Séance du 1er octobre 1998






QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Equipements routiers en Seine-Saint-Denis et en Val-d'Oise

307. - 9 juillet 1998. - Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur le devenir du projet de construction de l'autoroute A 16 en Seine-Saint-Denis et en Val-d'Oise. Elle lui fait part de la nécessité, pour confirmer l'abandon du projet au-delà de la Francilienne, de lever toutes les emprises foncières existantes en Val-d'Oise et en Seine-Saint-Denis et lui demande si telle est bien sa position. Elle lui demande également si le projet vieux de soixante-dix ans de déviation de la RD 370 peut être considéré comme désormais réalisable, tout comme la deuxième tranche de construction du BIP (boulevard interurbain du Parisis) reliant Gonesse à Sarcelles et de lui préciser les dates de réalisation et les méthodes de financement envisagées.

Transposition des directives européennes assurances
dans le code de la mutualité

308. - 21 juillet 1998. - M. François Autain attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur la transposition des directives assurances dans le code de la mutualité. Les directives assurances ont pour objet de construire le marché unique de l'assurance. Par définition, elles ne visent que les assurances. Les mutuelles régies par le code de la mutualité ne sont pas des entreprises d'assurances. Leurs valeurs, leurs missions, leurs règles juridiques sont contradictoires avec les buts poursuivis par les directives. La transposition des directives conduirait, entre autres conséquences néfastes, à augmenter les cotisations mutualistes et à réduire la capacité de réalisation, dans le secteur sanitaire et social des mutuelles. Il lui demande donc quelles initiatives le Gouvernement va prendre pour que les mutuelles puissent continuer à jouer pleinement leur rôle de solidarité.

Reconnaissance officielle de la médecine esthétique

309. - 21 juillet 1998. - M. François Autain attire l'attention M. le secrétaire d'Etat à la santé quant à la reconnaissance officielle de la médecine esthétique. Il existe en effet un vide juridique entre les services rendus par les médecins de la chirurgie plastique et reconstructive et les esthéticiennes, alors que la demande des patients relève de la médecine globale (endocrinologie, dermatologie, phlébologie, gérontologie pour ne citer que ces exemples). Depuis vingt-cinq ans, de nombreux médecins - spécialistes ou généralistes - ont orienté leur activité pour faire face à la demande de leurs patients. Le syndicat national des médecins esthétiques souhaite mener à bien cette évolution de la demande des patients et des services que le corps médical peut apporter de façon claire et compétente. En conséquence, il lui demande quelles mesures compte prendre le Gouvernement afin que la compétence des médecins puisse être assurée et que les dérives commerciales, qui se multiplient au fil des années, soient arrêtées.

Publication du décret relatif à l'annualisation
du temps de travail dans la fonction publique territoriale

310. - 25 juillet 1998. - M. Jean-Paul Delevoye appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur les dispositions de la loi n° 94-1134 du 27 décembre 1994, afin de permettre, à titre expérimental, et pour une durée de trois ans à compter de décembre 1994, l'annualisation de la durée du service, lorsque celui-ci est à temps non complet, à la demande de l'agent, ou en cas de nécessité certaine du service. Tel pourrait être le cas, en particulier dans les petites communes, en ce qui concerne les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (ATSEM). Pour que ces dispositions deviennent applicables, il est nécessaire que soit publié un décret d'application, après consultation des parties intéressées. Or, ce décret n'a jamais été rédigé, non en raison de la complexité du problème, même si celle-ci est indéniable, mais bien, et de façon avouée, parce que l'administration est hostile au principe même de l'annualisation du temps de travail dans la fonction publique territoriale. Cette situation inacceptable, emblématique des dérives de l'état de droit trop souvent observées dans notre pays, pose en premier lieu la question du rôle du Parlement. Est-il bien utile qu'il légifère si la volonté du peuble, dont il est l'expression et le garant, peut être tenue en échec par une sorte de droit de veto administratif ? La seconde question est celle de l'avenir qui doit être réservé à ces dispositions qui ont été adoptées par la représentation nationale et qui ne peuvent plus être mis en oeuvre, le délai prévu par la loi étant forclos. Il souhaite donc connaître très précisément les intentions du ministre en matière d'annualisation expérimentale du temps de service dans la fonction publique territoriale.

Revalorisation indiciaire des techniciens des trois fonctions publiques

311. - 1er août 1998. - Mme Marie-Claude Beaudeau attire l'attention de M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation sur la situation des personnels, techniciens en service actuellement dans la fonction publique de l'Etat, de l'hôpital et de la fonction publique territoriale. Elle lui fait remarquer que les responsabilités des techniciens sont de plus en plus importantes du fait de l'évolution des connaissances scientifiques et techniques, que le niveau de formation devient de plus en plus élevé, mais que la place des 30 000 techniciens n'est toujours pas reconnue par une revalorisation indiciaire. Elle lui demande quelles mesures il envisage en vue de la discussion pour la publication d'un statut tenant compte des évolutions et responsabilités de l'ensemble des techniciens des trois fonctions publiques.

