Séance du 27 avril 1999






SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. JEAN-CLAUDE GAUDIN

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Questions orales sans débat (p. 1 ).
M. le président.

MAINTIEN DE DEUX GENDARMERIES
DANS LE CANTON DE GUILLAUMES (p. 2 )

Question de M. Charles Ginésy. - MM. Jean-PierreMasseret, secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants ; Charles Ginésy.

FINANCEMENT DE L'AIDE MÉDICALE (p. 3 )

Question de M. Martial Taugourdeau. - MM. ClaudeBartolone, ministre délégué à la ville ; MartialTaugourdeau.

DÉGRADATIONS DUES AUX GRAFFITIS (p. 4 )

Question de M. Alain Gournac. - MM. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville ; Alain Gournac.

PÉNURIE DE PSYCHIATRES PRATICIENS HOSPITALIERS (p. 5 )

Question de M. Paul Girod. - MM. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville ; Paul Girod.

CONDUITE À TENIR PAR UN MÉDECIN EN CAS DE REFUS
DE SE SOUMETTRE À UNE VACCINATION OBLIGATOIRE (p. 6 )

Question de M. Charles Descours. - MM. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville ; Charles Descours.

STATUT DES DIRECTEURS D'OFFICE DE LOGEMENT (p. 7 )

Question de M. Léon Fatous. - MM. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation ; Léon Fatous.

RECLASSEMENT DES FONCTIONNAIRES RAPATRIÉS (p. 8 )

Question de M. Guy Fischer. - MM. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation ; Guy Fischer.

TVA APPLICABLE AU SECTEUR DE LA RESTAURATION (p. 9 )

Question de M. Joseph Ostermann. - MM. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation ; Joseph Ostermann.

INCIDENCES BUDGÉTAIRES DE LA POLITIQUE FORESTIÈRE (p. 10 )

Question de M. Marcel Charmant. - MM. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation ; Marcel Charmant.

COUVERTURE DE LA NIÈVRE PAR LE RÉSEAU ITINÉRIS (p. 11 )

Question de M. René-Pierre Signé. - MM. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation ; René-Pierre Signé.

CONSTRUCTION D'UN PONT TGV SUR LE RHIN (p. 12 )

Question de M. Daniel Hoeffel. - Mme MichelleDemessine, secrétaire d'Etat au tourisme ; M. Daniel Hoeffel.

CHANGEMENT DES COULOIRS DE CIRCULATION AÉRIENNE
DE L'AÉROPORT D'ORLY (p. 13 )

Question de M. Jean-Jacques Robert. - Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme ; M. Jean-Jacques Robert.

CONDITIONS DE SCOLARISATION
DANS LE XXe ARRONDISSEMENT (p. 14 )

Question de M. Michel Charzat. - Mme Ségolène Royal, ministre délégué chargé de l'enseignement scolaire ; M. Michel Charzat.

COMPÉTENCES DES BÉNÉVOLES POUR LES VISITES
DE MONUMENTS HISTORIQUES (p. 15 )

Question de M. Bernard Joly. - Mme Ségolène Royal, ministre délégué chargé de l'enseignement scolaire ; M. Bernard Joly.

RÉGLEMENTATION DES INSTALLATIONS CLASSÉES
POUR LES EXPLOITATIONS VITICOLES (p. 16 )

Question de M. Jean Bernard. - Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement ; M. Jean Bernard.

ÉLARGISSEMENT DU CHAMP D'ACTION
DES MAIRIES D'ARRONDISSEMENT (p. 17 )

Question de Mme Nicole Borvo. - M. Jean-PierreChevènement, ministre de l'intérieur ; Mme Nicole Borvo.

Suspension et reprise de la séance (p. 18 )

3. Conférence des présidents (p. 19 ).

4. Rappels au règlement suite aux événements de Corse (p. 20 ).
MM. Josselin de Rohan, Jean Arthuis, Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur.

5. Renforcement et simplification de la coopération intercommunale. - Suite de la discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence (p. 21 ).

Article 44 (p. 22 )

Amendements n°s 371 de M. Bret, 146 de la commission et sous-amendement n° 520 du Gouvernement. - MM. Robert Bret, Daniel Hoeffel, rapporteur de la commission des lois ; Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. - Rejet de l'amendement n° 371 ; adoption du sous-amendement n° 520 et de l'amendement n° 146 modifié.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 44 (p. 23 )

Amendement n° 312 rectifié de M. Hyest ; amendements identiques n°s 330 rectifié de M. Courtois et 400 rectifié de M. Bourdin. - MM. Jean-Jacques Hyest, Jean-Patrick Courtois, Joël Bourdin, le rapporteur, le ministre, Robert Bret, Alain Vasselle. - Retrait des amendements n°s 330 rectifié et 400 rectifié ; adoption de l'amendement n° 312 rectifié insérant un article additionnel.

Articles 45 et 46. - Adoption (p. 24 )

Article 46 bis (p. 25 )

Amendement n° 147 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Robert Bret. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article additionnel après l'article 46 bis
ou après l'article 46 quater (p. 26 )

Amendements n°s 287 de M. Diligent et 343 de M. Türk. - MM. André Diligent, Alex Türk, le rapporteur, le ministre, Pierre Mauroy, Dominique Braye. - Retrait de l'amendement n° 343 ; adoption de l'amendement n° 287 insérant un article additionnel après l'article 46 bis.

Article additionnel après l'article 46 bis
ou après l'article 46 nonies (p. 27 )

Amendements n°s 260 rectifié bis de M. Legendre et 288 de M. Diligent. - MM. Jacques Legendre, André Diligent, le rapporteur, le ministre, Dominique Braye, Alex Türk, Pierre Mauroy, Jean-Patrick Courtois, Robert Bret, Yves Fréville, Jean-Claude Peyronnet, Christian Bonnet. - Retrait de l'amendement n° 288 ; adoption de l'amendement n° 260 rectifié bis insérant un article additionnel après l'article 46 nonies.

Articles additionnels après l'article 46 bis (p. 28 )

Amendements n°s 289 et 290 de M. Diligent. - MM. André Diligent, le rapporteur, le ministre. - Adoption des amendements insérant deux articles additionnels.

Articles 46 ter et 46 quater. - Adoption (p. 29 )

Articles additionnels après l'article 46 quater (p. 30 )

Amendements n°s 344 et 342 de M. Türk. - MM. Alex Türk, le rapporteur, le ministre, Pierre Mauroy, Dominique Braye, Yves Fréville. - Adoption des amendements insérant deux articles additionnels.

Article 46 quinquies (p. 31 )

Amendements identiques n°s 148 de la commission et 372 rectifié de M. Bret. - MM. le rapporteur, Robert Bret, le ministre. - Adoption des amendements supprimant l'article.

Article additionnel après l'article 46 quinquies (p. 32 )

Amendement n° 292 de M. Diligent. - MM. André Diligent, le rapporteur. - Retrait.

Article 46 sexies (p. 33 )

Amendement n° 149 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre, Robert Bret, Dominique Braye, Jean-Claude Peyronnet, Jean-Pierre Fourcade, Alain Vasselle. - Adoption.
Amendement n° 475 rectifié de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre, Jean Pépin. - Rejet.
Adoption de l'article modifié.

Article 46 septies (p. 34 )

Amendements n°s 150 de la commission, 447 de M. Besson, 281, 282 de M. Gaillard, 258 rectifié et 259 rectifié de M. Courtois. - MM. le rapporteur, Jean Besson, Yann Gaillard, Jean-Patrick Courtois, le ministre, Yves Fréville. - Retrait des amendements n°s 447, 281, 258 rectifié, 282 et 259 rectifié ; adoption de l'amendement n° 150 rédigeant l'article.

Article 46 octies (p. 35 )

Amendement n° 151 de la commission. - Retrait.
Amendement n° 487 rectifié de M. Vasselle. - Retrait.
Amendement n° 152 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 46 nonies (p. 36 )

Amendement n° 547 du Gouvernement et sous-amendement n° 434 rectifié de M. Peyronnet ; amendement n° 435 rectifié de M. Peyronnet. - MM. le ministre, Jean-Claude Peyronnet, le rapporteur. - Retrait du sous-amendement n° 434 rectifié ; adoption de l'amendement n° 547 rédigeant l'article, l'amendement n° 435 rectifié devenant sans objet.

Articles additionnels après l'article 46 nonies (p. 37 )

Amendement n° 495 rectifié de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, le ministre, Yves Fréville. - Retrait.
Amendement n° 386 rectifié de M. Barnier. - MM. Michel Barnier, le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 51 (priorité) (p. 38 )

Demande de priorité de l'article. - MM. le rapporteur, le ministre. - La priorité est ordonnée.
M. Thierry Foucaud.
Amendement n° 182 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis, et sous-amendement n° 293 de M. Fréville. - MM. Michel Mercier, rapporteur pour avis de la commission des finances ; Yves Fréville, le ministre, Jacques Larché, président de la commission des lois ; Louis Souvet, Jean-Pierre Fourcade. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement.
Amendements n°s 261 rectifié bis de M. Courtois et 183 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. - MM. Jean-Patrick Courtois, le rapporteur pour avis, le ministre. - Retrait de l'amendement n° 261 rectifié bis ; adoption de l'amendement n° 183.
Amendements n°s 378 de M. Bret et 523 du Gouvernement. - MM. Thierry Foucaud, le ministre, le rapporteur pour avis, Yves Fréville, Jean-Pierre Fourcade. - Rejet de l'amendement n° 378 ; adoption de l'amendement n° 523.
Amendements n°s 379 de M. Bret et 294 de M. Fréville. - MM. Thierry Foucaud, Yves Fréville, le rapporteur, le ministre. - Retrait de l'amendement n° 294 ; rejet de l'amendement n° 379.
Amendement n° 380 de M. Bret. - Devenu sans objet.
Amendement n° 524 rectifié du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Rejet.
Amendements n°s 184 et 185 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur pour avis, le ministre. - Adoption des deux amendements.
Amendement n° 297 de M. Fréville. - MM. Yves Fréville, le rapporteur pour avis, le ministre. - Retrait.

Suspension et reprise de la séance (p. 39 )

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER

6. Dépôt d'un rapport du Gouvernement (p. 40 ).

7. Renforcement et simplification de la coopération intercommunale. - Suite de la discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence (p. 41 ).

Article 51 (suite) (p. 42 )

Amendement n° 186 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis, et sous-amendement n° 403 de M. Bourdin. - MM. Michel Mercier, rapporteur pour avis de la commission des finances ; Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. - Adoption du sous-amendement et de l'amendement modifié.
Amendements n°s 295 et 291 de M. Fréville. - Retrait des deux amendements.
Amendement n° 525 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur pour avis, Dominique Braye. - Rejet.
Amendements n°s 160 de M. Fréville et 464 de M. Richert. - MM. Yves Fréville, Philippe Richert, le rapporteur pour avis, le ministre, Dominique Braye. - Retrait de l'amendement n° 464 ; adoption de l'amendement n° 160.
Amendement n° 161 de M. Fréville. - MM. Yves Fréville, le rapporteur pour avis, le ministre. - Retrait.
Amendements identiques n°s 187 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis, et 526 du Gouvernement ; amendement n° 298 rectifié de M. Fréville. - MM. le rapporteur pour avis, le ministre, Yves Fréville, Dominique Braye, Thierry Foucaud. - Adoption des amendements n°s 187 et 526, l'amendement n° 298 rectifié devenant sans objet.
Amendement n° 188 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur pour avis, le ministre, André Diligent, Jean-Pierre Fourcade, Dominique Braye. - Adoption.
Amendement n° 527 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur pour avis. - Rejet.
Amendements n°s 283 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis, 528 et 529 du Gouvernement. - MM. le rapporteur pour avis, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 283, les amendements n°s 528 et 529 devenant sans objet.
Amendement n° 296 de M. Fréville. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article 47 (p. 43 )

M. Thierry Foucaud.
Amendements n°s 373 de M. Bret, 488 rectifié de M. Vasselle et 174 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. - MM. Thierry Foucaud, Alain Vasselle, le rapporteur pour avis, le ministre. - Retrait de l'amendement n° 488 rectifié ; rejet de l'amendement n° 373 ; adoption de l'amendement n° 174.
Amendement n° 454 de M. Diligent. - MM. André Diligent, le rapporteur pour avis, le ministre. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article 48 (p. 44 )

Amendements n°s 175 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis, 374 et 375 de M. Bret. - MM. le rapporteur pour avis, Thierry Foucaud, le ministre. - Adoption de l'amendement n° 175, les amendements n°s 374 et 375 devenant sans objet.
Adoption de l'article modifié.

Article 49 (p. 45 )

Amendement n° 521 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur pour avis. - Adoption.
Amendement n° 494 rectifié de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur pour avis, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 489 rectifié de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur pour avis, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 522 du Gouvernement. - Adoption.
Amendements n°s 376 de M. Bret et 176 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur pour avis, le ministre. - Rejet de l'amendement n° 376 ; adoption de l'amendement n° 176.
Adoption de l'article modifié.

Article 50 (p. 46 )

Amendement n° 178 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. - MM. le rapporteur pour avis, le ministre, Yves Fréville, Alain Vasselle. - Adoption.
Amendement n° 179 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. - Adoption.
Amendement n° 490 rectifié de M. Vasselle. - M. Alain Vasselle. - Retrait.
Amendements n°s 462 et 461 de M. Belot. - M. Yves Fréville. - Adoption des deux amendements.
Amendements n°s 377 de M. Bret et 177 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. - MM. Thierry Foucaud, le rapporteur pour avis, le ministre. - Rejet de l'amendement n° 377, adoption de l'amendement n° 177.
Adoption de l'article modifié.

Article 50 bis (p. 47 )

Amendement n° 180 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis, et sous-amendement n° 463 de M. Fréville. - MM. le rapporteur pour avis, Yves Fréville, le ministre, Alain Vasselle. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement rédigeant l'article.

Article additionnel après l'article 50 bis (p. 48 )

Amendement n° 181 de M. Michel Mercier, rapporteur pour avis, et sous-amendements n°s 565 et 560 de M. Vasselle. - MM. le rapporteur pour avis, Alain Vasselle, le ministre. - Rejet des deux sous-amendements ; adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article additionnel après l'article 51 (p. 49 )

Amendement n° 162 rectifié de M. Fréville. - MM. Yves Fréville, le rapporteur pour avis, le ministre. - Retrait.
Renvoi de la suite de la discussion.

8. Texte soumis en application de l'article 88-4 de la Constitution (p. 50 ).

9. Dépôts rattachés pour ordre au procès-verbal de la séance du 15 avril 1999 (p. 51 ).

10. Ordre du jour (p. 52 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. JEAN-CLAUDE GAUDIN
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à neuf heures trente-cinq.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le procès-verbal de la séance du 15 avril 1999 a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté.

2

QUESTIONS ORALES SANS DÉBAT

M. le président. L'ordre du jour appelle les réponses à des questions orales sans débat.
J'informe le Sénat que la question orale sans débat n° 479 de M. Bernard Piras est retirée de l'ordre du jour de la séance d'aujourd'hui, à la demande de son auteur.

MAINTIEN DE DEUX GENDARMERIES
DANS LE CANTON DE GUILLAUMES

M. le président. La parole est à M. Ginésy, auteur de la question n° 478, adressée à M. le ministre de la défense.
M. Charles Ginésy. Monsieur le président, mon intervention concerne la suppression de deux gendarmeries du canton de Guillaumes, dans le département des Alpes-Maritimes.
Je veux aujourd'hui, en ma double qualité de président du conseil général et de conseiller général, et maire directement concerné également, rappeler les éléments qui justifient l'indispensable maintien de ces deux implantations financées, je le souligne, grâce au concours du conseil général et des deux communes concernées de Guillaumes et de Péone.
Leur existence répond à des caractéristiques géographiques et de fréquentation auxquelles une simple répartition administrative ne peut satisfaire.
Ces deux gendarmeries ont en charge un monde rural fragile, clairsemé, dans un canton rural représentant un dixième de la superficie du département et qui compte neuf communes rurales, une trentaine de hameaux, et dont la pyramide des âges s'établit en moyenne au-dessus de soixante-cinq ans.
A cela s'ajoute une forte activité hivernale avec quatre stations, Beuil, Valberg - 10 000 lits - Esteng, Val Pellens, des gorges étroites - Dalins, Cians - et une forte circulation hivernale qui pose des problèmes constants. Il faut aussi prendre en compte l'importante circulation touristique, du printemps à l'automne, sur la route des grandes Alpes, par les trois cols de la Cayolle, des Champs et de la Couillole.
J'exprime ma profonde surprise, monsieur le secrétaire d'Etat, qu'après avoir bénéficié des efforts financiers des deux communes de Guillaumes et de Péone, soutenues par le conseil général des Alpes-Maritimes, pour la construction de ces deux gendarmeries, l'Etat puisse envisager de se désengager vis-à-vis ne serait-ce que de l'une d'elles ! La sécurité publique, là comme ailleurs, pose des problèmes croissants.
Que penser d'une telle attitude, si l'on se réfère au soutien exceptionnel apporté par le conseil général des Alpes-Maritimes, au cours de ces dix dernières années, à trente gendarmeries qui ont bénéficié d'un montant global de subventions de plus de 50 millions de francs du conseil général, et, aujourd'hui encore, à deux constructions en cours, l'une à Breil-sur-Roya l'autre à Tende, pour 15 millions de francs ?
Notre département, qui a souscrit un volontariat exceptionnel au bénéfice de la sécurité des personnes et des biens, sera-t-il, en remerciement, sanctionné par l'Etat dans ce seul canton de montagne des Alpes-Maritimes ? Doit-il regretter son action de solidarité généreuse, si le mépris de cette action devait être sa récompense ?
Je ne pense pas que beaucoup de départements aient fait ce choix !
Dois-je, à présent, réfléchir à la pertinence de nos efforts, arrêter l'expression de cette solidarité réalisée dans un consensus de parfaite compréhension avec l'Etat jusqu'à ce jour ? Oui, si elle devait désormais, en signe de récompense, s'exprimer à sens unique !
Je veux toutefois encore croire, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous prendrez en considération cette situation très exceptionnelle, unique dans notre département, à l'égard d'un canton très sérieusement touché par l'exode rural et dans lequel nos populations clairsemées, isolées et dispersées, ont impérativement besoin tout autant que celles des villes de la sécurité nationale.
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Jean-Pierre Masseret, secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants. Monsieur le sénateur, votre question nous renvoie à un problème connu, qui nous occupe depuis plusieurs mois : l'adaptation du maillage territorial des forces de police et de gendarmerie aux évolutions démographiques et de la délinquance.
A l'origine, vous vous en souvenez, c'est le rapport de votre collègue M. Hyest et de M. Roland Carraz, député, qui a suggéré, à la suite du conseil supérieur de l'intérieur du 27 avril 1998, d'engager une concertation locale menée dans chaque département sous l'autorité du préfet.
Puis, devant les situations rencontrées localement, telles que celle que vous venez de décrire, M. Fougier, conseiller d'Etat, a été chargé, au cours du dernier trimestre de 1998, d'une mission de consultation extrêmement approfondie sur le réaménagement territorial. M. Fougier a procédé à de nombreuses réunions avec les élus dans les régions et les départements et il a reçu les associations nationales d'élus et les organisations professionnelles. Son rapport est venu enrichir la réflexion du Gouvernement.
Le Premier ministre, vous le savez, a décidé d'un examen au cas par cas afin que chaque situation soit étudiée spécifiquement et que soit recherché l'accord des élus dans le cadre d'un dialogue responsable. Cet examen au cas par cas se substitue dorénavant à la mise en oeuvre d'un plan d'ensemble dont la globalité porte ses propres limites.
S'agissant des brigades de gendarmerie, le ministre de la défense a décidé de plusieurs principes qui guideront la démarche qu'il a exposée ici-même le 28 janvier dernier.
Le principe général du maintien d'une brigade par canton est réaffirmé, même si les brigades faiblement chargées pourront voir leur effectif allégé à cinq ou quatre militaires pour tenir compte de la réalité de la délinquance.
Toutefois, dans le même temps, le Gouvernement est très conscient des efforts qui sont accomplis par les communes et les départements en faveur de la construction et de la modernisation des casernements de gendarmerie, comme c'est le cas dans les Alpes-Maritimes, ainsi que vous l'avez rappelé, monsieur le sénateur.
C'est pourquoi cette question des locaux sera prise en compte dans l'examen de chaque situation locale. Au-delà, le Gouvernement souhaite qu'une concertation annuelle ait lieu dans les départements sur l'adaptation du dispositif de la gendarmerie. Il a, en effet, la volonté de maintenir le rapport de confiance et de collaboration loyale qui existe entre la grande majorité des collectivités territoriales, notamment des conseils généraux, et la gendarmerie nationale, car c'est une réalité que l'on observe sur le terrain.
Dans le cadre des principes que je viens de rappeler et qui ont été définis par le ministre de la défense, M. Alain Richard, les brigades de Peone - six militaires, 858 habitants - et de Guillaumes - six militaires, 1 090 habitants - situées dans le même canton, feront l'objet d'un examen spécifique, en étroite concertation avec les élus et au plus proche des préoccupations locales.
S'agissant du canton dont vous venez de rappeler la situation et de ses deux gendarmeries, le Gouvernement entend appliquer les principes que M. Alain Richard a posés le 28 janvier dernier devant le Sénat, à savoir un examen au cas par cas. Il sera tenu compte notamment des situations immobilières. La concertation va donc reprendre sur le cas que vous venez d'évoquer, monsieur le sénateur.
M. Charles Ginésy. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Ginésy.
M. Charles Ginésy. Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous remercie des précisions que vous avez bien voulu m'apporter, et que je pressentais.
Je me félicite que la concertation se poursuive : mon souhait est qu'elle se fasse en étroite coopération avec le conseil général, compte tenu des efforts qui ont été faits et de la sollicitation des deux communes.
Je précise, monsieur le secrétaire d'Etat, qu'il s'agit là d'un cas très particulier. C'est le seul, il est unique. Il se pose sur le plan de la démographie et de la spécificité de la montagne des Alpes-Maritimes. Je vous ai donné dans mon exposé toutes les informations nécessaires à ce sujet. J'ose espérer que ce ne sera pas uniquement un cas d'espèce qui me contraindrait, moi, compte tenu de ma position, vous le comprendrez, à suspendre bien sûr la solidarité que nous avons exprimée jusqu'à ce jour.
Je vous remercie de la compréhension que vous avez bien voulu me témoigner et je me tiens à votre disposition avant qu'une solution définitive soit prise.

FINANCEMENT DE L'AIDE MÉDICALE

M. le président. La parole est à M. Taugourdeau, auteur de la question n° 463, adressée à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité.
M. Martial Taugourdeau. Les lois de décentralisation ont confié aux départements la gestion de l'aide médicale. Dans cette optique, la compétence financière desdits départements est engagée dès lors que les bénéficiaires de cette aide possèdent une résidence stable dans une commune. Or cette prestation est fort onéreuse.
L'admission à son bénéfice est essentiellement prononcée au regard des ressources du demandeur et de ses facultés à faire face à ses dépenses de santé.
S'agissant des ressortissants étrangers, cette admission n'est pas subordonnée à la présentation d'un titre de séjour en règle. D'après l'article 186 du code de la famille, une personne étrangère en situation irrégulière peut bénéficier de l'aide médicale si elle peut justifier de trois ans de résidence ininterrompue et de l'ensemble des soins médicaux sans condition de durée de résidence. Cette situation n'est pas nouvelle, mais elle grève de plus en plus lourdement le budget du département.
Le Premier ministre a indiqué, le 7 janvier dernier, que les personnes non régularisées - qui sont au nombre de 63 000 d'après les chiffres gouvernementaux - ont vocation à retourner dans leur pays, aidées en cela par une politique de codéveloppement. Il a donc confirmé la compétence et la responsabilité de l'Etat en matière de suivi de la situation de ces personnes.
A l'heure où Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité prépare un projet de loi visant à assurer une couverture maladie universelle sur l'ensemble du territoire, les dépenses de santé engagées en faveur de ces ressortissants étrangers en situation irrégulière ne devraient-elles pas figurer dans les dépenses prises en charge par l'Etat, ce qui donnerait une meilleure répartition, la péréquation étant alors nationale ?
Je serais heureux de connaître votre point de vue sur ce sujet.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. Monsieur le sénateur, vous demandez à Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité comment les étrangers qui ne peuvent justifier de la régularité de leur séjour sur le territoire national seront pris en charge dans le cadre de la couverture maladie universelle.
Vous rappelez fort justement que ces personnes, d'après l'article 186 du code de la famille et de l'aide sociale, peuvent bénéficier de l'aide médicale qui relève aujourd'hui de la compétence des départements. Je tiens à préciser que, dans ce cadre, elles ont droit, sous condition de ressources, à la prise en charge des dépenses de soins hospitaliers lorsqu'elles séjournent depuis moins de trois ans en France et à la prise en charge de l'ensemble des soins - soins hospitaliers et soins de ville - lorsqu'elles résident sur le territoire national depuis plus de trois ans.
Le projet de loi sur la couverture maladie universelle ne modifie en rien ces conditions et ces règles. Cependant, comme vous paraissez vous-même le souhaiter, il transfère le poids de cette prise en charge à l'Etat. Ces dispositions sont, en effet, inscrites dans le titre III du projet de loi et le Sénat, monsieur le sénateur, aura l'occasion d'en débattre très prochainement.
M. Martial Taugourdeau. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Taugourdeau.
M. Martial Taugourdeau. Je remercie M. le ministre délégué à la ville, mais je veux ajouter qu'une autre question se posera, celle des soins aux réfugiés kosovars.
Mon département n'en a pas encore accueilli, mais tous ces réfugiés auront besoin de soins hospitaliers, pour des coûts variant de 1 500 francs à 7 000 francs par jour, qui seront pris en charge par les départements. Les départements les plus généreux seront donc pénalisés par rapport aux autres.
Je souhaite que ces gens soient soignés convenablement. Ne conviendrait-il pas cependant, monsieur le ministre, de mettre en place une péréquation nationale, même sans que l'Etat assume cette charge supplémentaire ? Pour ma part, je propose que l'on taxe chaque département proportionnellement au nombre d'habitants. Ainsi, chaque département participerait à cet effort de générosité, même si l'Etat ne peut le prendre en compte.
M. Charles Descours. C'est une bonne question ! Le département de l'Isère reçoit en effet 150 réfugiés kosovars ce matin et il a débloqué 1 500 000 francs hier.
L'Etat est généreux avec l'argent des départements !
M. Alain Gournac. Et moi, j'en ai reçu 136 hier !
M. le président. Si vous pouviez nous éclairer, monsieur le ministre, ce serait intéressant d'autant que, demain, 600 Kosovars arriveront à Marseille.
M. Charles Descours. Le conseil général sera obligé de payer !
M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. Monsieur le président, messieurs les sénateurs, je ne puis répondre d'une manière précise à cette interrogation. Vous imaginez facilement que nous n'avions pas pu prendre en compte les agissements du président Milosevic et qu'il était difficile de prévoir un texte de loi pour faire face à cette situation inhumaine.
Dès mon retour au ministère, je transmettrai votre interrogation à Mme Aubry pour qu'elle étudie très précisément les dispositions qui peuvent être prises pour mettre en place cette solidarité nationale indispensable.
M. Charles Descours. Indispensable, en effet, parce que ça « rouspète » dans les conseils généraux !

DÉGRADATIONS DUES AUX GRAFFITIS

M. le président. La parole est à M. Gournac, auteur de la question n° 391, transmise à M. le ministre délégué à la ville.
M. Alain Gournac. Je souhaite attirer votre attention, monsieur le ministre, sur l'ampleur des dégradations causées par les graffitis sur les façades de nos bâtiments tant publics que privés.
En effet, de même que notre patrimoine architectural, ancien ou moderne, c'est l'image de notre pays tout entier qui est en permanence atteinte. Aucune région n'échappe à ce fléau.
Bien entendu, il faut ajouter à ce patrimoine architectural le mobilier urbain - cabines téléphoniques, abribus, panneaux de signalisation - et les moyens de transports en commun : métro, RER, trains.
Le nettoyage, qui coûte très cher à la collectivité, est une histoire sans fin. Les élus locaux le savent et demeurent désemparés, partageant la colère et l'indignation de leurs administrés.
Si les inscriptions sur les murs ne sont pas apparues avec la mise sur le marché des bombes aérosols, elles se sont considérablement développées avec ce produit à la fois maniable et dissimulable.
J'attire votre attention, monsieur le ministre, non seulement sur ces marquages qui dégradent l'environnement quotidien de nos villes, de nos lieux de promenade, de nos moyens de transports, mais aussi sur cette dégradation en tant qu'elle contribue au sentiment de malaise, voire d'insécurité de nos concitoyens.
Monsieur le ministre, ce problème est fort préoccupant, car ces dégradations, que nos concitoyens ont sans cesse sous les yeux, finissent par donner aux violences urbaines de toutes sortes un décor qui semble insidieusement les autoriser.
Je vous demande s'il ne conviendrait pas de réglementer la vente de ces produits, et ce à l'échelle européenne. Je vous demande également quelles mesures d'accompagnement, notamment en matière d'éducation civique, dont il est largement question à l'heure actuelle, pourraient être envisagées pour mettre un terme à cette pratique encouragée par le laxisme ambiant quand ce n'est pas par une démagogie prête à tout justifier.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. Monsieur le sénateur, vous attirez mon attention sur des dégradations de façades, véhicules ou mobiliers urbains par les graffitis. Depuis le milieu des années quatre-vingt, les tags constituent la forme la plus visible de ces graffitis urbains. Ils prolifèrent pour une large part dans les espaces publics, dont ils sont les modes actuels d'appropriation pour une jeunesse souvent issue de zones d'exclusion urbaine, sociale et politique. Visés par le nouveau code pénal - articles 322-1, alinéa 2, à 322-3 - les tags sont passibles de poursuites : ils constituent un délit lorsqu'ils sont indélébiles et une contravention lorsqu'ils sont effaçables.
Les statistiques relatives à la délinquance ne permettent pas de mesurer spécifiquement ce phénomène. L'état 4001 de la police nationale mentionne trois catégories de destructions et de dégradations parmi lesquelles se situent les tags et les graffitis, sans qu'il soit possible de les isoler et d'en mesurer la part réelle.
Il est possible de dégager trois types de réponses. Mais là aussi, monsieur le sénateur - comme c'est bien souvent le cas des problèmes liés aux difficultés urbaines -, il est difficile d'apporter une « réponse miracle », et l'attitude des municipalités et des transporteurs qui sont victimes de ce genre de comportement varie en fonction des moments.
Trois types de réponses sont envisageables, disais-je : celles qui visent à reprendre en main des lieux en associant nettoyage, protection, surveillance, dissuasion et répression ; celles qui s'inscrivent dans une statégie esthétique tentant de canaliser la « frénésie graphique » des tagueurs afin de l'orientrer vers des formes d'expression artistiques légitimes ; celles qui posent la question de la non-place des jeunes dans la ville et la société.
Les politiques menées par la RATP et la SNCF se situent dans cette stratégie. Elles associent mesures techniques spécifiques, information et dissuasion, ainsi que répression. Elles comprennent aussi la réalisation de fresques avec des jeunes encadrés, pour essayer de démontrer que, sans interdire ce phénomène, il est possible d'essayer de définir les endroits où peut s'exercer ce genre d'expression artistique - si je peux employer cette expression, mais, parfois, un certain nombre de ces inscriptions relèvent d'une réelle expression artistique - et les endroits où l'on n'a pas du tout à procéder à ce genre d'oeuvres picturales.
D'une manière générale, les politiques menées sont confrontées à des limites. En effet, les produits utilisés par les tagueurs sont plus agressifs que par le passé, et les auteurs s'adaptent aux réponses techniques en diversifiant leur pratique (rayures et gravures sur les vitres et les parois, par exemple). Ils causent de nouveaux dégâts plus coûteux.
La politique de la tolérance zéro - nettoyage et réparation systématique et rapide - même associée à une approche dissuasive et à une répression ciblée fondée notamment sur la réparation, rencontre ses propres limites, liées notamment à la logique de surenchère et à l'insuffisante prise en compte du contexte.
De la même manière, les projets visant à orienter les tagueurs vers des démarches graphiques structurées s'exposent à une contradiction fondamentale : en effet, comment canaliser ce qui relève de la transgression ?
Il est permis de douter de l'utilité d'une réglementation de la vente des bombes aérosols sachant que les jeunes fabriquent de plus en plus souvent eux-mêmes leurs peintures et utilisent d'autres produits, d'autres outils.
De toute évidence, monsieur le sénateur, la réponse doit être globale, elle doit associer les trois niveaux mentionnés plus haut et mobiliser les différents acteurs de la ville en associant les jeunes dans une logique de proximité.
Pour faire face à l'une de vos demandes, je relève que, au-delà de l'éducation civique, il conviendrait d'apprendre la ville à nos concitoyens, et le plus tôt possible. Le phénomène urbain doit être pris en compte, sur le modèle des classes de mer et des classes de neige.
Pour conduire au respect et à la compréhension de la ville, nous avons décidé de lancer un programme de classes de ville. Ainsi, les jeunes pourront comprendre l'utilité des pouvoirs publics sur le plan local : des municipalités, des commissariats, des services publics, notamment des transports. Ils pourront mieux comprendre le fonctionnement de la ville et la raison pour laquelle il faut à la fois l'apprécier et la respecter en tant que lieu de vie commun.
Je sais qu'il s'agit d'un travail de longue haleine, mais c'est aussi cela la problématique urbaine : essayer de voir comment on peut interdire lorsque cela doit être interdit et comment on peut enseigner lorsqu'il faut apprendre. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Paul Girod. Très bien !
M. Alain Gournac. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Monsieur le ministre, je vous ai certes écouté avec beaucoup d'attention, mais lorsqu'un maire fait réhabiliter et nettoyer un bâtiment et que celui-ci est dégradé par des graffitis dès que les travaux sont terminés, l'aspect artistique de ces dessins ne lui saute pas aux yeux immédiatement !
Il faudrait que nos jeunes apprennent ce qui est chaud ou froid, ce qui est bien ou mal. Or, aujourd'hui, ils pensent que tout est autorisé, qu'ils peuvent tout faire.
Monsieur le ministre, vous suggérez de leur donner un mur. Dans ma ville, j'ai mis trois passages souterrains à leur disposition. Cela ne change rien !
J'ajoute que, dans ma ville, quand on fait des tags et qu'on est pris, on nettoie pendant trois mercredis. C'est comme cela, même si cela n'est pas autorisé !
On a dit à ces jeunes : on vous donne ces souterrains. Mais ils veulent réaliser leurs tags en douce. Le faire officiellement ne présente aucun intérêt pour eux.
L'approche par la reconnaissance du caractère artistique des graffitis est extrêmement difficile dans la pratique. Or les maires doivent défendre les villes contre ces inscriptions car nos concitoyens les considèrent comme des agressions.
Dans le cadre de la grande réforme attendue de l'éducation nationale, il conviendrait donc, de temps en temps, de parler aux jeunes de ce qui est chaud et de ce qui est froid. Ainsi, ils se brûleraient moins souvent !

PÉNURIE DE PSYCHIATRES PRATICIENS HOSPITALIERS

M. le président. La parole est à M. Paul Girod, auteur de la question n° 470, adressée à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale.
M. Paul Girod. Ma question s'adressait effectivement à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale, mais il n'est peut-être pas sans intérêt que ce soit M. le ministre délégué à la ville qui réponde, puisqu'elle porte sur les hôpitaux psychiatriques. Ces hôpitaux, nos concitoyens y ont en effet malheureusement de plus en plus souvent recours, compte tenu des conditions de la vie moderne, avec ses contraintes et ses familles plus ou moins désunies.
De ce fait, il faut plus de médecins psychiatres. A l'échelon national, leur nombre est relativement important, bien qu'il soit insuffisant, comme par hasard. Mais, surtout, on enregistre des disparités flagrantes dans les affectations, certaines zones étant véritablement en situation de déshérence.
Ainsi, l'hôpital psychiatrique de Prémontré, dans l'Aisne, qui couvre cinq secteurs de psychiatrie pour adultes et trois secteurs de psychiatrie infantile, a un taux de couverture en médecins de l'ordre de 55 %. Si ce taux est satisfaisant - 81 % - pour les praticiens hospitaliers à temps plein, ce n'est que grâce aux postes pourvus par les assistants, qui représentent plus du tiers des effectifs. En revanche, le taux de couverture tombe à 38,8 % pour les praticiens hospitaliers à temps partiel, à 50 % pour les adjoints contractuels et à 40 % pour les internes. Cela implique que l'hôpital n'est plus en état de répondre aux situations d'urgence.
Ma question est toute simple, monsieur le ministre délégué : envisage-t-on, à l'échelon national, une politique permettant que certaines zones du territoire ne soient pas à ce point en déshérence par rapport à d'autres ?
Ce n'est pas parce qu'un département est rural qu'il faut croire qu'il s'y pose moins de problèmes. Il est donc déplorable de constater que, jour après jour, l'hôpital de Prémontré perd de son efficacité, perd de sa pertinence. Nous craignons beaucoup pour la santé de nos concitoyens.
Toute une série de pistes existent, - en particulier je suis donc content d'interroger le ministre délégué à la ville - la mise en place, au niveau national, de classements de zones prioritaires, comme cela a été fait pour les villes. Peut-être un seul classement permettrait-il d'éviter que certains départements ne se trouvent dans la situation lamentable de l'Aisne aujourd'hui.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. Monsieur le sénateur, vous avez appelé l'attention de M. Bernard Kouchner sur les préoccupations des psychiatres hospitaliers concernant la démographie médicale hospitalière au moment où le schéma régional d'organisation sanitaire, le SROS, arrête les grands axes de la politique hospitalière de santé mentale.
A la suite du rapport du groupe de travail présidé par le professeur Nicolas, et après une longue concertation menée depuis le printemps avec les syndicats, Mme la ministre de l'emploi et de la solidarité et M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale ont annoncé des mesures qui visent à améliorer la situation des praticiens hospitaliers et à compenser la pénibilité dans les activités de soins continus.
Ces mesures consistent en la création de 600 postes d'assistants spécialistes au cours des trois prochaines années. Le repos compensateur après la garde sera progressivement mis en place dès cette année.
Par ailleurs, le concours de praticien hospitalier va être réformé très prochainement - les décrets vont être soumis au Conseil d'Etat - pour en simplifier les conditions d'accès et ainsi permettre qu'il soit ouvert à plus de médecins ; les concours des praticiens hospitaliers à temps plein et à temps partiel seront unifiés.
La demi-journée d'activité d'intérêt général dont bénéficient les praticiens hospitaliers sera élargie à deux demi-journées afin de leur permettre d'exercer d'autres activités telles que l'enseignement, la recherche, l'accréditation ou encore des fonctions de responsabilité au sein de réseaux.
Enfin, une prime est instituée pour les praticiens hospitaliers dont l'activité est partagée sur plusieurs établissements.
Toutes ces mesures s'appliquent naturellement aux psychiatres hospitaliers et devraient aider à rendre plus attractive la carrière hospitalière. En effet, rien ne servirait d'ouvrir des postes si l'on ne trouvait pas de médecins pour les occuper.
M. Charles Descours. Voilà ! C'est cela la question.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. La France compte aujourd'hui environ 11 500 psychiatres, dont plus de 5 000 en secteur public. Elle en comptait 8 500 voilà dix ans. Il est donc difficile de parler de pénurie. Nous formons 176 psychiatres par an, chiffre qui pourrait être augmenté si cela se révélait nécessaire pour assurer le renouvellement des générations, la décroissance du nombre de psychiatres devant débuter à partir de 2007-2008.
Mais le malaise des psychiatres va sans doute bien au-delà du problème démographique.
La souffrance psychique liée au dysfonctionnement de notre société est de plus en plus manifeste et conduit de plus en plus souvent à solliciter le psychiatre, qui se retrouve rapidement submergé de tâches multiples.
Par ailleurs, l'attractivité du secteur privé est aujourd'hui plus forte que celle du secteur public sur les jeunes psychiatres. Il est donc particulièrement important de réfléchir à la redéfinition des tâches de chacun et à leur articulation. Ce sujet, monsieur le sénateur, a d'ailleurs été au centre des discussions menées dans le cadre des états généraux.
Martine Aubry et Bernard Kouchner seront particulièrement attentifs aux propositions qui leur seront faites pour que l'ensemble de notre territoire soit correctement pourvu de ces praticiens qui sont indispensables en termes de santé publique.
M. Paul Girod. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Paul Girod.
M. Paul Girod. Je tiens tout d'abord à remercier M. le ministre de sa réponse, que j'ai écoutée avec beaucoup d'attention, mais qui ne m'a semblé correspondre à ma question que dans la dernière phrase.
En effet, vous nous avez longuement parlé, monsieur le ministre, du statut général des médecins hospitaliers psychiatres, ce qui est fort bien. Vous avez très longuement évoqué l'élargissement du « stock » disponible de psychiatres en France. Parfait ! Mais vous ne m'avez pas répondu sur le fait que certaines régions se retrouvent avec un déficit d'effectifs supérieur à 50 %, et c'est cela le vrai problème !
A la fin de votre propos, vous avez évoqué la répartition des praticiens sur l'ensemble du territoire... Très bien !
Mais il faut bien savoir que, pour l'instant, dans certaines régions françaises, la psychiatrie n'est assurée qu'à 50 %.
Ce que je vous demandais, c'est si vous envisagiez des mesures rapides sur un mode plus ou moins contraignant - affectations prioritaires, définition de zones prioritaires ou toute autre forme - pour faire en sorte que les effectifs remontent et qu'il soit mis un terme à cette vacance qui est en train de se créer dans un certain nombre de régions françaises.
J'ai constaté que vous avez beaucoup de bonnes intentions, que les psychiatres vont voir leur cadre d'action et leur statut améliorés, ce dont tout le monde se réjouira. Mais je voudrais que cela profite d'abord aux régions dans lesquelles les déficits sont partiellement criants.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Monsieur le sénateur, j'ai bien entendu votre question, y compris le dernier point que vous avez soulevé. Mais le Gouvernement ne peut pas raisonnablement vous dire d'emblée : voilà comment nous allons tout d'un coup, d'un seul claquement de doigts, rendre plus attractifs les postes qui n'arrivent pas à être pourvus.
C'est dans le cadre de la concertation qui est actuellement menée, notamment par M. Kouchner, que nous allons essayer de définir des règles plus précises pour faire en sorte que des membres des personnels du monde de la santé occupent des postes qui sont aujourd'hui délaissés dans un certain nombre de départements.
On ne peut parler d'aménagement du territoire de qualité si, pour une fonction aussi essentielle que celle de la santé, les professionnels ne sont pas au rendez-vous. Cependant, une telle démarche relève de la négociation. Imaginez l'effet que produirait dans le monde de la santé la définition, brutale et sans concertation, d'un numerus clausus à l'installation plus draconien !

CONDUITE À TENIR PAR UN MÉDECIN EN CAS DE REFUS
DE SE SOUMETTRE À UNE VACCINATION OBLIGATOIRE

M. le président. La parole est à M. Descours, auteur de la question n° 472, adressée à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale.
M. Charles Descours. Monsieur le ministre délégué à la ville, vous faites presque un one man show en remplaçant votre collègue M. Bernard Kouchner ! Celui-ci accueille en ce moment même des réfugiés kosovars à l'aéroport de Lyon-Satolas pour les confier au département de l'Isère, opération pour laquelle le conseil général a proposé, hier, de voter une enveloppe de 1,5 million de francs.
Je regrette l'absence de M. Kouchner, puisque, sur quatre questions, une seule concernait votre département ministériel et les trois autres s'adressaient à lui.
M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. C'est cela la solidarité gouvernementale !
M. Charles Descours. Nous sommes au demeurant ravis de vous voir parmi nous, monsieur le ministre !
C'est donc à vous que je m'adresse, en complétant ma question initiale, qui était de savoir quelle était la conduite à tenir par un médecin en présence d'un mineur, ou de l'un de ses parents, qui refuse de se soumettre à une vaccination obligatoire. Faut-il considérer dans ce cas, en application de l'article 16-3 du code civil, qu'il existe un droit au refus de soins, comme semble le suggérer une décision de la Cour de cassation en date du 19 mars 1967 ?
Comme j'en ai d'ailleurs averti, par courtoisie, monsieur le secrétaire d'Etat, je vais donc ajouter un autre volet à ma demande.
En effet, la décision prise par M. Kouchner de suspendre la vaccination contre l'hépatite B dans les collèges, vaccination non obligatoire mais recommandée, et qui est maintenue pour les nourrissons, a entraîné une suspicion non seulement à l'égard de la vaccination contre l'hépatite B, mais aussi, comme c'est souvent le cas en ce genre d'affaires - et M. Kouchner le sait mieux que quiconque - une suspicion à l'égard de l'ensemble des vaccinations.
Aussi constatons-nous une chute des vaccinations anti-diphtérie-tétanos - poliomyélite de 15 % entre 1997 et 1998, M. Kouchner ayant pris sa décision le 1er octobre 1997. Il est certain qu'aujourd'hui un certain nombre d'enfants ne sont plus vaccinés contre des maladies que nous avions cru disparues de notre pays, comme la diphtérie, ou presque disparues, comme le tétanos ou la poliomyélite.
Evidemment se pose le problème de la responsabilité pénale des médecins. Mais, au-delà, je voudrais rappeler au Gouvernement qu'il est responsable de la santé publique et que la décision prise par M. Kouchner à l'égard de la vaccination contre l'hépatite B peut entraîner à moyen terme des conséquences graves pour les jeunes adolescents.
Je voudrais savoir quelles conséquences en tirera M. Kouchner. Je vous remercie, monsieur le ministre, de lui transmettre cette seconde partie de ma question. Au cas où il ne me répondrait pas d'une manière ou d'une autre, je lui poserais de nouveau cette question à l'occasion d'une prochaine séance de questions orales. On pourra peut-être éviter qu'il ne se fasse encore remplacer par vous, monsieur Bartolone ! (Sourires.)
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué à la ville. Monsieur le sénateur, à votre question précise, je répondrai de manière tout aussi précise.
L'article 16-3 du code civil, qui fonde le droit au refus de soins, ne peut être invoqué dans ces circonstances, en application de la règle de droit : « les lois spéciales dérogent aux lois générales ».
En effet, le droit de la santé publique limite la liberté corporelle des personnes en rendant obligatoires certaines vaccinations ; il s'agit des articles L. 6, L. 7, L. 7-1, L. 8 et L. 215 du code de la santé publique concernant, respectivement, l'obligation de vaccination antidiphtérique, antitétanique, antipoliomyélitique, antityphoparatyphoïdique et antituberculeuse, et de l'article L. 10 relatif aux vaccinations professionnelles. Le Conseil d'Etat a constamment rejeté les recours contre ces obligations vaccinales, fondés sur la prétendue violation des libertés publiques qu'elles constitueraient.
En vertu du devoir d'information prévu par l'article 35 du code de déontologie, devoir qui, selon la jurisprudence récente de la Cour de cassation, pèse aussi bien sur le médecin prescripteur que sur celui qui réalise la prescription, un médecin confronté à un tel refus doit informer son patient, outre des risques qu'il prend pour sa santé ou qu'il fait prendre à son enfant, de ses responsabilités et des sanctions auxquelles il s'expose.
Les dispositions du code de la santé publique font peser l'exécution des obligations vaccinales sur les parents, les tuteurs, les personnes qui ont le droit de garde ou les personnes titulaires de l'autorité parentale, qui sont tenues personnellement responsables de cette exécution. Le médecin devra alors leur rappeler qu'il existe des sanctions en cas d'infraction à ces obligations.
Tout d'abord, le décret n° 73-502 du 21 mai 1973 prévoit une amende et/ou une peine d'emprisonnement pour ceux qui commettront une contravention à certaines dispositions du code de la santé publique, notamment aux articles L. 6 à L. 8.
L'article L. 217 du même code prévoit également des sanctions pénales pour quiconque refuse de se soumettre ou de soumettre ceux sur lesquels il exerce une autorité parentale, ou dont il assure la tutelle, à la vaccination obligatoire antituberculeuse.
Ensuite, une réduction des allocations familiales ou de l'allocation pour jeune enfant intervient lorsque, à l'occasion des visites médicales obligatoires des neuvième et vingt-quatrième mois de l'enfant, les certificats de santé, dont une partie porte sur l'exécution des vaccinations obligatoires, ne sont pas remplis ou ne le sont pas dans les délais prescrits ; cela résulte des articles L. 6 à L. 8 et L. 164 du code de la santé publique, ainsi que des articles L. 534-2 et R. 534-4 du code de la sécurité sociale.
Enfin, la justification de l'exécution des obligations vaccinales doit être fournie lors de l'admission dans toute école, garderie, colonie de vacances ou autre collectivité d'enfants, et le Conseil d'Etat estime que l'absence de ces vaccinations justifie le refus d'inscription de l'enfant - ou son exclusion - dans un établissement scolaire ou d'éducation public ou privé.
Ainsi, le médecin confronté à ce refus est tenu d'informer son patient de l'intérêt de la vaccination, de ses obligations et des sanctions qui les accompagnent. Le patient ne peut, dans ce cas, se prévaloir du droit au refus de soins.
En ce qui concerne la seconde partie de votre question, monsieur le sénateur, j'en informerai bien entendu M. Bernard Kouchner, afin qu'il puisse y répondre de manière précise.
En tant que spécialiste des problèmes de santé et de protection sociale, vous savez que nous sommes confrontés là à une situation très difficile. Si M. le secrétaire d'Etat à la santé n'avait pas arrêté des mesures tirant les conséquences de certaines informations qui avaient été portées à sa connaissance, concernant une vaccination précise, on aurait pu le lui reprocher. Il a donc adopté une position d'attente. Cependant, si les chiffres que vous avez avancés sont confirmés, des précisions seront apportées, afin que le message de santé publique que M. Bernard Kouchner a eu l'occasion de délivrer à propos d'un risque sanitaire ne vienne pas amoindrir la nécessaire protection qui est due à la population, notamment aux plus jeunes, et qu'assurent les différentes obligations vaccinales.
M. Charles Descours. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Descours.
M. Charles Descours. S'agissant de la chute de la vaccination contre l'hépatite B qu'on a enregistrée à la suite de la décision de M. Bernard Kouchner relative aux collégiens, je précise qu'elle a en fait concerné toute la population. Or on sait quelles sont les conséquences à moyen et à long terme d'une hépatite B. En outre, on a également constaté une chute de la vaccination contre l'hépatite A.
Je crois que M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale doit tenir compte de cette réaction, et je suis prêt à en discuter avec lui, à l'occasion d'une audition par notre commission des affaires sociales ou en tout autre contexte.
Par ailleurs, je souhaiterais que, devant les rumeurs qui, de façon récurrente, mais plus particulièrement depuis quelques mois, agitent notre pays, M. Kouchner fasse diffuser la réponse très précise qu'il m'a apportée par votre voix, monsieur le ministre, auprès de tous les médecins, pédiatres ou généralistes, qui sont chargés des vaccinations pour leur rappeler leurs droits et obligations en la matière ainsi que ceux et celles des parents : cela éviterait que ne s'engagent parfois des dialogues un peu désagréables entre le médecin et certains parents.
D'ailleurs, en cas de refus de vaccination, il conviendrait sans doute de prévoir la possibilité, pour le médecin, d'avertir la direction départementale des affaires sanitaires et sociales. Au demeurant, pour que les enfants concernés se voient refuser l'entrée des établissements scolaires, il faut bien que le médecin ait informé une autorité du refus de la vaccination opposé par les parents ou les tuteurs.

