SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER

1. Ouverture de la session ordinaire de 1997-1998 (p. 0 ).

2. Emploi des jeunes. - Suite de la discussion d'un projet de loi déclaré d'urgence (p. 1 ).

Article 1er (suite) (p. 2 )

Article L. 322-4-19 du code du travail
(p. 3 )

Amendements n°s 55 de M. Franchis et 65 de M. Mazars. - MM. Serge Franchis, Georges Mazars, le rapporteur, Mmes le ministre, Joëlle Dusseau, M. Philippe Marini. - Adoption de l'amendement n° 55, l'amendement n° 65 devenant sans objet.
Amendements n°s 66 et 146 de Mme Dieulangard. - Mme Marie-Madeleine Dieulangard, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait de l'amendement n° 66 ; rejet de l'amendement n° 146.
Amendement n° 7 de la commission et sous-amendement n° 81 rectifié de M. Joyandet. - MM. le rapporteur, Alain Johandet, Mme le ministre, M. Guy Fischer. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement.
Amendements n°s 82 et 83 de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait des deux amendements.
Amendement n° 91 rectifié de M. Blanc. - MM. Paul Blanc, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 110 de M. Gournac. - MM. Alain Gournac, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 34 de M. Carle. - Retrait.
Amendements n°s 124 à 126 de M. Fischer, 45 de M. Trégouët, 84 de M. Vasselle, 35 de M. Carle, 77 de M. Joyandet, 147 de Mme Dieulangard, 8 de la commission et 57 de M. Diligent. - MM. Jean Derian, Guy Fischer, René Trégouët, Alain Vasselle, Jean-Claude Carle, Alain Joyandet, Roland Huguet, le rapporteur, André Diligent, Mme le ministre. - Rejet des amendements n°s 124, 125, 147 et 126 ; adoption des amendements n°s 45, 35, 77, 8 et 57, l'amendement n° 84 devenant sans objet.

3. Suite de l'ordre du jour (p. 4 ).

Suspension et reprise de la séance (p. 5 )

PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD

4. Procès-verbal (p. 6 ).

5. Conférence des présidents (p. 7 ).

6. Emploi des jeunes. - Suite de la discussion et adoption d'un projet de loi déclaré d'urgence (p. 8 ).
M. le président.

Article 1er (suite) (p. 9 )

Article L. 322-4-19 du code du travail
(suite) (p. 10 )

Amendement n° 72 de Mme Dusseau. - Mme Joëlle Dusseau, M. Louis Souvet, rapporteur de la commission des affaires sociales ; Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. - Rejet.
Amendement n° 127 de M. Fischer. - MM. Guy Fischer, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendement n° 111, de M. Gournac. - MM. Alain Gournac, le rapporteur, Mmes le ministre, Joëlle Dusseau. - Adoption.
Adoption de l'article du code, modifié.

Article L. 322-4-20 du code précité (p. 11 )

Amendement n° 128 de M. Fischer. - Mme Nicole Borvo, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendement n° 129 de M. Fischer. - MM. Ivan Renar, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendements n°s 130 de M. Fischer, 56 de M. Franchis, 9 de la commission et 29 rectifié de M. Adnot. - MM. Pierre Lefebvre, Serge Franchis, le rapporteur, Philippe Adnot, Mmes le ministre, Joëlle Dusseau. - Rejet des amendements n°s 130 et 56 ; adoption de l'amendement n° 9, l'amendement n° 29 rectifié devenant sans objet.
Amendements n°s 10 et 11 rectifié de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption des deux amendements.
Amendements n°s 46 de M. Trégouët et 78 de M. Joyandet. - MM. René Trégouët, Alain Joyandet, le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait de l'amendement n° 46 ; rejet de l'amendement n° 78.
Amendement n° 93 de M. Eckenspieller. - MM. Daniel Eckenspieller, le rapporteur, Mme le ministre, M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission des affaires sociales. - Retrait.
Amendement n° 112 de M. Jourdain. - MM. André Jourdain, le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.
Amendement n° 131 de M. Fischer. - Mme Odette Terrade, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendements n°s 132 et 133 de M. Fischer. - M. Pierre Lefebvre, Mme Nicole Borvo, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet des deux amendements.
Amendements n°s 47 et 48 de M. Trégouët. - M. René Trégouët. - Retrait.
Amendement n° 73 de Mme Dusseau. - Mme Joëlle Dusseau, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.
Amendement n° 49 de M. Trégouët, le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.
Amendement n° 135 de M. Fischer, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendement n° 136 de M. Fischer. - MM. Pierre Lefebvre, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendement n° 85 de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 137 de M. Fischer. - Mme Odette Terrade, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendement n° 79 de M. Joyandet. - M. Alain Joyandet, Mme le ministre, M. le président de la commission. - Retrait.
Amendement n° 12 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 138 de M. Fischer. - MM. Guy Fischer, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendements n°s 113 et 114 de M. Gournac. - MM. Alain Gournac, le rapporteur, Mmes le ministre, Joëlle Dusseau, M. le président de la commission. - Adoption des deux amendements.
Amendement n° 42 de M. Poncelet, - MM. Christian Poncelet, le président de la commission. - Retrait.
Adoption de l'article du code, modifié.

Articles additionnels après l'article L. 322-4-20
du code précité (p. 12 )

Amendement n° 13 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre, MM. Guy Fischer, le président de la commission, Mme Joëlle Dusseau, MM. Alain Vasselle, Pierre Laffitte, Jacques Larché. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel dans le code.
Amendement n° 14 de la commission. - M. le rapporteur, Mmes le ministre, Marie-Madeleine Dieulangard, M. Guy Fischer, Mme Joëlle Dusseau, MM. Gérard Delfau, le président de la commission. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel dans le code.
Amendement n° 139 de M. Fischer. - Mme Odette Terrade, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendement n° 148 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le président de la commission. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel dans le code.
Amendement n° 140 rectifié de M. Fischer. - Mme Nicole Borvo, M. le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article 1er modifié.

Articles additionnels avant l'article 1er bis (p. 13 )

Amendement n° 15 de la commission. - M. le rapporteur, Mmes le ministre, Hélène Luc, MM. Roland Huguet, le président de la commission. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendements n°s 16 de la commission et 37 de M. Carle. - MM. le rapporteur, Jean-Claude Carle, Mme le ministre. - Retrait de l'amendement n° 37 ; adoption de l'amendement n° 16 insérant un article additionnel.

Article 1er bis . - Adoption (p. 14 )

Article additionnel après l'article 1er bis (p. 15 )

Amendement n° 141 de M. Fischer. - MM. Guy Fischer, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.

Article 1er ter (p. 16 )

Amendement n° 17 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 1er quater . - Adoption (p. 17 )

Article 1er quinquies (p. 18 )

Amendements n°s 18 rectifié de la commission, 105 de M. Hérisson et 142 de M. Minetti. - MM. le rapporteur, Pierre Hérisson, Pierre Lefebvre, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement n° 18 rectifié, les amendements n°s 105 et 142 devenant sans objet.
Amendement n° 38 de M. Carle. - MM. Jean-Claude Carle, le rapporteur, Mmes le ministre, Joëlle Dusseau. - Rejet.
Amendement n° 39 rectifié de M. Carle. - MM. Jean-Claude Carle, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption.
Amendement n° 149 du Gouvernement. - Mme le ministre, M. le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 1er quinquies (p. 19 )

Amendement n° 25 rectifié ter de M. Chérioux. - MM. Jean Chérioux, le rapporteur, Mme le ministre, MM. Guy Fischer, Gérard Delfau, le président de la commission, Mme Joëlle Dusseau. - Adoption, par scrutin public, de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 1er sexies. - Adoption (p. 20 )

Article additionnel après l'article 1er sexies
(p. 21 )

Amendement n° 154 du Gouvernement. - Mme le ministre, MM. le rapporteur, Claude Lise. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Suspension et reprise de la séance (p. 22 )

Article 2
(p. 23 )

M. le président de la commission.
Amendements n°s 116 de M. Gournac, 19 de la commission, 88, 87 de M. Vasselle, 74 de Mme Dusseau, 143 de M. Fischer et 94 de M. Eckenspieller. - MM. Alain Gournac, le rapporteur, Alain Vasselle, Mme Joëlle Dusseau, MM. Guy Fischer, Daniel Eckenspieller, Mme le ministre, M. le président de la commission. - Retrait des amendements n°s 116, 94, 19, 88 et 87 ; rejet des amendements n°s 74 et 143.
Adoption de l'article.

Articles additionnels après l'article 2 (p. 24 )

Amendement n° 26 de M. Plasait. - MM. Bernard Plasait, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Amendement n° 86 de M. Vasselle. - MM. Alain Vasselle, le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait.
Amendements n°s 102 à 104 de M. Ostermann. - MM. Joseph Ostermann, le rapporteur, Mme le ministre. - Retrait des trois amendements.

Article additionnel avant l'article 2 bis (p. 25 )

Amendement n° 20 rectifié de la commission et sous-amendement n° 115 rectifié de M. Gournac. - MM. le rapporteur, Alain Gournac, Mme le ministre, MM. le président de la commission, Jean Delaneau. - Retrait du sous-amendement ; adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 2 bis (p. 26 )

MM. Edmond Lauret, Claude Lise.
Amendements n°s 59 de M. Lauret et 21 de la commission. - M. le rapporteur, Mme le ministre, MM. Paul Vergès, Edmond Lauret, Mme Lucette Michaux-Chevry. - Adoption de l'amendement n° 59 supprimant l'article, l'amendement n° 21 devenant sans objet.

Article 3 (p. 27 )

Amendement n° 51 de M. Darniche. - MM. Jacques Habert, le rapporteur, Mme le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article.

Articles additionnels après l'article 3 (p. 28 )

Amendement n° 106 rectifié de M. Ostermann. - M. Joseph Ostermann. - Retrait.
Amendement n° 22 rectifié de la commission et sous-amendement n° 151 du Gouvernement. - M. le rapporteur, Mme le ministre, M. Guy Fischer. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel, le sous-amendement étant devenu sans objet.
Amendement n° 27 de M. Plasait. - MM. Bernard Plasait, le rapporteur, Mme le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendements n°s 28 de M. Plasait, 92 rectifié de M. Madelain et sous-amendement n° 150 du Gouvernement. - MM. Bernard Plasait, Jean Madelain, Mme le ministre, MM. le rapporteur, Adrien Gouteyron. - Retrait de l'amendement n° 28 ; adoption de l'amendement n° 92 rectifié insérant un article additionnel, le sous-amendement étant devenu sans objet.
Amendement n° 58 de M. Madelain. - MM. Jean Madelain, le rapporteur, Mmes le ministre, Joëlle Dusseau, MM. Jean-Louis Lorrain, le président de la commission. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 117 rectifié de M. Gournac. - MM. Alain Gournac, le rapporteur, Mme le ministre, M. Jacques Habert, Mme Joëlle Dusseau, M. Jean Madelain. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.
Amendement n° 41 de M. Carle. - MM. Jean-Claude Carle, le rapporteur, Mmes le ministre, Joëlle Dusseau. - Rejet.

Vote sur l'ensemble (p. 29 )

MM. Alain Gournac, Claude Estier, Mmes Joëlle Dusseau, Nicole Borvo, MM. Claude Huriet, Jean-Louis Lorrain, Henri de Raincourt, Philippe Arnaud, Jacques Habert, Jacques Bimbenet, le rapporteur, le président de la commission.
Adoption, par scrutin public, du projet de loi.
Mme le ministre.

7. Nomination de membres d'une commission mixte paritaire (p. 30 ).

8. Dépôt d'une proposition de loi (p. 31 ).

9. Dépôt de rapports (p. 32 ).

10. Dépôt de rapports d'information (p. 33 ).

11. Ordre du jour (p. 34 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. GÉRARD LARCHER
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à zéro heure.)

1

OUVERTURE DE LA SESSION ORDINAIRE
DE 1997-1998

M. le président. En application de l'article 28 de la Constitution, la session ordinaire de 1997-1998 est ouverte.

2

EMPLOI DES JEUNES

Suite de la discussion
d'un projet de loi déclaré d'urgence

M. le président. L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 423, 1996-1997), adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes. [Rapport n° 433 (1996-1997).]
Au cours de la session extraordinaire, le Sénat a commencé l'examen de l'article 1er, dont je rappelle les termes :

Article 1er (suite)

M. le président. « Art. 1er. _ Sont insérés à la section 1 du chapitre II du titre II du livre III du code du travail les articles L. 322-4-18, L. 322-4-19 et L. 322-4-20 ainsi rédigés :
« Art. L. 322-4-18 . _ Afin de promouvoir le développement d'activités créatrices d'emplois pour les jeunes répondant à des besoins émergents ou non satisfaits, et présentant un caractère d'utilité sociale notamment dans les domaines des activités sportives, culturelles, éducatives, d'environnement et de proximité, l'Etat peut conclure avec les collectivités territoriales et leurs établissements publics, les autres personnes morales de droit public, les organismes de droit privé à but non lucratif et les personnes morales chargées de la gestion d'un service public des conventions pluriannuelles prévoyant l'attribution d'aides pour la mise en oeuvre de projets d'activités répondant aux exigences d'un cahier des charges établi en concertation avec les partenaires locaux qui doit comporter notamment les exigences requises quant à la pérennisation des activités et aux dispositions à prévoir pour assurer la professionnalisation des emplois.
« Ces conventions peuvent être également conclues avec des groupements constitués sous la forme d'associations déclarées de la loi du 1er juillet 1901, ou régies par le code civil local pour les départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, de personnes morales visées au premier alinéa.
« Ces conventions ne peuvent s'appliquer aux services rendus aux personnes physiques à leur domicile, mentionnés à l'article L. 129-1. Toutefois elles peuvent s'appliquer aux activités favorisant le développement et l'animation de services aux personnes répondant à des besoins émergents ou non satisfaits.
« Lorsqu'elles sont conclues avec une personne morale de droit public, elles ne peuvent s'appliquer qu'à des activités non assurées jusqu'alors par celle-ci. Les collectivités territoriales et leurs établissements publics peuvent conclure ces conventions pour les emplois autres que ceux relevant de leurs compétences traditionnelles.
« Les projets de développement d'activités présentés par les personnes morales de droit privé à but lucratif chargées de la gestion d'un service public ne peuvent faire l'objet d'une convention, sauf si les activités proposées ne sont pas assurées à la date de la demande et entrent dans le cadre de la mission de service public qui leur a été confiée.
« Sans préjudice de l'application des dispositions de l'article L. 432-4-1, les institutions représentatives du personnel, lorsqu'elles existent, et les comités techniques paritaires sont informés des conventions conclues en application du présent article ainsi que des conventions conclues conformément à l'article L. 322-4-8-1 et saisis annuellement d'un rapport sur leur exécution.
« Le contenu et la durée des conventions, les conditions dans lesquelles leur exécution est suivie et contrôlée ainsi que les modalités de dénonciation de la convention en cas de non-respect de celle-ci sont déterminés par décret.
« Les conventions comportent des dispositions relatives aux objectifs de qualification, aux conditions de la formation professionnelle et, selon les besoins, aux modalités du tutorat. Les régions dans le cadre de leurs compétences ainsi que, le cas échéant, d'autres personnes morales peuvent participer à l'effort de formation.
« Art. L. 322-4-19 . _ Les aides attribuées par l'Etat en application des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18 ont pour objet de permettre l'accès à l'emploi de jeunes âgés de dix-huit à moins de vingt-six ans lors de leur embauche, y compris ceux qui sont titulaires d'un des contrats de travail visés aux articles L. 322-4-7 et L. 322-4-8-1, ou de personnes de moins de trente ans qui ne remplissent pas la condition d'activité antérieure ouvrant droit au bénéfice de l'allocation prévue à l'article L. 351-3. Cette condition d'activité est appréciée à compter de la fin de la scolarité et à l'exclusion des périodes de travail accomplies en exécution des contrats de travail visés aux articles L. 115-1, L. 322-4-7, au deuxième alinéa du I de l'article L. 322-4-8-1 et aux articles L. 981-1, L. 981-6, L. 981-7 ou conclus avec un employeur relevant des dispositions de l'article L. 322-4-16.
« Pour chaque poste de travail créé en vertu d'une telle convention et occupé par une personne répondant aux conditions prévues à l'alinéa précédent, l'Etat verse à l'organisme employeur une aide forfaitaire dont le montant et la durée sont fixés par décret. Cependant, l'organisme employeur peut verser une rémunération supérieure. Ces dispositions sont prévues dans la convention. L'Etat peut prendre en charge tout ou partie des coûts d'étude des projets mentionnés à l'article L. 322-4-18.
« Ces aides ne donnent lieu à aucune charge fiscale ou parafiscale.
« Elles ne peuvent se cumuler, pour un même poste de travail, avec une autre aide de l'Etat à l'emploi, avec une exonération totale ou partielle des cotisations patronales de sécurité sociale ou avec l'application de taux spécifiques, d'assiettes ou de montants forfaitaires de cotisations de sécurité sociale.
« Elles ne peuvent être accordées lorsque l'embauche est en rapport avec la fin du contrat de travail d'un salarié, quel qu'en soit le motif.
« Le décret mentionné au deuxième alinéa du présent article précise les conditions d'attribution et de versement des aides de l'Etat.
« L'employeur peut recevoir, pour la part de financement restant à sa charge, des cofinancements provenant notamment des collectivités territoriales, des établissements publics locaux ou territoriaux ainsi que de toute autre personne morale de droit public ou de droit privé.
« Art. L. 322-4-20 . _ I. _ Les contrats de travail conclus en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18 sont des contrats de droit privé établis par écrit. Ils sont conclus pour la durée légale du travail ou pour la durée collective inférieure applicable à l'organisme employeur. Ils peuvent être conclus à temps partiel sur dérogation accordée par le représentant de l'Etat signataire de la convention, lorsque la nature de l'emploi ou le volume de l'activité ne permettent pas l'emploi d'un salarié à temps plein, sous condition de durée minimale égale au mi-temps. Ils doivent figurer dans les grilles de classification des conventions collectives nationales, de la fonction publique ou accords d'entreprises lorsqu'ils existent.
« Ils peuvent être à durée indéterminée ou à durée déterminée en application du 1° de l'article L. 122-2. Toutefois les collectivités territoriales et les autres personnes morales de droit public, à l'exclusion des établissements publics à caractère industriel et commercial, ne peuvent conclure que des contrats à durée déterminée.
« Les contrats mentionnés au présent article ne peuvent être conclus par les services de l'Etat.
« II. _ Les contrats de travail à durée déterminée mentionnés au I sont conclus pour une durée de soixante mois.
« Ils comportent une période d'essai d'un mois renouvelable une fois.
« Sans préjudice de l'application du premier alinéa de l'article L. 122-3-8, ils peuvent être rompus à l'expiration de chacune des périodes annuelles de leur exécution, à l'initiative du salarié moyennant le respect d'un préavis de deux semaines, ou de l'employeur s'il justifie d'une cause réelle et sérieuse.
« Dans ce dernier cas, les dispositions des articles L. 122-6 et L. 122-14 sont applicables. En outre, l'employeur qui décide de rompre le contrat du salarié pour une cause réelle et sérieuse doit notifier cette rupture par lettre recommandée avec demande d'avis de réception. Cette lettre ne peut être expédiée au salarié moins d'un jour franc après la date fixée pour l'entretien préalable prévu à l'article L. 122-14. La date de présentation de la lettre recommandée fixe le point de départ du délai-congé prévu par l'article L. 122-6.
« Le salarié dont le contrat est rompu par son employeur dans les conditions prévues au troisième alinéa du présent II bénéficie d'une indemnité calculée sur la base de la rémunération perçue. Le montant retenu pour le calcul de cette indemnité ne saurait cependant excéder celui qui aura été perçu par le salarié au titre des dix-huit derniers mois d'exécution de son contrat de travail. Son taux est identique à celui prévu au deuxième alinéa de l'article L. 122-3-4.
« En cas de rupture avant terme d'un contrat à durée déterminée conclu en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18, les employeurs peuvent conclure, pour le même poste, un nouveau contrat à durée déterminée dont la durée sera égale à la durée de versement de l'aide de l'Etat restant à courir pour le poste considéré. Les dispositions des alinéas précédents s'appliquent à ce nouveau contrat.
« Par dérogation aux dispositions du deuxième alinéa de l'article L. 122-3-8, la méconnaissance par l'employeur des dispositions relatives à la rupture du contrat de travail prévues aux troisième et quatrième alinéas du présent II ouvre droit pour le salarié à des dommages et intérêts correspondant au préjudice subi. Il en est de même lorsque la rupture du contrat intervient suite au non-respect de la convention ayant entraîné sa dénonciation.
« III. _ A l'initiative du salarié, les contrats mentionnés au I peuvent être suspendus avec l'accord de l'employeur afin de lui permettre d'effectuer la période d'essai afférente à une offre d'emploi. En cas d'embauche à l'issue de cette période d'essai, les contrats précités sont rompus sans préavis. »
Au sein de l'article 1er, nous en sommes parvenus au texte proposé ou l'article L. 322-4-19 du code du travail.

