SOMMAIRE
PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
1.
Procès-verbal
(p.
0
).
2.
Organisme extraparlementaire
(p.
1
).
3.
Retrait de l'ordre du jour d'une question orale sans débat
(p.
2
).
4.
Loi de finances rectificative pour 1997.
- Adoption d'un projet de loi (p.
3
).
Discussion générale : MM. Alain Lambert, rapporteur général de la commission
des finances ; Christian Poncelet, président de la commission des finances ;
Dominique Strauss-Kahn, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie
; Christian Sautter, secrétaire d'Etat au budget ; Marc Massion, Philippe
Marini, Mme Marie-Claude Beaudeau.
MM. le secrétaire d'Etat, le président de la commission.
Clôture de la discussion générale.
Première partie
Articles 1er à 3. - Adoption (p.
4
)
Article 4 (p.
5
)
Mme Marie-Claude Beaudeau, M. le secrétaire d'Etat.
Amendement n° 25 de Mme Beaudeau ; amendements identiques n°s 4 de la
commission et 31 de Mme Beaudeau ; amendement n° 5 de la commission. - M. le
rapporteur général, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. le secrétaire d'Etat,
Philippe Marini, Michel Caldaguès, Marc Massion. - Rejet de l'amendement n° 25
; adoption des amendements n°s 4, 31 et 5.
Adoption de l'article modifié.
Articles additionnels après l'article 4 (p. 6 )
Amendement n° 32 rectifié de Mme Beaudeau. - Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. le
rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Amendement n° 33 de Mme Beaudeau. - Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. le
rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Article 5 (p. 7 )
Amendements identiques n°s 6 de la commission et 26 de Mme Beaudeau. - M. le rapporteur général, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. le secrétaire d'Etat, Marc Massion, Philippe Marini. - Adoption des deux amendements supprimant l'article.
Article additionnel après l'article 5 (p. 8 )
Amendement n° 34 de Mme Beaudeau. - Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Rejet.
Article 6
(supprimé)
(p.
9
)
Article 6
bis.
- Adoption (p.
10
)
Article 7 et état A (p.
11
)
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Amendement n° 42 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire
d'Etat. - Adoption.
Adoption de l'article et de l'état annexé modifié.
Adoption, par scrutin public, de la première partie du projet de loi de
finances rectificative pour 1997.
Deuxième partie
Articles 8 et état B, 9 et état C
et 10 à 11. - Adoption (p.
12
)
Article 12 (p.
13
)
MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat.
Adoption de l'article.
Articles 13 et 14. - Adoption (p.
14
)
Article 15 (p.
15
)
Mme Marie-Claude Beaudeau, M. le secrétaire d'Etat.
Adoption de l'article.
Article 16. - Adoption (p.
16
)
Articles additionnels après l'article 16 (p.
17
)
Amendement n° 39 de M. Dupont. - MM. Ambroise Dupont, le rapporteur général, le
secrétaire d'Etat, Philippe Marini. - Retrait.
Amendement n° 18 rectifié
bis
de M. Massion. - MM. Marc Massion, le
rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement
insérant un article additionnel.
Article 17. - Adoption (p.
18
)
Suspension et reprise de la séance
(p.
19
)
PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
Articles additionnels après l'article 17 (p.
20
)
Amendement n° 7 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur général, le
secrétaire d'Etat. - Adoption, par scrutin public, de l'amendement insérant un
article additionnel.
Amendement n° 28 rectifié de M. Ostermann. - MM. Philippe Marini, le rapporteur
général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Amendement n° 29 rectifié de M. Ostermann. - MM. Philippe Marini, le rapporteur
général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un
article additionnel.
Article 18. - Adoption (p.
21
)
Article additionnel après l'article 18 (p.
22
)
Amendement n° 19 rectifié bis de M. Régnault. - MM. René Régnault, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 19 (p. 23 )
Amendement n° 8 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire
d'Etat. - Adoption.
Amendement n° 9 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire
d'Etat, René Régnault, Philippe Marini. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel avant l'article 20 (p. 24 )
Amendement n° 10 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Articles 20 et 20
bis.
- Adoption (p.
25
)
Article 21 (p.
26
)
Amendements n°s 11 de la commission et 30 de M. Marini. - MM. le rapporteur
général, Philippe Marini, le secrétaire d'Etat. - Retrait de l'amendement n° 30
; adoption de l'amendement n° 11.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 21 (p. 27 )
Amendement n° 17 de M. Souplet. - MM. Jean-Paul Amoudry, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Articles 22 et 23. - Adoption (p.
28
)
Article 24 (p.
29
)
M. Marc Massion.
Amendement n° 3 rectifié de M. Cluzel. - MM. Jean-Paul Amoudry, le rapporteur
général, le secrétaire d'Etat, Marc Massion. - Adoption.
Amendement n° 2 de M. Cluzel. - MM. Jean-Paul Amoudry, le rapporteur général. -
Retrait.
Amendement n° 40 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire
d'Etat. - Adoption.
M. Paul Loridant.
Adoption de l'article modifié.
Article additionnel après l'article 24 (p. 30 )
Amendement n° 1 rectifié de M. Amoudry. - MM. Jean-Paul Amoudry, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, Paul Loridant, Marc Massion. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Article 25. - Adoption (p.
31
)
Article 26 (p.
32
)
Amendement n° 13 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur général, le
secrétaire d'Etat, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Marc Massion. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.
Article 27. - Adoption (p.
33
)
Article 27
bis
(p.
34
)
Amendement n° 14 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, René Régnault, Jacques Habert. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.
Articles 27
ter
et 27
quater.
- Adoption (p.
35
)
Article additionnel après l'article 27
quater
(p.
36
)
Amendement n° 36 de M. Marini. - MM. Philippe Marini, le rapporteur général, le secrétaire d'Etat. - Retrait.
Article 28 (p. 37 )
Amendement n° 15 de la commission. - MM. le rapporteur général, le secrétaire d'Etat, René Régnault, Paul Loridant, Philippe Marini, Michel Caldaguès, le président de la commission. - Adoption, par scrutin public, de l'amendement supprimant l'article.
Article 29 (p. 38 )
M. Jacques Habert.
Adoption de l'article.
Article 30 (p. 39 )
Amendement n° 21 de M. Haut. - MM. Claude Haut, le rapporteur général, le
secrétaire d'Etat. - Retrait.
Adoption de l'article.
Article 31. - Adoption (p. 40 )
MM. le président, le secrétaire d'Etat, le président de la commission.
Renvoi de la suite de la discussion.
5.
Dépôt d'une question orale avec débat portant sur des sujets européens
(p.
41
).
6.
Dépôt de propositions de loi constitutionnelle
(p.
42
).
7.
Dépôt de propositions de loi
(p.
43
).
8.
Ordre du jour
(p.
44
).
COMPTE RENDU INTÉGRAL
PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
vice-président
M. le président.
La séance est ouverte.
(La séance est ouverte à seize heures dix.)
1
PROCÈS-VERBAL
M. le président.
Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.
2
ORGANISME EXTRAPARLEMENTAIRE
M. le président.
J'informe le Sénat que M. le Premier ministre a demandé au Sénat de procéder à
la désignation de sénateurs appelés à siéger au sein d'un organisme
extraparlementaire.
En conséquence, j'invite la commission des affaires économiques à présenter
deux candidats appelés à siéger en qualité de titulaire et de suppléant au sein
du Conseil national de l'information statistique.
Les nominations des deux sénateurs appelés à siéger au sein de cet organisme
extraparlementaire auront lieu ultérieurement dans les conditions prévues par
l'article 9 du règlement.
3
RETRAIT DE L'ORDRE DU JOUR
D'UNE QUESTION ORALE SANS DÉBAT
M. le président. J'informe le Sénat que la question orale sans débat n° 120 de M. Papilio est retirée, à la demande de son auteur, de l'ordre du jour de la séance de demain, mardi 16 décembre.
4
LOI DE FINANCES RECTIFICATIVE POUR 1997
Adoption d'un projet de loi
M. le président.
L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi de finances
rectificative pour 1997 (n° 156, 1997-1998), adopté par l'Assemblée
nationale.
[Rapport n° 168 (1997-1998).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général de la commission des finances, du contrôle budgétaire et
des comptes économiques de la nation.
Monsieur le président, monsieur le
ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, préparé à
l'automne, ce projet de loi de finances rectificative traduit l'effet paradoxal
de deux gestions successives : cinq mois d'exécution du budget par le
gouvernement Juppé ; environ la même durée par le Gouvernement Jospin.
Le résultat, dont s'alarmaient volontiers, l'été dernier, le présent
Gouvernement et la nouvelle majorité se révèle être, comme le souligne lui-même
le rapporteur général du budget de l'Assemblée nationale, M. Didier Migaud, «
une réduction sans précédent par son ampleur du déficit général du budget de
l'Etat », soit 14 milliards de francs.
Je formulerai cependant deux remarques à propos de l'expression « sans
précédent ».
Le dernier précédent de ce type remonte aux exercices budgétaires 1986, 1987
et 1988, les budgets ayant été exécutés ou préparés, faut-il le rappeler, sous
l'autorité du ministre du budget de l'époque, M. Alain Juppé.
Le résultat est en effet sans précédent au sens où il est difficile de voir
mises en oeuvre, au cours d'un même exercice budgétaire, deux politiques aussi
diamétralement opposées une réduction volontariste des dépenses marquée par un
gel des crédits au mois de mars, nous y reviendrons ; une augmentation des
impôts décidée, par le nouveau Gouvernement, dès sa prise de fonction.
Afin de bien appréhender le contraste, examinons les chiffres et la
chronologie.
En mars 1997, sont gelés 9,9 milliards de francs de crédits, ainsi que 7,2
milliards de francs en autorisations de programme.
En juillet 1997, le nouveau Gouvernement utilise immédiatement la totalité des
crédits gelés pour financer autant de dépenses nouvelles.
En octobre 1997, 2,9 milliards de francs de crédits supplémentaires sont
ouverts. Leur financement a, cette fois, été trouvé dans le budget de la
défense - 1,6 milliard de francs d'annulations - et à partir d'économies de
constatation.
En novembre 1997, les annulations de dépenses s'élèvent, cette fois, à 20,74
milliards de francs. Mais elles ne sont en rien comparables à celles qui ont
été opérées en mars 1997 et ne relèvent en rien d'une véritable politique de
rigueur dans les dépenses.
De quoi s'agit-il, en effet ?
Il s'agit, premièrement, d'une nouvelle réduction des dépenses militaires de
1,8 milliard de francs, qui nous éloigne encore un peu plus du respect de la
loi de programmation votée, voilà un an, par le Parlement.
Il s'agit, deuxièmement, d'une considérable économie de constatation sur la
charge brute de la dette publique - 0,3 milliard de francs - rendue possible
par la baisse des taux d'intérêt résultant de la politique courageuse du
précédent gouvernement.
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Il n'arrive pas à
le dire sans rire !
M. Claude Estier.
Il en rit lui-même !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je le dis parce que cela doit être su en France et
que l'on ne peut pas du jour au lendemain, au motif que l'on vient d'être nommé
au Gouvernement, faire des miracles.
M. Jean Chérioux.
Sauf les socialistes. Et ils le croient !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Inévitablement, on perçoit ce qu'il y a de négatif
dans un héritage, mais il faut aussi récolter les fruits positifs.
Il s'agit, troisièmement, d'une non moins considérable économie de
constatation - 5 milliards de francs - sur les crédits alloués initialement au
fonds national pour l'emploi ; on me permettra de relever au passage que cela
relativise la portée des critiques émises à l'endroit du Sénat, il y a deux
semaines, lors de la réduction des crédits du ministère de Mme Aubry.
M. Philippe Marini.
Tout à fait !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Le reste, soit 3,8 milliards de francs, se répartit,
pour l'essentiel, entre d'autres économies de constatation : 570 millions de
francs annulés sur la subvention du budget général au BAPSA ; 776 millions de
francs d'annulations diverses sur le budget des charges communes, correspondant
à des crédits devenus sans objet ou « surprovisionnés » ; 372 millions de
francs sur le budget de la mer, correspondant à l'ajustement de la subvention
versée à l'Etablissement national des invalides de la marine.
Au total, à l'exception des crédits militaires, il n'aura été procédé
pratiquement qu'à des économies de constatation. Il n'est, dès lors, pas
justifié de parler de « rigueur renforcée ».
En revanche, il apparaît clairement qu'il existe une certaine marge de
surévaluation des besoins en loi de finances initiale, surévaluation qui
justifie bien, s'il en était besoin, les réductions opérées par le Sénat lors
de la discussion budgétaire qui vient de s'achever.
Face à ces économies de constatation, quelles sont les dépenses nouvelles que
le Gouvernement nous propose aujourd'hui de financer ? Il s'agit d'un peu plus
de 17 milliards de francs de dépenses dites « inéluctables », pour l'essentiel
sur le poste « remboursements et dégrèvements ».
A ce propos, le Gouvernement dénonce à l'envi des mesures non financées, telle
que la prime automobile, pour 470 millions de francs. Faut-il, sur ce point,
rappeler que leur financement était largement assuré par les gels de crédits
opérés en mars ? Faut-il, au surplus, rappeler que ces « mesures non financées
» sont sans commune mesure avec les constatations faites lors de la précédente
alternance ?
Souvenons-nous !
La commission Raynaud, en juin 1993, avait évalué à 54,5 milliards de francs
le montant des dépenses non provisionnées en loi de finances initiale, alors
qu'on nous reproche aujourd'hui 500 millions de francs non financés.
En 1992, les dépenses nettes du budget général ont dérapé de 104 milliards de
francs entre les montants aui avaient été inscrits en loi de finances initiale
et ceux qui furent constatés en loi de règlement.
C'est en 1997 que, pour la première fois, la loi de finances initiale a
procédé à un calibrage réaliste des crédits du revenu minimum d'insertion et de
l'allocation aux adultes handicapés, après tant d'années où des dérives de
plusieurs milliards de francs avaient été constatées.
Vraiment, lorsque l'on compare la situation des finances publiques à
l'occasion des deux dernières alternances, 1993 et 1997, le résultat honore le
gouvernement de M. Juppé !
J'aurais pu gloser sur quelques dépenses nouvelles qu'il nous est demandé
d'approuver, alors qu'elles sont liées à des décisions propres à l'actuel
gouvernement et que leur caractère
ad hominem
transparaît. Mais
restons-en à l'essentiel !
Ce qui est évident aujourd'hui, mes chers collègues, c'est que les dépenses
dites « inéluctables » sont, en définitive, sensiblement inférieures à celles
que pouvaient craindre MM. Bonnet et Nasse. Il est non moins patent que les
économies de constatation qui sont engrangées par le nouveau gouvernement
s'avèrent nettement supérieures aux prévisions, grâce aux annulations rendues
possibles sur la charge de la dette et sur l'emploi. On peut penser que ces
bonnes nouvelles n'ont pas été révélées aux ministres en exercice avant la
dissolution.
S'agissant de l'évaluation des recettes, la prétendue « erreur » est du même
ordre, en sens inverse ; les « pertes » de recettes atteignent en définitive
13,5 milliards de francs, contre les 15 milliards à 17 milliards annoncés dans
l'audit.
Face à ces chiffres, on ne peut que s'interroger sur ce qui a conduit le
Gouvernement à majorer de 24 milliards de francs les prélèvements sur les
entreprises, prenant le risque de compromettre la relance de l'investissement,
et donc de l'emploi.
En fait, vous n'avez, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat,
tenu que peu compte des recommandations de l'audit que vous avez pourtant si
abondamment cité depuis sa publication. En effet, celui-ci vous recommandait
notamment :
« Pourtant, agir sur la dépense est le seul moyen de réduire les déficits,
comme la France s'y est engagée, sans accroître des prélèvements obligatoires
déjà très lourds. Ce résultat ne pourra donc être obtenu que par des actions de
fond...
« Enfin, certaines questions très délicates, telles que l'avenir des régimes
de retraites publiques, ne pourront pas être indéfiniment éludées, même si
elles ne peuvent être abordées qu'avec précaution. La compatibilité durable du
maintien d'un certain rôle régulateur et protecteur de l'Etat avec un niveau de
prélèvements obligatoires ne pénalisant pas notre économie par rapport à celle
de nos grands concurrents est à ce prix. »
Loin de réduire les dépenses, vous les augmentez. Et vous augmentez les
prélèvements davantage encore. Il n'est, dès lors, pas très étonnant que le
déficit soit amélioré ! Toutefois, si le déficit est amélioré, la gestion des
comptes publics, elle, ne l'est pas !
De fait, si le solde du budget de l'Etat est amélioré, c'est bien pour couvrir
la dégradation des comptes des régimes sociaux. Or il est tout à fait anormal,
et économiquement dangereux, que le relèvement supplémentaire du taux de
l'impôt sur les sociétés vienne servir
in fine
, pour près de la moitié
du produit attendu, à compenser les déficits des régimes sociaux. Ce n'est ni
sain ni responsabilisant pour ces régimes.
Voilà donc, mes chers collègues, comment s'explique cet ajustement sans
précédent sur le déficit de l'Etat : de courageuses mesures de réduction de
dépenses prises par le précédent gouvernement, d'importantes économies de fin
d'exercice permises par la prudence des prévisions faites en matière d'emploi
et des taux d'intérêt, et puis, au mois d'octobre, un prélèvement massif sur
les ressources des entreprises.
Il reste que nous devons rester très vigilants pour l'avenir. En effet, si
nous parvenons péniblement ainsi à respecter les critères de Maastricht, nous
restons les avant-derniers de la classe européenne, juste avant la Grèce !
C'est pourquoi je souhaite, avant de conclure, formuler à nouveau devant vous,
monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, plusieurs propositions
faites par la commission des finances du Sénat et qui permettraient au
Parlement de mieux exercer son rôle de contrôle des finances publiques et du
fonctionnement de l'Etat. Comme vous le savez, le Sénat ne se lasse jamais
d'être constructif !
Première proposition : institutionnaliser une distinction entre
l'investissement et le fonctionnement, même si, comme vous l'avez relevé devant
la commission, monsieur le ministre, la ligne de partage peut apparaître
parfois conventionnelle.
Il n'est plus tolérable que nous financions une partie de nos dépenses
courantes par l'emprunt, en renvoyant ainsi la facture de nos consommations
d'aujourd'hui à nos enfants. Cette atteinte inadmissible aux droits des
générations futures nous conduit à appeler à l'interdiction de tout financement
du fonctionnement par l'emprunt.
Deuxième proposition : certifier les méthodes comptables.
L'évolution rapide des phénomènes économiques ne permet plus de comparer des
projets de lois de finances à structure constante. Cette instabilité inévitable
doit être corrigée, par exemple par la présentation au Parlement, sous le
contrôle de la Cour des comptes, d'une annexe au projet de loi de finances
retraçant les principales modifications de présentation comptable.
Troisième proposition : accélérer la mise en oeuvre de la comptabilité
patrimoniale.
L'appréciation de la fidélité des documents budgétaires implique une
amélioration de la comptabilité patrimoniale de l'Etat. En effet, les
déclassements d'opérations budgétaires en opérations de trésorerie, la mise en
jeu de la responsabilité pécuniaire de l'Etat et les systèmes de vases
communicants entre le budget général et les comptes des entreprises publiques
ne sont finalement retranscrits que dans le compte de la dette, et non pas dans
les lois de finances. Les pertes en capital n'apparaissent pas, non plus que
les charges de retraite non provisionnées.
Quatrième proposition : moderniser les procédures de régulation budgétaire.
A cet égard, deux pistes méritent d'être explorées : la Cour des comptes
pourrait être saisie pour avis du projet de loi de finances, à l'instar du
Conseil d'Etat, et porter un jugement sur l'adéquation du niveau des dotations
inscrites ; les commissions des finances devraient être informées en temps réel
de toutes les régulations mises en oeuvre.
Cinquième et dernière proposition : fixer un nouveau rendez-vous budgétaire ;
vous avez d'ailleurs évoqué, monsieur le ministre, cette possibilité lors de
l'ouverture de la discussion budgétaire.
Les grandes entreprises arrêtent des comptes semestriels. L'Etat ne s'impose
pas cette discipline. Il convient donc que le Parlement soit saisi en fin de
premier semestre d'un état commenté de l'exécution des comptes publics -
analogue au travail commandé cette année à MM. Bonnet et Nasse -, dont
l'élaboration pourrait être confiée à la Cour dans l'esprit de l'article 47 de
la Constitution. Un jugement politique pourrait alors être porté sur la
pertinence de l'exécution du budget et de la loi de financement de la sécurité
sociale.
Ces cinq propositions visent à rétablir un équilibre indispensable à la
démocratie et à rendre au Parlement sa mission première : le consentement à
l'impôt et le contrôle de la dépense.
Sous le bénéfice de ces observations, et sous réserve de quelques
modifications et d'observations solennelles que je serai amené à présenter au
nom de la commission des finances, celle-ci vous proposera, mes chers
collègues, d'adopter ce projet de loi de finances rectificative, qui aurait
fortement gagné, à nos yeux, à rester plus fidèle à la loi de finances initiale
pour 1997.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR et
des Républicains et Indépendants.)
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes
économiques de la nation.
De prime abord, nous devrions, monsieur le
ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, oublier nos différences de sensibilité
politique et nous unir en un vaste élan d'unanimité républicaine...
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Très bien !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
... pour vous féliciter de nous
présenter un projet de loi de finances rectificative qui réduit de 14 milliards
de francs le déficit budgétaire.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
C'est un beau compliment !
M. Hubert Haenel.
Mais...
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Attendez la suite !
(Sourires.)
M. Claude Estier.
Il y a forcément un mais !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Je vois que vous êtes bien
informé, monsieur Estier !
(Nouveaux sourires.)
Cette réduction, qui compense la dérive des comptes sociaux, maintient
notre déficit public, au sens maastrichien du terme, à 3,1 % du PIB et devrait
permettre à la France de se qualifier pour l'euro.
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Il y avait un bon
début !
(Nouveaux sourires.)
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Malheureusement, monsieur le
ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, nous ne pouvons céder à la tentation
d'un grand mouvement de réconciliation national autour du berceau de
l'euro,...
(C'est dommage ! sur les travées socialistes.)
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Le mot est beau !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
... qui constitue notre nouvelle
frontière et notre avenir.
Certes, je ne doute pas de la volonté du Gouvernement de réaliser l'euro. Mais
je considère que sa politique ne permettra pas à la France de tirer parti de
tous les avantages que la monnaie européenne pourrait apporter à notre
économie.
Réaliser l'euro, c'est bien, réussir la monnaie européenne, c'est mieux.
Or tout se passe comme si l'objectif de la participation de la France au
premier train des pays membres de l'union économique et monétaire constituait,
pour le Gouvernement, une foi en soi, dont la réalisation permettrait de faire
l'économie d'une réflexion sur les conséquences de l'après-euro.
Pourtant, nous le savons tous, au sein du futur espace monétaire européen, la
mobilité des facteurs de production ne connaîtra plus d'entraves : la
concurrence entre les pays membres pour attirer ces facteurs de production de
richesses se déplacera du terrain monétaire, puisque les dévaluations dites «
compétitives » ne seront plus possibles, vers sur le front de la compétition
fiscale, de la comparaison des charges sociales et, en définitive, de la
confrontation du coût du travail.
Or nous savons tous que, dans ces domaines, la France ne brille pas, hélas !
par sa compétitivité. Telle est d'ailleurs la conclusion d'une étude que la
commission des finances du Sénat a commandée à un institut de prévision.
C'est à l'aune de l'ardente obligation pour notre pays de se préparer au choc
de l'euro que je voudrais, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat,
porter un jugement, certes rapide, sur le collectif budgétaire que vous
soumettez à notre appréciation et, au-delà de ce texte, sur la politique
conduite par le Gouvernement.
En effet, même si le Gouvernement parvient à conférer un supplément d'âme à la
construction européenne, à lui donner un visage plus social et à faire
prévaloir les objectifs de Luxembourg sur les critères de Maastricht, la France
ne pourra se dispenser, au risque de manquer son rendez-vous avec l'histoire,
de s'astreindre à un effort de compétitivité fiscale et sociale.
Or il m'apparaît, en premier lieu, monsieur le ministre, monsieur le
secrétaire d'Etat, que les moyens utilisés par le Gouvernement pour réduire le
déficit budgétaire, afin de compenser la dérive des comptes sociaux, ne
sauraient recueillir l'assentiment de la majorité de la commission des finances
du Sénat. En effet, ce résultat est obtenu non pas comme il devrait l'être,
c'est-à-dire par une réelle maîtrise des dépenses publiques, mais par la
solution de facilité que constitue le recours à l'impôt.
C'est ainsi que l'alourdissement de la fiscalité sur les entreprises vous a
rapporté 24 milliards de francs de recettes supplémentaires, qui vous ont
permis, d'une part, de financer des dépenses supplémentaires et, d'autre part,
de réduire le déficit budgétaire. Je n'insisterai pas sur ce point que M. le
rapporteur général a excellemment analysé, avec la compétence que nous lui
reconnaissons tous.
Je sais, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, que vous allez
me rétorquer que l'effort supplémentaire demandé aux entreprises n'a pas
aggravé le niveau global des prélèvements obligatoires puisque ces recettes
nouvelles se seraient substituées aux moins-values fiscales constatées en
1997.
Cependant, vous savez comme moi qu'une telle réponse n'est que partiellement
exacte, car le surcroît d'impôt exigé des entreprises, soit 24 milliards de
francs, excède largement les pertes de recettes fiscales, que vous estimez
vous-même à un peu plus de 15 milliards de francs.
Vous avez donc choisi d'accroître les prélèvements obligatoires, alors qu'avec
un niveau quasi confiscatoire de 46 % du produit intérieur brut ces ponctions
étouffent l'initiative privée, démotivent les forces vives de la nation et
poussent nos cadres à l'exil.
En deuxième lieu, je déplore, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire
d'Etat, que le collectif budgétaire se borne, dans une large mesure, à
entériner des annulations de crédits permises par le gel opéré, en mars 1997,
par le gouvernement précédent, ou à ratifier des économies de constatation,
sans procéder à de véritables remises en cause des dépenses civiles, opération
qu'il vous faudra, tôt ou tard, réaliser.
Là encore, nous ne pouvons vous rejoindre, monsieur le ministre, monsieur le
secrétaire d'Etat. Nous sommes en effet convaincus - vous avez pu mesurer notre
degré de détermination lors de la première lecture du projet de loi de finances
pour 1998 - que la source des maux dont souffre notre pays réside dans le
caractère excessif de nos dépenses publiques.
Dans un contexte de concurrence exacerbée, nous ne pouvons plus nous offrir le
luxe d'un montant de dépenses publiques qui représente 55 % de la richesse
produite, chaque année, par l'entreprise France. Ce taux de dépense publique
est supérieur à celui de tous les autres pays industrialisés.
A un niveau aussi exorbitant, la dépense publique ne peut qu'alimenter la
fuite en avant des prélèvements obligatoires, nourrir les déficits, grossir
l'endettement de l'Etat, gonfler la charge de la dette, obérer les marges
d'action des gouvernements et hypothéquer l'avenir de nos enfants et de nos
petits-enfants.
Seule une cure d'amaigrissement de nos dépenses publiques permettra d'alléger
la pression fiscale, de libérer les initiatives et de faire reculer le chômage
en rapprochant notre économie de son rythme de croissance potentielle.
Ce « dégraissage du mammouth » que constitue l'Etat passe, à l'évidence, par
une dépérissement salutaire de cette exception française que représente
l'hypertrophie du secteur public concurrentiel.
A cet égard, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, deux
dispositions du collectif budgétaire me paraissent préoccupantes.
Il s'agit, d'abord, d'une ouverture de crédits d'un montant de 29,5 milliards
de francs destinés à financer des dotations en capital aux entreprises
publiques. Cette somme, qui s'ajoute aux 27 milliards de francs prévus en loi
de finances initiale pour 1997, sera complétée par les 33 milliards de francs
inscrits, pour le même objet, dans le projet de loi de finances pour 1998.
Au total, pour la période 1997-1998, ce sont près de 90 milliards de francs,
qui seront versés aux entreprises publiques sous la forme de dotations en
capital et, pour certaines d'entre elles, sous la forme de véritables
subventions de survie.
Ce montant de 90 milliards de francs doit, pour reprendre une expression
consacrée, nous interpeller, mes chers collègues, car un tel chiffre démontre
que notre secteur public nous coûte trop cher.
En outre, une seconde mesure montre que ces dépenses sont appelées à se
perpétuer et que certaines « ardoises » - autorisez-moi le terme - peuvent
encore s'alourdir : il s'agit de l'engagement financier de l'Etat dans le plan
de restructuration du GAN
(M. Hubert Haenel s'exclame),
dont l'Assemblée nationale a fort
opportunément limité le montant. Sans doute, faudra-il aller plus loin et
circonscrire cet engagement dans le temps.
D'une manière générale, je m'interroge, monsieur le ministre, monsieur le
secrétaire d'Etat, sur la nécessité de continuer à renflouer, à grands frais,
des entreprises appelées à être privatisées.
Ne serait-il pas plus économe des deniers publics de vendre certaines de ces
entreprises en l'état et, le cas échéant, par appartements ?
Enfin, une dernière condition devra impérativement être remplie pour que la
France puisse affronter, avec des chances de succès, les défis de l'après-euro.
Il s'agit de l'indispensable stabilité des règles du jeu fiscal, donc de la
sécurité juridique du paysage fiscal français.
Nous savons tous que ce que l'on appelle maintenant communément le yoyo fiscal
brouille les choix des agents économiques, incite à l'attentisme - quelle sera
la fiscalité de demain par rapport à celle d'aujourd'hui ? - et risque de
dissuader les investisseurs étrangers, qu'il invite à la prudence.
Sans revenir sur les mesures de divergence fiscale ou les ruptures du contrat
de confiance récemment prises ou envisagées, je souhaite vous interroger,
monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, sur vos ultimes intentions
en matière de fiscalité de l'assurance-vie.
M. Philippe Marini.
Très bien !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
A cet égard, il me semble plus
conforme à l'esprit et à la lettre de nos institutions que ce débat ait lieu au
Parlement plutôt que devant un organe de régulation, si prestigieux soit-il.
Je souhaite également vous interroger, monsieur le ministre, monsieur le
secrétaire d'Etat, sur l'état de vos réflexions s'agissant des fonds de
pension. Pour ma part, je considère qu'il est urgent de les laisser vivre -
pour reprendre une expression employée sur un autre sujet - afin de donner des
capitaux aux entepreneurs, créateurs de richesse, et de pouvoir conserver en
France les centres de décisions de nos grandes entreprises.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le
secrétaire d'Etat, mes chers collègues, les quelques brèves réflexions que je
souhaitais formuler à l'orée de la discussion de ce collectif budgétaire.
Réduire la dépense publique, desserrer l'étau des prélèvements obligatoires et
assurer la stabilité des règles du jeu fiscal, ces trois « commandements »
constituent la ligne directrice d'une indispensable pédagogie du réveil et du
sursaut qui permettra de promouvoir une France moderne et performante adossée à
un Etat modeste mais efficient.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Monsieur le
président, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le
rapporteur général, mesdames, messieurs les sénateurs, j'ai toujours plaisir à
venir au Sénat, car les discours des sénateurs sont toujours bien
intentionnés.
(Sourires.)
J'ai vu que, une fois encore, tant le rapporteur général que
le président de la commission des finances n'avaient pas échappé à la règle.
Ils ont commencé par nous faire part du plaisir qu'ils avaient eu, à la
lecture du collectif budgétaire, de constater que, pour la première fois depuis
longtemps, le déficit qui avait été adopté par le Parlement voilà un an se
trouvait minoré par le collectif budgétaire de fin d'année. Au bout d'un
moment, ils se sont rappelé qu'ils étaient dans l'opposition nationale et que,
par conséquent, il fallait critiquer. Dès lors, un certain nombre d'arguments
ont inévitablement suivi. Je vais m'attacher à montrer qu'ils ne reflètent
véritablement ni la pensée du président de la commission des finances ni celle
du rapporteur général, qui auraient dû rester sur leur idée initiale.
En effet, c'est la première fois depuis bien longtemps - c'est « sans
précédent », avez-vous dit, monsieur le rapporteur général - qu'en fin d'année
nous nous trouvons avec un déficit budgétaire diminué de 14 milliards de francs
par rapport à cetre, monsieur le secrétaire d'Etat, que le collectif budgétaire
se borne, dans une large mesure, à entériner des annulations de crédits
permises par le gel opéré, en mars 1997, par le gouvernement précédent, ou à
ratifier des économies de constatation, sans procéder à de véritables remises
en cause des dépenses civiles, opération qu'il vous faudra, tôt ou tard,
réaliser.
Là encore, nous ne pouvons vous rejoindre, monsieur le ministre, monsieur le
secrétaire d'Etat. Nous sommes en effet convaincus - vous avez pu mesurer notre
degré de détermination lors de la première lecture du projet de loi de finances
pour 1998 - que la source des maux dont souffre notre pays réside dans le
caractère excessif de nos dépenses publiques.
Dans un contexte de concurrence exacerbée, nous ne pouvons plus nous offrir le
luxe d'un montant de dépenses publiques qui représente 55 % de la richesse
produite, chaque année, par l'entreprise France. Ce taux de dépense publique
est supérieur à celui de tous les autres pays industrialisés.
A un niveau aussi exorbitant, la dépense publique ne peut qu'alimenter la
fuite en avant des prélèvements obligatoires, nourrir les déficits, grossir
l'endettement de l'Etat, gonfler la charge de la dette, obérer les marges
d'action des gouvernements et hypothéquer l'avenir de nos enfants et de nos
petits-enfants.
Seule une cure d'amaigrissement de nos dépenses publiques permettra d'alléger
la pression fiscale, de libérer les initiatives et de faire reculer le chômage
en rapprochant notre économie de son rythme de croissance potentielle.
Ce « dégraissage du mammouth » que constitue l'Etat passe, à l'évidence, par
une dépérissement salutaire de cette exception française que représente
l'hypertrophie du secteur public concurrentiel.
A cet égard, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, deux
dispositions du collectif budgétaire me paraissent préoccupantes.
Il s'agit, d'abord, d'une ouverture de crédits d'un montant de 29,5 milliards
de francs destinés à financer des dotations en capital aux entreprises
publiques. Cette somme, qui s'ajoute aux 27 milliards de francs prévus en loi
de finances initiale pour 1997, sera complétée par les 33 milliards de francs
inscrits, pour le même objet, dans le projet de loi de finances pour 1998.
Au total, pour la période 1997-1998, ce sont près de 90 milliards de francs,
qui seront versés aux entreprises publiques sous la forme de dotations en
capital et, pour certaines d'entre elles, sous la forme de véritables
subventions de survie.
Ce montant de 90 milliards de francs doit, pour reprendre une expression
consacrée, nous interpeller, mes chers collègues, car un tel chiffre démontre
que notre secteur public nous coûte trop cher.
En outre, une seconde mesure montre que ces dépenses sont appelées à se
perpétuer et que certaines « ardoises » - autorisez-moi le terme - peuvent
encore s'alourdir : il s'agit de l'engagement financier de l'Etat dans le plan
de restructuration du GAN
(M. Hubert Haenel s'exclame),
dont l'Assemblée nationale a fort
opportunément limité le montant. Sans doute, faudra-il aller plus loin et
circonscrire cet engagement dans le temps.
D'une manière générale, je m'interroge, monsieur le ministre, monsieur le
secrétaire d'Etat, sur la nécessité de continuer à renflouer, à grands frais,
des entreprises appelées à être privatisées.
Ne serait-il pas plus économe des deniers publics de vendre certaines de ces
entreprises en l'état et, le cas échéant, par appartements ?
Enfin, une dernière condition devra impérativement être remplie pour que la
France puisse affronter, avec des chances de succès, les défis de l'après-euro.
Il s'agit de l'indispensable stabilité des règles du jeu fiscal, donc de la
sécurité juridique du paysage fiscal français.
Nous savons tous que ce que l'on appelle maintenant communément le yoyo fiscal
brouille les choix des agents économiques, incite à l'attentisme - quelle sera
la fiscalité de demain par rapport à celle d'aujourd'hui ? - et risque de
dissuader les investisseurs étrangers, qu'il invite à la prudence.
Sans revenir sur les mesures de divergence fiscale ou les ruptures du contrat
de confiance récemment prises ou envisagées, je souhaite vous interroger,
monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'Etat, sur vos ultimes intentions
en matière de fiscalité de l'assurance-vie.
M. Philippe Marini.
Très bien !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
A cet égard, il me semble plus
conforme à l'esprit et à la lettre de nos institutions que ce débat ait lieu au
Parlement plutôt que devant un organe de régulation, si prestigieux soit-il.
Je souhaite également vous interroger, monsieur le ministre, monsieur le
secrétaire d'Etat, sur l'état de vos réflexions s'agissant des fonds de
pension. Pour ma part, je considère qu'il est urgent de les laisser vivre -
pour reprendre une expression employée sur un autre sujet - afin de donner des
capitaux aux entepreneurs, créateurs de richesse, et de pouvoir conserver en
France les centres de décisions de nos grandes entreprises.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le
secrétaire d'Etat, mes chers collègues, les quelques brèves réflexions que je
souhaitais formuler à l'orée de la discussion de ce collectif budgétaire.
Réduire la dépense publique, desserrer l'étau des prélèvements obligatoires et
assurer la stabilité des règles du jeu fiscal, ces trois « commandements »
constituent la ligne directrice d'une indispensable pédagogie du réveil et du
sursaut qui permettra de promouvoir une France moderne et performante adossée à
un Etat modeste mais efficient.
(Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et
Indépendants et de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Monsieur le
président, monsieur le président de la commission des finances, monsieur le
rapporteur général, mesdames, messieurs les sénateurs, j'ai toujours plaisir à
venir au Sénat, car les discours des sénateurs sont toujours bien
intentionnés.
(Sourires.)
J'ai vu que, une fois encore, tant le rapporteur général que
le président de la commission des finances n'avaient pas échappé à la règle.
Ils ont commencé par nous faire part du plaisir qu'ils avaient eu, à la
lecture du collectif budgétaire, de constater que, pour la première fois depuis
longtemps, le déficit qui avait été adopté par le Parlement voilà un an se
trouvait minoré par le collectif budgétaire de fin d'année. Au bout d'un
moment, ils se sont rappelé qu'ils étaient dans l'opposition nationale et que,
par conséquent, il fallait critiquer. Dès lors, un certain nombre d'arguments
ont inévitablement suivi. Je vais m'attacher à montrer qu'ils ne reflètent
véritablement ni la pensée du président de la commission des finances ni celle
du rapporteur général, qui auraient dû rester sur leur idée initiale.
En effet, c'est la première fois depuis bien longtemps - c'est « sans
précédent », avez-vous dit, monsieur le rapporteur général - qu'en fin d'année
nous nous trouvons avec un déficit budgétaire diminué de 14 milliards de francs
par rapport à celui qui a été voté initialement. Dans cet hémicycle, chacun
devrait s'en rejouir, me semble-t-il, surtout ceux qui, depuis des années,
expliquaient la nécessité de réduire le déficit budgétaire face à des
gouvernements qui ne les entendaient pas et qui, chaque année, présentaient un
déficit budgétaire supérieur à celui qui avait été voté en début d'année.
Mesdames, messieurs les sénateurs, ne gâchez pas votre plaisir et accepter de
saluer ce gouvernement qui, cette année, bien qu'il n'ait eu que six mois de
gestion - vous avez raison, monsieur le président ! - a fait en sorte que le
déficit qui vous est proposé dans le projet de loi de finances rectificative
soit de 14 milliards de francs inférieur à celui qui avait été prévu
initialement.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Il s'agit de savoir comment !
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
N'anticipez pas,
monsieur le président ! Constatons déjà ce résultat ! Nous verrons ensuite
comment nous y sommes parvenus. Vous le savez, il n'existe que deux manières de
diminuer le déficit et les deux ont été employées.
J'ai relu des discours, très brillants d'ailleurs, que M. le président de la
commission des finances et M. le rapporteur général ont tenus à plusieurs
reprises, notamment sous des gouvernements immédiatement précédents, réclamant
à chaque fois que le déficit soit moins important que celui qui était
présenté.
Encore une fois, ne gâchez pas votre plaisir et appréciez le résultat,
d'autant que, au-delà du déficit budgétaire à proprement parler, les experts
que vous êtes, notamment ceux de la commission des finances, savent qu'il faut
considérer le déficit primaire.
Or, en 1998, le déficit primaire sera divisé par deux ; vous l'avez constaté
dans le projet de loi de finances pour 1998 qui est encore en discussion. Par
conséquent, en 1999, si nous continuons dans cette même voie, nous connaîtrons
un excédent primaire, ce qui n'est pas arrivé depuis 1993.
Ce n'est que lorsque nous aurons constaté cet excédent primaire que nous
pourrons véritablement dire que nos finances publiques ont été totalement
remises sur pied. Il faut revenir à l'année 1992 pour trouver une situation
analogue. Depuis, nous n'avons connu que des déficits primaires.
M. le président de la commission des finances s'est interrogé, à juste titre,
sur la façon dont nous sommes parvenus à ce résultat. J'y viens !
Ce qui est le plus remarquable dans ce projet de loi de finances rectificative
c'est le fait non pas tant que le déficit ait diminué de 14 milliards de
francs, mais que le niveau de la dépense totale qui vous est présentée est
exactement celui que vous avez voté. Par conséquent, pour la première fois -
depuis plus longtemps encore que le « sans précédent » que vous évoquiez tout à
l'heure, monsieur le rapporteur général - les crédits effectivement dépensés
par l'Etat pendant l'année 1997 correspondront aux crédits que vous avez votés.
Certes, des réaffectations ont été opérées chapitre par chapitre, mais, en fin
de compte, la masse totale des crédits dépensés par l'Etat en 1997 sera celle
que le Parlement a votée. Cela, mesdames, messieurs les sénateurs, ne s'était
pas vu depuis bien longtemps, d'autant que, selon l'audit réalisé par MM.
Bonnet et Nasse au mois de juillet et les confidences du Premier ministre
sortant, M. Juppé, au nouveau Premier ministre, M. Jospin, lors de la passation
de pouvoir, et dont la presse s'est fait l'écho, nous avions, au milieu de
l'année, dépassé le niveau des dépenses prévu.
Selon l'audit effectué par MM. Bonnet et Nasse, le dépassement prévisible des
dépenses se situait entre 27 milliards et 30 milliards de francs. Les économies
possibles étaient chiffrées entre 15 milliards et 20 milliards de francs soit,
au total, un trou d'une quinzaine de milliards de francs. Eh bien ! Ces 15
milliards de francs ont été effacés. En six mois nous avons donc réussi à faire
en sorte que, finalement, les dépenses de l'Etat soient au niveau de celles que
vous avez votées. Par conséquent, vous pouvez, je crois, faire confiance à la
majorité quand elle vous dit que, l'année prochaine, elle tiendra aussi cet
engagement. Il vaut mieux se fier à ceux qui ont déjà abouti à un résultat
plutôt qu'à ceux qui n'y sont jamais parvenus.
M. Claude Estier.
Très bien !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il ne faut pas dépenser plus que ce que le Sénat a
voté pour 1998, monsieur le ministre, vous le savez bien !
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
J'ai noté une
petite contradiction entre les propos de M. le rapporteur général et ceux de M.
le président de la commission.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Ce n'est pas possible !
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Peut-être me
suis-je trompé ! Selon M. le rapporteur général, alors que la majorité
précédente avait eu le courage de geler des crédits, nous, nous les utilisons
pour financer nos dépenses. C'est bien ce que vous avez dit, monsieur le
rapporteur général ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
J'ai dit que vous les aviez consommés !
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
M. le président
de la commission, quant à lui, a dit que la réduction du déficit, au bout du
compte, est due à l'annulation des crédits gelés par la majorité précédente.
Est-ce bien exact, monsieur le président ?
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
En partie, monsieur le
ministre.
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Eh bien ! Ou nous
avons annulé les crédits ou nous les avons consommés. Mais nous n'avons pas
fait les deux à la fois.
M. Philippe Marini.
Ce ne sont pas les mêmes crédits !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
En les consommant, vous les avez annulés.
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Ce sont les mêmes
crédits ! Neuf milliards de francs de crédits ont été gelés par la majorité
précédente.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
On ne peut pas les consommer deux fois !
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Ces crédits ont
été utilisés à d'autres fins ; chacun des décrets d'avance a été équilibré par
un redéploiement de dépenses ; de ce fait, nous retrouvons à la fin de l'année,
tout naturellement, le niveau de dépenses que vous aviez voté.
Je souhaite que, dans les prochaines années, le Gouvernement auquel
j'appartiens et ceux qui suivront puissent faire la même chose, contrairement
aux gouvernements précédents. Lorsqu'ils auront des dépenses nouvelles à
financer, telles que les opérations militaires à l'extérieur décidées
conjointement par le chef de l'Etat et ses Premiers ministres successifs ou les
dépenses non couvertes comme la fameuse « jupette », soit que ces dépenses
n'aient pas été financées, soit qu'elles n'aient pas été prévues, comme c'est
le cas pour les opérations militaires, je souhaite que les gouvernements
puissent financer ces dépenses par l'enveloppe que le Parlement a autorisée
sans la dépasser ne serait-ce que de 1 milliard de francs.
C'est ce que nous avons fait et, dans ces conditions, la présentation d'une
dépense de l'Etat égale à celle que vous avez votée est sans doute l'élément le
plus intéressant.
En outre, nous avons, en effet, prélevé quelques recettes supplémentaires
notamment parce que, comme le révélait ce fameux audit, certaines recettes
votées par le Parlement ne se traduisaient pas dans les résultats. Vous le
savez, ces recettes supplémentaires permettent de compenser ce qui manquait.
L'audit de MM. Bonnet et Nasse estimait entre 20 milliards et 22 milliards de
francs le manque de recettes prévu par rapport à ce qui avait été inscrit dans
la loi de finances. Nous l'avons donc compensé par un prélèvement
supplémentaire sur l'impôt sur les sociétés. Ainsi, en fin de compte, ces
recettes qui étaient initialement prévues mais dont la réalisation n'était pas
crédible ont été finalement remplacées par d'autres. Le niveau des prélèvements
obligatoires n'a donc pas été modifié.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il y a une différence.
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Là où les choses
deviennent particulièrement intéressantes, c'est lorsque nous examinons
ensemble les économies qui ont pu être réalisées. A ce propos, j'ai entendu
tout à l'heure M. le rapporteur général tenir un discours extrêmement
polémique,...
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Eh oui !
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
... puisqu'il a
dit qu'il s'agit là d'économies de constatation.
Comme je ne peux pas imaginer que M. le raporteur général ne fasse pas la
différence entre des économies constatées et des économies de constatation, la
confusion de vocabulaire qu'il a opérée n'avait donc qu'un objet polémique.
Dans le cas contraire, il s'agirait d'une erreur que je ne peux mettre dans la
bouche de M. Lambert.
En effet, on parle d'économies de constatation quand on s'aperçoit, à la fin
de l'année, que des dépenses avaient été initialement surestimées. En revanche,
les économies constatées, c'est, par exemple, ce qui s'est passé s'agissant des
dépenses en matière d'emploi.
En effet, nous avons dépensé moins pour les différents dispositifs pour
l'emploi qui avaient été mis en place en début d'année parce que nous en avons
créé d'autres, notamment les emplois-jeunes. Par conséquent, les dizaines de
milliers de jeunes qui ont obtenu un emploi-jeunes en fin d'année n'ont pas
bénéficié de contrats emploi-solidarité.
Si nous constatons 4,5 milliards de francs de dépenses en moins au titre du
financement des CES, c'est parce que nous avons substitué un instrument à un
autre.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Pour vous, les flux d'entrée restent les mêmes ?
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Vous constaterez
l'économie à la fin de l'année. Il ne s'agira pas d'une économie de
constatation au sens budgétaire du terme.
C'est bien parce que nous avons mené une politique différente avec d'autres
instruments que nous avons pu, milliard de francs par milliard de francs - vous
avez cité d'ailleurs de nombreux exemples, - rester, au bout du compte, dans
les limites de la dépense initialement prévue, même si celle-ci avait beaucoup
dérapé au milieu de l'année.
Je ne veux pas citer trop de chiffres car je risquerais de lasser le Sénat,
mais gardons quand même à l'esprit que cette année 1997 avait mal commencé.
Vous avez dit, monsieur le rapporteur général, que deux politiques différentes
ont été menées entre le premier semestre et le second semestre, et vous avez
raison : le premier semestre s'est traduit par un dépassement des dépenses et
un manque de recettes. On ne peut quand même pas parler d'un budget bien
calibré.
Dans cette ligne, le déficit aurait attteint, à la fin de l'année, entre 3,5 %
et 3,7 % du PIB, ce qui se serait traduit par la disqualification européenne de
la France. Voilà pour la première moitié de l'année.
Pour la seconde moitié de l'année, des économies suffisantes pour ramener les
dépenses au niveau initialement prévu ont été réalisées et les recettes qui
manquaient ont été compensées par une mesure fiscale dont, certes, il aurait
été préférable de se passer, mais il fallait bien compenser les recettes mal
estimées.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Vous avez prélevé plus !
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
A l'arrivée, le
déficit des comptes publics...
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Et les comptes sociaux ?
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
... et pas
seulement du budget, comme l'a très bien dit le président de la commission des
finances, est inférieur au déficit prévisionnel ; les comptes de la sécurité
sociale sont meilleurs que prévu ; les comptes publics sont donc à un niveau
tel que nous pouvons satisfaire aux critères européens. Voilà le bilan du
second semestre.
A choisir entre les deux semestres, mesdames, messieurs les sénateurs,
préférez-vous le premier ou le second ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Nous, nous préférons le premier !
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Tout le monde ici
préfère le second.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Non, non !
M. Dominique Strauss-Kahn,
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie.
Personne ne peut
souhaiter un second semestre qui, à l'instar du premier, se serait traduit par
une augmentation de la dépense et un amoindrissement des recettes.
Un article particulier de ce collectif est consacré aux entreprises publiques.
Je me suis expliqué à ce sujet devant le Sénat lors d'une séance de questions
d'actualité. Je n'y reviens donc pas longuement. J'indiquerai simplement, pour
vous rassurer, mesdames, messieurs, les sénateurs que des prêts pour le GAN ont
été prévus jusqu'en 2008.
Le Sénat souhaite que les comptes soient apurés plus rapidement et il a
raison. Nous avons bel et bien l'intention de faire en sorte, comme le souhaite
la commission des finances, que, en 2003, toutes ces opérations soient
achevées.
Pour autant, je ne souhaite pas que l'amendement qui a été déposé soit adopté,
car il créerait une sorte d'insécurité juridique pour les prêteurs dans la
mesure où deux dates apparaîtraient : la première, 2008, qui est celle de la
fin des prêts, et que nous ne pouvons plus changer, les prêts étant maintenant
négociés, et la seconde, 2003, qui est souhaitée pour la fin de l'opération.
Je puis donc assurer au Sénat que nous mènerons cette opération de telle sorte
que, en 2003, tout soit terminé. En conséquence, si je soutiens cet amendement
dans son esprit, je souhaite qu'il ne soit pas adopté afin de ne pas créer une
insécurité juridique pour les prêteurs.
M. le président de la commission des finances a abordé les conséquences sur le
plan européen. Il ne suffit pas, dit-il, de se préoccuper de l'entrée dans
l'euro, il faut encore savoir ce qui se passera après. Il a raison. Je
constate, pour ma part, que, pendant de nombreuses années, nous nous sommes
beaucoup trop consacrés à ce qui se passait avant, c'est-à-dire à ce fameux
débat sur les critères. Je me permets de rappeler au Sénat, mais il l'a
constaté comme moi, que, depuis les mois de juillet et d'août, période au cours
de laquelle le Gouvernement a indiqué comment il entendait satisfaire à ces
critères, le débat a disparu en France comme ailleurs.
En effet, depuis plusieurs mois, nous débattons de ce que nous allons faire
après. Voilà deux jours à Luxembourg, et c'est un grand succès pour notre pays,
dont chacun ici doit se réjouir puisqu'il est dû à la fois à M. le Président de
la République et à M. le Premier ministre, la France a obtenu de ses
partenaires la coordination des politiques économiques au titre des articles
103 et 109 du traité ainsi que la création du Conseil de l'euro après une
longue bataille contre les pays qui seront probablement en dehors de l'euro. Je
pense notamment à nos amis britanniques qui cherchaient à éviter que ne se crée
ce conseil, qui est nécessaire pour gérer l'euro mais qui ne leur plaisait pas
parce qu'ils n'en feront pas partie.
La France, après l'avoir demandé à Amsterdam, l'a obtenu à Luxembourg, six
mois plus tard, et a beaucoup fait progresser la façon dont nous allons
travailler après le 1er janvier 1999 quand l'euro sera mis en place. Voilà qui
doit apaiser les craintes de M. le président de la commission des finances.
Je veux le rassurer aussi d'un mot sur l'attractivité de notre territoire.
Face à la compétition mondiale, notre territoire doit, a-t-il dits vers la CSG,
à faciliter l'option à l'impôt sur les sociétés pour les professions libérales
qui exercent leur activité dans le cadre de sociétés de personnes. Vous
trouverez, dans l'article 17, des mesures visant à favoriser cette transition,
en autorisant l'étalement sur cinq ans des impositions dues à l'occasion de ce
passage.
Enfin, l'exonération de la taxe sur les salaires décidée en faveur des
emplois-jeunes est une promesse du Gouvernement, qui va favoriser l'extension
de ces emplois.