STATUT DES DIRECTEURS D'OFFICE DE LOGEMENT

M. le président. La parole est à M. Fatous, auteur de la question n° 481, adressée à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation, dont nous apprécions la présence malgré les événements survenus en Corse.
M. Léon Fatous. Monsieur le ministre, j'ai souhaité vous interpeller sur la situation des directeurs d'office de moins de 10 000 logements, pour lesquels subsiste une série de difficultés statutaires.
Jusqu'aux lois de décentralisation, la fonction publique HLM faisait l'objet d'un statut spécifique datant de 1954, dans lequel il n'existait qu'une seule catégorie, un seul grade, une seule définition d'emploi pour tous les directeurs, quelle que soit la taille de l'office.
Après la décentralisation, il y a bien eu une définition par intégration dans la fonction publique territoriale des directeurs d'office de plus de 10 000 logements, mais les autres ont été oubliés.
En effet, les lois ont laissé de côté les quelque 178 directeurs des offices de moins de 10 000 logements, offices qui gèrent pourtant environ le quart des logements HLM, et qui représentent 15 milliards de francs de recettes d'exploitation et autant d'investissements.
Les conséquences de cette situation sont la sous-estimation des réalités et des responsabilités d'un directeur d'office d'HLM : sa responsabilité financière, étant rappelé qu'un office de 5 000 logements a un budget d'exploitation de 120 millions de francs ; sa responsabilité opérationnelle, la plupart des offices étant engagés dans les différentes politiques de la ville ; sa responsabilité de « management » ; enfin, sa responsabilité pénale, celle-ci étant d'autant plus paradoxale que les directeurs d'office ne sont pas reconnus.
Il faut absolument assurer la reconnaissance de l'emploi de directeur d'office de 800 à 10 000 logements.
Il serait bon de tenir compte de l'avis de l'association des directeurs d'offices d'HLM, qui souhaiterait organiser quatre niveaux dans l'emploi, en correspondance avec celui de secrétaire général : pour les offices de 800 à 1 500 logements, échelle indiciaire des secrétaires généraux des communes de 5 000 à 10 000 habitants ; pour les offices de 1 500 à 3 000 logements, échelle indiciaire des secrétaires généraux des communes de 10 000 à 20 000 habitants ; pour les offices de 3 000 à 5 000 logements, échelle indiciaire des secrétaires généraux des communes de 20 000 à 40 000 habitants ; pour les offices de 5 000 à 10 000 logements, grade d'administrateur territorial.
En outre, il ne serait pas inutile qu'un poste de directeur adjoint puisse être créé, comparable au poste de secrétaire général adjoint.
J'aimerais donc savoir, monsieur le ministre, quelles mesures vous comptez prendre à ce sujet.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur Fatous, la situation des directeurs d'office public d'HLM de moins de 10 000 logements a été abordée par M. Rémy Schwartz, à qui j'avais confié un rapport sur le recrutement, la formation et le déroulement de carrière des fonctionnaires territoriaux. M. Schwartz suggère notamment un assouplissement de certains seuils de création des grades et des emplois, corrélativement à l'introduction des mécanismes favorisant la transparence et la régulation des carrières.
Aussi le Gouvernement envisage-t-il, sans remettre en cause le système des seuils, d'adapter un certain nombre d'entre eux pour mieux tenir compte de la réalité des besoins des collectivités territoriales. Il en sera ainsi, notamment, du seuil de base des emplois fonctionnels communaux de direction, actuellement fixé à 5 000 habitants, qui devrait être abaissé à 3 500 habitants, ce qui suppose le vote d'un texte législatif, actuellement à l'étude.
Pour répondre précisément à votre question, je vous indique que, dans le prolongement de cette modification, d'autres aménagements d'ordre réglementaire pourront être opérés, portant sur les autres seuils de base des emplois fonctionnels territoriaux. La prise en compte du seuil de création de l'emploi fonctionnel de directeur d'office public d'HLM s'inscrit dans cette logique.
Ce seuil est actuellement fixé à 10 000 logements par le décret du 30 décembre 1987 portant dispositions statutaires. Il n'est pas contestable que ce seuil est relativement restrictif : il aboutit à ce que les fonctions de direction d'un OPHLM ne soient reconnues comme emploi fonctionnel qu'à partir d'un seuil assez élevé, de 10 000 logements, l'accès à cet emploi étant alors réservé aux seuls administrateurs territoriaux.
A l'objectif, commun aux aménagements déjà évoqués, de mieux prendre en compte la réalité des responsabilités croissantes des personnels d'encadrement considérés devrait s'ajouter celui de rapprocher les carrières dans les OPHLM avec celles qui sont en vigueur dans les communes, notamment en vue d'ouvrir des débouchés fonctionnels supplémentaires aux attachés et directeurs territoriaux.
Ainsi est-il envisagé d'abaisser ce seuil de 10 000 à 5 000 logements, en permettant aux membres du cadre d'emplois des attachés d'accéder aux emplois fonctionnels de direction des OPHLM gérant de 5 000 à 10 000 logements.
La prise en compte de ce nouveau seuil de 5 000 logements constituerait une avancée très significative, le choix de ce seuil étant retenu, dans un double souci de simplicité et de cohérence, par référence à celui qui est fixé par le statut des attachés territoriaux pour l'accès au grade de directeur territorial. Il n'est donc pas envisagé, pour l'instant, d'étendre la fonctionnalité de l'emploi de direction d'OPHLM en dessous de ce seuil.
Il faut enfin rappeler que, si la meilleure reconnaissance statutaire de cette catégorie d'emplois de direction passe par cet aménagement, elle résulte aussi, d'ores et déjà, des mécanismes de la nouvelle bonification indiciaire, les textes applicables à la fonction publique territoriale permettant le versement de 30 à 40 points d'indice majoré aux attachés territoriaux exerçant ces fonctions selon la taille de l'OPHLM en dessous de 10 000 logements.
M. Léon Fatous. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Fatous.
M. Léon Fatous. Je prends acte de votre engagement, monsieur le ministre, de veiller à ce que les directeurs d'office de plus de 5 000 logements soient placés dans la même situation que les directeurs d'office de plus de 10 000 logements, et je m'en réjouis.
J'ai moi-même présidé pendant quinze ans un office de 35 000 logements et je sais que la mission d'un directeur d'office a totalement changé au cours des dernières décennies. Voilà vingt ou trente ans, il s'agissait essentiellement de construire des logements en grand nombre. Aujourd'hui, la difficulté de la mission des directeurs d'office tient à la gravité des problèmes sociaux que l'on rencontre dans le parc du logement social.
Bien entendu, je souhaite que la situation des directeurs d'office de moins de 5 000 logements soit également prise en compte.

RECLASSEMENT DES FONCTIONNAIRES RAPATRIÉS

M. le président. La parole est à M. Fischer, auteur de la question n° 485, adressée à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation.
M. Guy Fischer. Je souhaite attirer une nouvelle fois votre attention, monsieur le ministre, sur le reclassement des fonctionnaires rapatriés ayant servi en Afrique du Nord et bénéficiant de la loi n° 82-1021 du 3 décembre 1982.
Ces fonctionnaires demandent à juste titre le respect des engagements pris en leur faveur en 1997, concernant la création de commissions administratives de reclassement en vue d'assurer la représentation équitable des bénéficiaires.
En effet, depuis un décret du 16 novembre 1994 pris par MM. Balladur et Sarkozy, ceux qui sont intéressés au premier chef par l'activité de ces instances consultatives n'y siègent plus, considérant avec raison que la procédure instituée en 1985 avait donné entière satisfaction, avant d'être brutalement, et sans consultation préalable, abrogée par le précédent gouvernement.
Le 16 décembre 1997, vous indiquiez vous-même, monsieur le ministre : « Mon cabinet a reçu récemment les représentants de l'association des anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord, qui ont demandé une modification du décret du 16 novembre 1994. Attentif au souci des associations d'anciens combattants, le Gouvernement se prononcera sur les suites à réserver à leur demande, après étude du dossier, actuellement en cours, et à l'issue d'une consultation interministérielle associant le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, le secrétaire d'Etat au budget ainsi que le secrétaire d'Etat à la défense chargé des anciens combattants. »
Depuis cette déclaration du 16 décembre 1997, force est de constater que cette consultation n'a pas abouti à une décision concrète de nature à répondre à l'attente des intéressés ni aux engagements fermes pris par M. Lionel Jospin le 12 avril 1995 et le 23 mai 1997 en faveur des anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale.
Or, depuis le mois de janvier 1998, 200 dossiers ne sont pas en mesure d'être examinés, alors que la commission issue du décret n° 94-993, créée pour trois ans, a juridiquement cessé d'exister.
Afin de combler le vide juridique, particulièrement préjudiciable à des anciens combattants aujourd'hui plus que septuagénaires, dont les états de services méritent la reconnaissance de la nation, je vous demande d'accélérer cette consultation interministérielle, tout en y associant les représentants des bénéficiaires afin qu'un décret équitable et consensuel intervienne enfin, tenant compte des engagements pris envers la communauté rapatriée et de la demande formulée en congrès par la communauté d'anciens combattants.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur le sénateur, c'est une affaire récurrente que nous connaissons bien.
L'article 9 de la loi du 3 décembre 1982 relative aux règlements de certaines situations résultant des événements d'Afrique du Nord, de la guerre d'Indochine ou de la Seconde Guerre mondiale a précisé que la composition des commissions administratives de reclassement, prévues par l'ordonnance du 15 juin 1945 modifiée, ainsi que les conditions de désignation des représentants des personnels concernés sont arrêtées par décret simple.
Ce dispositif législatif et réglementaire a pour objectif de régler la situation des fonctionnaires et candidats à la fonction publique dont la carrière ou l'entrée dans la fonction publique ont été troublées par des événements de guerre.
En application de l'article 9 de la loi précitée, le décret du 22 janvier 1985 a précisé que les commissions administratives de reclassement sont composées de onze membres : cinq représentants des administrations - un membre du Conseil d'Etat, président, un représentant de l'administration gestionnaire concernée et trois représentants des ministres chargés respectivement de la fonction publique, des anciens combattants et des rapatriés - et six représentants des rapatriés - trois représentants des rapatriés et trois représentants des fonctionnaires rapatriés anciens combattants ayant servi en Afrique du Nord, puisque le problème est surtout mis en évidence par ces derniers.
Ce décret a été remplacé par le décret du 16 novembre 1994, qui prévoit une composition de dix-huit membres, neuf pour la parité administrative, sept représentants des organisations syndicales de fonctionnaires de l'Etat les plus représentatives et deux représentants des fonctionnaires et agents des services publics concernés désignés par les associations les plus représentatives.
La légalité de ce décret a été confirmée par le Conseil d'Etat le 15 mai 1996, la suite d'un recours formé par l'Association des anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord et d'outre-mer.
Devant les demandes instantes des représentants des anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord et d'outre-mer, M. le Premier ministre a déclaré qu'une concertation serait engagée, ce que j'ai confirmé. Cette concertation a eu lieu.
A l'issue de cette consultation, le Premier ministre a décidé de maintenir la composition actuelle des commissions administratives de reclassement dans la mesure où celles-ci fonctionnent finalement depuis 1994 de manière satisfaisante.
La Direction générale de l'administration et de la fonction publique a saisi les organisations syndicales et l'Association des fonctionnaires d'Afrique du Nord et d'outre-mer afin qu'elles désignent leurs représentants. Les mandats des membres des commissions administratives de reclassement seront ainsi renouvelés très prochainement afin de permettre la tenue de ces commissions et l'examen des derniers dossiers en cours. Nous sommes sur la fin d'un exercice. Il ne serait pas opportun de remettre à nouveau sur le tapis la modification de ces commissions.
M. Guy Fischer. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Monsieur le ministre, je constate tout d'abord que votre réponse, en dépit des modifications intervenues et du décret confirmé par le Conseil d'Etat, admet l'existence d'un vide juridique concernant le mandat des membres des commissions administratives de reclassement, et ce depuis plus d'un an. Vous avez dit que ce vide allait être pallié.
Pour autant, force est de constater qu'une simple reconduction des commissions administratives de reclassement n'est pas de nature à nous satisfaire ni à répondre aux préoccupations formulées par les associations d'anciens combattants concernées.
En effet, les arguments que vous venez d'avancer semblent méconnaître les multiples dysfonctionnements qui caractérisent ces commissions instituées par le décret Balladur de 1994.
Il faut préciser tout d'abord que sur les sept organisations désignées, seules cinq d'entre elles, la CGC, FO, la CFTC, la FEN, la FGAC, ont accepté de siéger, alors que la CGT et la CFDT, majoritaires dans la fonction publique, ont refusé de prendre part à ce qu'elles considèrent être une manoeuvre du gouvernement Balladur de l'époque au mépris de la morale et de la dignité des anciens combattants rapatriés.
En outre, deux représentants des bénéficiaires devaient être désignés. Or, là encore, l'ensemble des grandes associations d'anciens combattants continue de demander l'abrogation du décret Balladur et le retour à la procédure de 1985, qui semblait offrir toutes les garanties.
Depuis lors, toutes les délibérations des commissions ont réuni neuf représentants de l'Etat, dont trois de l'administration fiscale, et seulement cinq représentants syndicaux qui ne reflètent pas la diversité des sensibilités professionnelles.
Par conséquent, peut-on raisonnablement évoquer les règles de parité au sein de ces instances ? A l'évidence, non !
Ajoutons ensuite que les décisions prises par ces commissions, dont aucun membre n'a réellement participé à la Seconde Guerre mondiale, ont été désavouées puisqu'elles font l'objet de cinquante recours contentieux devant les tribunaux administratifs.
C'est ainsi que plusieurs dossiers ayant obtenu un avis favorable des commissions antérieures ont été révisés par la commission Balladur pour des motifs plus que douteux.
Lorsque l'on pense que les intéressés sont plus que septuagénaires, il est facile de concevoir leur incompréhension et leur colère.
Votre réponse, monsieur le ministre, en proposant de prolonger, et en quelque sorte de conforter, la commission Balladur, produira, de toute évidence, les mêmes effets, avec les mêmes dysfonctionnements.
Pourtant, les propos de M. Lionel Jospin, auxquels je faisais référence voilà un instant, étaient dépourvus de toute ambiguïté.
Je les cite à nouveau : « Il va de soi, et j'en prends ici l'engagement, que le décret du 16 novembre 1994 doit être rapporté et qu'il convient de revenir à la situation antérieure ». Il s'agit d'une lettre du 12 avril 1995. J'en poursuis la lecture : « Enfin de retour aux responsabilités, nous examinerons les conditions d'une juste représentation des rapatriés au sein des commissions d'anciens combattants de reconstitution de carrière mise à mal par le décret de novembre 1994 » ; c'était la lettre du 23 mai 1997.
Enfin, comment faut-il interpréter une concertation interministérielle dont le seul effet a consisté à perpétuer une procédure à la fois inefficace et injuste ?
En conclusion, nous ne pouvons que regretter, une fois de plus, que l'entêtement de l'administration l'emporte sur les engagements politiques antérieurs, alors que rien ne justifie le maintien de l'actuelle composition des commissions administratives de reclassement.

TVA APPLICABLE AU SECTEUR DE LA RESTAURATION

M. le président. La parole est à M. Ostermann, auteur de la question n° 486, adressée à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. Joseph Ostermann. Je souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la taxe sur la valeur ajoutée, dans le secteur de la restauration.
En effet, les taux de TVA applicables dans ce secteur sont très disparates : 5,5 % pour la vente à emporter et 20,6 % pour la restauration classique. Ces disparités sont à l'origine à la fois de difficultés de contrôle par l'administration fiscale et d'inégalités de traitement ainsi que de distorsions de concurrence au détriment de la restauration classique.
En outre, la France constitue une exception parmi ses partenaires européens : sur les quinze Etats membres de l'Union européenne, huit, dont les principaux concurrents de la France sur le marché touristique, appliquent un taux réduit sans opérer de distinction entre la vente à emporter et la consommation sur place.
Ces distorsions de concurrence, tant internes qu'internationales, nuisent à la bonne santé de ce secteur économique. Ainsi son volume d'activité a-t-il reculé notoirement depuis 1990, et le nombre d'entreprises défaillantes s'est-il accru de 150 % de 1989 à 1995.
Ce lourd constat m'a conduit, avec d'autres collègues sénateurs, à demander une harmonisation à 14 % du taux de TVA lors du débat sur le projet de loi de finances pour 1999. Sensible à notre appel, votre collègue Christian Sautter a alors annoncé que le Gouvernement allait « continuer à faire pression pour que le droit européen change » et à « plaider ce dossier à Bruxelles ».
Le Gouvernement semble aujourd'hui avoir été exaucé puisque la Commission européenne vient d'annoncer un projet visant à modifier le champ d'application des taux réduits de TVA en faveur des services à haute intensité de main-d'oeuvre. Il appartient à chaque gouvernement de faire des propositions en fonction des circonstances propres à chaque Etat, et ce avant le 1er septembre 1999.
Le secteur de la restauration s'inscrit parfaitement dans les critères fixés par la Commission, à savoir qu'il s'agit d'un service à haute intensité de main-d'oeuvre, à prédominance locale, fourni aux consommateurs finaux et qui utilise principalement une main-d'oeuvre souvent peu qualifiée et située en zone rurale.
Une étude montre - je me permets de le préciser - d'une part, que l'application d'un taux de TVA à 14 % conduirait à la création de milliers d'emplois dès la première année, sans compter les effets induits sur d'autres filières, et, d'autre part, qu'elle serait une opération pratiquement neutre pour les finances publiques.
Il est par conséquent urgent que la France saisisse la possibilité qui lui est offerte de mettre enfin un terme à la situation actuelle, qui n'est pas satisfaisante, et de répondre aux attentes du quatrième employeur privé de France.
Permettez-moi de demander si le Gouvernement entend inscrire une telle baisse de la TVA dans le secteur de la restauration, ainsi que dans d'autres secteurs fort utilisateurs de main-d'oeuvre, sur la liste qu'il soumettra à la Commission d'ici au mois de septembre.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur le sénateur, je vous prie d'excuser M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, ainsi que M. le secrétaire d'Etat au budget, qui ne peuvent être présents au Sénat ce matin et qui m'ont prié de vous répondre en leur lieu et place.
La législation actuelle applicable en matière de taxe sur la valeur ajoutée ne permet pas d'appliquer un taux réduit de taxe sur la valeur ajoutée aux biens et services autres que ceux qui sont visés à l'annexe H de la sixième directive et qui n'en bénéficiaient pas au 1er janvier 1991.
Ainsi, la Commission européenne a récemment confirmé à la France qu'elle ne pouvait pas actuellement appliquer un taux réduit de taxe sur la valeur ajoutée au secteur de la restauration. C'est le point de départ de votre question.
Cela étant, je voudrais rappeler qu'il n'existe pas d'exception française en ce domaine. En effet, huit autres Etats membres soumettent leurs opérations de ventes à consommer sur place à des taux de TVA compris entre 15 % et 25 %.
Certes, le Parlement vient d'être saisi d'une proposition de directive pour modifier le texte européen en matière de taux de la TVA. Mais, outre que ce texte est une proposition qui devra être adoptée par l'ensemble des Etats membres, il subordonne chaque application expérimentale de baisse de TVA à un accord préalable de la Commission.
Au surplus, il n'est pas très évident que le secteur de la restauration puisse entrer dans le champ défini par cette proposition de modification de la directive.
En tout état de cause, il est difficile d'envisager l'application du taux réduit au secteur de la restauration. En effet, il faut le savoir, cette mesure aurait un coût annuel de 22 milliards, ou de 9 milliards de francs, selon que le taux réduit applicable à ces opérations serait fixé à 5,5 % ou à 14 %. Bien évidemment, un tel coût ne peut pas être accepté dans le contexte budgétaire actuel.
J'ajoute qu'une baisse du taux de taxe sur la valeur ajoutée dans ce secteur ne revêtirait pas un caractère très redistributif. En effet, même si elle était répercutée sur le consommateur, ce qui reste à vérifier, elle bénéficierait à des catégories de populations plutôt favorisées ainsi qu'à des non-résidents effectuant de courts séjours en France.
C'est la raison pur laquelle, monsieur le sénateur, cette baisse ne semble pas pouvoir être envisagée dans un avenir très proche.
M. Joseph Ostermann. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Ostermann.
M. Joseph Ostermann. Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse.
S'agissant de la directive européenne, que vous avez citée, je crois pouvoir affirmer que l'hôtellerie et la restauration sont bien concernées par ces dispositions. Il s'agit en effet d'un secteur qui génère une main-d'oeuvre relativement importante.
Les professionnels de l'hôtellerie et de la restauration attendent que le Gouvernement s'engage pour eux. En effet, non seulement ce secteur génère un nombre important de créations d'emploi, mais il est aujourd'hui la vitrine touristique de la France.
Une ouverture a été faite par l'Union européenne à travers cette directive, qui a été notifiée au Sénat le 29 mars dernier. Le Gouvernement doit s'engager très fortement pour parvenir à réduire le taux de TVA applicable en la matière.

INCIDENCES BUDGÉTAIRES DE LA POLITIQUE FORESTIÈRE

M. le président. La parole est à M. Charmant, auteur de la question n° 490, adressée à M. le secrétaire d'Etat au budget.
M. Marcel Charmant. Je souhaite attirer l'attention de M. le secrétaire d'Etat au budget sur la nécessité de prévoir, dans le cadre de la prochaine loi de finances, les incidences budgétaires découlant d'une nouvelle stratégie forestière pour la France.
En effet, après avoir eu connaissance des propositions du rapport de M. Bianco, intitulé « La Forêt : une chance pour la France », qui affirme le potentiel représenté par la forêt française en matière d'emploi et de développement économique, le Gouvernement a affiché sa volonté d'engager pour les années à venir une politique forestière ambitieuse.
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche a indiqué qu'un projet de loi reprenant les grandes orientations du rapport Bianco était en préparation et serait soumis au Parlement d'ici à la fin de cette année et il a établi un calendrier précis de mise en oeuvre pour 1999.
L'ensemble des élus, nationaux et locaux, de départements forestiers, notamment la Nièvre, département que mon collègue M. Signé et moi-même représentons dans cet hémicycle, se réjouissent de cette orientation gouvernementale qui ouvre de nouvelles perspectives en matière d'exploitation de la filière bois et de valorisation des richesses diverses de la forêt française.
Nous aurons l'occasion de débattre de ce sujet dans les prochains mois, mais deux questions devront néanmoins être tranchées auparavant, avant l'intervention de ce projet de loi, car elles conditionnent largement l'application future de celui-ci.
Il s'agit de la négociation du contrat d'objectif entre l'Etat et l'Office national des forêts, l'ONF, qui doit notamment régler la question de la remise à niveau du versement compensateur versé par l'Etat à l'ONF pour l'exploitation de la forêt publique, et de l'abondement du Fonds forestier national, qui devrait atteindre 300 millions de francs.
Ces deux points budgétaires doivent faire l'objet d'un arbitrage favorable si l'on souhaite mettre en oeuvre la stratégie forestière nationale pour les dix prochaines années que le Gouvernement et les élus des départements forestiers appellent de leurs voeux.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur le sénateur, je vous prie à votre tour d'excuser l'absence contrainte du secrétaire d'Etat au budget, qui m'a prié de vous répondre en ses lieu et place.
Comme vous l'avez souligné, le Gouvernement a témoigné de sa volonté de mettre en oeuvre une véritable stratégie nationale en matière forestière. Nous sommes en effet particulièrement conscients que, avec 15 millions d'hectares couvrant 27 % du territoire national métropolitain et 8 millions d'hectares outre-mer, la forêt apporte une contribution majeure à l'aménagement et au développement du territoire. Par ailleurs, je rappelle que le secteur du bois et de la forêt représente un enjeu de 500 000 emplois. Enfin, la France s'est engagée sur le plan international et à de multiples reprises, notamment à Kyoto et à Lisbonne récemment, à conduire sa politique de la forêt et du bois dans l'optique d'un développement durable.
A la suite de ce constat, nous avons décidé d'agir, comme l'indiquent les quatre décisions que je vais maintenant rappeler.
En premier lieu, un rapport a été commandé par M. le Premier ministre à M. Jean-Louis Bianco. Remis voilà quelques mois, il constitue une contribution essentielle à la réflexion sur la forêt française.
En deuxième lieu, une communication en conseil des ministres a été présentée à la fin de l'année dernière. Elle définit les grandes orientations de la politique forestière à mettre en oeuvre.
En troisième lieu, un rapport sur la situation de l'Office national des forêts et sur celle de quelques-unes des structures équivalentes à l'étranger a été demandé à l'inspection générale des finances et il a été déposé voilà quelques semaines.
En quatrième lieu, un projet de loi d'orientation sur la forêt est en cours de préparation.
Vous évoquez plus précisément deux sujets auxquels le rapport de M. Jean-Louis Bianco a consacré quelques analyses : le contrat d'objectif entre l'ONF et l'Etat et la réforme du Fonds forestier national, le FFN. Il s'agit de thèmes majeurs sur lesquels les travaux interministériels, qui donneront lieu à des concertations avec les acteurs concernés, ont commencé entre les services du ministère de l'agriculture et de la pêche et ceux du secrétariat d'Etat au budget. Les décisions financières seront prises dans le cadre de la procédure budgétaire de préparation du budget de l'an 2000. J'attire votre attention sur ce point.
Elles prendront évidemment en compte à la fois la priorité que constitue désormais la politique forestière et, bien entendu, les contraintes budgétaires qui s'imposent à nous.
En tout état de cause, je vous assure que la position des 11 000 communes forestières et en général celle de tous les élus des départements forestiers apportent une contribution essentielle aux réflexions en cours et seront déterminantes pour les décisions à prendre.
Tels sont, monsieur le sénateur, les éléments de réponse que je pouvais apporter à votre question.
M. Marcel Charmant. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Charmant.
M. Marcel Charmant. Monsieur le ministre, je vous remercie de la réponse que vous m'apportez.
Vous avez souligné l'importance du rapport Bianco et des propositions faites par le Gouvernement, mais, vous l'avez compris, mon propos aujourd'hui était non pas de débattre des orientations de la nouvelle politique forestière de notre pays, mais bien d'attirer l'attention du Gouvernement sur la nécessité de prendre les mesures financières qui permettront de mettre en oeuvre cette nouvelle politique. Vous l'avez souligné, on dénombre quelque 11 000 communes forestières, mais je m'exprimais surtout au nom de la Nièvre, département dont la forêt constitue l'une des ressources essentielles.

COUVERTURE DE LA NIÈVRE
PAR LE RÉSEAU ITINÉRIS

M. le président. La parole est à M. Signé, auteur de la question n° 480, adressée à M. le secrétaire d'Etat à l'industrie.
M. René-Pierre Signé. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je souhaitais attirer l'attention de M. le secrétaire d'Etat à l'industrie sur l'absence de couverture de la Nièvre par le réseau Itinéris.
L'émergence des nouvelles technologies de l'information est riche de potentialités positives pour le développement des zones rurales. Elles tendent, en effet, à effacer les distances et à désenclaver, tout en renforçant l'attractivité de ces zones. Mais ce qui s'annonce comme une aubaine se révèle comme un nouvel handicap.
C'est le cas dans le département de la Nièvre, qui a la triste réputation d'être la zone la moins couverte par les réseaux de téléphonie mobile. La réception y est de qualité médiocre, quand la communication n'est pas, tout bonnement, inexistante.
Pourtant, la Nièvre, comme tous les autres départements, a besoin de cet outil de travail pour de nombreuses professions ; je pense notamment au secteur médical et au transport. Qui plus est, la téléphonie mobile pourrait permettre d'implanter des centres de télétravail et de dynamiser l'emploi en milieu rural, à l'aube du xxie siècle.
Partant de l'idée que l'accès aux télécommunications est un droit fondamental de tous nos concitoyens, l'extension de la couverture à l'ensemble des territoires ruraux de la Nièvre apparaît comme une nécessité. Sans oublier que la suppression du réseau « Radiocom 2000 » pénalisera médecins, vétérinaires et, au-delà, toute relation professionnelle et personnelle, dans une région où l'habitat est dispersé et les urgences difficiles à assurer.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour répondre au sénateur-maire de Château-Chinon.
M. Marcel Charmant. Cela fonctionne à Château-Chinon !
M. René-Pierre Signé. Non, cela ne fonctionne pas à Château-Chinon !
M. le président. Il n'est pas possible que quelque chose ne fonctionne pas à Château-Chinon. Quels avantages pourrait-on donner qui ne l'aient pas déjà été. (Sourires.)
M. Marcel Charmant. C'est bien formulé, monsieur le président.
M. le président. Vous avez la parole, monsieur le ministre.
M. Emile Zuccarelli, ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation. Monsieur le sénateur, je vous prie d'excuser l'absence de mon collègue Christian Pierret ; il m'a prié de vous répondre, ce qui me donne le plaisir de saluer ce matin le deuxième représentant du département de la Nièvre.
A ce jour, le réseau Itinéris de France Télécom couvre, il faut le rappeler, plus de 97 % de la population et plus de 81 % du territoire français.
La qualité du réseau Itinéris et son extension pour répondre aux besoins de la population sont une priorité de France Télécom. Elles nécessitent des investissements importants et, par conséquent, une hiérarchisation des priorités de développement, afin de répondre au plus grand nombre d'utilisateurs. Pour 1999, France Télécom a prévu d'étendre notamment son réseau à toutes les communes de plus de 5 000 habitants.
Dans le département de la Nièvre - qui, si j'en crois ses représentants, est mieux couvert par les forêts que par par le réseau Itinéris (Sourires) - un programme important de couverture a tout de même été exécuté depuis 1997 et les principales villes du département sont désormais couvertes par le service Itinéris. Les opérations d'extension prévues pour l'année 1999 concernent les secteurs de La Machine, Saint-Honoré-les-Bains, Moulins-Engilbert et le lac des Settons, pour lesquels de nouveaux relais seront installés.
Par ailleurs, les systèmes de communication mobile par satellite qui se mettent en place permettront l'accès au réseau téléphonique en tout point du territoire. Toutefois, dans l'attente de la mise en service prévue en 1999 de Globalstar, le système de communication mobile par satellite auquel elle participe, France Télécom a décidé de maintenir localement le service Radiocom 2000, que vous avez évoqué, dans les zones non desservies par Itinéris et où il apparaît que le trafic téléphonique le justifie. Les directions régionales de France Télécom sont en mesure de préciser les zones où ce service est provisoirement maintenu.
J'espère, monsieur le sénateur, avoir répondu à votre question. Vous connaissez la consistance des projets de couverture pour 1999 s'agissant d'Itinéris et vous avez confirmation du maintien de Radiocom 2000 dans les secteurs qui ne sont pas encore couverts par Itinéris.
M. René-Pierre Signé. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Signé.
M. René-Pierre Signé. Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse, mais elle ne me rassure qu'en partie. Certes, des progrès interviendront au cours de 1999, mais ils seront sans doute insuffisants.
Je ne reprendrai pas les arguments que j'ai développés, à savoir le handicap réel de la Nièvre et le frein au développement économique qu'entraîne cette couverture insuffisante, les entreprises n'ayant pas accès à des réseaux à haut débit pour faire circuler leurs données professionnelles.
Peut-être conviendrait-il, à l'instar d'autres département ou d'autres régions, d'engager une négociation avec les acteurs locaux pour définir avec eux les modalités et le montant des investissements nécessaires à la couverture du département. En effet, si nous comptons uniquement sur France Télécom, notre patience va s'user un peu. Aussi, le département de la Nièvre attend qu'une expertise évalue les besoins et précise la nécessité du raccordement à un réseau à haut débit pour que les entreprises puissent en bénéficier.

CONSTRUCTION D'UN PONT TGV SUR LE RHIN

M. le président. La parole est à M. Hoeffel, auteur de la question n° 488, adressée à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Daniel Hoeffel. Madame la secrétaire d'Etat, ma question concerne le futur pont sur le Rhin qu'empruntera le TGV Est européen pour établir la jonction avec le réseau ICE allemand.
Afin que ce TGV Est soit réellement européen, la construction d'un nouveau pont sur le Rhin est nécessaire. Cette construction est d'ailleurs incluse dans la première phase de réalisation du TGV Est européen.
Les ouvrages internationaux doivent faire l'objet de conventions d'étude et de réalisation, en l'occurrence un accord franco-allemand. Cet accord devra déterminer le choix du tracé, les conditions de financement, de construction et d'exploitation de l'ouvrage.
Il est donc nécessaire que cet accord soit mis à l'ordre du jour de l'une des réunions bilatérales entre l'Allemagne et la France afin de pouvoir réaliser dans les temps cette ligne nouvelle ferroviaire à grande vitesse.
Compte tenu de l'expérience que nous avons vécue au cours des dernières années pour la réalisation d'un pont routier sur le Rhin au sud de Strasbourg, cette inscription s'avère urgente, car les procédures sont longues ; il serait regrettable que, compte tenu de la durée de ces dernières, un retard puisse intervenir dans la réalisation de ce pont sur le Rhin.
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme. Monsieur le sénateur, M. Jean-Claude Gayssot, qui ne peut être présent ce matin au Sénat, m'a demandé de vous répondre, ce que je fais bien volontiers.
Comme vous le savez, des décisions importantes ont été prises le 29 janvier dernier par l'ensemble des partenaires du projet pour la réalisation et le financement de la première phase du TGV Est européen.
Le ministère de l'équipement, des transports et du logement insiste d'ailleurs sur cette appellation, puisque, à ses yeux, cette nouvelle liaison ferroviaire à grande vitesse aura une double fonction : il s'agit, d'une part, de développer les liaisons entre la région parisienne et les régions de l'est de la France, mais aussi, d'autre part, de relier la France, l'Allemagne et l'Europe centrale.
Cette première phase consiste en la réalisation d'une ligne nouvelle entre Vaires-sur-Marne, en région parisienne, et Baudrecourt en Moselle. M. le ministre a rappelé, lors de la table ronde du 29 janvier dernier, l'importance qu'il attache à ce que le TGV soit connecté au réseau allemand, notamment au-delà de Strasbourg, dès la première phase, grâce aux investissements qui seront réalisés entre Strasbourg et Kehl et au doublement du pont de Kehl.
Pour mener à bien cette opération, des contacts diplomatiques ont été pris entre les deux gouvernements français et allemand, et une réunion de travail a eu lieu très récemment entre les services compétents des ministères des transports français et allemand. M. Gayssot peut donc aujourd'hui vous assurer que les travaux communs se poursuivent activement pour aboutir à une mise en service des installations nécessaires, dès la première phase du TGV Est européen, en 2006.
Telle est, monsieur le sénateur, la réponse que M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement souhaitait vous apporter.
M. Daniel Hoeffel. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Hoeffel.
M. Daniel Hoeffel. Je vous remercie, madame la secrétaire d'Etat, de cette réponse. Hier, M. Gayssot a inauguré sous des trombres d'eau un nouveau bac sur le Rhin, au sud de Strasbourg. Puisse cette réponse contribuer à dégager le ciel pour cette nouvelle réalisation bilatérale franco-allemande. (Sourires.)

CHANGEMENT DES COULOIRS DE CIRCULATION AÉRIENNE DE L'AÉROPORT D'ORLY

M. le président. La parole est à M. Robert, auteur de la question n° 506, adressée à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement.
M. Jean-Jacques Robert. Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues, j'espère, moi aussi, que le ciel sera dégagé pour l'objet de ma question ! (Sourires.) Cette dernière porte sur une éventuelle modification des couloirs d'approche pour l'atterrissage des avions à l'aéroport d'Orly, conséquence possible du départ envisagé du Centre d'essais en vol de Brétigny-sur-Orge ou, plus vraisemblablement, de l'extension du développement des activités de Roissy.
Il semble que la ligne d'approche actuelle des avions, qui arrivent par Rambouillet, soit modifiée au profit d'une approche partant de Chartres et de Dourdan. Peut-être a-t-on en mémoire la création freinée de l'aéroport de Beauvilliers, qui est toujours dans les cartons ?
Selon les renseignements dont je dispose, une nouvelle procédure d'arrivée vers l'aéroport Charles-de-Gaulle en provenance du Sud-Ouest est en cours d'étude, ainsi qu'une arrivée vent arrière par le sud d'Orly en configuration face à l'Ouest, ce qui entraînerait dans ce nouveau couloir aérien un trafic doublé de plus de 200 vols par jour.
Madame la secrétaire d'Etat, pouvez-vous me confirmer le caractère non fondé des informations que je vous livre ? Dans le cas contraire, prendrez-vous l'engagement de renoncer à un projet qui occasionnerait à nouveau, pour de nombreux habitants des alentours d'Orly, des nuisances difficiles à supporter ?
M. le président. La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Michelle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme. Monsieur le sénateur, comme je l'ai indiqué précédemment à votre collègue M. Hoeffel, M. Jean-Claude Gayssot ne peut être présent ce matin au Sénat. Il m'a donc demandé de vous présenter la réponse qu'il a préparée à votre intention.
Comme vous le savez, la croissance du trafic aérien sur l'aéroport Charles-de-Gaulle et dans la région parisienne a été significative en nombre de mouvements, ces dernières années. Les mesures prises par le ministre de l'équipement, des transports et du logement, lors de la décision de construire les nouvelles pistes, ont permis une certaine réduction du total des nuisances sonores autour de cette plate-forme, par rapport aux niveaux antérieurs, même si le nombre de mouvements continue à augmenter.
Une réflexion est engagée sur les implications que cette croissance pourrait avoir sur l'organisation de la navigation aérienne en région parisienne. A l'issue des études engagées à cet effet, il conviendra d'envisager les éventuelles modifications des procédures d'approche et de départ à mettre en oeuvre. Ces modifications éventuelles devront naturellement être soumises, le moment venu, à l'avis de la commission consultative de l'environnement compétente pour chaque aéroport concerné, ainsi qu'à l'autorité indépendante chargée du contrôle des nuisances sonores aéroportuaires.
Je vous rappelle que le projet de loi portant création de cette autorité indépendante est actuellement en cours d'examen devant le Parlement et que l'Assemblée nationale doit l'examiner en séance publique au début du mois prochain.
M. le ministre des transports m'a demandé de vous assurer que, parallèlement à l'adéquation de la capacité du dispositif de circulation aérienne, la minimisation des nuisances sonores pour les riverains des aéroports sera l'un des objectifs visés quelles que soient les modifications qui pourraient être envisagées pour les couloirs aériens en Ile-de-France.
M. Jean-Jacques Robert. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Robert.
M. Jean-Jacques Robert. Madame la secrétaire d'Etat, je vous remercie des informations que vous venez de nous apporter. Toutefois, je ne veux pas limiter mon intervention à l'aéroport d'Orly parce que, depuis quelques mois, nous subissons des contraintes diverses.
Nous sommes d'abord confrontés à la vieille affaire de la cessation des duty free qui va priver d'emploi, en ce qui nous concerne, une dizaine de milliers de personnes.
Ensuite, est intervenu un grand débat sur le transfert des vols internationaux à Roissy, qui aurait pour conséquence d'attaquer le tissu économique autour d'Orly, aéroport à proximité duquel de nombreuses entreprises se sont installées depuis cinquante ans. J'ajoute que, depuis la création de cet aéroport, nous avons tout organisé en fonction de lui, qu'il s'agisse de la vie économique et professionnelle, des déplacements, de la qualité de l'environnement..
Or, nous constatons une volonté de tout changer sans raison, et dans le secret ! Les nuisances sonores nouvelles qui découleraient du projet envisagé ne peuvent être traitées de cette façon !
Madame la secrétaire d'Etat, je prends note des assurances que vous me donnez et que je transmettrai à tous les responsables des départements situés autour d'Orly.
Je souhaite par ailleurs que vous demandiez à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement d'organiser des réunions de travail avec les élus pour étudier ces dossiers.

CONDITIONS DE SCOLARISATION
DANS LE XXe ARRONDISSEMENT

M. le président. La parole est à M. Charzat, auteur de la question n° 487, adressée à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
M. Michel Charzat. Madame la ministre, vos services calculent et publient les taux d'accès attendus au baccalauréat selon l'origine socio-professionnelle des familles. S'il ressort de ces taux que les résultats d'académies comme Limoges, Rennes ou Nancy-Metz se situent au-delà des espérances, ceux des académies de l'Ile-de-France restent malheureusement en deçà et, contrairement aux idées reçues, notamment à Paris, où les inégalités entre arrondissements de l'Est et de l'Ouest compliquent encore le constat.
S'agissant plus particulièrement du XXe arrondissement, depuis ses trente-huit maternelles jusqu'aux classes préparatoires des deux cités scolaires que constituent les lycées Hélène-Boucher et Maurice-Ravel, il scolarise 25 000 élèves.
C'est un arrondissement cosmopolite, avec 26,2 % de ses habitants nés hors de la métropole et 17,3 % d'étrangers. Nos quartiers, par tradition populaires, sont très faiblement peuplés par des cadres ; plus du quart de leur population est composée de personnes relevant de catégories socio-professionnelles à faibles revenus. Il faut y ajouter 11,3 % de chômeurs et presque 24 % d'inactifs, compte non tenu des retraités et des étudiants. En outre, 17,3 % des familles sont monoparentales. Cela explique qu'environ 60 % des élèves de six à onze ans soient scolarisés dans les zones d'éducation prioritaire.
Ces conditions sont connues de l'Académie de Paris puisque, dans la nouvelle carte des ZEP et des réseaux d'éducation prioritaire, les REP, s'agrégeront aux écoles et établissements qui bénéficient déjà du dispositif de discrimination positive une nouvelle école et deux nouveaux collèges.
Néanmoins, des parents et des enseignants du XXe arrondissement, d'Hélène-Boucher plus particulièrement, s'inquiètent des diminutions des dotations globales horaires pour l'année à venir, de la disparition de certaines options, et des effectifs moyens, qui, selon leurs analyses, augmenteraient dans certaines sections ou niveaux pour dépasser les normes définies par le ministère. Ils s'alarment car, dans le même temps, la sectorisation plus ferme des collèges - cela devrait tous nous réjouir - va amener des élèves dont l'engagement dans un parcours scolaire normalement réussi, loin d'être une certitude, est à forger.
Pouvez-vous, madame la ministre, rassurer familles et enseignants en nous indiquant comment l'ensemble des diverses mesures prises ou à prendre par l'Académie de Paris s'articulent pour faire prévaloir, mais surtout affirmer dans les faits une démocratisation des chances par l'école et permettre à Paris des résultats non pas seulement égaux mais supérieurs à ceux que sa sociologie laisse présager ?
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Ségolène Royal, ministre délégué chargé de l'enseignement scolaire. Monsieur le sénateur, les statistiques de réussite au baccalauréat que vous venez d'évoquer doivent être considérées avec beaucoup de prudence. En effet, d'une part, elles ne prennent pas en compte la difficulté qu'éprouvent les élèves au départ et, d'autre part, elles occultent le niveau de réussite des meilleurs élèves de chacun des établissements scolaires. Aussi le ministère ne cautionne-t-il pas les interprétations qui peuvent en être faites.
Cela étant, ces statistiques sont malgré tout un élément de réflexion, et vous avez raison de souligner que certaines inégalités persistent sur le territoire au regard de l'enseignement scolaire.
C'est bien la raison qui m'a conduite, sous l'impulsion du Premier ministre, à relancer la politique des zones d'éducation prioritaire et à mettre en place les réseaux d'éducation prioritaire, qui sont restés en panne pendant plusieurs années.
Ainsi, dans le XXe arrondissement, la nouvelle carte de l'éducation prioritaire se caractérise par son extension puisque ce sont désormais 8 900 élèves qui bénéficient de l'accueil dans les écoles en réseau prioritaire, soit plus de 60 % des élèves scolarisés.
Deux écoles sur trois disposent de moyens supplémentaires : taux d'encadrement plus favorable, postes de soutien, dynamique pédagogique.
Dans le secondaire, six établissements sur onze sont classés en réseau d'éducation prioritaire et deux nouveaux collèges entrent dans le dispositif.
Pour ce qui est de la dotation horaire de certains établissements, notamment du collège et lycée Hélène-Boucher, d'ailleurs très demandé, je peux vous apporter les éléments de réponse suivants - il ne s'agit évidemment que de moyennes, mais elles sont significatives par rapport au reste du territoire : au collège, le taux d'encadrement passe de 27 à 25 élèves par classe en moyenne ; au lycée, il passe sous le seuil de 34 élèves ; enfin, en lycée professionnel, la moyenne de 25 élèves par classe est maintenue.
En ce qui concerne l'écart entre les établissements classés en zone d'éducation prioritaire et les autres, le rapport heures-élèves est de 1,3 dans les zones d'éducation prioritaire, contre 1,24 pour l'ensemble de l'académie. Comme vous, je considère que cet écart n'est pas suffisant.
L'Académie de Paris doit faire un effort plus soutenu dans la répartition des moyens pour tenir vraiment compte de la relance de l'éducation prioritaire, surtout dans une académie si contrastée, où l'on trouve à la fois les collèges les plus privilégiés du territoire et des établissements scolaires placés dans des zones extrêmement difficiles.
L'écart actuel, je le répète, n'est pas suffisant ; c'est d'ailleurs l'un des plus faibles du territoire. Je vais donc donner des instructions très fermes - je l'annonce aujourd'hui au Sénat - aux responsables académiques pour que, dans les prochaines attributions de moyens, on tienne vraiment compte de l'intégration des établissements scolaires en zones d'éducation prioritaire et pour qu'on ait le courage de faire des redéploiements plus vigoureux au sein de l'Académie de Paris.
M. Michel Charzat. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Charzat.
M. Michel Charzat. Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse extrêmement précise, et notamment de l'orientation que vous souhaitez voir impulsée à Paris.
L'objet de ma question était précisément de mettre en évidence un constat qui n'est pas exceptionnellement favorable, tout en mettant l'accent sur les grandes disparités qui existent entre arrondissements de la capitale.

Je me réjouis tout particulièrement de l'engagement que vous venez de prendre de développer l'effort en faveur d'une meilleure répartition des moyens non seulement pour le XXe arrondissement, qui a déjà commencé à bénéficier de certains redéploiements, mais plus généralement pour l'ensemble des quartiers qui méritent une action particulière à Paris.

COMPÉTENCES DES BÉNÉVOLES POUR LES VISITES
DE MONUMENTS HISTORIQUES

M. le président. La parole est à M. Joly, auteur de la question n° 448, adressée à Mme le ministre de la culture et de la communication.
M. Bernard Joly. Ma question s'adresse à Mme la ministre de la culture et de la communication. Toutefois, le champ du sujet entrait également dans les attributions de Mme la secrétaire d'Etat au tourisme, présente dans l'hémicycle voilà quelques instants.
Finalement, c'est donc à Mme la ministre déléguée chargée de l'enseignement scolaire qu'il échoit de me répondre.
J'en suis, certes, ravie, mais j'éprouve aussi quelques regrets car cette forme d'interrogation que sont les questions orales sans débat est censée autoriser un échange direct entre le parlementaire et le membre de l'exécutif en charge du département concerné.
Je souhaite exposer les difficultés administratives rencontrées par le comité départemental de la Haute-Saône, qui envisage, cette année, l'utilisation de bénévoles lors de visites payantes de sites inscrits ou classés monuments historiques.
Le comité départemental du tourisme de la Haute-Saône est le maître d'ouvrage général d'un projet dénommé « La Haute-Saône des retables », qui vise à valoriser ces objets à la restauration desquels l'Etat et les collectivités locales consacrent des moyens importants. Son objectif est de construire un produit touristique innovant visant à satisfaire des besoins émanant de touristes en séjour ou itinérants mais également des populations locales.
Les personnels professionnels en matière de visites guidées sont peu nombreux en Franche-Comté et ne sont pas basés territorialement là où se trouvent les retables. Les visites guidées seront d'assez courte durée, quinze à trente minutes environ. Aussi, il est recommandé d'avoir recours à des personnes présentes sur place pour être assez facilement mobilisables en cas de demande.
Le marché de la visite guidée autour d'un petit patrimoine rural n'a pas encore de consistance en termes économiques. Pour défricher et faire émerger ce marché, il conviendrait de confier, pour une large part, les visites guidées payantes à des bénévoles.
Le système s'appuierait sur le réseau des offices de tourisme et syndicats d'initiative, les OTSI, qui centraliserait les demandes, mettrait des guides à disposition et vendrait les billets. Les recettes seraient consacrées à l'indemnisation des OTSI pour le service rendu et à la constitution d'un fonds spécifique au développement de « La Haute-Saône des retables ».
Quels aménagements peuvent être envisagés pour rendre ce projet viable du fait que l'obligation d'avoir recours à des guides-interprètes de niveau régional ou national ne pourra être satisfaite ?
En qualité de président national de la fédération des comités départementaux du tourisme, j'ai constaté que de nombreux départements se heurtaient à la même difficulté.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Ségolène Royal, ministre délégué chargé de l'enseignement scolaire. Monsieur le sénateur, Mme Trautmann, retenue par une rencontre officielle, m'a demandé de vous présenter ses excuses et m'a chargée de vous dire que, dans un premier temps, il lui paraissait important de rappeler les règles générales applicables en vertu de la loi du 13 juillet 1992 et les décrets, afférents fixant les conditions des activités relatives à l'organisation et à la vente de voyages et de séjours.
Le recours à des personnels qualifiés - guides-interprètes nationaux ou régionaux, conférenciers nationaux, guides-conférenciers des villes et pays d'art et d'histoire - s'impose, conformément à ces textes, dès lors que la visite guidée dans un musée ou un monument historique fait l'objet d'une commercialisation.
Néanmoins, les textes prévoient aussi que l'organisation de visites payantes, conduites par des guides qualifiés, n'exclut pas la mise en place d'un accueil bénévole, notamment dans les édifices religieux en milieu rural qui ne peuvent être ouverts en permanence. Plusieurs opérations ont été menées récemment avec succès, en particulier « Les chemins du baroque », sur l'initiative du conseil général de la Savoie, et « Les chemins des retables », créés par l'association des retables de Flandre avec l'aide de la région Nord-Pas-de-Calais. Dans les deux cas, des « volontaires du patrimoine » ont bénéficié d'une formation spécifique les rendant aptes à présenter un édifice religieux et ses oeuvres d'art dans le cadre d'une visite gratuite.
Au regard des éléments que vous mettez en avant, il semble que le projet « La Haute-Saône des retables » puisse être comparé à ces opérations et que, par conséquent, les mêmes aménagements puissent lui être applicables.
Dans cette perspective, Mme la ministre de la culture vous invite à prendre contact avec la direction régionale des affaires culturelles de Franche-Comté afin d'envisager concrètement la mise en oeuvre du dispositif approprié.
Elle souhaite cependant vous rappeler que, dans son esprit, ces aménagements visent non pas à concurrencer la visite guidée traditionnelle payante, qu'il est légitime de confier à des personnels qualifiés, mais à offrir une alternative adaptée à la valorisation du patrimoine rural.
Je me permets d'ajouter que ce type d'action illustre une utilisation tout à fait intéressante des emplois-jeunes, avec des accompagnements en termes de formation et un service complémentaire offert aux touristes, voire à la population locale de ces territoires, qui, souvent, n'a pas encore découvert le patrimoine de proximité.
M. Bernard Joly. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Joly.
M. Benard Joly. Je vous remercie, Mme la ministre, de votre réponse. Finalement, de par son caractère transversal, le tourisme intéresse pratiquement tous les ministères. Je suis d'ailleurs persuadé que Mme la ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement, ici présente, a également prêté une oreille attentive à l'évocation de ce problème, car il y va aussi de l'aménagement du territoire.
Vous avez fait référence, madame la ministre, à la loi de 1992. Nous devons progresser encore, notamment en milieu rural, ou l'initiation à la culture et la commercialisation de produits touristiques sont toujours difficiles. Le potentiel y est très important, mais encore faut-il organiser l'offre.
J'ai parlé de l'aménagement du territoire, mais vous êtes, vous aussi, directement concernée, madame la ministre, s'agissant notamment de l'éducation des arts, des pratiques artistiques, auxquelles vous attachez, je le sais, un grand intérêt. Le public intéressé par ce tourisme culturel est de plus en plus large. Là encore, beaucoup reste à faire.
Ce n'est pas parce qu'une situation dans mon département de Haute-Saône est acquise - je crois vous avoir entendu le dire à plusieurs reprises - qu'il faut s'en tenir là et ne pas chercher à progresser. Il y a la loi de 1992 ; si la situation dans mon département de Haute-Saône n'est pas la même que dans les départements que vous avez cités, pourquoi ne pas essayer de faire mieux encore en créant des emplois et des entreprises dans ce département rural en difficulté ?

RÉGLEMENTATION DES INSTALLATIONS CLASSÉES
POUR LES EXPLOITATIONS VITICOLES

M. le président. La parole est à M. Jean Bernard, auteur de la question n° 483, adressée à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
M. Jean Bernard. Madame le ministre, ma question concerne le projet d'arrêté relatif à la réglementation des installations classées pour les exploitations viticoles dont la capacité de production est comprise entre 500 et 20 000 hectolitres.
Ce projet d'arrêté a fait l'objet, au mois de décembre, d'un examen au Conseil supérieur des installations classées qui l'a approuvé, après avoir rétabli l'exemption faite aux installations déjà existantes.
Cet accord de principe résulte également des nombreuses rencontres qui ont eu lieu entre les services du ministère de l'environnement et l'ensemble des organisations professionnelles du secteur vitivinicole.
Or, selon les professionnels qui m'ont alerté, il semble que certains points de ce projet d'arrêté sont remis en cause par vos services, madame le ministre, et notamment la suppression de l'exemption faite aux installations déjà existantes, alors même que cette disposition relevait d'un accord et d'un engagement écrit de votre part.
Les problèmes environnementaux sont au coeur des préoccupations des vignerons qui ont toujours souhaité une véritable concertation entre la profession et votre ministère.
C'est pourquoi, madame le ministre, je vous demande de bien vouloir me confirmer si l'arrêté en question sera publié dans les mêmes termes que celui qui a obtenu l'assentiment du Conseil supérieur des installations classées et de l'ensemble des organisations professionnelles du secteur vitivinicole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Monsieur le sénateur, les exploitations viticoles dont la capacité de production annuelle est comprise entre 500 et 20 000 hectolitres sont soumises à déclaration au titre de la réglementation relative aux installations classées pour la protection de l'environnement.
Un arrêté du 15 mars 1999 fixant les prescriptions applicables à ces établissements a été élaboré après une concertation de plusieurs années avec les représentants professionnels, comme vous le savez. Il est directement applicable aux installations nouvelles depuis le 16 avril 1999, date de sa publication au Journal officiel de la République française.
Pour les installations existantes, la nécessaire maîtrise des pollutions ne doit cependant pas avoir pour effet de créer des difficultés économiques insupportables pour les entreprises, en particulier les vignerons récoltants. C'est pourquoi j'ai proposé à la profession de restreindre pour l'instant l'application du texte aux seules installations nouvelles. Pour les installations existantes, comme pour les installations modifiées, c'est au préfet d'apprécier les suites à donner le cas échéant, en fonction de la situation locale dans le département et en concertation avec les représentants locaux de la profession.
De plus, pour faire suite aux remarques avancées au cours de la session du 8 décembre 1998 du Conseil supérieur des installations classées, des discussions se sont engagées avec la profession pour étudier les prescriptions minimales à appliquer aux installations existantes ainsi que les délais nécessaires à leur mise en place.
M. Jean Bernard. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Bernard.
M. Jean Bernard. Madame le ministre, je vous remercie de ces précisions. Tout le monde sait que la qualité de la production et sa renommée font que les professionnels sont très impliqués s'agissant de tout ce qui concerne l'environnement et les conditions de cette production.
Ai-je bien compris votre réponse, madame le ministre : il s'agit d'une situation transitoire et il reviendra aux préfets d'apprécier les conditions d'application de l'arrêté ?
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Dominique Voynet, ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Je n'envisage, à cette heure, aucune réglementation allant au-delà de l'arrêté du 15 mars dernier. En revanche, le choix de la concertation avait été privilégié pour les installations nouvelles ; le choix de la concertation prévaut pour toute disposition qui irait au-delà pour les installations existantes et, si ce travail devait aboutir, ce ne serait certainement pas à court terme et pas sans avoir pris en compte les remarques des professionnels qui participent à ce groupe de travail.
M. Jean Bernard. Je vous remercie, madame le ministre.