ARTICLE L. 322-4-19 DU CODE DU TRAVAIL

M. le président. Sur le texte proposé ou l'article L. 322-4-19 du code du travail, je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 55, M. Franchis propose, dans la première phrase du premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail :
I. - De remplacer les mots : « à moins de vingt-six ans » par les mots : « à trente ans. »
II. - De supprimer les mots : « ou de personnes de moins de trente ans qui ne remplissent pas la condition d'activité antérieure ouvrant droit au bénéfice de l'allocation prévue à l'article L. 351-3. »
Par amendement n° 65, M. Mazars et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter in fine la première phrase du premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail par les mots : « , ou les personnes de moins de trente ans reconnues handicapées ».
La parole est à M. Franchis, pour défendre l'amendement n° 55.
M. Serge Franchis. Le présent amendement a pour objet de permettre l'accès à l'emploi aux jeunes jusqu'à l'âge de trente ans, sans aucune condition restrictive. Même s'ils ont déjà exercé une activité, les jeunes âgés de vingt-six à trente ans entrent tout autant que leurs cadets dans les catégories d'activités nouvelles suscitées par le projet de loi. Dans certaines fonctions, même, ils auront atteint une maturité qui favorisera l'exécution des activités en cause.
M. le président. La parole est à M. Mazars pour défendre l'amendement n° 65.
M. Georges Mazars. Il s'agit d'étendre jusqu'à l'âge de trente ans l'accès des emplois-jeunes pour les personnes reconnues handicapées.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ces deux amendements ?
M. Louis Souvet, rapporteur de la commission des affaires sociales. La commission a donné un avis favorable sur l'amendement n° 55, par coordination avec les amendements qu'elle a présentés sur les adjoints de sécurité et les emplois dans l'éducation nationale et la justice. Refuser l'accès à ces activités pour les jeunes de vingt-six à trente ans, ce serait nier que beaucoup de ces jeunes occupent des emplois précaires et mal payés, à défaut de mieux.
Quant à l'amendement n° 65, il semble satisfait par les amendements que le Sénat a examinés hier et sur lesquels la commission a émis un avis favorable, dans la mesure où ils visent à étendre le bénéfice du dispositif aux jeunes de moins de trente ans sans condition d'activité antérieure.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 55 : il faut réserver ces emplois à des jeunes qui n'en ont véritablement pas aujourd'hui. Il serait dommageable que certains quittent un emploi pour occuper un emploi-jeunes !
En revanche, le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 65.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 55.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Depuis le début de la discussion de ce texte, il faut bien constater que nous aboutissons à une véritable dilution du projet.
Tout d'abord, nous avons procédé systématiquement à l'extension des employeurs potentiels : les sociétés d'économie mixte quelle que soit leur nature, les organismes visés à l'article L. 411-2 du code de la construction et de l'habitation, même quand ce sont des sociétés de crédit...
Un pas de plus a été franchi avec l'amendement n° 43 rectifié bis de M. Trégouët, qui a prévu - vous l'avez voté - d'affecter de l'argent public à des entreprises privées artisanales.
Un pas supplémentaire a encore été franchi avec l'amendement n° 61 rectifié bis, repris par M. Marini. Au passage, d'ailleurs, pour répondre à la question posée par le président de la commission, grâce à l'amendement de M. Trégouët, des emplois-jeunes pourront être créés à l'étranger dans des entreprises artisanales.
Voilà ce que nous avons fait à la fin de la session extraordinaire !
Au début de cette session ordinaire, M. Franchis, dont je comprends et partage le souci, propose un autre aspect de ce qu'il faut bien appeler la dilution de la loi avec l'extension de l'âge requis pour bénéficier du dispositif.
Autant je comprends ce qui motive sur le fond cet amendement, autant je considère que l'ensemble des amendements qui ont été adoptés depuis le début de la discussion vont trop loin, au risque de nous faire rater la cible visée. Je ne pense pas que tel soit l'objectif de tous mes collègues - même si c'est le jeu de certains, chacun le sait bien - mais c'est, dans les faits, le résultat auquel nous parvenons.
Il est important que ce projet de loi demeure ciblé sur les objectifs qui ont été définis par le Gouvernement : des emplois émergents en France et des employeurs très ciblés.
Je ne suis pas intervenue hier dans la discussion, mais j'étais et je demeure hostile à l'amendement de M. Trégouët, qui constitue un véritable détournement.
Je suis également hostile à l'extension de la limite d'âge, qui me paraît nocive et participer également de la dilution du présent projet, même si je comprends les raisons qui inspirent cette disposition.
M. Georges Mazars. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Mazars.
M. Georges Mazars. Je ne voterai pas l'amendement n° 55. Le public jeune est bien ciblé et je ne vois pas pourquoi on reculerait l'âge requis jusqu'à trente ans.
Par ailleurs, un point me gêne : il y a une superposition avec le dispositif d'insertion qui prend le relais à l'âge de vingt-six ans, alors que le Sénat a souhaité éviter tout chevauchement afin que le dispositif emplois-jeunes ne désactive pas les mécanismes de l'insertion.
M. Philippe Marini. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini. Nous parvenons, en ce début de session ordinaire, à un point intéressant du débat qui montre bien le caractère contradictoire de ce projet.
En effet, madame le ministre, nous jouons le jeu de votre projet de manière positive, de manière concrète, en essayant d'épouser votre raisonnement et de le pousser au terme de sa logique. Mais nous observons que, dans le cadre même que vous nous proposez, il existe un certain nombre d'espaces inexplorés. Il est donc souhaitable, comme l'a dit plusieurs fois M. Fourcade dans ce débat, d'élargir le dispositif.
Quand on analyse honnêtement vos propositions, on observe qu'elles comportent des insuffisances et des limitations de caractère arbitraire qui nuisent à l'efficacité du but que vous visez, c'est-à-dire la satisfaction des besoins émergents en faveur de jeunes ou de personnes qui sont ou qui devraient être au début de leur vie professionnelle mais qui ont réellement des difficultés à se situer de manière normale sur le marché du travail.
Par ailleurs, vous avez fait allusion, madame le ministre, au problème du cadrage des finances publiques. Nous savons bien que ce dispositif, tel que vous nous l'exposez, coûtera en année pleine, pour 1998, 35 milliards de francs environ, qui vont peser sur les équilibres de nos comptes publics.
D'un côté, nous sommes tentés de suivre la générosité qui vous anime et de compléter le dispositif proposé, mais, d'un autre côté, effectivement, nous savons que votre politique économique devra demain respecter certaines contraintes, comme cela a été le cas hier.
L'exposé de cette contradiction aura montré à nos collègues que nous allons, d'une manière ou d'une autre, aboutir à une impasse.
Je ne préjuge pas les votes qui interviendront tout au long de l'examen de ce texte ; néanmoins, je ne vois pas au nom de quelle logique sociale je refuserais l'amendement n° 55. Je vais donc le voter, mais, le votant et ayant voté un certain nombre d'amendements d'extension, je constate qu'il va falloir libérer des gages, réexaminer l'affectation d'autres dépenses publiques ou se procurer d'autres ressources, car, évidemment, nous devrons rester dans le cadre d'une politique économique raisonnable.
Sans doute aurons-nous donc, un peu plus tard, à traiter aussi de cette contradiction !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 55, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 65 n'a plus d'objet.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 66, Mme Dieulangard, MM. Huguet, Mazars, Roujas, Lise et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de rédiger comme suit la fin de la seconde phrase du premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail : « ... visés à l'article L. 322-4-7, au deuxième alinéa du I de l'article L. 322-4-8-1, ou conclu avec un employeur relevant des dispositions de l'article L. 322-4-16 ».
Par amendement n° 146, Mme Dieulangard et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la seconde phrase du premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail, après la référence : « L. 322-4-7, » de supprimer les mots : « au deuxième alinéa du I de l'article ».
La parole est à Mme Dieulangard, pour défendre ces deux amendements.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je retire l'amendement n° 66, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 66 est retiré.
L'amendement n° 146 subira-t-il le même sort ?
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Pas du tout ! Cet amendement vise à uniformiser les situations et à rendre possible le passage des jeunes d'un contrat d'emploi consolidé vers le nouveau dispositif, quel que soit leur âge.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission a émis un avis défavorable sur l'amendement n° 146.
La proposition de Mme Dieulangard est généreuse, mais elle n'est pas opportune. Les dispositifs destinés aux personnes les plus en difficulté pourront être recentrés à l'issue du plan emploi-jeunes !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Il est favorable, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 146, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 7, M. Souvet, au nom de la commission, propose de compléter le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 à insérer dans le code du travail par la phrase suivante : « Ces aides peuvent également avoir pour objet d'assurer le financement des postes d'encadrement créés, sans condition d'âge, pour permettre le développement des activités mentionnées au premier alinéa de l'article L. 322-4-18 dans des conditions fixées par décret. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 81 rectifié, présenté par MM. Joyandet et Ostermann, et tendant à compléter, in fine , le texte proposé par l'amendement n° 7 par une phrase ainsi rédigée : « Une part de ces aides, déterminées par décret, doit être réservée, en priorité, aux projets qui permettent l'emploi de jeunes sans qualification. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 7.
M. Louis Souvet, rapporteur. Cet amendement prévoit l'ouverture du dispositif emploi-jeunes aux postes d'encadrement sans condition d'âge. Il est la conséquence d'un constat simple : sans encadrement, on comprend mal comment les jeunes sans expérience pourraient participer à la pérennisation d'activités nouvelles, et donc par définition non structurées.
L'encadrement a pour mission de structurer les emplois, d'assurer la transmission des savoir-faire et des compétences. Il permet également de structurer les emplois selon les exigences du secteur privé, ce qui ne peut que favoriser leur transfert anticipé vers le secteur privé.
Bien entendu, nous prévoyons un dispositif de financement complémentaire. Les cadres ne pouvant être payés au SMIC, cet amendement, qui rend les cadres éligibles à l'aide du Gouvernement, comble une faiblesse très importante du dispositif présenté par Mme le ministre. Au passage, il permet également d'offrir des perspectives à des personnels qui ont été durement frappés par le chômage depuis quelques années.
M. le président. La parole est à M. Joyandet, pour défendre le sous-amendement n° 81 rectifié.
M. Alain Joyandet. Nous le savons, l'inscription dans le projet de loi de finances pour 1998 d'une enveloppe de 8 milliards de francs pour le financement des emplois-jeunes permettra la création d'environ 87 000 emplois. Si le ministère de l'éducation nationale atteint ses objectifs de recrutement de 40 000 jeunes, et si le ministère de l'intérieur en annonce 8 250, ce sont près de 50 000 jeunes qui devront avoir, au moins, leur baccalauréat.
Dans de telles conditions, la part réservée aux jeunes sans aucune qualification est maigre, alors que l'on sait que, statistiquement, le chômage touche plus lourdement cette catégorie de jeunes.
Nous avons rectifié le sous-amendement pour laisser au Gouvernement le soin de fixer les pourcentages par décret, nous contentant de proposer d'affecter une part des aides en priorité aux projets qui permettent l'emploi des jeunes sans qualification.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Je comprends et je partage le souci des auteurs du sous-amendement, mais, à cet égard, l'amendement n° 110, que nous allons examiner, et qui prévoit, lui aussi, une priorité d'embauche pour les jeunes moins qualifiés, nous paraît plus complet.
C'est la raison pour laquelle je demande aux auteurs du présent sous-amendement de bien vouloir le retirer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 7 et sur le sous-amendement n° 81 rectifié ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 7.
Tout d'abord, j'estime que nombre de jeunes de moins de trente ans qualifiés pourront eux-mêmes encadrer d'autres jeunes.
Ensuite, il m'apparaît que les sources de financement autres que l'Etat pourront aider à assumer la charge de l'encadrement lorsque celui-ci ne sera pas assuré par des jeunes de moins de trente ans.
En ce qui concerne le sous-amendement, comme M. le rapporteur, je partage le souci de voir des postes réservés à des jeunes sans qualification. Je crois toutefois que c'est d'abord la qualification des emplois qui dirigera les jeunes vers ceux-ci et je suis convaincue, me reportant au sous-amendement non rectifié, qu'au moins 30 % de ces emplois seront occupés par des jeunes sans qualification.
En tout cas, la circulaire insistera sur le fait que ces jeunes ne doivent pas rester à l'écart du dispositif.
Je souhaite donc également, tout en en partageant l'esprit, que le sous-amendement soit retiré.
M. le président. Accédez-vous à la demande de la commission et du Gouvernement, monsieur Joyandet ?
M. Alain Joyandet. Oui, monsieur le président.
M. le président. Le sous-amendement n° 81 rectifié est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 7.
M. Guy Fischer. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Nous voterons contre l'amendement n° 7 de la commission.
Il pose, certes, un vrai problème, celui des dépenses qui devraient être engagées dans les structures ayant recours aux emplois-jeunes, et M. le rapporteur a raison de souligner que l'encadrement est fondamental pour la réussite de tout projet économique. Mais d'autres dépenses sont nécessairement liées à la création d'emplois-jeunes : formation, investissements, matériels, études, notamment.
Cependant, contrairement à M. le rapporteur, je ne pense pas qu'il faille faire financer par l'Etat, par le biais du dispositif qui nous est proposé, les postes d'encadrement.
Comment pourrait-on accepter que les personnes encadrant les jeunes embauchés ne soient pas, par exemple, dans les collectivités locales ou les services publics eux-mêmes, des agents de la fonction publique ?
Quant au problème du financement, nous présentons un amendement qui offre, à mon avis, des pistes permettant, en particulier, d'assurer les institutions financières.
C'est pour l'ensemble de ces raisons que je vous demande, mes chers collègues, de rejeter l'amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 82, M. Vasselle propose :
I. - De compléter le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 à insérer dans le code du travail par la phrase suivante : « Ces aides peuvent également, dans des conditions déterminées par décret, avoir pour objet de permettre l'accès à l'emploi, sans condition d'âge, des chômeurs de longue durée arrivés en fin de droits. »
II. - De compléter in fine cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'extension aux chômeurs en fin de droits du dispositif des emplois-jeunes prévue au I ci-dessus est compensée à due concurrence par un relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés à l'article 403 du code général des impôts. »
III. - En conséquence, de faire précéder le début de cet article de la mention : « I ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet amendement s'inspire de l'amendement que Mme Dieulangard a déposé à propos des CEC, amendement qui a été accepté par le Gouvernement, mais rejeté par la Haute Assemblée.
Deux catégories de chômeurs se trouvent en situation d'exclusion par rapport à l'emploi de la même manière que les jeunes : les chômeurs de longue durée et les RMIstes, qui feront l'objet de l'amendement n° 83.
Le fait de donner à des jeunes qui ont bénéficié d'un CES, puis d'un CEC d'une durée de cinq ans qui débouche, en principe, sur un emploi pérenne, la possibilité de sortir de ce CEC pour occuper un emploi-jeunes pour une nouvelle durée de cinq ans, quel que soit leur âge, démontre la volonté du Gouvernement de s'intéresser à un public en situation d'exclusion.
C'est la situation à laquelle sont confrontés nombre de chômeurs de longue durée. C'est un public en situation très difficile, certainement aussi difficile, si ce n'est plus, que celle des jeunes, et à laquelle il convient de s'intéresser et de trouver une issue.
Telle est la raison pour laquelle j'ai déposé cet amendement d'extension au profit de cette catégorie de chômeurs.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. M. Vasselle met le doigt sur un véritable problème. Il est en effet indispensable que des dispositifs appropriés soient élaborés pour les chômeurs de longue durée en fin de droits.
A cet égard, la commission a déjà élargi le dispositif par une extension à trente ans et par une ouverture spécifique du dispositif sans condition d'âge aux postes d'encadrement.
L'amendement est donc partiellement satisfait. Une extension plus importante affecterait, me semble-t-il, la logique du texte.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement émet un avis défavorable.
Cet amendement, comme le suivant d'ailleurs, s'inscrit dans une logique très différente, celle de l'insertion des personnes en grande difficulté.
Je rappelle que nous essayons de mettre en place de nouvelles activités, correspondant à de vrais métiers, pour des jeunes, certes, mais des jeunes qui n'ont pas de problèmes particuliers. Ce ne sont ni des jeunes en difficulté, ni des personnes qui nécessitent des mesures d'insertion particulières.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Vasselle ?
M. Alain Vasselle. Pour être agréable à M. le rapporteur, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 82 est retiré.
Par amendement n° 83, M. Vasselle propose :
I. - De compléter le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 à insérer dans le code du travail par la phrase suivante : « Ces aides peuvent également, dans des conditions déterminées par décret, sans condition d'âge, avoir pour objet de permettre l'accès à l'emploi des bénéficiaires de l'allocation de revenu minimum d'insertion. »
II. - De compléter in fine cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'extension à tous les bénéficiaires du revenu minimum d'insertion du dispositif des emplois-jeunes prévue au I ci-dessus est compensée à due concurrence par un relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés à l'article 403 du code général des impôts. »
III. - En conséquence, de faire précéder le début de cet article de la mention : « I ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. L'inspiration étant la même que précédemment, je retire également cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 83 est retiré.
Par amendement n° 91 rectifié, M. Blanc propose de compléter le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail par les deux phrases suivantes : « Par dérogation, les personnes reconnues handicapées par la commission technique d'orientation et de reclassement professionnel mentionnée à l'article L. 323-11 peuvent bénéficier des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18. Leur employeur reçoit l'aide mentionnée au premier alinéa. Ces personnes ne sont pas prises en compte pour l'application des articles L. 323-1 et L. 323-2. »
La parole est à M. Blanc.
M. Paul Blanc. Il s'agit d'ouvrir le dispositif prévu par le texte à l'ensemble des personnes handicapées qui ont été reconnues travailleurs handicapés par les COTOREP, personnes qui ont les plus grandes difficultés à trouver un travail, surtout dans la mesure où elles n'entrent pas dans le système du travail protégé, en particulier dans le cadre des institutions.
Il faut savoir, en effet, qu'aujourd'hui nombre de jeunes handicapés et de moins jeunes ne trouvent pas de travail.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission émet un avis favorable.
L'amendement tend à ouvrir le dispositif aux personnes handicapées sans condition d'âge. Il est important, dans ce cas, que les effectifs de personnes handicapées ne soient pas inclus dans les quotas, afin que les employeurs ne soient pas tentés de respecter leurs quotas en favorisant l'emploi de personnes handicapées sur des emplois-jeunes plus précaires et moins payés que les emplois CDI, par exemple.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement émet un avis défavorable, d'autant qu'il a donné un avis favorable à l'amendement n° 65, qui étendait le bénéfice de la loi aux personnes handicapées de moins de trente ans.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 91 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 110, M. Gournac et les membres du groupe du Rassemblement pour la République proposent, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail, d'insérer un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« Les jeunes de niveau de qualification VI et V bis, âgés de dix-huit à moins de vingt-six ans lors de leur embauche, sont prioritaires. »
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Cet amendement vise a réserver d'abord le dispositif emplois-jeunes aux jeunes les plus fragiles.
En effet, si plusieurs jeunes se présentent pour un même emploi, le risque est grand - c'est bien naturel ! - que les jeunes les plus qualifiés soient systématiquement sélectionnés.
Or, ce sont les jeunes peu ou pas qualifiés, c'est-à-dire d'un niveau de qualification VI ou V bis , qui sont les plus en difficulté face au chômage : 47 % d'entre eux sont au chômage contre 7 % pour les jeunes titulaires d'un bac + 2.
Si nous n'accordons pas un privilège aux jeunes les moins qualifiés, nous risquons de les marginaliser davantage encore. Voilà pourquoi, il est important, selon moi, de leur donner la priorité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Le souci de donner une priorité d'embauche aux jeunes les moins qualifiés lorsqu'ils sont capables d'occuper les emplois proposés participe d'une saine logique à laquelle je souscris, tout comme la commission.
Cet amendement répond largement aux préoccupations exprimées tout à l'heure par M. Joyandet. C'est la raison pour laquelle la commission y est favorable.
M. le président. Quel est l'avis Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement pour les raisons que j'ai déjà exprimées tout à l'heure.
Je ferai tout de même remarquer au Sénat qu'à force d'accorder des priorités pour toutes les catégories - jeunes qualifiés, non qualifiés, handicapés, non handicapés, etc. - il n'y a plus de priorité du tout !
Je ne suis pas sûre que l'on fasse oeuvre de précision dans un texte qui cible toutes les catégories les unes après les autres !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 110, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 34, MM. Carle, Plasait, Poirieux et Serge Mathieu proposent, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Dans la limite de 10 % des emplois ainsi créés au niveau départemental, il peut être dérogé aux critères de qualification ainsi définis. »
La parole est à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle. Je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 34 est retiré.
Je suis maintenant saisi de dix amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont présentés par M. Fischer, Mmes Borvo et Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre et Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar et Mme Terrade.
L'amendement n° 124 vise :
« I. - A remplacer le deuxième alinéa du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les aides attribuées en vertu des dispositions du premier alinéa tendent à couvrir les dépenses d'études, d'encadrement, de formation, de fonctionnement et d'équipement résultant de la mise en oeuvre des conventions conclues en vertu des dispositions de l'article L. 322-4-18.
« Un décret précise sous quelles conditions ces aides présentent le caractère de subventions directes comme de prêts à taux d'intérêt limité au niveau prévisionnel de l'indice des prix à la consommation (hors tabac) associé à la loi de finances de l'année de leur engagement. »
II. - A compléter l'article 1er par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Afin de compenser l'accroissement de charges résultant pour l'Etat des dispositions des deuxième et troisième alinéas de l'article L. 322-4-19 du code du travail, le code général des impôts est ainsi modifié :
« a) Le quatrième alinéa de l'article 978 est supprimé.
« b) Dans le premier alinéa de l'article 980 bis , la mention : "n'est pas" est remplacé par la mention : "est".
« c) L'article 986 est rétabli dans la rédaction suivante :
« Art. 986. - Il est institué un prélèvement de 0,1 sur les opérations menées sur le marché des change. »
III. - En conséquence, à faire précéder l'article 1er de la mention : "I".
L'amendement n° 125 tend, après les mots : « verse à l'organisme employeur une aide », à rédiger ainsi la fin de la première phrase du deuxième alinéa du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail : « dont le montant ne peut être inférieur à 80 % du SMIC charges sociales comprises et pour une durée de cinq ans. »
Par amendement n° 45, M. Trégouët propose, dans la première phrase du deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail, de remplacer les mots : « dont le montant et la durée sont fixés par décret » par les mots : « dont le montant est fixé à 80 % du SMIC chargé des cotisations légales ».
Par amendement n° 84, M. Vasselle propose :
I. - Dans le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19, à insérer dans le code du travail, après les mots : « aide forfaitaire dont le montant » d'insérer les mots : "prenant en compte le salaire et toutes les charges qui l'accompagnent »".
II. - De compléter in fine cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - La perte de recettes résultant pour l'Etat de la modification du mode de calcul de l'aide forfaitaire attribuée par l'Etat pour la création d'emplois jeunes prévue au I ci-dessus est compensée à due concurrence par un relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés à l'article 403 du code général des impôts. »
III. - En conséquence, de faire précéder le début de cet article de la mention : « I ».
Par amendement n° 35, MM. Carle, Plasait, Poirieux et Serge Mathieu proposent de compléter le première phrase du deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail par les mots : « et qui tient compte du niveau de formation du bénéficiaire. »
Par amendement n° 77, M. Joyandet propose, après la première phrase du deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail, d'insérer deux phrases ainsi rédigées : « Toutefois, lorsque l'employeur est une personne morale de droit privé à but lucratif, l'aide versée par l'Etat est dégressive de façon à ce que l'employeur prenne progressivement en charge le poste de travail créé. Le montant et les modalités de dégressivité sont déterminés par décret. »
Par amendement n° 147, Mme Dieulangard et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de remplacer les deuxième et troisième phrases du deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail par une phrase ainsi rédigée : « L'organisme employeur peut verser une rémunération supérieure au salaire minimum de croissance. »
Par amendement n° 8, M. Souvet, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit la deuxième phrase du deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail : « Le recours à une formation sous forme d'apprentissage dans le cadre du poste de travail mentionné ci-dessus ne fait pas obstacle au versement de l'aide. »
Par amendement n° 126, M. Fischer, Mmes Borvo et Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre et Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar et Mme Terrade proposent, après la deuxième phrase du deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail, d'insérer une phrase ainsi rédigée : « Dans tous les cas, leur qualification doit être prise en compte pour l'établissement de leur rémunération. »
Par amendement n° 57, M. Diligent propose de compléter le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail par la phrase suivante : « Cette aide forfaitaire est modulée pour apporter une participation plus forte aux communes qui disposent d'un potentiel fiscal inférieur de 30 % au potentiel fiscal national de leur strate. »
La parole est à M. Derian, pour présenter l'amendement n° 124.
M. Jean Derian. L'une des questions les plus importantes posées par le présent projet de loi est de savoir ce qu'il importe de faire en matière de développement de l'emploi.
S'agit-il, en particulier, de multiplier les dérogations au droit en vigueur en matière fiscale ou sociale pour « alléger le coût de la main-d'oeuvre » ? S'agit-il, au contraire, de participer, par toute mesure appropriée, à la création d'un environnement favorable au développement d'activités, qui passe notamment par une stratégie nouvelle en matière de crédit ou d'aide à l'investissement ?
Dans le présent projet de loi, le texte proposé pour l'article L. 322-4-19 prévoit, une fois de plus, comme en d'autres situations par le passé, y compris récent, de faire porter l'essentiel de l'effort sur la rémunération des nouveaux salariés.
Pour autant, il ne nous semble pas qu'il s'agisse de la seule piste à explorer dans le cadre de l'effort que la collectivité nationale doit accomplir pour faire face au défi du chômage massif qui frappe la jeunesse de ce pays.
Nous avons déjà souligné à quel point le projet de loi nous semblait participer d'une analyse rénovée en matière de création d'emplois.
Il s'agit ici, pour la première fois depuis longtemps, de se demander si l'on ne peut répondre à des besoins collectifs qui ne seraient pas ou pas assez satisfaits.
Le caractère novateur de cette démarche ne peut toutefois faire oublier la question essentielle de la pérennisation de ces activités, seule issue durable de l'expérience que l'on nous appelle à mettre en oeuvre.
Cette pérennisation, la commission des affaires sociales semble d'ailleurs y penser sérieusement puisqu'elle tire partie des insuffisances du texte - mais nous sommes aussi là pour les corriger ! - pour proposer que, une fois essuyés les plâtres, ce soit le secteur marchand qui assume les activités qui auront été expérimentées dans le secteur public.
Etrange conception du service public que celle qui finirait par en faire une source de profit - moyennant, sans doute, quelques menues incitations fiscales et sociales dont on a déjà usé et abusé dans le passé - au détriment même de la qualité de service !
Quand on voit ce qu'est, aujourd'hui, le service public concédé, à l'image de ce qui se passe en matière d'eau et d'assainissement, on ne peut que se mobiliser pour qu'il en soit autrement.
Pour notre part, nous estimons nécessaire que l'intervention publique couvre un champ plus large en matière de financement que celui qu'occupe la seule question de la rémunération des titulaires de contrats emplois-jeunes. Cela tient d'ailleurs à la nature même des intervenants.
En effet, dans la démarche du projet de loi, il est évident que les collectivités locales et l'ensemble du secteur associatif vont être particulièrement sollicités quant à la mise en oeuvre concrète du projet de loi.
Or, leurs activités ne présentent pas seulement un aspect de dépenses de personnel et doivent, à notre avis, être considérées de manière plus « systémique », en intégrant notamment toute la problématique de l'encadrement des nouveaux salariés, de leur formation - cette formation étant à la fois destinée à faciliter l'adaptation aux métiers et à construire les éventuelles passerelles vers une autre activité - mais aussi les dépenses d'investissement qui résulteront du développement structurel des activités nouvelles.
On ne peut négliger, par exemple, le fait que la mise en place d'une gestion plus écologique des déchets urbains nécessitera des efforts particuliers en matière d'équipement des ménages et d'instruments de collecte.
La même réflexion vaut pour d'autres emplois nouvellement créés, qu'il s'agisse de ceux qui viennent du secteur du logement, comme de ceux qui procèdent des interventions sociales auprès des personnes âgées, des jeunes ou des enfants.
En ces domaines, si l'on veut laisser aux jeunes concernés une chance de s'épanouir dans leur activité, il importe de leur offrir l'opportunité de se former, de se remettre en question autant que nécessaire pour mieux faire face aux demandes du public.
Je conçois fort bien, madame la ministre, que cette proposition de notre groupe vous apparaisse comme ou trop ambitieuse ou inadaptée. Il n'en demeure pas moins, qu'il nous semble indispensable de ne pas laisser en friche la question essentielle de la dépense publique, en faveur du développement de l'environnement nécessaire à la réussite du plan emploi-jeunes, sous peine de courir à des désillusions dont les premières victimes seraient les jeunes eux-mêmes.
Compte tenu de la nature des intervenants, il nous semble utile que ce soit un grand établissement financier à mission d'intérêt général qui assume la gestion de l'ingénierie financière du plan emploi-jeunes ; il nous apparaît que nous pourrions confier cette mission soit à la Caisse des dépôts, qui a une longue habitude du traitement des questions du développement local, soit éventuellement à un établissement comme le Crédit foncier de France qui a, pour sa part, acquis une certaine compétence en matière de prêts aux collectivités locales.
M. Emmanuel Hamel. Compétence reconnue !
M. Jean Derian. Sous le bénéfice de ces observations, je vous invite, mes chers collègues, à adopter cet amendement.
M. le président. La parole est à M. Fischer, pour défendre l'amendement n° 125.
M. Guy Fischer. Nous souhaitons préciser que le montant de l'aide forfaitaire versée par l'Etat à l'organisme employeur ne pourra être inférieur à 80 % du SMIC, charges sociales comprises, et pour une durée de cinq ans.
Notre amendement vise donc, vous l'avez compris, à inscrire dans la loi le montant et la durée de l'aide de l'Etat, que la rédaction actuelle du texte renvoie au décret d'application.
Il ne s'agit évidemment pas de l'expression d'une quelconque suspicion envers les intentions du Gouvernement, mais nous manifestons le désir d'apporter aux futurs employeurs et aux jeunes concernés une sécurité quant au maintien du dispositif emploi-jeunes qui peut, à notre sens, faciliter sa pérennisation.
En effet, si le contenu du décret est parfaitement clair sur le montant et sur la durée, nous savons que ce qu'un décret a fait, un autre peut le défaire.
C'est pourquoi nous vous proposons, mes chers collègues, d'adopter notre amendement n° 125.
M. le président. La parole est à M. Trégouët, pour défendre l'amendement n° 45.
M. René Trégouët. L'aide versée par l'Etat étant l'un des éléments déterminants qui inciteront les collectivités locales et les associations à créer des contrats à durée déterminée de cinq ans, et les collectivités territoriales étant elles-mêmes engagées envers leurs salariés par un contrat, il est nécessaire que l'aide forfaitaire versée par l'Etat à l'organisme employeur soit précisée par la loi et pas seulement par décret.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour présenter l'amendement n° 84.
M. Alain Vasselle. Cet amendement s'inspire de la même préoccupation que celui de M. Trégouët. Il a pour objet de s'assurer que l'aide de l'Etat aux emplois-jeunes ne porte pas seulement sur le salaire.
J'ai bien entendu au sein de la commission des affaires sociales, lorsque nous avons auditionné Mme le ministre, qu'il s'agissait de salaires charges comprises, mais encore faut-il que l'on s'entende sur la nature de ces charges.
Deux types de charges ne m'apparaissent pas clairement être automatiquement financées par l'Etat.
Il s'agit d'abord des charges liées à la formation de ces jeunes. D'ailleurs, chacun le reconnaît, c'était un des points faibles de votre texte, madame le ministre, et il a été dénoncé aussi bien à l'Assemblée nationale qu'au sein de la commission des affaires sociales du Sénat.
Il est bien évident que cette opération ne pourra réussir que dans la mesure où elle sera accompagnée d'un dispositif de formation accompagnée d'encadrement, de tutorat comme l'ont proposé notre collègue Alain Gournac et la commission.
Le second type de charges tient au fait qu'il s'agit de contrats annuels qui peuvent être tacitement reconduits pendant une période de cinq ans. Mais le contrat peut être rompu et donner lieu à des indemnités de licenciement au profit du jeune. Or, pour assurer ces indemnités de licenciement - il s'agit d'un emploi relevant du droit privé - les collectivités devront se couvrir et donc cotiser à l'UNEDIC ou à l'ASSEDIC. Par conséquent, il est souhaitable que cette dépense soit incluse dans l'ensemble des charges.
Tel est l'objet de cet amendement.
Si Mme le ministre m'assurait que dans le décret d'application seraient intégrées ces deux types de dépenses en plus du salaire, et dans la mesure où M. le rapporteur ferait la même analyse que moi, je serais prêt à retirer mon amendement. Dans le cas contraire, il serait prudent et d'une très grande sagesse, dans l'intérêt de nos collectivités, que ces précisions figurent dans la loi.
M. le président. La parole est à M. Carle, pour défendre l'amendement n° 35.
M. Jean-Claude Carle. Le dispositif, tel qu'il est proposé, ne tient pas compte du niveau de formation ou de la qualification du bénéficiaire. La tentation sera grande, pour les employeurs, d'embaucher au rabais de jeunes diplômés, voire surdiplômés.
Il est, par conséquent, indispensable que l'aide de l'Etat soit modulée en fonction du niveau de qualification afin d'aider les jeunes en difficulté à intégrer le marché du travail et de ne pas employer les jeunes diplômés en deçà de leurs compétences.
M. le président. La parole est à M. Joyandet, pour défendre l'amendement n° 77.
M. Alain Joyandet. Cet amendement vise à rendre dégressive l'aide distribuée aux entreprises de façon à ce que celles-ci assument progressivement la totalité du salaire du jeune. Le passage entre l'emploi aidé et l'emploi consolidé devrait, de ce fait, se faire plus facilement, le jeune ayant eu le temps d'affirmer sa place au sein de l'entreprise et l'employeur ayant, progressivement, assumé la charge salariale de l'emploi créé.
M. le président. La parole est à M. Huguet, pour défendre l'amendement n° 147.
M. Roland Huguet. Dans la mesure où aucune disposition du texte ne mentionne la notion de rémunération, il est nécessaire d'y intégrer une référence permettant de donner un sens aux termes « rémunération supérieure ».
De plus, la rédaction actuelle établit un lien entre le montant de l'aide forfaitaire et celui de la rémunération du salarié.
Or la rémunération n'est ni égale ni proportionnelle à l'aide de l'Etat. Elle doit correspondre à la qualification du jeune et à l'emploi qui lui est proposé.
La mention du salaire minimum de croissance dans la phrase relative à la rémunération permet donc de faire référence à la rémunération minimale légale et de dissocier le montant du salaire du jeune salarié de celui de l'aide versée par l'Etat.
La convention est l'instrument juridique régissant les relations entre l'employeur et l'Etat. Elle n'a pas vocation à contenir des dispositions relatives aux droits et obligations réciproques de l'employeur et du salarié.
Une telle mesure entraînerait par ailleurs des rigidités importantes dans les relations entre l'employeur et le préfet.
Le montant de la rémunération doit donc figurer dans le contrat de travail, lequel, en vertu de l'article L. 322-4-20, doit être établi par écrit. Cette disposition apporte au salarié une sécurité juridique suffisante pour lui permettre de faire valoir ses droits en cas de litige relatif au montant de la rémunération.
Cet amendement, mes chers collègues, répond ou tente de répondre au problème de la rémunération, notamment de celle des jeunes diplômés. Vous êtes nombreux au cours de la journée à avoir indiqué qu'on ne pouvait pas rémunérer de façon identique celui qui coupe de l'herbe et celui qui essaie de transmettre son savoir, notamment en matière de technologies nouvelles.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 8.
M. Louis Souvet, rapporteur. Cet amendement précise que le recours à une formation sous forme d'apprentissage, dans le cadre de postes de travail mentionnés ci-dessus, ne fait pas obstacle au versement de l'aide.
Il s'agit d'un amendement qui, bien sûr, est au coeur du dispositif que propose la commission des affaires sociales. Contrairement à vos affirmations, madame le ministre, on peut penser que de nouveaux métiers appellent, à terme, de nouvelles formations.
Je suis, vous le savez, un ardent défenseur de l'apprentissage, y compris dans le secteur public, et je crois donc qu'il est nécessaire et souhaitable de prévoir une formation des jeunes à ces emplois dans le cadre de l'apprentissage, cette formation ne devant pas exclure le jeune et l'employeur de l'aide publique, car cela constituerait une dissuasion à la formation et à la professionnalisation.
Cet amendement doit être replacé dans le cadre du dispositif de la commission, qui tient en trois points concernant les contrats de droit privé : formation, encadrement et migration vers le secteur privé.
L'apprentissage est une professionnalisation à laquelle participe l'encadrement pour préparer la migration vers le secteur privé. Nous sommes donc, là encore, cohérents en permettant au texte du Gouvernement d'atteindre ses objectifs. Nous sommes donc dans notre rôle, et c'est pourquoi je vous propose, mes chers collègues, d'adopter l'amendement n° 8.
M. le président. La parole est à M. Fischer, pour défendre l'amendement n° 126.
M. Guy Fischer. Nous avons à coeur d'assurer la pérennité du dispositif emploi-jeunes, pérennité qui se doit, selon nous, de remplir un double objectif. Il s'agit, tout d'abord, de faire la démonstration que les emplois qui seront proposés aux jeunes sont utiles, voire nécessaires, à la société, et, à ce titre, ils devront faire l'objet, à l'issue de cette période de cinq années, d'un nouvel examen afin de prévoir d'autres modes de financement.
L'autre objectif de cette pérennité est de permettre à un jeune sorti du système éducatif et d'une formation initiale de s'inscrire de plain-pied dans une expérience professionnelle. C'est là l'essentiel et le plus novateur dans le dispositif mis en place.
Notre société, particulièrement notre jeunesse, est malade de toutes les formes de précarité mises en oeuvre aujourd'hui dans le monde du travail.
L'amendement que nous vous proposons d'adopter vise à assurer des garanties plus grandes encore aux jeunes qui participeront au dispositif emploi-jeunes en modifiant le régime de la faute permettant de mettre fin au contrat.
En effet, à la notion de cause réelle et sérieuse nous préférons celle de faute grave et de force majeure, plus protectrice pour le salarié. Il s'agit de donner une seconde chance aux jeunes.
L'implication des jeunes dans le processus mis en place dépend, pour une très large part, des garanties qu'ils savent pouvoir être les leurs dans le contrat de travail. C'est pourquoi il importe d'adopter cet amendement, qui renforce les liens de l'employeur à l'employé.
M. le président. La parole est à M. Diligent, pour défendre l'amendement n° 57.
M. André Diligent. C'est un amendement de justice et de bon sens.
Il est ainsi rédigé : « Cette aide forfaitaire est modulée pour apporter une participation plus forte aux communes qui disposent d'un potentiel fiscal inférieur de 30 % au potentiel fiscal national. »
Il s'agit de tenter d'apporter une réponse au problème de financement des 20 % restants qui va se poser aux villes les plus pauvres qui sont, souvent, celles qui comptent le plus de chômeurs.
Amendement de justice et de bon sens, disais-je, car je connais bien des communes qui n'ont désormais pas les moyens de recevoir les aides de l'Etat car la contrepartie qu'on leur réclame dépasse leurs possibilités.
Dès lors, ce sont les jeunes de ces communes les plus pauvres qui sont doublement handicapés : tout d'abord, ils le sont de par la nature des choses, car ils séjournent dans un environnement plus sinistre et plus délabré qu'ailleurs ; ensuite, leur commune ne pouvant bénéficier des mesures prévues par le projet de loi dont nous discutons, ils en seront eux-mêmes privés. J'ajoute que je représente une commune de 100 000 habitants qui compte officiellement 32 % de chômeurs et que la majorité des jeunes de cette commune sont sans emploi.
C'est la raison pour laquelle je m'abstiendrai sans doute, lors du vote de ce texte, parce qu'il n'est pas possible, dans la situation actuelle, quels que soient les avantages ou les désavantages de ce projet de loi, de rejeter encore à l'avenir une aide qui est absolument indispensable.
M. Emmanuel Hamel. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur l'ensemble de ces amendements ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission a pris l'initiative d'associer le fonds paritaire d'intervention en faveur de l'emploi pour assurer une participation aux frais d'encadrement, car il ne peut pas y avoir de développement de nouvelles activités durables et répondant aux exigences du secteur privé sans encadrement. Elle a également prévu que ce fonds puisse aider financièrement les jeunes et les cadres dont l'activité aurait été transférée au secteur privé pour atténuer la charge salariale de l'entreprise.
La commission estime donc que l'amendement n° 124 est inutile, notamment sur la forme, et elle y est défavorable.
La commission a également émis un avis défavorable sur l'amendement n° 125. Le principe du texte, tel que nous l'avons compris, est de faire basculer le plus tôt possible ces activités émergentes dans le secteur privé. Une cristallisation de l'aide, dans son montant comme dans sa durée, serait donc contre-productive par rapport à l'objectif de notre dispositif de migration accélérée vers le secteur marchand.
S'agissant de l'amendement n° 45, je comprends le souci de notre collègue M. René Trégouët de s'assurer de la constance de l'aide de l'Etat. C'est évident. Mais il nous a été répondu que l'aide serait maintenue.
Je ne voudrais pas, quant à moi, qu'elle soit un prétexte pour maintenir des activités rentables dans le secteur non-marchand. C'est pourquoi j'ai mis en place un système de transfert de l'activité. Bien sûr, une remise en cause de l'Etat romprait le contrat avec l'employeur du jeune, par exemple, une collectivité. L'absence de garantie absolue ne peut laisser une collectivité dans cette situation. Aussi, je demande à M. Trégouët de bien vouloir retirer son amendement.
S'agissant de l'amendement n° 84, le salaire est fixé par l'employeur. On ne voit pas comment l'Etat pourrait être lié par une décision qui lui échappe largement. En revanche, la commission souhaite, comme M. Vasselle, que le Gouvernement précise que l'aide de l'Etat comprend, dans son calcul, 80 % du SMIC et des charges sociales. Sous réserve de ces précisions, la commission estime que l'amendement n'est pas vraiment utile et, dans ces conditions, peut-être pourrait-il être retiré.
En ce qui concerne l'amendement n° 35, l'équité demande que la rémunération d'un travailleur soit, autant que possible, en rapport avec le travail accompli. Par exemple, on ne peut pas approuver le ministre de l'éducation nationale qui prévoit de rémunérer au SMIC des diplômés bac + 2, bac + 3 ou bac + 4. C'est pourquoi la commission s'en remet à la sagesse du Sénat, avec une large compréhension, vous l'avez bien compris.
L'amendement n° 77 est un texte de cohérence avec l'amendement n° 75, adopté contre l'avis de la commission et qui introduisait les PME dans le dispositif. J'en appelle donc à la sagesse de la Haute Assemblée.
Sur l'amendement n° 147, la commission émet un avis défavorable par coordination. M. Gournac a déjà répondu à votre souci, monsieur Huguet, en proposant un amendement qui prévoit que la rémunération doit être fonction de la qualification.
La commission est défavorable à l'amendement n° 126, par coordination avec l'amendement de M. Gournac.
Elle émet enfin un avis défavorable sur l'amendement n° 157, par coordination avec l'amendement précédent.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'ensemble des amendements ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Tout d'abord, tout en comprenant l'esprit des rédacteurs de l'amendement n° 124, je rappelle que l'Etat disposera, dans le budget du ministère de l'emploi et de la solidarité, d'aides à l'ingénierie qui seront mises à la disposition, notamment des collectivités locales, pour un montant de 350 millions de francs entre 1997 et 1998.
Par ailleurs, j'ai déjà répondu à la question portant sur l'encadrement.
S'agissant maintenant de la formation, il m'apparaît souhaitable que, dans les conventions que nous passerons avec les conseils régionaux, ces derniers prennent en charge une partie de cette formation, sachant que, par ailleurs, les grands réseaux avec lesquels nous travaillons - HLM, mutuelles, associations sportives et autres - sont prêts à financer une partie de la formation qui sera mise en place par leurs mandants.
Le souci des rédacteurs de cet amendement est donc largement pris en compte par les dispositifs que l'Etat a instauré parallèlement à ce projet de loi. Aussi souhaiterais-je que l'amendement n° 124 soit retiré. Mais je précise qu'en tout état de cause le Gouvernement y est défavorable.
A propos de l'amendement n° 125, comme d'ailleurs des amendements n°s 45 et 84 qui portent sur le montant de l'aide de l'Etat, je rappelle au Sénat que, si le Gouvernement compte préciser cette aide dans le décret, c'est parce que, en vertu de la répartition réalisée par la Constitution entre la loi et le règlement, cet élément relève du décret.
Je remercie à cet égard M. Fischer d'avoir bien voulu préciser qu'il ne s'agissait pas, pour lui, d'émettre un doute au regard des engagements du Gouvernement.
Je rappelle donc que le Gouvernement s'est engagé à verser pendant cinq ans une aide dont le montant ne pourra être inférieur à 80 % du SMIC.
Nous avons calculé ce montant en fonction de plusieurs éléments : la valeur du SMIC à un moment donné bien entendu, mais aussi l'ensemble des charges sociales proprement dites - maladie, vieillesse, famille, accidents du travail, retraite complémentaire, chômage - ainsi que les versements transport et logement.
Je tiens à dire au Sénat que, s'il souhaite maintenir dans le projet de loi - ce qui néanmoins ne me paraît pas conforme à la Constitution - le principe du versement de l'Etat, il nous a paru préférable d'inscrire le montant forfaitaire de 92 000 francs, qui est le montant de l'aide correspondant à 80 % du SMIC, charges comprises, plutôt que de faire figurer dans la loi le pourcentage de 80 % du SMIC.
En ce qui concerne les accidents du travail et la retraite complémentaire, les taux varient d'une branche à l'autre, et nous avons retenu le taux le plus fréquemment appliqué.
J'en profite pour répondre à la question que vous avez posée tout à l'heure, monsieur Gournac : nous avons négocié avec l'UNEDIC, qui a donné son accord oral. Les partenaires sociaux doivent nous confirmer par écrit dans quelques jours cet accord prévoyant l'adhésion à l'UNEDIC des collectivités locales s'agissant des emplois-jeunes. Nous avons d'ailleurs pris en charge ce taux de 5,38 % dans le calcul de l'aide que j'évoquais à l'instant.
Pour toutes ces raisons, je préférerais donc que nous gardions l'idée que ce montant soit fixé, par décret, à 92 000 francs et revalorisé chaque année, au 1er juillet.
Si vous souhaitiez intégrer ce dispositif dans le projet de loi, mesdames, messieurs les sénateurs, il serait souhaitable que ce soit le montant financier que je viens de citer qui soit retenu et non pas le principe d'un pourcentage équivalent à 80 % du SMIC, et ce pour les raisons que j'ai invoquées.
Ensuite, le Gouvernement n'est pas favorable à l'amendement n° 35, puisqu'il a retenu l'idée d'une aide forfaitaire uniforme, ce qui n'empêche pas l'employeur de verser des salaires supérieurs, comme nous l'avons déjà dit.
Le Gouvernement est également défavorable à l'amendement n° 77, car le projet de loi ne s'adresse pas aux entreprises du secteur concurrentiel à but lucratif.
Le Gouvernement est en revanche favorable à l'amendement n° 147, présenté par M. Huguet, qui explicite que l'organisme employeur peut verser une rémunération supérieure au salaire minimum de croissance.
Par ailleurs, n'est pas favorable à l'amendement n° 8, afin de ne pas créer de confusions entre deux types de dispositifs qui sont tous les deux utiles, je l'ai dit en ce qui concerne les dispositifs de formation en alternance, comme ceux de l'apprentissage, et ceux que met en place le projet de loi, qui vise à instituer de vrais emplois, dont la majorité seront des emplois à temps plein.
Le Gouvernement est aussi défavorable à l'amendement n° 126, tout en rappelant que, effectivement, les conventions collectives s'appliquent, comme le précise le code du travail, et que des rémunérations supérieures au SMIC peuvent donc être versées. Il ne nous paraît pas souhaitable de fixer ce principe dans ce projet de loi, d'autant que c'est la nature de l'emploi et non la qualification qui doit déterminer la rémunération.
Enfin, il est défavorable à l'amendement n° 57 en ce qui concerne la modulation. Je comprends bien, là aussi, le souci de M. Diligent. Comme je l'ai dit tout à l'heure, le Gouvernement avait lui-même hésité, au départ, entre une aide forfaitaire et une aide qui puisse varier en fonction du potentiel fiscal ou des difficultés des communes. A la demande de l'ensemble des associations représentant les maires, c'est cette aide uniforme pour l'ensemble des communes qui a été retenue, mais c'est bien par une modulation dans les cofinancements des conseils généraux, des conseils régionaux et, si nous les obtenons, par des fonds européens, que nous aiderons les villes les plus en difficulté à financer une partie des 20 % restant à leur charge.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 124.
M. Guy Fischer. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Nous maintenons nos amendements, mais nous avons bien enregistré la réponse que nous a faite Mme la ministre.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 124, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 125, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 45.
M. René Trégouët. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Trégouët.
M. René Trégouët. Je voudrais tout d'abord m'adresser à Mme le ministre, car j'ai lu avec beaucoup d'attention l'ensemble du débat à l'Assemblée nationale. Un amendement n° 49 y avait été déposé et était rédigé un peu dans les mêmes termes que celui que je présente. Mais il avait le tort, selon Mme le ministre, d'employer une expression qui n'a pas été acceptée.
Mme le ministre avait alors expliqué que le Gouvernement s'était engagé à ce que 80 % du SMIC, cotisations sociales légales comprises, soient remboursés aux collectivités parce que les cotisations « légales » sont les mêmes dans l'ensemble de la France, ce qui n'est pas le cas des cotisations « légales conventionnelles ».
Et Mme le ministre avait ajouté : « Je ne vois aucun problème à inscrire dans la loi que l'aide sera de 80 % du SMIC chargé des cotisations légales. »
Pour respecter vos propos, madame le ministre, j'ai bien repris, dans mon amendement, les termes : « chargé des cotisations légales ».
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Monsieur le sénateur, me permettez-vous de vous interrompre ?
M. René Trégouët. Très volontiers, madame le ministre.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, avec l'autorisation de l'orateur.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Il n'y a pas de contradiction dans mes propos : les cotisations légales peuvent changer d'un secteur à l'autre. Pour les accidents du travail, les cotisations peuvent varier selon les secteurs d'activité et les entreprises, elles n'en sont pas moins légales.
C'est la raison pour laquelle, par souci de simplification, pour que chacun ait la même aide et afin que nous ne soyons pas contraints, pour chaque emploi visé, de vérifier la convention collective et le mode de calcul, il nous est paru important de fixer un montant forfaitaire.
M. René Trégouët. J'avais repris les termes que vous aviez employés dans votre intervention, madame le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Certes, et je voulais seulement préciser qu'il n'y a pas de contradiction entre les propos que vous évoquez et ma réponse d'aujourd'hui.
M. le président. Veuillez poursuivre, monsieur le sénateur.
M. René Trégouët. Maintenant, je me tourne vers vous, monsieur le rapporteur.
Cet amendement pourrait apparaître anticonstitutionnel à certains.
Cette aide va être importante et même déterminante. On nous dit qu'elle représenterait 80 % du SMIC chargé. Aux termes du projet de loi, le montant de l'aide et sa durée sont fixés par décret. Ce dernier étant d'ordre réglementaire, cela signifie que l'on peut à tout instant changer à la fois le montant de l'aide et sa durée, en la portant par exemple à trois ans.
Je suis fort ennuyé puisque, je l'ai dit dans le débat cet après-midi, le fait de modifier le montant de l'aide de l'Etat ne pourra pas constituer une cause réelle et sérieuse de licenciement de la personne embauchée.
Si nous demandons à une collectivité locale d'embaucher un jeune pour cinq ans - c'est le sens de ce texte de loi - l'Etat devrait de façon très claire s'engager à maintenir, pour la même durée, le taux de l'aide à 80 % du SMIC. Même si cela peut paraître un peu tangentiel à certains par rapport à l'approche constitutionnelle, je crois qu'il est nécessaire, à partir du moment où nous, responsables de collectivités, nous prendrons des engagements irréversibles, que l'Etat veuille bien prendre lui-même des engagements irréversibles. C'est pourquoi je voudrais que la commission comprenne mon approche, mais je suis obligé de maintenir mon amendement.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je voudrais faire deux remarques à M. René Trégouët.
La première, c'est qu'il a prévu dans le texte de son amendement de remplacer les mots : « dont le montant et la durée qui sont fixés par décret » par des mots qui ne comportent que le terme de « montant ». La notion de « durée » a disparu.
M. René Trégouët. Ajoutez-la sur cinq ans.
M. Louis Souvet, rapporteur. Ma seconde remarque est pour lui signaler qu'un amendement de M. Gournac que nous examinerons cet après-midi répond tout à fait à ses préoccupations en précisant : « La suppression ou la diminution de l'aide attribuée par l'Etat avant le terme de la convention mentionnée à l'article L. 322-4-18 constitue une cause réelle et sérieuse de rupture du contrat de travail ». La commission a adopté cet amendement qui répond donc parfaitement à votre objection.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je répète qu'il existe un code du travail et une Constitution.
Lorsque vous avez adopté, il y a peu de temps, à l'occasion de l'examen du projet de loi relatif à la mise en oeuvre du pacte de relance pour la ville, le principe des emplois de ville, vous n'avez pas eu, à l'égard du précédent gouvernement, le sentiment de suspicion que vous avez aujourd'hui vis-à-vis du nôtre ! J'ai là le texte sur les emplois de ville qui renvoie de la même manière à un décret le montant qui doit être fixé.
Nous sommes dans une République et dans une démocratie ; nous sommes là pour respecter une Constitution. Je pense par conséquent que l'engagement du Gouvernement, non seulement devant le Parlement, mais devant le peuple, devant ceux qui nous ont élus ou ceux qui ont voté pour vous d'ailleurs, devrait être suffisant.
Je demande donc une fois encore devant le Sénat que la Constitution soit respectée.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 45, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 84 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 35, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 77, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 147, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 8, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 126, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 57.
M. André Diligent. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Diligent.
M. André Diligent. Avec beaucoup de loyauté Mme la ministre a dit qu'elle avait longtemps hésité. S'il y a matière à hésitation, c'est donc qu'il y a matière à discussion.
J'estime que les arguments que j'ai développés sont au moins égaux, sinon supérieurs, à ceux que j'ai entendus. C'est la raison pour laquelle je maintiens cet amendement.
M. Roland Huguet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Huguet.
M. Roland Huguet. Que ce soit en commission ou au cours de la discussion générale, j'ai interrogé Mme la ministre.
Je suis dans l'obligation de dire que les préoccupations exprimées par M. Diligent dans son amendement vont dans le même sens que les miennes s'agissant de nombreuses communes du département du Pas-de-Calais. C'est pourquoi, à titre personnel, je suis favorable à l'amendement n° 57.
M. Emmanuel Hamel. On vous comprend !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 57, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)

3

SUITE DE L'ORDRE DU JOUR

M. le président. Mes chers collègues, le Gouvernement a souhaité reprendre la discussion de ce projet de loi relatif à l'emploi des jeunes, à seize heures quinze au lieu de quinze heures. La commission ayant accepté, la discussion est renvoyée à cet après-midi.
Voici quelle sera la suite de l'ordre du jour de la prochaine séance publique, par conséquent fixée à seize heures quinze et éventuellement le soir :
Suite de la discussion du projet de loi (n° 423, 1996-1997), adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes.
Rapport (n° 433, 1996-1997) de M. Louis Souvet, fait au nom de la commission des affaires sociales.
Aucun amendement n'est plus recevable.