Plusieurs dispositions ont pour objet de corriger certaines imperfections de
notre droit fiscal. Il en est ainsi de l'harmonisation en cas de pluriactivité
rurale.
De même, l'assouplissement des conditions de détention de capital pour les
sociétés dans lesquelles investissent les fonds communs de placement dans
l'innovation, les FCPI, s'inscrit dans la politique que le Gouvernement mène en
faveur des entreprises du secteur des hautes technologies.
Enfin, nous vous proposons - ce n'est pas la coutume - de supprimer un impôt :
la taxe spéciale sur les aéronefs.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Dont le rendement est faible
!
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Il est effectivement très faible.
Nous espérons que, après avoir recensé tous les impôts à fort coût de
prélèvement et à faible rendement, nous pourrons vous faire d'autres
propositions à l'avenir.
Le collectif comporte, par ailleurs, un volet important visant à mettre en
conformité notre droit interne avec le droit communautaire. Il s'agit, d'abord,
de la suppression de la retenue à la source pour les bénéfices réalisés en
France par les établissements stables de sociétés résidentes d'un autre Etat
membre de la Communauté. Il s'agit, ensuite, de la mise en conformité avec le
droit communautaire des dispositions du code des douanes relatives à la
représentation en douane. Il s'agit, enfin, de l'aménagement du régime
d'exonération de la TIPP, la taxe intérieure sur les produits pétroliers,
applicable aux biocarburants afin d'en élargir le bénéfice aux producteurs
d'autres Etats membres de la Communauté.
L'Assemblée nationale a ajouté une disposition prévoyant que la déductibilité
des frais commerciaux exceptionnels, terme pudique utilisé pour désigner les
commissions versées à des agents publics étrangers pour obtenir des marchés
internationaux, ne serait plus admise à compter de l'entrée en vigueur de la
convention sur la lutte contre la corruption d'agents publics étrangers dans
les transactions commerciales internationales, qui a été négociée dans le cadre
de l'OCDE et que M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie
ainsi que Mme le garde des sceaux vont signer après-demain.
Par ailleurs, ce collectif comporte deux mesures diverses.
La première vise à légaliser des dispositions réglementaires relatives à la
liquidation et au recouvrement de la taxe communale sur les appareils
automatiques, que le Conseil d'Etat a jugé illégales par une décision du 4
juillet 1997. Il s'agit d'un enjeu important pour les communes, j'espère que
vous tiendrez, avec l'Etat, à ce que ces ressources soient sécurisées.
La seconde mesure a pour objet d'apporter plusieurs modifications à la taxe
sur les services de télévision, de façon à en renforcer l'acceptabilité par ses
redevables et à en faciliter le recouvrement, qui sera désormais confié à la
direction générale des impôts.
J'ajouterai une dernière remarque, qui s'adresse sans doute plus
particulièrement à M. le président de la commission des finances. L'exécution
du budget, c'est-à-dire ce que l'on constatera en février prochain et qui
servira de base à la mesure des déficits pour l'entrée dans l'euro, sera très
proche des chiffres figurant dans le présent collectif budgétaire. Je
rappellerai pour mémoire que, l'an dernier, était intervenu un dérapage de 7
milliards de francs entre le collectif de fin d'année et l'exécution budgétaire
constatée au début de l'année suivante. Je prends l'engagement devant vous,
monsieur le président Poncelet, que l'exécution budgétaire sera en conformité
avec le présent collectif, sur lequel je souhaite donc que la Haute Assemblée
se prononce favorablement.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président.
La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, le
collectif budgétaire pour 1997 a d'abord pour objet, comme tout collectif
examiné chaque année à la même époque, de tirer les conséquences sur les
finances publiques des évolutions de l'année. Dans ce cadre, il est clair,
monsieur le secrétaire d'Etat, que l'année 1997 sera un bon cru. En effet, le
déficit est ramené à 270,4 milliards de francs, soit 14,1 milliards de francs
de moins que celui qui avait été voté dans la loi de finances initiale. En
pourcentage du PIB, sa part est ramenée de 3,53 % à 3,35 %. C'est la première
fois depuis de nombreuses années - cela a déjà été dit - que nous avons à
constater, lors de l'examen d'un collectif, une réduction du déficit importante
et vraie.
Pour apprécier pleinement ces résultats, il convient de procéder à un certain
nombre de rappels.
Les prévisions de déficit de la loi de finances pour 1997 n'étaient pas
sincères. Mon groupe l'avait démontré à cette tribune dès l'examen du projet de
loi, en pointant en particulier la surévaluation des recettes et le caractère
souvent factice des réductions de dépenses.
Le déficit public devait donc, selon nous, être supérieur dans la réalité à 4
% du PIB, 3,5 % une fois prise en compte l'opération sur France Télécom.
Ce budget virtuel était en fait destiné à masquer l'échec de la politique
budgétaire des gouvernements de MM. Balladur et Juppé qui, depuis 1993, en
dépit de la manne des privatisations et d'augmentations d'impôts sans précédent
- environ 200 milliards de francs, ce n'est pas rien ! - enregistrait toujours
un déficit public supérieur à celui de 1992 et un quasi-doublement de la dette,
avec une augmentation de 81 %, soit 1 700 milliards de francs, c'est-à-dire 30
000 francs par Français. Notons que, dans le même temps, la plupart de nos
partenaires avaient réduit plus fortement leur déficit et maîtrisé leur dette
publique.
La dérive des comptes, après avoir été soigneusement cachée pendant la
campagne électorale, avait été reconnue par M. Juppé lui-même, dans une note
remise au nouveau Premier ministre. L'audit budgétaire rendu public le 21
juillet dernier avait confirmé cette dérive dangereuse de nos comptes publics :
le déficit 1997 des administrations publiques partait sur une fourchette allant
de 3,5 à 3,7 % du PIB, y compris la prise en compte de la soulte de France
Télécom pour un montant de l'ordre de 0,5 % du PIB, du fait d'un dérapage
compris entre 32 milliards et 44 milliards de francs.
La principale dérive, confirmée par l'audit, provenait du déficit budgétaire,
évalué entre 312 milliards et 322 milliards de francs, soit un creusement du
déficit de 27 milliards à 37 milliards de francs en six mois. Cet écart
résultait de deux facteurs : d'une part, des pertes de recettes fiscales de 15
milliards à 17 milliards de francs et, d'autre part, des dérapages sur les
dépenses de l'Etat de 27 milliards à 30 milliards de francs, soit après mesures
de correction inéluctables, de 12 milliards à 20 milliards de francs.
S'agissant de cet audit, je ne comprends pas bien les déclarations de certains
membres de l'opposition nationale, majorité dans cette enceinte, qui persistent
à récuser cette dérive, constatée par tous et même par l'ancien Premier
ministre. D'ailleurs, s'il n'y avait pas eu cette dérive et les difficultés à
l'endiguer, quelle aurait été la raison de la dissolution ? Quant à la
croissance qui aurait permis naturellement de combler les pertes, je rappelle
qu'elle sera en gros celle qui avait été prévue initialement. Il n'y a donc pas
eu de recettes miracles.
Par conséquent, le nouveau gouvernement devait réagir. C'était indispensable
pour que la France respecte les conditions du passage à la monnaie unique.
C'était également indispensable pour casser l'enchaînement inéluctable
déficit-dette. Le 21 juillet dernier, le Gouvernement a donc annoncé une série
de mesures visant à réduire le déficit de l'Etat de 0,4 % du PIB, soit la
correction des dérapages du budget 1997.
La première action a porté sur la compensation des pertes de recettes
fiscales. Le choix a consisté à faire porter l'effort sur les entreprises afin
d'épargner les ménages sur lesquels les efforts antérieurs avaient été
concentrés par les précédents gouvernements, ce qui avait entraîné un
incontestable déficit de la demande intérieure. Cet effort a consisté en un
relèvement temporaire de l'impôt sur les sociétés, une réforme des plus-values
à long terme et un premier versement d'impôt sur les sociétés par EDF.
La seconde action a consisté dans une stricte maîtrise et une grande rigueur
des dépenses. Le 9 juillet, les mesures associées au décret d'avance ont
procédé à une réorientation des dépenses afin de soutenir les priorités du
Gouvernement. Ainsi, 10 milliards de francs d'ouvertures de crédits ont été
réalisés : 6,4 milliards de francs pour le triplement de l'allocation scolaire,
2 milliards de francs pour le financement du plan emploi-jeunes, 800 millions
de francs pour le logement social, 300 millions de francs pour les cantines
scolaires, etc. Parallèlement, 10 milliards de francs d'annulations de crédits
ont été réalisés : 1,8 milliard de francs sur la défense et 8,1 milliards de
francs sur les budgets civils.
Le 17 octobre 1997, un nouveau décret d'avance a ouvert 2,9 milliards de
francs de crédits gagés, là encore, par des annulations.
Enfin, le présent collectif budgétaire prévoit seulement 16,7 milliards de
francs d'ouvertures de crédits, provenant en grande partie - pardonnez-moi
l'expression - « d'ardoises » laissées par le précédent gouvernement, sur le
financement de la ristourne dégressive, sur les aides à la personne, sur les
pensions, sur la jupette, etc. L'arrêté du 19 novembre annexé au collectif
annule 23,9 milliards de francs dont 20,8 milliards de francs sur le budget
général.
Ce rappel permet d'illustrer la bonne gestion des finances publiques réalisée
par le nouveau gouvernement.
Premièrement, le Gouvernement agit avec une extrême rigueur sur l'évolution
des dépenses de l'Etat. Pour la première fois depuis longtemps, il n'y a pas eu
de dérapage sur les dépenses, puisque, au contraire, celles-ci sont, en
définitive, inférieures de 4 milliards de francs aux dépenses prévues
initialement : 1 milliard de francs en moins pour les dépenses civiles
ordinaires et 3 milliards de francs en moins pour les dépenses militaires. En
effet, si 29,6 milliards de francs de crédits nouveaux ont été enregistrés
cette année sur le budget général, il y a eu parallèlement 33,5 milliards de
francs d'annulations de crédits. Cette stricte gestion des dépenses doit être
saluée, notamment quand on sait que le nouveau gouvernement était confronté
initialement à une dérive des dépenses.
J'ajouterai que cette maîtrise nous paraît d'autant plus remarquable que le
nouveau gouvernement, en plus des « ardoises » que lui a laissées le précédent
gouvernement et qu'il a dû honorer, a su trouver les ressources nécessaires au
financement des actions nouvelles souhaitées par le peuple français en juin
dernier, et ce par des annulations de crédits judicieuses.
Mes chers collègues, on pouvait penser que la majorité sénatoriale, si friande
de la réduction des dépenses - elle l'est en théorie tout au moins, car, en
pratique, il faut se rappeler les dérapages de 1995, par exemple - aurait la
sagesse de reconnaître ce fait. En effet, on ne peut se répandre dans les
journaux sur la nécessité de contrôler les dépenses, faire adopter un
contre-budget reposant sur une réduction forte et d'ailleurs inconsidérée des
dépenses, et ne pas soutenir un gouvernement qui réalise effectivement cette
maîtrise, sauf à être en parfaite contradiction avec soi-même.
Nous n'avons pas « la religion de la dépense », comme certains ont osé le
dire.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Une propension...
M. Marc Massion.
Nous pensons autant que vous qu'il faut éviter les augmentations
incontrôlées.
Quant à l'argument selon lequel le nouveau gouvernement romprait avec la
politique de réduction de la dépense publique réalisée par le précédent
gouvernement et réhabiliterait ainsi la dépense, il est évidemment totalement
faux.
Premièrement, il est faux, car les gouvernements de MM. Balladur et Juppé
n'ont pas été exemplaires, loin s'en faut : de 1992 à 1994, le poids des
dépenses effectives s'est accru d'un point de produit intérieur brut. En 1995,
les dépenses en exécution ont augmenté encore de 3,1 %. En 1996, elles ont
progressé encore de plus 1,1 %. Où est la politique de réduction de la dépense
?
Deuxièmement, cet argument est faux, car c'est oublier ce fait incontournable
que les dépenses constatées dans ce collectif sont inférieures de 4 milliards
de francs aux prévisions. Cette rigueur dans la gestion n'a pas été enregistrée
sous la législature précédente ; si l'on compare les dépenses ordinaires du
collectif à celles qui étaient prévues initialement, on constate un dépassement
de 31 milliards de francs en 1994, de 45 milliards de francs en 1995 de 14
milliards de francs en 1996 : là encore, où est la saine gestion ? Cette année
ou bien les années précédentes ? Avant de critiquer, il faut ne pas oublier sa
propre gestion.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
C'est vrai ! Rappelez-vous 1992 !
M. Marc Massion.
J'ajouterai que votre
credo
idéologique du « dépenser moins », qui
constitue votre seule ligne directrice en matière d'action publique, est une
idée d'un autre temps, qui pénalise l'activité économique, et donc l'emploi.
L'avenir, c'est la dépense efficace, ce que l'on appelle le « dépenser mieux ».
Savez-vous que plusieurs études et réflexions ont montré que certaines dépenses
d'infrastructure ou des dépenses permettant de maintenir la cohésion sociale
apportaient à l'économie dans son ensemble un « plus » sans commune mesure avec
la dépense effectuée ? C'est ce que les économistes appellent les «
externalités ». Plutôt que d'entamer cette croisade idéologique et de ressortir
ces anathèmes dépassés, la majorité sénatoriale ferait mieux de se joindre à
nous dans la bataille pour l'efficacité de la dépense et pour une meilleure
évaluation des dépenses publiques.
M. Jean Chérioux.
Comme avec le ministre Charasse et le gouvernement Bérégovoy ? C'est un bel
exemple !
M. Marc Massion.
Si la gestion des dépenses nous paraît exemplaire, celle des recettes l'est
également. En effet, les ressources du budget général ont augmenté cette année
de 10,5 milliards de francs. Mais s'il avait été largement recouru aux
prélèvements divers ces dernières années avec 18,3 milliards de francs en 1995
et 20 milliards de francs en 1996, le gouvernement actuel n'a que peu utilisé
cet expédient, puisque 3,6 milliards de francs sont inscrits à ce titre dans ce
collectif.
L'essentiel du faible gain sur les ressources provient donc d'une plus-value
de 8,4 milliards de francs en matière de recettes fiscales nettes. Comme a été
enregistrée une perte de plus de 15 milliards de francs sur le produit de la
TVA nette, de 1,8 milliard de francs sur celui de l'impôt sur le revenu et de
1,3 milliard de francs sur les recettes au titre de la taxe intérieure sur les
produits pétroliers, les plus-values proviennent essentiellement de l'impôt sur
les sociétés, du fait des dispositions de la loi portant mesures urgentes à
caractère fiscal et financier, le MUFF.
Sans ces mesures de correction, les recettes fiscales nettes auraient baissé
de 1 %, soit 15,7 milliards de francs de moins-values fiscales. Il est donc
incontestable qu'il y avait des pertes de recettes, d'ailleurs rigoureusement
égales à la baisse d'impôt sur le revenu et totalement en phase avec les
prévisions de l'audit. La critique de la majorité sénatoriale sur l'inutilité
des mesures de la loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier
est donc infondée : il s'agissait bien de compenser des pertes de recettes
fiscales.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Le déficit des comptes sociaux !
M. Marc Massion.
Et, je ne prends pas en compte les dérapages sur les comptes sociaux, qu'il
fallait bien également compenser pour rester dans l'objectif du seuil des 3 %
de déficit public !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Ça, c'est vrai !
M. Marc Massion.
Là encore, l'argumentation de l'opposition nationale est malheureusement
idéologique. Les mesures de compensation étaient obligatoires, sauf à prendre
un risque énorme quant à la qualification de la France pour l'euro. Pensez-vous
qu'avec un déficit supérieur à 3,4 % la France aurait été acceptée ?
Les discours sur le matraquage fiscal sont donc également déplacés de la part
de ceux qui nous éloignaient de l'Europe, et encore plus lorsqu'on se rappelle
que la précédente majorité avait réussi le tour de force d'augmenter de deux
points les prélèvements obligatoires !
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous l'avez compris : face aux critiques qui ne
reposent que sur l'idéologie et non sur l'examen des faits, nous sommes à vos
côtés. Comme un examen impartial de ce collectif démontre au contraire
l'excellence de votre gestion des finances publiques, nous voterons donc le
texte qui nous est proposé.
(Applaudissements sur les travées
socialistes.)
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Avec enthousiasme !
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
nous commerçons à avoir l'habitude de ce type de rendez-vous : nous entendons
d'abord les excellents propos de M. le rapporteur général, confirmés et
amplifiés par ceux de M. le président de la commission des finances, puis M. le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie vient quelques instants
dans cet hémicycle pour se livrer à un exposé extrêmement habile,...
Mme Danièle Pourtaud.
C'est vrai !
M. Jean Chérioux.
Un numéro de prestidigitation !
(Sourires.)
M. Philippe Marini.
... qui dure quelques minutes ; enfin, monsieur le secrétaire d'Etat, nous
avons le plaisir de vous voir...
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
C'est un plaisir partagé !
M. Philippe Marini.
... pendant l'ensemble de la discussion du texte, et c'est vous qui, en
général, entendez la plupart des réactions aux propos du ministre ou des
objections présentées à leur encontre.
Les propos de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie,
comme ceux de notre collègue M. Massion, voilà un instant, nous présentent une
réalité que j'oserai qualifier d'« idéale »,...
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Ça c'est vrai !
M. Philippe Marini.
... une vision extrêmement idyllique, presque séraphique des choses. A
entendre ces propos, on a un peu l'impression de contempler une fresque de
Puvis de Chavannes, marquée par l'harmonie, le calme, la volupté, la symétrie,
le classicisme, l'habileté du dessin, l'acuité du trait, etc.
M. Marc Massion.
Vous faites un numéro !
M. Philippe Marini.
Mais malgré tout, quelle est la réalité ?
Je voudrais pour ma part, sans lasser votre attention,...
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Mais non ! Tout va très bien !
M. Philippe Marini.
... centrer mon propos sur trois éléments : l'exécution budgétaire ainsi
habilement présentée, les dispositions nouvelles du collectif budgétaire et,
enfin, la politique économique dans le cadre de laquelle s'inscrit ce texte.
En ce qui concerne l'exécution budgétaire, qu'y a-t-il au delà de l'habileté
et de la présentation astucieuse des choses ? A mon avis, pour l'essentiel,
quatre éléments.
On trouve tout d'abord un heureux contexte économique
(Exclamations sur les
travées socialistes)
, amorcé vraisemblablement par la politique conduite
jusqu'au milieu de cette année. Si cette situation ne résulte certainement pas
de la responsabilité exclusive du précédent gouvernement, sans doute nous
trouvons-nous néanmoins sur une phase ascendante du cycle, qui permet quelques
marges de manoeuvre. Je prendrai à cet égard l'exemple le plus arithmétique et
le plus clair qui soit : l'abaissement des charges financières, pour 7
milliards de francs.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Les taux d'intérêt !
M. Philippe Marini.
Je ne sais s'il s'agit d'économies constatées ou d'économies de constatation.
Mais enfin, la réalité est là : ce sont les marchés et l'amélioration des
conditions de gestion de la dette qui sont à l'origine de cette variation
positive de 7 milliards de francs, soit un montant supérieur à l'amélioration
du solde - 4 milliards de francs - à laquelle il a été très justement fait
allusion tout à l'heure.
Par ailleurs, certains dispositifs d'aide à l'emploi ont nécessité, c'est
vrai, moins de crédits. Là aussi, on s'est borné, en bons gestionnaires, à
prendre en compte ces économies.
A la vérité, cette évolution favorable, qui s'inscrit dans le solde probable
de la loi de finances de 1997, n'est pas sans rappeler - certains de nos
collègues ayant voulu procéder à quelques rappels historiques, je ferai de même
- ce qui s'est passé voilà près de dix ans, à la charnière des années 1988 et
1989. En effet, mes chers collègues, au petit jeu des rappels et des
références, on trouve toujours des arguments et des chiffres pour appuyer les
démonstrations des uns ou des autres !
Néanmoins, n'est-ce-pas une réalité tangible que cette exécution du budget de
1988, qui avait fait apparaître un excédent de recettes de 93 milliards de
francs, ce qui a permis à la majorité présidentielle issue du scrutin de 1988
de mettre en oeuvre sa politique dite de « réhabilitation de la dépense
publique » ?
M. Jean Chérioux.
Eh oui !
M. Philippe Marini.
D'ailleurs, un an après, lorsque l'on a fait le point sur l'exécution du
budget de 1989, on a constaté de nouveau une conjoncture porteuse puisque 50
milliards de francs de recettes supplémentaires ont été dégagés. Mais, en
contrepartie, une majoration de crédits de 76 milliards de francs a été engagée
et une dégradation du solde de 17 milliards de francs a été enregistrée.
Bien entendu, monsieur le secrétaire d'Etat, je ne vous fais pas grief de la
gestion de vos prédécesseurs d'il y a huit ou dix ans. Mais au petit jeu des
alternances, des rappels et des chiffres, personne ne peut se targuer d'avoir
la palme exclusive de la bonne gestion, les autres ayant le déshonneur d'une
gestion dispendieuse. Tout à l'heure, à l'écoute des propos de notre collègue
Marc Massion, j'avais l'impression qu'il y avait vérité au-delà du 1er juin,
erreur en deçà !
M. Marc Massion.
Oui !
M. Philippe Marini.
Je crois - mais chacun le sait - que les choses sont un peu plus compliquées
et qu'elles devraient appeler plus de réserve dans la présentation de nos
observations.
M. Jean Chérioux.
Et de modestie !
M. Philippe Marini.
Effectivement !
M. Claude Estier.
Alors, pourquoi la dissolution ?
M. Philippe Marini.
Monsieur Estier, j'évoque le projet de loi de finances rectificative, et je
tâche d'en rester à mon propos !
Comment voulez-vous que je vous suive sur ce terrain, s'agissant d'un modeste
examen d'exécution de la loi de finances ?
M. Claude Estier.
Si tout allait bien, alors, pourquoi la dissolution ?
M. Philippe Marini.
A vous entendre, j'ai l'impression que, aujourd'hui, tout va bien, ...
Mme Danièle Pourtaud.
C'est ce que pensent les Français !
M. Philippe Marini.
... alors qu'il n'est pas évident que, dans les mois qui viennent, vous
n'ayez, vous aussi, quelques surprises et quelques difficultés.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
La croissance, par exemple !
M. Philippe Marini.
Sans doute est-il préférable, monsieur le secrétaire d'Etat, compte tenu des
prévisions économiques dont nous savons d'ores et déjà qu'elles sont quelque
peu au-delà de la réalité probable - et cela ne fera, hélas ! que s'accentuer
-...
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Eh oui !
M. Philippe Marini.
... d'être un peu plus modeste, comme l'indiquait fort opportunément l'un de
nos collègues. Nous savons bien, en effet, que les 3 % de croissance, les
hypothèses d'investissement et de consommation qui sous-tendent votre loi de
finances initiale pour 1998 relèvent de ce que nos amis anglo-saxons appellent
le
wishful thinking
, c'est-à-dire ce que l'on aimerait bien qui soit,
mais ce qui ne sera pas nécessairement.
M. Claude Estier.
Elles viennent d'être confirmées par l'OCDE !
M. Philippe Marini.
Ce n'est qu'une citation d'un propos dont je crains qu'il ne doive s'appliquer
à la période que nous allons vivre.
J'en viens au deuxième élément de cette exécution budgétaire : il y a eu
consommation des crédits gelés par l'ancien gouvernement. Les 10 milliards de
francs qui avaient été mis en réserve ont été consacrés, comme c'était votre
droit le plus entier, monsieur le secrétaire d'Etat, au financement de mesures
issues de votre politique et de vos engagements électoraux. On a donc dégelé ce
qui était gelé.
Troisième élément, on a prélevé de la fiscalité supplémentaire sur les
entreprises. Là encore, c'était votre choix, c'était votre légitimité, c'était
la politique que vous souhaitiez appliquer. Voilà donc 24 milliards de francs
de recettes supplémentaires qui sont quand même bien pour quelque chose dans
l'équilibre que l'on va constater
ex post
, au moment de dresser le bilan
de l'année 1997.
M. Claude Estier.
Bien sûr !
M. Philippe Marini.
Quatrième élément, vous avez une variable d'ajustement, et c'est heureux pour
la gestion que vous représentez, monsieur le secrétaire d'Etat. Vous avez
vous-même fait état des chiffres, reconnaissant que, bien souvent, les
gouvernements cèdent à la tentation d'écorner la programmation militaire. Or,
cette année, par le jeu cumulé des arrêtés d'annulation des 9 juillet, 17
octobre et 19 novembre 1997, un peu plus de 5 milliards de francs de crédits
ont été annulés, soit 5,6 % des crédits votés et, par rapport à l'annuité
prévue de la programmation militaire, 4,5 milliards de francs manquent à
l'appel. Sans doute les années précédentes des libertés ont-elles été prises
avec les engagements pluriannuels de la programmation militaire,...
M. Claude Estier.
Oui !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Des licences !
M. Philippe Marini.
... mais nous nous situons aujourd'hui dans un cadre beaucoup plus contraint,
avec des objectifs plus difficiles à tenir encore, raison pour laquelle il eût
été nécessaire de respecter la parole donnée, dont le Président de la
République est garant, et ce d'autant plus au moment où l'armée vit la
révolution de la professionnalisation.
S'agissant d'ailleurs de la défense et singulièrement de la force nucléaire
stratégique, nous pouvons être légitiment inquiets, monsieur le secrétaire
d'Etat
(M. le secrétaire d'Etat fait un signe de dénégation),
car, nous le
savons bien, les essais étant désormais impossibles, tout dépend des programmes
de simulation. Or ces derniers risquent d'être étalés dans le temps, ce qui
pourrait poser à notre pays un vrai problème de crédibilité si l'on devait
poursuivre ainsi pendant les années à venir. Je rappelle, en effet, que la
durée de vie ou la durée de crédibilité internationale des têtes nucléaires
dont nous disposons n'est pas illimitée et que, pour les renouveler, il nous
faut réaliser les investissements en lasers de très haute puissance et en
moyens de simulation, avec tous les équipements et l'instrumentation associés.
Il s'agit là d'une urgente priorité nationale avec laquelle nous ne saurions
transiger.
Voilà sur l'exécution budgétaire.
J'en viens maintenant à quelques-unes des dispositions nouvelles du collectif
et aux effets pervers qu'elles comportent.
En premier lieu, et pour rester dans le domaine militaire, je relève, monsieur
le secrétaire d'Etat, que vous avez trouvé, à votre arrivée, une heureuse «
trésorerie dormante », puisque c'est en ces termes que vous aviez désigné, au
mois de juillet dernier, les économies que vous étiez susceptible de dégager
ici ou là afin de les remettre « au pot » et d'assurer la poursuite de votre
politique.
Dans cette « trésorerie dormante », il est une somme tout à fait
significative, de 1,4 milliard de francs, qui représente le produit des avances
versées par un client étranger au titre d'un contrat de livraison de frégates.
On aura reconnu ici l'opération dite « Bali-Bravo », c'est-à-dire la fourniture
de matériels maritimes à Taïwan. Bien entendu, vous étiez en droit, monsieur le
secrétaire d'Etat, de récupérer ces produits résultant des versements
financiers opérés par le client, mais je m'interroge : si l'on veut
véritablement moderniser nos arsenaux, responsabiliser des unités industrielles
telles que la Direction des constructions navales, faut-il vraiment procéder
ainsi ? Servez-vous la modernisation de l'outil industriel de défense en
opérant un tel prélèvement ? Pour ma part, j'en doute.
Sachant qu'il est indispensable de restructurer en profondeur cet outil, de
lui apporter la compétitivité et le dynamisme nécessaires, on comprend mal que
lui ôter le produit de son activité et le produit de ses succès internationaux
puisse être une façon de dynamiser les initiatives, d'inciter les ingénieurs et
les dirigeants à prospecter avec ardeur et à vendre dans des conditions
économiques et financières satisfaisantes.
En deuxième lieu, toujours au titre de cette trésorerie dormante, j'ai noté,
ainsi que nos collègues, le prélèvement de 2 milliards de francs sur la Caisse
de garantie du logement social, ce qui me semble appeler, de la part du
Gouvernement, quelques précisions sur les conséquences susceptibles d'en
résulter. J'y trouve un certain paradoxe. En effet, dans les dispositions
prises au mois de juillet, monsieur le secrétaire d'Etat, il y avait, si ma
mémoire est bonne, des crédits supplémentaires pour le logement social. J'avoue
être un peu surpris de ce procédé : d'un côté, au mois de juillet, vous
annoncez un plan de relance de la construction sociale, et il vient assurément
à bon escient ; de l'autre côté, en fin d'année, vous annulez 2 milliards de
francs sur la Caisse de garantie du logement social. Je me demande si cette
succession d'opérations est bien cohérente.
En troisième lieu, je reviens sur l'exonération de taxe professionnelle pour
certains matériels de transport, en particulier pour les camions neufs, que
vous avez vous-même évoquée, monsieur le secrétaire d'Etat. Certes, on ne peut
que se réjouir pour les entreprises de transport, notamment pour les plus
petites d'entre elles, mais on est aussi conduit à se demander si chaque
corporation, si chaque profession, ne devrait pas, chacune à leur tour, suivre
le chemin ouvert par les quelques personnes qui se sont mises en travers des
routes de France. En définitive, une politique fiscale qui se fait en fonction
de mouvements sur la voie publique n'est certainement ni très claire ni très
lisible !
Sans doute y a-t-il d'excellentes raisons pour que les transporteurs,
notamment les PME de transport, fassent l'objet d'une aide du Gouvernement,
mais faut-il vraiment considérer que la meilleure façon d'obtenir satisfaction
soit de se mettre à barrer les routes et à empêcher un fonctionnement normal de
l'économie ?
(Exclamations sur les travées socialistes et sur celles du
groupe communiste républicain et citoyen.)
C'est, au minimum, un point d'interrogation que je me permettrai de tracer sur
votre épure budgétaire, monsieur le secrétaire d'Etat, car vous avez donné, à
cet égard, l'exemple d'une recette un peu facile, qui risque, dans l'hypothèse
où d'autres professions décideraient des mouvements du même genre, de se
traduire par des petits cadeaux qu'il sera difficile de refuser aux uns quand
on les aura donnés aux autres.
De surcroît, la question est de savoir si ces exonérations de taxe
professionnelle sont bien compensées au profit des budgets locaux, ce que j'ai
cru comprendre, mais ce qui ne ressort clairement ni du texte ni du rapport de
la commission.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
On va faire payer les
collectivités territoriales !
M. Philippe Marini.
Enfin, en quatrième lieu, je remarque les moyens supplémentaires accordés aux
entreprises publiques, soit une trentaine de milliards de francs, grâce au
succès de l'ouverture du capital de France Télécom et malgré certaines réserves
idéologiques que l'opération avait suscitées à un moment donné. Nous
souhaiterions savoir, monsieur le secrétaire d'Etat, concernant les emplois de
ces sommes, quelle va être la politique vis-à-vis d'un certain nombre
d'entreprises du secteur public. Peut-être le saurons-nous progressivement, au
fil du temps. Reste que, si ma mémoire est bonne, un certain nombre de
procédures sont en cours d'examen devant la commission de l'Union européenne et
que les différentes aides ont été apportées pour « la dernière fois », avec
toutes sortes de problèmes pour faire admettre aux autorités de Bruxelles que
ces aides se situent bien dans le cadre de l'effort que ferait normalement
l'actionnaire d'une entreprise placée dans un contexte de compétition.
Voilà donc 29,5 milliards de francs de plus pour les entreprises publiques.
Très bien ! Mais quels sont les efforts qu'il faut réaliser pour les
entreprises qui doivent toujours être tenues à bout de bras par l'Etat
actionnaire ? Les informations qui nous avaient été communiquées, je parle sous
le contrôle du rapporteur général, lors de la discussion de la loi de finances
initiale pour 1998, m'ont, pour ma part, laissé un goût d'inachevé et je n'ai
pas eu le sentiment que nous ayons obtenu des réponses à toutes nos
questions.
Pour terminer, j'évoquerai très brièvement la politique économique dans le
cadre de laquelle s'inscrit ce collectif budgétaire.
Monsieur le secrétaire d'Etat, votre politique économique est peu lisible et
je vous en donnerai trois exemples.
Premièrement, j'évoquerai la fiscalité de l'épargne et le dossier, très
révélateur, de l'assurance-vie.
Celle-ci a suscité toutes sortes de controverses, y compris au sein de votre
majorité. Elle a donné lieu à diverses études techniques. Les services du
ministère de l'économie, des finances et de l'industrie conçoivent une formule,
puis une deuxième, puis une troisième ; on en discute avec les professionnels.
Enfin, le fléau de la balance s'arrête. On nous présente le projet de loi de
finances initiale et, tout d'un coup, on sort du chapeau l'idée, à laquelle je
souscris, bien sûr, qu'il serait opportun de mieux traiter les produits
investis en actions. L'Assemblée nationale se prononce en première lecture et
après de longues délibérations, le Sénat également ; la commission mixte
paritaire se réunit, brièvement il est vrai, et nous apprenons dans la presse,
monsieur le secrétaire d'Etat, que les mêmes dispositions sur lesquelles nous
nous sommes longuement penchés, qui nous ont conduits à vous poser les
questions les plus variées, qui vous ont amené à nous répondre et à argumenter,
sont, en fait, incomplètes et doivent être modifiées
in extremis
par un
amendement du Gouvernement. Ce n'est pas si fréquent dans les annales des lois
de finances ou même dans les annales du Parlement ! Peut-être avez-vous eu le
sentiment que l'épargne méritait autre chose que le traitement que vous lui
aviez réservé !
(M. Jean Chérioux applaudit.)
Deuxièmement, s'agissant de l'épargne, et de l'épargne à long terme, nous
voyons ressurgir le dossier, au demeurant tout à fait excellent, des fonds
d'épargne-retraite ou fonds de pension.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cela s'arrange !
M. Philippe Marini.
Certes, on ne peut que s'en réjouir, mais encore faudra-t-il apprécier le
texte que vous nous présenterez !
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Oui !
M. Philippe Marini.
En ce qui nous concerne, nous estimons que beaucoup de temps a déjà été perdu
dans cette affaire et que cela est de la responsabilité de tous les
gouvernements successifs : celui de 1993, qui aurait pu compléter le dispositif
de la loi Veil ; celui de 1995, qui aurait pu se saisir de ce sujet dès le
lendemain des élections présidentielles, et puis, bien sûr, le vôtre. Il eût
été si simple, en effet, de signer les textes d'application qui étaient déjà
prêts dans vos services et qui permettaient l'application de la loi de mars
1997 ! Cette loi, qui enfin vit le jour, au terme d'une législature ne se
sachant pas si proche de sa fin, fournit un cadre et a le mérite d'exister.
Monsieur le secrétaire d'Etat, nous nous réjouissons que le dossier revienne
ainsi à la surface, mais nous craignons quelque peu une conception qui serait
limitée aux seuls accords obligatoires et qui accorderait un droit de veto aux
organisations syndicales. Nous sommes également en droit de redouter un
dispositif qui ne comporterait plus d'incitations pour les abondements des
employeurs et qui se retournerait ainsi contre la qualité du dialogue social
dans l'entreprise, sachant que les fonds d'épargne-retraite peuvent devenir un
élément vital de ce dialogue.
J'en terminerai, monsieur le secrétaire d'Etat, par la convergence européenne,
objectif que vous cherchez à atteindre, dites-vous.
M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a évoqué les très
récentes dispositions prises à Luxembourg. Nous voyons ainsi s'ébaucher un
organe informel, le Conseil de l'euro, doté d'un statut spécifique pour les «
auditeurs extérieurs », si je puis les qualifier ainsi. Je reste cependant
dubitatif, voire inquiet, lorsque j'observe la politique fiscale qui est
conduite, chez nous, à l'égard des entreprises comme à l'égard de l'épargne,
lorsque j'observe aussi la volatilité de cette épargne, lorsque j'observe la
facilité avec laquelle on délocalise aujourd'hui une activité ou une
entreprise.
J'ai l'impression, monsieur le secrétaire d'Etat, que, lorsque l'euro sera
devenu une réalité, pour qu'il produise des effets bénéfiques pour notre
économie, et non pas des effets maléfiques, ce qui n'est pas impossible, il
vous faudra réviser très sérieusement un certain nombre de conceptions, de
méthodes et de principes qui se sont traduits, en 1997, dans votre politique
fiscale.
A ce moment de vérité, vous aurez sans doute quelques explications difficiles
avec certains de vos amis. Mais ce n'est pas mon affaire ! C'est un sujet qu'il
vous appartiendra de traiter en son temps - un temps qui viendra sans doute
rapidement ! - sachant qu'il vaut mieux anticiper les vérités et les assumer
avec courage plutôt que repousser sans cesse les échéances et se complaire dans
une présentation certes agréable et non conflictuelle mais, hélas ! pas du tout
conforme, me semble-t-il, à la réalité d'aujourd'hui et probablement pas à
celle des années à venir.
Compte tenu de toutes ces considérations et de l'examen auquel il a procédé,
le groupe du Rassemblement pour la République se prononcera sur le projet de
loi de finances rectificative en fonction des amendements qui seront retenus et
en suivant les conclusions de la commission, auxquelles il adhère.
(Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et
de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, au
début de la session, il ne semblait pas à certains qu'un collectif budgétaire
soit nécessaire. Mais le collectif s'impose pour équilibrer les comptes de la
nation.
Cette année, l'opération est délicate, car elle fait référence à la fois aux
prévisions votées lors de la loi de finances de 1997, donc établies par
l'ancien gouvernement, ainsi qu'aux adaptations et corrections décidées par le
gouvernement d'hier et par celui qui a été élu en juin dernier. Il existe donc
des correspondances, des interférences, des compléments.
Le 10 décembre 1996, le ministre de l'économie et des finances de l'époque, M.
Arthuis, concluait par ces mots la discussion de la loi de finances pour 1997 :
« Le budget qu'une majorité d'entre vous s'apprête à voter concilie trois
objectifs vitaux : le premier est de réduire la dépense publique, le deuxième
est de réduire le déficit public, le troisième est d'alléger le poids de
l'impôt.
« C'est dire si ce budget est exemplaire pour assurer le redressement de la
France et contribuer à l'emploi.
« Ce qu'il faut maintenant, c'est que tous nos compatriotes se mobilisent.
« Je confirme que, sur le plan macroéconomique, les indications sont
encourageantes.
« Les hypothèses de croissance en 1997 seront de 2,3 %. Nous avons aujourd'hui
un faisceau d'indications qui confirment ces bonnes perspectives. »
Etait-ce la fièvre du vote au dernier soir de la discussion budgétaire ? Le
discours est étonnant !
Toujours est-il que la vision optimiste que M. le ministre de l'économie et
des finances prodiguait à notre Haute Assemblée a difficilement résisté à
l'épreuve des faits.
Pour ce qui est de la réduction de la dépense publique, pas de problème ! Vous
auriez souhaité encore plus d'audace dans ce domaine, mesdames, messieurs de la
majorité sénatoriale.
Dès janvier, un exercice bien connu, celui de la régulation budgétaire,
tournant le dos au droit même du Parlement de fixer le niveau des recettes et
des dépenses publiques, mettait un terme, à hauteur d'environ 20 milliards de
francs, à toute nouvelle orientation budgétaire.
En ce qui concerne la réduction des déficits publics, en revanche, cela s'est
sérieusement gâté !
Regardons les faits. Sans l'adoption, contre l'avis de la majorité du Sénat,
arc-boutée sur sa défense idéologique des intérêts du capital, du texte de loi
portant mesures d'urgence à caractère fiscal et financier, nous ne serions pas
dans la situation la plus idéale.
Le produit de l'impôt sur le revenu est, dans ce collectif, inférieur encore
de près de 2 milliards de francs à celui qui avait été inscrit en loi de
finances initiale.
Il faudrait d'ailleurs nous dire, monsieur le secrétaire d'Etat, pour quelles
raisons cette évaluation de l'impôt sur le revenu est encore revue à la
baisse.
Est-ce la permanence d'un niveau global de salaires sans commune mesure avec
la réalité des capacités financières des entreprises ?
Est-ce une conséquence du gel des rémunérations des agents du secteur public
?
Est-ce une nouvelle progression du coût de certains dispositifs fiscaux comme
l'avoir fiscal, dont la progression est constante et suit assez précisément
celle des dividendes versés ?
Peut-être est-ce un peu de tout cela qui explique la tendance à la baisse.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Peut-être est-ce parce que les contribuables se
sauvent !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
S'agisant de la taxe sur la valeur ajoutée, son produit net est en baisse
sensible par rapport aux prévisions. Le montant de recettes non encaissées
atteint en effet 15,2 milliards de francs, soit l'équivalent d'un demi point de
TVA.
Faut-il voir là un effet d'une évolution erratique de la consommation ou
l'effet pervers d'une croissance tirée par les exportations et qui souffre de
l'atonie du marché intérieur ?
Est-ce que, tout simplement, les consommateurs ne finissent pas par remettre
certains achats - je pense, par exemple, aux automobiles - uniquement parce que
la TVA pèse trop lourd dans le prix des biens et services ?
A ce propos, monsieur le secrétaire d'Etat, je veux revenir sur la fixation du
taux de la TVA sur le chocolat. L'époque me semble t-il, s'y prête !
Au cours du débat sur la loi de finances pour 1998, vous avez refusé de fixer
ce taux à 5,5 %, comme le propose notre collègue M. Barbier dans une
proposition adoptée à l'unanimité de la commission des finances. Il faudrait,
monsieur le secrétaire d'Etat, que le Gouvernement soit moins obstiné. Le
chocolat est un produit de consommation courante ; toutes les familles de
France sont concernées.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Surtout à cette période de l'année !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
A l'encontre de cette disposition, vous ne pourriez pas opposer l'Europe,
puisque celle-ci serait « eurocompatible ». Tout le monde est favorable à cet
abaissement de la TVA.
Le geste que nous demandons serait un beau cadeau de fin d'année dont vous
seraient reconnaissants les nombreux amateurs de ce produit, dont les qualités
ne sont plus à prouver.
Vous nous avez répondu que le coût budgétaire serait de trois milliards de
francs. De 1986 à 1996, la consommation de chocolat s'est accrue de 50 %. Avec
une TVA de 5,5 %, de combien la consommation aurait-elle pu s'élever ? Ne
pensez-vous pas que l'accroissement de la consommation compenserait une bonne
partie du coût de cette mesure, de ces trois milliards de francs ? Je vous fais
observer également que des concurrences fortes se manifestent avec des produits
importés de pays tiers ou d'Europe pratiquant un taux de TVA bien inférieur au
nôtre.
La baisse du taux de la TVA sur le chocolat serait ainsi un élément de
croissance pour la production nationale, et donc une mesure favorable à
l'emploi.
Je vous fais, enfin, observer que, parmi tous les débouchés importants de
sucre surtaxés, seuls le chocolat et la confiserie, d'une part, et les boissons
spiritueuses, d'autre part, sont encore à un taux de 20,6 %.
Nous sommes, dans ce domaine, « euro-anachroniques ». Il suffit de comparer
les taux avec d'autres pays. Ils s'élèvent en Suisse à 2 %, en Belgique et aux
Pays-Bas à 6 %, en Allemagne et en Espagne à 7 %, en Grèce à 8 %, en Italie et
en Autriche à 10 %, au Portugal, en Finlande et au Royaume-Uni à 17 %.
Il ne faut donc pas prétendre que baisser le taux de TVA réduirait les
recettes. Ce serait même tout le contraire.
Le mouvement de baisse relevé pour la TVA affecte aussi le produit de la taxe
intérieure sur les produits pétroliers. Cela montre que fonder un équilibre
budgétaire sur la perception d'impôts frappant la consommation est
définitivement un mauvais choix.
La modernité de la TVA, que vantent certains, ne résiste manifestement pas à
l'épreuve des faits et éloigne, en particulier, notre pays de la voie du
redressement des comptes publics.
Sans le MUFF, je l'ai dit, nous serions sans doute confrontés à un déficit de
plus ou moins 300 milliards de francs. Et on peut penser, messieurs de la
majorité, que, si vous aviez conservé la responsabilité des affaires, vous
auriez encore frappé beaucoup plus fort pour réduire dépenses publiques,
consommation, production et emplois.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Mais pas sur le chocolat !
(Sourires.)
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je me permets de rappeler ici que, pour ce qui nous concerne, nous ne sommes
pas partisans de la réduction des déficits publics pour faciliter l'entrée de
notre pays dans le carcan de l'Union économique et monétaire. Cette mesure est
trop grave pour le développement de la production.
Nous sommes, en revanche, partisans d'une réduction du déficit qui passe par
une réforme de la fiscalité et qui permette dans les faits de libérer le
salarié et le consommateur du poids des prélèvements qu'on lui fait subir, au
seul profit de ceux que leurs facultés contributives devraient pourtant
permettre de solliciter un peu plus.
Le poids des déficits lie notre pays à la loi des marchés financiers, alors
même que l'Etat se doit, d'abord, dans son intervention, de répondre aux
besoins de la collectivité nationale et de nos compatriotes.
Quant à la réduction du poids de l'impôt, nous avons déjà dit ce qu'il en
était.
Dès la discussion de la loi de finances initiale, nous avions souligné que,
contre toute logique, c'étaient les revenus les plus élevés et les entreprises,
pourtant en excellente santé financière, qui bénéficiaient des allégements
d'impôts, tandis que les salariés et les familles modestes subissaient la
baisse de la décote, le gel des prestations sociales ou encore la hausse de la
TVA et des prélèvements sociaux les plus injustes.
La démonstration en a été abondamment faite ; il ne me semble pas utile d'y
revenir.
C'est donc un collectif fortement marqué par les conséquences des choix
politiques et idéologiques d'il y a un an et insuffisamment corrigé par le
budget actuel que l'on nous propose aujourd'hui d'examiner.
Il a en effet fallu corriger à la fois les sous-estimations de dépenses et les
surestimations de recettes du texte initial pour parvenir au solde - encore
préoccupant - qui apparaît dans l'article d'équilibre.
Les mesures de la première partie du collectif appellent plusieurs
observations.
Nous pouvons d'emblée souligner que le fait que ce collectif ne soit discuté
qu'en fin d'année pèse incontestablement sur les mesures qui l'accompagnent.
S'agissant de la première partie, donc, nous tenons à souligner notre position
de principe.
Nous ne sommes pas partisans des prélèvements autoritaires dans ce que l'on
appelle, à tort ou à raison, les « trésoreries dormantes » pour solder les
comptes de l'Etat.
Nous estimons même que l'Etat devrait, plus tôt dans l'année, recourir à la
procédure de la loi de finances rectificative et mettre notamment en oeuvre des
dispositions fiscales destinées à ajuster les comptes.
C'est ainsi que nous ne considérons pas positivement les prélèvements
effectués dans le cadre de ce collectif sur les fonds de la caisse de garantie
du logement social et sur ceux de l'Institut national de la propriété
industrielle.
Nous aurons l'occasion de réaffirmer, comme nous avons eu l'occasion de le
faire par le passé à MM. Juppé, Balladur, Alphandéry, Sarkozy ou Arthuis, notre
désaccord sur ces prélèvements autoritaires qui finissent pas s'apparenter à de
la spoliation.
S'agissant des dispositions de la deuxième partie, vous me permettrez
d'indiquer dès à présent que certaines d'entre elles appelleront, le moment
venu, des observations de notre groupe.
Je pense, en particulier, à l'article relatif à la répartition de la redevance
audiovisuelle, à celui qui concerne la distribution des titres France Télécom
ou encore à celui qui a trait à la participation de l'Etat au plan de
redressement du Groupe des assurances nationales.
Permettez-moi, sur ce point, de rappeler que nous ne sommes pas convaincus que
les difficultés du GAN-CIC soient uniquement et indissolublement liées au fait
que le groupe d'assurances est une entreprise publique.
D'aucuns tirent en effet prétexte des révélations sur la situation critique du
groupe pour tirer à boulets rouges sur l'actionnariat public dans le secteur
concurrentiel, en rappelant à l'envi le cas du Crédit lyonnais ou celui du
Crédit foncier.
Je me dois de rappeler que, dès lors que le dispositif des prêts aidés pour
l'accession à la propriété, les PAP, a été anéanti par le plan Périssol, on a
créé les conditions des difficultés du Crédit foncier.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La disparition des PAP avait été annoncée avant !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Quant à l'affaire du Crédit lyonnais, force est de constater que les erreurs
de gestion de Jean-Yves Haberer ont été couvertes, ne l'oublions pas, par les
commissaires du gouvernement de l'époque, dont certains sont promis, selon
toute vraisemblance, à un bel avenir !
Soulignons aussi que, pendant que le Consortium de réalisation accomplit ses
missions - sans être exempt de critiques sur la valeur de cession de certains
des actifs cantonnés - il est d'autres établissements financiers ou compagnies
d'assurances privées ou privatisées qui épongent comme elles peuvent des dettes
importantes et s'assoient sur des créances immobilières particulièrement
importantes.
J'observe d'ailleurs que M. Arthuis avait trouvé une solution à ce problème en
remettant en cause le décret de 1937 sur les banques et en approuvant
l'attitude de l'Association française des banques visant à dénoncer la
convention collective de la profession.
Qui aurait imaginé en 1986 qu'Indosuez deviendrait un jour une filiale du
Crédit agricole ?
Et que dire de la situation de Paribas ?
On pourrait en la matière multiplier les exemples attestant que la logique
spéculative qui a gangrené la place de Paris pendant plusieurs années au début
des années quatre-vingt-dix est encore aujourd'hui d'un effet dévastateur sur
la situation même de nos établissements financiers et de nos compagnies
d'assurances.
S'il en fallait une preuve, ne viendrait-elle pas de ce subit désir de
nombreuses filiales immobilières de nos compagnies d'assurance, banques et
compagnies financières, de se délester de logements occupés par des locataires
modestes ou issus des classes moyennes pour réaliser un actif utilisable pour
amortir le poids des provisions sur actifs douteux ?
On dit ainsi que 10 000 logements, qui n'appartiennent pas au parc HLM mais
qui ont bénéficié, pour leur construction, de financements publics, seraient
concernés par ce processus !
Nous ne sommes donc pas convaincus du caractère néfaste de l'actionnariat
public, mais bien plutôt du caractère néfaste de stratégies d'entreprise qui
privilégient les coups spéculatifs plutôt que le développement de la société
dans son ensemble.
Les mesures portant annulations, ouvertures et transferts de crédits
appelleront le moment venu nos observations.
Je me permets simplement de souligner que, en ce qui nous concerne, la logique
du redéploiement rencontre vite ses limites en matière de régulation
budgétaire.
Nous estimons même que, si l'on peut interpréter comme positive l'ouverture de
crédits indispensable au bon fonctionnement des services publics - je pense par
exemple à la réembauche des maîtres auxiliaires - ou que l'on peut saluer
l'ouverture des crédits nécessaires à la signature des premiers contrats
emplois-jeunes, on ne peut que regretter que de nombreux crédits d'intervention
soient corrigés par des mesures d'annulation, ce qui illustre fort souvent des
problèmes d'exécution budgétaire qu'il faudra bien un jour résoudre par un
contrôle plus régulier, voire plus permanent.
Nous pensons en particulier que, en matière de dépenses du titre IV comme du
titre VI, on doit s'interroger sur la pertinence du processus des financements
croisés dès lors que le niveau des engagements de l'Etat se révèle, dans de
nombreux cas, largement insuffisant pour déclencher le mécanisme de
l'utilisation des ressources.
Il importe à notre sens, dans le cadre d'une véritable rénovation de la
discussion budgétaire, de mettre en place les conditions d'une optimisation de
l'intervention publique dans tous les domaines.
C'est là une des voies à explorer pour la satisfaction des besoins du pays, en
vue notamment de mobiliser les énergies pour répondre aux aspirations des
Français.
Nous aurions voté ce collectif budgétaire, bien qu'il présente encore, à notre
avis, des insuffisances, s'il n'était pas promis à être profondément transformé
par la majorité sénatoriale.
Dans ces conditions, nous serons donc dans l'obligation de rejeter le texte
tel qu'il ressortira des travaux de la Haute Assemblée.
M. Philippe Marini.
Ne préjugeons pas ! Attendons de voir !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, je veux répondre brièvement aux
trois orateurs qui se sont exprimés.
M. Massion a, me semble-t-il, parfaitement résumé la situation.
(Sourires
sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
« Parfaitement » !
M. Michel Caldaguès.
On s'en doute !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
C'est un bon cru ! On ne peut pas faire compliment
plus juste et plus sincère.
Dans son remarquable exposé, M. Massion a insisté sur un certain nombre de
points que je reprendrai.
J'évoquerai la soulte de France Télécom, dont nous ne parlons plus mais qui,
en 1997, a été bien utile au gouvernement précédent pour boucler un exercice
déjà périlleux.
M. Massion a également relevé la surévaluation des recettes. A cet égard, dans
l'excellente chronologie de M. le rapporteur général, qu'il a fait débuter au
mois de mars par un gel, je dois dire qu'il a oublié - par inadvertance sans
doute - qu'au mois de janvier, à peine achevé le débat budgétaire, le
gouvernement précédent avait décidé de réviser à la baisse les recettes
fiscales, notamment celles qui résultent de la TVA. Or c'est par rapport à ces
recettes fiscales révisées à la baisse que l'exécution du budget de 1997 se
fait avec une parfaite régularité.
M. Michel Caldaguès.
Monsieur le secrétaire d'Etat, ne jurez de rien, les temps sont durs !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je ne jure de rien, monsieur le sénateur ! Je constate
simplement que, dès le mois de janvier dernier, les recettes fiscales avaient
été révisées de 15 milliards de francs à la baisse.