Installation d'un IRM à l'hôpital d'Arras

312. - 8 septembre 1998. - M. Léon Fatous souhaite interpeller Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur la demande d'un système d'imagerie par résonance magnétique (IRM) fixe pour le centre hospitalier d'Arras. En effet, une demande d'autorisation a été déposée en février 1998, expliquant les besoins d'Arras, ces derniers concernant une population de plus de 400 000 habitants, ce qui, d'après le recensement effectué à partir de diagnostics retenus pour les hospitalisations de 1996, représente quelque 1 500 examens, auxquels il convient d'ajouter les examens externes, soit en tout une activité de 4 000 examens par an. Cette acquisition indispensable à l'évolution des soins complétera les équipements du centre hospitalier d'Arras, dont le plateau technique a prévu l'espace nécessaire pour l'installation de cette IRM. Par ailleurs, l'établissement dispose d'une équipe de cinq radiologues, dont quatre sont d'ores et déjà formés à la neuro-imagerie et particulièrement à l'IRM. Aussi, il souhaiterait savoir si elle compte donner satisfaction à sa demande.

TGV Bretagne - Pays de Loire

313. - 11 septembre 1998. - M. Josselin de Rohan demande à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement de lui apporter des précisions relatives au projet de TGV Bretagne - Pays de Loire, et en particulier sur le choix du tracé.

Projet de transfert sur l'aéroport de Roissy des vols long-courriers et des activités de fret de la compagnie Air-France au départ d'Orly

314. - 16 septembre 1998. - M. Jean-Jacques Robert attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur le projet de transfert à Roissy du trafic long-courrier ainsi que des activités de fret de la compagnie Air-France. De telles mesures pour le moins inattendues et surprenantes compromettent l'avenir économique du sud de la région Ile-de-France, par un déclin inévitable de la plate-forme d'Orly, supprimant de nombreux emplois sur le site, mais aussi aux alentours. S'établir à proximité d'un aéroport international est un choix pour les entreprises qui veulent se développer vers l'exportation. Ce choix a conduit à des extensions telles que le pôle scientifique du plateau de Saclay et la région des Ulis ou d'Evry. Le repli de l'aéroport d'Orly sur les dessertes intérieures et européennes, pour le seul profit de la compétitivité d'Air-France, est déraisonnable. C'est pourquoi il lui demande de mettre fin à ce projet insensé.

Suppression des commissariats d'Hazebrouck et de Bailleul

315. - 21 septembre 1998. - M. Alfred Foy attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur la suppression de commissariats dans le Nord, et plus particulièrement sur ceux de Bailleul et d'Hazebrouck. Le rapport des parlementaires en mission sur lequel s'appuie la réforme du transfert géographique de compétences entre la police et la gendarmerie préconise une redistribution équilibrée des forces de sécurité en fonction des besoins du territoire. Il convient cependant avant de mettre en oeuvre une réforme d'une telle ampleur de bien tenir compte des spécificités locales. Située à égale distance de la métropole lilloise et de l'agglomération dunkerquoise, et à proximité de la Belgique, la Flandre intérieure (avec Hazebrouck et Bailleul) connaît une hausse significative des actes de délinquance : la toxicomanie croissant plus rapidement dans cette zone frontalière. En outre, Hazebrouck comme Bailleul abritent de nombreux établissements scolaires (Hazebrouck accueille 10 000 élèves). Ce qui requiert un surcroît d'actions de surveillance et de prévention. Les problèmes de maintien de la sécurité dans la Flandre intérieure avaient déjà été évoqués en 1994 à l'attention du ministre de la défense : les sept cantons de l'ex-arrondissement d'Hazebrouck disposaient d'un ratio gendarme-habitant au-dessous de la moyenne nationale. Malgré l'affectation ultérieure d'un peloton de surveillance et d'intervention de la gendarmerie aux secteurs plus exposés dépendants de la compagnie de gendarmerie d'Hazebrouck, une autre intervention auprès du ministre de l'intérieur s'est révélée nécessaire pour dénoncer la surcharge de travail imposée aux policiers d'Hazebrouck suite à l'amplification du nombre de délits. Il y avait bien eu effectivement augmentation des policiers dans le Nord mais en réalité au seul profit des agglomérations de Lille-Roubaix-Tourcoing. Ainsi dans le contexte d'une nouvelle organisation sécuritaire du territoire, la suppression de commissariats dans le Nord, et notamment ceux d'Hazebrouck et de Bailleul, ébranlera sans nul doute un équilibre déjà par trop fragile. Quarante policiers officient actuellement à Hazebrouck et 33 à Bailleul. Ils devraient être remplacés par 35 gendarmes, selon les calculs fondés sur l'analyse des parlementaires en mission. Ce nombre s'avère insuffisant pour l'accomplissement des missions qui leur sont confiées. Il lui demande s'il ne serait pas judicieux, compte tenu des spécificités géographiques et sociales précitées de maintenir ces deux commissariats.