Délai limite pour le dépôt des amendements

Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier (n° 425, 1996-1997).
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 1er octobre 1997, à dix-sept heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à une heure cinq, est reprise à seize heures quinze, sous la présidence de M. Paul Girod.)

PRÉSIDENCE DE M. PAUL GIROD
vice-président

M. le président. La séance est reprise.

4

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la séance du mardi 30 septembre 1997 a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

5

CONFÉRENCE DES PRÉSIDENTS

M. le président. La conférence des présidents a établi comme suit l'ordre du jour des prochaines séances du Sénat :
A. - Jeudi 2 octobre 1997, à neuf heures trente, à seize heures trente et, éventuellement, le soir :
1° Désignation :
- d'un membre de la délégation du Sénat pour l'Union européenne ;
- d'un membre de la délégation du Sénat à l'office parlementaire d'évaluation des politique publiques ;

Ordre du jour prioritaire

2° Eventuellement, suite du projet de loi relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes ;
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier (n° 425, 1996-1997) ;
La conférence des présidents a fixé au mercredi 1er octobre, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
B. - Mardi 7 octobre 1997, à dix heures trente et à seize heures :

Ordre du jour prioritaire

Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant réforme du service national (n° 426, 1996-1997).
La conférence des président a fixé :
- au lundi 6 octobre, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi ;
- à trois heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe ;
L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel il a été procédé le 23 septembre et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le lundi 6 octobre.
C. - Mercredi 8 octobre 1997 :
A neuf heures trente :

Ordre du jour prioritaire

1° Suite du projet de loi portant réforme du service national ;
A quinze heures :
2° Nomination des membres de la commission spéciale chargée de vérifier et d'apurer les comptes du Sénat ;
Les candidatures à cette commission devront être déposées par les groupes au secrétariat du service des commissions le mardi 7 octobre, avant dix-sept heures ;

Ordre du jour prioritaire

3° Suite du projet de loi portant réforme du service national ;

Ordre du jour complémentaire

4° Conclusions de la commission des lois sur la proposition de résolution tendant à créer une commission d'enquête pour procéder à un examen approfondi des procédures en vigueur en matière de régularisation des étrangers en situation irrégulière sur le territoire français et pour en évaluer les conséquences économiques et financières (n° 432, 1996-1997).
D. - Jeudi 9 octobre 1997, à quinze heures :
1° Questions d'actualité au Gouvernement ;
L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la séance avant onze heures ;

Ordre du jour prioritaire

2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes.
E. - Mardi 14 octobre 1997 :
A neuf heures trente :
1° Dix-huit questions orales sans débat ;
L'ordre d'appel des question sera fixé ultérieurement.
N° 5 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (statut des psychologues scolaires) ;
N° 7 de M. Pierre Hérisson à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité (assujettissement des travailleurs frontaliers à la contribution pour le remboursement de la dette sociale) ;
N° 10 de M. Daniel Hoeffel à M. le ministre de la défense (reclassement des personnels civils affectés par la réorganisation des forces françaises en Allemagne) ;
N° 13 de M. Ivan Renar à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation (principe d'égalité d'accès aux services publics) ;
N° 14 de M. Louis-Ferdinand de Rocca Serra à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (maintien des services publics dans les zones en voie de désertification) ;
N° 16 de Mme Marie-Claude Beaudeau à M. le secrétaire d'Etat à la santé (difficultés de préparation des budgets des hôpitaux franciliens) ;
N° 19 de M. Marcel Vidal à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (gestion des déchets ménagers) ;
N° 20 de M. Germain Authié à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation (traitement des ordures ménagères par les collectivités territoriales) ;
N° 22 de M. José Balarello à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice (mise en place d'une cour d'appel à Nice) ;
N° 24 de M. Philippe Marini à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice (réforme du droit des sociétés commerciales) ;
N° 26 de M. Léon Fatous à M. le secrétaire d'Etat à la santé (retard en matière d'équipement hospitalier dans le département du Pas-de-Calais) ;
N° 27 de M. Louis Minetti à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche (difficultés des producteurs de fruits et légumes) ;
N° 28 de M. Gérard Fayolle à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (liaisons routières en Dordogne) ;
N° 31 de M. Jacques Valade à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (enseignement de l'informatique dans les établissements de second degré et à l'université) ;
N° 32 de M. Paul Masson à M. le secrétaire d'Etat à la santé (situation de l'hôpital de Pithiviers) ;
N° 33 de M. Franck Sérusclat à M. le secrétaire d'Etat à la santé (stérilisation volontaire des sujets sains) ;
N° 37 de M. Georges Mouly à M. le secrétaire d'Etat au budget (débits de boissons en milieu rural) ;
N° 39 de M. Philippe Madrelle à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche (maintien en activité du site de production laitière de Carbon-Blanc).
A seize heures :

Ordre du jour prioritaire

2° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion de la République hellénique à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985 entre les gouvernements des Etats de l'Union économique Benelux, de la République fédérale d'Allemagne et de la République française relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes, signée à Schengen le 19 juin 1990, à laquelle ont adhéré la République italienne par l'accord signé à Paris le 27 novembre 1990 et le Royaume d'Espagne et la République portugaise par les accords signés à Bonn le 25 juin 1991 (n° 427, 1996-1997) ;
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion de la République d'Autriche à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985 entre les gouvernements des Etats de l'Union économique Bénélux, de la République fédérale d'Allemagne et de la République française relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes, signée à Schengen le 19 juin 1990, à laquelle ont adhéré la République italienne, le Royaume d'espagne et la République portugaise, et la République hellénique par les accords signés respectivement le 27 novembre 1990, le 25 juin 1991 et le 6 novembre 1992 (n° 428, 1996-1997) ;
La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces deux projets de loi, n°s 427 et 428 ;
4° Projet de loi autorisant la ratification de la convention sur la base de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne portant création d'un office européen de police (ensemble une annexe et quatre déclarations) (n° 363, 1996-1997) ;
5° Projet de loi autorisant la ratification du protocole établi sur la base de l'article K. 3 du traité sur l'Union européenne concernant l'interprétation, à titre préjudiciel, par la Cour de justice des Communautés européennes de la convention portant création d'un office européen de police (n° 364, 1996-1997) ;
La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces deux projets de loi, n°s 363 et 364 ;
6° Projet de loi autorisant la ratification de la convention européenne sur la reconnaissance de la personnalité juridique des organisations internationales non gouvernementales (n° 338, 1996-1997) ;
7° Projet de loi autorisant la ratification de la convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (ensemble quatre annexes et deux appendices) (n° 386, 1996-1997) ;
8° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne concernant la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre la France et l'Espagne (façade méditerranéenne) (n° 201, 1996-1997) ;
9° Projet de loi autorisant l'approbation du protocole additionnel à la convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière des collectivités ou autorités territoriales (ensemble trois déclarations) (n° 371, 1996-1997) ;
10° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Croatie sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements (n° 342, 1996-1997) ;
11° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Kenya en vue d'éviter les doubles impositions en matière de transport aérien en trafic international (n° 341, 1996-1997) ;
12° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République gabonaise en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales (n° 219, 1996-1997) ;
13° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, agissant dans le cadre de l'Union européenne, d'une part, et la République de Slovénie, d'autre part (n° 388, 1996-1997) ;
14° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République de Lituanie, d'autre part (n° 392, 1996-1997) ;
15° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République de Lettonie, d'autre part (n° 393, 1996-1997) ;
16° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République d'Estonie, d'autre part (n° 394, 1996-1997) ;
La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces trois projets de loi, n°s 392, 393 et 394.
F. - Mercredi 15 octobre 1997, à dix heures et, éventuellement, à quinze heures :

Ordre du jour prioritaire

Troisième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines (n° 437, 1996-1997) ;
La conférence des présidents a fixé au mardi 14 octobre 1997, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
G. - Jeudi 16 octobre 1997, à neuf heures trente :

Ordre du jour prioritaire

Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi portant réforme du service national.
A quinze heures :
Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier ;
La conférence des présidents a fixé au mercredi 15 octobre 1997, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence des présidents relatives à la tenue des séances ?...
Y a-t-il des observations en ce qui concerne les propositions de la conférence des présidents s'agissant de l'ordre du jour complémentaire ?...
Ces propositions sont adoptées.

6

EMPLOI DES JEUNES

Suite de la discussion et adoption
d'un projet de loi déclaré d'urgence

M. le président. Nous reprenons la discussion du projet de loi (n° 423, 1996-1997), adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes.
J'informe le Sénat que la commission des affaires sociales m'a fait connaître qu'elle a d'ores et déjà procédé à la désignation des candidats qu'elle présentera si le Gouvernement demande la réunion d'une commission mixte paritaire en vue de proposer un texte sur les dispositions restant en discussion du projet de loi actuellement en cours d'examen.
Ces candidatures ont été affichées pour permettre le respect du délai réglementaire.
Mes chers collègues, il reste quatre-vingt-un amendements à examiner. La commission des affaires sociales et le Gouvernement souhaiteraient que nous puissions en terminer dans la soirée. Je vous invide donc à un effort de concision dans l'exposé de vos arguments.

Article 1er (suite)

M. le président. Nous poursuivons la discussion de l'article 1er du projet de loi.
J'en rappelle les termes :
« Art. 1er. _ Sont insérés à la section 1 du chapitre II du titre II du livre III du code du travail les articles L. 322-4-18, L. 322-4-19 et L. 322-4-20 ainsi rédigés :
« Art. L. 322-4-18 . _ Afin de promouvoir le développement d'activités créatrices d'emplois pour les jeunes répondant à des besoins émergents ou non satisfaits, et présentant un caractère d'utilité sociale notamment dans les domaines des activités sportives, culturelles, éducatives, d'environnement et de proximité, l'Etat peut conclure avec les collectivités territoriales et leurs établissements publics, les autres personnes morales de droit public, les organismes de droit privé à but non lucratif et les personnes morales chargées de la gestion d'un service public des conventions pluriannuelles prévoyant l'attribution d'aides pour la mise en oeuvre de projets d'activités répondant aux exigences d'un cahier des charges établi en concertation avec les partenaires locaux qui doit comporter notamment les exigences requises quant à la pérennisation des activités et aux dispositions à prévoir pour assurer la professionnalisation des emplois.
« Ces conventions peuvent être également conclues avec des groupements constitués sous la forme d'associations déclarées de la loi du 1er juillet 1901, ou régies par le code civil local pour les départements de la Moselle, du Bas-Rhin et du Haut-Rhin, de personnes morales visées au premier alinéa.
« Ces conventions ne peuvent s'appliquer aux services rendus aux personnes physiques à leur domicile, mentionnés à l'article L. 129-1. Toutefois elles peuvent s'appliquer aux activités favorisant le développement et l'animation de services aux personnes répondant à des besoins émergents ou non satisfaits.
« Lorsqu'elles sont conclues avec une personne morale de droit public, elles ne peuvent s'appliquer qu'à des activités non assurées jusqu'alors par celle-ci. Les collectivités territoriales et leurs établissements publics peuvent conclure ces conventions pour les emplois autres que ceux relevant de leurs compétences traditionnelles.
« Les projets de développement d'activités présentés par les personnes morales de droit privé à but lucratif chargées de la gestion d'un service public ne peuvent faire l'objet d'une convention, sauf si les activités proposées ne sont pas assurées à la date de la demande et entrent dans le cadre de la mission de service public qui leur a été confiée.
« Sans préjudice de l'application des dispositions de l'ar ticle L. 432-4-1, les institutions représentatives du personnel, lorsqu'elles existent, et les comités techniques paritaires sont informés des conventions conclues en application du présent article ainsi que des conventions conclues conformément à l'article L. 322-4-8-1 et saisis annuellement d'un rapport sur leur exécution.
« Le contenu et la durée des conventions, les conditions dans lesquelles leur exécution est suivie et contrôlée ainsi que les modalités de dénonciation de la convention en cas de non-respect de celle-ci sont déterminés par décret.
« Les conventions comportent des dispositions relatives aux objectifs de qualification, aux conditions de la formation professionnelle et, selon les besoins, aux modalités du tutorat. Les régions dans le cadre de leurs compétences ainsi que, le cas échéant, d'autres personnes morales peuvent participer à l'effort de formation.
« Art. L. 322-4-19 . _ Les aides attribuées par l'Etat en application des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18 ont pour objet de permettre l'accès à l'emploi de jeunes âgés de dix-huit à moins de vingt-six ans lors de leur embauche, y compris ceux qui sont titulaires d'un des contrats de travail visés aux articles L. 322-4-7 et L. 322-4-8-1, ou de personnes de moins de trente ans qui ne remplissent pas la condition d'activité antérieure ouvrant droit au bénéfice de l'allocation prévue à l'article L. 351-3. Cette condition d'activité est appréciée à compter de la fin de la scolarité et à l'exclusion des périodes de travail accomplies en exécution des contrats de travail visés aux articles L. 115-1, L. 322-4-7, au deuxième alinéa du I de l'article L. 322-4-8-1 et aux articles L. 981-1, L. 981-6, L. 981-7 ou conclus avec un employeur relevant des dispositions de l'article L. 322-4-16.
« Pour chaque poste de travail créé en vertu d'une telle convention et occupé par une personne répondant aux conditions prévues à l'alinéa précédent, l'Etat verse à l'organisme employeur une aide forfaitaire dont le montant et la durée sont fixés par décret. Cependant, l'organisme employeur peut verser une rémunération supérieure. Ces dispositions sont prévues dans la convention. L'Etat peut prendre en charge tout ou partie des coûts d'étude des projets mentionnés à l'article L. 322-4-18.
« Ces aides ne donnent lieu à aucune charge fiscale ou para fiscale.
« Elles ne peuvent se cumuler, pour un même poste de travail, avec une autre aide de l'Etat à l'emploi, avec une exonération totale ou partielle des cotisations patronales de sécurité sociale ou avec l'application de taux spécifiques, d'assiettes ou de montants forfaitaires de cotisations de sécurité sociale.
« Elles ne peuvent être accordées lorsque l'embauche est en rapport avec la fin du contrat de travail d'un salarié, quel qu'en soit le motif.
« Le décret mentionné au deuxième alinéa du présent article précise les conditions d'attribution et de versement des aides de l'Etat.
« L'employeur peut recevoir, pour la part de financement restant à sa charge, des cofinancements provenant notamment des collectivités territoriales, des établissements publics locaux ou territoriaux ainsi que de toute autre personne morale de droit public ou de droit privé.
« Art. L. 322-4-20 . _ I. _ Les contrats de travail conclus en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18 sont des contrats de droit privé établis par écrit. Ils sont conclus pour la durée légale du travail ou pour la durée collective inférieure applicable à l'organisme employeur. Ils peuvent être conclus à temps partiel sur dérogation accordée par le représentant de l'Etat signataire de la convention, lorsque la nature de l'emploi ou le volume de l'activité ne permettent pas l'emploi d'un salarié à temps plein, sous condition de durée minimale égale au mi-temps. Ils doivent figurer dans les grilles de classification des conventions collectives nationales, de la fonction publique ou accords d'entreprises lorsqu'ils existent.
« Ils peuvent être à durée indéterminée ou à durée déterminée en application du 1° de l'article L. 122-2. Toutefois les collectivités territoriales et les autres personnes morales de droit public, à l'exclusion des établissements publics à caractère industriel et commercial, ne peuvent conclure que des contrats à durée déterminée.
« Les contrats mentionnés au présent article ne peuvent être conclus par les services de l'Etat.
« II. _ Les contrats de travail à durée déterminée mentionnés au I sont conclus pour une durée de soixante mois.
« Ils comportent une période d'essai d'un mois renouvelable une fois.
« Sans préjudice de l'application du premier alinéa de l'article L. 122-3-8, ils peuvent être rompus à l'expiration de chacune des périodes annuelles de leur exécution, à l'initiative du salarié moyennant le respect d'un préavis de deux semaines, ou de l'employeur s'il justifie d'une cause réelle et sérieuse.
« Dans ce dernier cas, les dispositions des articles L. 122-6 et L. 122-14 sont applicables. En outre, l'employeur qui décide de rompre le contrat du salarié pour une cause réelle et sérieuse doit notifier cette rupture par lettre recommandée avec demande d'avis de réception. Cette lettre ne peut être expédiée au salarié moins d'un jour franc après la date fixée pour l'entretien préalable prévu à l'article L. 122-14. La date de présentation de la lettre recommandée fixe le point de départ du délai-congé prévu par l'article L. 122-6.
« Le salarié dont le contrat est rompu par son employeur dans les conditions prévues au troisième alinéa du présent II bénéficie d'une indemnité calculée sur la base de la rémunération perçue. Le montant retenu pour le calcul de cette indemnité ne saurait cependant excéder celui qui aura été perçu par le salarié au titre des dix-huit derniers mois d'exécution de son contrat de travail. Son taux est identique à celui prévu au deuxième alinéa de l'article L. 122-3-4.
« En cas de rupture avant terme d'un contrat à durée déterminée conclu en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18, les employeurs peuvent conclure, pour le même poste, un nouveau contrat à durée déterminée dont la durée sera égale à la durée de versement de l'aide de l'Etat restant à courir pour le poste considéré. Les dispositions des alinéas précédents s'appliquent à ce nouveau contrat.
« Par dérogation aux dispositions du deuxième alinéa de l'article L. 122-3-8, la méconnaissance par l'employeur des dispositions relatives à la rupture du contrat de travail prévues aux troisième et quatrième alinéas du présent II ouvre droit pour le salarié à des dommages et intérêts correspondant au préjudice subi. Il en est de même lorsque la rupture du contrat intervient suite au non-respect de la convention ayant entraîné sa dénonciation.
« III. _ A l'initiative du salarié, les contrats mentionnés au I peuvent être suspendus avec l'accord de l'employeur afin de lui permettre d'effectuer la période d'essai afférente à une offre d'emploi. En cas d'embauche à l'issue de cette période d'essai, les contrats précités sont rompus sans préavis. »
Au sein de cet article, nous avons entamé l'examen du texte proposé pour l'article L. 322-4-19.

ARTICLE L. 322-4-19 DU CODE DU TRAVAIL (suite)

M. le président. Par amendement n° 72, Mme Dusseau propose d'insérer, après le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19, un alinéa ainsi rédigé :
« La rémunération des titulaires d'un diplôme sanctionnant quatre années d'étude après le baccalauréat est fixée à au moins 1,1 fois le salaire minimum interprofessionnel de croissance. »
La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Avant de présenter mon amendement, il ne me paraît pas inutile, monsieur le président, de revenir très brièvement sur la séance d'hier soir, notamment sur le début de la session ordinaire.
Notre assemblée a alors commencé à procéder à ce que j'ai appelé la « dilution » du projet de loi par l'extension systématique de la faculté d'embauche aux SEM, aux organismes visés à l'article L. 411-2 du code du travail, aux embauches à l'étranger, aux artisans...
C'était une première tactique. Il faut avouer que vous l'avez suivie avec beaucoup de constance et, quelquefois, je pense à M. Marini - avec même beaucoup d'astuce.
La deuxième tactique concerne l'extension des dispositions du projet de loi à d'autres bénéficiaires. Vous avez, bien sûr, argumenté sur le fond, mes chers collègues, en énonçant des catégories sociales qui avaient de bonnes raisons pour susciter l'intérêt. Vous avez cité les handicapés, les personnes âgées de vingt-six à trente ans, les cadres, quel que soit leur âge...
Pour chaque catégorie, les raisons avancées étaient extrêmement justifiées. Mais l'accumulation des catégories bénéficiaires est bien le fait d'une tactique délibérée tendant à ce que le projet de loi soit détourné de son objectif initial.
Nous avons fait mieux, mes chers collègues : à la fin de la séance - il faut dire qu'il était une heure du matin - la vigilance habituelle du Sénat a été prise en défaut. (Exclamations sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.) Ainsi, il a voté à deux minutes d'intervalle, d'une part, l'obligation faite au Gouvernement de verser 80 % du SMIC chargé et, d'autre part, une disposition contradictoire aux termes de laquelle l'Etat devait prendre à sa charge un montant supérieur en fonction de la qualification des personnes. Enfin, pour être d'une cohérence absolue, il a refusé l'amendement de Mme Dieulangard qui laissait aux collectivités locales la possibilité d'augmenter leur part pour des personnes ayant une qualification !
M. Roland Huguet. Eh oui !
Mme Joëlle Dusseau. Je dois dire, mes chers collègues, que vous m'avez habituée à plus de clairvoyance et de cohérence dans vos votes. (Nouvelles exclamations sur les mêmes travées.)
M. Louis Boyer. Et vous, à plus de brièveté ! (Applaudissements sur les mêmes travées.)
Mme Joëlle Dusseau. J'en viens à mon amendement. (Ah ! sur les mêmes travées.) Je suis sûre, malgré vos exclamations, que vous avez bien entendu mon message, qui était en tout cas nécessaire.
Par cet amendement n° 72, je propose que, pour les jeunes qui auraient un niveau bac + 4 - vous savez que, selon les critères de l'ANPE, cela correspond au statut à 1,1 fois le SMIC de cadre - la rémunération soit fixée obligatoirement au minimum. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur de la commission des affaires sociales. Votre préoccupation ayant déjà reçu satisfaction grâce à un amendement de M. Gouniac, la commission s'est déclarée défavorable au vôtre, madame Dusseau.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je comprends bien l'esprit qui a présidé au dépôt de cet amendement, mais je ne peux qu'y être défavorable, le Gouvernement ayant déjà donné un avis favorable à un amendement précisant que le salaire pouvait dépasser le SMIC.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 72, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 127, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent, après le troisième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail, d'insérer un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« Les organismes chargés d'élaborer les projets mentionnés à l'article L. 322-4-18 doivent être agréés par l'Etat. »
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Le texte proposé pour l'article L. 322-4-18 dispose que « l'Etat peut conclure avec les collectivités territoriales, les autres personnes morales de droit public, les organismes de droit privé à but non lucratif et les personnes morales chargées de la gestion d'un service public des conventions pluriannuelles prévoyant l'attribution d'aides pour la mise en oeuvre de projets d'activités répondant aux exigences d'un cahier des charges établi en concertation avec les partenaires lovaux ».
L'amendement que nous proposons prévoit un alinéa additionnel indiquant que « les organismes chargés d'élaborer les projets mentionnés à l'article L. 322-4-18 doivent être agréés par l'Etat ».
Notre souhait est simple : nous voulons que le dispositif d'emploi des jeunes bénéficie d'une sécurité maximale. Il y va de l'intérêt des jeunes au premier chef, mais aussi de l'intérêt des usagers, donc du secteur public.
Une certaine redéfinition des missions du service public, condition sine qua non de la pérennisation des emplois-jeunes, impose que les acteurs de la mise en oeuvre des projets conclus entre l'Etat et les collectivités territoriales jouissent de toutes les garanties nécessaires. C'est l'expérience acquise au cours des années passées - et les nombreux abus constatés - qui nous conduisent à faire cette proposition.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Cet amendement vise à imposer de nouveau les agréments par le préfet.
Pour notre part, nous prévoyons une consultation préalable par le CODEF, le comité départemental de la formation professionnelle, de la promotion sociale et de l'emploi, ou par les missions locales, voire par un comité de pilotage conformément à la proposition de Mme Dieulangard.
Un agrément par une autorité comme le préfet serait évidemment en contradiction avec cette démarche et avec notre volonté de décentralisation de certains dispositifs en place.
Dans ces conditions, la commission émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. L'avis du Gouvernement est également défavorable.
Monsieur le sénateur, je tiens à vous indiquer que nous avons d'ores et déjà appelé l'attention des préfets sur la nécessité de veiller scrupuleusement à un respect absolu de l'esprit de la loi.
Il s'est produit trop de détournements sur des dispositifs semblables pour que nous ne soyons pas extrêmement vigilants.
A l'obligation d'un agrément, je préfère la souplesse, sous réserve qu'une attention toute particulière soit portée au respect des conditions légales.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 127, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 111, M. Gournac et les membres du groupe du RPR proposent, après le cinquième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-19 du code du travail, insérer un alinéa ainsi rédigé :
« La suppression ou la diminution de l'aide attribuée par l'Etat avant le terme de la convention mentionnée à l'article L. 322-4-18 constitue une cause réelle et sérieuse de rupture du contrat de travail. »
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Il s'agit d'un amendement important pour les finances locales, sujet lui-même important.
En raison du principe de l'annualité budgétaire, l'Etat peut revenir à tout moment sur le montant ou sur le principe même de son aide. Dans cette hypothèse, les employeurs - collectivités territoriales, associations ou autres - seraient confrontés à de graves difficultés financières. En effet, ils ne seraient sans doute pas capables de faire face à la brusque montée en charge de leur part de financement. Par exemple, les collectivités locales devraient renoncer à des dépenses d'investissement ou alourdir leurs prélèvements fiscaux.
Afin que ces employeurs n'aient pas à faire face à une situation inextricable, mon amendement vise à prévoir que la suppression ou la diminution de l'aide avant le terme de la convention constitue une cause réelle et sérieuse de rupture du contrat de travail.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Madame le ministre, vous serez sans doute choquée que le Sénat puisse mettre en doute la parole du Gouvernement. Pourtant, de nombreux exemples, qu'il s'agisse d'engagements financiers, de l'exonération des impôts sur les immeubles neufs ou d'autres, nous ont déjà montré que l'Etat pouvait reculer au moment de mettre en oeuvre ce qui avait été prévu. Dès lors, notre collègue est fondé à considérer qu'il convient de préciser que la suppression ou même toute diminution de l'aide de l'Etat doit constituer une cause réelle et sérieuse de rupture du contrat de travail.
Je pensais qu'une telle clause était évidente, mais, peut-être vaut-il mieux faire figurer cette précision dans le texte. C'est pourquoi la commission a émis un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. L'avis est défavorable, car il appartient au juge d'apprécier les causes réelles et sérieuses de la rupture.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 111.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Je vais voter cet amendement, car je ne suis pas insensible aux raisons qu'a invoquées M. Gournac. (Exclamations sur les travées du RPR.)
S'agissant d'un dispositif dont l'application s'étale sur cinq ans, il faut envisager toutes les hypothèses. Il en est une que je répugne à envisager. Mais, après tout, M. Chirac nous a montré qu'il était imprévisible ! (Sourires.) Imaginons donc que, une nouvelle fois, des élections législatives aient lieu avant l'échéance normale - ce n'est pas absolument impossible - et que l'ancienne majorité revienne au pouvoir. Je ne veux pas y croire, mais ce n'est pas impossible !
M. Michel Mercier. Ce serait justifié !
M. Raymond Courrière. C'est invraisemblable !
Mme Joëlle Dusseau. Dans un tel cas, un nouveau gouvernement serait formé, qui pourrait ne pas se reconnaître dans ce projet de loi - cela s'est vu dans le passé ! - et qui ne se sentirait pas tenu par les engagements du gouvernement actuel.
Telles sont les raisons pour lesquelles je voterai l'amendement de M. Gournac. (Exclamations sur les travées de l'Union centriste, du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 111, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, le texte proposé pour l'article L. 322-4-19 du code du travail.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLE L. 322-4-20 DU CODE DU TRAVAIL