Je répondrai maintenant à Mme Beaudeau qui a exprimé son soutien vigilant au
collectif budgétaire présenté par le Gouvernement.
Je m'attarderai peut-être quelque peu sur le taux de TVA applicable au
chocolat - question sérieuse et en même temps de saison.
(Sourires.)
Une partie seulement du chocolat et des autres produits de confiserie est
taxée au taux de 20,6 %. Le chocolat noir - qui est délicieux, mais qui n'est
pas forcément le produit préféré de nos enfants - est taxé au taux de 5,5 %
quand sa composition respecte un certain nombre de conditions.
Madame Beaudeau, vous avez souligné à juste titre que le passage au taux
réduit de TVA à 5,5 % était eurocompatible.
Je ne peux que vous répéter l'argument que j'ai déjà avancé devant la Haute
Assemblée : le coût serait de l'ordre de 2,5 milliards de francs et non de 3
milliards de francs. Or ce coût n'est pas facile à supporter dans le cadre du
collectif pour 1997 ou même du budget pour 1998.
Cela dit, vous avez remarqué, madame le sénateur, que nous avons déjà, dans le
budget pour 1998, fait des pas vers une diminution de la TVA, notamment en ce
qui concerne les travaux de réhabilitation et de gros entretiens des logements
sociaux, mais également, par un canal indirect, pour les travaux de
réhabilitation et de gros entretiens réalisés par les particuliers, locataires
ou propriétaires, dans leur maison.
Nous nous orienterons donc vers une diminution des taux de TVA, qui avaient
particulièrement augmenté en 1995, lorsque la situation de nos finances
publiques le permettra.
Vous avez dit que le secteur public n'avait pas le monopole des déficits. Il
est clair, en ce qui concerne l'immobilier, que si le GAN, par sa filiale UIC,
a subi une perte de l'ordre de 30 milliards de francs, sur laquelle nous aurons
l'occasion de revenir, dans le groupe des institutions financières qui ont
perdu plus de 10 milliards de francs sur l'immobilier, on compte également
Suez, Paribas, la Société générale et la banque Pallas-Stern, qui, d'ailleurs,
y a laissé sa vie.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Dans ces cas, ce ne sont pas les contribuables qui
paient !
M. Philippe Marini.
Pour la Société générale, c'est beaucoup moins !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Non, pour la Société générale c'est un peu plus de 10
milliards de francs !
M. Philippe Marini.
Qui ne coûtent rien aux contribuables !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Mais, compte tenu de son bilan, c'était aisément
supportable.
J'en arrive aux propos de M. Marini que j'ai pris comme des critiques. En
utilisant l'expression « vision idéale », je pense qu'il avait commencé - comme
l'a dit M. Strauss-Kahn - par un compliment ; s'il avait dit « idéaliste »,
j'avoue que j'aurais été inquiet mais il a dit « idéale ». Nous ne prétendons
pas réconcilier l'idéal et le réel, bien que Jaurès ait dit des choses
immortelles en la matière.
Plus sérieusement, monsieur Marini, la conjoncture dont vous avez parlé
n'était pas inattendue. Mme Beaudeau a rappelé que M. Arthuis avait prévu une
croissance de 2,3 % pour l'année 1997, qui va d'ailleurs, grosso modo, se
réaliser.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Oui !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement actuel n'a donc pas bénéficié d'une
aubaine imprévue s'agissant de la conjoncture. La conjoncture - une fois n'est
pas coutume - a été celle qui avait été prévue.
Vous avez parlé des 7 milliards de francs de moindres dépenses des services de
la dette. Je rappelle qu'en 1996 le gouvernement précédent avait bénéficié
d'une économie comparable de 6,4 milliards de francs.
Vous avez, vous aussi, monsieur Marini, le goût des références historiques, et
vous avez notamment mentionné l'année 1988. Il est rare qu'on remonte aussi
loin...
Je voudrais rappeler que le déficit de l'Etat a été diminué de 125 milliards
de francs en 1988, soit 2,2 % du PIB, à 93 milliards de francs en 1990, soit
1,3 % du PIB. Il me semble donc que votre référence en la matière est un peu
audacieuse.
M. Philippe Marini.
Il faudra qu'on en reparle !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
On en reparlera si vous le souhaitez !
Vous avez également évoqué les 24 milliards de francs de recettes
supplémentaires.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
C'est vrai !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je ne peux que répéter ce qu'a déjà dit M.
Strauss-Kahn : il ne s'agit pas de recettes supplémentaires ; ce sont des
recettes de compensation des insuffisances - qui avaient été constatées dès le
mois de janvier dernier - d'impôts d'Etat de l'ordre de 15 milliards de francs.
Sans les mesures prises dans le MUFF, auxquelles M. le rapporteur général a
fait allusion, il nous aurait manqué 15,7 milliards de francs sur l'année
1997.
Ce sont donc des recettes à la place de recettes annoncées mais qui ne sont
pas concrétisées pour l'Etat. Il en est de même pour la sécurité sociale. Il
n'y a donc pas eu d'accroissement des prélèvements obligatoires ni en
pourcentage ni même en niveau.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Des comptes sociaux !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Vous vous êtes inquiété du budget de la défense. Je
rappelle tout de même que l'Etat a affecté 3,7 milliards de francs à GIAT
Industries. Cette somme était attendue depuis longtemps pour permettre à ce
groupement de reprendre un peu son souffle.
M. Philippe Marini.
Pour pallier des erreurs de gestion !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je dois reconnaître, monsieur Marini, que vous avez
fait preuve d'une grande imagination en ce qui concerne notre arme nucléaire.
Je peux vous dire d'une façon assez solennelle, car il s'agit là d'un sujet
dont on ne peut pas parler d'une façon trop allusive, que l'indépendance de
notre pays n'est en rien mise en cause, ni par le collectif pour 1997 dont je
vous ai montré qu'au total il était bénéfique à la défense contrairement à
celui de 1996, ni par le projet de loi de finances pour 1998.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Monsieur le secrétaire d'Etat,
me permettez-vous de vous interrompre ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je vous en prie.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des finances, avec
l'autorisation de M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Monsieur le secrétaire d'Etat,
tout à l'heure, vous avez fait référence à la possibilité pour le gouvernement
précédent de boucler son budget 1997 à partir d'une soulte de France Télécom.
Reconnaissez que vous, vous avez pu boucler votre budget en raison d'une
économie excessive sur le budget de la défense nationale de l'ordre de 9
milliards de francs !
Je souhaite qu'une telle économie ne se renouvelle pas l'an prochain. Par
conséquent, vous avez bien amputé fortement, c'est-à-dire à hauteur de 9
milliards de francs, les crédits de la défense nationale.
M. Philippe Marini.
Très bien !
M. le président.
Veuillez poursuivre, monsieur le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je voudrais signaler à M. le président de la
commission des finances qu'il y a, d'une part, l'année 1997 et, d'autre part,
l'année 1998. En l'occurrence, nous parlons du collectif pour 1997 et, au
total, entre les annulations de crédits et les ajouts, c'est-à-dire le
financement des opérations extérieures, la prise en charge du coût financier
d'un contentieux relatif aux services rendus par les gendarmes sur les
autoroutes, qui avait été promise par le gouvernement précédent mais non
financée, et les crédits de GIAT Industries, dont j'ai parlé, le budget de la
défense pour 1997 est
grosso modo
très proche de celui qui avait été
initialement voté.
En 1998, et nous avons eu longuement l'occasion d'en débattre, une économie a
été faite sur les prévisions d'investissement du budget militaire. M. le
ministre de la défense s'est exprimé sur ce point avec beaucoup plus de talent
que moi, mais les économies proposées ne remettent en cause ni la force de
frappe ni la professionnalisation de nos armées, que M. Marini a qualifiée, à
très juste titre, de révolution.
Le pari, pris en s'appuyant sur les constatations de la Cour des comptes,
c'est que l'on peut, avec moins de crédits en autorisations de programme,
engager à peu près les mêmes dépenses effectives dans le domaine des
investissements militaires. Nous verrons ce qu'il en sera à la fin de l'année
1998.
Par ailleurs, monsieur Marini, vous avez fait allusion aux contrats
Boli-Bravo. A cet égard, il faut distinguer les produits financiers de la marge
bénéficiaire industrielle de la Direction des constructions navales. La
totalité des bénéfices industriels de ce contrat a été conservée par cet
établissement, ce qui signifie que l'incitation à conclure des contrats
bénéficiaires n'a été en rien réduite.
Je ne parle pas des mesures additionnelles qui ont été prises. Ce qui est en
cause, ce sont les produits financiers réalisés sur ces contrats. Les produits
industriels, eux, sont donc intégralement gardés par la DCN, l'Etat ne
récupérant que les produits financiers, ce qui est tout à fait légitime.
A propos de la Caisse de garantie du logement social, la CGLS, vous avez dit
qu'il y avait un paradoxe en la matière. Il est clair - le Gouvernement l'a
fait dès 1997 avec le décret d'avance et l'a poursuivi en 1998 - que le
logement social est une priorité absolue. Ce dont il s'agit là, c'est d'un
prélèvement sur un encours dont la CGLS dispose ; et dont l'Etat estime que si
cet encours est réduit de 2 milliards de francs, le rôle de garantie de cette
caisse ne sera pas affecté.
Si, par hasard, au cours de l'année 1998, on constate qu'il y a des
difficultés, l'Etat s'engage à maintenir la pérennité des garanties qui sont
apportées aux organismes de logements sociaux.
Je pense donc que vos inquiétudes en la matière sont mal fondées.
S'agissant des transporteurs, je ne ferai pas de comparaison qui, à mon avis,
serait cruelle pour certains, entre le conflit de 1996 et le conflit de
1997.
Le conflit de 1997 a été dû à des promesses qui avaient été faites il y a un
an et qui n'ont pas été tenues. Or le Gouvernement, pour résoudre ce problème
dans des délais plus courts que l'année précédente et, certainement, de façon
plus favorable, a su concilier la fermeté et le dialogue. La mesure qui vous
est proposée est de ce point de vue tout à fait justifiée.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Est-elle compensée ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Puisqu'elle figure dans la loi de finances, c'est bien
qu'elle est compensée, donc prise en compte par l'Etat comme toujours lorsque
sont en jeu des dégrèvements d'impôts locaux. Je vous remercie, monsieur le
président de la commission de m'avoir donné l'occasion d'apporter cette
précision à M. Marini.
J'en viens aux entreprises publiques. Je voudrais sur ce point, puisque nous
nous battons sur les chiffres, comparer deux périodes homogènes, c'est-à-dire
des périodes pendant lequelles la même majorité a exercé des responsabilités.
En 1994, 1995 et 1996, au total, les résultats nets consolidés du secteur
public ont été négatifs de 47 milliards de francs. Pendant la période
précédente, tout aussi homogène, c'est-à-dire les années 1989, 1990, 1991 et
1992, les résultats nets consolidés du secteur public ont été positifs de 46
milliards de francs.
Sans en tirer de conclusions excessives, reconnaissez, messieurs les
sénateurs, que, entre 1989 et 1992, l'excédent était de 46 milliards de francs
alors qu'entre 1994 et 1996 la perte s'élevait à 47 milliards de francs. En
cette matière, il convient donc de garder le sens de la mesure !
(M. Philippe Marini s'exclame.)
J'en viens à la fiscalité de l'épargne, notamment à la question de
l'assurance-vie. La Haute Assemblée a eu la primeur d'un débat portant sur la
façon dont les contrats d'assurance-vie pourraient être ouverts aux détenteurs
d'actions, puisque M. Loridant a proposé un amendement en ce sens qui a été
longuement débattu et auquel le Gouvernement a apporté son soutien.
Il me semble que la démocratie a été parfaitement respectée et que la Haute
Assemblée a plutôt été honorée, puisque c'est en son sein que le débat a
commencé...
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Mais vous l'avez refusé, cet
amendement, monsieur le secrétaire d'Etat !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Non ! Le Gouvernement a émis un avis favorable sur
l'amendement de M. Loridant. La Haute Assemblée n'a pas voulu l'adopter ! C'est
son choix !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Elle n'a pas voulu être en contradiction avec
elle-même !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
C'est son choix souverain, et je respecte tout à fait
son vote !
Je veux dire simplement que le débat démocratique sur la façon d'incorporer
davantage d'actions dans les contrats d'assurance-vie a été initié devant la
Haute Assemblée.
Vous avez parlé, monsieur Marini, de moment de vérité à propos de l'euro. Nous
avons effectivement vécu un moment de vérité, c'était au mois de juillet, au
moment où la France était en train de diverger de la cible qu'il faut
atteindre.
L'action du Gouvernement, que je ne veux ni surestimer ni sous-estimer non
plus, a remis notre pays au coeur de l'euro, ce dont nous pouvons tous nous
réjouir.
Je crois que notre pays est prêt, et je pense qu'il jouera, au sein du conseil
de l'euro, dont le Conseil de Luxembourg a décidé la création, et dans l'Europe
du xxie siècle le rôle central qui doit être le sien.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président.
Nous passons à la discussion des articles.
PREMIÈRE PARTIE
CONDITIONS GÉNÉRALES
DE L'ÉQUILIBRE FINANCIER
Article 1er
M. le président.
« Art. 1er. _ I. _ L'article 231
bis
N du code général des impôts est
complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Il en est de même des rémunérations versées aux salariés embauchés en
application des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18 du code du
travail. »
« II. _ Les dispositions du I sont applicables à compter de l'entrée en
vigueur de la loi n° 97-940 du 16 octobre 1997 relative au développement
d'activités pour l'emploi des jeunes. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er.
(L'article 1er est adopté.)
Articles 2 et 3
M. le président.
« Art. 2. _ Par dérogation au II de l'article 62 de la loi de finances pour
1979 (n° 78-1239 du 29 décembre 1978), le produit des placements de la
trésorerie excédentaire de la partie du contrat dénommé "Bali-Bravo"
confiée à la direction des constructions navales sera reversé en totalité au
budget général de l'Etat. Les produits constatés à la date du 31 décembre 1997
pourront être reversés dès la livraison de la sixième et dernière frégate.
« Le solde du résultat dégagé au titre du contrat précité restera affecté en
totalité au compte de commerce n° 904-05 "Constructions navales de la
marine militaire". » -
(Adopté.)
« Art. 3. _ Il est institué, pour 1997, au profit du budget de l'Etat, un
prélèvement exceptionnel de 150 millions de francs sur les réserves de
l'établissement public d'aménagement de la ville nouvelle de
Saint-Quentin-en-Yvelines. » -
(Adopté.)
Article 4
M. le président.
« Art. 4. _ Il est institué, pour 1997, au profit du budget de l'Etat, un
prélèvement exceptionnel de 2 milliards de francs sur les réserves du fonds de
garantie géré par la Caisse de garantie du logement social.
« Toutefois, ce prélèvement fera l'objet d'un remboursement, dans la limite de
2 milliards de francs, au cas où l'équilibre financier de la Caisse de garantie
du logement social ne lui permettrait pas de faire face à ses engagements. »
Sur l'article, la parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
L'article 4 du projet de loi de finances rectificative pour 1997 prévoit
d'opérer une ponction de 2 milliards de francs sur les réserves du fonds de
garantie géré par la Caisse de garantie du logement social, la CGLS. Le
Gouvernement justifie cet article en considérant que le montant du fonds de
garantie, qui représente 3,4 milliards de francs au 31 décembre 1997, est très
supérieur aux besoins correspondant à la garantie des prêts.
Monsieur le secrétaire d'Etat, l'union des HLM ne semble pas en être aussi
certaine que vous. Pourtant, en 1997, les subventions devraient s'élever à 250
millions de francs alors qu'elles n'étaient que de 180 millions de francs
annuellement jusqu'à cette année.
Toutefois, les besoins de ce fonds pourraient s'élever à 1,2 milliard de
francs sur les deux années à venir, en raison d'un certain nombre de dossiers
lourds dont le traitement a pris du retard et qui, malheureusement, n'ont
toujours pas été pris en compte.
Nous estimons que tout prélèvement de fin d'année dans les caisses de tels
organismes n'est pas une bonne chose. La direction du Trésor fait
traditionnellement endosser par la majorité du moment la responsabilité de tels
prélèvements sans prêter un grand intérêt à leurs conséquences économiques et
sociales.
C'est la raison pour laquelle nous voudrions attirer l'attention du
Gouvernement sur ce prélèvement que nous considérons comme inapproprié et
dommageable.
Je voudrais revenir rapidement sur l'origine et le rôle de ladite caisse.
Créée en 1995, la CGLS est un établissement public national à caractère
administratif, doté de l'autonomie financière. Elle a trois fonctions : le
financement du logement, la garantie des prêts accordée par la Caisse des
dépôts et consignations et l'aide aux organismes en difficulté. Aujourd'hui, la
CGLS n'exerce que les deux dernières fonctions. Le rôle majeur de la Caisse est
d'aider à la construction de logements. Lui retirer une partie de ses
financements, c'est lui ôter une marge de manoeuvre importante.
Le niveau élevé du fonds de garantie s'explique par le fait que la Caisse
utilise ses disponibilités pour dégager des produits financiers, ces ressources
étant nécessaires pour contribuer au financement des aides versées aux
organismes en difficulté.
Vous avez redit, monsieur le secrétaire d'Etat, que le logement était, avec
l'emploi, l'une des priorités du Gouvernement. Il nous semble que ce
prélèvement est loin d'en apporter la preuve, à moins qu'il ne soit
l'équivalent de la hausse des crédits du budget du logement que nous avons
votés il y a une semaine.
Nous espérons qu'il s'agit de notre part d'une extrapolation. Nous aurions
cependant vivement préféré que la trésorerie considérée comme dormante par
nombre de financiers devienne, grâce à des mesures législatives ou
réglementaires, productive.
Il n'est nul besoin de démontrer les difficultés des organismes d'HLM. Mais ce
prélèvement pénalisera les collectivités locales qui ont fait oeuvre de
solidarité vis-à-vis des personnes les plus défavorisées, celles qui ne peuvent
pas payer régulièrement leur loyer.
Ces réflexions enrichissent le débat nécessaire pour un renouveau de la
politique du logement social.
Le groupe communiste républicain et citoyen souhaite que le Gouvernement ne
règle pas cette question sans envisager l'ensemble des difficultés du secteur
du logement social. Il souhaite en effet une mise à plat de cette politique du
logement.
Seule cette mise à plat permettrait d'avoir une vue d'ensemble et de ne pas
commencer ce débat en ne prenant que des demi-mesures qui vont, je crois, à
l'encontre des intérêts des locataires les plus en difficulté.
Voilà pourquoi, monsieur le secrétaire d'Etat, nous ne voterons pas cet
article et nous soumettrons à la Haute Assemblée un amendement de
suppression.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
J'aurai l'occasion de répondre plus longuement à Mme
Beaudeau lorsque nous en arriverons à la discussion des amendements n°s 25 et
31 qu'elle a déposés sur l'article 4.
Je voudrais simplement lui dire que ce dispositif n'est pas issu de
l'imagination d'une administration mais qu'il a été retenu par le Gouvernement
parce que, comme je le justifierai tout à l'heure, le fonds de garantie du
logement social conservera les moyens d'apporter pleinement son soutien aux
prêts accordés aux organismes d'HLM dont l'encours est de l'ordre de 19
milliards de francs.
Selon moi, le logement social n'est en rien mis en cause par ce prélèvement
sur la trésorerie du fonds de garantie géré par la CGLS.
M. le président.
Je suis saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 25, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent de supprimer l'article 4.
Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° 4 est présenté par M. Lambert, au nom de la commission.
L'amendement n° 31 est déposé par Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux visent à supprimer le second alinéa de l'article 4.
Enfin, par amendement n° 5, M. Lambert, au nom de la commission, propose de
compléter cet article par un alinéa ainsi rédigé ;
« Avant le dépôt de projet de loi de finances initiale pour 1999, le
Gouvernement présentera au Parlement un rapport sur les conditions d'une
affectation de la contribution prévue à l'article 302
bis
ZC du code
général des impôts au fonds de garantie de la Caisse de garantie du logement
social. »
La parole est à Mme Beaudeau, pour présenter l'amendement n° 25.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
J'ai déjà défendu cet amendement dans mon intervention sur l'article 4.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° 4.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances ne souscrit pas à l'idée
de supprimer l'article 4.
En revanche, elle propose d'en supprimer le second alinéa qui, à son avis,
laisse planer une double ambiguïté non souhaitable.
D'une part, le prélèvement opéré par l'article 4 est définitif. On n'équilibre
pas le budget de l'Etat avec des recettes qu'il faudrait éventuellement
rétrocéder par la suite. D'autre part, en limitant à 2 milliards de francs le
reversement éventuel, cet article laisse penser que la garantie de l'Etat à la
CGLS pourrait n'être que partielle.
Selon la commission des finances - et je pense, monsieur le secrétaire d'Etat,
que vous partagez ce point de vue - l'Etat doit rester, en dernier ressort, le
garant du service public du logement social, comme il en définit les options et
les modalités de financement.
La modification apportée par l'Assemblée nationale est donc, au mieux, sans
portée. En tout état de cause, l'Etat reste le garant en dernier ressort des
crédits affectés au logement social, ainsi que des fonds d'épargne, ce qui est
le double aspect d'une même mission.
Au pire, cette modification introduit une double incertitude, à la fois sur
les recettes de l'Etat et sur son rôle de garant.
Tel est l'esprit de l'amendement.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau, pour défendre l'amendement n° 31.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Il s'agit d'un amendement de repli. Il vise à apporter une garantie à la
Caisse de garantie du logement social au cas où le prélèvement de 2 milliards
de francs sur la trésorerie du fonds de garantie serait opéré.
La CGLS est un établissement public national à caractère administratif, ce
qui, juridiquement, contraint l'Etat à équilibrer ses comptes.
Or le second alinéa de l'article 4 de la loi de finances rectificative prévoit
que le remboursement de l'Etat serait plafonné à 2 milliards de francs au cas
où l'équilibre financier de la caisse ne lui permettrait pas de faire face à
ses engagements.
Ce second alinéa résulte de l'adoption d'un amendement du président de la
commission des finances de l'Assemblée nationale ayant pour objet d'accorder
une contre-garantie de 2 milliards de francs à la CGLS.
Toutefois, comme je le disais, la loi prévoit initialement que l'Etat doit
équilibrer sans limitation de montant les comptes des établissements publics
administratifs. Le second alinéa qui nous est proposé restreint donc les
devoirs de l'Etat. Aussi, je vous demande d'adopter cet amendement n° 31, qui a
pour objet de supprimer cet alinéa.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° 5.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances considère que les
collectivités locales sont trop souvent seules à assumer le risque du crédit
aux HLM.
La CGLS doit donc développer son rôle d'appui, à la fois dans la prise de
risque et aussi comme conseil et ingénieur financier des collectivités locales
qui assument ce risque.
Pour développer cette mission, comme la mission de prévention des difficultés
des organismes, il est nécessaire que la CGLS s'appuie sur des ressources
pérennes qui proviennent du secteur des HLM.
C'est pourquoi la commission des finances s'associe à la proposition
d'affecter la recette tirée de la contribution dite taxe sur le supplément de
loyer de solidarité à la CGLS. Elle permettrait d'augmenter les marges de
manoeuvre de cette caisse.
La commission des finances propose donc cette affectation. Parfaitement
consciente de la limite de son amendement au regard de l'ordonnance portant loi
organique, elle attend d'entendre le Gouvernement pour prendre une décision.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 25, les amendements
identiques n°s 4 et 31 et sur l'amendement n° 5 ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement, je l'ai dit tout à l'heure, est
défavorable à l'amendement n° 25.
Il est favorable aux amendements identiques n°s 4 et 31 de la commission et de
Mme Beaudeau.
Il considère que l'amendement n° 5 est prématuré. Certes, une réflexion devra
avoir lieu sur la pérennité du financement de la Caisse de garantie du logement
social, mais cet amendement n'a pas sa place aujourd'hui. J'y suis donc
défavorable.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 25.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Notre amendement de suppression de l'article 4 trouve, dans les faits, et
aujourd'hui même dans la discussion que nous venons d'avoir, sa pleine
justification.
Nous proposons de ne pas procéder au prélèvement prévu dans ce collectif de 2
milliards de francs sur la réserve de la Caisse de garantie du logement
social.
On peut opter pour cette solution dans l'hypothèse, qui est d'ailleurs
inscrite dans le présent projet de loi, où le solde budgétaire qui nous est
présenté est sensiblement différent de celui qui avait été voté à l'occasion de
la loi de finances initiale.
Le déficit, en effet, a été ramené dans des proportions assez nettement
inférieures, et il nous reste donc une marge de manoeuvre ; 2 milliards de
francs, cela ne fait, en bout de course qu'un quart de millième de point du
PIB, c'est-à-dire très peu au regard des critères européens.
Mais, sur le fond, se pose la question de savoir ce que l'on vise.
Les ressources de la Caisse de garantie du logement social sont
essentiellement constituées par les versements des organismes d'HLM -
redevances sur prêts et remboursements des prêts accordés par la caisse - et il
n'est donc pas tout à fait légitime que ces organismes d'HLM soient de cette
manière sollicités pour modifier l'équilibre budgétaire de l'Etat.
Cela l'est d'autant moins que nous n'en sommes pas à un coup d'essai. On peut
en effet rappeler, fort opportunément, le prélèvement de 15 milliards de francs
opéré par la loi de finances rectificative pour 1995 lors de la transmission
des prêts de la CGLS à la Caisse des dépôts et consignations.
De surcroît, si la Caisse de garantie dispose de moyens importants, autant les
utiliser.
Pourquoi ne pas consacrer les réserves de la Caisse à transformer en
subventions directes une partie des prêts accordés aux organismes en difficulté
et qui, tout le monde le sait, malgré des efforts réels de gestion, continuent
de subir les effets d'un report à nouveau négatif, englobant les déficits
antérieurs ?
Sur certains dossiers dits lourds, il importe aussi de conserver, nous
semble-t-il, des facultés d'intervention. On peut, par exemple, envisager de
passer convention avec ces organismes en mixant prêts et subventions
d'équilibre.
Que l'on nous comprenne bien ! Il ne s'agit pas en ces matières de donner une
sorte de prime à la mauvaise gestion ; pas du tout !
Dans les faits, tout le monde le sait, les bailleurs sociaux dont le
patrimoine est essentiellement composé de logements PLA sont, de façon
structurelle, confrontés à des difficultés financières majeures. Il ne faut
donc pas faire des prélèvements sur cette caisse.
Tel est l'objet de l'amendement que nous vous demandons d'adopter.
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
J'avoue que je reste sur ma faim après les réponses de M. le secrétaire d'Etat
aux questions de fond que nous avons posées les uns et les autres, Mme Beaudeau
par son amendement et le rapporteur général par son rapport écrit, sur le
devenir de la Caisse de garantie du logement social.
Il nous semble que, compte tenu de la situation sociale que nous connaissons
aujourd'hui, la situation financière de beaucoup de locataires se dégrade,
hélas ! Cela se traduit par des impayés, par des contentieux et des comptes
dont l'équilibre est de plus en plus précaire pour les bailleurs sociaux.
Nous espérons que cette tendance va s'inverser, mais nous n'en savons rien et
aucun signe ne nous indique que nous allons dans ce sens. D'où le caractère
tout à fait opportun des trois recommandations de fond qui figurent dans le
rapport de la commission : développer la prévention par la mise en oeuvre
systématique d'audits des organismes d'HLM, développer la mutualisation des
garanties et limiter l'exposition des collectivités locales au risque de
crédit. Il s'agit bien d'une réforme des mécanismes en la matière, réforme dont
l'opportunité ne semble échapper à personne.
Mais n'est-il pas paradoxal, monsieur le secrétaire d'Etat, au moment où l'on
veut restructurer cet organisme, réfléchir à ses vocations et à ses moyens
d'intervention, de ponctionner les moyens financiers dont il dispose ? Ne
risque-t-on pas de le regretter lorsqu'on nous soumettra une législation
destinée à permettre à la CGLS de jouer un rôle plus actif au bénéfice des
organismes de logement social ?
Pour ma part, je reste dans l'incertitude, et je crains que les réponses que
vous nous avez apportées, parce qu'elles sont non pas des réponses sur le fond,
mais des réponses strictement budgétaires, ce qui est parfaitement
compréhensible, ne nous permettent pas de faire vraiment le tour de la question
!
M. Michel Caldaguès.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Caldaguès.
M. Michel Caldaguès.
J'avoue que je suis un peu perplexe au moment de suivre la commission, qui
nous recommande de voter le premier alinéa de l'article 4.
J'aurais été tenté, quant à moi, d'y apporter au moins un amendement
rédactionnel. En effet, voilà un instant, M. le secrétaire d'Etat nous a
assurés qu'il n'avait opéré aucun prélèvement supplémentaire pour gérer les
finances en 1997. J'entends bien que vous parliez, monsieur le secrétaire
d'Etat, de prélèvements sociaux, mais le mot « prélèvements » pouvant avoir un
caractère ambigu et une connotation fâcheuse, ne vaudrait-il pas mieux dire que
vous procédez à une ponction exceptionnelle sur la Caisse de garantie ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je pourrais vous répondre - mais il faut que le débat
progresse - que les 2 milliards de francs de « ponction », comme l'a dit M.
Caldaguès, sont à rapprocher des 15 milliards de francs qui ont été ponctionnés
par le gouvernement précédent !
Quoi qu'il en soit, et c'est le plus important, le futur immédiat de la Caisse
de garantie du logement social n'est pas en cause puisque, même après ce
prélèvement, la Caisse conservera une assise financière suffisante pour
garantir les prêts.
M. Marini a affirmé que la situation devenait catastrophique. Le relèvement de
l'aide personnalisée au logement de 2,3 % - aucun relèvement n'avait été
effectué depuis longtemps - devrait permettre d'aider un certain nombre de
locataires.
Une réflexion sur l'avenir à plus long terme de la garantie du logement social
va avoir lieu, mais il est clair que le Gouvernement a la volonté, comme le
souhaite Mme Beaudeau, de faire en sorte que le logement social soit
véritablement garanti et d'une façon complètement pérenne.
La disposition que le Gouvernement propose, amendée tant par le rapporteur
général que par Mme Beaudeau, lui paraît tout a fait satisfaisante à cet
égard.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 25, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 4 et 31, acceptés par le
Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 5.
M. Marc Massion.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion.
Nous ne voterons pas cet amendement, car nous sommes opposés au principe de la
taxe en question.
Nous avons toujours été hostiles à l'instauration du surloyer, car il nous
semble que l'on ne doit pas financer un fonds de solidarité en faveur des plus
démunis des locataires d'HLM, qui éprouvent des difficultés à payer leur loyer,
en sollicitant ceux qui sont peut-être moins dans le besoin, mais qui sont
aussi des locataires d'HLM et qui participent à la nécessaire mixité sociale au
sein de ce parc.
La Caisse de garantie du logement social doit bénéficier d'un financement
réformé, mais cette réforme doit passer non pas par la création d'un surloyer,
mais plutôt par une meilleure intervention de l'Etat, une meilleure gestion de
la Caisse et une meilleure politique de prévention des organismes d'HLM en
difficulté. Par conséquent, il convient de ne pas confondre les objectifs. Pour
notre part, notre position sera conforme à celle que nous avons toujours
exprimée sur ce sujet.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
M. le rapporteur général a dit lui-même que cet amendement n° 5 pose une
question d'une relative importance.
En effet, il s'agit de s'interroger sur les perspectives de financement qui
sont offertes à la Caisse de garantie du logement social dès lors que l'on a pu
procéder à une ponction sur ses réserves, jusqu'ici alimentées par les
contributions des organismes bailleurs sociaux.
Le rapport dont il est question dans cet amendement porterait sur
l'affectation du produit du supplément de loyer de solidarité, qui s'élève à
environ 200 millions de francs et qui a, à l'occasion de la discussion du
projet de loi de finances pour 1998, été réintégré dans le budget général pour
financer notamment la participation de l'Etat au fonds de solidarité
logement.
Chacun connaît ici notre position.
Il s'agit fondamentalement de rejeter le principe du maintien de ce surloyer
complémentaire dont l'existence est pour le moins discutable, en particulier
quand on connaît avec plus de précision la réalité du revenu des personnes
actuellement logées dans le parc social.
Nous ne pensons donc pas utile que soit aujourd'hui pérennisé un dispositif
qui, comme l'utilisation actuelle des ressources de la Caisse de garantie du
logement social, tendrait à créer une forme de solidarité entre organismes
bailleurs sociaux, le paradoxe de l'affaire étant que certains organismes
bénéficiant des aides de la CGLS seraient également redevables de la taxe
instituée en vertu de l'article 302
bis
ZC.
Il nous semble éventuellement préférable d'opter pour une formule consistant
par exemple, dans le cadre d'une convention d'objectifs, à décider que l'Etat
fournira à la caisse de garantie des ressources nouvelles sous forme de
subvention pour que l'établissement public soit mieux à même d'intervenir dans
le cadre de ses missions et de son champ de compétences.
Sous le bénéficie de ces observations, nous vous demandons, mes chers
collègues, de repousser l'amendement n° 5.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je tiens à préciser que l'affectation de la
contribution de la taxe sur le supplément de loyer de solidarité à la Caisse de
garantie est une hypothèse.
Cela dit, quant au principe de l'existence de cette contribution, je dirai
qu'il n'est pas anormal que le parc de logements sociaux serve de façon
privilégiée aux personnes à revenus modestes.
Chacun le sait, le surloyer est payé par ceux dont les ressources sont
supérieures de 40 % au plafond.
Le Gouvernement mènera une réflexion sur ce sujet en 1998.
Mais, monsieur le rapporteur général, permettez-moi de vous dire, avec toute
la courtoisie dont je suis capable, qu'il est peut-être prématuré de prévoir le
dépôt d'un rapport sur une disposition de nature législative qui devra être
examinée par le Parlement. C'est, me semble-t-il, mettre la charrue devant les
boeufs. Je vous suggère donc, monsieur le rapporteur général, de retirer votre
amendement.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Monsieur le secrétaire d'Etat, bien que d'une exquise
courtoisie, votre réponse n'a pu donner satisfaction sur le fond à la
commission des finances.
Or vous connaissez bien la mission ingrate du rapporteur général, qui se doit
d'être fidèle au mandat qu'il a reçu. Le mandat était clair : l'amendement ne
pouvait être retiré que si le Gouvernement précisait clairement son
intention.
Reconnaissez, monsieur le secrétaire d'Etat, que, dans votre première
intervention, vous avez manifesté une intention qui n'était pas encore
totalement affirmée et que, dans votre seconde intervention, vous n'avez pas
non plus confirmé votre intention. Il faut dire que vous ne voulez pas être
désagréable, à votre majorité, qui ne semble pas faire preuve d'un enthousiasme
excessif dans ce domaine !
Mes chers collègues de l'opposition sénatoriale, pour ma part, je souhaite
soutenir l'action du ministre du logement, que vous semblez abandonner en la
circonstance.
C'est une très bonne disposition que celle qui consiste à affecter cette
contribution sur le supplément de loyer à la CGLS. Nous qui sommes le Grand
Conseil des communes de France ne pouvons qu'aller dans ce sens.
En résumé, monsieur le secrétaire d'Etat, votre réponse, quoique d'une exquise
courtoisie, n'était manifestement pas suffisante pour garantir la claire
intention du Gouvernement. Aussi je ne peux retirer l'amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 4, modifié.
(L'article 4 est adopté.)
Articles additionnels après l'article 4
M. le président.
Par amendement n° 32 rectifié, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, après l'article 4,
d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Après le troisième alinéa de l'article L. 431-1 du code de la construction
et de l'habitation, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La caisse est administrée par un conseil d'administration de quatorze
membres désignés par arrêté du ministre chargé des finances et du ministre
chargé de la construction et l'habitation, dont cinq représentants des
organismes d'habitations à loyer modéré, dont l'un, ayant la qualité de
représentant de collectivités locales, est président du conseil
d'administration ainsi que deux représentants des sociétés d'économie mixte
susceptibles de bénéficier des prêts de la caisse. »
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Cet amendement vise à modifier la composition du conseil d'administration de
la Caisse de garantie du logement social de façon que soient prises en charge
les demandes légitimes des organismes d'HLM et des sociétés d'économie
mixte.
En effet, ces organismes et ces sociétés s'étonnent qu'un fonds, qui est
maintenant entièrement financé par la profession, soit géré par une instance
dans laquelle la profession n'a strictement aucun pouvoir.
Cette question de la représentation au sein de la CGLS avait d'ailleurs été
posée avant qu'il ne soit envisagé de ponctionner les réserves de 2 milliards
de francs.
Ces entités ne disposent que de trois sièges sur dix dans le conseil
d'administration. Nous proposons que leur nombre soit porté à sept pour les
organismes d'HLM et à deux pour les SEM.
Actuellement, la composition du conseil ne permet pas aux organismes d'HLM de
faire valoir leur opinion. Or, tout le monde le sait, cette caisse est
alimentée par une redevance payée par les organismes eux-mêmes. En 1997, ils
ont versé 255 millions de francs dont 100 millions de francs ont alimenté
directement le fonds de garantie.
De plus, cette caisse sert essentiellement à garantir les prêts consentis aux
organismes d'HLM. Ceux-ci sont donc les premiers intéressés par cet
établissement public administratif.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Monsieur le président, la commission n'a pas examiné
au fond cet amendement. Quoi qu'il en soit, elle a estimé qu'il n'avait pas sa
place dans ce projet de loi.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement émet le même avis. Ce n'est pas le
lieu de débattre de cette question.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
C'est exact !
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 32 rectifié.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
M. le secrétaire d'Etat n'ayant pas voulu prendre position sur le fond, je
maintiens mon amendement. Je l'aurais retiré si le Gouvernement avait pris un
engagement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 32 rectifié, repoussé par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 33, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 4, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa du I de l'article 3 de la loi de finances
rectificative pour 1995 (loi n° 95-885 du 4 août 1995), le taux "10
%" est remplacé par le taux "30 %".
« II. - Le même article est complété par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... Pour l'année 1997, les redevables doivent acquitter la majoration au
plus tard le 31 décembre 1997 auprès de la recette des impôts de leur domicile
au 1er janvier 1997. »
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Cet amendement repose sur un principe relativement simple.
Il s'agit en effet de marquer notre préférence en matière de loi de finances
rectificative pour les mesures d'ordre fiscal plutôt que pour les recettes par
des prélèvements exceptionnels ou autoritaires sur tel ou tel établissement
public.
Nous sommes partisans de lois de finances rectificatives qui ne soient pas
uniquement des sortes de lois de règlement avant l'heure mais qui offrent
l'opportunité au Gouvernement comme à la représentation nationale de modifier
les données d'une loi de finances initale, pour peu que celle-ci soit, dans ses
orientations, remise en question par l'exécution budgétaire.
Dans la situation politique issue des élections de juin dernier, le projet de
loi portant mesures d'urgence d'ordre fiscal et financier a constitué en
quelque sorte la première partie de ce qui aurait pu être un collectif et que
je qualifierai d'intermédiaire et non de clôture, ce qu'est plutôt le présent
projet de loi.
La loi en question ne nous a toutefois pas évité le recours aux recettes
d'ordre, ce qui ne peut nous satisfaire.
Nous proposons donc par le présent amendement une mesure qui correspond à ce
qui doit constituer le fondement même des recettes de l'Etat, c'est-à-dire le
produit de la fiscalité.
Nous vous invitons mes chers collègues, à porter à 30 % le niveau de la
majoration exceptionnelle de l'impôt de solidarité sur la fortune décidé dans
le collectif d'août 1995 et de dégager ainsi 1,6 milliard à 1,8 milliard de
francs de ressources nouvelles pour le budget général.
Cette initiative, si elle ne corrige pas en totalité les effets de la
suppression d'autres articles du projet de loi, présente au moins l'avantage de
limiter la variation du déficit en article d'équilibre et de rétablir un peu de
justice par rapport à la nature des recettes nouvelles.
L'alternative est, en effet, entre la mise à contribution des plus fortunés et
les ponctions sur les ressources des organismes d'HLM, donc sur les locataires
de ces organismes.
Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite, mes chers collègues, à
adopter cet amendement n° 33.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Pour des motifs souvent explicités, la commission est
défavorable à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
L'impôt de solidarité sur la fortune est une des
composantes de notre fiscalité du patrimoine, sujet sur lequel, ainsi que je
l'ai dit à plusieurs reprises, le Gouvernement entend mener une réflexion
durant l'anné 1998.
L'idée défendue par Mme Beaudeau pourra être versée au débat sur la fiscalité
du patrimoine. C'est pourquoi, en attendant, je lui demande de bien vouloir
retirer son amendement. Nous aurons l'occasion de reparler de l'impôt de
solidarité sur la fortune lors de la discussion du prochain projet de loi de
finances.
M. le président.
Madame Beaudeau, l'amendement est-il maintenu ?
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 33, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 5
M. le président.
« Art. 5. _ Il est institué, pour 1997, au profit du budget de l'Etat, un
prélèvement exceptionnel de 120 millions de francs sur les réserves de
l'Institut national de la propriété industrielle. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 6 est présenté par M. Lambert, au nom de la commission des
finances.
L'amendement n° 26 est déposé par Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen.
Tous deux tendent à supprimer l'article 5.
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° 6.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Mes chers collègues, le prélèvement sur les réserves
de l'Institut national de la propriété industrielle prévu à l'article 5 serait
le troisième en six ans, si le Sénat l'autorisait.
Quatre arguments plaident donc en faveur de la suppression de cet article.
Premier argument : la réduction des réserves disponibles de l'Institut
national de la propriété industrielle, l'INPI, rendrait plus difficile
l'exécution de certains de ces projets.
Deuxième argument : les prélèvements précédents ont conduit à relever les
tarifs de redevance, ce qui est préjudiciable à l'innovation.
Troisième argument : les disponibilités dégagées par l'INPI devraient plutôt
être utilisées à le moderniser. Ce prélèvement est finalement une incitation à
la mauvaise gestion, pour ne pas dire au gaspillage.
Quatrième argument : de telles réserves n'ont aucune raison d'être. Le
président de la commission des finances de l'Assemblée nationale, dont nous ne
partageons pas tous les avis,...
M. Philippe Marini.
Pas tout à fait !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
... a affirmé que l'INPI n'avait pas vocation à
devenir une banque. De ce point de vue, il a tout à fait raison. L'absence de
réserves devrait résulter, non pas de ponctions régulières au profit du budget
de l'Etat, mais d'une diminution des tarifs de redevances qui ne pourrait
qu'encourager le dépôt de brevets.
Je dois vous dire, monsieur le secrétaire d'Etat, que, lorsqu'en 1995, la
Haute Assemblée, après de longs débats, a finalement adopté l'article qui
opérait un prélèvement de 215 millions de francs, j'avais indiqué, au nom de la
commission des finances, que ce serait la dernière fois que celle-ci
consentirait à une telle disposition. En toute logique, elle est donc
défavorable à un nouveau prélèvement.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau, pour défendre l'amendement n° 26.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Nous suggérons par le présent amendement la suppression pure et simple de
l'article 5 du projet de loi instituant un prélèvement sur les réserves de
l'Institut national de la propriété industrielle.
Nous pouvons, à l'appui de cette proposition, faire valoir plusieurs
arguments.
On peut nous opposer que les ressources de l'INPI ne souffriront pas outre
mesure des dispositions prises, puisque le fonds de roulement de
l'établissement s'avère largement suffisant pour faire face aux dépenses
prévisibles en 1998.
On peut aussi nous rétorquer que ces ressources ont un caractère fiscal marqué
puisqu'il s'agit des redevances de dépôt, d'établissement de recherche pour
antériorité et de délivrance des brevets d'invention.
En outre, l'INPI perçoit des redevances de maintien des brevets pour une durée
de vingt ans sur chaque brevet.
La nature fiscale de ces ressources est donc assez clairement établie et on
pourrait concevoir que l'Etat décide, d'une certaine façon, de reprendre par le
biais de prélèvements exceptionnels ce que la loi institue par principe.
On ne peut oublier que l'INPI dispose également de recettes de caractère non
fiscal, étant partie prenante d'un certain nombre de banques de données
économiques et statistiques accessibles au grand public et dont l'usage se
répand avec le développement des nouvelles technologies de l'information.
Cette mission d'information du public est d'ailleurs consubstantielle à
l'établissement lui-même. Elle est donc tout à fait normalement valorisée.
Tout cela ne justifie pas, de notre point de vue, le prélèvement opéré, qui
pose d'autres questions.
En effet, est-ce parce qu'un établissement public jouit d'une situation
financière saine qu'il doit naturellement être ponctionné par le biais d'un
collectif de fin d'année ?
Si l'on s'oriente dans cette direction - et nous regrettons qu'en la matière
la pratique budgétaire n'ait pas profondément changé - on peut s'attendre
encore à ce que, dans les années qui viennent, des décisions contestables,
guidées par des considérations uniquement comptables, soient prises de
nouveau.
Cela m'amène à poser une seconde question, celle du niveau des droits perçus
par l'Institut.
Un examen comparatif avec les autres pays de l'Union européenne montre que les
tarifs de l'INPI se situent plutôt dans la moyenne européenne.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Absolument !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
On pourrait réfléchir, dans les années à venir, à une différenciation des
tarifs en fonction de la nature des déposants, selon qu'il s'agit d'entreprises
ou de particuliers, pour faciliter un développement de la recherche dans notre
pays, un développement que chacun s'accorde à juger nécessaire.
On peut aussi concevoir une extension relative du champ de compétences de
l'INPI : celui-ci pourrait participer au développement de programmes de
recherche par la mobilisation de ses ressources, notamment lorsque ces
programmes supposent des investissements à long terme.
Ce sont là quelques raisons parmi d'autres qui nous paraissent justifier la
suppression de l'article 5.
Au demeurant, nous pensons que d'autres dispositions pouvaient être prises
pour trouver 120 millions de francs et boucler ainsi le budget de 1997.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 6 et 26
?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable à ces amendements, et
cela pour deux raisons.
D'une part, il n'est pas anormal qu'un établissement public administratif qui
a accumulé des réserves apporte sa contribution à la réduction des déficits
publics.
D'autre part, comme l'a indiqué Mme Beaudeau elle-même, les tarifs pratiqués
en France ne sont pas pénalisants puisqu'ils se situent dans la moyenne
européenne. Je précise qu'ils n'ont été relevés ni en 1994, ni en 1995, ni en
1997 et qu'en 1996 ils ne l'avaient été que de 0,9 %.
Je pense que, dans ces conditions, l'Institut national de la propriété
industrielle pourra poursuivre sa grande oeuvre sans être handicapé par ce
prélèvement de 120 millions de francs.
M. le président.
Je vais mettre aux voix les amendements identiques n°s 6 et 26.
M. Marc Massion.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion.
Il nous paraît légitime que l'Institut national de la propriété industrielle
contribue à l'effort de réduction des déficits publics qu'entreprend le
Gouvernement.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
M. Massion est un bon soldat !
M. Marc Massion.
Au demeurant, ce n'est pas la première fois que sont ainsi prélevées des
sommes sur les réserves de cet établissement public. Je ne comprends pas
pourquoi ce qui était vrai hier ne le serait plus aujourd'hui. Je le comprends
d'autant moins que les chiffres observés pour les premiers mois de 1997
laissent apparaître un excédent de trésorerie plus ample que celui qui avait
été constaté l'année dernière pour la même période.
Ainsi, le prélèvement de 120 millions de francs que le Gouvernement nous
propose n'empêchera ni le déménagement de l'établissement public à Lille ni son
bon fonctionnement, étant entendu que le fonds de roulement pour 1997 en fin
d'exercice est estimé à 300 millions de francs.
Nous voterons donc contre ces amendements.
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Je crois, au contraire de M. Massion, que nous commettrions une grave erreur
en suivant la proposition du Gouvernement. S'il est concevable de se tromper
une, voire deux fois, mieux vaut ne pas persévérer :
perseverare diabolicum !
Sur le fond, il s'agit d'inciter les inventeurs, les développeurs de
procédés, de services et de produits, à protéger leurs connaissances. C'est le
rôle de l'INPI d'assurer, pour le compte de l'Etat, cette mission de
protection. Celle-ci doit être aussi facilement accessible que possible.
A opérer ces ponctions de manière répétée, on va logiquement conduire cet
établissement à relever le tarif des redevances ou du moins à ne pas
l'abaisser, alors qu'il serait économiquement sain et utile, pour tout le tissu
des entreprises, d'aboutir à des coûts plus bas en matière de dépôt de brevet
et de protection des connaissances.
Il me semble également, monsieur le secrétaire d'Etat, que la mesure que vous
nous proposez est une incitation à la mauvaise gestion. Gérant leur
établissement comme on gère une entreprise, les directeurs généraux de l'INPI
s'efforcent de combiner le mieux possible les moyens dont ils disposent pour
dégager des résultats positifs. Mais quelle récompense en reçoivent-ils ? Dès
que les fonds collectiés dépassent un certain niveau, l'Etat opère une ponction
! Ils ont ainsi l'assurance que leurs réserves seront « toisées » : cela leur
est arrivé déjà deux fois ! Si cela leur arrive une troisième fois, je crains
que cet établissement - je le connais bien, car il a une implantation
significative à Compiègne - ne soit guère incité à dépenser mieux ou à
rechercher l'efficacité maximale avec les moyens obtenus.
A procéder de la sorte, on risque fort de conduire l'INPI vers une voie
purement administrative, purement budgétaire, qui est à l'opposé du dynamisme
et de la bonne gestion. C'est l'une des raisons pour lesquelles je m'apprête à
voter les amendements de suppression.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Il nous semble que l'article 5 n'est pas tout à fait adapté à la situation
budgétaire nouvelle. Il prévoit en effet, pour la troisième fois en six ans, un
prélèvement sur les réserves de l'INPI : cette année, de 120 millions de
francs.
De manière constante, notre groupe conteste l'ensemble des dispositions prises
dans le cadre des collectifs de fin d'année qui tendent, de façon un peu
artificielle, à boucher quelques trous budgétaires à partir de recettes de cet
ordre. D'ailleurs, la discussion de l'article 4 a abondamment montré ce qu'il
convenait de penser de ce procédé.
L'Institut national de la propriété industrielle est ainsi, depuis plusieurs
années, régulièrement mis à contribution. En 1991, un collectif budgétaire de
fin d'année l'avait « soulagé » de près de 550 millions de francs. A l'automne
1995, la loi de finances rectificative, qui avait par ailleurs soustrait 15
milliards de francs aux crédits destinés à financer les prêts HLM, avait opéré
un prélèvement de 215 millions de francs.
Avec les 120 millions de francs qu'il est proposé de prélever aujourd'hui,
c'est au total de 885 millions de francs que cet établissement se sera vu
privé. Cela signifie que, en six ans, l'Institut aura contribué à la réduction
des déficits publics pour un montant qui équivaut à ses dépenses de personnels
sur la même période. Cela ne nous paraît pas nécessairement ressortir à de la
bonne politique !
Il convient, selon nous, de réfléchir au devenir des missions de l'INPI,
d'autant que celui-ci a dû, au cours de ces six dernières années, faire face à
une opération de délocalisation dont les conditions demeurent pour le moins
discutables.
Par ailleurs, nous ne pensons pas que notre pays souffre d'une présence
excessive d'établissements publics de ce type.
S'agissant de l'information économique dont l'INPI est dépositaire, vous me
permettrez de souligner que son accessibilité au plus grand nombre peut se
révéler hautement souhaitable et qu'un effort mérite d'être accompli à cet
égard.
Voilà pourquoi nous sommes convaincus de la nécessité de supprimer l'article
5.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 6 et 26, repoussés par le
Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
En conséquence, l'article 5 est supprimé.
Article additionnel après l'article 5
M. le président.
Par amendement n° 34, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe
communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 5, un
article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le texte du 9° du paragraphe III
bis
de l'article 125 A du code
général des impôts, le taux : "15 % " est remplacé par le taux :
"25 %". »
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Cet amendement porte sur le régime fiscal des bons anonymes, qui a été
profondément modifié par la loi de finances pour 1997 puisque les conditions
d'utilisation du droit d'option ont été facilitées par une réduction sensible
du niveau du prélèvement libératoire, liée à la levée de l'anonymat.
Ce cadeau fiscal accordé aux détenteurs de ces bons en échange de leur perte
d'anonymat était, l'an dernier, apparu quelque peu excessif.
On ne peut oublier, en particulier, que le taux de prélèvement libératoire en
question, qui est de 15 %, est sensiblement inférieur au taux maximal moyen
d'imposition constaté, que le rapport Ducamin situe aux alentours de 39 %, et
fort éloigné du taux marginal de 54 % qui affecte les autres revenus, notamment
les revenus d'activité des détenteurs des bons.
Même si l'on ajoute à cette taxation les prélèvements sociaux, on ne peut
s'empêcher de trouver l'avantage fiscal consenti assez substantiel.
C'est donc pour ces raisons de simple équité fiscale que nous vous proposons,
mes chers collègues, d'adopter cet amendement, qui permet en outre, de réduire
la dépense fiscale induite par les dispositions de l'article 125 A du code
général des impôts qui concernent ce prélèvement libératoire.
