mis en culture avant l'expiration de l'année culturale qui suit la date de sa notification. Si le fonds est loué, l'année culturale à prendre en considération est celle qui suit le départ effectif du preneur, sauf si la situation personnelle du demandeur au regard des dispositions du présent chapitre est modifiée.
« Art. L. 331-5. - Les informations concernant les structures des exploitations agricoles figurant dans les fichiers des caisses de mutualité sociale agricole ou les organismes qui en tiennent lieu dans les départements d'outre-mer, dans les centres de formalités des entreprises tenus par les chambres d'agriculture, dans le registre de l'agriculture, ou dans le système intégré de gestion et de contrôle mis en place pour l'application de la réglementation communautaire sont communiquées, sur sa demande, à l'autorité administrative lorsqu'elles sont nécessaires à l'exercice du contrôle des structures.
« Art. L. 331-6. - Tout preneur, lors de la conclusion d'un bail, doit faire connaître au bailleur la superficie et la nature des biens qu'il exploite ; mention expresse en est faite dans le bail. Si le preneur est tenu d'obtenir une autorisation d'exploiter en application de l'article L. 331-2, le bail est conclu sous réserve de l'octroi de ladite autorisation. Le refus définitif de l'autorisation ou le fait de ne pas avoir présenté la demande d'autorisation exigée en application de l'article L. 331-2 dans le délai imparti par l'autorité administrative en application du premier alinéa de l'article L. 331-7 emporte la nullité du bail que le préfet du département dans lequel se trouve le bien objet du bail, le bailleur ou la société d'aménagement foncier et d'établissement rural, lorsqu'elle exerce son droit de préemption, peut faire prononcer par le tribunal paritaire des baux ruraux.
« Art. L. 331-7. - Lorsqu'elle constate qu'un fonds est exploité contrairement aux dispositions du présent chapitre, l'autorité administrative met l'intéressé en demeure de régulariser sa situation dans un délai qu'elle détermine et qui ne saurait être inférieur à deux mois.
« La mise en demeure mentionnée à l'alinéa précédent prescrit à l'intéressé soit de présenter une demande d'autorisation, soit, si une décision de refus d'autorisation est intervenue, de cesser l'exploitation des terres concernées.
« Lorsque l'intéressé, tenu de présenter une demande d'autorisation, ne l'a pas formée dans le délai mentionné ci-dessus, l'autorité administrative lui notifie une mise en demeure de cesser d'exploiter dans un délai de même durée.
« Lorsque la cessation de l'exploitation est ordonnée, l'intéressé est mis à même, pendant le délai qui lui est imparti, de présenter ses observations écrites ou orales devant toute instance ayant à connaître de l'affaire.
« Si, à l'expiration du délai imparti pour cesser l'exploitation des terres concernées, l'autorité administrative constate que l'exploitation se poursuit dans des conditions irrégulières, elle peut prononcer à l'encontre de l'intéressé une sanction pécuniaire d'un montant compris entre 2 000 francs et 4 000 francs par hectare. La surface prise en compte correspond à la surface de polyculture-élevage faisant l'objet de l'exploitation illégale, ou son équivalent, après le cas échéant application des coefficients d'équivalence résultant, pour chaque nature de culture, de l'application de l'article L. 312-6.
« Cette mesure pourra être reconduite chaque année s'il est constaté que l'intéressé poursuit l'exploitation en cause.
« Art. L. 331-8. - La décision prononçant la sanction pécuniaire mentionnée à l'article L. 331-7 est notifiée à l'exploitant concerné, qui peut la contester, avant tout recours contentieux, dans le mois de sa réception, devant une commission des recours dont la composition et les règles de fonctionnement sont fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Les recours devant cette commission sont suspensifs. Leur instruction est contradictoire.
« La commission, qui statue par décision motivée, peut soit confirmer la sanction, soit décider qu'en raison d'éléments tirés de la situation de la personne concernée il y a lieu de ramener la pénalité prononcée à un montant qu'elle détermine dans les limites fixées à l'article L. 331-7, soit décider qu'en l'absence de violation établie des dispositions du présent chapitre il n'y a pas lieu à sanction. Dans les deux premiers cas, la pénalité devient recouvrable dès notification de sa décision.
« La décision de la commission peut faire l'objet, de la part de l'autorité administrative ou de l'intéressé, d'un recours de pleine juridiction devant le tribunal administratif.
« Art. L. 331-9. - Celui qui exploite un fonds en dépit d'un refus d'autorisation d'exploiter devenu définitif ne peut bénéficier d'aucune aide publique à caractère économique accordée en matière agricole.
« Art. L. 331-10. - Si, à l'expiration de l'année culturale au cours de laquelle la mise en demeure de cesser l'exploitation est devenue définitive, un nouveau titulaire du droit d'exploiter n'a pas été désigné, toute personne intéressée par la mise en valeur du fonds peut demander au tribunal paritaire des baux ruraux que lui soit accordé le droit d'exploiter ledit fonds. En cas de pluralité de candidature, le tribunal paritaire des baux ruraux statue en fonction de l'intérêt, au regard des priorités définies par le schéma directeur départemental des structures, de chacune des opérations envisagées.
« Lorsque le tribunal paritaire des baux ruraux accorde l'autorisation d'exploiter le fonds, il fixe les conditions de jouissance et le montant du fermage conformément aux dispositions du titre Ier du livre IV (nouveau) du présent code.
« Art. L. 331-11. - Les conditions d'application du présent chapitre sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 55, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de rédiger comme suit le dernier alinéa du I du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural :
« Les rétrocessions d'un fonds par une société d'aménagement foncier et d'établissement rural devront se faire dans le respect de la hiérarchie des priorités définies par le schéma départemental des structures agricoles. Les opérations réalisées par une société d'aménagement foncier et d'aménagement rural, ayant pour conséquence la suppression d'une unité économique égale ou supérieure au seuil fixé en application du 2° ci-dessus, ou l'agrandissement d'une exploitation dont la surface totale après cette cession excède 1,5 fois l'unité de référence définie à l'article L. 312-5, sont soumises à autorisation dans les conditions de droit commun. »
Par amendement n° 49 rectifié, M. César et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après le II du texte présenté par l'article 16 pour l'article L. 331-2 du code rural, un paragraphe ainsi rédigé :
« ... Ne sont pas soumises à autorisation préalable les opérations ayant pour objet toute prise ou modification de participation dans le capital d'une société ou d'un groupement ayant pour objet une exploitation agricole pour des secteurs et des produits agricoles qui justifient de contraintes particulières, en ce qui concerne leurs modes d'organisation et d'intégration, ainsi que leurs circuits de commercialisation, notamment à l'exportation. Un décret fixe les conditions dans lesquelles les secteurs et les produits concernés satisfont à cet alinéa. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 13.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale a rétabli, à l'article 16, l'ensemble du dispositif qu'elle avait adopté en première lecture. La commission rappelle que la légitimité restaurée du contrôle des structures sera de nouveau menacée si celui-ci fait appel à un droit byzantin, à un droit de spécialiste.
C'est pourquoi la commission propose de revenir au texte adopté par le Sénat en première lecture, sous réserve de modifications d'ordre rédactionnel et d'une précision relative à la définition de l'exploitation agricole soumise au contrôle des structures.
La commission propose donc de rétablir la rédaction du Sénat pour l'article 16, qui nous paraît très important, comme l'ont relevé plusieurs intervenants.
M. le président. La parole est à M. Le Cam, pour défendre l'amendement n° 55.
M. Gérard Le Cam. Notre groupe attache beaucoup d'importance à cet amendement et écoutera avec attention la réponse du Gouvernement sur chacun des trois points soulevés par ce texte.
Le premier concerne le respect de la hiérarchie des priorités définies par le schéma départemental des structures agricoles.
Le deuxième a trait au contrôle administratif des agrandissements après attribution de terres par une SAFER, et ce quelles qu'en soient les modalités d'acquisition, préemption ou acquisition à l'amiable. Je précise qu'aujourd'hui, au niveau national, les SAFER acquièrent des terres pour 15 % en usant de leur droit de préemption et pour 85 % par une procédure à l'amiable.
Enfin, troisième point, il s'agit d'harmoniser le seuil à partir duquel le contrôle est déclenché avec celui qui est fixé à ce même article, c'est-à-dire une fois et demie l'unité de référence.
Si l'alinéa que nous souhaitons modifier était adopté en l'état, il favoriserait un danger de contournement du contrôle des structures que ce projet de loi veut par ailleurs renforcer. En effet, l'article L. 331-2 du code rural, dans son dernier alinéa, autorise une SAFER à agrandir telle ou telle exploitation sans limitation de surface, notamment lorsque le bien est acquis à l'amiable, soit, je le répète, l'essentiel - 85 % - des acquisitions des SAFER.
C'est la porte ouverte à toutes les dérives possibles, d'autant plus lorsque l'on connaît les pressions auxquelles sont soumises certaines SAFER pour attribuer une parcelle à telle personne plutôt qu'à telle autre, selon l'appartenance syndicale, l'influence d'une exploitation agricole sur les exploitations voisines, etc.
Je me suis récemment procuré le rapport n° 3225 de M. Emile Bizet à l'Assemblée nationale, en date du 17 novembre 1977, qui pointait des dysfonctionnements qui continuent à perdurer : abus du droit de préemption, absence de directive dans l'instauration des SAFER, soumission à certaines organisations agricoles prédominantes, recherche du « chiffre d'affaires » en vue d'obtenir des subventions publiques.
S'agissant du détournement du droit de préemption, la SBAFER, c'est-à-dire la SAFER bretonne, a été sanctionnée à plusieurs reprises par la justice pour avoir agi en faveur d'intérêts particuliers, par favoritisme ou clientélisme.
C'est pourquoi, mes chers collègues, on ne peut voter cet article 16 sans avoir cette réalité présente à l'esprit.
L'adopter reviendrait à favoriser des agrandissements financés par des crédits publics, ce qui est doublement inacceptable.
Les SAFER doivent avoir pour mission de réguler les processus d'achat et de vente du foncier par un maintien des prix à un niveau raisonnable.
En conclusion, les terres rétrocédées par les SAFER doivent être traitées et contrôlées selon les mêmes règles, que le bien soit préempté ou non, dans un souci de justice, d'égalité et de transparence.
M. le président. La parole est à M. César, pour présenter l'amendement n° 49 rectifié.
M. Gérard César. Il s'agit ici, me semble-t-il, d'un amendement important.
En élargissant considérablement le champ d'application du contrôle des structures, par le biais de l'assimilation de l'exploitation individuelle à l'exploitation sociétaire, l'article 16 du projet de loi d'orientation agricole entraîne de graves conséquences économiques pour les opérateurs du secteur vitivinicole, car les nécessaires investissements dans les sociétés agricoles se trouvent fortement entravés.
Il faut en effet rappeler que, dans le secteur vitivinicole, l'intégration verticale dans les différentes régions entre la production, d'une part, et la commercialisation, d'autre part, est un phénomène traditionnel et spécifique.
De plus, il faut souligner le rôle ancien et fondamental des investissements dans le développement de notre vignoble et dans celui de ses débouchés séculaires à l'exportation.
Au regard de ces particularités bien connues de la filière vitivinicole, les dispositions du projet de loi apparaissent totalement inadaptées, et même dangereuses. Elles soulèvent, en outre, des difficultés juridiques considérables.
Dans ce contexte, le projet de loi n'est guère cohérent avec le droit des sociétés quand il fixe des procédures ayant pour conséquence de porter atteinte à la liberté de prendre ou de céder des participations dans les sociétés d'exploitation agricole.
De plus, ce texte est porteur d'une grande insécurité juridique, dans la mesure où aucune définition n'est donnée de termes sans signification juridique tels que « participation », « associé exploitant » ou « participation financière ». Les incohérences trop nombreuses dans les définitions ne permettent ni visibilité ni sécurité juridique pour les dirigeants des sociétés concernées ou pour les investisseurs potentiels de la filière.
Par ailleurs, le dispositif proposé n'est pas articulé avec les dispositions du contrôle des concentrations au titre de la concurrence ou des procédures boursières.
Les investissements nécessaires dans le secteur viti-vinicole peuvent être très importants et le risque lié à un refus d'autorisation de prise ou de cession de participation est disproportionné et aura pour conséquence de décourager l'investissement de la filière.
En conséquence, les signataires de l'amendement proposent de modifier l'article 16 du projet de loi pour y inclure un mécanisme d'exemption s'agissant du contrôle des structures bénéficiant à certains secteurs agricoles soumis à des contraintes particulières en ce qui concerne leur mode d'organisation et d'intégration.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 55 et 49 rectifié ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Je dirai tout de suite à notre ami M. César qu'il lui faut transformer son amendement n° 49 rectifié en un sous-amendement à l'amendement n° 13. Si tel n'était pas le cas, il risquerait de devenir sans objet alors que la commission y est favorable.
Pour ce qui est de l'amendement n° 55 de notre collègue M. Le Cam, la commission y est défavorable. Ce texte est en effet en contradiction avec le dispositif proposé par la commission.
M. le président. Monsieur César, acceptez-vous la proposition de M. le rapporteur ?
M. Gérard César. Je remercie M. le rapporteur de sa suggestion et j'accepte de transformer l'amendement n° 49 rectifié en un sous-amendement à l'amendement n° 13.
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 49 rectifié bis , présenté par M. César, et visant, dans le texte proposé par l'amendement n° 13 pour l'article L. 331-2 du code rural, à insérer un III ainsi rédigé :
« III. - Ne sont pas soumises à autorisation préalable les opérations ayant pour objet toute prise ou modification de participation dans le capital d'une société ou d'un groupement ayant pour objet une exploitation agricole pour des secteurs et des produits agricoles qui justifient de contraintes particulières, en ce qui concerne leurs modes d'organisation et d'intégration, ainsi que leurs circuits de commercialisation, notamment à l'exportation. Un décret fixe les conditions dans lesquelles les secteurs et les produits concernés satisfont à cet alinéa. »
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 13, le sous-amendement n° 49 rectifié bis et sur l'amendement n° 55 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. L'amendement présenté par M. le rapporteur a pour objet de rétablir le texte voté par le Sénat en première lecture : seules les personnes physiques sont visées, ce qui exclut les formes sociétaires et ce qui est très cohérent avec la proposition de M. César.
Cet amendement vise, au fond, à instituer le contrôle des structures pour les individus et non pour les sociétés. Cette proposition n'est pas acceptable, vous le comprenez bien, car il n'y aurait plus aucun contrôle des structures.
De plus, cet amendement modifie tous les seuils de contrôle pour les agrandissements, les démantèlements d'exploitation, et, personnellement, je suis favorable au maintien de ces seuils.
Je comprends, certes, la proposition qui ait faite, mais je relève que le contrôle des structures aurait lieu si l'exploitation n'a aucune valeur, alors qu'il n'aurait pas lieu quand l'exploitation est performante. Je me demande à quoi servirait un tel contrôle des structures ! En faisant une telle proposition, on vide le contrôle des structures de tout contenu, on refuse toute idée de contrôle des structures, et ce n'est pas acceptable.
Pour être tout à fait précis, monsieur le président, je suis défavorable à l'amendement n° 13 et au sous-amendement n° 49 rectifié bis .
Quant à l'amendement n° 55, j'en comprends le sens. Toutefois, monsieur Le Cam, même si des problèmes se posent pour les SAFER, il me semble préférable de renforcer le poids et le rôle des commissaires du Gouvernement plutôt que de modifier les règles du jeu des SAFER, ce qui risquerait de bouleverser complètement le fonctionnement de ces dernières.
Je m'en remets donc à la sagesse du Sénat sur l'amendement n° 55, mais il est peut-être un peu rapide de statuer de la sorte.
M. Gérard Braun. Monsieur le ministre, vous êtes bien gentil avec M. Le Cam !
M. Michel Souplet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Monsieur le ministre, votre réaction sur l'amendement n° 13 est curieuse.
Nous avons déjà longuement discuté de cette question en première lecture. Nous tenons beaucoup à notre conception et je suis quelque peu surpris que vous sembliez persuadé qu'un renforcement important des commissions des structures va aider à l'installation des jeunes. Pour notre part, nous sommes absolument convaincus du contraire.
De surcroît, je note que, pour essayer de remédier à quelques bavures ou de résorber certains excès, on met en place une véritable « usine à gaz ».
Dès lors, monsieur le ministre, je vous donne rendez-vous dans un an. Nous verrons alors si, avec de telles mesures, nous aurons aidé nombre d'agriculteurs à s'installer.
Il conviendrait, en fait, de dégager des moyens pour encourager l'installation. (Très bien ! sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 49 rectifié bis, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 13.
M. Gérard Le Cam. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Comme en première lecture, nous échouons sur un point fondamental qui oppose la majorité gouvernementale et l'opposition.
Notre groupe votera, naturellement, contre l'amendement de la commission pour, essentiellement, trois raisons majeures.
Tout d'abord, cet amendement est discriminatoire, puisqu'en souhaitant favoriser la transmission des exploitations dans le cadre familial, ce qui est tout à fait légitime, il crée dans le même temps une inégalité de traitement pour les jeunes qui souhaitent s'installer, quelle que soit leur origine familiale.
M. le rapporteur justifie cette position dans son rapport en nous expliquant « qu'à situation différente le traitement doit être différent ».
Or, me semble-t-il, il est a priori plus aisé pour un fils d'agriculteur de s'installer et de gérer convenablement une exploitation que pour un jeune qui n'est pas issu du monde agricole et pour qui le chemin à parcourir sera plus long.
En réalité, vous augmentez une différence là où il serait nécessaire de tout faire pour la réduire.
En outre, nous pourrons de moins en moins miser sur le seul cadre familial pour mettre en oeuvre une réelle politique en faveur de l'installation. Une logique purement corporatiste ou trop exclusivement familiale nous mènerait en effet quasi naturellement au déclin de l'agriculture, y compris, à terme, de l'agriculture familiale elle-même.
M. Hilaire Flandre. C'est stupide !
M. Gérard Le Cam. Mais non ! Ensuite, vous nous proposez d'augmenter le seuil à partir duquel le contrôle des structures s'effectue sous prétexte d'une suradministration de l'activité agricole.
Est-il besoin de préciser qu'il s'agit d'une fourchette de 0,5 à 1,5 fois l'unité de référence ? Par conséquent, une certaine souplesse est permise selon les départements.
Ainsi, pour les départements où la moyenne des exploitants est relativement faible, c'est le seuil supérieur qui pourra être choisi et, pour les secteurs où la moyenne est plus forte, c'est le seuil minimal qui devra être appliqué.
Un contrôle plus strict s'opérera donc pour les grandes exploitations qui souhaitent s'agrandir alors qu'un contrôle moins « tatillon » - pour reprendre l'expression de M. le rapporteur - s'effectuera pour les exploitations de 20 à 30 hectares.
Enfin, cet amendement préconise une minoration de la sanction à l'égard des fautifs.
Ramener l'amende de 6 000 francs à 4 000 francs par hectare aurait pour effet d'altérer le caractère dissuasif du contrôle. Par ailleurs, et à l'inverse, ce serait une véritable incitation à l'agrandissement dès lors que les bénéfices générés par l'acquisition de nouvelles parcelles permettraient de s'acquitter de cette somme sans trop de dommage.
M. Hilaire Flandre. Allons !
M. Gérard Le Cam. C'est précisément le reproche que l'on peut faire au système actuellement en place, qu'il convient - comme vous le reconnaissez vous-même, monsieur le rapporteur - de revoir pour le rendre plus efficace.
En résumé, l'amendement n° 13 est tout à la fois discriminatoire, laxiste et inefficace, et il revient à vider l'article 16 de son contenu.
M. Jean-Marc Pastor. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pastor.
M. Jean-Marc Pastor. Je ne vais pas reprendre les propos qui ont été tenus à l'occasion du débat en première lecture ; je tiens néanmoins à relever la différence qui apparaît dans cette assemblée sur cet article 16.
Il existe effectivement plusieurs types d'agricultures, plusieurs façons d'aborder la gestion des structures. Il serait ainsi regrettable que, sur 700 000 exploitations, plus de 100 000, celles qui sont sous forme sociétaire, soient exclues de toute forme de contrôle quant à l'acquisition du foncier.
Je ne veux pas dire que le contrôle du foncier doit être uniforme sur l'ensemble du territoire national, car les conditions sont spécifiques dans tel département ou dans telle région et il faut pouvoir apprécier les différences.
Il nous paraît en revanche complètement aberrant d'exclure de la notion de contrôle un pan entier des exploitations.
Par ailleurs, je note que cet amendement fait disparaître l'amendement Colson qui permettait d'apporter par décret un certain nombre de limitations peut maîtriser les ateliers hors sol.
Nous savons tous très bien que ces ateliers posent parfois des problèmes et il est regrettable de supprimer ces dispositions parce que, en aval, il faudra gérer des extensions parfois aberrantes.
Pour toutes ces raisons, il convient de maintenir le vote de l'Assemblée nationale en nouvelle lecture. Nous voterons donc contre l'amendement n° 13 de la commission.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je suis désolé de prendre à nouveau la parole, mais l'article 16 est extrêmement important : en effet, nous assistons à la confrontation entre, d'un côté, une idéologie selon laquelle l'installation ne peut se faire sans une commission des structures et une procédure d'une grande rigidité, et de l'autre côté, le pragmatisme.
Je compte vingt-cinq ans d'expérience au sein d'une commission des structures et je peux vous assurer, moi qui suis partisan de l'installation des jeunes - je l'ai prouvé comme nombre de mes collègues - que, sans incitations, il n'y aura pas d'installations.
M. Gérard César. Tout à fait !
M. Michel Souplet, rapporteur. Je suis persuadé que M. le ministre de l'agriculture accepterait certaines aides ! Mais celles-ci ont été refusées parce que Bercy s'y est opposé.
S'il n'y a pas d'incitations, il n'y aura pas d'installations, disais-je. Une commission des structures ne peut agir d'autorité ! Jamais une telle commission n'osera dire à un agriculteur : « Nous sommes désolés, mais nous voulons installer un jeune chez vous. Moyennant quoi, vous allez toucher la moitié de la valeur de votre exploitation alors que vos voisins vous en ont proposé le double ! »
Voilà sur quoi je me bagarre ! Je suis partisan de l'installation des jeunes, et je ne suis pas du tout favorable à une agriculture reposant sur des exploitations de plusieurs milliers d'hectares. Personne ne peut me faire dire cela !
Je prends rendez-vous avec vous, monsieur le ministre. Dans un an, j'en suis convaincu, il n'y aura pas une installation de plus malgré l'élargissement du rôle de la commission des structures.
Ne cédons pas à l'idéologie, faisons preuve d'esprit pratique. Nous disons oui à l'installation des jeunes, mais dans un cadre plus libéral que ce carcan que l'on veut nous imposer ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. C'est quand même avec un léger sourire au coin des lèvres, monsieur le rapporteur, que j'interviens.
D'un côté, dites-vous, il y aurait l'idéologie et, de l'autre, le pragmatisme. Je crois plutôt qu'il y a deux idéologies qui s'opposent !
Je n'ai rien contre les idéologies au sens primaire du terme, c'est-à-dire les faisceaux d'idées. Il y a des faisceaux d'idées qui sont respectables des deux côtés ! Mais, selon vous, en l'occurrence, certaines idéologies seraient méprisables et aveuglées par le sectarisme.
Déjà, aujourd'hui, dans le système actuel, il y a des départements où l'on arrive à installer de nombreux jeunes. Il s'agit de ceux où le contrôle des structures fonctionne parce qu'on y trouve des organisations professionnelles qui font marcher le système.
Dans quelques départements, des organisations professionnelles, avec autorité, avec conviction et avec détermination, disent : « Notre priorité absolue, c'est l'installation des jeunes. » Et, à ce moment-là, cela fonctionne au niveau des commissions départementales. Les cas sont rares, mais j'en connais.
Cela signifie que ce n'est pas qu'un problème d'incitation. C'est aussi un problème de volonté, déterminée ou non.
Accorder des milliards d'incitations ou d'exonérations de charges sociales ou fiscales en tous genres, ce serait faire preuve de pragmatisme ? Pourtant, dès aujourd'hui, le contrôle des structures fonctionne et, en fait, c'est la réalité sur le terrain.
Considérer, comme vous le faites, que les formes sociétaires seraient exclues, que les installations hors cadre familial ne devraient pas être privilégiées, c'est ne tenir compte d'aucune réalité, notamment du fait que les formes sociétaires se multiplient et représentent maintenant près de 50 % de la surface agricole utile.
M. Hilaire Flandre. Voyons !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Pourtant, selon vous, vous êtes réaliste, vous ne défendez aucune idéologie.
M. Hilaire Flandre. Monsieur le ministre !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Faire du contrôle des structures, y compris sur les formes sociétaires est nécessaire si l'on veut favoriser l'installation des jeunes puisque le cadre familial ne suffit pas à renouveler les générations d'agriculteurs. C'est faire, selon moi, preuve de pragmatisme.
Si vous voulez considérer cette attitude comme idéologique, cela m'est égal, ce reproche ne me touche pas.
Pour ma part, je crois d'ailleurs que les propos qu'ont tenus et M. Le Cam et M. Pastor sont frappés au coin du bon sens et je maintiens donc mon opposition à l'amendement qui a été défendu par M. le rapporteur.
M. Gérard Cornu. Il y a le bon sens d'un côté et le mauvais sens de l'autre !
M. Hilaire Flandre. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Flandre.
M. Hilaire Flandre. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je n'avais pas l'intention d'intervenir dans ce débat, laissant le soin à M. le rapporteur de faire son travail, ce qu'il fait très bien d'ailleurs. Mais ce que j'ai entendu me reste un peu en travers de la gorge et je voudrais apporter ma contribution à la discussion.
Tout d'abord, je crois qu'installer des jeunes agriculteurs correspond au voeu de tout le monde. Mais cela ne se fera que si les jeunes agriculteurs ont des perspectives d'avenir satisfaisantes ! C'est la première des conditions pour que des jeunes gens soient incités à pratiquer un métier qui est effectivement un beau métier.
Par ailleurs, dans l'amendement n° 13, présenté par M. le rapporteur, je ne vois rien qui empêche le contrôle des structures de forme sociétaire. Quand on y lit : « Le contrôle des structures des exploitations agricoles s'applique à la mise en valeur des biens fonciers ruraux au sein d'une exploitation agricole, quels que soient la forme ou le mode d'organisation juridique de celle-ci », on voit bien que les formes sociétaires sont incluses et qu'on pourra contrôler les agrandissements qui interviendront !
Ma troisième remarque concerne le souci qu'ont certains de mettre en place des contrôles absolus. Depuis la vingtaine d'années qu'existe le contrôle des structures dans notre pays, dans certains départements, qui ont appliqué le dispositif avec une certaine souplesse et un certain pragmatisme, les contrôles ont été effectifs. En revanche, dans d'autres, qui ont voulu appliquer un contrôle total des structures, rien n'était contrôlé. En effet, quand cent dossiers sont soumis à l'examen de ce qu'on appelait autrefois « la commission des structures », ces cent dossiers passent comme une lettre à la poste. Plus c'est gros et plus cela passe. En revanche, il arrive d'achopper sur un petit agrandissement de quelques hectares.
Le dernier point que je voudrais évoquer concerne M. Le Cam. Les propos qu'il a tenus tout à l'heure sur les SAFER relèvent soit de l'incompétence - mais je ne crois nullement que tel soit le cas - soit d'une mauvaise foi évidente.
Les SAFER ne favorisent pas de façon absolue les gros exploitants ! En tant que président de SAFER depuis déjà un certain temps, je vous invite à venir dans la région où j'ai l'honneur de présider cet organisme : prises après consultation de l'ensemble des exploitants et des représentants des organisations du secteur concerné, les décisions sont assez généralement favorables aux petits exploitants, aux installations d'abord, aux agrandissemements nécessaires ensuite.
S'il fallait faire passer des décisions qui ont été examinées dans une commission ouverte à tout le monde, en présence de commissaires du Gouvernement, devant une deuxième commission, on aboutirait à des aberrations. On aboutirait même quelquefois à mettre des représentants de l'administration en désaccord avec eux-mêmes, ce qui serait un comble !
Je voterai donc sans hésitation l'amendement n° 13, qui me semble prévoir l'ensemble des cas de contrôles nécessaires.
En conclusion, je dirai que, s'il convient de favoriser l'installation des jeunes, y compris de ceux qui ne sont pas issus du milieu agricole, cela doit se faire hors familial. Dans le cas contraire, je ne vois vraiment pas comment on pourrait faire. Je demanderai simplement à ceux qui sont partisans de cette dernière formule de prévoir une discrimination positive. Leur viendrait-il à l'idée, en effet, qu'on puisse leur prendre leur logement ou leur maison pour y installer un plus mal logé qu'eux ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je souhaite répondre à M. Flandre, qui a été pendant longtemps président de SAFER et qui sait, bien entendu, de quoi il parle.
Pour installer un jeune agriculteur, il faut qu'il en ait envie ; nous sommes tous d'accord ! Il faut qu'il y soit incité ; nous sommes également tous d'accord ! Après, nous aurons des divergences sur le fait de savoir si la DJA, l'installation progressive, les prêts bonifiés, le FIA, les préretraites, sont suffisamment incitatifs. On peut toujours dire qu'il faut faire plus !
Vous oubliez cependant une chose, monsieur Flandre : il faut qu'il y ait des terres disponibles pour que ce jeune puisse s'installer. Si vous ne connaissez pas de jeunes qui n'arrivent pas à s'installer parce qu'ils ne trouvent pas de terre, parce que les CDOA les donnent systématiquement à l'agrandissement, je peux vous en présenter dans ma circonscription. (Exclamations sur les travées du RPR.) Il y en a des centaines, voire des milliers en France qui ne trouvent pas de terre parce que les CDOA ne jouent pas leur rôle et n'assurent pas le contrôle des structures !
Cela, c'est une réalité objective ! En effet, quand on n'effectue pas de contrôle des structures, la tendance est à l'agrandissement, à la concentration et non à l'installation. Je vous répète qu'il est des départements, comme l'Aveyron, où, parce que les CDOA jouent le jeu, beaucoup plus de jeunes peuvent s'installer. Pourquoi ? Parce qu'il y a un contrôle des structures. Les incitations ne sont pas plus fortes. Les agriculteurs n'ont pas plus envie de s'installer dans l'Aveyron qu'ailleurs ; simplement, il y a un contrôle des structures qui fonctionne.
M. Jean-Paul Emorine. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Emorine.
M. Jean-Paul Emorine. Je voudrais rappeler à M. le ministre, qui, tout à l'heure, a dit que les jeunes ne trouvaient pas de terre pour s'installer, que nous lui avons proposé de remettre en place le dispositif de préretraite à destination des exploitants qui céderaient leur terre pour y installer un jeune immédiatement. Pourquoi a-t-il repoussé cette suggestion ?
En ce qui concerne l'installation hors cadre familial, à propos de laquelle j'étais intervenu au cours de la discussion en première lecture, il faut être très clair. Nous n'y sommes pas hostiles et, monsieur le ministre, si les parents des jeunes qui veulent s'installer hors cadre familial mettent à disposition de ces jeunes les mêmes moyens que les familles d'exploitant ; soyez sûr que ces jeunes s'installeront.
En tout cas, je dirai, comme mon collègue M. Flandre, que des jeunes s'installeront lorsque les études prévisionnelles d'installation révéleront une perspective de revenus décente. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants.)
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le sénateur, continuons à parler des réalités en nous fondant sur les chiffres.
Le régime initial de préretraite agricole, qui a été mis en place entre 1992 et 1994, a profité à 40 000 personnes. Cela a permis la libération anticipée de 1 400 000 hectares ; 84 % ont été alloués à l'agrandissement.
Le régime modifié de préretraite agricole, pendant la période 1995-1999, a profité à 15 000 personnes. Ce dispositif a permis la restructuration de 670 000 hectares, dont plus de 40 % ont été consacrés à l'agrandissement.
Ces deux dispositifs ont représenté un engagement financier de 6 milliards de francs, et l'impact principal, celui que tout le monde a constaté, a été une anticipation des installations de jeunes dans le cadre des successions familiales.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix, modifié, l'amendement n° 13, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 16 est ainsi rédigé et l'amendement n° 55 n'a plus d'objet.