M. le président. Par amendement n° 128, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent de rédiger ainsi la première phrase du premier alinéa du I du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail :
« Les contrats de travail conclus en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-20 sont des contrats de droit public quand les employeurs sont des personnes morales de droit public, des contrats de droit privé quand les employeurs sont des personnes morales de droit privé. »
La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Cette disposition, qui vise à faire en sorte que les contrats de travail conclus en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-20 soient des contrats de droit public, nous paraît nécessaire au bon fonctionnement du service public lui-même.
En outre, elle est importante pour des jeunes qui pourraient souhaiter, à l'issue du contrat de cinq ans que prévoit le texte, intégrer la fonction publique. Elle leur permet, en effet, de passer les concours internes de la fonction publique. Cette mesure serait en cohérence avec les principes qui régissent la fonction publique.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Le système proposé est contraire au dispositif retenu par la commission, lequel conserve le principe du contrat de droit privé, les contrats ayant vocation à migrer vers le secteur marchand. Nous suivons en cela le Gouvernement.
Par conséquent, la commission émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est également défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 128, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 129, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent, après la première phrase du premier alinéa du I du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, d'insérer une phrase ainsi rédigée : « Dans l'éducation nationale, les recrutements sont réputés avoir été effectués pour le compte de l'Etat. »
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar. Par cet amendement, nous voulons nous assurer que l'éducation reste l'une des missions régaliennes de l'Etat.
Même si, par ailleurs, les missions d'éducation peuvent être amenées à évoluer, il nous semble important qu'elles évoluent au sein du service public de l'éducation, à l'instar du dispositif prévu pour les adjoints de sécurité.
Prévoir que ce qui à trait à l'éducation relève du secteur public, c'est assurer une égalité de traitement sur l'ensemble du territoire. Parviendrions-nous au même résultat si, pour certaines des missions de l'éducation nationale, les villes, les départements, les régions étaient mis à contribution à travers la mise en place de contrats d'emploi des jeunes ?
Les relations entre l'éducation nationale et les collectivités locales sont arrivées aujourd'hui à un point d'équilibre qui reste toujours fragile, et l'on sait combien fut longue la route entre les lois de décentralisation et la situation actuelle.
Les emplois relatifs à l'éducation au sein des structures publiques correspondent à une réelle évolution des besoins, qui doit être pleinement prise en compte par le système éducatif public.
L'ensemble de ces raisons nous conduit à présenter cet amendement, qui prévoit que, « dans l'éducation nationale, les recrutements sont réputés avoir été effectués pour le compte de l'Etat ».
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Dans son esprit, cet amendement se rapproche du dispositif qui a été retenu par la commission, mais il a semblé à cette dernière que sa propre rédaction était meilleure. C'est pourquoi la commission donne un avis défavorable sur l'amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Avis défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 129, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de quatre amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 130, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent de remplacer les deuxième et troisième phrases du premier alinéa du I du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail par une phrase ainsi rédigée : «Ils sont conclus à temps plein pour la durée légale du travail ou pour la durée collective inférieure applicable à l'organisme employeur. »
Par amendement n° 56, M. Franchis propose de remplacer les deuxième et troisième phrases du premier alinéa du I du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail par une phrase ainsi rédigée : « Ils sont conclus, soit pour la durée du travail habituellement pratiquée par l'organisme employeur, soit à temps partiel, à condition que la durée du travail soit au moins égale à un mi-temps. »
Par amendement n° 9, M. Souvet, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit les deuxième et troisième phrases du premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour le I de l'article L. 322-4-20 à insérer dans le code du travail : « Ils sont conclus pour la durée du travail habituellement pratiquée par l'organisme employeur. Ils peuvent être conclus à temps partiel, à condition que la durée du travail soit au moins égale à un mi-temps, et sur dérogation accordée par le représentant de l'Etat signataire de la convention, lorsque la nature de l'emploi ou le volume de l'activité ne permettent pas l'emploi d'un salarié à temps plein.»
Par amendement n° 29 rectifié, MM. Adnot, Darniche, Durand-Chastel, Grandon, Habert, Turk, Maman et Foy proposent, dans la troisième phrase du premier alinéa du I du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, de supprimer les mots : « sur dérogation accordée par le représentant de l'Etat signataire de la convention, lorsque la nature de l'emploi ou le volume de l'activité ne permettent pas l'emploi d'un salarié à temps plein ».
La parole est à M. Lefebvre, pour défendre l'amendement n° 130.
M. Pierre Lefebvre. Rien ne permettrait de distinguer un emploi établi dans le cadre du dispositif que nous examinons d'un contrat emploi-solidarité, sinon la durée du contrat, si le travail à temps partiel devait être la règle ; mais nous aurons l'occasion d'y revenir lors de l'examen de l'amendement suivant.
En dépit des assurances qui ont pu être données, notamment lors de l'examen de ce texte par l'Assemblée nationale, il me semble opportun de préciser que le principe qui doit prévaloir en matière d'emploi des jeunes est celui du temps plein.
En l'absence de l'affirmation de ce principe, nous aurions tôt fait de voir l'essentiel du dispositif aller à l'encontre des objectifs mêmes qui le justifient, à savoir offrir aux jeunes de notre pays un emploi stable pour une durée leur permettant de sortir des impasses dans lesquelles la crise les jette, souvent très durement.
A cette fin, nous souhaitons que soit introduite dans le texte la référence à un emploi à temps plein.
M. le président. La parole est à M. Franchis, pour présenter l'amendement n° 56.
M. Serge Franchis. Je suis surpris que ce projet de loi prévoie des dispositions plutôt restrictives à l'égard du travail à temps partiel. L'article L. 322-4-20 précise que de tels contrats pourront être conclus « sur dérogation accordée par le représentant de l'Etat signataire de la convention, lorsque la nature de l'emploi ou le volume de l'activité ne permettent pas l'emploi d'un salarié à temps plein, sous condition de durée minimale égale au mi-temps ».
L'objet de mon amendement est de faciliter, voire d'encourager les initiatives des collectivités territoriales ou des organismes employeurs qui souhaiteraient créer des postes de travail d'une durée de 32 ou 35 heures.
Même si les emplois-jeunes sont appelés à un large transfert vers le secteur marchand, les activités seront mises en place dans un premier temps par les collectivités territoriales et par le monde associatif, et ces emplois seront essentiellement financés par l'Etat.
Ces emplois pourraient donc préfigurer la durée du temps de travail que le Gouvernement souhaite généraliser, alors que vont s'ouvrir des négociations sur la réduction dudit temps de travail dans l'économie marchande, c'est-à-dire là où elle pose des problèmes aux entreprises.
Nous savons que certaines villes - Perpignan, par exemple - tentent de traiter ce problème pour la fonction publique territoriale, mais il est plus difficile de modifier ce qui existe que d'établir un pacte initial.
Le traitement économique du chômage est un tout ; l'un de ses volets ne peut entrer, à mon avis, dans une logique différente de celle des autres.
Voilà pourquoi je présente cet amendement, pensant que nous devons avoir une vue prospective sur le temps de travail à l'occasion de l'examen de ce projet de loi.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 9.
M. Louis Souvet, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel ; nous avons récrit de manière plus claire le texte du Gouvernement tout en en conservant l'esprit.
M. le président. La parole est à M. Adnot, pour défendre l'amendement n° 29 rectifié.
M. Philippe Adnot. Madame le ministre, je voudrais tout d'abord vous remercier des précisions que vous nous avez apportées hier soir sur les conditions dans lesquelles les collectivités pourraient passer des contrats de droit privé. C'était un préalable important à toute discussion.
Cet amendement est extrêmement simple : il rend possible le travail à mi-temps sans que cette formule soit dérogatoire. Il rejoint donc, d'une certaine façon, l'amendement qu'a présenté M. Franchis, mais les raisons qui m'ont conduit à le déposer sont quelque peu différentes.
Madame le ministre, il est extrêmement important que nous ne laissions aucun jeune sur le bord du chemin, comme il est extrêmement important que nous donnions à tous les jeunes la possibilité de s'insérer dans la vie active.
Or ce texte, d'abord, concerne un nombre limité de jeunes. En outre, il en installe certains dans une fausse sécurité mais en laisse d'autres au bord du chemin.
Il me semble que ce défaut peut être effacé en prévoyant, sans restriction, la possibilité du mi-temps. Bien entendu, il ne doit y avoir là aucune obligation : chaque collectivité, chaque association fera ce qu'elle jugera opportun. Il va de soi que certaines tâches pourront justifier un temps plein tandis que d'autres supposeront un temps partiel.
En tout cas, il ne faut surtout pas installer ces jeunes dans une fausse sécurité. Imaginons deux jeunes d'un même département.
L'un opte pour la formule qu'institue le présent texte : il a, pendant cinq ans, la garantie d'un emploi stable, sans aucune possibilité, une fois le contrat signé et une fois écoulée la période d'essai de deux mois - trois mois si l'amendement de M. Charasse est adopté - de le remettre en cause.
L'autre jeune choisit, lui, d'entrer, par exemple, dans une usine textile. Il va être payé au SMIC et il va certainement connaître d'autres cadences de travail. Mais, lui, il n'aura pas la garantie des cinq ans. Et si jamais le Gouvernement remet en cause des allégements de charges pour les faibles salaires, il risque fort de se retrouver en chômage technique ou même de voir son entreprise fermer.
Dès lors, quelle solution vont retenir les jeunes qui sont le mieux armés pour se défendre ? Ils vont choisir le contrat qui leur assure la sécurité pendant cinq ans. Aux autres restera la situation à risque !
Et que va-t-on constater au terme des cinq ans ?
D'abord, on aura dirigé la jeunesse qui a le plus de capacités vers une fausse solution de sécurité. En effet, à l'issue des cinq ans, aucune collectivité ne pourra reprendre la part de l'Etat : il suffit de calculer les augmentations d'impôts que cela entraînerait. De plus, le jeune n'aura acquis aucune expérience professionnelle valable pour l'avenir.
Eh bien, ces jeunes de trente ans qui auront peut-être fondé une famille, qui auront éventuellement un logement sur les bras, se retrouveront dans une situation infernale ! (Protestations sur les travées socialistes.)
M. Raymond Courrière. Vous préféreriez qu'ils restent chômeurs !
M. Philippe Adnot. Mes chers collègues, si, dans votre conseil général, vous voulez proposer des emplois à temps plein, faites-le ! Nous verrons ce qui se passera finalement ! Moi, je ne souhaite pas engager des jeunes dans une voie qui, à terme, risque de se révéler catastrophique pour eux. (Protestations sur les mêmes travées.)
Ce que je souhaite, comme Mme le ministre, c'est ne laisser aucun jeune sur le bord de la route, en élargissant le nombre des jeunes concernés sans qu'il en coûte un centime de plus pour l'Etat, pour les collectivités, pour les associations.
Mme Nicole Borvo. Qu'est-ce que vous proposez ?
M. Raymond Courrière. De les laisser au chômage pendant cinq ans !
M. Philippe Adnot. Ce que je souhaite, c'est que l'on offre une chance à un plus grand nombre de jeunes, que l'on encouragera ainsi, en ne les installant pas dans une fausse sécurité, à accéder plus vite à un vrai métier et à un véritable avenir.
M. Raymond Courrière. La sécurité par le chômage !
M. Philippe Adnot. Mes chers collègues, cet amendement peut paraître anodin, mais il présente une très grande importance au plan de la philosophie du texte et pour l'avenir des jeunes. Je vous demande donc de le voter. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. Raymond Courrière. Ils n'ont rien à dire !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 130, 56 et 29 rectifié ?
M. Louis Souvet, rapporteur. En ce qui concerne l'amendement n° 130, la commission s'en tient à sa position : créer des emplois-jeunes à temps partiel reste possible, mais de façon exceptionnelle. Elle a donc émis un avis défavorable.
S'agissant de l'amendement n° 56, il a semblé difficile à la commission de concilier la création d'activités nouvelles qui, par essence, sont le plus souvent expérimentales, avec une tentative de partage du temps de travail. Je souhaiterai, par conséquent que M. Franchis veuille bien retirer son amendement.
S'agissant de l'amendement n° 29 rectifié de M. Adnot, la commission a émis un avis défavorable pour les mêmes raisons. Qui plus est, si l'amendement n° 9 de la commission était adopté, il ne devrait plus avoir d'objet.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 130, 56, 9 et 29 rectifié ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. En ce qui concerne l'amendement n° 130, je répète que le Gouvernement souhaite que la quasi-totalité des emplois jeunes soient des emplois à temps complet. Comme l'a dit M. le rapporteur, nous voulons mettre en place des métiers nouveaux et donner aux jeunes non pas des emplois précaires, mais des emplois choisis et à temps plein.
Cependant, je continue à penser qu'il est nécessaire de prévoir, avec l'accord du préfet, des dérogations qui, encore une fois, ne concerneraient, par définition, que des effectifs limités.
Je pense notamment ici à certaines associations rurales, qui pourraient souhaiter employer des jeunes sans pouvoir les occuper à temps plein.
Je suis donc défavorable à cet amendement, tout en en comprenant l'esprit.
S'agissant de l'amendement n° 56, qui tend à autoriser la création d'emplois à temps partiel sans autorisation de dérogation ou accord particulier, le Gouvernement y est défavorable.
A propos de l'amendement n° 9, présenté par la commission, je dois avouer que je m'interroge sur sa signification exacte.
En effet, s'il s'agit de prévoir que les contrats de travail visés pourront être conclus à temps partiel à condition que deux critères soient remplis, à savoir que la durée de travail corresponde au moins à un mi-temps et qu'une dérogation soit demandée au représentant de l'Etat, le Gouvernement ne peut que s'en remettre à la sagesse de la Haute Assemblée.
En revanche, s'il s'agit d'autoriser que ces contrats puissent être conclus à temps partiel soit parce que la durée de travail sera supérieure à un mi-temps, soit parce qu'une dérogation aura été obtenue, je ne peux être d'accord.
Je pense donc que la rédaction de cet amendement comporte une ambiguïté, et c'est pourquoi je réserve ma position.
Enfin, le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 29 rectifié, pour les raisons que je viens d'exposer.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. J'indique à Mme le ministre que sa première interprétation est la bonne. S'il faut modifier la rédaction de notre amendement, nous le ferons, mais, à nos yeux, il n'y a pas d'ambiguïté.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 9 ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Dans ces conditions, le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat pour l'amendement n° 9.
M. le président. L'amendement n° 56 est-il maintenu, monsieur Franchis ?
M. Serge Franchis. Puisque je milite pour ramener la durée de travail hebdomadaire à trente-deux heures, je maintiens évidemment mon amendement, monsieur le président.
M. le président. Monsieur Adnot, quel sort réservez-vous à votre amendement n° 29 rectifié ?
M. Philippe Adnot. Je le maintiens, monsieur le président, car l'amendement n° 9 ne nous donne pas satisfaction.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 130, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 56.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Depuis des années, les jeunes vivent dans une grande précarité ; nous savons tous, nous qui suivons les travaux des commissions d'insertion, à quel point le CES, qui correspond à un « demi-SMIC », ne permet pas aux jeunes ou aux adultes concernés de vivre dans des conditions correctes.
Le projet de loi rompt avec la logique de précarité du CES, justement en ce qu'il offre aux jeunes une rémunération correspondant à un travail à temps complet. Je ne crois donc pas qu'il soit bon d'étendre la précarité non plus à 350 000 jeunes, mais, puisque l'on partage le « pactole », à 700 000 jeunes.
Il me paraît au contraire absolument nécessaire d'employer les jeunes concernés à temps plein et de réserver les dérogations à des cas extrêmement précis, par exemple aux petites associations ou aux communes rurales qui ne pourront pas employer des jeunes à temps complet, même en s'associant à plusieurs. La règle doit être de rompre avec la précarité et de donner à ces jeunes un salaire correspondant à un travail à temps plein.
En effet, nous avons tous relevé que les intéressés seraient souvent qualifiés et titulaires, sans doute, de diplômes de niveau bac + 2 ou bac + 3. De grâce, ne leur proposons pas des emplois à mi-temps, rémunérés à hauteur d'un demi-SMIC. Il existe pour cela d'autres dispositifs, à savoir les CES et les CEC, les contrats emploi consolidé, auxquels les collectivités locales, notamment, recourent largement. Ils relèvent d'une logique différente.
Il s'agit, par ce texte, de redonner aux jeunes une autonomie, restreinte certes, mais nettement affirmée. Nous ne voulons pas que cette ambition soit perdue de vue.
M. Serge Franchis. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Franchis.
M. Serge Franchis. Fixer à trente-deux heures la durée hebdomadaire du travail pour ces emplois pourrait n'avoir aucun effet sur le montant de la rémunération, puisqu'il suffit d'appliquer à la rémunération de base un coefficient de 1,1 ou de 1,2 pour assurer aux jeunes une rémunération équivalente à celle d'un travail à temps plein.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?..
Je mets aux voix l'amendement n° 56, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?..
Je mets aux voix l'amendement n° 9, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 29 rectifié n'a plus d'objet.
Par amendement n° 10, M. Souvet, au nom de la commission, propose de supprimer la dernière phrase du premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour le I de l'article L. 322-4-20, à insérer dans le code du travail.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je souhaiterais exposer en même temps l'amendement n° 11, puisque l'amendement n° 10 tend à supprimer une phrase qui est reprise dans celui-ci.
M. Louis Souvet, rapporteur. Il paraît difficile d'imposer un niveau de rémunération aux employeurs, alors qu'il s'agit d'activités expérimentales, dont la teneur exacte est encore inconnue. Cette intégration aux grilles de classification doit se faire spontanément, et au plus tard lors de la pérennisation de l'activité. L'adoption de l'amendement aurait donc pour conséquence indirecte d'inviter les partenaires sociaux à négocier les avenants nécessaires si l'activité n'est pas reconnue par la convention ou l'accord.
Pour ce qui concerne une éventuelle pérennisation de l'emploi dans la fonction publique territoriale, la question de la classification est résolue par la prise en compte du niveau du concours. Il n'est donc pas nécessaire d'y faire ici référence.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je comprends le souci qui anime M. le rapporteur. C'est en effet au moment où se posera la question de la pérennisation des métiers émergents que nous connaîtrons mieux le contenu de ceux-ci et que nous saurons s'ils peuvent être intégrés dans les grilles de classification. Aussi suis-je favorable à l'amendement n° 10.
L'amendement n° 11 est totalement lié au précédent.
Lorsqu'ils seront pérennisés, les contrats visés devront effectivement être intégrés dans les grilles de classification.
Je suis donc favorable à la rédaction proposée, sous réserve de la suppression des mots : « en application des dispositions de l'article L. 322-4-21 », lequel prévoit un transfert de l'activité au secteur privé par décision du CODEF, alors que ce sont les conditions du marché qui permettront le passage à la pérennisation.
M. le président. Je suis effectivement saisi d'un amendement n° 11, présenté par M. Souvet, au nom de la commission, et tendant à insérer, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour le I de l'article L. 322-4-20 à insérer dans le code du travail, un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsqu'ils sont pérennisés en application des dispositions de l'article L. 322-4-21, ces contrats sont intégrés dans les grilles de classification des conventions ou accords collectifs dont relève l'activité lorsque ces conventions ou accords existent. »
Vous pouvez poursuivre, monsieur le rapporteur.
M. le président. Monsieur le rapporteur, acceptez-vous de rectifier l'amendement n° 11 ainsi que vous le suggère Mme la ministre ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Oui, monsieur le président. J'en prends la responsabilité !
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 11 rectifié, présenté par M. Souvet, au nom de la commission, et tendant à insérer, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 1er pour le I de l'article L. 322-4-20 à insérer dans le code du travail, un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsqu'ils sont pérennisés, ces contrats sont intégrés dans les grilles de classification des conventions ou accords collectifs dont relève l'activité lorsque ces conventions ou accords existent. »
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 11 rectifié ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 11 rectifié, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 46, M. Trégouët propose de rédiger ainsi le deuxième alinéa du I du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail :
« Ils sont à durée déterminée. »
Par amendement n° 78, M. Joyandet propose de compléter in fine le deuxième alinéa du texte présenté par l'article 1er pour le I de l'article L. 322-4-20 du code du travail par une phrase ainsi rédigée : « Les personnes morales de droit privé à but lucratifdoivent, quant à elles, conclure des contrats à durée indéterminée. »
La parole est à M. Trégouët, pour présenter l'amendement n° 46.
M. René Trégouët. Par cet amendement, il s'agit de faire en sorte que les contrats conclus seront bien à durée déterminée.
En effet, la convention pluriannuelle étant établie pour une durée déterminée, nous pensons qu'il est préférable que les emplois qui se réfèrent à cette convention soient, eux aussi, à durée déterminée.
Le contrat à durée indéterminée concernant, à nos yeux, des emplois pérennes devant perdurer bien plus de cinq ans, il ne nous semble pas cohérent d'associer les termes « durée indéterminée » à des contrats dont la durée est limitée à cinq ans.
Par ailleurs, une lecture précise du texte permet de s'apercevoir que le paragraphe II de l'article L. 322-4-20 du code du travail ne traite que des contrats à durée déterminée mentionnés au paragraphe I. Cela signifie que ce texte ne concerne pas du tout les contrats à durée indéterminée. Il suffirait donc de signer un tel contrat pour annuler l'obligation de rendez-vous annuel et la possibilité d'une cessation du contrat pour cause réelle et sérieuse.
Je crains que cela ne pose une question d'équilibre global entre contrats à durée indéterminée et contrats à durée déterminée, et c'est pourquoi je propose de préciser simplement que tous les contrats emplois-jeunes seront à durée déterminée.
M. le président. La parole est à M. Joyandet, pour défendre l'amendement n° 78.
M. Alain Joyandet. Il s'agit d'un amendement de conséquence, qui fait suite à l'adoption, hier, du sous-amendement n° 75.
Je suggère qu'un contrat à durée indéterminée soit proposé aux jeunes qui souhaiteraient passer du secteur public au secteur privé, lorsqu'il s'agit pour eux d'exercer une activité nouvelle, de travailler au sein d'une société à but lucratif ou d'une entreprise personnelle.
Dans ce cas, l'entreprise devra faire face à des contraintes supplémentaires, en effet, la participation de l'Etat sera réduite jusqu'à la prise en charge complète du salaire par l'entreprise - nous en avons parlé hier - et celle-ci se trouvera dans l'obligation d'offrir au jeune un contrat à durée indéterminée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 46 et 78 ?
M. Louis Souvet, rapporteur. L'amendement n° 46 réduirait la liberté des employeurs, puisqu'il tend à préciser que les contrats sont à durée déterminée. Il jouerait donc contre l'emploi. Pourquoi priver un jeune d'un CDI s'il a la chance qu'on lui en propose un ? La commission émet donc un avis défavorable.
L'amendement n° 78 est la conséquence directe du sous-amendement n° 75 qui a été adopté par le Sénat cette nuit et qui ouvre le dispositif au secteur privé. Les emplois concernés ne pourront donc être que des CDI. Comme le dispositif a été adopté contre l'avis de la commission, celle-ci s'en remet, bien sûr, à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 46 et 78 ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces deux amendements.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 46.
M. René Trégouët. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Trégouët.
M. René Trégouët. La commission considère - et je la comprends - que la suppression des mots « à durée indéterminée ou » n'est pas cohérente avec l'ensemble de sa démarche. Aussi, je retire mon amendement. Je tenais à attirer l'attention de notre assemblée sur ce qui me semblait constituer une contradiction avec le paragraphe II du texte proposé pour l'article L. 322-4-20.
M. le président. L'amendement n° 46 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 78, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 93, M. Eckenspieller et les membres du groupe du RPR proposent d'insérer, après le deuxième alinéa du paragraphe I du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 à insérer dans le code du travail, un alinéa ainsi rédigé :
« Les collectivités territoriales et les autres personnes morales de droit public ont la possibilité d'affilier à l'assurance-chômage, dans les conditions du régime commun, les salariés engagés au titre de la présente loi. »
La parole est à M. Eckenspieller.
M. Daniel Eckenspieller. Hier soir, madame la ministre, à l'occasion de l'examen d'un autre amendement, vous avez répondu partiellement à la préoccupation qui sous-tend mon intervention, mais qui, en l'état actuel des choses, demeure.
Le présent amendement a pour objet de protéger les collectivités territoriales et les établissements publics contre le risque financier que représente pour eux l'obligation d'indemniser leurs salariés non titulaires ou stagiaires en cas de perte d'emploi.
Les collectivités territoriales ne peuvent s'affilier à l'UNEDIC que si elles le font pour l'ensemble de leurs agents contractuels, auxiliaires ou vacataires. Elles sont très peu nombreuses à l'avoir fait.
Pour les contrats emploi-solidarité, elles ont pu, à titre dérogatoire, s'assurer contre ce risque, à un taux différent de celui du régime commun.
Il aura fallu une négociation difficile, s'étendant sur plusieurs mois, pour élargir ce régime dérogatoire aux emplois de ville, et des difficultés de même nature sont apparues quand les collectivités territoriales ont eu accès à l'apprentissage.
Plus grave encore, l'indemnité pour perte d'emploi est également due par l'employeur public quand bien même le salarié aurait exercé dans l'intervalle une activité auprès d'un employeur tiers affilié à l'UNEDIC - ce qui est notre objectif - dès lors que la durée de l'emploi public a été supérieure à celle de l'emploi privé.
Du fait même de leur nature, les contrats emploi-jeunes font inévitablement peser, et d'une manière particulièrement lourde, un risque financier sur les collectivités locales, du fait de cette obligation liée à la perte d'emploi.
Je rappelle que l'indemnisation est après quatre mois d'emploi de 18 000 francs, après six mois de 30 000 francs, après un an de 55 000 francs et après cinq ans de 110 000 francs.
Il me paraît irresponsable d'inciter les collectivités territoriales et les établissements publics à entrer dans le dispositif avant que ce problème ne soit réglé sans aucune équivoque possible, comme il l'a été pour les CES, pour les emplois de ville et pour les apprentis.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Monsieur Eckenspieller, comme la commission l'a déjà remarqué ce matin, la formulation « dans les conditions du régime commun » n'est pas envisageable car, en l'occurrence, il ne s'agit pas véritablement de ce régime.
Votre amendement pose un véritable problème. Pour que les personnes morales de droit public, et d'abord les collectivités locales, embauchent des jeunes, il faut, à l'évidence, qu'elles soient certaines de ne pas avoir à payer d'éventuelles allocations de chômage à l'issue du contrat.
Elles doivent donc s'affilier à l'assurance-chômage. Or, elles ne peuvent s'assurer que si elles le font pour l'ensemble de leurs agents contractuels, ce qui, vous en conviendrez, est d'autant plus coûteux et inutile que le risque est quasiment nul.
Il existe heureusement des exceptions. Les collectivités locales peuvent s'affilier uniquement pour leurs CES, leurs emplois consolidés, leurs emplois de ville ou leurs apprentis, dans le cadre d'un dispostif qui ne relève pas du droit commun et qui a été négocié par les partenaires sociaux.
Il faudrait qu'un tel dispositif s'applique aux emplois-jeunes. Je crois qu'un accord est en vue pour les collectivités locales. Peut-être Mme la ministre nous le confirmera-t-elle.
Reste la question des autres personnes de droit public et je me tourne là vers le Gouvernement.
Néanmoins, cet amendement pose problème car, je l'ai dit, il fait référence au droit commun, ce qui ne sera généralement pas le cas.
Dans ces conditions, la commission souhaite vous entendre, madame la ministre, avant de se prononcer.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je voudrais apporter tous apaisements à M. Eckenspieller, qui pose une vraie question : les collectivités territoriales et les autres personnes morales de droit public se trouveront-elles dans la nécessité, en cas de rupture de contrat, de payer des allocations de chômage ?
Je voudrais d'abord rappeler que les collectivités territoriales ont déjà la possibilité de s'affilier à l'UNEDIC pour certains contrats ou de s'assurer sous une autre forme, ou bien encore, nous l'avons dit tout à l'heure, de payer les sommes qui sont dues. Nous venons de conclure une négociation avec l'UNEDIC, qui nous a donné un accord verbal dont nous attendons la confirmation écrite, pour que les emplois-jeunes fassent partie des exceptions permettant aux collectivités locales de s'affilier directement à l'UNEDIC. Le principe est déjà prévu pour les collectivités territoriales ; il est donc inutile de le réaffirmer.
L'UNEDIC serait favorable à l'existence d'une telle assurance ; dès lors, il n'y aurait plus de difficulté pour les collectivités locales. En revanche, il restait une difficulté pour les établissements publics administratifs de l'Etat, qui, aujourd'hui, n'ont pas la faculté d'adhérer à l'UNEDIC. Aussi le Gouvernement a-t-il déposé un amendement n° 148 - nous l'examinerons dans la suite de la discussion -, qui permettra de répondre aux questions posées à juste titre par M. Eckenspieller.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission des affaires sociales. Je vous remercie de vos propos, madame la ministre. En effet, ce problème d'assurance-chômage a bloqué beaucoup de recrutements et a gêné nombre de collectivités territoriales.
A la suite de la loi de 1995 et des négociations qui ont eu lieu, les collectivités qui embauchent sous contrat d'apprentissage, sous contrat emploi-solidarité ou sous contrat emploi consolidé, ou encore pour des emplois de ville, peuvent s'assurer auprès de l'UNEDIC.
Aussi est-il logique que ceux qui vont prendre à leur compte une partie de la rémunération des nouveaux emplois-jeunes puissent mettre ces emplois dans la même catégorie. M. Eckenspieller a donc satisfaction et, de ce point de vue, les choses sont claires.
Toutefois - vous me permettrez de le dire avec le maximum de formes et de courtoisie, madame la ministre - si, dans le même texte, on n'avait pas mélangé les problèmes de recrutement d'agents administratifs supplétifs et les problèmes de recrutement de jeunes pour des métiers nouveaux, on ne se heurterait pas à toutes ces difficultés. D'où le travail qu'a essayé de faire la commission, suivie par un certain nombre de nos collègues, qui parfois veulent aller un peu plus loin, je pense à certains amendements adoptés cette nuit.
Il s'agit de prévoir, d'une part, un régime pour des jeunes qui vont essayer de trouver des emplois émergents vers des métiers nouveaux, et qui pourront être transférés au secteur marchand dès lors qu'ils seront solvabilisés. Il s'agit de prévoir, d'autre part, un régime pour des emplois administratifs supplétifs que nous examinerons lors de la discussion de l'article 2 - et c'est pourquoi nous proposerons un article additionnel avant l'article 2 bis.
Il faut absolument garder une ligne de clivage très nette, qui est, madame la ministre, notre contribution à votre texte, même si elle n'a pas recueilli pleinement votre accord.
En résumé, les emplois-jeunes ressortissant à l'article 1er sont des emplois de droit privé, avec affiliation à l'UNEDIC et application des règles du code du travail. Quant aux emplois de supplétifs administratifs - permettez-moi de les appeler ainsi - il s'agit de contrats de droit public, qui sont financés à 100 % par l'Etat et qui ne sont pas justiciables de l'ensemble des dispositions que nous examinons à l'heure actuelle.
Cette séparation très claire entre ces deux catégories d'emplois évitera de conduire les jeunes vers une impasse. Elle permettra aux collectivités locales, en liaison avec le milieu associatif, les entreprises artisanales - il s'agit là de l'apport de MM. Joyandet et Trégouët - et les autres entreprises, de pouvoir diriger un certain nombre de jeunes vers des emplois qui, demain, seront solvabilisés et pérennisés.
C'est une ligne de clivage absolu, sur laquelle nous ne devons pas transiger.
Par conséquent, madame la ministre, s'il est clair que les emplois-jeunes visés à l'article 1er sont des emplois de droit privé avec affiliation à l'UNEDIC, M. Eckenspieller retirera son amendement.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Avec le même ton courtois que M. le président Fourcade, je dirai que c'est bien parce que le Gouvernement pense, en effet, qu'il s'agit d'emplois pérennes qui devront se situer dans le secteur marchand que nous avons prévu cette affiliation à l'UNEDIC et la prise en charge à 80 % par l'Etat du coût qui en résulte.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Dont acte !
M. le président. Monsieur Eckenspieller, l'amendement n° 93 est-il maintenu ?
M. Daniel Eckenspieller. Puisque la décision relève d'une négociation, il faut attendre que celle-ci aboutisse.
Je souhaitais simplement que l'on soit extrêmement vigilant, et donc que l'on n'incite pas les collectivités locales à entrer dans le dispositif avant que toutes assurances aient été données à ce sujet.
Cela étant dit, je retire mon amendement.
M. le président. L'amendement n° 93 est retiré.
Par amendement n° 112, MM. Jourdain, Gournac et les membres du groupe du RPR proposent d'insérer, après le deuxième alinéa du paragraphe I du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 à insérer dans le code du travail, un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsqu'ils sont conclus à temps partiel, ces contrats peuvent être cumulés avec un autre contrat à temps partiel de droit privé, la durée totale du temps de travail ne pouvant pas excéder la durée légale du temps de travail. »
La parole est à M. Jourdain.
M. André Jourdain. Madame le ministre, les contrats que vous proposez aux jeunes relèvent du droit privé. S'il s'agissait de contrats de droit privé classiques, je n'aurais pas déposé cet amendement. Mais il s'agit d'un nouveau type de contrats.
Cet amendement vise à permettre aux bénéficiaires de ces contrats d'exercer une autre activité lorsqu'ils ne sont pas employés à plein temps soit dans le secteur public, soit dans le secteur privé.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Pour la commission, cela semble aller de soi, mais il est peut-être opportun de le dire.
Cette situation sera, bien sûr, exceptionnelle.
Dans ces conditions, la commission émet un avis favorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Cela va de soi, bien sûr, puisque le code du travail dans son ensemble s'applique à ces contrats et qu'il permet aujourd'hui le cumul de deux emplois salariés, dans la limite de la durée maximale hebdomadaire de travail.
Personnellement, je préférerais que vous retiriez cet amendement, monsieur Jourdain, sinon j'émettrai un avis défavorable. Il serait tout à fait dommageable pour la simplicité du texte de recopier le code du travail. Nous pourrions d'ailleurs inclure bien d'autres dispositions tout aussi essentielles.
La disposition que vous proposez figure déjà dans le code du travail et s'appliquera à ces contrats.
M. le président. Monsieur Jourdain, l'amendement n° 112 est-il maintenu ?
M. André Jourdain. Compte tenu des assurances que vient de me donner Mme le ministre, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 112 est retiré.
Par amendement n° 131, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent, après le deuxième alinéa du paragraphe I du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, d'insérer un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« Les rémunérations doivent tenir compte, dans le privé, des grilles de classification des conventions collectives ou accords d'entreprises et, dans le secteur public et la fonction publique, des grilles de classification et de rémunération. »
La parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade. Cet amendement vise à rendre plus lisible la rédaction de l'article L. 322-4-20, notamment s'agissant de la rémunération dont pourront bénéficier les jeunes.
En effet, le texte dispose que les contrats de travail « doivent figurer dans les grilles de classification des conventions collectives nationales, de la fonction publique ou accords d'entreprises lorsqu'ils existent. »
Cette rédaction n'est pas très claire et n'évoque pas la question de la rémunération desdits contrats.
C'est pourquoi nous proposons d'insérer un alinéa additionnel valable pour les contrats mais aussi pour les rémunérations, prévoyant que celles-ci « doivent tenir compte, dans le privé, des grilles de classification des conventions collectives ou accords d'entreprises et, dans le secteur public et la fonction publique, des grilles de classification et de rémunération. »
Tel est le sens de cet amendement que je vous invite à bien vouloir adopter.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission considère que cet amendement est incompatible avec son amendement n° 11, qui aborde la question des grilles de classification des conventions collectives.
Elle est donc d'accord avec vous sur le principe, mais elle prévoit cette disposition au moment de la pérennisation.
Par conséquent, elle émet un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est d'accord sur le fond avec cet amendement puisque, je le répète, les règles du code du travail s'appliquent : les rémunérations correspondront aux grilles de classification existantes.
Néanmoins, je préférerais que cette mention ne figure pas dans le projet de loi. Je m'en remets donc sur ce point à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 131, repoussé par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements, présentés par M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade, qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Le premier, n° 132, tend, après le deuxième alinéa du paragraphe I du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, à insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Le contrat de travail prévoit une formation sur le temps de travail permettant l'accès à des qualifications ou des diplômes reconnus ainsi qu'aux concours de recrutement de la fonction publique. »
Le second, n° 133, vise, après le deuxième alinéa du paragraphe I du texte proposé par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, à insérer un alinéa ainsi rédigé :
« Les contrats désignés à l'alinéa premier pourront prévoir une formation sur le temps de travail préparant aux concours de recrutement de la fonction publique. »
La parole est à M. Lefebvre, pour défendre l'amendement n° 132.
M. Pierre Lefebvre. Le niveau du baccalauréat et même du DEUG sera exigé pour un certain nombre d'emplois-jeunes.
Il y a lieu, à notre sens, dans ce cadre-là mais aussi pour les jeunes ne disposant d'aucune formation, de prévoir des formations complémentaires, en particulier pour pouvoir accéder aux concours de la fonction publique, la spécificité de certaines missions du secteur public ou parapublic exigeant - nous le savons tous - une formation complémentaire.
C'est ce que préconise l'amendement n° 132. La formation est en effet le gage de la pérennisation et de l'installation des jeunes dans un emploi stable, autant d'objectifs que nous souhaitons atteindre au plus vite.
C'est pourquoi je vous invite, mes chers collègues, à adopter cet amendement, qui vise au développement de l'emploi durable.
M. le président. La parole est à Mme Borvo, pour défendre l'amendement n° 133.
Mme Nicole Borvo. L'amendement n° 133 vise avant tout les jeunes qui sont embauchés, dans le cadre du dispositif prévu par le texte, par un employeur public et dont l'activité pourrait être pérennisée au sein de la fonction publique. Il s'agit là avant tout de la fonction publique territoriale.
Cet amendement, dans la logique du précédent, tend à insérer un nouvel alinéa dans l'article L. 322-4-20 afin de préciser que les jeunes concernés pourront bénéficier, sur leur temps de travail, d'une formation leur permettant de préparer les concours de recrutement de la fonction publique.
En effet, nous sommes attachés, d'une part, à ce que le mode d'intégration aux emplois de cadre de la fonction publique soit le concours et, d'autre part, à ce que les jeunes aient les meilleures conditions pour réussir ces concours.
Plus généralement, nous souhaitons que les jeunes dont l'employeur sera une collectivité locale ou l'Etat puissent bénéficier des mêmes droits que l'ensemble des agents contractuels qu'ils côtoieront dans leur activité, en particulier de l'ouverture de la préparation aux concours.
C'est pourquoi nous vous demandons, mes chers collègues, d'adopter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 132 et 133 ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Nous sommes d'accord, c'est évident, sur le principe d'une éventuelle formation. Cependant, le code du travail s'applique et, à l'intérieur de ce code, des dispositions spécifiques ont été adoptées dans le cadre de l'article L. 322-4-18. Par conséquent, les dispositifs proposés nous semblent redondants.
La commission a donc émis un avis défavorable sur les amendements n°s 132 et 133.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est défavorable à ces deux amendements.
S'agissant de l'amendement n° 132, je répète que la formation sera très souvent souhaitable mais pas toujours nécessaire, notamment dans le cas de l'embauche d'un jeune diplômé pour un emploi correspondant effectivement à sa qualification. Je rappelle que le cahier des charges, aux termes d'un amendement que vous avez adopté hier, doit prévoir les modalités de formation lorsqu'elle se révèlera nécessaire ; il en va de même pour la convention passée avec l'organisme.
Je ne peux pas être favorable à l'instauration d'une formation qui soit systématique, même si je reconnais que, pour les jeunes non qualifiés, elle le sera très certainement.
En ce qui concerne l'amendement n° 133, il n'entre pas dans les dispositions d'un contrat de travail de prévoir des formations préparant aux concours de recrutement de la fonction publique. J'allais presque ajouter que ce texte est un peu restrictif au regard des finalités de la formation, car, finalement, peu de jeunes entreront dans la fonction publique.
Peut-être paraîtra-t-il nécessaire d'envisager des formations correspondant à certains métiers de la fonction publique ? Nous aurons l'occasion d'en parler au fur et à mesure des bilans que nous réaliserons -. Mais la grande majorité des jeunes évolueront professionnellement vers le secteur marchand où il y aura aussi des formations à leur apporter.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 132, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 133, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 47, M. Trégouët propose de compléter le I du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail par six alinéas ainsi rédigés :
« A tout moment, et tout au long du délai fixé par la convention pluriannuelle, l'organisme employeur, qu'il soit privé ou public, peut transformer le contrat à durée déterminée en contrat à durée indéterminée.
« Si le contrat à durée déterminée d'un salarié engagé dans le cadre d'une convention pluriannuelle prévue par la présente loi est transformé en contrat à durée indéterminée, l'aide forfaitaire dont le montant est fixé par décret pour chaque poste de travail créé est versée dans son intégralité et jusqu'au terme de la convention à l'organisme employeur, si par ailleurs cet organisme emploie directement encore au moins cinq salariés engagés dans le cadre d'une convention pluriannuelle telle que prévue à l'article L. 322-4-18 du code du travail.
« Si l'organisme employeur emploie moins de cinq salariés engagés dans le cadre d'une convention pluriannuelle prévue à l'article L. 322-4-18 du code du travail, le cinquième de l'aide forfaitaire par salarié sera versé à l'organisme employeur.
« L'aide forfaitaire ainsi versée à un organisme employeur après la transformation d'un contrat à durée déterminée en contrat à durée indéterminée devra exclusivement être réservée à la formation des autres salariés employés par cet organisme et engagés dans le cadre d'une convention pluriannuelle prévue à l'article L. 322-4-18 du code du travail.
« Si l'organisme employeur est une personne morale de droit privé à but lucratif qui met, sans bénéfices, des salariés à disposition des personnes morales de droit public, l'organisme employeur privé doit répartir au prorata la formation de l'ensemble des salariés concernés, qu'ils travaillent pour un organisme privé ou un organisme public.
« Un organisme employeur, qu'il soit privé ou public, qui transforme un contrat à durée déterminée en contrat à durée indéterminée doit remplacer immédiatement le salarié dont l'emploi est devenu pérenne par un autre salarié, et ce dans les mêmes conditions, quant au délai et autres obligations, que celles prévues dans la convention pluriannuelle d'origine. Ce nouvel engagement doit faire l'objet d'un avenant à la convention d'origine et oblige l'Etat à verser à l'organisme employeur une aide forfaitaire supplémentaire dont le montant est fixé par décret. Cette aide forfaitaire supplémentaire arrivera à terme à la même date que celle prévue dans la convention pluriannuelle d'origine. »
La parole est à M. Trégouët.
M. René Trégouët. Cet amendement visait à mettre en place un dispositif très incitatif pour trouver des financements à la formation des jeunes en contrat d'emploi-formation à partir du moment où un jeune passait, dans un organisme, d'un contrat à durée déterminée à un contrat à durée indéterminée.
Néanmoins, comme j'ai retiré tout à l'heure mon amendement n° 46, le Gouvernement et la commission n'ayant peut-être pas - c'est mon avis du moins - pris toute la mesure de la démarche que je voulais mettre en place entre le contrat à durée déterminée et le contrat à durée indéterminée et donc du dispositif prévu pour la formation, qui aurait pu être puissant puisqu'il aurait permis de trouver des crédits de formation en maintenant le versement de l'aide par l'Etat pour aider à la formation de ces jeunes, il me paraît préférable de retirer l'amendement n° 47.
M. le président. L'amendement n° 47 est retiré.
Par amendement n° 48, M. Trégouët propose, après le premier alinéa du II du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, d'insérer un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« Ils portent la mention : le présent contrat de travail est lié au versement de l'aide forfaitaire de l'Etat. Si celle-ci venait à diminuer ou à disparaître avant le terme du contrat, celui-ci pourrait être interrompu, sans le versement des indemnités légales ou conventionnelles, par l'employeur. »
La parole est à M. Trégouët.
M. René Trégouët. Je retire également cet amendement. En effet, hier soir, le Sénat a adopté un amendement tendant à inscrire dans la loi que l'aide versée par l'Etat est bien égale à 80 % du SMIC « chargé ». Il n'est donc plus nécessaire maintenant de prévoir que cette aide pourrait disparaître ou diminuer.
M. le président. L'amendement n° 48 est retiré.
Je suis maintenant saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 73, Mme Dusseau propose de rédiger comme suit le deuxième alinéa du II du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail.
« Ils comportent une période d'essai de trois mois. »
Par amendement n° 90, M. Delevoye propose, dans le deuxième alinéa du II du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, de remplacer les mots : « d'un mois renouvelable une fois » par les mots : « de trois mois ».
Je précise que l'objet de ces amendements est identique.
La parole est à Mme Dusseau, pour défendre l'amendement n° 73.
Mme Joëlle Dusseau. L'amendement n° 73 vise à prévoir une période d'essai de trois mois.
Nous avons eu, ce matin, une discussion à ce propos en commission. J'ai bien écouté les arguments de M. Souvet, et je tiens à rappeler pour quelles raisons je souhaite inscrire cette période d'essai de trois mois dans le texte de loi.
Pour un certain nombre de métiers émergents qui, par nature, n'ont pas de pratique passée, il est bon, tant pour le jeune que pour l'association ou la collectivité employeur, d'opérer un test sur une période longue. C'est pourquoi une durée de trois mois me semblait nécessaire.
Cela dit, je reconnais la pertinence de l'argument avancé ce matin par M. le rapporteur en commission : l'Assemblée nationale a en effet retenu une période d'essai d'un mois renouvelable - en fait deux mois - qui permet de dresser une espèce de bilan transitoire.
Mais enfin, a priori, il me paraît préférable, s'agissant d'un certain nombre de métiers émergents pour lesquels une expérimentation est nécessaire tant pour l'employeur que pour l'employé, de prévoir une période d'essai de trois mois.
M. le président. L'amendement n° 90 est-il soutenu ?...
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 73 ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Je suis heureux et honoré de constater que Mme Dusseau, qui jouait les censeurs au début de cette séance, se rapproche maintenant de l'avis de la commission. Je l'en remercie.
La commission a émis un avis défavorable sur l'amendement n° 73.
En effet, que la durée du préavis soit allongée ou raccourcie, la procédure prévue par le projet de loi - un mois renouvelable - a le mérite d'attirer l'attention du salarié sur un éventuel problème. C'est un peu un signal d'alarme : au bout d'un mois, on fait le point et il reste encore un mois pour redresser les choses s'il y a matière à cela. Une période d'essai de trois mois sans aucun bilan en cours de route me paraît tout à fait anormale et beaucoup trop longue. La prolongation de la période d'essai agit donc comme un signal dont le salarié pourra tenir compte.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement partage l'avis que vient d'exprimer M. le rapporteur, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 73 est-il maintenu, madame Dusseau ?
Mme Joëlle Dusseau. A la réflexion, l'avis exprimé tant par M. le rapporteur que par Mme le ministre me paraît tout à fait pertinent. Je reconnais que la discussion de ce matin m'a fait réfléchir, et je retire donc mon amendement. (Très bien ! sur les travées du RPR.)
M. le président. L'amendement n° 73 est retiré.
Par amendement n° 49, M. Trégouët propose d'insérer, après le deuxième alinéa du II du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, deux alinéas additionnels ainsi rédigés :
« Moyennant le respect d'un préavis d'un mois, tout salarié bénéficiant d'un contrat à durée déterminée ou indéterminée dans le cadre de la présente loi peut démissionner sans avoir à en apporter la justification à son employeur.
« Dans cette hypothèse, comme dans tout autre cas de force majeure, l'aide forfaitaire versée par l'Etat à l'organisme employeur en application des dispositions de l'article L. 322-4-19 du code du travail sera liquidée suivant la règle du pro rata temporis . »
La parole est à M. Trégouët.
M. René Trégouët. Lors du dépôt de mon amendement, je n'avais pas connaissance du paragraphe III introduit par l'Assemblée nationale dans le texte proposé pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, qui prévoit que, en cas d'embauche à l'issue d'une période d'essai, les contrats précités sont rompus sans préavis.
Mon amendement n° 49 n'a donc plus d'objet. Il en est d'ailleurs de même de l'amendement n° 50, qui devait venir ultérieurement en discussion.
Par conséquent, je retire l'amendement n° 49.
M. le président. L'amendement n° 49 est retiré.
Par amendement n° 135, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent, à la fin du troisième alinéa du paragraphe II du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, de remplacer les mots : « s'il justifie d'une cause réelle et sérieuse » par les mots : « en cas de faute grave et de force majeure ».
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Cet amendement vise à substituer, comme motif d'interruption du contrat de travail par l'employeur, la notion de faute grave et de force majeure à la notion de cause réelle et sérieuse.
Je rappelle que la cause « réelle et sérieuse » est la condition nécessaire pour justifier le licenciement d'un salarié bénéficiant d'un contrat de travail à durée indéterminée.
Jusqu'à présent, dans le cas d'un contrat à durée déterminée, seul le motif de faute grave ou de force majeure pouvait justifier le licenciement avant terme du salarié.
Est-il vraiment opportun de créer un contrat à durée déterminée avec les règles de licenciement du contrat à durée indéterminée, surtout lorsqu'on constate à quel point le CNPF fait pression pour imposer ses « contrats d'activité » ?
Cet amendement n'a d'autre ambition que d'attirer l'attention sur ces dangers.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Cet amendement rend très difficile - je l'ai dit ce matin à notre collègueM. Fischer - la rupture annuelle du contrat telle que l'a prévue le Gouvernement, car il faudra qu'il y ait force majeure. Or, le fait que l'activité ne marche pas ne constitue pas un cas de force majeure, et l'employeur devra garder le salarié. C'est contraire à l'idée de pépinière d'activités et cela ira, à mon avis, à l'encontre du développement de l'emploi.
C'est la raison pour laquelle la commission a émis un avis défavorable sur l'amendement n° 135.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Avis défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 135, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 136, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent de supprimer la deuxième phrase du cinquième alinéa du paragraphe II du texte présenté par l'article Ier pour l'article L. 322-4-20 du code du travail.
La parole est à M. Lefebvre.
M. Pierre Lefebvre. La reconnaissance des qualifications nous semble essentielle à la mise en place du dispositif emplois-jeunes.
Dans le même temps, nous savons que cette reconnaissance n'ira pas sans poser divers problèmes, en particulier dans la fonction publique territoriale, où, du fait de l'insuffisance des grilles indiciaires, un certain nombre d'agents voient peu ou mal reconnue leur qualification.
Pour autant, la participation des jeunes, notamment dans la durée, ne se réalisera pleinement qu'à la condition expresse que soient reconnues les qualifications acquises initialement.
Il faut avoir à l'esprit la durée du contrat de cinq années. Cette durée positive pour agir contre la précarité de l'emploi pourrait se révéler à l'inverse extrêmement négative, faute d'une reconnaissance réelle des qualifications.
C'est pourquoi la rédaction de l'amendement n° 136 - « dans tous les cas, leur qualification doit être prise en compte pour l'établissement de leur rémunération » - nous semble plus conforme à l'objectif poursuivi que celle qui figure dans le texte.
Que l'on soit en l'espèce dans le secteur associatif ou dans le secteur public, la règle doit être la reconnaissance salariale des qualifications, garante d'une implication réelle des jeunes mais aussi des organismes employeurs.
Tel est l'objet de cet amendement que nous demandons au Sénat de bien vouloir adopter.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Les activités visées étant nouvelles, elles sont par essence fragiles. Il serait donc souhaitable de ne pas trop charger la barque !
La suppression proposée tendrait à alourdir l'indemnité de précarité à la charge de l'employeur, ce qui peut risquer de freiner les embauches.
C'est pourquoi la commission a émis un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement partage l'avis de la commission. On pourrait même se demander s'il faut maintenir une indemnité de précarité en cas de rupture d'un contrat de cinq ans : ce type d'emplois n'est plus aujourd'hui précaire, malheureusement !
Nous avons souhaité maintenir ce dispositif surtout si le contrat est rompu avant terme. Il est souhaitable de le plafonner à dix-huit mois, soit, actuellement, la durée la plus longue des contrats à durée déterminée.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 136, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 85, M. Vasselle propose :
I. - Après le cinquième alinéa du texte présenté par l'article Ier pour le II de l'article L. 322-4-20 à insérer dans le code du travail, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« En cas de rupture du contrat dans les conditions prévues à l'alinéa précédent, l'Etat peut prendre à sa charge cette indemnité à hauteur de l'aide forfaitaire versée à l'organisme employeur telle que prévue à l'article L. 322-4-19. »
II. - De compléter in fine cet article par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... La perte de recettes résultant pour l'Etat de la prise en charge de l'indemnité de licenciement d'une personne disposant d'un emploi-jeune prévue au I ci-dessus est compensée à due concurrence par un relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts et par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés à l'article 403 du code général des impôts. »
III. - En conséquence, de faire précéder le début de cet article de la mention : « I ».
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet amendement vise l'éventuelle indemnité de licenciement des jeunes concernés : nous souhaitons qu'elle puisse être prise en charge par l'Etat lorsque le cas se présentera. Ainsi, la boucle sera bouclée !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Il s'agit d'une question que nous avions déjà posée à Mme le ministre en son temps.
Effectivement, l'Etat a sa part de responsabilité en cas d'échec du dispositif, puisque le préfet choisit l'activité.
La commission émet donc un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je reprends le même argumentaire que M. le rapporteur, mais j'en conclus qu'il faut donner un avis défavorable à l'amendement. (Sourires.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 85, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 137, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar et Mme Terrade proposent de rédiger ainsi le début du sixième alinéa du paragraphe II du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail :
« Dans le cas où le salarié prendrait l'initiative de la rupture avant terme d'un contrat à durée déterminée... »
La parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade. Par notre amendement n° 137, nous proposons, dans l'article L. 322-4-20 du code du travail, de réécrire le début du sixième alinéa du paragraphe II.
Je rappelle que cet alinéa, inséré par nos collègues de l'Assemblée nationale, prévoit qu'en cas de rupture avant terme d'un contrat emplois-jeunes à durée déterminée les employeurs peuvent conclure, pour le même poste, un nouveau contrat à durée déterminée dont la durée sera égale à la durée du versement de l'aide de l'Etat restant à courir pour le poste considéré.
Nous proposons que l'aide ne soit maintenue jusqu'au bout que dans le cas où la rupture serait le fait du salarié, notamment à la suite de l'embauche du jeune dans un autre emploi, ainsi que cela est prévu dans le paragraphe III du présent article.
Cette disposition serait, en outre, assez dissuasive, puisque l'employeur se verrait privé d'aide en cas de licenciement. Cela constituerait une sécurité supplémentaire pour les jeunes.
C'est pourquoi je vous demande, mes chers collègues, d'approuver cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Si l'employeur a provoqué la rupture du contrat pour une cause réelle et sérieuse inhérente au salarié - imaginons l'insuffisance professionnelle, par exemple - il doit pouvoir le remplacer.
Dans ces conditions, la commission donne un avis défavorable à l'amendement n° 137.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Même avis, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 137, repoussé par la commission et le gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 79, M. Joyandet propose, après le texte présenté par l'article 1er pour le II de l'article L. 322-4-20 du code du travail, d'ajouter un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Les contrats de travail à durée indéterminée mentionnés au I comportent une période d'essai d'un mois, renouvelable une fois. »
La parole est à M. Joyandet. M. Alain Joyandet. Cet amendement me semble être devenu sans objet puisque l'amendement n° 78 n'a pas été adopté.
Cependant, je profite de l'occasion qui m'est offerte pour dire une nouvelle fois que je comprends de moins en moins, au fur et à mesure que nous avançons dans le débat, la position de Mme le ministre. Elle ne cesse de nous répéter que l'ensemble de ce dispositif est organisé pour que, à terme, ces emplois, qui dépendent dans un premier temps du service public ou parapublic, s'orientent en définitive vers le secteur marchand. Comment exercer des emplois dans le secteur marchand ailleurs que dans des sociétés de droit privé ?
Hier soir, madame le ministre, sur le sous-amendement n° 75 - et tout à l'heure encore sur l'amendement n° 78 - vous avez émis un avis défavorable. Mais je ne comprends toujours pas, s'agissant de jeunes qui seront appelés non pas dans des entreprises existantes et sur des métiers existants mais sur des métiers et des services nouveaux, comment ces emplois vont pouvoir passer progressivement du secteur public au secteur marchand. Je ne parle pas ici des 350 000 emplois dont il sera question plus tard, mais de ces nouveaux emplois !
Je vous pose donc à nouveau la question que je vous ai posée hier soir : si deux jeunes viennent nous trouver dans nos collectivités avec un projet astucieux qu'ils voudraient exploiter non pas dans le secteur public mais tout simplement en créant leur propre entreprise, ne pourrait-on pas imaginer, dans le cadre d'un dispositif élargi, qu'il soit possible de répondre à leur demande ?
Plus nous avançons dans les débats, plus il m'apparaît qu'il y a là quelque chose d'incohérent. Je souhaiterais donc vous entendre à nouveau sur cette question, madame le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Monsieur le sénateur, nous ne devons pas confondre la solvabilisation des activités et le passage dans le secteur privé !
La solvabilisation de ces emplois peut se faire sous des formes diverses. Par exemple, une association qui vend ses services à des usagers - à juste raison, M. Fourcade a dit à plusieurs reprises qu'il fallait bien que l'on s'habitue, dans ce pays, à acheter, à financer un certain nombre de services - fait partie du secteur marchand. Elle va donc solvabiliser, effectivement, les services qu'elle rend au public de la même manière qu'une entreprise privée pourrait le faire.
Mais je ne crois pas qu'il faille considérer que la solvabilisation passe uniquement par le secteur privé, même si cela peut être le cas parfois !
Par ailleurs, je vais reprendre l'exemple que vous avez cité avec vos deux jeunes, monsieur le sénateur : s'ils souhaitent aujourd'hui créer une entreprise privée, c'est qu'ils pensent qu'elle est solvable. Dans ce cas-là, je ne vois pas pourquoi l'Etat leur apporterait cette aide ! En revanche, nous sommes prêts - une disposition dans ce sens a été votée par l'Assemblée nationale, avec l'accord du Gouvernement - à leur apporter une aide sous forme d'avance remboursable, de soutien technique ou de soutien en matière de gestion pendant un an ou deux, pour leur permettre la mise en place de leur activité.
Pour me résumer, ou bien leur projet est solvable aujourd'hui et ils créent une entreprise privée, nous les y aiderons alors et nous les accompagnerons. Ou bien leur projet n'est pas encore solvable et ils s'organisent, en attendant, en association et, au fur et à mesure que le projet deviendra solvable, soit ils garderont la forme d'une association, soit ils trouveront une autre forme juridique, par exemple celle d'une société anonyme.
Je crois que la solvabilisation, en France, ne doit pas passer uniquement par l'entreprise privée : cela voudrait dire, autrement, que l'on considère que tout le secteur non privé doit être financé à 100 % par les collectivités publiques, ce qui n'est pas mon avis. M. le président. Monsieur Joyandet, maintenez-vous l'amendement n° 79 ?
M. Alain Joyandet. Je le retire, monsieur le président.
Mais je tiens à remercier Mme le ministre : pour la première fois, elle vient de préciser sa position. En effet, elle vient de dire que ces emplois pourront très bien être solvabilisés dans le cadre, éventuellement, d'associations soumises à la loi de 1901, tout en ajoutant que cela n'empêchera pas les entreprises d'agir aussi.
Cela signifie que nous sommes en train de construire un système dans lequel des services à la population identiques seront rendus, d'un côté, par des associations financées sur fonds publics et, de l'autre, par des entreprises.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. La question posée par M. Joyandet mérite une réponse.
Hier matin, mon cher collègue, lorsque nous avons commencé l'examen de ce projet de loi, qu'avons-nous dit ? Nous avons insisté sur la nécessité de mettre un terme à ce qui constituait à notre sens une pollution dans ce texte : je vise le mélange entre emplois administratifs supplémentaires et emplois nouveaux susceptibles d'être créés dans le secteur marchand.
Les amendements n°s 5, 6 et 7, qui ont été adoptés hier après avoir été longuement étudiés la semaine dernière en commission, font apparaître que, ce qui est en cause, c'est la convention initiale présentée soit par une collectivité locale, soit par une association, soit par un groupe de collectivités ou d'associations, soit, ainsi que nous l'avons décidé hier, par certaines entreprises du secteur privé, notamment des entreprises artisanales.
A l'issue d'une discussion très approfondie, nous avons décidé, la nuit dernière, que la convention initiale devrait prévoir, d'une part, les modalités de passage du système vers le secteur privé et, d'autre part, les modalités de participation des usagers au financement progressif du service.
Nous envisageons donc une aide publique dégressive pour faire passer des emplois émergents et nouveaux du secteur public vers le secteur privé. C'est toute la logique de ce texte.
La pollution que j'évoquais tout à l'heure vient du fait que certains ministères ont décidé d'utiliser ce texte pour recruter un certain nombre de personnes. C'est la raison pour laquelle il faut absolument bien distinguer les choses !
Nous n'avons cependant pas touché au mécanisme instauré par l'Assemblée nationale : il s'agit de convertir l'aide de 92 000 francs par an pour des jeunes - l'équivalent du SMIC avec les charges sociales - pour prévoir des avances remboursables permettant de créer sa propre entreprise.
Je pense que ce système de création d'entreprise par des jeunes qui ont soit une idée, soit une opportunité, constitue l'un des éléments intéressant de l'article 1er de ce texte.
Le Gouvernement envisageait la pérennisation en fin de contrat. Nous voulons, nous, que l'on examine la situation au début du contrat, au moment où l'on présente la convention à l'agrément du préfet, afin de savoir s'il y a ou non possibilité de passage dans le secteur privé.
M. le président. L'amendement n° 79 est retiré.
Par amendement n° 12, M. Souvet, au nom de la commission, propose, dans la première phrase du texte présenté par l'article 1er pour le III de l'article L. 322-4-20 à insérer dans le code du travail, de supprimer les mots : « avec l'accord de l'employeur ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je souhaite resituer les choses dans leur contexte.
Le paragraphe III du texte proposé pour l'article L. 322-4-20 est ainsi rédigé :
« A l'initiative du salarié, les contrats mentionnés au I peuvent être suspendus avec l'accord de l'employeur afin de lui permettre d'effectuer la période d'essai afférente à une offre d'emploi... »
La commission souhaite supprimer les mots : « avec l'accord de l'employeur », parce qu'il s'agit, avec ce paragraphe III, de permettre au jeune d'effectuer un essai chez un employeur. Si l'accord de son employeur actuel devient nécessaire, cette disposition est inutile. En effet, les deux parties peuvent décider d'un commun accord de suspendre le contrat. La disposition n'a d'intérêt que si elle s'impose à l'employeur.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Défavorable.
Il s'agit là de vrais emplois, et il est tout à fait souhaitable que l'employeur puisse donner son avis afin que l'activité ne soit pas désorganisée. Nous ne pouvons pas à la fois dire qu'il s'agit de vrais métiers, de vrais emplois, et faire comme si le jeune pouvait partir d'un moment à l'autre sans remplir effectivement la mission qui est la sienne.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 12, repoussé par le Gouvernement.