ÉLARGISSEMENT DU CHAMP D'ACTION
DES MAIRIES D'ARRONDISSEMENT

M. le président. La parole est à Mme Borvo, auteur de la question n° 468, adressée à M. le ministre de l'intérieur, que nous remercions de sa présence.
Mme Nicole Borvo. En ouvrant la voie à une gestion au plus près des habitants et à une nouvelle approche de la citoyenneté, la loi du 31 décembre 1982, dite loi PML, Paris-Marseille-Lyon, a constitué un incontestable progrès démocratique.
Seize ans plus tard, il apparaît indispensable de faire le point sur la mise en oeuvre de cette loi et d'examiner les modifications qu'il convient de lui apporter pour corriger ses imperfections et pousser plus avant cette expérience originale de décentralisation et de démocratie locale.
En effet, jusqu'en 1995, la tendance a plutôt été de limiter le pouvoir des mairies d'arrondissement, de les réduire à de simples rouages administratifs. L'élection en juin 1995, dans les trois villes, d'un nombre significatif de mairies d'arrondissement d'opposition aux mairies centrales a encore plus mis en lumière les problèmes posés par la non-application de la loi du 31 décembre 1982. Depuis, malgré quelques avancées obtenues, non sans grandes difficultés à Paris, la situation ne s'est pas fondamentalement modifiée.
En outre les CICA, les comités d'initiative et de consultation d'arrondissement, sont loin de fonctionner partout.
A l'heure actuelle, aucune ville n'applique la loi dans son intégralité et il est regrettable que, pour obtenir la simple application de la loi, il ait fallu, à Paris et à Lyon, recourir au tribunal administratif.
J'insiste sur la situation à Paris où, vous le savez, puisque vous avez dû vous-même intervenir, monsieur le ministre, l'application de la loi est beaucoup plus restrictive qu'à Lyon et Marseille.
Il existe donc un problème d'application et d'évolution de cette loi. C'est pourquoi ma formation politique a déposé, comme d'ailleurs d'autres formations politiques de la gauche plurielle, une proposition de loi, insistant sur l'urgence d'ouvrir un débat parlementaire sur cette question.
Pourriez-vous m'indiquer quelles sont les intentions du Gouvernement pour faire en sorte que la loi soit appliquée ? Par ailleurs, le Gouvernement a-t-il l'intention d'organiser un débat parlementaire en vue de réformer la loi de décentralisation Paris-Marseille-Lyon ?
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Madame le sénateur, la loi n° 82-1169 du 31 décembre 1982, relative à l'organisation de Paris, Marseille et Lyon, a eu pour objet d'appliquer à ces trois villes les principes fondamentaux de la décentralisation tout en les adaptant à la taille de ces très grandes communes.
Pour répondre aux exigences d'une amélioration de la démocratie locale, il fallait trouver un mode spécifique d'association des citoyens aux décisions. Cette réforme a permis pour les trois plus importantes communes françaises de trouver un équilibre qui, tout en opérant un rapprochement du terrain de l'administration communale et en donnant aux conseils d'arrondissements des responsabilités propres, maintient l'unité communale.
Cet équilibre établi, entre le Conseil de Paris ou les conseils municipaux de Marseille et de Lyon, d'une part, et les conseils d'arrondissement d'autre part, peut donner lieu à une réflexion sur leurs compétences respectives et, notamment, dans les domaines de la gestion des équipements de proximité et de l'animation de la vie des arrondissements. D'ailleurs, des arrêtés préfectoraux ont été pris. Notamment en ce qui concerne le cas de Paris, j'ai personnellement demandé à M. Tiberi, après m'être d'ailleurs entretenu de cette question avec MM. Gaudin et Barre, de veiller à ce que les choses soient claires à ce sujet.
Une telle réflexion ne peut évidemment aller jusqu'à envisager la transformation des arrondissements en véritables collectivités locales, vous le comprendrez, un transfert de compétences étendues au profit des arrondissements pouvant corrélativement vider de leur substance les compétences des communes concernées.
Je suis attaché au maintien de la logique communale - comme vous-même, madame le sénateur - qui a fait la preuve de sa pertinence. Une amélioration de la décentralisation ne peut se traduire par un démembrement de ces trois communes. Je sais d'ailleurs que vous ne le proposez pas.
Je suis prêt à approfondir une réflexion sur ces sujets. Peut-être est-il possible d'organiser un débat parlementaire. Mais on ne peut pas traiter une telle question dans l'urgence ni bouleverser l'ordre des travaux engagés par le Gouvernement, notamment en vue du renforcement et de la simplification de la coopération intercommunale au travers du projet de loi dont le Sénat est actuellement saisi, après une première lecture à l'Assemblée nationale, et qu'il doit d'ailleurs reprendre cet après-midi.
Il y a place certainement pour un échange d'arguments. Peut-être ce débat en sera-t-il l'occasion ou peut-être faudra-t-il trouver ce que l'on appelle une « niche » parlementaire pour en parler. Mais il me semble qu'un peu de bonne volonté, notamment de la part de M. le maire de Paris, devrait permettre de lever les ambiguïtés qui peuvent subsister sur ce sujet.
C'est ce que je souhaite pour ma part sans que, naturellement, cela empêche l'expression de vues plus générales. C'est aussi le rôle du Parlement.
Mme Nicole Borvo. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le ministre, je vous remercie de votre réponse. J'apprécie que vous soyez ouvert à une réflexion sur ces problèmes. Je voulais vous faire remarquer que les dotations directement gérées par les mairies d'arrondissement à Paris sont estimées, à l'heure actuelle, à 2 francs par habitant, ce qui montre la limite des transferts de compétence.
Une extension des compétences dévolues aux maires, qui concernerait la gestion de tous les équipements locaux, des caisses des écoles et des centres sociaux, l'attribution d'une partie des logements relevant de la commune ou de sociétés d'économie mixte, suppose des moyens financiers réels et des personnels adaptés.
La proposition de loi que nous avons déposée, comme vous l'avez remarqué vous-même, monsieur le ministre, préserve complètement l'unité de la ville tout en confortant l'exercice de la citoyenneté et la gestion de proximité.
Je pense donc que ce cadre permettra de nouvelles avancées et qu'effectivement, si nous avons la volonté de mener ce débat, nous pourrons aboutir à des améliorations réelles en appliquant déjà la loi mais aussi en apportant quelques modifications allant dans le sens d'une volonté de participation réelle des citoyens, notamment à Paris, afin de leur conférer un droit de regard plus important sur la vie locale.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Ma réponse sera brève, madame le sénateur.
Je me suis entretenu récemment avec M. le maire de Paris, là où le problème se pose particulièrement, sans vouloir cependant m'immiscer dans les affaires intérieures de la Ville de Paris. Il m'a indiqué qu'il envisageait de dresser le tableau des équipements qui doivent faire l'objet d'une délibération du Conseil de Paris et dont la gestion pourrait être effectivement confiée aux mairies d'arrondissements.
Je ne saurais donc mieux faire que de vous inviter à vous rapprocher de M. le maire de Paris de façon que ces choses-là soient aussi claires que possible.
M. le président. Mes chers collègues, l'ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à seize heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à onze heures quarante-cinq, est reprise à seize heures cinq.)

M. le président. La séance est reprise.

3

CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS

M. le président. La conférence des présidents a établi comme suit l'ordre du jour des prochaines séances du Sénat :

Mercredi 28 avril 1999 :

A quinze heures et, éventuellement, le soir :

Ordre du jour établi en application de l'article 48,
dernier alinéa, de la Constitution

A quinze heures et, éventuellement, le soir :
1° Question orale avec débat n° 12 de M. Hubert Haenel à Mme Elisabeth Guigou, garde des sceaux, ministre de la justice, sur la redéfinition des responsabilités des maires.
En application des premier et deuxième alinéas de l'article 82 du règlement, la conférence des présidents a fixé à trois heures la durée globale du temps dont disposeront, dans le débat sur cette question, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mardi 27 avril 1999.
2° Résolution de la commission des lois sur le projet de décision du Conseil déterminant les bases juridiques pour l'acquis de Schengen, qui a été révisé à la suite de la réunion du groupe « Acquis de Schengen » des 14 et 15 mai (n° E 1219) (n° 299, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au mardi 27 avril 1999, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à cette résolution.
Jeudi 29 avril 1999 :
A neuf heures trente :

Ordre du jour prioritaire

1° Suite du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale (n° 220, 1998-1999).
A quinze heures :
2° Questions d'actualité au Gouvernement sur la situation au Kosovo.
Les groupes et la réunion administrative des sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe pourront poser chacun une question d'actualité ; chaque intervenant disposera d'un temps de parole de cinq minutes maximum.
Le Gouvernement répondra ensuite à l'ensemble des orateurs.

Ordre du jour prioritaire

3° Projet de loi constitutionnelle, adopté par l'Assemblée nationale, insérant au titre VI de la Constitution un article 53-2 et relatif à la Cour pénale internationale (n° 302, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé :
_ à l'ouverture de la discussion générale le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi constitutionnelle ;
_ à trois heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mercredi 28 avril 1999.
En application de l'article 59 du règlement, il sera procédé à un scrutin public ordinaire lors du vote sur l'ensemble du projet de loi constitutionnelle.
4° Projet de loi autorisant la ratification de la convention sur la lutte contre la corruption d'agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales, faite à Paris le 17 décembre 1997 (n° 172, 1998-1999).
5° Projet de loi autorisant la ratification de la convention établie sur la base de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne relative à la protection des intérêts financiers des Communautés européennes, faite à Bruxelles le 26 juillet 1995 (n° 173, 1998-1999.
6° Projet de loi autorisant la ratification du protocole établi sur la base de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne à la convention relative à la protection des intérêts financiers des Communautés européennes, fait à Dublin le 27 septembre 1996 (n° 174, 1998-1999).
7° Projet de loi autorisant la ratification du protocole établi sur la base de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne concernant l'interprétation, à titre préjudiciel, par la Cour de justice des Communautés européennes de la convention relative à la protection des intérêts financiers des Communautés européennes, fait à Bruxelles le 29 novembre 1996 (n° 175, 1998-1999).
8° Projet de loi autorisant la ratification de la convention établie sur la base de l'article K. 3, paragraphe 2, point c, du traité sur l'Union européenne relative à la lutte contre la corruption impliquant des fonctionnaires des Communautés européennes ou des fonctionnaires des Etats membres de l'Union européenne, faite à Bruxelles le 26 mai 1997 (n° 177, 1998-1999).
9° Projet de loi autorisant la ratification du deuxième protocole établi sur la base de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne à la convention relative à la protection des intérêts financiers des Communautés européennes, fait à Bruxelles le 19 juin 1997 (n° 176, 1998-1999).
La conférence des présidents a décidé que ces cinq projets de loi feraient l'objet d'une discussion générale commune.
Mardi 4 mai 1999 :

Ordre du jour prioritaire

A dix heures et à seize heures :
Suite du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale (n° 220, 1998-1999).
Mercredi 5 mai 1999 :

Ordre du jour prioritaire

A neuf heures trente, à quinze heures et le soir :
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif à l'épargne et à la sécurité financière (n° 273, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé :
_ au lundi 3 mai 1999, à seize heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi ;
_ à trois heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel il a été procédé au début de la session et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le mardi 4 mai 1999.
Jeudi 6 mai 1999 :
A neuf heures trente :

Ordre du jour prioritaire

1° Suite du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif à l'épargne et à la sécurité financière (n° 273, 1998-1999).
A quinze heures :
2° Questions d'actualité au Gouvernement.
L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la séance, avant onze heures.

Ordre du jour prioritaire

3° Suite de l'ordre du jour du matin.
Mardi 11 mai 1999 :
A neuf heures trente :
1° Dix-huit questions orales sans débat.
L'ordre d'appel des questions sera fixé ultérieurement.
_ N° 396 de M. Franck Sérusclat à M. le ministre de l'intérieur (Asile territorial) ;
_ N° 423 de M. Jean-Marc Pastor à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (Réforme du système de mutation des enseignants) ;
_ N° 442 de Mme Marie-Claude Beaudeau à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie (Statut de l'IEDOM) ;
_ N° 465 de M. Gérard Delfau à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (Aide à la reconversion du bassin minier de Graissessac) ;
_ N° 474 de M. Adrien Gouteyron à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (Modernisation de la ligne SNCF Le Puy-en-Velay - Saint-Etienne) ;
_ N° 482 de M. Xavier Darcos à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale (Indemnisation des malades contaminés par le virus de l'hépatite C post-transfusionnelle) ;
_ N° 484 de M. Bernard Dussaut à M. le ministre de l'intérieur (Statut des caisses des écoles) ;
_ N° 492 de M. André Vallet à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie (Présentation des avis d'impôts locaux) ;
_ N° 497 de M. Yann Gaillard à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (Horaires de fermeture des gares SNCF) ;
_ N° 499 de M. Christian Bonnet à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice (Situation du centre pénitentiaire de Ploemeur) ;
_ N° 501 de M. Michel Esneu à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie (Réforme du droit au bail) ;
_ N° 502 de M. Fernand Demilly à M. le ministre de la défense (Avion de transport militaire du futur [ATF]) ;
_ N° 503 de M. René Marquès à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie (Aide aux rapatriés) ;
_ N° 505 de Georges Mouly transmise à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice (Responsabilité pénale des élus) ;
_ N° 510 de M. Jean Bizet à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche (Commercialisation des produits issus du lait cru et protection du consommateur) ;
_ N° 517 de Mme Marie-Madeleine Dieulangard à Mme le ministre délégué chargé de l'enseignement scolaire (Financement de la distribution de lait dans les écoles) ;
_ N° 518 de M. Jean Chérioux à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité (Conséquences de la réduction de l'exonération de cotisations sociales bénéficiant aux personnes âgées employant une personne à domicile) ;
_ N° 519 de M. Roland du Luart à M. le ministre de l'intérieur (Conditions de détention des armes à feu).
A seize heures :

Ordre du jour prioritaire

2° Discussion, en deuxième lecture, de la proposition de loi, adoptée avec modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, relative au pacte civil de solidarité (n° 310, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au lundi 10 mai 1999, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à cette proposition de loi.
3° Discussion, en deuxième lecture, du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, renforçant l'efficacité de la procédure pénale (n° 306, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au lundi 10 mai 1999, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
A vingt et une heures trente :

Ordre du jour prioritaire

4° Discussion, en deuxième lecture, de la proposition de loi, adoptée avec modifications par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, tendant à limiter les licenciements des salariés de plus de cinquante ans (n° 253, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au lundi 10 mai 1999, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à cette proposition de loi.
5° Discussion, en deuxième lecture, du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale, modifiant l'ordonnance n° 82-283 du 26 mars 1982 portant création des chèques-vacances (n° 275, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au lundi 10 mai 1999, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
Mercredi 12 mai 1999 :

Ordre du jour prioritaire

A quinze heures :
Suite de l'ordre du jour du mardi 11 mai 1999 après-midi.
Mardi 18 mai 1999 :
A neuf heures trente :
1° Quinze questions orales sans débat.
L'ordre d'appel des question sera fixé ultérieurement.
_ N° 411 de M. Jean-Marie Poirier à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (Restructuration de l'aéroport d'Orly) ;
_ N° 437 de M. Alain Gournac à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité (Calcul de l'aide sociale pour la prise en charge des adultes handicapés) ;
_ N° 476 de M. Dominique Leclerc à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité (Budget des hôpitaux publics) ;
_ N° 479 de M. Bernard Piras à M. le ministre de la défense (Service national et report d'incorporation) ;
_ N° 491 de M. Roger Besse à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche (Conditions d'attribution de l'indemnité spéciale de montagne) ;
_ N° 496 de Mme Nicole Borvo à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie (Organismes de recherche et marchés publics) ;
_ N° 500 de M. Guy Vissac à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (Développement de la ligne Clermont-Nîmes) ;
_ N° 504 de M. Paul Masson à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (Trafic routier dans le Loiret) ;
_ N° 507 de M. Paul Girod à M. le ministre de l'intérieur (Réglementation de la détention d'armes à feu) ;
_ N° 508 de M. Alain Gérard à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (Mission de « Radio Conquet ») ;
_ N° 511 de M. Henri de Richemont à M. le secrétaire d'Etat à la santé et à l'action sociale (Classification des boissons alcoolisées) ;
_ N° 513 de M. Jean-Jacques Robert à M. le ministre de l'intérieur (Recrudescence des stationnements illégaux des gens du voyage sur les parkings privés) ;
_ N° 515 de M. Jean-Pierre Cantegrit à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité (Situation de la Caisse de sécurité sociale des Français à l'étranger) ;
_ N° 522 de M. Jean-Claude Peyronnet à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (Réforme du système d'aides de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) ;
_ N° 523 de M. Jean-Claude Carle à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (Politique de diversification des modes de transport).
A seize heures et le soir :

Ordre du jour prioritaire

2° Proposition de loi, adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la délivrance des grades dans les disciplines relevant des arts martiaux (n° 274, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au lundi 17 mai 1999, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à cette proposition de loi.
3° Nouvelle lecture du projet de loi d'orientation agricole, adopté par l'Assemblée nationale en nouvelle lecture (n° 311, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au lundi 17 mai 1999, à douze heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
Mercredi 19 mai 1999 :

Ordre du jour prioritaire

A quinze heures et, éventuellement, le soir :
Suite de l'ordre du jour de la veille.
Jeudi 20 mai 1999 :
A neuf heures trente :

Ordre du jour prioritaire

1° Projet de loi portant organisation de la réserve militaire et du service de la défense (n° 171, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au mardi 18 mai 1999, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
2° Projet de loi relatif au référé devant les juridictions administratives (n° 269, 1998-1999).
La conférence des présidents a fixé au mardi 18 mai 1999, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
A quinze heures :
3° Questions d'actualité au Gouvernement.
L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la séance avant onze heures.
4° Suite de l'ordre du jour du matin.
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence des présidents relatives à la tenue des séances ?...
Ces propositions sont adoptées.
Mes chers collègues, je tiens à vous préciser que, le jeudi 20 mai 1999, à quatorze heures quinze, dans la salle des séances, il sera procédé au dévoilement d'une plaque à la mémoire du président Alain Poher.

4

RAPPELS AU RÈGLEMENT
SUITE AUX ÉVÉNEMENTS DE CORSE

M. Josselin de Rohan. Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. La parole est à M. de Rohan.
M. Josselin de Rohan. Des événements d'une extrême gravité se sont produits en Corse, qui portent atteinte à l'honneur et au crédit de la République.
Il est invraisemblable de voir qu'une unité d'élite, que des forces qui sont chargées de veiller sur les biens et la sécurité des citoyens aient pu être impliquées dans une affaire aussi louche que celle à laquelle nous assistons et qui est digne d'une république bananière.
Monsieur le ministre, vous et moi avons été des condisciples du préfet Erignac, qui a été assassiné dans des conditions odieuses, en Corse, parce qu'il personnifiait la République et qu'il luttait contre la division du territoire.
Ses assassins courent encore et bénéficient de l'impunité. Nous ne pouvons pas nous résigner à voir ce qui se produit dans ce département français. Nous voulons connaître les coupables et ceux qui ont donné l'ordre de se livrer à cette basse opération.
Nous attendons de vous, dont nous connaissons les convictions républicaines, que vous mettiez un terme à cet affreux désordre et que l'Etat soit enfin respecté et honoré en Corse. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Jean Arthuis. Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président. La parole est à M. Arthuis.
M. Jean Arthuis. Mon intervention porte sur un événement qui s'est déroulé en Corse, le week-end passé : l'incendie d'un restaurant de plage qui a entraîné la mise en examen, lundi soir, à Ajaccio, d'un officier supérieur de la gendarmerie et de deux membres du groupe de peloton de sécurité. Ce lieutenant et cet adjudant-chef du GPS ont été mis en examen pour « destruction volontaire d'un bien appartenant à autrui par l'effet d'un incendie, en bande organisée ».
Ces faits d'une gravité sans précédent mettent en cause l'autorité de l'Etat. Monsieur le ministre de l'intérieur, vous avez d'ailleurs convoqué ce matin le préfet de Corse, M. Bonnet.
Croyez bien que, sur toutes les travées de cette assemblée, nous étions avec vous au lendemain du lâche assassinat du préfet Erignac. Il faut que l'état de droit soit respecté en Corse. Or, la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui est sans précédent.
Qui peut imaginer qu'un colonel de gendarmerie ait pu être mêlé à des faits de cette nature sans avoir préalablement reçu un ordre d'une autorité, soit du préfet, soit d'un échelon supérieur ? Le Sénat a besoin de connaître la vérité.
Puisque vous êtes parmi nous aujourd'hui, monsieur le ministre, pourriez-vous nous apporter des éclaircissements. L'Etat et la République ne doivent pas être remis en cause (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants, du RPR, ainsi que sur les travées du RDSE.)
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, il est évident que les événements survenus en Corse portent un coup à la politique de rétablissement de l'état de droit.
La justice est saisie, elle doit faire la lumière. A ce stade, aucune hypothèse ne peut ni ne doit être exclue.
La présomption d'innocence existe. Il convient par conséquent de vérifier si la version des faits qui a été donnée par les gendarmes tient la route. Je connais bien cette arme pour en avoir été un temps le responsable.
Si tel n'était pas le cas, il ne faudrait exclure aucune autre hypothèse, y compris celle d'une manipulation.
Rien ne permet - en tout cas pas ses antécédents - à Me Sollacaro de demander la démission du préfet, M. Bernard Bonnet, qui s'est acquitté avec courage et détermination de la mission qui lui a été confiée par le Gouvernement. Seule la justice peut aujourd'hui faire la lumière.
Naturellement, le Gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires, appliquera toutes les sanctions...
M. Gérard César. Toutes ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. ... qui paraîtront s'imposer pour que soit maintenu le cap de la politique de retour à l'état de droit qui a été choisie et solennellement affirmée aussi bien par M. le Président de la République que par M. le Premier ministre, à Ajaccio, au mois de février 1998, au lendemain de l'assassinat de Claude Erignac. Monsieur le président de Rohan, nous lui devons cela.
Le respect de l'état de droit s'impose à tous, à commencer à ceux qui ont la charge de le rétablir. Soyez sûrs que la détermination du Gouvernement sera sans faille. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)

5

RENFORCEMENT ET SIMPLIFICATION
DE LA COOPÉRATION INTERCOMMUNALE

Suite de la discussion
d'un projet de loi déclaré d'urgence

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 220, 1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale. [Rapport n° 281 (1998-1999) et avis n° 283 (1998-1999).]
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 44.

Article 44



M. le président.
« Art. 44. - Les personnels employés à la date de promulgation de la présente loi par une association dont l'objet et les moyens sont transférés dans leur intégralité à une collectivité territoriale ou à un établissement public de coopération intercommunale ou à un syndicat mixte dans le cadre de la constitution d'une régie dans les conditions fixées à l'article L. 1412-2 du code général des collectivités territoriales, et qui sont recrutés dans ce cadre par ladite collectivité ou ledit établissement, peuvent continuer à bénéficier des dispositions du contrat qu'ils ont souscrit en tant qu'elles ne dérogent pas aux dispositions légales et réglementaires régissant les agents non titulaires de la fonction publique territoriale. Sont applicables à ces contrats les conditions de durée résultant du troisième alinéa de l'article 3 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale.
« Par dérogation à l'article L. 122-9 du code du travail, les personnes recrutées dans les conditions fixées à l'alinéa précédent ne perçoivent pas d'indemnités au titre du licenciement lié à la dissolution de l'association. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 371, MM. Bret et Foucaud, les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de rédiger ainsi cet article :
« Il est inséré, après l'article 38 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - Les personnels employés par une association, une société d'économie mixte ou une société privée, dont l'objet et les moyens sont transférés dans leur intégralité ou en partie à une collectivité territoriale ou à un de ses établissements ou à un établissement public de coopération intercommunale ou à un syndicat mixte sont recrutés à leur demande dans ce cadre par ladite collectivité ou ledit établissement en qualité de fonctionnaires.
« Les agents qui ne pourraient être intégrés dans le cadre d'emplois existant bénéficient à titre personnel d'un contrat à durée indéterminée et conservent leur droit à titularisation dès que les conditions seront remplies.
« Les modalités de recrutement dans ce cadre, notamment en matière de niveau de recrutement, de conditions d'accès à la fonction publique territoriale et de reprise d'ancienneté sont fixées par un décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 146, M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, propose de rédiger comme suit la première phrase du premier alinéa de l'article 44 :
« Les personnels employés par une association chargée de la gestion d'un service public administratif créée avant la date de promulgation de la présente loi dont la dissolution résulte du transfert intégral de son objet et des moyens corrélatifs à une collectivité territoriale, à un établissement public de coopération intercommunale ou à un syndicat mixte, et qui sont recrutés par cette collectivité, cet établissement ou ce syndicat pour la gestion de ce service public peuvent continuer à bénéficier des stipulations de leur contrat de travail antérieur lorsqu'elles ne dérogent pas aux disposition légales et réglementaires régissant les agents non titulaires de la fonction publique territoriale. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 520, présenté par le Gouvernement, et tendant, dans le texte de l'amendement n° 146 :
1° A supprimer les mots : « chargée de la gestion d'un service public administratif ».
2° A remplacer les mots : « pour la gestion de ce service public » par les mots : « pour la gestion d'un service public administratif ».
La parole est à M. Bret, pour défendre l'amendement n° 371.
M. Robert Bret. Cet amendement a pour objet de remédier à la situation juridique fragile des associations para-administratives et de leurs personnels. Ces difficultés juridiques ont été mises en lumière par l'application de la loi Sapin, laquelle a amené les chambres régionales des comptes à interpeller de nombreuses collectivités.
Celles-ci ont donc procédé, depuis cinq ans, à des réintégrations des services assurés dans l'optique de la gestion publique : ce sont les « remunicipalisations ».
Dans ces circonstances, le choix pour les personnels est limité : ils doivent se résoudre soit au licenciement pur et simple, soit à l'embauche au plus bas de la grille, à l'échelle 2. Il en a souvent découlé des pertes importantes pour les salariés, que ce soit en termes de rémunération ou de stabilité de l'emploi.
Dans sa rédaction actuelle, l'article 44 constitue certes une première réponse, mais sa formulation est insatisfaisante, car il laisse subsister des problèmes de cohérence statutaire.
Tout d'abord, les dispositions proposées s'inscrivent exclusivement dans le cas de constitution de régies individualisées. Cette condition limitative ne nous semble pas opportune, car cela aboutit à créer des inégalités de droit au regard des conditions dans lesquelles les collectivités ont réintégré des activités et des salariés.
L'article vise uniquement les personnels employés à la date de promulgation de la loi, ce qui exclut les salariés embauchés entre cette date et l'éventuelle « remunicipalisation ».
On voit bien ce que cette disposition pourrait avoir de fâcheux et les problèmes qu'elle pourrait engendrer.
Nous pensons qu'il faudrait, au contraire, en la matière, instaurer un dispositif permanent, comme cela est d'ailleurs le cas dans la fonction publique hospitalière.
La solution envisagée consiste simplement à assurer la continuité du contrat de travail dans le cadre de l'article 3 du statut-loi du 26 janvier 1984. Là encore, se pose un problème de cohérence pour les salariés qui bénéficient d'un contrat à durée indéterminée.
En effet, ou bien leur contrat peut perdurer du droit privé au droit public - conditions d'accès, notamment la nationalité, existence du cadre d'emploi - ou bien l'on tombe dans les dispositions générales, et leur contrat devient un contrat à durée déterminée.
Aucune solution n'est envisagée pour les salariés de ces associations qui sont d'origine étrangère.
Notre amendement prévoit une intégration des personnels dans le cadre de la grille de la fonction publique à un niveau correspondant à la qualification exercée.
Pour les cas où cela n'est pas possible, nous souhaitons une mesure conservatoire - contrat de droit privé à durée indéterminée - dans l'attente que les conditions d'intégration soient réunies.
Nous proposons également d'étendre ce dispositif au-delà du cas des régies.
Face à ce problème que tous les élus locaux connaissent bien, je vous invite, chers collègues, à adopter cet amendement.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 146.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. L'amendement n° 146 est à l'opposé de l'amendement n° 371. C'est pourquoi la commission est défavorable à l'amendement soutenu à l'instant par notre collègue Robert Bret.
Quel est le sens de notre amendement n° 146 ?
L'article 44 tend à faciliter la reprise, par une collectivité locale, par un établissement public de coopération intercommunale ou par un syndicat mixte, de la gestion d'un service public administratif jusque-là confié à une association, tout en assurant certaines garanties aux personnels - c'est important - précédemment employés par l'association et qui sont recrutés par la collectivité, par l'établissement ou par le syndicat.
C'est précisément l'objet de l'amendement n° 146, et la nouvelle rédaction proposée a trois qualités qui en justifient l'adoption.
D'abord, il améliore la lisibilité de l'article 44, ce qui, dans un texte comme celui-ci, n'apparaît pas inutile.
Ensuite, il évite une inégalité de traitement entre des personnes employées par une même association selon qu'elles auront été recrutées avant ou après la date de promulgation de la présente loi.
Enfin, il permet d'élargir le champ du dispositif à l'ensemble des cas où la collectivité, l'établissement ou le syndicat mixte reprend à son compte la gestion directe du service public administratif, quel que soit le cadre juridique choisi, qui n'est pas nécessairement une régie au sens de l'article L. 1412-2 du code général des collectivités territoriales.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour présenter le sous-amendement n° 520 et pour donner l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 371 et 146.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je pourrais accepter l'amendement n° 146 présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, à condition que soit précisé que l'objet du service repris par une collectivité se rattache bien à un service public administratif. Cette mention devrait être spécifiée dans l'article 44 afin de caractériser l'activité assurée après son transfert par ladite collectivité.
Tel est donc l'objet du sous-amendement n° 520 modifiant ainsi l'amendement n° 146.
Puisque j'ai la parole, j'en profite pour dire à M. Bret, malgré tout le désir que j'ai de faire plaisir au représentant du groupe communiste républicain et citoyen,...
MM. Jean-Patrick Courtois et Dominique Braye. Ah !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. ... que sa proposition « d'esprit conservateur », comme il l'a dit lui-même, me paraît se heurter à un certain nombre de principes auxquels je suis attaché. Je pense au principe d'égal accès aux emplois publics par la voie du concours notamment. Par ailleurs, il paraît difficile de réserver aux agents de droit privé un sort plus favorable que celui qui est reconnu aux candidats aux concours et aux contractuels de droit public des collectivités.
Je suis persuadé, monsieur Bret, que vous accepterez avec moi ce rappel des principes républicains et que vous retirerez votre amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 520 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Favorable.
M. le président. Monsieur Bret, maintenez-vous votre amendement n° 371 ?
M. Robert Bret. Oui, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 371, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 520, accepté par la commission.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 146, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 44, ainsi modifié.

(L'article 44 est adopté.)

Article additionnel après l'article 44



M. le président.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 312 rectifié, MM. Hyest et Vasselle proposent d'insérer, après l'article 44, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'organe délibérant d'un établissement public de coopération intercommunale peut décider du maintien, à titre individuel, des avantages acquis en application de l'article 111, troisième alinéa, de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, au profit des agents affectés dans cet établissement qui bénéficiaient desdits avantages au titre de l'emploi qu'ils occupaient antérieurement dans une commune membre de l'établissement public de coopération intercommunale. »
Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° 330 rectifié est présenté par MM. Courtois, Braye, Cornu, Dufaut, Eckenspieller, Esneu, Fournier, Lassourd, Oudin, Vasselle, Doublet et les membres du groupe du Rassemblement pour la République.
L'amendement n° 400 rectifié est présenté par MM. Bourdin, Emorine et les membres du groupe des Républicains et Indépendants.
Tous deux tendent, après l'article 44, à insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'organe délibérant d'un établissement public de coopération intercommunale peut décider du maintien, à titre individuel, des avantages servis en application de l'alinéa 3 de l'article 111 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 modifiée portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, au profit des agents affectés dans cet établissement qui bénéficiaient desdits avantages au titre de l'emploi qu'ils occupaient antérieurement dans une commune membre de l'établissement public de coopération intercommunale. »
La parole est à M. Hyest, pour défendre l'amendement n° 312 rectifié.
M. Jean-Jacques Hyest. Cet amendement n° 312 rectifié concerne le transfert, de plus en plus fréquent, de compétences telles que la collecte et le traitement des ordures ménagères aux établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre.
Cela risque de poser des problèmes en matière de transfert des personnels.
En effet, dans le cas où les personnels communaux bénéficient des avantages prévus à l'article 111 - 3e alinéa - de la loi portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale, la mutation des personnels au sein des EPCI risque de poser de graves difficultés et de se heurter à des refus, difficultés allant jusqu'à une prise en charge des agents par le Centre national de la fonction publique territoriale ou les centres de gestion, ce qui ne manquerait pas d'affecter l'équilibre financier de ces établissements.
C'est pourquoi nous proposons de prévoir, en cas de transfert de ces personnels, le maintien des dispositions en matière d'avantages acquis.
M. le président. La parole est à M. Courtois, pour présenter l'amendement n° 330 rectifié.
M. Jean-Patrick Courtois. Cet amendement a le même objet que celui que vient de défendre M. Hyest.
M. le président. La parole est à M. Bourdin, pour défendre l'amendement n° 400 rectifié.
M. Joël Bourdin. Le hasard a voulu que cet amendement soit identique au précédent ; je me range donc aux excellents arguments de notre collègue M. Hyest.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ces trois amendements ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Ce sont de bons amendements. Toutefois, dans deux d'entre eux, il est question d'« avantages servis », et, dans le troisième, il est question d'« avantages acquis ».
Compte tenu de l'utilisation habituelle de ces termes, l'expression « avantages acquis » est plus appropriée. Si MM. Courtois et Bourdin voulaient bien se ranger à cette interprétation, le débat serait simplifié et serait facilitée l'adoption d'un amendement qui, en tout état de cause, peut être considéré comme une oeuvre collective. (Sourires.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est conscient du problème qui est posé. Il s'en remet à la sagesse de la Haute Assemblée, en privilégiant toutefois, comme M. Hoeffel vient de le suggérer, la rédaction de l'amendement n° 312 rectifié de MM. Hyest et Vasselle, dans laquelle il est question d'« avantages acquis ».
M. le président. Monsieur Courtois, l'amendement n° 330 rectifié est-il maintenu ?
M. Jean-Patrick Courtois. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 330 rectifié est retiré.
Monsieur Bourdin, qu'en est-il de l'amendement n° 400 rectifié ?
M. Joël Bourdin. Il est également retiré.
M. le président. L'amendement n° 400 rectifié est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 312 rectifié.
M. Robert Bret. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. Mes chers collègues, dans cet amendement, il est proposé des règles de reprise des agents communaux par les établissements publics de coopération intercommunale.
Actuellement, aucune règle n'est prévue par la loi. Cela ne veut pas dire que la reprise des agents communaux travaillant sur les secteurs dont les compétences ont été transférées à un EPCI n'existe pas.
Aujourd'hui, ce sont les conseils municipaux qui, lors des délibérations de création de la communauté, décident des moyens humains et matériels à transférer parallèlement aux compétences.
Il nous semble donc préférable de rester sur cette question en l'état actuel du droit.
Dans cet amendement, il n'est prévu que des solutions individuelles sans critère préétabli. On peut dès maintenant mesurer les distorsions et les différends qui pourraient surgir. En outre, ces dispositions multiplieraient les cas d'emplois fictifs.
Pour toutes ces raisons, notre groupe votera contre cet amendement.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. On ne peut pas laisser passer de telles affirmations de la part de notre collègue du groupe communiste républicain et citoyen !
C'est vraiment méconnaître le fonctionnement de la fonction publique territoriale et le statut des agents de la fonction publique que de laisser sous-entendre qu'il existe des possibilités ou des comportements douteux en matière d'avantages acquis à l'article 111 de la loi de 1984 et que cela est laissé à la libre appréciation des uns et des autres !
Je tenais à réagir sur ce point. Je considère que ce n'est qu'un aparté dans le cadre de cette discussion et qu'il faut le prendre en tant que tel. Je ne doute pas que la Haute Assemblée, dans sa sagesse et dans sa grande majorité, approuvera l'amendement n° 312 rectifié.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 312 rectifié, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 44.

Articles 45 et 46



M. le président.
« Art. 45. - Au troisième alinéa de l'article L. 2123-13 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "du montant total", les mots : "des crédits ouverts au titre" sont supprimés. » - (Adopté.)
« Art. 46. - A l'article L. 1617-4 du code général des collectivités territoriales, les mots : "Les dispositions de l'article L. 1617-3" sont remplacés par les mots : "Les dispositions du présent chapitre". » - (Adopté.)

Article 46 bis



M. le président.
« Art. 46 bis . - Dans le premier alinéa de l'article L. 2112-3 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "à une autre commune, soit", sont insérés les mots : "dans les départements d'outre-mer uniquement". »
Par amendement n° 147, M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. L'article 46 bis, qui a été introduit par l'Assemblée nationale sur proposition de sa commission des lois et qui a recueilli un avis de sagesse du Gouvernement, interdit, sauf dans les départements d'outre-mer, toute érection d'une section de commune en commune séparée, cela afin d'éviter l'émiettement de la carte communale.
Si cette préoccupation peut être partagée, il convient cependant de ne pas figer définitivement cette carte dès lors que la sécession d'une portion de commune s'avère indispensable, ce qui peut arriver, certes rarement.
Si tel devait être le cas, la procédure applicable en la matière précise et donne toutes les garanties nécessaires pour éviter des sécessions intempestives.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je ferai observer que le régime issu de la loi de 1971 est déjà très encadré et que les « défusions » sont très peu nombreuses. Cela dit, le Gouvernement n'est pas défavorable à l'amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 147.
M. Robert Bret. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. Cet amendement vise à la suppression de l'article 46 bis, lui-même prévoyant de ne soumettre que les communes des départements d'outre-mer aux dispositions de l'article L. 2112-3 du code général des collectivités territoriales.
Cet article régit les conditions dans lesquelles peuvent s'exercer le détachement d'une section de commune ou d'une portion du territoire d'une commune, soit pour la rattacher à une autre, soit pour l'ériger en commune séparée.
En supprimant l'article 46 bis , la commission des lois souhaite conserver toute la portée de l'article L. 2112-3.
Il est vrai, pourtant, que l'Assemblée nationale, en visant à réduire l'émiettement communal, posait une réelle question.
La France compte plus de 36 600 communes. Si nous sommes nombreux à penser qu'il faut les préserver et qu'elles continuent de jouer un rôle important dans l'organisation de nos institutions, faut-il pour autant conserver des dispositions qui permettent une plus grande atomisation des territoires ?
La réponse à cette question se trouve aisément si l'on regarde du côté des départements d'outre-mer, notamment de la Réunion, où les communes sont peu nombreuses - 34 - pour des territoires importants.
La carte administrative réunionnaise justifie aisément l'article 46 bis.
Cela dit, la question reste posée pour la France métropolitaine : le groupe communiste républicain et citoyen ne souhaite pas contribuer à une atomisation des communes alors que, par ce texte, nous cherchons à créer des coopérations, des synergies de projets intercommunaux.
En conséquence, notre groupe votera contre l'amendement n° 147.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 147, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 46 bis est supprimé.

Article additionnel après l'article 46 bis
ou après l'article 46 quater



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 287, M. Diligent propose d'insérer, après l'article 46 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 2113-1 du code général des collectivités territoriales est complété par la phrase suivante :
« Cette décision ne peut intervenir que dans l'année suivant le renouvellement municipal. »
Par amendement n° 343, M. Türk propose d'insérer, après l'article 46 quater, un article additionnel ainsi rédigé :
« Au début de l'article L. 2113-1 du code général des collectivités territoriales, sont ajoutés les mots suivants :
« Dans l'année qui suit le renouvellement général des conseils municipaux, ».
La parole est à M. Diligent, pour présenter l'amendement n° 287.
M. André Diligent. La décision de fusionner entre communes revêt un caractère tout particulier. Il semble donc impensable, à une époque où l'on parle de rapprocher les décideurs des populations, que le sort d'une commune, son avenir, soient décidés sans que ceux qui en décideront connaissent l'opinion de la population.
On consulte les populations sur toutes sortes de problèmes alors que des conseils municipaux peuvent, avec l'approbation du préfet, prendre des décisions en matière de fusion sans connaître l'opinion de la population.
C'est la raison pour laquelle je souhaite que celle-ci se prononce par le biais d'une consultation et je demande donc que la décision ne puisse intervenir que dans l'année du renouvellement du conseil municipal.
En effet, le meilleur moment pour ce genre de consultation, c'est évidemment le renouvellement du conseil municipal et la campagne qui le précède. Il faut que chacun puisse débattre librement, donner son avis afin que les conseils municipaux et le préfet soient éclairés au moment de prendre leur décision.
M. le président. La parole est à M. Türk, pour défendre l'amendement n° 343.
M. Alex Turk. L'amendement que j'ai déposé s'inscrivant dans la même logique que l'amendement n° 287 de M. Diligent, je me range à l'argumentation de ce dernier et je retire mon amendement au bénéfice du sien.
M. le président. L'amendement n° 343 est retiré.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 287 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. L'amendement n° 287 paraît sans rapport avec le texte en discussion, qui traite de l'intercommunalité et non des règles relatives aux fusions de communes.
Convient-il de limiter la volonté des élus ou des citoyens qui souhaitent s'engager dans un processus de regroupement ? Le Gouvernement ne le croit pas. Les fusions constituent un moyen de lutter contre l'émiettement communal, dont chacun mesure les inconvénients.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 287.
M. Pierre Mauroy. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Mauroy.
M. Pierre Mauroy. Malgré le respect et la sympathie que j'éprouve pour la personne de M. Diligent, force m'est de constater qu'il est un spécialiste de ces amendements qui interviennent dans un contexte très politicien.
La dernière fois - le Sénat s'en souvient sans doute - c'était pour dire que tous les maires devaient être représentés au conseil de communautés, ce qui était très bien.
Mais, après la victoire de la gauche aux dernières élections municipales, cela revenait encore à accentuer une contradiction entre ce que voulaient les électeurs et les électrices et ce que souhaitait M. Diligent. Autrement dit, à l'échelon de la communauté, on courait le risque que, au lieu de suivre les électeurs et les électrices, on prenne la décision inverse.
Pourtant, dans sa grande générosité, la gauche s'est félicitée de voir les maires siéger au conseil communautaire. Par conséquent, après en avoir discuté avec les représentants du Gouvernement, nous avons dit que, non seulement cette disposition ne devait surtout pas être modifiée, mais qu'il fallait même la renforcer.
Aujourd'hui, M. Diligent dénie aux maires le droit de prendre, en accord avec leur conseil municipal, la décision de s'associer. Je m'interroge : veut-on l'intercommunalité ?
Je préside une communauté urbaine de 87 communes. On peut discuter sur le point de savoir si on doit constituer impérativement un ensemble unique ou s'il faudra procéder par étapes, ce qui prendra une génération, mais, en tout état de cause, il faut permettre aux communes qui le souhaitent véritablement de s'associer ; cette possibilité, qui existe depuis la première loi sur les associations, a été utilisée par un certain nombre de communes.
En tout cas, monsieur Diligent, vous vous contredisez ! Hier, vous étiez pour le pouvoir des maires, et je vous ai suivi, le Gouvernement aussi. Aujourd'hui, vous y êtes opposé, alors que je ne vois pas quelles conséquences négatives peut avoir sur l'évolution de la communauté urbaine de Lille la décision de deux communes de s'associer à elle.
Lille s'est associée à la commune d'Hellemmes, pour le bien de l'une comme de l'autre. La commune de Lomme veut également s'associer à la commune de Lille. Je pense que le Sénat prendrait une mesure très conservatrice s'il n'acceptait pas cette évolution tout à fait naturelle. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. André Diligent. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent. Malgré tout le respect que j'éprouve, moi aussi, pour l'ancien Premier ministre, je suis stupéfait de ce que j'entends.
D'abord, le problème posé est un problème de fusion, et à ce titre relève bien de ce projet de loi.
Ensuite, j'ai eu des contacts avec l'association des maires des villes associées, que vous connaissez bien, monsieur le ministre de l'intérieur, puisque c'est, je crois, un de vos amis qui la préside. C'est une association très importante qui regroupe plusieurs centaines de maires qui estiment qu'ils ont été dupés, qu'ils sont devenus des sous-citoyens. On leur a fait des promesses qui n'ont pas pu être tenues. Ils veulent donc, simplement, qu'à l'avenir ceux qui risquent de « tomber dans le panneau » soient bien au courant de tout, et que la population soit dorénavant consultée.
Il est inconcevable d'affirmer que les maires n'ont pas à consulter la population, que ce sont quelques maires qui prendront la décision de rayer une commune de l'histoire : car les communes associées ne sont plus des communes ! Je vois encore, dans le Larousse de je ne sais plus quelle année : « commune d'Hellemmes, ancienne grande ville devenue maintenant un quartier de la banlieue de Lille ». (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste. - Protestations sur les travées socialistes.) C'est encore pire que cela ! Je suis en-dessous de la vérité. Je vous enverrai une photocopie de la page de ce dictionnaire.
M. Paul Raoult. C'est scandaleux !
M. le président. Mes chers collègues, ne vous provoquez pas !
M. Pierre Mauroy. Mais qu'est-ce que cela démontre ?
M. André Diligent. Cela démontre qu'on n'a pas le droit...
M. le président. Monsieur Diligent, veuillez parler dans le micro.
M. André Diligent. Si M. Mauroy parle dans mon dos, il faut bien que je me retourne pour lui répondre !
En tout cas, je tiens à dire qu'on ne peut pas refuser de consulter une population avant d'engager la commune dans une action déterminante. N'oubliez pas, mes chers collègues, qu'il existe deux sortes de fusions. Hier, au conseil de la communauté urbaine de Lille, M. Delebarre a tenu des propos qui n'ont pas plu à M. Mauroy.
M. le président. Cela peut arriver ! (Sourires.)
M. André Diligent. C'était à midi et quart, monsieur Mauroy, vous êtes tout à fait au courant.
M. Pierre Mauroy. Absolument pas ! De quoi parlez-vous ?
M. André Diligent. M. Delebarre s'est exprimé pour les associations, mais contre les fusions pures et simples.
M. Pierre Mauroy. Mais ce sont des associations qu'on propose !
M. André Diligent. Il existe deux sortes de fusion : la fusion directe et la fusion avec une commune associée. Ce que je demande, c'est que, de toute façon, la population soit consultée. C'est ce que disait hier M. Delebarre, quand il se plaignait d'avoir été plus ou moins, je ne dis pas roulé, mais abusé dans cette opération de fusion. Il souhaitait qu'il n'y ait plus de fusion directe et donnait à l'appui de ses dires des exemples pris dans l'environnement, dans un quartier de Dunkerque, notamment.
M. Pierre Mauroy. Monsieur le président, avec votre permission, je souhaite préciser (Rires et exclamations sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste)...
M. le président. Monsieur Mauroy, vous n'avez pas la parole.
M. Pierre Mauroy. Je souhaite simplement rapporter les propos exacts de M. Delebarre.
M. le président. Je vous donnerai la parole pour explication de vote tout à l'heure.
M. Pierre Mauroy. Je veux rectifier ce qu'a dit M. Diligent au sujet de M. Delebarre.
M. André Diligent. La meilleure des rectifications sera le procès-verbal de la séance ; j'espère qu'il ne sera pas corrigé !
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Mes chers collègues, vous pardonnerez un membre de cette assemblée qui n'est pas élu de la communauté urbaine de Lille de prendre la parole, Mais placer le débat à un niveau plus général me paraît tout à fait souhaitable.
M. Jean-Louis Carrère. Cela vous va bien !
M. le président. Monsieur Carrère, n'interrompez pas l'orateur !
M. Jean-Louis Carrère. Mais lui n'arrête pas de le faire ! (Rires.)
M. le président. Monsieur Braye, vous seul avez la parole.
M. Dominique Braye. Personne ne peut me reprocher, je crois, d'être contre l'intercommunalité ; j'en suis, depuis toujours, un fervent défenseur.
J'ai entendu les arguments de M. Mauroy. Je ne me prononcerai pas sur le côté politicien des propos qu'il a tenus, je dirai simplement qu'il existe une énorme différence entre l'intercommunalité et la fusion de communes.
Le Sénat a souhaité faire en sorte qu'il y ait plusieurs niveaux de décision en fonction de l'intégration. M. le rapporteur a proposé un amendement, qui a été adopté, selon lequel la transformation d'un district en communauté d'agglomération ne dépendait pas d'une simple décision du conseil communautaire, mais devait être soumise aux différents conseils municipaux, de façon que le débat soit plus démocratique et que la décision procède d'une véritable légitimité.
Le fait de fusionner deux communes et donc de faire disparaître chacune d'elles suppose manifestement un acte reposant sur une indéniable légitimité. Effectivement, seul le référendum peut le permettre.
Le problème n'a rien à voir avec l'intercommunalité, mais on ne peut pas dire, comme M. Mauroy, que l'amendement en question n'a rien à voir avec un texte relatif à l'intercommunalité et prendre immédiatement après argument de l'intercommunalité. Je suis bien d'accord avec vous, monsieur Mauroy, le problème posé n'a rien à voir avec l'intercommunalité. Mais la fusion de communes emportant la disparition de communes, elle doit s'opérer selon des procédures dont la légitimité ne pourra être mise en cause ultérieurement. Cela me paraît excessivement important. C'est pourquoi je voterai, bien sûr, l'amendement proposé par M. Diligent. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Pierre Mauroy. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. M. Mauroy, je vous donne la parole pour explication de vote, mais j'appelle votre attention sur le fait que, en vertu de notre règlement, M. Diligent ne pourra pas vous répondre.
M. Pierre Mauroy. Je souhaite simplement, monsieur le président, évoquer ce que M. Delebarre, président du conseil régional de Nord - Pas-de-Calais et maire de Dunkerque, a déclaré hier.
Après avoir rappelé que quatre communes avaient fusionné - à l'époque, la loi ne prévoyait pas la possibilité de l'association de communes -, il a expliqué que, en tant que maire de Dunkerque, il avait été obligé de rétablir, dans les anciennes communes maintenant fusionnées, des conseils de quartier ou des structures de ce type, parce que la loi sur les fusions était mauvaise. Il a précisé que, si c'était à refaire, il choisirait l'association, parce que la loi sur les associations, elle, est bonne en ce qu'elle permet à toutes les communes associées de garder leur conseil municipal et certaines de leurs compétences.
De fait, l'expérience montre que toutes les associations de communes fonctionnent bien.
De toute façon, dans un pays qui compte 36 000 communes, vouloir le développement de l'intercommunalité, c'est bien, mais il est encore mieux d'accepter que deux communes qui le veulent puissent s'associer : cela va dans le sens de l'avenir.
J'ajoute qu'une commission sera mise en place, que chacune des communes proposera un programme et pourra associer la population à la démarche. Un référendum ne permet de répondre que par oui ou par non à une question ; d'ailleurs, la plupart du temps, les gens ne répondent pas à la question posée. En revanche, les élections municipales qui suivront la décision d'association permettront à la population de se prononcer.
M. Dominique Braye. Trop tard !
M. Pierre Mauroy. Si le maire de Lomme s'est trompé, il devra en tirer les conséquences.
M. Dominique Braye. Devrait-il craindre le suffrage universel ?
M. Pierre Mauroy. Mais on sait bien que vous avez des points de vue conservateurs, et à peu près sur tout ! Permettez-nous de faire avancer la France au moins sur ce plan. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Alex Turk. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Turk.
M. Alex Turk. Je voudrais d'abord préciser que c'est bien la première fois que j'entends dire qu'il y a eu deux lois distinctes, l'une sur la fusion, l'autre sur l'association : c'est complètement contraire à notre droit positif. Mais peu importe !
Ce qu'il faut bien préciser, c'est que cette loi n'a jamais été conçue pour résoudre les problèmes électoraux dans les grandes villes. Elle visait à permettre aux petites communes de mettre leurs moyens en commun pour améliorer la vie quotidienne de leurs habitants. Il ne s'agissait donc pas du tout de faire en sorte qu'une grande ville où la majorité en place risquait d'être menacée lors des élections municipales suivantes puisse récupérer une réserve de voix dans une ville voisine, qui compte tout de même 25 000 ou 30 000 habitants !
M. Dominique Braye. Cela est dit et bien dit !
M. Pierre Mauroy. Vous êtes angélique, monsieur Türk !
M. Alex Turk. D'ailleurs, les autres amendements qui vont venir en discussion dans quelques instants montrent à quel point il est extrêmement difficile d'appliquer la loi de 1971 dans des hypothèses comme celle-là.
Enfin, comment M. Mauroy peut-il mettre sur le même plan le fait que des électeurs puissent se prononcer après la décision de fusion, à l'occasion des élections municipales, et le fait qu'ils soient consultés préalablement, par référendum ?
M. Alain Vasselle. Tout à fait !
M. Alex Turk. Cela relève tout de même d'une vision archaïque, pour le coup, de la démocratie ! Ce qui est moderne, c'est de considérer que les électeurs souhaitent pouvoir donner leur point de vue a priori et non a posteriori. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 287, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. Pierre Mauroy. Adopté, certes, mais difficilement ! (Sourires.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 46 bis.