D'une manière générale, il nous semble que, dans l'optique d'une réflexion
globale sur la fiscalité des placements et des revenus du capital et du
patrimoine, il conviendrait, monsieur le secrétaire d'Etat, de se poser la
question du niveau des prélèvements libératoires et de l'éventuelle
réintégration dans la base imposable au barème progressif d'une partie des
revenus visés par ces prélèvements.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Compte tenu de l'augmentation des prélèvements
sociaux, le prélèvement total sur les produits en question se verrait porté à
35 %, ce qui est apparu excessif à la commission, laquelle a donc émis un avis
défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage l'avis de la commission. Le
taux actuel de prélèvement me paraît convenable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 34, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Article 6
M. le président. L'article 6 a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Article 6
bis
M. le président.
« Art. 6
bis
. _ I. _ Les livraisons de fioul lourd d'une teneur en
soufre inférieure à 2 % repris à l'indice d'identification 28
bis
du
tableau B du 1 de l'article 265 du code des douanes sont admises en exonération
de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers lorsqu'elles
sont destinées à être utilisées comme combustible pour la production
d'alumine.
« II. _ Entre le 1er juillet 1997 et le 31 décembre 1997, la taxe intérieure
sur les produits pétroliers visée au I est remboursée par l'administration des
douanes, à la demande des opérateurs, selon les modalités fixées par le code
des douanes, relatives au remboursement des droits.
« III. _ Les modalités d'application du présent article sont précisées par
arrêté du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. » -
(Adopté.)
Article 7 et état A
M. le président.
« Art. 7. - L'ajustement des recettes tel qu'il résulte des évaluations
révisées figurant à l'état A annexé à la présente loi et le supplément de
charges du budget de l'Etat pour 1997 sont fixés ainsi qu'il suit :
(En millions de francs)
RESSOURCES |
|
DÉPENSES
civiles |
DÉPENSES
en capital |
DÉPENSES militaires |
TOTAL
définitif |
PLAFOND
temporaire |
SOLDE |
|
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
A. - Opérations à caractère définitif |
||||||||
Budget général |
||||||||
Ressources brutes | 28 507 | Dépenses brutes | 17 298 | . | . | . | . | . |
A déduire :
|
||||||||
Remboursements et dégrèvements d'impôts | 18 040 | Remboursements et dégrèvements d'impôts | 18 040 | . | . | . | . |
|
Ressources nettes | 10 467 | Dépenses nettes | - 742 | - 201 | - 3 010 | - 3 953 | . |
. |
Comptes d'affectation spéciale | 29 500 | . | 410 | 29 035 | » | 29 445 | . |
. |
Totaux du budget général et des comptes d'affectation spéciale | 39 967 | . | - 332 | 28 834 | - 3 010 | 25 492 | . |
. |
Budgets annexes |
||||||||
Aviation civile | » | . | » | » | . | » | . | . |
Journaux officiels | » | . | » | » | . | » | . | . |
Légion d'honneur | 2 | . | » | 2 | . | 2 | . | . |
Ordre de la Libération | » | . | » | » | . | » | . | . |
Monnaies et médailles | 20 | . | » | 20 | . | 20 | . | . |
Prestations sociales agricoles | » | . | » | » | . | » | . |
. |
Totaux des budgets annexes | 22 | . | » | 22 | . | 22 | . |
. |
Solde des opérations définitives de l'Etat (A) | . | . | . | . | . | . | . | 14 475 |
B. - Opérations à caractère temporaire |
||||||||
Comptes spéciaux du Trésor |
||||||||
Comptes d'affectation spéciale | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes de prêts | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes d'avances | - 3 400 | . | . | . | . | . | - 3 040 | . |
Comptes de commerce (solde) | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes d'opérations monétaires (solde) | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) | » | . | . | . | . | . | » |
. |
Totaux (B) | - 3 400 | . | . | . | . | . | - 3 040 |
. |
Solde des opérations temporaires de l'Etat (B) | . | . | . | . | . | . | . |
- 360 |
Solde général (A + B) | . | . | . | . | . | . | . |
14 115 |
Je donne lecture de l'état A :
ÉTAT A
Tableau des voies et moyens applicables au budget de 1997
I. - BUDGET GÉNÉRAL
(En milliers de francs)
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES RECETTES |
RÉVISION
pour 1997 |
|
---|---|---|---|
A. - Recettes fiscales 1. Impôts sur le revenu |
|||
0001 | Impôt sur le revenu | - | 1 845 000 |
2. Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | |||
0002 | Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | + | 3 400 000 |
3. Impôt sur les sociétés | |||
0003 | Impôt sur les sociétés | + | 32 345 000 |
4. Autres impôts directs et taxes assimilées | |||
0004 | Retenues à la source sur certains bénéfices non commerciaux et de l'impôt sur le revenu | + | 50 000 |
0005 | Retenues à la source et prélèvements sur revenus de capitaux mobiliers | - | 2 850 000 |
0006 | Prélèvements sur les bénéfices tirés de la construction immobilière (loi n° 63-254 du 15 mars 1963, art. 28-IV) | - | 10 000 |
0007 | Précompte dû par les sociétés au titre de certains bénéfices distribués (loi n° 65-566 du 12 juillet 1965, art. 3) | + | 500 000 |
0008 | Impôt de solidarité sur la fortune | + | 700 000 |
0010 | Prélèvements sur les entreprises d'assurance | + | 30 000 |
0011 | Taxe sur les salaires | - | 785 000 |
0012 | Cotisation minimale de taxe professionnelle | - | 200 000 |
0014 | Taxe de participation des employeurs au financement de la formation professionnelle continue | - | 29 550 |
0015 | Taxe forfaitaire sur les métaux précieux, les bijoux, les objets d'art, de collection et d'antiquité | - | 30 000 |
0016 | Contribution sur logements sociaux | - | 49 370 |
0018 | Prélèvement sur les entreprises de production pétrolière | - | 10 000 |
0019 | Recettes diverses | - | 60 000 |
0020 | Contribution de France Télécom au financement du service public de l'enseignement supérieur des télécommunications | + | 550 |
. | Totaux pour le 4 | - | 2 743 370 |
5. Taxe intérieure sur les produits pétroliers | |||
0021 | Taxe intérieure sur les produits pétroliers | - | 1 323 000 |
6. Taxes sur la valeur ajoutée | |||
0022 | Taxe sur la valeur ajoutée | - | 4 506 000 |
7. Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes | |||
0023 | Mutations à titre onéreux de créances, rentes, prix d'offices | + | 40 000 |
0024 | Mutations à titre onéreux de fonds de commerce | + | 100 000 |
0026 | Mutations à titre onéreux d'immeubles et droits immobiliers | - | 2 000 |
0027 | Mutations à titre gratuit entre vifs (donations) | + | 1 400 000 |
0028 | Mutations à titre gratuit par décès | + | 2 500 000 |
0031 | Autres conventions et actes civils | + | 600 000 |
0033 | Taxe de publicité foncière | - | 250 000 |
0034 | Taxe spéciale sur les conventions d'assurance | - | 750 000 |
0036 | Taxe additionnelle au droit de bail | + | 300 000 |
0039 | Recettes diverses et pénalités | + | 12 000 |
0041 | Timbre unique | - | 220 000 |
0044 | Taxe sur les véhicules des sociétés | + | 80 000 |
0045 | Actes et écrits assujettis au timbre de dimension | + | 190 000 |
0046 | Contrats de transport | + | 80 000 |
0051 | Impôt sur les opérations traitées dans les bourses de valeurs | + | 300 000 |
0059 | Recettes diverses et pénalités | - | 70 000 |
0061 | Droits d'importation | - | 231 000 |
0062 | Prélèvements et taxes compensatoires institués sur divers produits | + | 31 000 |
0064 | Autres taxes intérieures | + | 65 000 |
0065 | Autres droits et recettes accessoires | + | 6 000 |
0066 | Amendes et confiscations | - | 1 000 |
0081 | Droits de consommation sur les tabacs et taxe sur les allumettes et les briquets | - | 2 882 000 |
0086 | Taxe spéciale sur les débits de boisson | + | 2 000 |
0091 | Garantie des matières d'or et d'argent | + | 3 000 |
0092 | Amendes, confiscations et droits sur acquits non rentrés | + | 1 000 |
0093 | Autres droits et recettes à différents titres | - | 4 000 |
0094 | Taxe spéciale sur la publicité télévisée | + | 5 000 |
0096 | Taxe spéciale sur certains véhicules routiers | - | 5 000 |
0097 | Cotisation à la production sur les sucres | - | 200 000 |
0098 | Taxes sur les stations et liaisons radioélectriques privées | + | 600 |
0099 | Autres taxes | - | 5 000 |
. | Totaux pour le 7 | + | 1 095 600 |
B. - Recettes non fiscales 1. Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier |
|||
0108 | Produits de l'exploitation du service des constructions et armes navales au titre de ses activités à l'exportation | + | 1 400 000 |
0110 | Produits des participations de l'Etat dans des entreprises financières | + | 713 800 |
0111 | Contribution de la Caisse des dépôts et consignations représentative de l'impôt sur les sociétés | + | 660 000 |
0114 | Produits des jeux exploités par La Française des jeux | - | 511 000 |
0116 | Produits des participations de l'Etat dans des entreprises non financières et bénéfices des établissements publics non financiers | - | 2 646 800 |
0129 | Versements des budgets annexes | + | 27 000 |
. | Totaux pour le 1 | - | 357 000 |
2. Produits et revenus du domaine de l'Etat | |||
0201 | Versements de l'Office national des forêts au budget général | - | 10 000 |
0207 | Produits et revenus du domaine encaissés par les comptables des impôts | + | 757 100 |
0208 | Produit de la cession de biens appartenant à l'Etat réalisée dans le cadre des opérations de délocalisation | + | 1 000 |
0299 | Produits et revenus divers | + | 101 000 |
. | Totaux pour le 2 | + | 849 100 |
3. Taxes, redevances et recettes assimilées | |||
0301 | Redevances sanitaires d'abattage et de découpage | + | 5 000 |
0302 | Cotisation de solidarité sur les céréales et graines oléagineuses | + | 53 |
0309 | Frais d'assiette et de recouvrement des impôts et taxes établis ou perçus au profit des collectivités locales et de divers organismes | - | 156 130 |
0311 | Produits ordinaires des recettes des finances | + | 1 000 |
0312 | Produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation | - | 10 000 |
0313 | Produit des autres amendes et condamnations pécuniaires | + | 20 000 |
0314 | Prélèvements sur le produit des jeux dans les casinos régis par la loi du 15 juin 1907 | + | 543 000 |
0315 | Prélèvements sur le pari mutuel | - | 190 000 |
0318 | Produit des taxes, redevances et contributions pour frais de contrôle perçus par l'Etat | - | 12 950 |
0325 | Cotisation perçue au titre de la participation des employeurs à l'effort de construction | - | 50 000 |
0326 | Reversement au budget général de diverses ressources affectées | - | 111 000 |
0328 | Recettes diverses du cadastre | - | 5 000 |
0329 | Recettes diverses des comptables des impôts | + | 2 800 |
0332 | Pénalité pour défaut d'emploi obligatoire des travailleurs handicapés et des mutilés de guerre | + | 5 000 |
0335 | Versements au Trésor des produits visés par l'article 5, dernier alinéa, de l'ordonnance n° 45-14 du 6 janvier 1945 | + | 15 000 |
0339 | Redevances d'usage des fréquences radioélectriques | - | 31 150 |
0399 | Taxes et redevances diverses | + | 22 000 |
. | Totaux pour le 3 | + | 47 623 |
4. Intérêts des avances, des prêts et dotations en capital | |||
0401 | Récupération et mobilisation des créances de l'Etat | + | 48 300 |
0404 | Intérêts des prêts du Fonds de développement économique et social | + | 40 000 |
0407 | Intérêts des dotations en capital et des avances d'actionnaire accordées par l'Etat | - | 378 870 |
0408 | Intérêts sur obligations cautionnées | - | 15 000 |
0409 | Intérêts des prêts du Trésor | - | 231 000 |
0410 | Intérêts des avances du Trésor | - | 210 000 |
0411 | Intérêts versés par divers services de l'Etat ou organismes gérant des services publics au titre des avances | + | 55 000 |
0499 | Intérêts divers | + | 210 000 |
. | Totaux pour le 4 | - | 481 570 |
5. Retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat | |||
0501 | Retenues pour pensions civiles et militaires (part agent) | + | 180 000 |
0502 | Contributions aux charges de pensions de France-Télécom | + | 88 000 |
0503 | Retenues de logement effectuées sur les émoluments de fonctionnaires et officiers logés dans des immeubles appartenant à l'Etat ou loués par l'Etat | + | 300 |
0504 | Ressources à provenir de l'application des règles relatives aux cumuls des rémunérations d'activité | + | 45 000 |
0505 | Prélèvement effectué sur les salaires des conservateurs des hypothèques | + | 290 |
0599 | Retenues diverses | + | 30 |
. | Totaux pour le 5 | + | 313 620 |
6. Recettes provenant de l'extérieur | |||
0601 | Produits des chancelleries diplomatiques et consulaires | - | 25 000 |
0604 | Remboursement par les Communautés européennes des frais d'assiette et de perception des impôts et taxes perçus au profit de son budget | - | 48 000 |
0606 | Versements du Fonds européen de développement économique régional | - | 35 000 |
0607 | Autres versements des Communautés européennes | + | 20 000 |
0699 | Recettes diverses provenant de l'extérieur | + | 1 000 |
. | Totaux pour le 6 | - | 87 000 |
8. Divers | |||
0801 | Recettes en contrepartie des dépenses de reconstruction | + | 1 000 |
0802 | Recouvrements poursuivis à l'initiative de l'agence judiciaire du Trésor. - Recettes sur débets non compris dans l'actif de l'administration des finances | - | 35 000 |
0803 | Remboursements de frais de scolarité, de pension et de trousseau par les anciens élèves des écoles du Gouvernement qui quittent prématurément le service de l'Etat | + | 2 000 |
0804 | Pensions et trousseaux des élèves des écoles du gouvernement | + | 2 000 |
0805 | Recettes accidentelles à différents titres | + | 41 800 |
0806 | Recettes en atténuation des charges de la dette et des frais de trésorerie | - | 2 889 830 |
0807 | Reversements de la Banque française du commerce extérieur | + | 6 700 |
0808 | Remboursements par les organismes d'habitation à loyer modéré des prêts accordés par l'Etat | + | 130 000 |
0809 | Recettes accessoires sur les dépenses obligatoires d'aide sociale et de santé | + | 1 000 |
0811 | Récupération d'indus | + | 400 000 |
0813 | Rémunération de la garantie accordée par l'Etat aux caisses d'épargne | - | 100 000 |
0815 | Rémunération de la garantie accordée par l'Etat à la Caisse nationale d'épargne | + | 200 000 |
0899 | Recettes diverses | + | 3 129 000 |
. | Totaux pour le 8 | + | 888 670 |
C. - Prélèvements sur les recettes de l'Etat 1. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des collectivités locales |
|||
0002 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat du produit des amendes forfaitaires de la police de la circulation | - | 61 885 |
0004 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle | - | 468 221 |
0006 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du fonds de compensation pour la TVA | - | 1 500 000 |
0007 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au titre de la compensation d'exonérations relatives à la fiscalité locale | + | 123 218 |
0009 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit de la collectivité territoriale de Corse | - | 3 370 |
. | Totaux pour le 1 | - | 1 910 258 |
2. Prélèvements sur les recettes de l'Etat au profit des Communautés européennes |
|||
0001 | Prélèvement sur les recettes de l'Etat au profit du budget des Communautés européennes | + | 1 000 000 |
RÉCAPITULATION GÉNÉRALE A. - Recettes fiscales |
|||
1 | Impôts sur le revenu | - | 1 845 000 |
2 | Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | + | 3 400 000 |
3 | Impôts sur les sociétés | + | 32 345 000 |
4 | Autres impôts directs et taxes assimilées | - | 2 743 370 |
5 | Taxe intérieure sur les produits pétroliers | - | 1 323 000 |
6 | Taxes sur la valeur ajoutée | - | 4 506 000 |
7 | Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes | + | 1 095 600 |
. | Totaux pour la partie A | + | 26 423 230 |
B. - Recettes non fiscales | |||
1 | Exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier | - | 357 000 |
2 | Produits et revenus du domaine de l'Etat | + | 849 100 |
3 | Taxes, redevances et recettes assimilées | + | 47 623 |
che> (L'amendement n'est pas adopté.) Article 6 |
M. le président. L'article 6 a été supprimé par l'Assemblée nationale.
Article 6
bis
M. le président.
« Art. 6
bis
. _ I. _ Les livraisons de fioul lourd d'une teneur en
soufre inférieure à 2 % repris à l'indice d'identification 28
bis
du
tableau B du 1 de l'article 265 du code des douanes sont admises en exonération
de la taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers lorsqu'elles
sont destinées à être utilisées comme combustible pour la production
d'alumine.
« II. _ Entre le 1er juillet 1997 et le 31 décembre 1997, la taxe intérieure
sur les produits pétroliers visée au I est remboursée par l'administration des
douanes, à la demande des opérateurs, selon les modalités fixées par le code
des douanes, relatives au remboursement des droits.
« III. _ Les modalités d'application du présent article sont précisées par
arrêté du ministre de l'économie, des finances et de l'industrie. » -
(Adopté.)
Article 7 et état A
M. le président.
« Art. 7. - L'ajustement des recettes tel qu'il résulte des évaluations
révisées figurant à l'état A annexé à la présente loi et le supplément de
charges du budget de l'Etat pour 1997 sont fixés ainsi qu'il suit :
(En millions de francs)
RESSOURCES |
|
DÉPENSES
civiles |
DÉPENSES
en capital |
DÉPENSES militaires |
TOTAL
définitif |
PLAFOND
temporaire |
SOLDE |
|
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
A. - Opérations à caractère définitif |
||||||||
Budget général |
||||||||
Ressources brutes | 28 507 | Dépenses brutes | 17 298 | . | . | . | . | . |
A déduire :
|
||||||||
Remboursements et dégrèvements d'impôts | 18 040 | Remboursements et dégrèvements d'impôts | 18 040 | . | . | . | . |
|
Ressources nettes | 10 467 | Dépenses nettes | - 742 | - 201 | - 3 010 | - 3 953 | . |
. |
Comptes d'affectation spéciale | 29 500 | . | 410 | 29 035 | » | 29 445 | . |
. |
Totaux du budget général et des comptes d'affectation spéciale | 39 967 | . | - 332 | 28 834 | - 3 010 | 25 492 | . |
. |
Budgets annexes |
||||||||
Aviation civile | » | . | » | » | . | » | . | . |
Journaux officiels | » | . | » | » | . | » | . | . |
Légion d'honneur | 2 | . | » | 2 | . | 2 | . | . |
Ordre de la Libération | » | . | » | » | . | » | . | . |
Monnaies et médailles | 20 | . | » | 20 | . | 20 | . | . |
Prestations sociales agricoles | » | . | » | » | . | » | . |
. |
Totaux des budgets annexes | 22 | . | » | 22 | . | 22 | . |
. |
Solde des opérations définitives de l'Etat (A) | . | . | . | . | . | . | . | 14 475 |
B. - Opérations à caractère temporaire |
||||||||
Comptes spéciaux du Trésor |
||||||||
Comptes d'affectation spéciale | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes de prêts | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes d'avances | - 3 400 | . | . | . | . | . | - 3 040 | . |
Comptes de commerce (solde) | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes d'opérations monétaires (solde) | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) | » | . | . | . | . | . | » |
. |
Totaux (B) | - 3 400 | . | . | . | . | . | - 3 040 |
. |
Solde des opérations temporaires de l'Etat (B) | . | . | . | . | . | . | . |
- 360 |
Solde général (A + B) | . | . | . | . | . | . | . |
14 115 |
Je donne lecture de l'état A :
ÉTAT A
Tableau des voies et moyens applicables au budget de 1997
I. - BUDGET GÉNÉRAL
(En milliers de francs)
NUMÉRO de la ligne |
DÉSIGNATION DES RECETTES |
RÉVISION
pour 1997 |
||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
A. - Recettes fiscales 1. Impôts sur le revenu |
||||||||
0001 | Impôt sur le revenu | - | 1 845 000 | |||||
2. Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | ||||||||
0002 | Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles | + | 3 400 000 | |||||
3. Impôt sur les sociétés | ||||||||
0003 | Impôt sur les sociétés | + | 32 345 000 | |||||
4. Autres impôts directs et taxes assimilées | ||||||||
0004 | Retenues à la source sur certains bénéfices non commerciaux et de l'impôt sur le revenu | + | 50 000 | |||||
0005 | Retenues à la source et prélèvements sur revenus de capitaux mobiliers | - | 2 850 000 | |||||
0006 | Prélèvements sur les bénéfices tirés de la construction immobilière (loi n° 63-254 du 15 mars 1963, art. 28-IV) | - | 10 000 | |||||
0007 | Précompte dû par les sociétés au titre de certains bénéfices distribués (loi n° 65-566 du 12 juillet 1965, art. 3) | + | 500 000 | |||||
0008 | Impôt de solidarité sur la fortune | + | 700 000 | |||||
0010 | Prélèvements sur les entreprises d'assurance | + | 30 000 | |||||
0011 | Taxe sur les salaires | - | 785 000 | |||||
0012 | Cotisation minimale de taxe professionnelle | - | 200 000 | |||||
Cts0014< | 18 040 | . | . | . | . |
|
||
Ressources nettes | 10 347 | Dépenses nettes | - 742 | - 201 | - 3 010 | - 3 953 | . |
. |
Comptes d'affectation spéciale | 29 500 | . | 410 | 29 035 | » | 29 445 | . |
. |
Totaux du budget général et des comptes d'affectation spéciale | 39 847 | . | - 332 | 28 834 | - 3 010 | 25 492 | . |
. |
Budgets annexes |
||||||||
Aviation civile | » | . | » | » | . | » | . | . |
Journaux officiels | » | . | » | » | . | » | . | . |
Légion d'honneur | 2 | . | » | 2 | . | 2 | . | . |
Ordre de la Libération | » | . | » | » | . | » | . | . |
Monnaies et médailles | 20 | . | » | 20 | . | 20 | . | . |
Prestations sociales agricoles | » | . | » | » | . | » | . |
. |
Totaux des budgets annexes | 22 | . | » | 22 | . | 22 | . |
. |
Solde des opérations définitives de l'Etat (A) | . | . | . | . | . | . | . | 14 355 |
B. - Opérations à caractère temporaire |
||||||||
Comptes spéciaux du Trésor |
||||||||
Comptes d'affectation spéciale | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes de prêts | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes d'avances | - 3 400 | . | . | . | . | . | - 3 040 | . |
Comptes de commerce (solde) | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes d'opérations monétaires (solde) | » | . | . | . | . | . | » | . |
Comptes de règlement avec les gouvernements étrangers (solde) | » | . | . | . | . | . | » |
. |
Totaux (B) | - 3 400 | . | . | . | . | . | - 3 040 |
. |
Solde des opérations temporaires de l'Etat (B) | . | . | . | . | . | . | . |
- 360 |
Solde général (A + B) | . | . | . | . | . | . | . |
13 995 |
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il s'agit d'un amendement de coordination, qui tire
les conséquences de la suppression du prélèvement de 120 millions de francs sur
les réserves de l'INPI, à laquelle nous venons de procéder en supprimant
l'article 5.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je ne peux m'opposer à un amendement de cohérence !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 42, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 7 et de l'état A annexé, ainsi
modifié.
(L'ensemble de l'article 7 et de l'état A est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances
rectificative pour 1997.
En application de l'article 59 du règlement, le scrutin public est de
droit.
Je rappelle que, en application de l'article 47
bis
du règlement,
lorsque le Sénat n'adopte pas la première partie d'un projet de loi de
finances, l'ensemble du projet de loi est considéré comme rejeté.
Il va être procédé au scrutin public dans les conditions fixées par l'article
56 du règlement.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
62:
Nombre de votants | 318 |
Nombre de suffrages exprimés | 317159 |
Pour l'adoption | 317 |
DEUXIÈME PARTIE
MOYENS DES SERVICES
ET DISPOSITIONS SPÉCIALES
TITRE Ier
DISPOSITIONS APPLICABLES À L'ANNÉE 1997
I. -
Opérations à caractère définitif
A. - BUDGET GÉNÉRAL
Article 8 et état B
M. le président.
« Art. 8. - Il est ouvert aux ministres, au titre des dépenses ordinaires des
services civils pour 1997, des crédits supplémentaires s'élevant à la somme
totale de 32 169 784 329 francs, conformément à la répartition par titre et par
ministère qui en est donnée à l'état B annexé à la présente loi. »
Je donne lecture de l'état B :
É T A T B
Répartition, par titre et par ministère, des crédits ouverts au titre des
dépenses ordinaires des services civils
(En francs)
MINISTE`RES OU SERVICES |
TITRE I |
TITRE II |
TITRE III |
TITRE IV |
TOTAUX |
---|---|---|---|---|---|
Affaires étrangères et coopération : I. - Affaires étrangères |
. | . | » | 12 920 000 | 12 920 000 |
II. - Coopération | . | . | » | 21 300 000 | 21 300 000 |
Agriculture, pêche et alimentation | . | . | 21 200 000 | 765 102 083 | 786 302 083 |
Aménagement du territoire, ville et intégration : I. - Aménagement du territoire |
. | . | 1 550 000 | 1 000 000 | 2 550 000 |
II. - Ville et intégration | . | . | » | 1 000 000 | 1 000 000 |
Total | . | . | 1 550 000 | 2 000 000 | 3 550 000 |
Anciens combattants et victimes de guerre | . | . | 6 440 000 | 74 800 000 | 81 240 000 |
Charges communes | 18 447 270 000 | » | 1 026 770 000 | 7 865 620 000 | 27 339 660 000 |
Commerce et artisanat | . | . | » | » | » |
Culture | . | . | 13 500 000 | » | 13 500 000 |
Education nationale, enseignement supérieur et recherche : I. - Enseignement scolaire |
. | . | 51 948 000 | 139 500 000 | 191 448 000 |
II. - Enseignement supérieur | . | . | 59 642 984 | 2 000 000 | 61 642 984 |
III. - Recherche | . | . | 9 500 000 | » | 9 500 000 |
Environnement | . | . | 4 950 000 | 20 780 000 | 25 730 000 |
Equipement, logement, transports et tourisme : I. - Urbanisme et services communs |
. | . | 5 200 000 | 5 240 000 | 10 440 000 |
II. - Transports : 1. Transports terrestres |
. | . | » | 19 930 000 | 19 930 000 |
2. Routes | . | . | » | » | » |
3. Sécurité routière | . | . | » | » | » |
4. Transport aérien | . | . | » | » | » |
5. Météorologie | . | . | » | » | » |
Sous-total | . | . | » | 19 930 000 | 19 930 000 |
III. - Logement | . | . | » | 2 080 000 000 | 2 080 000 000 |
IV. - Mer | . | . | 2 500 000 | 149 420 000 | 151 920 000 |
V. - Tourisme | . | . | » | » | » |
Total | . | . | 7 700 000 | 2 254 590 000 | 2 262 290 000 |
Industrie, poste et télécommunications : I. - Industrie |
. | . | 10 000 000 | 470 500 000 | 480 500 000 |
II. - Poste, télécommunications et espace | . | . | 9 300 000 | » | 9 300 000 |
Intérieur et décentralisation | . | . | 120 000 000 | 155 047 485 | 275 047 485 |
Jeunesse et sports | . | . | » | 24 950 000 | 24 950 000 |
Justice | . | . | 2 000 000 | » | 2 000 000 |
Outre-mer | . | . | 78 609 642 | 16 116 039 | 94 725 681 |
Services du Premier ministre : I. - Services généraux |
. | . | 29 164 728 | 60 000 000 | 89 164 728 |
II. - Secrétariat général de la défense nationale | . | . | » | » | » |
III. - Conseil économique et social | . | . | » | » | » |
IV. - Plan | . | . | » | » | » |
Services financiers | . | . | 66 655 944 | 36 283 368 | 102 939 312 |
Travail et affaires sociales : I. - Travail |
. | . | » | » | » |
II. - Santé publique et services communs | . | . | 92 000 000 | 5 074 056 | 97 074 056 |
III. - Action sociale et solidarité | . | . | 75 000 000 | 110 000 000 | 185 000 000 |
Total | . | . | 167 000 000 | 115 074 056 |
282 074 056
|
Total général | 18 447 270 000 | » | 1 685 931 298 | 12 036 583 031 | 32 169 784 329 |
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 8 et de l'état B annexé.
(L'ensemble de l'article 8 et de l'état B est adopté.)
Article 9 et état C
M. le président.
« Art. 9. - Il est ouvert aux ministres, au titre des dépenses en capital des
services civils pour 1997, des autorisations de programme et des crédits de
paiement supplémentaires s'élevant respectivement aux sommes de 1 645 929 043
francs et de 2 101 134 494 francs, conformément à la répartition par titre et
par ministère qui en est donnée à l'état C annexé à la présente loi. »
Je donne lecture de l'état C :
É T A T C
Répartition, par titre et par ministère, des autorisations de programme et des
crédits de paiement
ouverts au titre des dépenses en capital des services civils
TITRE V |
TITRE VI |
TITRE VII |
TOTAUX
(en francs)
|
|||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
MINISTÈRES OU SERVICES |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Autorisations de programme |
Crédits de paiement |
Affaires étrangères et coopération : I. - Affaires étrangères |
46 650 000 | 46 650 000 | 2 130 000 | 5 660 000 | . | . | 48 780 000 | 52 310 000 |
II. - Coopération | 1 960 000 | 1 960 000 | » | 5 000 000 | . | . | 1 960 000 | 6 960 000 |
Agriculture, pêche et alimentation | 3 295 350 | 3 295 350 | » | » | . | . | 3 295 350 | 3 295 350 |
Aménagement du territoire, ville et intégration : I. _ Aménagement du territoire |
» | » | » | » | . | . | » | » |
II. _ Ville et intégration | » | » | » | » | . | . | » |
»
|
Total | » | » | » | » | . | . | » | » |
Anciens combattants et victimes de guerre | » | » | » | » | . | . | » | » |
Charges communes | 1 877 699 | 6 052 678 | 240 000 000 | 262 260 000 | . | . | 241 877 699 | 268 312 678 |
Commerce et artisanat | » | » | » | » | . | . | » | » |
Culture | 159 000 | 159 000 | 605 000 | 605 000 | . | . | 764 000 | 764 000 |
Education nationale, enseignement supérieur et recherche : I. - Enseignement scolaire |
1 309 000 | » | » | » | . | . | 1 309 000 | » |
II. - Enseignement supérieur | 2 660 528 | » | » | 110 000 000 | . | . | 2 660 528 | 110 000 000 |
III. - Recherche | » | » | » | » | . | . | » | » |
Environnement | 39 000 000 | 39 000 000 | » | » | . | . | 39 000 000 | 39 000 000 |
Equipement, logement, transports et tourisme : I. _ Urbanisme et services communs |
10 808 950 | 34 508 950 | 164 400 000 | 184 400 000 | » | » | 175 208 950 | 218 908 950 |
II. _ Transports : 1. Transports terrestres |
» | » | » | » | . | . | » | » |
2. Routes | 21 870 939 | 271 870 939 | 2 000 000 | » | . | . | 23 870 939 | 271 870 939 |
3. Sécurité routière | » | » | » | » | . | . | » | » |
4. Transport aérien | » | » | » | » | . | . | » | » |
5. Météorologie | » | » | » | » | . | . | » |
» |
. | ||||||||
Sous-total | 21 870 939 | 271 870 939 | 2 000 000 | » | » | » | 23 870 939 | 271 870 939 |
III. _ Logement | » | » | » | » | . | . | » | » |
IV. _ Mer | 10 833 000 | 1 333 000 | » | » | . | . | 10 833 000 | 1 333 000 |
V. - Tourisme | » | » | » | » | . | . | » |
» |
Total | 43 512 889 | 307 712 889 | 166 400 000 | 184 400 000 | » | » | 209 912 889 | 492 112 889 |
Industrie, poste et télécommunications : I. - Industrie |
256 500 | 256 500 | 874 300 000 | 874 300 000 | . | . | 874 556 500 | 874 556 500 |
II. - Poste, télécommunications et espace | » | » | » | » | . | . | » | » |
Intérieur et décentralisation | 46 000 000 | 46 000 000 | 10 000 000 | 5 000 000 | . | . | 56 000 000 | 51 000 000 |
Jeunesse et sports | 1 528 418 | 1 528 418 | » | » | . | . | 1 528 418 | 1 528 418 |
Justice | 91 500 000 | 99 500 000 | » | » | . | . | 91 500 000 | 99 500 000 |
Outre-mer | » | 5 000 000 | 35 623 333 | 60 623 333 | . | . | 35 623 333 | 65 623 333 |
Services du Premier ministre : I. _ Services généraux |
12 400 000 | 12 400 000 | » | » | . | . | 12 400 000 | 12 400 000 |
II. _ Secrétariat général de la défense nationale | » | » | » | » | . | . | » | » |
III. _ Conseil économique et social | » | » | » | » | . | . | » | » |
IV. _ Plan | » | » | » | » | . | . | » | » |
Services financiers | » | » | » | » | . | . | » | » |
Travail et affaires sociales : I. - Travail |
4 706 326 | 4 706 326 | » | » | . | . | 4 706 326 | 4 706 326 |
II. - Santé publique et services communs | » | » | » | » | . | . | » | » |
III. - Action sociale et solidarité | » | » | 20 055 000 | 19 065 000 | . | . | 20 055 000 |
19 065 000
|
Total | 4 706 326 | 4 706 326 | 20 055 000 | 19 065 000 | . | . | 24 761 326 |
23 771 326 |
Total général | 296 815 710 | 574 221 161 | 1 349 113 333 | 1 526 913 333 | » | » | 1 645 929 043 | 2 101 134 494 |
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 9 et de l'état C annexé.
(L'ensemble de l'article 9 et de l'état C est adopté.)
Article 10
M. le président.
« Art. 10. _ Il est ouvert au ministre de la défense, au titre des dépenses
ordinaires des services militaires pour 1997, des crédits supplémentaires
s'élevant à la somme de 604 600 000 francs. » -
(Adopté.)
B. _ BUDGETS ANNEXES
Article 11
M. le président.
« Art. 11. _ Il est ouvert aux ministres, au titre des dépenses des budgets
annexes pour 1997, des autorisations de programme et des crédits de paiement
supplémentaires s'élevant à la somme de 21 600 000 francs, ainsi répartie :
(En francs)
BUDGETS ANNEXES |
AUTORISATIONS de programme |
CRÉDITS de paiement |
|
---|---|---|---|
Légion d'honneur | 2 000 000 | 2 000 000 | |
Monnaies et médailles | 19 600 000 | 19 600 000 | . |
Totaux | 21 600 000 | 21 600 000 |
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 11.
(L'article 11 est adopté.)
C. _ OPÉRATIONS À CARACTÈRE DÉFINITIF
DES COMPTES D'AFFECTATION SPÉCIALE
Article 12
M. le président.
« Art. 12. _ Il est ouvert au ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie, au titre des comptes d'affectation spéciale pour 1997, des
autorisations de programme supplémentaires s'élevant à la somme de 29 100 000
000 francs et des crédits de paiement supplémentaires s'élevant à la somme de
29 509 862 000 francs, ainsi répartie :
« Dépenses ordinaires 409 862 000 F
« Dépenses en capital 29 100 000 000 F
« Total 29 509 862 000 F »
Sur l'article, la parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je rappelle que l'article 12 a pour objet d'accroître
les crédits des comptes d'affectation spéciale de 29,1 milliards de francs pour
les autorisations de programme et de 29,5 milliards de francs pour les crédits
de paiement.
Il est habituel que le collectif budgétaire comporte un article visant à
remettre à niveau les compteurs qui enregistrent les opérations financières
concernant les entreprises publiques.
Par rapport à la loi de finances initiale, on nous propose de faire plus que
doubler les recettes provenant de cessions de titres publics et, parallèlement,
de majorer de façon considérable les crédits ouverts pour procéder à des
dotations et avances au profit des entreprises publiques.
La vérité m'impose de reconnaître devant le Sénat que je manque singulièrement
d'éléments pour lui dire si l'article 12 du présent projet de loi est un
article sincère.
En l'état, je ne puis être sûr que le niveau des produits de cessions de
titres publics qu'il prévoit de consacrer sera bien celui qui sera constaté.
Plus encore, je suis loin d'être sûr que les crédits ouverts seront consommés
en 1997.
La direction du Trésor a en effet pris l'habitude d'une « navigation à
l'estime » - je reprends l'expression de notre excellent collègue M. Yann
Gaillard - qui pose au Sénat de vrais problèmes, monsieur le secrétaire
d'Etat.
La gestion patrimoniale de l'Etat nous paraît mériter mieux. La gestion
patrimoniale de l'Etat nous paraît mériter mieux. Non, monsieur le secrétaire
d'Etat, le disque n'est pas rayé. En effet, si je répète cette affirmation,
c'est parce qu'elle nous semble devoir être entendue au-delà même de cette
enceinte.
La gestion patrimoniale de l'Etat pose deux questions.
Les options de fond qui ont été décidées et le retour en force du « ni-ni »
sont-ils réalistes ? Cette question se veut, monsieur le secrétaire d'Etat,
dépourvue de référence aux débats un peu idéologiques que suscitent les
problèmes posés par le périmètre du secteur public. C'est une question
strictement financière qui est grave compte tenu de l'état du secteur
public.
La seconde question concerne la façon dont est géré le compte d'affectation
des recettes de cessions de titres publics aux dotations aux entreprises
publiques. Pourquoi cet écart entre prévisions et réalisations ? Pourquoi
attendre que l'année soit si avancée pour procéder aux mises sur le marché ?
Pourquoi cet écart temporel entre le moment où sont recouvrées les ressources
et celui où interviennent les dotations aux entreprises ?
Toutes ces questions et bien d'autres méritent des réponses. J'avais songé,
monsieur le secrétaire d'Etat, à vous proposer d'y répondre dans un rapport
remis au Parlement. Mais on sait ce que deviennent les rapports. Soit ils
interviennent trop tard, soit ils manquent d'exhaustivité. D'ailleurs, les
conditions de gestion du secteur public font déjà l'objet d'un grand nombre de
rapports qui, s'ils sont utiles, illustrent bien mon propos.
Je souhaite donc, monsieur le secrétaire d'Etat, aller au coeur des dossiers
et, en collaboration avec le rapporteur spécial des comptes spéciaux du Trésor,
pouvoir réunir les éléments d'un rapport que nous élaborerons nous-mêmes et qui
complétera l'information réunie par vos services. C'est pourquoi je vous prie,
monsieur le secrétaire d'Etat, de bien vouloir faire en sorte que vos services
collaborent à cette mission de contrôle qui me semble un gage important au
regard des principes de la démocratie parlementaire.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je voudrais rassurer M. le rapporteur général : même
si l'expression vient d'un orfèvre, il ne s'agit pas, en l'occurrence, de «
navigation à l'estime ». On peut comprendre, me semble-t-il, qu'aux contraintes
de l'annualité budgétaire se superposent des contraintes de marchés, qui
concernent le moment où des éléments d'ouverture du capital public peuvent être
mis sur le marché, et des considérations de confidentialité.
Une fois que les opérations sont faites, il est tout à fait possible
d'apporter aux deux commisions des finances les informations qu'elles
souhaitent. Le projet de loi de finances rectificative pour 1997 contient déjà
des informations assez claires sur l'origine de ces 29,5 milliards de
francs.
En ce qui concerne France Télécom, la loi de finances initiale, qui se situait
dans une perspective de privatisation, prévoyait une contribution de 25
milliards de francs. Ce que nous avons fait, qui consiste en une ouverture du
capital qui refuse la privatisation, c'est-à-dire le passage de France Télécom
sous le contrôle de marchés privés, rapporte 42,5 milliards de francs.
S'agissant des dépenses, je n'en rappellerai pas la liste ; elle figure dans
le document qui vous est soumis.
Pour répondre à votre question, monsieur le rapporteur général, il est clair
que les commissions du Parlement ont droit à toutes les informations qui
peuvent être fournies dans le respect des règles de confidentialité qui sont
nécessaires dans de telles opérations.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 12.
(L'article 12 est adopté.)
II. - Opérations à caractère temporaire
Article 13
M. le président.
« Art. 13. _ Il est ouvert au ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie, pour 1997, au titre des comptes de prêts, des crédits de paiement
supplémentaires s'élevant à la somme de 35 000 000 francs. » -
(Adopté.)
III. _ Autres dispositions
Article 14
M. le président.
« Art. 14. _ Sont ratifiés les crédits ouverts par les décrets n° 97-755 du 9
juillet 1997 et n° 97-953 du 17 octobre 1997 portant ouverture de crédits à
titre d'avance. » -
(Adopté.)
Article 15
M. le président.
« Art. 15. _ Pour l'exercice 1997, le produit, hors taxe sur la valeur
ajoutée, de la taxe dénommée "redevance pour droits d'usage des appareils
récepteurs de télévision" est réparti entre les organismes du secteur
public de la communication audiovisuelle de la manière suivante :
(En millions de francs)
« Institut national de l'audiovisuel 282,6
« France 2 2 381,5
« France 3 3 319,7
« Société nationale de radiodiffusion et
de télévision d'outre-mer 1 173,7
« Radio France 2 144,9
« Radio France internationale 267,2
« Société européenne de programmes de
télévision : la SEPT-ARTE 784,6
« Société de télévision du savoir, de la
formation et de l'emploi : La Cinquième 647,9
« Total 11 002,1 »
Sur l'article, la parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Cet article prévoit une affectation des excédents de redevance audiovisuelle.
Nous sommes loin de la logique budgétaire des deux dernières années, qui visait
essentiellement à proposer d'autres modes de gestion pour le secteur
audiovisuel public en consacrant le principe du recours aux recettes
publicitaires. Pour autant cela signifie-t-il que tout va pour le mieux dans le
secteur de l'audiovisuel ? Nous ne le pensons pas.
Les récents mouvements de grève à France 3 illustrent les difficultés des
chaînes publiques à trouver leur place au sein d'un secteur audiovisuel livré
tout entier aux difficultés d'une concurrence exacerbée.
Les personnels de France 3 se sont mobilisés pour défendre une autre
conception du secteur public, de l'audiovisuel, et les résultats obtenus par
cette chaîne publique, tant du point de vue de l'audience que de celui de la
qualité, justifient pleinement que nous y prêtions attention.
Peut-être aurait-il été souhaitable, compte tenu de cette actualité,
d'affecter autrement l'excédent de redevance, afin de faire un signe en
direction notamment des personnels de France 3 ?
Mais les retards pris sont réels. Ainsi, l'Institut national de l'audiovisuel,
l'INA, qui a subi une annulation nette de ses crédits publics de 6 millions de
francs, retrouve les crédits amputés.
De la même façon, une partie du solde de la redevance est attribué à RFO afin
de financer la part des investissements immobiliers réalisés par cette société
publique en Guadeloupe et en Guyane.
Les marges de manoeuvre relatives au financement de l'audiovisuel public sont
étroites, et nous voyons en cet exercice combien il conviendra, dans les délais
très brefs, de redéfinir le rôle que nous souhaitons voir joué par notre
audiovisuel.
Nous attendons que soit présenté le projet de loi sur l'audiovisuel qui
devrait, selon Mme Trautmann, ministre de la culture et de la communication,
donner des perspectives au secteur public. Il va sans dire que ces perspectives
devront s'accompagner de décisions budgétaires permettant à l'audiovisuel
public de retrouver une place détachée des strictes contingences du recours aux
recettes publicitaires, dont chacun connaît les méfaits sur la production
audiovisuelle.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Madame Beaudeau, le Gouvernement, notamment le
ministre de la culture et de la communication, partage votre attachement au
service public de l'audiovisuel. Le budget pour 1998 - Mme Beaudeau le sait,
ainsi que la Haute Assemblée - a été revalorisé, y compris les ressources de la
redevance. Le Gouvernement a confiance dans le secteur public de
l'audiovisuel.
Le conflit de France 3 s'est heureusement terminé, dans une maison qui avait
de véritables problèmes. A ce stade, il ne me paraît pas opportun de priver RFO
des 70 millions de francs qui lui sont proposés sur les excédents de recettes
de la redevance de l'audiovisuel, ni l'Institut national de l'audiovisuel des
12 millions de francs qui lui sont également proposés sur lesdits excédents.
Par conséquent, je demande au Sénat d'adopter l'article 15 en l'état. Mais je
saisis l'occasion qui m'est donnée pour dire à Mme Beaudeau que le secteur
public de l'audiovisuel est l'une des priorités du Gouvernement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 15.
(L'article 15 est adopté.)
TITRE II
DISPOSITIONS PERMANENTES
I. _
Mesures concernant la fiscalité
Article 16
M. le président.
« Art. 16. _ I. _ La première phrase de l'article 75 du code général des
impôts est ainsi rédigée :
« Les produits des activités accessoires relevant de la catégorie des
bénéfices industriels et commerciaux et de celle des bénéfices non commerciaux
réalisés par un exploitant agricole soumis à un régime réel ou au régime
transitoire d'imposition peuvent être pris en compte pour la détermination du
bénéfice agricole lorsque, au titre de l'année civile précédant la date
d'ouverture de l'exercice, les recettes accessoires commerciales et non
commerciales n'excèdent ni 30 % des recettes tirées de l'activité agricole, ni
200 000 francs. »
« II. _ Les dispositions du I s'appliquent pour la détermination des résultats
des exercices clos à compter du 1er janvier 1998. » -
(Adopté.)
Articles additionnels après l'article 16
M. le président.
Par amendement n° 22, M. Gaillard propose d'insérer, après l'article 16, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le premier alinéa du I de l'article 72 D du code général des
impôts, il est inséré un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« Ce taux est également porté à 20 % pour les exercices ouverts à compter du
1er janvier 1998 pour les exploitants qui réalisent des travaux de mise aux
normes environnementales destinés à satisfaire aux obligations prévues par les
textes d'application de la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 modifiée relative
aux installations classées pour la protection de l'environnement. Un arrêté
précise les documents à fournir pour justifier que ces travaux de mise aux
normes sont destinés à satisfaire aux obligations fixées par la législation en
vigueur.
« II. - La perte de recettes résultant de l'application des dispositions du I
ci-dessus est compensée par la majoration à due concurrence des droits visés
aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 39, MM. Dupont, Lambert, de Bourgoing et Marini proposent
d'insérer, après l'article 16, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le troisième alinéa de l'article 63 du code général des impôts est complété
in fine
par les mots suivants :
« et par les entraîneurs publics de chevaux de course titulaires des
autorisations d'entraîner visées au 1 de l'article 27 du code des courses au
galop et aux 1) et 2) du III de l'article 26 du code des courses au trot. »
La parole est à M. Dupont.
M. Ambroise Dupont.
Cet amendement vise à faire relever du régime des bénéfices agricoles les
activités des entraîneurs de chevaux de course.
Comme vous le savez, monsieur le secrétaire d'Etat, la section « cheval » du
groupe « élevage » du Sénat a créé, voilà déjà quelques années, un groupe de
travail réunissant les professionnels et les services de votre ministère et
visant à la clarification et à la simplification des réglementations
s'appliquant à l'activité équine. Vous avez accepté que ce groupe de travail
poursuive ces activités, ce dont je tiens à vous remercier, ainsi que vos
collaborateurs.
Ce groupe de travail tend également à redonner à cette activité l'image qui
doit être la sienne : économique, porteuse de très nombreux emplois et
utilisatrice d'espaces agricoles sans droits à produire ni quotas.
Toute cette activité est financée par le jeu, donc par les courses. Elle est
par ailleurs durement concurrencée par nos voisins irlandais ou anglais,
souvent largement détaxés.
Monsieur le secrétaire d'Etat, sous l'autorité de vos prédécesseurs, une
instruction clarifiant la situation des syndicats d'étalons a été publiée. Elle
doit encore être accompagnée de quelques textes qui, me semble-t-il, sont
acceptés par tous et que nous aimerions voir sortir rapidement, puisqu'ils
concernent l'année 1998.
L'amendement n° 39 vise les entraîneurs, qui sont partie intégrante de
l'activité agricole de l'élevage, puisque c'est sur leur travail que repose la
sélection qui permet de détecter les qualités des reproducteurs. Les
entraîneurs sont de larges utilisateurs d'espaces agricoles ou naturels,
puisque l'on n'entraîne pas les chevaux simplement dans des boxes. Ils sont
quelquefois éleveurs, entraîneurs et propriétaires ou copropriétaires des
chevaux qu'ils entraînent, dans tous les cas charnières de la filière. Ils sont
cependant soumis à des régimes fiscaux divers : bénéfices agricoles, bénéfices
non commerciaux, ou bénéfices industriels et commerciaux quelquefois. De
surcroît, le lissage des résultats de leur activité et de leurs cotisations
sociales, éminemment variables, est utile pour leur éviter des situations trop
aléatoires. Ils relèvent, enfin, de la mutualité sociale agricole.
Telles sont les raisons pour lesquelles il nous semble cohérent et légitime
que les entraîneurs puissent être taxés selon le régime des bénéfices
agricoles.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je tiens tout d'abord à remercier M. le secrétaire
d'Etat du grand honneur qu'il a fait, vendredi, à la Basse-Normandie, en se
rendant dans cette région.
Le cheval est très présent dans l'économie de la région Basse-Normandie, et
tout le monde comprendra donc que Ambroise Dupont soit l'un des meilleurs
experts pour alerter le Gouvernement sur les problèmes de fiscalité auxquels
sont confrontés tous ceux qui participent à l'activité équine.
Notre collègue a évoqué le cas particulier des entraîneurs. Je dirai, parlant
sous l'autorité de M. le président de séance, qui, lui aussi, connaît
admirablement ce secteur, que se pose à cet égard un problème réel qui mérite
d'être réglé. En effet, les intervenants dans ce secteur sont soumis à des
régimes fiscaux que je pourrais presque qualifier d'« aléatoires ». Il convient
donc de pouvoir leur donner un régime fiscal qui leur permette de développer
leur activité, et ce d'autant plus qu'il s'agit d'acteurs économiques utiles à
la France : en effet, ils font valoir les couleurs de la France tant dans notre
pays qu'à l'étranger ; ils sont exportateurs d'activités et prestataires de
services pour des personnes investissant dans notre pays. Ils méritent donc
toute la considération de l'Etat, en raison des rentrées fiscales auxquelles
ils contribuent.
Telles sont toutes les raisons pour lesquelles la commission des finances a
estimé que le Gouvernement devait soutenir avec attention la préoccupation
exprimée par notre collègue Ambroise Dupont. Elle a souhaité recueillir l'avis
du Gouvernement. Peut-être, après cet avis, notre collègue possédera-t-il tous
les éléments d'information qui lui permettront soit de préciser son amendement,
soit de remettre l'ouvrage sur le métier afin que l'applicabilité de sa
proposition atteigne l'excellence ?
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
La profession d'entraîneur de chevaux de course est
importante du point de vue économique et mérite le respect. Pour autant, ce
respect doit-il se traduire par son intégration dans le régime des bénéfices
agricoles ? Telle est la question que vous posez, monsieur Dupont, et à
laquelle je voudrais apporter quelques éléments de réponse.
S'il existe un régime fiscal spécifique à l'agriculture, c'est parce que cette
dernière est une activité économique particulière se caractérisant par un très
faible niveau du chiffre d'affaires par rapport au capital investi - les
spécialistes parlent d'une « lente rotation des capitaux » - par une très forte
proportion d'éléments non amortissables dans le bilan - je fais allusion au
foncier non bâti, aux améliorations foncières effectuées en permanence par les
agriculteurs - et, enfin, par une irrégularité importante des revenus.
Ces caractéristiques du monde agricole, qui justifient un régime fiscal
particulièrement favorable, ne se retrouvent pas à l'identique dans l'activité
d'entraîneur de chevaux de course.
J'ajouterai, monsieur le sénateur, que l'activité d'un entraîneur consiste
moins à élever les chevaux qui lui sont confiés qu'à les dresser, activité
beaucoup plus difficile que l'élevage pur ; en la matière, le travail de
l'entraîneur consiste non pas à faire croître des animaux comme le feraient des
éleveurs ordinaires, mais en quelque sorte à leur donner une éducation. A ce
titre, le dressage relève donc plutôt de la catégorie des bénéfices non
commerciaux. Il se trouve d'ailleurs, monsieur le sénateur, qu'une
jurisprudence constante du Conseil d'Etat et de la Cour de cassation - je vous
fais grâce des références de tous les arrêts ! - existe sur ce point.
En conclusion, la reconnaissance de l'importance évidente du rôle des
entraîneurs de chevaux de course ne justifie pas nécessairement, de l'avis du
Gouvernement, l'inclusion de leur profession dans le champ des activités
agricoles. Cette activité relève, à son avis, de la catégorie des bénéfices non
commerciaux.
Par conséquent, monsieur le sénateur, le Gouvernement ayant marqué sa
considération pour les entraîneurs de chevaux de course, peut-être
pourriez-vous, à la suite des explications de caractère fiscal qui vous ont été
apportées, accepter de retirer votre amendement ?
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 39.
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Voilà un sujet que nous étudions depuis des années, sous l'égide de M.
Ambroise Dupont, président de la section « cheval » du groupe « élevage » de la
Haute Assemblée. De même, nos collègues de l'Assemblée nationale ont formé un
groupe de travail similaire, qui travaille sous la présidence de Jacques Myard,
député-maire de Maisons-Laffitte.
Pendant ce temps, nous constatons, dans nos départements, que bien des
entraîneurs de chevaux de course connaissent une situation économique très
difficile.
Si je m'en tiens à ce que j'ai sous les yeux, dans les communes de Chantilly,
de Gouvieux et de Lamorlaye, où l'entraînement des chevaux de course est la
principale activité en termes d'emplois, j'observe que beaucoup d'entraîneurs
diminuent chaque année leur personnel et qu'il y a de plus en plus de boxes
d'écuries vides. Cela pose de véritables problèmes d'équilibre social,
d'équilibre économique, voire d'urbanisme.