(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, adopte l'amendement.)
M. le président. Par amendement n° 138, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent de compléter le paragraphe III du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail par un alinéa ainsi rédigé :
« Le salarié arrivé en fin de contrat bénéficie d'une priorité de réembauche durant un délai d'un an à compter de la date de fin de son contrat s'il manifeste le désir d'user de cette priorité dans un délai de quatre mois à partir de cette date. Dans ce cas, l'employeur l'informe de tout emploi devenu disponible ou ayant été créé et compatible avec sa qualification. »
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Cet amendement vise à offrir une priorité de réembauche au jeune ayant bénéficié d'un contrat de travail conclu en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-20.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission a émis un avis défavorable.
Les employeurs concernés étant le plus souvent des employeurs publics, on voit mal comment ces dispositions pourraient s'appliquer en raison de l'obligation, dans ce cas, de passer un concours d'entrée. Sauf à considérer qu'il s'agit d'un nouvel emploi de cinq ans, et la commission ne le souhaite pas puisqu'une migration doit être organisée vers le secteur privé.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. L'avis du Gouvernement est également défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 138, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Les deux amendements suivants sont présentés par M. Gournac et les membres du groupe du RPR.
L'amendement n° 113 vise, après le paragraphe III du texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 à insérer dans le code du travail, à insérer un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Les contrats mentionnés au I comportent un projet personnel de qualification du salarié, fixant ses objectifs de qualification, les conditions de sa formation professionnelle et les modalités de son tutorat. »
L'amendement n° 114 tend, après le paragraphe III du texte proposé par l'article 1er pour l'article L.322-4-20 à insérer dans le code du travail, à insérer un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Le jeune bénéficiant du contrat de travail mentionné au I effectue, chaque année, à la date anniversaire du contrat, un bilan de son activité professionnelle avec un représentant de son employeur, son tuteur et avec les services compétents, soit de l'ANPE, de l'APEC, des missions locales d'insertion ou des PAIO, dans des conditions fixées par décret. Il fixe notamment pour l'année suivante les objectifs à atteindre dans le but d'acquérir une meilleure qualification afin de faciliter son transfert vers le secteur marchand. »
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Les amendements n°s 113 et 114 vont dans la même direction. Ils tendent à aider les jeunes à évoluer dans le système aidé pour augmenter leurs chances d'en sortir et aller ainsi vers le qualitatif, le durable, vers le secteur marchand.
A cet effet, nous proposons que l'on mette noir sur blanc les conditions de la formation professionnelle, les objectifs de qualification et les modalités du tutorat.
M. Raymond Courrière. Vous auriez pu vous réveiller plus tôt, quand vos amis étaient au Gouvernement !
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les deux amendements ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Ces deux amendements prévoient des dispositions sans doute intéressantes, mais qui relèvent du domaine réglementaire.
C'est pourquoi la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est défavorable aux deux amendements. Il n'y a aucune obligation a priori : la formation et le tutorat seront adaptés au cas par cas.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 113.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Je l'ai dit ce matin en commission, cet amendement n'est pas une bonne chose dans la mesure où il prévoit que tous les contrats doivent comporter un projet personnel de qualification du salarié, fixant ses objectifs de qualification, les conditions de sa formation professionnelle et les modalités de son tutorat.
Cela fait beaucoup pour des personnes qui, pour la plupart d'entre elles, conformément à l'esprit de la loi, seront non pas des personnes en difficulté, non qualifiées ou en insertion, mais des individus tout à fait aptes à occuper un emploi qui, simplement, n'existe pas encore, mais qui va être créé.
Prévoir un tel dispositif implique que les jeunes que l'on embauchera ne seront pas qualifiés, ne seront pas aptes, qu'ils seront totalement incapables d'occuper cet emploi, qu'ils ne pourraient éventuellement l'occuper qu'avec une qualification, une formation et un tutorat. C'est beaucoup trop lourd et cela ne couvre pas la totalité des cas.
Si c'était une possibilité, ce pourrait être utile ; mais si c'est une obligation, comme le propose M. Gournac, c'est contraire à l'esprit de la loi et cela ne correspond pas au type d'emplois nouveaux qui sont mis en place.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. J'admire la constance de Mme Dusseau à défendre l'esprit de la loi. Voilà qu'elle est devenue le Parlement à elle toute seule ! (Sourires.) Je vous en félicite, ma chère collègue !
La commission n'a pas émis un avis favorable parce que, manifestement, la disposition relève du domaine réglementaire. Or, Mme le ministre l'a dit hier, nous avons une Constitution qui prévoit la séparation des pouvoirs, et il faut bien que le Sénat de la République la respecte.
Cela étant dit, l'amendement responsabiliserait les jeunes ; il leur donnerait le sentiment de participer à quelque chose de nouveau. Pour moi, ce sentiment de responsabilité l'emporte, et c'est la raison pour laquelle, à titre personnel, je voterai l'amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 113, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 114, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 42, M. Poncelet propose de compléter in fine le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 à insérer dans le code du travail par un paragraphe ainsi rédigé :
« ... - Par dérogation aux dispositions de l'article 3 de l'ordonnance n° 45-993 du 17 mai 1945, les salariés recrutés par les collectivités territoriales et leurs établissements publics et bénéficiant de contrats de travail conclus en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18 sont affiliés à la caisse nationale de retraites des agents des collectivités locales. »
La parole est à M. Poncelet.
M. Christian Poncelet. Madame le ministre, cet amendement traduit la seconde crainte que m'inspire ce texte. La première, je l'ai exprimée hier ; elle a fait l'objet d'un amendement qui, je tiens à le rappeler, a été adopté !
Le présent amendement se fonde sur les incertitudes qui affectent la sortie du dispositif - on en a beaucoup parlé - au bout de cinq ans.
Votre plan, madame le ministre, repose sur un pari qui m'apparaît très hasardeux. Il s'agit, je le rappelle, de favoriser, par une aide publique, l'émergence d'emplois dits du troisième type qui auraient vocation à se transformer un jour en emplois marchands.
Une lecture attentive de la liste des emplois susceptibles d'être proposés aux jeunes me convainc que la quasi-totalité d'entre eux sont et resteront des emplois publics. Ce sentiment est d'ailleurs partagé par nombre de nos collègues.
Voici ce que l'on peut lire, à cet égard, à la page trente et une de l'excellent rapport de notre collègue M. Souvet : « Mais pour les collecivités locales qui, au bout de cinq ans, subiront une pression sociale considérable pour maintenir ces emplois, qu'en sera-t-il ? ».
Et plus loin, dans le même paragraphe : « Enfin, et ce n'est pas le moindre des dangers de ce projet de loi, il fait peser une lourde menace sur les finances des collectivités locales, qui se verront imposer des choix qu'elles n'auraient pas faits spontanément... »
Que l'on me comprenne bien. Je ne vais pas nier l'utilité sociale de ces emplois, que l'évolution parfois inquiétante de notre société rend nécessaires. Simplement, je doute - c'est un euphémisme ! - de leur capacité à se transformer dans un avenir proche en emplois marchands.
Je sais qu'on le souhaite - et moi le premier ! - mais il n'y a pire dérèglement que de concevoir les choses comme on voudrait qu'elles soient.
Dans ces conditions, les emplois-jeunes seront à l'évidence l'antichambre d'une titularisation dans la fonction publique territoriale pour les jeunes recrutés par les collectivités territoriales et leurs établissements publics. Je tiens à ce que l'on prenne acte, aujourd'hui, de cette déclaration.
En effet, qui peut imaginer un seul instant que les collectivités territoriales pourront résister, dans cinq ans, à la « pression sociale considérable », comme il est dit dans le rapport qui s'exercera sur elles pour que ces emplois dont le marché n'aura pas pris la relève soient transformés en emplois de fonctionnaires territoriaux ? Quelle est la suite d'un emploi dit « emploi d'ambiance » ? Comment le projeter dans le secteur marchand ? Je pose la question, en insistant sur le fait que l'on pourrait prendre beaucoup d'autres exemples de cette nature.
C'est pour prémunir nos collectivités locales contre les risques de cette véritable bombe à retardement que l'amendement que je propose prévoit l'affiliation à la CNRACL des jeunes recrutés par les collectivités locales.
J'y vois un double avantage, dans la mesure où cet amendement d'anticipation constitue également une mesure de précaution.
En effet, l'affiliation des jeunes à la CNRACL plutôt qu'au régime général, outre qu'elle leur assurera une protection, améliorera dès maintenant la situation financière de ladite caisse, qui en a bien besoin.
En effet, si cette année on n'a pas sollicité l'employeur, c'est-à-dire les collectivités locales, au travers d'une augmentation des cotisations, pour équilibrer la trésorerie de la CNRACL, je prends devant vous le pari que, l'an prochain, on sera conduit à le faire.
M. Henri de Raincourt. Hélas !
M. Christian Poncelet. Nous pourrons le vérifier !
Une telle disposition conférerait donc un surcroît de crédibilité, sur le plan financier, à l'engagement pris aujourd'hui par le Gouvernement de ne pas faire supporter aux collectivités locales, en 1998, en 1999 et en l'an 2000, d'effort supplémentaire, et ce en échange de leur participation active à la mise en place des emplois-jeunes.
En résumé, cet amendement protège les collectivités locales tout en assurant une garantie sociale aux jeunes qui, en tout état de cause, dans leur grande majorité, exigeront, à l'expiraion des cinq ans, de demeurer dans le cadre des emplois territoriaux, ce qui explique mon souhait qu'ils soient affiliés dès maintenant à la CNRACL. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. Alain Gournac. Très bien !
M. Raymond Courrière. C'est sûr, c'était plus simple quand ils étaient chômeurs !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Pour m'occuper, comme lui, depuis dix-huit ans, de ce problèmes de CNRACL, je comprends bien l'objectif que vise M. Poncelet.
Je crois cependant que le vote de l'amendement reviendrait pour le Sénat à signifier qu'il renonce totalement à essayer de créer des emplois hors la fonction publique territoriale.
Or, il faut choisir : ou bien nous acceptons que, par généralisation de ce qui est fait pour l'éducation nationele, on crée des emplois de fonctionnaires territoriaux partout, et nous sommes prêts à en créer nous-même ; ou bien nous essayons, au Sénat, de protéger les collectivités territoriales en nous efforçant de créer des emplois qui, demain, dans une proportion que personne ne connaît mais que je souhaite importante, déboucheront sur des emplois du secteur marchand.
Voter l'amendement reviendrait à reconnaître que tout ce que nous avons fait depuis hier matin est nul et non avenu.
M. Raymond Courrière. Oui, c'est nul !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. C'est la raison pour laquelle je demande à M. Poncelet de bien vouloir retirer son amendement.
M. le président. Accédez-vous à la demande de M. le président de la commission, monsieur Poncelet ?
M. Christian Poncelet. M. Fourcade, qui a compris que cet amendement était pour moi l'occasion de poser dès aujourd'hui un véritable problème que nous aurons à résoudre bientôt est dans l'impossibilité de me dire quelle sera l'importance des emplois non marchands qui, demain, pourront entrer dans le secteur marchand.
Moi, je dis aujourd'hui que la proportion des bénéficiaires d'emplois-jeunes territoriaux qui s'efforceront de demeurer dans la fonction publique territoriale sera, hélas ! extrêmement importante.
Or, s'ils sont titularisés au terme des cinq ans, ces jeunes auront cotisé pendant cinq ans à l'IRCANTEC, l'institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l'Etat et des collectivités publiques, et il faudra donc, pour rééquilibrer leur passage comme auxiliaires, en quelque sorte, dans les collectivités territoriales, que ces dernières assument, par le biais d'un rappel sur cinq ans, la compensation de leurs cotisations à la CNRACL.
J'ai simplement voulu poser le problème, et je comprends bien qu'il y a une divergence entre ce que je propose et la philosophie de la commission.
Tout comme M. le président de la commission des affaires sociales, j'aimerais, moi aussi, que la totalité ou, en tout cas, la grande majorité de ces emplois se transforment en emplois dans le secteur marchand, créant ainsi une valeur ajoutée, une richesse qui permettrait éventuellement de financer d'autres emplois, eux sans valeur ajoutée, ceux que l'on appelle communément aujourd'hui les emplois de proximité.
Malheureusement, je suis convaincu, à ce jour que tel ne sera pas le cas. Dès lors, les collectivités territoriales seront confrontées à des difficultés très sérieuses.
Après avoir demandé au Sénat de prendre acte de ce constat que je fais aujourd'hui, je retire l'amendement. (Très bien ! sur certaines travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. Alain Lambert. Il aurait été intéressant de connaître l'avis du Gouvernement !
M. le président. L'amendement n° 42 est retiré.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets, aux voix, modifié, le texte proposé pour l'article L. 322-4-20 du code du travail.

(Ce texte est adopté.)