Article 15 bis (suite)



M. le président.
Nous en revenons à l'article 15 bis, qui avait été réservé dans l'attente d'un représentant de la commission des finances.
Monsieur Ostermann, l'article 40 de la Constitution est-il applicable à l'amendement n° 12 ?
M. Joseph Ostermann, au nom de la commission des finances. Il l'est, monsieur le président.
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 12 n'est pas recevable.

Chapitre III

Statut des conjoints
travaillant dans les exploitations ou les entreprises
et des retraités agricoles non salariés

Article 18



M. le président.
« Art. 18. - I. - Dans le code rural, il est rétabli un article L. 321-5 ainsi rédigé :
« Art. L. 321-5 . - Le conjoint du chef d'une exploitation ou d'une entreprise agricole qui n'est pas constituée sous forme d'une société ou d'une coexploitation entre conjoints peut y exercer son activité professionnelle en qualité de collaborateur d'exploitation ou d'entreprise agricole.
« Sous réserve de l'application des dispositions de l'article L. 321-1, le conjoint de l'associé d'une exploitation ou d'une entreprise agricole constituée sous la forme d'une société peut également prétendre au statut de collaborateur lorsqu'il y exerce son activité professionnelle et n'est pas associé de ladite société.
« L'option pour la qualité de collaborateur doit être formulée par le conjoint en accord avec le chef d'exploitation ou d'entreprise agricole et, le cas échéant, la société d'exploitation dans des conditions prévues par décret en Conseil d'Etat.
« Le collaborateur bénéficie du droit à l'assurance vieillesse des personnes non salariées des professions agricoles dans les conditions prévues aux chapitres IV et IV-1 du titre II du livre VII lorsque son conjoint relève du régime agricole, ainsi que d'une créance de salaire différé dans les conditions prévues au chapitre Ier du titre II du livre III (nouveau). »
« II. - La dernière phrase du dernier alinéa du I de l'article 1003-7-1 du code rural est complétée par les mots : "ainsi qu'aux conjoints collaborateurs mentionnés à l'article L. 321-5 du présent code". »
Par amendement n° 39, M. César et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent de compléter in fine le texte présenté par le I de cet article pour l'article L. 321-5 du code rural par un nouvel alinéa rédigé comme suit :
« Les conjointes, associées d'exploitants agricoles au sein d'une EARL, peuvent prétendre, lors des demandes pour attribution des primes, au décompte d'une part entière au même titre que dans les structures GAEC. »
La parole est à M. César.
M. Gérard César. Cet amendement concerne les conjoints et associés d'exploitants agricoles au sein d'une entreprise agricole à responsabilité limitée, qui peuvent prétendre, lors d'une demande d'attribution de primes, au décompte d'une part entière au même titre que les GAEC.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Il s'agit d'une disposition de nature communautaire, monsieur César, et la modulation tiendra compte des actifs.
Je suis donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 39, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 18, ainsi modifié.

(L'article 18 est adopté.)

Article 24



M. le président.
« Art. 24. - L'article 1003-12 du code rural est ainsi modifié :
« 1° Le III est ainsi rédigé :
« III. - Les cotisations sont calculées, à titre provisionnel, sur une assiette forfaitaire lorsque la durée d'assujettissement ne permet pas de connaître les revenus professionnels servant de base à celles-ci et font l'objet d'une régularisation lorsque ces revenus sont connus. Par dérogation aux dispositions prévues au premier alinéa du II, les cotisations sont calculées, pour la première année, sur les revenus d'une seule année et, pour la deuxième année, sur la moyenne des revenus des deux années. Un décret fixe les modalités d'application de ces dispositions.
« Toutefois, par dérogation au précédent alinéa, lorsqu'un conjoint s'installe en qualité de coexploitant ou d'associé, au sein d'une coexploitation ou d'une société formées entre les conjoints, et qu'il a participé aux travaux de ladite exploitation ou entreprise agricole et a donné lieu à ce titre au versement de la cotisation prévue au a de l'article 1123 pendant la période prise en compte pour le calcul des cotisations en application du premier alinéa du II ou du premier alinéa du VI, il n'est pas fait application de l'assiette forfaitaire provisionnelle et ses cotisations sont calculées sur la part, correspondant à sa participation aux bénéfices, des revenus agricoles du foyer fiscal relatifs, selon les cas, à la période visée au premier alinéa du II ou au premier alinéa du VI.
« Par dérogation au premier alinéa du présent III, en cas de transfert de la qualité de chef d'exploitation ou d'entreprise entre des conjoints quels qu'en soient le motif et les modalités, les cotisations dues par le conjoint poursuivant la mise en valeur de l'exploitation ou de l'entreprise sont assises sur la totalité des revenus professionnels agricoles du foyer fiscal au cours de la période visée, selon le cas, au premier alinéa du II ou au premier alinéa du VI.
« Les dispositions des deux alinéas précédents ne sont applicables que si la consistance de l'exploitation ou de l'entreprise n'est pas affectée à l'occasion des modifications visées auxdits alinéas au-delà de proportions définies par décret. » ;
« 2° Le IV devient le V ;
« 3° Il est inséré un IV ainsi rédigé :
« IV. - L'assiette des cotisations est déterminée forfaitairement dans des conditions fixées par décret lorsque les personnes non salariées des professions agricoles ayant la qualité de gérant ou d'associé de société ne sont pas soumises à l'impôt sur le revenu dans l'une des catégories mentionnées au I. »
Par amendement n° 14, M. Souplet, au nom de la commission, propose, dans le deuxième alinéa du texte présenté par le 1° de cet article pour le III de l'article 1003-12 du code rural, de remplacer les mots : « formées entre » par les mots : « à laquelle participent ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale n'a pas retenu la disposition adoptée par le Sénat qui prévoyait une mesure spécifique pour les conjoints s'installant en coexploitation ou en société avec leur époux ou succédant à leur époux comme chefs d'exploitation.
La commission vous propose de rétablir cette mesure, qu'elle juge tout à fait utile.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 24, ainsi modifié.

(L'article 24 est adopté.)

Article additionnel après l'article 24



M. le président.
Par amendement n° 15, M. Souplet, au nom de la commission, propose d'insérer, après l'article 24, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 154 bis -0A du code général des impôts est ainsi modifié :
« A. - Les deux premières phrases du premier alinéa sont remplacées par une phrase ainsi rédigée :
« Les cotisations versées par les chefs d'exploitation ou d'entreprise agricoles au titre des contrats d'assurance de groupe prévus au I de l'article 55 de la loi n° 97-1051 du 18 novembre 1997 d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines sont déductibles du revenu professionnel imposable dans la limite de 7 % de trois fois le plafond visé à l'article L. 241-3 du code de la sécurité sociale en vigueur au 1er janvier de l'année au titre de laquelle la prime ou cotisation est payée. »
« B. - Au début de la troisième phrase du premier alinéa, le mot : "Elle" est remplacé par les mots : "Cette déduction".
« C. - Le second alinéa est ainsi rédigé :
« Si le chef d'exploitation a souscrit un contrat pour son conjoint ou les membres de sa famille participant à l'exploitation et affiliés au régime de base d'assurance vieillesse des travailleurs non salariés des professions agricoles, les cotisations versées au titre de ce contrat sont déductibles de son revenu professionnel imposable dans une limite fixée, pour chacune de ces personnes, à un tiers du plafond de déduction mentionné au premier alinéa. »
« II. - Les dispositions du I sont applicables aux cotisations payées à compter du 1er janvier 1999.
« III. - Les pertes de recettes résultant du I sont compensées par un relèvement à due concurrence de la taxe sur les tabacs affectée au budget annexe des prestations sociales agricoles. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Les dispositions fiscales de l'article 55 de la loi n° 97-1051 du 18 novembre 1997 d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines sont codifiées à l'article 154 bis -0A du code général des impôts.
Cette disposition met en place un nouveau régime complémentaire facultatif d'assurance vieillesse des exploitants agricoles dont les cotisations sont déductibles fiscalement dans la double limite de 7 % des revenus professionnels qui servent d'assiette aux cotisations dues pour le même exercice au régime social des membres non salariés des professions agricoles et de 7 % d'une somme égale à trois fois le plafond visé à l'article L. 241-3 du code de la sécurité sociale en vigueur au 1er janvier de l'année au titre de laquelle la prime est appelée.
Ce régime s'est révélé d'une application fastidieuse, voire impossible, lorsque l'exploitant cotise sur une base annuelle de revenus professionnels, compte tenu du calcul itératif qu'emportent les principes retenus. Il est donc proposé de simplifier ce dispositif en supprimant le plafond de déduction fixé à 7 % des revenus professionnels.
Par ailleurs, il convient d'adapter le texte par rapport aux dispositions des articles L. 140-1 à L. 140-5 du code des assurances, qui n'obligent pas le souscripteur à verser la prime à sa date d'échéance. La déductibilité fiscale ne peut donc être fondée que sur le versement effectif de la cotisation.
Enfin, il est proposé une modification rédactionnelle du deuxième alinéa de l'article 154 bis -0A du code général des impôts, afin de rendre plus lisibles les limites de déduction applicables en cas de souscription d'un contrat d'assurance de groupe par le chef d'exploitation pour son conjoint ou les membres de sa famille participant à l'exploitation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je crois me souvenir que, lors de la première lecture, M. Deneux avait déposé un amendement du même type et que, sur la demande du Gouvernement, il l'avait sagement retiré.
En effet, je ne suis pas hostile à la mesure de simplification proposée, mais, pour ce qui concerne les retraites, les cotisations d'assurance vieillesse, les régimes complémentaires, etc., nous avons décidé d'attendre le dépôt d'un rapport qui sera remis par le Gouvernement au mois de septembre.
C'est dans ce cadre que nous voulons prendre les décisions, et il ne faut pas anticiper dans la loi d'orientation agricole.
Je demande donc à M. le rapporteur de bien vouloir retirer cet amendement. S'il ne le faisait pas, je me verrais dans l'obligation de m'y opposer.
M. le président. Monsieur le rapporteur, acceptez-vous de retirer l'amendement n° 15 ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Non, monsieur le président, je le maintiens.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 24.

Article 24 bis



M. le président.
L'article 24 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 16, M. Souplet, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« I. - Les cotisations sociales des jeunes agriculteurs bénéficiant des aides à l'installation, affiliés en tant que chef d'exploitation ou d'entreprise agricole, sont réduites de 65 % au titre de la première année civile d'affiliation, de 55 % au titre de la deuxième et de 35 % au titre de la troisième.
« Le montant des cotisations dues ne peut être inférieur à un minimum, sans que le montant de l'exonération ne soit plafonné.
« L'exonération s'applique aux cotisations d'assurance maladie, invalidité et maternité, des prestations familiales et d'assurance vieillesse agricole dont les jeunes agriculteurs sont redevables par eux-mêmes et au titre de leurs ayants droit.
« II. - Un décret fixe les modalités d'application du présent article.
« III. - Les pertes de recettes résultant du I sont compensées par un relèvement à due concurrence de la taxe sur les tabacs affectée au budget annexe des prestations sociales agricoles. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission considère qu'un relèvement du taux d'exonération des cotisations pour les jeunes est nécessaire, compte tenu des effets induits par la diminution du taux des cotisations d'assurance maladie et l'augmentation de celui de la CSG.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. L'article 24 bis introduit par le Sénat en première lecture et qui a été supprimé par l'Assemblée nationale prévoit une réduction sur trois ans des cotisations sociales acquittées par les jeunes agriculteurs bénéficiant des aides à l'installation.
Cette mesure existe déjà en vue de favoriser l'installation des jeunes agriculteurs. Actuellement, la réduction des cotisations sociales, maladie, vieillesse et prestations familiales, est de 50 % la première année, 40 % la deuxième et 20 % la troisième année.
L'amendement vise à augmenter les taux d'exonération. Or la fixation des taux relève non pas du domaine législatif mais du domaine réglementaire, conformément aux articles 34 et 37 de la Constitution.
Je suis donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 16, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 24 bis est rétabli dans cette rédaction.

Chapitre IV

L'emploi salarié


Articles 27 bis, 27 ter et 28



M. le président.
« Art. 27 bis. - Le premier alinéa de l'article L. 127-9 du code du travail est complété par les mots : "qui doit prévoir des déplacements limités". » - (Adopté.)
« Art. 27 ter. - Dans un délai de dix-huit mois à compter de la publication de la présente loi, le Gouvernement déposera devant le Parlement un rapport visant, dans le respect des règles relatives aux cumuls d'emplois, à développer l'emploi en commun entre collectivités locales, non-salariés et employeurs de salariés de droit privé. » - (Adopté.)
« Art. 28. - Le titre Ier du livre VII du code rural est complété par un chapitre V ainsi rédigé :

« Chapitre V

« Dispositions relatives aux comités
des activités sociales et culturelles

« Art. 1000-7 . - Un comité des activités sociales et culturelles est constitué au plan départemental au bénéfice des salariés énumérés aux 1°, 2°, 3° et 5° de l'article 1144, et de leurs familles, employés dans les exploitations ou entreprises agricoles dont l'effectif est inférieur à cinquante salariés et qui n'ont pas de comité d'entreprise.
« Une convention ou un accord collectif de travail étendu conclu sur le plan départemental, régional ou national détermine les modalités de constitution du comité et contient obligatoirement des dispositions concernant :
« 1° La composition du comité, les modalités de désignation des représentants et la durée de leur mandat ;
« 2° Les modalités d'exercice du mandat détenu par les représentants des organisations de salariés ;
« 3° Le taux de la contribution versée par chaque employeur ainsi que les modalités de recouvrement de celle-ci ;
« 4° La destination des fonds recouvrés et les modalités d'utilisation de ceux-ci.
« Le comité est doté de la personnalité civile et détermine ses modalités de fonctionnement dans un règlement intérieur.
« Le comité est composé en nombre égal de représentants des organisations syndicales d'employeurs et de salariés agricoles représentatives dans le champ d'application de la convention ou de l'accord. Les représentants sont choisis parmi les salariés et les employeurs entrant dans le champ d'application territorial et professionnel de la convention ou de l'accord collectif de travail étendu.
« Le comité exerce les attributions dévolues aux comités d'entreprise par l'article L. 432-8 du code du travail. La contribution qui est versée par les employeurs des salariés mentionnés au premier alinéa du présent article et qui est destinée à couvrir le fonctionnement et les activités sociales et culturelles du comité est assise sur la masse salariale brute.
« Les contributions versées et les avantages servis suivent, en matière de cotisations sociales et de fiscalité, le régime applicable aux activités sociales et culturelles des comités d'entreprise. » - (Adopté.)

Article 29



M. le président.
« Art. 29. - I. - Non modifié .
« II. - Les trois alinéas de l'article L. 231-2-1 du code du travail en constituent le I, lequel est complété par un II ainsi rédigé :
« II. - Des commissions paritaires d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail en agriculture sont instituées dans chaque département. Elles sont chargées de promouvoir la formation à la sécurité et de contribuer à l'amélioration des conditions d'hygiène et de sécurité pour les exploitations et entreprises agricoles qui emploient des salariés énumérés aux 1°, 2°, 3° et 5° de l'article 1144 du code rural et qui sont dépourvues de comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail ou de délégués du personnel.
« Chaque commission comprend, en nombre égal, des représentants des organisations d'employeurs et de salariés les plus représentatives au plan national dans les branches professionnelles concernées, ou des organisations locales représentatives dans les départements d'outre-mer, nommés par le préfet. Ces représentants doivent exercer leur activité dans une exploitation ou entreprise visée à l'alinéa ci-dessus située dans le ressort territorial de la commission.
« Les commissions susvisées sont présidées alternativement par période d'un an par un représentant des salariés ou un représentant des employeurs. Le sort détermine la qualité de celui qui est élu la première fois.
« Le temps passé par les membres salariés aux réunions de la commission est de plein droit considéré comme temps de travail, et rémunéré comme tel. Les intéressés bénéficient en outre d'une autorisation d'absence rémunérée pour exercer leurs fonctions, dans la limite de quatre heures par mois. Les membres employeurs bénéficient de l'indemnité forfaitaire représentative du temps passé prévue par l'article 1022 du code rural pour les administrateurs du troisième collège de la caisse de mutualité sociale agricole. Les frais de déplacement exposés par les membres de la commission, les salaires maintenus par les employeurs ainsi que les cotisations sociales y afférentes et les indemnités représentatives du temps passé sont pris en charge par le fonds national de prévention créé en application de l'article 1171 du code rural.
« Les membres salariés des commissions paritaires d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail en agriculture bénéficient des dispositions de l'article L. 236-11.
« Un décret détermine les conditions d'application du présent article et notamment les modalités de fonctionnement des commissions ; il peut conférer à certaines commissions une compétence interdépartementale lorsque les salariés de certains départements limitrophes sont peu nombreux. »
Par amendement n° 17, M. Souplet, au nom de la commission, propose :
A. - Au début de la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le II de cet article pour compléter l'article L. 231-2-1 du code du travail, de remplacer les mots : « Des commissions paritaires d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail » par les mots : « des commissions paritaires d'hygiène et de sécurité ».
B. - En conséquence, dans l'avant-dernier alinéa du même texte de remplacer les mots : « commissions paritaires d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail » par les mots : « commissions paritaires d'hygiène et de sécurité ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale a rétabli la référence aux conditions de travail dans la dénomination des commissions d'hygiène et de sécurité.
La commission souhaite, pour les raisons mentionnées dans le rapport de première lecture de notre collègue Dominique Leclerc, supprimer cette référence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
Je crois, en effet, qu'il faut inclure les conditions de travail dans la mission des commissions paritaires d'hygiène et de sécurité.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 17, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 56, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant le dernier alinéa du texte présenté par le II de cet article pour le II de l'article L. 231-2-1 du code du travail, un alinéa ainsi rédigé :
« Le fonds national de prévention est abondé à cet effet, selon des modalités fixées par décret, par une augmentation du taux de cotisations pour les secteurs d'activité concernés et déterminé en application de l'article 1155 du code rural. »
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. L'article 29 prévoit que les frais de déplacement et autres indemnités versées aux salariés membres de commissions paritaires d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail soient financés par le Fonds national de prévention.
Il convient de se demander si ce même fonds sera abondé en conséquence ou bien s'il doit donner lieu à un redéploiement des financements existants.
Dans ce dernier cas, il y aura tout lieu de s'interroger sur le fonctionnement et l'efficacité de ces commissions dès lors que les salariés n'auraient pas la possibilité matérielle d'y siéger de façon régulière.
Cet amendement a donc été déposé pour obtenir de votre part, monsieur le ministre, une réponse sur le mode de financement des charges liées à la présence des salariés dans les commissions paritaires d'hygiène et sur l'origine des ressources nouvelles que vous comptez solliciter.
Si j'ai bien conscience qu'une loi d'orientation n'est pas destinée à déterminer de façon précise quel type de cotisation doit être relevé, il me paraît en revanche souhaitable, dans le cadre de notre débat d'aujourd'hui, de rassurer les intéressés et d'offrir les garanties nécessaires au bon exercice des droits nouveaux octroyés aux salariés des exploitations et entreprises agricoles.
En tout état de cause, il ne me semble pas envisageable de solliciter à nouveau les salariés eux-mêmes pour prendre en charge ces frais dans la mesure où leur pouvoir d'achat n'a cessé de décroître depuis de nombreuses années, dans ce secteur comme dans beaucoup d'autres.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Sagesse !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 56, repoussé par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 29, modifié.

(L'article 29 est adopté.)