Il n'est donc pas possible, monsieur le secrétaire d'Etat, de remettre sans
cesse à plus tard les décisions relatives à cette profession.
En outre, et très concrètement, on observe, comme l'a dit très opportunément
Ambroise Dupont dans son exposé des motifs, qu'il n'est pas rare qu'un même
entraîneur de chevaux de course soit imposé à la fois au titre des bénéfices
industriels et commerciaux, des bénéfices non commerciaux et des bénéfices
agricoles, ce qui crée des situations assez inextricables du point de vue de la
gestion et exagérément complexes pour le contrôle fiscal.
Par ailleurs, monsieur le secrétaire d'Etat, il est opportun d'examiner les
conséquences de l'option fiscale sur les charges sociales de ces entreprises.
C'est là un enjeu au moins aussi important que l'enjeu fiscal, et il me semble
que la classification agricole serait de nature à réduire le niveau des charges
d'exploitation d'un certain nombre d'entraîneurs de chevaux de course.
Certes, cette classification entraînerait des effets pervers, notamment sur
les finances communales, dans la mesure où la perte des ressources de taxe
professionnelle liée à l'imposition en bénéfices industriels et commerciaux des
entraîneurs de chevaux de course serait très significative pour le budget de
certaines collectivités locales. Mais j'ai entendu des maires m'affirmer que,
plutôt que de voir décliner inexorablement cette activité, ils préféreraient
faire un sacrifice au sein de leur budget, à condition toutefois que soit opéré
un lissage de la courbe et que la modification ne se traduise pas par une
interruption brutale d'une partie importante des ressources de la commune.
La question posée par notre collègue Ambroise Dupont est donc extrêmement
opportune et étudiée depuis très longtemps. Monsieur le secrétaire d'Etat, nous
ne devons pas en rester aux généralités : il nous faut vraiment nous mettre à
discuter de ce point tout à fait sérieusement avec les représentants de cette
profession, car il est à craindre - nous aurions tort de sous-estimer ce risque
- une délocalisation, ailleurs, en Europe, d'activités de nature compétitive :
en effet, des haras privés, des centres d'entraînement se développent dans les
îles britanniques, notamment en Irlande, sous un régime fiscal beaucoup plus
favorable que le nôtre. Or, il n'y a pas loin de la Normandie ou de l'Oise à
outre-Manche. Ce n'est pas un cas de figure théorique, et les professionnels
nous en parlent. Monsieur le secrétaire d'Etat, de grâce, faites vite pour
cette profession !
M. Ambroise Dupont.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Dupont.
M. Ambroise Dupont.
Notre collègue M. Marini a très bien repris les arguments que j'aurais pu
avancer. J'ai également entendu M. le rapporteur général et M. le secrétaire
d'Etat développer les leurs.
Je crois que, si l'on peut très bien débattre, en pensant à tout ce qui s'est
fait jusqu'à présent, du bien-fondé ou non de l'activité agricole des
entraîneurs, il serait néanmoins parfaitement légitime d'assujettir ces
derniers aux bénéfices agricoles dans la mesure où ils sont l'un des maillons
de l'élevage. Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez évoqué le dressage. Or,
ce dernier se fait pendant l'élevage. Et l'on ne pourrait pas imaginer qu'il
n'y ait pas d'entraînement pour faire de la sélection à l'élevage. Les
entraîneurs sont donc partie intégrante de toute la filière de l'exploitation
équine.
J'ajoute que cette activité est l'une des richesses de la France : nous avons
des hommes de talent, ainsi que des terroirs très favorables, dans la mesure où
la France compte l'une des deux régions européennes les plus capables d'élever
des chevaux. A côté de cela, les situations de concurrence sont telles qu'il
nous est très difficile d'exercer tous nos talents et tout notre potentiel.
Enfin, monsieur le secrétaire d'Etat, cette filière équine, qui passe par les
courses et donc par les entraîneurs, est très utilisatrice d'espace agricole ou
naturel. En effet, on ne peut pas imaginer dresser des chevaux dans un espace
clos ! Il faut bien évidemment utiliser toutes les structures, qui sont soit
mises à disposition par les sociétés de course, soit assumées par les
entraîneurs.
Je vais retirer mon amendement, même si j'éprouve de la peine à cela. Je
l'aurais d'ailleurs fait beaucoup plus volontiers, monsieur le secrétaire
d'Etat si votre écoute attentive m'avait permis de penser que nous allions
pouvoir travailler au cours des prochains mois sur ce point, que nous pourrions
nous donner rendez-vous à l'occasion de l'examen du projet de loi portant
diverses dispositions d'ordre économique et financier, par exemple, après avoir
vraiment épuisé le sujet, et partir ainsi sur des bases qui me semblent devoir
être révisées.
M. le président.
L'amendement n° 39 est retiré.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Chacun l'aura noté, je suis cosignataire de cet
amendement, non pas au nom de la commission des finances, mais en tant que
sénateur de l'Orne.
Notre collègue M. Ambroise Dupont est un modèle de modération, vous le savez,
monsieur le secrétaire d'Etat. S'il a retiré son amendement, c'est pour éviter
au Sénat d'avoir à adopter une disposition qui peut encore être améliorée dans
sa forme.
Cela étant, nous voulons avoir la certitude que le Gouvernement est bien
conscient de la réalité de cette activité, une activité économique, porteuse
d'emplois, utilisatrice de l'espace, qui est, à l'heure actuelle, fortement
concurrencée, comme l'a dit M. Marini, et peut-être en voie de trouver d'autres
cieux plus favorables...
Je ne voudrais pas, au motif que, finalement, la solution proposée n'entre pas
dans la stricte orthodoxie fiscale, que l'on renonce à étudier le problème.
J'en suis convaincu, des milliers d'emplois sont en jeu, peut-être pas sur une
seule année,...
M. Ambroise Dupont.
Si, des milliers d'emplois permanents !
M. Philippe Marini.
Oui !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
... mais, en tous les cas, ils se trouvent
aujourd'hui concurrencés.
Je le dis avec d'autant plus d'humilité, comme je l'ai confié à M. Ambroise
Dupont, que je ne suis pas sûr que ce régime fiscal convienne à tous les types
d'activité. Certains entraîneurs choisiront peut-être des cadres juridiques qui
les feront bénéficier d'un régime fiscal correspondant plus exactement à leur
créneau.
Monsieur le secrétaire d'Etat, nous voulons être certains que le Gouvernement
ne se sera pas contenté, avec la courtoisie que nous nous plaisons à souligner,
de passer un moment sur l'économie du cheval en attendant que le Sénat se
rappelle à son attention. Nous souhaitons qu'un rendez-vous soit pris et qu'au
30 juin, au plus tard, une vraie discussion ait eu lieu afin qu'une solution
fiscale puisse faire l'objet d'une consécraction législative.
MM. René Ballayer et Philippe Marini.
Très bien !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Dans ce climat parfaitement courtois, je ne peux que
me répéter : je considère que l'activité d'entraînement des chevaux de course
est économiquement importante et que, dans certaines parties du territoire
français, elle a un impact véritable sur l'emploi.
Mes conseillers sont toujours prêts à parler fiscalité avec qui est de bonne
volonté. Je ne prends pas d'engagement sur une échéance précise, mais je reste
ouvert au dialogue, sur ce sujet comme sur tous les sujets. Je remercie M.
Ambroise Dupont d'avoir bien voulu retirer son amendement. Nous pourrons
revenir sur ce dossier, mais je ne suis pas sûr que la solution qu'il propose
soit la meilleure possible.
M. le président.
Par amendement n° 18 rectifié, MM. Sergent, Régnault et Angels, Mme
Bergé-Lavigne, MM. Charasse, Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne et les
membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article
16, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les primes à la performance attribuées par l'Etat, après consultation
de la Commission nationale du sport de haut niveau, aux sportifs français qui
seront médaillés aux jeux Olympiques d'hiver de 1998 à Nagano ne seront pas
soumises à l'impôt sur le revenu.
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant des dispositions
précédentes sont compensées à due concurrence par une hausse des droits prévus
aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est M. Massion.
M. Marc Massion.
Par cet amendement, nous proposons d'exonérer d'impôt sur le revenu les primes
à la performance qui seraient attribuées par l'Etat aux sportifs médaillés des
jeux Olympiques d'hiver de 1998.
Il est en effet de tradition de verser aux athlètes médaillés à cette occasion
des primes dont le montant est arrêté par le ministre en charge de la jeunesse
et des sports, après consultation de la Commission nationale du sport de haut
niveau. Ces primes constituent une reconnaissance de la performance accomplie
par ces sportifs, qui véhiculent l'image de la France et de son savoir-faire
chacun dans leur champ de compétence.
Depuis leur création, ces primes ont bénéficié d'une exonération totale de
l'impôt sur le revenu. Cette défiscalisation se justifie par le caractère
symbolique et forfaitaire de ce geste fait par la collectivité au bénéfice des
sportifs les plus méritants.
La mesure spécifique que prévoit notre amendement répond à ce que l'on peut
appeler un rituel législatif, puisqu'un amendement semblable est adopté par le
Parlement à l'occasion de chaque manifestation olympique.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances estime en effet qu'une
pérennisation du dispositif fiscal pourrait être intéressante, parce que, là,
on a l'impression que c'est à celui qui dégaine le plus vite !
(Sourires.)
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
C'est sportif !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
A cet égard, notre collègue M. Marc Massion mérite la
médaille de l'amendement le plus rapidement déposé !
(Nouveaux
sourires.)
En tout état de cause, la commission souhaite connaître l'avis du
Gouvernement, avis auquel elle se rangera.
M. le président.
Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
L'amendement défendu par M. Massion est de bon augure.
Le Gouvernement émet un avis favorable et lève le gage.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 18 rectifié
bis.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18 rectifié
bis,
accepté par la
commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 16.
Article 17
M. le président.
« Art. 17. _ I. _ A la première phrase du premier alinéa de l'article 1663
bis
du code général des impôts, les mots : "être fractionné par
parts égales sur l'année de cessation et les deux années suivantes" sont
remplacés par les mots : "être fractionné par parts égales, soit sur
l'année de cessation et les deux années suivantes, soit sur l'année de
cessation et les quatre années suivantes".
« II. _ Les dispositions du I s'appliquent à compter de l'imposition des
revenus de 1997. » -
(Adopté.)
M. le président.
Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les
reprendrons à vingt-deux heures et j'espère qu'après ce canter modéré nous
irons à plus vive allure !
(Sourires.)
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures cinquante, est reprise à vingt-deux
heures, sous la présidence de M. Paul Girod.)
PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
vice-président
M. le président.
La séance est reprise.
Nous poursuivons la discussion du projet de loi de finances rectificative pour
1997.
J'informe le Sénat que la commission des finances m'a fait connaître qu'elle a
d'ores et déjà procédé à la désignation des candidats qu'elle présentera si le
Gouvernement demande la réunion d'une commission mixte paritaire en vue de
proposer un texte sur le projet de loi actuellement en cours d'examen.
Ces candidatures ont été affichées pour permettre le respect du délai
réglementaire.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus aux amendements
tendant à insérer des articles additionnels après l'article 17.
Articles additionnels après l'article 17
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 7 rectifié, M. Lambert, au nom de la commission, propose
d'insérer, après l'article 17, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 202 du code général des impôts est complété par un alinéa
ainsi rédigé :
« 4. Toutefois, par dérogation aux dispositions qui précèdent et dans
l'hypothèse où le contribuable poursuit l'exercice de sa profession non
commerciale dans le cadre d'une société mentionnée aux articles 8 et 8
ter,
exerçant une activité libérale, les bénéfices en sursis d'imposition - y
compris ceux qui proviennent de créances acquises et non encore recouvrées - et
les plus-values latentes incluses dans l'actif social ne font pas l'objet d'une
imposition immédiate, à la double condition qu'aucune modification ne soit
apportée aux écritures comptables et que l'imposition desdits bénéfices,
créances acquises et plus-values demeure possible sous le régime fiscal
applicable à la société concernée. »
« II. - Les pertes de recettes résultant des dispositions du I ci-dessus sont
compensées à due concurrence par un relèvement des droits visés aux articles
575 et 575 A du CGI. »
Par amendement n° 27 rectifié, M. Ostermann et les membres du groupe du
Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après l'article 17, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 202 du code général des impôts est complété par un paragraphe
additionnel ainsi rédigé :
« En cas d'apport à une société soumise à un régime réel d'imposition, comme
en cas de changement de régime fiscal d'une société placée sous le régime des
sociétés de personnes défini aux articles 8 et suivants, le montant des
créances acquises et des travaux en cours à la date de l'apport ou du
changement de régime fiscal peut être déduit du bénéfice imposable à la
condition d'être porté à un compte de réserve spéciale.
« Les sommes prélevées sur cette réserve spéciale sont rapportées aux
résultats sociaux de l'exercice en cours lors de ce prélèvement ».
« II. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'application du I
ci-dessus sont compensées à due concurrence par un relèvement des droits
figurant aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la
création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du code
général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° 7
rectifié.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cet amendement a pour objet d'encourager le
regroupement des professionnels libéraux dans les sociétés assujetties à
l'impôt sur le revenu dans le cadre des bénéfices non commerciaux en supprimant
l'imposition immédiate des créances acquises. Ces dernières ne seraient
imposées qu'au fur et à mesure des encaissements dans le cadre de la nouvelle
structure.
En effet, l'apport par un professionnel libéral de sa clientèle ou des
éléments d'actifs affectés à l'exercice de sa profession à une société civile
est fiscalement considéré comme une cessation d'activité qui entraîne la
taxation immédiate des travaux en cours et des créances acquises.
Or, les créances acquises mais non encore recouvrées peuvent représenter
jusqu'à six mois de chiffre d'affaires. L'imposition immédiate de telles
créances est donc de nature à contrecarrer les nécessaires regroupements
professionnels que nous connaissons dans certaines activités.
La sévérité d'un tel régime est d'autant moins justifiée que les associés qui
se regroupent au sein d'une structure commune continuent leur activité au sein
de la nouvelle structure et restent assujettis à l'impôt sur le revenu au titre
de la part des bénéfices non commerciaux qui leur revient.
Or, contrairement aux professionnels libéraux qui choisissent d'exercer sous
la forme d'une société d'exercice libéral ou sous la forme d'une société civile
professionnelle soumise à l'impôt sur les sociétés, aucun assouplissement de la
règle de la taxation immédiate des travaux en cours n'est prévu en faveur des
contribuables qui continuent leur activité au sein d'une société exerçant une
activité libérale sous le régime des bénéfices non commerciaux.
On ne voit donc pas pourquoi les associés resteraient personnellement tenus
d'acquitter cette charge fiscale alors que les créances acquises qui vont être
encaissées vont constituer le fonds de roulement de la société.
Aussi le présent amendement a-t-il pour objet de transférer à la nouvelle
société la charge de l'imposition sur les créances acquises.
M. le président.
L'amendement n° 27 rectifié est-il soutenu ?...
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 7 rectifié ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement n'est pas favorable à cet
amendement.
L'imposition des charges acquises trouve son fondement dans la cessation
d'activité que constitue le changement de mode d'exploitation.
Les créances acquises, qui correspondent à la rémunération de l'activité
déployée par le professionnel avant son entrée dans la société, sont attachées
à l'exploitant individuel.
Prévoir la faculté de les rattacher aux résultats de la société, qui a une
personnalité juridique distincte de celle de l'associé, et donc de les imposer
au nom de l'ensemble des associés, ne serait justifié, selon le Gouvernement,
ni sur le plan juridique ni sur le plan économique.
J'ajoute, monsieur le rapporteur général, que la question des plus-values
latentes, qui est également évoquée dans votre amendement, est déjà réglée par
le report d'imposition institué par l'article 151
octies
du code général
des impôts.
J'espère qu'après ces éclaircissements vous voudrez bien, monsieur le
rapporteur général, retirer l'amendement, faute de quoi j'en demanderai le
rejet.
M. le président.
L'amendement est-il maintenu, monsieur le rapporteur général ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je comprends bien les raisons que vous venez
d'évoquer, monsieur le secrétaire d'Etat. Je veux néanmoins essayer de vous
sensibiliser au réel problème que connaissent, en particulier, certains
professionnels du droit - je pense, notamment, aux avocats - confrontés qu'ils
sont, sur un marché juridique en pleine expansion, à une concurrence
extrêmement vive.
Chacun sait que dans une grande ville comme Paris, en particulier, arrivent de
grands cabinets internationaux organisés comme des bataillons, avec des
structures juridiques du type de celles des sociétés commerciales, et qui
engagent une compitition très vive avec des cabinets dont la taille et le
régime fiscal les placent dans des conditions de concurrence très
défavorables.
Vous faites valoir, monsieur le secrétaire d'Etat, que chaque régime a une
cohérence et que la demande que je fais porte atteinte à cette cohérence et à
l'orthodoxie des régimes.
Pour ma part, je trouve assez curieux qu'un professionnel qui va s'associer
dans une société civile professionnelle, soit immédiatement soumis à
l'imposition pour ses créances acquises, alors que, s'il cède son activité, il
va, cédant son cabinet, céder les créances acquises à celui qui lui succédera
et ne sera donc pas imposé. J'y vois une forme d'injustice.
Il faudrait que nous essayions d'avoir une approche économique de la question.
Je sais que la fiscalité a sa propre logique, mais la fiscalité n'a d'avenir -
je parle sous votre contrôle, monsieur le secrétaire d'Etat - que si elle ne
s'éloigne pas durablement de l'économie. Or, en l'espèce, elle s'en éloigne
dangereusement.
Voilà pourquoi, malgré mon désir d'être agréable au Gouvernement à l'occasion
de cette reprise, je ne peux pas retirer l'amendement.
Votre réponse, monsieur le secrétaire d'Etat - je vous le dis avec tout le
respect que je vous porte - est, au fond, totalement négative ; il n'y a pas
d'espoir. Dans ces conditions, il vaut mieux que le Sénat marque sa volonté de
résoudre le problème.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le rapporteur général, peut-être ai-je adopté
un ton qui n'était pas le bon ; le Gouvernement est, à l'évidence, sensible à
ce problème de concurrence qui se développe dans ceraines professions du fait
de l'arrivée sur le marché de grandes organisations venant parfois
d'outre-Atlantique avec leur dispositif propre.
C'est d'ailleurs pourquoi, l'article 17 de ce collectif budgétaire prévoit
déjà un régime d'imposition très favorable dans le cas où il y a option en
faveur de l'impôt sur le bénéfice des sociétés.
Le Gouvernement, qui pourrait être rejoint par la Haute Assemblée sur ce
point, fait donc déjà un pas important dans la direction que vous souhaitez. Il
ne me paraît pas vraiment nécessaire d'aller au-delà.
En tout cas, soyez assuré que le Gouverneent est attaché au fait que les
professionnels français soient à armes égales avec certains cabinets
concurrents dans le cadre de la libre prestation de services.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Dans sa réponse, M. le secrétaire d'Etat a visé le
cas des professionnels qui optent pour l'impôt sur les sociétés. Or, nombre
d'entre eux restent soumis à l'impôt sur le revenu. Il est donc absolument
nécessaire, pour couvrir ce cas particulier, que je maintienne l'amendement n°
7 rectifié.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7 rectifié, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le
résultat du dépouillement du scrutin n°
63:
Nombre de votants | 308 |
Nombre de suffrages exprimés | 307 |
Majorité absolue des suffrages | 154 |
Pour l'adoption | 210 |
Contre |
97 |
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 17.
Par amendement n° 28 rectifié, M. Ostermann et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après l'article 17, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. Dans le paragraphe II de l'article 93 quater du code général des impôts, après les mots : "la loi n° 66-879 du 29 novembre 1966 modifiée," sont insérés les mots : "à une société ou un groupement d'exercice libéral non soumis à l'impôt sur les sociétés constitués conformément aux dispositions de la loi n° 90-1258 du 31 décembre 1990".
« II. Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'application du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par un relèvement des droits figurant aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du code général des impôts. »
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini. Le rapprochement de cabinets distincts au sein d'une structure unique, sous la forme d'apports à une société civile professionnelle non soumise à l'impôt sur les sociétés, est susceptible, aux termes du droit fiscal en vigueur, d'être interprété comme une cessation d'activité.
Le paragraphe II de l'article 93 quater du code général des impôts prévoit un report d'imposition de la plus-value constatée lors de l'apport par un associé de la clientèle ou des éléments d'actif affectés à l'exercice de sa profession, et cela seulement à une société civile professionnelle.
Cet amendement vise donc à introduire un peu plus de souplesse ; il devrait être complémentaire du dispositif qui nous est proposé par le Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ? M. Alain Lambert, rapporteur général. La commission des finances considère que cet amendement vise assez peu de contribuables, puisqu'il s'agit du cas des regroupements de professionnels libéraux au sein d'une société d'exercice libéral ou de groupement d'exercice libéral non soumis à l'impôt sur les sociétés, qui ne relèvent d'aucun des dispositifs existants.
Il s'agit donc d'une harmonisation opportune bien que, selon la commission des finances, le nombre de professionnels libéraux qui optent pour l'exercice de leur profession sous la forme d'une société d'exercice libéral non soumise à l'impôt sur les sociétés n'est sans doute pas considérable ; de plus, une telle disposition ne devrait pas être très coûteuse.
La commission a émis un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat. Cet amendement est sans objet. En effet, le problème qui est soulevé est déjà réglé par le report d'imposition institué par l'article 151 octies du code général des impôts.
Dans la mesure où cet amendement est redondant, je vous prie, monsieur Marini, de bien vouloir le retirer, sinon, j'en demanderai le rejet.
M. le président. Monsieur Marini, l'amendement n° 28 rectifié est-il maintenu ?
M. Philippe Marini. Compte tenu de la réponse de M. le secrétaire d'Etat, je crois comprendre que le droit existant permet de résoudre de manière satisfaisante le problème posé. Dans ces conditions, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 28 rectifié est retiré.
Par amendement n° 29 rectifié, M. Ostermann et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent d'insérer, après l'article 17, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le 1 de l'article 93 du code général des impôts est complété par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« Les charges sociales obligatoires assises sur le bénéfice déterminé comme il est prévu ci-dessus, dues par les personnes exerçant une profession libérale réglementée et adhérant à une association agréée et qui seront à payer au cours d'une année suivante, peuvent être déduites du bénéfice déterminé comme ci-dessus.
« Cette option est définitive ; elle est faite par décision écrite annexée à la première déclaration du résultat. »
« II. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'application du I ci-dessus sont compensées à due concurrence par un relèvement des droits figurant aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du code général des impôts. »
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini. Cet amendement a pour objet de supprimer une distorsion fiscale liée au décalage, en revenus au titre des bénéfices non commerciaux - BNC - entre l'exercice de calcul des cotisations sociales et l'exercice d'imputation de ces cotisations, en en rattachant le paiement et la déduction du revenu imposable à l'année qui a engendré la charge correspondante.
Il nous paraît justifié par les effets pervers spécifiques de l'imputation de ces charges sociales obligatoires sur des revenus BNC qui sont par nature fortement variables. Il répond à la fois à un souci de justice fiscale par rapport aux salariés et aux artisans et commerçants, dont les cotisations sont précomptées et non post-comptées, et, surtout, à une nécessité économique : ces cotisations sociales peuvent en effet être calculées sur une assiette élevée puis non seulement être payées à partir d'un revenu réduit, si l'activité a baissé, mais, en outre, être déduites de ce revenu imposable à un taux beaucoup plus faible. De ce fait, cette déduction ne sera que partielle, alors qu'elle devrait être effectuée au taux correspondant au revenu ayant engendré cette charge déductible.
L'incidence devrait, selon nous, être neutre pour les finances publiques, compte tenu du caractère irrévocable de l'option.
Cet amendement vise donc à préciser le dispositif gouvernemental concernant les sociétés d'exercice libéral.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert, rapporteur général. La commission des finances a considéré que cet amendement posait un vrai problème. Du fait de la tenue de la comptabilité des professionnels libéraux en encaissements-décaissements, leurs charges sociales et la CSG sont calculées sur le revenu de l'année « n », mais payées et déduites lors de l'encaissement réel des revenus, c'est-à-dire lors de l'année « n+1 ». Un tel décalage entre l'exercice de calcul des cotisations et l'exercice d'imputation engendre des effets de ciseaux importants lorsque les revenus varient d'une année sur l'autre. Ce constat a amené la commission des finances à souhaiter ardemment que le Gouvernement puisse apporter une réponse positive à l'auteur de l'amendement, auquel, pour sa part, elle est plutôt favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter, secrétaire d'Etat. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement pour les arguments développés par M. le rapporteur général. D'abord, cette mesure complique la comptabilité ; ensuite, la première année, les cotisations sociales pourraient être déduites deux fois, ce qui serait coûteux pour l'Etat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 29 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 17.
Article 18
M. le président.
« Art. 18. _ A. _ L'article 1647 C du code général des impôts est ainsi rédigé
:
«
Art. 1647 C
. _ I. _ A compter des impositions établies au titre de
1998, la cotisation de taxe professionnelle des entreprises qui disposent pour
les besoins de leur activité :
« _ de véhicules routiers à moteur destinés au transport de marchandises et
dont le poids total autorisé en charge est égal ou supérieur à 16 tonnes,
« _ de véhicules tracteurs routiers dont le poids total roulant est égal ou
supérieur à 16 tonnes,
« fait l'objet d'un dégrèvement d'un montant de 800 F par véhicule.
« II. _
a
- Au titre de 1998 et 1999, pour bénéficier du dégrèvement
prévu au I, les entreprises doivent souscrire, avant le 31 janvier de l'année
d'imposition, une déclaration assortie des pièces justificatives, auprès des
centres des impôts dont relèvent les établissements auxquels les véhicules sont
rattachés.
« Les véhicules retenus sont ceux dont l'entreprise est, au 1er janvier 1998
ou, pour les entreprises créées en 1998, au 1er janvier 1999 :
« _ soit propriétaire ou crédit-preneur, à condition que ces véhicules ne
soient pas donnés en location à cette date pour une période supérieure ou égale
à six mois,
« _ soit locataire, lorsque la période de location est supérieure ou égale à
six mois,
« et qui présentent le caractère d'immobilisation corporelle ;
«
b
- Au titre des années 2000 et suivantes, les véhicules visés au I
sont ceux retenus pour la détermination de la base d'imposition de l'entreprise
l'année au titre de laquelle le dégrèvement est accordé.
« III. _ Toutefois, pour l'application du II ci-dessus, les véhicules
rattachés à un établissement exonéré en totalité de taxe professionnelle sont
exclus du bénéfice du dégrèvement.
« IV. _ Le dégrèvement prévu au I s'applique à la cotisation de taxe
professionnelle diminuée le cas échéant de l'ensemble des réductions et autres
dégrèvements dont cette cotisation peut faire l'objet. »
« B. _ Le premier alinéa du I
bis
de l'article 1647 B
sexies
du
même code est complété par les mots : ", à l'exception du dégrèvement
prévu à l'article 1647 C". » -
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 18
M. le président.
Par amendement n° 19 rectifié, MM. Régnault, Angels, Mme Bergé-Lavigne, MM.
Charasse, Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne, Sergent et les membres du
groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 18, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Les transferts de biens, droits et obligations des fonds d'assurance
formation nationaux des organisations professionnelles et des fonds d'assurance
formation départementaux des chambres de métiers habilités en application de
l'article 4 de la loi n° 82-1091 du 23 décembre 1982 relative à la formation
professionnelle des artisans effectués, jusqu'au 31 décembre 1998, à titre
gratuit ou moyennant la seule prise en charge du passif ayant grevé
l'acquisition des biens transférés, au profit des fonds d'assurance formation
nationaux des organisations professionnelles pour les secteurs du bâtiment, des
métiers et services et de l'alimentation de détail et des fonds d'assurance
formation régionaux des chambres de métiers habilités en application de
l'article 4 de la même loi modifié par l'article 132 de la loi de finances pour
1997 (n° 96-1181 du 30 décembre 1996), ne donnent lieu à aucune indemnité ou
perception d'impôts, droits ou taxes.
« II. - Les pertes de recettes pour l'Etat résultant des dispositions
précédentes sont compensées à due concurrence par une hausse des droits prévus
aux articles 403, 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
L'article 132 de la loi de finances pour 1997 prévoit une restructuration des
fonds d'assurance formation, organismes chargés de gérer les ressources
collectées auprès des artisans au titre de leur formation professionnelle.
Le nombre de fonds d'assurance formation passerait de 120 à 28 grâce à la
suppression des fonds départementaux et à la création de trois fonds
nationaux.
La loi de finances pour 1997 a prévu que les fonds départementaux doivent
cesser leur activité au plus tard le 31 décembre 1998. Dans ce cadre,
l'habilitation accordée aux fonds existants sera retirée et leurs biens dévolus
aux nouveaux fonds, avec un transfert des engagements antérieurs de financement
de formations.
Or ces opérations de dévolution devront être soumises aux droits de
mutation.
En effet, pour les organismes qui ne sont pas des associations, s'il y a vente
ou cession avec prise en charge du passif, les opérations seront soumises aux
droits de mutation à titre onéreux au taux de 18,20 % sur les locaux
industriels. Si le transfert s'effectue à titre gratuit, les droits de mutation
à titre gratuit seront exigibles au taux de 60 % - taxe de publicité foncière
au taux de 0,60 % en sus - pour les immeubles.
S'agissant des associations, en cas de vente, des droits de mutation à titre
onéreux seront exigibles. Toutefois, si les biens sont apportés purement et
simplement, l'opération relèvera du régime des apports et sera assujettie au
droit fixe de 500 francs. Cela étant, si les biens apportés sont grevés d'un
passif repris par le bénéficiaire, les droits de mutation à titre onéreux
seront exigibles à hauteur de la reprise du passif, en fonction de la nature
des biens apportés.
Comme on le voit, il faut apporter une solution d'ensemble aux problèmes posés
par la restructuration. Cela permettra de lever les nombreuses inquiétudes qui
se font jour sur le terrain.
Etant donné l'origine des ressources dont bénéficient les fonds d'assurance
formation et leur affectation au financement de la formation continue des
artisans dans le cadre de la mission dévolue à ces organismes, nous proposons
une exonération des droits de mutation au profit des fonds d'assurance
formation artisanaux.
En effet, lorsque l'opération en cause revêt un caractère d'intérêt général,
il n'est pas souhaitable que les moyens transférés subissent des prélèvements
fiscaux. D'ailleurs, il a été notamment procédé de la sorte pour les transferts
de biens, droits et obligations résultant de la réorganisation des organismes
collecteurs compétents pour les salariés prévue par la loi quinquennale du 20
décembre 1993 relative au travail, à l'emploi et à la formation
professionnelle. L'article 10 de la loi de finances rectificative pour 1995 a
institué une exonération de droits et taxes en faveur desdits transferts
effectués jusqu'au 31 décembre 1996.
C'est pourquoi nous proposons l'exonération des droits de mutation pour les
opérations liées à la restructuration des fonds d'assurance formation prévue à
l'article 132 de la loi de finances pour 1997.
Vous constatez, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, que je
plaide afin que des dispositions comparables à celles qui ont été adoptées
antérieurement dans des cas assez similaires puissent être étendues aux
intéressés que je viens de citer.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Si le Gouvernement nous confirme que cette mesure ne
comporte aucun impact négatif pour les collectivités locales - ce qui serait un
péché mortel pour M. Régnault - la commission émettra un avis favorable sur cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
J'accepte cet amendement et je lève le gage
correspondant.
M. le président.
Il s'agit donc de l'amendement n° 19 rectifié
bis.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Le Gouvernement me semble ne pas avoir répondu à la
question que je lui ai posée...
M. le président.
Monsieur le secrétaire d'Etat, souhaitez-vous compléter votre réponse ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
J'ai accepté l'amendement et j'ai levé le gage. C'est
tout ce que le Gouvernement peut faire de positif en la matière.
M. Philippe Marini.
Il ne peut pas faire plus !
M. le président.
Monsieur le rapporteur général, confirmez-vous l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je ne retire pas l'avis favorable. Je veux simplement
faire remarquer à M. Régnault qu'il porte atteinte aux finances des
collectivités locales.
M. René Régnault.
C'est si peu !
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 19 rectifié
bis,
accepté par la
commission et par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 18.
Article 19
M. le président.
« Art. 19. - L'article 22-1 de la loi n° 88-1201 du 23 décembre 1988 relative
aux organismes de placement collectif en valeurs mobilières et portant création
des fonds communs de créances est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Pour l'appréciation de la détention majoritaire du capital des sociétés dans
lesquelles les fonds communs de placement dans l'innovation investissent, il
n'est pas tenu compte des participations des sociétés de capital-risque, des
sociétés de développement régional et des sociétés financières d'innovation à
la condition qu'il n'existe pas de lien de dépendance au sens du 1
bis
de l'article 39
terdecies
du code général des impôts avec ces
dernières sociétés. De même, cette appréciation ne tient pas compte des
participations des fonds communs de placement à risques et des fonds communs de
placement dans l'innovation. »
Par amendement n° 8, M. Lambert, au nom de la commission, propose :
I. - A la fin de la seconde phrase du texte proposé par cet article pour
compléter l'article 22-1 de la loi n° 88-1201 du 23 décembre 1988 relative aux
organismes de placement collectif en valeurs mobilières et portant création des
fonds communs de créances, de remplacer les mots : « et des fonds communs de
placement dans l'innovation », par les mots : « , des fonds communs de
placement dans l'innovation, des instituts régionaux de participation et des
établissements publics à caractère scientifique et technologique ».
II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du I ci-dessus, de
compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... la perte de recettes pour l'Etat résultant de l'extension aux instituts
régionaux de participation et aux établissements publics à caractère
scientifique et technologique, des modalités particulières d'appréciation de la
détention majoritaire du capital est compensée par un relèvement à due
concurrence des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
L'article 19 vise à ne pas tenir compte, pour
l'appréciation du critère de détention par les personnes physiques de
l'éventuelle participation de certaines sociétés spécialisées dans le capital
risque, des FCPR et des FCPI.
On pourrait, aux yeux de la commission des finances, aller plus loin.
L'assouplissement proposé devrait être étendu aux instituts régionaux de
participation mis en place par les conseils régionaux et dont les activités
sont très proches de celles des SDR ainsi qu'aux établissements publics à
caractère scientifique et technologique.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable à cet amendement. Je
crois, en effet, qu'il n'est pas souhaitable d'allonger la liste des
investisseurs dont nous neutralisons les participations dans les sociétés
innovantes dans lesquelles les fonds communs de placement dans l'innovation
détiennent des participations. Il vaut mieux s'en tenir au dispositif
actuel.
Je demande donc à M. le rapporteur général de bien vouloir retirer cet
amendement, sinon j'y serai défavorable.
M. le président.
Monsieur le rapporteur général, l'amendement est-il maintenu ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 9, M. Lambert, au nom de la commission des finances, propose
:
I. - De compléter le texte présenté par l'article 19 pour compléter l'article
22-1 de la loi n° 88-1201 du 23 décembre 1988 relative aux organismes de
placement collectif en valeurs mobilières et portant création des fonds communs
de créances par une phrase ainsi rédigée : « Cette appréciation ne tient pas
compte non plus des participations des fonds d'épargne-retraite prévus par la
loi n° 97-277 du 25 mars 1997 créant les plans d'épargne-retraite. »
II. - Pour compenser la perte de recettes résultant du paragraphe I ci-dessus,
de compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... la perte de recettes pour l'Etat résultant de l'extension aux fonds
d'épargne-retraite des modalités particulières d'appréciation de la détention
majoritaire du capital est compensée par un relèvement à due concurrence des
droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
L'article 19 vise, en facilitant les conditions
d'investissement des FCPI, à accélérer leur développement. Mais le
développement du financement de l'innovation et du capital-risque passe par la
création des fonds de pension. Aussi, l'assouplissement prévu par l'article 19
devrait également s'étendre aux fonds d'épargne-retraite créés par la loi du 25
mars 1997 instituant les plans d'épargne-retraite. C'est l'objet de cet
amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable à cet amendement pour
la même raison que précédemment. De son point de vue, il n'est pas utile
d'allonger la liste des investisseurs.
En outre, la référence faite à la loi du 25 mars 1997 sur les fonds de
pension, dont le Gouvernement a dit qu'il allait la réviser en profondeur,
m'amène également à demander le rejet de cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 9.
M. René Régnault.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Nous sommes contre cet amendement pour des raisons simples, que le
Gouvernement vient de rappeler à l'instant. Le dispositif vise une loi dont les
textes d'application ne sont pas pris.
J'ajoute, au cas où vous ne l'auriez pas entendu, monsieur le rapporteur
général, que le Gouvernement a effectivement l'intention de revenir sur la loi
Thomas.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il nous l'a dit !
M. René Régnault.
En conséquence, il n'y a pas lieu de persister ; attendons le projet de
réforme de ces fonds !
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Tant que la loi est en vigueur, la loi est la loi, même si, faute de textes
d'application, elle est virtuelle.
Il est logique, de ce fait, conformément à notre approche, que l'on inclue les
fonds d'épargne-retraite parmi les organismes visés à l'article 19.
L'initiative de M. le rapporteur général me semble parfaitement opportune et
marque bien la continuité des positions du Sénat en la matière.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 9, repoussé par le Gouvernement.
M. René Régnault.
Le groupe socialiste vote contre.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Le groupe communiste républicain et citoyen également.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 19, modifié.
M. René Régnault.
Le groupe socialiste vote contre.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Le groupe communiste républicain et citoyen également.
(L'article 19 est adopté.)
Article additionnel avant l'article 20
M. le président.
Par amendement n° 10, M. Lambert, au nom de la commission, propose d'insérer,
avant l'article 20, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le a
quater
du I de l'article 219 du code général des impôts est
complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, les plus-values dégagées entre le 1er janvier et le 31 juillet
1997, à l'occasion de la cession à une société immobilière de crédit-bail d'un
bien immobilier dont la jouissance est immédiatement concédée au vendeur par un
contrat de crédit-bail restent soumises au régime des plus-values à long terme.
»
« II. - Les pertes de recettes résultant des dispositions du I ci-dessus sont
compensées à due concurrence par un relèvement des droits visés aux articles
575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Il s'agit d'atténuer les conséquences rétroactives de
l'augmentation de la taxation des plus-values à long terme pour les opérations
de
lease back
qui ont été réalisées avant la date de l'annonce de cette
augmentation.
Ces opérations de crédit-bail immobilier ont pu être engagées pour faire face
à des besoins de trésorerie et soutenir l'activité de filiales en difficultés.
Ces entreprises ont fondé leur choix sur des critères économiques et fiscaux en
vigueur à l'époque. Il a donc semblé à la commission des finances qu'il était
tout à fait indispensable de leur appliquer le taux de taxation qui était alors
en vigueur.
Aussi l'amendement prévoit-il de maintenir le taux réduit de taxation des
plus-values à long terme pour les opérations de
lease back
qui sont
intervenues en 1997 préalablement à l'annonce de la majoration.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est nettement défavorable à cet
amendement car, en retardant l'application de la réforme du régime des
plus-values des sociétés passibles de l'impôt sur les sociétés pour les seules
opérations de crédit-bail réalisées jusqu'au 31 juillet 1997, on retarde
l'application de l'article 2 de la loi portant mesures d'urgence à caractère
fiscal et financier, et l'on provoque des moins-values fiscales auxquelles le
Gouvernement est hostile.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je voudrais marquer mon désaccord avec la position
qui vient d'être exprimée par le Gouvernement. Il y a là une forme
d'obstination...
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
De ténacité !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
... qui mérite d'être condamnée par le Sénat.
Chacun sait ce qu'est le
lease back
. C'est une opération par laquelle
une entreprise cède à un organisme financier un bien afin que celui-ci puisse
lui être recédé en crédit-bail. Au fond, il s'agit pour l'entreprise de dégager
une trésorerie dont elle a besoin.
Le destinataire final du bien est donc l'entreprise initiale, qui a réalisé
une opération pour assurer sa survie, et ce en application des dispositions
fiscales en vigueur à l'époque.
Le Gouvernement, pour les raisons qu'il a largement expliquées, a souhaité
augmenter le taux de la taxation de la plus-value. Il maintient sa position
pour des opérations de ce type, ce qui constitue - vous trouverez le mot
désagréable, monsieur le secrétaire d'Etat, mais je ne crois pas pouvoir le
retirer par avance - une forme « d'acharnement fiscal » qui est de nature à
déstabiliser les entreprises.
Autant, lorsqu'on a besoin de rendement, on peut admettre, même si le Sénat
n'a pas accepté cette proposition, une augmentation du taux de la taxation des
plus-value. En l'occurrence, on peut donc accepter un régime particulier pour
les opérations de
lease back
décidées avant l'augmentation du taux.
S'y opposer, cela revient manifestement à sanctionner des entreprises qui ont
procédé à des opérations qui étaient indispensables à leur survie. La majorité
du Sénat, en tout cas je le souhaite, ne prendra pas cette responsabilité.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit non pas d'acharnement, mais de continuité.
Le Gouvernement ne souhaite pas voir défait en décembre ce qui a été voté au
mois de novembre et approuvé par le Conseil constitutionnel.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, avant l'article 20.
Articles 20 et 20
bis
M. le président.
« Art. 20. _ I. _ L'article 115
quinquies
du code général des impôts
est complété par un 3 ainsi rédigé :
« 3. Les dispositions du 1 ne s'appliquent pas lorsque la société étrangère
remplit les conditions suivantes :
«
a)
Avoir son siège de direction effective dans un Etat membre de la
Communauté européenne ;
«
b)
Y être passible de l'impôt sur les sociétés, sans possibilité
d'option et sans en être exonérée. »
« II. _ Les dispositions du I sont applicables aux bénéfices réalisés au titre
des exercices clos à compter du 31 décembre 1997. » -
(Adopté.)
« Art. 20
bis
. _ I. _ Au premier alinéa du 1 du II et au III de
l'article 92 B du code général des impôts, les mots : "ou le rachat"
sont remplacés par les mots : ", le rachat, le remboursement ou
l'annulation" ».
« II. _ Au III du même article, les mots : "mêmes conditions" sont
remplacés par les mots : "conditions prévues au II, au troisième alinéa de
l'article l60 A
bis
ou au 4 du I
ter
de l'article 160".
« III. _ Au 5 du I
ter
de l'article 160 du même code, les mots :
"au 4 font l'objet d'un échange dans les mêmes conditions" sont
remplacés par les mots : "aux 1, 2 et 4 font l'objet d'un échange dans les
conditions prévues au 4, au II de l'article 92 B ou au troisième alinéa de
l'article 150 A
bis
".
« IV. _ Les dispositions du présent article s'appliquent aux échanges de
valeurs mobilières et de droits sociaux réalisés à compter du 1er janvier 1997
ainsi que, s'agissant du I, aux plus-values qui bénéficiaient à cette date d'un
report d'imposition en application des dispositions du II de l'article 92 B, de
l'article 150 A
bis
et du 4 du I
ter
de l'article 160 du code
général des impôts. » -
(Adopté.)
M. le président.
« Art. 21. _ A. _ Les produits désignés ci-après, élaborés sous contrôle
fiscal dans des unités agréées en vue d'être utilisés comme carburants ou
combustibles bénéficient, dans la limite des quantités fixées par les
agréments, d'une exonération de la taxe intérieure de consommation sur les
produits pétroliers prévue à l'article 265 du code des douanes fixée à :
«
a)
230 F/hl pour les esters d'huile végétale incorporés au fioul
domestique et au gazole ;
«
b)
329,5 F/hl pour le contenu en alcool des dérivés de l'alcool
éthylique dont la composante alcool est d'origine agricole, incorporés aux
supercarburants et aux essences.
« Ces produits doivent être conformes aux spécifications techniques et aux
conditions d'utilisation fixées par la réglementation en vigueur.
« B. _ I. _ Les unités de production font l'objet d'un agrément délivré par le
ministre chargé du budget après avis du ministre chargé de l'agriculture et du
ministre chargé de l'industrie, sur procédure d'appel à candidatures publiée au
Journal officiel des Communautés européennes.
« II. _ La durée de validité des agréments délivrés aux unités de production
sélectionnées à l'issue de la procédure d'appel à candidatures visée au 1 est
fixée à neuf ans ou à trois ans en fonction, notamment :
« _ de l'importance des investissements matériels réalisés en vue de la
production de biocarburants et de leur degré d'amortissement par rapport à la
capacité de production de biocarburants de l'unité de production considérée
;
« _ de l'importance de l'activité de la production de biocarburants par
rapport à l'activité totale de l'unité de production dans le secteur de la
chimie.
« III. _ L'opérateur bénéficiaire d'un agrément est tenu de mettre à la
consommation en France la quantité annuelle de biocarburants fixée par
l'agrément qui lui a été accordé et de mettre en place chaque année auprès
d'une banque ou d'un établissement financier, une caution égale à 20 % du
montant total de l'exonération de la taxe intérieure de consommation sur les
produits pétroliers correspondant à la quantité de biocarburants qu'il doit
mettre à la consommation au cours de la même année en application de la
décision d'agrément.
« En cas de mise à la consommation d'une quantité inférieure à la quantité
annuelle fixée par l'agrément, cette dernière peut être réduite à due
concurrence pour les années restant à courir après que le titulaire eut été mis
en demeure de présenter ses observations. Lorsque la quantité annuelle est
réduite, la fraction de la caution qui n'a pas été libérée au titre de l'année
précédente reste acquise à l'Etat.
« IV. _ L'exonération de la taxe intérieure de consommation sur les produits
pétroliers est accordée lors de la mise à la consommation en France des
carburants et combustibles mélangés dans des entrepôts fiscaux de production ou
de stockage situés dans la Communauté européenne aux produits désignés au A,
sur présentation d'un certificat de production émis par l'autorité désignée par
l'Etat membre de production et d'un certificat de mélange délivré par
l'administration chargée du contrôle des accises sur les huiles minérales.
« V. _ Un décret précise les modalités d'application de ces dispositions.
Toutefois, les règles relatives au premier appel à candidatures devant
intervenir en application du B ci-dessus sont fixées par le ministre chargé du
budget.
« C. _ I. _ Les dispositions du présent article entrent en application à
compter du 1er novembre 1997.
« II. _ L'article 17 de la loi de finances rectificative pour 1987 (n° 87-1061
du 30 décembre 1987) et l'article 32 de la loi de finances pour 1992 (n°
91-1322 du 30 décembre 1991) sont abrogés à compter du 1er novembre 1997.
Toutefois, les agréments délivrés en application de l'arrêté du 27 mars 1992
portant application de l'article 32 de la loi de finances pour 1992 (n° 91-1322
du 30 décembre 1991) sont maintenus jusqu'au 31 mars 1998. »
Je suis saisi de deux amendements, qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 11, M. Lambert, au nom de la commission des finances,
propose de rédiger comme suit le second alinéa du III du B de l'article 21 :
« En cas de mise à la consommation d'une quantité inférieure à la quantité
annuelle fixée par l'agrément, le titulaire de l'agrément est mis en demeure de
présenter ses observations. En cas de mise à la consommation d'une quantité
inférieure de plus de 20 % à la quantité annuelle fixée par l'agrément, cette
dernière peut être réduite à due concurrence pour les années restant à courir
après que le titulaire eut été mis en demeure de présenter ses observations.
Lorsque la quantité annuelle est réduite de plus de 20 %, la fraction de la
caution qui n'a pas été libérée au titre de l'année précédente reste acquise à
l'Etat. »
Par amendement n° 30, M. Marini et les membres du groupe du Rassemblement pour
la République proposent :
I. - De rédiger comme suit le second alinéa du III du paragraphe B de cet
article :
« En cas de mise à la consommation d'une quantité annuelle inférieure de plus
de 20 % à celle fixée par l'agrément, cette dernière peut être réduite à due
concurrence pour les années restant à courir après que le titulaire ait été mis
en demeure de présenter ses observations. Lorsque la quantité annuelle est
ainsi réduite de plus de 20 %, la fraction de la caution qui n'a pas été
libérée au titre de l'année précédente reste acquise à l'Etat. »
II. - Pour compenser les pertes de recettes résultant du I ci-dessus, de
compléter cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... les pertes de recettes pour l'Etat résultant de la modification des
conditions de remise en cause de l'agrément sont compensées par le relèvement à
due concurrence des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
La parole est à M. le rapporteur général, pour défendre l'amendement n° 11.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
L'article 21 inscrit dans la loi une refonte de la
fiscalité des biocarburants. Le présent amendement vise à en corriger un aspect
technique. Il prévoit en effet le maintien de l'obligation pour les opérateurs
de biocarburants de justifier toute mise à la consommation inférieure à la
quantité prévue par l'agrément et l'instauration d'un seuil de sécurité. Il
dispose également que le régime des sanctions ne serait appliqué qu'en cas de
mise à la consommation intérieure de plus de 20 % à la quantité fixée par
l'agrément.
Le dispositif proposé permettrait aux autorités chargées d'accorder les
agréments de rester informées des difficultés rencontrées par les opérateurs,
et de ne sanctionner que les sous-productions dont l'importance est de nature à
perturber le fonctionnement du marché de la distribution des biocarburants.
M. le président.
La parole est à M. Marini, pour défendre l'amendement n° 30.
M. Philippe Marini.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
c'est un amendement très voisin de celui de la commission ; il relève en tout
cas de la même inspiration.
Cet amendement me permet de rappeler l'enjeu économique de cette affaire, qui
est considérable. La législation française prévoit en effet que la production
de biocarburants dans des unités agréées bénéficie d'une exonération de la taxe
intérieure sur les produits pétroliers dans la limite de 350 000 tonnes par an
pour les esters méthyliques d'huile végétale destinés à être mélangés au gazole
et au fioul, et de 270 000 tonnes d'ETBE destiné à être incorporé aux
supercarburants et aux essences.
Nous savons que l'ouverture à la concurrence au plan communautaire est une
réalité et que ce même avantage fiscal peut désormais être accordé à des
entreprises agréées dans le cadre d'un appel d'offres européen.
Toutefois, et afin de garantir le sérieux des opérateurs candidats à
l'agrément, ces derniers doivent déposer une caution égale à 20 % du montant
total de l'exonération de TIPP et correspondant à la quantité de biocarburant
qu'ils doivent mettre sur le marché au cours de la même année, en application
de la décision d'agrément.
Le texte du Gouvernement, tel qu'il nous est présenté, prévoit que, si la
quantité de biocarburant offerte à la consommation est inférieure à la quantité
annuelle fixée par l'agrément, celle-ci peut être réduite pour les années
suivantes et la caution calculée en conséquence.
Or la production de biocarburant est directement liée à la production de
matières premières agricoles, qui peut fluctuer d'une année à l'autre,
notamment en fonction du taux de jachère énergétique. En outre, nous savons
bien que la conjoncture peut varier d'une année à l'autre et que les surfaces
sont aujourd'hui très différentes de celles qui étaient envisagées lors de la
dernière réforme de la politique agricole commune.
Ces variations peuvent bien sûr être constatées sans que la bonne foi des
opérateurs soit susceptible d'être mise en cause.
De plus, des variations de rendement peuvent être aussi observées, en raison
des conditions climatiques et des données techniques.
La rédaction actuelle du projet de loi de finances rectificative prévoit que
l'opérateur est en mesure de présenter ses observations en cas de diminution
des quantités mises à la consommation. Mais l'administration dispose d'un large
pouvoir d'appréciation sur la validité des raisons avancées par l'opérateur, ce
qui place celui-ci dans une situation d'insécurité préoccupante.
En conséquence, les professionnels, notamment ceux de la filière des
oléagineux, souhaitent revenir à une formulation qui avait été étudiée en
collaboration avec les pouvoirs publics et qui introduirait dans le texte un
seuil de sécurité de 20 % dans les limites duquel leur agrément ne pourrait pas
être remis en cause ni la caution appréhendée.
Tel est l'objet de ce dispositif, qui semble important en raison des débouchés
que fournissent les biocarburants à toute une série de productions agricoles, à
commencer par le colza et la betterave.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 30 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances préfère son amendement.
Elle souhaiterait donc que M. Marini veuille bien, après y avoir réfléchi -
mais il réfléchit tellement vite ! - se rallier à l'amendement n° 11.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, je dirai à M. Lambert comme à
M. Marini que le dispositif proposé par le Gouvernement, c'est-à-dire des
sanctions financières, n'intervient qu'après que le producteur titulaire d'un
agrément a eu l'occasion de justifier les diminutions éventuelles de production
par rapport à l'agrément dont il dispose.
Dans ces conditions, les producteurs de bonne foi, dont M. Marini a parlé, ne
sont absolument pas concernés par cette mesure car ils pourront faire état
d'une variation de la jachère énergétique ou de variations climatiques.
L'objet de la sanction est très simple : il s'agit d'éviter que des
producteurs peu scrupuleux ne prennent à leur profit des quantités de
production de biocarburants à d'autres producteurs, puisque, vous le savez,
l'ensemble est contingenté par une enveloppe financière d'un montant,
d'ailleurs substantiel, de 1,2 milliard de francs pour l'année 1998.
Par conséquent, ce que veut le Gouvernement, c'est empêcher que des
producteurs peu scrupuleux ne prennent, si je puis dire, la place de
producteurs sérieux.
Or le fait d'introduire une franchise de 20 % pour ces producteurs de mauvaise
foi atténuera considérablement, selon moi, la portée du dispositif
d'autodiscipline proposé par le Gouvernement. A mon avis, cela serait faire la
part trop belle aux producteurs qui n'ont pas les capacités au départ de
réaliser la production à laquelle ils s'engagent.
Telles sont les raisons pour lesquelles le Gouvernement rejette les deux
amendements en discussion.