Article additionnel après l'article 46 bis
ou après l'article 46 nonies



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 260 rectifié, MM. Legendre, Courtois, Braye, Cornu, Dufaut, Eckenspieller, Esneu, Fournier, Lassourd, Oudin, Vasselle, Doublet et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après l'article 46 nonies, un article additionnel ainsi rédigé :
« La première phrase du premier alinéa de l'article L. 2113-2 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigée :
« Les personnes inscrites sur les listes électorales municipales sont obligatoirement consultées sur l'opportunité de la fusion de communes. »
Par amendement n° 288, M. Diligent propose d'insérer, après l'article 46 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« La première phrase de l'article L. 2113-2 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigée :
« Les personnes inscrites sur les listes électorales municipales sont consultées pour avis sur l'opportunité de la fusion des communes, deux mois avant la décision des conseils municipaux. »
La parole est à M. Legendre, pour présenter l'amendement n° 260 rectifié.
M. Jacques Legendre. Je tiens tout d'abord à dire que je ne suis pas un élu de la communauté urbaine de Lille (Ah ! sur les travées du RPR) et que ma vision des choses n'est donc pas directement influencée par ce qui se passe dans la métropole du département du Nord, même si j'en suis, comme d'autres, informé.
Je voudrais m'en tenir à une idée générale, qui constitue l'esprit même de la loi dont nous débattons : nous voulons une intercommunalité, et une intercommunalité qui marche, parce que nous pensons, non pas qu'il y a trop de communes en France, mais que certaines communes ont besoin de travailler ensemble pour répondre à des besoins qu'elles ne sauraient satisfaire isolément. Tel est bien l'esprit de l'intercommunalité. Si nous ne faisons pas l'intercommunalité, nous le savons bien, il faudra alors en venir à des fusions autoritaires de communes, ce que nous voulons éviter.
Cela étant, nous ne pouvons pas non plus négliger ou ignorer le fait que, parfois, des communes choisissent de fusionner. C'est un acte grave puisque, finalement, cette décision revient à mettre un terme à une histoire qui remonte à la Révolution et, au-delà, aux paroisses de l'Ancien Régime.
Il nous semble que le maire et la majorité municipale du moment ne sont pas propriétaires de la commune qu'ils ont, pour une période, mission de gérer. Accepter de travailler avec d'autres communes, dans le cadre d'une intercommunalité, en déléguant certaines compétences, c'est légitime. Mais que la décision de mettre un terme à l'histoire de la commune par une fusion, décision presque irréversible, relève de la seule volonté du conseil municipal et soit prise sans que les électeurs de la commune soient consultés, cela nous semble peu en rapport avec l'idée que nous nous faisons de la République et de la démocratie.
Voilà pourquoi cet amendement prévoit simplement que les personnes inscrites sur les listes électorales municipales sont obligatoirement consultées sur l'opportunité de la fusion des communes.
Mes chers collègues, cet amendement permet donc d'associer les citoyens concernés à un acte quasi irréversible, qui met un terme à une longue histoire. Nous parlons souvent de démocratie et de République. Eh bien ! en rendant obligatoire cette procédure, nous montrons notre respect des citoyens et de la République ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Diligent, pour défendre l'amendement n° 288.
M. André Diligent. Je partage entièrement la position qu'a défendue M. Legendre. C'est pourquoi je retire mon amendement au profit de l'amendement n° 260 rectifié.
M. le président. L'amendement n° 288 est retiré.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 260 rectifié ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Dans la logique de l'avis exprimé sur l'amendement précédent, nous émettons un avis favorable, sous réserve d'une légère rectification : pour éviter une redondance, il conviendrait de supprimer le mot « obligatoirement », qui découle de ce qui est prévu précédemment.
M. le président. Monsieur Legendre, accédez-vous au souhait de M. le rapporteur ?
M. Jacques Legendre. Bien sûr, monsieur le président, ne serait-ce qu'au nom de la clarté de la langue !
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 260 rectifié bis , tendant à insérer, après l'article 46 nonies , un article additionnel ainsi rédigé :
« La première phrase du premier alinéa de l'article L. 2113-2 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigée :
« « Les personnes inscrites sur les listes électorales municipales sont consultées sur l'opportunité de la fusion de communes. »
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Mesdames, messieurs les sénateurs, est-il bien raisonnable de « délégitimer » les conseils municipaux en rendant obligatoire une consultation des électeurs avant toute décision de fusion de communes ? Je fais appel à votre expérience, qui est grande. Allez-vous vous engager dans cette voie, qui n'aurait pas de fin ?
Je me permets de faire observer à M. Hoeffel que l'emploi de l'expression « sont consultées » signifie que la consultation en question est obligatoire. Si vous voulez introduire une certaine souplesse, il conviendrait d'écrire : « peuvent être consultées ».
Cela étant, le Gouvernement n'est pas favorable à cet amendement parce qu'il pense que la responsabilité des conseils municipaux mérite d'être préservée. Bien entendu, il est possible de consulter les électeurs sur certains sujets, mais il convient de laisser au maire et à sa majorité municipale le soin d'en décider. On ne peut pas mettre le doigt dans un engrenage qui aboutirait, je le répète, à « délégitimer » les conseils municipaux. (Très bien ! sur les travées socialistes.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 260 rectifié bis .
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Comme l'a indiqué mon collègue et ami Jacques Legendre, un conseil municipal, qui est chargé de gérer une commune pour un temps donné, n'est pas « propriétaire » de cette commune et ne peut, en conséquence, prendre de manière discrétionnaire une décision d'une importance exceptionnelle intéressant cette commune.
D'ailleurs, sur ce point, tout le monde devrait être d'accord. M. Mauroy nous a dit tout à l'heure : « Les conseils municipaux le feront avec l'assentiment de leur population. ». Or c'est bien ce que nous demandons : que l'on consulte la population.
Quant à M. le ministre de l'intérieur, il a expliqué que la fusion des communes devait permettre de lutter contre l'émiettement.
Il est clair que, dans la quasi-totalité des cas, ce sont non les petites communes qui vont faire ce choix mais les plus importantes, et cela en vertu de considérations d'opportunité politique, ainsi que l'a expliqué M. Turk.
Dès lors, il me paraît indispensable que la population soit consultée avant une décision de fusion. C'est pourquoi je voterai cet amendement.
M. Alex Turk. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Turk.
M. Alex Türk. Je souhaite préciser à l'attention de M. le ministre que, actuellement, il est parfaitement possible de procéder à une telle consultation : d'ores et déjà, M. Mauroy et le maire de Lomme ont la faculté d'organiser, s'ils le souhaitent, un référendum puisque cela est prévu par la loi de 1971. Il suffirait d'ailleurs à M. Mauroy d'en prendre l'engagement ici pour attester sa bonne foi.
M. Dominique Braye. N'ayez pas peur du suffrage universel, monsieur Mauroy !
M. Jacques Legendre. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Legendre.
M. Jacques Legendre. Remplacer « sont consultées » par « peuvent être consultées » reviendrait à supprimer l'amendement puisque l'article 8 de la loi du 16 juillet 1971 relative aux fusions et regroupements de communes prévoit très précisément que les électeurs des communes concernées par un projet de fusion peuvent être invités à se prononcer.
Tout le sens de mon amendement est de remplacer la possibilité par une obligation, eu égard à l'importance de l'acte.
M. Pierre Mauroy. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mauroy.
M. Pierre Mauroy. Il nous suffit de regarder autour de nous pour constater les extraordinaires changements qui sont intervenus à cet égard dans tous les pays d'Europe. La France est manifestement parmi les plus en retard sur ce plan.
Heureusement, grâce à ce gouvernement, et en particulier grâce à l'action du ministre de l'intérieur, les choses sont en train de bouger !
Il faut s'inscrire dans un mouvement novateur et autoriser nos communes à s'associer, et non pas seulement à fusionner. Nous irions dans le sens de l'Europe, dans celui de l'histoire, et la France pourrait ainsi rattraper son retard par rapport aux autres Etats. Comme ce fut le cas pour bien des réformes, le Sénat, bien entendu, ne le veut pas, et je n'en suis pas surpris. (Protestations sur les travées du RPR.)
Permettez-moi de dire que ce ne sont pas des référendums qui règlent ces questions. Il s'agit d'un problème de confiance. Nous verrons ce qui se passera à Lomme et à Lille ; nous verrons si, en dépit de tout ce qui a été dit ici aujourd'hui, les populations concernées souhaitent cette association.
M. Jean-Patrick Courtois. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Courtois.
M. Jean-Patrick Courtois. Je ne suis pas non plus élu de la région lilloise. Tout le monde peut se tromper !
La fusion-association est un acte grave dans la vie d'une collectivité locale. J'ai vécu une telle expérience dans un autre département : lorsque les fusions-associations ont été réalisées à la suite d'une délibération concordante des conseils municipaux sans consultation des habitants concernés, des associations, dix ou quinze ans plus tard, ont demandé la « défusion ». Nous avons assisté alors à de véritables bagarres.
M. Jacques Legendre. C'est vrai.
M. Jean-Patrick Courtois. Pourquoi ? Parce qu'une fusion-association entraîne le transfert du capital, de l'ensemble des équipements et, surtout, des contributions directes : du jour au lendemain, un autre organe vote la matière fiscale qui s'applique à la commune fusionnée.
Si l'on veut que les fusions-associations réussissent - et, à titre personnel, j'y suis tout à fait favorable - encore faut-il mener une assez longue concertation pour que les populations l'acceptent. En effet, des problèmes de la vie quotidienne ne sont pas résolus lorsque les populations ne sont pas consultées. L'utilisation d'un terrain de sport, par exemple, est gérée non plus par la commune dans laquelle vous habitez mais par celle avec laquelle elle a fusionné. La vie quotidienne s'en trouve radicalement changée, y compris celle des enfants dans les écoles primaires.
En conséquence, l'idée de M. Legendre d'organiser une consultation pour avis de la population concernée par un projet de fusion est une condition minimale pour faire perdurer la fusion-association et éviter de demander par la suite au tribunal administratif de fixer les conditions de « défusion ».
M. Robert Bret. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. Mes chers collègues, nous sommes favorables à l'idée de rendre obligatoire la consultation des habitants concernés par un projet de fusion. L'amendement n° 260 contribue à améliorer la démocratie locale. Nous avons tout à gagner à consulter les citoyens sur la vie de leur commune et, finalement, sur leur propre avenir. Nous ne voyons pas ce qu'il y aurait à craindre d'un tel débat démocratique. C'est vrai pour ces questions comme pour d'autres.
En conséquence, le groupe communiste républicain et citoyen votera cet amendement.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. J'approuve tous les propos qui ont été tenus, mais je veux répondre sur un point à M. le ministre. La consultation, a-t-il dit, « affaiblirait les conseils municipaux ». Or, que prévoit la loi actuelle ? Elle dispose que la consultation peut aussi être décidée par le représentant de l'Etat dans le département. Il est donc admis que le préfet puisse aller au-delà des souhaits des conseils municipaux. Par conséquent, le pouvoir de représentation des conseils municipaux n'est nullement mis en cause par la consultation. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. André Diligent. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent. Monsieur le ministre, vous connaissez bien la question. Vous savez que le statut des villes associées, auquel je ne suis pas opposé, même au sein d'une fusion, doit être amélioré.
Vous savez aussi qu'il existe un réel problème ; un certain nombre de nos concitoyens sont frustrés et se considèrent comme des sous-citoyens. Ne pourriez-vous pas faire examiner par vos services la possibilité d'améliorer le statut des villes associées ? Ce serait une bonne initiative qui éviterait bien des malentendus.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je suis d'accord.
M. André Diligent. Je vous remercie.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Dans mon département, deux communes ont été fusionnées en 1825. Il demeure entre elles une certaine hostilité. Je ne suis pas du tout sûr que le référendum résolve ce type de comportement.
La question du dessaisissement des pouvoirs par le conseil municipal est grave. Les populations concernées, si elles étaient consultées, pourraient être, dans certains cas, plus intéressées par une fusion de communes que par une augmentation d'impôts.
Vous entrez dans une logique qui vous fera adopter les budgets par référendum. (Protestations sur les travées du RPR.) Voilà qui n'est guère bon pour la représentation municipale !
M. Christian Bonnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bonnet.
M. Christian Bonnet. Il m'a été donné de participer aux débats sur la loi de 1971. Dans une loi, il y a le texte et il y a l'esprit. Or j'ai le sentiment que l'esprit est totalement dévoyé si une très grande ville peut en avaler une autre, fut-elle importante. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste.)
M. Dominique Braye. Absolument !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 260 rectifié bis, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 46 nonies.

Articles additionnels après l'article 46 bis



M. le président.
Par amendement n° 289, M. Diligent propose d'insérer, après l'article 46 bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« La seconde phrase du premier alinéa de l'article L. 2113-2 du code général des collectivités territoriales est supprimée. »
La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent. Il s'agit d'un amendement de conséquence.
Dans la mesure où l'amendement concernant la consultation pour avis préalable à la décision des conseils municipaux est adopté, il convient de supprimer l'article du code général des collectivités territoriales qui prévoit que le préfet peut décider d'une consultation organisée dans les communes concernées.
Si le préfet prononce l'arrêté de fusion, il le fait au regard du vote des conseils municipaux et en connaissant l'avis de la population.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission est favorable à cet amendement de conséquence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. N'étant pas inconséquent, le Gouvernement reste défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 289, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 46 bis .
Par amendement n° 290, M. Diligent propose d'insérer, après l'article 46 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 2113-3 du code général des collectivités territoriales est abrogé. »
La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent. Il s'agit également d'un amendement de conséquence.
Dans la mesure où l'amendement concernant la consultation pour avis préalable à la décision des conseils municipaux est adopté, il convient de supprimer l'article du code général des collectivités territoriales qui prévoit que le préfet tire les conséquences de la consultation organisée dans les communes concernées.
Si le préfet prononce l'arrêté de fusion, il le fait au regard du vote des conseils municipaux, dont il aura ainsi eu connaissance.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 290, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 46 bis .

Articles 46 ter et 46 quater



M. le président.
« Art. 46 ter . - Le dernier alinéa de l'article L. 2113-6 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigé :
« L'effectif total du conseil ne peut dépasser soixante-neuf membres, sauf dans les cas où l'intégration des maires et adjoints des anciennes communes rend nécessaire l'attribution de sièges complémentaires. » - (Adopté.)
« Art. 46 quater . - Dans le deuxième alinéa de l'article L. 2113-7 du code général des collectivités territoriales, les mots : "cinquante-cinq" sont remplacés par les mots : "soixante-neuf". » - (Adopté.)

Articles additionnels après l'article 46 quater



M. le président.
Je suis saisi de deux amendements présentés par M. Türk.
L'amendement n° 344 tend à insérer, après l'article 46 quater , un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 2113-1 du code général des collectivités territoriales est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« Seules les communes limitrophes peuvent fusionner. »
L'amendement n° 342 vise à insérer, après l'article 46 quater , un article additionnel ainsi rédigé :
« Par dérogation à l'article L. 2113-6 du code général des collectivités territoriales, l'acte qui prononce la fusion de deux ou plusieurs communes prévoit que la nouvelle commune est administrée jusqu'au prochain renouvellement général des conseils municipaux suivant la publication de la présente loi par un conseil où entrent tous les membres en exercice des anciennes assemblées, le cas échéant par dérogation au tableau fixé à l'article L. 2121-2 du code général des collectivités territoriales. »
La parole est à M. Türk, pour défendre ces deux amendements.
M. Alex Turk. L'amendement n° 344 s'inscrit toujours dans le même débat. Le problème est le suivant : lorsqu'une fusion a été réalisée, il faut procéder à la mise en place d'un nouveau conseil municipal qui va bien entendu s'efforcer de regrouper des élus issus des deux communes.
Tout à l'heure, M. Bonnet nous rappelait qu'en 1971 on avait la volonté de se préoccuper des petites communes. Nous en avons là la démonstration, car nous nous rendons bien compte que, dès qu'il s'agit de grandes communes, la loi est inapplicable.
La preuve en est d'ailleurs que, sur l'initiative du groupe socialiste, l'Assemblée nationale a fait passer le chiffre maximal des conseillers de 55 à 69. J'imagine qu'elle s'est limitée à ce chiffre parce qu'il s'agit de l'effectif maximal théorique dans les trois plus grandes villes françaises.
Mais on a complètement oublié un phénomène qui me paraît absolument inacceptable, à savoir que, dans l'hypothèse d'une fusion entre deux communes de grande taille, les conseillers municipaux régulièrement élus quelques mois ou quelques années plus tôt au suffrage universel qui se trouvent en surnombre seront, ni plus ni moins, évincés car ils ne trouveront pas leur place dans le nouveau conseil municipal, dans la mesure où l'effectif maximal de conseillers prévu par la loi sera dépassé.
Ce phénomène me paraît inacceptable, d'autant que, par définition, compte tenu de l'organisation technique du tableau des conseils municipaux, dans la grande majorité des cas, ce seront les conseillers de l'opposition municipale qui feront les frais de cette opération.
On peut même imaginer des hypothèses machiavéliques - mais Machiavel existe encore ! - selon lesquelles un maire pourrait se débarrasser d'un leader de l'opposition municipale par la simple application des dispositions de la loi de 1971. Je pense donc qu'il est absolument indispensable de revenir sur cette disposition.
J'ajouterai un dernier argument à l'appui de cet amendement. Dans le cas, par exemple, d'une fusion entre deux grandes communes à l'intérieur d'une communauté urbaine, des conseillers municipaux d'opposition de la grande commune peuvent être en même temps conseillers communautaires.
Or, en droit positif, rien ne permet de savoir quel sera le statut des conseillers municipaux qui seraient, si j'ose dire, « débarqués », après un simple vote du conseil municipal qui aurait procédé à la fusion, et qui se trouveraient être, par ailleurs, conseillers communautaires. Doivent-ils ipso facto quitter le conseil de communauté faute d'être encore conseillers municipaux ou bien peuvent-ils rester dans le conseil de communauté bien que la décision du maire organisateur de la fusion leur ait fait perdre toute racine municipale ?
Il me paraît donc indispensable de prévoir un système dont je reconnais le caractère quelque peu absurde, tout en soulignant que c'est de cette loi que naît l'absurdité dès qu'on touche aux grandes communes. Ce système consisterait à additionner, jusqu'à l'expiration du mandat municipal, les effectifs des conseils municipaux des deux communes concernées pour qu'il ne soit pas dit que, dans notre pays, un maire puisse, par simple décision de son conseil municipal, s'affranchir de tout lien avec le suffrage universel.
Très lié à l'amendement n° 342, l'amendement n° 344 comble une lacune de la loi de 1971 en précisant que, pour fusionner, deux villes doivent être limitrophes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 344 et 342 ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement n° 344, puisqu'il s'incrit dans le cadre du principe de la continuité territoriale, qui est l'un des fondements du projet de loi que nous examinons.
La commission est également favorable à l'amendement n° 342.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 344 et 342 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 344.
M. Pierre Mauroy. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mauroy.
M. Pierre Mauroy. Je ne sais pas pourquoi, monsieur Türk, vous dressez un tableau aussi apocalyptique. Où avez-vous trouvé ces exemples ?
M. Alex Türk. A Lille !
M. Pierre Mauroy. Ce n'est pas du tout dans le Nord ou à Lille qu'une telle situation existe. Je prends ici tout le monde à témoin. Vous pensez sans doute, mon cher collègue, à Roubaix. (M. Türk fait un signe de dénégation). Il n'y a pas de problème entre Lille et Roubaix qui, d'ailleurs, ne sont pas limitrophes. Il n'en existe qu'un entre Lomme et Lille. Où avez-vous trouvé de tels exemples ? Je ne sais pas dans quel département deux grandes communes voudraient s'associer ou fusionner.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Personnellement, je voterai les deux amendements, car ils s'inscrivent dans la logique générale du projet de loi. Comme l'a rappelé M. le rapporteur, la continuité territoriale est un élément de l'intercommunalité. Par ailleurs, en cas de transformation d'établissement, d'un district en communauté d'agglomération, tous les membres du conseil du district seront membres du futur conseil de la communauté d'agglomération. Il faut donc poursuivre la logique qui figure dans le projet de loi, à savoir la continuité territoriale. Il paraît aberrant que deux communes puissent fusionner s'il n'y a pas continuité territoriale. A cet égard, j'avoue ne pas comprendre l'avis défavorable du Gouvernement.
Par ailleurs, il me semble souhaitable que les conseillers municipaux qui ont été élus restent en place jusqu'au renouvellement.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. L'avis de M. le ministre est très grave. En effet, des communes qui ne sont pas limitrophes ont fusionné, par exemple Saint-Etienne et Saint-Victor-sur-Loire. Si nous acceptons de retenir la position de M. le ministre, vous voyez jusqu'où nous pourrons aller ! Par exemple, une commune fusionnera avec une autre pour éviter l'écrêtement de sa taxe professionnelle au profit du fonds départemental de la taxe professionnelle. Nous pouvons imaginer toutes les combines ! Je ne comprends vraiment pas la position de M. le ministre.
M. Dominique Braye. Moi non plus !
M. Yves Fréville. En effet, pendant tout le débat, il nous a expliqué que, en matière d'intercommunalité, il était nécessaire d'avoir des communes limitrophes, d'assurer la continuité territoriale. Or, au stade suprême de l'intercommunalité, c'est-à-dire de la fusion, cette règle disparaît. Je ne comprends vraiment plus !
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis, et MM. Jacques Legendre et Patrick Lassourd. Très bien !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 344, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 46 quater.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 342, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 46 quater.

Article 46 quinquies



M. le président.
« Art. 46 quinquies . - I. - Le dernier alinéa de l'article L. 2113-22 du code général des collectivités territoriales est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Dans les communes de plus de 3 500 habitants, les listes des candidats aux élections municipales doivent faire figurer, le cas échéant, sur les bulletins destinés aux électeurs de la commune associée, le nom d'un maire délégué proposé pour la commune associée, ainsi que le nom de son suppléant.
« Le maire délégué désigné est celui dont le nom figurait sur la liste ayant obtenu la majorité des voix. »
« II. - L'article L. 255-1 du code électoral est abrogé.
« III. - L'article L. 2113-21 du code général des collectivités territoriales est abrogé. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 148 est présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois.
L'amendement n° 372 rectifié est déposé par MM. Bret, Foucaud et les membres du groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux tendent à supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 148.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Avec cet amendement, nous abordons une question de principe qui concerne les communes associées. En effet, l'article 46 quinquies , introduit par l'Assemblée nationale, prévoit, pour les communes de plus de 3 500 habitants comportant une commune associée, que figure sur les listes de candidats aux élections municipales le nom d'un candidat aux fonctions de maire délégué. Cela reviendrait à faire élire le maire délégué au suffrage universel, alors que le maire de la commune serait désigné par le conseil municipal. Cet article prévoit, conjointement, la suppression du sectionnement électoral, ce qui risque de décourager les fusions de communes.
On aboutirait donc à une situation, à la limite absurde, dans laquelle le maire, qui est le responsable de l'ensemble de la commune, continuerait à être élu au deuxième degré alors que le maire délégué, qui a essentiellement une fonction de représentation, serait, lui, élu au suffrage universel.
C'est pour rétablir une logique et pour préserver le système actuel, qui fonctionne, me semble-t-il, d'une manière satisfaisante dans l'ensemble, que nous présentons cet amendement.
MM. Jean-Pierre Fourcade et Alain Lambert. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Bret, pour défendre l'amendement n° 372 rectifié.
M. Robert Bret. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, notre amendement est identique à celui que vient de défendre M. Hoeffel, au nom de la commission des lois.
L'article 46 quinquies, introduit par l'Assemblée nationale, bien qu'il ait une portée limitée compte tenu du nombre de communes qui décident de fusionner, pose une série de questions, proches d'ailleurs de celles qui ont déjà été évoquées lors de l'examen de l'article 8 relatif à la désignation des délégués au sein du conseil d'une communauté urbaine.
La première d'entre elles concerne l'identité communale, qui aurait tendance à s'estomper au sein d'un regroupement qui répond d'ailleurs davantage au souci de bénéficier d'une manne financière supplémentaire plutôt qu'à une volonté réelle de mettre en oeuvre un projet commun.
L'échec observé des fusions de communes, quelles que soient les formes retenues, doit, à cet égard, nous interpeller sur le réticence des communes à se voir imposer de façon autoritaire et administrative un regroupement qu'elles n'ont pas choisi au préalable.
C'est pourquoi l'intercommunalité peut aujourd'hui avoir encore son utilité, à la condition qu'elle ne résulte pas d'une contrainte que l'Etat veut faire peser sur les élus municipaux en vue de mettre en place, pour nos institutions locales, un modèle d'organisation étranger à notre histoire, à nos spécificités et à la diversité de nos territoires.
Une autre interrogation suscitée par cet article concerne la dichotomie opérée entre les membres du conseil municipal de la commune associée et le maire délégué dont la légitimité procède non plus de l'élection de l'assemblée collégiale dont il est issu, mais d'un scrutin direct qui ne dit pas son nom.
J'ai en effet la faiblesse de penser que cette procédure, qu'elle s'applique dans le cadre d'un EPCI ou d'une fusion de plusieurs communes, aura tendance nécessairement à transformer le scrutin de liste municipal classique en une addition de scrutins nominaux, par laquelle on désigne par avance le ou les délégués, et ce quelle que soit la répartition des sièges au sein du conseil municipal.
En outre, qu'on le veuille ou non, le « fléchage » de tel ou tel candidat ayant vocation à devenir le maire délégué ne peut qu'altérer le caractère collégial des listes proposées aux élections.
De même que nous refusons l'élection par scrutin direct des délégués au sein d'un EPCI, nous rejetons cette même logique lorsqu'elle s'applique aux communes associées.
Tel est le sens de notre amendement de suppression.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 148 et 372 rectifié ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je suis sensible à l'argument qui a été développé par M. Hoeffel et par M. Bret. Introduire une différence de traitement entre le maire de la commune et le maire de la commune associée mérite en effet réflexion. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement ne se départira pas de la position de sagesse qu'il a manifestée lors du débat à l'Assemblée nationale.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 148 et 372 rectifié, pour lesquels le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'article 46 quinquies est supprimé.

Article additionnel après l'article 46 quinquies



M. le président.
Par amendement n° 292, M. Diligent propose d'insérer, après l'article 46 quinquies, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le premier alinéa de l'article L. 2142-2 du code général des collectivités territoriales, après les mots : "dans les communes de moins de 3 500 habitants" sont insérés les mots : "ou si un cinquième des électeurs inscrits sur les listes électorales saisissent le conseil municipal". »
La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent. Il s'agit simplement de renforcer la participation des habitants à la vie locale en permettant à un cinquième des électeurs inscrits sur les listes électorales de susciter une consultation des habitants sur toute délibération relevant du conseil municipal.
Toutefois, si la commission rejette cet amendement, je m'inclinerai.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Comment pourrais-je ne pas accéder au souhait inexprimé de notre collègue André Diligent, et dont nous le remercions par avance ? Cela nous permettrait d'aborder la suite du débat avec nos sentiments de reconnaissance.
M. le président. Monsieur Diligent, retirez-vous l'amendement n° 292 ?
M. André Diligent. Oui, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 292 est retiré.

Article 46 sexies



M. le président.
« Art. 46 sexies . - « L'article L. 2224-13 du code général des collectivités territoriales est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« A la demande des communes et des établissements publics de coopération intercommunale qui le souhaitent, le département peut se voir confier la responsabilité du traitement, de la mise en décharge des déchets ultimes et des opérations de transport, de tri ou de stockage qui s'y rapportent. Le département et la commune ou l'établissement public de coopération intercommunale déterminent par convention les modalités, notamment financières, de transfert des biens nécessaires à l'exercice de la partie du service confiée au département. »
Par amendement n° 149, M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, propose :
I. - Avant le texte présenté par cet article pour compléter l'article L. 2224-13 du code général des collectivités territoriales, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Les communes peuvent transférer à un établissement public de coopération intercommunale ou à un syndicat mixte soit l'ensemble de la compétence d'élimination des déchets des ménages, soit la partie de cette compétence comprenant le traitement, la mise en décharge des déchets ultimes ainsi que les opérations de transport, de tri ou de stockage qui s'y rapportent ».
II. - En conséquence, à la fin du premier alinéa de cet article, de remplacer les mots : « un alinéa ainsi rédigé » par les mots : « deux alinéas ainsi rédigés ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. En l'occurrence, nous abordons un sujet qui a déjà été débattu assez largement voilà trois semaines, à savoir le problème des ordures ménagères.
Le présent amendement vise à clarifier les conditions d'exercice de la compétence relative au traitement et à la collecte des ordures ménagères. En effet, la loi du 15 juillet 1975 relative à l'élimination des déchets a prévu un bloc de compétences en la matière. Or, si les services du ministère de l'intérieur semblent avoir toujours admis qu'il puisse y avoir un transfert partiel de ce bloc de compétences, en revanche, sur le plan fiscal, le principe d'une unité de service a prévalu. Les tribunaux ont porté des appréciations divergentes sur la faculté de percevoir la taxe ou la redevance relative aux ordures ménagères lorsque la compétence n'était pas exercée en bloc.
Dans un souci de clarification - car, après tout, cette loi est aussi un texte de simplification et de clarification - l'amendement tend à ouvrir cette faculté de dissocier la compétence. Il permet ainsi à une commune, soit de transférer tout le bloc de compétences à un EPCI, soit de conserver l'exercice de la collecte, mais de transférer le traitement. Comme nous le savons, les circonscriptions de collecte sont loin de toujours coïncider avec les circonscriptions de traitement.
M. Dominique Braye. Elles ne coïncident jamais !
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cette disposition devrait permettre de clarifier les règles applicables en matière fiscale, des amendements étant présentés par M. le rapporteur pour avis, sur le titre II du projet de loi. A l'article 1er, le Sénat a ouvert aux communes membres d'une communauté d'agglomération cette faculté de transférer partiellement la compétence relative à la collecte et au traitement des ordures ménagères. Ainsi, à travers cet amendement, nous restons dans la logique du principe qui a été accepté lors de l'examen du titre Ier.
M. Dominique Braye. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable. Cet amendement est judicieux.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 149.
M. Robert Bret. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. L'article 46 sexies du présent projet de loi porte sur un sujet qui soulève un problème après tant de discours sur la pertinence et les qualités universelles de l'intercommunalité, celui de l'incapacité éventuelle des établissements publics de coopération intercommunale à faire face à ce qui peut correspondre à une partie des compétences facultatives ou obligatoires de ces établissements.
En ces matières, il s'agit en fait de constater que le choix opéré dans le projet de loi de mettre en oeuvre un bloc de compétences en matière de collecte et de traitement des déchets et d'en faire l'un des points essentiels de la démarche intercommunale pose un certain nombre de problèmes techniques.
Observons, quant au fond, que la question de la collecte, de l'élimination et du traitement - y compris sélectif - des déchets est l'un des facteurs essentiels de progression de la pression fiscale locale au cours des dernières années.
Cela est vrai depuis que la loi de 1992 et a fortiori la loi Barnier de renforcement de la protection de l'environnement ont, en fait, procédé à une segmentation des responsabilités en matière de déchets, confiant notamment au département la gestion du plan départemental d'élimination des déchets ménagers, sauf là où ils se sont dessaisis de leur responsabilité.
Les deux amendements qui sont présentés sur cet article illustrent en fait, un peu en creux, les limites de la pertinence de la création des structures intercommunales habilitées à intervenir sur telle ou telle question.
Ne nous le cachons pas, nous doutons, quant au fond, de la pertinence de confier l'ensemble du bloc de compétences « déchets » à un EPCI, dès lors que la plupart des établissements de ce type ne disposeront pas, dans les faits, des moyens financiers leur permettant de remplir leurs obligations de la manière la plus satisfaisante possible.
La difficulté essentielle à laquelle nous sommes confrontés en matière de déchets est double.
D'une part, nous intégrons progressivement dans notre législation et dans nos règlements les dispositions incluses dans les directives européennes sur le sujet.
D'autre part, on ne peut oublier ici que notre pays souffre d'une carence essentielle : l'absence de critères justes et équitables de service public national en la matière.
Chacun sait que le traitement des déchets sous toutes ses formes, de l'incinération jusqu'au recyclage, est un peu l'affaire de quelques groupes industriels et commerciaux qui se comptent sur les doigts d'une main et jouissent d'une position plutôt exorbitante par rapport aux élus locaux. Nous en avons tous conscience.
On sait donc que le bloc de compétences dont nous parlons aujourd'hui est particulièrement lourd et qu'il est générateur de coûts importants, notamment d'investissement sur le moyen terme.
Faut-il scinder ce bloc, façon de constater que les solutions qui semblaient jusqu'ici privilégiées sont inopérantes ? Faut-il le « départementaliser », comme on nous le propose par ailleurs ? Je crois plutôt, puisque nous sommes ici à la frange du débat entre compétences et financement, que nous devrions mettre à profit la discussion des dispositions financières du présent projet de loi pour déterminer de meilleures conditions de prise en charge des problèmes environnementaux par les collectivités locales, notamment pour ce qui concerne le proche avenir, à savoir la discussion du montant de la dotation d'intercommunalité et, dans quelques mois, celle du projet de loi de finances.
En tout état de cause, il nous semble dans un premier temps préférable d'en demeurer au texte actuel de l'article 46 sexies .
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Estimant que l'argumentaire de notre collègue Robert Bret n'est pas particulièrement clair et a tendance à mélanger beaucoup de choses, je voudrais en revenir à des éléments très simples pour montrer à quel point cet amendement est extrêmement important pour les EPCI.
Il n'existe pas, monsieur Bret, de périmètre omnipertinent, et tout le monde s'accorde à reconnaître, je crois, qu'il peut exister un périmètre par compétence. En tout cas, il est ridicule de proposer la départementalisation du traitement des ordures ménagères, la situation étant tout à fait différente en Corrèze, département de 73 000 habitants, et dans les Yvelines, qui comptent 1,4 million d'habitants.
L'amendement n° 149 vise donc à laisser aux élus et aux EPCI le soin de gérer la collecte, mais les oblige à se regrouper en syndicats mixtes pour ce qui est du traitement.
Il va permettre de régler de façon pragmatique et souple, en conformité avec la réalité du terrain, les importants problèmes fiscaux et financiers auxquels nous sommes confrontés actuellement. C'est pourquoi je voterai ce texte qui est extrêmement utile.
M. Jean-Claude Peyronnet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet.
M. Jean-Claude Peyronnet. Monsieur Braye, élu d'un département voisin de la Corrèze, je peux vous affirmer que les Corréziens sont un peu plus de 73 000 ! Il est vrai que l'un d'entre eux compte particulièrement ! (Sourires.)
M. le président. Vous faites sans doute allusion à M. Hollande ? (Nouveaux sourires.)
M. Jean-Claude Peyronnet. C'est effectivement bien à lui que je pensais ! Vous avez raison, monsieur le président ! (Rires.)
M. le président. Nous avions parfaitement compris ! (Nouveaux rires.)
M. Jean-Claude Peyronnet. Les départements ont compétence non pas pour traiter les ordures ménagères mais pour établir le plan de traitement. Il appartient ensuite aux syndicats mixtes départementaux ou autres d'assurer ce traitement.
Je ne crois pas vraiment que ce soit l'intercommunalité qui, en matière de traitement, ait engendré des surcoûts. Ces derniers résultent plutôt de la volonté commune et positive dans nombre de cas de faire à marche forcée ces traitements nécessaires pour des questions environnementales.
Que l'on discute de la façon dont le financement s'opère est une autre affaire ! Mais l'intercommunalité n'a rien à voir à cet égard. Je dirai même qu'il est heureux qu'elle ait été faite car, autrement, cela aurait été infiniment plus coûteux !
Enfin, les configurations dans les différents départements sont diverses, certes, mais, en général, on observe une distortion assez forte en matière de périmètre entre le traitement, d'une part - il peut y avoir un, deux ou trois systèmes et périmètres - et, d'autre part, les collectes, qui se font souvent sur des territoires beaucoup plus réduits.
Il est donc tout à fait sage de séparer les deux notions dans le texte.
M. Jean-Pierre Fourcade. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fourcade.
M. Jean-Pierre Fourcade. Je crois, comme M. Peyronnet, que cet amendement est très important. La collecte et le traitement, notamment sélectif, vont devenir de plus en plus importants et coûteux pour l'ensemble des collectivités ; le fait de devoir basculer la totalité du bloc de compétences gênait certaines opérations de création de nouvelles structures intercommunales, notamment en milieu très fortement aggloméré comme en Ile-de-France, dans les départements de la petite couronne parisienne.
Cet amendement me paraît aller dans la bonne direction ; je le voterai sans aucune arrière-pensée.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. J'approuve cet amendement qui est tout à fait dans l'esprit des textes législatifs précédents ; je m'en suis d'ailleurs inspiré pour déposer un amendement que je défendrai dans un instant.
Simplement, un problème, dont je ne sais quelle solution pourra y être apportée, va se poser. A partir du moment où la compétence va pouvoir être partagée entre une commune et une ou plusieurs structures intercommunales - on pourrait en effet très bien imaginer qu'une commune, un syndicat à vocation unique, un syndicat mixte ou une structure intercommunale à fiscalité propre exercent respectivement une partie de la compétence, puisque, pour des opérations du type du tri sélectif, de la collecte et du traitement des déchets, on peut avoir trois maîtres d'oeuvre et trois maîtres d'ouvrage - se posera alors la question de l'accord qui sera trouvé entre les différents intervenants en ce qui concerne le mode de recouvrement du service.
En effet, il y a trois possibilités pour le mode de recouvrement du service : la taxe, la redevance et les impôts. On peut mixer la taxe et les impôts, la redevance et les impôts, mais on ne peut pas mixer pour le moment la redevance et la taxe.
Demain, la structure à fiscalité propre qui exercera la compétence ne pourra pas mixer différents modes de recouvrement et devra en choisir un ; ou alors, elle pourra mixer uniquement la taxe et les impôts, mais non la taxe et la redevance. Lorsque l'une des collectivités décidera de mettre en place la redevance, la structure intercommunale qui exercera une autre partie de la compétence pourra-t-elle appliquer également la redevance ou n'aura-t-elle plus que le choix entre la taxe et les impôts ? Et le problème sera le même pour l'autre structure qui exercera une autre partie de la compétence.
C'est la raison pour laquelle j'ai déposé un amendement visant à permettre à une collectivité ou à une structure intercommunale d'appliquer sur le même territoire l'une et l'autre, ou l'une ou l'autre. Ce point, qui sera l'une des conséquences de l'adoption de l'amendement n° 149, ne me paraît pas réglé par ce dernier. Je ne sais quelle sera la solution retenue. Mais ce sera une difficulté à laquelle seront confrontées les structures intercommunales au moment où elles devront choisir le mode de recouvrement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 149, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 475 rectifié, MM. Vasselle, André, Flandre et Gerbaud proposent de rédiger comme suit le texte présenté par l'article 46 sexies pour compléter l'article L. 2224-13 du code général des collectivités territoriales :
« A la demande des communes et des établissements publics de coopération intercommunale qui le souhaitent, le département peut se voir confier la responsabilité de tout ou partie du traitement, de la mise en décharge des déchets ultimes et des opérations de transport, de tri ou de stockage qui s'y rapportent, ou y contribuer. Le département et la commune ou l'établissement public de coopération intercommunale déterminent par convention les modalités, notamment financières, de transfert des biens nécessaires à l'exercice de la partie du service confiée au département lorsque celui-ci par délibération de l'assemblée, a décidé d'en exercer la compétence partielle ou totale. »
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Comme je l'ai indiqué précédemment, cet amendement n° 475 rectifié s'inspire très largement de l'amendement n° 149, adopté à l'instant, qui permet à des structures intercommunales de pouvoir exercer partie d'une compétence.
Il vise à permettre aux communes ou aux établissements publics de coopération intercommunale qui le souhaitent de confier au département non pas la totalité de la compétence, mais tout ou partie de cette dernière, ce que la rédaction actuelle ne permet pas.
Par ailleurs, cet amendement tend à donner la possibilité au département de n'intervenir que sous la forme d'une contribution auprès des établissements publics ou des collectivités locales exerçant la compétence du traitement ou du tri des déchets ménagers.
En effet, aujourd'hui, certains départements s'abritent derrière le fait que la loi ne leur permet pas d'exercer la compétence pour se dispenser d'apporter leur contribution aux financements engendrés par la mise en place des procédures de traitement et supportés par les établissements publics ou les communes. Or, aujourd'hui, l'incinération est extrêmement coûteuse pour les communes ou pour les groupements intercommunaux ; de même, les opérations de tri, avec la création de centres de tri quand ce dernier est réalisé en régie, obligent à des investissements extrêmement lourds, et nombre de collectivités éprouvent des difficultés pour équilibrer leurs opérations.
Je considère donc que, dans certains cas, la solidarité départementale devrait jouer au profit des structures intercommunales pour permettre à ces dernières de fournir des prestations à des prix compatibles avec la capacité contributive de nos concitoyens.
Je crains fort, pour ma part - et je ne suis pas le seul de cet avis, me semble-t-il - que les communes ou les structures intercommunales ne soient confrontées de plus en plus - c'est déjà le cas pour nombre d'entre elles - à des impayés quant au service de collecte et de traitement des déchets ménagers.
Les prix par habitant en milieu rural pour une collecte hebdomadaire avec un traitement simple des déchets sont passés d'un montant de 120 à 150 francs à un montant de 300 à 350 francs aujourd'hui ; ils ont donc plus que doublé.
Demain, avec l'application de la circulaire de Mme Voynet et des textes de 1992 et 1995 qui nous obligeront à faire disparaître, au moins pour partie, les décharges contrôlées ou les pratiques que nous connaissions jusqu'à aujourd'hui, nous allons atteindre des coûts voisins de 500 francs par habitant et par an.
En Allemagne, où je me trouvais hier afin de visiter des plates-formes de compostage et de rencontrer les élus de Stuttgart, les coûts pour la collecte, le traitement et le tri sont de quelque 700 francs par habitant et par an.
Nos concitoyens vont connaître dans les mois ou les années qui viennent une progression exponentielle du coût des services. Si nous ne jouons pas la carte de l'intercommunalité et de la solidarité sur le plan départemental, régional, voire national à travers le concours de l'ADEME, l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, nous en arriverons à des tarifs insupportables pour nombre de nos concitoyens. C'est la raison pour laquelle l'amendement n° 475 rectifié vise à ouvrir encore plus les possibilités de coopération avec les départements.
J'espère que mes propositions retiendront l'attention à la fois du Gouvernement et de la Haute Assemblée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission a longuement évoqué le problème qui vient d'être présenté par notre collègue M. Vasselle.
L'amendement n° 149 tendait à clarifier une situation que nous connaissons sur le terrain : il faut en effet distinguer, s'agissant des ordures ménagères, la collecte et le traitement. Incontestablement, une telle démarche va dans le sens d'une clarification.
Faut-il pour autant aller vers un fractionnement du traitement des ordures ménagères et en arriver à des « sous-compartimentages » qui pourraient réintroduire un élément de complexité dans une situation que nous sommes parvenus, à mon avis, à clarifier avec l'adoption de l'amendement n° 149 ?
Cela étant, il était incontestablement nécessaire que M. Vasselle mettre l'accent sur tel ou tel aspect pratique qui se pose, s'agissant de la compétence en matière de traitement des ordures ménagères.
Je pense que le ministère de l'intérieur, en liaison avec d'autres ministères concernés, voudra faire le nécessaire pour essayer d'étudier les aspects pratiques qui découlent du problème soulevé.
C'est dans cet esprit que la commissionn des lois a élaboré son amendement ; c'est aussi dans cet esprit que, pour nous en tenir à la clarification obtenue par l'amendement précédent, je suis au regret de devoir exprimer un avis défavorable sur l'amendement n° 475 rectifié. Mais peut-être notre collègue Alain Vasselle, assuré que le problème qu'il a soulevé fera l'objet d'une étude approfondie, acceptera-t-il de retirer son amendement ? Il est en effet plus agréable d'en arriver à cette solution plutôt qu'à la solution ultime.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Il s'agit de faire en sorte que la mission de traitement et de mise en décharge ne soit pas partagée entre plusieurs collectivités responsables. Puisque nous parlons de déchets ultimes, la responsabilité de l'incinération des déchets ne doit pas être dissociée de la tâche concernant, par exemple, la mise en décharge des mâchefers issus du traitement.
Je rejoins l'argumentation de M. Hoeffel : je crois qu'il ne faut pas fractionner cette compétence, qui doit être mise en oeuvre de manière relativement cohérente.
M. le président. Monsieur Vasselle, l'amendement est-il maintenu ?
M. Alain Vasselle. Je prends acte de l'effort de conviction et de diplomatie déployé par M. le rapporteur pour me convaincre de retirer cet amendement.
M. Daniel Hoeffel rapporteur. J'ai fait ce que j'ai pu !
M. Alain Vasselle. J'ai également entendu la réponse de M. le ministre tendant à conforter la prise de position de M. le rapporteur.
J'ai assumé cette compétence à la fois comme maire et comme président d'une structure intercommunale à vocation unique, et je l'exerce aujourd'hui comme président d'une structure intercommunale à fiscalité propre ainsi que d'un syndicat mixte partenaire d'Eco-Emballages dans le cadre d'une opération pilote de tri menée au plan national. Cette expérience m'autorise à vous dire, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, que la connaissance que vous avez de l'exercice de ces compétences sur le terrain ne me paraît pas suffisante.
Je maintiens donc mon amendement.
On pourrait très bien imaginer, sans que cela nuise à la bonne compréhension du dispositif par nos concitoyens, qu'un département puisse demain exercer une partie de la compétence en matière de traitement, par exemple au moyen d'une ou de deux usines d'incinération en fonction de l'importance de la population, et que les structures intercommunales, voire les communes dans le cadre d'un syndicat à vocation unique, exercent uniquement la compétence liée au tri des déchets, c'est-à-dire la collecte sélective des emballages et des éléments fermentescibles, du compostage. Le coût financier d'une telle opération, non négligeable, serait beaucoup plus supportable par les communes si le département assumait de son côté le coût de l'incinération. De nombreuses structures intercommunales, notamment lorsqu'elles comptent un nombre important de communes rurales, rencontrent, en effet, des difficultés en la matière.
L'amendement que je propose me paraît aller dans un sens souhaité par les communes, les maires et les présidents des structures intercommunales.
Vous ne souhaitez pas qu'il en soit ainsi ? Eh bien ! les maires jugeront le moment venu. Mais je suis persuadé, quant à moi, qu'il faudra revenir un jour ou l'autre sur ce sujet, car nous serons confrontés à des difficultés liées notamment à la progression extrêmement importante du coût de ce service.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 475 rectifié.
M. Jean Pépin. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Pépin.
M. Jean Pépin. Si mon avis rejoint la plupart du temps celui de notre collègue M. Vasselle, un point me gêne dans la formulation de son amendement : il semble acquis que la compétence est pratiquée par les départements. Or, si je ne me trompe, la loi prévoit qu'en matière de traitement des ordures ménagères, qu'il s'agisse de la collecte ou du traitement, que celui-ci soit définitif ou non, le département peut prendre en charge le traitement des déchets ménagers ; mais il ne s'agit que d'une option : le département peut laisser cette mission au préfet.
Cette compétence est donc attribuée au moment où se décide le plan de traitement des ordures ménagères. Cela n'exclut pas que, par la suite, le département, même s'il n'a pas voulu assumer la compétence du schéma départemental en la laissant au préfet, subventionne les structures d'intercommunalité et les communes. De là à lui conférer la compétence, il y a un pas que je refuse de franchir.
C'est pour cette raison que, personnellement, j'ai le regret, malgré mon amitié pour M. Vasselle, de ne pas être favorable à son amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 475 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 46 sexies, modifié.

(L'article 46 sexies est adopté.)

Article 46 septies



M. le président.
« Art. 46 septies . - Après l'article L. 2333-86 du code général des collectivités territoriales, il est inséré une section 12 ainsi rédigée :

« Section 12

« Facturation de l'utilisation des équipements collectifs

« Art. L. 2333-87 . - L'utilisation d'équipements collectifs par une collectivité locale fait l'objet d'une facturation au bénéfice de la collectivité locale ou de l'établissement public de coopération intercommunale propriétaire de ces équipements. Cette facturation est calculée sur la base des frais de fonctionnement des équipements utilisés et doit clairement figurer dans la convention ou le contrat liant les collectivités utilisatrices. »
Je suis saisi de six amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 150, M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, propose de rédiger comme suit cet article :
« Le chapitre unique du titre Ier du livre III de la première partie du code général des collectivités territoriales est complété par un article ainsi rédigé :
« Art. L. 1311-7. - L'utilisation d'équipements collectifs par une collectivité territoriale, un établissement public de coopération intercommunale ou un syndicat mixte, fait l'objet d'une participation financière au bénéfice de la collectivité territoriale, de l'établissement public de coopération intercommunale ou du syndicat mixte propriétaire de ces équipements. Toutefois, lorsque l'équipement concerné est affecté à l'exercice d'une compétence transférée à l'établissement public de coopération intercommunale ou au syndicat mixte par la collectivité ou l'établissement utilisateurs de cet équipement, cette disposition n'est pas applicable.
« Le montant de la participation financière est calculé par référence aux frais de fonctionnement des équipements. Les modalités de calcul de cette participation sont définies par convention passée entre le propriétaire et la collectivité, l'établissement ou le syndicat utilisateurs. »
Par amendement n° 447, MM. Besson et Raoult proposent de rédiger comme suit le texte présenté par l'article 46 septies pour l'article L. 2333-87 du code général des collectivités territoriales :
« Art. L. 2333-87. - L'utilisation d'équipements publics collectifs par une collectivité locale ou par un établissement public de coopération fait l'objet d'une participation financière au bénéfice de la collectivité locale ou de l'établissement public de coopération propriétaire de ces équipements. Cette participation financière est calculée sur la base des frais de fonctionnement des équipements et doit clairement figurer dans la convention ou le contrat liant les collectivités utilisatrices. »
Par amendement n° 281, M. Gaillard propose de rédiger comme suit la première phrase du texte présenté par l'article 46 septies pour l'article L. 2333-87 du code général des collectivités territoriales :
« L'utilisation d'équipements publics collectifs par une collectivité locale ou par un établissement public de coopération fait l'objet d'une participation financière au bénéfice de la collectivité locale ou de l'établissement public de coopération propriétaire de ces équipements. »
Par amendement n° 258 rectifié, MM. Courtois, Braye, Cornu, Dufaut, Eckenspieller, Esneu, Fournier, Lassourd, Oudin, Vasselle, Doublet et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, dans la première phrase du texte présenté par l'article 46 septies pour l'article L. 2333-87 du code général des collectivités territoriales, de remplacer les mots : « d'équipements » par les mots : « des services ».
Par amendement n° 282, M. Gaillard propose, au début de la seconde phrase du texte présenté par l'article 46 septies pour l'article L. 2333-87 du code général des collectivités territoriales, de remplacer les mots : « Cette facturation » par les mots : « Cette participation financière ».
Par amendement n° 259 rectifié, MM. Courtois, Braye, Cornu, Dufaut, Eckenspieller, Esneu, Fournier, Lassourd, Oudin, Vasselle, Doublet et les membres du groupe du Rassemblement pour la République, proposent, dans la seconde phrase du texte présenté par l'article 46 septies pour l'article L. 2333-87 du code général des collectivités territoriales, de remplacer les mots : « sur la base des » par les mots : « comme une contribution adéquate aux ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 150.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. En instaurant le principe d'une participation financière liée à l'utilisation d'équipements collectifs appartenant à une autre collectivité, à un EPCI ou à un syndicat mixte, l'article 46 septies tend à permettre un dédommagement du propriétaire pour l'investissement qu'il a réalisé. Le montant de cette participation financière serait défini d'un commun accord et calculé par référence aux seuls frais de fonctionnement.
L'amendement n° 150 vise à transférer le dispositif proposé dans la première partie du code général des collectivités territoriales, qui recense les dispositions communes aux collectivités territoriales, à leurs établissements publics ou à leurs groupements.
Il étend le champ d'application du principe de participation financière au cas où l'entité utilisatrice est un établissement public de coopération intercommunale ou un syndicat mixte.
M. le président. La parole est à M. Besson, pour défendre l'amendement n° 447.
M. Jean Besson. Avec M. Raoult, nous retirons cet amendement n° 447, qui est satisfait par l'amendement n° 150 de la commission.
M. le président. L'amendement n° 447 est retiré.
La parole est à M. Gaillard, pour défendre l'amendement n° 281.
M. Yann Gaillard. A l'instar de l'amendement n° 447, cet amendement n° 281 est largement satisfait par l'amendement n° 150 de la commission, bien que la rédaction que nous proposons soit différente. En effet, nous visons les établissements publics de coopération pour recouvrir les syndicats mixtes.
Néanmoins, je retire l'amendement n° 281 ainsi que, d'ores et déjà, l'amendement n° 282.
M. le président. Les amendements n°s 281 et 282 sont retirés.
La parole est à M. Courtois, pour défendre les amendements n°s 258 rectifié et 259 rectifié.
M. Jean-Patrick Courtois. Si j'ai bien compris ce qu'a dit M. le rapporteur, ces deux amendements seraient satisfaits par l'amendement n° 150. (M. le rapporteur fait un signe d'approbation.)
Par conséquent, je les retire.
M. le président. Les amendements n°s 258 rectifié et 259 rectifié sont retirés.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 150 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 150.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Je souhaite poser une question à la commission et au Gouvernement : lorsque j'entends parler de « frais de fonctionnement », je ne sais jamais de quoi il est question. Est-ce que cela englobe l'amortissement du capital ou bien les seuls intérêts lorsque des emprunts ont été contractés, par exemple ?
C'est une question pratique, mais je serais heureux d'obtenir une réponse, qui ferait jurisprudence.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. C'est incontestablement une question techniquement évoluée que notre collègue Yves Fréville vient de poser. (Rires.)
Je pars du principe que les règles de la comptabilité publique s'appliquent, et en spécialiste et en bon exégète qu'il est, je laisse le soin à notre collègue Yves Fréville de donner l'interprétation précise qu'il convient d'ajouter à la réponse générale que je viens de donner. (Nouveaux rires et applaudissements sur toutes les travées.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 150, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 46 septies est ainsi rédigé.

Article 46 octies



M. le président.
« Art. 46 octies . - Après l'article L. 5211-56 du code général des collectivités territoriales, il est inséré un article L. 5211-58 ainsi rédigé :
« Art. L. 5211-58 . - Tout contribuable inscrit au rôle de la commune a le droit d'exercer, tant en demande qu'en défense, à ses frais et risques, avec l'autorisation du tribunal administratif, les actions qu'il croit appartenir aux établissements publics de coopération intercommunale auxquels a adhéré la commune et que ceux-ci, préalablement appelés à en délibérer, ont refusé ou négligé d'exercer. »
Par amendement n° 151, M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, propose, dans cet article, de remplacer (deux fois) la référence : « L. 5211-58 » par la référence : « L. 5211-57 ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement est retiré, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 151 est retiré.
Par amendement n° 487 rectifié, MM. Vasselle, André, Flandre et Gerbaud proposent, au début du texte présenté par l'article 46 octies pour l'article L. 5211-58 du code général des collectivités territoriales, de remplacer les mots : « Tout contribuable inscrit » par les mots : « Toute personne physique ou morale inscrite. »
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet amendement est également retiré, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 487 rectifié est retiré.
Par amendement n° 152, M. Hoeffel, au nom de la commission des lois, propose de compléter le texte présenté par l'article 46 octies pour l'article L. 5211-58 du code général des collectivités territoriales par trois alinéas ainsi rédigés :
« Le contribuable adresse au tribunal administratif un mémoire détaillé.
« Ce mémoire est soumis à l'organe délibérant de l'établissement par son président. L'organe délibérant est spécialement convoqué à cet effet. Le délai de convocation peut être abrégé.
« Lorsqu'un jugement est intervenu, le contribuable ne peut se pourvoir en appel ou en cassation qu'en vertu d'une nouvelle autorisation. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Cet amendement complète le dispositif proposé par l'article 46 octies pour fixer les conditions de mise en oeuvre du principe selon lequel un contribuable d'une commune membre d'un EPCI peut exercer les actions en justice appartenant à cet établissement.
Il transpose donc aux EPCI les dispositions des articles L. 2132-6 et L. 2132-7 du code général des collectivités territoriales applicables aux communes.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 152, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 46 octies, ainsi modifié.

(L'article 46 octies est adopté.)