Article 29 ter



M. le président.
« Art. 29 ter. - Le titre Ier du livre VII du code rural est complété par un chapitre VI ainsi rédigé :

« Chapitre VI

« Dispositions relatives aux observatoires
de l'emploi salarié en agriculture

« Art. 1000-8 . - Il est créé, auprès de chaque préfet de département, un observatoire départemental de l'emploi salarié en agriculture.
« L'observatoire départemental de l'emploi salarié en agriculture a pour mission de suivre l'évolution des emplois salariés visés aux 1°, 2°, 3° et 5° de l'article 1144, et notamment des contrats à durée indéterminée et des contrats à durée déterminée, et de proposer, le cas échéant, des solutions pour inciter à la conclusion de contrats à durée indéterminée.
« Il remet chaque année un rapport au préfet du département, qui est rendu public.
« Un décret détermine la composition et les modalités de fonctionnement de cet organisme. »
Par amendement n° 18, M. Souplet, au nom de la commission, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale a rétabli cet article dans une nouvelle rédaction.
J'estime que l'observatoire qui serait créé fait double emploi avec les nombreuses structures d'observation de l'emploi salarié agricole existantes.
Je demande donc la suppression de cet article.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 29 ter est supprimé.

TITRE II BIS

FONCTIONNEMENT DES ORGANISMES
DE MUTUALITÉ SOCIALE AGRICOLE

Article 29 quinquies A



M. le président.
L'Assemblée nationale a supprimé l'article 29 quinquies A.
Mais, par amendement n° 19, M. Souplet, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« Il est institué auprès de la Caisse centrale de mutualité sociale agricole un conseil de surveillance composé des représentants du Parlement, des collectivités locales, ainsi que d'un conseiller de la Cour des comptes et de personnalités qualifiées.
« Les membres du conseil de surveillance sont nommés pour une durée de cinq ans. Le conseil de surveillance élabore son règlement intérieur. Le président du conseil de surveillance est un membre du Parlement, désigné d'un commun accord par les deux assemblées. Le président de la caisse centrale ainsi que son directeur assistent avec voix délibérative à ses délibérations.
« Un représentant du ministre de l'agriculture assiste aux réunions.
« Le conseil de surveillance se réunit au moins deux fois par an pour examiner les conditions de fonctionnement administratif et financier des organismes de mutualité sociale agricole et de mise en oeuvre de la politique sociale agricole et de ses conventions d'objectifs.
« Son président remet au Parlement d'un rapport annuel. Il fixe l'ordre du jour du conseil de surveillance.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Cette disposition, que l'Assemblée nationale n'a pas retenue, vise à remplacer le commissaire du Gouvernement auprès de la Caisse centrale de MSA par un conseil de surveillance.
Pour des raisons développées longuement en première lecture, je considère qu'il est opportun de mettre en place un tel dispositif.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Adoptée en première lecture au Sénat contre l'avis du Gouvernement, cette disposition a été supprimée par l'Assemblée nationale.
La commission propose d'instituer un conseil de surveillance composé de parlementaires, de représentants des collectivités territoriales, ainsi que d'un conseiller à la Cour des comptes et de personnalités qualifiées. Ce conseil de surveillance contrôlerait le fonctionnement des caisses de mutualité sociale agricole, l'application des conventions d'objectifs et de gestion et assurerait l'information des parlementaires sur l'action des caisses.
Je pense que, du fait de la lourdeur de l'instance qu'il est proposé de créer, cet amendement ne répond pas à l'objectif visé, qui est d'assurer un meilleur contrôle sur le fonctionnement des caisses de mutualité sociale agricole. L'institution d'un commissaire du Gouvernement auprès de la caisse centrale de la MSA, prévue à l'article 29 sexies du projet de loi d'orientation, me semble, à cet égard, bien plus opérante.
Compte tenu de cette assurance de la présence d'un commissaire du Gouvernement et du rôle renforcé qu'il jouera - conformément, d'ailleurs, aux recommandations de la Cour des comptes - je demande à M. le rapporteur de bien vouloir retirer cet amendement.
M. le président. Monsieur le rapporteur, votre amendement est-il maintenu ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Devant les explications de M. le ministre, je le retire. De toute façon, il ne passerait pas à l'Assemblée nationale ! (Sourires.)
M. Gérard César. Alors, à quoi servons-nous ?
M. le président. M. le ministre est certainement sensible à votre geste, monsieur le rapporteur. En revanche, je ne suis pas sûr que le commentaire dont vous avez assorti ce retrait soit accepté par le Sénat ! (Nouveaux sourires.)
L'amendement n° 19 est retiré.

Article 29 quinquies



M. le président.
« Art. 29 quinquies . - Après l'article 1002-3 du code rural, il est inséré un article 1002-3-1 ainsi rédigé :
« Art. 1002-3-1 . - La circonscription des caisses fusionnées et celle des associations à but non lucratif créées par regroupement de deux ou plusieurs caisses de mutualité sociale agricole, mentionnées aux articles 1002-2 et 1002-3, ne peuvent, sauf dérogation accordée par le ministre de l'agriculture, excéder la circonscription de la région administrative. »
Par amendement n° 20, M. Souplet, au nom de la commission, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Cet article, supprimé par le Sénat sur l'initiative de la commission des affaires sociales, a été rétabli par l'Assemblée nationale.
Les raisons invoquées en première lecture par notre collègue M. Leclerc, et qui figurent à la page 87 de son avis, conduisent la commission des affaires économiques à proposer à nouveau la suppression de cet article.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je me suis déjà largement exprimé sur ce sujet en première lecture.
Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 20, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 29 quinquies est supprimé.

Article 29 sexies



M. le président.
« Art. 29 sexies . - I et II. - Non modifiés .
« III. - L'article 1011 du code rural est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Le ministre de l'agriculture est représenté auprès de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole par un commissaire du Gouvernement. Le commissaire du Gouvernement assiste aux séances de l'assemblée générale centrale ainsi qu'à celles du conseil central d'administration. »
« IV. - Le deuxième alinéa de l'article 1235 du code rural est ainsi rédigé :
« Les sociétés ou caisses d'assurances et de réassurances mutuelles agricoles peuvent se constituer en se soumettant aux prescriptions du titre Ier du livre IV du code du travail. »
Par amendement n° 21, M. Souplet, au nom de la commission, propose de supprimer le III de cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je retire cet amendement, par coordination.
M. le président. L'amendement n° 21 est retiré.
Par amendement n° 46 rectifié, M. Deneux et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, avant le IV de l'article 29 sexies , un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« III bis. - A. - Dans le premier alinéa de l'article 1002 du code rural, les mots "régies par l'article 1235 du présent code" sont remplacés par les mots : "sont constitués et fonctionnent conformément aux prescriptions du code de la mutualité, sous réserve des dispositions du présent code et du code de la sécurité sociale ainsi que des textes pris pour leur application". »
La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Cet amendement a pour objet de clarifier la position juridique des caisses de mutualité sociale agricole.
La mutualité sociale agricole trouve son origine dans les premières structures mises en place au cours de la deuxième moitié du xixe siècle et de la première moitié du xxe siècle, alors que la protection sociale n'était pas structurée comme elle le sera avec les grandes lois adoptées par la suite.
C'est en prenant en compte cette origine que la rédaction de l'article 1002 du code rural et la référence que celui-ci fait à l'article 1235 applicable aux assurances mutuelles agricoles doivent se comprendre.
Ce dernier article prévoit la faculté pour ces sociétés de « se constituer en se soumettant aux prescriptions du titre Ier du livre III du code du travail ».
Quant à l'article 1002, il étend cette possibilité aux caisses de MSA et témoigne de l'époque où l'ensemble des textes applicables aux mutuelles faisaient référence à la loi sur les syndicats professionnels. Or les caisses de mutualité sociale agricole ne sont pas des syndicats au sens habituel du terme.
Il apparaît aujourd'hui que l'organisation, les missions et les règles de fonctionnement des organismes de MSA sont décrites dans le code rural et dans le code de la sécurité sociale ou dans des textes d'application.
Ces dispositions confient la gestion des organismes à des professionnels élus par leurs pairs, ce qui constitue la caractéristique fondamentale de la MSA. Cependant, le renvoi de l'article 1002 à l'article 1235 et, par là, aux dispositions qui régissent les syndicats professionnels, outre qu'il ne produit pas d'effet juridique, crée une ambiguïté que certains utilisent pour se décharger de leurs obligations vis-à-vis du régime de protection sociale.
A l'inverse, l'origine mutualiste des caisses de MSA, avec leur caractère non lucratif et leurs valeurs de solidarité, ne se trouve pas concrétisée dans les statuts des organismes de MSA par une référence aux règles du code de la mutualité.
C'est à ce double objectif de suppression de la référence aux règles régissant les syndicats professionnels et d'adoption d'une référence aux règles du code de la mutualité que répond la modification de l'article 1002 du code rural que nous proposons.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Cet amendement est d'autant plus utile qu'il va conforter le fondement juridique de la MSA face à certaines attaques, y compris celles qui touchent personnellement la présidente de la MSA, à qui je témoigne une nouvelle fois ici ma solidarité.
Monsieur Deneux, je vous remercie du dépôt de cet amendement, auquel je suis très favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 46 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 29 sexies, ainsi modifié.

(L'article 29 sexies est adopté.)

Articles additionnels après l'article 29 quaterdecies



M. le président.
Par amendement n° 57, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyens proposent d'insérer, après l'article 29 quaterdecies , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le paragraphe II de l'article 1143-1 du code rural est complété in fine par les mots : "dans un délai fixé par décret".
« II. - Les droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts sont relevés à due concurrence. »
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. En première lecture, notre groupe avait présenté un amendement qui prévoyait le rétablissement des droits économiques pour les agriculteurs qui ne se seraient pas acquittés de leurs cotisations sociales.
Le présent amendement, bien qu'il obéisse au même souci de soutenir les exploitations en difficulté, est d'une portée moindre.
Il est proposé de fixer un délai, défini par décret, pendant lequel les avantages économiques - détaxe sur les carburants, subventions d'équipement en faveur des exploitants des zones de montagne, indemnités compensatoires des handicaps naturels permanents, subventions pour la restauration de l'habitat rural - ne seraient pas suspendus de façon automatique.
Une telle mesure de justice sociale aurait un coût relativement modeste et serait bien perçue par les agriculteurs qui peuvent connaître des difficultés passagères liées à une crise de surproduction, à un investissement mal amorti ou à des intempéries ayant altéré le volume et la qualité de la récolte.
Cette disposition vise à répondre à des difficultés ponctuelles sans pour autant remettre en cause ni l'égalité du traitement des cotisants ni l'équilibre des régimes de protection sociale agricole.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Les mesures proposées par M. Le Cam sont prévues dans le cadre des procédures « agriculteurs en difficulté ». A les sortir de ce contexte, on risquerait de mettre en place un mécanisme d'encouragement au non-paiement des cotisations sociales.
Je demande donc à M. Le Cam de bien vouloir retirer son amendement. A défaut, je serais contraint de donner un avis défavorable.
M. le président. Monsieur Le Cam, l'amendement est-il maintenu ?
M. Gérard Le Cam. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 57 est retiré.
Par amendement n° 62 rectifié, M. Ostermann propose d'insérer, après l'article 29 quaterdecies, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les deux derniers alinéas de l'article 1257 du code rural et de l'article 5 de la loi n° 98-278 du 14 avril 1998 relative au régime local d'assurance maladie des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle sont abrogés.
« Au premier alinéa de l'article 5 de la loi précédemment citée, après les mots : "du code de la sécurité sociale", sont insérés les mots : "à l'exclusion du 1°".
« II. - Après l'article 1257 du code rural, il est inséré un article 1257-1 ainsi rédigé :
« Art. 1257-1. - I. - Le régime local d'assurance maladie complémentaire obligatoire des départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle applicable aux assurés des professions agricoles et forestières est financé par :
« 1° Une cotisation à la charge des salariés des professions agricoles et forestières d'une entreprise ayant son siège social dans le département du Haut-Rhin, du Bas-Rhin ou de la Moselle, quel que soit leur lieu de travail en France métropolitaine, et des salariés des professions agricoles et forestières travaillant dans l'un de ces trois départements pour une entreprise ayant son siège hors de ces départements. Cette cotisation est assise sur leurs gains ou rémunérations et précomptée par leurs employeurs au bénéfice de ce régime.
« 2° Une cotisation à la charge des assurés relevant du présent titre et entrant dans les catégories mentionnées aux 5° à 10° du II de l'article L. 325-1 du code de la sécurité sociale. Cette cotisation est assise sur les avantages vieillesse d'un régime de base, d'un régime complémentaire ou d'un régime à la charge de l'employeur et sur les allocations et revenus de remplacement mentionnés à l'article L. 131-2 du code de la sécurité sociale et précomptée par les organismes débiteurs au bénéfice de ce régime lors de chaque versement de ces avantages ou allocations et versée à ce régime.
« 3° Une cotisation à la charge des employeurs mentionnés au 1° du I du présent article.
« Les cotisations prévues aux 1°, 2° et 3° sont recouvrées par les caisses de mutualité sociale agricole selon les règles et avec les garanties et sanctions applicables au recouvrement des cotisations d'assurances sociales agricoles.
« II. - Ce régime s'applique aux membres des professions agricoles et forestières relevant des assurances sociales agricoles et entrant dans les catégories visées au II de l'article L. 325-1 du code de la sécurité sociale à l'exception de ceux visés aux 2°, 3° et douzième alinéa dudit II.
« Il est également applicable aux ayants droit, tels que définis aux articles L. 161-14 et L. 313-3 du code de la sécurité sociale, des assurés mentionnés ci-dessus.
« Par dérogation aux dispositions de l'article L. 161-6 du code de la sécurité sociale, le bénéfice de ce régime est subordonné aux conditions d'ouverture des droits des assurés mentionnés ci-dessus.
« Ce régime assure à ses bénéficiaires des prestations servies en complément de celles du régime des assurances sociales agricoles pour couvrir tout ou partie de la participation laissée à la charge de l'assuré en application de l'article L. 322-2 du code de la sécurité sociale. Il peut également prendre en charge tout ou partie du forfait journalier prévu à l'article L. 174-4 du même code.
« Ces prestations sont déterminées par le conseil d'administration de l'instance de gestion spécifique de ce régime dans des conditions fixées par décret.
« III. - L'instance de gestion spécifique de ce régime est administrée par un conseil d'administration composé de membres des professions agricoles et forestières dont les attributions et la répartition sont fixées par décret.
« Les modalités de fonctionnement de cette instance de gestion sont fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Le conseil d'administration fixe, chaque année, les taux de cotisations mentionnées au I du présent article, pour permettre de garantir le respect de l'équilibre financier du régime et le financement des frais de gestion du régime. Les dispositions de l'article L. 131-7-1 du code de la sécurité sociale ne sont pas applicables à ces cotisations. Le conseil d'administration détermine également les exonérations accordées en cas d'insuffisance des ressources, conformément aux principes énoncés à l'article L. 136-2 du même code.
« L'affiliation et l'immatriculation au régime local, le recouvrement des cotisations et le service des prestations sont assurés par les caisses de mutualité sociale agricole concernées selon les conditions fixées par une convention conclue entre le conseil d'administration de l'instance de gestion spécifique et la caisse centrale de la mutualité sociale agricole approuvée par le ministre de l'agriculture.
« Le contrôle de l'Etat sur la gestion du régime et le fonctionnement de l'instance de gestion spécifique s'exerce dans les mêmes conditions que pour les organismes de mutualité sociale agricole.
« III. - Les dispositions du présent article sont applicables à compter du 1er janvier 2000. »
La parole est à M. Ostermann.
M. Joseph Ostermann. Cet amendement concerne le droit spécifique aux départements d'Alsace-Moselle. Il organise un système d'assurance maladie complémentaire obligatoire.
La loi du 14 avril 1998 prévoit qu'à terme sa gestion sera assurée par une instance unique, commune au régime général et au régime agricole.
Néanmoins, il paraît opportun, à titre transitoire - comme le souhaitent d'ailleurs de façon unanime les organisations syndicales locales des salariés et les gestionnaires respectifs des deux régimes locaux concernés, qui présentent des caractéristiques différentes - de privilégier la création d'une instance de gestion spécifique au régime des salariés agricoles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. M. Ostermann étant à la fois l'auteur de l'amendement et le représentant de la commission des finances dans ce débat, je ne veux pas le mettre en porte-à-faux en invoquant l'article 40 de la Constitution. Je suis donc très favorable à son amendement. (Sourires.)
M. le président. C'est une justification comme une autre ! (Nouveaux sourires.)
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 62 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 29 quaterdecies .

TITRE III

ORGANISATION ÉCONOMIQUE

Chapitre Ier

Coopération agricole
et organisation de la production



Article 31 bis



M. le président.
L'article 31 bis a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article 32



M. le président.
« Art. 32. - Il est inséré, dans le code rural, un article L. 528-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 528-1 . - Le Conseil supérieur d'orientation de la coopération agricole assiste le ministre de l'agriculture dans l'orientation, le développement et la mise en oeuvre de la politique poursuivie en matière de coopération agricole, en vue notamment de concilier son adaptation aux évolutions économiques avec les préoccupations liées à l'aménagement du territoire.
« Il étudie les orientations qu'il juge souhaitable de donner à la politique économique du secteur coopératif, propose des moyens permettant de les mettre en oeuvre et concourt à la recherche des synergies entre les différents partenaires concernés.
« Il exerce un rôle permanent d'étude, de proposition et de conseil sur le plan juridique et fiscal. Il peut être consulté sur l'élaboration de la réglementation.
« Il est présidé par le ministre de l'agriculture. Sa composition et son fonctionnement sont précisés par décret. »
Par amendement n° 40 rectifié, M. César et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans le premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article L. 528-1 du code rural, après le mot : « assiste », d'insérer le mot : « systématiquement ».
La parole est à M. César.
M. Gérard César. Il s'agit, avec cet amendement, d'aider M. le ministre. (Ah ! sur les travées socialistes.) Je pense que celui-ci ne pourra donc qu'y être favorable.
Nous proposons en effet de préciser que le Conseil supérieur d'orientation de la coopération agricole assiste « systématiquement » le ministre de l'agriculture dans l'orientation, le développement et la mise en oeuvre de la politique poursuivie en matière de coopération agricole.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est favorable à cet amendement, même si le présent de l'indicatif vaut impératif.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je suis très touché par la sollicitude de M. César, mais je me permets de lui indiquer que, en droit, le systématisme est source de contentieux. Soucieux d'éviter de créer du contentieux, je suis défavorable à son amendement. (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 40 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 32, ainsi modifié.

(L'article 32 est adopté.)

Chapitre Ier bis

Offices d'intervention


Article 32 ter



M. le président.
« Art. 32 ter. - A la fin du premier alinéa de l'article L. 621-1-1 du code rural, les mots : "et de l'aquaculture" sont remplacés par les mots : ", de l'aquaculture et de la pêche professionnelle en eau douce". » - (Adopté.)

Chapitre II

Organisation interprofessionnelle


Article 33



M. le président.
« Art. 33. - Les articles L. 632-1 et L. 632-2 du code rural sont ainsi rédigés :
« Art. L. 632-1 . - I. - Les groupements constitués par les organisations professionnelles les plus représentatives de la production agricole ou sylvicole et, selon les cas, de la transformation, de la commercialisation et de la distribution peuvent faire l'objet d'une reconnaissance en qualité d'organisations interprofessionnelles par l'autorité administrative compétente après avis du Conseil supérieur d'orientation et de coordination de l'économie agricole et alimentaire, soit au niveau national, soit au niveau d'une zone de production, par produit ou groupe de produits déterminés s'ils visent, en particulier par la conclusion d'accords interprofessionnels, à la fois :
« - à définir et favoriser des démarches contractuelles entre leurs membres ;
« - à contribuer à la gestion des marchés, par une meilleure adaptation des produits aux plans quantitatif et qualitatif et par leur promotion ;
« - à renforcer la sécurité alimentaire, en particulier par la traçabilité des produits, dans l'intérêt des utilisateurs et des consommateurs.
« Dans les mêmes conditions, pour le secteur de la pêche maritime et de l'aquaculture, les groupements constitués notamment par des associations ou des organisations de producteurs ou leurs unions, et, selon les cas, par les organisations professionnelles les plus représentatives de la transformation, de la commercialisation et de la distribution peuvent faire l'objet d'une reconnaissance par l'autorité administrative compétente, après avis du Conseil supérieur d'orientation des politiques halieutique, aquacole et halio-alimentaire, soit au niveau national, soit au niveau d'une zone de production, par produit ou groupe de produits déterminés.
« II. - Il ne peut être reconnu qu'une organisation interprofessionnelle par produit ou groupe de produits. Lorsqu'une organisation interprofessionnelle nationale est reconnue, les organisations interprofessionnelles régionales constituent des comités de cette organisation interprofessionnelle nationale et sont représentées au sein de cette dernière.
« Toutefois, des organisations interprofessionnelles spécifiques peuvent également être reconnues pour un produit d'appellation d'origine contrôlée ou un groupe de produits d'appellation d'origine contrôlée, et pour des produits qui bénéficient d'une même indication géographique protégée, d'un même label ou d'une même certification de conformité mentionnés aux chapitres II et III du titre IV du présent livre. Des sections consacrées aux produits issus de l'agriculture biologique ou aux produits portant la dénomination "montagne" peuvent également être créées au sein des organisations interprofessionnelles de portée générale. Une organisation interprofessionnelle spécifique à compétence nationale peut, par ailleurs, être reconnue pour les produits issus de l'agriculture biologique et une organisation interprofessionnelle spécifique à compétence nationale pour les produits portant la dénomination "montagne". Chaque fois qu'une organisation interprofessionnelle de portée générale existe pour les produits ou groupes de produits concernés, l'autorité administrative visée au premier alinéa du I recueille l'avis de l'organisation générale préalablement à sa décision sur la demande de reconnaissance et aucun accord soumis par l'interprofession spécifique ne peut être étendu par l'autorité administrative susvisée en l'absence de règles de coordination établies entre elle et l'organisation générale et notifiées à l'autorité administrative susvisée. Pour les vins d'appellation d'origine contrôlée, l'existence d'une interprofession de portée générale reconnue exclut la possibilité de reconnaître des organisations interprofessionnelles spécifiques.
« Art. L. 632-2 . - Non modifié . »
Monsieur le rapporteur, vous aviez souhaité prendre la parole pour cet article 33...
M. Michel Souplet, rapporteur. J'y renonce, monsieur le président.
M. le président. Peut-être préférerez-vous vous exprimer sur l'amendement n° 58...
M. Michel Souplet, rapporteur. Défavorable ! (Rires.) M. Hilaire Flandre. C'est du parti pris ! (Sourires.)
M. le président. N'anticipons pas, monsieur le rapporteur ! M. Le Cam n'a pas encore présenté son amendement !
M. Michel Souplet, rapporteur. Pardonnez-moi, monsieur le président ! Je prendrai la parole, en revanche, sur l'article 39.
M. le président. Par amendement n° 58, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le premier alinéa du paragraphe I du texte présenté par l'article 33 pour l'article L. 632-1 du code rural, après les mots : « organisations professionnelles », de supprimer les mots : « les plus ».
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Je constate que M. le rapporteur fait feu avant que ça ne bouge ! (Sourires.)
Cet amendement tend à élargir la représentativité syndicale au sein des interprofessions.
J'ai bien compris, monsieur le ministre, le souci que vous aviez exprimé en première lecture de ne pas « bloquer » le bon fonctionnement de certaines interprofessions au sein desquelles telle ou telle organisation syndicale reconnue représentative ne figurerait pas.
Je crois que cette argumentation était un peu excessive dans la mesure où l'amendement que nous proposions ne visait qu'à favoriser l'expression du pluralisme syndical dans toutes les enceintes de la profession agricole.
En tout état de cause, la nouvelle rédaction adoptée à l'Assemblée nationale en nouvelle lecture sur l'article 1er bis constitue à mes yeux une garantie face aux dérives que vous redoutiez.
En effet, l'article 1er bis précise que les règles de représentativité qui prévalent pour les comités ou organismes agricoles « ne sont pas applicables aux organisations interprofessionnelles reconnues, établissements et organismes intervenant dans le secteur des produits et appellations d'origine ».
Le texte me paraît suffisamment clair pour éviter tout désagrément aux interprofessions.
Par conséquent, il me paraît inutile de préciser à l'article 33 que seules les organisations « les plus représentatives » seront présentes dans les interprofessions.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Je ne voudrais pas que M. Le Cam pense que je suis systématiquement défavorable à ses propositions !
Je tiens donc à lui préciser que, si la commission est défavorable à cet amendement, c'est parce qu'il lui semble nécessaire de ne pas paralyser le fonctionnement des groupements de producteurs.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je le disais voilà deux minutes à M. César, en droit, le systématisme crée le contentieux. Et nous en avons eu immédiatement la démonstration : M. le rapporteur s'est empressé de faire acte de systématisme, ce qui a perturbé la procédure parlementaire ! (Sourires.)
A l'inverse, puisque l'on me reprochait tout à l'heure d'être systématiquement agréable à M. Le Cam (Nouveaux sourires) , je tiens à exprimer mon désaccord sur son amendement n° 58. En effet, comme je l'ai déjà dit, je souhaite préserver les interprofessions d'une multiplication de présences dans les commissions.
Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 58.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Je souhaite poser une question à M. le ministre sur l'article 37. Adopté conforme par les deux assemblées, cet article, en principe, ne figure pas dans la nouvelle lecture et nous n'avons pas à y revenir. Je voudrais néanmoins m'assurer qu'il s'applique bien uniquement en l'absence d'organisation interprofesionnelle.
M. le président. Pour l'instant, nous en sommes à l'article 33, monsieur le rapporteur !
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 58, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 33.

(L'article 33 est adopté).

