Séance du 27 mars 1999
ALLOCUTION DE M. CLAUDE ALLÈGRE,
MINISTRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE,
DE LA RECHERCHE ET DE LA TECHNOLOGIE
M. le président.
Je donne maintenant la parole à M. Claude Allègre, ministre de l'éducation
nationale, de la recherche et de la technologie, qui aura certainement le souci
de respecter la discipline horaire, comme l'ont fait ses élèves.
(Sourires.)
M. Claude Allègre,
ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, mesdemoiselles,
messieurs les sénateurs-juniors, l'initiative prise par le Sénat rejoint tout à
fait les préoccupations du ministère de l'éducation nationale, lequel la
soutient pleinement. Telle est donc la raison de ma présence dans cet
hémicycle, aujourd'hui.
Vous écoutant débattre des sujets importants, j'ai noté une expression orale
tout à fait remarquable et des propositions très intéressantes, qui concernent
aussi bien Internet à l'école que les voyages culturels.
S'agissant de la recherche, sachez qu'elle vise d'abord à enrichir nos
connaissances. Les applications viennent ensuite. Mais - et réfléchissez bien à
cela - ce n'est pas en essayant d'améliorer la bougie que l'on a découvert
l'électricité ! Ce n'est donc pas en faisant des recherches dans un but précis
que l'on parvient automatiquement aux découvertes les plus importantes.
N'oubliez jamais cela !
Vous avez évoqué la présence d'infirmières à l'école. Et comme l'année
dernière, vous avez insisté sur des droits fondamentaux, moraux, sur la lutte
contre le racisme, sur le droit à l'égalité entre les hommes et les femmes - le
Gouvernement, vous le savez, a déposé un projet de loi en ce sens - sur les
effroyables traitements subis par les enfants pendant les guerres et
l'inadmissible exploitation dont ils sont victimes à l'occasion de trafics
honteux.
Vos préoccupations rejoignent celles du Gouvernement. D'ailleurs, la réforme
du lycée - c'est important pour les collégiens que vous êtes, car c'est vous
qui allez en bénéficier - a prévu, cette année, un certain nombre de
dispositions en ce sens.
Tout d'abord, la création d'un enseignement d'éducation civique, juridique et
sociale permettra notamment d'apprendre à débattre à l'intérieur des classes,
comme cela se fait dans d'autres pays, chacun défendant un point de vue.
Cette instruction civique, essentielle pour la formation des citoyens, fera
l'objet d'un contrôle au baccalauréat ; nous serons donc sûrs que tout le monde
y attachera de l'importance !
Par ailleurs, le conseil de la vie lycéenne, composé de représentants des
élèves, des professeurs et de la direction des lycées, sera créé. Il
constituera un lieu de dialogue et de décision pour tout ce qui concerne la vie
matérielle des élèves, et fera des propostions sur la gestion des fonds de
soutien à la vie lycéenne. En outre, seront mis en place dans tous les lycées,
en collaboration avec les régions, des maisons de lycéens.
Une journée citoyenne nationale, qui sera l'occasion d'un débat, sera
organisée. Nous voulons que les lycées soient un lieu d'apprentissage de la
citoyenneté, où chacun respecte les autres et d'où la violence devra être
définitivement exclue. Les élèves doivent respecter leurs professeurs, et les
professeurs doivent respecter leurs élèves, même si la relation n'est pas
symétrique, bien sûr : ce sont les professeurs qui sont en charge de dispenser
l'enseignement. Cependant, chacun doit comprendre que, dans une collectivité,
le respect mutuel est indispensable. C'est pourquoi, lorsque vous entrerez au
lycée, vous recevrez un guide pratique d'information sur les droits et les
devoirs des lycéens. En effet, il n'y a pas de droits sans devoirs.
La réforme du lycée permettra également de développer les enseignements
artistiques pour les lycéens souhaitant y avoir accès : de 3 % actuellement, le
taux des lycéens accédant aux enseignements artistiques passera d'abord à 50 %,
pour atteindre finalement 100 %.
La réforme prévoit pour tous une initiation aux nouvelles technologies et donc
à Internet. Je vous rappelle que 90 % des lycées sont aujourd'hui branchés sur
Internet.
Enfin, sera instauré un apprentissage pratique des langues étrangères,
notamment avec des assistants étrangers, c'est-à-dire des jeunes, qui viendront
parler avec vous, et avec des programmes d'échanges culturels. En effet, pour
construire l'Europe - et c'est votre génération encore plus que la mienne qui
la construira - il vous faudra parler deux ou trois langues étrangères,
connaître les autres et - comme vous l'avez dit fort justement - respecter les
autres, leurs différences, leurs atouts et les nôtres. Si nous construisons
l'Europe, nous la construirons grâce à la diversité et à la fraternité entre
les peuples.
Vous donnez un exemple remarquable de ce que doit être une citoyenneté des
élèves. Les initiatives du type de celle qu'a prise le Sénat - d'autres
pourraient être envisagées à l'échelon des régions, des départements et des
communes - sont excellentes pour faire progresser le sentiment le plus
indispensable et le plus important pour la stabilité de nos sociétés modernes :
le sentiment d'appartenir à une communauté, de ne pas vivre comme des individus
isolés, de respecter les autres, bref, d'être des citoyens.
(Applaudissements.)
M. le président.
Monsieur le ministre, je vous donne 20 sur 20 : vous avez respecté le temps
qui vous était imparti !
(Sourires et applaudissements.)
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