Article 46 nonies



M. le président.
« Art. 46 nonies . - L'arrêté de création d'une communauté d'agglomération ou d'une communauté urbaine vaut création d'un périmètre de transports urbains. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 547, le Gouvernement propose de rédiger comme suit cet article :
« L'arrêté de création d'une communauté d'agglomération ou d'une communauté urbaine ou l'arrêté de transformation d'un établissement public de coopération intercommunale en communauté d'agglomération ou en communauté urbaine vaut établissement d'un périmètre de transports urbains, sauf dans le cas de transformation d'un district ou d'une communauté de villes en communauté d'agglomération ou en communauté urbaine, en application des articles 35 et 39 de la présente loi, dont le périmètre est inclus dans un périmètre de transports urbains établi avant cette transformation en application de l'article 27 de la loi n° 82-1153 du 30 décembre 1982 modifiée.
« Le principe posé au premier alinéa ne fait pas obstacle à l'établissement d'un périmètre de transports urbains dans les conditions prévues à l'article 27 n° 82-1153 du 30 décembre 1982 modifiée, lorsque la communauté d'agglomération ou la communauté urbaine décide de transférer sa compétence d'organisation des transports urbains à un syndicat mixte dans le périmètre duquel elle est incluse. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement, n° 434 rectifié, présenté par MM. Peyronnet, Plancade et les membres du groupe socialiste et apparentés, et tendant à compléter le texte proposé par l'amendement n° 547 pour l'article 46 nonies par un alinéa ainsi rédigé :
« Toute extension de ce périmètre fait l'objet d'une consultation des départements, organisateurs des transports interurbains. »
Par amendement n° 435 rectifié, MM. Peyronnet, Plancade et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter cet article par une phrase ainsi rédigée :
« Toute extension du périmètre de transport urbain fait l'objet d'une consultation des départements, organisateurs des transports interurbains. »
La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 547.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le souci de ne pas superposer les procédures, qui a conduit l'Assemblée nationale à poser le principe que le périmètre communautaire vaut périmètre de transports urbains, ne doit pas pour autant remettre en cause, lors de la transformation des districts et des communautés de villes en communautés d'agglomération ou en communautés urbaines, les périmètres de transports urbains existants dès lors qu'ils sont plus larges que ceux des nouvelles communautés d'agglomération ou des nouvelles communautés urbaines.
Il ne doit pas davantage, par une lecture restrictive du texte adopté par l'Assemblée nationale, interdire à l'avenir l'établissement de périmètres de transports urbains plus larges que celui de la communauté.
Il s'agit de faire coïncider deux législations indépendantes afin de simplifier les procédures sans empiéter ni sur l'un ni sur l'autre.
M. le président. La parole est à M. Peyronnet, pour présenter le sous-amendement n° 434 rectifié.
M. Jean-Claude Peyronnet. Une concertation avec les départements lors de l'établissement du périmètre de transports nous paraît nécessaire.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 547 et sur le sous-amendement n° 434 rectifié ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. La commission n'a pas eu l'occasion d'examiner l'amendement n° 547, dont la lecture attentive m'amène à dire qu'il clarifie et précise la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale et, en conséquence, assure une meilleure coordination avec la loi du 30 décembre 1982.
Nous émettons donc un avis favorable, ainsi que sur le sous-amendement n° 434 rectifié.
J'ajoute que l'adoption de ces deux textes rendrait, en toute logique, sans objet l'amendement n° 435 rectifié.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur le sous-amendement n° 434 rectifié ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je veux attirer l'attention de M. Peyronnet sur le fait que la LOTI, dans son article 27, envisage deux cas : la création et l'extension. Or, dans son sous-amendement, il ne vise que le cas de l'extension des périmètres de transports urbains existants, laissant de côté tous les périmètres plus larges que les périmètres communautaires qui pourraient être définis par ailleurs.
C'est la raison pour laquelle je me demande si, au fond, son texte ne contredit pas ce que je crois être son intention, dans la mesure où il est plus restrictif que l'amendement du Gouvernement.
Aussi M. Peyronnet pourrait-il retirer son sous-amendement, quitte à ce que nous reparlions de ce problème lors de la nouvelle lecture.
M. Alain Vasselle. Il n'y aura pas d'autre lecture !
M. le président. Acceptez-vous la suggestion de M. le ministre, monsieur Peyronnet ?
M. Jean-Claude Peyronnet. J'ai cru comprendre qu'il n'y aurait pas de nouvelle lecture ! C'est d'ailleurs l'une des questions qui nous préoccupent.
M. le président. Il y aura une commission mixte paritaire !
M. Jean-Claude Peyronnet. L'amendement du Gouvernement nous a été transmis en séance, et il est donc quelque peu difficile de voir s'il répond totalement à notre préoccupation.
Cela étant, si la commission mixte paritaire se saisit de ce problème pour le résoudre, je suis disposé à retirer mon sous-amendement.
M. le président. Le sous-amendement n° 434 rectifié est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 547.
M. Robert Bret. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. L'Assemblée nationale a jugé bon de prévoir une certaine homogénéité entre le périmètre de la communauté d'agglomération ou de la communauté urbaine, d'une part, et le périmètre de transports urbains, d'autre part.
Nous ne pouvons, bien évidemment, que souscrire à un tel objectif, qui vise à assurer une certaine cohérence entre les compétences reconnues en matière de transport urbain aux EPCI et l'organisation locale des réseaux existants.
Pour autant, il convient d'assurer davantage de souplesse au dispositif prévu, afin de ne pas remettre en cause un périmètre de transports urbains qui engloge et dépasse les limites du périmètre communautaire. Il ne faudrait pas, en effet, que des communes qui bénéficient aujourd'hui de la desserte de transports collectifs se retrouvent, du jour au lendemain, mises hors jeu parce qu'elles ne sont pas intégrées par ailleurs dans une communauté d'agglomération ou dans une communauté urbaine.
De même, il n'est pas souhaitable que l'établissement d'un tel principe exclue de fait, dans l'avenir, toute commune qui refuserait de se regrouper et hypothèque en quelque sorte ses possibilités de figurer dans le périmètre de transports urbains.
C'est pourquoi nous voterons l'amendement du Gouvernement, qui nous semble répondre à ces préoccupations et qui tient compte des problèmes que pourrait soulever, le cas échéant, l'application d'une règle dont nous ne contestons pas le bien-fondé. M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 547, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 46 nonies est ainsi rédigé et l'amendement n° 435 rectifié n'a plus d'objet.

Articles additionnels après l'article 46 nonies

M. le président. Par amendement n° 495 rectifié, MM. Vasselle, Flandre et Gerbaud proposent d'insérer, après l'article 46 nonies , un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le second alinéa du I de l'article 266 sexies du code des douanes, après les mots : "de stockage", sont insérés les mots "ou d'incinération". »
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet amendement tend à étendre la taxe ADEME aux déchets ménagers incinérés.
Lors de l'adoption des lois de 1992 et 1995, le Parlement et le Gouvernement, certainement en harmonie avec des dispositions européennes, s'étaient fixé l'objectif de faire disparaître toutes les décharges contrôlées.
Pour inciter les collectivités à les faire disparaître, une taxe ADEME avait été instituée - c'est d'ailleurs la loi Barnier qui en avait prévu l'étalement sur cinq ans - taxe qui s'alourdissait avec le temps au fur et à mesure que l'on se rapprochait de l'échéance de 2002, date à partir de laquelle plus aucune décharge contrôlée ne devait exister sur le territoire. Telle était la logique des dispositions législatives antérieures.
Depuis, Mme Voynet a précisé dans une circulaire dans quelles conditions les collectivités locales que sont les communes ou les structures intercommunales devaient conduire la politique de traitement des déchets.
Elle a notamment spécifié qu'avant toute incinération ou tout traitement en décharge, en attendant l'échéance de 2002, l'ensemble des déchets ménagers devaient faire l'objet d'un tri à hauteur d'au moins 50 % et elle a réouvert la possibilité de traiter les déchets en décharges contrôlées, aménagées selon de nouvelles normes, à la condition que l'opération de tri ait été préalablement effectuée.
Autrement dit, les communes ont aujourd'hui la possibilité d'adopter deux modes de traitement, après le rejet du tout incinération : soit l'incinération, soit le traitement en décharge contrôlée, mais après un tri.
Dès lors que cette nouvelle faculté est offerte aux collectivités, il n'apparaît pas normal que soient considérés de manière différente le traitement des déchets en décharge et l'incinération, d'autant que nous savons aujourd'hui que le rejet de fumées, même après traitement, pose des problèmes de pollution de l'air, en raison notamment de la présence de dioxines. Les nouvelles normes permettent certes d'y remédier en partie, mais les nouvelles normes s'appliquant aux décharges permettent une maîtrise aussi bonne que l'incinération des éléments polluants qui pourraient résulter du solde, après tri, des déchets allant en décharges contrôlées. Nous sommes donc dans une situation tout à fait comparable.
C'est la raison pour laquelle il m'apparaît souhaitable de placer sur un même plan les déchets qui vont à l'incinération et ceux qui vont en décharge contrôlée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. M. Vasselle, qui souhaite soumettre à la nouvelle taxe générale sur les activités polluantes l'activité d'incinération des déchets ménagers, pose un vrai problème.
Le texte issu de la loi de finances de 1999 soumet à cette taxe l'exploitant d'une installation de stockage des déchets ménagers, mais ne vise en effet pas l'exploitant d'une installation d'incinération desdits déchets.
Le Sénat, pour sa part, avait rejeté ce nouveau dispositif - on s'en souvient - après un long débat. Faut-il, dès à présent - nous sommes là au coeur du problème - à l'occasion d'un projet de loi relatif à l'intercommunalité, rouvrir le débat ?
La commission des lois en a débattu. La commission des finances a soumis cette question à un examen approfondi. Aussi, avant d'exprimer un avis, nous paraît-il tout à fait opportun de connaître l'opinion du Gouvernement sur ce problème, qui est certes réel, mais dont l'examen est peut-être prématuré à l'occasion de la discussion de ce projet de loi, même s'il est vrai qu'une clarification s'impose le plus rapidement possible.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement.
Aujourd'hui, la taxation ne s'applique pas aux unités d'incinération des déchets des ménages ; la loi ne l'a pas prévu. Une telle mesure, si elle devait intervenir, ne pourrait être examinée indépendamment de l'ensemble des enjeux de la fiscalité écologique, et le projet de loi dont nous débattons n'est pas le cadre propice à cet examen.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Monsieur le ministre, nous vous avons entendu exprimer votre opinion. Il s'agit, en l'occurrence, d'une loi, qui devra trouver son application. Je ne pense pas que le Gouvernement se refuse à poursuivre l'étude de ses modalités d'application.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur le rapporteur, une étude est en cours. Elle fait l'objet d'une concertation interministérielle, notamment avec le ministère de l'environnement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 495 rectifié.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. La situation que décrit notre collègue M. Vasselle n'est pas toujours conforme à la réalité.
Dans la ville de Rennes, on a fait d'énormes efforts pour que les fumées d'une usine d'incinération ne soient plus polluantes, et ce grâce à un investissement de 50 millions de francs financés par le conseil général, la ville et le district de Rennes. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres.
Si donc nous soumettions une collectivité locale qui a fait cet effort pour que les fumées ne soient plus polluantes à une taxe supplémentaire de l'ADEME, nous irions à l'encontre même de l'objectif visé.
Par conséquent, il convient de nuancer les propositions de M. Vasselle pour qu'elles soient acceptables.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. L'attitude que je vais adopter après l'avis de la commission et du Gouvernement, d'une part, après la remarque de M. Fréville, d'autre part, me semble mériter une explication.
Au travers de cet amendement, qui a certes, monsieur le ministre, quelque peu le caractère d'un cavalier dans le présent projet de loi, je pense poser un problème de fond. Vous avez d'ailleurs bien noté que je l'ai déposé pour que le Gouvernement puisse nous faire connaître ses intentions en la matière.
J'avais deux possibilités : soit faire disparaître la taxation spécifique frappant les déchets ménagers qui vont à la décharge contrôlée, de telle manière que celle-ci bénéficie du même traitement que l'incinération, soit étendre la taxation qui frappe les déchets qui vont en décharge contrôlée aux déchets qui vont à l'incinération, afin de ne pas priver l'ADEME des ressources qui lui sont nécessaires pour aider nos collectivités à financer les investissements lourds que représentent la construction des usines d'incinération ou les aménagements des décharges contrôlées - car cela a un coût !
A l'évidence, supprimer la taxe réduirait d'autant et les ressources de l'ADEME et les concours que l'Etat peut apporter aux structures intercommunales pour faire face aux investissements lourds qu'elles ont à supporter.
C'est pourquoi j'ai présenté cette proposition et, ce faisant - je le dis à M. Fréville - il ne s'agissait pas pour moi de faire un quelconque procès d'intention aux usines d'incinération. Je sais bien que nombre de collectivités, Rennes et d'autres d'ailleurs, ont fait des efforts notables et réalisé des investissements importants pour le traitement des fumées afin de respecter les normes françaises et les normes européennes.
Mon amendement visait simplement à provoquer un débat et une prise de conscience. Les lois de 1992 et de 1995 de M. Barnier donnaient une vision très claire de la situation dans laquelle nous nous trouverions après 2002 : plus aucune décharge contrôlée passée ladite date. Or la circulaire Voynet a changé la donne puisqu'elle les autorise de nouveau, à condition que les opérations de tri des emballages, des déchets fermentissibles, de compostage, etc., aient été effectuées préalablement pour tout tonnage de déchets destinés aussi bien à l'incinération qu'à une décharge contrôlée.
Aujourd'hui, les collectivités qui ont fait le choix de la décharge contrôlée, moins coûteux que celui de l'incinération, ne se trouvent pas dans une situation d'égalité par rapport à celles qui ont fait le choix de l'incinération. En effet, la progression de la taxe ADEME fait qu'à terme le coût des aménagements de la décharge, ajouté à celui du traitement des déchets en décharge contrôlée, correspondra à un prix équivalent, si ce n'est supérieur, à celui de l'incinération.
Monsieur le ministre, il faudra bien un jour qu'un texte prenne en compte ce problème !
Cela dit, compte tenu des réponses apportées tant par M. le rapporteur que par le Gouvernement, ayant l'assurance que ce problème sera traité dans un délai relativement court, je retire mon amendement. Je me réserve cependant la possibilité, à l'occasion de l'examen d'un autre texte, de reprendre cette initiative, si je constatais que cela tardait trop. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. le président. L'amendement n° 495 rectifié est retiré.
Par amendement n° 386 rectifié, MM. Barnier, Amoudry, Bizet et Descours proposent d'insérer, après l'article 46 nonies , un article additionnel ainsi rédigé :
« Le premier alinéa de l'article 13 de la loin° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de l'environnement est complété par la phrase suivante : "En outre, il finance, dans les mêmes limites, les dépenses de prévention liées aux évacuations temporaires et au relogement des personnes exposées". »
La parole est à M. Barnier.
M. Michel Barnier. Dans un texte de loi que je connais bien pour l'avoir défendu au nom du gouvernement de l'époque et qui a été promulgué en février 1995, avec le concours du Sénat, nous avions créé un fonds de prévention des risques naturels majeurs. Le dispositif que le Sénat et l'Assemblée nationale avaient approuvé, et auquel je tenais beaucoup, consistait à identifier sur le territoire national un certain nombre de situations où les risques sont certains de se concrétiser et à ne pas attendre que la catastrophe se produise pour faire jouer la loi sur les catastrophes naturelles et l'indemnisation qui s'y attache.
Nous avons identifié dans l'Isère - c'est pourquoi M. Charles Descours a cosigné cet amendement ainsi que M. Amoudry - et ailleurs en France plusieurs lieux où nous sommes sûrs qu'une catastophe naturelle va se produire et provoquer des dommages importants pour des biens et des personnes.
Dans ces cas, à travers une procédure d'utilité publique - elle est en cours dans l'Isère, sur le site de la Séchilienne - il convient de procéder à l'expropriation des personnes et des biens, sans les spolier, afin de les mettre à l'abri de la catastrophe naturelle.
Pour financer ces opérations - plusieurs dizaines sont d'ailleurs en cours, le Gouvernement pourra le confirmer - nous avions prévu à l'époque de prélever 2,5 % sur les produits des primes relatives à la garantie contre le risque de catastrophe naturelle afin de créer ce fonds spécial de prévention contre ce que j'avais appelé à l'époque les risques naturels majeurs.
Nous étions passés à côté d'une situation que l'actualité dans mon département m'a permis de mieux comprendre, et qui a d'ailleurs motivé cet amendement. C'est le cas de risques qui vont se produire et qui exigent une évacuation non pas définitive mais temporaire sans que l'on sache précisément combien de temps durera ce caractère temporaire.
Dans le cas que j'évoque, il s'agit d'une très petite commune, La Perrière, où la montagne manaçait de s'écrouler, et où l'on avait d'ailleurs construit depuis plusieurs années des merlons pour protéger ce village de 170 habitants. Le maire et le préfet avaient donc décidé d'évacuer la population, en attendant que la montagne s'effondre, mais on ne pouvait pas savoir combien de temps cela allait durer et, durant ce temps, il avait fallu reloger les gens et les nourrir.
Monsieur le ministre, vous avez accordé dans ce cas précis une petite aide de 60 000 francs. Or le coût total de cette opération d'évacuation a été de l'ordre de 700 000 francs.
Ma proposition est donc très simple. Dans le cas d'une évacuation temporaire, identifié et vérifié par le préfet représentant l'Etat, en charge de la sécurité publique, et par le maire qui est aussi en charge d'une responsabilité locale, je souhaite qu'on puisse faire appel à ce fonds qui dispose des ressources nécessaires, sans pour autant augmenter ces dernières. Il s'agit non pas d'évacuer définitivement les populations en les expropriant, mais de les évacuer temporairement en ne laissant pas le coût de cette évacuation temporaire à la seule charge de la commune qui peut être quelquefois, en zone de montagne ou en zone inondable, une toute petite commune.
Il me semble, monsieur le ministre, que ce que je vous propose là, conforme à l'intérêt général, entre bien dans le cadre des responsabilités que vous assumez au titre de ministre de l'intérieur comme les maires l'assument au titre de la sécurité publique. Ainsi seraient réglés, pour l'Etat et pour les communes concernées, des problèmes qui peuvent se poser comme nous l'avons vu récemment dans mon département. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. L'amendement n° 386 rectifié que vient de défendre notre collègue M. Barnier vise à élargir les compétences du fonds de prévention des risques naturels majeurs que M. Barnier connaît particulièrement bien. Les auteurs de l'amendement souhaitent que le fonds prenne en charge les dépenses de prévention liées aux évacuations temporaires et au relogement des personnes exposées aux risques en montagne mais aussi sur le littoral, si j'en juge par la liste des signataires.
Il est en effet des cas où il n'est pas utile de mettre en oeuvre une expropriation définitive, des mesures d'évacuation temporaire ou de relogement provisoire pouvant répondre à une situation temporaire.
Or force est de constater que les communes supportent les charges qui résultent de ces mesures provisoires. En montagne, il s'agit souvent de communes de dimensions et de ressources modestes même si les départements peuvent apporter un concours financier. Personne ne saurait douter du caractère concret de l'effort de solidarité manifesté dans les départements en question.
La prise en charge des frais par le fonds de prévention peut donc apporter une solution à ce problème. Je rappelle que les ressources du fonds sont constituées, d'une part, du prélèvement de 2,5 % sur les primes de garantie contre les catastrophes naturelles, d'autre part, d'un financement possible par l'Etat sous forme d'avances.
Aprés avoir écouté attentivement le plaidoyer de M. Barnier, la commission des lois, qui a discuté de ce probléme, s'en remet à une sagesse positive de la Haute Assemblée.
Plusieurs sénateurs du RPR. Positive !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Ce fonds est destiné à financer des mesures d'expropriation pour protéger des populations exposées à un risque. L'extension de ces possibilités d'utilisation mérite réflexion. Il faut avoir conscience du fait que les demandes d'expropriation pourraient augmenter considérablement dans les prochaines années du fait que l'appréciation des risques, notion éminemment variable, a largement fluctué au fil du temps.
Il me semble, monsieur le sénateur, qu'il serait judicieux que votre proposition fasse l'objet d'un examen préalable dans le cadre de la réflexion générale que je viens d'évoquer et fasse l'objet d'un débat lors de la prochaine réunion du comité de gestion du fonds. Il paraît souhaitable que le fonds lui-même puisse apprécier les possibilités qui sont les siennes et nous dise quels engagements il convient de prendre au regard des ressources dont il dispose.
Je souhaite donc que vous retiriez cet amendement afin d'approfondir la réflexion. Il n'est pas possible de prendre une décision comme cela, je dirais un peu « au doigt mouillé ».
M. le président. Monsieur Barnier, l'amendement n° 386 rectifié est-il maintenu ?
M. Michel Barnier. Monsieur le ministre, j'ai bien aimé votre expression « au doigt mouillé » : je vous prie de croire que pour les soixante-dix personnes qui ont été évacuées pendant plusieurs jours à La Perrière - et d'autres cas peuvent se produire - ce n'est pas « au doigt mouillé » que le risque a été évalué !
Je comprends bien que le comité de gestion de ce fonds doive réfléchir. Il y sera invité, ou incité, par le travail que nous accomplissons, nous, législateurs. Nous sommes dans notre rôle lorsque nous améliorons par la loi un dispositif que la loi a créé pour répondre - comme je l'avais voulu d'ailleurs en 1995, avec le concours du Sénat - à des situations particulières.
Ce fonds, je m'en souviens précisément, a été créé contre beaucoup de résistances administratives et autres. Sa création correspondait à un besoin si légitime que, depuis, nous avons connu plusieurs dizaines de cas d'expropriation décidés par l'Etat, sans spolier les gens, qui ont été identifiés et qui ont été pris en charge par ce fonds.
Monsieur le ministre, je n'aurais pas proposé une disposition irréaliste ou démagogique ou impossible. Je sais que c'est possible à mettre en oeuvre, je sais que les ressources non utilisées de ce fonds permettent de répondre au cas précis que j'évoque, celui de quelques communes, qui, comme chaque année vont se voir imposer par l'Etat ou par la décision de leur maire une mesure d'évacuation temporaire - de trois jours à plusieurs semaines, le temps que le risque soit maîtrisé ou que la catastrophe se produise.
Je pense qu'on ne peut pas laisser ces communes assumer seules ces dépenses liées à ces évacuations temporaires. La disposition que je propose me paraît raisonnable et possible, compte tenu de ce que je sais de ce fonds et de ce qui m'a été communiqué par les services de l'Etat.
Voilà pourquoi je pense, monsieur le ministre, pour aller dans votre sens, sans retirer cet amendement, que le fait qu'il soit voté facilitera et favorisera la réflexion de ceux qui sont chargés de la gestion de ce fonds. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Jean Chérioux. Très bien !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur Barnier, je conçois bien qu'il existe des risques mais encore faut-il les apprécier justement. Vous m'avez sollicité pour le hameau de La Perrière et j'ai accordé une aide du ministère de l'intérieur.
M. Michel Barnier. Pour les personnes mais pas pour la commune !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Mais j'observe que la montagne n'est toujours pas tombée !
M. Michel Barnier. Si ! Elle est tombée entre temps et c'est pour cela que les gens sont revenus chez eux.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Finalement, l'aide du ministère de l'intérieur avait été calculée juste puisque, entre temps, la montagne est tombée.
M. Michel Barnier. Mais non !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur Barnier, je voudrais quand même vous faire observer que cet amendement est vraiment un cavalier, comme on dit. Cette mesure n'a pas grand-chose à voir avec le sujet qui nous occupe.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 386 rectifié, repoussé par le Gouvernement pour lequel la commission s'en remet à la sagesse positive du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. Jean Chérioux. Sans opposition !
M. le président. En conséquence, un article additionnel, ainsi rédigé, est inséré dans le projet de loi.

Demande de priorité

M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. En plein accord avec la commission des finances, la commission des lois demande l'examen en priorité de l'article 51, avant l'article 47 du projet de loi. En effet, comme l'article 51 traite du régime de la taxe professionnelle unique, il paraît logique de l'étudier avant de traiter du régime spécifique à chacune des catégories.
Je me permets d'ajouter, monsieur le président, que tous les articles relatifs au régime financier et fiscal des établissements publics de coopération intercommunale feront l'objet des interventions du rapporteur pour avis de la commission des finances, M. Michel Mercier. Nous avons, en effet, travaillé en plein accord et dans la complémentarité pour que la logique des orientations soit respectée tout au long de ces débats.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur cette demande de priorité ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. La priorité est ordonnée.

Article 51 (priorité)



M. le président.
« Art. 51. - L'article 1609 nonies C du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Art. 1609 nonies C . - I. - 1° Les communautés d'agglomération définies aux articles L. 5216-1 et L. 5216-2 du code général des collectivités territoriales ou issues de la transformation d'un syndicat d'agglomération nouvelle ou d'une communauté d'agglomération nouvelle conformément aux dispositions de l'article L. 5341-2 du code général des collectivités territoriales, les communautés urbaines créées à compter de la date de publication de la loi n° du relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale, et les communautés urbaines existant à la même date et qui optent pour les dispositions fiscales prévues à l'article 1609 ter A sont substituées aux communes membres pour l'application des dispositions relatives à la taxe professionnelle, à l'exception des I et II des articles 1648 A et 1648 AA ainsi que du 3° du II de l'article 1648 B, et perçoivent le produit de cette taxe.
« 2° Les communautés de communes ayant opté pour les dispositions fiscales prévues au III de l'article 1609 quinquies C et, jusqu'à l'expiration d'un délai de six mois après le renouvellement général des conseils municipaux suivant la date de publication de la loi n° du précitée, les districts ayant opté pour les dispositions de l'article 1609 quinquies A et les communautés de villes sont substitués aux communes membres pour l'application des dispositions relatives à la taxe professionnelle, à l'exception des I et II des articles 1648 A et 1648 AA ainsi que du 3° du II de l'article 1648 B. Ils perçoivent le produit de cette taxe.
« II. - Les établissements publics de coopération intercommunale visés au I peuvent décider, par délibération du conseil de l'établissement public de coopération intercommunale statuant à la majorité des deux tiers de ses membres, de percevoir la taxe d'habitation et les taxes foncières. Cette délibération est applicable à compter du 1er janvier de l'année suivant celle au cours de laquelle elle est intervenue.
« L'année où intervient le renouvellement général des conseils municipaux, elle doit être renouvelée par le nouveau conseil pour être applicable à compter du 1er janvier de l'année suivante. Dans ce cas, ils perçoivent le produit de la taxe professionnelle et celui de la taxe d'habitation et des taxes foncières.
« III. - 1° a) La première année d'application des dispositions du I, le taux de taxe professionnelle voté par le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale ne peut excéder le taux moyen de la taxe professionnelle des communes membres constaté l'année précédente, pondéré par l'importance relative des bases de ces communes.
« Lorsqu'il est fait application à un établissement public de coopération intercommunale doté d'une fiscalité propre additionnelle des dispositions du présent article, le taux moyen pondéré mentionné au premier alinéa est majoré du taux de la taxe professionnelle perçue l'année précédente par cet établissement public de coopération intercommunale.
« Le nouveau taux s'applique dans toutes les communes dès la première année, lorsque le taux de taxe professionnelle de la commune la moins imposée était, l'année précédente, égal ou supérieur à 90 % du taux de taxe professionnelle de la commune la plus imposée. Lorsque ce taux était supérieur à 80 % et inférieur à 90 %, l'écart entre le taux applicable dans chaque commune membre et le taux communautaire est réduit de moitié la première année et supprimé la seconde. La réduction s'opère par tiers lorsque le taux était supérieur à 70 % et inférieur à 80 %, par quart lorsqu'il était supérieur à 60 % et inférieur à 70 %, par cinquième lorsqu'il était supérieur à 50 % et inférieur à 60 %, par sixième lorsqu'il était supérieur à 40 % et inférieur à 50 %, par septième lorsqu'il était supérieur à 30 % et inférieur à 40 %, par huitième lorsqu'il était supérieur à 20 % et inférieur à 30 %, par neuvième lorsqu'il était supérieur à 10 % et inférieur à 20 %, par dixième lorsqu'il était inférieur à 10 %.
« b) Le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale peut, par une délibération adoptée à la majorité des deux tiers de ses membres, modifier la durée de la période de réduction des écarts de taux résultant des dispositions du a , sans que cette durée puisse excéder douze ans.
« Pour les établissements publics de coopération intercommunale soumis de plein droit ou sur option aux dispositions du présent article, la délibération doit intervenir dans les conditions prévues à l'article 1639 A, au cours des deux premières années où l'établissement public de coopération intercommunale se substitue aux communes pour la perception de la taxe professionnelle. Toutefois, pour les établissements publics de coopération intercommunale qui font déjà application du dispositif de réduction des écarts de taux, la délibération doit intervenir dans les conditions prévues à l'article 1639 A, l'année suivant celle de la publication de la loi n° du précitée ; cette délibération ne peut avoir pour effet de supprimer l'écart dans un délai plus court que celui résultant des dispositions du a.
« Cette délibération ne peut être modifiée ultérieurement, sauf pour les établissements publics de coopération intercommunale soumis aux dispositions du présent article qui ont fait l'objet d'un retrait d'une ou plusieurs communes en application des dispositions des articles L. 5215-40-1 et L. 5216-10 du code général des collectivités territoriales.
« Pour l'application de cette disposition, la réduction des écarts de taux s'opère, chaque année, par parts égales ; dans le cas où le dispositif de réduction des écarts de taux est déjà en cours, l'écart est réduit chaque année, par parts égales en proportion du nombre d'années restant à courir conformément à la durée fixée par la délibération.
« 2° Au titre des années suivant la première année d'application des dispositions du 1°, le taux de taxe professionnelle est fixé par le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale dans les conditions prévues au IV de l'article 1636 B decies lorsqu'il est fait application du I du présent article.
« 3° En cas de rattachement d'une commune à un établissement public de coopération intercommunale faisant application du présent article, les dispositions des I, II et V de l'article 1638 quater sont applicables.
« IV. - Il est créé entre l'établissement public de coopération intercommunale soumis aux dispositions fiscales du I du présent article et les communes membres une commission locale chargée d'évaluer les transferts de charges. Elle est composée de membres des conseils municipaux des communes concernées ; chaque conseil municipal dispose d'au moins un représentant.
« La commission élit son président et un vice-président parmi ses membres. Le président convoque la commission et détermine son ordre du jour ; il en préside les séances. En cas d'absence ou d'empêchement, il est remplacé par le vice-président.
« La commission peut faire appel, pour l'exercice de sa mission, à des experts. Elle rend ses conclusions l'année de l'adoption de la taxe professionnelle unique par l'établissement public de coopération intercommunale et lors de chaque transfert de charges ultérieur.
« Le coût des dépenses transférées est évalué d'après leur coût réel dans les budgets communaux lors de l'exercice précédant le transfert de compétences ou d'après la moyenne de leur coût réel dans les trois comptes administratifs précédant ce transfert. Ce coût est réduit, le cas échéant, des recettes de fonctionnement et des taxes afférentes à ces charges. Toutefois, un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions d'évaluation des dépenses d'investissement transférées.
« Cette évaluation est déterminée à la date de leur transfert par délibérations concordantes de la majorité qualifiée des conseils municipaux prévue au II de l'article L. 5211-5 du code général des collectivités territoriales, adoptées sur rapport de la commission locale d'évaluation des transferts.
« Lorsqu'il est fait application à un établissement public de coopération intercommunale des dispositions du présent article, la commission d'évaluation des transferts de charges doit rendre ses conclusions sur le montant des charges qui étaient déjà transférées à l'établissement public de coopération intercommunale et celui de la fiscalité ou des contributions des communes qui étaient perçues pour les financer.
« V. - 1° L'établissement public de coopération intercommunale verse à chaque commune membre une attribution de compensation égale au produit de taxe professionnelle, hors compensation prévue au IV bis de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986), perçu par elle l'année précédant l'institution du taux de taxe professionnelle communautaire diminué du coût net des charges transférées calculé dans les conditions définies au IV. Cette attribution est recalculée, dans les conditions prévues au IV lors de chaque transfert nouveau de charges. Elle ne peut être indexée. Lorsque l'attribution de compensation est négative, l'établissement public de coopération intercommunale peut demander à la commune d'effectuer à due concurrence un versement à son profit.
« 2° Lorsqu'il est fait application à un établissement public de coopération intercommunale doté d'une fiscalité propre des dispositions du présent article, l'attribution de compensation versée chaque année aux communes membres est égale à la différence constatée l'année précédant celle de la première application de ces dispositions, entre :
« a) D'une part, le produit de la taxe professionnelle perçu par la commune ;
« b) Et d'autre part, le produit de la taxe d'habitation, de la taxe foncière sur les propriétés bâties et de la taxe foncière sur les propriétés non bâties perçu dans la commune au profit de l'établissement public de coopération intercommunale.
« L'attribution de compensation ainsi déterminée est diminuée :
« a) Du montant des compensations perçues par l'établissement public de coopération intercommunale sur le territoire de la commune l'année précédant celle de la première application des dispositions du présent article, en contrepartie des exonérations prévues aux articles 1390, 1391 et au I de l'article 1414 ;
« b) Du montant net des charges transférées, lorsque la décision de l'établissement public de coopération intercommunale de faire application des dispositions du présent article s'accompagne d'un transfert de compétences ; ce montant est calculé dans les conditions définies au IV.
« Lorsque l'attribution de compensation est négative, la commune est tenue d'effectuer un versement à due concurrence à l'établissement public de coopération intercommunale.
« Cette attribution est recalculée dans les conditions prévues au IV lors de chaque nouveau transfert de charges. Elle ne peut être indexée.
« 3° Lorsqu'il est fait application des dispositions du présent article à une communauté d'agglomération issue de la transformation d'un syndicat d'agglomération nouvelle ou d'une communauté d'agglomération nouvelle, l'attribution de compensation versée chaque année aux communes membres est égale à la dotation de coopération définie à l'article L. 5334-8 du code général des collectivités territoriales perçue l'année précédant celle de la première application des dispositions.
« Cette attribution est recalculée dans les conditions prévues au IV lors de chaque nouveau transfert de charges. Elle ne peut être indexée.
« Pour le rattachement de toute nouvelle commune, les dispositions de l'article 1638 quater du présent code sont applicables.
« 4° Les reversements d'attribution de compensation prévus au 1°, au 2° et au 3° constituent une dépense obligatoire pour l'établissement public de coopération intercommunale ou, le cas échéant, les communes membres. Le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale communique aux communes membres, avant le 15 février de chaque année, le montant prévisionnel des attributions au titre de ces reversements.
« Le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale ne peut procéder à une réduction des attributions de compensation qu'après accord des conseils municipaux de toutes les communes concernées.
« Toutefois, dans le cas où une diminution des bases imposables de taxe professionnelle réduit le produit disponible, le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale peut décider de réduire les attributions de compensation dans la même proportion.
« VI. - Supprimé .
« VII. - L'établissement public de coopération intercommunale autre qu'une communauté urbaine soumis aux dispositions du I du présent article peut instituer une dotation de solidarité communautaire dont le principe et les critères de répartition entre les communes membres sont fixés par le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale, statuant à la majorité des deux tiers, en tenant compte notamment de l'importance de la population, du potentiel fiscal par habitant et de l'importance des charges de ses communes membres. Le montant de cette dotation est fixé librement par le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale. Toutefois, en cas d'application par l'établissement public de coopération intercommunale des dispositions du II du présent article, cette dotation ne peut être augmentée l'année d'application de ces dispositions.
« Lorsqu'il s'agit d'une communauté urbaine, elle institue une dotation de solidarité communautaire répartie en priorité au profit de ses communes membres éligibles à la dotation de solidarité urbaine ou la dotation de solidarité rurale.
« Le montant et les critères de répartition sont fixés par le conseil communautaire.
« Ces critères sont déterminés notamment en fonction :
« - de l'écart du revenu par habitant de la commune au revenu moyen par habitant de l'établissement public de coopération intercommunale ;
« - de l'insuffisance de potentiel fiscal par habitant de la commune au regard du potentiel fiscal communal moyen par habitant sur le territoire de l'établissement public de coopération intercommunale.
« Des critères complémentaires peuvent être choisis par le conseil.
« L'établissement public de coopération intercommunale autre qu'une communauté urbaine créé sans être issu d'une transformation et soumis dès la première année aux dispositions des I et II du présent article ne peut instituer de dotation de solidarité.
« L'établissement public de coopération intercommunale à fiscalité additionnelle qui se transforme en établissement public de coopération intercommunale soumis de plein droit ou après option aux dispositions du I du présent article, à l'exclusion des communautés urbaines, et fait application dès la première année des dispositions du II du présent article, ne peut instituer une dotation de solidarité supérieure au montant de celle qu'il avait établie avant sa transformation.
« VIII. - Pour les communes membres d'un établissement public de coopération intercommunale soumis aux dispositions du présent article, le taux à prendre en compte pour le calcul de la compensation visée au II de l'article 21 de la loi de finances pour 1992 (n° 91-1322 du 30 décembre 1991) est majoré, le cas échéant, du taux voté en 1991 par l'établissement public de coopération intercommunale précité ; les dispositions du II de l'article 21 de la loi de finances pour 1992 précitée ne sont pas applicables aux établissements publics de coopération intercommunale soumis aux dispositions du II du présent article.
« IX. - 1° Les sommes versées aux communes en application du IV de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986) leur restent acquises lorsqu'elles deviennent membres d'un établissement public de coopération intercommunale soumis aux dispositions du présent article.
« 2° Les établissements publics de coopération intercommunale soumis aux dispositions du présent article bénéficient de la compensation prévue au IV bis de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 précitée au lieu et place de leurs communes membres.
« Pour le calcul de cette compensation :
« a) Le taux de taxe professionnelle à retenir est le taux moyen pondéré de taxe professionnelle constaté en 1986 dans l'ensemble des communes membres de l'établissement public de coopération intercommunale ; ce taux est, le cas échéant, majoré du taux de taxe professionnelle voté en 1986 par l'établissement public de coopération intercommunale qui a opté pour le régime fiscal prévu au présent article ou dont la communauté de communes est issue ; ces taux sont multipliés par 0,960 ;
« b) Les recettes fiscales à retenir, la première année d'application des dispositions du présent article, pour le calcul de la réfaction de 2 % prévue au IV bis de l'article 6 précité, s'entendent du produit des rôles généraux de taxe professionnelle émis, l'année précédente, au profit des communes membres de l'établissement public de coopération intercommunale et, le cas échéant, au profit de l'établissement public de coopération intercommunale qui a opté pour le régime fiscal prévu au présent article ou dont la communauté de communes est issue. »
La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, en étudiant cet article 51, on ne peut que craindre que, selon toute vraisemblance, la systématique ait de beaux jours devant elle. Il nous est en effet maintenant proposé de débattre de la douloureuse question de la fiscalité mixte.
Quand on réfléchit à l'intercommunalité, on se doit de restituer les objectifs qui lui sont assignés : prévoir et gérer des dépenses importantes des collectivités locales, en général d'infrastructures, ainsi qu'un certain nombre de charges appelées à progresser.
Pour ce qui est des ressources attribuées à l'intercommunalité, leur montant, même majoré de 500 millions de francs, risque fort d'être insuffisant. Par ailleurs, l'assiette de la taxe professionnelle se réduit, sans que des garanties durables soient acquises pour compenser cette réduction. On peut donc douter de l'opportunité du développement de la fiscalité mixte.
La commission des finances cherche à se prémunir de l'insuffisance éventuelle des ressources dévolues à l'intercommunalité, c'est-à-dire la taxe professionnelle et la dotation globale de fonctionnement des groupements.
Qu'implique un tel système ? Si le développement de l'intercommunalité est peut-être porteur d'économies d'échelles, il ne semble pas pour autant de nature à éviter une nouvelle progression de la fiscalité locale. Notre rapporteur ne qualifie-t-il pas lui-même la fiscalité mixte de solution certes risquée mais néanmoins pragmatique ? Nous ne le contredirons pas.
Toujours est-il que si, dans la foulée de la loi de finances pour 1999, les entreprises seront assurées de la réduction du montant brut de la taxe professionnelle, les autres contribuables locaux peuvent être certains de supporter une augmentation de leur contribution.
On peut d'ailleurs penser que cet accroissement grèvera également les baisses d'imposition liées à la révision des valeurs locatives.
Cet article 51, notamment son paragraphe 7, pourra-t-il éviter ce processus ? Il ne fera que le ralentir, sans le remettre en cause.
L'article 51 traduit bien les limites de ce projet de loi. Les problèmes posés en matière de finances locales appellent d'autres solutions que ces remèdes structurels ou institutionnels.
M. le président. Par amendement n° 182, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose :
A. - Avant le premier alinéa de l'article 51, d'ajouter un alinéa ainsi rédigé :
« I. - Dans l'intitulé de la section XIII quater du chapitre Ier du titre III de la deuxième partie du Livre Ier du code général des impôts, les mots : "Impositions perçues au profit des communautés de villes" sont remplacés par les mots : "Impositions perçues par les groupements substitués aux communes pour l'application des dispositions relatives à la taxe professionnelle. »
B. - En conséquence, de faire précéder le début de l'article 51 la mention : « II ».
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 293, présenté par M. Fréville, et tendant, dans le texte proposés par le A de l'amendement n° 182, après les mots : « sont remplacés par les mots » à remplacer le mot : « Impositions » par les mots : « Taxe professionnelle unique et autres impositions ».
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 182.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. L'article 1609 nonies C du code général des impôts tend à devenir l'article relatif aux impositions perçues par l'ensemble des groupements à fiscalité propre ayant décidé de mettre en place une taxte professionnelle unique sur leur territoire et l'amendement n° 182 a pour objet de transcrire cette réalité dans le titre du chapitre dans lequel figure cet article.
M. le président. La parole est à M. Fréville, pour défendre le sous-amendement n° 293.
M. Yves Fréville. Monsieur le président, il s'agit en quelque sorte d'un sous-amendement d'humeur. Peut-on raisonnablement demander à un maire qui soumis au régime fiscal en question : monsieur le maire, êtes-vous assujetti au régime fiscal de l'article 1609 nonies C ?
M. Jean Chérioux. Nul n'est censé ignorer la loi !
M. Yves Fréville. Il conviendrait d'adopter un vocabulaire clair et précis, comme vient de le proposer M. le rapporteur pour avis de la commission des finances, qui a parlé de la taxe professionnelle unique.
Si nous étions tous d'accord pour employer cette expression, ce serait bien. Mais certains parlent de taxe professionnelle d'agglomération, d'autres de taxe professionnelle unifiée d'agglomération, et que sais-je encore !
Si nous acceptions tous de retenir l'expression « taxe professionnelle unique », je ne verrais aucun inconvénient à retirer ce sous-amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances sur le sous-amendement n° 293 ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Monsieur Fréville, en matière fiscale comme dans tout autre domaine, c'est par l'usage que se crée le langage. Par conséquent, nous parlerons tous de la « taxe professionnelle unique ».
M. le président. Monsieur Fréville, acceptez-vous maintenant de retirer votre sous-amendement ?
M. Yves Fréville. Oui, monsieur le président.
M. le président. Le sous-amendement n° 293 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 182 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 182.
M. Jacques Larché, président de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission des lois.
M. Jacques Larché, président de la commission des lois. Nous faisons actuellement de la fiscalité, et c'est très bien. Cela est en effet nécessaire, et la taxe professionnelle unique va d'ailleurs dans le sens de cette recherche d'une systématisation des communautés d'agglomération que nous sommes en train - nous verrons comment - de bâtir.
Mais, derrière la fiscalité, se posent les problèmes économiques. Or, la taxe professionnelle est, par définition, payée par les entreprises, et que se passera-t-il avec la taxe professionnelle unique ?
Le seul mérite des inégalités qui résultaient de la décentralisation était que, en concertation souvent avec les autres communes, on parvenait à persuader une commune d'établir un taux de taxe professionnelle relativement faible, ce qui permettait d'attirer les entreprises. On agissait un peu sur l'octroi du terrain, on faisait les VRP - nous savons tous ce qu'il en est - et le montant de la taxe professionnelle acquittée par l'entreprise était faible.
Mais, avec la taxe professionnelle unique, que va-t-il se passer ? C'est inévitablement une moyenne, il faut que nous en soyons conscients.
Cet impôt, dont on a dit bien souvent qu'il était le plus stupide des impôts, nous allons donc l'augmenter ! En conséquence, nous allons accroître la charge supportée par les entreprises. Nous allons ainsi au-devant de bien des difficultés.
J'imagine déjà la réaction du chef d'entreprise établi dans une petite commune avec une taxe professionnelle à 3 % qui va se trouver, tout d'un coup, pour la plus grande gloire des communes environnantes, englobé dans un système où la taxe professionnelle s'élèvera à 12 %.
Voilà très exactement ce que nous allons peut-être décider. Nous verrons bien le moment venu. Mais soyons parfaitement conscients dès maintenant du fait qu'il s'agit d'un accroissement de la fiscalité de l'entreprise.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 182.
M. Louis Souvet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Souvet.
M. Louis Souvet. Ce que vient de dire M. le président de la commission des lois corrobore ce que j'ai dit lors de la discussion générale.
Je suis président d'un district dans lequel les simulations montrent que la taxe professionnelle atteindra le taux de 13,99 %. Or certaines communes sont actuellement des niches fiscales et les 150 entreprises qui y sont installées verront leur taux d'imposition passer de 4,6 % à 13,99 %.
C'est à cela que nous allons arriver !
M. Jean-Pierre Fourcade. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fourcade.
M. Jean-Pierre Fourcade. Monsieur le président, monsieur le ministre, j'hésite toujours beaucoup à parler de fiscalité, tant ce sujet, sur lequel j'ai quelques lueurs, ne peut pas être traité de manière sommaire.
Je m'adresse à M. le ministre et, à travers lui, au Gouvernement, pour lui dire que l'évolution vers la taxe professionnelle unique est une bonne voie de réforme pour un impôt stupide, comme l'a dit M. Jacques Larché.
Toutefois, étant donné que personne n'a voulu et n'a pu le supprimer, je me permets de renvoyer le qualificatif de « stupide » au vestiaire.
Mes chers collègues, soyez bien tous persuadés que sans taxe professionnelle, il n'y aurait pas eu de décentralisation, laquelle aurait été un gigantesque échec avec un impôt sur les ménages.
Monsieur le ministre, en s'orientant vers la taxe professionnelle unique, on prend le risque, comme l'a dit M. Jacques Larché, d'une aggravation de la fiscalité pesant sur les entreprises. Pour essayer de conjurer ce risque, il faut éviter d'ajouter à la taxe professionnelle unique tous les mécanismes de rattrapage que le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie et le secrétariat d'Etat au budget ont inventé pour essayer d'atténuer les pertes de recettes. Citons notamment l'augmentation des cotisations de péréquation, de celles afférentes au fonds national de péréquation, ainsi que les majorations supportées par les entreprises installées dans des bassins dans lesquels le taux de la fiscalité est inférieur à la moyenne nationale, etc.
Si l'on conjugue la marche vers la taxe professionnelle unique et tous ces dispositifs de péréquation qui frappent les entreprises, il est évident que nous assisterons à une aggravation de la fiscalité.
Pour aller vers la réforme nécessaire de cet impôt, il faut s'engager dans la voie de la taxe professionnelle unique. Mais, monsieur le ministre de l'intérieur, lors des concertations gouvernementales, vous devrez conserver cette réforme dans sa pureté et la débarrasser de toutes les scories qui lui ont été ajoutées.
Il sera en effet impossible de demander aux entreprises à la fois de s'engager dans la voie d'une majoration des taux vers la moyenne, d'augmenter leur cotisation au fonds de péréquation et à l'ensemble des mécanismes qui alimentent les diverses péréquations de la taxe professionnelle et de participer au financement des investissements collectifs comme c'est prévu dans le cadre des contrats de plan Etat-régions.
Il y a un choix à faire. Il est important de dire, au début de ce débat, si l'on va, comme le Gouvernement le propose et comme la commission des finances l'accepte, vers la taxe professionnelle unique, qu'il faut éviter de surcharger les entreprises.
A l'occasion de la discussion du projet de loi de finances, j'ai demandé que le Gouvernement nous dise de manière précise comment s'articule, au niveau des entreprises qui paient cet impôt, la totalité du dispositif qui a été mis en place, c'est-à-dire à la fois la suppression de la part des salaires, l'évolution vers la taxe professionnelle unique et l'ensemble des cotisations annexes qui s'y ajoutent. Quand nous disposerons d'un tableau clair - que j'ai maintes fois réclamé, mais que je n'ai jamais obtenu - des incidences réelles sur les entreprises de l'ensemble de ces mécanismes nous pourrons alors avoir un jugement sain et objectif sur les évolutions qui nous sont proposées.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 182, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 261 rectifié bis , MM. Courtois, Cornu, Dufaut, Eckenspieller, Esneu, Fournier, Lassourd, Oudin, Vasselle, Doublet et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent de remplacer le premier alinéa (1°) du I du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts par deux alinéas ainsi rédigés :
« 1° Les communautés d'agglomération définies aux articles L. 5216-1 et L. 5216-2 du code général des collectivités territoriales, les communautés urbaines créées à compter de la date de publication de la loi n° du , les communautés de communes créées à compter de la date de publication de la loi n° du précitée et, à compter de l'expiration d'un délai de six mois après le renouvellement général des conseils municipaux suivant la date de publication de la loi précitée, les communautés de communes et les communautés urbaines préexistantes sont substituées aux communes membres pour l'application des dispositifs relatifs à la taxe professionnelle, à l'exception des I et II des articles 1648 A et 1648 AA ainsi que du 3° du II de l'article 1648 B et perçoivent le produit de cette taxe.
« Toutefois, les communautés de communes, quelle que soit leur date de création, et les communautés urbaines existant à la date de publication de la loi n° du précitée peuvent, par délibération du conseil de communauté statuant à la majorité des deux tiers, décider de percevoir les impôts mentionnés au I de l'article 1909 quinquies C dans les conditions prévues à cet article. Dans ce cas, les dispositions prévues au I du présent article ne s'appliquent pas. Cette décision demeure applicable tant qu'elle n'a pas été rapportée dans les mêmes conditions. »
Par amendement n° 183, M. Mercier, au nom de la commission des finances, propose, dans la première phrase du premier alinéa 1°) du I du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des collectivités territoriales, de remplacer les mots : « créées à compter de la date de publication de la loi n° du relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale, et les communautés urbaines existant à la même date et qui optent pour les dispositions fiscales prévues à l'article 1609 ter A » par les mots : « soumises de plein droit ou après option aux dispositions du présent article ».
La parole est à M. Courtois, pour défendre l'amendement n° 261 rectifié bis .
M. Jean-Patrick Courtois. Cet amendement a pour objet de revenir sur le régime obligatoire de la TPU pour les communautés d'agglomération et les communautés urbaines qui seraient créées après l'entrée en vigueur de la loi.
Considérant que ce caractère obligatoire risque de jouer un rôle de frein dans le processus décisionnel d'un EPCI vers le statut de communauté d'agglomération ou de communauté urbaine, il convient de rendre le passage à la TPU seulement optionnel.
Nous avons bien sûr conscience que cet amendement, s'il était adopté, poserait des problèmes et qu'il devrait être complété par d'autres amendements. Il faudrait, entre autres, modifier le système de la DGF. Mais nous l'avons déposé pour poser une question de principe à M. le ministre. S'il y répondait favorablement, nous retirerions bien évidemment cet amendement.
Un certain nombre de communes qui pourraient se regrouper dans une communauté d'agglomération ne le feront pas parce qu'elles ne souhaitent pas instaurer la TPU à la veille des élections municipales. Elles vont donc simplement créer une communauté de communes, en ayant souvent les mêmes attributions qu'une communauté d'agglomération, mise à part, je le répète, la TPU.
La question de principe est simple : au lendemain des municipales, les conseils municipaux qui décideraient de transférer la TPU à la communauté d'agglomération pourraient-ils sans difficulté voir transformer leur communauté de communes en communauté d'agglomération ? En langage clair, ne leur imposera-t-on pas des normes différentes, des sujétions ? Des problèmes juridiques ne les empêcheront-ils pas de passer d'une communauté de communes à une communauté d'agglomération, étant précisé que, dans les statuts de la communauté d'agglomération nouvelle, ils respecteraient totalement la loi ?
Par le dépôt de cet amendement, nous voulons être sûrs de pouvoir créer aujourd'hui une communauté de communes et la transformer en 2001, 2002 ou 2003, sans difficulté aucune, en communauté d'agglomération. Si M. le ministre répondait favorablement à cette interrogation, nous retirerions cet amendement.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 183 et pour donner l'avis de la commission des finances sur l'amendement n° 261 rectifié bis .
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. L'amendement n° 183 est purement rédactionnel.
En ce qui concerne l'amendement n° 261 rectifié bis , je voudrais d'abord rappeler, et c'est ce qui a conduit la commission des finances à accepter la taxe professionnelle unique, que cette taxe ne signifie pas une augmentation de la fiscalité locale. Elle peut correspondre à une vraie voie de réforme de la taxe professionnelle. Ce qui brouille la situation, c'est que le Gouvernement a voulu engager deux réformes la même année.
Cette taxe professionnelle unique, qui répond à une critique très souvent et à juste titre, formulée, permettra d'instaurer sur un même bassin de vie une même taxe professionnelle, alors qu'il existe aujourd'hui des taux très différents. La taxe professionnelle unique permet donc d'appliquer le même taux à tous les contribuables qui vivent dans le même espace de vie.
Telle est la philosophie de la taxe professionnelle unique, et c'est ce qui a conduit la commission des finances à dire que c'est une première réforme - peut-être n'est-elle pas suffisamment ambitieuse - extrêmement pragmatique et réaliste de la taxe professionnelle.
Au moment où l'on aborde le débat sur la taxe professionnelle unique, je ne peux pas laisser dire que l'instauration d'une telle taxe aura pour conséquence une augmentation de la fiscalité. Il n'y aura augmentation des impôts que si les collectivités locales se voient dotées de nouvelles compétences et qu'on ne leur donne pas, en même temps, les moyens financiers de les exercer. Ce point me semble important.
Cela dit, s'agissant d'un taux moyen - c'est un équilibre qui est trouvé sur un bassin de vie - il est vrai que ceux qui bénéficiaient d'une sorte de paradis fiscal paieront plus alors que ceux qui payaient très cher paieront moins.
M. Courtois en défendant son amendement a bien expliqué la raison pour laquelle il serait, selon moi, conduit à le retirer, puisque la logique même de ce projet de loi, probablement son apport essentiel, est de bâtir un impôt à la dimension des agglomérations ou des bassins de vie.
Le Gouvernement a prévu que celles et ceux qui accepteraient cette taxe professionnelle unique bénéficieraient d'une dotation d'intercommunalité particulière à un taux plus favorable. On voit donc qu'il y a là toute la logique du système et je ne peux que suggérer à M. Courtois, s'il obtient satisfaction à travers les propos de M. le ministre, de retirer son amendement, auquel, à défaut, je serais contraint de donner un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Si M. Courtois veut bien se reporter à l'article 27 du projet de loi que nous sommes en train de discuter, il y trouvera la réponse à sa question : un établissement public de coopération intercommunale - c'est-à-dire une communauté de communes dans le cas que vous envisagez - peut se transformer en communauté d'agglomération à la majorité des deux tiers de son conseil de communauté, dès lors bien entendu qu'il exerce les compétences prévues pour les communautés d'agglomération. La réponse est donc positive.
Maintenant, je voudrais vous faire observer que le projet de loi prévoit une taxe professionnelle unique de droit pour les seules communautés urbaines, communautés d'agglomération ou établissements publics de coopération intercommunale de plus de 500 000 habitants et que, dans l'état actuel du texte, c'est un régime moins contraignant que celui que vous proposez.
Je vous demande donc de bien vouloir retirer votre amendement.
M. le président. Monsieur Courtois, maintenez-vous l'amendement n° 261 rectifié ?
M. Jean-Patrick Courtois. Je le retire ; j'avais d'ailleurs déposé cet amendement dans cette optique-là, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur.
Nous voulions avoir l'assurance qu'à l'occasion de la discussion de la prochaine loi de finances l'introduction d'une nouvelle disposition ne compliquerait pas, comme par hasard, la transformation de la communauté de communes en communauté d'agglomération après les élections municipales de 2001. J'avais bien lu, monsieur le ministre, l'article 27 du projet de loi, mais vous savez comme moi que l'on peut toujours modifier des dispositions à l'occasion d'une loi de finances ! C'est pourquoi je voulais avoir l'engagement que le Gouvernement ne compliquerait pas le passage de la communauté de communes à la communauté d'agglomération et que cette dernière serait de droit si les conseils municipaux respectifs en délibéraient.
Ayant pris acte de la déclaration du ministre, je retire bien évidemment cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 261 rectifié bis est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 183, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
Les deux amendements suivants peuvent également faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 378, MM. Bret, Foucaud et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de rédiger comme suit le second alinéa (2°) du I du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts :
« 2° Les établissements publics de coopération intercommunale visés au 1° peuvent prélever une taxe additionnelle sur les taxes foncières et sur la taxe d'habitation si, du fait de l'application des dispositions de l'article 1636 B decies , leurs ressources propres, à l'exclusion du produit des emprunts, sont insuffisantes pour couvrir la charge de la dette, les autres dépenses obligatoires résultant des transferts de compétences, notamment l'attribution de compensation servie aux communes en vertu du V du présent article, les dépenses d'investissement inscrites au budget en application d'un contrat signé avec l'Etat en vertu de l'article 11 de la loi n° 28-653 du 29 juillet 1982 portant réforme de la planification et, le cas échéant, la dotation de solidarité prévue au VII du présent article. Les rapports entre les taux de ces trois axes doivent être égaux aux rapports constatés, l'année précédente, entre les taux moyens pondérés de chaque taxe dans l'ensemble des communes membres. »
Par amendement n° 523, le Gouvernement propose, dans la première phrase du second alinéa (2°) du I du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, de remplacer les mots : « d'un délai de six mois » par les mots : « du délai d'un an ».
La parole est à M. Foucaud, pour défendre l'amendement n° 378.
M. Thierry Foucaud. Cet article 51 du projet de loi porte sur la question relativement importante du devenir du régime fiscal des EPCI.
Il est en effet à peu près évident que l'importance des compétences transférées aux EPCI par les communes adhérentes risque, dans un contexte de remise en cause de la taxe professionnelle - et donc de la portée réelle de l'adoption de la taxe professionnelle unique ou de la taxe d'agglomération - de générer une pression particulièrement forte sur l'évolution des impôts dus par les ménages.
A ce stade du débat, plusieurs observations s'imposent.
Le périmètre des compétences futures des EPCI se situe - le débat sur la première partie du projet de loi l'a abondamment montré - en des domaines marqués, ces dernières années, par un sensible accroissement des obligations et des charges des collectivités territoriales.
Force est également de constater que le montant des dotations qui sont ou seront attribuées aux groupements existants ou aux nouveaux groupements transformés ou constitués sera largement insuffisant pour faire face à la prise en charge de ces compétences.
On peut envisager de plus que les ressources découlant de la mise en place de la taxe professionnelle unique seront, dans de nombreux cas, insuffisantes pour contribuer au financement.
C'est cela qui a motivé l'adoption du texte de l'article 51. Sa philosophie générale, en effet, est celle de la mise en place d'une fiscalité mixte dont la traduction la plus palpable pour les habitants des communes adhérentes aux EPCI sera l'augmentation mécanique du montant de l'impôt dû et, probablement, pour l'Etat, de celui des compensations pour dégrèvements d'origine législative, tout en constatant la détérioration « optique », je dirais, du compte d'avances aux collectivités locales.
Nous proposons donc, dans cet amendement, de limiter strictement le recours à la fiscalité additionnelle aux communautés urbaines et aux communautés d'agglomérations.
Pour autant, et sans doute parce que la question devra être à nouveau posée, c'est encore là une solution assez peu satisfaisante.
Du plus loin que nous remontions dans les relations entre l'Etat et les collectivités territoriales, nous avons toujours connu la controverse entre fiscalité et dotations, controverse qui se résout parfois devant l'examen des charges transférées et les obligations budgétaires de l'Etat.
L'expérience des années 1993-1997 est, de ce point de vue, particulièrement éclairante puisque la hausse de la fiscalité est allée de pair avec le gel de la dotation globale de fonctionnement puis le « pacte de stabilité ».
Toujours est-il que nos compatriotes auront sans doute quelque peine à percevoir la pertinence de l'intercommunalité si celle-ci n'est traduite qu'en alourdissement de la pression fiscale.
Nous vous invitons donc à adopter cet amendement.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 523.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Il s'agit d'un amendement de coordination qui tend à tirer les conséquences fiscales des décisions prises dans la partie institutionnelle.
Je rappelle que l'article 34 de la partie institutionnelle fixe le délai de transformation non plus à six mois, mais, désormais, à un an.
Dans les dispositions fiscales, la mention du délai demeure : six mois.
Cet amendement vise donc à réparer un oubli, afin de mettre en cohérence l'ensemble du texte.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances sur ces deux amendements ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. La commission des finances est défavorable à l'amendement n° 378, qui réduit la liberté des élus locaux.
Il est vrai que, globalement, la fiscalité mixte présente un risque de surfiscalisation. Il faut toutefois que notre Haute Assemblée accepte, dans ce domaine, de faire confiance aux élus responsables. C'est d'ailleurs la position qui avait été adoptée dans le projet de loi que préparait M. Perben.
La commission des finances, en revanche, est favorable à l'amendement n° 523, qui est un amendement de coordination.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 378 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 378, qui tend à rétablir le texte initial du Gouvernement, lequel prévoyait un complément de ressources type syndicats d'agglomérations nouvelles pour les communautés d'agglomération et les communautés urbaines. Je suis donc heureux de voler au secours du porte-parole du groupe communiste républicain et citoyen !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 378.
M. Yves Fréville. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. M. Bret a abordé dans son amendement un sujet essentiel, celui de la fiscalité mixte.
Je me suis personnellement longuement demandé si la solution initialement proposée dans le projet de loi, et qui est reprise par M. Bret, n'était pas la meilleure.
En fin de compte, je pense qu'il faut adopter la fiscalité mixte, mais à condition de fixer les barrières qui sont indispensables.
En effet, la taxe professionnelle unique convient très bien aux groupements qui voient croître le produit de leur taxe professionnelle.
Cependant, s'agissant des communautés rurales qui n'enregistrent pas d'accroissement de taxe professionnelles, si celle-ci constitue leur unique ressource, elles ne pourront pas mettre en place l'intercommunalité de projets qui correspond à notre souhait commun sans recourir à une fiscalité mixte frappant les ménages.
Par ailleurs, se pose le problème des communautés urbaines qui, nolens volens , sont déjà assujetties à la fiscalité mixte.
Voilà pourquoi je pense que la fiscalité mixte est la meilleure façon de faire en sorte que la TPU puisse être un impôt général, c'est-à-dire s'appliquant à toutes les communautés de communes, depuis les communautés rurales jusqu'aux communautés d'agglomération.
Il est souhaitable que nous ayons, avec la taxe professionelle unique, l'impôt général des collectivités locales en situation d'intercommunalité.
Cela étant, il est essentiel d'établir une liaison très forte entre les taux pour éviter la dérive financière qui serait possible avec la fiscalité mixte. A cet égard, la modalité de liaison des taux adoptée par la commission des finances constitue une précision d'une importance majeure : si une communauté de communes ou une communauté d'agglomération vote une majoration des taux de taxe d'habitation ou de taxes foncières, c'est-à-dire des impôts sur les ménages au titre de la fiscalité mixte, cela ne doit en rien lui permettre d'accroître le taux de la taxe professionnelle, qui doit être simplement lié aux taux communaux de taxe d'habitation et de taxes foncières.
C'est la raison pour laquelle je voterai contre l'amendement n° 378.
La fiscalité mixte, qui est un ballon d'oxygène dans certaines situations difficiles, ne doit en aucune manière permettre aux communautés de communes d'accroître le taux de la taxe professionnelle.
M. Jean-Pierre Fourcade. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fourcade.
M. Jean-Pierre Fourcade. M. Fréville a développé d'excellents arguments sur lesquels je ne reviendrai pas, me contentant de soulever un point particulier.
En fait, dans ce texte, on fait semblant de croire que la taxe professionnelle n'a pas été réformée. Or elle a été modifiée pour la loi de finances de 1999, qui prévoit une évolution assez profonde pour les cinq prochaines années. Cela signifie que la taxe professionnelle unique ne sera plus applicable à toute une série d'installations nouvelles dans un certain nombre de communes et de départements. Elle sera remplacée par une de ces compensations forfaitaires dont nous savons tous ce qu'elle deviennent après quelques années.
Autrement dit, dans les années qui viennent, la taxe professionnelle va se rigidifier : dans les comptes des collectivités et des établissements publics de coopération intercommunale, il y aura de moins en moins de vrai produit de taxe professionnelle et de plus en plus de compensation.
Je comprends parfaitement le souci de M. Bret : il s'agit d'éviter d'aggraver la charge fiscale supportée par l'ensemble des contribuables. Cependant, le dispositif qu'il propose est beaucoup trop rigide et risque de rendre impossible la gestion des établissements publics de coopération intercommunale en 2003 ou en 2004, quand la réforme de la taxe professionnelle sera achevée.
Je crois qu'il faut déchirer le voile sous lequel nous nous abritons. La taxe professionnelle va être « délivrée » de la part salaires, ce qui veut dire que seuls les investisseurs seront taxés à partir de 2004. La gestion de la taxe professionnelle unique va donc être de plus en plus difficile. Il me paraît, par conséquent, nécessaire d'ôter du texte tous les éléments de rigidié qu'il contient. Si l'amendement de M. Bret était adopté, nous serions certainement obligés d'y revenir dans quelques années. C'est pourquoi je voterai contre.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 378, repoussé par la commission des finances et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 523, accepté par la commission des finances.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements pouvant faire également l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 379, MM. Bret, Foucaud et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de rédiger comme suit le II du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts :
« II. - Les communautés de communes ayant opté pour les dispositions fiscales prévues au III de l'article 1609 quinquies C et, jusqu'à l'expiration d'un délai de six mois après le renouvellement général des conseils municipaux suivant la date de publication de la loi n°... du... relative à l'organisation urbaine et à la simplification de la coopération intercommunale, les districts ayant opté pour les dispositions de l'article 1609 quinquies A et les communautés de villes sont substitués aux communes membres pour l'application des dispositions relatives à la taxe professionnelle, à l'exception des I et II des articles 1648 A et 1648 AA ainsi que du 3° du II de l'article 1648 B. Ils perçoivent le produit de cette taxe. »
Par amendement n° 294, M. Fréville propose :
I. - A la fin du II du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, d'ajouter un 2° ainsi rédigé :
« 2° Les communautés urbaines visées au I peuvent décider de percevoir la taxe d'habitation et les taxes foncières en appliquant aux bases d'imposition de ces taxes, la première année d'application de l'article 1609 nonies C, les taux de taxe d'habitation et de taxes foncières votés l'année précédente, par délibération du conseil de l'établissement de coopération intercommunale statuant à la majorité des deux tiers. »
II. - En conséquence, de faire précéder le premier alinéa du II dudit texte de la mention : « 1° ».
La parole est à M. Foucaud, pour défendre l'amendement n° 379.
M. Thierry Foucaud. Cet amendement procède des mêmes attendus que celui que nous avons précédemment défendu.
Sans revenir sur la question de la mise en place de la fiscalité mixte, c'est-à-dire celle de l'accroissement continu de la pression fiscale locale, je dirai que cet amendement prévoit explicitement de limiter le champ d'application de la fiscalité mixte aux communautés urbaines et aux communautés d'agglomération.
Nous proposons d'exclure de ce champ les communautés de communes et de ne pas retenir, pour elles, le principe de la fiscalité additionnelle, ce qui laisserait de fait aux communes les impôts fonciers et la taxe d'habitation dès lors que se trouverait appliqué le principe de la taxe professionnelle unique.
Que l'on me permette de relever ici une petite contradiction dans la « pensée » fiscale de la majorité sénatoriale.
En effet, il n'est pas de discussion budgétaire sans que les membres de la majorité sénatoriale critiquent le poids excessif de ce que l'on appelle les « prélèvements obligatoires ». Comment, dès lors, ne pas s'étonner de les voir aujourd'hui juger acceptable le principe de la fiscalité mixte, qui constitue un facteur non négligeable d'accroissement desdits prélèvements ?
Nos collègues de la majorité se seraient-ils convertis, sous l'opportune pression des événements et après avoir procédé à un constat objectif des faits, à une nouvelle conception des choses ? (Sourires sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
Pour notre part, nous pensons que le débat sur le choix entre fiscalité et dotation demeure ouvert, de même que le débat sur la réponse aux besoins collectifs et les solutions institutionnelles.
M. le président. La parole est à M. Fréville, pour défendre l'amendement n° 294.
M. Yves Fréville. Cet amendement assez technique vise à faciliter le passage à la taxe professionnelle unique des communautés urbaines qui ont déjà une fiscalité mixte.
Dans la situation actuelle, comme l'écrit excellemment M. Michel Mercier à la page 39 de son rapport, « si le groupement perçoit une fiscalité mixte, le produit de cette fiscalité n'est pas pris en compte dans le calcul de la compensation. Ainsi, les communes percevront une compensation calculée comme si le produit de la taxe professionnelle était la seule ressource fiscale du groupement ».
Bien entendu, la communauté urbaine qui avait déjà voté des taux de taxe d'habitation ou de taxes foncières a toutes les chances, quand elle passera à la taxe professionnelle unique, de devoir adopter, pour équilibrer son budget, cette fiscalité mixte.
Il serait, dès lors, tout à fait logique que l'on tienne compte de cette fiscalité mixte reconduite pour simplifier le calcul de l'allocation de compensation.
Voilà pourquoi cet amendement tend à réduire l'allocation de compensation qui, comme chacun le sait, n'est pas indexée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances sur les amendements n°s 379 et 294 ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. L'amendement n° 379 est une conséquence de l'amendement n° 378. C'est donc le même avis défavorable que précédemment que je suis conduit à émettre.
L'amendement n° 294 a pour objet de permettre aux groupements qui passent à la taxe professionnelle unique de continuer à pervevoir les trois autres taxes directes aux mêmes taux que les années précédentes, et cela sans décision expresse de l'assemblée délibérante du groupement.
Rien n'empêche, dans notre droit positif, de faire voter par l'assemblée délibérante du groupement des taux de fiscalité additionnelle qui soient exactement les mêmes que ceux qui étaient perçus l'année précédente puisqu'une entière liberté est reconnue, à cet égard, à l'organe délibérant de la communauté urbaine.
Or, selon moi, en matière fiscale, la responsabilisation des élus est essentielle. Dès lors, il me paraît hautement préférable de prévoir une décision expresse plutôt que de prendre une disposition technique garantissant un résultat sans l'exigence d'une décision expresse.
Par ailleurs, si les communes répercutent dans leurs taux communaux les taux des trois taxes antétieurement perçues par le groupement le transfert de la totalité de la taxe professionnelle au groupement et que le groupement continue lui-même de percevoir cette taxe au même taux qu'auparavant, nous nous trouverons dans une situation fiscale tendue.
J'ajoute que cet amendement tend également à améliorer la péréquation entre les communes membres d'un groupement, la ressource fiscale servant de fait à financer la dotation de solidarité. Or nous pensons que la fiscalité mixte doit être essentiellement réservée au financement des compétences transférées des communes vers le groupement de communes et n'être utilisée qu'en cas de manque de ressources.
Pour toutes ces raisons, je demande à notre collègue, M. Fréville, de bien vouloir retirer son amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 379 et 294 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. L'amendement n° 379 est la conséquence d'un amendement sur lequel j'avais donné un avis favorable ; j'y suis donc également favorable.
Avec l'amendement n° 294, M. Fréville montre qu'il est un très grand pâtissier ! (Sourires.) La fiscalité locale ressemble en effet beaucoup à un gâteau de première communion : c'est très compliqué.En l'occurrence, M. Fréville a réussi à faire un véritable chef-d'oeuvre, au sens des chefs-d'oeuvre des artisans de France.
M. Alain Vasselle. Avec de la Chantilly ! (Sourires.)
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Il me semble cependant qu'il propose un système excessivement rigide. En effet, il y aurait à la fois un produit de taxe professionnelle gelé et une absence de marge de manoeuvre sur la fiscalité des ménages. De ce fait, ce système présenterait un sérieux risque de dérive inflationniste.
Votre dispositif est intellectuellement très séduisant, monsieur Fréville, mais il pourrait avoir des conséquences fâcheuses. C'est la raison pour laquelle je joins mes exhortations à celles du rapporteur pour vous demander de retirer votre amendement.
M. le président. L'amendement n° 294 est-il maintenu, monsieur Fréville ?
M. Yves Fréville. Je crois être devenu un spécialiste de la pâte feuilletée. (Sourires.) La première feuille étant constitué par les impôts communaux et la seconde par les impôts communautaires.
Je me permets de faire remarquer à M. le rapporteur pour avis qu'en ce qui concerne les impôts sur les ménages je ne change rien à la disposition et au poids des deux feuilles. Simplement, la taxe professionnelle qui était perçue au niveau communal le sera au niveau communautaire. Il n'y a donc aucune inflation.
Ce qui est parfaitement exact, c'est que le système modifiera et sans doute diminuera les allocations de compensation versées aux communes. Or, celles-ci ne sont pas indexées. Le système est donc favorable pour les communes. Mais, puisque M. le rapporteur et M. le ministre estiment que la crème dont j'ai enduit ce feuilleté n'est peut être pas très digeste, je retire bien volontiers cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 294 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 379, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.) M. le président. Par amendement n° 380, MM. Bret, Foucaud et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans la première phrase du premier alinéa du III du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, après les mots : « du I », d'insérer les mots : « ou du II ».
La parole est à M. Bret.
M. Robert Bret. Cet amendement de conséquence n'a plus d'objet.
M. le président. L'amendement n° 380 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 524 rectifié, le Gouvernement propose, dans la première phrase du deuxième alinéa du b du 1° du III du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, de remplacer les mots : « au cours des deux premières années » par les mots : « la première année ».
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Cet amendement tend à rétablir le texte initial du Gouvernement. En effet, l'amendement adopté par l'Assemblée nationale autorisait les établissements publics de coopération intercommunale à taxe professionnelle unique à modifier la durée de réduction des écarts de taux pendant les deux premières années.
D'une part, ce système compliquerait considérablement la gestion de la fiscalité directe locale et, d'autre part, il créerait une instabilité, tant pour l'établissement public de coopération intercommunale, au moment du vote de son taux, que pour les entreprises qui voient le rythme d'unification des taux se modifier soudainement. Cette instabilité pourrait créer des difficultés en cas de rattachement de nouvelles communes l'année où est modifiée la durée d'unification des taux.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ? M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Le texte, dans sa rédaction actuelle, autorise les groupements qui passent à la taxe professionnelle unique à allonger de dix à douze ans la période d'unification des taux.
L'Assemblée nationale, à la suite d'un amendement proposé par M. Gilles Carrez et soutenu par la commission des lois, a décidé que les groupements pouvaient prendre cette décision au cours des deux premières années d'application de cette taxe professionnelle unique. L'Assemblée nationale a introduit, nous semble-t-il, sur ce point une plus grande souplesse et laissé un peu de temps à la réflexion. Elle a donc amélioré le texte du Gouvernement. C'est la raison pour laquelle nous sommes défavorables à l'amendement n° 524 rectifié.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 524 rectifié, repoussé par la commission des finances.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 184, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose de rédiger ainsi le sixième alinéa du III du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts :
« Cette délibération ne peut être modifiée ultérieurement. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Cet amendement tire les conséquences de la suppression, adoptée par le Sénat, des possibilités d'extension dérogatoires des périmètres des établissements publics de coopération intercommunale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 184, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 185, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose :
« I. - Après le dernier alinéa 3° du paragraphe III du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, d'insérer un alinéa rédigé comme suit :
« Pour le rattachement de toute nouvelle commune à une communauté d'agglomération issue de la transformation d'un syndicat d'agglomération nouvelle, les dispositions de l'article 1638 quater sont applicables.
« II. - En conséquence, de supprimer le douzième alinéa du V du texte présenté par ce même article pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Il s'agit d'un amendement de nature purement rédactionnelle.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 185, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 297, M. Fréville propose, après la première phrase du quatrième alinéa du paragraphe IV du texte présenté par l'article 5/1, pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, d'insérer la phrase suivante : « Le coût comprend les participations versées par les communes membres aux syndicats de communes auxquels l'établissement de coopération intercommunale est substitué ».
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Il s'agit d'un amendement de précision qui vise le cas où un syndicat de communes est absorbé par une communauté d'agglomération ou de communes. Il convient alors de préciser que les participations versées par les communes membres au syndicat de communes antérieurement à l'absorption sont bien prises en compte dans le calcul de la dotation de compensation. Dans mon département, ce point n'avait pas été toujours compris par les services de contrôle de la légalité.
Si le Gouvernement me donne acte que ces participations sont bien prises en compte dans le calcul de la dotation de compensation, je retirerai naturellement cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. M. Fréville a tout dit. Son amendement apporte une précision très intéressante et nous souhaitons entendre l'avis du Gouvernement sur ce point.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je suis heureux de pouvoir donner satisfaction à M. Fréville. Son amendement est, en effet, sans objet, dans la mesure où le texte actuel précise déjà très clairement que la commission d'évaluation des transferts de charges se prononce sur le montant des contributions des communes au financement des syndicats.
M. le président. Monsieur Fréville, l'amendement n° 297 est-il maintenu ?
M. Yves Fréville. Je remercie M. le ministre et M. le rapporteur de leurs explications et je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 297 est retiré.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures quarante-cinq.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures vingt, est reprise à vingt et une heures cinquante, sous la présidence de M. Gérard Larcher.)