Chapitre III

Composition du Conseil supérieur d'orientation


Chapitre IV

Création d'un Conseil supérieur des exportations agricoles et alimentaires


Article 38 quater



M. le président.
L'article 38 quater a été supprimé par l'Assemblée nationale.

TITRE IV

QUALITÉ, IDENTIFICATION
ET SÉCURITÉ DES PRODUITS


Article 39



M. le président.
« Art. 39. - Il est inséré, avant le chapitre 1er du titre IV du livre VI du code rural, un article L. 640-2 ainsi rédigé :
« Art. L. 640-2 . - La qualité et l'origine des produits agricoles ou alimentaires peuvent donner lieu à la délivrance par l'autorité administrative de signes d'identification qui sont l'appellation d'origine contrôlée, le label, la certification de conformité, la certification du mode de production biologique et la dénomination "montagne".
« Sans préjudice des réglementations communautaires, ni des réglementations nationales en vigueur à la date de promulgation de la loi n° du d'orientation agricole, ni des conditions approuvées, à la même date, pour bénéficier d'un label agricole, l'utilisation du qualificatif "fermier" ou de la mention "produit de la ferme" ou "produit à la ferme" ou de toute autre dénomination équivalente est subordonnée au respect des conditions fixées par décret.
« Il en est de même des conditions d'utilisation de la dénomination "montagne" et, dans les départements d'outre-mer, des termes "produits pays". »
Sur l'article, la parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. La Haute Assemblée a, en première lecture, profondément remanié le titre IV, d'une part, en améliorant le volet « qualité des produits », d'autre part, en complétant le volet « sécurité des produits ».
Je me félicite que l'Assemblée nationale n'ait pas rétabli le texte adopté en première lecture au mois d'octobre 1998 sur le dispositif de l'indication géographique progégée, l'IGP. En effet, si l'Assemblée nationale a mis en place, en nouvelle lecture, une procédure originale d'accès à l'enregistrement communautaire, elle a néanmoins maintenu le lien entre l'IGP et les produits bénéficiant d'un label agricole ou d'une certification de conformité.
En outre, la commission des affaires économiques se félicite que, dans leur majeure partie, les dispositions votées par le Sénat sur la reconnaissance des AOC ainsi que sur la sécurité sanitaire des produits aient été adoptées par l'Assemblée nationale.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 39.

(L'article 39 est adopté.)

Articles 40 B, 40 C, 40 et 40 bis A



M. le président.
« Art. 40 B. - L'article L. 641-2 du code rural est ainsi modifié :
« I. - Supprimé .
« II. - Non modifié .
« III. - Cet article est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Après avis des syndicats de défense intéressés et, le cas échéant, de l'organisme de défense et de gestion visé à l'article L. 641-25, l'Institut national des appellations d'origine propose la reconnaissance des appellations d'origine contrôlées, laquelle comporte la délimitation de l'aire géographique de production et la détermination des conditions de production et d'agrément de chacune de ces appellations d'origine contrôlées. » - (Adopté.)
« Art. 40 C. - I. - L'article L. 641-3 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 641-3 . - Chaque appellation d'origine contrôlée est définie par décret sur proposition de l'Institut national des appellations d'origine.
« Le décret délimite l'aire géographique de production et détermine les conditions de production et d'agrément du produit.
« L'aire géographique de production est la surface comprenant les communes ou parties de communes propres à produire l'appellation d'origine.
« Le décret est pris en Conseil d'Etat lorsque les propositions de l'Institut national des appellations d'origine comportent l'extension d'une aire de production ayant fait l'objet d'une délimitation par une loi spéciale ou en application des dispositions prévues aux articles L. 115-8 à L. 115-15 du code de la consommation, ou comportent une révision des conditions de production déterminées par une loi spéciale ou en application des articles L. 115-8 à L. 115-15 du code de la consommation.
« Quiconque a vendu, mis en vente ou en circulation des produits agricoles ou alimentaires, bruts ou transformés, en violation des dispositions du présent chapitre et des règlements pris pour leur application est puni des peines prévues à l'article L. 115-16 du code de la consommation. »
« II. - A la fin de la première phrase du dernier alinéa de l'article L. 641-4 du code rural, la référence : "L. 641-3" est remplacée par la référence : "L. 641-2". » - (Adopté.)
« Art. 40. - I. - Les sept premiers alinéas de l'article L. 641-5 du code rural sont ainsi rédigés :
« L'Institut national des appellations d'origine est un établissement public administratif jouissant de la personnalité civile. Il comprend :
« 1° Un comité national des vins et eaux-de-vie, cidres, poirés et apéritifs à base de vins, cidres et poirés ;
« 2° Un comité national des produits laitiers ;
« 3° Un comité national des produits autres que ceux couverts par les instances mentionnées ci-dessus ;
« 4° Un comité national pour les indications géographiques protégées.
« Ces comités sont composés de représentants des professionnels, de représentants des administrations et de personnes qualifiées assurant notamment la représentation des consommateurs.
« Chacun de ces comités se prononce pour les produits de sa compétence sur les questions mentionnées aux articles L. 641-2, L. 641-3 et L. 641-6. »
« II. - L'article L. 641-6 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 641-6 . - L'Institut national des appellations d'origine propose, sur la base du cahier des charges visé aux articles L. 643-1 et L. 643-3, la reconnaissance des produits susceptibles de bénéficier d'une indication géographique protégée après avis de la Commission nationale des labels et des certifications de produits agricoles et alimentaires. Cette proposition, homologuée par arrêté conjoint du ministre de l'agriculture et du ministre chargé de la consommation, comprend la délimitation de l'aire géographique de production et la détermination des conditions de production de chacun de ces produits.
« Le contrôle des conditions de production des produits bénéficiant d'une appellation d'origine est placé sous la responsabilité de l'Institut national des appellations d'origine. Le contrôle des conditions de production d'un produit bénéficiant d'une indication géographique protégée est placé sous la responsabilité de l'Institut national des appellations d'origine, qui peut en déléguer l'exercice à l'organisme certificateur agréé conformément à l'article L. 643-5 pour la délivrance du label ou de la certification de conformité sur lequel repose l'indication géographique protégée. Le non-respect de la délimitation de l'aire géographique ou d'une des conditions de production entraîne l'interdiction de l'utilisation, sous quelque forme ou dans quelque but que ce soit, du nom de l'appellation d'origine ou de l'indication géographique protégée, nonobstant l'application des peines prévues par l'article L. 115-16 du code de la consommation.
« Le décret visé à l'article L. 641-3 peut comporter, pour toute personne intervenant dans les conditions de production de l'appellation concernée, l'obligation de tenir un ou plusieurs registres propres à permettre le contrôle de ces conditions.
« L'Institut national des appellations d'origine donne son avis sur les dispositions nationales relatives à l'étiquetage et à la présentation de chacun des produits relevant de sa compétence. Il peut être consulté sur toute question relative aux appellations d'origine ou aux indications géographiques protégées.
« Il contribue, en France et à l'étranger, à la promotion des appellations d'origine mentionnées au présent chapitre ainsi qu'à la défense des appellations d'origine protégées et des indications géographiques protégées.
« Il peut, en France et à l'étranger, dans les mêmes conditions que les syndicats professionnels, constitués conformément aux dispositions du chapitre Ier du titre Ier du livre IV du code du travail, contribuer à la défense des appellations d'origine mentionnées dans le présent chapitre, ainsi que des appellations d'origine protégées, collaborer à cet effet avec les syndicats formés pour la défense de ces appellations et ester en justice pour cette défense.
« Les agents de l'Institut national des appellations d'origine peuvent, à la demande de l'institut, être agréés et commissionnés conformément au 8° de l'article L. 215-1 du code de la consommation et avec des pouvoirs qui ne peuvent excéder ceux prévus à l'article L. 215-2 de ce même code en vue de contribuer à l'application des lois et règlements relatifs aux conditions de production des produits agricoles ou alimentaires, bruts ou transformés, bénéficiant d'une appellation d'origine ou d'une indication géographique protégée. »
« II bis. - Dans la première phrase de l'article L. 641-7 du code rural, les mots : "au titre des lois et règlements relatifs aux appellations d'origine" sont remplacés par les mots : "en application du présent chapitre". »
« II ter. - Non modifié .
« II quater . - L'article L. 641-15 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 641-15 . - Les conditions de production visées à l'article L. 641-2 sont relatives notamment à l'aire de production, aux cépages, aux rendements, au titre alcoométrique volumique naturel minimum du vin, aux procédés de culture et de vinification ou de distillation et, le cas échéant, au conditionnement. »
« II quinquies et II sexies . - Non modifiés .
« II septies . - Supprimé .
« II octies et II nonies . - Non modifiés .
« III. - Le dernier alinéa de l'article L. 642-1 du code rural est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Seuls les produits ayant obtenu un label ou une certification de conformité peuvent bénéficier d'une indication géographique protégée. La demande d'enregistrement d'une indication géographique protégée s'effectue dans le cadre des dispositions du chapitre III du présent titre et suivant la procédure fixée par l'article L. 641-6.
« La demande d'enregistrement d'une attestation de spécificité s'effectue dans le cadre des dispositions du chapitre III du présent titre. »
« IV. - Le premier alinéa de l'article L. 642-2 du code rural est ainsi rédigé :
« Les organismes certificateurs agréés mentionnés à l'article L. 643-5 assurent le contrôle du respect des cahiers des charges des attestations de spécificité et, lorsque l'Institut national des appellations d'origine leur en a délégué la charge, des indications géographiques protégées. » - (Adopté.)
« Art. 40 bis A. - I. - L'article L. 643-5 du code rural est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Un décret en Conseil d'Etat définit les modalités particulières de contrôle de la reconnaissance de qualité applicables aux producteurs agricoles et aux artisans qui commercialisent leurs produits en petite quantité directement sur le marché local de leur zone de production, y compris lorsque ces produits sont cédés à une entreprise du commerce de détail indépendant de l'alimentation implantée sur ce marché local. »
« II. - Le dernier alinéa de l'article L. 642-2 du code rural est complété par les mots : ", y compris lorsque les produits sont cédés à une entreprise du commerce de détail indépendant de l'alimentation implantée sur ce marché local". » - (Adopté.)

Article 40 bis



M. le président.
« Art. 40 bis. - Il est inséré, dans le code de la consommation, un article L. 112-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 112-1 . - L'étiquetage d'un produit bénéficiant d'une appellation d'origine contrôlée fromagère doit obligatoirement comporter les nom et adresse du fabricant. »
Par amendement n° 64, M. Ambroise Dupont et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent de rédiger comme suit le texte présenté par cet article pour l'article L. 112-1 du code de la consommation :
« Art. L. 112-1. L'étiquetage d'un produit bénéficiant d'une appellation d'origine contrôlée laitière doit obligatoirement comporter les nom et adresse du fabricant ou de tout autre opérateur intervenant dans son élaboration. »
La parole est M. Ambroise Dupont.
M. Ambroise Dupont. Le présent amendement tend à modifier l'article 40 bis en introduisant une très légère modification. Il permet en effet de prendre en compte, dans son champ d'application, les beurres et crèmes dont la notoriété n'est plus à démontrer dans leur catégorie.
La loi du 9 janvier 1990 confie à l'Institut national des appellations d'origine, l'INAO, la gestion des produits laitiers d'appellation d'origine. Les décisions prises par le Comité national des produits laitiers s'appliquent à l'ensemble de ces produits. Il apparaît donc normal qu'il en aille de même pour l'étiquetage.
L'amendement prévoit également la mention des nom et adresse des affineurs qui sont liés à une zone de production, à un terroir. Ce sont eux, en effet, qui sont les derniers détenteurs du produit avant sa mise sur le marché, et leur rôle dans l'élaboration du produit peut avoir autant d'importance que celui du fabriquant.
Il s'agit donc de remplacer le mot « fromagère » par le mot « laitière » et d'associer les affineurs à cette opération.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement, et ce au nom de la traçabilité des produits.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je donne mon accord à cet amendement qui me paraît utile.
Revenant sur l'article 37, monsieur le rapporteur, je vous le confirme, le dispositif s'applique bien en l'absence d'organisation interprofessionnelle ! (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 64, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'acticle 40 bis, ainsi modifié.

(L'article 40 bis est adopté.)

Articles 40 ter, 40 quater, 41 bis, 42, 42 bis et 43 bis



M. le président.
« Art. 40 ter. - I. - Il est inséré, dans le code de la consommation, un article L. 112-2 ainsi rédigé :
« Art. L. 112-2 . - Un signe d'identification visuelle officiel, dénommé logo "appellation d'origine contrôlée", au sens du 2 de l'article 6 ter de la convention de Paris du 20 mars 1883 pour la protection de la propriété industrielle, doit être utilisé dans toute présentation des produits agricoles et des denrées alimentaires bénéficiant d'une appellation d'origine contrôlée, à l'exception des vins.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe, après consultation de l'Institut national des appellations d'origine, le modèle du logo officiel et ses modalités d'utilisation. »
« II. - Il est inséré, dans le code rural, un article L. 641-1-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 641-1-1 . - Les règles applicables au logo officiel "appellation d'origine contrôlée" sont fixées par l'article L. 112-2 du code de la consommation reproduitci-après :
« Art. L. 112-2 . - Un signe d'identification visuelle officiel, dénommé logo "appellation d'origine contrôlée", au sens du 2 de l'article 6 ter de la convention de Paris du 20 mars 1883 pour la protection de la propriété industrielle, doit être utilisé dans toute présentation des produits agricoles et des denrées alimentaires bénéficiant d'une appellation d'origine contrôlée, à l'exception des vins.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe, après consultation de l'Institut national des appellations d'origine, le modèle du logo officiel et ses modalités d'utilisation. » - (Adopté.)
« Art. 40 quater . - Le chapitre Ier du titre IV du livre VI du code rural est complété par une section 6 ainsi rédigée :

« Section 6

« Syndicats et associations de producteurs
de produits d'appellation d'origine contrôlée

« Art. L. 641-25 . - I. - Les syndicats ou associations de producteurs d'un produit d'appellation d'origine contrôlée au sens de l'article L. 641-2, ainsi que leurs groupements, peuvent faire l'objet d'une reconnaissance en qualité d'organismes de défense et de gestion par l'autorité administrative compétente, sur une zone de production, pour un produit ou groupe de produits déterminés.
« A la demande de ces syndicats, associations ou groupements, la reconnaissance peut également viser une association régie par la loi du 1er juillet 1901 et constituée à cet effet pour la réalisation des missions visées au II du présent article.
« II. - Dans le secteur viticole à appellation d'origine contrôlée, les syndicats ou associations de producteurs ainsi que leurs groupements mènent, conformément à l'intérêt général, leurs actions dans les domaines suivants :
« - connaissance et suivi du potentiel global de production et de ses mécanismes d'évolution ;
« - maîtrise de l'évolution de ce potentiel, sous le contrôle de l'Etat ;
« - propositions de définition des règles de production, conformément aux dispositions de l'article L. 641-15 ;
« - protection du nom, de l'image, de la qualité, des conditions de production et de l'aire de l'appellation d'origine, conformément aux dispositions des articles L. 115-8 du code de la consommation et L. 641-11 du présent code ;
« - participation à la reconnaissance et à la valorisation des appellations. » - (Adopté.)
« Art. 41 bis. - I A. - Dans l'avant-dernier alinéa de l'article L. 642-1 du code rural, les mots : "mentionnées aux articles L. 641-1 à L. 641-6" sont remplacés par les mots : "ne concernant pas les vins et eaux-de-vie". »
« I. - L'article L. 642-4 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 642-4 . - L'utilisation d'indication d'origine ou de provenance ne doit pas être susceptible d'induire le consommateur en erreur sur les caractéristiques du produit, de détourner ou d'affaiblir la notoriété d'une dénomination reconnue comme appellation d'origine contrôlée ou enregistrée comme indication géographique protégée ou comme attestation de spécificité, ou de façon plus générale, de porter atteinte, notamment par l'utilisation abusive d'une mention géographique dans une dénomination de vente, au caractère spécifique de la protection réservée aux appellations d'origine contrôlées, aux indications géographiques protégées et aux attestations de spécificité.
« Pour les produits ne bénéficiant pas d'une appellation d'origine contrôlée ou d'une indication géographique protégée, l'utilisation d'une indication d'origine ou de provenance doit s'accompagner d'une information sur la nature de l'opération liée à cette indication, dans tous les cas où cela est nécessaire à la bonne information du consommateur. »
« Toutefois, cette disposition ne s'applique pas aux vins, aux vins aromatisés, aux boissons aromatisées à base de vin, aux cocktails aromatisés de produits vitivinicoles ainsi qu'aux spiritueux.
« Tout opérateur utilisant une indication d'origine ou de provenance pour une denrée alimentaire ou un produit agricole non alimentaire et non transformé doit disposer des éléments justifiant cette utilisation et être en mesure de les présenter à toute réquisition des agents visés à l'article L. 215-1 du code de la consommation.
« Un décret en Conseil d'Etat, pris en application de l'article L. 214-1 du code de la consommation, définit les conditions d'application du présent article. »
« II. - L'article L. 643-4 du code rural est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Par dérogation aux dispositions du premier alinéa, pour les produits de la pêche maritime, un label agricole ou une certification de conformité peut comporter une mention géographique qui n'est pas enregistrée comme indication géographique protégée ou reconnue comme appellation d'origine contrôlée. Les obligations d'information des consommateurs prévues à l'article L. 642-4 sont applicables. »
« III et IV. - Non modifiés . » - (Adopté.)
« Art. 42. - Les articles L. 644-2, L. 644-3 et L. 644-4 du code rural sont ainsi rédigés :
« Art. L. 644-2 . - Non modifié .
« Art. L. 644-3 . - Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions dans lesquelles est délivrée cette autorisation et précise, en tant que de besoin, les clauses que doivent contenir les cahiers des charges, notamment concernant les techniques de fabrication, le lieu de fabrication et la provenance des matières premières permettant l'utilisation du terme "montagne".
« La provenance des matières premières ne peut être limitée aux seules zones de montagne françaises.
« La dénomination "montagne" est accessible aux produits agricoles et agro-alimentaires produits et élaborés dans les zones de montagne telles que définies par le 3 de l'article 3 de la directive 75/268 du Conseil du 28 avril 1975.
« Art. L. 644-4 . - Non modifié . » - (Adopté.)
« Art. 42 bis. - Il est créé un fonds de valorisation et de communication destiné à valoriser les spécificités et les savoir-faire de l'agriculture et à communiquer sur ses métiers et ses terroirs. Un décret en Conseil d'Etat précise les modalités d'application de ces dispositions. » - (Adopté.)
« Art. 43 bis. - L'article L. 641-21 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 641-21 . - Dans le respect des dispositions communautaires, le ministre de l'agriculture peut décider, après avis du syndicat de défense concerné et de l'organisation professionnelle compétente, que la mise en bouteille et le conditionnement des vins bénéficiant d'une appellation d'origine s'effectue dans les régions de production.
« Toute infraction au présent article est punie des peines figurant à l'article L. 213-1 du code de la consommation. Les personnes mentionnées à l'article L. 215-1 du même code ainsi que les agents de l'Institut national des appellations d'origine commissionnés conformément à ce même article ou à l'article L. 641-6 du présent code sont qualifiés pour procéder à la recherche et à la constatation des infractions.
« Les produits en infraction avec les dispositions du premier alinéa sont saisis conformément aux dispositions des articles L. 215-5 à L. 215-8 du code de la consommation.
« Les dispositions du présent article peuvent être mises en oeuvre à compter de la mise en bouteille et du conditionnement des vins vinifiés avec les raisins récoltés en 2000. » - (Adopté.)

Article 43 ter



M. le président.
« Art. 43 ter. - Le titre X du livre II du code rural est complété par un chapitre VI ainsi rédigé :

« Chapitre VI

« Surveillance biologique du territoire

« Art. 364 bis . - I. - Les végétaux, y compris les semences, les produits antiparasitaires à usage agricole et les produits assimilés, les matières fertilisantes et les supports de cultures composés en tout ou partie d'organismes génétiquement modifiés disséminés dans l'environnement ou mis sur le marché, font l'objet d'une surveillance renforcée effectuée par les agents chargés de la protection des végétaux habilités en vertu des lois et règlements applicables à ces produits.
« Ces agents sont habilités à rechercher et à constater les infractions prévues au présent chapitre et aux textes pris pour son application dans les conditions et les limites prévues par les lois et règlements applicables à ces produits ainsi que celles relatives à la mise sur le marché des végétaux, y compris les semences, composés en tout ou en partie d'organismes génétiquement modifiés.
« En tant que de besoin, il peut être fait appel à toute autre personne désignée par le ministre de l'agriculture et remplissant les conditions de qualification fixées par décret en Conseil d'Etat.
« La mise en place de cette surveillance doit permettre d'identifier et de suivre l'apparition éventuelle d'effets non intentionnels sur les écosystèmes agricoles ou naturels, notamment les effets sur les populations de ravageurs, sur la faune et la flore sauvages, sur les milieux aquatiques et les sols, ainsi que sur les populations microbiennes, y compris les virus.
« II. - Un comité de biovigilance est chargé de donner un avis sur les protocoles de suivi de l'apparition éventuelle d'événements indésirables et d'alerter le ministre de l'agriculture et le ministre chargé de l'environnement lorsque de tels événements sont mis en évidence. Ce comité est placé sous la présidence conjointe du ministre de l'agriculture et du ministre chargé de l'environnement. Il est composé de personnalités compétentes en matière scientifique, d'un député et d'un sénateur membres de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, et de représentants des associations de protection de l'environnement agréées au titre de l'article L. 252-1, des associations de consommateurs et des groupements professionnels concernés. Ces représentants forment au moins la moitié des membres du comité.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'organisation et de fonctionnement du comité de biovigilance.
« III. - Toute personne qui constate une anomalie ou des effets indésirables susceptibles d'être liés à la dissémination ou à la mise sur le marché des produits mentionnés au présent article en informe immédiatement le service chargé de la protection des végétaux.
« IV. - Le responsable de la mise sur le marché ou de la dissémination, le distributeur et l'utilisateur de ces produits doivent participer au dispositif de surveillance biologique et répondre aux obligations liées à la mise en oeuvre des dispositions du présent article, notamment celle leur imposant de communiquer aux agents chargés de la protection des végétaux toutes les informations nécessaires à la surveillance biologique. La traçabilité des produits doit être assurée soit par suivi du produit, soit par analyse. Un décret en Conseil d'Etat, pris dans les conditions prévues à l'article 258-2, en fixe les modalités. A cet effet, le responsable de la mise sur le marché fournit toute information concernant la modification génétique introduite ainsi que la méthode d'analyse à mettre en oeuvre. Il peut s'agir de séquences nucléotidiques, d'amorces ou d'autres types d'informations utiles pour l'inscription dans le registre considéré. Un décret en Conseil d'Etat détermine, notamment par catégorie de produits, les modalités de leur participation et les obligations auxquelles ils sont tenus.
« V. - Dans l'intérêt de la santé publique et de l'environnement, l'autorité administrative peut, par arrêté, prendre toutes mesures destinées à collecter les données et informations relatives à ces opérations, afin d'en assurer le traitement et la diffusion, ainsi que des mesures d'interdiction, de restriction ou de prescriptions particulières concernant la mise sur le marché, la délivrance et l'utilisation des produits mentionnés au présent article.
« Dans l'intérêt de la protection des appellationsd'origine contrôlée, l'Institut national des appellations d'origine peut proposer à l'autorité administrative les mesures prévues à l'alinéa précédent.
« VI. - Le Gouvernement, après avis du comité de biovigilance, adresse chaque année à l'Assemblée nationale et au Sénat un rapport d'activité sur la surveillance biologique du territoire.
« Art. 364 ter et 364 quater . - Non modifiés . »
Par amendement n° 22, M. Souplet, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le texte présenté par cet article pour l'article 364 bis du code rural :
« Art. 364 bis. - I. - Les végétaux, y compris les semences, les produits antiparasitaires à usage agricole et les produits assimilés, les matières fertilisantes et les supports de cultures composés en tout ou partie d'organismes génétiquement modifiés disséminés dans l'environnement ou mis sur le marché, font l'objet d'une surveillance renforcée effectuée par les agents chargés de la protection des végétaux habilités en vertu des lois et règlements applicables à ces produits.
« Ces agents sont habilités à rechercher et à constater les infractions prévues au présent chapitre et aux textes pris pour son application dans les conditions et les limites prévues par les lois et règlements applicables à ces produits ainsi que celles relatives à la mise sur le marché des végétaux, y compris les semences, composés en tout ou partie d'organismes génétiquement modifiés.
« En tant que de besoin, il peut être fait appel à toute autre personne désignée par le ministre de l'agriculture et remplissant les conditions de qualification fixées par décret en Conseil d'Etat.
« La mise en place de cette surveillance doit permettre d'identifier et de suivre l'apparition éventuelle d'effets non intentionnels sur les écosystèmes agricoles ou naturels, notamment les effets sur les populations de ravageurs, sur la faune et la flore sauvages, sur les milieux aquatiques et les sols, ainsi que sur les populations microbiennes, y compris les virus.
« II. - Un comité de biovigilance est chargé de donner un avis sur les protocoles de suivi de l'apparition éventuelle d'événements indésirables et d'alerter le ministre de l'agriculture et le ministre chargé de l'environnement lorsque de tels événements sont mis en évidence. Ce comité est placé sous la présidence conjointe du ministre de l'agriculture et du ministre chargé de l'environnement. Il est composé de personnalités compétentes en matière scientifique, issues à parité de la recherche publique et privée, d'un député et d'un sénateur membres de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, d'un représentant des associations de protection de l'environnement agréées au titre de l'article L. 252-1, de représentants des associations de consommateurs, des organisations agricoles et des groupements professionnels concernés. Ces représentants forment au moins la moitié des membres du comité.
« Un décret en Conseil d'Etat détermine les conditions d'organisation et de fonctionnement du comité de biovigilance.
« III. - Toute personne qui constate une anomalie ou des effets indésirables susceptibles d'être liés à la dissémination ou à la mise sur le marché des produits mentionnés au présent article peut en informer le service de la protection des végétaux. Celui-ci décide des éventuelles suites à donner aux informations qui lui sont communiquées.
« IV. - Le responsable de la mise sur le marché ou de la dissémination, le distributeur et l'utilisateur de ces produits sont tenus de communiquer aux agents chargés de la protection des végétaux toutes les informations nécessaires à la surveillance biologique prévue au présent article, de participer à sa mise en oeuvre et de satisfaire aux obligations liées à la mise en oeuvre des dispositions du présent chapitre. Un décret au Conseil d'Etat précise, par catégorie de produits, les modalités de leur participation et les obligations auxquelles ils sont tenus.
« Le Gouvernement, après avis du comité de biovigilance, adresse chaque année à l'Assemblée nationale et au Sénat un rapport sur l'activité des organismes de surveillance biologique.
« V. - Dans l'intérêt de la santé publique et de l'environnement, l'autorité administrative peut, par arrêté, prendre toutes mesures d'interdiction, de restriction ou de prescriptions particulières concernant la mise sur le marché, la délivrance et l'utilisation des produits mentionnés au présent article.
« Dans l'intérêt de la protection des appellations d'origine contrôlée, l'Institut national des appellations d'origine peut proposer à l'autorité administrative les mesures prévues à l'alinéa précédent. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale a adopté le paragraphe I de cet article dans la rédaction votée par le Sénat.
Au paragraphe II, je vous propose de rétablir le texte du Sénat afin de citer explicitement la recherche privée et la recherche publique et de limiter la représentation des diffétentes associations de protection de l'environnement agréées.
Au paragraphe III, la commission vous propose d'en revenir au texte de la Haute Assemblée afin de ne pas créer une véritable obligation de délation.
Aux paragraphes IV et V, je souhaite en revenir à la rédaction initiale du Sénat, qui avait été adoptée sur l'initiative de M. Jean Bizet, Je vous propose néanmoins de retenir, au paragraphe V, le dispositif adopté par l'Assemblée nationale, articulant les organismes génétiquement modifiés et la protection des AOC.
Enfin, je vous propose de supprimer le paragraphe VI relatif au rapport du comité de biovigilance, ce rapport figurant au paragraphe IV du texte que je propose par ailleurs.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 22.
M. Jean Bizet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bizet.
M. Jean Bizet. A l'occasion de cet article 43 ter , consacré au comité de biovigilance, j'aimerais rappeler ce que j'ai déjà dit en première lecture.
Le projet de loi d'orientation agricole n'a pris en compte que les éventuelles répercussions environnementales de la mise en culture des organismes génétiquement modifiés, et a surtout contribué à donner un signal fort au lobby écologique. C'est fort louable, mais particulièrement insuffisant. Il n'y a aucune implication sur l'enjeu économique posé par les biotechnologies. Or, que nous le voulions ou non, les biotechnologies font déjà et feront davantage encore demain partie de notre environnement agricole et agroalimentaire quotidien.
Avant la fin du mois de juillet 2000, monsieur le ministre, nous serons tenus de transcrire en droit français la directive 98/44 ayant trait à la brevetabilité du vivant, et je vous rappelle également que 70 % des brevets actuels sont détenus par des entreprises américaines contre 20 % à peine par des entreprises européennes.
Cette situation est lourde de conséquences pour l'avenir.
Je souhaiterais que, après le consensus de l'an dernier, le dialogue avec les Françaises et les Français puisse reprendre. Il ne peut y avoir en la matière qu'un sujet partagé avec une filière sans OGM pour respecter sensibilité et souhait des consommateurs.
L'arrivée des OGM de seconde génération fera sans doute prendre conscience aux consommateurs français que la biotechnologie rime aussi et avant tout avec qualité.
Je prends donc acte de l'avant-dernier alinéa de cet amendement, qui permet à l'INAO de tenir compte de la possibilité éventuelle, au travers des termes précis de « prescription particulière », d'utiliser les techniques du génie génétique sur les produits présentant des signes de qualité.
J'aurais préféré une rédaction plus volontariste, mais je note l'ouverture sur ce point précis. Je voterai cet amendement, en souhaitant que M. le ministre s'exprime sans détour sur ce sujet.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 43 ter, ainsi modifié.