ARTICLES ADDITIONNELS APRÈS L'ARTICLE L. 322-4-20
DU CODE DU TRAVAIL

M. le président. Par amendement n° 13, M. Souvet, au nom de la commission, propose, après le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, d'insérer un article L. 322-4-21 ainsi rédigé :
« Art. L. 322-4-21 . - Les comités départementaux de la formation professionnelle, de la promotion sociale et de l'emploi procèdent chaque année à une évaluation des emplois créés dans le cadre des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18 et se prononcent sur l'opportunité d'un transfert de l'activité au secteur marchand.
« A cette occasion, les comités peuvent recommander le transfert de l'activité au secteur marchand. Dans ce cas, le représentant de l'Etat peut mettre un terme à l'aide apportée à l'employeur prévue à l'article L. 322-4-18. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Cet amendement est au coeur du dispositif que nous avons mis en place.
Il prévoit que les comités départementaux de la formation professionnelle, de la promotion sociale et de l'emploi, les CODEF, procèdent chaque année à une évaluation des emplois créés dans le cadre des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18 et se prononcent sur l'opportunité d'un transfert de l'activité au secteur marchand. A cette occasion, les comités peuvent recommander le transfert au secteur marchand.
L'amendement permet d'assurer une migration accélérée des activités créées dans le cadre du plan emplois-jeunes vers le secteur privé.
Puisque seule l'entreprise crée des richesses et des emplois durablement productifs, il convient d'organiser une migration anticipée avant le terme de cinq ans.
Ce dispositif a également pour objet de lever les incertitudes sur l'avenir des jeunes au terme de leur contrat.
L'amendement tend à instaurer une évaluation annuelle des emplois créés par le CODEF, instance qui regroupe l'ensemble des acteurs économiques locaux - préfet, élus, représentants des entreprises et des organisations syndicales - qui se prononceraient sur l'opportunité d'un transfert de l'activité au secteur marchand.
A la suite de la recommandation du CODEF, le préfet aurait la possibilité de mettre un terme à l'aide apportée par l'Etat à l'employeur public ou parapublic, et les activités comme les emplois qui s'y rattachent seraient immédiatement transférés et pérennisés dans le secteur privé.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je comprends assez mal cette vision « mécaniste » de l'économie. Il n'y a pas de décision qui puisse être prise collégialement pour déterminer, à un moment donné, si une activité est devenue solvable et sous quelle forme elle doit l'être. Il n'y aura pas, à un moment précis, transfert vers le secteur marchand. On assistera à une évolution progressive au terme de laquelle un certain nombre des services qui seront rendus dans le cadre de ces nouveaux métiers pourront être solvables, donc payés par les usagers ou par les clients qui les utiliseront. Ces services seront simplement devenus rentables et ils pourront être assurés soit par des associations qui les commercialiseront, soit par des entreprises du secteur marchand.
Bien sûr, je comprends l'esprit qui anime la commission ; nous souhaitons tous que ces activités deviennent solvables et pérennes au terme de l'aide apportée par l'Etat pendant cinq ans. Cette pérennisation pourra être le fait d'associations, d'entreprises privées, et pourquoi pas, demain, d'entreprises à but social qui se créeront et qui vendront leurs prestations à des collectivités ou à des usagers individuels.
Je ne vois pas comment, dans une économie ouverte comme la nôtre, un comité départemental de la formation professionnelle pourrait décider d'un quelconque passage au secteur marchand, qui, je le dis à nouveau, renvoie à la solvabilisation de l'activité et donc à la capacité, pour un organisme quel qu'il soit - entreprise ou association - de développer des emplois non financés par les collectivités publiques.
Je ne peux donc que m'opposer à cet amendement.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Madame le ministre, vous avez dit que les comités départementaux « pourraient décider ». Non, ce n'est pas ce que prévoit notre amendement : les comités pourront se prononcer sur l'opportunité du transfert et simplement le recommander.
Je crains beaucoup qu'une activité qui est rentable ne soit pas connue de tout le monde ni surtout, de ceux qui veulent créer une entreprise. Ce n'est pas forcément ceux qui l'exercent qui voudront créer une entreprise, d'une part, et je crains beaucoup, d'autre part, qu'on ne s'installe dans le confort douillet d'un service rendu sans créer d'entreprise.
M. Alain Gournac. Absolument ! Moi aussi !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 13.
M. Guy Fischer. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Notre groupe votera contre l'amendement n° 13.
Nous sommes évidemment pour l'évaluation, mais nous nous interrogeons sur la proposition de M. le rapporteur : le CODEF est-il le bon endroit pour procéder à cette évaluation ? Le débat vient d'avoir lieu.
Mais, plus important, nous sommes contre la logique que sous-tend cet amendement. En effet, contrairement à ce qu'affirme M. le rapporteur, on ne doit pas confiner le secteur non marchand à un simple rôle de « pépinière d'activités » pour le secteur marchand.
Au risque de me répéter, je veux affirmer que nous ne pouvons accepter cette opposition entre secteur marchand à développer et secteur public à réduire.
MM. Jean Chérioux et Christian Poncelet. C'est une autre logique !
M. Guy Fischer. Oui ! Nous voulons croire que ces nouveaux métiers, nous les trouverons dans le secteur marchand et dans le secteur public. C'est pour cela que nous ne voulons pas d'une fonction publique statique. Nous sommes persuadés que des métiers émergents pourront revaloriser - et non pas caricaturer, comme vous le faites bien souvent - la fonction publique.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. M. Fischer a parfaitement analysé et présenté une autre logique, qui est la sienne. Je la respecte, mais ce n'est ni la mienne ni celle du Gouvernement.
Il y a toutefois une différence entre le Gouvernement et la commission : la commission estime que, dans une économie ouverte, soumise à la concurrence, ce sont des entreprises du secteur privé qui doivent gérer les services qui ont des clients, qui ont des usagers et qui sont rentables. En effet, si l'on se met à favoriser la création d'associations qui vont vendre des services et, en même temps, celle d'entreprises qui vont essayer de vendre les mêmes services, les conditions de concurrence seront faussées et le système ne marchera pas. Dieu sait si, en matière agricole, où ce système est pratiqué depuis un certain nombre de décennies, nous éprouvons aujourd'hui, par rapport au Danemark, aux Pays-Bas ou à d'autres pays, des difficultés considérables.
Nous parlons d'emploi des jeunes. Notre objectif, c'est d'offrir à des jeunes ayant une petite, une moyenne ou une haute qualification, grâce à la connexion locale entre les différents niveaux de collectivités locales, les entreprises, les partenaires sociaux, les chambres de commerce et de métiers, certaines perspectives d'emploi.
Un organisme de régulation est donc nécessaire. Dans le cas contraire, ce dispositif relèverait du préfet et de ses services, et nous craignons alors qu'il ne puisse jamais fonctionner.
Nous avons prévu, en adoptant l'amendement de Mme Dieulangard, que les pouvoirs du CODEF seront délégués à des comités locaux ou à des missions locales afin d'être au plus près du terrain.
Nous avons prévu, dès la convention de départ qui créera l'emploi et le système qui le mettra en place, les conditions de transfert au secteur privé de l'activité.
Les amendements n°s 13 et 14 doivent donc être adoptés, car ils complètent le dispositif, prévoient une intervention annuelle du CODEF pour voir les secteurs dans lesquels - si M. Poncelet a raison - le transfert de l'activité au secteur marchand sera possible et ceux dans lesquels il ne le sera pas.
Nous avons l'impression que si nous laissons ce dispositif relever des préfets - quelle que soit la qualité de nos préfets et de nos directeurs départementaux du travail - il n'y aura jamais de transfert vers le secteur marchand ; nous resterions alors dans le cénacle administratif, d'où l'importance de la question.
Bien évidemment, certains services de proximité pour les personnes âgées et les gardes d'enfants seront assurés par des associations sans but lucratif.
Il faut développer le secteur marchand, et c'est le point qui nous sépare. Dans un pays comme le nôtre, qui s'est engagé dans l'Union européenne et qui est ouvert sur le monde, une progression en vingt ans de 40 % des emplois dans le secteur non marchand, alors que, dans le même temps, les emplois du secteur marchand ont augmenté que de 7 %, représente un risque d'asphyxie fiscale et de réduction de la capacité de développement. Il faut donc que nous favorisions la croissance du secteur que certains appellent privé, d'autres marchand, et que l'on peut aussi appeler concurrentiel.
Cela explique les amendements que nous avons mis au point, visant à ce qu'il soit procédé chaque année à une évaluation des emplois créés pour, éventuellement, revoir les programmes et ne pas devoir attendre cinq ans pour le faire.
Tous ceux qui, dans cette enceinte, ont dirigé une région, un département ou une mairie importante savent que l'on peut arriver, de temps à autre, à faire sortir du système administratif un certain nombre d'activités.
Si l'on procède à une évaluation des emplois au terme de cinq ans seulement, le dispositif ne marchera pas. Seul un bilan annuel peut permettre d'accélérer la mutation nécessaire vers le secteur concurrentiel. (Applaudissements sur les travées de l'Union centriste.)
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Il me semble qu'il y a une certaine confusion quant aux objectifs poursuivis.
Nous souhaitons les uns et les autres qu'au terme de cinq ans l'aide des collectivités publiques, au sens large, ne soit plus nécessaire pour assurer la quasi-totalité des emplois créés. Que ceux-ci soient portés par le secteur marchand lucratif ou non importe peu. Je ne vois pas pourquoi l'on empêcherait une association qui créerait, sans réaliser de profit et alors que cette activité n'intéresserait aucune entreprise privée, par exemple, des postes d'agents de sécurité dans un quartier, d'être financée à la fois par des locataires, par des offices d'HLM. De même, je n'exclus pas qu'une entreprise privée ait envie d'offrir ces mêmes prestations.
Le dispositif doit rester souple. Notre souhait est bien évidemment que, à terme, le plus grand nombre de ces emplois n'aient plus besoin de subventions publiques, qu'ils soient assurés par une structure ou par une autre.
Très franchement, face à des besoins solvables et rentables, un chef d'entreprise - je l'ai été et je sais de quoi je parle - n'a pas besoin de l'avis du recteur d'académie ou du directeur départemental du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle, pour savoir dans quel secteur il peut réaliser du profit.
Je ne vois pas en quoi le CODEF, qui est tout de même une instance de consultation lourde, très largement administrative, devrait dire à ceux qui prennent les initiatives de nature économique qu'il serait bon de créer telle ou telle entreprise.
Le secteur marchand peut être à but lucratif ou à but non lucratif ; ce qui nous importe, c'est qu'il puisse y avoir des emplois qui se solvabilisent par eux-mêmes et qui ne soient pas, à terme, portés par des subventions des collectivités publiques, que ce soit l'Etat ou les collectivités locales.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 13.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole, pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Je voterai contre l'amendement n° 13 pour plusieurs raisons.
J'ai rappelé hier la composition du CODEF. Je ne le referai pas aujourd'hui, sinon pour rappeler qu'y siègent essentiellement des représentants des administrations - TPG, inspecteur d'académie, directeur départemental de l'agriculture, etc. - et, c'est vrai, des représentants syndicaux et patronaux, Cette instance ne me paraît donc pas être la plus appropriée pour se prononcer en la matière. C'est la première raison.
La deuxième raison, c'est qu'actuellement cette instance se réunit péniblement une fois par an, et encore ! Dans mon département, alors qu'elle devrait siéger une fois par an, je n'y ai jamais été convoquée - j'en fais légalement partie à titre de parlementaire. Je ne dois d'ailleurs pas être la seule dans ce cas.
Troisièmement, j'ai déjà explicité hier les raisons pour lesquelles me paraissait très lourde la consultation systématique du CODEF avant la signature des contrats. Dans un département où risquent d'être employées quelques milliers de personnes par des petites collectivités qui passeront un ou deux contrats, cela veut dire que le comité devra tenir un nombre colossal de réunions pour rendre les avis que vous avez rendus obligatoires. Y ajouter l'obligation de procéder une fois par an à cette évaluation ne me paraît donc guère judicieux ni réalisable.
Mes chers collègues, vous êtes soucieux d'alléger les lourdeurs administratives. Pourquoi l'éventuelle solvabilité de l'activité apparaîtrait-elle au bout d'un an et non pas au bout de dix ou quinze mois ? Si elle apparaît au bout de dix mois et que l'on veut trouver un autre financement, il faudra attendre une année complète avant que le CODEF se manifeste ou donne son avis. Avouez que vous introduisez une lourdeur administrative tout à fait étonnante !
Enfin, j'estime, sans revenir sur ce qu'a déjà dit Mme la ministre, que la notion de transfert d'activité au secteur marchand me paraît très limitée. Ces emplois peuvent être financés fort différemment, notamment par des associations ; le secteur marchand ne répond pas forcément à la notion de solvabilité. Il y a là quelque chose d'extrêmement restrictif.
Pour toutes ces raisons, je ne crois pas qu'il soit bon d'adopter l'amendement n° 13.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Il s'agit là d'une disposition essentielle du texte. M. le président de la commission a très bien expliqué à nouveau la philosophie et la démarche dans lesquelles il souhaitait que le Sénat et le Gouvernement s'engagent.
En définitive, les positions du Gouvernement et de la commission ne paraissent pas tellement éloignées. A priori, sur les objectifs, il y a un accord global. C'est sur les moyens à mettre en oeuvre pour parvenir à ces objectifs que nous divergeons quelque peu.
Monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, je vous prie de m'excuser de faire cette observation en séance publique, mais je me demande si la mauvaise interprétation qui est faite de cet amendement n° 13 ne réside pas dans la phrase que M. le rapporteur a rappelée, à savoir : les comités « se prononcent sur l'opportunité d'un transfert de l'activité au secteur marchand ».
Cette phrase a deux conséquences.
D'une part, le CODEF peut se donner la possibilité de déclarer que telle activité doit trouver sa place dans le secteur marchand, qu'il n'y a plus aucune raison pour que la collectivité publique continue à lui apporter son soutien à travers l'aide publique.
D'autre part, ce comité aurait la possibilité de se prononcer sur l'opportunité du transfert au secteur marchand et, éventuellement, de le déclarer impossible. (M. le rapporteur fait un signe de dénégation.)
Vous en doutez, monsieur le rapporteur, parce que vous interprétez ce texte en vous plaçant dans votre propre logique. Mais qu'en sera-t-il pour les autres, pour ceux qui n'adhèrent pas à votre logique ? Certains CODEF pourront dire : non, tel projet a sa place non pas dans le secteur marchand, mais dans le secteur public ou dans le secteur associatif.
Par ailleurs, je suis inquiet quand j'entends Mme le ministre dire - ce qui justifie d'ailleurs le rôle essentiel du CODEF - que des solutions mixtes sont envisageables pour une même activité.
Or le fait que les collectivités publiques ou les organismes d'HLM, par exemple, deviendront des usagers au même titre qu'une personne physique privée en « consommant » l'activité développée par une entreprise, voire par une association, ramène la collectivité au même rang que la personne physique.
A mon sens, il n'y a pas lieu de privilégier une association par rapport au secteur marchand sous prétexte qu'une activité est solvable et que les usagers sont des organismes parapublics ou publics et non pas des personnes physiques.
Pour moi, le rôle du CODEF, qui est une pièce essentielle du dispositif, vise à éviter de pérenniser des activités dans le secteur public alors qu'elles doivent avoir leur place dans le secteur marchand.
Pour les activités nouvelles, le passage par le secteur public doit être limité au maximum dans le temps, toute activité nouvelle exercée par un jeune doit glisser le plus rapidement possible vers le secteur marchand.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Laffitte, pour application de vote.
M. Pierre Laffitte. Hier, j'ai défendu un sous-amendement à l'amendement n° 1 de la commission tendant à insérer notamment les mots : « dans les domaines de la formation aux nouvelles technologies et de leur application ».
Nous pouvons en effet espérer que, dans les années à venir, ce secteur dégagera un nombre considérable d'emplois, des centaines de milliers - dans le secteur marchand ou dans le secteur public d'ailleurs.
C'est une certitude : nous entrons dans la société de l'information, et un certain nombre d'emplois seront radicalement modifiés, jusqu'à devenir des emplois nouveaux.
A ce point du débat, nous sommes donc au coeur du dispositif car il est bien évident qu'un comité d'évaluation doit pouvoir apporter des éclaircissements sur ces emplois nouveaux.
Certes, je regrette que cet amendement soit ainsi rédigé. Si j'avais été membre de la commission des affaires sociales, j'aurais sans doute préféré qu'il comporte des indications plus précises quant à l'apport de ce comité, quant à ses pouvoirs d'évaluation. Mais je pense que ces précisions sont sous-entendues.
Quoi qu'il en soit, il me paraît important qu'un organisme soit chargé d'indiquer et aux organismes qui emploient des jeunes et aux jeunes eux-mêmes qu'ils auront la possibilité de s'orienter vers un certain nombre de secteurs. C'est la raison pour laquelle je voterai l'amendement de la commission.
M. Jacques Larché. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Jacques Larché.
M. Jacques Larché. Mon intervention va paraître quelque peu hérétique, puisque, dans un premier temps, j'exprimerai - une fois n'est pas coutume - mon soutien à Mme le ministre. Je pense en effet que cet article additionnel aboutira à bien des complications administratives.
Mes chers collègues, je ne sais pas si, dans vos départements, le CODEF fonctionne. Pour ma part, je ne sais ni qui le réunit, ni à quoi il sert !
Un sénateur socialiste. Nous non plus !
M. Jacques Larché. Voilà cependant une structure administrative dont nous allons augmenter les compétences. Mais, cette structure administrative, il va falloir la réunir plus souvent, lui donner des moyens, la faire fonctionner.
Tous ces efforts, à quoi permettront-ils d'aboutir ? Nous n'en savons rien !
Comment et quand estimer qu'un emploi public doit tout à coup passer dans le secteur marchand ? Ce passage s'opère-t-il d'un seul coup et définitivement ? Sur tout ce processus, il flotte une certaine incertitude.
Cependant, madame le ministre, je me dois de relever que, si nous en sommes conduits sinon à ces « contorsions » - je ne saurais employer ce terme - du moins à ces recherches, c'est tout simplement parce que le système que vous nous proposez repose sur des principes fondamentalement faux et inexacts. De ce fait, nous cherchons à améliorer ce projet de loi, et nous n'y parvenons que partiellement.
Néanmoins, je m'inquiète fondamentalement de voir le Sénat, représentant des collectivités territoriales et, de ce fait, responsable du poids des administrations locales, concourir à mettre en place des structures administratives aussi pesantes et qui n'aboutiront en rien.
Mes chers collègues, un tel dispositif ne permettra aucunement de bonifier un système qui, s'il est voté dans les termes que le Gouvernement nous a proposés, est à mon sens insusceptible d'amélioration.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 13, repoussé par le Gouvernement.

(Après une épreuve à main levée déclarée douteuse par le bureau, le Sénat, par assis et levé, adopte l'amendement.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le code du travail, après l'article L. 322-4-20.
Par amendement n° 14, M. Souvet, au nom de la commission propose, après le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, d'insérer un article L. 322-4-22 ainsi rédigé :
« Art. L. 322-4-22. - Lorsque l'activité est transférée au secteur marchand en application de l'article L. 322-4-21, le représentant de l'Etat dans le département peut attribuer une aide à l'entreprise qui aura repris l'exercice de l'activité, dans la limite des sommes restant à verser en application de l'article L. 322-4-19, et dans des conditions fixées par décret. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. La migration vers le secteur marchand des activités créées dans le cadre du dispositif emplois-jeunes est l'objectif ; nous venons d'en parler suffisamment.
Cet article additionnel a pour objet de la faciliter financièrement, en prévoyant que le préfet puisse attribuer une aide à l'entreprise qui aura repris l'exercice de l'activité pour la durée du contrat emploi-jeunes restant à courir.
Cette aide permet d'anticiper au maximum la pérennisation de l'activité dans le secteur privé, tout en tenant compte de certaines contraintes, comme le coût du travail, par rapport à la faible rentabilité d'une activité en développement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 14.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Dieulangard.
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Les entreprises bénéficient déjà, me semble-t-il, de nombreuses aides et exonérations, et l'on peut parfois douter de leur utilité.
Il est surprenant que la commission propose cette nouvelle aide, qui créerait une considérable distorsion de concurrence entre les entreprises d'un même secteur économique.
Une telle aide est également contradictoire avec les objectifs de défense des artisans que défend la majorité sénatoriale. Selon elle, les emplois-jeunes menaceraient en effet cette forme d'activité professionnelle.
Selon l'optique libérale qui s'est souvent manifestée depuis le début de cette discussion, et même bien antérieurement, les entreprises devraient voler de leurs propres ailes, me semble-t-il.
Au demeurant, ces entreprises pourront toujours demander à bénéficier des aides de droit commun qui existent. Nous ne voyons donc pas du tout en quoi il serait utile de permettre l'attribution de tout ou partie des aides sur des activités transférées au secteur marchand.
M. Gérard Delfau. Très bien !
M. Guy Fischer. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous voterons contre cet amendement n° 14 tendant à insérer un article additionnel car il prévoit que, lorsque l'activité est transférée au secteur marchand, le préfet peut attribuer à l'entreprise « repreneuse » une aide pour la durée restant à courir dans le cadre des cinq ans.
Les élus du peuple souhaitent connaître le bilan des aides de l'Etat aux entreprises, dont le montant est très important : plus de 170 miliards de francs. Le principe du contrôle par les élus de l'utilisation de l'argent public est également posé. Nous considérons donc, en l'état, qu'il s'agit d'un dévoiement du dispositif.
Si un emploi est pérennisé dans le secteur marchand, il est solvabilisé, et il n'est pas nécessaire d'aider l'entreprise.
Sinon, vous multipliez les effets d'aubaine et de substitution.
Nous ne pouvons donc approuver cet amendement.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Avec cet article additionnel, le Sénat est en train de franchir un certain nombre de pas nouveaux !
Depuis des années - nous ne sommes pas les seuls d'ailleurs - nous avons multiplié les aides à la création d'emplois ou les dégrèvements de charges sociales.
Un pas supplémentaire est maintenant franchi, puisque l'Etat assumerait la charge de 80 % du salaire versé à un travailleur du secteur marchand quand l'entreprise reprendrait une activité créée précédemment par une association municipale, par exemple.
Cette disposition, qui s'appliquerait de manière systématique, me paraît extrêmement grave. En outre, elle est en totale contradiction avec votre obsession de la solvabilité de l'emploi dès la première année d'activité.
Je vous rappelle à ce propos que le contrat initial, que vous avez d'ailleurs modifié, précise qu'il faut d'emblée marquer toutes les possibilités de rendre l'emploi solvable.
M. Alain Gournac. A terme !
Mme Joëlle Dusseau. Non !
M. Alain Gournac. Mais si, madame !
Mme Joëlle Dusseau. On peut ainsi fort bien imaginer que l'Etat versera des subventions à une association ou à une collectivité pendant les deux premières années puis, lors des trois ans qui suivent, à fonds perdus, à une entreprise privée. En effet, l'on n'exige même pas de cette dernière qu'elle pérennise l'emploi.
Je voulais attirer votre attention sur la gravité des décisions que vous êtes en train de prendre, mes chers collègues.
M. Gérard Delfau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau. Je suis sidéré de voir mes collègues sénateurs s'apprêter à voter un amendement qui permettrait de transférer un jeune d'une entreprise publique ou associative à une entreprise privée en maintenant le même dispositif financier, avec une prise en charge par l'Etat, donc par le contribuable, à hauteur de 80 %.
Le fossé serait ainsi comblé, avec tous les autres types d'aides aux entreprises !
Mes chers collègues, allez jusqu'au bout de votre raisonnement, et décidez que, désormais, le budget de l'Etat financera des emplois dans les entreprises privées à 100 %, charges comprises évidemment.
M. Christian Poncelet. Conclusion : ces emplois resteront dans le secteur public !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je suis consterné d'entendre de tels propos après deux jours de débat. Cela veut dire que personne n'a lu le rapport de la commission et que personne ne se souvient plus d'une grande partie des amendements qui ont été adoptés ! (Murmures sur les travées socialistes.)
Je rappelle que l'objet de ce projet est de donner un emploi à des jeunes en leur proposant un contrat de cinq ans. L'objet du travail de la commission est d'éviter qu'au bout de cette période ces jeunes ne se retrouvent dans une impasse ou que la charge ne soit insupportable pour les collectivités territoriales. Voilà le vrai problème ; tout le reste est littérature !
M. Jean Chérioux. Exactement !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Nous essayons donc de trouver une voie moyenne permettant d'organiser, à l'intérieur de ce contrat de cinq ans, une migration possible vers le secteur marchand de manière à solvabiliser ces emplois et à faire en sorte que ces jeunes deviennent non pas des assistés, mais de véritables employés d'une économie qui fonctionne. Voilà quel est notre objectif !
Mme Joëlle Dusseau. La voie que vous prenez va complètement à l'encontre d'un tel objectif !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Alors, quand j'entends Mme Dusseau dire qu'il s'agit d'une disposition gravissime... C'est parce que, chère collègue, vous prônez une économie ne comportant qu'un secteur public et des associations ! (Marques d'approbation sur les travées de l'Union centriste et du RPR.)
La vraie question est de savoir qui va payer dans ces conditions ! Ayant la chance de siéger depuis six ans au conseil d'administration de la SNCF, c'est une question que je me suis beaucoup posée, car c'est très beau d'avoir un système merveilleux, mais qui paie ? Là est bien la vraie question !
Mme Joëlle Dusseau. C'est nous qui payons pour les entreprises privées. Ça, c'est clair !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission.
Nous pensons, nous, que le marché peut apporter un certain nombre de solutions. C'est la raison pour laquelle les deux amendements qui viennent d'être présentés sont liés.
Dans la limite des sommes restant à verser et de la durée restant à courir du contrat de cinq ans, le représentant de l'Etat pourra attribuer une aide pour faciliter le transfert. Cela évitera que les jeunes ne se retrouvent dans une impasse et que les collectivités locales n'aient à faire face, à terme, à cette surcharge que craignait M. Poncelet.
M. Christian Poncelet. Eh oui !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Ces deux amendements sont très importants. Je demande que le second d'entre eux soit adopté. (Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Louis Souvet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Il n'est pas d'usage de prendre la parole à la suite de son président de commission ; M. Jean-Pierre Fourcade voudra bien m'en excuser. Mais je ne peux pas laisser dire, comme l'ont fait certains de nos collègues, que l'argent de l'Etat financera à 80 % du SMIC chargé, ces emplois ! Il n'a jamais été question de cela ! Le préfet pourra attribuer une aide de 10 %, 15 % ou 20 %, mais il n'a jamais été dit qu'elle serait de 80 % ! Jamais ! (Mme Joëlle Dusseau proteste.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 14, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le code du travail, après l'article L. 322-4-20.
Par amendement n° 139, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Dérian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent d'insérer, après le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, un article additionnel, ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Sont applicables aux salariés bénéficiant des dispositions prévues aux articles L. 322-4-18, L. 322-4-19 et L. 322-4-20 les droits syndicaux et les droits en matière de protection sociale, en particulier de retraite complémentaire et de prévoyance qui sont applicables dans leur secteur d'activité. »
La parole est à Mme Terrade.
Mme Odette Terrade. La question de l'emploi des jeunes ne doit pas permettre de déroger à un certain nombre des garanties et des droits auxquels peuvent prétendre les salariés de notre pays.
Les arguments avancés par nos collègues de l'opposition, qui n'ont à coeur que le secteur marchand et concurrentiel, et qui, de fait, ne raisonnent qu'en termes de diminution du coût du travail, doivent attirer notre extrême vigilance.
Ainsi devons-nous nous prémunir de certains excès de dérogation qui justifieraient des dérogations analogues dans le secteur concurrentiel et privé. C'est le sens de notre amendement, qui vise à étendre l'ensemble des droits, des avantages légaux et conventionnels au dispositif que nous examinons.
Cela est vrai du droit syndical, qui par sa nature même permet une réelle implication des jeunes dans le monde du travail, mais cela est vrai encore des droits à la protection sociale, à la retraite complémentaire, etc. Autant de droits dont est exclue à l'heure actuelle notre jeunesse du fait de la précarité dont elle est victime sur le marché du travail.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Madame le ministre, vous avez donné beaucoup d'assurances, mais il semble que, sur les bancs de ceux qui vous soutiennent, vous n'ayez pas été entendue !
Puisqu'on nous assure que le code du travail s'applique, il n'est pas utile d'inclure, par le biais du présent projet de loi, des références surabondantes à ce code.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. En effet.
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission est donc défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Même avis que la commission.
J'ai demandé précédemment à un sénateur de retirer son amendement car le code du travail s'appliquait. Il en va de même pour cet amendement. Je vous donne bien évidemment l'assurance que les jeunes concernés par ce dispositif bénéficieront des mêmes droits et des mêmes garanties que les autres salariés.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 139, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 148, le Gouvernement propose, après le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Par dérogation aux dispositions de l'article L. 351-12, les établissements publics administratifs de l'Etat ont la faculté d'adhérer, pour leurs salariés recrutés en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18, au régime prévu à l'article L. 351-4. »
La parole est à Mme la ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. J'ai déjà été amenée à expliquer la position du Gouvernement à l'occasion de la discussion d'un précédent amendement.
Il s'agit simplement, alors qu'ils n'ont pas cette faculté aujourd'hui, de permettre aux établissements publics administratifs de l'Etat - et non pas aux administrations - d'adhérer à l'UNEDIC, comme c'est le cas aujourd'hui pour les collectivités locales.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Madame la ministre, lorsque le Gouvernement a déposé cet amendement, nous étions inquiets. Le mélange, dans l'article 1er, des emplois-jeunes à destination du secteur privé et des emplois administratifs nous gênait quelque peu.
Mais vous venez de préciser, en présentant l'amendement, qu'il s'agissait simplement de permettre à des établissements publics administratifs, comme pour les collectivités locales, qui vont recruter des jeunes dans le cadre d'emplois de droit privé, de pouvoir adhérer à l'UNEDIC. Autrement dit, vous souhaitez étendre cette possibilité. A quel type d'établissements administratifs ? La Caisse des dépôts ou les organismes consulaires ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. C'est cela.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Dans ces conditions, le Sénat peut, je crois, parfaitement accepter cet amendement, qui permet effectivement de recruter un certain nombre de jeunes dans des conditions comparables à celles qui sont prévues pour des collectivités territoriales.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 148, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le code du travail, après l'article L. 322-4-20.
Par amendement n° 140 rectifié, M. Fischer, Mmes Borvo et Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre et Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite et Renar, Mme Terrade proposent, après le texte présenté par l'article 1er pour l'article L. 322-4-20 du code du travail, d'insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Chaque année, les partenaires sociaux des secteurs concernés recevront, dans le cadre de la CNPE ou à défaut de la commission mixte du CCN, tous les éléments permettant l'évaluation du dispositif emplois-jeunes.
« Ces emplois devront, après négociation paritaire, figurer dès l'année de mise en oeuvre de l'accord dans la grille des classifications et des salaires des CCN ou accord d'entreprises concernées. »
La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, cet amendement vise à introduire, après l'article L. 322-4-20 du code du travail, un nouvel article prévoyant que, chaque année, les partenaires sociaux des secteurs concernés par les emplois-jeunes recevront, dans le cadre de la commission nationale pour l'emploi ou, à défaut, de la commission mixte de la convention collective nationale, tous les éléments permettant l'évaluation du dispositif emplois-jeunes.
Il s'agit là, à notre sens, d'un aspect important pour assurer la réussite du plan et éviter tout risque de dérives telles que celles que l'on a pu connaître avec les CES.
En outre, s'agissant d'emplois émergents répondant à des besoins sociaux non satisfaits, revêtant un fort aspect expérimental, il est, pensons-nous, nécessaire de pratiquer régulièrement une évaluation du dispositif.
Quant à la seconde partie de notre amendement, elle réintroduit la possibilité de faire figurer les emplois dans la grille des classifications et des salaires dès l'année de mise en oeuvre et non pas, comme le prévoit la commission des affaires sociales, à partir de leur pérennisation.
En outre, puisqu'il s'agit des emplois qui sont dans la grille et non des contrats, cette référence me paraît mieux placée ici que dans l'article précédent.
Sous le bénéfice de ces explications, je vous demande, mes chers collègues, d'approuver notre amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Cet amendement étant incompatible avec le dispositif adopté par la commission et prévoyant déjà des consultations, des informations et des évaluations, la commission y est défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement partage l'avis de la commission.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 140 rectifié, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble de l'article 1er, modifié.

(L'article 1er est adopté.)

Articles additionnels avant l'article 1er bis

M. le président. Par amendement n° 15, M. Souvet, au nom de la commission, propose d'insérer, avant l'article premier bis , un article additionel ainsi rédigé :
« Le fonds paritaire d'intervention en faveur de l'emploi prévu par les articles 1 et 2 de la loi n° 96-126 du 21 février 1996 portant création d'un fonds paritaire d'intervention en faveur de l'emploi peut participer au financement des postes d'encadrement des nouvelles activités prévues par l'article L. 322-4-18 du code du travail lorsqu'ils sont pourvus au bénéfice de personnes éligibles à l'allocation de remplacement pour l'emploi pour un montant au plus équivalent à celui de cette allocation.
« Ce fonds peut également participer au financement des emplois pérennisés dans le secteur marchand en application de l'article L. 322-4-21 du code du travail pour la durée restant à courir dans le cadre des contrats conclus à l'article L. 322-4-20 de ce même code et dans des conditions fixées par décret. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. La loi du 21 février 1996 a créé un fonds paritaire d'intervention en faveur de l'emploi, qui bénéficie d'une partie des contributions des employeurs et des salariés prévues pour financer les allocations d'assurance chômage.
Le présent article dispose que les partenaires sociaux peuvent décider de participer au financement des postes d'encadrement créés pour assurer le développement de nouvelles activités lorsqu'ils sont pourvus au bénéfice de personnes éligibles à l'allocation de remplacement pour l'emploi.
Ce dispositif participe donc au processus d'activation des dépenses passives. Il s'agit de permettre la meilleure utilisation possible du capital d'expérience et de savoir-faire des personnes qui quittent leur emploi dans le cadre du dispositif de l'ARPE. Pour cela, il est prévu qu'elles pourront cumuler une rémunération provenant d'un emploi-jeunes versée par l'employeur et une aide de ce fonds.
Le recours à des personnes expérimentées du secteur privé, est, me semble-t-il, un gage de sérieux propre à assurer une pérennisation des activités dans le secteur marchand.
Le second alinéa prévoit que ce même fonds pourrait également participer au financement des emplois pérennisés dans le secteur marchand avant le terme des cinq ans, et ce pour la durée restant à courir.
Il s'agit de favoriser une migration vers le secteur privé dans de bonnes conditions. Le dispositif d'aide ainsi institué permet d'asseoir le développement des nouvelles activités dans le secteur marchand.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
En effet, le dispositif de l'ARPE mis en place par les partenaires sociaux permet de financer la cessation d'activité de salariés pouvant prétendre à un dispositif de préretraite. En contrepartie, l'embauche de jeunes doit être réalisée.
Ces préretraités peuvent être employés comme aides bénévoles dans une association, par exemple, rien ne les en empêche, bien évidemment. Mais je ne vois pas comment ils pourraient percevoir une rémunération complémentaire par le biais, notamment, du fonds paritaire d'intervention en faveur de l'emploi pour servir d'encadrement à ces jeunes. S'ils souhaitent oeuvrer bénévolement, c'est une bonne idée ; si tel n'est pas le cas, je ne vois pas comment nous pourrions les financer : ce serait complètement en contradiction avec le principe même de la préretraite.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. L'objectif des rédacteurs de ce projet de loi est, précisément, d'autoriser les partenaires sociaux à utiliser le fonds.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 15.
Mme Hélène Luc. Je demande la parole contre cet amendement.
M. le président. La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc. Le groupe communiste républicain et citoyen votera contre l'amendement n° 15 de la commission, qui, je dois l'avouer, fait preuve d'une très grande imagination pour offrir des emplois gratuits aux employeurs !
De quoi s'agit-il ? M. le rapporteur propose d'utiliser le fonds paritaire d'intervention en faveur de l'emploi pour financer les postes d'encadrement des nouvelles activités « lorsqu'ils sont pourvus au bénéfice de personnes éligibles à l'allocation de remplacement pour l'emploi pour un montant au plus équivalent de cette allocation ».
Nous sommes opposés à cet amendement, d'abord parce qu'il est choquant d'utiliser ce qui, au bout du compte, est l'argent du chômeur pour financer des emplois pouvant être pérennisés, y compris dans le secteur marchand.
En outre, il est particulièrement choquant de cumuler l'aide prévue à l'occasion des emplois-jeunes et celle qui l'est par le biais du fonds. De ce fait, en effet, chaque emploi d'encadrement coûterait zéro franc à l'employeur.
Enfin, il s'agit d'un véritable détournement de l'ARPE, le dispositif prévoyant le départ d'un salarié à 58 ans, le versement d'une prime et une obligation d'embauche.
Avec le système proposé par M. le rapporteur, non seulement la prime est touchée, mais plus aucune embauche n'est effectuée ! C'est pourquoi nous nous opposons à l'adoption de l'amendement n° 15.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Avec tout le respect que je vous dois, madame Luc, je vous déclare que vous ne m'avez pas compris.
Nous faisons preuve, dites-vous, de beaucoup d'imagination pour trouver des emplois gratuits pour les employeurs. Ce n'est pas du tout cela et je ne peux pas vous laisser le dire !
Il s'agit au contraire d'aider les travailleurs âgés de cinquante à cinquante-cinq ans qui bénéficient d'une bonne formation et d'une grande expérience à développer les nouvelles activités. Ce n'est pas tout à fait pareil !
M. Roland Huguet. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Huguet.
M. Roland Huguet. Nous sommes contre cet amendement. En effet, le fonds a pour objet principal de financer la préretraite en contrepartie d'emploi pour les personnes âgées de moins de soixante ans qui ont cotisé quarante annuités. Il est nécessaire de réserver les ressources de ce fonds à cette priorité, voire d'étendre le dispositif en abaissant la limite actuelle pour en bénéficier.
En l'espèce, l'intervention du fonds serait contraire à la logique du dispositif, à savoir une préretraite contre un emploi. L'objet de ce fonds n'est pas de financer des postes d'encadrement dans un dispositif emploi-jeunes. Il est encore moins de prendre en charge des aides à l'emploi dans le secteur marchand alors qu'existent déjà de nombreuses aides de droit commun.
C'est donc à un double dénaturation que veut se livrer la majorité sénatoriale : d'une part, celle des emplois-jeunes et, d'autre part, celle de la préretraire contre un emploi.
Mes chers collègues, ne serait-il pas préférable, dans l'intérêt de tous ceux qui sont aujourd'hui en difficulté, de réfléchir ensemble au moyen de faire bénéficier tous les chômeurs ayant cotisé quarante annuités d'un dispositif de retraite ? Cela correspondrait certainement davantage à l'attente des Français. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.) M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Beaucoup de choses ont été dites à propos de cet amendement. A mon tour, je voudrais formuler deux remarques tirées de l'expérience locale, et je pense que pas un maire ne me contredira.
A l'heure actuelle, dans toutes les communes, nous voyons des jeunes sans emploi à la recherche d'une activité. Nous avons des cadres au chômage âgés de cinquante-cinq, cinquante-six, cinquante-sept ans, justiciables du fonds paritaire ou non, qui ne peuvent retrouver un emploi et qui se trouvent dans des conditions psychologiques effroyables : personne ne veut les embaucher au motif qu'ils sont trop âgés. La semaine dernière, j'ai eu connaissance du cas d'une femme de quarante-huit ans qui s'est vu opposer son âge dans la recherche d'un emploi. Telle est la logique de notre système actuel.
Nous essayons de mettre en place un système liant l'emploi des jeunes que l'on va orienter vers des métiers nouveaux, forcément difficiles à appréhender, utilisant des technologies nouvelles, et l'utilisation de cadres au chômage en demandant aux partenaires sociaux une participation supplémentaire au dispositif actuel de l'ARPE pour favoriser l'encadrement de ces jeunes.
Ce système répond à deux logiques : redonner une utilité sociale à des gens qui se trouvent exclus de la société et activer les dépenses passives du chômage.
C'est au nom des ces deux logiques que je crois opportun d'adopter notre amendement.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je comprends très bien le souci de la commission, mais je ne crois pas que le dispositif auquel vous vous référez soit le bon.
Je le répète, le fonds concerné vise essentiellement, aux termes du code du travail, des personnes qui peuvent cesser leur activité et bénéficier d'un dispositif de préretraite ; il s'agit donc de personnes âgées de cinquante-sept ans et six mois.
Que l'on veuille utiliser des fonds de l'UNEDIC qui servent à l'activation de dépenses passives pour mettre des cadres à la disposition du nouveau système, c'est possible, mais le fonds visé n'est pas le bon.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. D'accord !
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Peut-être faudrait-il réfléchir sur ce point.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Tout à fait !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 1er bis.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 16, M. Souvet, au nom de la commission, propose d'insérer, avant l'article 1er bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 322-4-8-1 du code du travail est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les institutions représentatives du personnel des organismes mentionnés à l'article L. 322-4-7, lorsqu'elles existent, sont informées des conventions conclues. Elles sont saisies, chaque année, d'un rapport sur leur exécution. »
Par amendement n° 37, MM. Carle, Plasait, Poirieux et Serge Mathieu proposent d'insérer, avant l'article 1er bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 322-4-8-1 du code du travail est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les institutions représentatives du personnel, lorsqu'elles existent, sont consultées pour avis sur les conventions. Elles sont saisies, chaque année, d'un rapport sur leur exécution. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 16.
M. Louis Souvet, rapporteur. Cet amendement vise à prévoir une information des instances représentatives du personnel sur l'exécution des conventions conclues pour les contrats emploi consolidé. Cette disposition avait été introduite par l'Assemblée nationale à l'article L. 322-4-18 sur les emplois-jeunes. Il est préférable de la faire figurer, par analogie avec ce qui est fait pour les CES, dans l'article traitant des emplois consolidés.
M. le président. La parole est à M. Carle, pour défendre l'amendement n° 37.
M. Jean-Claude Carle. Mon amendement est très proche de l'amendement n° 16 de la commission. C'est la raison pour laquelle je le retire au profit de ce dernier.
M. le président. L'amendement n° 37 est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 16, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 1er bis.

Article 1er bis

M. le président. « Art. 1er bis. _ Après le deuxième alinéa de l'article L. 322-4-10 du code du travail, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, les bénéficiaires de contrats emploi-solidarité peuvent, pour une durée limitée et dans des conditions déterminées par décret, être autorisés à exercer une activité professionnelle complémentaire. Cette activité est exercée dans le cadre d'un contrat de travail à temps partiel, conclu avec un employeur défini à l'article L. 351-4 ou aux 3° et 4° de l'article L. 351-12 et distinct de celui avec lequel a été conclu le contrat emploi-solidarité. Elle ne peut s'exercer dans le cadre d'un contrat de travail conclu en application d'une convention visée à l'article L. 322-4-18. » - (Adopté.)

Article additionnel après l'article 1er bis

M. le président. Par amendement n° 141, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent d'insérer, après l'article 1er bis, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après l'article 231 bis N du code général des impôts, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. ... - La rémunération versée aux salariés bénéficiant d'un contrat de travail conclu en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18 du code du travail est exonérée de taxe sur les salaires. »
« II. - Le taux prévu à l'article 219 du code général des impôts est relevé à due concurrence. »
La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. L'article 231 bis N du code général des impôts porte, chacun le sait, sur l'exonération, au titre de la taxe sur les salaires, des rémunérations versées aux personnes accomplissant un contrat emploi-solidarité.
Ce choix fiscal, constitutif des dispositions ayant entraîné la mise en place du cadre des contrats emploi-solidarité, peut être interprété comme moyen de favoriser, pour les employeurs qui sont assujettis à la taxe sur les salaires, la conclusion de tels contrats.
Plus spécifiquement, ce sont les associations et les établissements publics qui étaient, à l'époque, concernés par de telles dispositions.
Nous estimons aujourd'hui indispensable de réfléchir à l'application de dispositions identiques en ce qui concerne les emplois créés dans le cadre du présent projet de loi, et ce pour plusieurs raisons que chacun comprendra.
La première raison est la nécessité de mobiliser effectivement toutes les volontés pour assurer la réussite du plan emploi-jeunes.
Nous n'avons pas le droit de décevoir les jeunes en attente d'emploi parce que cela ne nous serait pas pardonné. Et, pour ce faire, rien ne doit faire obstacle à cet effort de la collectivité.
La deuxième raison répond à la volonté de mettre chacun des intervenants sur un pied d'égalité.
En effet, alors que certains des futurs employeurs ne sont pas assujettis à la taxe sur les salaires - je pense aux administrations publiques - d'autres le seraient.
Il convient de ne pas créer de disparités préjudiciables aux initiatives.
La troisième raison est simple.
Le plan emploi-jeunes va permettre, sous certaines conditions, à des jeunes aujourd'hui engagés dans un CES ou un contrat emploi consolidé de trouver une porte de sortie satisfaisante.
Si l'on veut progressivement résoudre le problème du devenir des titulaires de CES, il y a donc lieu d'offrir aux employeurs potentiels des conditions de réembauche sans rémanence de charges fiscales nouvelles.
En tout état de cause, parce qu'il s'agit notamment de réfléchir sur un statut fiscal, nous nous devrons de reposer cette question de la taxe sur les salaires dans des délais relativement brefs, notamment dans le cadre du projet de loi de finances.
En attendant, nous nous devions de proposer à la Haute Assemblée d'adopter cet amendement, qui nous semble cohérent par rapport au dispositif que le projet de loi met en place.
Mme Hélène Luc. Très bien !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Cette disposition, qui entend préciser le cadre fiscal des emplois-jeunes, nous a paru superfétatoire. C'est la raison pour laquelle la commission s'y est déclarée défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 141, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 1er ter

M. le président. « Art. 1er ter . _ Les dispositions prévues aux articles L. 323-1 et L. 323-2 du code du travail sont applicables aux employeurs qui embauchent des personnes visées à l'article L. 322-4-1 dans le cadre des conventions prévues à l'article L. 322-4-18. »
Par amendement n° 17, M. Souvet, au nom de la commission, propose, dans cet article, de remplacer la référence : « L. 322-4-1 » par la référence : « L. 322-4-19 ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Il s'agit de rectifier une erreur matérielle.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 17, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er ter, ainsi modifié.