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
vice-président

M. le président. La séance est reprise.

6

DÉPÔT D'UN RAPPORT
DU GOUVERNEMENT

M. le président. M. le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre le rapport relatif à la clarification et à la simplification des procédures d'admission au concours d'accès aux écoles nationales vétérinaires établi en application de l'article 23, dernier alinéa, de la loi n° 99-5 du 6 janvier 1999 relative aux animaux dangereux et errants.
Acte est donné du dépôt de ce rapport.

7

RENFORCEMENT ET SIMPLIFICATION
DE LA COOPÉRATION INTERCOMMUNALE

Suite de la discussion d'un projet de loi
déclaré d'urgence

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale.
Nous poursuivons l'examen de l'article 51, qui a été appelé par priorité.

Article 51 (suite)



M. le président.
Par amendement n° 186, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose :
I. - De remplacer le premier alinéa (1°) du V du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts par six alinéas ainsi rédigés :
« 1° L'établissement public de coopération intercommunale verse à chaque commune membre une attribution de compensation. Elle ne peut être indexée.
« Lorsque l'attribution de compensation est négative, l'établissement public de coopération intercommunale peut demander à la commune d'effectuer à due concurrence un versement à son profit.
« Les attributions de compensation prévues au 1° bis , au 2° et au 3° constituent une dépense obligatoire pour l'établissement public de coopération intercommunale ou, le cas échéant, les communes membres. Le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale communique aux communes membres, avant le 15 février de chaque année, le montant prévisionnel des attributions au titre de ces reversements.
« Le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale ne peut procéder à une réduction des attributions de compensation qu'après accord des conseils municipaux des communes intéressées.
« Toutefois, dans le cas où une diminution des bases imposables de taxe professionnelle réduit le produit disponible, le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale peut décider de réduire les attributions de compensation dans la même proportion.
« 1° bis L'attribution de compensation est égale au produit de taxe professionnelle, hors compensation prévue au IV bis de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 n° 86-1317 du 30 décembre 1986, perçu par elle l'année précédant l'institution du taux de taxe professionnelle communautaire diminué du coût net des charges transférées calculé dans les conditions définies au IV. Cette attribution est recalculée, dans les conditions prévues au IV, lors de chaque nouveau transfert de charges. »
II. - De supprimer les trois derniers alinéas (4°) du V du texte proposé par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts.
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 403, présenté par MM. Bourdin, Gaudin et les membres du groupe des Républicains et Indépendants, et tendant, dans la première phrase du dernier alinéa (1° bis ) du texte proposé par le I de l'amendement n° 186, après les mots : « égale au produit de taxe professionnelle », à insérer les mots : « y compris la compensation prévue au I du D de l'article 44 de la loi de finances pour 1999 n° 98-1266 du 30 décembre 1998, mais ».
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 186.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation. Il s'agit d'un amendement purement rédactionnel.
M. le président. La parole est à M. Bourdin, pour défendre le sous-amendement n° 403.
M. Joël Bourdin. Ce sous-amendement vise à intégrer un des éléments de la loi de finances pour 1999, à savoir la suppression de la part « salaire » des bases d'imposition de la taxe professionnelle. Pour éviter que la compensation versée aux communes ne soit réduite ou minimisée, il est proposé d'intégrer dans la partie de la taxe professionnelle la compensation prévue au paragraphe I du D de l'article 44 de la loi de finances pour 1999.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances sur le sous-amendement n° 403 ?
M. Michel Mercier rapporteur pour avis. Ce sous-amendement, présenté par M. Bourdin, soulève un vrai problème.
En fait, deux réformes de la taxe professionnelle sont conduites simultanément. La première vise à instituer un même taux de taxe professionnelle sur un bassin d'emploi. La seconde tend à réduire l'assiette de la taxe professionnelle en supprimant la part « salaire » dans ses bases.
Monsieur le ministre, qui percevra la compensation de la part « salaire » en cas de création d'un groupement à taxe professionnelle unique après l'entrée en vigueur de la loi de finances pour 1999 ? C'est après avoir entendu le Gouvernement que la commission donnera son avis sur le sous-amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 186 et sur le sous-amendement n° 403 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. La prise en compte de la suppression de la part « salaire » de la taxe professionnelle dans le calcul de l'attribution de compensation revenant aux communes paraît légitime. Aussi le Gouvernement émet-il un avis favorable sur l'amendement n° 186 et sur le sous-amendement n° 403.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances sur le sous-amendement n° 403 ?
M. Michel Mercier rapporteur pour avis. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 403, accepté par la commission des finances et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 186, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements présentés par M. Fréville.
L'amendement n° 295 tend, après le quatrième alinéa du V du texte proposé par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, à insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, l'attribution de compensation versée chaque année aux communes membres d'une communauté urbaine visée au II, 2 du présent article n'est pas diminuée du produit de la taxe d'habitation, de la taxe foncière sur les propriétés bâties et de la taxe foncière sur les propriétés non bâties perçu dans dans la commune au profit de l'établissement public de coopération intercommunale. »
L'amendement n° 291 vise à rédiger comme suit le sixième alinéa du V du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts :
« a) Du montant des compensations perçues par l'établissement public de coopération intercommunale, à l'exception des communautés urbaines visées au II, 2° du présent article, sur le territoire de la commune l'année précédant celle de la première application des dispositions du présent article, en contrepartie des exonérations prévues aux articles 1390, 1391 et au I de l'article 1414. »
La parole est à M. Fréville, pour défendre ces deux amendements.
M. Yves Fréville. Il s'agit de deux amendements de conséquence d'un amendement qui a été retiré : ils sont donc retirés.
M. le président. Les amendements n°s 295 et 291 sont retirés.
Par amendement n° 525, le Gouvernement propose, dans la première phrase du premier alinéa du VII du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, de supprimer les mots : « autre qu'une communauté urbaine ».
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le texte adopté par l'Assemblée nationale supprime le gel de la dotation de solidarité pour les communautés urbaines en cas de recours à la fiscalité mixte. Cet amendement a pour objet de rétablir les mesures relatives à la dotation de solidarité en cas de recours à la fiscalité mixte pour tous les établissements publics de coopération intercommunale. Il vise donc à supprimer les mots : « autre qu'une communauté urbaine ». En effet, le produit de la fiscalité mixte doit être consacré au financement des compétences de groupement, et non à des reversements au profit des communes, sauf à créer, sans contrepartie, un risque d'accroissement de la pression fiscale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Sur cette question, la commission a un avis différent du Gouvernement. Cette divergence d'analyse porte non pas sur le fond, mais sur les mécanismes que le projet de loi vise à instituer : la commission a davantage confiance en ceux-ci que le Gouvernement.
En effet, le texte prévoit que, dans les groupements autres que les communautés urbaines, le montant de la dotation de solidarité est plafonné en cas de recours à la fiscalité mixte par le groupement. Cet amendement ainsi que les amendements n°s 526, 527, 528 et 529 ont pour objet de mettre en place le même mécanisme de plafonnement pour les communautés urbaines. Selon nous, ces amendements ne peuvent pas être retenus, puisque la commission des finances et la commission des lois proposent la suppression de toutes les dispositions relatives au plafonnement.
La fiscalité mixte - et nous sommes d'accord sur ce point avec le Gouvernement - doit servir uniquement à financer les transferts de compétences opérés au sein des groupements de communes - et donc à financer l'exercice des compétences obligatoires - lorsque le produit de la taxe professionnelle est trop faible.
La fiscalité mixte - et nous sommes, là encore, d'accord avec le Gouvernement - ne doit pas être mise en place pour financer la solidarité financière entre les communes membres du groupement.
Néanmoins, le Gouvernement nous propose - et c'est l'un des apports du projet de loi - de définir clairement les règles qui régissent le calcul du coefficient d'intégration fiscale. Si celui-ci devient un véritable instrument de mesure de l'intégration fiscale réelle entre les communes, il est bien évident qu'il n'est pas nécessaire de prévoir un plafonnement et d'ajouter des mécanismes annexes. En effet, il y aura une autolimitation de la tendance à développer les subventions de solidarité que le groupement accordera à ses membres puisque toute dotation de solidarité aura pour conséquence de diminuer le coefficient d'intégration fiscale, et donc de diminuer le financement par l'Etat de l'intercommunalité.
Il faut faire des choix clairs. Les commissions saisies ont fait le choix clair de privilégier le coefficient d'intégration fiscale comme seul mécanisme de plafonnement. La commission des finances émet donc un avis défavorable.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 525.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Nous devons laisser aux EPCI la possibilité d'instaurer une véritable fiscalité mixte.
Je rappelle que le projet de loi Perben, du nom du prédécesseur de l'actuel ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation, prévoyait la possibilité, pour les groupements à taxe professionnelle unique, de percevoir, en plus de la taxe professionnelle, un complément de fiscalité additionnelle aux taxes ménages communales.
Ce principe de la fiscalité mixte est réclamé depuis longtemps par nombre d'élus locaux. Il vise à atténuer l'effet de dépendance lié à la spécialisation de l'impôt et permet aux groupements à taxe professionnelle unique une plus grande sécurité de ressources fiscales, et donc budgétaires. Cependant, dans le texte qui nous est soumis, le complément de fiscalité sur les ménages est réservé aux seules communautés d'agglomération et communautés urbaines créées après l'entrée en vigueur de la loi ou ayant opté pour le régime de la taxe professionnelle unique.
De plus, dans le texte initial du présent projet de loi, la possibilité d'instaurer la fiscalité mixte n'était autorisée que dans le cas où les ressources propres du groupement, hors emprunt, ne suffisaient pas à couvrir ses dépenses obligatoires liées aux transferts de compétence. C'était, en fait, une mesure de sauvegarde, bien éloignée de la fiscalité mixte prévue par le projet Perben.
L'Assemblée nationale est fort heureusement revenue sur cette mesure, puisque les députés ont prévu que tous les groupements à taxe professionnelle unique pouvaient recourir à la fiscalité mixte, sans référence aucune à d'éventuelles difficultés financières, revenant ainsi à l'esprit du projet Perben.
Quant au risque d'alourdissement de la pression fiscale, souvent dénoncé par les détracteurs de la fiscalité mixte et, à l'instant, par M. le ministre, je ne nie pas qu'il puisse exister. Ce serait cependant, en pareil cas, non pas le régime de la fiscalité mixte lui-même qui en serait le coupable, mais plutôt les élus communautaires qui se seraient laissés aller à la facilité, en renonçant au bon exercice rigoureux de leurs mandats.
N'oublions pas que la fiscalité mixte présente l'énorme avantage pour les groupements à taxe professionnelle unique de ne pas dépendre exclusivement de la taxe professionnelle, et donc de l'état de santé des entreprises installées sur leur territoire.
C'est pourquoi je ne voterai pas l'amendement présenté par le Gouvernement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 525, repoussé par la commission des finances.

(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, n'adopte pas l'amendement.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 160, M. Fréville et les membres du groupe de l'Union centriste proposent, dans la première phrase du premier alinéa du paragraphe VII du texte présenté l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, après les mots : « dont le principe et les critères de répartition entre les communes membres », d'insérer les mots : « et, le cas échéant, certains établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre limitrophes ».
Par amendement n° 464, MM. Richert et Fréville proposent, dans la première phrase du premier alinéa du paragraphe VII du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, après les mots : « de répartition entre les communes membres », d'insérer les mots : « et, le cas échéant, certains établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre, ».
La parole est à M. Fréville, pour défendre l'amendement n° 160.
M. Yves Fréville. Cet amendement précise quels peuvent être les bénéficiaires de la dotation de solidarité mise en place dans les établissements publics de coopération intercommunale à taxe professionnelle unique.
Le texte actuel ne vise à cet égard que les communes membres. Or il existe de nombreux cas où il est souhaitable de pouvoir faire transiter par la dotation de solidarité d'autres flux financiers.
Permettez-moi de prendre un exemple très simple, qui a d'ailleurs été évoqué fréquemment à l'Assemblée nationale mais qui n'a pas trouvé de solution, celui de deux communautés de communes ou d'agglomération qui se mettent d'accord pour réaliser ensemble une zone industrielle, un parc d'activités. Il existe une autoroute, un échangeur, et une occasion se présente. Il serait absurde de diffuser les effets de cette zone entre deux zones différentes ! Par conséquent, les deux communautés doivent pouvoir se mettre d'accord pour réaliser une seule zone « à cheval » sur les deux communautés.
Naturellement, il se peut très bien que certaines charges d'investissements aient été engagées par la première communauté et non par la seconde ; de même, les activités peuvent s'implanter d'un côté de la zone plutôt que de l'autre. Mais un pacte financier peut très bien régler tous ces problèmes et entraîner les transferts financiers nécessaires ! Il est tout à fait logique, puisque ces activités sont réalisées en commun par les deux communautés, que la dotation de solidarité permette de régler ce genre de situation, qui est très fréquente et qui permet de résoudre de très nombreux problèmes pratiques.
M. le président. La parole est à M. Richert, pour présenter l'amendement n° 464.
M. Philippe Richert. Cet amendement procède de la même logique. Toutefois, au lieu de s'appliquer à l'exemple que notre collègue Yves Fréville a cité, il est un peu plus général.
Prenons l'exemple d'une vallée qui, dans un massif, débouche sur une plaine. Si cette vallée est occupée par trois EPCI successifs, il est logique que la zone d'activités qui va permettre d'irriguer économiquement l'ensemble se trouve plutôt au débouché de ladite vallée. Il semble souhaitable, pour éviter la multiplication des zones d'activités, que le bénéfice de cette zone puisse profiter aussi aux EPCI qui sont situées en amont.
Il faut donc donner la possibilité à l'EPCI qui « porte » cette zone d'agir, par convention, avec les deux autres zones. Mais, comme la zone qui est le plus en amont n'est pas forcément directement limitrophe de la première, j'ai préféré supprimer le mot « limitrophe », pour éviter toute ambiguïté.
Cela étant, si, au cours de la discussion, on parvenait à me faire comprendre que l'amendement déposé par notre collègue Yves Fréville répond à ma préoccupation, j'accepterais volontiers de retirer mon amendement. Mais, dans l'immédiat, je n'ai pas obtenu cette assurance.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances sur les amendements n°s 160 et 464 ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Les amendements que viennent de défendre nos collègues MM. Fréville et Richert posent un vrai problème de coopération intercommunale.
Il s'agit, en fait, de tenir compte de situations très réelles, lorsque plusieurs établissements de coopération intercommunale ont décidé en commun de ne créer qu'une seule zone industrielle. Si la richesse économique est concentrée dans un seul endroit, il demeure cependant trois groupements séparés, pour des raisons qui tiennent notamment à la géographie. Ces groupements peuvent toutefois décider de régler entre eux, par convention, le partage de la taxe professionnelle.
C'est un bon exercice pratique de coopération intercommunale auquel nous convient nos collègues. Je leur propose donc de « fusionner » leurs amendements : lorsque plusieurs établissements publics de coopération intercommunale forment un même ensemble sans discontinuité territoriale avec une seule zone industrielle en commun, ils doivent pouvoir partager la taxe professionnelle au moyen de la dotation de solidarité.
Ce dispositif n'est peut-être pas parfait techniquement, mais c'est ce que nous avons trouvé de plus pratique.
Pour cette raison, la commission des finances a donné un avis favorable à cet amendement « fusionné », qui pourrait être l'amendement n° 160.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur ces deux amendements ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement n'est pas favorable à ces deux amendements.
La solution au problème posé réside davantage dans la révision des périmètres sur un projet commun. En effet, vouloir partager la dotation entre les établissements publics de coopération intercommunale est contraire au principe de spécialité, introduit une très grande opacité dans les rapports entre les différents établissements et ne va pas dans le sens de la transparence pour le contribuable.
J'ajoute que l'intérêt communautaire resterait entièrement à définir. Ces amendements me paraissent donc compliquer inutilement le système.
M. le président. Monsieur Richert, acceptez-vous le principe de la « fusion » de l'amendement n° 464 et de l'amendement n° 160 ?
M. Philippe Richert. Permettez-moi de reprendre, pour répondre aux arguments développés par M. le ministre, la logique qui sous-tend mon amendement.
La seule façon que nous aurions de répondre au besoin exprimé sans multiplier les zones d'activités serait de créer un SIVU, un syndicat intercommunal à vocation unique.
Faut-il alors à chaque fois créer des syndicats nouveaux, avec des structures nouvelles, avec un président, des vice-présidents, avec toute l'administration que cela suppose, alors qu'il suffit d'un accord par convention pour résoudre le problème de la répartition de la taxe qui est ainsi générée ? Faut-il à chaque fois monter toute une usine à gaz pour répondre au problème simple qui est posé ?
Notre démarche vise tout simplement, lorsqu'il y a un grand périmètre avec une ou plusieurs zones d'activités, à répartir le bénéfice de cette zone pour éviter les concurrences entre zones et les multiplications de zones.
Cela dit, puisque M. le rapporteur pour avis a expliqué que, selon lui, il n'y avait pas d'oppposition entre l'amendement n° 160 de M. Fréville et le mien, dans la mesure où il s'agit de zones qui constituent une entité géographique globale, je retire mon amendement au profit de celui de M. Fréville.
M. le président. L'amendement n° 464 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 180.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Permettez-moi simplement un mot pour répondre au Gouvernement.
Au fond, ce que demande M. le ministre, c'est que, lorsque deux ou plusieurs communautés créent une zone en commun, elles fusionnent pour n'en constituer qu'une seule. Mais il y a bien d'autres intérêts communautaires que la réalisation d'une zone ! Supposez une communauté de 20 000 habitants qui perçoit la TPU, et une autre, à côté, qui compte 15 000 habitants. Si elles sont limitrophes, elles vont donc constituer une zone dans ce cas particulier pour gérer ce simple intérêt communautaire, mais elles ont par ailleurs quantité d'autres compétences ! Pourquoi vouloir unifier ces deux zones en une seule communauté alors qu'il existe un pacte financier ?
A cet égard, n'ayez aucune crainte, monsieur le ministre : vous nous objectez une absence de transparence, mais tous les conseillers municipaux connaissent parfaitement les tenants et les aboutissants de l'ensemble du plan de financement ! La transparence est donc assurée au niveau des conseils de communauté.
Dès lors, comme le disait très bien notre collègue M. Richert, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Nous préférons, quant à nous, faire simple et privilégier la possibilité de verser ces fonds par l'intermédiaire de la dotation de solidarité.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Je veux simplement faire appel à la compétence de nos rapporteurs pour leur demander un renseignement : ce qui est possible au niveau des communes n'est-il pas possible au niveau des EPCI ?
J'ai, pour ma part, créé une zone d'activités de trente-cinq hectares sur ma commune, et je reverse la totalité du produit de la taxe professionnelle aux deux communes limitrophes. Ce qu'il est possible de faire dans une commune ne le serait pas au niveau des EPCI ?
M. Philippe Richert. Ce n'est pas explicite pour l'instant !
M. Dominique Braye. Nous avons signé une convention, et nous pratiquons effectivement ainsi.
M. Yves Fréville. La commune a une compétence générale !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 160, accepté par la commission des finances et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 161, M. Fréville et les membres du groupe de l'Union centriste proposent, dans la première phrase du premier alinéa du VII du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, après les mots : « du potentiel fiscal par habitant », d'insérer les mots : « , de l'augmentation des bases de taxe professionnelle, ».
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. A l'Assemblée nationale, notre collègue M. Carrez a proposé une liste, qui n'est pas limitative, de critères de répartition de la dotation de solidarité, parmi lesquels la population, le potentiel fiscal, le revenu par habitant et bien d'autres notions qui ne figuraient pas dans le projet initial du Gouvernement.
Il conviendrait d'ajouter à cette liste de critères - qui n'est pas limitative, ce n'est donc pas une affaire essentielle - l'augmentation des bases de taxe professionnelle, car il s'agit d'une donnée essentielle pour que la taxe professionnelle unique fonctionne bien. Il faut, en effet, que les communes qui reçoivent des usines ou des activités nouvelles, et qui perdront de ce fait la taxe professionnelle supplémentaire générée par ces implantations, puisque cette taxe professionnelle supplémentaire n'entre pas dans le champ de l'allocation de compensation, aient un certain droit de retour. Autrement, elles n'auront plus jamais intérêt à accueillir des activités !
Le droit de retour sera-t-il de 10 %, de 20 % ? Il appartiendra naturellement aux statuts de la communauté d'agglomération ou de la communauté de communes de le préciser. Ce qui compte, c'est que l'on donne un signe à ces communes afin qu'elles sachent qu'elles auront tout de même un certain retour.
Voilà pourquoi, conformément au texte en vigueur auparavant, et qui a donc été appliqué très souvent dans toutes les communautés de communes qui ont adopté la taxe professionnelle unique, il me paraît souhaitable d'ajouter les mots : « augmentation des bases de taxe professionnelle ».
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. La commission n'a pas tout à fait la même position que M. Fréville sur ce sujet.
La question posée est une bonne question. Il faut, en effet, à la fois que les entreprises puissent encore être accueillies dans un groupement à taxe professionnelle unique et qu'il y ait quelque intérêt à les accueillir. Mais l'acquittement d'un impôt plus ou moins élevé ne sera pas le seul élément déterminant. Les règles d'urbanisme et bien d'autres règles peuvent également jouer un rôle.
Je crains qu'au travers de cet amendement on ne confonde la notion d'attribution de compensation et celle de dotation de solidarité.
Aux termes de la proposition de M. Fréville, plus une commune s'enrichit, plus sa dotation de solidarité augmente. Cette proposition a donc un effet « contre-péréquateur ».
Le texte actuel permet, me semble-t-il, à l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunale de fixer des critères autres que ceux qui sont contenus dans la loi : s'il le souhaite, le conseil peut très bien organiser, de façon autonome, une sorte de droit de retour lorsqu'une entreprise s'installe sur le territoire d'une commune sans que cela figure obligaroirement parmi les critères légaux déterminant la dotation de solidarité.
Il faut à la fois respecter la liberté des EPCI et insister sur le caractère péréquateur que doit revêtir la dotation de solidarité.
Pour l'ensemble de ces motifs, la commission des finances souhaite que M. Fréville retire l'amendement. A défaut, elle émettra un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. L'avis du Gouvernement rejoint celui de la commission.
En effet, le produit de la taxe professionnelle doit financer, d'abord, les compétences croissantes de l'établissement public de coopération intercommunale.
Ensuite, si une dotation de solidarité doit être instituée, il faut qu'elle le soit en priorité à partir de critères péréquateurs ; ce n'est qu'à titre résiduel que d'autres critères de répartition pourraient être choisis.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Fréville ?
M. Yves Fréville. J'ai bien entendu les propos de M. le rapporteur et de M. le ministre, qui ont très explicitement dit l'un et l'autre que, peut-être simplement à titre résiduel, ce critère - que ce soit 10 % ou 30 % - pourvait être retenu.
Ce que je souhaitais, c'est que ce débat ait lieu et que toutes les communautés de communes - dans mon département, elles sont au nombre de douze et regroupent 550 000 habitants, c'est-à-dire les deux tiers de la population du département - qui ont adopté de tels systèmes de redistribution soient confortées dans leur choix.
Puisqu'il a été dit que c'était un critère possible et que j'ai donc satisfaction, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 161 est retiré.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 187 est présenté par M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances.
L'amendement n° 526 est déposé par le Gouvernement.
Tous deux tendent à supprimer la dernière phrase du premier alinéa du VII du texte proposé par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts.
Par amendement n° 298 rectifié, M. Fréville propose :
A. - De rédiger comme suit la fin de la dernière phrase du premier alinéa du VII du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts : « ne peut être augmentée si le taux de l'une des trois taxes perçues est majorée par rapport à l'année précédente. »
B. - Pour compenser la perte de recettes résultant du A ci-dessus, de compléter in fine cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'accroissement de la dotation globale de fonctionnement consécutif à la limitation de l'interdiction d'augmentation de la dotation de solidarité visée au premier alinéa du VII de l'article 1609 nonies C du code général des impôts est compensée à due concurrence par le relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 187.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Par cet amendement, les commissions proposent de fonder ce projet de loi sur la confiance aux élus locaux et également sur la confiance dans les mécanismes qu'institue la loi, notamment le coefficient d'intégration fiscale, qui est un mécanisme central du texte.
La disposition dont notre amendement prévoit la suppression dispose que le montant des dotations de solidarité est gelé lorsque le groupement fait appel à la fiscalité mixte. Les groupements qui se créent et qui choississent la fiscalité mixte dès la première année n'ont pas le droit de mettre en place une dotation de solidarité. Cette disposition résulte d'une bonne intention. La fiscalité mixte ne doit pas servir à financer la solidarité. Elle doit être utilisée uniquement lorsqu'un groupement ne peut financer ses compétences obligatoires avec la seule taxe professionnelle unique.
Ces dispositons se heurtent toutefois, en pratique, à de très nombreux inconvénients.
Il suffirait, notamment, qu'un groupement qui a recours à la taxe professionnelle unique attende une année avant d'instituer la fiscalité mixte et crée, pendant cette période, des dotations de solidarité pour se trouver en parfaite conformité avec la loi.
A ces inconvénients pratiques s'ajoute l'inutilité. Si le nouveau coefficient d'intégration fiscale, dont le Gouvernement nous propose en quelque sorte une réhabilitation, est fait correctement - il faut que nous ayons confiance dans le texte que le Gouvernement nous propose et que lui-même ait au moins confiance dans son texte - il suffit largement à mesurer les choses. En effet, plus il y aura de reversements de fiscalité du groupement vers les communes membres, moins le coefficient d'intégration fiscale sera élevé et, par voie de conséquence, moins il y aura de financement par l'Etat. Cette limite nous semble largement suffisante.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour présenter l'amendement n° 526.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Cet amendement est analogue à l'amendement n° 525 que j'ai défendu tout à l'heure. Il vise à rétablir le gel de la dotation de solidarité en cas de recours à la fiscalité mixte pour tous les établissements publics de coopération intercommunale.
M. le président. Le texte est le même que celui de la commission, la philosophie est différente !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. En effet, je ne suis pas favorable, je dois le dire à mon grand regret, à l'amendement présenté par la commission des finances, qui vise à supprimer le plafonnement de cette dotation de solidarité.
M. Jean-Jacques Hyest. C'est le même amendement !
M. le président. La parole est à M. Fréville, pour défendre l'amendement n° 298 rectifié.
M. Yves Fréville. Mon amendement est un peu une voie moyenne entre les deux amendements qui viennent d'être présentés.
Selon M. le ministre, s'il y a fiscalité mixte, il y a gel, voire suppression de la dotation de solidarité. Donc, la fiscalité mixte est dangereuse et il faut naturellement arrêter toute dérive de cette fiscalité mixte en lui interdisant de financer la dotation de solidarité. Voilà la position gouvernementale telle que j'ai pu la comprendre.
Quant à la commission des finances, elle fait confiance au rôle du coefficient d'intégration fiscale. On n'aura pas intérêt à instaurer une fiscalité mixte pour financer la dotation de solidarité parce que cela reduira le coefficient d'intégration fiscale, et donc la DGF.
Ces deux positions me paraissent extrêmes.
S'agissant de la position de la commission, dans la mesure, en particulier, où il y a une période de transition de dix ans, beaucoup d'eau sera passée sous les ponts de Paris entre le moment où le CIF sera réduit et celui où il produira ses effets. Le principe est donc bon, mais il risque d'être assez inefficace.
Quant à la position du Gouvernement, elle est extrême parce qu'il existe des cas où l'on peut augmenter la dotation de solidarité tout simplement parce que les ressources de la communauté de communes ou de la communauté d'agglomération ont augmenté du fait de l'augmentation des bases. Je connais quantité de communautés d'agglomération qui, Dieu merci ! se développent et qui peuvent, de ce fait, augmenter la dotation de solidarité, à condition de ne pas augmenter les taux de l'impôt.
Ma position est donc la suivante : la dotation de solidarité ne doit pas augmenter lorsque les taux de la fiscalité mixte s'accroissent ; en revanche, si les bases augmentent, pourquoi pas ?
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances sur les amendements n°s 526 et 298 rectifié ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. L'amendement n° 526 étant un amendement de conséquence de l'amendement n° 525, la commission émet un avis défavorable.
Quant à l'amendement n° 298 de M. Fréville, c'est un amendement extrêmement astucieux qui révèle la connaissance profonde de la pratique et des finances publiques locales que possède son auteur.
Je veux toutefois rappeler que ce projet de loi vise aussi à la simplification du fonctionnement de l'intercommunalité. (Sourires.)
C'est la raison pour laquelle je suis amené à demander à notre collègue Yves Fréville de retirer son amendement pour se rapprocher de celui de la commission des finances, qui, lui, a au moins le mérite d'être simple puisqu'il vise à supprimer le texte !
M. le président. J'ai compris que le Gouvernement était défavorable à l'esprit de l'amendement n° 187. Quel est son avis sur l'amendement n° 298 rectifié ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je ne suis pas favorable non plus à l'amendement n° 298 rectifié, mais pour d'autres raisons que celles que vient d'exposer M. Mercier. C'est en effet parce que la fiscalité additionnelle sur les ménages demeure que je ne peux pas être favorable à cette mesure.
Quant à l'amendement de la commission des finances, il vise à supprimer le plafonnement de la dotation de solidarité, qui intervient, je le rappelle, en cas de recours à la fiscalité mixte afin d'éviter que le groupement ne prélève de la fiscalité sur les ménages pour financer d'autres actions que ses compétences propres.
Il ne faut pas remettre en cause ce principe, sauf à s'exposer à un risque de dérive de la fiscalité locale.
M. le président. Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 187 et 526, car, au fauteuil que j'occupe, je suis obligé de m'en tenir à la lettre.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Quelque chose ne me paraît pas tout à fait clair dans l'explication qui nous est donnée.
Ce qui est important pour le contribuable, c'est l'addition des taux communaux et intercommunaux. Peu importe la répartition entre l'impôt intercommunal et l'impôt communal !
M. le rapporteur nous a rappelé que le texte tendait à la simplification. Il me semble qu'il vise aussi à rapprocher la démocratie locale de l'intercommunalité et à rendre cette dernière plus lisible.
Le président d'EPCI que je suis considère que le fait d'instaurer une fiscalité mixte permettra à chacun de nos concitoyens de bien percevoir, à travers sa feuille d'impôt, le fait qu'il appartient à un EPCI. Le fait de passer en taxe professionnelle unique dépersonnalise, voire annule la perception qu'ont les citoyens de l'existence de l'EPCI. C'est pourquoi, pour ma part, j'étais très partisan d'une fiscalité mixte dans laquelle la taxe sur les ménages serait maintenue.
Dans mon district, que je souhaite, éventuellement, transformer en communauté d'agglomération, j'envisageais de passer à la taxe professionnelle unique, de maintenir les taux des ménages pour ce qui est des quatre taxes, en laissant, naturellement, les taux des communes au niveau où ils étaient. J'aurais effectivement eu à faire un certain nombres de dotations de solidarité pour essayer de compenser, le temps d'harmonisation de douze ans de la taxe professionnelle nous permettant d'avoir une politique fiscale et financière propre à diminuer les taux de taxe professionnelle dans les communes où ils sont les plus élevés tout en n'augmentant pas trop, ou le moins possible, les taux dans les communes où ils sont les plus faibles. Tel est le but de la TPU et de la fiscalité mixte.
Cessons de parler toujours d'alourdissement de la fiscalité. Ce qui compte ce ne sont pas les taux communaux ou intercommunaux, c'est l'addition des deux, et nous le savons bien.
Je suis donc tout à fait favorable à l'amendement présenté par la commission des finances, et défavorable à l'amendement présenté par notre collègue M. Fréville.
S'agissant de la dotation de solidarité communautaire, partisan d'une fiscalité mixte et souhaitant transformer mon district en une communauté d'agglomération, je suis obligé de voter l'amendement présenté par la commission des finances sinon je ne pourrais pas instituer cette dotation la première année. D'ailleurs, le Gouvernement, me semble-t-il, souhaite que le maximum de communautés d'agglomération puissent être créées dès la première année.
M. Thierry Foucaud. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. L'interdiction que l'amendement n° 526 vise à supprimer ne nous paraît être qu'un faux-semblant ; nous voterons donc l'amendement.
Quant aux amendements n°s 187 et 188 de la commission des finances, ils portent sur une des questions fondamentales posées par l'article 51 : celle de l'abondement et des conditions d'attribution des dotations de solidarité communautaire qui seront attribuées dans le cadre du fonctionnement des nouveaux établissements publics de coopération intercommunale.
On notera d'ailleurs ici, même si, en apparence, la proposition est identique, que la commission des finances se distingue, de ce point de vue, de l'orientation du Gouvernement, attendu qu'elle ne nous propose pas autre chose qu'une forme de pression fiscale destinée à organiser, autant que faire se peut, la distribution ultérieure et sélective des prébendes de l'intercommunalité.
Nous observons, en particulier, que, par les amendements n°s 187 et 188, la commission des finances nous propose de ne pas retenir le caractère prioritaire de l'attribution d'une dotation de solidarité communautaire aux communes bénéficiant de l'une des dotations de solidarité comprises dans le périmètre de la dotation d'aménagement.
Le système proposé par notre commission des finances consiste donc à détourner de son objectif l'instauration de la fiscalité mixte, à savoir le financement éventuel des compétences des établissements publics de coopération intercommunale pour en faire un outil de distribution hypothétique de ressources auprès des communes adhérentes, c'est-à-dire soumis, en l'absence de critères transparents et unifiés pour l'ensemble du territoire, à la seule règle de la majorité qualifiée quant aux affectations.
Posons donc la question : est-il légitime, quant au fond, de mettre en place des dispositifs dont il est à craindre qu'ils ne deviennent rapidement discriminatoires ?
Il existe aujourd'hui des outils, qui sont certes imparfaits et à améliorer, de solidarité entre les communes et les collectivités territoriales, mais peut-on raisonnablement penser que l'on parviendra à résoudre le problème des inégalités de ressource entre collectivités au travers de disposition aussi sujettes à caution ?
Pour prendre un exemple précis, on doit ainsi relever que, dans le cadre de la communauté urbaine de Lyon, un certain nombre de communes, dont Villeurbanne, Vaulx-en-Velin ou Vénissieux, disposent aujourd'hui, d'une dotation de solidarité urbaine légitimée par la situation sociale de la population qui y réside. Si l'on suit la commission des finances, demain par exemple la COURLY, une fois mis en place le système de taxe professionnelle unique, pourra décider de ne pas leur attribuer de dotation de solidarité communautaire, puisque la majorité qualifiée suffira à en attribuer la quotité à d'autres communes.
Parce que nous ne voulons pas de discrimination et parce que nous voulons la transparence, nous ne voterons pas l'amendement n° 187, ni d'ailleurs, je l'indique dès maintenant, l'amendement n° 188, tous deux déposés par la commission des finances.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Nous savons ce que nous ne voulons pas : une augmentation de la fiscalité mixte afin de financer la dotation de solidarité. Sur ce point, nous sommes tous d'accord, sous des formes différentes.
Ma préoccupation, traduite dans mon amendement, est d'assurer une certaine sécurité financière aux communes qui perçoivent une dotation de solidarité. Son montant peut représenter des sommes relativement importantes, voire très importantes pour de très nombreuses communes. Je le constate dans les 150 communes de mon département qui en perçoivent.
Or, il se peut très bien, si les mesures restrictives proposées par le Gouvernement sont adoptées, que cela ne soit plus possible. Je me permets de répondre à la commission des finances que les maires ou les conseils municipaux sont parfaitement éclairés ; ils ne veulent pas d'une augmentation du taux des impôts sur les ménages pour financer la dotation de solidarité. Bien entendu, si le rendement de ces impôts augmente, pourquoi ne pas assurer aux communes les ressources dont elles ont besoin ? Je ne comprends pas bien la logique de la position gouvernementale sur ce point...
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n° 187 et 526.