(L'article 43 ter est adopté.)

Article 43 quater



M. le président.
« Art. 43 quater . - I. - Non modifié .
« II. - Il est inséré, dans le code rural, un article 363-1 ainsi rédigé :
« Art. 363-1 . - A. - L'inspection et le contrôle des mesures que nécessite l'application des dispositions du présent titre sont effectués par les ingénieurs chargés de la protection des végétaux assistés de techniciens des services du ministère de l'agriculture et des autres personnels qualifiés du ministère de l'agriculture ayant la qualité de fonctionnaires ou d'agents de l'Etat. Ces fonctionnaires ou agents peuvent être assermentés en vue de la recherche et de la constatation des infractions aux dispositions du présent titre.
« B. - Sont habilités à procéder au contrôle documentaire et vérifier par simple inspection visuelle la concordance entre les documents et les végétaux, produits végétaux ou autres objets mentionnés à l'article 356, et à rechercher et constater les infractions relatives à ces documents, les agents des douanes dans les conditions prévues aux articles 60, 61, 63 ter, 65 et 322 bis du code des douanes et les agents de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes dans les conditions prévues aux sections 1, 2 et 3 du chapitre V du titre Ier du livre II du code de la consommation, ainsi qu'àl'article L. 215-9 de ce même code. »
« III. - L'article 364 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. 364. - A. - Dans le cadre des inspections et des contrôles phytosanitaires, les agents visés au A de l'article 363-1 et au A de l'article 359 ont accès aux locaux, installations, lieux, véhicules de transport à usage professionnel, à l'exclusion des domiciles et de la partie des locaux à usage de domicile.
« A l'exception des contrôles à l'importation, cet accès a lieu entre 8 heures et 20 heures ou en dehors de ces heures lorsque l'accès au public est autorisé ou, lorsqu'une activité est en cours, en présence du directeur de l'établissement ou de son représentant ou, à défaut, d'un membre du personnel.
« Un procès-verbal d'inspection et de contrôle est établi et une copie en est remise à l'intéressé.
« Ces agents peuvent recueillir sur convocation ou sur place les renseignements propres à l'accomplissement de leur mission et en prendre copie.
« Ils peuvent également prélever des échantillons de végétaux, produits végétaux et autres objets afin de vérifier qu'ils sont indemnes d'organismes nuisibles.
« Dans l'attente des résultats d'analyses d'échantillons, ces agents peuvent prononcer la mise en quarantaine de ces végétaux, produits végétaux ou autres objets, jusqu'à ce que les résultats d'analyse soient disponibles.
« Ces opérations sont constatées par procès-verbal mentionnant les végétaux, produits végétaux ou autres objets faisant l'objet de la mise en quarantaine.
« Mainlevée de la mise en quarantaine est ordonnée par ces agents.
« Les frais résultant des analyses et de la consignation sont à la charge du propriétaire ou du détenteur.
« Celui-ci peut à tout moment présenter une demande d'expertise contradictoire.
« B. - Dans le cadre de la recherche des infractions aux dispositions du présent titre, le procureur de la République est préalablement informé des opérations envisagées et peut s'y opposer.
« Les infractions sont constatées par des procès-verbaux qui font foi jusqu'à preuve contraire.
« Les procès-verbaux doivent, sous peine de nullité, être adressés dans les huit jours qui suivent leur clôture au procureur de la République. Une copie en est également transmise, dans le même délai, à l'intéressé.
« Les agents peuvent prélever des échantillons de végétaux, produits végétaux ou autres objets dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Dans l'attente des résultats d'analyses des échantillons, ces agents peuvent consigner les végétaux, produits végétaux ou autres objets.
« Le procureur de la République est informé sans délai des mesures de consignation par les agents chargés du contrôle.
« Ces opérations sont constatées par procès-verbal mentionnant les végétaux, produits végétaux ou autres objets faisant l'objet de la mesure de consignation.
« Ces procès-verbaux sont transmis au procureur de la République dans les vingt-quatre heures. Une copie est remise à l'intéressé dans le même délai.
« Les produits consignés sont laissés à la garde de leur détenteur.
« La consignation ne peut excéder quinze jours que sur autorisation du procureur de la République.
« Mainlevée de la mesure de consignation peut être ordonnée à tout moment par les agents habilités ou par le procureur de la République.
« C. - Lorsqu'ils ne sont pas adressés aux laboratoires des services chargés de contrôler l'application des dispositions du présent titre, les échantillons sont analysés par des laboratoires agréés par l'autorité administrative selon des modalités fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Les agents visés au A de l'article 363-1 sont habilités à vérifier que les conditions de l'agrément sont respectées. »
« IV à VI. - Non modifiés .
« VII. - Au début de l'article 352 du code rural, il est inséré un I ainsi rédigé :
« I. - Le ministre de l'agriculture peut prescrire par arrêté les traitements et les mesures nécessaires à la prévention de la propagation des organismes nuisibles inscrits sur la liste prévue à l'article 342. Il peut également interdire les pratiques susceptibles de favoriser la dissémination des organismes nuisibles, selon les mêmes modalités. »
« VIII à XI. - Non modifiés . »
Par amendement n° 47 rectifié, M. Deneux et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, dans l'avant-dernier alinéa du A du texte présenté pour le III de cet article pour l'article 364 du code rural, après le mot : « consignation », les mots : « en cas de non-respect des dispositions susmentionnées ».
La parole est à M. Deneux.
M. Marcel Deneux. Le présent amendement a pour objet d'établir une égalité de traitement entre les opérateurs pour les contrôles portant sur les végétaux, d'une part, et sur les animaux ou les aliments pour animaux, d'autre part.
Il s'agit d'obtenir pour les produits végétaux la même mesure que celle qui est prévue aux articles 44 bis et 44 ter pour les animaux.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 47 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 43 quater , ainsi modifié.

(L'article 43 quater est adopté.)

Article 43 septies



M. le président.
« Art. 43 septies . - Le 1° de l'article 340 du code rural est complété par les mots : "ou procède à l'identification par radiofréquence des animaux lorsque la technique utilisée nécessite le franchissement de la barrière cutanée". » - (Adopté.)

Article 44



M. le président.
« Art. 44. - I. - L'article 276-6 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. 276-6 . - Chaque propriétaire est tenu de faire identifier les équidés qu'il détient par toute personne habilitée à cet effet par le ministre de l'agriculture, selon tout procédé agréé par le ministre de l'agriculture. Le ministre de l'agriculture délivre les numéros d'identification. Les changements de propriété doivent être déclarés. Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
« II. - Après le onzième alinéa (8°) de l'article 340-1 du code rural, il est inséré un 9° ainsi rédigé :
« 9° Les fonctionnaires et agents contractuels relevant du service des haras, des courses et de l'équitation du ministère chargé de l'agriculture peuvent être spécialement habilités à réaliser l'identification électronique complémentaire des équidés sous l'autorité médicale d'un vétérinaire, dans des conditions fixées par un décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 65, MM. Ambroise Dupont, Emorine et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent, dans le second alinéa du II de cet article, après les mots : « du ministère chargé de l'agriculture », d'insérer les mots : « et toute personne agréée par le ministère de l'agriculture ».
La parole est à M. Ambroise Dupont.
M. Ambroise Dupont. Le présent amendement tend à compléter la rédaction du II de l'article 44 afin de ne pas donner aux seuls fonctionnaires et agents du service des haras, des courses et de l'équitation du ministère de l'agriculture la faculté de réaliser l'identification électronique complémentaire des équidés.
Il est préférable, en effet, que la réglementation relative aux équidés, qui se développe notamment à l'échelon européen, soit appliquée par des intervenants multiples. Il convient, en conséquence, de faire en sorte que d'autres « identificateurs » puissent être recrutés, formés et habilités. Les établissements départementaux d'élevage, par exemple, pourraient être également impliqués dans le dispositif.
Il n'y a pas, me semble-t-il, de similitude entre le travail - remarquable - que font les haras nationaux dans l'établissement des livres de races et cette identification générale de tous les équidés. Il me semble, de surcroît, qu'ils n'auront pas beaucoup les moyens de le faire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je ne peux pas être favorable à cet amendement, car l'objet de l'article 44 est non pas de donner le monopole aux agents des haras, mais de les faire bénéficier d'une dérogation aux conditions d'exercice de la médecine vétérinaire. En quelque sorte, il y aura non pas multiplicité, mais double possibilité pour la pose des transpondeurs avec, d'une part, les vétérinaires, et, d'autre part, les agents des haras.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 65, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 41, M. Bizet et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent :
I. - Au deuxième alinéa du II de l'article 44, de remplacer les mots : « peuvent être » par le mot : « sont ».
II. - De compléter in fine cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'habilitation systématique des personnels des haras pour réaliser l'identification complémentaire des équidés est compensée par une majoration des droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du même code. »
La parole est à M. Bizet.
M. Jean Bizet. Cet amendement prévoit que l'obligation d'identification électronique des animaux de race de trait effectuée par les fonctionnaires et agents relevant du service des haras, des courses et d'équitation est à la charge de l'Etat.
Cette opération, en assurant un marquage indélébile jusqu'après l'abattage, peut permettre d'assurer une réelle traçabilité des viandes chevalines produites en France. En effet, la traçabilité de nos produits, réalisée sur le modèle de ce qui a été mis en place pour l'espèce bovine, est la seule façon de regagner la confiance des consommateurs, durement éprouvés par deux récentes intoxications de trichinose provenant de chevaux importés de Yougoslavie.
En outre, la faible valeur, en l'état actuel du marché, des poulains français ne permet pas de supporter le coût de cette identification, qui demeure, pour l'instant, relativement onéreuse.
C'est la raison pour laquelle cet amendement prévoit que cette opération demeure à la charge de l'Etat.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Permettez-moi, monsieur le président, de souligner la contradiction dont font preuve la commission et la majorité de cette assemblée. M. Bizet propose en effet l'inverse de ce que proposait M. Ambroise Dupont à l'instant !
M. Jean Bizet. Non !
M. Ambroise Dupont. Non, pas du tout !
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Si, puisque vous souhaitez que l'on confie la totalité de l'identification aux agents des haras !
Je conserverai donc ma position équilibrée, qui est aussi la solution de sagesse, en laissant cette possibilité et pour les agents des haras et pour les vétérinaires, pour les transpondeurs comme pour l'identification électronique.
Par conséquent, je ne change pas d'attitude et je suis défavorable à cet amendement n° 41, comme j'avais été défavorable à l'amendement de M. Ambroise Dupont qui, à l'inverse, tendait à conférer le pouvoir de réaliser des identifications aux seuls vétérinaires.
J'attends avec intérêt de voir comment vous allez voter, messieurs les sénateurs !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 41.
M. Ambroise Dupont. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Ambroise Dupont.
M. Ambroise Dupont. Monsieur le ministre, il ne s'agit pas de restreindre le dispositif aux seuls vétérinaires et services des haras ! Je propose, au contraire, d'élargir cette possibilité d'identification à d'autres personnes habilitées par le ministère de l'agriculture, ce qui n'est pas exactement le propos de M. Bizet.
Quant à la gratuité, si elle doit être effective, elle sera pratiquée à l'intérieur de l'établissement public qui en sera chargé et le coût en sera réparti sur ceux qui paient les identifications des livres de races.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le président, dans ces conditions, l'amendement créant une charge pour les haras, et donc pour le budget de l'Etat, j'invoque l'article 40 de la Constitution.
M. le président. Monsieur Ostermann, l'article 40 est-il applicable ?
M. Joseph Ostermann, au nom de la commission des finances. Il l'est, monsieur le président.
M. le président. L'article 40 étant applicable, l'amendement n° 41 n'est pas recevable.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 44, modifié.

(L'article 44 est adopté.)

Articles 44 bis, 44 ter, 44 quater A, 44 quater B



M. le président.
« Art. 44 bis. - I. - L'article 253 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. 253 . - I. - Les détenteurs professionnels d'animaux appartenant à des espèces dont la chair ou les produits doivent être livrés au public en vue de la consommation sont tenus de déclarer leur élevage. Le préfet est chargé d'organiser l'immatriculation des élevages selon des modalités définies par décret.
« II. - Dans les conditions prévues par arrêté du ministre de l'agriculture, tout propriétaire ou détenteur d'animaux appartenant à des espèces dont la chair ou les produits doivent être cédés en vue de la consommation doit tenir un registre d'élevage conservé sur place et régulièrement mis à jour sur lequel il recense chronologiquement les données sanitaires, zootechniques et médicales relatives aux animaux élevés.
« Tout vétérinaire mentionne sur ce registre les éléments relatifs à ses interventions dans l'élevage.
« Le registre est tenu à la disposition des agents mentionnés aux articles 215-1, 215-2, 259, 283-1 et 283-2.
« La durée minimale pendant laquelle les ordonnances doivent être conservées est fixée par arrêté du ministre de l'agriculture.
« III. - Le ministre de l'agriculture fixe par arrêté la liste des espèces et des catégories d'animaux qui doivent être accompagnés, lorsqu'ils sont dirigés vers un abattoir, par une fiche sanitaire, ainsi que les informations figurant sur le registre d'élevage qui doivent y être portées.
« IV. - En cas de non-respect des dispositions du III ou lorsqu'ils disposent d'éléments leur permettant de conclure que les viandes seraient impropres à la consommation humaine ou que les délais d'attente ou de retrait pour les médicaments ou les additifs n'ont pas été respectés, les agents habilités en vertu de l'article 259 peuvent différer l'abattage des animaux. Le propriétaire ou le détenteur en est informé. Il conserve leur garde au sein de l'abattoir et prend toutes les mesures utiles pour assurer leur alimentation et leur bien-être.
« En cas de non-présentation dans un délai de quarante-huit heures de la fiche sanitaire, les animaux sont abattus. Les vétérinaires inspecteurs habilités en vertu de l'article 259 procèdent à la saisie et au retrait de la consommation humaine ou animale des viandes qui en sont issues.
« L'ensemble des frais induits par ces mesures, prises à la suite de la constatation du non-respect des dispositions susmentionnées, sont à la charge du propriétaire ou du détenteur et ne donnent lieu à aucune indemnité. »
« II. - Il est inséré, dans le code rural, un article 253-1 ainsi rédigé :
« Art. 253-1 . - Lorsqu'un animal est présenté à l'abattoir sans être identifié conformément aux dispositions prises en application des articles L. 653-1 à L. 653-17 ou d'un règlement communautaire, ou sans être accompagné des documents qu'ils prévoient, les agents habilités en vertu de l'article 259 diffèrent l'abattage en accordant un délai de quarante-huit heures à son propriétaire ou son détenteur pour produire les informations manquantes.
« A l'issue de ce délai, l'animal est abattu et, en l'absence d'information permettant d'établir son âge et son origine, les vétérinaires inspecteurs habilités en vertu de l'article 259 procèdent à la saisie et au retrait de la consommation humaine ou animale des viandes qui en sont issues.
« Préalablement à l'exécution de la saisie, le propriétaire ou le détenteur de l'animal est mis en mesure de présenter ses observations ; il dispose alors d'un nouveau délai de quarante-huit heures pour produire les informations nécessaires.
« Pendant ces délais, le détenteur de l'animal et de la viande en conserve la garde et prend toutes mesures utiles pour assurer le bon entretien de l'animal ou pour éviter l'altération des viandes.
« L'ensemble des frais induits par ces mesures, prises à la suite de la constatation du non-respect des dispositions susmentionnées, sont à la charge du propriétaire ou du détenteur et ne donnent lieu à aucune indemnité. »
« II bis, II ter et III. - Non modifiés .
« IV. - L'article 235 du code rural est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Un arrêté du ministre de l'agriculture détermine le classement en groupes distincts des micro-organismes pathogènes pour l'animal en fonction des risques qu'ils présentent pour la santé publique et l'environnement et les modalités de confinement des installations où ces micro-organismes sont utilisés. Cet arrêté fixe également la liste des micro-organismes pathogènes dont l'utilisation est soumise à autorisation. » - (Adopté.)
« Art. 44 ter. - I. - L'article 254 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. 254 . - I. - Il est interdit d'administrer, de mettre sur le marché, d'introduire sur le territoire métropolitain ou dans les départements d'outre-mer et de détenir, en vue d'administrer, même dans un but thérapeutique, aux animaux des espèces dont la chair ou les produits sont destinés à l'alimentation humaine, des produits contenant des stilbènes, leurs dérivés, sels ou esters, ainsi que des substances à action thyréostatique.
« II. - Il est interdit de mettre sur le marché ou d'introduire sur le territoire métropolitain ou dans les départements d'outre-mer, pour des animaux des espèces dont la chair ou les produits sont destinés à l'alimentation humaine, ou d'administrer à de tels animaux des substances à activité anabolisante, anticatabolisante ou bêta-agoniste.
« Toutefois, après autorisation de l'autorité administrative, ces substances peuvent entrer dans la composition de médicaments satisfaisant aux conditions prévues aux articles L. 617-1 et L. 617-2 du code de la santé publique. L'administration de ces médicaments est subordonnée à des conditions particulières ; elle ne peut être effectuée que par ou sous la responsabilité d'un vétérinaire ayant satisfait aux obligations prévues à l'article 309.
« III. - Sont interdites la détention, la cession, à titre gratuit ou onéreux, des animaux ou des denrées alimentaires provenant d'animaux ayant reçu une substance dont l'usage est prohibé en application des I et II du présent article.
« IV. - Il est interdit d'administrer aux animaux des espèces dont la chair ou les produits sont destinés à l'alimentation humaine, et pour les personnes ayant la garde de tels animaux, de détenir sans justification une substance ou composition relevant de l'article L. 617-6 du code de la santé publique qui ne bénéficie pas d'autorisation au titre des réglementations relatives aux médicaments vétérinaires ou aux substances destinées à l'alimentation animale.
« V. - Par arrêtés pris après avis de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, et, en ce qui concerne les médicaments à usage humain, après avis de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, le ministre de l'agriculture et le ministre chargé de la santé peuvent, pour des motifs de santé publique ou de santé animale, interdire ou restreindre la prescription et la délivrance de médicaments en vue d'une administration à des animaux, ainsi que l'administration de médicaments à des animaux. »
« II. - Non modifié .
« III. - L'article 256 du code rural est ainsi rétabli :
« Art. 256 . - En cas de non-respect des dispositions de l'article 254, ainsi qu'en cas d'administration aux animaux des espèces dont la chair ou les produits sont destinés à la consommation humaine, d'une substance ou composition relevant de l'article L. 617-6 du code de la santé publique qui bénéficie d'une autorisation au titre des réglementations relatives aux médicaments vétérinaires ou aux substances destinées à l'alimentation animale, sans respect des conditions prévues respectivement au V de l'article 254 ou par décret, les vétérinaires inspecteurs habilités en vertu de l'article 259 peuvent ordonner l'exécution de tout ou partie des mesures suivantes :
« - la séquestration, le recensement, le marquage de tout ou partie des animaux de l'exploitation ;
« - le contrôle sanitaire des produits avant leur mise sur le marché ;
« - l'abattage et la destruction des animaux ou de leurs produits ;
« - la destruction des substances en cause et des aliments dans lesquels elles sont incorporées ;
« - la mise sous surveillance de l'exploitation pendant les douze mois suivant l'abattage des animaux ;
« - le contrôle des élevages et établissements ayant été en relation avec l'exploitation concernée.
« Préalablement à l'exécution de ces mesures, le détenteur ou le propriétaire est mis en mesure de présenter ses observations. L'ensemble des frais induits par ces mesures, prises à la suite de la constatation du non-respect des dispositions susmentionnées, sont à leur charge et ne donnent lieu à aucune indemnité. »
« IV, V et VI. - Non modifiés . » - (Adopté.)
« Art. 44 quater A. - I. - L'article L. 607 du code de la santé publique est complété par un 8° ainsi rédigé :
« 8° Médicament homéopathique vétérinaire, tout médicament vétérinaire obtenu à partir de produits, substances ou compositions appelés souches homéopathiques, selon un procédé de fabrication homéopathique décrit par la pharmacopée européenne, la pharmacopée française ou, à défaut, par les pharmacopées utilisées de façon officielle dans un autre Etat membre de la Communauté européenne ; un médicament homéopathique vétérinaire peut aussi contenir plusieurs principes. »
« II. - Il est inséré, après l'article L. 617-3 du code de la santé publique, un article L. 617-3-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 617-3-1 . - Par dérogation aux dispositions de l'article L. 617-1, ne sont pas soumis à l'autorisation de mise sur le marché prévue audit article les médicaments homéopathiques vétérinaires autres qu'immunologiques satisfaisant à l'ensemble des conditions énumérées ci-dessous :
« 1° Supprimé ;
« 2° Absence d'indication thérapeutique particulière sur l'étiquetage ou dans toute information relative au médicament ;
« 3° Degré de dilution garantissant l'innocuité du médicament ; en particulier, le médicament ne peut contenir ni plus d'une partie par 10 000 de la teinture mère ni plus d'un centième de la plus petite dose utilisée éventuellement en allopathie, pour les principes actifs dont la présence dans un médicament allopathique entraîne l'obligation de présenter une prescription d'un vétérinaire ;
« 4° Voie d'administration décrite par la pharmacopée européenne ou la pharmacopée française, ou, à défaut, par les pharmacopées utilisées de façon officielle dans un autre Etat membre de la Communauté européenne.
« Toutefois, ces médicaments homéopathiques vétérinaires doivent faire l'objet, avant leur commercialisation, leur distribution à titre gratuit ou onéreux en gros ou en détail, ou leur administration, d'un enregistrement auprès de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments.
« Cet enregistrement peut être refusé, suspendu ou supprimé si les conditions prévues au présent article ne sont pas remplies ou en cas de danger pour la santé humaine ou pour la santé animale. Cet enregistrement est délivré pour une durée de cinq ans et renouvelable par période quinquennale.
« L'enregistrement peut concerner une série de médicaments homéopathiques vétérinaires obtenus à partir de la ou des mêmes souches homéopathiques. La demande d'enregistrement doit être accompagnée de documents permettant de démontrer la qualité et l'homogénéité des lots de fabrication de ces médicaments homéopathiques. »
« III. - Il est inséré, après le 15° de l'article L. 617-18 du code de la santé publique, trois alinéas ainsi rédigés :
« 16° Les conditions dans lesquelles interviennent les décisions accordant, renouvelant, modifiant, soumettant à des obligations spécifiques, suspendant ou supprimant une autorisation de mise sur le marché, ou un enregistrement de médicament homéopathique vétérinaire, ainsi que les règles de procédure applicables aux recours ouverts contre lesdites décisions ;
« 17° Les modalités de présentation des demandes tendant à obtenir l'enregistrement d'un médicament homéopathique vétérinaire prévu à l'article L. 617-3-1, la nature du dossier ainsi que les règles relatives à l'étiquetage et à la notice de ces médicaments.
« 18° Les règles particulières applicables aux essais pharmacologiques, toxicologiques et cliniques des médicaments homéopathiques vétérinaires autres qu'immunologiques faisant l'objet d'une autorisation de mise sur le marché conformément aux principes et aux particularités de la médecine homéopathique pratiquée. » - (Adopté.)
« Art. 44 quater B. - I. - Il est inséré, après l'article L. 214-1 du code de la consommation, un article L. 214-1-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 214-1-1 . - Un décret en Conseil d'Etat fixe la liste des produits ou denrées pour lesquels la traçabilité doit être assurée. Il précise les obligations des producteurs et des distributeurs qui sont tenus d'établir et de mettre à jour des procédures d'informations enregistrées et d'identification des produits ou des lots de produits. Ces procédures permettent de connaître l'origine de ces produits et de ces lots, ainsi que les conditions de leur production et de leur distribution.
« L'autorité administrative précise, pour chaque produit ou denrée, les étapes de production et de commercialisation pour lesquelles la traçabilité doit être assurée, ainsi que les moyens à mettre en oeuvre en fonction de la taille des entreprises. »
« II. - Dans le premier alinéa de l'article L. 214-2 du même code, après la référence : "L. 214-1, " est insérée la référence : "L. 214-1-1, ". » - (Adopté.)