M. le président.
Monsieur Marini, votre amendement est-il maintenu ?
M. Philippe Marini.
Je me rallie à l'amendement de la commission et, par conséquent, je retire le
mien.
M. le président.
L'amendement n° 30 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11, repoussé par le Gouvernement.
M. René Régnault.
Le groupe socialiste vote contre.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 21, ainsi modifié.
M. René Régnault.
Le groupe socialiste vote contre.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Le groupe communiste républicain et citoyen également.
(L'article 21 est adopté.)
Article additionnel après l'article 21
M. le président.
Par amendement n° 17, M. Souplet et les membres du groupe de l'Union centriste
proposent, après l'article 21, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé
:
« I. - L'article 406 du code général des impôts est complété par trois alinéas
ainsi rédigés :
« ... Les alcools pour les produits de parfumerie et de toilette ;
« ... Les alcools pour les produits à base d'alcool ayant un caractère
exclusivement médicamenteux ou impropres à la consommation de bouche figurant
sur une liste établie par arrêté du ministre de l'économie et des finances ;
« ... Les alcools et les produits intermédiaires pour les produits à base
d'alcool contenus dans des produits alimentaires ou impropres à la consommation
en l'état et qui sont utilisés pour élaborer des produits destinés à
l'alimentation humaine, à condition que la teneur en alcool n'excède pas 8,5
litres d'alcool pur par 100 kg de produit entrant dans la composition de
chocolats et 5 litres d'alcool pur pour 100 kg de produit entrant dans la
composition d'autres produits. »
« II. - Le même article est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les conditions et modalités d'application
des trois alinéas ci-dessus. »
« III. - Les articles 406 A à 406 F du même code sont abrogés.
« IV. - Les pertes de recettes résultant de l'application des dispositions des
paragraphes I à III ci-dessus sont compensées à due concurrence par une
augmentation des droits figurant aux articles 575 et 575 A du code général des
impôts. »
La parole est à M. Amoudry.
M. Jean-Paul Amoudry.
Les accises sur l'alcool dit « de parfumerie » ont été supprimées au 1er
janvier 1993 dans toute l'Union européenne, sauf en France, et cela en
application de la directive 92/12 du Conseil du 25 février 1992 « considérant
que, pour assurer l'établissement et le fonctionnement du marché intérieur,
l'exigibilité des accises doit être identique dans tous les Etats membres ». Il
existe, en effet, dans notre pays, par exception, le droit de fabrication
applicable, en particulier, aux produits de parfumerie et de toilette.
Le maintien de cette taxe est préjudiciable aux entreprises localisées en
France. Même si, par un système complexe, les exportations ne sont pas
pénalisées, les justifications de ces exportations, les vérifications
administratives, les contrôles pointilleux sont une charge particulièrement
lourde et improductive, que ne supportent pas les fabricants installés dans les
autres Etats membres.
Par ailleurs, le droit de fabrication engendre un différentiel de prix dans
les différents pays de l'Union européenne susceptibles d'atteindre les réseaux
de distribution.
En 1996, une modification a été apportée à la loi venant compliquer la
situation. Du fait de la défiscalisation des alcools assimilés, en vertu de la
loi de finances rectificative pour 1996, disposition appliquée au 1er juillet
1996, un alcool défiscalisé, l'alcool isopropylique, peut être utilisé en
pharmacie.
L'alcool isopropylique est un alcool de synthèse industrielle qui ne possède
pas les qualités de l'alcool éthylique d'origine agricole utilisé
traditionnellement dans les produits de toilette et de parfumerie français. Son
utilisation par les fabricants français amputerait les revenus des agriculteurs
pour lesquels la parfumerie représente un marché nécessaire et important.
Malheureusement, une telle substitution risque de se produire afin de permettre
aux fabricants français de résister à la concurrence étrangère, en particulier
lors de l'introduction de l'euro avec un affichage des prix favorisant leur
comparaison pour le consommateur.
Afin de garantir la qualité des produits, de soutenir l'agriculture et
d'inciter les fabricants à continuer d'utiliser de l'alcool éthylique d'origine
agricole, nous proposons de supprimer cette taxation qui rapportera de moins en
moins à l'Etat.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Parmi les informations qui viennent de nous être
données, il en est qui sont très pertinentes et qui devraient être méditées.
Néanmoins, les droits de fabrication sur les alcools ont rapporté 347 millions
de francs à l'Etat en 1997 et devraient rapporter - si nos renseignements sont
exacts - 352 millions de francs en 1998. Pour mémoire, je rappelle qu'en 1992
ils rapportaient 320 millions de francs.
Enfin, le produit des droits de fabrication sur les alcools est affecté au
fonds de solidarité vieillesse depuis le 1er janvier 1994. En conséquence, s'il
était adopté, cet amendement entraînerait une modification très importante de
la fiscalité des alcools et le coût en serait élevé.
Aussi, la commission se conformera à l'avis du Gouvernement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement déduit de l'argumentation extrêmement
claire de M. le rapporteur général que la commission est défavorable à cet
amendement.
Je suggère à son auteur de le retirer, car il entraînerait un préjudice fiscal
de l'ordre de 250 millions de francs, ce qui nous paraît beaucoup.
M. le président.
Monsieur Amoudry, l'amendement est-il maintenu ?
M. Jean-Paul Amoudry.
J'accède au désir, et de M. le secrétaire d'Etat et de M. le rapporteur
général : je le retire.
M. le président.
L'amendement n° 17 est retiré.
Articles 22 et 23
M. le président.
« Art. 22. - I. - Au 1 de l'article 87 du code des douanes, les mots :
"pour autrui" sont remplacés par les mots : "au nom et pour le
compte d'autrui".
« II. - L'article 88 du même code est abrogé.
« III. - 1° La deuxième phrase du 1 de l'article 89 du même code est ainsi
rédigée :
« Lorsqu'il s'agit d'une personne morale, il doit être obtenu pour la personne
morale et pour toute personne physique habilitée à la représenter. »
« 2° Au 2 du même article, les mots : "ou de l'autorisation de
dédouaner" sont supprimés.
« IV. - Le 2 de l'article 94 du même code est abrogé.
« V. - Le 3 de l'article 95 du même code est complété par une phrase ainsi
rédigée :
« Celui-ci est la personne qui fait la déclaration en douane en son nom propre
ou celle au nom de laquelle une déclaration en douane est faite. »
« VI. - Le 1 de l'article 381 du même code est ainsi rédigé :
« 1. Toute personne physique ou morale qui a acquitté pour le compte d'un
tiers des droits, des amendes, des taxes de toute nature dont la douane assure
le recouvrement est subrogée au privilège de la douane, quelles que soient les
modalités de recouvrement observées par elle à l'égard de ce tiers. » -
(Adopté.)
« Art. 23. - I. - L'article 1559 du code général des impôts est complété par
un alinéa ainsi rédigé :
« Les appareils automatiques sont ceux qui procurent un spectacle, une
audition, un jeu ou un divertissement et qui sont pourvus d'un dispositif
mécanique, électrique ou autre, permettant leur mise en marche, leur
fonctionnement ou leur arrêt. »
« II. - L'article 1560 du même code est complété par un IV ainsi rédigé :
«
IV.
- Sont considérés comme exploitants d'appareils automatiques ceux
qui en assurent l'entretien, qui encaissent la totalité des recettes et qui
enregistrent les bénéfices ou les pertes. »
« III. - Les dispositions des articles 1560
bis
et 1560
ter
du
même code sont transférées sous les articles 1564
bis
et 1565
quinquies
du même code.
« IV. - L'article 1560
quater
, les sixième et septième alinéas de
l'article 1563 et les premiers et troisième alinéas de l'article 1564 du même
code sont abrogés.
« V. - Il est inséré, dans le code, un article 1563
bis
ainsi rédigé
:
«
Art. 1563
bis
. - Pour les appareils automatiques, l'impôt sur
les spectacles est liquidé et perçu dans son intégralité lors du dépôt de la
déclaration prévue à l'article 1565. »
« VI. - Il est inséré, dans le même code, cinq articles ainsi rédigés :
«
Art. 1565
ter
. - Pour les appareils automatiques visés au 1 de
l'article 1560 :
« I. - La déclaration prévue à l'article 1565 doit être appuyée d'un extrait
du registre du commerce et des sociétés et être conforme au modèle fixé par un
arrêté du ministre chargé du budget qui précise, en outre, les modalités de
dépôt de ladite déclaration auprès de l'administration.
« Chaque appareil automatique fait l'objet d'une déclaration distincte. Il
s'agit, selon le cas, d'une déclaration de première mise en service ou, dans le
cas d'un appareil automatique déjà exploité l'année précédente, d'une
déclaration de renouvellement.
« II. - La déclaration de première mise en service est déposée au moins
vingt-quatre heures avant la date d'installation de l'appareil automatique et
la déclaration de renouvellement entre le 1er mars et le 15 mai de chaque
année.
« III. - En contrepartie du paiement intégral de la taxe annuelle,
l'administration remet à l'exploitant une vignette qui doit être apposée sur
l'appareil automatique auquel elle se rapporte.
« La vignette peut être reportée d'un appareil retiré de l'exploitation sur un
nouvel appareil mis en service pour le remplacer.
« IV. - Les appareils automatiques peuvent être transférés à l'intérieur d'une
même commune ou dans une autre commune appliquant soit un tarif égal ou
inférieur à celui de la commune d'origine, soit un tarif supérieur. Dans cette
dernière hypothèse et si, lors du transfert, la taxe annuelle n'a pas encore
été acquittée par l'exploitant, la taxe est perçue dans son intégralité par
l'administration lors du dépôt de la déclaration de renouvellement qui, par
dérogation au II, intervient au moins vingt-quatre heures avant la date du
transfert ; si, au moment du transfert, la taxe annuelle a déjà été acquittée
par l'exploitant, il est perçu un complément de taxe dont le montant est égal à
la différence entre le tarif de la taxe annuelle de la commune de destination
et celui de la commune de départ de l'appareil automatique.
«
Art. 1565
quater
. - Pour les appareils automatiques visés au
III de l'article 1560, la déclaration prévue à l'article 1565 est souscrite
auprès de l'administration au plus tard vingt-quatre heures avant la date
d'ouverture au public de la fête foraine.
«
Art. 1565
sexies. - Les dispositions de l'article 1791 sont
applicables aux infractions aux dispositions des articles 1564
bis
et
1565
quinquies
.
«
Art. 1565
septies
. - Sous réserve des dispositions de
l'article1565
bis,
l'impôt sur les spectacles est constaté, recouvré et
contrôlé suivant les règles propres aux contributions indirectes.
«
Art. 1565
octies
. - Les conditions d'application des articles
1559 à 1565
septies
et notamment le classement des établissements de
spectacles soumis à la taxe dans l'une ou l'autre des catégories prévues au I
de l'article 1560 ainsi que les règles relatives à la communication de la
comptabilité des établissements assujettis à l'impôt sont déterminées par
arrêtés du ministre chargé du budget. »
« VII. - Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose
jugée, sont validées les impositions à l'impôt sur les spectacles, jeux et
divertissements établies au titre des années 1995, 1996 et 1997 sur le
fondement des articles 1563 à 1565 du code général des impôts et des arrêtés
pris pour l'application de ces dispositions, en tant qu'elles seraient
contestées par un moyen tiré de l'illégalité, résultant de l'incompétence de
leurs auteurs, de ces arrêtés.
« VIII. - Les dispositions des 1 à VI s'appliquent à compter du 1er janvier
1998. » -
(Adopté.)
Article 24
M. le président.
« Art. 24. - A. - Il est inséré, dans le code général des impôts, quatre
articles ainsi rédigés :
«
Art. 302
bis
KB
. - I. - Il est institué une taxe due par tout
exploitant d'un service de télévision reçu en France métropolitaine ou dans les
départements d'outre-mer et qui a programmé, au cours de l'année civile
précédente, une ou plusieurs oeuvres audiovisuelles ou cinématographiques
éligibles aux aides du compte d'affectation spéciale ouvert dans les écritures
du Trésor et intitulé : "Soutien financier de l'industrie
cinématographique et de l'industrie audiovisuelle".
« Lorsque le redevable de la taxe est établi hors de France, il est tenu de
faire accréditer, auprès de l'administration des impôts, un représentant établi
en France désigné comme en matière de taxe sur la valeur ajoutée, qui s'engage
à remplir les formalités et obligations incombant à ce redevable et à acquitter
la taxe à sa place.
« II. - 1. La taxe est assise sur le montant hors taxe sur la valeur ajoutée
des abonnements et des autres sommes versées, en rémunération d'un service de
télévision mentionné au 1, par les usagers, par les organismes qui exploitent
des réseaux câblés et par tout organisme chargé de la commercialisation de
services de télévision diffusés par satellite ou par voie hertzienne
terrestre.
« 2. Lorsque les personnes mentionnées au premier alinéa du I exploitent un
service de télévision diffusé par voie hertzienne terrestre et ont en France le
siège de leur activité ou un établissement stable à partir duquel le service
est rendu, la taxe est assise sur le montant hors taxe sur la valeur ajoutée
des abonnements et autres sommes mentionnées au 1 ainsi que :
«
a)
Des sommes versées par les annonceurs, pour la diffusion de leurs
messages publicitaires, aux redevables concernés ou aux régisseurs de message
publicitaires. Ces sommes font l'objet d'un abattement forfaitaire de 4 % ;
«
b)
Du produit de la redevance pour droit d'usage des appareils de
télévision encaissé par les redevables concernés, à l'exception de la Société
nationale de radiodiffusion et de télévision d'outre-mer.
« III. - L'exigibilité de la taxe est constituée par l'encaissement du produit
de la redevance et par le versement des autres sommes mentionnées au II.
« IV. - Les redevables ou leurs représentants procèdent à la liquidation de la
taxe due au titre de l'année civile précédente lors du dépôt de leur
déclaration de taxe sur la valeur ajoutée du mois de mars ou du premier
trimestre de l'année civile.
« V. - La taxe est recouvrée et contrôlée selon les mêmes procédures et sous
les mêmes sanctions, garanties, sûretés et privilèges que la taxe sur la valeur
ajoutée. Les réclamations sont présentées, instruites et jugées selon les
règles applicables à cette même taxe.
«
Art. 302
bis
KC
. - La taxe est calculée en appliquant à la
fraction de chaque part du montant des encaissements et versements annuels en
francs (hors taxe sur la valeur ajoutée) qui excède 24 000 000 francs les taux
de :
« - 1,2 % pour la fraction supérieure à 24 000 000 francs et inférieure ou
égale à 36 000 000 francs ;
« - 2,2 % pour la fraction supérieure à 36 000 000 francs et inférieure ou
égale à 48 000 000 francs ;
« - 3,3 % pour la fraction supérieure à 48 000 000 francs et inférieure ou
égale à 60 000 000 francs ;
« - 4,4 % pour la fraction supérieure à 60 000 000 francs et inférieure ou
égale à 72 000 000 francs ;
« - 5,5 % pour la fraction supérieure à 72 000 000 francs.
« Le montant de la taxe résultant de l'application des dispositions
précédentes est réduit de 50 % pour la Société nationale de radiodiffusion et
de télévision d'outre-mer et pour les services de télévision dont l'exploitant
est établi dans les départements d'outre-mer.
«
Art. 1693
quater
. - Les redevables de la taxe sur les services
de télévision prévue à l'article 302
bis
KB acquittent cette taxe par
acomptes mensuels ou trimestriels égaux au minimum, respectivement, au douzième
ou au quart du montant de la taxe due au titre de l'année civile précédente
majoré de 5 %.
« Le complément de taxe exigible au vu de la déclaration mentionnée à
l'article 302
bis
KB est versé lors du dépôt de celle-ci.
« Les exploitants d'un service de télévision qui estiment que les acomptes
déjà payés au titre de l'année atteignent le montant de la taxe dont ils seront
en définitive redevables peuvent surseoir aux paiements des acomptes suivants.
Si le montant de la taxe est supérieur de plus de 20 % au montant des acomptes
versés, l'intérêt de retard et la majoration prévus à l'article 1731 sont
applicables.
«
Art. 1788
nonies
. - Les personnes qui ne se conforment pas aux
obligations auxquelles elles sont tenues envers l'administration des impôts en
application de l'article L. 102 AA du livre des procédures fiscales sont
passibles d'une amende égale à 10 % du montant des sommes non communiquées.
« L'amende ne peut être mise en recouvrement avant l'expiration d'un délai de
trente jours à compter de la notification du document par lequel
l'administration a fait connaître au contrevenant la sanction qu'elle se
propose d'appliquer, les motifs de celle-ci et la possibilité dont dispose
l'intéressé de présenter dans ce délai ses observations.
« L'infraction est constatée et l'amende est prononcée, recouvrée, garantie et
contestée en suivant les règles applicables en matière de taxe sur la valeur
ajoutée. »
« B. - L'article 1647 du code général des impôts est complété par un VII ainsi
rédigé :
« VII. - Pour frais d'assiette et de recouvrement, l'Etat effectue un
prélèvement de 1,5 % sur le montant de la taxe mentionnée à l'article 302
bis
KB. »
« C. - Il est inséré, dans le livre des procédures fiscales, un article L. 102
AA ainsi rédigé :
«
Art. L. 102 AA
. - I. - Les régisseurs de messages publicitaires
mentionnés au a du 2 du II de l'article 302
bis
KB du code général des
impôts sont tenus de fournir à chaque exploitant d'un service de télévision
mentionné au I de cet article ainsi qu'à l'administration des impôts, avant le
15 février de chaque année, un état récapitulatif des sommes qu'ils ont
encaissées au cours de l'année civile précédente en rémunération de la
diffusion des messages publicitaires par le service de télévision concerné.
« II. - Les organismes mentionnés au 1 du II de l'article 302
bis
KB du
code général des impôts sont tenus de fournir à chaque exploitant d'un service
de télévision, ou à son représentant, mentionné au I de cet article ainsi qu'à
l'administration des impôts, avant le 15 février de chaque année, un état
récapitulatif des sommes qu'ils ont versées au cours de l'année civile
précédente en rémunération de la fourniture par l'exploitant concerné des
services de télévision mentionnés au I du même article.
« III. - Un décret fixe les conditions d'application du présent article. »
« D. - Au cours de la première année d'application de la taxe prévue à
l'article 302
bis
KB du code général des impôts, les redevables versent
des acomptes mensuels ou trimestriels égaux au minimum, respectivement, au
douzième ou au quart du montant dû l'année civile précédente au titre de la
taxe instituée par l'article 36 de la loi de finances pour 1984 (n° 83-l179 du
29 décembre 1983), majoré de 5 %.
« E. - Les dispositions de l'article 36 de la loi de finances pour 1984 (n°
83-l179 du 29 décembre 1983) sont abrogées.
« Au
a
du 1° et au
a
du 2° du II de l'article 57 de la loi de
finances pour 1996 (n° 95-1346 du 30 décembre 1995), les mots : "le
produit de la taxe et du prélèvement prévus à l'article 36 de la loi de
finances pour 1984 (n° 83-1179 du 29 décembre 1983)" sont remplacés par
les mots : "le produit de la taxe prévue à l'article 302
bis
KB du
code général des impôts".
« F. - Les dispositions du présent article s'appliquent à compter du 1er
janvier 1998. »
Sur l'article, la parole est à M. Massion.
M. Marc Massion.
Il est extrêmement important de soutenir l'industrie française de programmes
pour faire face aux enjeux internationaux et à l'invasion sur nos écrans des
programmes américains.
Les négociations, actuellement en cours de l'accord multilatéral sur
l'investissement, l'AMI, au sein de l'OCDE, nous laissent présager le pire du
point de vue de l'entrisme des programmes américains sur le marché européen.
Je tiens à souligner le rôle essentiel que joue, depuis plus de dix ans, pour
le développement de la production française et francophone, le compte de
soutien à l'industrie de programmes ; or, il est notoire que sa deuxième
section, la section « audiovisuel » est insuffisante pour faire face aux
besoins. Cette année, il semble, selon le rapport de notre collègue M. Cluzel
que l'objectif prévu, aux termes de la loi de finances pour 1997, à hauteur de
1 050,9 millions de francs ne sera pas atteint.
Il faut dire que la taxe alimentant le compte de soutien, financée par des
prélèvements sur certains services de communication audiovisuelle, ne touchait,
conformément aux termes de la loi de finances de 1984 qui l'a instituée, qu'une
partie des supports audiovisuels.
Il était donc logique et nécessaire d'étendre à l'ensemble des services la
taxe alimentant le compte de soutien. Cette réforme, qui résulte dans sa
version adoptée par l'Assemblée nationale d'amendements gouvernementaux,
permettra d'étendre et de clarifier l'assiette de la taxe.
Ainsi, outre les chaînes hertziennes et câblées seront assujetties à cette
taxe les chaînes du satellite. Seront donc concernées les chaînes
thématiques.
Je ne peux que me féliciter de l'égalité de traitement fiscal de tous les
services. Il ne s'agit, en aucun cas, comme on a pu l'entendre ici ou là,
d'entraver le développement des chaînes thématiques qui constituent dorénavant
un maillon essentiel du paysage audiovisuel français et qui ont encore besoin
de se développer. Il me semble, en revanche, opportun que tous les services
rentrent dans le système de droit commun.
Le système proposé est équilibré ; il est, je crois, le résultat d'une
concertation avec la profession et le seuil d'assujettissement prévu, à hauteur
de 24 millions de francs, est relativement élevé et octroie aux chaînes une
période de montée en puissance. Augmenter ce seuil entraînerait, par ailleurs,
une réduction potentielle des recettes du compte de soutien et aurait des
conséquences néfastes pour l'industrie de programmes.
Je voudrais revenir un instant sur quelques fausses vérités entendues ici ou
là.
L'argument selon lequel les chaînes ne faisant pas de production et ne
bénéficiant pas, par là même, du compte de soutien à l'industrie
cinématographique et à la production audioviuelle, le COSIP, n'ont pas à
contribuer à son alimentation est un mauvais argument ; ces chaînes ne sont, en
effet, en mesure d'acquérir aujourd'hui des programmes sur le second marché que
parce qu'il existe, depuis 1984, un soutien à l'industrie de programmes. Ces
chaînes bénéficient ainsi des retombées indirectes de l'aide du compte de
soutien.
Le nouveau système aura assurément des conséquences positives pour l'industrie
de programmes puisqu'il incitera les chaînes thématiques à diffuser des oeuvres
originales francophones afin que les producteurs d'oeuvres audiovisuelles
bénéficient des aides du COSIP.
Enfin, je ne pense pas que le nouveau régime mette en péril la diffusion
satellitaire ou la distribution par câble puisqu'il a été prévu que les
opérateurs des bouquets satellitaires ne seront pas taxés, que les
câblo-opérateurs, qui bénéficiaient d'une exonération jusqu'au 31 décembre
1997, sont définitivement exonérés, que les recettes publicitaires des chaînes
thématiques ne seront pas prises en compte pour le calcul de l'assiette et que
seules les recettes tirées des abonnements le seront.
Pour toutes ces raisons, je ne peux que cautionner le nouveau dispositif qui
nous est aujourd'hui proposé pour l'assujettissement à tous les modes de
diffusion de la taxe sur les services de télévision.
Pour ce qui a trait à la clarifiation de l'assiette, je me félicite qu'elle
mette la législation en conformité avec les recommandations de la Cour des
comptes : les recettes brutes et non celles qui sont effectivement perçues par
les chaînes hertziennes terrestres seront désormais taxées.
Quant au transfert du recouvrement des recettes fiscales du centre national de
la cinématographie à la direction générale des impôts, il me semble plutôt de
nature à harmoniser les règles fiscales et à assurer une efficacité optimale du
recouvrement.
En conséquence, notre groupe votera l'article 24, qui prévoit une solution
équilibrée pour réformer le mode d'assujettissement et de perception de la taxe
sur les services de télévision alimentant le compte de soutien à la production
audiovisuelle.
M. le président.
Par amendement n° 3 rectifié, M. Cluzel et les membres du groupe de l'Union
centriste proposent :
I. - A. - Au premier alinéa du I, au premier alinéa (1) du II et au deuxième
alinéa (2) du II du texte proposé par le A de cet article pour l'article 302
bis
KB du code général des impôts, de remplacer (3 fois) les mots : «
Service de télévision » par les mots : « service de communication audiovisuelle
».
B. - En conséquence, dans la première phrase du dernier alinéa du texte
proposé par le A de cet article pour l'article 1693
quater
du même code
et dans les I et II du texte proposé par le C de cet article pour l'article L.
102 AA du livre des procédures fiscales, de remplacer (3 fois) les mots : «
Service de télévision » par les mots : « service de communication audiovisuelle
».
II. - A. - Au dernier alinéa du texte proposé par le A de cet article pour
l'article 302
bis K
C du code général des impôts, de remplacer les mots
: « Services de télévision » par les mots : « services de communication
audiovisuelle ».
B. - En conséquence, au premier alinéa du texte proposé par le A de cet
article pour l'article 1693
quater
du même code et au II du texte
proposé par le C de cet article pour l'article L. 102 AA du livre des
procédures fiscales de remplacer (2 fois) les mots : «Services de télévision »
par les mots « services de communication audiovisuelle ».
III. - Après le premier alinéa du texte proposé pour l'article 302
bis
KB du code général des impôts, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Les services de communication audiovisuelle soumis au présent paragraphe
sont ceux qui mettent à la disposition du public de façon simultanée des images
et des sons, dans les conditions prévues à l'article 2 de la loi n° 86-1067 du
30 septembre 1986. »
La parole est à M. Amoudry.
M. Jean-Paul Amoudry.
Il s'agit de tenir compte dans la terminologie employée dans cet article de
l'évolution technologique et de la convergence à laquelle on assiste
actuellement entre les divers modes de transmission de l'image et du son.
A cet égard, il a paru prévoyant d'anticiper sur les évolutions en cours et de
substituer à l'expression « service de télévision » l'expression de « service
de communication audiovisuelle », celle-ci englobant non seulement la
télévision, mais encore tous les systèmes de paiement à la séance et plus
généralement de transfert d'images animées et de sons à la demande dans le
cadre des procédures interactives.
Bien que la référence à la diffusion d'oeuvres « éligibles au COSIP » suffise
à délimiter le champ d'application de cet article, il a paru préférable pour
éviter toute ambiguïté de préciser que les services de communication
audiovisuelle soumis à la taxe étaient ceux qui mettaient à la disposition du
public, de façon simultanée, des images et des sons.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable à cet amendement même
s'il en comprend l'inspiration, et ce pour deux raisons.
Premièrement, la concertation qui a eu lieu avec les professionnels pour
élaborer cette réforme n'a porté que sur les services de télévision. Toute
extension de la réforme déborderait donc le cadre de cette concertation.
Deuxièmement, la notion juridique de service de communication audiovisuelle,
même si l'on voit bien à quoi il est fait allusion, n'est pas encore arrêtée
avec suffisamment de précision.
J'ai l'impression, monsieur le sénateur, que vous êtes un peu en avance sur
votre temps. Je vous demande donc de retirer votre amendement sinon le
Gouvernement sera obligé d'en demander le rejet.
M. le président.
Monsieur Amoudry, l'amendement est-il maintenu ?
M. Jean-Paul Amoudry.
Oui, monsieur le président.
M. Marc Massion.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion.
Cet amendement vise à étendre à tous les services de communication
audiovisuelle le dispositif de l'article 24, c'est-à-dire à les soumettre au
paiement d'une taxe permettant d'alimenter le compte de soutien à l'industrie
de programmes « section audiovisuel ».
Or les nouveaux services touchés par l'amendement engloberont toutes sortes de
programmes et de services, certains n'ayant qu'un très lointain rapport avec la
production audiovisuelle. Par exemple, certains services de paiement à la
séance pourront ne concerner que le sport.
Outre le fait qu'il sera très difficile de répertorier ces différents types de
services afin de savoir lesquels doivent être assujettis à la taxe, il
semblerait curieux que des émissions sportives aient à participer au
financement du compte de soutien audiovisuel.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3 rectifié, accepté par la commission et
repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis maintenant saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 2 est présenté par M. Cluzel et les membres du groupe de
l'Union centriste.
L'amendement n° 37 est présenté par M. Pelchat.
Tous deux tendent à rédiger comme suit le texte proposé par le A de cet
article pour l'article 302
bis
KC du code général des impôts :
«
Article 302
bis
KC
. - La taxe est calculée en appliquant la
fraction de chaque part du montant des encaissements et versements annuels en
francs, hors taxe sur la valeur ajoutée, qui excède 36 000 000 francs les taux
de :
« 1 % pour la fraction supérieure à 36 000 000 francs et inférieure ou égale à
48 000 000 francs ;
« 2,5 % pour la fraction supérieure à 48 000 000 francs et inférieure ou égale
à 60 000 000 francs ;
« 4 % pour la fraction supérieure à 60 000 000 francs et inférieure ou égale à
72 000 000 francs ;
« 5,5 % pour la fraction supérieure à 72 000 000 francs. »
La parole est à M. Amoudry, pour défendre l'amendement n° 2.
M. Jean-Paul Amoudry.
En première lecture, à l'Assemblée nationale, le Gouvernement a décidé de
relever le seuil de déclenchement de la taxe prévu par le présent article et
institué un barème progressif de six tranches.
Cette initiative va dans le bon sens, mais il faut aller plus loin pour que
cette taxe n'entrave pas le développement d'entreprises en pleine phase de
décollage commercial.
Pour permettre à celles-ci de ne pas être soumises à la taxe avant d'avoir
atteint une masse critique suffisante, il est proposé par cet amendement de
porter le seuil de déclenchement de la taxe à 36 millions de francs de chiffre
d'affaires annuel, sans pour autant élever le seuil de 72 millions de francs à
partir duquel la taxe s'applique à taux plein.
M. le président.
L'amendement n° 37 est-il soutenu ?...
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 2 ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances souhaiterait que M.
Amoudry retire cet amendement au bénéfice de l'amendement n° 40 de la
commission, qui répond aux préoccupations qu'il a exprimées tout en présentant
l'avantage d'être moins coûteux.
M. le président.
Monsieur Amoudry, répondez-vous à la sollicitation de M. le rapporteur général
?
M. Jean-Paul Amoudry.
Oui, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 2 est retiré.
Par amendement n° 40, M. Lambert, au nom de la commission, propose, avant le
dernier alinéa du texte présenté par le A de l'article 24 pour l'article 302
bis
KC du code général des impôts, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« La taxe n'est pas due lorsque son montant annuel n'excède pas 100 000
francs. Lorsque ce montant est supérieur à 100 000 francs sans excéder 500 000
francs, la somme exigible fait l'objet d'une décote égale au quart de la
différence entre 500 000 francs et ce montant. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
M. Amoudry a très bien éclairé la question.
L'amendement de la commission tient compte du fait que, dans le nouveau
régime, la taxe va concerner des entreprises jeunes, qu'il convient de ne pas
entraver dans leurs essor commercial.
L'Assemblée nationale, dans cet objectif, a relevé le seuil. Plutôt que de le
relever encore - ce qui était une solution, mais qui pouvait réduire le produit
- la commission a préféré introduire une décote assortie d'une franchise,
naturellement favorable aux nouvelles chaînes thématiques à petit chiffre
d'affaires. Les chiffres avancés ont été calculés pour que la décote ne joue
plus au-delà de 50 millions de francs de chiffre d'affaires. Le mécanismes
proposé ne devrait jouer qu'en phase de décollage commercial, pendant deux ou
trois ans, avant que les nouvelles chaînes thématiques n'atteignent leur
chiffre d'affaires de croisière.
Cette considération a conduit la commission des finances à rectifier son
amendement et à renoncer au très léger ajustement de barème qu'elle avait
initialement envisagé afin de sauvegarder le rendement de la taxe.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
Même si je suis sensible à la situation des jeunes chaînes thématiques, qui
parfois sont les filles de parents puissants - pas systématiquement, il est
vrai - j'estime que le Gouvernement a fait, lors du débat à l'Assemblée
nationale, un effort suffisant en portant le seuil d'imposition à la taxe de 12
millions à 24 millions de francs de chiffre d'affaires. Ajouter des
raffinements supplémentaires qui conduiraient à relever le taux de la taxe pour
les chaînes qui resteraient taxées ne me paraît pas souhaitable.
C'est pourquoi, monsieur le rapporteur général, je vous suggère de retirer
l'amendement sinon, à mon grand regret, je serai obliger d'en demander le
rejet.
M. le président.
Monsieur le rapporteur général, l'amendement est-il maintenu ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission ne pense pas que tout enfant né de
parents puissants doive mourir. En outre, elle pense que les enfants qui
naissent de parents non puissants doivent vivre.
(Sourires.)
Par
conséquent, elle maintient son amendement.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 40, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 38, M. Pelchat propose, après le deuxième alinéa du texte
présenté par le A de l'article 24 pour l'article 1693
quater
du code
général des impôts, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Les montants dus par les sociétés exploitant des services de télévision par
câble et/ou satellite au titre de l'exercice 1998 ne seront acquittés qu'en
1999, avec un décalage de douze mois par échéance, selon les modalités de
paiement exposées ci-dessus. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Je vais mettre aux voix l'article 24.
M. Paul Loridant.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Si nous approuvons l'objectif visé à travers l'article 24, nous tenons à
formuler quelques observations.
Par cet article, il s'agit de renforcer les moyens financiers mis à
disposition du fonds de soutien au cinéma et à l'industrie audiovisuelle en
tenant compte, en particulier, du développement de nouvelles formes de
télévision, notamment des transmissions par câble et par satellite.
Ce choix apparaît comme tout à fait légitime quand on connaît la position des
Etats-Unis qui, dans la négociation internationale, demandent la disparition de
l'ensemble des dispositifs de soutien au cinéma en France, à moins de
bénéficier du produit de la taxe sur les entrées perçue sur les films
américains projetés dans notre pays.
Le choix que nous avons fait est juste, car il a permis à notre pays de
conserver une création cinématographique et audiovisuelle originale.
Sans ce financement spécifique, celle-ci aurait probablement disparu. On peut
penser que notre pays aurait alors perdu une part non négligeable des nouveaux
talents de la création audiovisuelle qu'il est amené à découvrir chaque année
et qui donnent cette couleur si particulière au cinéma national, ainsi
d'ailleurs qu'à une grande part de la création européenne.
Cependant, dans le même temps que nous aidons notre création cinématographique
et audiovisuelle, nous ne pouvons éluder la nécessité de soutenir la télévision
de proximité.
Le câble se caractérise par la diversité des acteurs.
Outre les chaînes généralistes ou thématiques que nous connaissons, il existe
en effet des télévisions de proximité, dont les règles de fonctionnement sont
précisément fixées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel et dont les
objectifs sont louables puisqu'il s'agit notamment d'offrir une forme de
service public local de télévision, une télévision d'intervention citoyenne en
quelque sorte.
Je crains fort que l'on ne puisse trouver dans la taxe perçue au profit du
fonds de soutien les moyens nécessaires pour aider ces télévisions de
proximité.
Lors de la discussion du projet de loi de finances, nous avons proposé une
solution passant par le virement d'une partie du produit de la nouvelle taxe
sur les imprimés publicitaires.
Hélas ! cette proposition a été rejetée. Il importe néanmoins de trouver une
solution.
On peut, certes, songer au fonds de soutien, mais il nous semble plutôt que le
Gouvernement devra, dans les meilleurs délais, déterminer les modalités d'un
financement particulier des télévisions de proximité.
Tout en approuvant donc la lettre de cet article 24 dans sa rédaction
d'origine, nous ne pouvons manquer de souligner à nouveau la nécessité de
résoudre cette question, soit dans le projet de loi sur l'audiovisuel annoncé
par Mme le ministre de la culture et de la communication, soit dans le cadre
d'un texte portant diverses dispositions d'ordre économique et financier à
venir.
L'idéal serait encore de mettre au point une solution adaptée à l'occasion de
la nouvelle lecture de ce collectif.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 24, modifié.
(L'article 24 est adopté.)
Article additionnel après l'article 24
M. le président.
Par amendement n° 1 rectifié, MM. Amoudry, Barnier, Carle et Hérisson
proposent d'insérer, après l'article 24, un article additionnel ainsi rédigé
:
« I. - Les personnes morales ayant pour objet l'exploitation d'un service de
télévision locale mentionnées aux deuxième, troisième, quatrième et cinquième
alinéas du présent article peuvent bénéficier d'une aide, dès que les
ressources commerciales provenant des messages diffusés à l'antenne et
présentant le caractère de publicité de marque ou de parrainage sont
inférieures à 20 % de leur chiffre d'affaires total.
« Pour bénéficier de l'aide, lesdites personnes morales doivent :
« - soit être titulaires d'une autorisation délivrée par le Conseil supérieur
de l'audiovisuel, en application de l'article 30 de la loi modifiée du 30
septembre 1986 relative à lae l'article 1560, la déclaration prévue à l'article
1565 est souscrite auprès de l'administration au plus tard vingt-quatre heures
avant la date d'ouverture au public de la fête foraine.
«
Art. 1565
sexies. - Les dispositions de l'article 1791 sont
applicables aux infractions aux dispositions des articles 1564
bis
et
1565
quinquies
.romau
«
Art. 1565
septies
. - Sous réserve des dispositions de
l'article1565
bis,<1er janvier 1998 et pour une durée de trois ans, une taxe
pour droit d'usage sur les appareils récepteurs de télévision. Le montant de
cette taxe est fixé à 5 francs pour 1998.
« III. - Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du
présent article. »
La parole est à M. Amoudry.
M. Jean-Paul Amoudry.
Cet amendement, qui est relatif aux télévisions locales, est la reprise de
celui que nous avions défendu le mardi 9 décembre, lors de la discussion du
projet de loi de finances pour 1998 et que le Sénat avait voté à une très large
majorité, mais que l'Assemblée nationale n'a pas cru devoir adopter à son tour,
ce qu'il faut regretter, compte tenu de l'importance et de l'urgence de
l'enjeu.
Comme je l'avais expliqué il y a quelques jours, il s'agit de donner aux
télévisions locales les moyens de leur autonomie financière. Seule parmi les
grandes démocraties occidentales, la France ne l'a pas encore fait.
Je voudrais m'efforcer de réfuter les arguments avancés mardi dernier par M.
le secrétaire d'Etat au budget.
Tout d'abord, je crois que nous n'encourons pas le risque de confusion des
genres qu'il semble redouter. Ainsi que l'a souligné notre collègue M. Barnier,
nous avons l'expérience de TV 8 Mont-Blanc, qui a su parfaitement trouver sa
place, sans la moindre gêne pour France 3-Grenoble.
Ensuite, comme M. le secrétaire d'Etat l'a reconnu, ces télévisions locales
ont souvent un statut mi-public mi-privé, qui justifie le soutien des pouvoirs
publics. Je ne vois d'ailleurs pas pourquoi ce qui est possible pour les radios
ne le serait pas pour les télévisions.
S'agissant du mode de financement, je voudrais répondre à la démonstration
brillante, mais peut-être excessivement rigoureuse, faite par notre collègue M.
Charasse.
Le mode de financement que je propose, à savoir l'instauration d'une taxe de 5
francs par appareil de télévision, recouvrée selon les mêmes modalités que la
redevance, ne semble pas contraire aux dispositions de l'ordonnance organique.
Il s'agit, en effet, d'une taxe à caractère fiscal - ce serait la volonté
clairement exprimée du législateur -, tout à fait distincte dans son statut
juridique de la redevance annuelle, sur laquelle elle s'articule simplement
pour des raisons de commodité.
Je tiens à souligner également que, allant au-devant de la préoccupation
exprimée par certains collègues, j'ai modifié la rédaction de mon amendement
pour que les services de télévision fonctionnant sous statut associatif
puissent bénéficier de l'aide. J'insiste sur ce changement de terminologie, car
il me donne l'occasion de préciser que les télévisions locales assurent en
quelque sorte une mission, sinon de service public, du moins - comme cela a été
dit - d'intérêt général. En effet, leurs émissions de proximité, qu'il s'agisse
d'informations ou de reportages, constituent un élément essentiel de la vie
démocratique dans nos communes et nos départements.
Il nous a été suggéré d'attendre la discussion du projet de loi sur
l'audiovisuel, programmée pour le printemps prochain. Pour montrer que ce délai
est malheureusement trop long, j'évoquerai une nouvelle fois - veuillez m'en
excuser - le cas de TV 8 Mont-Blanc : la fréquence de cette télévision n'est
acquise que jusqu'au 31 décembre prochain et l'interruption de ses programmes a
déjà entraîné la perte de dizaines d'emplois à temps plein ainsi que la
cessation du travail de plusieurs intermittents du spectacle.
Voilà pourquoi, mes chers collègues, il est nécessaire et urgent de mettre en
place une solution d'attente. C'est l'objet de l'amendement que j'ai l'honneur
de vous présenter. J'espère que vous voudrez bien renouveler votre vote et que
cette constance incitera le Gouvernement et l'Assemblée nationale à agir sans
délai pour assurer la survie, puis le développement des télévisions de
proximité, qui sont un élément essentiel de la démocratie locale, auquel les
Français sont profondément attachés, comme ils l'ont montré dans les
départements savoyards au moment de l'interruption - tout à fait provisoire, je
l'espère - des émissions de TV 8 Mont-Blanc.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances s'en était précédemment
remise à la sagesse du Sénat et le Sénat avait adopté l'amendement ; elle s'en
remet à nouveau à la sagesse du Sénat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
M. Amoudry a fait un pladoyer très vibrant, mais les
termes du débat n'ont pas changé. Je ne vais pas réitérer les arguments que
j'ai déjà invoqués : je dirai simplement que je persiste à demander le rejet de
cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 1 rectifié.
M. Paul Loridant.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
Comme je l'avais fait lors de la discussion du projet de loi de finances, à
titre personnel, je voterai cet amendement, même si le dispositif qu'il prévoit
ne me paraît pas parfait. Je doute en effet de la détermination du Gouvernement
quant à la prise en compte du problème de la télévision de proximité.
Je n'ignore pas que Mme le ministre de la culture et de la communication a
annoncé la mise au point dans les prochaines semaines d'un nouveau projet de
loi sur la communication et la télévision, mais je ne suis pas sûr qu'elle ait
bien mesuré l'enjeu que constitue les télévisions de proximité.
A défaut de mesures particulières, analogues à celles qui sont, par exemple,
accordées à la presse écrite - exonération de la taxe professionnelle, taux de
TVA réduit, notamment - et parce qu'il est extrêmement urgent de soutenir les
télévisions de proximité, qui remplissent une fonction de service public à
caractère local et qui rencontrent d'énormes difficultés, je pense qu'il faut
très vite non seulement leur adresser un signe mais encore leur donner les
moyens de fonctionner.
Telles sont les raisons pour lesquelles, à titre personnel, je voterai
l'amendement présenté par notre collègue M. Amoudry.
M. Marc Massion.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion.
Le groupe socialiste du Sénat avait déposé, lors de l'examen du projet de loi
de finances pour 1998, un amendement visant sensiblement le même objectif.
Notre amendement nous semblait préférable à celui dont nous discutons, et cela
à plusieurs titres.
En premier lieu, il concernait non seulement les télévisions locales du câble
et hertziennes, mais aussi les radios commerciales indépendantes ; je veux
parler de celles qui sont classées en catégorie B par le CSA et non de celles
qui ressortissent à la catégorie A, qui bénéficient déjà du fonds de soutien à
l'expression radiophonique, aux termes de l'article 80 de la loi du 30
septembre 1986. Son objet était donc plus large et plus logique, car il
englobait l'ensemble des médias audiovisuels faisant de l'information de
proximité et disposant de faibles ressources.
En second lieu, le financement de la mesure proposée par notre amendement me
semblait préférable à celui qui est envisagé par les auteurs de l'amendement n°
1 rectifié puisqu'il faisait bénéficier télévisions et radios locales du
nouveau fonds, dit « fonds Le Guen », d'aide à la presse d'information générale
et politique, qui serait alors devenu un « fonds multimédia ». Ce gage nous
semble de beaucoup préférable à une hausse supplémentaire de la redevance, qui
sera mal perçue par le contribuable !
Le groupe socialiste avait présenté cet amendement pour alerter le
Gouvernement sur les problèmes cruciaux que connaissent les télévisions et
radios locales ; il l'avait retiré après que celui-ci se fut engagé à réfléchir
à la question. Il nous semble qu'un tel problème ne peut être réglé à la
sauvette. Une concertation doit avoir lieu avec la profession. Je pense que le
projet de loi sur l'audiovisuel qui sera débattu au printemps prochain
constituera le cadre idéal pour adopter une telle disposition.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 1 rectifié, repoussé par le Gouvernement et
pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet
de loi, après l'article 24.
Article 25
M. le président.
« Art. 25. - L'article 284
septies
du code des douanes est abrogé à
compter du 1er janvier 1998. » -
(Adopté.)
Article 26
M. le président.
« Art. 26. - L'arlicle 4 de la loi n° 82-939 du 4 novembre 1982 relative à la
contribution exceptionnelle de solidarité en faveur des travailleurs privés
d'emploi est ainsi rédigé :
«
Art. 4
. - A compter du 1er janvier 1998, sont exonérés du versement
de la contribution de solidarité les redevables mentionnés à l'article 2, dont
la rémunération mensuelle nette telle que définie ci-dessous est inférieure au
montant du traitement mensuel brut afférent à l'indice brut 296.
« La rémunération mensuelle nette comprend la rémunération de base mensuelle
brute augmentée de l'indemnité de résidence et diminuée des cotisations de
sécurité sociale obligatoires, des prélèvements pour pension et, le cas
échéant, des prélèvements au profit des régimes de retraite complémentaire
obligatoires. »
Par amendement n° 13 rectifié, M. Lambert, au nom de la commission, propose
:
I. - Dans le premier alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 4
de la loi n° 82-939 du 4 novembre 1982, de remplacer l'indice brut : « 296 »,
par l'indice brut : « "266 ».
II. - Dans le second alinéa du texte présenté par cet article pour l'article 4
de la loi n° 82-939 du 4 novembre 1982, après les mots : « des cotisations de
sécurité sociale obligatoires », d'insérer les mots : « de la fraction de
contribution sociale généralisée affectée au financement des régimes
obligatoires d'assurance maladie ».
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Par l'article 26, le Gouvernement nous propose de
neutraliser l'incidence de la hausse du taux de la CSG sur le seuil
d'assujettissement à la contribution de solidarité. Ce seuil d'assujettissement
est légalement fixé par référence à l'indice brut 259 de la fonction publique.
Néanmoins, la pratique s'est considérablement écartée de cette norme légale. En
effet, afin de tenir compte de la création de la CSG, ce seuil a été relevé en
1991 par voie de simple circulaire.
Parallèlement, la même circulaire a instauré une définition
ad hoc,
plus favorable, de la rémunération nette telle qu'elle est calculée pour
déterminer l'assujettissement à la contribution de solidarité.
Par le présent article, il nous est proposé, de manière incidente, de valider
cette pratique qui n'avait, jusqu'à présent, aucune base légale. Je m'étonne
donc, et la commission des finances avec moi, de cette validation demandée au
Parlement au détour d'un collectif budgétaire.
Aujourd'hui, il semble difficile de revenir sur une pratique qui est en
vigueur depuis maintenant sept ans. Il semble plus logique de prévoir que la
fraction de CSG affectée au financement de l'assurance maladie est déductible
de l'assiette de la contribution de solidarité comme les cotisations auxquelles
elle se substitue.
Tel est l'objet de cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
Comme M. le rapporteur général l'a dit, l'article présenté par le Gouvernement
a pour objet de neutraliser l'effet de transfert, en 1997, puis en 1998, de la
cotisation maladie vers la CSG pour des fonctionnaires qui se sont trouvés
assujettis de ce seul fait à la contribution de solidarité.
C'est pourquoi le Gouvernement propose un relèvement du seuil
d'assujettissement au niveau de l'indice brut 296.
Une autre solution consistait, sans modifier ce seuil, à déduire de la
rémunération nette prise en compte pour déterminer l'assujettissement le
montant de la CSG correspondant aux 5,1 points transférés en 1997, puis en
1998, en contrepartie de la baisse de la cotisation maladie.
Cette solution, qui est celle que vous proposez, monsieur le rapporteur
général, a été écartée, car elle ne présente pas les mêmes avantages de
simplicité que la solution de relèvement du seuil, qui permet de laisser
inchangée, pour les gestionnaires de personnels, la méthode de calcul en
vigueur pour la détermination de l'assujettissement à la contribution de
solidarité.
C'est donc en vertu de cet argument de simplicité, auquel la Haute Assemblée
n'est certainement pas insensible, que le Gouvernement, préférant son propre
dispositif, demande le retrait ou, à défaut, le rejet, de cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 13 rectifié.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à Mme Beaudeau.
Mme Marie-Claude Beaudeau.
Décidément, quand il s'agit des agents du secteur public, le rapporteur
général et la majorité de la commission des finances ne manquent pas
d'imagination.
L'article 26 du projet de loi prévoit effectivement, dans un premier temps, de
neutraliser les effets du basculement de la CSG - cotisations maladie
essentiellement pour un certain nombre de fonctionnaires de catégorie C et de
ne pas les assujettir à la contribution de solidarité que paient les agents du
secteur public pour financer l'allocation spécifique de solidarité des chômeurs
de longue durée.
Sur le fond, il convient de réfléchir, dans le cadre de cet article, au
problème du financement de l'allocation de solidarité et ne pas oublier que,
depuis plusieurs années, le dispositif de cette allocation tend à connaître une
évolution à la hausse du fait de la modification des règles d'allocation
désormais retenues par le régime conventionnel.
Vous nous permettrez, en particulier, de nous interroger, d'une part, sur le
maintien de la contribution de solidarité et, d'autre part, sur l'existence
d'excédents du régime conventionnel d'assurance chômage dus aux modalités
actuelles de versement des allocations.
Sur le fond, nous ne pensons pas, notamment, que ce sont les agents du secteur
public qui doivent, au même titre que l'Etat d'ailleurs à travers la subvention
au fonds de solidarité, prendre à leur charge le financement des allocations de
chômage des chômeurs de longue durée.
En l'occurrence, la responsabilité essentielle nous semble plutôt à être à
rechercher du côté des entreprises qui, malgré les incitations fortes qui ont
pu voir le jour ces dernières années en matière d'allégements de cotisations
sociales, n'ont pas créé les emplois dont ont pourtant besoin les personnes qui
sont actuellement privées de travail.
Cela étant dit, nous ne partageons évidemment pas l'orientation choisie par la
commission des finances, qui n'exclut pas de mettre à contribution des
catégories nouvelles d'agents du secteur public au titre de la contribution de
solidarité. Nous voterons donc contre cet amendement n° 13 rectifié.
M. Marc Massion.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Massion.
M. Marc Massion.
Le présent article tend à inscrire dans la loi de définition de l'assiette de
la contribution de solidarité telle qu'elle a été précisée jusqu'à présent par
voie de circulaire. Le nouveau seuil d'assujettissement proposé est fixé au
niveau nécessaire pour que l'opération de basculement des cotisations
d'assurance maladie sur la CSG reste neutre. Il n'y a pas lieu de rouvrir un
débat en matière de déductibilité de la CSG. Par conséquent, nous voterons
contre cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 13 rectifié, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 26, ainsi modifié.
(L'article 26 est adopté.)
Article 27
M. le président.
« Art. 27. - Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose
jugée, sont réputées régulières les impositions assises et liquidées jusqu'au 9
novembre 1995 en application de l'article R. 424-1 du code de l'urbanisme et
sur le fondement de l'arrêté du préfet de Paris en date du 30 mars 1984, en
tant qu'elles seraient contestées pour un motif tiré de l'incompétence du maire
de Paris résultant du défaut d'affichage de l'arrêté précité. » -
(Adopté.)
Article 27
bis
M. le président.
« Art. 27
bis
. - Il est inséré, après le 2 de l'article 39 du code
général des impôts, un 2
bis
ainsi rédigé :
« 2
bis.
Pour les contrats conclus au cours d'exercices ouverts à
compter de l'entrée en vigueur de la Convention sur la lutte contre la
corruption d'agents publics étrangers dans les transactions commerciales
internationales, les sommes versées ou les avantages octroyés, directement ou
par des intermédiaires, au profit d'un agent public au sens du 4 de l'article 1
de ladite convention ou d'un tiers pour que cet agent agisse ou s'abstienne
d'agir dans l'exécution de fonctions officielles, en vue d'obtenir ou conserver
un marché ou un autre avantage indu dans des transactions commerciales
internationales, ne sont pas admises en déduction des bénéfices soumis à
l'impôt. »
Par amendement n° 14, M. Lambert, au nom de la commission, propose de
supprimer cet article.
La parole est M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Cet article a pour objet de rendre non déductibles
des sommes versées au profit d'agents publics étrangers en vue d'obtenir des
avantages dans les transactions internationales.
Il a des objectifs louables mais, malheureusement, emploie de mauvais moyens
juridiques.
La convention à laquelle il est fait référence consiste aujourd'hui en un
texte, provisoire, qui devrait être signé le 17 décembre prochain. Il devrait
être soumis au Parlement pour autorisation de ratification d'ici à la fin de
l'année 1998.
Toutefois, il semble que les dispositions fiscales envisagées ne constituent
pas véritablement un élément d'application de la convention. L'ensemble du
texte de la convention fait référence à la création ou au renforcement des
sanctions pénales. De plus, cet article soulève des difficultés juridiques
majeures.
La France doit ratifier la convention sur la lutte contre la corruption
internationale d'ici à la fin de l'année 1998 et la transposer corrélativement
en droit pénal interne. Le texte pénal indispensable à la mise en oeuvre de
dispositions fiscales complémentaires n'existe donc pas encore en droit
interne.