(L'article 1er ter est adopté.)

Article 1er quater

M. le président. « Art. 1er quater .- Dans le cadre de la présente loi, les personnes morales et les organismes de droit privé visés au premier alinéa de l'article L. 322-4-18 du code du travail peuvent confier aux missions locales pour l'emploi et aux permanences d'accueil d'information et d'orientation un rôle d'information et d'orientation auprès des personnes de dix-huit à vingt-six ans. » - (Adopté.)

Article 1er quinquies

M. le président. « Art. 1er quinquies . - I. _ Le premier alinéa de l'article L. 351-24 du code du travail est remplacé par six alinéas ainsi rédigés :
« L'Etat peut accorder les droits visés aux articles L. 161-1 et L. 161-1-1 du code de la sécurité sociale aux personnes qui créent ou reprennent leur entreprise ou qui entreprennent l'exercice d'une autre profession non salariée :
« 1° Demandeurs d'emploi indemnisés ;
« 2° Demandeurs d'emploi non indemnisés inscrits à l'Agence nationale pour l'emploi six mois au cours des dix-huit derniers mois ;
« 3° Bénéficiaires de l'allocation de revenu minimum d'insertion ;
« 4° Remplissant les conditions visées au premier alinéa de l'article L. 322-4-19 ;
« 5° Bénéficiant des dispositions prévues à l'article L. 322-4-19 et dont le contrat se trouve rompu avant le terme de l'aide prévue à ce même article. »
« II. _ Après le premier alinéa du même article, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Les personnes remplissant les conditions visées aux 4° et 5° du présent article peuvent en outre bénéficier d'une aide financée par l'Etat. Cette aide peut prendre la forme d'une avance remboursable. »
« III. _ Au deuxième alinéa du même article, après les mots : "premier alinéa", sont insérés les mots : "et de l'aide prévue au deuxième alinéa".
« IV. _ L'avant-dernier alinéa du même article est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Pour les personnes visées aux 4° et 5° du présent article, la participation financière de l'Etat peut porter, de plus, sur des actions de suivi ou d'accompagnement, organisées avant la création ou la reprise d'entreprise et pendant trois années après. »
« V. _ Le dernier alinéa du même article est supprimé. »
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 18 rectifié, M. Souvet, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit le texte proposé par le paragraphe I de l'article 1er quinquies pour remplacer le premier alinéa de l'article L. 351-24 du code du travail :
« L'Etat peut accorder les droits visés aux articles L. 161-1 et L. 161-1-1 du code de la sécurité sociale aux personnes :
« 1° Demandeurs d'emploi indemnisés ;
« 2° Demandeurs d'emploi non indemnisés inscrits à l'Agence nationale pour l'emploi six mois au cours des dix-huit derniers mois ;
« 3° Bénéficiaires de l'allocation de revenu minimum d'insertion ;
« 4° Remplissant les conditions visées au premier alinéa de l'article L. 322-4-19 ;
« 5° Bénéficiant des dispositions prévues à l'article L. 322-4-19 et dont le contrat se trouve rompu avant le terme de l'aide prévue à ce même article, et qui créent ou reprennent une entreprise industrielle, commerciale, artisanale ou agricole, soit à titre individuel, soit sous la forme d'une société, à condition d'en exercer effectivement le contrôle ou qui entreprennent l'exercice d'une autre profession non salariée. »
Par amendement n° 105, M. Hérisson propose, après le sixième alinéa (5°) du texte présenté par le paragraphe I de l'article 1er quinquies pour l'article L. 351-24 du code du travail, d'insérer un alinéa ainsi rédigé :
« ° Justifiant d'une expérience professionnelle d'au moins cinq ans, y compris les périodes de formation dans le métier considéré ou bien d'un diplôme de niveau V (CAP). »
Par amendement n° 142, MM. Minetti, Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent :
I. - De compléter le paragraphe I de l'article 1er quinquies par un alinéa ainsi rédigé :
« ...° jeunes agriculteurs créant ou reprenant une exploitation ; ».
II. - En conséquence, dans le premier alinéa du paragraphe I de cet article, de remplacer le mot : « six » par le mot : « sept ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 18 rectifié.
M. Louis Souvet, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel qui tend à rétablir une disposition malencontreusement omise, alors que le texte reprend une disposition figurant dans le code du travail.
Par ailleurs, il faut souligner que les cadres qui créeraient une entreprise pour reprendre ces activités émergentes pourraient bénéficier de cette aide.
M. le président. La parole est à M. Hérisson, pour défendre l'amendement n° 105.
M. Pierre Hérisson. Au moment de la discussion de cet article, je ne peux m'empêcher de faire un rapprochement avec la loi du 5 juillet 1996 relative au développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat, dont j'ai l'honneur d'avoir été le rapporteur et qui a institué une obligation de qualification pour tout créateur ou repreneur d'entreprise dans bon nombre de métiers.
L'enjeu de ce texte est non seulement de protéger le consommateur, mais également d'assurer aux entreprises artisanales une certaine pérennité. Or je n'ai rien vu de tel dans le projet de loi que vous nous proposez aujourd'hui pour l'aide à la création ou à la reprise d'entreprise.
Ne serions-nous pas en train de tomber dans les mêmes errements que par le passé avec la proposition d'aide, ou d'avance, instituée dans ce projet de loi ?
Nous savons, en effet, que c'est le secteur de l'artisanat qui crée beaucoup d'emplois et génère de forts taux d'investissement. Mais c'est aussi, malheureusement, celui où la mortalité des entreprises est la plus importante.
On l'a constaté : une entreprise nouvelle sur deux disparaît dans les trois ans qui suivent sa création. Si les causes de défaillance sont nombreuses, le manque de compétence et de formation joue un rôle déterminant dans ces échecs.
Ainsi, dans un souci de cohérence législative, il me paraît nécessaire de mettre en place cette même exigence dans le dispositif dont nous débattons aujourd'hui, sachant qu'il s'adresse à une catégorie de personnes plus inexpérimentées, puisqu'il s'agit de jeunes demandeurs d'emploi très fragilisés bénéficiant du RMI.
J'en appelle à votre sagesse, madame la ministre, comme à celle de mes collègues, afin que des dispositions telles que celles qui sont contenues dans mon amendement quant à l'obligation d'une qualification préalable à l'attribution de cette avance soient introduites dans le texte qui nous est soumis aujourd'hui.
Montrons-nous responsables et prévoyants en exigeant cette qualification. C'est à ce prix que les jeunes retrouveront l'espoir d'entreprendre durablement.
M. le président. La parole est M. Lefebvre, pour défendre l'amendement n° 142.
M. Pierre Lefebvre. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, cet amendement précise les conditions d'éligibilité des aides prévues par l'article L. 351-24 du code du travail.
Il vise à préciser que tous les jeunes qui s'installent en tant que chef d'exploitation agricole peuvent bénéficier d'une aide à laquelle seule la moitié d'entre eux ont droit avec la dotation d'installation, celle-ci étant soumise à des conditions particulièrement sévères.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 105 et 142 ?
M. Louis Souvet, rapporteur. L'amendement n° 105 pose un problème véritable, celui de la crédibilité des candidats à l'aide de l'Etat pour créer une entreprise. La commission souhaiterait entendre le Gouvernement sur ce sujet.
S'agissant de l'amendement n° 142, il nous a semblé que les agriculteurs recevaient déjà des aides spécifiques à l'installation. Je comprends bien le souci de parallélisme des auteurs de cet amendement, mais la commission n'a pas cru devoir multiplier les types d'aides. C'est la raison pour laquelle elle a émis un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 18 rectifié, 105 et 142 ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est favorable à l'amendement n° 18 rectifié, qui apporte une modification rédactionnelle effectivement nécessaire.
En revanche, il est défavorable à l'amendement n° 105. Il n'y a aucune raison d'exclure les jeunes créateurs d'entreprise qui sont porteurs de projets solides du bénéfice de l'aide à la création d'entreprise.
Quant à l'extension du dispositif aux jeunes agriculteurs créant ou reprenant une exploitation, elle a déjà été évoquée. S'il s'agit de la création ou de la reprise d'une entreprise industrielle, commerciale, artisanale ou agricole, comme il est prévu dans l'amendement n° 18 rectifié, l'aide aux chômeurs créateurs et repreneurs d'entreprise, l'ACCRE, peut être mobilisée. Je ne vois donc pas l'intérêt de cet amendement supplémentaire. C'est la raison pour laquelle le Gouvernement a émis un avis défavorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18 rectifié, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, les amendements n°s 105 et 142 n'ont plus d'objet.
Par amendement n° 38, MM. Carle, Plasait, Poirieux et Serge Mathieu proposent de compléter in fine le texte présenté par le II de l'article 1er quinquies pour insérer un alinéa après le premier alinéa de l'article L. 351-24 du code du travail par les mots : « qui doit faire l'objet d'une consultation du comité départemental de l'emploi et de la formation (CODEF). »
La parole est à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle. Le dispositif, tel qu'il est proposé, n'associe pas à la décision les professionnels et les chefs d'entreprise à même d'évaluer les besoins et d'apporter une contribution utile à ladite décision. C'est pourquoi cet amendement prévoit explicitement leur participation, afin que la décision ne revienne pas in fine à l'administration départementale du travail ou au seul représentant de l'Etat, mais résulte bien d'une véritable consultation de tous les partenaires.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Il ne paraît pas opportun de confier un pouvoir d'appréciation à des représentants de ceux qui peuvent bénéficier des aides. A chacun son rôle. C'est la raison pour laquelle la commission n'a pas cru devoir suivre les auteurs de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Le Gouvernement est défavorable à cet amendement pour les mêmes raisons que la commission.
Cela étant, mesdames, messieurs les sénateurs, il faudra que nous ayons un jour un vrai débat sur les CODEF. Je pense que les CODEF vont être très sensibles à l'extension soudaine et considérable de leurs missions qu'a prévue le Sénat ! (Sourires.)
Je rappelle qu'au sein des CODEF siègent notamment des hauts fonctionnaires qui ont par ailleurs en charge le rectorat, la direction régionale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle, les directions départementales du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle. S'ils devaient se réunir jour après jour pour donner un avis sur chaque convention emploi-jeunes, sur l'ACCRE et, pourquoi pas, demain, sur toute aide de l'Etat, je pense qu'ils n'auraient plus le temps d'accomplir leur mission principale.
M. Henri de Raincourt. Vous avez raison !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 38.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. A la liste que vient d'esquisser Mme la ministre, il convient d'ajouter les parlementaires !
Je vous rappelle, mes chers collègues, que vous avez déjà décidé qu'il y aurait un nombre tout à fait colossal de réunions du CODEF. C'est pourquoi, ne serait-ce qu'au regard de nos emplois du temps, je me réjouis que M. le rapporteur ait émis un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 38, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 39, MM. Carle, Plasait, Poirieux et Serge Mathieu proposent de compléter le texte présenté par le II de l'article 1er quinquies pour insérer un alinéa après le premier alinéa de l'article L. 351-24 du code du travail par un alinéa ainsi rédigé :
« L'Etat et les régions peuvent contribuer à la mise en place d'une ingénierie dans le cadre de l'aide à la création d'entreprise. »
La parole est à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle. Par cet amendement, il est proposé de renforcer les moyens nécessaires à la création d'entreprise.
Les régions, de par leur implication dans le développement du tissu économique local, apparaissent comme les mieux placées pour rendre ce dispositif plus opérationnel. Bon nombre de régions mènent d'ailleurs déjà des actions dans ce domaine, et cela très souvent en partenariat avec l'Etat.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission a donné un avis favorable, pour souligner l'intérêt de l'aide à l'ingénierie.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Il est déjà tout à fait clair que l'Etat va contribuer à la mise en place d'une ingénierie par l'accompagnement et le suivi.
Je peux néanmoins accepter l'amendement, mais à condition qu'on précise qu'il s'agit de l'aide à la création d'entreprise « prévue par le présent article » et non pas à la création d'entreprise en général.
M. le président. Monsieur Carle, acceptez-vous de rectifier votre amendement dans le sens souhaité par Mme le ministre ?
M. Jean-Claude Carle. Oui, monsieur le président.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 39 rectifié, présenté par MM. Carle, Plasait, Poirieux et Serge Mathieu, et tendant à compléter le texte présenté par le II de l'article 1er quinquies pour insérer un alinéa après le premier alinéa de l'article L. 351-24 du code du travail par un alinéa ainsi rédigé :
« L'Etat et les régions peuvent contribuer à la mise en place d'une ingénierie dans le cadre de l'aide à la création d'entreprise prévue par le présent article. »
Je suppose que la commission demeure favorable à l'amendement ainsi rectifié.
M. Louis Souvet, rapporteur. En effet, monsieur le président.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 39 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 149, le Gouvernement propose de compléter in fine l'article 1er quinquies par un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - Les dispositions du présent article sont applicables aux demandes déposées à compter du 1er janvier 1998. »
La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Il s'agit de prévoir une date pour le démarrage de l'application de ces dispositions concernant les jeunes créateurs.
Dans le projet de budget du ministère de l'emploi et de la solidarité pour 1998 figure une ligne qui permettra d'inscrire effectivement les crédits correspondants, sous réserve, bien entendu, de l'adoption du projet par le Parlement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission a émis un avis favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 149, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er quinquies , modifié.

(L'article 1er quinquies est adopté.)

Article additionnel après l'article 1er quinquies

M. le président. Par amendement n° 25 rectifié ter , M. Jean Chérioux propose d'insérer, après l'article 1er quinquies, un article additionnel ainsi rédigé :
« Il est inséré, après l'article L. 122-1-2 du code du travail, un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. .... - Dans les entreprises de moins de onze salariés dont l'activité s'accroît, des contrats de travail peuvent être conclus pour une durée de soixante mois. Ces contrats peuvent être rompus à l'expiration de chacune des périodes annuelles de leur exécution, à l'initiative du salarié moyennant le respect d'un préavis de deux semaines, ou de l'employeur s'il justifie d'une cause réelle et sérieuse.
« Dans ce dernier cas, l'employeur doit notifier cette rupture par lettre recommandée avec demande d'avis de réception. Cette lettre ne peut être expédiée au salarié moins d'un jour franc après la date fixée pour l'entretien préalable prévu à l'article L. 122-14. La date de présentation de la lettre recommandée fixe le point de départ du délai-congé prévu par l'article L. 122-6.
« L'article L. 122-3-4 est applicable à l'issue du contrat ou, le cas échéant, lors de la rupture anticipée à l'expiration d'une période annuelle. Le montant de l'indemnité ne peut cependant excéder le montant du salaire perçu par le salarié au cours des dix-huit derniers mois d'exécution de son contrat de travail.
« La rupture du contrat par l'employeur en méconnaissance des dispositions ci-dessus ouvre droit, pour le salarié, à des dommages et intérêts correspondant au préjudice subi.
« S'il se poursuit après l'échéance de son terme, le contrat devient un contrat à durée indéterminée. »
La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. J'ai déjà évoqué l'objet de cet amendement lors de la discussion générale. Il s'agit, je le rappelle, d'introduire dans le code du travail une disposition conférant une certaine pérennité à l'utilisation d'un CDD telle qu'elle a été prévue dans le texte initial du Gouvernement.
Madame la ministre, je vous l'ai dit, l'occasion était trop belle pour moi, et il me fallait saisir la balle au bond !
En effet, constatant votre intérêt pour cette formule du CDD - un intérêt que ne partagent pas toujours vos amis - j'ai pensé qu'il fallait profiter de ces bonnes dispositions que vous manifestez pour introduire cette mesure dans le code du travail. Vous m'avez fait remarquer que, au fond, ce n'était pas tellement avantageux dans la mesure où, avec l'indemnité de précarité, cela risquait de coûter plus cher qu'une interruption de contrat à durée indéterminée.
Essentiellement, ce que je propose permettra à une petite entreprise - mon amendement vise désormais les PME de moins de onze salariés - qui perçoit tout à coup la possibilité d'un développement important de son activité d'embaucher, sans craindre que des difficultés ne se dressent au cas où, après un certain temps, elle ne pourrait conserver le salarié ainsi embauché.
Dans un tel cas, c'est vrai, une indemnité de précarité devra être versée ; mais au moins, dès le début, l'employeur sait à quoi il s'engage : c'est en connaissance de cause qu'il peut décider, pour développer son activité, d'embaucher un salarié.
Tel est le sens de mon amendement.
J'ajoute que c'est vous-même, madame la ministre, qui m'avez suggéré une dernière rectification, ce dont je vous remercie.
En effet, à l'évidence, vous considérez que, dans le cadre de ce texte, on peut limiter l'indemnité de précarité à dix-huit mois. J'ai donc, pour ainsi dire, suivi votre conseil et je propose que ce contrat à durée déterminée de cinq ans soit assujetti d'une indemnité de précarité qui ne soit que de dix-huit mois.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Selon la commission, les activités nouvelles sont toujours très fragiles et beaucoup de chefs d'entreprise hésitent à embaucher par crainte de voir échouer l'activité qu'ils aimeraient lancer, ce qui se traduirait par une charge insupportable liée aux salariés ainsi embauchés.
Dans ces conditions, cet amendement apporte une solution qui devrait être favorable à l'emploi. C'est la raison pour laquelle la commission a émis un avis favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je ne voudrais pas donner l'impression de soutenir plus les chefs d'entreprise que les sénateurs, mais, très franchement, je ne connais pas aujourd'hui une petite entreprise qui souhaiterait embaucher un salarié sur cinq ans. Comment peut-elle savoir ce qui va se passer dans cinq ans ?
Outre l'indemnité de précarité d'emploi, qui est prévue uniquement pour financer des contrats courts, il existe aussi une indemnité de rupture. Cela signifie que, si la PME doit rompre le contrat au bout de deux ans, de par le code du travail, elle devrait payer les trois ans restants !
Jamais les PME n'ont exprimé une telle revendication, la formule du contrat à durée indéterminée paraissant beaucoup plus souple qu'un contrat à durée déterminée de cinq ans.
Le contrat de cinq ans est intéressant dans le cadre de ce texte essentiellement parce qu'il est le corollaire d'une aide particulièrement importante de l'Etat. Dès lors, je ne vois aucunement l'intérêt d'étendre ce contrat à des entreprises qui n'en ont pas besoin.
Au demeurant, je le répète, aucune revendication de cette nature n'a jamais été formulée. Aujourd'hui, ce que souhaitent les petites et moyennes entreprises, c'est pouvoir offrir des contrats à durée déterminée et les renouveler, mais sur de courtes durées ; ce n'est pas mettre en place des CDD de cinq ans. Là encore, je crois que ma connaissance de l'entreprise et des logiques qui l'animent me permet de vous faire cette réponse.
M. le président. Monsieur Chérioux, maintenez-vous votre amendement ?
M. Jean Chérioux. Madame la ministre, permettez-moi de vous dire que je ne prends pas nécessairement en compte les demandes de tel ou tel. Ce que je constate, c'est la réalité. Et la réalité, quelle est-elle ? De très petites entreprises...
M. le président. Mon cher collègue, je suis obligé de vous demander si vous retirez ou non votre amendement. Si vous le maintenez, je dois appliquer la procédure prévu par le règlement.
M. Jean Chérioux. Je le maintiens, monsieur le président.
M. le président. Je vais donc mettre aux voix l'amendement n° 25 rectifié ter .
M. Guy Fischer. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. J'affirme ici l'opposition absolue de mon groupe à l'amendement présenté par M. Chérioux et les membres du groupe du RPR, car il témoigne tout simplement d'une volonté de mettre à bas, une fois de plus, le code du travail.
Mme la ministre a déjà apporté un certain nombre d'arguments qui montrent la nécessité de rejeter la proposition de M. Chérioux.
Notre collègue propose de créer, pour les entreprises de moins de onze salariés - auparavant, son amendement visait les entreprises de moins de cinquante salariés - un nouveau contrat de cinq ans, grâce auquel l'employeur pourrait licencier le salarié à la fin de chaque période d'un an pour motif réel et sérieux. Il s'agit en quelque sorte d'un « sous-CDD ».
Il y a là un débat latent ; j'y ai fait allusion à plusieurs reprise. On le sait bien quand on suit attentivement l'évolution de l'état d'esprit du patronat, notamment de l'UIMM, qui est toujours un poisson pilotte en matière de déréglementation et de démantèlement du code du travail.
M. Henri de Raincourt. Oh !
M. Guy Fischer. Lisez donc leurs récentes déclarations. Vous ne pouvez pas dire que je mens !
M. Henri de Raincourt. Nous ne nous le permettrions pas !
M. Guy Fischer. Je suis très attentivement, comme vous, tout ce qui concerne l'évolution de la législation du travail.
Il s'agit, en fait, d'une nouvelle mouture, peut-être mal formulée, du « contrat d'activité » cher à l'UIMM, destiné - ce n'est un secret pour personne - à en finir avec les CDD, jugés, malgré leur caractère précaire, encore trop protecteurs pour le salarié. On ne cherche rien d'autre qu'à atteindre une flexibilité « à la Thatcher ».
Avec cet amendement, vous proclamez que c'en est fini du CDI comme norme d'embauche et qu'on est débarrassé des garanties attachées au CDD.
Bien sûr, vous allez me répondre qu'on en n'est pas encore là, mais il s'agit bien de lancer le débat sur la suppression à court ou moyen terme de la législation relative aux CDD et aux CDI.
M. Gérard Delfau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delfau.
M. Gérard Delfau. L'avis favorable émis par la commission sur l'amendement de notre collègue M. Chérioux fait prendre un tournant à notre discussion.
Jusqu'à présent, nous vivions dans la fiction selon laquelle la majorité sénatoriale voulait amender le texte, en élargir la portée, mais en en respectant la nature.
Il s'agissait bien de fiction puisque, déjà, l'examen de certains amemdements nous avait permis de constater quelques accrocs dans cette ligne de conduite.
Avec cet amendement, on change la nature du projet de loi. D'ailleurs, le président de la commission lui-même a parlé de changement de philosophie.
Dès lors, chers collègues de la majorité, vous ne serez pas étonnés que le groupe socialiste ne vous suive pas. Nous sommes fidèles au projet de loi. Nous sommes hostiles à tout affaiblissement du code du travail. Nous récusons les « sous-CDD » qu'évoquait à l'instant fort justement M. Fischer.
Nous estimons que ce projet de loi préserve la logique du travail dans le secteur privé. Nous ne voudrions surtout pas qu'il vous donne l'occasion d'y porter atteinte.
Voilà pourquoi nous sommes résolument hostiles à l'amendement n° 25 rectifié ter .
M. Jean Chérioux. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Chérioux.
M. Jean Chérioux. Je constate que les arguments de M. Fischer contredisent ceux de Mme la ministre.
En effet, évoquant un syndicat professionnel, M. Fischer a prétendu tout à l'heure que l'on faisait un cadeau aux grosses entreprises. Or Mme la ministre, qui a dirigé une grande entreprise, a affirmé que, de toute façon, la mesure proposée ne présentait aucun intérêt.
Mais en vérité, le dispositif concerne non pas les grandes entreprises, comme j'ai eu l'occasion de le dire, mais uniquement les petites, où les problèmes sont différents.
En effet, un élément psychologique joue dans la gestion de celles-ci : ainsi, lorsqu'une petite entreprise comptant sept, huit ou neuf salariés a la possibilité d'obtenir un marché important qui occupera assez longtemps son plan de charge, elle hésitera à l'accepter, parce qu'elle sera dans l'obligation d'embaucher. Notre objectif est donc de lui donner la possibilité de développer son activité.
A ce propos, M. Fischer lit presque dans ma pensée, puisqu'il a utilisé un mot que je n'avais pas employé, mais que je reprends maintenant, celui de « flexibilité ».
En effet, ce qui gêne beaucoup actuellement le fonctionnement de nos entreprises, c'est la rigidité du code du travail. La suggestion involontaire de Mme la ministre pourrait nous permettre de lui donner un peu plus de flexibilité.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade. président de la commission. J'ai entendu avec intérêt les observations de M. Delfau, et j'ai compris où se trouvait la ligne de clivage entre nous.
Pour notre part, nous essayons de lutter contre le chômage... (Exclamations sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Gérard Delfau. Nous aussi !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. ... et de créer le maximum d'emplois.
Vous (L'orateur se tourne vers la gauche de l'hémicycle.), Mme Dusseau au premier rang, vous jugez intangible le code du travail dans sa rédaction actuelle. Le résultat, c'est que notre taux de chômage dépasse celui de tous nos voisins européens, à l'exception peut-être de la Grèce, et tandis que les autres pays, dès qu'ils connaissent une reprise économique, voient leur taux de chômage baisser, nous continuons à enregistrer une hausse du nôtre.
Néanmoins, il n'est pas question de toucher à ce monument qu'est le code du travail !
M. Gérard Delfau. On y a touché sans cesse !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Que constatons-nous, monsieur Delfau ?
Dans le département que j'ai l'honneur de représenter ici, un certain nombre de communes, avec l'aide du département et de la chambre de commerce, ont engagé une prospection systématique auprès de toutes les entreprises de moins de dix salariés, qui sont précisément visées par M. Chérioux dans son amendement n° 25 rectifié ter.
Depuis huit mois que nous avons entamé cette démarche, nous avons découvert, dans l'ensemble du département, plus de 3 000 emplois, dont les deux tiers à durée indéterminée.
Pour parvenir à ce résultat, nous avons transformé des RMistes en « faciliteurs », et nous sommes allés voir les chefs d'entreprise chez eux. En effet, ils ne sont pas pleinement informés, ils ne lisent pas in extenso le code du travail et ils ne connaissent pas toutes les technologies et toutes les aides à l'emploi. Ce travail d'information a permis, je le répète, de découvrir un gisement de 3 000 emplois dans notre département.
Monsieur Delfau, le fait qu'une telle initiative de terrain, dont je vous adresserai le compte rendu si vous le souhaitez, amène de tels résultats par la prospection auprès des très petites entreprises de moins de dix salariés, interdit, à mon avis, que l'on reproche à l'amendement défendu par M. Chérioux de dénaturer le code du travail.
Nous sommes des législateurs, et nous avons le droit et l'obligation de modifier le code du travail, quand c'est possible, en vue d'améliorer les conditions d'embauche dans ce pays.
Notre objectif est de lutter contre le chômage.
Certes, j'admets que le texte proposé par M. Chérioux aurait été dangereux s'il avait concerné les grandes entreprises, qui bénéficient des services de cabinets juridiques et de conseils ; mais il n'en va pas de même dans le cas des petites entreprises. C'est d'ailleurs intentionnellement que, avant d'émettre un avis favorable, nous avons demandé à M. Chérioux de rectifier son amendement.
En conclusion, nous estimons que les très petites entreprises recèlent un gisement d'emplois considérable et que nous aurions tout à fait tort de ne pas leur donner les moyens de recruter des salariés, jeunes ou pas.
Nous nous écartons quelque peu du texte, j'en conviens, mais réaffirmer cette volonté me paraît plus essentiel que lutter pour la sauvegarde de ce mythe qu'est le code du travail. (Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste. - M. Jacques Bimbenet applaudit également.)
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Si ma mémoire ne me trahit pas, le code du travail a quand même été quelque peu mis à mal depuis quelques années, notamment depuis 1993. Le résultat en matière de création d'emplois n'autorise guère à pavoiser, mes chers collègues.
M. Gérard Delfau. Très bien !
Mme Joëlle Dusseau. Par ailleurs, je trouve l'exemple cité par M. Fourcade tout à fait intéressant : il n'a été question ni de réglementation, ni de loi, mais d'attitude, et je m'en félicite.
J'estime que le problème de la création d'emplois dans notre pays n'est effectivement pas lié à l'existence de lois, de codes ou de règlements qui seraient trop contraignants, encore que je reconnaisse qu'il conviendrait de faciliter certaines choses. Il s'agit essentiellement, à mes yeux, d'un problème d'attitude et d'explication.
M. Fourcade n'a avancé, dans son propos, aucun argument qui aille dans le sens de sa démonstration.
Il a indiqué qu'il s'agissait d'aller voir les chefs d'entreprise et de leur présenter le dispositif, sans introduire de disposition complémentaire.
Ainsi, il a très nettement prouvé que la création d'emplois relève du volontarisme. Cela constitue au moins un point d'accord avec Mme Aubry. (Protestations sur les travées des Républicains et Indépendants et du RPR.)
M. Guy Fischer. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Je ne vais pas me livrer à de nouveaux développements, mais je voudrais souligner que le monument d'immobilisme que représenterait, selon certains, le code du travail, a été, ne serait-ce qu'au cours de ces cinq dernières années, largement démantelé.
En effet, la déréglementation dans ce domaine a été rapide. Rappelez-vous les textes que nous avons votés ici, notamment à propos des accords salariaux. Ils ont permis, en particulier dans les petites entreprises où il n'y avait pas d'organisation représentative du personnel, de contourner le code du travail et de signer des accords dérogatoires, notamment lorsqu'il y avait un correspondant salarié.
Si l'on approfondissait ce point, on s'apercevrait que, contrairement aux apparences, le code du travail français évolue rapidement vers la déréglementation.
M. Jean Chérioux. Et vous le regrettez ?
M. Guy Fischer. Nous demandons que le Sénat se prononce par scrutin public sur l'amendement n° 25 rectifié ter de M. Chérioux.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 25 rectifié ter, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.
Je suis saisi d'une demande de scrutin public émanant du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dansles conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...
Le scrutin est clos.

(Il est procédé au comptage des votes.)
M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 1 : :

Nombre de votants 318
Nombre de suffrages exprimés 318
Majorité absolue des suffrages 160
Pour l'adoption 223
Contre 95

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 1er quinquies.

Article 1er sexies

M. le président. « Art. 1er sexies. - Après l'article 38 de la loi n° 88-1088 du 1er décembre 1988 relative au revenu minimum d'insertion, il est inséré un article 38-1 ainsi rédigé :
« Art. 38-1. - Le département peut imputer sur les crédits d'insertion prévus à l'article 38, dans les conditions prévues à l'alinéa suivant, la contribution qu'il apporte au financement d'un poste de travail créé en application d'une convention visée à l'article L. 322-4-18 du code du travail et occupé par un jeune, qui, à la date de l'embauche, bénéficiait du revenu minimum d'insertion.
« Cette imputation est limitée à une durée d'un an à compter de la signature du contrat de travail conclu lors de la création du poste mentionné à l'alinéa précédent. Son montant ne peut excéder un cinquième de l'aide forfaitaire versée par l'Etat et visée à l'article L. 322-4-19 du code du travail.
« Les engagements du département au titre du présent article sont inscrits au programme départemental d'insertion.
« Les modalités d'application du présent article sont fixées par décret. » - (Adopté.)

Article additionnel après l'article 1er sexies

M. le président. Par amendement n° 154, le Gouvernement propose d'insérer, après l'article 1er sexies, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 42-9 de la loi n° 88-1088 du 1er décembre 1988 précitée est complété in fine par un alinéa ainsi rédigé :
« Ce crédit est également diminué des sommes imputables sur les crédits d'insertion prévus à l'article 38 au titre de l'article 38-1 et dans les conditions définies par ce même article, selon des modalités fixées par décret. »
La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Hier, dans la discussion générale, MM. Lise et Vergès nous ont présenté la situation du chômage dans les départements d'outre-mer, où il touche de manière particulièrement dramatique les jeunes.
Ils ont préconisé, avec raison je crois, que l'on puisse mettre en oeuvre dans les départements d'outre-mer les dispositions que l'Assemblée nationale a décidé d'appliquer en métropole, c'est-à-dire la possibilité, pour le département, d'imputer sur les crédits d'insertion du RMI une partie de la contribution qu'ils apportent au financement des embauches des jeunes bénéficiaires du RMI, sous certaines conditions fixées par décret.
Il apparaît effectivement tout à fait souhaitable que, dans les départements d'outre-mer, l'agence départementale d'insertion, l'ADI, qui reçoit les crédits versés à titre obligatoire par le département au titre du RMI, puisse, dans les mêmes conditions, aider au financement des emplois-jeunes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission a émis un avis favorable, après consultation des représentants des départements d'outre-mer qui siègent dans notre assemblée.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 154.
M. Claude Lise. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lise.
M. Claude Lise. Madame la ministre, je tiens à vous remercier d'avoir pris en compte, même si ce n'est que partiellement, pour l'instant en tout cas, la position de la grande majorité des élus d'outre-mer.
Je souligne qu'il ne s'agit pas du tout pour nous d'obtenir des privilèges : nous demandons en fait que des adaptations que soient apportées au dispositif, pour un certain nombre de raisons que je vais exposer à mes collègues.
Tout d'abord, il faut rappeler l'importance du nombre des chômeurs dans nos départements, appartenant notamment aux catégories d'âge visées par le présent projet de loi.
Par ailleurs, les charges supportées par les conseils généraux sont très lourdes. Ainsi, le conseil général de la Martinique, que je préside, doit inscrire dans son budget plus de 95 millions de francs au titre des crédits obligatoires d'insertion.
En outre, il est nécessaire d'aider les associations et les communes qui recourront aux emplois-jeunes.
Enfin, comme vous l'avez dit, madame la ministre, les agences départementales d'insertion ont malheureusement fait la preuve de leur inefficacité, puisque l'agence départementale d'insertion de la Martinique, par exemple, n'a conclu, en 1996, que 4,35 % de contrats d'insertion par l'activité pour 24 000 allocataires du RMI, et termine l'exercice avec un excédent de 120 millions de francs.
Pour toutes ces raisons, nous souhaitons qu'un certain nombre d'adaptations soient prévues par le texte. L'amendement que vous avez présenté, madame la ministre, répond à l'une de nos préoccupations.
En effet, il vise à nous permettre de prélever les crédits à la source, au lieu d'attendre un reversement par l'ADI. Je me félicite de cette mesure, car en tant que coprésident de l'agence départementale d'insertion de la Martinique, je puis vous assurer qu'attendre le reversement nous ferait perdre des mois entiers. En effet, avec l'ADI qui a été créée dans chacun des quatre départements d'outre-mer, l'on a affaire à une machine bureaucratique invraisemblable, dont nous demandons la réforme urgente.
Cependant, ce point fera l'objet d'une intervention à l'occasion de la discussion d'un autre texte. En conséquence, je ne peux que soutenir l'amendement du Gouvernement et demander à mes collègues de le voter. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 154, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 1er sexies.
Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures trente.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-neuf heures trente, est reprise à vingt et une heures trente.)

M. le président. La séance est reprise.
Nous reprenons la discussion du projet de loi relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes.
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 2.