(Les amendement sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 298 rectifié n'a plus d'objet.
Par amendement n° 188, M. Michel Mercier au nom de la commission des finances, propose de remplacer les deuxième et troisième alinéas du paragraphe VII du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts par un alinéa rédigé comme suit :
« Lorsqu'il s'agit d'une communauté urbaine, elle institue une dotation de solidarité communautaire dont le montant et les critères de répartition sont fixés par le conseil communautaire, statuant à la mojorité des deux tiers. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Cet amendement concerne la dotation de solidarité des communautés urbaines à taxe professionnelle unique.
Je voudrais d'abord rassurer M. Foucaud en lui rappelant que le texte rend obligatoire, les dotations de solidarité dans les communautés urbaines à taxe professionnelle unique. En conséquence, même à Lyon, il n'y aurait pas de problème pour les dotations de solidarité, puisque la loi s'appliquerait.
Les dispositions de l'article 51, telles qu'elles sont actuellement prévues, précisent que le conseil communautaire répartit les dotations de solidarité en fonction de critères qui sont proches de ceux de la DSU, notamment le revenu par habitant et le potentiel fiscal. Une disposition suivante prévoit que ces dotations de solidarité profitent en priorité aux communes membres éligibles à la DSU ou à la DSR. La commission des finances propose de supprimer cette dernière disposition.
Nous conservons les critères de répartition qui inspirent la répartition de la DSU et de la DSR, tout en supprimant la référence à la DSU et à la DSR, puisqu'il s'agit là de dispositions qui peuvent être modifiées. Or il ne nous paraît pas sain que des versements en provenance de l'Etat viennent interférer dans la mise en oeuvre de la solidarité au sein d'une communauté urbaine.
C'est la raison pour laquelle nous proposons de garder l'esprit du texte en conservant le critère de la DSU et de la DSR tout en supprimant la référence expresse à la DSU et à la DSR pour laisser au conseil communautaire la responsabilité de la répartition de la dotation de solidarité et non pas à l'Etat par le biais des modifications législatives qu'il peut être amené à proposer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement ne peut pas partager l'avis de M. Mercier pour une raison très simple, c'est que M. Mercier propose de supprimer la référence à la DSU et à la DSR, oubliant sans doute que les critères de répartition sont fixés par la loi, que la DSR a été créée par la loi Hoeffel...
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Certes !
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. ... et que les critères de la DSU sont définis de manière très claire également par la loi.
En outre, il s'agit de critères péréquateurs, et je crois comprendre que la commission des finances n'a pas tout à fait la même conception de la péréquation que le Gouvernement !
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Sans vouloir prolonger le débat, je veux répondre d'un mot à M. le ministre. S'agissant des critères, nous les acceptons tout à fait puisque nous proposons de les conserver. En revanche, je rappelle à M. le ministre qu'une commune peut être éligible à la DSU ou à la DRS une année et ne pas l'être l'année suivante. Si ces communes bénéficient par priorité de la dotation de solidarité, elles perdront donc la même année ou la DSU ou la DSR, et la dotation de solidarité de la communauté urbaine.
Je crois plus sage, monsieur le ministre, de conserver les critères péréquateurs qui inspirent la répartition de la DSU et de la DSR, ce que nous vous proposons de faire - vous ne pouvez pas dire que nous ne sommes pas favorables à ces critères car ce n'est pas la vérité - et de ne pas faire jouer, pour répartir la dotation de solidarité, des mécanismes extérieurs à la solidarité interne aux communautés urbaines.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Il y a sans doute un malentendu entre M. Mercier et moi-même.
Je lis le texte présenté par son amendement n° 188 : « Lorsqu'il s'agit d'une communauté urbaine, elle institue une dotation de solidarité communautaire dont le montant et les critères de répartition sont fixés par le conseil communautaire, statuant à la majorité des deux tiers. » Il n'est question ni de la DSU, ni de la DSR, ni des critères qui inspirent soit l'une, soit l'autre.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 188.
M. André Diligent. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent. Ainsi, il y aura plusieurs sortes de dotations de solidarité, ce qui risque de troubler les esprits : il y aura la dotation de solidarité communautaire, puis les dotations « nationales », si j'ose dire, de solidarité urbaine ou rurale.
Mon éminent ami M. Mercier demande par un amendement que la décision soit prise à la majorité des deux tiers et, surtout, supprimée la référence à la dotation de solidarité urbaine et à la dotation de solidarité rurale.
Il nous a dit tout à l'heure qu'il conservait ces critères. Je lui demande où ils sont. En effet, à la page 43 de son rapport, il écrit : « Votre rapporteur considère qu'il est légitime - je dis bien légitime - dans les grandes aires urbaines, de répartir la dotation de solidarité en fonction de critères inspirés de ceux de la DSU. Toutefois, il n'apparaît pas nécessaire de faire référence à la DSU et à la DSR... »
Aussi, je ne comprends plus. Comment considérer que ce qui est légitime n'est pas nécessaire ? Moi qui feuillette le Grand Larousse, à l'instar de M. Mauroy en une autre occasion, je demande que ce qui est légitime soit maintenu. Si j'en crois le Grand Larousse, le mot « légitime » signifie : fondé en droit et en justice. Par conséquent, on ne devrait pas toucher à une mesure fondée en droit et en justice.
A cet égard, la réponse de M. le ministre m'a intéressé quand il a dit que c'est quand même la loi qui fixe les critères de la dotation urbaine. En conséquence, il me paraît plus sage de s'en tenir aux texte adopté par l'Assemblée nationale.
M. Jean-Pierre Fourcade. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fourcade.
M. Jean-Pierre Fourcade. Je soutiens l'amendement de la commission des finances parce que c'est un amendement de sagesse.
Depuis le début de ce débat, tout le monde s'imagine que la DSU et la DSR sont des droits acquis qui vont augmenter de manière considérable au cours des prochaines années et qu'il faut lier absolument l'attribution de la DSU et de la DSR à l'attribution des dotations de solidarité organisées à l'intérieur des groupements et à l'intérieur des communautés urbaines.
Mes chers collègues, nous venons de vivre en 1999 une année exceptionnelle pour la répartition de la DGF. Nous savons tous que, compte tenu de la fragilité des prévisions économiques, en l'an 2000, interviendra une correction des bases en matière de DGF, et si, par chance - je parle comme M. Braye ! - l'intercommunalité se développe, comme nous répartissons la DSU et la DSR dans le cadre de la dotation d'aménagement et que l'on prélève par préciput ce qui est attribué aux groupements intercommunaux, le solde disponible pour la DSU et la DSR risque de se réduire comme peau de chagrin.
Il me paraît donc sage de dissocier les deux. Il faut éviter cette tentation permanente qui consiste, lorsqu'on a créé un mécanisme, à en instaurer un second et à l'indexer sur le premier.
En effet, comme l'a très justement dit l'éminent rapporteur pour avis de la commission des finances, si, l'année prochaine, nous connaissons une baisse ou une stabilité de la DSU et de la DSR, un certain nombre de collectivités qui se trouvent au sein des communautés urbaines seront bien contentes de pouvoir bénéficier d'une dotation de solidarité communautaire, qui, elle, pourra augmenter en fonction des évolutions locales de la fiscalité.
Je soutiens donc l'amendement de la commission des finances, qui me paraît être un amendement de sagesse.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. Peut-être avons-nous simplement commis une erreur en employant les mêmes mots « dotation de solidarité ». Peut-être aurions-nous dû choisir une autre appellation, ce qui aurait évité toute confusion avec la dotation de solidarité rurale ou la dotation de solidarité urbaine.
En tout cas, je voterai l'amendement de la commission, parce qu'il faut laisser, me semble-t-il, au niveau local la possibilité que s'exerce cette solidarité - et c'est là que se justifie l'appellation - mais il faut éviter d'être pris dans un carcan, car nous devons pouvoir faire face aux situations et à l'évolution des situations.
Je souhaite maintenant répondre à mon collègue Jean-Pierre Fourcade, qui m'a aimablement apostrophé sur l'intercommunalité, en lui présentant ma conception de l'intercommunalité.
Il est vrai que j'ai toujours été très intercommunal, comme je suis très européen. Je suis en effet persuadé que les nations ne trouveront leur pérennité que si elles savent s'organiser au sein de l'Europe. (Exclamations amusées sur les travées socialistes.) De même, je suis convaincu qu'un certain nombre de communes ne pourront effectivement trouver leur pérennité et conserver leur identité et leur spécificité que grâce à l'intercommunalité. C'est une question de survie pour nos petites communes.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Je reconnais que le débat est technique et quelque peu complexe. De ce fait, pour que chacun voie bien ce que la commission propose, je donnerai lecture du texte tel qu'il résulterait de l'adoption de l'amendement de la commission des finances : « Lorsqu'il s'agit d'une communauté urbaine, elle institue une dotation de solidarité communautaire dont le montant et les critères de répartition sont fixés par le conseil communautaire.
« Ces critères sont déterminés notamment en fonction :
« - de l'écart du revenu par habitant de la commune au revenu moyen par habitant de l'établissement public de coopération intercommunale ;
« - de l'insuffisance de potentiel fiscal par habitant de la commune au regard du potentiel fiscal communal moyen par habitant sur le territoire de l'établissement public de coopération intercommunale.
« Des critères complémentaires peuvent être choisis par le conseil. »
Cela signifie bien qu'on reprend l'esprit qui préside à la répartition de la DSU et de la DSR et qu'on ne se laisse pas entraîner, à l'intérieur de la communauté urbaine, par une affectation prioritaire à des communes qui peuvent percevoir ou non la DSU ou la DSR en fonction des modifications internes de répartition des financements de l'Etat aux collectivités locales.
Je crois que ce dispositif instaure plus de sécurité pour les communes membres.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 188, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 527, le Gouvernement propose d'insérer, après le septième alinéa du VII du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, en cas d'application par l'établissement public de coopération intercommunale des dispositions du II du présent article, cette dotation ne peut être augmentée l'année d'application de ces dispositions. »
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Il s'agit d'un amendement de conséquence, analogue aux amendements n°s 525 et 526.
Il vise, pour les raisons que j'ai déjà développées, à rétablir le gel de la dotation de solidarité en cas de recours à la fiscalité mixte.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Pour des raisons identiques à celles que j'ai déjà évoquées, la commission est défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 527, repoussé par la commission des finances.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 283, M. Michel Mercier au nom de la commission des finances, propose de supprimer les deux alinéas du VII du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts.
Les deux amendements suivants sont présentés par le Gouvernement.
L'amendement n° 528 tend, dans le huitième alinéa du VII du texte proposé par l'article 51 pour l'article 1609 nonies, C du code général des impôts, à supprimer les mots : « autre qu'une communauté urbaine. »
L'amendement n° 529 vise, dans le neuvième alinéa du VII du texte proposé par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, à supprimer les mots : « , à l'exclusion des communautés urbaines, ».
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour défendre l'amendement n° 283.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Cet amendement a le même objet que l'amendement n° 187, sur lequel nous nous sommes déjà expliqués.
M. le président. La parole est à M. le ministre, pour défendre les amendements n°s 528 et 529.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Mêmes amendements que les précédents : n°s 525, 526 et 527.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 528 et 529 ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Même position que précédemment : défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 283.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les amendements n°s 528 et 529 n'ont plus d'objet.
Par amendement n° 296, M. Fréville propose au début du VIII du texte présenté par l'article 51 pour l'article 1609 nonies C du code général des impôts, après les mots : « Pour les communes membres d'un établissement public de coopération intercommunale », d'insérer les mots : « autre qu'une communauté urbaine visée au II-2, ».
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Je le retire : c'était un amendement de conséquence.
M. le président. L'amendement n° 296 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 51, modifié.
(L'article 51 est adopté.)
M. le président. Nous en revenons à l'article 47.

TITRE II

DISPOSITIONS FISCALES ET FINANCIÈRES

Chapitre Ier

Dispositions fiscales

Section 1

Régime fiscal des établissements publics
de coopération intercommunale

Article 47



M. le président.
« Art. 47. - L'article 1609 bis du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Art. 1609 bis . - I. - 1° Les communautés urbaines créées, ou issues de la transformation d'un établissement public de coopération intercommunale préexistant, à compter de la date de publication de la loi n° du relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale perçoivent la taxe professionnelle selon les dispositions du 1° du I de l'article 1609 nonies C.
« 2° Les communautés urbaines existant à la date de publication de la loi n° du précitée peuvent percevoir :
« - la taxe foncière sur les propriétés bâties, la taxe foncière sur les propriétés non bâties, la taxe d'habitation et la taxe professionnelle ; le montant de ces impositions est fixé par le conseil de communauté en fonction de ses besoins et leur répartition s'effectue suivant les modalités définies aux articles 1636 B sexies et 1636 B nonies ;
« - et la taxe professionnelle selon le régime fiscal prévu au II de l'article 1609 quinquies C lorsqu'elles ont opté pour ce régime avant la date de publication de la loi n° du précitée.
« II. - Les communautés urbaines peuvent percevoir :
« 1° La taxe d'enlèvement des ordures ménagères dans les conditions fixées par l'article 1520 ;
« 2° La taxe de balayage, lorsqu'elles assurent le balayage de la superficie des voies livrées à la circulation publique, qui incombe aux propriétaires riverains. »
Sur l'article, la parole est à M. Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, on pourrait s'étonner que nous ayons décidé de prendre la parole sur l'article 47 alors même que celui-ci ne vise qu'une partie des structures concernées par le texte, à savoir les communautés urbaines.
Il convient en fait, selon nous, de clairement marquer ici les termes du débat que nous avons ouvert à l'occasion de la discussion de la première partie - à caractère institutionnel - du présent projet de loi.
En effet, après quelques heures de débat sur la portée et le sens que l'on donne à la coopération intercommunale, nous abordons désormais les sujets qui fâchent - nous avions déjà commencé avec l'examen de l'article 51 - à savoir les finances et le niveau des dotations et de la fiscalité associées à l'intercommunalité.
Nous sommes désormais confrontés aux fragiles équilibres financiers du projet de loi. Il est en effet ici question de masses financières plus ou moins importantes et de leur évolution dans l'avenir.
Pour être assez précis, il y a tout d'abord la taxe professionnelle et ses 170 milliards à 175 milliards de francs de produit, et dont l'assiette se réduit du fait de la disparition de la part taxable des salaires.
L'un de nos collègues s'interrogeait, en début de soirée, à ce propos. Mais il est bien évident qu'une commune qui est au taux de 6 paierait plus, mais les communes qui sont au taux de 12 paieraient forcément moins que deux à 12 et une à 6 - ce qui ferait environ 10 - tout en prenant en compte la diminution de la part des salaires.
Il y a ensuite la dotation globale de fonctionnement, dont le montant est de près de 100 milliards de francs, mais dont la partie qui nous intéresse, à savoir la dotation globale allouée aux groupements, s'élèverait chaque année à 2,5 milliards de francs en régime plein, dont 500 millions de francs de recettes nouvelles.
Observons que ce montant est égal à 0,5 % environ du montant de la dotation globale de fonctionnement et qu'il implique donc a priori , si l'on introduit la dotation d'intercommunalité dans l'enveloppe globale de la dotation globale de fonctionnement, une progression de la dotation d'au moins deux points par an.
J'invite nos collègues à se souvenir de ce qui a été pris en compte dans le cadre de la loi de finances au titre du contrat de croissance et de solidarité pour mesurer ce que cela peut, très concrètement, signifier.
Quant au fond, on risque en fait de se retrouver dans une situation déjà connue : la progression constante de la fiscalité.
Nous concevons dès lors fort bien que la commission des finances nous incite à laisser ouverte la porte de la fiscalité et, cela, indépendamment même du problème du périmètre de compétences des communautés urbaines, comme, au demeurant, des autres types d'établissements publics de coopération intercommunale.
En effet, l'insuffisance prévisible des dotations et le caractère assez hypothétique de leur progression à compter de 2004 - année où la dotation globale de fonctionnement « grossira » aussi de la compensation de taxe professionnelle versée pour la suppression de la part taxable des salaires - rendent inéluctable une nouvelle percée de la pression fiscale. Or, je viens de le dire, la taxe professionnelle est orientée à la baisse.
Il faut donc prévoir d'accroître les autres impôts locaux - alors même que les conditions de leur accroissement mécanique sont créées - au travers de la révision des valeurs cadastrales. Nous ne suivrons pas ici la commission des finances, qui nous propose en fait d'escamoter, avec ce texte, le nécessaire débat sur la réforme de la fiscalité locale.
M. le président. Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 373, MM. Bret, Foucaud et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de remplacer le premier alinéa (1°) du I du texte présenté par l'article 47 pour l'article 1609 bis du code général des impôts par deux alinéas ainsi rédigés :
« 1° Les communautés urbaines créées ou issues de la transformation d'un établissement de coopération intercommunale, à compter de la date de publication de la loi n° du relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale peuvent décider par une décision de la majorité de leur conseil et après avis conforme des communes qui la composent de percevoir la taxe professionnelle selon les dispositions de l'article 1609 nonies C.
« Dans le cas contraire, ces communautés urbaines sont soumises aux règles applicables aux communautés urbaines déjà existantes et définies dans le 2°. »
Par amendement n° 488 rectifié, MM. Vasselle, André, Delong, Flandre et Gerbaud proposent, dans le deuxième alinéa 1° du II du texte présenté par l'article 47 pour l'article 1609 bis du code général des impôts, après les mots : « la taxe », d'ajouter les mots : « ou la redevance ».
Par amendement n° 174, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose, dans le premier alinéa du paragraphe I du texte présenté par l'article 47 pour l'article 1609 bis du code général des impôts, de supprimer les mots : « du 1° du I ».
La parole est à M. Foucaud, pour défendre l'amendement n° 373.
M. Thierry Foucaud. Avec cet article 47 du projet de loi, nous poursuivons l'examen des dispositions ayant une portée financière.
Notre amendement vise donc, parmi d'autres, à poser la question plutôt cruciale du devenir de la portée des décisions des conseils municipaux, lesquels demeurent la meilleure expression du suffrage universel.
Le débat de la première partie du présent projet de loi a montré, malgré cetaines contradictions, que les élus de la Haute Assemblée éprouvaienet des appréhensions - relayant les interrogations des élus locaux eux-mêmes - quant aux prérogatives et aux moyens qui seront dévolus aux nouvelles structures intercommunales.
Je ne reviens donc pas longuement sur cette question qui a fait l'objet de nos controverses et qui a motivé de profondes transformations du texte initial. Je rappelle que, pour notre part, nous sommes pour l'intercommunalité qui, selon nous, est aujourd'hui incontournable. Elle ne doit cependant pas être le fait de contraintes et elle doit, bien entendu, répondre aux besoins des populations.
Le second débat porte sur la question des moyens financiers dévolus aux structures intercommunales.
La mise en place de la taxe professionnelle unique dans le cadre des communautés urbaines dont la création découlera de l'adoption de la présente loi et de sa mise en oeuvre doit être appréhendée, selon nous, de manière systémique.
Dès lors que les communes participant à une communauté urbaine, quelle que soit leur taille, décideraient de mettre en application le principe de la taxe professionnelle de zone ou de la taxe professionnelle unique, elles se priveraient, en moyenne, du droit de décider du montant de la moitié de leurs recettes fiscales.
Des communes - en tout cas en matière de fiscalité - percevraient les impôts dus par les résidents - taxe d'habitation et taxes foncières - impôts dont certains, d'ailleurs, proposent qu'ils soient également levés par les établissements publics de coopération intercommunale en lieu et place des communes.
Dans cette perspective, le budget d'une commune adhérente d'une communauté urbaine ne serait plus constitué que de trois types de recettes : tout d'abord, les dotations versées par l'Etat, comme la part forfaitaire de la dotation globale de fonctionnement ou la dotation de solidarité urbaine ; ensuite, les ressources propres du domaine communal pour peu, évidemment, que la commune continue d'exercer quelques compétences en matière de services rendus à la population ; enfin, la dotation de solidarité versée par le biais de l'établissement public de coopération intercommunale et soumise, par principe, aux aléas des décisions politiques du conseil communautaire et des ressources propres de l'établissement, au moment même où, par exemple, la taxe professionnelle est engagée dans un processus de réduction.
Vous comprendrez aisément que, dans une telle perspective et dans un tel contexte, on ne puisse se contenter de laisser le seul conseil communautaire décider de la mise en place de la taxe professionnelle unique et que la moindre des choses est de demander leur avis aux conseils municipaux composant la communauté urbaine.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 488 rectifié.
M. Alain Vasselle. Il s'agit, à mon sens, de réparer un simple oubli, puisqu'il a été omis de faire référence à la redevance, qui, vous le savez, est un mode de recouvrement en ce qui concerne le service des ordures ménagères alors que, en ce qui concerne les communautés urbaines, il n'est fait référence qu'à la taxe d'enlèvement d'ordures ménagères.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 174 et pour donner l'avis de la commission des finances sur les amendements n°s 373 et 488 rectifié.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. L'amendement n° 174, d'ordre purement rédactionnel, précise que les nouvelles communautés urbaines feront application de l'ensemble des dispositions de l'article 1609 nonies C du code général des impôts, c'est-à-dire taxe professionnelle unique plus fiscalité mixte, et pas seulement taxe professionnelle unique.
Je voudrais dire aux auteurs de l'amendement n° 373 qu'en voulant rendre facultative la taxe professionnelle unique pour les nouvelles communautés urbaines qui auront plus de 500 000 habitants comme la loi le prévoit ils remettent en cause l'économie générale du projet de loi dont nous discutons actuellement.
L'apport essentiel du projet, c'est justement cette taxe professionnelle unique, qui permet sur un ensemble humain, social et économique, le bassin de vie, d'avoir une taxe professionnelle qui est d'un même taux pour tous les contribuables et, donc, de financer ainsi le groupement intercommunal, avec une éventuelle fiscalité mixte si le produit de la taxe professionnelle ne suffit pas à financer les compétences de ce groupement.
Aller dans le sens de l'amendement proposé revenant à remettre fondamentalement en cause ce projet, vos commissions ont émis un avis défavorable.
Nous comprenons parfaitement le sens de l'amendement n° 488 rectifié, présenté par M. Vasselle. Mais je crois qu'il est judicieux que le texte ne prévoie que la taxe, puisqu'il s'agit d'une disposition du code général des impôts, alors que la redevance n'est pas un impôt ; elle est prévue par le code général des collectivités territoriales. Nous la trouverons un peu plus loin dans l'examen du texte.
Je propose donc à M. Vasselle, ainsi satisfait, de retirer son amendement.
M. le président. Monsieur Vasselle, acceptez-vous de retirer cet amendement ?
M. Alain Vasselle. Compte tenu des assurances que vient de me donner M. le rapporteur, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 488 rectifié est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 373 et 174 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 373, car il est favorable à la taxe professionnelle unique, qui permet de structurer les agglomérations d'une manière cohérente à travers des politiques communes, notamment en matière d'implantation d'entreprises.
Le Gouvernement est en revanche favorable à l'amendement n° 174, qui, comme M. Mercier l'a indiqué lui-même, est essentiellement d'ordre rédactionnel.
Je suis heureux que M. Vasselle ait retiré l'amendement n° 488 rectifié. Il m'épargne ainsi la peine de donner mon avis ! (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 373, repoussé par la commission des finances et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 174, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 454, M. Diligent et les membres du groupe de l'Union centriste proposent, à la fin du quatrième alinéa du texte présenté par l'article 47 pour l'article 1609 bis du code général des impôts, de remplacer les mots : « la date de publication de la loi n° ... du ... relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale » par les mots : « le 1er janvier 2001 ».
La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent. Cet amendement vise à porter au 1er janvier 2001 la date avant laquelle les communautés urbaines devront décider si elles acceptent ou si elles refusent de passer à la taxe professionnelle unique. Ce délai me paraît raisonnable.
Dans le texte qui nous est actuellement soumis, cette date est celle de la publication de la loi relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale.
Par cohérence, il convient de permettre aux communautés urbaines qui refuseraient d'adopter la TPU de continuer à pouvoir mettre en place une taxe professionnelle de zone.
La taxe professionnelle de zone permettra aux communautés urbaines réticentes de se préparer à la taxe professionnelle unique. M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. L'amendement n° 454 que vient de défendre M. Diligent comporte plusieurs dispositions.
Il permet d'abord de reporter au 1er janvier 2001 la date avant laquelle les communautés urbaines existantes devront décider si elles acceptent ou non de passer à la taxe professionnelle unique. Ce souci sera satisfait par un amendement que la commission vous soumettre dans quelques instants.
Cet amendement n° 454 permet aussi - même si cela n'est pas évident à la lecture du texte - aux communautés urbaines existantes de mettre en place, lorsqu'elles ne l'ont pas encore fait, une taxe professionnelle de zone jusqu'au 1er janvier 2001.
Ainsi, à cette date, soit elles disposeront de la taxe professionnelle unique, soit, si elles l'ont refusée, elles resteront dans le régime de la fiscalité additionnelle avec, pour celles qui l'auront décidé, une taxe professionnelle de zone.
On peut donc dire que, d'une certaine façon, cet amendement atténue l'incitation à opter pour la taxe professionnelle unique, puisque le texte qui nous est soumis prévoit qu'à compter de son entrée en vigueur les communautés urbaines qui n'ont pas de taxe professionnelle de zone ne pourront plus la choisir. C'est une des dispositions contenues dans cet amendement n° 454 qui n'a pas recueilli le soutien de vos commissions.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement, qui est favorable à la taxe professionnelle unique, seul moyen d'assurer une politique globale et cohérente en matière de développement économique, ne peut donc accepter un régime de taxe professionnelle de zone, qui ne permet pas d'atteindre un tel objectif. Il est donc défavorable à l'amendement n° 454.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 454.
M. André Diligent. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent. Compte tenu de l'assurance donnée par M. le rapporteur pour avis que la première partie de mon amendement sera satisfaite par un prochain amendement, je retire cet amendement n° 454.
M. le président. L'amendement n° 454 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 47, modifié.

(L'article 47 est adopté.)

Article 48



M. le président.
« Art. 48. - I. - L'article 1609 ter A du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Art. 1609 ter A . - Le conseil d'une communauté urbaine existant à la date de publication de la loi n° du relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale peut, à la majorité des deux tiers de ses membres, décider de percevoir la taxe professionnelle selon les dispositions du 1° du I de l'article 1609 nonies C. Cette décision doit être prise avant le 31 décembre pour être applicable au 1er janvier de l'année suivante ; elle ne peut être rapportée pendant la période d'unification des taux prévue au 1° du III de l'article 1609 nonies C.
« Pour les communautés urbaines existant à la date de publication de la loi n° du précitée, les dispositions de l'article 1609 nonies C sont applicables de plein droit à compter du 1er janvier 2000 sauf délibération contraire des deux tiers au moins des conseils municipaux des communes intéressées représentant plus de la moitié de la population totale de celles-ci ou de la moitié des conseils municipaux des communes comptant les deux tiers de la population, cette majorité devant comprendre le conseil municipal de la commune dont la population est supérieure à la moitié de la population totale concernée. »
« II. - L'article 1609 ter B du code général des impôts est abrogé. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 175, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose de rédiger ainsi le texte présenté par le I de cet article pour l'article 1609 ter A du code du code général des impôts :
« Art. 1609 ter A. - Pour les communautés urbaines existant à la date de publication de la loi n° du précitée, les dispositions de l'article 1609 nonies C sont applicables de plein droit à compter du 1er janvier 2001 sauf délibération contraire des deux tiers au moins des conseils municipaux des communes intéressées représentant plus de la moitié de la population totale de celles-ci ou de la moitié des conseils municipaux des communes comptant les deux tiers de la population, cette majorité devant comprendre le conseil municipal de la commune dont la population est supérieure à la moitié de la population totale concernée.
« Toutefois, en cas de délibération contraire prévue dans les conditions prévues au premier alinéa, le conseil d'une communauté urbaine existant à la date de publication de la loi n° du précitée peut, à la majorité des deux tiers de ses membres, décider de percevoir la taxe professionnelle selon les dispositions de l'article 1609 nonies C. Cette décision doit être prise avant le 31 décembre pour être applicable au 1er janvier de l'année suivante ; elle ne peut être rapportée pendant la période d'unification des taux prévue au 1° du III de l'article 1609 nonies C. »
Par amendement n° 374, MM. Bret, Foucaud, Mme Beaudeau, M. Bécart, Mmes Bidard-Reydet, Borvo, MM. Duffour, Fischer, Le Cam, Lefèbvre, Mme Luc, MM. Renar, Ralite, Mme Terrade et M. Vergès proposent, dans la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le I de l'article 48 pour l'article 1609 ter A du code général des impôts, après les mots : « à la majorité des deux tiers de ses membres, », d'insérer les mots : « après avis des conseils municipaux des communes membres de la communauté urbaine, ».
Par amendement n° 375, MM. Bret, Foucaud et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de supprimer le second alinéa du texte présenté par le I de l'article 48 pour l'article 1609 ter A du code général des impôts.
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 175.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Cet amendement procède à un certain nombre de modifications rédactionnelles, intervertit l'ordre des paragraphes, mais, surtout, donne satisfaction à M. Diligent en portant au 1er janvier 2001 la date à laquelle les conseils municipaux de communes membres des communautés urbaines devront débattre des avantages et des inconvénients de la taxe professionnelle unique, sur laquelle ils seront en général mieux informés. Ils disposeront ainsi d'un délai suffisant pour choisir d'accepter ou de rejeter cette taxe. Je crois que ce délai supplémentaire permet le jeu normal de la démocratie locale.
M. le président. La parole est à M. Foucaud, pour défendre les amendements n°s 374 et 375. M. Thierry Foucaud. L'amendement n° 374 prolonge la réflexion que nous avons eue sur cet article 48.
Dans la rédaction qui est issue des travaux de l'Assemblée nationale, cet article fait de ce qui était optionnel depuis 1992 une obligation et une composante même du statut des communautés urbaines.
Le passage à la taxe professionnelle unique s'avère, en effet, automatique dès lors qu'une majorité qualifiée des conseils municipaux concernés ne l'a pas rejeté.
Un simple examen de la situation des communautés urbaines existantes permet de mesurer la portée de la mesure qui nous est proposée.
S'agissant de la communauté urbaine d'Alençon - je vous prie de m'excuser, mais je donne cet exemple de façon positive dans le débat -, communauté urbaine bien connue du président de la commission des finances, il suffit que la ville-centre accepte le principe de la taxe professionnelle unique pour que celui-ci s'impose aux autres communes, quand bien même ladite commune urbaine compte moins de 50 000 habitants.
La même remarque vaut, bien sûr, pour les communautés urbaines de Brest, de Cherbourg, du Mans, de Strasbourg, de Nancy ou de Dunkerque.
A Bordeaux, à Lyon ou au Creusot, il faudra que la ville chef-lieu s'accorde avec l'une des communes de la communauté pour que le régime de taxe professionnelle unique trouve à s'appliquer.
Dans le cas de la communauté urbaine de Bordeaux, on notera, par exemple, qu'il suffit de l'avis majoritaire du conseil municipal de Bordeaux et d'une ou deux communes de la communauté - sur les vingt-sept qui la composent - pour que le régime de la taxe professionnelle unique s'applique.
La même remarque vaut pour la Courly, où deux communes, dont Lyon, peuvent, en acceptant le principe de la taxe professionnelle unique, faire admettre ce principe aux cinquante-trois autres, si j'ai bien compris.
Le sens de l'amendement que nous présentons est donc clair : très concrètement, il s'agit d'éviter que le nouveau régime fiscal, qui n'aurait d'autre légitimité que celle qui est venue de l'absence de débat au sein des conseils municipaux et d'autre raison d'être que celle de permettre à la communauté urbaine de faire face à ses obligations, ou de le laisser croire, ne vienne à s'appliquer sans une consultation effective des élus locaux.
Sous le bénéfice de ces observations je vous invite, mes chers collègues, à adopter cet amendement.
S'agissant de l'amendement n° 375, l'alinéa que nous proposons de supprimer prévoit que, à défaut de délibérations contraires du conseil de la communauté urbaine, le passage à la taxe professionnelle unique se fait automatiquement.
Cette disposition, qui inverse les règles, pousse au développement des EPCI à taxe professionnelle unique au mépris de l'avis des élus locaux et de la démocratie locale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances sur les amendements n°s 374 et 375 ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Nous ne sommes pas dans la même logique que les membres du groupe communiste républicain et citoyen. Je rappellerai donc simplement que l'amendement que nous vous proposons, tout comme la loi elle-même, prévoit que les conseils municipaux devront obligatoirement se prononcer dans ce domaine.
C'est la raison pour laquelle la commission est défavorable à ces deux amendements.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 175, 374 et 375 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est défavorable aux amendements n°s 374 et 375.
Il s'en remet à la sagesse du Sénat s'agissant de l'amendement n° 175.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 175, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les amendements n°s 374 et 375 n'ont plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 48, ainsi modifié.

(L'article 48 est adopté.)

Article 49



M. le président.
« Art. 49. - I. - L'article 1609 quinquies du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Au I, les mots : "L. 5213-16 du code général des collectivités territoriales" sont remplacés par les mots : "36 (1° du C du II) de la loi n° du relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale" ;
« 2° Au II, les mots : "L. 5213-20 du même code" sont remplacés par les mots : "36 (2° du C du II) de la loi n° du précitée" ;
« 3° Il est ajouté un III ainsi rédigé :
« III. - Ces dispositions s'appliquent jusqu'à l'expiration d'un délai de six mois après le renouvellement général des conseils municipaux à compter de la date de publication de la loi n° du précitée. »
« II. - Le premier alinéa de l'article 1609 quinquies A du code général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Les mots : "et exerçant les compétences mentionnées au II de l'article L. 5216-16 du code général des collectivités territoriales" sont supprimés ;
« 2° Les mots : "de l'article 1609 nonies C" sont remplacés par les mots : "du 2° du I de l'article 1609 nonies C" ;
« 3° Les mots : "Dans ce cas, le district" sont remplacés par les mots : "Dans ce cas, le district est soumis aux dispositions du I de l'article L. 5214-16 du code général des collectivités territoriales et".
« III. - Au premier alinéa des articles 1609 quinquies A et 1609 quinquies B du code général des impôts, les mots : "des trois quarts" sont remplacés par les mots : "des deux tiers".
« IV. - Les mêmes articles 1609 quinquies A et 1609 quinquies B sont complétés par un alinéa ainsi rédigé :
« Ces dispositions s'appliquent jusqu'à l'expiration d'un délai de six mois après le renouvellement général des conseils municipaux à compter de la date de publication de la loi n° du relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale. »
« V. - L'article 1609 quinquies A est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour les districts existant à la date de publication de la loi n° du dont le nombre d'habitants est supérieur à 500 000, les dispositions de l'article 1609 nonies C sont applicables de plein droit à compter du 1er janvier 2000 sauf délibération contraire des deux tiers au moins des conseils municipaux des communes intéressées représentant plus de la moitié de la population totale de celles-ci ou de la moitié des conseils municipaux des communes comptant les deux tiers de la population, cette majorité devant comprendre le conseil municipal de la commune dont la population est supérieure à la moitié de la population totale concernée. »
Par amendement n° 521, le Gouvernement propose, dans le dernier alinéa du I de cet article, de remplacer les mots : « d'un délai de six mois », par les mots : « du délai d'un an ».
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. L'Assemblée nationale a porté à un an après le renouvellement des conseils municipaux le délai pendant lequel les districts peuvent se transformer. Cet amendement a pour objet de réparer un oubli et de rétablir la cohérence du texte.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 521, accepté par la commission des finances.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 494 rectifié, MM. Vasselle, André, Flandre et Gerbaud proposent, dans le dernier alinéa (3°) du II de l'article 49, après les mots : « Dans ce cas, » de remplacer les mots : « le district est soumis » par les mots : « la communauté urbaine, ou la communauté d'agglomération ou la communauté de communes est soumise ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet amendement tire les conséquences de différentes dispositions du texte. Les districts étant appelés à disparaître pour être remplacés par les communautés urbaines, les communautés d'agglomération et les communautés de communes, il me paraît souhaitable de faire référence à ces nouvelles structures.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. La commission des finances souhaite rappeler à M. Vasselle que l'article 49 vise précisément le régime fiscal des districts jusqu'à leur disparition. Je demande donc à M. Vasselle de retirer cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je souhaite également que M. Vasselle retire son amendement puisque cet article traite uniquement des districts.
M. le président. Monsieur Vasselle, retirez-vous votre amendement ?
M. Alain Vasselle. M. le ministre me l'a demandé avec une telle force de conviction que je ne peux que le retirer ! (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° 494 rectifié est retiré.
Par amendement n° 489 rectifié, MM. Vasselle, Flandre et Gerbaud proposent de supprimer le III de l'article 49.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Il s'agit de maintenir des dispositions qui sont actuellement en vigueur. Le présent texte apporte un assouplissement qui ne me paraît pas souhaitable. Peut-être la conviction de la commission et du Gouvernement réussira-t-elle à emporter la mienne.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. En l'espèce, il s'agit moins de conviction que de cohérence, même si les deux notions ne sont pas forcément opposées.
Je souhaite que M. Vasselle accepte de retirer son amendement compte tenu des dispositions que nous avons préalablement acceptées, sur la proposition de la commission des lois.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Même avis que la commission.
M. le président. Monsieur Vasselle, l'amendement n° 489 rectifié est-il maintenu ?
M. Alain Vasselle. Comme il n'emballe pas les foules, je le retire ! (Sourires.)
M. le président. L'amendement n° 489 rectifié est retiré.
Par amendement n° 522, le Gouvernement propose, dans le second alinéa du IV de l'article 49, de remplacer les mots : « d'un délai de six mois » par les mots : « du délai d'un an ».
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Il s'agit d'un amendement de coordination, qui tire les conséquences fiscales de la décision prise lors de l'examen de la partie institutionnelle du projet de loi et tendant à porter à un an, au lieu de six mois, le délai de transformation des districts.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Favorable, puisqu'il s'agit d'un amendement de coordination.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 522, accepté par la commission des finances.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 376, MM. Bret, Foucaud et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de supprimer le paragraphe V de l'article 49.
Par amendement n° 176, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose, dans le second alinéa du V de l'article 49, de remplacer le millésime : « 2000 » par le millésime : « 2001 ».
La parole est à M. Foucaud, pour défendre l'amendement n° 376. M. Thierry Foucaud. Cet amendement relève de la même orientation que celui que nous avons déposé sur l'article 48.
Le principe retenu par l'Assemblée nationale dans la rédaction du paragraphe V de cet article n'est guère meilleur que celui qui a été précédemment évoqué à l'article 48 et que nous allons retrouver à l'article 50. Encore une fois, nous avons l'impression que l'on cherche, un peu inutilement, à précipiter un mouvement qui pourrait être naturel et compréhensible dès lors que chacun déciderait en parfaite connaissance de cause.
C'est donc parce que le principe de la taxe professionnelle unique doit demeurer l'enjeu du débat démocratique, notamment au sein des conseils municipaux, que nous vous invitons, mes chers collègues, à adopter cet amendement.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 176.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. L'amendement n° 176 est de même nature qu'un amendement que nous venons d'adopter concernant les communautés urbaines.
La taxe professionnelle unique devient le régime de droit commun des districts de plus de 500 000 habitants avant leur disparition. Pour ne pas appliquer cette règle, les districts devront la rejeter explicitement, et il est proposé d'allonger d'un an le délai de réflexion qui leur est accordé.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 376 et 176 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat pour ces deux amendements.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 376, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 176, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 49, modifié.

(L'article 49 est adopté.)

Article 50



M. le président.
« Art. 50. - L'article 1609 quinquies C du code général des impôts est ainsi rédigé :
« Art. 1609 quinquies C . - I. - Les communautés de communes perçoivent la taxe foncière sur les propriétés bâties, la taxe foncière sur les propriétés non bâties, la taxe d'habitation et la taxe professionnelle selon les dispositions prévues à l'article 1636 B sexies .
« La première année d'application de cette disposition, les rapports entre les taux des quatre taxes établies par la communauté de communes doivent être égaux aux rapports constatés l'année précédente entre les taux moyens pondérés de chaque taxe dans l'ensemble de leurs communes membres.
« Elles peuvent également percevoir à la place des communes membres, selon les compétences qui leur sont transférées, les ressources mentionnées à l'article 1609 nonies D.
« Elles peuvent instituer la taxe ou la redevance d'enlèvement des ordures ménagères dès lors qu'elles exercent la compétence d'enlèvement et de traitement des ordures ménagères, qu'elles la délèguent, ou qu'elles financent ces services.
« Elles peuvent instituer la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, dès la première année d'application des dispositions du premier alinéa, jusqu'au 31 mars, dès lors qu'elles exercent la compétence d'enlèvement et de traitement des ordures ménagères et que les communes qui ont décidé de la création de la communauté de communes, à l'exclusion de toute autre, étaient antérieurement associées dans un même syndicat de communes percevant une taxe d'enlèvement des ordures ménagères.
« Pour cette première année, elles ne peuvent voter que le produit de cette taxe, à l'exclusion de toute modification de ses règles d'établissement.
« II. - Le conseil d'une communauté de communes ayant créé, créant ou gérant une zone d'activités économiques qui se situe sur le territoire d'une ou de plusieurs communes membres peut, à la majorité des deux tiers de ses membres, décider de se substituer à ces derniers pour la perception de la taxe professionnelle acquittée par les entreprises implantées dans la zone. Pour les communautés de communes créées, ou issues de la transformation d'un établissement public de coopération intercommunale préexistant, à compter de la date de publication de la loi n° du relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale, seul le conseil d'une communauté de communes de moins de 50 000 habitants ou le conseil d'une communauté de communes de plus de 50 000 habitants et dont la ou les communes centre ont une population inférieure à 15 000 habitants peut décider de percevoir une taxe professionnelle de zone dans les conditions prévues à l'alinéa précédent.
« 1° Le taux de taxe professionnelle voté par la communauté de communes en application de cette disposition ne peut, la première année, excéder le taux moyen de taxe professionnelle constaté l'année de la décision mentionnée à l'alinéa précédent dans les communes membres, pondéré par l'importance relative des bases de taxe professionnelle de ces communes.
« Le taux moyen pondéré mentionné ci-dessus est majoré du taux de la taxe professionnelle perçue l'année de la décision mentionnée au premier alinéa du présent paragraphe.
« Des taux d'imposition différents du taux communautaire fixé en application des alinéas ci-dessus peuvent être appliqués pour l'établissement des douze premiers budgets de la communauté. Les écarts entre les taux applicables dans chaque commune membre et le taux communautaire sont réduits dans les conditions prévues au 1° du III de l'article 1609 nonies C.
« 2° Pour les années suivantes, le taux est fixé par le conseil de la communauté de communes dans les conditions prévues au II de l'article 1636 B decies .
« 2° bis En cas d'incorporation d'une commune ou partie de commune dans une zone d'activités économiques, les dispositions du III de l'article 1638 quater sont applicables.
« 3° Les établissements publics de coopération intercommunale soumis aux dispositions du présent paragraphe bénéficient de la compensation prévue au IV bis de l'article 6 de la loi de finances pour 1987 (n° 86-1317 du 30 décembre 1986), au lieu et place de leurs communes membres pour les pertes de bases de taxe professionnelle résultant, dans la zone d'activités économiques, de l'application de l'article 1469 A bis et du dernier alinéa du II de l'article 1478.
« Pour le calcul de cette compensation :
« a) Le taux de taxe professionnelle à retenir est le taux moyen pondéré de taxe professionnelle constaté en 1986 dans l'ensemble des communes membres de l'établissement public de coopération intercommunale ; ce taux est, le cas échéant, majoré du taux voté en 1986 par l'établissement public de coopération intercommunale qui a opté pour le régime fiscal prévu au présent paragraphe ou dont la communauté de communes est issue ; ces taux sont multipliés par 0,960 ;
« b) Les recettes fiscales à retenir la première année d'application des dispositions du présent paragraphe pour le calcul de la réfaction de 2 % prévue au IV bis de l'article 6 précité s'entendent du montant de la taxe professionnelle perçu par les communes membres, l'année précédente, dans la zone d'activités économiques ; ce montant est, le cas échéant, majoré des recettes fiscales perçues, la même année, par l'établissement public de coopération intercommunale qui a opté pour le régime fiscal prévu au présent II ou dont la communauté de communes est issue.
« 4° La perception de la taxe professionnelle selon les dispositions prévues ci-dessus est applicable aux districts ayant opté pour les dispositions prévues à l'article 1609 quinquies B et qui se transforment en communautés de communes dans les conditions prévues au II de l'article 34 de la loi n° du précitée.
« L'établissement public de coopération intercommunale peut verser à la ou les communes dont la ou les zones d'activités économiques sont transférées au groupement une attribution de compensation égale au plus au produit de taxe professionnelle perçu par elles l'année précédant l'institution du taux communautaire.
« Le conseil de l'établissement public de coopération intercommunale fixe le montant de cette attribution après consultation de la ou des communes concernées.
« III. - Le conseil d'une communauté de communes peut, à la majorité des deux tiers de ses membres, décider de percevoir la taxe professionnelle selon les dispositions du 2° du I de l'article 1609 nonies C. Cette décision doit être prise avant le 31 décembre pour être applicable au 1er janvier de l'année suivante ; elle ne peut être rapportée pendant la période d'unification des taux prévue au 1° du III de l'article 1609 nonies C.
« Toutefois, la perception de la taxe professionnelle selon les dispositions prévues au 2° du I de l'article 1609 nonies C est applicable de plein droit aux communautés de villes qui se transforment en communautés de communes dans les conditions prévues par l'article 39 de la loi n° du précitée ainsi qu'aux districts ayant opté pour les dispositions prévues à l'article 1609 quinquies A et qui se transforment en communautés de communes dans les conditions prévues au II de l'article 34 de la même loi.
« Les dispositions de l'article 1609 nonies C sont applicables de plein droit à compter du 1er janvier 2000 aux communautés de communes dont le nombre d'habitants est supérieur à 500 000, sauf délibération contraire des deux tiers au moins des conseils municipaux des communes intéressées représentant plus de la moitié de la population totale de celles-ci ou de la moitié des conseils municipaux des communes comptant les deux tiers de la population, cette majorité devant comprendre le conseil municipal de la commune dont la population est supérieure à la moitié de la population totale concernée. »
Par amendement n° 178, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose de rédiger ainsi le quatrième alinéa du I du texte présenté par cet article pour l'article 1609 quinquies C du code général des impôts :
« Elles peuvent instituer la taxe d'enlèvement des ordures ménagères dès lors qu'elles bénéficient de la compétence prévue à l'article L. 2224-13 du code général des collectivités territoriales et qu'elles assurent au moins la collecte des déchets des ménages. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Cet amendement vise à résoudre une question importante qui a déjà été abordée à plusieurs reprises lors de nos débats, celle de la compétence relative au traitement et à la collecte des déchets et du financement de cette compétence par la taxe d'enlèvement des ordures ménagères.
Nous proposons d'améliorer la rédaction adoptée par l'Assemblée nationale à la suite du vote d'un amendement déposé par M. Bonrepaux. Il s'agit de permettre aux groupements qui exercent la collecte mais qui ont délégué le traitement, opération plus lourde, qui suppose une aire souvent plus vaste que celle que recouvre un seul groupement, de percevoir la taxe d'enlèvement des ordures ménagères.
Aujourd'hui, seuls les groupements qui exercent à la fois la collecte et le traitement peuvent percevoir la taxe. Or, pour des raisons techniques évidentes, le traitement doit souvent se faire à une échelle supérieure à celle du groupement.
Le dispositif que nous proposons constitue donc un assouplissement par rapport au régime en vigueur. Il permet d'adapter le droit à l'évolution des techniques de gestion de la compétence d'élimination des déchets ménagers.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement est favorable à un dispositif qui permet de clarifier la perception de cette taxe en introduisant plus de souplesse au profit des groupements. Cet amendement s'inscrit d'ailleurs dans la même logique que l'amendement qui été adopté sur le même sujet par l'Assemblée nationale.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 178.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Si j'ai bien compris, un seul niveau peut lever la taxe d'enlèvement des ordures ménagères : il n'y aura pas superposition d'une taxe communautaire et d'une taxe communale.
Par ailleurs, le niveau qui exerce la compétence en matière de taxe d'enlèvement des ordures ménagères est toujours le niveau qui collecte les ordures et non pas celui qui les traite.
Enfin, il y aura, le cas échéant, un système de reversement du niveau qui collecte vers le niveau qui traite. Ai-je bien compris ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. C'est exactement cela !
M. Yves Fréville. Alors, je voterai l'amendement.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Un point me gêne dans la rédaction qui vient d'être présentée par M. Mercier, c'est qu'elle fait disparaître la référence à la redevance. La rédaction de l'Assemblée nationale me donnait satisfaction dans la mesure où elle visait à la fois la taxe et la redevance.
Mais sans doute, monsieur le rapporteur pour avis, allez-vous me répondre que, la redevance n'étant pas un impôt, elle sera visée plus loin.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Exactement !
M. Alain Vasselle. Par ailleurs, la rédaction de l'Assemblée nationale permettrait d'envisager tous les cas de figure, notamment celui de la délégation. M. le rapporteur pour avis peut-il m'assurer que la rédaction qu'il propose permet de couvrir tous les cas de figure, y compris la délégation ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Je veux simplement confirmer à notre collègue M. Vasselle que l'interprétation qu'il donne du texte est bien celle qu'il convient d'en faire. M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 178, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 179, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose, dans l'avant-dernier alinéa du I du texte présenté par l'article 50 pour l'article 1609 quinquies C du code général des impôts, de supprimer les mots : « qu'elles exercent la compétence d'enlèvement et de traitement des ordures ménagères et ».
La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Il s'agit d'un amendement de pure conséquence, monsieur le président.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 179, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 490 rectifié, MM. Vasselle, André, Flandre et Gerbaud proposent de compléter in fine le cinquième alinéa du texte présenté par l'article 50 pour l'article 1609 quinquies C du code général des impôts par les mots : « , dès lors il en est tenu compte pour le calcul de leur dotation de fonctionnement ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet amendement se justifiait dans la mesure où la rédaction de l'Assemblée nationale était maintenue. Mais puisque la commission des finances propose une nouvelle rédaction, il ne m'apparaît plus nécessaire de le maintenir. Aussi, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 490 rectifié est retiré.
Par amendement n° 462, M. Belot et les membres du groupe de l'Union centriste proposent, à la fin du premier alinéa du II du texte présenté par l'article 50 pour l'article 1609 quinquies C du code général des impôts, de supprimer les mots : « dans les conditions prévues à l'alinéa précédent ».
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Il s'agit d'un amendement rédactionnel dû à la sagacité de notre collègue M. Belot.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 462, accepté par la commission des finances et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 461, M. Belot et les membres du groupe de l'Union centriste proposent :
I. - Dans la première phrase du premier alinéa du III du texte présenté par l'article 50 pour l'article 1609 quinquies C du code général des impôts, de supprimer les mots : « du 2° du I ».
II. - En conséquence, dans le deuxième alinéa du III du texte présenté par ce même article pour l'article 1609 quinquies C du code général des impôts, de remplacer les mots : « au 2° du I de » par le mot : « à ».
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Il s'agit également d'un amendement de nature rédactionnelle.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 461, accepté par la commission des finances et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.) M. le président. Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 377, MM. Bret, Foucaud et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent de supprimer le dernier alinéa du III du texte présenté par l'article 50 pour l'article 1609 quinquies C du code général des impôts.
Par amendement n° 177, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose, dans le dernier alinéa du III du texte présenté par l'article 50 pour l'article 1609 quinquies C du code général des impôts, de remplacer le millésime : « 2000 » par le millésime : « 2001 ».
La parole est à M. Foucaud, pour présenter l'amendement n° 377.
M. Thierry Foucaud. Comme les amendements précédents que nous avons défendus sur les articles 48 et 49, cet amendement pose à nouveau la question de l'automaticité du passage à la taxe professionnelle unique dans les communautés de communes dont la population excéderait 500 000 habitants.
Dans l'absolu, outre le fait que les structures concernées ne sont pas très nombreuses, on ne peut manquer de souligner que lesdites communautés de communes auront probablement opté, peu de temps après l'adoption du présent projet de loi, pour un nouveau mode d'EPCI, communauté d'agglomération ou communauté urbaine, du fait du montant plus élevé des dotations allouées à ce type d'établissement.
Ne serait-ce que pour ces raisons, la rédaction du troisième alinéa du paragraphe III de l'article 50 serait presque superfétatoire, à moins que l'on demeure dans la perspective fixée par les articles initiaux du projet de loi, et notamment ce que d'aucuns ont voulu définir à l'article 1er. Mais cette réduction est également aussi peu admissible que celle qui a été adoptée pour les articles précédents portant sur les communautés urbaines et les districts.
Tel est donc l'objet de cet amendement, que je vous invite, mes cher collègues, à adopter. M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 177 et pour donner l'avis de la commission des finances sur l'amendement n° 377.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. L'amendement n° 177 participe de l'esprit de ceux que j'ai précédemment défendus.
Par ailleurs, la commission des finances est défavorable à l'amendement n° 377.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 377 et 177 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat sur ces deux amendements.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 377, repoussé par la commission des finances et sur lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 177, sur lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 50, modifié.