Le déroulement logique de la procédure législative aurait dû consister,
d'abord, à procéder à une transposition en droit pénal de la convention et,
ensuite, sur le fondement de cette transposition, à déterminer des compléments
de sanctions de nature fiscale.
Le texte du présent article ne fait effectivement référence à aucune procédure
judiciaire. Or, il s'agirait bien de sanctionner des contribuables sur le
fondement d'une infraction pénale : il ne peut revenir à l'administration
fiscale de déterminer elle-même des actes constitutifs d'une infraction
pénale.
Enfin, sur le fond, le Gouvernement dit vouloir lutter contre la corruption
par cette mesure fiscale. Permettez-moi de faire deux remarques.
D'abord, cet article aurait un champ très réduit puisqu'il ne s'appliquera ni
aux agents publics français, ni aux personnes privées. Il restera donc un champ
très large pour faire des versements illicites dans le cadre de contrats
internationaux.
Ensuite, il serait naïf de croire que le seul fait de la non-déductibilité des
sommes versées serait un obstacle à la corruption.
Si la lutte contre la corruption emprunte la voie fiscale, il convient que -
et cela paraît également légitime - toutes les garanties soient données au
contribuable.
Pour toutes ces raisons, il est donc proposé non pas de rejeter dans son
principe une disposition de cette nature, mais d'attendre la signature de la
convention relative à la corruption des agents publics étrangers et de préciser
alors, avec les garanties juridiques nécessaires, les conditions de mise en
oeuvre de dispositions visant à lutter contre la corruption, dont les plus
importantes devront s'appuyer sur la définition précise d'infractions
pénales.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
J'avoue être surpris par le dépôt de cet amendement de
la commission des finances.
Lorsque nous avons examiné le projet de loi de finances pour 1998, j'avais
indiqué que la convention internationale sur la lutte contre la corruption
d'agents publics étrangers était sur le point d'être finalisée. Elle sera
effectivement signée par la France et les autres pays concernés le 17 décembre
prochain, c'est-à-dire dans deux jours.
Dès l'instant où la convention est signée, je ne vois pas de raison de
retarder sa transcription dans notre droit national. En effet, je pense que
chacun est attaché à lutter contre la corruption que cette convention vise à
traquer. Aussi la position d'attente du rapporteur général me surprend-elle
quelque peu.
Monsieur le rapporteur général, vous avez évoqué un argument d'ordre fiscal.
En effet, vous vous êtes étonné que la remise en cause de la déduction puisse
intervenir en l'absence de condamnation pénale définitive. Je dois rappeler
qu'il s'agit là d'un principe général en matière fiscale, qui ne subordonne pas
la réintégration de sommes correspondant à des pratiques délictueuses à
l'engagement ou
a fortiori
à l'aboutissement de poursuites pénales.
Toutefois, l'action des services de contrôle est clairement encadrée - et vous
y êtes justement attaché - par la référence faite à la convention et à sa
définition très claire de la corruption et de l'agent public.
Ce texte constitue donc un élément important de sécurité juridique pour les
entreprises. Après vous avoir donné ces précisions, aussi bien sur les délais
d'application que sur le fond, je vous suggère donc de retirer cet amendement.
En effet, loin de moi l'idée que vous ne soyez pas, comme nous tous, un
combattant acharné de la lutte contre la corruption. Si vous ne retirez pas cet
amendement, je demanderai au Sénat de bien vouloir le rejeter.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je prends acte du fait que M. le secrétaire d'Etat ne
peut pas penser un instant que la Haute Assemblée puisse ne pas être à ses
côtés pour lutter contre la corruption.
Je tiens tout de même à apporter une précision. Lorsque nous légiférons, il
est tout de même quelques précautions à prendre. Dès lors que l'on entre dans
un processus qui consiste à appliquer des conventions qui ne sont pas encore
signées et qui doivent faire l'objet d'une autorisation de ratification par le
Parlement, on commence à confondre vitesse et précipitation. C'est ce qui
conduit la commission des finances, sans aucun complexe, à proposer le rejet de
ce dispositif.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 14.
M. René Régnault.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Monsieur le rapporteur général, je croyais que vous alliez nous éviter de nous
exprimer davantage sur la question. En effet, j'avais imaginé que l'explication
de M. le secrétaire d'Etat allait vous satisfaire.
En vous écoutant défendre cet amendement, j'ai pensé, monsieur le rapporteur
général, que vous vous en teniez à la procédure pour éviter de vous exprimer
sur le fond.
(Sourires.)
Puis vous avez poursuivi en abordant le fond.
Enfin, vous avez terminé en disant que vous ne rejetiez pas le principe d'une
telle disposition, mais que vous souhaitiez attendre la signature de la
convention.
Tout compte fait, votre position est donc liée à la signature de cette
convention. Or, M. le secrétaire d'Etat vient de nous dire à l'instant que la
signature de cette convention est plus qu'imminente puisqu'elle doit avoir lieu
dans quarante-huit heures. Il n'y a donc plus de doute sur sa réalité.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Le Parlement vote des lois, il ne fait pas du
journalisme !
M. René Régnault.
Eu égard à l'enjeu - en l'occurrence, il s'agit bien, chacun en convient, de
lutter contre la corruption - la Haute Assemblée, quelle que soit la travée sur
laquelle on siège, ne peut que continuer à s'honorer de vouloir entreprendre la
lutte contre la corruption et d'accompagner le Gouvernement dans les démarches
qu'il entreprend à cet effet.
Aussi, je ne comprends pas pourquoi cet amendement est maintenu. Dans ces
conditions, nous voterons catégoriquement contre.
M. Marc Massion.
Très bien !
M. Jacques Habert.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert.
Le Gouvernement ne me semble pas logique avec lui-même.
Tout à l'heure, s'agissant des amendements Cluzel qui se référaient à une
formule qui n'est pas encore en vigueur et visaient à remplacer les « services
de télévision » par les « services de communication audiovisuelle », le
Gouvernement a dit qu'il ne convenait pas encore d'employer cette « prévoyance
d'anticipation », pour reprendre une formule qui a été utilisée.
En l'occurrence, il s'agit d'inscrire dans la loi des dispositions s'appuyant
sur une convention qui sera sans doute signée dans deux jours. Or, pour maintes
conventions, les projets de loi visant à autoriser leur ratification ont été
soumis au Parlement des années après leur signature.
Par conséquent, pour la raison que vous avez invoquée tout à l'heure à
l'encontre des amendements Cluzel, nous devons repousser ces prévoyances
d'anticipation et donc ne pas inscrire dans la loi une disposition qui,
normalement, n'y figure jamais.
Nous sommes tous contre la corruption,...
M. Marc Massion.
On se demande !
M. Jacques Habert.
... mais il n'y a pas lieu de se précipiter et de faire référence à une
convention qui n'est pas encore signée et dont on ne sait quand elle sera
ratifiée. Par conséquent, nous voterons l'amendement de la commission.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 27
bis
est supprimé.
Articles 27
ter
et 27
quater
M. le président.
« Art. 27
ter
. - I. - Le 1 de l'article 42
septies
du code
général des impôts est ainsi modifié :
« 1° Les trois premiers alinéas sont ainsi rédigés :
« Les subventions d'équipement accordées à une entreprise par l'Etat, les
collectivités publiques ou tout autre organisme public à raison de la création
ou de l'acquisition d'immobilisations déterminées ne sont pas comprises, sur
option de l'entreprise, dans les résultats de l'exercice en cours à la date de
leur attribution ; dans ce cas, elles sont imposables dans les conditions
définies au présent article.
« Lorsqu'elles ont été utilisées à la création ou à l'acquisition d'une
immobilisation amortissable, ces subventions sont rapportées aux bénéfices
imposables en même temps et au même rythme que celui auquel l'immobilisation en
cause est amortie. Ce rythme est déterminé, pour chaque exercice, par le
rapport existant entre la dotation annuelle aux amortissements pratiquée à la
clôture de l'exercice concerné sur le prix de revient de cette immobilisation
et ce même prix de revient.
« Les subventions affectées à la création ou à l'acquisition d'une
immobilisation non amortissable sont rapportées par fractions égales au
bénéfice imposable des années pendant lesquelles cette immobilisation est
inaliénable aux termes du contrat accordant la subvention ou, à défaut de
clause d'inaliénabilité, au bénéfice des dix années suivant celle de
l'attribution de la subvention. » ;
« 2° Après le troisième alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La subvention attribuée par l'intermédiaire d'une entreprise de crédit-bail
est répartie, par parts égales, sur les exercices clos au cours de la période
couverte par le contrat de crédit-bail, à la condition que la décision
accordant cette subvention prévoie son reversement immédiat au crédit-preneur.
» ;
« 3° Le dernier alinéa est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Ces dispositions s'appliquent en cas de cession ou de résiliation d'un
contrat de crédit-bail ; la période mentionnée à la deuxième phrase du présent
alinéa s'entend alors de celle restant à courir à la date de l'opération
concernée jusqu'à l'échéance de ce contrat. »
« II. - L'article 93 du code général des impôts est complété par un 8 ainsi
rédigé :
«
8.
Sur demande expresse des contribuables soumis au régime de la
déclaration contrôlée qui exercent une activité professionnelle au sens du 1 de
l'article 92, les subventions visées à l'article 42
septies
ne sont pas
comprises dans les résultats de l'année en cours à la date de leur versement.
Dans ce cas, elles sont imposables dans les conditions définies par ce dernier
article. »
« III. - Les dispositions du II s'appliquent à compter de l'imposition des
revenus de 1997. » -
(Adopté.)
« Art. 27
quater
. - L'article 281
octies
du code général des
impôts est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Le taux de 2,10 % s'applique également aux opérations d'importation,
d'acquisition intracommunautaire ou de livraison portant sur les médicaments
soumis à l'autorisation temporaire d'utilisation visés à l'article L. 601-2 du
code de la santé publique. » -
(Adopté.)
Article additionnel après l'article 27
quater
M. le président.
Par amendement n° 36, M. Marini propose d'insérer, après l'article 27
quater,
un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après le premier alinéa de l'article 8 du code général des impôts, il
est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque la propriété des parts est démembrée, l'usufruitier est soumis à
l'impôt sur le revenu pour la quote-part correspondant aux bénéfices qui lui
sont alloués. Le nu-propriétaire n'est pas soumis à l'impôt sur le revenu à
raison du résultat imposé au nom de l'usufruitier. Cette disposition présente
un caractère interprétatif. »
« II. - Les pertes de recettes résultant pour l'Etat de l'application du I
ci-dessus sont compensées à due concurrence par un relèvement des droits
figurant aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la
création d'une taxe additionnelle aux droits prévus à l'article 403 du code
général des impôts. »
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Cet amendement vise la situation des sociétés de personnes, dont certaines
parts sociales font l'objet d'un démembrement de propriété.
Depuis une interprétation récente de l'article 8 du code général des impôts,
interprétation qui provient d'une réponse ministérielle du 27 février 1995, les
bénéfices issus de ces parts sont considérés comme imposables entre les mains
du nu-propriétaire alors même qu'ils sont distribués à l'usufruitier. Ce
dernier étant lui-même susceptible d'être imposé sur les mêmes sommes au titre
de ce qu'on appelle les revenus innommés, il en résulte une menace permanente
de double imposition. Cela paraît donc devoir être corrigé.
Afin de tenir compte des droits financiers de l'usufruitier sur le résultat
courant de l'exploitation et pour éviter ce risque de double imposition, il
vous est proposé de confirmer l'assujettissement de l'usufruitier à l'impôt sur
le revenu à raison de la quote-part de résultat qui lui revient et d'exonérer
le nu-propriétaire du même montant.
Pour ne pas remettre en cause les impositions antérieurement établies,
conformément à la pratique, au nom de l'usufruitier, la nouvelle disposition
devrait avoir un caractère interprétatif.
J'ai le sentiment que cette disposition - je parle là sous le contrôle, avisé
en cette matière, de M. le rapporteur général - est conforme au principe
traditionnel du code civil qui distingue bien les revenus d'un côté, les
plus-values et les gains en capital, de l'autre. La réponse ministérielle de
février 1995 à laquelle je faisais allusion semble fort contestable, puiqu'elle
va à l'encontre de ce vieux principe civiliste assujettissant le
nu-propriétaire à l'impôt frappant le capital et l'usufruitier à l'impôt
frappant le revenu.
Certes, il est arrivé que ce principe rencontre des exceptions, mais pour des
raisons bien précises, en particulier pour les besoins de telle ou telle
législation : je pense notamment aux dérogations accordées dans le cas de la
taxe foncière et dans le cas de l'impôt de solidarité sur la fortune. Mais il
s'agit de raisons qu'il est possible d'analyser, d'exposer et dont on peut
discuter.
La disposition que je vous propose, mes chers collègues, devrait pouvoir
régler de façon claire pour les intéressés les quelques situations dont il
s'agit, en conformité avec les principes traditionnels du code civil et en
évitant les risques de double imposition.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances s'incline devant les
qualités de civiliste de notre ami Philippe Marini, dont l'argumentation, au
plan civil - mais je n'ai qu'une modeste compétence en la matière - m'a paru
absolument incontestable.
La commission des finances ne connaît pas de dispositions légales autres que
celles qui ont été évoquées concernant certains types d'impôts, qui justifient
l'imposition de l'usufruitier comme si le droit de propriété n'avait pas été
démembré.
Le code civil fixe précisément les droits et les charges respectives du
nu-propriétaire et de l'usufruitier. Il ne devrait donc pas y avoir de
difficulté d'application.
Je pense, mon cher collègue, que votre amendement revêt un caractère
interprétatif. Sans doute les informations qui seront données par le
Gouvernement pourraient-elles être de nature à apaiser les difficultés qui sont
survenues et à faciliter la bonne application de la loi sur l'ensemble de notre
territoire.
C'est pourquoi, dans un premier temps, la commission des finances souhaite
entendre le Gouvernement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Le problème juridique soulevé par cet amendement
défendu par M. Marini mérite une attention toute particulière. En effet, comme
il l'a expliqué, en cas de démembrement des parts d'une société de personnes,
l'imposition est établie au nom de l'associé, c'est-à-dire du nu-propriétaire
des parts sociales, en application de l'article 8 du code général des impôts.
Cette situation, bien que conforme à la lettre de la loi, n'est pas
satisfaisante, car le redevable de l'impôt n'est pas le bénéficiaire du revenu.
Cependant, le texte proposé n'est, hélas ! pas acceptable en l'état, car il
remet en cause le principe fondamental de l'imposition du résultat dans les
sociétés de personnes, à savoir la taxation du résultat fiscal à la clôture de
l'exercice, indépendamment de toute décision de distribution effective des
bénéfices.
Par ailleurs, les spécialistes estiment que le texte présente quelques
imperfections techniques relatives à l'imputation des déficits et à
l'imposition des profits exceptionnels.
Enfin, je ferai observer que mes services ont d'ores et déjà engagé une
réflexion approfondie sur ce problème techniquement très complexe, qui ne peut
être réglé dans la précipitation. Nous aurons donc l'occasion de reparler de ce
sujet dans des termes peut-être un peu différents.
C'est pourquoi je demande à M. Marini de bien vouloir retirer son
amendement.
M. le président.
Quel est, en définitive, l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Dès lors que le Gouvernement s'engagerait auprès de
notre collègue Philippe Marini et devant le Sénat à ce que la situation fiscale
des redevables, en cas de démembrement de la propriété, soit étudiée, je crois
qu'il serait bon que l'amendement soit retiré. Cependant, j'insiste sur le fait
que la situation doit être absolument clarifiée, afin d'éviter les doubles
impositions et l'insécurité fiscale des redevables.
M. le président.
Monsieur Marini, l'amendement n° 36 est-il maintenu ?
M. Philippe Marini.
Je remercie M. le secrétaire d'Etat des appréciations qu'il a bien voulu
porter. Je souhaiterais, pour ma part, que les études puissent être menées non
pas dans la précipitation, mais à un rythme satisfaisant.
(Sourires.)
Monsieur le secrétaire d'Etat, je suis personnellement à la disposition
de ceux de vos conseillers qui aimeraient recueillir l'avis de tel ou tel
parlementaire sur ce sujet en vue d'avancer dans la perspective de prochains
textes et d'éliminer ce facteur d'insécurité juridique que, les uns et les
autres, nous avons reconnu.
Dans l'espoir que cette concertation sera possible, je retire l'amendement.
M. le président.
L'amendement n° 36 est retiré.
TITRE II
Autres dispositions
Article 28
M. le président.
« Art. 28. - Sous réserve des décisions de justice passées en force de chose
jugée, sont validés les titres de perception émis par l'Etat jusqu'au 30
octobre 1996 pour tous les fonds de concours des sociétés concessionnaires
d'autoroutes au titre des charges de fonctionnement de la gendarmerie en
service sur le réseau et des frais de contrôle par l'Etat, dans la mesure où
ils seraient contestés pour un motif tiré de l'illégalité des décrets ayant
approuvé les articles correspondants des cahiers des charges annexés aux
conventions passées entre l'Etat et lesdites sociétés.
« Sous la même réserve, les sommes perçues par l'Etat sur le fondement des
titres de perception mentionnés au premier alinéa ne peuvent donner lieu à un
remboursement fondé sur l'illégalité des décrets approuvant les articles
correspondants des cahiers des charges. »
Par amendement n° 15, M. Lambert, au nom de la commission, propose de
supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je prie par avance la Haute Assemblée de bien vouloir
excuser la longueur de mon propos. J'espère que je ne serai pas importun, mais
je serai grave.
L'article 28 tend à valider l'ensemble des titres de perception et des
versements relatifs aux fonds de concours des sociétés concessionnaires
d'autoroutes au titre des charges de fonctionnement de la gendarmerie et des
frais de contrôle de l'Etat.
Ce dispositif est injustifié sur le plan juridique, inopportun sur le plan
économique et inacceptable sur le plan politique. Il témoigne de graves
dysfonctionnements de l'appareil d'Etat dans la gestion du secteur autoroutier,
dysfonctionnements auxquels il nous faut remédier collectivement.
S'agissant tout d'abord du plan juridique, les dispositions des cahiers des
charges des sociétés d'autoroutes obligent ces dernières à contribuer, par voie
de fonds de concours, d'une part, aux dépenses relatives au financement des
charges de fonctionnement de la gendarmerie en service sur le réseau
autoroutier et, d'autre part, aux dépenses de contrôle incombant à l'Etat
concernant les travaux réalisés sur les autoroutes.
Le Conseil d'Etat a annulé les décrets qui approuvaient les dispositions des
cahiers des charges des sociétés ASF et SANEF prévoyant la prise en charge par
les sociétés concessionnaires d'autoroutes des dépenses de gendarmerie et des
frais de contrôle de l'Etat. Dans le premier cas, il a estimé que ces dépenses,
régaliennes par excellence, devraient être financées par le contribuable et non
par l'usager. Dans le second cas, s'il n'a pas contesté le principe du fonds de
concours, le fait que la fixation forfaitaire de ce dernier ne tienne pas
compte du coût réel des frais de contrôle ne lui a pas semblé satisfaisant.
Pour faire face aux conséquences budgétaires de cet arrêt, les deux
gouvernements qui viennent de se succéder ont mis au point une double riposte :
la validation qui vous est ici proposée et, auparavant, l'instauration d'une
redevance domaniale en remplacement des deux fonds de concours.
Pour justifier le validation proposée, le gouvernement actuel avance, outre
l'enjeu financier, trois motifs : le caractère d'intérêt général des dépenses
financées par cette contribution, la modification
a posteriori
de
l'équilibre financier des sociétés concessionnaires d'autoroutes en cas de
remboursement et, enfin, l'enrichissement sans cause pour les sociétés que
constituerait le remboursement. Or, ces arguments ne sont pas convaincants et
aucun n'est assez fort pour justifier une telle validation.
L'enjeu financier est certes important : il est de 3 milliards de francs, si
toutes les sociétés réclamaient le remboursement. Mais il existe neuf sociétés,
et seules trois d'entre elles ont formulé cette demande. De plus, le Conseil
constitutionnel ne considère pas qu'un enjeu financier suffise à justifier une
validation. Enfin, ces sociétés sont publiques pour la plupart, et leurs
intérêts financiers se confondent largement avec ceux de l'Etat.
En ce qui concerne le caractère d'intérêt général des dépenses financées par
ces fonds de concours, il est pour le moins paradoxal de s'appuyer sur ce
principe. A cet égard, l'arrêt du Conseil d'Etat du 30 octobre 1996 est
explicite et affirme clairement que les sociétés concessionnaires d'autoroutes
n'ont pas à participer auxdites dépenses de la gendarmerie par le biais de
fonds de concours.
Le Gouvernement a également fait remarquer que le remboursement des
contributions aux sociétés concessionnaires d'autoroutes modifierait
a
posteriori
leur équilibre financier.
Cet argument est partiellement justifié : les fonds de concours figurent dans
les concessions et sont donc pris en compte dans l'équilibre de celles-ci.
Cependant, ces concessions ne constituent pas des contrats équilibrés puisque
l'Etat dicte en réalité ses conditions, s'agissant notamment des tarifs et des
investissements.
Enfin, le Gouvernement affirme que, si les sociétés concessionnaires
obtenaient le remboursement des sommes demandées, elles ne pourraient pas les
rétrocéder aux usagers sur lesquelles elles les ont répercutées, et il estime,
en conséquence, qu'il y aurait enrichissement sans cause.
Il est vrai que les sociétés ne pourront rembourser les sommes en cause aux
usagers qui ont été lésés. Mais cet argument aboutirait à considérer que l'Etat
ne doit jamais être sanctionné pour les fautes qu'il commet lorsque ces
dernières sont partiellement irréparables ! Voilà une conception de l'Etat de
droit qui ferait frémir les juristes !
Je considère donc que l'intérêt général n'est pas démontré dans le cas de
cette validation.
A la suite de l'arrêt du Conseil d'Etat, le gouvernement précédent a adopté
le 31 mai 1997 un décret instaurant une redevance due par les sociétés
concessionnaires d'autoroutes pour occupation du domaine public, afin de
remplacer le fonds de concours annulé. Je voudrais ajouter, bien que cela
dépasse le cadre de cet article et que cela touche un acte du gouvernement
précédent, qu'une telle mesure ne me paraît pas acceptable, et ce pour
plusieurs raisons.
D'une part, cette disposition vise clairement à faire obstacle aux effets de
l'arrêt du Conseil d'Etat et à compenser la perte de recettes qui en est
résultée. Il s'agit donc ni plus ni moins d'une sorte de « faux nez » des fonds
de concours.
D'autre part, la base légale de cette redevance est très contestable.
Lorsque l'Etat recourt à un concessionnaire pour mettre en chantier une
autoroute, c'est ce dernier qui constitue le domaine public en procédant à
l'acquisition des terrains, qui aménage ce domaine public et qui ouvre au
public ledit domaine et l'exploite. Dans le cas précis, il n'y a d'autre
occupation que celle qui est faite au nom de l'Etat, et les recettes tirées
constituent non pas un bénéfice d'exploitation mais le remboursement et la
rémunération des capitaux investis.
Le gouvernement précédent avait envisagé la création d'une taxe au lieu de la
redevance finalement décidée. Cette taxe figurait dans l'avant-projet de loi
portant diverses dispositions d'ordre économique et financier, mais elle était
absente du projet définitif.
Cette hésitation montre que la règle de droit a été mise au service d'un
prélèvement qui conserve le même objet et dont le Conseil d'Etat a contesté
qu'il puisse être financé autrement que par un impôt général.
J'en tire une double conclusion : ou bien cette redevance est en réalité une
taxe, et le Parlement aurait dû se prononcer sur elle en application de
l'article 34 de la Constitution ; ou bien il s'agit vraiment d'une redevance,
mais, ayant en réalité le même objet que le fonds de concours, elle risque la
même sanction.
Je tenais à expliquer mon point de vue sur cette redevance pour montrer que je
me situe non pas dans un débat partisan, mais dans un débat qui met en cause le
dysfonctionnement grave de l'Etat.
Ensuite, je voudrais expliquer brièvement pourquoi cette validation n'est pas
opportune sur le plan économique.
Elle n'est pas opportune parce que les sociétés concessionnaires d'autoroutes
ont été victimes de décisions de gestion très erronées de l'Etat, qui ont
contribué à leur créer des difficultés pour accomplir leur mission de
financement du réseau. Aujourd'hui, nous dit-on, certaines d'entre elles ne
peuvent plus construire de nouvelles autoroutes, notamment parce que des
charges multiples sans lien avec ce métier leur ont été imposées.
A cet égard, les fonds de concours « gendarmes » et « frais de contrôle » ne
sont qu'un avatar d'une très longue série de décisions qui ont mis à mal la
capacité de financement des concessionnaires.
Ces erreurs ont été dénoncées par la Cour des comptes, par le Conseil d'Etat
et par la commission des finances, bien avant que j'en sois le rapporteur
général.
Ainsi, dans les années quatre-vingt, la commission des finances et la Cour des
comptes ont dénoncé une politique de sous-revalorisation des tarifs, qui a
créé, pour les sociétés, un manque à gagner considérable. Il reste à chiffrer
aujourd'hui le nombre des kilomètres non réalisés du fait de cette
politique.
Moi-même, depuis que je suis rapporteur général, je me suis inquiété du
développement des prélèvements sur les sociétés d'autoroutes, considérant que
ces charges leur créaient un endettement qu'elles ne peuvent rembourser. A
l'occasion du doublement de la taxe d'aménagement du territoire, en 1995, j'ai
écrit dans mon rapport qu'il ne serait pas possible d'aller au-delà. Je péchais
sans doute par excès d'optimisme, on était déjà allé trop loin.
C'est pourquoi il me semble opportun de rendre aux sociétés les charges que la
haute juridiction financière, la Cour des comptes, et la Cour suprême de
l'ordre administratif, le Conseil d'Etat, considèrent comme indues. Ces sommes
n'auraient jamais dû servir à autre chose qu'à construire et à entretenir le
réseau, ce qui est la mission de base du péage. Ces sommes, les sociétés
d'autoroutes en ont aujourd'hui besoin. Gageons, d'ailleurs, que demain, dans
le cadre des appels d'offres européens, l'Etat devra subventionner la
réalisation des sections qui auraient pu être ouvertes s'il avait bien géré le
secteur concédé. L'Etat devra, de toute façon, payer. Il aurait pu le faire
proprement, selon des principes de saine gestion et sans occasionner de retards
au schéma directeur.
Enfin, je voudrais achever mon propos sur une conclusion plus politique, au
sens propre du terme, mais surtout pas partisane. Cette validation, je pèse
chacun de mes mots, est l'exemple type de l'absolution des dysfonctionnements
de l'Etat, du quitus donné à l'irresponsabilité, que le gouvernement en place,
quel qu'il soit, se croit de son devoir de porter.
or la mauvaise gestion et le contrôle défectueux du système autoroutier sont
dénoncés depuis longtemps par de hautes autorités. Mais, sûr de l'impunité,
l'Etat n'a jamais rien fait pour y remédier !
Cette validation faisait-elle partie du programme de Lionel Jospin ? Non, à
l'évidence, et pour cause : elle figurait déjà dans le DDOEF présenté par son
prédécesseur. Le ministre en charge de la défendre aurait tout aussi bien pu
être votre prédécesseur, monsieur Sautter.
Si l'Etat n'était pas systématiquement absous de ses fautes de gestion,
peut-être en commettrait-il moins. S'il se sentait sous la surveillance d'une
représentation nationale vigilante, peut-être se croirait-il enfin obligé
d'assumer sa mission, comme elle lui a été confiée.
Si l'Etat s'était cru passible de sanctions pour la mauvaise gestion du
système autoroutier, alors celui-ci aurait été bien géré, en tout cas mieux
qu'il ne l'a été. Au lieu de passer outre, comme il tente de nouveau
aujourd'hui de le faire, il aurait suivi les recommandations de la Cour des
comptes, et peut-être aussi celles de la commission des finances du Sénat. Le
système autoroutier concédé s'en serait mieux porté.
C'est pourquoi je demande aujourd'hui solennellement au Sénat d'apporter sa
contribution à un meilleur fonctionnement de l'Etat, plutôt que d'admettre une
fois de plus ses dysfonctionnements, contribuant ainsi à les faire perdurer.
MM. Jacques Habert et Michel Caldaguès.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le rapporteur général, vous avez plaidé avec
éloquence, au risque d'aller un peu au-delà du sujet.
Le Conseil d'Etat, par un arrêt du 30 octobre 1996, a annulé des dispositions
relatives au fonds de concours « gendarmerie » et aux frais de contrôle
technique, c'est-à-dire des modes de financement de dépenses relatives à la
sécurité sur les autoroutes.
Le Gouvernement a proposé un article, en se fondant sur des arguments que vous
n'estimez pas suffisants, mais que je rappelle. Je citerai, d'abord, le
caractère d'intérêt général de ces dépenses de sécurité ; ensuite, le fait que,
si l'on remboursait aux sociétés concessionnaires les sommes correspondantes,
cela modifierait
a posteriori
leur équilibre financier et constituerait
pour elles un enrichissement sans cause. Enfin, cet article permet d'éviter
tout contentieux portant sur des sommes importantes, puisque l'enjeu total est
estimé à 2,4 milliards de francs, et non pas, d'ailleurs, à 3 milliards de
francs.
Monsieur le rapporteur général, vous vous êtes, certes, exprimé au nom de la
commission des finances, mais presque aussi au nom du Conseil d'Etat. Or le
Conseil d'Etat, qui avait annulé le précédent dispositif des fonds de concours,
a émis un avis favorable sur le texte du Gouvernement, c'est-à-dire qu'il s'est
déclaré favorable aux nouvelles redevances qui ont remplacé les fonds de
concours.
Voilà pourquoi l'article proposé dans ce projet de loi de finances
rectificative est justifié.
Partant de cette mauvaise procédure de financement des dépenses de sécurité,
vous la généralisez à l'ensemble de la gestion des sociétés concessionnaires
d'autoroutes. C'est un débat plus vaste, que je ne souhaite pas ouvrir
maintenant.
C'est un fait que nous avons trouvé des sociétés concessionnaires d'autoroutes
dans une situation financière préoccupante. Il importera de définir les
responsabilités en la matière et de trouver pour l'avenir - c'est ce à quoi
s'attachent le ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, d'un
côté, le ministère de l'équipement, des transports et du logement, de l'autre -
des modalités plus saines de financement des autoroutes. Il convient de
rappeler que le schéma directeur autoroutier, M. le rapporteur général y a fait
allusion, comprend des autoroutes qui ont un rôle important à jouer en termes
d'aménagement du territoire, mais qui ne peuvent être financées par certaines
sociétés d'autoroutes compte tenu de leur situation financière.
Sans donc renoncer aux projets d'autoroutes qui ont une utilité véritable pour
l'équilibre de notre pays, il convient de trouver de meilleures modalités
financières.
Nous aurons l'occasion de débattre à nouveau du financement des autoroutes
concédées. Dans l'intervalle, je vous invite à voter l'article 28 et donc à
rejeter l'amendement de suppression pour lequel M. le rapporteur général a
plaidé.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 15.
M. René Régnault.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Régnault.
M. René Régnault.
Ce débat ne manque pas d'intérêt. L'explication étayée de M. le rapporteur
général est, finalement, assez éclairante. Je me suis même demandé, monsieur le
rapporteur général, si vous n'aviez pas à l'esprit, en toile de fond, au-delà
de l'article en question et au-delà de l'amendement, un certain plan
autoroutier, fortement médiatisé, mais moins fortement financé...
Si tel est le cas, je peux comprendre vos préoccupations. Dès lors, en effet,
tout serait bon pour garantir aux sociétés autoroutières certains moyens leur
permettant d'assumer une responsabilité qui leur a été confiée, mais sans les
moyens correspondants.
Mais j'en reviens à l'objet de l'amendement. Je vous ai écouté, monsieur le
secrétaire d'Etat, et je constate que cette situation n'est pas inédite. Mais
il arrive un moment où le Gouvernement comme le Parlement doivent statuer.
Vous avez pris la précaution, ce que je trouve tout à fait honorable, car ce
n'était pas obligatoire, après avoir entendu l'avis du Conseil d'Etat,
d'étudier avec lui quelles dispositions pouvaient constituer une solution
satisfaisante.
Vous avez demandé un avis au Conseil d'Etat, la validité de la disposition ne
fait donc aucun doute : l'autorité qui nous conduit à légiférer ce soir,
elle-même consultée, a indiqué que la mesure était satisfaisante.
M. Michel Caldaguès.
Elle ne se prononce pas sur le fond !
M. Philippe Marini.
Il ne s'agit pas de la même formation !
M. René Régnault.
Monsieur Marini, chacun ses connaissances et ses compétences ! C'est ce que
j'ai compris et ce que tout un chacun pourrait comprendre, même hors de cette
enceinte.
Voilà pourquoi nous pensons que cette disposition est bonne et pourquoi
l'amendement de la commission ne peut pas être accepté.
A un moment donné, monsieur le rapporteur général, j'ai eu l'impression
d'assister à une séance d'autoflagellation. Il ne s'agit pas d'être excessif,
il s'agit simplement d'aborder une question à la fois, et de lui apporter la
réponse qui convient. Voilà pourquoi je reste étonné non seulement par cet
amendement, mais aussi par la teneur et la densité des propos que vous avez
tenus, ont un peu dépassé l'objet du débat.
Pour notre part, nous en restons à la question posée et nous aimerions adopter
les dispositions proposées par le Gouvernement. Nous nous opposerons donc à
l'amendement de suppression.
M. Paul Loridant.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Loridant.
M. Paul Loridant.
L'amendement n° 15 de la commission des finances a un poids de 3 milliards de
francs !
M. le rapporteur général propose de ne pas valider des recettes perçues par
l'Etat au titre des fonds de concours auprès des sociétés concessionnaires
d'autoroutes au motif que ces sociétés seraient aujourd'hui dans une situation
financière critique. Au surplus, ces sommes correspondent à des charges indues
imposées par l'Etat pour le fonctionnement de la gendarmerie et des frais de
contrôle sur ces autoroutes.
Nous nous devons, à l'examen de cet amendement, de rappeler nos positions
fondamentales.
Même s'il convient de réfléchir à la réalisation d'un certain nombre de
liaisons routières, et ce dans un objectif général d'aménagement du territoire,
nous ne pouvons manquer de rappeler que le schéma autoroutier adopté dans le
courant des années 1986-1988 pour développer ces infrastructures soulevait un
certain nombre de questions.
Ce schéma autoroutier, de par la masse et la charge des investissements qu'il
devait mobiliser, portait en germe les conditions d'un alourdissement
significatif de l'endettement des sociétés concessionnaires, au moment même où
cet endettement continuait de supporter des coûts particulièrement élevés au
titre des intérêts.
Il est un autre problème, celui de la conception même de l'aménagement du
territoire qui ressort de ce choix du schéma autoroutier, mais qui est
contestable par certains côtés.
Nous avons eu l'occasion de souligner que de tels choix ne tendaient pas
toujours de manière aussi positive que possible à répondre aux exigences d'un
développement équilibré de l'ensemble du territoire, à l'inverse d'autres
formules, notamment le développement du transport ferroviaire.
Pour ce qui nous concerne, s'il y a lieu de modifier une partie du schéma
autoroutier dans ce pays, nous estimons nécessaire de réfléchir et d'agir en
faveur de l'allégement des contraintes financières liées au remboursement des
emprunts de ces sociétés concessionnaires.
Si des mesures doivent être prises, elles doivent, à notre sens, porter sur
cet aspect particulier de la situation.
Il serait donc positif que nous puissions connaître plus précisément la nature
et le coût des dettes des sociétés autoroutières qui montrent, d'une certaine
manière, que le choix de confier au secteur privé les investissements
d'infrastructures n'est pas toujours le plus adapté.
En tout état de cause, nous ne voterons pas cet amendement n° 15, qui nous
éloigne des véritables solutions aux problèmes posés, et nous appuierons le
Gouvernement sur ce dossier.
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Notre rapporteur général a, comme à son habitude, mis le doigt, de façon tout
à fait opportune, là où cela fait vraiment mal, et cela fait vraiment mal parce
qu'il s'agit de 3 milliards de francs, parce qu'il s'agit d'une question de
principes.
En termes simples, de quoi s'agit-il ? De confirmer, au terme de longs
contentieux et contrairement aux décisions des juridictions administratives,
que les dépenses de sécurité, qui sont au coeur des responsabilités de l'Etat,
de ses attributions régaliennes, sont bien à la charge des sociétés
d'autoroutes. Reprenez-moi si je n'ai pas bien compris, mais je crois qu'il
s'agit exactement de cela sur le plan des principes.
D'abord, on fait intervenir le Parlement comme une sorte de « super-pompier »
pour tâcher d'éteindre cet incendie de 3 milliards de francs.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
C'est le SAMU !
M. Philippe Marini.
C'est en effet le SAMU de la mauvaise gestion de l'Etat, mauvaise gestion qui
n'est pas spécialement l'apanage du gouvernement auquel vous appartenez,
monsieur le secrétaire d'Etat, mais qui est le résumé de toutes sortes de
mauvaises habitudes...
M. René Régnault.
Vous ne disiez rien il y a quelques mois !
M. Philippe Marini.
... perdurant depuis des lustres. C'est, en fait, une question de système.
Et voilà que l'on demande au Parlement d'atténuer les conséquences du système
en foulant aux pieds le droit !
Bien entendu, le Gouvernement requiert l'avis des formations administratives
du Conseil d'Etat. Mais ce ne sont que les formations administratives, ce n'est
pas la section du contentieux, je me permets de le rappeler à notre collègue M.
Régnault !
M. René Régnault.
Merci !
M. Philippe Marini.
Depuis deux cents ans, constamment, les formations administratives ont pu
émettre un avis dans le cadre de la procédure de préparation d'une loi et la
section du contentieux adopter des solutions juridiques reflétant des principes
opposés. C'est là un beau sujet d'école.
Il y a aussi la continuité des positions du Sénat, que M. le rapporteur
général a eu raison de rappeler. Il a d'ailleurs cité, dans son rapport écrit,
ce qu'écrivait, en 1991, l'excellent rapporteur spécial des routes, M. Paul
Loridant.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Absolument !
M. Philippe Marini.
Cela figure dans le rapport, et il me semble tout à fait apportun de relire le
paragraphe suivant : « Votre commission peut ainsi prouver qu'elle s'est
constamment souciée, sous de nombreux gouvernements, d'une gestion du système
autoroutier uniquement tendue vers sa capacité à financer le schéma directeur.
Cela n'a pas été le cas des gouvernements, qui ont, dans les années
quatre-vingt, obéré les marges des sociétés par une politique tarifaire
démagogique et qui, dans les années quatre-vingt-dix, ont utilisé les marges
d'augmentation de tarifs plus raisonnables au financement de charges sans lien
avec l'exploitation des autoroutes. »
Certes, monsieur le secrétaire d'Etat, c'est une situation dont vous héritez,
et c'est un héritage d'origines très diverses, j'allais dire plus que pluriel
(Sourires).
Mais sans doute serait-il bon que, à partir de situations de
ce genre, on réfléchisse à ce que doivent être les missions de l'Etat.
Si la mission de l'Etat n'est pas d'assurer la sécurité sur les autoroutes,
alors à quoi sert l'Etat, et à quoi servent les budgets que nous votons ?
M. René Régnault.
Alors, il ne faut pas de concessionnaires !
M. Philippe Marini.
C'est une question de principe : qu'est-ce qui doit être à la charge de l'Etat
et qu'est-ce qui ne doit pas l'être ? C'est un sujet que je livre à vos
méditations, mes chers collègues.
La commission a tout à fait opportunément mis le doigt sur cette plaie, qui
résulte d'une mauvaise gestion d'un mauvais système par une succession de
gouvernants qui, effectivement, voient les nécessités à court terme et perdent
complètement de vue la cohérence de leur action.
M. René Ballayer.
Très bien !
M. Michel Caldaguès.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Caldaguès.
M. Michel Caldaguès.
Je veux simplement livrer au Sénat trois réflexions que m'inspire la position
du Gouvernement.
Tout d'abord M. le secrétaire d'Etat, rejoint en cela par M. Régnault, a tiré
argument du fait que le texte avait été approuvé par le Conseil d'Etat. Si,
chaque fois que le Conseil d'Etat donne un avis favorable, cela engage le
Parlement, il n'y a plus qu'à supprimer le pouvoir législatif ! C'est ma
première réflexion.
M. René Régnault.
Ce n'est pas la question !
M. Michel Caldaguès.
Ensuite, il y a, bien sûr, cette masse de 3 milliards de francs qui plane sur
cette discussion, et qui est très encombrante, mais on ne peut tout de même pas
se dispenser, pour autant, d'évoquer les principes ! Si l'on ne peut gagner
contre l'Etat, devant le Conseil d'Etat, que lorsqu'il n'y a pas d'enjeu, et
que, lorsqu'il y a un enjeu, on ne peut pas gagner parce que cette victoire est
corrigée par le pouvoir législatif, où allons-nous ? Et que devient le Conseil
d'Etat ? Cette question me laisse quelque peu perplexe.
Enfin, puisque la validation est valable jusqu'à la date de l'arrêt du Conseil
d'Etat, il y aura donc deux sortes de concessions autoroutières : les
anciennes, qui, grâce à la validation, feront supporter aux concessionnaires
des dépenses régaliennes, et des nouvelles, qui ne le pourront plus en raison
de la décision du Conseil d'Etat. Nous sommes là dans une confusion totale, sur
le plan des principes, et c'est cette confusion que j'ai à l'esprit au moment
d'émettre mon vote.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
M. Caldaguès a bien résumé le problème : nous sommes
au coeur de la mission du Parlement, à savoir le consentement à l'impôt et le
contrôle.
Mes chers collègues, on a tout fait pour éviter que vous n'ayez à statuer sur
ce cas. On a tout essayé, y compris en envisageant de créer une redevance, pour
éviter d'avoir à passer devant vous. Mais, aujourd'hui, on est acculé à le
faire.
Surtout, dites non ! Les Français ne veulent plus de ces dysfonctionnements !
Ils n'acceptent plus de payer avec leurs impôts le produit de ces gaspillages.
Ils ne veulent plus de Crédit Lyonnais, qui a tant coûté au pays ! Ils ne
veulent plus de Comptoir des entrepreneurs, dont on ne connaît toujours pas les
responsables ! Ils ne veulent plus de GAN, dont nous reparlerons ! Ils ne
veulent plus de sociétés autoroutières dont on leur a dit qu'elles n'avaient
plus les moyens de réaliser des autoroutes alors qu'on leur apprend aujourd'hui
qu'on veut leur prélever 3 milliards de francs supplémentaires !
Mes chers collègues, nous sommes là au coeur d'un dysfonctionnement
invraisemblable de l'appareil de l'Etat. Nous sommes là au coeur des risques
que court notre pays s'il en reste là. Notre pays est aujourd'hui engagé dans
une concurrence internationale très vive et il a encore toutes ses chances de
gagner. Mais, pour cela, il faut impérativement que l'Etat...
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
... S'assainisse !
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
... Oui, s'assainisse - vous avez bien raison,
monsieur le président - et se fixe au moins un fonctionnement qui soit digne,
respectueux des Français et des contributions qu'on leur demande.
S'agissant des autoroutes, que penser du fait que ce sont les mêmes services
qui prennent en compte les programmes qui sont arrêtés, qui fixent les
calendriers et qui découvrent au dernier instant que les opérateurs qu'ils ont
choisis n'ont pas les moyens de financer - alors qu'ils les contrôlent ?
Et on vous avoue, aujourd'hui, que ces opérateurs, qui n'ont pas les moyens de
financer les équipements autoroutiers qu'ils ont programmés eux-mêmes,
envisagent de vous demander de valider un impôt de 3 milliards de francs !
C'est une folie, ce qui se passe dans ce pays ! Je ne voudrais pas être
désagréable envers les gouvernements, quels qu'ils soient, mais ils font
parfois preuve d'un zèle pour couvrir les insuffisances de l'appareil d'Etat
qui devient inquiétant pour le pays.
S'il est un endroit, en France, où l'on n'acceptera plus jamais ces pratiques,
c'est au Sénat.
(Applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du
RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Michel Caldaguès.
Très bien !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
M. le rapporteur général et certains orateurs ont
extrapolé à partir d'un problème qui est assez simple et qui ne justifie pas,
en tout cas, de tels développements.
Le Conseil d'Etat a rejeté le fait que les sociétés concessionnaires
d'autoroutes, qui participent normalement à la couverture d'une partie des
charges de sécurité, le fassent par le biais de fonds de concours. Il a donc
été proposé qu'elles le fassent pas le biais d'une redevance.
Il n'y a pas de prélèvement supplémentaire sur les sociétés d'autoroutes. On
pratique simplement une espèce de pontage : on instaure une redevance là où il
y avait un fonds de concours.
Ce problème de « tuyauterie » entre les sociétés d'autoroutes et l'Etat ne me
paraît pas devoir faire l'objet de tant de développements. En particulier, je
ne vois pas le lien entre ce qui est en cause, à savoir la contribution des
sociétés d'autoroutes aux charges de sécurité, qu'elles trouvent tout à fait
normale, et les extrapolations de M. le rapporteur général.
L'Etat, en matière de concession d'autoroutes, a, certes une responsabilité,
mais il n'est pas le seul. Ce qui est en cause, depuis quelques années - je
n'en fais pas une question politicienne - c'est le fait que l'on veuille faire
financer des autoroutes non rentables, c'est-à-dire sans perspectives de trafic
suffisantes, par des sociétés concessionnaires d'autoroutes qui, elles,
exploitent des autoroutes rentables.
Je veux bien que s'ouvre, un jour, un grand débat sur les sociétés
concessionnaires d'autoroutes. Mais, aujourd'hui, le débat est beaucoup plus
simple : le Conseil d'Etat n'a pas accepté une certaine forme de transfert des
charges de sécurité des sociétés concessionnaires vers l'Etat, à savoir les
fonds de concours, mais il accepte les redevances. Tel est le seul objet de
l'article en question.
Nous aurons, un jour, l'occasion, je l'espère, de juger de l'ensemble du
système des concessions d'autoroute. Des fautes, s'il y en a eu, on pourra
alors en trouver, mais sans doute de bien des côtés.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Le problème qui vient d'être
soulevé par M. le rapporteur général et qui a été repris par nombre
d'intervenants est extrêmement important.
Il met en cause - ce n'est pas la première fois - la gestion de l'Etat, qui a,
bien sûr, des répercussions sur le contribuable, que l'on sollicite, à un
moment ou à un autre, pour payer les erreurs qui ont été commises.
C'est la raison pour laquelle je demande que le Sénat se prononce sur cet
amendement par scrutin public. Ainsi, chacun pourra se déterminer sur cette
affaire extrêmement grave et, ce faisant, prendre ses responsabilités, afin
que, demain, de tels faits ne se renouvellent point et qu'enfin les
gouvernements, quels qu'ils soient, prennent les dispositions nécessaires pour
pouvoir réparer les erreurs commises.
(Très bien ! sur les travées du
RPR.)
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant de la commission des
finances.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.
(Le scrutin a lieu.)
M. le président.
Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.
(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président.
Voici le résultat du dépouillement du scrutin n°
64:
Nombre de votants | 317 |
Nombre de suffrages exprimés | 316159 |
Pour l'adoption | 219 |
Contre | 97 |
En conséquence, l'article 28 est supprimé.
Article 29
M. le président.
« Art. 29. - I. - Au 1° de l'article L. 432-2 du code des assurances, les mots
: ", ainsi que de certains risques dits extraordinaires" sont
remplacés par les mots : "et de certains risques dits extraordinaires,
ainsi que pour les opérations de gestion des droits et obligations y
afférents".
« II. - L'article L. 432-3 du code des assurances est complété par les mots :
", à l'exception de celle portant sur les opérations de gestion
mentionnées au 1° de l'article L. 432-2 pour lesquelles elle est accordée par
arrêté du ministre chargé de l'économie".
« III. - Il est inséré, dans le code des assurances, un article L. 432-4 ainsi
rédigé :
«
Art. L. 432-4
. - La Compagnie française d'assurance pour le commerce
extérieur établit, pour les opérations qu'elle effectue avec la garantie de
l'Etat en application de l'article L. 432-2 du présent code, un enregistrement
comptable distinct. Une convention entre l'Etat et la Compagnie française
d'assurance pour le commerce extérieur précise les modalités selon lesquelles
cet enregistrement est effectué ainsi que les conditions dans lesquelles il est
contrôlé et certifié par un ou plusieurs commissaires aux comptes.
« Sans préjudice des droits des titulaires de créances nées des opérations
effectuées avec la garantie de l'Etat, aucun créancier de la Compagnie
française d'assurance pour le commerce extérieur autre que l'Etat ne peut se
prévaloir d'un droit quelconque sur les biens et droits ressortant de
l'enregistrement établi en application de l'alinéa précédent, même sur le
fondement de la loi n° 85-98 du 25 janvier 1985 relative au redressement et à
la liquidation judiciaires des entreprises, de la loi n° 84-148 du 1er mars
1984 relative à la prévention et au règlement amiable des difficultés des
entreprises, ou des articles L. 310-25 et L. 326-2 à L. 327-6 du présent code.
»
Sur l'article, la parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert.
Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, cet
article 29 concerne l'octroi de la garantie de l'Etat aux opérations réalisées
par la COFACE, la Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur.
Bien sûr, nous l'approuvons complètement.
Je tiens à souligner, je pense que tous mes collègues représentant les
Français établis hors de France en seront d'accord, les grands services que
rend cet organisme au commerce extérieur de la France.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 29.
(L'article 29 est adopté.)
Article 30
M. le président.
« Art. 30. - Dans la limite de 145 millions de francs, jusqu'au 31 décembre
1999, le Fonds de prévention des risques naturels majeurs, mentionné à
l'article 13 de la loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de
la protection de l'environnement, contribue :
«
a)
Au financement des études et travaux réalisés en vue ou à
l'occasion des opérations d'expropriation mentionnées à l'article 11 de la loi
n° 95-101 du 2 février 1995 précitée ;
«
b)
Au financement de travaux propres à prévenir les conséquences
exceptionnelles de certains risques naturels majeurs visés à l'article 11 de la
même loi lorsque, d'une part, leurs effets sur les personnes, les biens et
l'environnement ne peuvent être circonscrits au périmètre de réalisation du
risque et lorsque, d'autre part, la réalisation des travaux de prévention est
hors de proportion avec les ressources des communes sur le territoire
desquelles le risque est susceptible de se produire. »
Par amendement n° 21, M. Haut et les membres du groupe socialiste et
apparentés proposent de compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé
:
« ... - Dans la limite des ressources disponibles et sans préjudice des
dispositions prévues à l'article 11 et au premier alinéa de l'article 13 de la
loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforcement de la protection de
l'environnement, le Fonds de prévention des risques naturels majeurs mentionné
par ce même article 13 contribue, à compter du 1er janvier 2000, au financement
de tous travaux de prévention et de protection propres à prévenir les
conséquences des risques énumérés à l'article 11 de la loi précitée. »
La parole est à M. Haut.
M. Claude Haut.
L'article 30 du projet de loi de finances rectificative pour 1997 a pour objet
d'étendre le champ d'utilisation des ressources du fonds de prévention des
risques naturels majeurs.
La loi du 2 février 1995 a institué ce fonds qui est alimenté par un
prélèvement de 2,5 % sur les contrats d'assurance garantissant les dommages
causés par les catastrophes naturelles.
En tant que membre du conseil de gestion du fonds, j'ai pu constater que le
champ d'intervention de ce dernier avait été défini de manière trop
restrictive, se limitant aux opérations d'expropriation.
En conséquence, il s'est pratiquement contenté, depuis sa création,
d'encaisser le produit du prélèvement institué à son profit.
Ainsi, nous disposons aujourd'hui d'un solde positif de près de 250 millions
de francs, qui augmentera chaque année de l'ordre de 100 millions de francs.
L'extension du champ d'intervention du fonds proposée par le Gouvernement est
limitée dans son montant à 145 millions de francs et dans sa durée jusqu'au 31
décembre 1999. Cette extension a été programmée afin de traiter les cas de la
Seychilienne et du site des Clapières.
Il s'agit donc d'une réforme de circonstance qui est tout à fait justifiée par
l'urgence et la nécessité de traiter ces deux cas particuliers.
L'amendement que je soumets à l'approbation du Sénat a pour objet de doter
notre pays de moyens supplémentaires dans l'élaboration d'une véritable
politique de prévention. En effet, dès le 1er janvier 2000, une fois les cas de
la Seychilienne et des Clapières définitivement résolus, les disponibilités de
ce fonds retrouveront leur état initial ; je souhaite que ces sommes
conséquentes soient affectées au financement d'opérations de prévention des
risques naturels.
En effet, de nombreux sites en France sont répertoriés comme étant des zones à
risque. Si vous soutenez cette initiative, nous avons aujourd'hui la
possibilité d'accélérer la mise en sécurité de ces zones en y affectant des
moyens supplémentaires. En outre, cette proportion ne dénature pas l'objet
premier du fonds, qui demeure le financement d'opérations d'expropriation et,
seulement en second lieu, son champ d'intervention serait étendu à toutes
opérations et travaux de prévention.
Cette proposition a pour avantage, outre sa neutralité sur un plan strictement
budgétaire, de permettre une utilisation plus rationnelle des fonds publics
dans un domaine où nos interventions, en tant que responsables de la sécurité
de nos concitoyens, sont frappées par le sceau de l'urgence.
C'est un sujet trop sérieux et trop grave pour que le Sénat et vous, monsieur
le secrétaire d'Etat, n'apportiez pas votre soutien à cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Lambert,
rapporteur général.