Financement des infrastructures routières et autoroutières

316. - 22 septembre 1998. - M. Jean-Pierre Raffarin interroge M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur les innovations que peut proposer l'Etat aux régions pour faire face aux besoins de financement d'infrastructures routières et autoroutières. Retard des contrats de plan, délégation de maîtrise d'ouvrage, mobilisation des fonds européens, maîtrise des flux de frets.

Fichiers médicaux

317. - 29 septembre 1998. - Mme Nicole Borvo attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur le fait que la conjonction de la mise en place d'un fichier centralisé (répertoire national interrégime de l'assurance maladie) des actes et pathologies destiné à permettre le remboursement et des modalités prévues pour la carte Vitale à l'horizon de l'an 2000 risque de produire des dérives portant atteinte à la sphère la plus intime de la vie privée. D'autant que ce fichier constituera un stockage exhaustif d'informations socio-médicales sur chaque personne. En outre, il est prévu de rendre libre d'accès sur le plan technique le volet urgence de la carte. N'y a-t-il pas à craindre qu'ainsi les employeurs ou les assureurs fassent pression pour prendre connaissance des informations qui y sont contenues, d'autant plus qu'il est très facile de se procurer actuellement sur le marché des lecteurs de cartes d'un prix tout à fait modique. De plus, le fait que les professionnels de santé demeureront libres de s'abonner ou non au réseau Intranet santé social (RSS), qui ne dispose d'aucune exclusivité, pose problème. Outre la réalité aujourd'hui incontournable que l'utilisation de la technique Internet comporte des risques de divulgation, de déformation et d'intrusion dans les systèmes informatiques, n'est-il pas à craindre que d'autres opérateurs de réseau se mettent sur ce marché et proposent des services qui ne seraient pas soumis aux mêmes contraintes que celles imposées au RSS par le contrat de concession, s'agissant en particulier de la sécurisation du réseau. Par ailleurs, le codage des pathologies imposé aux praticiens conduira le plus probablement à des effets pervers tant du point de vue des données transmises que du dialogue avec le patient. Pour toutes ces raisons, elle lui demande quelles garanties le Gouvernement pourrait envisager afin d'empêcher toutes ces dérives.

Avenir des classes technologiques

318. - 30 septembre 1998. - M. Christian Demuynck attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie sur les conséquences de la suppression des classes de quatrième technologique des collèges depuis la rentrée scolaire 1998. Ces classes accueillaient auparavant des enfants issus pour la plupart de quartiers difficiles, qui rencontrent de graves difficultés scolaires. Elles leur permettaient ainsi de suivre une formation débouchant plus rapidement sur le marché du travail grâce à un enseignement plus spécifique. De nombreux stages étaient organisés durant leur scolarité et les élèves travaillaient dans des classes dont l'effectif était allégé. Aujourd'hui, en Seine-Saint-Denis, les collèges ne disposent pas des moyens financiers nécessaires pour maintenir ces classes. Pourtant, une instruction datant du 9 janvier 1998, relative à l'organisation de la rentrée scolaire 1998 dans les collèges, devait permettre de maintenir le potentiel mobilisé pour l'enseignement dispensé dans ces classes. Les enfants concernés ont donc été dispersés dans différentes voies qui ne sont plus adaptées à leur profil. Il lui demande donc pour quelles raisons cette instruction n'est pas appliquée et s'interroge aussi sur l'avenir des troisièmes technologiques.

Ouverture dominicale de magasins
et concurrence commerciale

319. - 1er octobre 1998. - M. Jean-Paul Delevoye attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur les conséquences particulièrement graves pour le secteur du meuble dans la région Nord - Pas-de-Calais de l'arrêté royal du 30 mai 1997 qui a légalisé en Belgique l'ouverture des négociants en meubles, dont un grand nombre est installé en secteur frontalier, quarante dimanches par an, soit trois sur quatre. Ces conséquences ont été quantifiées et considérées comme importantes par une étude réalisée pour la préfecture de région par le secrétariat général pour les affaires régionales (SGAR), publiée au juin 1997. Ainsi, cinquante-cinq établissements évoluant dans le domaine « meubles, salons, cuisines » ont-ils disparu en dix ans dans le seul secteur Lille-Roubaix-Tourcoing. On constate en outre que le chiffre d'affaires des établissements belges est réalisé à 50 % le dimanche, et que la part découlant des commandes des ressortissants des pays riverains, non évaluée exactement, représente plusieurs milliards de francs belges. L'objet de la présente question n'est pas de rouvrir un débat général sur l'ouverture dominicale, mais d'alerter le Gouvernement sur une situation juridique aux antipodes de l'harmonisation sociale européenne et des principes de la libre concurrence, qui fait courir à l'ensemble d'un secteur économique un danger mortel à l'échelle régionale. Il lui demande donc de bien vouloir lui indiquer avec précision les initiatives qu'elle a prises ou compte prendre dans cette affaire pour parvenir, dans un délai compatible avec la survie de ce secteur, à une situation de juste et saine concurrence.