Article 44 quater



M. le président.
« Art. 44 quater . - I. - Non modifié .
« II. - Il est inséré, après l'article 253-2 du code rural, un article 253-3 ainsi rédigé :
« Art. 253-3 . - Les vétérinaires titulaires du mandat sanitaire prévu par l'article 215-8 concourent, dans le cadre de celui-ci et sous l'autorité du directeur des services vétérinaires, aux fonctions d'inspection sanitaire et qualitative des animaux vivants appartenant à des espèces dont la chair ou les produits sont destinés à l'alimentation humaine sur les foires, marchés ou expositions, dans tous les lieux et locaux professionnels où ils sont détenus et dans les véhicules professionnels de transport. Ils concourent également à la surveillance des conditions sanitaires et qualitatives dans lesquelles ces animaux sont produits, alimentés, entretenus, transportés et mis en vente.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent article. »
« III. - Il est inséré, dans le code rural, les articles 258-1, 258-2, 259-1, 259-2, 262-1 et 272 ainsi rédigés :
« Art. 258-1 . - Non modifié .
« Art. 258-2 . - Les dispositions relatives à la traçabilité des produits et denrées sont définies à l'article L. 214-1-1 du code de la consommation, ci-après reproduit :
« Art. L. 214-1-1 . - Un décret en Conseil d'Etat fixe la liste des produits ou denrées pour lesquels la traçabilité doit être assurée. Il précise les obligations des producteurs et des distributeurs qui sont tenus d'établir et de mettre à jour des procédures d'informations enregistrées et d'identification des produits ou des lots de produits. Ces procédures permettent de connaître l'origine de ces produits et de ces lots, ainsi que les conditions de leur production et de leur distribution.
« L'autorité administrative précise, pour chaque produit ou denrée, les étapes de production et de commercialisation pour lesquelles la traçabilité doit être assurée, ainsi que les moyens à mettre en oeuvre en fonction de la taille des entreprises. »
« Art. 259-1, 259-2, 262-1 et 272 . - Non modifiés. »
« III bis, III ter et IV. - Non modifiés .
« V. - A l'article 259 du code rural, les mots : "vétérinaires spécialisés assistés de techniciens des services vétérinaires et de préposés sanitaires" sont remplacés par les mots : "vétérinaires inspecteurs appuyés par des ingénieurs des travaux agricoles, des techniciens spécialisés des services du ministère de l'agriculture, des préposés sanitaires et d'autres fonctionnaires spécialisés désignés par arrêté du ministre de l'agriculture" et les mots : "de l'article 258 ci-dessus" sont remplacés par les mots : "du présent titre".
« VI à X. - Non modifiés .
« XI. - L'article 275-4 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. 275-4 . - Lorsqu'ils sont originaires ou en provenance de pays non membres de la Communauté européenne, les animaux vivants, leurs produits, les denrées animales ou d'origine animale, les produits destinés à l'alimentation animale, les micro-organismes pathogènes pour les animaux et les produits susceptibles de les véhiculer, dont les listes sont arrêtées par le ministre de l'agriculture, sont soumis, aux frais des importateurs et au moment de leur entrée sur le territoire métropolitain ou dans les départements d'outre-mer, à un contrôle vétérinaire, sanitaire, qualitatif, zootechnique ou ayant trait à la protection des animaux, selon les cas systématique ou non. Le ministre de l'agriculture fixe la liste des animaux et produits soumis au contrôle dans l'un des postes d'inspection frontaliers dont la liste est fixée par arrêté conjoint du ministre de l'agriculture et du ministre chargé des douanes et dont les moyens en personnel, en locaux et en installations sont déterminés par des arrêtés du ministre de l'agriculture.
« Ces contrôles, dont les modalités sont fixées par le ministre de l'agriculture, sont exécutés par les agents mentionnés aux articles 215-1, 215-2, 259, 283-1 et 283-2. Les marchandises qui ont subi un contrôle favorable dans un poste d'inspection frontalier habilité d'un autre Etat membre de la Communauté européenne font éventuellement l'objet des contrôles prévus en application de l'article 275-5.
« Toutefois, pour les animaux familiers de compagnie accompagnant les voyageurs, le contrôle peut être effectué dans tout port, aéroport, gare ferroviaire ou routière ouvert aux liaisons internationales et se limiter à un contrôle documentaire, effectué par les agents des douanes. Les listes des animaux familiers de compagnie visés au présent alinéa et les modalités d'application du contrôle sont fixées par arrêtés conjoints du ministre de l'agriculture et du ministre chargé des douanes. »
« XII, XII bis, XII ter et XIII. - Non modifiés .
« XIV. - La loi du 3 juillet 1934 tendant à réglementer la fabrication des pâtes alimentaires est ainsi modifiée :
« 1° L'article 1er est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, des pâtes alimentaires contenant du blé tendre, exclusivement ou en mélange avec du blé dur, peuvent être vendues en France si elles proviennent d'un Etat membre de l'Union européenne ou d'un autre Etat partie contractante à l'accord instituant l'Espace économique européen, où elles sont légalement fabriquées et commercialisées. » ;
« 2° L'article 2 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les infractions à la présente loi sont constatées et poursuivies dans les conditions prévues par le livre II du code de la consommation. »
« XV. - Non modifié . »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 35 rectifié est présenté par M. Deneux.
L'amendement n° 42 rectifié est déposé par M. Bizet et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
Tous deux visent à insérer, après le III de l'article 44 quater, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Après l'article 259-2, il est inséré dans le code rural un article ainsi rédigé :
« Art. ... - Les mesures de rappel des produits visées à l'article 259-1 et les mesures de fermeture ou de limitation de l'activité visées à l'article 259-2, sont subordonnées à un danger grave et immédiat et font l'objet d'un arrêté préalable conjoint du ministre de l'agriculture et du ou des ministres concernés.
« Les mesures décidées en vertu des articles 259-1 et 259-2 doivent être proportionnées au danger présenté par les produits ; elles ne peuvent avoir pour but que de prévenir ou de faire cesser le danger en vue de garantir la sécurité des consommateurs.
« Les critères applicables aux denrées alimentaires ainsi qu'aux exploitations et aux établissements qui les produisent permettant de déterminer que ces denrées présentent ou sont susceptibles de présenter un danger pour la santé publique sont fixés par arrêtés conjoints des ministres chargés de l'agriculture, de la santé et de la consommation, pris après avis de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments. »
Par amendement n° 66 rectifié, M. Ambroise Dupont et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent d'insérer, après le paragraphe III de l'article 44 quater, le paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Après l'article 259-2, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - Les mesures de rappel des produits visées à l'article 259-1, les mesures de fermeture ou de limitation de l'activité visées à l'article 259-2, et les mesures d'information du public correspondantes sont subordonnées à un danger grave et immédiat et font l'objet d'un arrêté préalable conjoint du ministre de l'agriculture et du ou des ministres concernés.
« Les mesures décidées en vertu des articles 259-1 et 259-2 doivent être proportionnées au danger présenté par les produits : elles ne peuvent avoir pour but que de prévenir ou de faire cesser le danger en vue de garantir la sécurité des consommateurs.
« Les critères applicables aux denrées alimentaires ainsi qu'aux exploitations et aux établissements qui les produisent permettant de déterminer que ces denrées présentent ou sont susceptibles de présenter un danger pour la santé publique sont fixés par arrêtés conjoints des ministres chargés de l'agriculture, de la santé et de la consommation, pris après avis de l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments. »
La parole est à M. Deneux, pour défendre l'amendement n° 35 rectifié.
M. Marcel Deneux. Il s'agit d'un amendement technique et un peu compliqué pour les profanes, j'en conviens.
Les alertes récentes, consécutives à la détection de présence de la listeria, notamment, dans certains produits, ont mis en évidence la nécessité d'améliorer les procédures de gestion de crise et de mieux assurer les droits de la défense des industriels. Le principe de proportionnalité entre les dangers et les mesures prises par les pouvoirs publics doit être inscrit dans le code rural, comme il l'est déjà dans le code de la consommation, aux articles L. 221-5 à L. 221-9.
M. le président. La parole est à M. Bizet, pour présenter l'amendement n° 42 rectifié.
M. Jean Bizet. Je n'ai rien à ajouter aux propos de M. Deneux.
M. le président. La parole est à M. Ambroise Dupont, pour défendre l'amendement n° 66 rectifié.
M. Ambroise Dupont. Cet amendement est à peine différent des deux premiers, monsieur le président.
Je ferai référence aux propos que M. le ministre a tenus tout à l'heure lorsqu'il a répondu à mon intervention dans la discussion générale. L'amendement n° 35 rectifié, auquel je me rallie volontiers et qui est quasiment identique au présent amendement, devrait répondre en partie aux difficultés que nous avons connues récemment et pourrait faciliter une meilleure appréciation, en termes de communication, des difficultés rencontrées par les productions.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 35 rectifié, 42 rectifié et 66 rectifié ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission préfère les amendements n°s 35 rectifié et 42 rectifié. Elle demande donc à M. Ambroise Dupont de retirer l'amendement n° 66 rectifié, qui est très largement satisfait.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je me suis exprimé assez longuement sur ce sujet tout à l'heure, lorsque j'ai répondu aux orateurs qui se sont exprimés dans la discussion générale.
Je suis parfaitement conscient du besoin d'améliorer les procédures de gestion des crises, et les trois administrations concernées ont été chargées d'élaborer des procédures coordonnées. Nous y travaillons.
Je suis aussi conscient de la nécessité de fixation par les pouvoirs publics, après évaluation scientifique des risques par l'Agence de sécurité sanitaire des aliments, que nous venons de créer, des critères microbiologiques pour certains aliments comme les fromages au lait cru.
Mais les amendements qui sont proposés ne peuvent pas être retenus car ils vident de leur substance les articles 259-1 et 259-2 du code rural. Il s'agit de pouvoir agir en application du principe de précaution lorsque des denrées sont susceptibles de présenter un risque. A titre d'exemple, le fonctionnement défectueux d'un établissement ne rend pas forcément les denrées dangereuses, mais ces dernières sont susceptibles de présenter un danger.
Le recours à un arrêté ministériel pour ce qui concerne les mesures de fermeture ou de limitation d'activité visées à l'article 259-2 est contraire au principe de dévolution des pouvoirs de contrôle et de police administrative aux agents de contrôle, sous l'autorité du préfet.
Enfin, le respect du principe de proportionnalité est une règle générale du droit administratif qu'il n'est pas nécessaire de rappeler, sauf à laisser entendre que votre autres mesures de police administrative n'y sont pas soumises.
Voilà les raisons pour lesquelles, tout en comprenant l'idée qui sous-tend ces amendements et en partageant votre souci d'améliorer les procédures, je ne peux qu'émettre un avis défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 35 rectifié et 42 rectifié, acceptés par la commission et repoussés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 66 rectifié n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 44 quater, ainsi modifié.

(L'article 44 quater est adopté.)

Article 44 sexies



M. le président.
« Art. 44 sexies . - Il est inséré, après l'article 263 du code rural, un article 263-1 ainsi rédigé :
« Art. 263-1 . - I. - Les réactifs destinés aux analyses vétérinaires réalisées dans les domaines de la santé animale, de l'élevage et de la salubrité des aliments, dont la liste est arrêtée par le ministre de l'agriculture, font l'objet, avant leur mise sur le marché, à titre gratuit ou onéreux, d'un contrôle de conformité aux règles fixées par arrêté ou aux normes reconnues par l'autorité administrative dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat.
« II. - Est qualifiée, pour procéder à la recherche et à la constatation des infractions aux dispositions du présent article et des textes pris pour son application, toute personne habilitée à constater les infractions à l'article L. 215-1 du code de la consommation. » - (Adopté.)

TITRE V

GESTION DE L'ESPACE AGRICOLE ET FORESTIER

Article 45



M. le président.
« Art. 45. - I A. - Dans le premier alinéa de l'article L. 111-1 du code rural, le mot : "économique" est remplacé par le mot : "durable".
« I. - L'article L. 111-1 du code rural est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« La mise en valeur et la protection de l'espace agricole et forestier prennent en compte ses fonctions économique, environnementale et sociale. »
« II et III. - Non modifiés. »
Par amendement n° 23, M. Souplet, au nom de la commission, propose :
A. - De rédiger ainsi le I de cet article :
« I. - L'article L. 111-1 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 111-1. - L'espace rural appartient au patrimoine commun de la nation. Sa mise en valeur et sa protection, notamment dans ses composantes agricole et forestière, sont d'intérêt général. Elles prennent en compte ses fonctions économique, environnementale et sociale. ».
B. - En conséquence, de supprimer le I A de cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. En nouvelle lecture, l'Assemblée nationale a adopté les paragraphes II et III sans modification, mais elle est revenue à son texte initial pour les paragraphes I et I A. Nous proposons une nouvelle rédaction pour le paragraphe I.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 23, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 45, ainsi modifié.

(L'article 45 est adopté.)

Article 45 bis B



M. le président.
L'article 45 bis B a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article 45 bis



M. le président.
« Art. 45 bis. - Le premier alinéa de l'article 16-1 de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la protection de l'environnement est complété par les mots : ", à l'exception des carrières de marne ou d'arène granitique de dimension et de rendement faibles utilisées à ciel ouvert, sans but commercial, dans le champ même des exploitants ou dans la carrière communale, soumises aux dispositions applicables aux installations relevant du régime de la déclaration figurant au titre III". » - (Adopté.)

Article 47



M. le président.
« Art. 47. - L'article L. 112-2 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 112-2 . - Des zones agricoles dont la préservation présente un intérêt général en raison soit de la qualité de leur production, soit de leur situation géographique, peuvent faire l'objet d'un classement en tant que zones agricoles protégées. Celles-ci sont délimitées par arrêté préfectoral pris sur proposition ou après accord du conseil municipal des communes intéressées, après avis de la chambre d'agriculture, de l'Institut national des appellations d'origine dans les zones d'appellation d'origine contrôlée et de la commission départementale d'orientation de l'agriculture et enquête publique. L'existence de parcelles boisées de faible étendue au sein d'une telle zone ne fait pas obstacle à cette délimitation.
« Tout changement d'affectation ou de mode d'occupation du sol qui altère durablement le potentiel agronomique, biologique ou économique d'une zone agricole protégée doit être soumis à l'avis de la chambre d'agriculture et de la commission départementale d'orientation de l'agriculture. En cas d'avis défavorable de l'une d'entre elles, le changement ne peut être autorisé que sur décision motivée du préfet.
« Le changement de mode d'occupation n'est pas soumis aux dispositions de l'alinéa précédent lorsqu'il relève d'une autorisation au titre du code de l'urbanisme et lorsque le terrain est situé à l'intérieur d'un plan d'occupation des sols rendu public ou approuvé ou d'un document d'urbanisme en tenant lieu.
« La délimitation des zones agricoles protégées est annexée au plan d'occupation des sols dans les conditions prévues à l'article L. 126-1 du code de l'urbanisme.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 24, M. Souplet, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le texte présenté par cet article pour l'article L. 112-2 du code rural :
« Art. L. 112-2. - Lorsqu'il n'y a pas de document d'urbanisme, des zones agricoles dont la préservation présente un intérêt général en raison soit de la qualité de leur production, soit de leur situation géographique, peuvent faire l'objet d'un classement en tant que zones agricoles protégées. Celles-ci sont délimitées par arrêté préfectoral pris sur proposition ou après accord du conseil municipal des communes intéressées, après avis de la chambre d'agriculture, de l'Institut national des appellations d'origine dans les zones d'appellation d'origine contrôlée et de la commission départementale d'orientation de l'agriculture et enquête publique. L'existence de parcelles boisées de faible étendue au sein d'une telle zone ne fait pas obstacle à cette délimitation.
« Tout changement d'affectation ou de mode d'occupation du sol qui altère durablement le potentiel agronomique, biologique ou économique d'une zone agricole protégée doit être soumis à l'avis de la chambre d'agriculture et de la commission départementale d'orientation de l'agriculture. En cas d'avis défavorable de l'une d'entre elles, le changement ne peut être autorisé que sur décision motivée du préfet.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Pour cet article, l'Assemblée nationale a rétabli la rédaction qu'elle avait adoptée en première lecture.
Notre commission considère, au contraire, que les zones agricoles protégées, les ZAP, visent à protéger les terres agricoles là où il n'existe pas de document d'urbanisme. C'est pourquoi elle propose d'introduire cette précision au premier alinéa de l'article L. 112-2 du code rural et, par coordination, de retirer cette mention au deuxième alinéa et de supprimer les troisième et quatrième alinéas.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 24, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 47, ainsi modifié.

(L'article 47 est adopté.)

Article 47 bis A



M. le président.
« Art. 47 bis A. - Le I de l'article L. 146-4 du code de l'urbanisme est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Par dérogation aux dispositions de l'alinéa précédent, les constructions ou installations liées aux activités agricoles ou forestières qui sont incompatibles avec le voisinage des zones habitées peuvent être autorisées, en dehors des espaces proches du rivage, avec l'accord du préfet après avis de la commission départementale des sites, perspectives et paysages. Cet accord est refusé si les constructions ou installations sont de nature à porter atteinte à l'environnement ou aux paysages. »
Par amendement n° 67, M. Ambroise Dupont et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent de supprimer cet article.
La parole est à M. Ambroise Dupont.
M. Ambroise Dupont. Avec cet article, on ne se contente pas de permettre les constructions dans la bande des cent mètres du rivage, on assouplit de surcroît la législation en se fondant sur la notion d'« espace proche du rivage », qui n'est pas définie.
Cet article affecte tout particulièrement la région Bretagne. L'ensemble des cantons, y compris les cantons côtiers, de cette région, qui regroupe plus de la moitié de la production nationale de porcs et de volailles, sont déjà classés vulnérables, c'est-à-dire qu'ils contiennent plus de cent soixante - dix kilogrammes d'azote par hectare - soit une quantité supérieure aux capacités d'assimilation naturelle des sols. Dans un tel contexte de saturation des sols, il ne semble pas particulièrement opportun d'assouplir la législation.
Les nuisances les plus remarquables sur la côte, dans la région Bretagne, sont celles qui sont dues aux taux de nitrates, à 95 % d'origine agricole, des petits ruisseaux côtiers qui débouchent sur des plages à faible pente.
Un assouplissement de la législation pourrait ruiner les efforts entrepris ces dernières années pour réduire le phénomène, qui se traduit notamment par la prolifération de l'algue verte. Cet article aurait des conséquences, me semble-t-il, néfastes sur l'activité économique et touristique de cette région.
Vous l'avez compris, monsieur le ministre, il s'agit d'un amendement d'appel. Je voudrais que vous me précisiez que, dans le cadre de l'application du présent texte, la loi « littoral » sera strictement appliquée et que les politiques du Conservatoire du littoral et des rivages lacustres pourront se poursuivre dans les conditions souhaitées.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Cet article ayant été adopté à l'unanimité en première lecture, la commission est très gênée. Cependant, comme la loi sur le littoral est respectée d'une façon générale et puisque le présent amendement est un amendement d'appel, j'attends, comme M. Ambroise Dupont, la réponse de M. le ministre.
Cela étant, la commission avait émis un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Si mes souvenirs sont exacts, cet article résulte d'un amendement présenté par Mme Yolande Boyer en première lecture et voté à l'unanimité par le Sénat.
Cet article a été adopté conforme par l'Assemblée nationale, qui s'est donc ralliée à cette disposition.
Monsieur le sénateur, cette mesure ne vise absolument pas, et je l'ai vérifié, à détourner la loi « littoral », elle tend au contraire à bien l'appliquer et à combler un vide juridique, que la suppression de cet article rétablirait.
Je suis pour le maintien de la disposition prévue par Mme Boyer, qui permet bien l'application de la loi « littoral » pour les installations que vous avez évoquées. Je crois donc qu'il n'y a pas de vide juridique et que les craintes que vous exprimez seraient fondées si l'on supprimait cet article.
Pour moi, c'est clair. Aussi, je demande le retrait de cet amendement, qui aurait pour effet de mettre à bas le bel édifice que nous avons construit avec Mme Boyer.
M. le président. Monsieur Ambroise Dupont, l'amendement n° 67 est-il maintenu ?
M. Ambroise Dupont. Compte tenu de la position de M. le rapporteur et des assurances que vient de me donner M. le ministre, à savoir que la loi « littoral » s'appliquerait de la façon la plus stricte, c'est-à-dire qu'il n'y aurait pas de construction de cette nature dans la zone du littoral et que - cette question concerne un peu plus que la bande des cent mètres - le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres pourrait appliquer les politiques qu'il met en oeuvre - à mon avis, pour le plus grand bien du littoral et du pays tout entier - je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 67 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 47 bis A.

(L'article 47 bis A est adopté.)

Articles 48 et 49 bis A



M. le président.
« Art. 48. - L'article L. 112-3 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 112-3 . - Les schémas directeurs, les plans d'occupation des sols ou les documents d'urbanisme en tenant lieu et les documents relatifs au schéma départemental des carrières prévoyant une réduction des espaces agricoles ou forestiers ne peuvent être rendus publics ou approuvés qu'après avis de la chambre d'agriculture, de l'Institut national des appellations d'origine dans les zones d'appellation d'origine contrôlée et, le cas échéant, du centre régional de la propriété forestière. Il en va de même en cas de révision ou de modification de ces documents.
« Ces avis sont rendus dans un délai de deux mois à compter de la saisine. En l'absence de réponse à l'issue de ce délai, l'avis est réputé favorable.
« Ces dispositions s'appliquent aux opérations d'aménagement dont l'enquête publique n'a pas encore été prescrite à la date de publication de la loi n° du d'orientation agricole. » - (Adopté.)
« Art. 49 bis A. - I. - L'intitulé du chapitre II du titre IV du livre 1er (nouveau) du code rural est ainsi rédigé : "Opérations immobilières et mobilières".
« II. - L'article L. 142-5 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 142-5 . - Le délai prévu à l'article L. 142-4 est suspendu dans les communes où il est procédé au remembrement jusqu'à la date de la clôture des opérations.
« Ce délai peut être prolongé de cinq ans par décision expresse des commissaires du Gouvernement représentant le ministère de l'agriculture et le ministère de l'économie et des finances.
« La décision de prolongation des commissaires du Gouvernement est prise pour une période de cinq ans renouvelable une fois. » - (Adopté.)