(L'article 50 est adopté.)

Article 50 bis



M. le président.
« Art. 50 bis . - L'article 1609 nonies B du code général des impôts est complété par un VI ainsi rédigé :
« VI. - La communauté ou le syndicat d'agglomération nouvelle peuvent instituer la taxe ou la redevance d'enlèvement des ordures ménagères dès lors qu'ils exercent la compétence d'enlèvement et de traitement des ordures ménagères, qu'ils les délèguent en tout ou partie, ou qu'ils financent ces services. »
Par amendement n° 180, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose de rédiger comme suit cet article :
« I. - L'article 1609 nonies B du code général des impôts est complété par un VI ainsi rédigé :
« VI. - La communauté ou le syndicat d'agglomération nouvelle peuvent instituer la taxe ou la redevance d'enlèvement des ordures ménagères dès lors qu'ils bénéficient du transfert de la compétence prévue à l'article L. 2224-13 du code général des collectivités territoriales et assurent au moins la collecte des déchets des ménages. »
« II. - Dans le premier alinéa de l'article 1520 du code général des impôts, les mots : "dans lesquelles fonctionne un service d'enlèvement des ordures ménagères" sont remplacés par les mots : "qui assurent au moins la collecte des déchets des ménages".
« III. - Après le premier alinéa de l'article 1520 du code général des impôts, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsqu'une commune assure au moins la collecte et a transféré le reste de la compétence d'élimination à un établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre, elle peut, par délibérations concordantes avec ce dernier, établir un reversement partiel du produit de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères au profit de ce dernier. »
« IV. - Dans le II de l'article 1609 quinquies du code général des impôts, les mots : "lorsqu'ils assurent la collecte ainsi que la destruction ou le traitement des ordures ménagères" sont remplacés par les mots : "lorsqu'ils bénéficient du transfert de la compétence prévue à l'article L. 2224-13 du code général des collectivités territoriales et assurent au moins la collecte des déchets des ménages".
« V. - Dans le troisième alinéa de l'article 1609 quater du code général des impôts, les mots : "lorsqu'ils assurent la collecte ainsi que la destruction ou le traitement des ordures ménagères" sont remplacés par les mots : "lorsqu'ils bénéficient du transfert de la compétence prévue à l'article L. 2224-13 du code général des collectivités territoriales et assurent au moins la collecte des déchets des ménages".
« VI. - Le deuxième alinéa a) de l'article 1609 nonies D du code général des impôts est ainsi rédigé :
« a) la taxe d'enlèvement des ordures ménagères dès lors qu'elles bénéficient du transfert de la compétence prévue à l'article L. 2224-13 du code général des collectivités territoriales et assurent au moins la collecte des déchets des ménages. »
« VII. - L'article 1609 nonies A du code général des impôts est supprimé. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 463, présenté par MM. Fréville et Jarlier, et tendant à supprimer le VII de l'amendement n° 180.
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 180.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Cet amendement tire la conséquence de l'amendement n° 178 que le Sénat a adopté voilà quelques instants et qui étend à tous les types de groupements les règles relatives à la taxe d'enlèvement des ordures ménagères.
M. le président. La parole est à M. Fréville, pour défendre le sous-amendement n° 463.
M. Yves Fréville. Il n'a échappé à personne que la commission demande l'abrogation de l'article 1609 nonies A du code général des impôts qui n'est autre que le dernier aliéna de l'article L. 2333-76 du code général des collectivités territoriales.
Cela dit, je regretterai très vivement l'abrogation de cet article, quelle que soit sa numérotation, qui dispose que les établissements publics de coopération intercommunale « peuvent renoncer à percevoir directement la redevance... ou la taxe d'enlèvement des ordures ménagères et laisser ce soin et la liberté de choix entre ces deux ressources à chacune des communes qui les composent ».
C'est la réponse à une question qui a été posée à plusieurs reprises dans cette enceinte au cours du débat. A l'heure actuelle, les petites communes choisissent plutôt le système de la redevance, alors que les grandes agglomérations optent pour la taxe d'enlèvement des ordures ménagères. C'est un élément de souplesse offert par la législation et dont, personnellement, je regretterai beaucoup la suppression.
Si la commission me confirme le maintien de cet élément de souplesse et que l'EPCI, lorsqu'il a la compétence en matière de collecte, pourra choisir entre les deux ressources, je me rallierai à sa position.
Dans le cas contraire, il me semble préférable de maintenir la disposition existante, qui peut permettre de résoudre certains cas difficiles.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. La question que soulève notre collègue M. Fréville est intéressante, mais difficile à résoudre compte tenu des principes que l'on entend privilégier.
Notre collègue M. Fréville nous propose, en fait, que des communes membres de groupements assurent la collecte des ordures ménagères ou délèguent pour partie cette compétence à d'autres groupements, tout en continuant à participer à son financement.
Un problème se pose eu égard au respect des compétences et du principe selon lequel le financement doit accompagner la compétence. En effet, dans l'architecture très savante que M. Fréville propose de maintenir, les communes pourraient choisir entre la taxe ou la redevance et déléguer la compétence à un ou plusieurs groupements ; elles finiraient donc, probablement, par verser une contribution au groupement auquel la compétence aura été transférée.
Ce dispositif me semble un peu complexe, même si je reconnais qu'il est très souple dans la mesure où celui qui encaisse n'est pas celui qui décaisse, et il est assez opaque. Si l'on veut une coopération intercommunale plus transparente, il faut peut-être renoncer à un peu de souplesse et se contenter de donner la possibilité aux groupements d'appliquer des taux différents suivant le niveau de service qu'ils rendent sur leur territoire et qui peut varier. Je reconnais toutefois que ce compromis ne satisfait pas complètement M. Fréville, mais il permet de réaliser un bon équilibre entre deux principes qui sont quelque peu contradictoires.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 180 et sur le sous-amendement n° 463 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement n'est pas favorable au sous-amendement n° 463. En effet, il me paraît pas conforme au principe des transferts de compétences que la ressource puisse abonder le budget des communes alors que les charges sont assumées totalement par l'établissement public de coopération intercommunale.
En revanche, le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 180 parce qu'il permet de clarifier et d'harmoniser les conditions de perception de la taxe d'enlèvement des ordures ménagères.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 463.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Le sous-amendement n° 463 me paraît très pertinent et parfaitement adapté à la situation des EPCI à dominante rurale.
Personnellement, j'ai été, pendant vingt ans - j'y ai fait allusion avant la suspension - président d'un syndicat intercommunal à vocation unique s'occupant de la collecte et du traitement des déchets ménagers. Pendant vingt ans, ce dispositif a été appliqué. Ce syndicat était composé de 101 communes : 3 d'entre elles percevaient une taxe et 98 pratiquaient le système de la redevance. Par conséquent, deux modes de recouvrement coexistaient, à la satisfaction de la totalité des communes. Cette situation n'a jamais posé de problème. Aussi, la disparition de cette faculté offerte aux collectivités et aux établissements publics me semble regrettable.
Je comprends très bien les remarques formulées par notre collègue Michel Mercier. Ce souci de cohérence avec les dispositions du projet de loi sur l'intercommunalité est parfaitement légitime. Toutefois, il ne faut pas que les communes rurales se trouvent ainsi privées de la possibilité d'adopter un mode de recouvrement qui leur est adapté.
La difficulté de l'exercice - et nous la retrouverons au travers des amendements que j'ai déposés et qui viendront en discussion après l'article 50 bis - réside notamment dans l'impossibilité pour les structures intercommunales à fiscalité propre de pratiquer, dans l'état actuel de notre législation, sur un même territoire, deux modes de recouvrement différents : elles doivent choisir soit la redevance, soit la taxe, soit les impôts ; elles ne peuvent pas appliquer un système de recouvrement mixte.
Or, lorsqu'elles étaient dans le cadre d'un syndicat à vocation unique, cette souplesse et cette faculté leur étaient offertes. Il s'agit donc là d'un problème fondamental. J'ignore comment le résoudre mais je présenterai tout à l'heure des amendements pour tenter d'apporter des éléments de réponse. J'entends bien que nous nous heurtons à des principes généraux concernant les structures intercommunales à fiscalité propre. Mais à vouloir être trop parfaits et aller très loin dans la cohérence, on va placer des communes dans des situations qui ne correspondront pas à ce qu'elles souhaitent.
Par conséquent, si l'on m'assure que nous reviendrons sur ces dispositions dans les articles suivants, je serai prêt à suivre la position de la commission. Dans le cas contraire, je voterai le sous-amendement n° 463.
M. Yves Fréville. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Permettez-moi de vous faire remarquer que le texte auquel j'ai fait référence existe bel et bien. Il est actuellement en vigueur. On supprime une possibilité, on n'en crée pas une nouvelle.
Par ailleurs, je suis très sensible aux remarques de M. le rapporteur. Selon lui, il est absurde qu'un échelon communautaire délègue, en matière fiscale, sa compétence à l'échelon communal qui lui a préalablement transféré cette compétence.
Je pose simplement des questions tout comme notre collègue M. Vasselle l'a fait. J'ai appris avec intérêt que, d'abord, lorsqu'on optait pour la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, il était possible de pratiquer des taux différents commune par commune au niveau d'un EPCI. C'est exact, monsieur le rapporteur pour avis ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Absolument.
M. Yves Fréville. Dans la mesure où la taxe peut être levée à des taux différents commune par commune, pourquoi ne pas permettre aux EPCI d'opter, dans certaines d'entre elles, pour la redevance ? Voilà qui résoudrait tous les problèmes. Telle est la question que je pose au Gouvernement et surtout à la commission. Si j'obtiens une réponse positive, je retirerai mon sous-amendement.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Je perçois bien l'intérêt des interventions de MM. Fréville et Vasselle. Ils veulent en fait introduire une plus grande souplesse dans le dispositif afin d'organiser au mieux un service adapté à la démographie ou aux modes de vie des populations. Mais nous devons nous placer dans une perspective d'ensemble.
Un des apports de ce texte est de construire une compétence « élimination des déchets » relativement forte. L'argument que M. Fréville tire du fait que la disposition existe déjà pour qu'elle continue d'exister me paraît relativement faible au regard de toute volonté de réforme. Nous ne devrions plus élaborer de texte puisqu'il est bien rare qu'un texte n'en modifie pas un autre ; mais ce n'est pas toujours du bon travail.
Il faut être clair. Le Sénat doit se prononcer en toute connaissance de cause. Un groupement qui exerce, en tout ou en partie, la compétence, au moins la collecte des ordures ménagères, peut choisir entre la taxe et la redevance ; il ne peut choisir à la fois la taxe et la redevance. Si le groupement choisit la taxe, il peut établir sur son territoire des taux différents en fonction du niveau de service rendu. Là où le ramassage est hebdomadaire, le taux sera différent de là où il est bi-hebdomadaire. Cela se conçoit parfaitement bien. C'est légal. Mais cela ne répond que très partiellement au souci de nos deux collègues. Cependant, il ne serait pas honnête de leur dire ce qu'ils souhaitent entendre et que je ne peux leur dire compte tenu des textes en vigueur.
Si on opte pour l'élaboration d'une compétence « collecte et traitement des déchets ménagers » de façon forte à l'échelon intercommunal, en permettant la délégation du traitement lorsque le niveau de la collecte n'est pas assez important pour pouvoir traiter les ordures ménagères, il faut choisir entre la taxe et la redevance. S'il s'agit de taxe, c'est en fonction du niveau de service rendu et il peut donc y avoir des taux différents. Mais, je le répète, on ne peut pas choisir la redevance et la taxe. Les communes membres ne peuvent lever l'impôt puisqu'elles n'exercent pas la compétence.
M. le président. Monsieur Fréville, le sous-amendement n° 463 est-il maintenu ?
M. Yves Fréville. Etant donné les explications qui viennent d'être données, je ne prolongerai pas le débat. Je vais retirer ce sous-amendement. Cependant le problème est posé et je souhaite qu'on lui trouve une réponse. Il y a tout de même un paradoxe. Les syndicats de communes conserveront, je pense, cette possibilité... (M. le rapporteur pour avis fait un signe d'assentiment.) Si l'on abroge l'article 1609 nonies A, il faut veiller à l'abroger pour tout le monde.
Je veux donc bien retirer mon sous-amendement, mais je voudrais tout de même que la commission des finances assure le maintien des dispositions prévues par cet article pour les syndicats de communes.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Il me semble - mais, là aussi, je peux me tromper - que les syndicats de communes n'ont pas de fiscalité propre.
M. Joël Bourdin. Tout à fait !
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Ils n'exercent la compétence fiscale qu'à travers les décisions prises par les conseils municipaux.
M. Joël Bourdin. Effectivement !
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Si les conseils municipaux décident d'instaurer la taxe ou la redevance, c'est leur droit le plus strict, puisque les syndicats de communes doivent interroger les conseils municipaux des communes membres pour savoir comment celles-ci entendent financer les dépenses mises à leur charge.
En l'occurrence, il s'agit de légiférer uniquement pour des groupements qui sont suffisamment intégrés et qui décident d'avoir une fiscalité propre. Je crois, en outre, qu'il n'y aura peut-être pas partout des groupements à fiscalité propre. C'est simplement une possibilité ; rien n'est obligatoire.
M. le président. Monsieur Fréville, acceptez-vous maintenant de retirer votre sous-amendement ?
M. Yves Fréville. Oui, monsieur le président.
M. le président. Le sous-amendement n° 463 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 180, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 50 bis est ainsi rédigé.

Article additionnel après l'article 50 bis



M. le président.
Par amendement n° 181, M. Michel Mercier, au nom de la commission des finances, propose d'insérer, après l'article 50 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa de l'article L. 2333-76 du code général des collectivités territoriales est remplacé par un alinéa ainsi rédigé :
« Les communes, les établissements publics de coopération intercommunale et les syndicats mixtes qui bénéficient de la compétence prévue à l'article L. 2224-13 peuvent instituer une redevance d'enlèvement des ordures ménagères calculée en fonction du service rendu dès lors qu'ils assurent au moins la collecte des déchets des ménages. Lorsque les communes assurent au moins la collecte et ont transféré le reste de la compétence d'élimination à un établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre, elles pourront, par délibérations concordantes avec ce dernier, établir un reversement partiel du produit de la redevance d'enlèvement des ordures ménagères au profit de ce dernier. »
« II. - Le quatrième alinéa de l'article L. 2333-76 du code général des collectivités territoriales est supprimé. »
Cet amendement est affecté de deux sous-amendements, présentés par M. Vasselle.
Le sous-amendement n° 565 vise :
I. - Au début de la première phrase du premier alinéa du texte proposé par le I de l'amendement n° 181, à supprimer les mots : « Les communes, ».
II. - Dans la même phrase, après les mots : « peuvent instituer », à insérer les mots : « ou faire coexister sur leur territoire à la fois une taxe ou ».
III. - Dans la même phrase, à remplacer le mot : « calculée » par le mot : « calculées ».
Le sous-amendement n° 560 tend à insérer, après la première phrase du texte présenté par le I de l'amendement n° 181, une phrase ainsi rédigée : « Le recouvrement de cette redevance est assuré par les services fiscaux dans les mêmes conditions que la taxe d'enlèvement des ordures ménagères. »
La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l'amendement n° 181.
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Il s'agit d'un amendement de conséquence : il reprend pour la redevance ce que nous avons dit pour la taxe.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre les sous-amendements n°s 565 et 560.
M. Alain Vasselle. Ces deux sous-amendements concernent la redevance.
Le sous-amendement n° 565 s'inspire de la préoccupation que M. Fréville et moi-même avons exprimée voilà un instant. Elle se heurte, je le comprends bien, à la cohérence des dispositions liées à l'existence de structures intercommunales à fiscalité propre.
Ainsi, à partir du moment où une structure intercommunale à fiscalité propre se constitue, elle s'apparente, selon les dispositions législatives qui lui sont applicables, ou à une commune ou à un département ou à une région. Dans ce cas de figure, elle doit choisir, pour les communes qui la constituent, entre la redevance, la taxe ou les impôts. En d'autres termes, une structure communale à fiscalité propre ne peut pas faire coexister sur son territoire la taxe et la redevance, comme l'a rappelé tout à l'heure M. le rapporteur pour avis.
Cette situation soulève un problème dans des structures intercommunales à fiscalité propre à dominante rurale. Dans certains cas, pour la commune bourg-centre, qui peut compter de 5 000 à 10 000 habitants, la taxe d'enlèvement des ordures ménagères peut être le mode de recouvrement le plus adapté, alors pour les autres communes, comptant entre 150 et 400 habitants, le mode de recouvrement le mieux adapté est la redevance.
Or je vis personnellement cette situation en tant que président d'une communauté de communes composée de 40 communes. La plus importante compte 5 000 habitants et deux d'entre elles entre 1 000 et 1 200 habitants. Les 37 autres communes, qui comptent moins de 400 habitants, pratiquent depuis plus de vingt ans la redevance. Toutes les communes font partie de cette communauté de communes à fiscalité propre, qui vient de prendre cette compétence. Les maires des communes rurales souhaitent maintenir le système de la redevance. Le maire de la commune de 5 000 habitants souhaite maintenir le système de recouvrement qu'est la taxe d'enlèvement des ordures ménagères. Or les dispositions législatives actuelles relatives à l'intercommunalité ne le permettent pas.
Nous souhaiterions pouvoir maintenir la redevance dans les communes rurales et appliquer la taxe dans la commune la plus importante. Compte tenu de sa composition et de la démographie, ce système est le mieux adapté pour elle. Tel est l'objet de ce sous-amendement.
Le sous-amendement n° 560 est un sous-amendement de cohérence par rapport à des dispositions actuellement en vigueur et concernant la redevance spéciale qui s'applique aux commerçants et artisans, le recouvrement de la redevance étant assuré par les services fiscaux. Or le recouvrement de la redevance d'enlèvement des ordures ménagères est assuré non par les services fiscaux, mais par les communes avec le concours du percepteur dont dépendent ces dernières.
Ce sous-amendement a pour objet d'étendre à la redevance d'enlèvement des ordures ménagères les dispositions qui s'appliquent en ce qui concerne la redevance spéciale. Cela présenterait un double avantage. D'une part les services fiscaux assureraient le recouvrement aux lieu et place des communes, qui seraient allégées de cette charge. D'autre part, et surtout, ces communes auraient l'assurance du recouvrement de la redevance, comme c'est le cas pour la taxe d'enlèvement des ordures ménagères. Or, vous le savez, mes chers collègues, nous sommes confrontés, avec la progression du coût du service, à des impayés de plus en plus importants dans les communes qui pratiquent la redevance.
C'est la raison pour laquelle je propose, à travers ce sous-amendement, que les dispositions qui s'appliquent aujourd'hui pour la redevance spéciale soient étendues à la redevance d'enlèvement des ordures ménagères. En adoptant ce sous-amendement, mes chers collègues, vous rendrez un grand service aux communes rurales qui pratiquent la redevance et aux communautés de communes qui feraient ce choix, si la possibilité de faire coexister les deux modes de recouvrement n'était pas retenu, c'est-à-dire si le sous-amendement n° 565 n'était pas adopté.
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances sur les sous-amendements n°s 565 et 560 ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Le sous-amendement n° 560 prévoit de confier aux services fiscaux le recouvrement de la redevance, au motif essentiel que ce serait plus sûr, comme en matière d'impôt.
Or, précisément, la redevance ne veut pas être un impôt. Octroyer aux services fiscaux le soin de recouvrer, avec les privilèges attachés au recouvrement de l'impôt, ce qui n'est qu'une redevance soulève un problème de droit insurmontable.
On choisit ou l'impôt ou ce qui n'est pas l'impôt. Mais les services fiscaux de notre pays font déjà suffisamment de choses. Je le répète : si on leur demande de recouvrer autre chose que l'impôt, cela soulève tout de même des problèmes insurmontables.
Quant au sous-amendement n° 565, il reprend ce que MM. Vasselle et Fréville ont dit tout à l'heure. Je conçois parfaitement qu'il y ait des problèmes d'adaptation et de souplesse. Mais, dans ce cas, la solution consiste à recourir à un organisme intercommunal qui ne soit pas doté d'une fiscalité propre, afin que ce soient les communes membres qui déterminent le système de financement de la compétence.
Si les communes ont abandonné la compétence, elles ont abandonné aussi le financement de la compétence. Si elles ont confié des compétences à un organisme de coopération intercommunale qui est doté de la fiscalité propre, c'est parce que, à un moment donné, elles ont voulu confier à cet organisme doté d'un pouvoir fiscal lesdites compétences et les pouvoirs qui y sont attachés.
Il est difficile de vouloir quelque chose et autre chose en même temps. Aussi, monsieur Vasselle, tout en comprenant bien le but que vous cherchez à atteindre, mais c'est impossible, je vous demande de bien vouloir retirer vos deux sous-amendements, sinon la commission émettra un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 181 et sur les sous-amendements n°s 565 et 560 ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Le Gouvernement émet un avis favorable sur l'amendement n° 181, car celui-ci clarifie le dispositif.
En revanche, pour les raisons que M. Mercier vient d'exprimer, il est défavorable aux sous-amendements présentés par M. Vasselle.
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 565.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je souhaiterais que l'on m'explique où est la cohérence des dispositions législatives actuelles en ce qui concerne la redevance et l'impôt.
Monsieur le rapporteur pour avis, le recouvrement de la redevance spéciale est assuré par les services fiscaux. Je souhaiterais donc que vous expliquiez demain à nos concitoyens et à nos maires comment fonctionne la législation dans notre pays.
Je comprends la cohérence de votre raisonnement lorsqu'il s'agit de l'impôt. La redevance spéciale, parce qu'elle ne vise que les artisans et les commerçants, est recouvrée par les services fiscaux. En revanche, le recouvrement de la redevance d'enlèvement des ordures ménagères ne peut pas être assuré par lesdits services. Où est la cohérence ? J'aimerais qu'on me le dise !
Il n'est pas insurmontable de mettre en oeuvre ce dispositif, qui ne devrait pas poser de problème majeur aux services fiscaux. Un tel dispositif apporterait la souplesse et la facilité de fonctionnement au niveau des structures intercommunales à fiscalité propre.
J'espère que mes collègues, dans leur majorité, feront preuve de bon sens et d'esprit pratique, et qu'ils adopteront le sous-amendement que j'ai défendu voilà un instant.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 565, repoussé par la commission des finances et par le Gouvernement.

(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, n'adopte pas le sous-amendement.)
M. le président. Je vais mettre aux voix le sous-amendement n° 560.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je comprends tout à fait le raisonnement de M. le rapporteur pour avis, son souci de cohérence par rapport aux dispositions actuelles de l'intercommunalité et à celles qui sévissent en ce qui concerne les communes. Mais tout est-il vraiment intangible dans ce pays ? Sur le plan législatif, des modalités ne peuvent-elles pas s'appliquer en fonction des particuliarités des communautés de communes rurales ?
Mes chers collègues, je vous assure que, si l'intercommunalité présente de nombreux avantages, à vouloir procéder à des intégrations de plus en plus poussées de l'ensemble des compétences exercées par les communes, on risque de mettre les maires des communes rurales devant des difficultés majeures, à terme, dans l'exercice de leurs compétences.
Il ne faut pas non plus se cacher derrière son petit doigt ! Si nombre de communes ont accepté le transfert d'un grand nombre de compétences qui étaient exercées par des syndicats à vocation unique ou directement par elles-mêmes, c'est parce qu'elles étaient attirées par la carotte de la DGF. Il n'y avait pas toujours un véritable projet de territoire !
Peut-être voulez-vous que la sanction tombe aujourd'hui pour ces communes ? En effet, combien de syndicats à vocation multiple ou à vocation unique qui exerçaient la compétence de la collecte des ordures ménagères ou d'autres compétences très anciennes ont opéré ce glissement sur la structure intercommunale parce qu'il n'en résultait pas de conséquences sur le niveau de leur propre DGF - puisqu'elles étaient toutes au minimum garanti - et que la structure intercommunale à fiscalité propre leur rapportait de la DGF ?
Je ne suis pas persuadé, en ce qui me concerne, que tel était là l'esprit du législateur de 1992.
Dans la situation d'aujourd'hui, ont leur part de responsabilité nombre de préfets, de sous-préfets et même d'élus. Qui que nous soyons, nous, parlementaires ou conseillers régionaux, nous avons tous poussé dans ce sens. Mais, aujourd'hui, je vous assure pour le vivre personnellement dans mon propre département, cette situation est source de difficultés dans les secteurs les plus ruraux.
C'est la raison pour laquelle je maintiens mon sous-amendement, ne serait-ce que pour la forme. Je ne me fais pas d'illusions quant à son sort compte tenu de celui qui a été réservé au sous-amendement précédent - alors que, à mon avis, ce dernier devait poser a priori moins de problèmes - et je le maintiens au moins en termes d'affichage, pour montrer à mes grands électeurs du département de l'Oise quel a été mon souci de répondre à leur attente. Ils apprécieront la position qu'adopteront le Sénat, l'Assemblée nationale et le Gouvernement sur cette disposition !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 560, repoussé par la commission des finances et par le Gouvernement.

(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 181, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 50 bis.
Je rappelle que l'article 51 a été examiné en priorité.

Article additionnel après l'article 51



M. le président.
Par amendement n° 162 rectifié, M. Fréville et les membres du groupe de l'Union centriste proposent d'insérer, après l'article 51, un article additionnel ainsi rédigé :
« La dernière phrase de l'article L. 2334-4 du code général des collectivités territoriales est ainsi rédigée :
« Elles prennent en compte d'une part le montant initial des bases de taxe professionnelle et sa répartition entre les communes l'année précédant l'application des dispositions de l'article 1609 nonies C précité et d'autre part le surplus éventuel de ces bases de taxe professionnelle par rapport à leur montant initial et sa répartition au prorata de la population des communes. »
La parole est à M. Fréville.
M. Yves Fréville. Cet amendement n'est pas sans importance pour la réussite de la taxe professionnelle unique. Il concerne, en effet, le mode de calcul du potentiel fiscal des communes placés sous ce régime.
Qu'en est-il actuellement ? La loi est tout à fait explicite : l'article L. 2334-4 du code général des collectivités territoriales dispose que les modalités de calcul sont définies par décret en Conseil d'Etat, mais qu'elles prennent en compte la répartition des bases de taxe professionnelle entre les communes l'année précédant l'application de la taxe professionnelle unique.
Il faudrait donc que l'on calcule le potentiel fiscal d'une commune placée sous le régime de la taxe professionnelle unique d'après ce qu'elle percevait comme base l'année où le passage en TPU a été décidé, puisqu'elle reçoit en contrepartie l'allocation de compensation.
Pour le reste, c'est-à-dire pour les accroissements, voire, le cas échéant, les réductions de bases intervenant après le passage en taxe professionnelle unique, une répartition dépendant de modalités à définir serait mise en place.
Il est tout à fait logique que les communes qui mutualisent leur taxe professionnelle voient le calcul de leur potentiel fiscal tenir compte de l'utilisation de cette taxe professionnelle qu'elles ne reçoivent plus. Mais le Conseil d'Etat a décidé que l'on continuerait à calculer le potentiel fiscal d'une commune qui relève du régime de la taxe professionnelle unique comme s'il n'y avait pas de taxe professionnelle unique ! En d'autres termes, une commune qui voit arriver sur son territoire des usines, des activités supplémentaires - dont elle perdra le bénéfice financier puisqu'il ira à la communauté de communes - continuera à avoir un potentiel fiscal fixé comme si elle était la seule à percevoir ces ressources supplémentaires.
Imaginez la réaction d'un maire à qui l'on ira expliquer : « Monsieur le maire, vous mutualisez la taxe professionnelle, vous allez donc la donner à l'échelon supérieur, qui l'utilisera d'ailleurs très normalement ; mais, cela étant, votre potentiel fiscal sera calculé comme si cet acte de mutualisation, cet acte de solidarité, n'avait pas être accompli. » C'est intenable !
M. Dominique Braye. Absolument !
M. Yves Fréville. C'est tellement intenable que, psycologiquement, c'est devenu une sorte de fixation. Je le disais précédemment, en Ille-et-Vilaine, sur cent cinquante communes placées sous ce régime, trente ou quarante dénoncent cette mesure et ne veulent plus être pénalisées pour le calcul du contingent communal, pour le calcul du fonds national de péréquation, pour tous les mécanismes de solidarité mis en place par cette disposition qui va à l'encontre de l'objectif même que nous cherchons à atteindre.
L'objet de mon amendement est très simple : il s'agit d'appliquer le texte de loi tel que l'a voulu le législateur, afin que le potentiel fiscal soit calculé en fonction du montant des bases existant lors du passage à la taxe professionnelle unique et donnant lieu, naturellement, à allocation de compensation ; le reste serait réparti d'une autre manière entre les communes.
Comme le Conseil d'Etat ne savait pas de quelle façon procéder, je lui suggère de le faire au prorata de la population. On pourrait retenir des solutions beaucoup plus compliquées, mais l'essentiel est de retenir un mode de calcul qui tienne compte de la mutualisation et de respecter la volonté du législateur.
M. Alain Vasselle. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission des finances ?
M. Michel Mercier, rapporteur pour avis. Il s'agit d'un amendement qui, techniquement, est très impressionnant.
Il est vrai que, à première vue, nous sommes séduits par l'argumentation de notre collègue Yves Fréville. Néanmoins, avant d'émettre un avis définitif, je souhaite attirer son attention et interroger le Gouvernement.
Si j'ai bien compris, notre collègue Yves Fréville nous dit qu'il y a une situation d'injustice absolue lorsque, dans un groupement à taxe professionnelle unique, une commune reçoit une nouvelle entreprise : elle connaît une augmentation de ses bases de taxe professionnelle, son potentiel fiscal s'accroît alors qu'en réalité ses ressources n'augmentent pas puisque c'est le groupement qui profite de cet accroissement et que l'allocation de compensation ne suit pas.
Comme il faut bien faire quelque chose concernant le surplus de base, notre collègue Yves Fréville propose une répartition entre toutes les communes au prorata de leur population. Je voudrais simplement lui faire observer, techniquement, que la commune qui reçoit l'entreprise a au moins pour elle la taxe foncière et que les autres, auxquelles il attribue, en fonction de la population, un surplus de base, n'ont, elles, rien du tout.
Je ne suis donc pas sûr que la justice soit plus grande après application de cet amendement qu'auparavant. Néanmoins, je serais prêt à me laisser convaincre si le Gouvernement nous expliquait que ce dispositif n'entraînera pas des bouleversements trop grands dans les diverses répartitions. Il est en effet toujours facile, dans le domaine des finances publiques, d'augmenter les dotations. Il est beaucoup moins facile de les diminuer !
Je souhaite donc entendre le Gouvernement avant de me prononcer définitivement sur ce point.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. L'intention de M. Fréville est, je crois, très bonne. Toutefois, la réponse qu'il apporte me paraît pour le moins prématurée, et en tout cas hasardeuse en raison, précisément, des transferts trop brutaux que la mesure proposée ne manquerait pas d'occasionner.
Vous posez la question de la reconstitution d'un potentiel fiscal fictif pour les communes membres d'un EPCI à taxe professionnelle unique. Il faut bien se rappeler que le potentiel fiscal ne vise qu'à comparer la richesse relative des communes et que cette comparaison ne peut se faire que sur une base homogène. Si certaines communes ont décidé d'instituer une coopération fiscale en matière de taxe professionnelle, elles ne continuent pas moins de bénéficier de cette ressource de deux manières : par le biais de l'attribution d'une compensation, d'une part, par le biais des dépenses qu'elles n'effectuent plus directement et qu'elles ont transféré au groupement, d'autre part.
Comme votre amendement le relève, monsieur Fréville, l'augmentation de base de la taxe professionnelle du groupement peut être redistribuée aux communes membres par le biais de la dotation de solidarité. Mais les dotations de solidarité sont variables d'un EPCI à l'autre et une variation de base de taxe professionnelle peut également être due à une perte de base d'une commune.
Bref, monsieur Fréville, vous ouvrez une vraie piste de réflexion, c'est un vrai sujet.
D'autres formules peuvent être envisagées, que je n'ai pas le temps de développer ici. Elles devraient toutefois également être simulées, en gardant à l'esprit que l'objectif est de concilier la péréquation locale et la péréquation nationale.
Je m'engage auprès de votre assemblée, sur la base d'un travail qui doit être conduit sur cette question, à rediscuter avec vous, notamment avec M. Fréville, s'il le souhaite, du résultat de cette réflexion. Je comprends l'approche qui est ici proposée, mais je crois qu'il est absolument nécessaire d'approfondir le travail et de simuler les différentes formules envisageables.
Au bénéfice des explications et des engagements que je viens de formuler, je demande à M. Fréville de bien vouloir retirer son amendement.
M. le président. Monsieur Fréville, l'amendement est-il maintenu ?
M. Yves Fréville. Mon coeur balance ! (Sourires.)
M. le rapporteur pour avis a parlé très justement de la taxe foncière. Permettez-moi de dire que je vise non le potentiel fiscal « taxe foncière », mais le potentiel fiscal « taxe professionnelle ». Donc, je crois que mon argument demeure.
Par ailleurs, on parle toujours des augmentations de potentiel fiscal. Mais là, la somme est nulle puisque c'est la répartition d'une somme inchangée entre toutes les communes. Il s'agit de savoir comment un potentiel fiscal qui est défini au niveau de la communauté d'agglomération doit être réparti entre les communes qui se mutualisent, et je veux simplement faire remarquer que les « plus » sont compensés par les « moins » et que cela n'engage donc absolument pas les finances de l'Etat vis-à-vis aux autres communes qui n'appartiennent pas à cette communauté.
Enfin, s'il est vrai, monsieur le ministre, que c'est fictif, c'est encore plus fictif, aujourd'hui, de ne pas tenir compte de la situation de fait, à savoir que la commune ne profite plus du produit de la taxe professionnelle pour les établissements nouvellement localisés sur son territoire.
Vous avez bien remarqué que je n'ai pas proposé de tenir compte de la dotation de solidarité. En effet, il est bien certain que l'on ne doit pas pouvoir faire dépendre la solidarité nationale des solutions locales, bien que cela soit possible au niveau d'un conseil général : le ministère de l'intérieur autorise les départements à faire la correction qui s'impose pour le calcul des contingents communaux, à partir du potentiel fiscal. Cela a été dit.
En fait, ce que je souhaite, c'est qu'une solution soit trouvée. Le texte actuel est assez satisfaisant. Le malheur, c'est que le décret en Conseil d'Etat ne respecte pas l'esprit du texte qui a été adopté, sans doute en 1992, par le législateur.
Si donc vous nous promettez, monsieur le ministre - j'ai cru comprendre que tel était le sens de vos propos - de remettre en chantier ce décret, d'en préparer un nouveau, je suis tout à fait disposé à retirer l'amendement puisque, dans une certaine mesure, j'ai satisfaction avec le texte existant.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur, je vous ai proposé une méthode, qui consiste à procéder à des simulations, en fonction desquelles on pourra effectivement modifier le décret, mais je ne peux pas prendre l'engagement de changer le décret avant même que l'on ait procédé aux simulations nécessaires.
M. le président. L'amendement est-il retiré, monsieur Fréville ?
M. Yves Fréville. Oui, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 162 rectifié est retiré.
La suite de la discussion est renvoyée à la séance du jeudi 29 avril 1999.

8

TEXTE SOUMIS EN APPLICATION
DE L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION

M. le président. J'ai reçu de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de décision du Conseil relative à la conclusion de l'accord de coopération entre la Communauté européenne et la République populaire du Bangladesh.
Ce texte sera imprimé sous le n° E-1242 et distribué.

9

DÉPÔTS RATTACHÉS POUR ORDRE
AU PROCE`S-VERBAL DE LA SÉANCE
DU 15 AVRIL 1999

DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. M. le président du Sénat a reçu, le 22 avril 1999, de M. Jack Ralite une proposition de loi relative à l'audiovisuel.
Cette proposition de loi sera imprimée sous le n° 316, distribuée et renvoyée à la commission des affaires culturelles sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

TEXTE SOUMIS EN APPLICATION
DE L'ARTICLE 88-4 DE LA CONSTITUTION

M. le président du Sénat a reçu, le 24 avril 1999, de M. le Premier ministre le texte suivant, soumis au Sénat par le Gouvernement, en application de l'article 88-4 de la Constitution :
- Proposition de règlement du Conseil interdisant la vente et la livraison de pétrole et de certains produits pétroliers à la République fédérale de Yougoslavie.
Ce texte sera imprimé sous le n° E-1241 et distribué.

10

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à aujourd'hui, mercredi 28 avril 1999, à quinze heures et, éventuellement, le soir :
1. Discussion de la question orale avec débat n° 12 de M. Hubert Haenel à Mme Elisabeth Guigou, garde des sceaux, ministre de la justice, sur la redéfinition des responsabilités des maires.
Dans le prolongement du problème qu'il a déjà soulevé dans son rapport en qualité de rapporteur spécial du budget de la justice et au cours de l'examen des crédits de ce ministère (rapport n° 66, session ordinaire 1998-1999, J.O. du Sénat, séance du 7 décembre 1998), M. Hubert Haenel demande à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, de bien vouloir lui indiquer quelles mesures elle entend prendre pour que les maires ne soient plus systématiquement harcelés, mis en cause personnellement, cloués au pilori dans des différends qui relèveraient plus naturellement d'un procès devant les juridictions pénales ou administratives. Ces hommes et ces femmes de bonne volonté, qui se sont le plus souvent engagés dans la vie publique par seul souci de l'intérêt général et par sens du service de leurs concitoyens les plus proches, ressentent leur mise en cause systématique comme un acharnement, alors qu'ils sont d'abord les victimes de l'inflation des normes, de la judiciarisation excessive de la société et de la responsabilisation pénale galopante.
Il lui demande d'engager sans tarder une mise à plat concertée de l'ensemble de ces problèmes afin de dresser un état des lieux complet et objectif, de dégager les solutions et de les traduire sans tarder dans des textes législatifs et réglementaires.
Aucune inscription de parole dans ce débat n'est plus recevable.
2. Discussion de la résolution (n° 299, 1998-1999), adoptée par la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale en application de l'article 73 bis , alinéa 8, du règlement, sur le projet de décision du Conseil déterminant les bases juridiques pour l'acquis de Schengen qui a été révisé à la suite de la réunion du groupe « Acquis de Schengen » des 14 et 15 mai (n° E-1219).
Rapport (n° 290, 1998-1999) de M. Jean-Patrick Courtois, fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale.
Aucun amendement à cette résolution n'est plus recevable.

Délai limite pour les inscriptions de parole
et pour le dépôt des amendements

Projet de loi constitutionnelle, adopté par l'Assemblée nationale, insérant au titre VI de la Constitution un article 53-2 relatif à la Cour pénale internationale (n° 302, 1998-1999) :
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mercredi 28 avril 1999, à dix-sept heures ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : ouverture de la discussion générale.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, relatif à l'épargne et à la sécurité financière (n° 273, 1998-1999) :
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : mardi 4 mai 1999, à dix-sept heures ;
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 3 mai 1999, à seize heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée le 28 avril 1999, à zéro heure vingt.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





ERRATUM
Au compte rendu intégral de la séance du 1er avril 1999
RENFORCEMENT ET SIMPLIFICATION
DE LA COOPÉRATION INTERCOMMUNALE

Dans l'intervention de M. Jean-Patrick Courtois, page 2088, 1re colonne, avant-dernier paragraphe, 8e ligne :
Au lieu de : « Notre proposition, dans ce cas, serait de faire passer la dotation des communautés de communes à 220 francs... »,
Lire : « Notre proposition, dans ce cas, serait de faire passer la dotation des communautés de communes à 200 francs... ».

A N N E X E
Question orale avec débat inscrite à l'ordre du jour
du mercredi 28 avril 1999

N° 12. - Dans le prolongement du problème qu'il a déjà soulevé dans son rapport en qualité de rapporteur spécial du budget de la justice et au cours de l'examen des crédits de ce ministère (rapport n° 66, session ordinaire 1998-1999, Journal officiel du Sénat, séance du 7 décembre 1998), M. Hubert Haenel demande à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, de bien vouloir lui indiquer quelles mesures elle entend prendre pour que les maires ne soient plus systématiquement harcelés, mis en cause personnellement, cloués au pilori dans des différends qui relèveraient plus naturellement d'un procès devant les juridictions pénales ou administratives. Ces hommes et ces femmes de bonne volonté, qui se sont le plus souvent engagés dans la vie publique par seul souci de l'intérêt général et par sens du service de leurs prochains les plus proches, ressentent leur mise en cause systématique comme un acharnement, alors qu'ils sont d'abord les victimes de l'inflation des normes, de la judiciarisation excessive de la société et de la responsabilisation pénale galopante. Il lui demande d'engager sans tarder une mise à plat concertée de l'ensemble de ces problèmes afin de dresser un état des lieux complet et objectif, de dégager les solutions et de les traduire sans tarder dans des textes législatifs et réglementaires.



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Effectifs du tribunal de grande instance de Beauvais

520. - 16 avril 1999. - M. Philippe Marini appelle à nouveau l'attention de Mme le garde des sceaux, ministre de la justice, sur la situation des effectifs des magistrats du tribunal de grande instance de Beauvais. En effet, depuis le mois de janvier 1999, l'effectif de ce tribunal, qui assume également la fonction de tribunal pour enfants pour l'arrondissement de Compiègne, a été réduit à neuf magistrats du siège au lieu des seize budgétés. De plus, aucun nouveau poste ne pourra être pourvu avant fin juin 1999, et le barreau de Beauvais s'insurge d'avoir sans cesse à pallier la défaillance du service public de la justice. Actuellement, le tribunal se trouve en effet dans l'impossibilité d'assumer les audiences correctionnelles collégiales. Le président est alors conduit à réquisitionner un avocat afin de compléter le tribunal et d'éviter le renvoi d'affaires en état d'être jugées. Or cette situation, prévue par l'article L. 311-9 du code de l'organisation judiciaire dans des cas exceptionnels, tend à devenir permanente à Beauvais. En conséquence, il lui demande quelles mesures elle entend prendre pour pallier l'insuffisance de moyens de ce tribunal, permettre aux magistrats d'assurer leur mission et garantir ainsi à nos concitoyens une justice de qualité.

Niveau de ressources des personnes handicapées

521. - 17 avril 1999. - M. Georges Mouly appelle l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur le niveau de ressources des personnes handicapées particulièrement touchées par les dernières mesures de la loi de finances pour 1999 (n° 98-1266 du 30 décembre 1998), et plus spécialement sur la situation des adultes handicapés exerçant une activité en centre d'aide par le travail (CAT) et des majeurs faisant l'objet d'une mesure de protection.

Réforme du système d'aides de l'Agence de l'environnement
et de la maîtrise de l'énergie

522. - 19 avril 1999. - M. Jean-Claude Peyronnet attire l'attention de Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur la réforme du système d'aides de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) en faveur des plans départementaux d'élimination des déchets ménagers. La pérennité de ces plans, notamment en Haute-Vienne, est compromise par une diminution des aides accordées par l'ADEME. En effet, les taux de subvention de l'ADEME seront sensiblement réduits, en particulier sur les investissements alors que les aides aux études et à l'élaboration des plans seront maintenues. Cette réforme pénalisera donc les départements les plus vertueux qui se sont engagés tôt dans l'élaboration de ces plans, ce qui est le cas pour la Haute-Vienne, qui a, dès 1991, conclu un partenariat avec l'Agence nationale pour la récupération et l'élimination des déchets (ANRED), devenu l'ADEME. En conséquence, il souhaiterait savoir quelles mesures le Gouvernement entend adopter pour assurer la continuité des plans départementaux pour l'élimination des déchets ménagers qui contribuent, comme en Haute-Vienne, à la qualité de vie et au respect de l'environnement, au service de nos concitoyens.

Politique de diversification des modes de transports

523. - 19 avril 1999. - M. Jean-Claude Carle appelle l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur la politique des transports et de la communication en Haute-Savoie. Après la catastrophe routière du tunnel du Mont-Blanc, cette question, avec ses corollaires, se pose une nouvelle fois : politique de diversification des modes de transports - c'est bien sûr le ferroutage - mais aussi, et surtout, politique de modernisation, de mise en sécurité et de développement des infrastructures routières et autoroutières. A toujours laisser le trafic routier se concentrer sur quelques axes limités qui deviennent vite des points noirs pour les populations riveraines et les usagers, une catastrophe peut malheureusement en cacher une autre. Transférer le trafic du tunnel du Mont-Blanc sur le Fréjus n'y changera rien. En réalité, c'est bien un redéploiement harmonieux du trafic sur tout le territoire qui doit être envisagé, non seulement pour résoudre le problème de la sécurité, mais aussi permettre à d'autres régions enclavées de sortir de leur asphyxie économique. Aussi se pose la question de savoir si l'Etat a les moyens financiers de résoudre à la fois les problèmes de sécurité et d'encourager le développement économique. On peut en douter alors que l'enveloppe de 105 milliards de francs annoncée par l'Etat pour le prochain contrat de plan Etat-Région sur 7 ans ne représente même pas, en proportion, l'équivalent de l'enveloppe financière engagée sur 5 ans dans le plan précédent. A fortiori, si l'Etat s'engage sur de nouvelles priorités comme les transports urbains ou le ferroviaire qui n'y figuraient pas jusqu'à présent. En Rhône-Alpes, faute de crédits suffisants, l'Etat n'a pu tenir tous les engagements pris dans le dernier contrat de plan. 4,5 milliards de francs devaient être engagés. En définitive, 2,2 milliards seulement ont été dépensés, en tenant compte des programmes spécifiques hors contrat de plan. C'est autant qu'il lui faudra reconduire dans le prochain plan. Trois exemples illustrent cette situation en Haute-Savoie : tout d'abord, la liaison Annecy-Faverges sur la RN 508 qui aurait dû être réalisée durant l'actuel contrat de Plan. La région Rhône-Alpes avait débloqué 60 millions de francs, mais l'Etat n'a jamais apporté l'équivalent. Peut-on espérer que l'Etat tienne enfin sa parole et, si oui, quand les travaux du tronçon Faverges-Ugine seront-ils engagés ? Après l'annulation du projet de l'A 400 par le Conseil d'Etat, le désenclavement du Chabiais se révèle d'une urgente priorité. Financer la réalisation d'une 2 fois 2 voies entre Annemasse et Saint-Gingolph au seul titre du contrat de plan serait de la poudre aux yeux tant les crédits sont notoirement insuffisants. A ce rythme, il faudrait 20 ans pour en venir à bout. Or l'économie locale ne peut plus attendre. Son développement économique et touristique réclame d'urgence une liaison digne de ce nom avec le réseau autoroutier. L'Etat va-t-il inscrire les financements nécessaires à cet effet ? Enfin, concernant l'aménagement de l'A 41 entre Cruseilles et Genève, rendu encore plus urgent et plus nécessaire par la fermeture du tunnel du Mont-Blanc, a-t-il de nouvelles informations sur la position du Conseil d'Etat ? Avant d'engager l'argent public sur de nouvelles priorités, il souhaiterait savoir ce qu'il compte faire pour que l'Etat tienne d'abord les engagements pris, notamment en Haute-Savoie, dans le cadre du contrat de plan qui s'achève ?

Demande d'une convocation d'états généraux
pour régler en urgence les difficultés du secteur français du cuir,
de la chaussure et du textile-habillement

524. - 22 avril 1999. - M. Xavier Darcos attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur la situation très critique du secteur français du cuir, de la chaussure et du textile-habillement. Alors qu'un plan d'abaissement spécifique des charges sociales avait été prévu pour ce secteur par le précédent gouvernement _ il s'agit du plan Borotra _ la Commission européenne a décrété, en 1996, que ce plan était illégal en raison de son caractère sectoriel. Afin de limiter les conséquences économiques très lourdes de cette décision, plusieurs sénateurs déposèrent une proposition de loi prévoyant un allégement des charges sociales généralisées en trois ans en fonction de la proportion des bas salaires et des travailleurs manuels. Cette proposition de loi, n° 372 rectifié, a été annexée au procès-verbal de la séance du Sénat du 7 avril 1998. Elle résultait d'un large consensus pour admettre que le niveau actuel des charges sociales constituait un obstacle à l'emploi pour l'industrie de main-d'oeuvre. Alors que, malgré les mises en garde réitérées de la majorité sénatoriale, la situation de l'emploi dans le secteur du textile, du cuir et de la chaussure continue à se détériorer en Dordogne mais aussi dans la plupart des départements qui vivent de ces industries ; alors que les instances européennes sont totalement indifférentes et inertes devant l'ampleur d'une crise durable ; alors que le dispositif retenu dans le plan Aubry sur la réduction du temps de travail s'avère être tout à fait insuffisant, il lui demande, d'une part, de bien vouloir reconsidérer la politique économique et sociale du Gouvernement à l'égard d'un secteur qui, à court terme, risque de disparaître et, d'autre part, de convoquer, en urgence, des états généraux des professions concernées par l'industrie du textile et du cuir afin de rechercher les meilleures solutions possibles pour freiner une grave hémorragie de pertes d'emplois qui présente un caractère déstabilisateur pour l'économie régionale et locale.

Eligibilité de l'agglomération clermontoise
à la prime d'aménagement du territoire

525. - 22 avril 1999. - M. Serge Godard appelle l'attention de Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur la question des critères d'attribution et de localisation des aides accordées pour l'implantation d'entreprises et plus particulièrement sur la prime d'aménagement du territoire (PAT). Les informations dont il dispose le laissent très inquiet quant au maintien de l'éligibilité de la zone d'emploi de Clermont-Ferrand qui pourrait être totalement exclue du futur zonage de la prime d'aménagement du territoire. Or cette prime est tout à fait essentielle pour le développement économique de l'agglomération clermontoise. La prime d'aménagement du territoire a en effet permis entre 1994 et 1998 à 12 projets industriels de bénéficier de plus de 23 millions de francs d'aides sur la zone d'emploi de Clermont-Ferrand. Il serait en conséquence extrêmement dommageable que le bassin clermontois ne puisse plus bénéficier des concours financiers relevant de la prime d'aménagement du territoire, alors même que l'agglomération clermontoise réalise un effort important de développement de zones d'activités, d'aménagement de parcs industriels et de structures d'accueil. Des investissements lourds sont ainsi engagés dans le cadre d'une stratégie de pôles de compétence et de hiérarchisation des espaces économiques : le bipôle d'Ennezai pour les entreprises du secteur agroalimentaire, le parc logistique de Clermont-Auvergne, le parc industriel de la Combaude, l'hôtel d'entreprises du Brézet, le parc technologique de la Pardieu et le Cyber-Centre pour les entreprises du secteur des nouvelles technologies de l'information et de la communication. L'ensemble des collectivités et des acteurs concourant au développement économique de l'agglomération clermontoise ne comprendrait pas que le Gouvernement français renonce à accompagner les efforts ainsi déployés et remette en cause un dispositif d'aides obtenu de haute lutte en 1993. Ce serait un rude coup porté à notre agglomération et, au-delà, au développement du Puy-de-Dôme et à la région Auvergne, qui ont besoin pour leur développement d'une métropole forte et dynamique. En conséquence, il aimerait que le Gouvernement français examine avec la plus grande attention ce dossier et appuie l'agglomération clermontoise lors de l'examen final de la nouvelle carte des zones éligibles.

Relations entre les clubs sportifs professionnels
et les collectivités locales

526. - 27 avril 1999. - M. Bernard Murat attire l'attention de Mme le ministre de la jeunesse et des sports sur les relations des clubs sportifs professionnels avec les collectivités locales. Actuellement, les normes juridiques et financières s'appliquant à ces clubs semblent être en inadéquation avec la nature particulière de leurs activités. Deux exemples peuvent illustrer cette question. Premièrement, en ce qui concerne leurs équipements sportifs, la plupart d'entre eux appartenant aux communes, ils font partie du domaine public communal. Dans ces conditions, deux hypothèses de mise à disposition sont actuellement envisageables : d'une part, la délégation de service public, après mise en concurrence, et, d'autre part, la convention d'occupation précaire et révocable du domaine public. Toutefois, ces modalités ne paraissent pas véritablement satisfaisantes. En effet, la première solution répond-elle à la spécificité du lien unissant un club sportif à une commune ? De plus, si les communes et les clubs optent pour la seconde hypothèse, n'y a-t-il pas un risque de gestion de fait de fonds publics, par exemple, dans le cas de perception des recettes provenant de l'exploitation des espaces publicitaires et des loges d'un équipement sportif public ? Deuxièmement, en ce qui concerne les relations financières des clubs sportifs avec les collectivités publiques, le décret du 24 janvier 1996 encadre le pourcentage maximal de subventions des collectivités locales dans l'ensemble des recettes d'un groupement sportif. Pour la saison 1998-1999, le montant de ces aides ne peut dépasser 10 % des recettes du club. Tout dépassement de ce taux de subventions publiques serait considéré comme une aide économique illégale. Or afin de permettre à ces clubs de remplir leur mission de service public ou encore de défendre l'image de ces collectivités, un tel seuil sera probablement dépassé assez sensiblement par l'ensemble des clubs sportifs. Aussi, il lui demande de bien vouloir lui indiquer les propositions qu'elle entend formuler afin de permettre un développement harmonieux de ces clubs qui jouent un rôle irremplaçable en matière d'éducation, d'insertion sociale, de divertissement des jeunes au niveau local et de promotion des collectivités locales au plan régional, voire national ou international.