La commission des finances a bien mesuré l'importance
du sujet qui vient d'être évoqué par notre collègue M. Haut.
Si elle a examiné sa proposition avec la plus grande attention et la plus
grande bienveillance, elle n'a pas voulu se cacher non plus les difficultés
soulevées par l'amendement : difficultés de principe d'abord en se demandant
s'il ne serait pas plus simple de modifier la loi de 1995, quitte à en
retarder, le cas échéant, l'entrée en vigueur.
Sur le fond, en élargissant encore le champ d'intervention du fonds de
péréquation des risques naturels qui témoigne déjà d'une conception extensible
de la solidarité puisqu'il fait payer, au moyen d'un prélèvement sur les
assurés, des dépenses qui relèvent de la solidarité nationale, nous risquons
d'aller bien loin.
Compte tenu des besoins - nous savons qu'ils existent - peut-être faudrait-il
revoir la question plus globalement et, compte tenu de votre proposition,
monsieur Haut, peut-être avons-nous le temps, avant le 1er janvier 2000, de
mieux préciser qui fait quoi en matière de risques naturels, que fait l'Etat,
que doit prendre en charge le fonds de prévention et que doivent prendre en
charge les collectivités locales ?
Cela étant, monsieur le secrétaire d'Etat, je ne vous cacherai pas que la
commission des finances n'a pas voulu émettre un avis défavorable sur cet
amendement, préférant s'en remettre à la sagesse du Sénat. Elle m'a même
demandé de préciser au Sénat qu'il s'agissait d'un avis de sagesse positive.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
L'article 30 élargit de façon ponctuelle le champ
d'intervention du fonds en question aux sites des Clapières et de la
Seychilienne, M. Haut l'a dit, pour un montant maximal de 145 millions de
francs. Si l'on allait au-delà, comme l'amendement tend à le proposer, on
risquerait, par une taxe additionnelle sur les contrats d'assurance, de
financer des dépenses difficiles à estimer, en courant en outre le danger que
l'Etat soit appelé au secours.
Une réflexion est en cours afin d'étudier la possibilité d'associer les
agences de l'eau au financement du fonds pour les risques liés aux dégâts dus à
l'eau.
Monsieur le sénateur, d'ici au 1er janvier 2000, nous avons la possibilité d'y
réfléchir ensemble. Je vous demande donc de retirer votre amendement qui, s'il
pose une véritable question, s'il porte sur un sujet important, est
prématuré.
M. le président.
Monsieur Haut, votre amendement est-il maintenu ?
M. Claude Haut.
Monsieur le secrétaire d'Etat, j'avancerai simplement deux chiffres. J'ai
évoqué tout à l'heure le montant actuel des disponibilités du fonds : 259
millions de francs. Je peux vous donner également la liste des opérations dont
l'instruction est actuellement achevée : on arrive à peine à 200 millions de
francs.
La marge, aujourd'hui, est déjà importante, et on y ajoute 100 millions de
francs chaque année, voire plus. Il aurait mieux valu mettre le plus rapidement
possible les sommes importantes disponibles ici à la disposition d'opérations
de prévention.
Je souhaiterais que le Gouvernement s'engage un peu plus sur les dates. Dans
mon texte, au moins, il est écrit : « à compter du 1er janvier 2000 ».
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez évoqué la possibilité d'associer les
agences de l'eau au financement du fonds. Serons-nous rapidement saisis d'un
texte ? Si vous pouvez nous l'assurer, je retirerai mon amendement.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur Haut, je vous ai clairement dit qu'il
s'agissait là d'un sujet important et que nous allions y réfléchir rapidement.
Je confirme ma demande de retrait de votre amendement.
M. le président.
Monsieur Haut, maintenez-vous votre amendement ?
M. Claude Haut.
Il est retiré, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 21 est retiré.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article 30.
(L'article 30 est adopté.)
Article 31
M. le président.
« Art. 31. - Il est inséré, dans la loi n° 90-568 du 2 juillet 1990 relative à
l'organisation du service public de la poste et des télécommunications, un
article 32-2 ainsi rédigé :
«
Art. 32-2
. - En cas de cession d'une participation de l'Etat dans le
capital de France Télécom suivant les procédures du marché financier, un
avantage spécifique pourra être accordé aux agents affectés à la direction
générale des télécommunications qui ont fait valoir leur droit à la retraite
avant le 1er janvier 1991 et qui peuvent se prévaloir d'une ancienneté
supérieure à cinq ans dans un service relevant de cette direction.
« L'avantage spécifique qui peut leur être accordé consiste en un
remboursement d'une partie du prix de cession des titres qu'ils auront acquis
dans le cadre de la procédure d'offre publique à prix ferme. Le taux de ce
remboursement ne peut être supérieur à 20 % de ce prix de cession.
« Les titres acquis par les bénéficiaires de l'avantage prévu à l'alinéa
précédent ne peuvent être cédés avant trois ans à compter de la date
d'acquisition.
« Le taux de l'avantage et les modalités propres à chaque opération sont fixés
par le ministre chargé de l'économie. Celui-ci peut décider d'étendre les
dispositions du présent article aux cessions réalisées hors marché.
« Le montant total du remboursement accordé à une personne admise au bénéfice
des dispositions du présent article ne peut excéder 20 % de la contre-valeur du
nombre de titres maximum donnant lieu à la priorité d'achat prévue au premier
alinéa de l'article 13 de la loi n° 86-912 du 6 août 1986 relative aux
modalités des privatisations.
« En cas de cession de titres ayant fait l'objet d'un remboursement partiel
dans le cadre des dispositions du présent article, la plus-value imposable ou
la moins-value sur ces titres sera calculée à partir de leur prix d'acquisition
minoré du remboursement effectivement perçu.
« Le présent article s'applique également aux cessions antérieures à la
publication de la loi de finances rectificative pour 1997 (n° du ). » -
(Adopté.)
M. le président.
Monsieur le secrétaire d'Etat, mes chers collègues, il est zéro heure
vingt-trois et je suis impérativement tenu de lever la séance à zéro heure
trente, car, aujourd'hui mardi 16 décembre, à neuf heures trente, dix-sept
questions orales sans débat sont inscrites à l'ordre du jour du Sénat.
Sachant combien il est toujours difficile d'épuiser l'ordre du jour de telles
matinées, je ne peux raisonnablement reporter l'heure d'ouverture de cette
séance.
Les articles qui arrivent maintenant en discussion sont des articles lourds...
Il me semble donc plus sage de renvoyer la suite de l'examen de ce projet de
loi à la séance du mardi 16 décembre, après dîner, solution d'ailleurs
envisagée par la conférence des présidents à la demande de la commission des
finances, et à laquelle, si je me souviens bien, le Gouvernement avait
souscrit.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, je voudrais insister pour que
nous poursuivions l'examen de ce texte jusqu'à son terme cette nuit, sinon la
réunion de la commission mixte paritaire devrait être reportée.
Je pense que si nous faisions tous, moi le premier certainement, un effort
pour être brefs, nous pourrions sans doute, sous votre haute autorité, monsieur
le président, en terminer à une heure du matin et réunir la commission mixte
paritaire en temps utile. Cela serait mieux pour tout le monde. Je n'en dirai
pas plus pour donner le bon exemple.
M. le président.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je vous entends bien, mais je n'y peux rien. Le
Sénat doit impérativement respecter un délai de neuf heures entre deux séances,
et je ne peux pas reporter l'heure d'ouverture de la séance des questions
orales de ce matin, prévue à neuf heures trente, ne serait-ce que d'une
demi-heure !
En outre, si nous prenions cette décision, nous courrions un risque majeur. Si
nous siégeons jusqu'à une heure quinze, nous reprendrons ce matin la séance à
dix heures quinze, ce qui empêcherait tous nos collègues de poser leurs
questions.
Je suis désolé monsieur le secrétaire d'Etat, mais ce renvoi de la discussion
a été envisagé par la conférence des présidents avec l'accord du Gouvernement.
Je vais donc être amené à lever la séance, après toutefois avoir entendu M. le
président de la commission.
M. Christian Poncelet,
président de la commission des finances.
Monsieur le président, vous
m'interrogez, et je dois dire qu'il s'agit là d'un cas de conscience. Je pense
que M. le secrétaire d'Etat a exprimé la voix de la sagesse.
En effet, si chacun fait un effort, nous pouvons en terminer à une heure du
matin et décaler légèrement l'heure de la séance des questions orales sans
débat, séance de moindre importance que le débat sur le collectif
budgétaire.
Il me semble donc préférable de poursuivre cette discussion plutôt que de la
renvoyer à ce soir après le dîner.
M. le président.
Monsieur le président de la commission des finances, vous connaissez mon désir
de vous faire plaisir, mais là, vraiment, je me trouve devant un cas de
conscience et devant une difficulté majeure. Rappelez-vous qu'en conférence des
présidents il a été acté que si nous ne pouvions pas en terminer à zéro heure
trente, la discussion de ce texte serait renvoyée à la séance d'aujourd'hui,
mardi 16 décembre, à vingt et une heures trente, et cela avec l'accord du
Gouvernement.
Je vous demande de penser à vos collègues qui ne pourront pas poser leur
question orale parce que nous aurons prolongé le débat ce soir. Non, ce n'est
pas possible !
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Sautter,
secrétaire d'Etat.
Monsieur le président, avec tout le respect que je
vous dois, j'insiste pour que nous poursuivions notre débat jusqu'à une heure.
La séance de questions orales sans débat pourrait peut-être commencer à dix
heures ce matin. En cela, je me rallie à la sagesse de M. le président de la
commission des finances.
M. le président.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je suis vraiment navré, car je voudrais vous
faire plaisir. Mais, très honnêtement, je ne vois pas comment je pourrais
envisager de décaler le début de la séance de questions orales prévue pour ce
matin.
Le suite de la discussion du projet de loi est donc renvoyée à ce soir après
le dîner.
5
DÉPÔT D'UNE QUESTION ORALE AVEC DÉBAT
PORTANT SUR DES SUJETS EUROPÉENS
M. le président.
J'informe le Sénat que j'ai été saisi de la question orale avec débat portant
sur des sujets européens suivante :
M. Nicolas About interroge M. le ministre délégué chargé des affaires
européennes sur les conséquences des décisions prises par le Conseil européen
de Luxembourg en ce qui concerne l'élargissement de l'Union. Il lui demande
comment sont évaluées les répercussions de ces décisions sur les différents
pays candidats et quelles précisions ont été apportées concernant le
financement de l'élargissement ainsi que la réforme des institutions
européennes. Il lui demande également quelles seront les missions de la
Conférence européenne qui associera les Etats membres et tous les pays
candidats à l'adhésion (n° QE 3).
Conformément aux articles 79, 80 et 83
bis
du règlement, cette question
orale avec débat portant sur des sujets européens a été communiquée au
Gouvernement et la fixation de la date de la discussion aura lieu
ultérieurement.
6
DÉPÔT DE PROPOSITIONS
DE LOI CONSTITUTIONNELLE
M. le président.
J'ai reçu de MM. Michel Pelchat, Jean Boyer, Jean-Claude Carle, Jean Delaneau,
Roland du Luart, Jean Puech, Bernard Seillier et François Trucy, une
proposition de loi constitutionnelle portant titre II à la déclaration des
droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789.
La proposition de loi sera imprimée sous le numéro 172, distribuée et renvoyée
à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage
universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la
constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues
par le règlement.
J'ai reçu de MM. André Vallet, Jean-Michel Baylet, Jacques Bimbenet, Fernand
Demilly, Mme Joëlle Dusseau et M. Georges Mouly, une proposition de loi
constitutionnelle portant titre II à la Déclaration des droits de l'homme et du
citoyen du 26 août 1789.
La proposition de loi constitutionnelle sera imprimée sous le numéro 173,
distribuée et renvoyée à la commission des lois constitutionnelles, de
législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale,
sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les
conditions prévues par le règlement.
7
DÉPÔT DE PROPOSITIONS DE LOI
M. le président.
J'ai reçu de M. Rodolphe Désiré, une proposition de loi relative aux
prestations familiales dans les départements d'outre-mer.
La proposition de loi sera imprimée sous le numéro 174, distribuée et renvoyée
à la commission des affaires sociales, sous réserve de la constitution
éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le
règlement.
J'ai reçu de M. Hubert Haenel, Mme Paulette Brisepierre, MM. Michel Caldaguès,
Désiré Debavelaere, Charles Descours, Georges Gruillot, Daniel Goulet, Emmanuel
Hamel, Roger Husson, André Jourdain, Jean-François Le Grand, Maurice Lombard,
Roger Rigaudière, Michel Rufin et Alain Vasselle une proposition de loi tendant
à compléter le code électoral en vue de la prise en considération du vote
blanc.
La proposition de loi sera imprimée sous le numéro 175, distribuée et renvoyée
à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage
universel, du règlement et d'administration générale, sous réserve de la
constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues
par le règlement.
8
ORDRE DU JOUR
M. le président.
Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment
fixée à aujourd'hui mardi 16 décembre 1997 :
A neuf heures trente :
1. - Questions orales sans débat suivantes :
I. - M. Guy Cabanel rappelle à M. le ministre de l'équipement, des transports
et du logement que jamais la relation entre transport et croissance,
communications et développement n'a été aussi évidente qu'en cette fin du xxe
siècle. La crise qui a secoué récemment le secteur des transports est à ce
titre d'autant plus importante.
Il apparaît dès lors indispensable de réfléchir à une réorganisation de ce
volet essentiel de notre activité économique et sociale. La position de notre
pays au carrefour stratégique des liaisons intracommunautaires impose des choix
à faire partager à l'ensemble de nos partenaires. C'est en particulier dans le
domaine des grands transports routiers et de ses incidences en matière
d'environnement, d'aménagement du territoire et de libre circulation des biens
et des personnes qu'il importe d'engager un vrai débat. Il pourrait déboucher
sur un accord européen pour le développement du ferroutage en transit sur le
territoire français.
L'exploration de cette voie obligerait notamment la SNCF à se recentrer sur
ses missions essentielles ferroviaires et plus particulièrement à réaliser les
investissements nécessaires à ce type de transport combiné. Là n'est cependant
pas la seule difficulté. En effet, le statut social des chauffeurs routiers
nécessiterait lui aussi, pour le respect d'une concurrence équilibrée, la prise
de décisions communes au niveau de l'Union européenne.
Sur ces différentes hypothèses, il souhaiterait connaître son opinion et la
détermination du Gouvernement à poursuivre l'effort global consenti par le pays
pour l'organisation de son réseau de communication. (N° 115.)
II. - M. Alain Gournac attire l'attention de M. le ministre de l'équipement,
des transports et du logement sur les nuisances sonores dont se plaignent
trente communes des Yvelines regroupées en un comité qu'il préside et qui sont
liées aux nombreux survols aériens.
Il demeure persuadé que l'adoption de mesures techniques particulières serait
de nature à limiter considérablement le bruit lié à ces survols.
Il conviendrait tout d'abord d'élever l'altitude d'interception de l'axe ILS
de 1 000 voire 2 000 pieds, ce qui réduirait de façon importante le bruit perçu
au sol. Cette solution est en partie subordonnée au relèvement de l'altitude de
transition. Elle pourrait être fixée à 19 000 pieds comme aux Etats-Unis.
Il conviendrait ensuite d'interdire dès 21 heures l'utilisation de la route
MOSUD. L'intensité du trafic étant beaucoup moins importante à ce moment de la
journée, l'ensemble des vols pourrait être dirigé vers le Nord. Cette route
pourrait être remplacée par une autre passant au sud de Paris en haute altitude
(10 000 pieds). C'est une disposition tout à fait possible qui nécessite
l'attribution de la balise EPR utilisée par les contrôleurs d'Orly à l'aéroport
de Roissy.
Il conviendrait également de favoriser, à l'atterrissage comme au décollage,
la procédure face à l'Ouest avec une composante de vent arrière jusqu'à 5
noeuds.
Il conviendrait encore de profiter de la densité du trafic aérien, plus faible
la nuit, pour diriger les avions sur les zones peu urbanisées. La mise en place
de cartes statistiques, indiquant les couloirs à emprunter obligatoirement,
serait en ce cas indispensable.
Il attire enfin son attention sur la nécessité d'inciter les contrôleurs et
les pilotes à une plus grande rigueur dans le respect de certaines contraintes.
Susciter chez eux une prise de conscience, individuelle et collective, des
conséquences de leur comportement, est aujourd'hui nécessaire. Il croit
fortement à la formation et au développement, dans la profession, d'une culture
antibruit.
C'est près d'un demi-million d'habitants qui, dans les Yvelines, est concerné
par ces nuisances auxquelles s'ajoute l'inquiétude que crée chez nos
contitoyens la décision du Gouvernement d'étendre la capacité de l'aéroport de
Roissy.
C'est pourquoi il lui demande que soient mises en oeuvre les propositions que
lui fait ce comité et qui constituent des solutions techniques exploitables.
(N° 125.)
III. - M. Roland Courteau souhaite attirer l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur le retard constaté dans la mise
en oeuvre de certains programmes de voirie, du contrat de plan
Etat-région-Languedoc-Roussillon 1994-1998, notamment dans le département de
l'Aude (rocade nord-est de Carcassonne, rocade nord-est de Narbonne et
carrefour des Hauts de Narbonne, déviation de Barbaire...).
Plus précisément, il lui rappelle qu'il était prévu, au titre du XIe Plan, la
réalisation d'ouvrages de contournement de la ville de Narbonne par une rocade
nord-est et l'aménagement de carrefours. Ces ouvrages représentent un caractère
d'urgence pour des raisons de sécurité.
C'est pourquoi il lui demande quelles sont les raisons des retards
particulièrement lourds de conséquences apportés à la réalisation de ces
travaux, si des assurances peuvent lui être données quant au financement des
opérations programmées et s'il est en mesure de lui communiquer le calendrier
de leur mise en oeuvre. (N° 127.)
IV. - M. Auguste Cazalet souhaite attirer l'attention de M. le ministre de
l'équipement, des transports et du logement sur la vive inquiétude suscitée
auprès des élus et de la population d'Aquitaine par les lenteurs et
atermoiements entourant le projet autoroutier Pau-Bordeaux. Il lui rappelle que
les collectivités territoriales et les acteurs socio-économiques d'Aquitaine
ont constamment exprimé leur volonté de voir aménager un itinéraire performant
entre Bordeaux et Pau, que les conditions d'échange par la route entre Bordeaux
et les principales villes du Sud-Ouest intérieur se sont constamment dégradées
et que ce vaste espace central de l'Est aquitain et de l'Ouest pyrénéen n'est
irrigué que par de simples routes à deux voies traversant de nombreuses
agglomérations. Or, depuis le choix d'Alain Juppé de concéder cet itinéraire à
une société autoroutière, ce projet s'est arrêté à la définition de la bande
des 300 mètres. L'incertitude régnant autour de ce dossier devient
insupportable : ainsi des maires ne peuvent répondre à des demandes de permis
de construire, des entreprises retardent des projets d'investissement. Une
remise en cause de ce projet serait non seulement ressentie comme un affront
mais aussi comme le non-respect du principe de la continuité républicaine qui,
dans un domaine d'intérêt général, devrait s'imposer à tous.
Il lui demande de bien vouloir tout mettre en oeuvre pour que l'A 65 soit
réalisée. Il lui demande également de bien vouloir lui indiquer s'il compte
étudier l'hypothèse de la réouverture de la ligne ferroviaire Pau-Canfranc,
dont il connaît l'intérêt constant et permanent qu'elle suscite en Béarn et en
Aragon depuis près de vingt-six ans. (N° 133.)
V. - M. Michel Charzat attire l'attention de M. le ministre de l'équipement,
des transports et du logement sur les congés-ventes donnés par des grandes
compagnies d'assurances ou des banques à leurs locataires, dans le cadre du 1 %
patronal.
Dans les arrondissements de l'Est parisien, des immeubles entiers sont
concernés par ces congés-ventes. Il s'agit le plus souvent d'immeubles
construits dans les années soixante, grâce à des aides importantes de l'Etat,
via le Crédit foncier.
Les locataires qui n'ont pas les moyens d'acheter leurs logements sont
nombreux (à peu près deux tiers des concernés). Les propriétaires
institutionnels disposent pourtant de nombreux logements, à d'autres endroits,
qui sont en location.
En conséquence, il lui demande comment il compte garantir le droit au logement
pour tous. (N° 131.)
VI. - M. Bernard Barraux attire l'attention de M. le ministre de la fonction
publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation sur l'urgente
nécessité d'améliorer le statut des élus locaux et notamment des maires des
communes rurales.
Il lui demande de bien vouloir lui préciser les mesures que le Gouvernement
envisage de prendre visant à donner suite à cette préoccupation. (N° 68.)
VII. - M. Marcel Charmant appelle l'attention de M. le ministre de l'intérieur
sur les préoccupations des maires, des maires ruraux notamment, confrontés dans
leurs communes aux problèmes posés par les biens abandonnés et sans maître.
En effet, on déplore, en particulier dans les communes rurales, une
augmentation sensible du nombre des biens immobiliers abandonnés à la suite du
décès de leur propriétaire. A défaut d'héritier connu, la procédure de
déclaration de vacance de la succession et la prise en charge des biens par
l'administration des domaines est excessivement longue dans sa mise en oeuvre.
Il faut compter en années et quelquefois en décennies.
Pendant le déroulement de cette procédure, les maires sont confrontés à la
gestion d'une situation qui leur échappe. Les pouvoirs de police qui leur sont
conférés par le code des communes et notamment par la loi n° 95-101 du 2
février 1995 sont inopérants en l'absence de propriétaire reconnu.
Bien souvent, dans ce cas ou dans celui de la mise en oeuvre d'une procédure
de péril imminent, la charge des travaux nécessités par l'état d'abandon du
bien et l'obligation de faire cesser nuisances et péril pour la sécurité
publique, incombe, de fait, à la commune et est supportée par le budget
communal, faute de pouvoir procéder au recouvrement auprès du propriétaire.
Cette situation, qui devrait revêtir sur le plan du droit un caractère
exceptionnel, tend malheureusement à se généraliser dans nos communes rurales
et à poser de plus en plus de problèmes à des élus qui, de surcroît, disposent
de peu de moyens, financiers notamment, pour y répondre.
Il lui demande de bien vouloir prendre en considération ce problème et
d'envisager de donner aux élus locaux de nouveaux moyens d'action dans ce
domaine. (N° 99.)
VIII. - M. Alain Dufaut attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur
sur les légitimes préoccupations exprimées par les sapeurs-pompiers ainsi que
par les élus locaux face aux menaces planant sur l'application des deux lois n°
96-369 du 3 mai 1996 relative aux services d'incendie et de secours et n°
96-370 relative au développement du volontariat dans les corps de
sapeurs-pompiers.
Les propositions présentées par le Gouvernement à l'occasion de la dernière
réunion du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, le 15
octobre dernier, au cours de laquelle celui-ci a émis un avis défavorable sur
quatre projets de décrets relatifs aux pompiers (organisation des service
d'incendie et de secours, amélioration statutaire, régime indemnitaire et
régime de travail des sapeurs-pompiers professionnels) provoquent la colère des
intéressés, qui insistent sur la nécessité de favoriser la mise en cohérence de
l'organisation et du fonctionnement du service public d'incendie et de secours,
objectif majeur de la réforme engagée en 1996.
Ayant pris acte de sa volonté, exprimée le 4 novembre dernier dans le cadre
d'une séance de questions d'actualité à l'Assemblée nationale, de mener à bien
cette réforme, fruit d'un important travail de concertation ayant abouti à un
compromis accepté par l'ensemble des parties, il lui demande de bien vouloir
lui préciser ses intentions concernant le règlement de ce dossier. (N° 122.)
IX. - M. Michel Duffour attire l'attention de M. le ministre de l'éducation
nationale, de la recherche et de la technologie sur la situation de
l'enseignement supérieur dans les Hauts-de-Seine et le manque de moyens criant
dont dispose l'université Paris-X et ses 35 000 étudiants alors qu'à proximité
de celle-ci, le pôle Léonard de Vinci accueille dans ses 50 000 mètres carrés
de locaux moins de 3 000 étudiants.
Paris-X étouffe avec des locaux conçus initialement pour recevoir 20 000
étudiants et ne peut remplir ses missions éducatives dans des conditions
satisfaisantes.
Des élus des Hauts-de-Seine ont attiré l'attention du précédent ministre sur
cette situation en soulignant la nécessité de doter cette université des moyens
de fonctionnement nécessaires afin d'étoffer l'équipe pédagogique et les
capacités d'accueil.
La progression du budget du ministère de l'éducation nationale et de la
recherche est une bonne mesure. C'est un premier acte pour résoudre la crise
qui traverse les universités françaises.
Il est cependant évident que l'ampleur des retards accumulés pèsera
négativement sur l'action gouvernementale dans un premier temps. Comment, dans
ces conditions, ne pas être scandalisé par l'existence du pôle Léonard de Vinci
quasiment vide.
Cet établissement privé, au tarif d'inscription prohibitif, a été financé à
hauteur de 1,2 milliard par les contribuables des Hauts-de-Seine qui continuent
de payer 100 millions de francs par an en fonctionnement pour une structure qui
devrait servir l'intérêt public.
Cette situation est inacceptable. Le Premier ministre avait, avant les
dernières élections législatives, considéré que le gouvernement d'alors devait
« faire en sorte que cette université privée soit intégrée à l'université de la
République ». C'est pourquoi il demande à M. le ministre de lui faire part des
premières initiatives prises pouir donner le maximum d'essor à Paris-X, de
l'évolution qu'il souhaite impulser pour modifier la fonction du pôle Léonard
de Vinci et de l'état de ses contacts avec la présidence du conseil général des
Hauts-de-Seine pour intégrer cet établissement à l'université publique. (N°
116.)
X. - M. Georges Mazars appelle l'attention de M. le secrétaire d'Etat aux
anciens combattants sur la situation des anciens fonctionnaires d'Afrique du
Nord.
L'ordonnance du 15 juin 1945 a permis, à ceux qui ont subi un préjudice, du
fait de la guerre ou des lois de Vichy, d'avoir la même carrière que celle des
fonctionnaires demeurés à l'abri des conséquence de la Seconde Guerre mondiale.
Cette ordonnance concernait alors les seuls fonctionnaires métropolitains. En
décembre 1982, le gouvernement socialiste a étendu ces droits aux anciens
fonctionnaires d'Afrique du Nord.
En 1985, des commissions administratives chargées de traiter les dossiers des
anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord ont été mises en place par M. Laurent
Fabius. Composées notamment de six représentants de rapatriés, ces commissions
ont donné pleinement satisfaction, puisque plus de 3 000 dossiers ont été
examinés de fin 1987 à début 1994.
Mais, brutalement, sans consultation des associations d'anciens combattants et
rapatriés, ni des syndicats de fonctionnaires, le gouvernement de M. Edouard
Balladur a, par le décret du 16 novembre 1994, profondément modifié la
composition de ces commissions, en réduisant notamment la représentation des
bénéficiaires à deux membres, au lieu de six. Cette nouvelle composition,
totalement déséquilibrée, ne permet pas la reconnaissance des droits des
anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord.
Cette situation, qui perdure depuis lors, est pour le moins fâcheuse, en
particulier parce que ces anciens fonctionnaires d'Afrique du Nord, qui
attendent légitimement la prise en considération de leur dossier, sont
maintenant âgés de plus de soixante-dix ans.
Il souhaite donc savoir quelles dispositions il compte prendre concernant les
commissions chargées d'étudier les dossiers de ces anciens fonctionnaires
d'Afrique du Nord. (N° 108.)
XI. - M. Jean-Patrick Courtois appelle l'attention de Mme le ministre de
l'emploi et de la solidarité sur les inquiétudes des responsables
d'associations nationales quant aux modalités des contrats emploi-jeunes,
définies par la loi n° 97-940 du 16 octobre 1997, et spécifiquement les
modalités s'appliquant à la fin du contrat de cinq ans.
Il apparaît que de nombreuses associations nationales souhaitent conclure des
conventions avec l'Etat dans le cadre de cette loi et ainsi développer des
activités pour l'emploi des jeunes. Pourtant, ces associations hésitent à
recruter un grand nombre de jeunes gens car elles redoutent la sortie du
dispositif dans cinq ans. D'une part, les associations ne savent aujourd'hui si
elles pourront dans cinq ans pérenniser les emplois créés, en dehors des aides
apportées dans le cadre de la présente loi. D'autre part, dans le cas où ces
emplois ne seraient pas pérennisés, elles ne savent pas si elles devront verser
aux jeunes finissant leur contrat de cinq ans, des indemnités de fin de contrat
ou de licenciement. Si tel était le cas, il est préférable qu'elles puissent le
prévoir et ainsi éviter de mettre en péril leur situation financière.
Par conséquent, il la remercie de bien vouloir lui apporter les précisions
nécessaires, qui permettront aux associations de pouvoir participer à la
création d'emplois pour les jeunes dans la plus grande sérénité. (N° 130.)
XII. - M. Gérard Larcher attire l'attention de M. le secrétaire d'Etat à la
santé sur la situation des hôpitaux de la région Ile-de-France, au regard du
taux d'évolution des budgets hospitaliers pour 1998 de 2,2 %. Un grand nombre
d'établissements devant l'évolution de la masse salariale et celle du coût
engendré par la réglementation sur la sécurité des soins ne pourront tenir leur
budget que s'ils bénéficient de cette évolution totalement. Or les décisions
prises par les services ministériels (direction des hôpitaux), qui définissent
les évolutions régionales, et par l'agence régionale d'hospitalisation de la
région Ile-de-France vont modifier en la diminuant cette évolution de 2,2 %.
En conséquence, il lui demande quelles dispositions il compte prendre afin que
de nombreux hôpitaux, notamment de la région Ile-de-France, ne se retrouvent
pas dans les faits avec des taux d'évolution de zéro ou des taux négatifs qui
entraîneraient d'importantes suppressions d'emplois ou des abandons d'activité
médicale. (N° 110.)
XIII. - Mme Hélène Luc tient à attirer l'attention de M. le secrétaire d'Etat
à la santé sur la situation de la clinique de Choisy-le-Roi. Selon certaines
informations, la fermeture prochaine de cet établissement, qui offre aux
habitants de Choisy et des communes riveraines des soins de qualité, serait
envisagée.
Elle tient à exprimer la grande émotion et la grande indignation qu'elle
partage avec le personnel de cette clinique, ses usagers et le maire de Choisy.
C'est pourquoi elle lui demande de prendre toute disposition pour empêcher
cette fermeture et assurer à cet établissement le développement indispensable
d'activités et de soins durables qu'il doit apporter au service des populations
et des malades. (N° 126.)
XIV. - M. Jean-Marc Pastor attire l'attention de M. le ministre de l'économie,
des finances et de l'industrie sur l'inquiétude persistante qui règne dans le
réseau des comptoirs et succursales de la Banque de France. Ce personnel, ainsi
que des responsables des collectivités locales concernées, craignent en effet
les conséquences sur l'emploi, d'une part, et sur la qualité du service aux
usagers, d'autre part, de l'éventuelle fermeture d'un grand nombre de caisses
de la Banque de France au plan national.
En effet, depuis de nombreux mois, le gouverneur de la Banque de France
prépare une réforme du réseau destinée à l'adapter et à préparer son
intégration au système européen des banques centrales. Cette réforme paraît
basée sur une réduction de moitié environ du nombre de comptoirs au niveau
national ; des disparitions d'emplois, par centaines. Une telle perspective
peut difficilement être comprise alors que la Banque de France dégage des
bénéfices importants ; l'existence d'un réseau dense de succursales constitue
la garantie d'un service de qualité au moment d'assurer la transition entre le
franc et l'euro.
De plus, la disparition de nombreuses succursales entraînerait souvent la
fermeture d'autres administrations et d'agences bancaires commerciales.
L'inquiétude se nourrit de l'incertitude. C'est notamment en raison
d'informations contradictoires que l'appréhension grandit ces dernières
semaines. Aussi, il y a aujourd'hui urgence à clarifier la situation et à
préciser ce qui paraît possible et acceptable quant à la réforme envisagée du
réseau national de la Banque de France. (N° 128.)
XV. - M. Robert Calmejane attire l'attention de Mme le ministre de la jeunesse
et des sports sur les conditions dans lesquelles s'organisent les
retransmissions des matchs de la Coupe du monde de football 1998 dans le
département de la Seine-Saint-Denis, qui aura l'honneur à coup sûr, mais pas
forcément l'avantage, d'accueillir les principaux moments de cette
manifestation sportive.
Ainsi, grâce à votre intervention, les zones urbaines sensibles (ZUS)
bénéficient de l'exonération des droits de diffusion mais 56 quartiers
seulement, répartis sur 22 communes parmi les 40 que compte le département sont
concernés. Et encore, plusieurs grandes villes comme Bagnolet, Bondy, La
Courneuve, Noisy-le-Grand, Neuilly-sur-Marne, Noisy-le-Sec ne le sont que par 1
ou 2 secteurs classés en ZUS, tandis que d'autres, telles Livry-Gargan,
Romainville, Rosny-sous-Bois, Saint-Ouen, Tremblay ou Villemomble ne sont pas
accessibles du tout à ces dispositions et devront, si elles désirent faire
profiter leur population d'une retransmission, payer des droits qui atteignent
500 000 francs par écran pour la totalité des épreuves.
Il lui demande instamment de faire pression, au nom du Gouvernement français,
sur le comité d'organisation et le groupement des radiodiffuseurs afin que les
démarches engagées par le conseil général de la Seine-Saint-Denis pour le
compte des communes séquano-dyonisiennes aboutissent à ce que l'ensemble de ce
département bénéficie de l'exonération des droits de retransmission.
En effet, les habitants de Seine-Saint-Denis ont largement contribué, par
leurs impôts locaux, aux plus de 100 millions de francs investis par le
département pour les infrastructures en périphérie du Grand Stade. De surcroît,
plusieurs communes ont accepté, sur la suggestion de la Fédération française de
football, d'accueillir des équipes étrangères de jeunes et de mettre leurs
installations sportives à disposition. Par ailleurs, le morcellement
géographique des sites actuellement autorisés à retransmettre les matchs risque
de poser d'insolubles problèmes de sécurité et d'ordre public, tant il paraît
difficile de refuser à certains ce qui est offert à d'autres, sous le
fallacieux prétexte que la cité qu'ils habitent est située à quelques mètres
d'une ZUS.
La conurbation séquano-dyonisienne peut, à juste titre, et doit être
considérée comme une entité sociale globale ou les interactions des populations
ne permettent pas de traiter différemment chaque quartier selon sa
localisation. (N° 124.)
XVI. - M. François Lesein appelle l'attention de Mme le garde des sceaux,
ministre de la justice, sur les conséquences souvent irréparables qu'entraîne
la publicité faite autour des mises en examen de certains justiciables, qu'ils
soient célèbres ou non, et dont l'innocence est reconnue par la suite.
En effet, alors que la garde à vue, la mise en examen ou le jugement de
certaines personnes font parfois les gros titres de la presse nationale ou
régionale, on peut déplorer que ces mêmes titres n'accordent pas la même
importance au non-lieu, à la relaxe ou à l'acquittement prononcé en faveur de
ces personnes.
Or, malgré la présomption d'innocence à laquelle il est théoriquement
impossible de porter atteinte en vertu de textes récents, on constate que toute
mise en cause médiatique s'accompagne d'une irréversible présomption de
culpabilité dans l'esprit des lecteurs, et ce malgré la survenue d'une décision
d'innocence.
Dès lors, il lui demande s'il ne serait pas concevable d'adopter un système,
similaire à celui du droit de réponse, qui contraindrait les organes de presse
ayant fait état d'une mise en cause pénale, à faire également état de la
décision d'innocence, et ce dans les mêmes proportions. (N° 111.)
XVII. - M. André Pourny attire l'attention de Mme le ministre de l'aménagement
du territoire et de l'environnement sur les dégâts très importants que
provoquent les buses dans les zones d'élevage de volaille de Bresse. Etant
protégées, celles-ci prolifèrent de façon excessive, causant, au détriment des
éleveurs, de lourdes pertes financières.
Face aux arguments apportés concernant le biotope ou les agissements des
mustolidés ou des rapaces, ainsi que certaines propositions évoquées pour
lutter contre l'action de ces redoutables prédateurs sur les élevages de
volaille de Bresse, peut-être serait-il bon de préserver ce mode d'élevage.
Celui-ci est en Bresse, naturel, de type expansif, offrant de vastes parcours
sur lesquels les volailles sont lâchées, garantissant un produit d'appellation
d'origine contrôlée qui fait la gloire d'une vaste région regroupant deux
départements (l'Ain et la Saône-et-Loire).
Si les espèces de bondrées apivores, qui n'ont de la buse que l'apparence,
demeurent certes insectivores, il est indéniable que les espèces telles que les
buses butéo-butéo recherchent, en revanche, la proie facile et sont friandes de
volaille.
En outre, il demeure impensable de vouloir protéger les parcs d'élevage par la
mise en place de filets aériens, une telle entreprise étant tout à fait
irréalisable si l'on songe aux hectares à recouvrir.
Aussi, il serait intéressant d'adapter l'autorisation exceptionnelle
permettant, dans un but de sécurité, la limitation des rapaces sur les zones
d'aéroports telles que Saint-Yan en Saône-et-Loire et de l'appliquer aux
élevages bressans. D'autres autorisations exceptionnelles ont également été
données, notamment pour lutter contre les méfaits des cormorans sur les étangs
de la Dombes ou ceux du lynx dans le Jura. Selon les mêmes critères, il serait
opportun de pouvoir adapter de telles dérogations en faveur des élevages des
volailles de Bresse d'appellation d'origine contrôlée dans le but de limiter la
prédation qu'elles subissent. (N° 107.)
A seize heures :
2. - Suite de la discussion de la proposition de loi (n° 27, 1997-1998),
adoptée par l'Assemblée nationale, relative au fonctionnement des conseils
régionaux.
Rapport (n° 94, 1997-1998) de M. Paul Girod, fait au nom de la commission des
lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et
d'administration générale.
Aucun amendement n'est plus recevable.
Le soir :
3. Suite de la discussion du projet de loi de finances rectificative pour 1997
(n° 156, 1997-1998), adopté par l'Assemblée nationale.
Rapport (n° 168, 1997-1998) de M. Alain Lambert, fait au nom de la commission
des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la
nation.
Aucun amendement n'est plus recevable.
Scrutin public ordinaire de droit lors du vote sur l'ensemble.
Délais limites pour les inscriptions de parole
dans la discussion générale
et pour le dépôt des amendements
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence,
relatif à la nationalité (n° 145, 1997-1998).
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale :
mardi 16 décembre 1997, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : mardi 16 décembre 1997, à
dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.
(La séance est levée le mardi 16 décembre 1997, à zéro heure trente.)
Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON
QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)
Mise en culture de maïs transgénique
136.
- 12 décembre 1997. -
M. Ambroise Dupont
appelle l'attention de
M. le ministre de l'agriculture et de la pêche
sur les conséquences de la mise en culture du maïs transgénique sur le
territoire français. Le Gouvernement vient d'autoriser la culture d'une variété
de maïs transgénique modifiée pour résister aux insectes. Certes, différents
comités scientifiques ont réaffirmé son innocuité mais bien des incertitudes
demeurent sur un sujet aussi délicat, qui touche à la fois notre santé et notre
environnement. La question se pose, en effet, d'évaluer si, enrichi par de
nouveaux gènes, le patrimoine des plantes ne serait pas susceptible de
connaître, en milieu naturel, des évolutions imprévues et de transmettre à
d'autres espèces, végétales ou animales, des propriétés indésirables. La
récente décision du Gouvernement de surseoir à l'autorisation de nouvelles
plantes transgéniques contenant des gènes de résistance aux antibiotiques
montre combien il est nécessaire de considérer les effets induits par ces
produits avant toute mise sur le marché. Par ailleurs, concernant l'étiquetage,
il s'interroge sur les moyens de certifier la présence ou l'absence
d'organismes génétiquement modifiés alors que certains producteurs étrangers,
qui exportent vers l'Europe, refusent de séparer leurs variétés transgéniques
des variétés normales (pour le soja, par exemple). Regrettant que le
Gouvernement organise un débat national sur ce sujet, après avoir pris sa
décision, il lui demande quelles dispositions il compte prendre pour ne pas se
cantonner à un débat d'experts, et éclairer les consommateurs de manière
impartiale.
Désenclavement de la Corrèze
137.
- 12 décembre 1997. -
M. Georges Mouly
attire l'attention de
M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement
sur les problèmes posés par le désenclavement du département de la Corrèze. Il
lui demande donc, d'une part, en ce qui concerne la RN 89 où en est la
programmation des travaux prévus au titre de l'actuel contrat de plan
Etat-région et, d'autre part, pour ce qui concerne l'A 89, quel est
l'échéancier des tronçons Bordeaux - Périgueux-Ouest, Tulle - Clermont-Ferrand
et Périgueux - Tulle. Enfin concernant la SNCF, il lui demande où en est
l'amélioration du trafic Bordeaux - Clermont-Ferrand et, d'autre part, où en
est le projet du train pendulaire sur la liaison Paris - Toulouse
via
Brive.
Conditions de versement
de l'allocation compensatrice pour tierce personne
138.
- 12 décembre 1997. -
M. Charles Revet
appelle l'attention de
Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité
sur les conditions d'attribution de l'allocation compensatrice pour tierce
personne (ACTP) et, plus particulièrement, sur les justificatifs à fournir par
les bénéficiaires dont le taux reconnu est entre 40 et 70 %. Interrogée sur
cette question, Mme le ministre avait indiqué qu'une attestation sur l'honneur
de la présence d'une tierce personne était suffisante. Dès lors, lui
apparaît-il justifié que pour une même prestation ayant la même finalité, des
justificatifs différents doivent être fournis selon que les bénéficiaires ont
un taux supérieur ou inférieur à 80 %. Par ailleurs, lorsqu'ils ont atteint
l'âge de 60 ans, les bénéficiaires de l'ACTP peuvent choisir soit de conserver
cette allocation, soit d'opter pour la prestation spécifique dépendance (PSD).
Dans la première hypothèse, les bénéficiaires qui, avant 60 ans n'avaient pas à
fournir de bulletin de salaire, devront, dépassé cet âge, présenter cette
justification, alors qu'il s'agit de la même prestation, assurée par la même
personne. Il lui demande, en conséquence, de lui indiquer ce qui motive cette
différence de traitement. Enfin, l'aide de la tierce personne intervient très
souvent entre parents et enfants ou enfants et parents. Par exemple, une fille
qui aura assuré pendant de longues années ou parfois durant toute sa vie
active, l'aide à l'un de ses parents, sans payer de cotisations sociales, ne
bénéficiera d'aucune couverture sociale ni de droits à la retraite. C'est
pourquoi, il lui demande si le Gouvernement entend remédier à ce type de
situation, pouvant découler de la position qu'il semble actuellement
défendre.
Situation du tribunal de grande instance de Toulouse
139.
- 13 décembre 1997. -
M. Gérard Roujas
tient à attirer l'attention de
Mme le garde des sceaux, ministre de la justice,
sur la situation du tribunal de grande instance de Toulouse. L'extrême vétusté
des locaux qui l'abritent, leur exiguïté ne permettent plus l'exercice serein
de la justice. Les conditions de travail des personnels et des différents
intervenants ne peuvent que renforcer l'image négative de l'institution. La
commission de sécurité a estimé que les conditions de sécurité n'étaient pas
remplies, notamment en matière d'incendie, rendant nécessaires les
déménagements des caves et greniers du tribunal. Cette situation n'est pas
nouvelle et des problèmes de sécurité se posent depuis plusieurs années. En
conséquence, il lui demande quelles mesures elle entend prendre afin d'assurer
un fonctionnement normal de la justice au tribunal de grande instance de
Toulouse.
Conséquences pour l'emploi dans le Limousin
de la réorganisation des armées
140.
- 13 décembre 1997. -
M. Jean-Pierre Demerliat
attire l'attention de
M. le ministre de la défense
sur les conséquences de la réforme de notre système de défense engagée en 1996.
En effet, le budget pour 1998 conforte le professionnalisme et la modernisation
de nos armées. La réorganisation de notre système de défense et de ses
implantations a été réétudiée par le nouveau gouvernement. Toutefois, les
restructurations en cours posent souvent des problèmes importants dans les
régions où elles sont mises en oeuvre. Ainsi, à Limoges, la fermeture de la
base aérienne de Romanet - la BA 274 et l'entrepôt 603 - s'est traduite par la
suppression d'environ 500 emplois salariés, dont une centaine d'emplois des
personnels civils. Or cela a des conséquences graves sur l'économie locale et
sur la situation déjà critique de l'emploi dans la région. Il souhaite donc
savoir quelles dispositions il compte prendre pour que Limoges et sa région
bénéficient de mesures de compensation dans le cadre de la restructuration des
armées.
Rythmes scolaires
141.
- 13 décembre 1997. -
M. Franck Sérusclat
souhaite interroger
Mme le ministre délégué chargé de l'enseignement scolaire
sur la question des rythmes scolaires. Il aimerait savoir ce que recouvrent
exactement ce terme : s'agit-il du temps passé par l'enfant à l'école dans une
journée ou dans une semaine, du rythme annuel temps scolaire/vacances, du
rythme propre de l'enfant, qui est nécessaire à l'émergence de sa personnalité,
avec prise en compte des activités dites périscolaires ? Il lui demande si,
dans une perspective de modification des rythmes scolaires, il ne serait pas
souhaitable d'agir sur ces différents paramètres à la fois ? S'il ne convient
pas de repenser le temps scolaire hebdomadaire, des expériences telle la
semaine de quatre jours s'avérant être un échec pour l'équilibre de la plupart
des enfants (et arrangeant essentiellement quelques parents aisés) ? S'il ne
convient pas de réorganiser la journée scolaire trop longue en aménageant le
déroulement de ses activités ? Enfin, au cours d'une telle modification des
rythmes scolaires, il lui demande s'il ne serait pas utile de prendre en compte
l'émergence des nouvelles techniques d'information et de communication à
l'école et d'y adapter les rythmes en imaginant des lieux et temps d'accès en
libre-service, pour une familiarisation souple, ainsi qu'en aménageant des
séances interdisciplinaires et de travaux de groupes.
Conditions d'exercice
du parachutisme sportif en région parisienne
142.
- 15 décembre 1997. -
M. Jean-Jacques Robert
attire l'attention de
Mme le ministre de la jeunesse et des sports
sur les conséquences d'une mesure qui condamne l'activité du parachutisme en
Ile-de-France et en région parisienne. La décision du centre de route de la
navigation aérienne tendant à limiter le niveau d'altitude de largage ne permet
plus de pratiquer la chute libre en équipe, discipline qui a fait le prestige
de la France au championnat du monde. Cette décision provoque l'inquiétude. Il
lui demande si des solutions permettant l'extension des voies aériennes, sans
changer ni compromettre les activités locales, peuvent être proposées. Ainsi,
le centre de parachutisme sportif qui est le plus fréquenté et le plus
prestigieux de France pourra maintenir son rayonnement international.
Conséquences à terme de l'implantation
des constructeurs automobiles japonais en France
143.
- 15 décembre 1997. -
M. Louis Souvet
attire l'attention de
M. le ministre délégué chargé des affaires européennes
sur les conséquences à terme pour l'industrie nationale automobile de
l'implantation en France d'une unité de production japonaise. Le modèle
assemblé par cette unité rivalisera directement avec les Renault Twingo,
Peugeot 106, ce dans un segment où la concurrence est acharnée et dans un
marché automobile communautaire caractérisé par un phénomène de surproduction.
L'accroissement des parts de marché du nouvel arrivant se fera nécessairement
au détriment des constructeurs français et européens ; à terme, l'ensemble des
salariés des constructeurs nationaux seront pénalisés par les conséquences
sociales directes et indirectes de cette implantation nippone. Il est
primordial que les instances communautaires par le biais des aides et d'autres
subventions favorisent la revitalisation du tissu industriel dans les régions
sinistrées par les mutations industrielles mais ces mêmes instances doivent se
montrer circonspectes quand le projet en question concerne un secteur saturé,
avec comme finalité l'attaque d'un marché européen et à terme de fâcheuses
conséquences sociales pour la France et la Communauté dans son ensemble. Il
demande si, à l'initiative des pouvoirs publics français, les instances
communautaires entendent se montrer plus sélectives dans ces domaines sensibles
pour l'économie nationale.
ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du lundi 15 décembre 1997
SCRUTIN (n° 62)
sur l'ensemble de la première partie du projet de loi de finances rectificative
pour 1997, adopté par l'Assemblée nationale.
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 316 |
Pour : | 316 |
Contre : | 0 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Pour :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :
Pour :
20.
Abstention :
1. _ M. Pierre Jeambrun.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. François Lesein.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :
Pour :
94.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Pour :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
57.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
45.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
François Abadie
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Guy Allouche
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Bernard Angels
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Michel Bécot
Henri Belcour
Jacques Bellanger
Claude Belot
Georges Berchet
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
Marcel Bony
James Bordas
Didier Borotra
Nicole Borvo
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
André Boyer
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Monique Cerisier-ben Guiga
Gérard César
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
William Chervy
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Yvon Collin
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Raymond Courrière
Roland Courteau
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Marcel Debarge
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Bertrand Delanoë
Jean-Paul Delevoye
Gérard Delfau
Jacques Delong
Jean-Pierre Demerliat
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Jean Derian
Dinah Derycke
Charles Descours
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Michel Dreyfus-Schmidt
Alain Dufaut
Michel Duffour
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Claude Estier
Hubert Falco
Léon Fatous
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Guy Fischer
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Aubert Garcia
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Paul Girod
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Claude Haut
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Roger Hesling
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Roland Huguet
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Philippe Labeyrie
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Serge Lagauche
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Dominique Larifla
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Pierre Lefebvre
Jacques Legendre
Guy Lèguevaques
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
Claude Lise
Maurice Lombard
Paul Loridant
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Hélène Luc
Jacques Machet
Jean Madelain
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Kléber Malécot
André Maman
Michel Manet
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Marc Massion
Paul Masson
Serge Mathieu
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Minetti
Gérard Miquel
Louis Moinard
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Robert Pagès
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Jean-Marc Pastor
Michel Pelchat
Guy Penne
Jean Pépin
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Alain Peyrefitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Jean Puech
Roger Quilliot
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jack Ralite
Paul Raoult
Jean-Marie Rausch
René Régnault
Ivan Renar
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Roger Rinchet
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Gérard Roujas
André Rouvière
Michel Rufin
Claude Saunier
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Fernand Tardy
Martial Taugourdeau
Odette Terrade
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Henri Weber
Abstention
M. Pierre Jeambrun,
N'a pas pris part au vote
M. François Lesein,
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Gérard Larcher, qui présidait la
séance.
Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : | 318 |
Nombre de suffrages exprimés : | 317 |
Majorité absolue des suffrages exprimés : | 159 |
Pour l'adoption : | 317 |
Contre : | 0 |
Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés, conformément à la liste ci-dessus.
SCRUTIN (n° 63)
sur l'amendement n° 7 rectifié, présenté par M. Alain Lambert au nom de la
commission des finances, tendant à insérer un article additionnel après
l'article 17 du projet de loi de finances rectificative pour 1997, adopté par
l'Assemblée nationale.
Nombre de votants : | 308 |
Nombre de suffrages exprimés : | 307 |
Pour : | 210 |
Contre : | 97 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :
Pour :
13.
Contre :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
Abstention :
1. _ M. Pierre Jeambrun.
N'ont pas pris part au vote :
2. _ MM. Paul Girod, qui présidait la
séance, et François Lesein.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :
Pour :
95.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
57.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
45.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
N'ont pas pris part au vote :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Francis Grignon
Georges Gruillot
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber
Abstention
M. Pierre Jeambrun.
N'ont pas pris part au vote
MM. Philippe Adnot, Philippe Darniche, Hubert Durand-Chastel, Alfred Foy, Jean
Grandon, Jacques Habert, Jean-Pierre Lafond, François Lesein, André Maman et
Alex Türk.
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.
Les nombres annoncés en séance ont été reconnus, après vérification, conformes à la liste de scrutin ci-dessus.
SCRUTIN (n° 64)
sur l'amendement n° 15, présenté par M. Alain Lambert au nom de la commission
des finances, tendant à la suppression de l'article 28 du projet de loi de
finances rectificative pour 1997, adopté par l'Assemblée nationale.
Nombre de votants : | 317 |
Nombre de suffrages exprimés : | 316 |
Pour : | 219 |
Contre : | 97 |
Le Sénat a adopté.
ANALYSE DU SCRUTIN
GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre :
16.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :
Pour :
13.
Contre :
6. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer,
Yvon Collin, Mme Joëlle Dusseau et M. Robert-Paul Vigouroux.
Abstention :
1. _ M. Pierre Jeambrun.
N'ont pas pris part au vote :
2. _ MM. Paul Girod, qui présidait la
séance, et François Lesein.
GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (95) :
Pour :
95.
GROUPE SOCIALISTE (75) :
Contre :
75.
GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (58) :
Pour :
57.
N'a pas pris part au vote :
1. _ M. René Monory, président du Sénat.
GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :
Pour :
45.
Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :
Pour :
9.
Ont voté pour
Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Bernard Fournier
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët
François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Xavier de Villepin
Serge Vinçon
Ont voté contre
François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Jacques Bellanger
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Serge Lagauche
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Robert-Paul Vigouroux
Henri Weber
Abstention
M. Pierre Jeambrun.
N'a pas pris part au vote
M. François Lesein.
N'ont pas pris part au vote
MM. René Monory, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.
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