Article 49 bis



M. le président.
« Art. 49 bis. - L'article L. 141-1 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 141-1 . - I. - Des sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural peuvent être constituées pour contribuer, en milieu rural, à la mise en oeuvre du volet foncier de la politique d'aménagement et de développement durable du territoire rural, dans le cadre des objectifs définis à l'article L. 111-2.
« Elles ont pour mission d'améliorer les structures foncières par l'installation ou le maintien d'exploitants agricoles ou forestiers, par l'accroissement de la superficie de certaines exploitations agricoles ou forestières, par la mise en valeur des sols, et éventuellement par l'aménagement et le remaniement parcellaire. Elles peuvent concourir à la préservation de l'environnement. Elles assurent la transparence du marché foncier rural.
« Les collectivités publiques et les personnes morales représentatives des intérêts économiques, environnementaux et sociaux, à caractère rural, peuvent participer à leur capital social.
« II. - Pour la réalisation des missions définies au I, les sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural peuvent :
« 1° Acquérir, dans le but de les rétrocéder, des biens ruraux, des terres, des exploitations agricoles ou forestières ;
« 2° Se substituer un ou plusieurs attributaires pour réaliser la cession de tout ou partie des droits conférés, soit par une promesse unilatérale de vente, soit par une promesse synallagmatique de vente, portant sur les biens visés au 1°, dès lors que la substitution intervient dans un délai maximal de six mois à compter du jour où ladite promesse a acquis date certaine et, au plus tard, au jour de l'acte authentique réalisant ou constatant la vente ;
« 3° Acquérir, dans le but d'améliorer les structures foncières, des parts de sociétés civiles à objet agricole donnant vocation à l'attribution en propriété ou en jouissance de biens agricoles ou forestiers, ou l'intégralité des parts ou actions de sociétés ayant pour objet principal l'exploitation ou la propriété agricole, et notamment, par dérogation aux dispositions du chapitre II du titre II du livre III (nouveau), des parts de groupements fonciers agricoles ;
« 4° Se livrer ou prêter leur concours, en vertu d'un mandat écrit, à des opérations immobilières portant sur les biens d'autrui et relatives au louage régi par le livre IV (nouveau).
« III. - 1° Dans les cas visés aux 1° et 2° du II, le choix de l'attributaire se fait au regard des missions mentionnées au I. L'attributaire peut être tenu au respect d'un cahier des charges.
« En cas de substitution, le cahier des charges mentionné à l'alinéa précédent comporte l'engagement du maintien pendant un délai minimal de dix ans de l'usage agricole ou forestier des biens attribués et soumet, pendant ce même délai, toute opération de cession à titre onéreux en propriété ou en jouissance du bien attribué à l'accord préalable de la société d'aménagement foncier et d'établissement rural. En cas de non-respect de ces engagements pris dans le cadre d'un cahier des charges, l'attributaire est tenu de délaisser le bien, si la société d'aménagement foncier et d'établissement rural le demande, au prix fixé par le cahier des charges ou, à défaut, par le juge de l'expropriation ;
« 2° Les dispositions de l'article 52 de la loi n° 93-122 du 29 janvier 1993 relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques ne sont pas applicables à l'opération de substitution mentionnée au présent article. Celle-ci emporte, à compter de la promesse, substitution dans les droits et les obligations de la société d'aménagement foncier et d'établissement rural ;
« 3° Pour l'exercice des activités mentionnées au 4° du II, les sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural doivent souscrire une assurance garantissant les conséquences pécuniaires de leur responsabilité civile professionnelle et une garantie financière résultant d'un cautionnement spécialement affecté au remboursement des fonds, effets ou valeurs détenus pour autrui.
« Le montant de cette garantie ne peut être inférieur ni au montant maximal des fonds, effets ou valeurs détenus pour autrui à un moment quelconque ni à un montant minimal. Les modalités particulières de mise en oeuvre de cette garantie, le contenu du contrat de mandat et les conditions de rémunération du mandataire sont définis par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 59, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans la première phrase du deuxième alinéa du paragraphe I du texte présenté par cet article pour l'article L. 141-1 du code rural, après les mots : « par la mise en valeur des sols, », d'insérer les mots : « par le développement équilibré des entreprises et de l'emploi et la répartition des activités en milieu rural ».
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Il s'agit de réintroduire, parmi les missions reconnues aux SAFER, la notion de développement de l'activité et des emplois en milieu rural.
Si la vocation première des SAFER est bien d'aménager le patrimoine foncier, cela ne les exonère pas de rechercher, par ailleurs, la meilleure utilisation possible des terres restituées avec, pour objectif, la création d'emplois.
Nous touchons précisément aux missions de service public auxquelles les SAFER doivent se soumettre dans la mesure où, je le rappelle, elles sont pour partie financées par des subventions publiques.
Par conséquent, je ne crois pas que cet ajout dans le deuxième alinéa de cet article aurait pour effet de détourner la SAFER de sa mission d'aménagement foncier ; tout au contraire, il lierait plus directement le but à atteindre d'un côté, c'est-à-dire le développement économique et social, et les moyens pour y parvenir de l'autre.
Cette notion d'emploi me paraît tout à fait en phase avec l'esprit du projet de loi.
Je note à cet égard que ce même article indique que les SAFER « peuvent concourir à la préservation de l'environnement ».
Dès lors, pourquoi, parmi les multiples fonctions de la politique agricole, seule la dimension sociale serait-elle exclue, s'agissant des SAFER qui sont, pourtant, un instrument déterminant dans la mise en oeuvre de ces orientations ?
Il y a là une incohérence, monsieur le ministre, sur laquelle je souhaiterais avoir une explication. Mais la meilleure réponse ne serait-elle pas d'accepter cet amendement, auquel rien ne s'oppose ?
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission considère que cet amendement rompt l'équilibre du dispositif adopté en concertation avec l'ensemble des partenaires. Aussi, elle émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je dirai amicalement à M. Le Cam qu'il y a contradiction entre les critiques qu'il adressait aux SAFER et que je prenais en compte tout à l'heure et la volonté qu'il exprime maintenant d'élargir leurs missions tous azimuts.
Le développement équilibré des entreprises et de l'emploi ainsi que la répartition des activités en milieu rural n'ont pas de lien direct avec les structures foncières et ne sont donc pas susceptibles d'améliorer leur fonctionnement.
Cet amendement est redondant avec le premier alinéa de l'article L. 141-1 du code rural, qui vise les objectifs définis à l'article L. 111-2 du code rural, lequel prévoit le développement équilibré des entreprises et de l'emploi ainsi que la répartition des activités en milieu rural.
Aussi, je demande à M. Le Cam de bien vouloir retirer cet amendement ; sinon, j'émettrai un avis défavorable.
M. le président. Monsieur Le Cam, l'amendement n° 59 est-il maintenu ?
M. Gérard Le Cam. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 59 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 49 bis .

(L'article 49 bis est adopté.)

Article 50 bis A



M. le président.
« Art. 50 bis A. - I. - L'intitulé du chapitre III du titre V du livre II (nouveau) du code rural est ainsi rédigé : « Intervention des personnes morales de droit public et des organisations professionnelles représentatives ».
« II. - Il est inséré, au chapitre III du titre V dulivre II (nouveau) du code rural, après l'article L. 253-1, un article L. 253-1-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 253-1-1 . - Les organisations syndicales agricoles et forestières représentatives ainsi que les chambres d'agriculture et les centres régionaux de la propriété forestière sont appelés dans le cadre des lois et règlements en vigueur à participer à l'action des pouvoirs publics en matière de protection de l'environnement ou de gestion de l'espace, lorsqu'il s'agit d'espace rural. » - (Adopté.)

Article 50 bis



M. le président.
« Art. 50 bis. - I et II. - Non modifiés .
« III. - Dans le premier alinéa de l'article L. 135-4 du code rural et dans l'article L. 136-8 du même code, les mots : "à la constitution" sont remplacés par les mots : "à la constitution ou à la prorogation".
« IV. - Supprimé . »
Je suis saisi de deux amendements, présentés par M. Souplet, au nom de la commission.
L'amendement n° 25 tend à insérer, avant le paragraphe IV de cet article, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« III bis . - L'article L. 135-4 du code rural est ainsi rédigé :

« Art. L. 135-4. - Les propriétaires de parcelles comprises dans le périmètre d'une association foncière pastorale autorisée qui ne peuvent être considérés comme ayant donné leur adhésion au projet de constitution ou de prorogation de l'association peuvent, dans un délai de trois mois à partir de la publication de la décision préfectorale d'autorisation ou de prorogation, délaisser leurs immeubles moyennant indemnités. A défaut d'accord amiable, cette indemnité est fixée comme en matière d'expropriation. »
L'amendement n° 26 a pour objet de rétablir le paragraphe IV de l'article 50 bis dans la rédaction suivante :
« IV. - L'article L. 136-8 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 136-8. - Les propriétaires de parcelles comprises dans le périmètre d'une association foncière agricole autorisée qui ne peuvent être considérés comme ayant donné leur adhésion au projet de constitution ou de prorogation de l'association peuvent, dans un délai de trois mois à partir de la publication de la décision préfectorale d'autorisation ou de prorogation, délaisser leurs immeubles moyennant indemnités. A défaut d'accord amiable, cette indemnité est fixée comme en matière d'expropriation. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre ces deux amendements.
M. Michel Souplet, rapporteur. En premier lieu, l'Assemblée nationale a élargi à l'article L. 136-8 du code rural, c'est-à-dire aux associations foncières agricoles, le dispositif adopté par le Sénat au paragraphe III relatif aux associations foncières pastorales. En second lieu, elle a supprimé le paragraphe IV.
La commission se félicite de la position adoptée par l'Assemblée nationale au paragraphe III. Elle vous propose de rétablir le paragraphe IV et de compléter l'article 50 bis par un paragraphe additionnel nécessaire à la bonne cohérence du dispositif.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 25 et 26 ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je partage l'objectif de M. le rapporteur. Toutefois, le texte adopté par l'Assemblée nationale, tout en évitant une réécriture globale de l'article, répond au même objectif. Aussi, ces amendements sont inutiles. Je demande donc leur retrait, sinon leur rejet.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 25, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 26, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 50 bis , modifié.

(L'article 50 bis est adopté.)

Article 50 quater



M. le président.
« Art. 50 quater . - I et II. - Non modifiés .
« III. - Il est inséré, dans la section 7 du chapitre Ier du titre II du livre Ier du code rural, un article L. 121-25 ainsi rédigé :
« Art. L. 121-25 . - Pour les parcelles d'une superficie et d'une valeur inférieures aux seuils définis au premier alinéa de l'article L. 121-24, le président de la commission départementale d'aménagement foncier est habilité à constater l'usucapion par acte administratif de notoriété. »
« IV. - Dans le premier alinéa de l'article L. 121-24 du code rural, les mots : "1,5 fois le montant fixé à l'article 704 du code général des impôts" sont remplacés par les mots : "1 500 euros". » - (Adopté.)

Article 50 sexies



M. le président.
L'article 50 sexies a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Mais, par amendement n° 27, M. Souplet, au nom de la commission, propose de le rétablir dans la rédaction suivante :
« Dans le délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement déposera, devant le Parlement, un rapport sur les modalités d'organisation de la profession d'expert agricole et foncier et d'expert forestier.
« Ce rapport précisera en particulier la situation actuelle des professions d'expert agricole et foncier et d'expert forestier, fixera les orientations qu'il serait souhaitable de prendre dans ce domaine et proposera, à la représentation nationale, les actions à mettre en oeuvre pour y concourir parmi lesquelles devront figurer les adaptations législatives nécessaires. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale a supprimé cet article au motif que le dispositif imposait par avance, sans attendre les conclusions du rapport, l'organisation de la profession d'expert agricole et foncier et d'expert forestier en ordre professionnel.
Nous avons souhaité rétablir cet article 50 sexies car, monsieur le ministre, les experts agricoles sont beaucoup plus nombreux que les experts fonciers. De surcroît, ils nous semble beaucoup plus utile de légiférer sur le statut des experts dans le cadre de la loi d'orientation agricole que dans le cadre de la loi forestière. C'est pourquoi nous vous demandons de bien vouloir accepter de réintroduire cet article 50 sexies dans le présent projet de loi d'orientation agricole.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le rapporteur, si cette proposition est adoptée, le dépôt du rapport interviendra au moment de la discussion de la loi forestière. Voilà pourquoi le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
J'ai pris l'engagement de traiter ce problème dans le cadre de la loi forestière. Le fait de prévoir un rapport aujourd'hui n'ajoute rien à l'affaire ! Nous traiterons cela dans six mois.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 27.
M. Gérard César. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. J'ai bien noté les observations de M. le ministre et de M. le rapporteur. On peut être expert agricole et foncier sans être forcément expert forestier !
Je souhaite donc que l'amendement n° 27 soit adopté, dans la mesure où il vise les experts agricoles et fonciers. Et nous étudierons la question des experts forestiers lors de la discussion de la loi relative à la forêt !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 50 sexies est rétabli dans cette rédaction.

TITRE VI

FORMATION DES PERSONNES,
DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, RECHERCHE
AGRONOMIQUE ET VÉTÉRINAIRE

Article 51



M. le président.
« Art. 51. - L'article L. 811-1 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 811-1 . - L'enseignement et la formation professionnelle agricoles publics ont pour objet d'assurer, en les associant, une formation générale et une formation technologique et professionnelle dans les métiers de l'agriculture, de la forêt, de l'aquaculture, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles ainsi que dans d'autres métiers concourant au développement de ceux-ci, notamment dans les domaines des services et de l'aménagement de l'espace agricole, rural et forestier, de la gestion de l'eau et de l'environnement. Ils contribuent au développement personnel des élèves, étudiants, apprentis et stagiaires, à l'élévation et à l'adaptation de leurs qualifications et à leur insertion professionnelle et sociale.
« Ils remplissent les missions suivantes :
« 1° Ils assurent une formation générale, technologique et professionnelle initiale et continue ;
« 2° Ils participent à l'animation du milieu rural ;
« 2° bis Ils contribuent à l'insertion scolaire des jeunes, sociale et professionnelle de ces derniers et des adultes ;
« 3° Ils contribuent aux activités de développement, d'expérimentation et de recherche appliquée ;
« 4° Ils participent à des actions de coopération internationale, notamment en favorisant les échanges et l'accueil d'élèves, apprentis, étudiants, stagiaires et enseignants.
« L'enseignement et la formation professionnelle agricoles publics sont organisés dans le cadre de l'éducation permanente, selon les voies de la formation initiale et de la formation continue. Ils constituent une composante du service public d'éducation et de formation. Ils relèvent du ministre de l'agriculture. Ils sont dispensés dans le respect des principes de laïcité, de liberté de conscience et d'égal accès de tous au service public. »
Par amendement n° 28, M. Souplet, au nom de la commission, propose de supprimer le cinquième alinéa (2° bis ) du texte présenté par cet article pour l'article L. 811-1 du code rural.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale, lors de son examen du projet de loi en nouvelle lecture, a rétabli la référence à la contribution à l'insertion scolaire, sociale et professionnelle parmi les missions de l'enseignement et de la formation professionnelle agricole publique.
Le rapporteur que je suis vous propose d'en revenir à la rédaction de la Haute Assemblée, adoptée sur l'initiative de la commission des affaires culturelles, le dossier ayant été très bien défendu par notre collègue M. Vecten.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 28, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 51, ainsi modifié.

(L'article 51 est adopté.)

Article 52



M. le président.
« Art. 52. - L'article L. 811-2 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 811-2 . - L'enseignement et la formation professionnelle agricoles publics assurent des formations qui peuvent s'étendre de la classe de quatrième du collège à l'enseignement supérieur inclus. Ces formations sont organisées de façon à faciliter les poursuites d'études, les changements d'orientation et le passage entre les formations sous contrats de travail de type particulier et celles sous statut scolaire. A cet effet, sont créées des classes préparatoires et des classes d'adaptation ainsi qu'un service d'orientation commun à l'enseignement général, technologique et professionnel et à l'enseignement et la formation professionnelle agricoles. Les élèves, étudiants, apprentis et stagiaires disposent de l'ensemble des informations de nature à leur permettre l'élaboration d'un projet d'orientation. Ils bénéficient notamment d'une information sur l'évolution de la demande de qualification, les professions et les formations qui y préparent.
« Les formations assurées par l'enseignement et la formation professionnelle agricoles publics sont dispensées suivant des programmes et référentiels nationaux, qui en précisent respectivement le contenu et les objectifs et qui sont arrêtés soit par le ministre de l'agriculture, soit conjointement par le ministre de l'agriculture et le ministre chargé de l'éducation nationale, soit par le ministre chargé de l'éducation nationale. Ces formations sont organisées en cycles.
« Sous réserve des dispositions des articles L. 115-1, L. 900-2 et L. 980-1 du code du travail, les formations dispensées par l'enseignement général, technologique et professionnel et la formation professionnelle agricoles publics sont sanctionnées par des diplômes d'Etat ou des diplômes nationaux reconnus équivalents aux diplômes de même niveau de l'enseignement général, technologique et professionnel. » - (Adopté.)

Article 53



M. le président.
« Art. 53. - L'article L. 811-8 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 811-8 . - Tout établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricole a pour siège, soit un lycée d'enseignement général et technologique agricole, soit un lycée professionnel agricole et regroupe plusieurs centres :
« 1° Un ou plusieurs lycées d'enseignement général et technologique agricole ou lycées professionnels agricoles ;
« 2° Un ou plusieurs centres de formation professionnelle et de promotion agricoles ou centres de formation d'apprentis qui dispensent les formations mentionnées au présent chapitre ;
« 3° Un ou plusieurs ateliers technologiques ou exploitations agricoles à vocation pédagogique qui assurent l'adaptation et la formation aux réalités pratiques, techniques et économiques, et qui contribuent à la démonstration, à l'expérimentation et à la diffusion des techniques nouvelles.
« Dans un délai de cinq ans à compter de la promulgation de la loi n° du d'orientation agricole, les lycées d'enseignement général et technologique agricoles et les lycées professionnels agricoles prennent la forme de lycées d'enseignement général, technologique et professionnel agricoles.
« Ces établissements sont dotés de la personnalité civile et de l'autonomie administrative et financière. Ils peuvent être implantés sur plusieurs sites si la nature ou l'importance des activités le justifie.
« Chaque centre de formation dispose de l'autonomie pédagogique et éducative.
« En application des articles 3 et 4 de la loi n° 88-20 du 6 janvier 1988 relative aux enseignements artistiques, des enseignements artistiques sont dispensés, à titre obligatoire ou facultatif, dans les établissements publics d'enseignement mentionnés au présent article.
« Chaque établissement public local d'enseignement et de formation établit un projet d'établissement. Celui-ci définit les modalités particulières de mise en oeuvre des programmes et référentiels nationaux mentionnés à l'article L. 811-2 ainsi que les actions relevant de l'autonomie pédagogique de l'établissement. Il comporte une partie relative à l'évolution des structures pédagogiques.
« Le projet d'établissement est élaboré et adopté dans les conditions prévues par l'article 18 de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 précitée pour une durée de trois à cinq ans.
« La mise en oeuvre du projet d'établissement fait l'objet d'une évaluation dans des conditions fixées par le ministre de l'agriculture. »
Par amendement n° 29, M. Souplet, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le texte présenté par cet article pour l'article L. 811-8 du code rural :
« Art. L. 811-8. - Les établissements publics locaux d'enseignement et de formation professionnelle agricoles regroupent des centres d'enseignement et de formation qui sont :
« - les lycées d'enseignement général et technologique agricoles et les lycées professionnels agricoles ;
« - les centres de formation professionnelle et de promotion agricoles et les centres de formation d'apprentis qui dispensent les formations mentionnées au présent chapitre.
« Chaque établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricoles dispose d'une exploitation agricole ou d'ateliers technologiques à vocation pédagogique qui assurent l'adaptation et la formation aux réalités pratiques, techniques et économiques et qui contribuent à la démonstration, à l'expérimentation et à la diffusion des techniques nouvelles.
« Dans un délai de cinq ans à compter de la promulgation de la loi n° du d'orientation agricole, les lycées d'enseignement général et technologique agricoles et les lycées professionnels agricoles prennent la forme de lycées d'enseignement général, technologique et professionnel agricoles.
« Ces établissements sont dotés de la personnalité civile et de l'autonomie administrative et financière. Ils peuvent être implantés sur plusieurs sites si la nature ou l'importance de leurs activités le justifie. Un établissement public local d'enseignement et de formation professionnelle agricoles a pour siège soit un lycée d'enseignement général et technologique agricole, soit un lycée professionnel agricole.
« Chaque centre de formation dispose de l'autonomie pédagogique et éducative.
« En application des articles 3 et 4 de la loi n° 88-20 du 6 janvier 1988 relative aux enseignements artistiques, des enseignements artistiques sont dispensés, à titre obligatoire ou facultatif, dans les établissements publics d'enseignement mentionnés au présent article.
« Chaque établissement public local d'enseignement et de formation établit un projet d'établissement. Celui-ci définit les modalités particulières de mise en oeuvre des programmes et référentiels nationaux mentionnés à l'article L. 811-2 ainsi que les actions relevant de l'autonomie pédagogique de l'établissement. Il comporte une partie relative à l'évolution des structures pédagogiques.
« Le projet d'établissement est élaboré et adopté dans les conditions prévues par l'article 18 de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 précitée pour une durée de trois à cinq ans.
« La mise en oeuvre du projet d'établissement fait l'objet d'une évaluation dans des conditions fixées par le ministre de l'agriculture. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale a rétabli le texte qu'elle avait adopté en première lecture.
La commission vous propose d'en revenir à la rédaction adoptée en première lecture par la Haute Assemblée, sur l'initiative de la commission des affaires culturelles.
Ainsi, elle vous propose de préciser l'organisation interne des établissements publics locaux d'enseignement et de formation professionnelle agricoles et de renvoyer aux dispositions de la loi de 1989 pour les modalités d'élaboration et d'adoption des projets d'établissement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 29, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 53, ainsi modifié.

(L'article 53 est adopté.)

Article 57



M. le président.
« Art. 57. - Il est inséré, dans le code rural, un article L. 812-5 ainsi rédigé :
« Art. L. 812-5 . - Un ou plusieurs établissements publics d'enseignement supérieur agricole peuvent constituer, soit entre eux, soit avec d'autres personnes morales de droit public ou de droit privé, un groupement d'intérêt public, doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière, afin :
« 1° Soit de créer, sur proposition du ministre de l'agriculture, des pôles de compétences à vocation internationale ;
« 2° Soit d'exercer en commun des activités de caractère scientifique, technique, professionnel, éducatif et culturel, ou de gérer des équipements ou des services d'intérêt commun.
« Ces activités doivent relever de la mission des membres du groupement. Les dispositions de l'article 21 de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982 d'orientation et de programmation pour la recherche et le développement technologique de la France sont applicables aux groupements prévus au présent article.
« Les modalités d'application du présent article sont déterminées par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 30, M. Souplet, au nom de la commission, propose de rédiger ainsi le début du premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article L. 812-5 du code rural :
« Pour atteindre les objectifs fixés ci-dessus à l'article L. 812-1, un ou plusieurs établissements publics d'enseignement supérieur agricole peuvent constituer un établissement public à caractère scientifique, culturel et professionnel, ou selon les besoins, soit entre eux,... »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. L'Assemblée nationale a adopté un amendement visant, pour le premier alinéa de l'article 57, à rétablir le texte qu'elle avait adopté en première lecture. Elle a en effet estimé que la formulation retenue par le Sénat conduisait à une confusion entre ce qui relève de la fusion des établissements et ce qui ressortit à leur association au sein de groupements d'intérêt publics, les GIP.
La commission vous propose d'en revenir à la rédaction de la Haute Assemblée. La commission des affaires culturelles avait souhaité, en première lecture, que les activités des GIP relèvent de la mission de chacune des personnes morales membres du GIP ; de plus, ces groupements étant constitués dans les conditions prévues par l'article 21 de la loi n° 82-610 du 15 juillet 1982, cette référence est nécessaire en l'absence de statut général des GIP.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 30, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 57, ainsi modifié.

(L'article 57 est adopté.)

Article 59



M. le président.
« Art. 59. - L'article L. 813-2 du code rural est ainsi rédigé :
« Art. L. 813-2 . - Les formations de l'enseignement agricole privé peuvent s'étendre de la classe de quatrième du collège jusqu'à la dernière année de formation de techniciens supérieurs. Ces formations sont organisées de façon à faciliter les poursuites d'études, les changements d'orientation et le passage entre les formations sous contrats de travail de type particulier et celles sous statut scolaire. Les élèves, étudiants, apprentis et stagiaires disposent de l'ensemble des informations de nature à leur permettre l'élaboration d'un projet d'orientation. Ils bénéficient notamment d'une information sur l'évolution de la demande de qualification, les professions et les formations qui y préparent.
« Les formations assurées par l'enseignement et la formation professionnelle agricoles privés sont dispensées suivant des programmes et référentiels nationaux, qui en précisent respectivement le contenu et les objectifs et qui sont arrêtés soit par le ministre de l'agriculture, soit conjointement par le ministre de l'agriculture et le ministre de l'éducation nationale, soit par le ministre de l'éducation nationale. Ces formations sont organisées en cycles. Là où le besoin existe, des actions permettant la connaissance et la diffusion des langues et cultures régionales sont organisées dans les établissements.
« Des enseignements artistiques sont assurés à titre obligatoire ou facultatif dans les établissements mentionnés au présent article.
« Sous réserve des dispositions des articles L. 115-1, L. 900-2 et L. 980-1 du code du travail, les formations dispensées par l'enseignement général, technologique et professionnel et la formation professionnelle agricoles privés sont sanctionnées par des diplômes d'Etat ou des diplômes nationaux reconnus équivalents aux diplômes de même niveau de l'enseignement général, technologique et professionnel.
« Chaque établissement privé d'enseignement et de formation professionnelle agricoles établit un projet d'établissement. Celui-ci définit les modalités particulières de mise en oeuvre des programmes et référentiels nationaux mentionnés à l'article L. 811-2 ainsi que les actions relevant de l'autonomie pédagogique de l'établissement. Il comporte une partie relative à l'évolution des structures pédagogiques.
« Le projet d'établissement est élaboré et adopté dans les conditions prévues par l'article 18 de la loi n° 89-486 du 10 juillet 1989 précitée pour une durée de trois à cinq ans.
« La mise en oeuvre du projet d'établissement fait l'objet d'une évaluation dans des conditions fixées par le ministre de l'agriculture.
« Les dispositions de l'article L. 811-3 sont applicables aux établissements d'enseignement agricole privé sous contrat. »
Par amendement n° 31, M. Souplet, au nom de la commission, propose, à la fin de la première phrase du premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article L. 813-2 du code rural, de remplacer les mots : « jusqu'à la dernière année de formation de techniciens supérieurs » par les mots : « jusqu'au premier cycle de l'enseignement supérieur inclus ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Outre un amendement d'ordre rédactionnel, l'Assemblée nationale a adopté un amendement prévoyant que l'année terminale de l'enseignement agricole privé était la dernière année de formation de technicien supérieur, alors que le Sénat prévoyait que cette année était celle de la fin du premier cycle de l'enseignement supérieur.
La commission souhaite en revenir au texte adopté par la Haute Assemblée en première lecture afin de conserver une stricte identité entre les missions de l'enseignement public et celles de l'enseignement privé.
C'est sur cet amendement que M. Vecten est intervenu brillamment et a rappelé les engagements pris par M. le ministre de l'agriculture en octobre 1998. Il faut respecter la parole du Gouvernement, n'est-ce pas, monsieur le ministre ? Sinon, où va-t-on ? (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. La parole du Gouvernement, monsieur le rapporteur, c'est de traiter cette affaire dans le cadre de la réforme du premier cycle de l'enseignement supérieur. Le problème n'est pas tant un problème d'équivalence entre l'enseignement public et l'enseignement privé qu'un problème de cohérence avec l'ensemble des premiers cycles de l'enseignement supérieur.
Dire aujourd'hui que ces dispositions s'appliquent au premier cycle de l'enseignement supérieur alors que cette définition des premiers cycles est susceptible d'être modifiée à très court terme ne me paraît pas opportun. Ce point sera étudié dans le cadre de la réforme de l'enseignement supérieur. Tel est l'engagement du Gouvernement, qui émet donc un avis défavorable sur l'amendement n° 31.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 31, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 60 rectifié, M. Le Cam et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, à la fin de la première phrase du deuxième alinéa du texte présenté par l'article 59 pour l'article L. 813-2 du code rural, de supprimer les mots : « , soit par le ministre chargé de l'éducation nationale ».
La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Cet amendement tend à revenir au texte retenu par l'Assemblée nationale lors de la première lecture.
En l'état actuel de sa rédaction, l'article 59 prévoit que les programmes proposés par les établissements privés pourront être arrêtés par le seul ministre de l'éducation nationale.
Outre le fait que les établissements de l'enseignement agricole privé n'ont pas vocation à assurer des formations générales et technologiques, je conteste l'idée qu'il faille instaurer une identité absolue entre l'enseignement public et l'enseignement privé, dès lors que les obligations de service public de l'un et de l'autre sont différentes.
Le souci de la majorité sénatoriale a toujours été de réclamer des avantages identiques pour les enseignements public et privé, s'agissant de la formation ou du financement, mais en refusant obstinément, par ailleurs, d'imposer des contreparties, en termes d'intérêt général, aux écoles privées.
Il y a là deux poids, deux mesures, sous le prétexte d'une identité qui n'est, en réalité, que de façade.
L'amendement n° 60 rectifié a pour objet d'éviter toute forme de concurrence entre l'enseignement public et l'enseignement privé en refusant une distorsion au détriment du service public, puisque l'adoption de l'article 59, dans sa rédaction actuelle, aurait pour conséquence non seulement d'accorder un privilège supplémentaire aux établissements privés, mais aussi de desservir les établissements publics.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 60 rectifié, repoussé par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 59, modifié.

(L'article 59 est adopté.)

Articles 61 et 64



M. le président.
« Art. 61. - Après le premier alinéa de l'article L. 814-4, sont insérés deux alinéas ainsi rédigés :
« Le comité régional de l'enseignement agricole est consulté sur le projet de plan régional de développement des formations professionnelles des jeunes prévu par l'article 83 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 précitée et sur le projet régional de l'enseignement agricole.
« Le schéma prévisionnel régional prévu à l'article 13 de la loi n° 83-663 du 22 juillet 1983 précitée et le plan régional de développement des formations professionnelles des jeunes défini par l'article 83 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 précitée prennent en compte les orientations et objectifs du schéma prévisionnel national des formations de l'enseignement agricole. » - (Adopté.)
« Art. 64. - Le livre VIII du code rural est complété par un titre III ainsi rédigé :

« TITRE III

« RECHERCHE AGRONOMIQUE ET VÉTÉRINAIRE

« Art. L. 830-1 . - La recherche agronomique et vétérinaire concourt au développement et à la compétitivité de la filière agricole et du secteur de la transformation des produits agricoles. Elle répond en priorité aux impératifs de la gestion durable de l'espace rural, de la sécurité et de la qualité des produits alimentaires et de la préservation des ressources naturelles mondiales. Elle s'appuie sur le développement de la recherche fondamentale.
« Elle est conduite dans les organismes publics exerçant des missions de recherche et les établissements d'enseignement supérieur. Les instituts et centres techniques liés aux professions et les centres d'innovation technologique comme les entreprises de la filière agricole et de la transformation des produits agricoles peuvent y concourir. Le ministre de l'agriculture assure conjointement avec le ministre chargé de la recherche ou, le cas échéant, avec d'autres ministres intéressés, la tutelle de ces organismes publics exerçant des missions de recherche.
« Le ministre de l'agriculture assure la coordination des activités de recherche agronomique et vétérinaire et veille à leur adaptation aux objectifs de la politique agricole.
« Les organismes publics de recherche exercent auprès des pouvoirs publics une mission d'expertise, notamment dans les domaines de la préservation de la santé publique et de l'environnement. A ce titre, ils contribuent à l'identification et à l'évaluation des risques en matière de sécurité sanitaire des produits agricoles et de protection des ressources et milieux naturels.
« L'évaluation de la recherche agronomique et vétérinaire repose sur des procédures d'appréciation périodique portant à la fois sur les personnels, les équipes, les programmes et les résultats. » - (Adopté.)

TITRE VII

DISPOSITIONS DIVERSES

Article 65



M. le président.
« Art. 65. - Le Gouvernement présentera au Parlement, avant le 1er avril 2000, un rapport sur les adaptations à apporter à la fiscalité des exploitants agricoles et au mode de calcul de leurs cotisations sociales afin de favoriser l'installation et notamment de lever les obstacles à l'installation progressive et à celles des pluriactifs.
« Ce rapport comportera une comparaison entre les charges sociales et fiscales des différentes professions en milieu rural et proposera des mesures visant à harmoniser la législation en la matière.
« Ce rapport examinera également les modifications à apporter aux règles relatives à la gestion des droits à produire et proposera des mesures de nature à faire cesser les situations de dépendance économique abusive entre agriculteurs, et entre les agriculteurs et les entreprises du secteur du commerce et de la distribution. »
Par amendement n° 32, M. Souplet, au nom de la commission, propose de compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé :
« Un développement sera consacré à la situation des entraîneurs publics de chevaux de course au regard des charges fiscales et sociales, et notamment à la possibilité de faire relever leurs activités du régime des bénéfices agricoles. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Michel Souplet, rapporteur. Outre un amendement de nature rédactionnelle, l'Assemblée nationale a adopté, à l'article 65, trois amendements.
Le premier indique que le rapport du Gouvernement porte sur l'adaptation de la fiscalité agricole et des charges sociales acquittées par les exploitants afin, notamment, de favoriser l'installation.
Le deuxième supprime l'expression de concurrence loyale entre acteurs.
Le troisième prévoit que le rapport gouvernemental devra examiner les modifications à apporter aux règles relatives à la gestion des droits à produire et proposer des mesures de nature à faire cesser les situations de dépendance économique abusive entre les agriculteurs et entre les agriculteurs et les entreprises du secteur du commerce et de la distribution.
La commission, tout en approuvant ces modifications, souhaite compléter cet article sur la question des entraînements publics de chevaux de course, d'où le dépôt de l'amendement n° 32 à l'article 65.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Le Gouvernement connaît l'attachement de M. Dupont et d'autres sénateurs à la résolution de cette question. Je voudrais donc m'engager ici à prendre le problème à bras-le-corps et à diligenter une inspection dans les plus brefs délais sur ce sujet. Je demande à M. le rapporteur, dans ces conditions, de bien vouloir retirer son amendement, faute de quoi je m'en remettrai à la sagesse du Sénat.
M. le président. Monsieur le rapporteur, l'amendement n° 32 est-il maintenu ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Avant de me prononcer, j'aimerais que M. Ambroise Dupont nous donne son avis sur ce point.
M. Ambroise Dupont. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Ambroise Dupont.
M. Ambroise Dupont. Je me réjouis que la commission ait déposé cet amendement. La situation actuelle des entraîneurs devient très difficile et conflictuelle. Nous allons au devant de litiges très forts qui peuvent conduire à l'arrêt des courses.
Ce rapport me paraît le bon moyen de faire le point de la situation, et je souhaite donc véritablement le maintien de l'amendement n° 32.
M. le président. Monsieur le rapporteur, l'amendement n° 32 est-il finalement maintenu ?
M. Michel Souplet, rapporteur. Oui, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 32, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 65, ainsi modifié.

(L'article 65 est adopté.)
M. le président. Mes chers collègues, nous avons achevé l'examen des articles du projet de loi d'orientation agricole.

Seconde délibération



M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. Monsieur le président, en application de l'article 43, alinéa 4, du règlement du Sénat, le Gouvernement demande qu'il soit procédé, avant le vote sur l'ensemble, à une seconde délibération de l'article 5, d'une part, en vue de traiter la question des fermiers-métayers, qui pose de réels problèmes, et, d'autre part, pour apporter une précision.
M. le président. Le Gouvernement demande qu'il soit procédé à une seconde délibération de l'article 5.
Je rappelle que, en application de l'article 43, alinéa 4, du règlement, ont seuls droit à la parole sur cette demande son auteur, c'est-à-dire le Gouvernement, un orateur d'opinion contraire, le président ou le rapporteur de la commission saisie au fond.
Aucune explication de vote n'est admise.
Quel est l'avis de la commission sur cette demande de seconde délibération ?
M. Michel Souplet, rapporteur. La commission y est favorable et souhaite une courte suspension de séance pour examiner les propositions du Gouvernement.
M. le président. Y a-t-il un orateur contre ?...
Je consulte le Sénat sur la demande de seconde délibération, acceptée par la commission.

(La seconde délibération est ordonnée.)
M. le président. A la demande de M. le rapporteur, nous allons interrompre nos travaux pendant quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à vingt-trois heures cinquante-cinq, est reprise à zéro heure, le mercredi 19 mai 1999.)

M. le président. La séance est reprise.
Nous allons procéder à la seconde délibération.
Je rappelle au Sénat les termes de l'article 43, alinéa 6, du règlement :
« Dans sa seconde délibération, le Sénat statue seulement sur les nouvelles propositions du Gouvernement ou de la commission, présentées sous forme d'amendements, et sur les sous-amendements s'appliquant à ces amendements. »

Article 5



M. le président.
Le Sénat a précédemment adopté l'article 5 dans cette rédaction :
« Art. 5. - I. - Le premier alinéa de l'article L. 313-1 du code rural est ainsi rédigé :
« Il est institué auprès du représentant de l'Etat dans le département, qui la préside, une commission départementale d'orientation de l'agriculture composée notamment de représentants des ministres intéressés, de la production agricole, des propriétaires et des fermiers, de la transformation et de la commercialisation des produits agricoles, de l'artisanat et du commerce indépendant de l'alimentation, des consommateurs et des associations agréées pour la protection de l'environnement, ainsi que d'un représentant du financement de l'agriculture. »
« II. - Non modifié ».
Mais, sur cet article, je suis saisi de deux amendements présentés par le Gouvernement.
L'amendement n° A1 vise, dans le texte proposé parle I de l'article 5 pour le premier alinéa de l'article L. 313-1 du code rural, à remplacer les mots : « et des fermiers » par les mots : « et des fermiers-métayers ».
L'amendement n° A2 tend à compléter le texte proposé par le I de l'article 5 pour le premier alinéa de l'article L. 313-1 du code rural par la phrase suivante : « Sa composition est fixée par décret. »
La parole est à M. le ministre, pour défendre ces deux amendements.
M. Jean Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche. L'amendement n° A1 vise, je l'ai dit tout à l'heure, à reprendre la proposition de M. Pastor concernant les fermiers-métayers, afin que ceux-ci ne soient pas oubliés dans la composition de la commission.
Quant à l'amendement n° A2, il tend à ajouter une phrase précisant que la composition de la CDOA est fixée par décret. C'est une disposition utile que nous avions omis de prévoir.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Michel Souplet. rapporteur. La commission émet un avis favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° A1, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° A2, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, modifié.

(L'article 5 est adopté.)
M. le président. Les autres dispositions du projet de loi ne font pas l'objet de la nouvelle lecture.

Vote sur l'ensemble



M. le président.
Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M. Pastor pour explication de vote.
M. Jean-Marc Pastor. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous voici arrivés à la fin de l'examen, en nouvelle lecture, d'un texte important, sur lequel nous aurons, à l'évidence, à revenir dans les mois qui viennent puisque son article 65 fait obligation au Gouvernement de présenter un rapport au Parlement.
Tout ce qui concerne la fiscalité, les droits à produire, tout ce qui est lié à la gestion des critères de qualité devra donc faire l'objet d'un débat important au sein de cet hémicycle.
Le dépôt d'un rapport amènera également la profession à participer à l'élaboration d'un texte à nos yeux fondamental.
A l'issue de la première lecture, notre groupe s'était abstenu, en soulignant les points positifs résultant du débat au sein de notre Haute Assemblée mais aussi un certain nombre de contradictions qui nous conduisaient à ne pas pouvoir accepter la totalité du texte.
Aujourd'hui, les choses se présentent de façon différente, en raison de la manière dont s'est déroulé le débat.
Tout d'abord, je note que beaucoup moins d'amendements ont été déposés. Cela signifie qu'indirectement notre assemblée a accepté bon nombre de modifications apportées par l'Assemblée nationale. On sent donc un rapprochement entre les deux assemblées.
Je relève que ne sont remis en cause ni les CTE, ni cette forme d'agriculture contractuelle proposée aujourd'hui par cette loi d'orientation, ni les éléments essentiels qui constituent les critères de qualité.
Le seul point d'achoppement porte sur la maîtrise des structures foncières, car, là, deux conceptions de l'agriculture s'affrontent.
En guise de conclusion, permettez-moi une image, mes chers amis : évitez de jeter des lapins libres dans un champ libre où il y aurait, demain, des renards libres ! Dans un an, je vous le demande, qui gagnerait ? (Exclamations sur les travées du RPR.)
S'agissant du foncier, méfions-nous de la trop grande liberté, car on sait très bien à quoi elle aboutit : c'est le plus fort qui gagne. Et, dans ce cas, le débat sur l'installation, nous ne l'aurions même plus !
Voilà ce sur quoi nous nous opposons vraiment et qui fait que, comme en première lecture, nous nous abstiendrons.
M. Hilaire Flandre. Je suis tout à fait d'accord avec vous, mon cher collègue !
M. le président. La parole est à M. Le Cam.
M. Gérard Le Cam. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, cette deuxième lecture, bien que brève, n'aura pas été inutile, ne serait-ce que parce qu'un certain nombre d'amendements ont été votés à l'unanimité.
Cependant, comme en première lecture, la majorité sénatoriale a jugé bon tout à la fois d'affaiblir les aspects les plus novateurs de ce projet de loi et de le compléter, par ailleurs, d'un certain nombre de mesures, notamment d'ordre fiscal, qui auraient pour effet, à mon avis, d'accélérer les inégalités entre les exploitations et de favoriser la concentration des activités sur certaines parties du territoire.
Le texte issu des travaux du Sénat s'inscrit davantage dans une perspective d'anticipation et d'adaptation de notre politique agricole aux critères libéraux développés par la Commission de Bruxelles.
Je ne vois pas, en effet, dans les propositions de notre rapporteur, ni même dans les propos tenus par nos collègues de la majorité sénatoriale, la moindre critique sur le modèle d'agriculture productiviste qui a prévalu pendant près de quarante ans et qui nous conduit aujourd'hui à déplorer la disparition à une vitesse accélérée des petites et moyennes exploitations mais aussi la baisse de pouvoir d'achat des agriculteurs et des retraités agricoles.
J'observe, de la même manière, que tout à la fois vous souhaitez, mes chers collègues, favoriser l'installation des jeunes, en écartant par la même occasion ceux qui n'ont pas d'origine agricole, et soutenir les agriculteurs sur le départ, alors qu'à aucun moment je ne vous ai entendus évoquer ne serait-ce que l'ébauche d'une éventuelle modification des règles du jeu économique, qui constituent pourtant le coeur des problèmes que rencontrent les intéressés.
En quelque sorte, vous effleurez les véritables questions sans jamais oser les traiter au fond et, finalement, vous contribuez à mettre en place une agriculture à deux vitesses.
En conséquence, notre groupe renouvellera ce soir son vote défavorable de la précédente lecture, même si les velléités de la majorité sénatoriale ont été, cette fois, plus atténuées.
M. le président. La parole est à M. César.
M. Gérard César. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous voici arrivés au terme de l'examen de ce projet de loi en nouvelle lecture.
Après que la majorité plurielle de l'Assemblée nationale eut remis en cause, conformément à sa position en commission mixte paritaire, l'essentiel des avancées que notre Haute Assemblée avait obtenues lors de l'examen de ce projet de loi en première lecture, et sur lesquelles la quasi-unanimité des organisations agricoles avaient émis un avis favorable, nous avons dû, de nouveau, sous l'impulsion de notre éminent rapporteur, notre collègue Michel Souplet, compléter et renforcer le dispositif proposé.
Les modifications que nous avons apportées aujourd'hui étaient également indispensables après les décisions prises à Berlin, le 26 mars dernier, afin d'adapter le monde agricole français au nouveau contexte européen et mondial. Nécessaires, en effet, car, en s'engageant dans un système de modulation des aides et en brouillant la frontière entre le financement communautaire et le financement national, le Gouvernement a ouvert la porte aux évolutions qu'il aurait dû contrecarrer avec ce projet de loi d'orientation.
Dans la perspective du lancement des négociations sur l'Organisation mondiale du commerce et l'élargissement de l'Union européenne aux pays d'Europe centrale et orientale, le contrat territorial d'exploitation du Gouvernement affaiblit les chances de pérennité et de développement de notre agriculture.
Le groupe du Rassemblement pour la République votera ce texte tel qu'il vient d'être amendé, car il montre les voies et les moyens pour que notre agriculture réponde aux enjeux européens et mondiaux auxquels elle est confrontée.
Ces voies et moyens, pour répondre à notre sympathique collègue Jean-Marc Pastor, avaient fait l'objet d'un courrier de notre groupe à l'attention des organisations professionnelles et des responsables des collectivités locales, c'est-à-dire à l'attention des secteurs et des acteurs concernés du monde rural.
Je rappelle qu'il est de notre devoir d'informer largement. C'est un des fondements de la démocratie, mais c'est aussi le devoir du Sénat. (Très bien ! sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
M. Jean-Marc Pastor. Le groupe socialiste s'abstient.

(Le projet de loi est adopté.)

7

TRANSMISSION DE PROJETS DE LOI

M. le président. J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant la ratification d'un accord entre la République française et la République italienne relatif à la réadmission des personnes en situation irrégulière (ensemble une annexe).
Le projet de loi sera imprimé sous le n° 357, distribué et renvoyé à la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.
J'ai reçu, transmis par M. le Premier ministre, un projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, portant création de l'autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires.
Le projet de loi sera imprimé sous le n° 358, distribué et renvoyé à la commission des affaires économiques et du Plan.

8

DÉPO^T DE PROPOSITIONS DE LOI

M. le président. J'ai reçu de MM. Jacques Oudin, Louis Althapé, Jean-Paul Amoudry, Pierre André, Philippe Arnaud, José Balarello, René Ballayer, Denis Badré, Jacques Baudot, Michel Bécot, Jean Bernard, Jean Bizet, Paul Blanc, Christian Bonnet, James Bordas, Joël Bourdin, Jean-Guy Branger, Gérard Braun, Dominique Braye, Mme Paulette Brisepierre, MM. Michel Caldaguès, Robert Calméjane, Gérard César, Marcel-Pierre Cléach, Jean Clouet, Charles-Henri de Cossé-Brissac, Gérard Cornu, Jean-Patrick Courtois, Charles de Cuttoli, Xavier Darcos, Désiré Debavelaere, Jean Delaneau, Jacques-Richard Delong, Fernand Demilly, Christian Demuynck, Marcel Deneux, Charles Descours, Michel Doublet, Alain Dufaut, Jean-Léonce Dupont, Daniel Eckenspieller, Jean-Paul Emin, Hilaire Flandre, Bernard Fournier, Alfred Foy, Philippe François, Jean François-Poncet, Yann Gaillard, Patrice Gélard, Alain Gérard, Charles Ginésy, Daniel Goulet, Adrien Gouteyron, Jean-François Le Grand, Louis Grillot, Georges Gruillot, Hubert Haenel, Rémi Herment, Anne Heinis, Pierre Hérisson, Daniel Hoeffel, Jean-Paul Hugot, Roger Husson, Jean-Jacques Hyest, Bernard Joly, André Jourdain, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Alain Lambert, Lucien Lanier, Robert Laufouaulu, René-Georges Laurin, Dominique Leclerc, Jacques Legendre, Guy Lemaire, Serge Lepeltier, Marcel Lesbros, Simon Loueckhote, Victor Reux, Jean-Louis Lorrain, Roland du Luart, Kléber Malécot, André Maman, Philippe Marini, Pierre Martin, Paul Masson, Serge Mathieu, Louis Mercier, Louis Moinard, Jean-Luc Miraux, Bernard Murat, Paul Natali, Lucien Neuwirth, Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Jean Pépin, Jean Puech, Henri de Raincourt, Henri de Richemont, Jean-Jacques Robert, Josselin de Rohan, Michel Souplet, Louis Souvet, Martial Taugourdeau, René Trégouët, François Trucy, Jacques Valade, André Vallet, Alain Vasselle, Xavier de Villepin et Serge Vinçon une proposition de loi relative au financement du schéma directeur national des autoroutes.
La proposition de loi sera imprimée sous le n° 359, distribuée et renvoyée à la commission des affaires économiques et du Plan, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.
J'ai reçu de MM. Patrick Lassourd, Gérard Braun, Pierre André, Jean Bernard, Roger Besse, Jean Bizet, Paul Blanc, Dominique Braye, Mme Paulette Brisepierre, MM. Louis de Broissia, Robert Calméjane, Auguste Cazalet, Gérard César, Jacques Chaumont, Jean Chérioux, Gérard Cornu, Jean-Patrick Courtois, Xavier Darcos, Désiré Debavelaere, Jacques Delong, Christian Demuynck, Robert Del Picchia, Charles Descours, Michel Doublet, Alain Dufaut, Xavier Dugoin, Daniel Eckenspieller, Michel Esneu, Bernard Fournier, Philippe François, Yann Gaillard, Patrice Gélard, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Daniel Goulet, Alain Gournac, Adrien Gouteyron, Georges Gruillot, Hubert Haenel, Emmanuel Hamel, Roger Husson, André Jourdain, Alain Joyandet, Lucien Lanier, Gérard Larcher, René-Georges Laurin, Dominique Leclerc, Jacques Legendre, Jean-François Le Grand, Serge Lepeltier, Bernard Murat, Paul Natali, Lucien Neuwirth, Mme Nelly Olin, MM. Jacques Oudin, Joseph Ostermann, Jacques Peyrat, Victor Reux, Henri de Richemont, Jean-Jacques Robert, Michel Rufin, Jean-Pierre Schosteck, Maurice Ulrich, Jacques Valade et Serge Vinçon une proposition de loi tendant à éviter la double imposition des bailleurs pour l'exercice 1999.
La proposition de loi sera imprimée sous le n° 360, distribuée et renvoyée à la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.
J'ai reçu de M. Jean Bernadaux une proposition de loi créant une incompatibilité entre le mandat de maire d'une commune et la qualité de membre d'une association subventionnée par cette dernière.
La proposition de loi sera imprimée sous le n° 362, distribuée et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

9

TEXTES SOUMIS EN APPLICATION
DE L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- proposition de décision du Conseil modifiant la décision 97/132/CE concernant la conclusion de l'accord entre la Communauté européenne et la Nouvelle-Zélande relatif aux mesures sanitaires applicables au commerce d'animaux vivants et de produits animaux.

Ce texte sera imprimé sous le n° E-1251 et distribué.
J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- proposition de règlement (CE) du Conseil établissant certaines mesures concernant l'importation de produits agricoles transformés de Suisse pour tenir compte des résultats des négociations du cycle d'Uruguay dans le secteur agricole.

Ce texte sera imprimé sous le n° E-1252 et distribué.

10

DEPO^T D'UN RAPPORT

M. le président. J'ai reçu de M. Patrice Gélard, rapporteur pour le Sénat, un rapport fait au nom de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur la proposition de loi relative au pacte civil de solidarité.
Le rapport sera imprimé sous le n° 361 et distribué.

11

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à aujourd'hui, mercredi 19 mai 1999, à quinze heures :
Discussion des conclusions du rapport (n° 341, 1998-1999) de la commission mixte paritaire chargée de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi portant diverses mesures relatives à la sécurité routière et aux infractions sur les agents des exploitants de réseau de transport public de voyageurs.
M. Lucien Lanier, rapporteur pour le Sénat de la commission mixte paritaire.

Délai limite
pour le dépôt des amendements

Projet de loi d'orientation pour l'aménagement et le développement durable du territoire et portant modification de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, adopté avec modifications par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture (n° 347, 1998-1999) ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 25 mai 1999, à onze heures.
Proposition de résolution tendant à modifier l'article 73 bis du règlement du Sénat (n° 295, 1998-1999) ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 26 mai 1999, à dix-sept heures.
Résolution de la commission des affaires économiques sur la proposition de règlement (CE) du Conseil définissant les modalités et conditions des actions structurelles dans le secteur de la pêche (n° E 1203) et la proposition de règlement (CE) du Conseil portant organisation commune des marchés dans le secteur des produits de la pêche et de l'aquaculture (n° E 1230) ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 26 mai 1999, à dix-sept heures.
Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, visant à garantir le droit aux soins palliatifs (n° 348, 1998-1999) ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 26 mai 1999, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...

(La séance est levée le mercredi 19 mai 1999, à zéro heure dix.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





ORGANISMES EXTRAPARLEMENTAIRES
COMITÉ DE L'ÉTHIQUE DU LOTO SPORTIF

En application de l'article 3 de l'arrêté du 1er avril 1985, M. le président du Sénat a désigné, le 12 mai 1999, M. James Bordas en qualité de membre suppléant du comité de l'éthique du loto sportif.

COMMISSION NATIONALE CONSULTATIVE
DES GENS DU VOYAGE

En application des articles 2 et 4 du décret n° 92-262 du 24 mars 1992, M. le président du Sénat a reconduit, le 14 mai 1999, M. José Balarello dans ses fonctions de membre de la commission nationale consultative des gens du voyage.

CONSEIL SUPÉRIEUR DE L'ÉLECTRICITÉ ET DU GAZ

En application de l'article 2 du décret n° 46-1100 du 17 mai 1946, M. le président du Sénat a reconduit, le 15 mai 1999, M. Henri Revol dans ses fonctions de membre du Conseil supérieur de l'électricité et du gaz.