Article 2

M. le président. « Art. 2. _ Il est inséré, dans la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité, un article 36 ainsi rédigé :
« Art. 36 . _ Pour développer des activités répondant à des besoins non satisfaits, l'Etat peut faire appel à des agents âgés de dix-huit à moins de vingt-six ans, recrutés en qualité de contractuels de droit public pour une période maximale de cinq ans non renouvelable afin d'exercer des missions d'adjoints de sécurité auprès des fonctionnaires des services actifs de la police nationale.
« Ces personnels, leurs conjoints et leurs enfants bénéficient des dispositions de l'article 20 de la présente loi.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent article. Il définit notamment les missions des adjoints de sécurité ainsi que les conditions d'évaluation des activités concernées. »
Sur l'article, la parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission des affaires sociales. Madame le ministre, mes chers collègues, nous entamons l'examen de la deuxième partie du projet de loi. A ce point du débat, je voudrais bien préciser la position qui a été adoptée par la commission sur l'article 2 et l'amendement qu'elle propose d'insérer avant l'article 2 bis .
La commission a pris acte de la création, prévue dans le projet de loi, d'emplois d'adjoints de sécurité dans la police nationale.
Elle constate que, dans le projet de loi lui-même, ce dispositif est totalement en marge du système des emplois-jeunes - je comprends que le Gouvernement songe à remplacer les jeunes du contingent par des auxiliaires de police.
Elle constate aussi que le Gouvernement entend procéder à des recrutements importants dans l'éducation nationale et, dans une proportion beaucoup plus faible, au ministère de la justice.
Ces emplois se situent également en marge du dispositif que nous examinons depuis hier matin. Il suffit d'ailleurs de consulter les formulaires d'inscription distribués par les rectorats - un exemplaire est reproduit dans l'annexe de notre rapport écrit - qui portent le titre paradoxal de Plan emploi-jeunes à l'éducation nationale pour constater que ces emplois n'ont pas grand-chose à voir avec les emplois destinés à faire face à des besoins nouveaux ou émergents.
Ces emplois ainsi décidés par l'Etat doivent être financés à 100 % par le budget général. Il ne s'agit pas d'emplois d'initiative locale susceptibles d'entraîner une participation des collectivités locales.
A partir de ce constat, la commission a souhaité non pas rejeter l'ensemble de ces créations d'emplois, contrairement à ce que proposent certains de nos collègues, mais bien encadrer le dispositif, qui constitue, dans le texte, une anomalie.
Elle affirme donc que ces contrats sont des contrats de droit public, financés à 100 % par l'Etat puisque c'est lui seul qui décidera de leur nombre et de leur qualification. Elle affirme également que ces recrutements ont un caractère exceptionnel, qu'il s'agit de contrats non renouvelables, qu'il faut mettre un butoir dans le temps pour ce recrutement et prévoir un décret en Conseil d'Etat pour organiser l'ensemble du dispositif.
Enfin, il faut également distinguer clairement ces emplois, comme le proposeront nos collègues du groupe communiste républicain et citoyen, des emplois permanents qui doivent être occupés par des fonctionnaires en vertu du statut de la fonction publique.
Madame le ministre, nous tenons à préciser l'ensemble de ces constatations parce qu'elles sont la clé de lecture de notre distinction entre les emplois-jeunes qui, pour nous, sont ceux que nous examinons depuis deux jours et ces emplois de supplétifs administratifs qui n'ont rien à voir avec les collectivités territoriales et qui doivent être pris en charge par l'Etat dans des conditions particulières.
Il faudra que le Gouvernement demande au Parlement, dans le cadre du projet de loi de finances, les moyens nécessaires à ces recrutements. En effet, il nous paraîtrait tout à fait mauvais de mélanger ces crédits nécessaires pour recruter ces personnels avec ceux du plan emploi-jeunes en faveur des emplois émergents.
Mes chers collègues, les amendements qui vous seront proposés dans la suite du débat, sauf si vous décidez de supprimer l'ensemble de cette partie du texte, tiendront compte de toutes ces considérations que j'ai tenu à rappeler d'emblée pour bien éclairer le débat qui va suivre.
M. le président. Sur l'article 2, je suis saisi de sept amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 116, M. Gournac et les membres du groupe du RPR proposent de supprimer l'article 2.
Par amendement n° 19, M. Souvet, au nom de la commission, propose, dans le premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article 36 à insérer dans la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995, de remplacer les mots : « à moins de vingt-six ans » par les mots : « à trente ans ».
Par amendement n° 88, M. Vasselle propose, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article 36 à insérer dans la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité, d'insérer un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« Ne peuvent prétendre à la qualité d'adjoints de sécurité que les agents satisfaisant aux conditions d'âge mentionnées à l'alinéa précédent qui possèdent la nationalité française, jouissent de leurs droits civiques et remplissent les conditions d'aptitude physique requises pour les fonctionnaires des services actifs de la police nationale. »
Par amendement n° 74, Mme Dusseau propose d'insérer, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour insérer un article 36 dans la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité, un alinéa ainsi rédigé :
« Ces personnels ne sont pas armés. »
Par amendement n° 143, M. Fischer, Mmes Borvo, Beaudeau, M. Bécart, Mme Bidard-Reydet, MM. Derian, Duffour, Lefebvre, Loridant, Mme Luc, MM. Minetti, Pagès, Ralite, Renar, Mme Terrade proposent d'insérer, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article 36 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995, un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« Les personnels assumant des missions de sécurité bénéficient de six mois de formation avant d'assurer les missions qui leur sont confiées. »
Par amendement n° 94, M. Eckenspieller et les membres du groupe RPR proposent d'insérer, après le premier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article 36 à insérer dans la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité, un alinéa ainsi rédigé :
« L'Etat affilie à l'assurance-chômage dans les conditions du régime commun les salariés engagés au titre de la présente loi. »
Par amendement n° 87, M. Vasselle propose d'insérer, avant le dernier alinéa du texte présenté par l'article 2 pour l'article 36 à insérer dans la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité, un alinéa additionnel ainsi rédigé :
« Les dispositions de l'article 11 bis A de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaires sont applicables aux adjoints de sécurité mentionnés au premier alinéa. »
La parole est à M. Gournac, pour présenter l'amendement n° 116.
M. Alain Gournac. Il s'agit, aux termes de cet article, de créer 20 000 postes d'adjoints de sécurité. Ces jeunes seront liés à l'Etat par un contrat de droit public. Leur emploi sera exclusivement financé par l'Etat. Ils effectueront des missions d'agent de police sur le terrain.
Cela ressemble fort à des fonctionnaires, madame le ministre. Ou bien le Gouvernement estime que nous avons besoin de nouveaux fonctionnaires de police et, à ce moment-là, il le dit, les embauche par concours, les forme, les arme, les paie selon leur qualification et ne les renvoie pas au bout de cinq ans. Ou bien il estime que nous n'en avons pas besoin, et il faut alors aider ces jeunes à trouver un emploi dans le secteur marchand.
Pour ma part, je refuse de cautionner la création de sous-fonctionnaires. Que dira-t-on à ces jeunes dans cinq ans ? Vous avez bien travaillé, maintenant allez chercher du travail ailleurs ! Or, je ne pense pas qu'il y ait de nombreux débouchés pour des policiers dans le privé, mis à part, peut-être, des postes d'agents de sécurité dans les lieux publics et dans les grands magasins. Quel avenir pour ces milliers de jeunes ?
Dans cinq ans, le Gouvernement devra-il faire face, à cause de vous, à un nombre très important de demandes de titularisation émanant de ces jeunes, au détriment de ceux qui ont fait l'effort de passer les concours de la fonction publique. En attendant, vous aurez eu des policiers à bon marché. Les entreprises que vous diabolisez à plaisir sont-elles vraiment les exploiteurs ?
En outre, l'accueil de ces jeunes n'est absolument pas organisé. On entend dire qu'ils vont être armés de 7.65 lorsqu'ils effectueront des missions de surveillance. C'est extrêmement grave ! Aucune arme n'est anodine.
Enfin, qui va les recruter, les former, les encadrer ? Mystère.
Madame le ministre, il s'agit d'emplois relevant des missions régaliennes de l'Etat, qui ne peuvent être bradées. Pour toutes ces raisons, je propose de supprimer l'article 2.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 19.
M. Louis Souvet, rapporteur. Cet amendement vise à porter de vingt-six à trente ans l'âge limite des candidats. Cela devrait permettre le recrutement d'informaticiens, de scientifiques, qui ne se substitueront pas aux fonctionnaires. Il va de soi que ces nouveaux métiers, encore en développement dans la police, devraient, à terme, être intégrés aux concours de la fonction publique. Il s'agit, à l'évidence, d'une solution transitoire. M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 88.
M. Alain Vasselle. Il s'agit, par cet amendement et par les deux autres que je présenterai tout à l'heure, de faire en sorte que les jeunes qui exerceront ces emplois d'adjoints de sécurité répondent bien aux caractéristiques de l'emploi qu'ils vont exercer.
Le présent amendement vise à apporter des précisions qui semblent nécessaires dans la mesure où les jeunes concernés vont participer à ce qui est, par nature, une des fonctions régaliennes de l'Etat, comme l'a rappelé tout à l'heure M. Gournac, à savoir les tâches de police.
Par exemple, il semble à la fois indispensable et de bon sens que ces jeunes gens, qui pourront parfois se retrouver dans des situations dangereuses, remplissent les conditions d'aptitude physique requises pour ceux qu'ils auront pour fonction d'aider dans leur tâche de maintien de la sécurité, à savoir les fonctionnaires des services actifs de la police nationale.
Il semble tout aussi indispensable qu'ils n'aient pas été privés de la jouissance de leurs droits civiques pour pouvoir prétendre accomplir des missions dans le cadre de la police nationale.
Enfin, il paraît nécessaire de réserver l'exercice des missions d'adjoints de sécurité aux jeunes nationaux. Cela est d'ailleurs parfaitement cohérent avec la jurisprudence de la Cour de justice des Communautés européennes, qui, dans un arrêt en date du 26 mai 1982, a jugé que par « emplois dans l'administration publique », qui donc par nature devaient être occupés par des nationaux, on devait entendre « les emplois caractéristiques des activités spécifiques de l'administration publique en tant qu'elle est investie de l'exercice de la puissance publique et de la responsabilité pour la sauvegarde des intérêts généraux de l'Etat ». Il semble, de toute évidence, que les emplois d'adjoints de sécurité font partie de ces emplois caractéristiques tels qu'ils sont définis par la Cour de justice des Communautés européennes et donc qu'ils requièrent de la part de ceux qui les exercent la possession de la nationalité française.
Cet amendement permettra d'éviter les écueils que nous risquerions de rencontrer si le texte était adopté en l'état.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau, pour défendre l'amendement n° 74.
Mme Joëlle Dusseau. Cet amendement vise à préciser que les personnels ainsi recrutés ne sont pas armés. Il s'agit de personnes jeunes. Aux termes d'une formation limitée à deux mois, ils seront auxiliaires et assumeront des tâches de médiation, de sécurité.
Le fait qu'ils soient armés me paraît dangereux à la fois pour eux-mêmes et pour les autres. En effet, comme chacun le sait, l'agressivité s'accroît dès lors que l'une des personnes en présence est armée.
De plus, c'est une mauvaise manière d'appréhender la sécurité des jeunes eux-mêmes et des quartiers où ils seront amenés à travailler.
M. le président. La parole est à M. Fischer, pour défendre l'amendement n° 143.
M. Guy Fischer. Le dispositif « emploi des jeunes » prévoit que des missions de sécurité pourront être confiées à des jeunes.
Ces missions ne vont pas sans soulever un certain nombre d'interrogations chez de nombreux policiers et au sein de leurs organisations syndicales.
Les moyens de la police doivent être renforcés afin de garantir la sécurité des biens et des personnes à laquelle chacun de nos concitoyens a droit. Le Gouvernement semble partager ce point de vue puisqu'un effort sera fait pour renforcer les moyens du ministère de l'intérieur.
Les missions de sécurité imposent une formation très poussée pour se prémunir contre de nombreux risques. A cette fin, on ne peut que s'émouvoir de la brièveté de la formation qu'il est prévu d'accorder aux jeunes qui se consacreront à des missions de sécurité. S'agissant de l'autorisation d'un port d'arme, le délai de deux mois nous semble notoirement insuffisant.
C'est pourquoi nous proposons cet amendement, qui vise à porter à six mois la formation dont bénéficieront les jeunes affectés à la sécurité avant d'assurer les missions qui leur seront confiées.
Tel est le sens de notre amendement, qui trouvera un ample soutien dans la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. La parole est à M. Eckenspieller, pour défendre l'amendement n° 94.
M. Daniel Eckenspieller. L'amendement n° 148, présenté par le Gouvernement et adopté tout à l'heure par le Sénat, répond, me semble-t-il, à la préoccupation qui sous-tend mon amendement. Je suis donc prêt à retirer ce dernier.
Néanmoins, je souhaiterais que Mme le ministre précise la notion d'« établissement public administratif de l'Etat » dont fait mention l'amendement n° 148. Les emplois-jeunes ouverts au profit de l'éducation nationale et de la police nationale entrent-ils dans ce cadre ? Les enjeux pour les finances publiques me paraissent, sur ce point, tout à fait considérables dans l'hypothèse où l'Etat aurait à indemniser, en lieu et place de l'assurance-chômage, les salariés qui ont perdu leur emploi au cours de leur contrat ou à l'issue de celui-ci et qui n'ont pas retrouvé un emploi dans le secteur marchand.
M. le président. La parole est à M. Vasselle, pour défendre l'amendement n° 87.
M. Alain Vasselle. L'objectif est toujours le même : il est lié au statut de ces jeunes et à l'exercice de la fonction future.
Il s'agit, une fois de plus, d'un amendement de précision, qui tend à lever toute ambiguïté quant à la responsabilité des adjoints de sécurité pour les faits non intentionnels qu'ils pourraient commettre dans l'exercice de leurs missions.
Cet amendement vise à préciser que ces adjoints de sécurité ne pourront être condamnés pour ce type de faits, considérés comme des délits conformément au troisième alinéa de l'article 121-3 du code pénal, que s'il est établi qu'ils n'ont pas accompli les diligences normales compte tenu de leurs compétences, du pouvoir et des moyens dont ils disposaient, ainsi que des difficultés propres à leurs missions.
Cela paraît donc un amendement de bon sens, tendant à protéger des jeunes qui peuvent être amenés à se retrouver dans des situations dangereuses et n'auront peut-être pas les moyens, compte tenu de leur peu d'expérience, d'y faire face.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 116, 88, 74, 143, 94 et 87 ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Je comprends tout à fait l'état d'esprit et la démarche de notre collègue Alain Gournac, auteur de l'amendement n° 116. Simplement, l'article 2, tel que nous l'avons conçu, sépare les emplois dans la police - ce sont des contrats de droit public - du dispositif de l'article 1er - il s'agit de contrats de droit privé - pour donner des garanties à ces jeunes agents de sécurité.
En cela, il fait oeuvre de clarification.
La commission a considéré que cette mesure pouvait être utile pour remplacer les auxiliaires du service national voués prochainement à disparaître, compte tenu de la modernisation de l'armée.
Mais la commission a souligné que ces jeunes ne devaient en aucun cas se substituer au recrutement prévu dans le cadre de la loi de programmation de 1995. C'est en effet très important. Nous avons voté les dispositions de ce texte, et nous avons attiré l'attention du Gouvernement sur ce sujet.
Ces adjoints constituent en fait un dispositif d'appoint - c'est ainsi que nous le comprenons - dont la commission et le syndicat des gradés de la police attendent de jeunes informaticiens et de jeunes scientifiques qui seront bien évidemment plus âgés que les appelés du contingent.
C'est pourquoi, mon cher collègue, la commission souhaiterait le retrait de cet amendement ; s'il n'en allait pas ainsi, elle serait alors obligée d'émettre un avis défavorable.
La commission s'en remet à la sagesse du Sénat sur l'amendement n° 88. Elle est néanmoins réservée sur ce point et souhaite entendre Mme le ministre.
Elle fait simplement remarquer que, à trop calquer le statut des fonctionnaires, nous risquerions une requalification par le juge administratif, qui titulariserait des contractuels sans concours, ce qui n'est bien entendu pas du tout notre objectif. Je souhaiterais donc que nous mesurions bien les risques que nous prendrions en votant un amendement comme celui-ci.
La commission a émis un avis défavorable sur l'amendement n° 74, et ce en raison tant de la forme que du fond.
Sur la forme, vous souhaitez, chère collègue, que ces personnels ne soient pas armés, comme vous venez de le préciser de nouveau. On peut cependant penser que le ministre est compétent pour apprécier l'opportunité du port d'armes et qu'il est difficile aux parlementaires de le faire depuis leur assemblée.
Sur le fond, ces jeunes doivent pouvoir se défendre et, en tout état de cause, force doit rester à la loi. Je ferai remarquer que les appelés sont armés et que les incidents sont rarissimes, voire inexistants.
La commission s'en remet à la sagesse du Sénat sur l'amendement n° 143. Les adjoints devront bien sûr être formés, comme le demande nos collègues et comme le souhaite également la commission. Cependant, là encore, ne vaut-il pas mieux laisser le ministre, voire les chefs de service, déterminer la nature et la durée de la formation plutôt que d'y procéder depuis cet hémicycle ou depuis nos bureaux ? Il me paraît en effet difficile de le faire à la place des responsables.
S'agissant de l'amendement n° 94, nous souhaiterions entendre Mme le ministre. Nous nous sommes simplement posé une question : pourquoi l'Etat devrait-il affilier à l'assurance-chômage des adjoints de sécurité contractuels de droit public ?
Enfin, pour ce qui est de l'amendement n° 87, on ne voit pas comment des dispositions d'un statut pourraient s'appliquer à des personnels non statutaires. Vous savez bien, monsieur Vasselle, que, de proche en proche, on finira là aussi par les requalifier. Voilà pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur ce texte.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 116, 19, 88, 74, 143, 94 et 87 ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Nous retrouvons sur cet article 2 toutes les contradictions qui illustrent ce débat depuis hier : certains sénateurs, notamment la majorité de la commission, essaient de comprendre l'objectif du texte et veulent le modifier pour l'améliorer - en l'occurrence, ils souhaiteraient, ayant bien compris l'intérêt de ce dispositif en matière de sécurité, l'étendre à d'autres catégories - alors que d'autres sénateurs en contestent abruptement l'intérêt et souhaitent le voir complètement annihilé.
Il faudra bien finir par choisir entre ces deux camps ! En effet, je crains que les dispositions votées depuis hier n'introduisent dans le projet de loi quelques contradictions liées au fait que la majorité du Sénat n'a pas encore choisi entre ces deux solutions.
Je veux revenir sur l'objectif de cet article 2 que M. Fourcade a d'ailleurs bien rappelé tout à l'heure.
Le projet de loi évoque des besoins émergents ou non satisfaits aujourd'hui. Or, il existe effectivement des besoins liés à la sécurité dans nos villes, dans nos quartiers et même dans les zones rurales.
Certains de ces besoins, qui ne relèvent pas obligatoirement des tâches régaliennes de l'Etat, pourront être satisfaits par des emplois de proximité, c'est-à-dire tout simplement par la présence humaine dans les quartiers, dans les transports, dans les logements. En effet, chacun sait qu'une caméra électronique, un digicode n'ont jamais empêché un enfant de faire une bêtise, n'ont jamais accompagné une personne âgée en difficulté alors que la présence humaine peut le faire.
Nous faisons référence ici aux adjoints de sécurité, agents de proximité qui entrent tout à fait dans le champ d'application de l'article 1er du projet de loi.
En revanche, l'article 2 vise les tâches régaliennes de l'Etat en matière de sécurité, puisque l'Etat a, il est vrai, un rôle spécifique dans ce domaine. Cela se traduit d'ailleurs par un statut spécial pour les fonctionnaires de police.
M. le rapporteur vient de rappeler que l'article 19 de la loi d'orientation et de programmation relative à la sécurité du 21 janvier 1995 a clairement reconnu le rôle de ces adjoints de sécurité.
C'est pourquoi sont prévus dans ce projet de loi, qui vise à répondre à des besoins mais avec deux statuts relevant d'une logique différente - M. le président de la commission l'a d'ailleurs dit tout à l'heure - des agents de proximité pouvant relever du premier dispositif et d'autres agents qui, parce que leur action relèvera de tâches régaliennes de l'Etat, doivent être des agents de contrat public. Dans ce domaine de la sécurité, le ministre de l'intérieur pourra donc être employeur au même titre que les établissements publics, les collectivités locales et les associations. Dans ce cas, il s'agira bien de contrats de droit public. Il faut le reconnaître pour assurer une cohérence aux réflexions avancées depuis le début de l'examen de ce texte.
Ces adjoints de sécurité assureront au sein du service public de sécurité des activités d'intérêt général, selon des approches et des méthodes nouvelles. Ils auront notamment pour tâche de permettre d'améliorer les réseaux d'information et d'action avec les partenaires institutionnels, les travailleurs sociaux, le secteur médical, les autres services publics de la police, par exemple en participant à l'accueil, à l'information, à l'orientation du public dans les services locaux de police, de soutenir les victimes de la délinquance et des incivilités, notamment en leur facilitant les démarches administratives, d'apporter une aide au public sur les axes de circulation, à la sortie des écoles, dans les îlots d'habitation, dans les transports en commun.
Mais il est bien clair que ces adjoints de sécurité ne pourront pas participer à des missions de police judiciaire ou de maintien de l'ordre.
Nous pensons qu'un grand nombre de ces adjoints de sécurité pourront passer des concours administratifs et entrer effectivement dans la police. C'est pourquoi, aujourd'hui, ce sont des contrats de droit publics. Ces jeunes devront, pour ce faire, bénéficier d'une formation de deux mois - je rappellerai que, aujourd'hui, la durée de la formation pour les appelés du contingent n'est que de un mois - qui leur permettra non seulement, bien sûr, de remplir leurs fonctions actuelles mais aussi de se préparer, à la fois par une expérience professionnelle et par une formation permanente qui leur sera proposée par ailleurs, à entrer dans la police dans les règles du statut de la fonction publique appliquées, en l'occurrence, à la police.
Aussi, je voudrais plaider pour le maintien de cet article, qui correspond véritablement au complément de ce que l'on attend, en matière d'agents de proximité, de jeunes qui seront embauchés dans le cadre de l'article 1er, lorsqu'il s'agit de tâches régaliennes de l'Etat et donc - nous restons cohérents - de contrats de droit publics.
Telles sont les raisons pour lesquelles le Gouvernement émet un avis défavorable sur l'amendement n° 116, présenté par M. Gournac.
Le Gouvernement est également défavorable à l'amendement n° 19, et ce pour à peu près les mêmes raisons : une grande majorité des jeunes dont nous parlons ont vocation à passer des concours administratifs et à entrer dans la police. Or chacun sait qu'il vaut mieux entrer tôt dans la police, d'abord, pour pouvoir bénéficier de l'ensemble des possibilités, et, ensuite, pour acquérir l'expérience nécessaire à l'accomplissement de ces tâches.
Nous sommes donc bien là dans un contrat de droit public et nous essayons de respecter les règles habituelles en termes d'âge d'entrée dans la fonction publique qui me paraissent indispensables s'agissant de la fonction de policier.
Le Gouvernement émet aussi un avis défavorable sur l'amendement n° 88.
Cet avis négatif résulte non pas de raisons de fond mais du fait que la plupart des propositions présentées par M. Vasselle dans son amendement figureront dans un projet de décret qui sera soumis au Conseil d'Etat et qui fixera pour ces adjoints de sécurité, comme M. le ministre de l'intérieur l'a indiqué devant l'Assemblée nationale, un certain nombre de dispositions : ainsi, nul ne pourra être recruté comme adjoint de sécurité s'il n'est de nationalité française, s'il ne jouit de ses droits civiques et, bien sûr, s'il ne possède les conditions d'aptitude physique etc., conformément au statut de la police. Cet amendement est donc inutile, les propositions qu'il contient relevant du décret et M. le ministre de l'intérieur s'étant bien évidemment engagé à y faire figurer ces dispositions, conformément au statut de la police.
S'agissant de l'amendement n° 74, présenté par Mme Dusseau, je reprendrai volontiers ce qu'a dit M. le rapporteur tout à l'heure : il y aura deux mois de formation pour des fonctions qui, en règle générale, ne nécessiteront pas d'être armé. Mais il faudra laisser apprécier, là encore, au cas par cas, en fonction des jeunes qui ont été embauchés, ceux qui seraient susceptibles de l'être dans des cas particuliers comme le sont, je le répète, un grand nombre d'appelés du contingent qui, aujourd'hui, n'ont bénéficié que d'un mois de formation et ont été recrutés selon des modalités à peu près semblables à celles que nous évoquons aujourd'hui.
Le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement n° 74, de même que sur l'amendement n° 143, et ce pour les raisons que j'ai indiquées : il nous semble que deux mois de formation générale, auxquels s'ajoute un mois de formation permanente en tant que de besoin, conformément à ce qui existe aujourd'hui dans la police - je tiens à dire qu'il n'y a jamais eu de difficulté avec les appelés - sont suffisants.
Mme Hélène Luc. Ce n'est pas ce que disent les syndicats de policiers !
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Les syndicats des policiers ont été consultés par le ministère de l'intérieur. Je pense qu'ils craignaient surtout, au départ, que les adjoints de police ne soient affectés à des tâches régaliennes, des tâches de maintien de l'ordre, ce qui ne se produira pas. Si, toutefois, des policiers de métier considèrent que certains jeunes sont aptes à remplir ces fonctions - je répète encore une fois que ce sera marginal - il n'y aura aucune raison de s'y opposer. Chacun doit faire confiance aux fonctionnaires qui mènent la police dans notre pays. Tel est en tout cas mon état d'esprit.
En ce qui concerne l'amendement n° 94, je redis à M. Eckenspieller que l'article 2 vise non pas des collectivités locales ou des établissements publics administratifs - cela a été traité à l'article 1er - mais bien l'Etat. Or, l'Etat, pour des contractuels de droit public, doit être son propre assureur. Il le sera pour ces contrats comme il l'est pour les autres contrats de droit public. Nous ne sommes donc pas dans le cas d'engagements vis-à-vis de l'UNEDIC. C'est d'ailleurs une question que m'avait posée M. le président de la commission tout à l'heure et à laquelle j'ai apporté une réponse.
J'en viens à l'amendement n° 87. Je redirai, comme M. le rapporteur, que s'appliquent à ces adjoints de sécurité les textes qui les régissent comme agents non titulaires de droits public : ils entrent sans ambiguïté dans cette catégorie. Cet amendement est donc inutile, et le Gouvernement émet, là aussi, un avis défavorable.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je vous remercie, madame la ministre, des explications que vous nous avez données. Je vois que nos positions convergent... autant qu'il est possible.
Il nous manque cependant une réponse à une question : est-il bien clair, pour vous et pour le Gouvernement, que les emplois d'agents de sécurité, qui relèvent de la décision de l'Etat, seront pris en charge à 100 % par l'Etat et qu'un financement partiel ne sera pas réclamé aux collectivités locales ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Absolument ! J'aurais d'ailleurs dû dire, pour répondre totalement à la question posée, que le CTP de la police a donné un avis favorable au sujet de la création de ces emplois.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je vous remercie, madame la ministre.
M. le président. Monsieur Gournac, l'amendement n° 116 est-il maintenu ?
M. Alain Gournac. Je ne veux pas mettre en difficulté la commission : nous devons travailler en bonne intelligence avec elle.
Madame la ministre, vous venez de dire que vous faisiez confiance aux fonctionnaires. Moi aussi, je leur fais confiance ! Je les ai d'ailleurs auditionnés.
La commission paritaire, dites-vous, a voté pour une telle disposition. Mais tous les syndicats m'ont fait part de leur inquiétude - des revolvers seront distribués aux intéressés ! - et ils m'ont chargé de vous la transmettre. Ce n'est pas moi qui le dis, je ne l'ai pas inventé !
Je fais donc confiance à ces fonctionnaires tout comme vous, madame la ministre. Ils m'ont dit qu'il ne fallait pas adopter ce dispositif car ils l'ont jugé dangereux et inacceptable...
M. le président. Monsieur Gournac, je ne vous ai pas demandé d'expliquer votre vote, mais simplement de me dire si vous mainteniez ou non votre amendement.
M. Alain Gournac. Je vous prie de m'excuser, monsieur le président, mais je ne pouvais pas ne pas réagir après les propos que je viens d'entendre.
Quoi qu'il en soit, je retire l'amendement. Mais il était important que j'intervienne sur ce problème de la police, car il s'agit d'un point crucial et sérieux.
M. le président. L'amendement n° 116 est retiré.
Monsieur Eckenspieller, qu'en est-il de l'amendement n° 94 ?
M. Daniel Eckenspieller. Je le retire, monsieur le président.
M. le président. L'amendement n° 94 est retiré.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je souhaiterais répondre à M. Gournac.
Les inquiétudes des syndicats de police dont il a fait état étaient peut-être dues au fait qu'ils n'avaient pas entendu le ministre de l'intérieur leur indiquer que ces adjoints de sécurité ne participeraient pas à des missions de police judiciaire ou de maintien de l'ordre !
Je vous confirme en tout cas que le CTP qui s'est tenu lundi après-midi a vu une majorité des syndicats voter pour, certains s'abstenir, mais aucun ne s'est opposé à ce projet.
C'est peut-être par absence ou insuffisance d'informations qu'ils ont pu vous tenir ces propos !
M. Alain Gournac. Je vous remercie, madame la ministre.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 19.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Après avoir entendu les explications de Mme le ministre, notamment sur le fait qu'il fallait rentrer tôt dans la police et que l'âge de trente ans était peut-être un peu tardif, et après en avoir discuté avec le président de la commission, je retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 19 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 88.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Monsieur le président, je n'ai pas très bien compris les observations formulées par Mme le ministre, ni les conclusions qu'elle en a tirées.
J'avais cru comprendre qu'elle considérait que le dispositif que je propose serait mis en place par voie réglementaire, auquel cas l'amendement serait satisfait. Je m'attendais donc à ce que Mme le ministre me demande de le retirer. Au lieu de cela, elle a émis un avis défavorable sur l'amendement n° 88 ainsi que sur l'amendement n° 87.
De deux choses l'une : ou bien, effectivement, l'ensemble de ces dispositions seront prises par voie réglementaire, et mes amendements seront satisfaits - je n'aurai alors aucune raison de les maintenir et je les retirerai - ou bien on ne les retrouvera pas dans les textes réglementaires, et je maintiens mes amendements.
J'aimerais donc que les choses soient dites clairement afin d'éviter toute ambiguïté.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Monsieur le sénateur, c'est sans doute un excès de retenue qui ne m'a pas conduit à vous demander de retirer ces amendements ! Mais je voudrais vous confirmer que, d'une part, l'amendement n° 87 est bien inutile puisque le statut s'applique et que, d'autre part, s'agissant de l'amendement n° 88, le décret reprendra les dispositions que vous prévoyez.
M. Alain Vasselle. Dans ces conditions, je retire les amendements n°s 88 et 87, monsieur le président.
M. le président. Les amendements n°s 88 et 87 sont retirés.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 74, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 143, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 2.

(L'article 2 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 2

M. le président. Par amendement n° 26, MM. Plasait, Carle et Poirieux proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans le IV ter de l'article 30 de la loi de finances pour 1985 n° 84-1208 du 29 décembre 1984, après les mots : "à l'exercice de la fonction tutorale engagée par des entreprises pour", sont insérés les mots : "des jeunes sous statut de stagiaire de la formation professionnelle ou". »
M. le président. La parole est à M. Bernard Plasait.
M. Bernard Plasait. Les entreprises s'acquittent d'une contribution de 0,4 % de la masse salariale pour financer les contrats de qualification, les partenaires sociaux étant, quant à eux, compétents pour les gérer. L'argent correspondant est collecté au niveau des branches. Tout excédent éventuel dans une branche remonte à un fonds mutualiseur national, l'Association de gestion des fonds de l'alternance.
Or se pose aujourd'hui, avec une particulière acuité, un problème entre les partenaires sociaux locaux et nationaux pour le partage de cet excédent. En effet, les partenaires sociaux locaux, par le biais des organismes paritaires collecteurs agréés régionaux, souhaitent pouvoir garder localement cet argent pour soutenir l'insertion des jeunes sans qualification.
Cet amendement vise à permettre aux organismes collecteurs de fonds de la formation professionnelle de participer au financement d'actions de tutorat en faveur des jeunes les plus éloignés de l'emploi.
Bien entendu, nous connaissons votre logique, madame le ministre, selon laquelle les partenaires sociaux locaux agissent comme ils l'entendent, avant que leurs interventions soient ensuite validées. Nous craignons cependant que les jeunes n'attendent longtemps ! Or il est vraiment de l'intérêt des jeunes, en particulier des jeunes sans qualification, que la loi ouvre dès à présent cette faculté puisqu'il ne s'agit en aucun cas d'une obligation.
De surcroît, puisque l'argent existe, cet amendement ne coûte rien à l'Etat, argument nullement négligeable par les temps qui courent.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission souhaiterait entendre d'abord l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Puisque l'enjeu est l'emploi des jeunes, peut-être est-il utile de maintenir dans ce texte quelques dispositions absolument indispensables en vue de favoriser l'emploi ou la formation des jeunes.
Tel ne me paraît pas être le cas visé par cet amendement. Il prévoit, en effet, que les fonds versés aux organismes collecteurs, fonds qui visent aujourd'hui à financer la formation des salariés - c'est-à-dire des jeunes qui sont en contrat d'insertion en alternance : contrat de qualification, contrat d'orientation, contrat d'adaptation - puissent profiter aux jeunes qui ont le statut de stagiaires.
Or, en l'occurrence, il s'agit bien d'autres catégories de jeunes, de stagiaires et de non salariés. Les dispositifs les concernant peuvent être financés notamment par les conseils régionaux. je ne vois aucune raison pour que les fonds collectés en faveur des salariés financent des actions de tutorat destinées à des jeunes qui, encore stagiaires, sont aujourd'hui plus éloignés de l'emploi.
Le Gouvernement est, en tout état de cause, défavorable à cet amendement.
M. le président. Quel est, dans ces conditions, l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. L'utilité de cet amendement, qui paraît assez éloigné du texte, nous semble limitée.
En conséquence, la commission n'y est pas favorable, bien qu'elle comprenne la démarche de notre collègue M. Plasait.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 26, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 86, M. Vasselle propose d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dès lors qu'ils ont à connaître, dans le cadre de leur emploi ou mission, des informations ou des faits à caractère secret ou confidentiel, les titulaires d'un contrat de travail conclu en vertu des conventions mentionnées à l'article L. 322-4-18 du code du travail ou les adjoints de sécurité mentionnés à l'article 36 de la loi n° 95-73 du 21 janvier 1995 d'orientation et de programmation relative à la sécurité, sont tenus au secret professionnel dans les conditions et sous les réserves énoncées aux articles 226-13 et 226-14 du code pénal. »
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Cet amendement répond à la même préoccupation que les amendements n°s 87 et 88. Il s'agit d'assujettir au secret professionnel les jeunes qui occuperaient la fonction d'adjoint de sécurité.
J'imagine par avance que Mme le ministre va me faire une réponse du même type que pour les amendements n°s 87 et 88, auquel cas celui-ci connaîtra le même sort que les précédents.
J'attends votre réponse, madame le ministre !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La clause relative au secret professionnel doit-elle figurer dans la loi ou bien, au contraire, dans le contrat ? La commission penche plutôt pour la deuxième solution !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je vais faire la même réponse que tout à l'heure à M. Vasselle : effectivement, il est inutile de préciser dans la loi que les articles 226-13 et 226-14 du code pénal, relatifs au secret professionnel, sont applicables aux jeunes qui, dans le cadre de leurs fonctions, seraient dépositaires d'informations relevant du secret professionnel.
Je comprends bien votre souci, mais votre amendement est inutile puisque ces articles s'appliquent. Je vous demande donc, monsieur le sénateur, de bien vouloir retirer votre amendement.
M. Alain Vasselle. Je le fais volontiers !
M. le président. L'amendement n° 86 est retiré.
Par amendement n° 102, MM. Ostermann, Grignon, Vasselle, Besse, Eckenspieller, Blanc, Delong et les membres du groupe du RPR proposent d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« Après l'article L. 143-5 du code du travail, il est inséré un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. .. - Un chèque-artisanat peut être utilisé par les employeurs inscrits au répertoire des métiers et, dans les départements du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle, au registre des entreprises créé par le décret n° 73-942 du 3 octobre 1973 et qui emploient un effectif total de moins de cinq salariés, pour assurer la rémunération de leurs employés et pour la déclaration en vue du paiement des cotisations sociales.
« Il se substitue à la remise du bulletin de paie prévue par l'article L. 433-3.
« La rémunération portée sur le chèque inclut une indemnité de congés payés dont le montant est égal au dixième de la rémunération.
« Les chèques-artisanat sont émis et délivrés par les établissements de crédit ou par les institutions ou services énumérés à l'article 8 de la loi n° 84-46 du 24 janvier 1984 relative à l'activité et au contrôle des établissements de crédit qui ont passé convention avec l'Etat.
« Les mentions figurant sur le chèque-artisanat ainsi que ses modalités d'utilisation sont fixées par décret. »
La parole est à M. Ostermann.
M. Joseph Ostermann. Monsieur le président, je souhaiterais présenter en même temps les amendements n°s 103 et 104, qui ont la même finalité.
M. le président. Je suis en effet saisi des amendements n°s 103 et 104, présentés par MM. Ostermann, Grignon, Vasselle, Joyandet, Besse, Eckenspieller, Blanc et Delong.
L'amendement n° 103 a pour objet d'insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est inséré, après l'article L. 322-4-20 du code du travail, un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. .... - I. - Les gains et rémunérations, au sens de l'article L. 242-1 du code de la sécurité sociale ou de l'article 1031 du code rural, versés au cours d'un mois civil aux salariés âgés de dix-huit à vingt-six ans au plus lors de leur embauche ou de moins de trente ans ne remplissant pas la condition d'activité antérieure ouvrant droit au bénéfice de l'allocation prévue à l'article 351-3, sont, dans les conditions fixées aux II, III, IV, V, VI, VII et VIII, exonérés de cotisations à la charge de l'employeur au titre des assurances sociales, des allocations familiales, de la taxe sur les salaires, des accidents du travail ainsi que du versement de transport et des contributions et cotisations au fonds national d'aide au logement, dans la limite des cotisations afférentes à la rémunération ou la partie de rémunération égale au salaire minimum interprofessionnel de croissance majoré de 50 %.
« II. - L'exonération prévue au I est applicable aux gains et rémunérations versés par les entreprises qui emploient un effectif total de 500 salariés au plus.
« III. - L'exonération prévue au I est applicable aux gains et rémunérations versés aux salariés au titre desquels l'employeur est soumis à l'obligation édictée par l'article L. 351-4 du code du travail, et dont le contrat est à durée indéterminée ou a été conclu pour une durée déterminée d'au moins soixante mois, dans la limite de 500 salariés appréciée au premier jour de chaque mois.
« Ce contrat est conclu pour la durée légale du travail ou pour la durée collective inférieure applicable à l'organisme employeur.
« Ils peuvent être conclus à temps partiel sous condition de durée minimale égale au mi-temps.
« IV. - L'exonération prévue au I est applicable pendant une période de cinq ans à compter de la date d'effet du contrat de travail.
« V. - L'exonération prévue au I est applicable aux embauches réalisées jusqu'au 31 décembre 1998.
« VI. - Le droit à l'exonération prévue au I est subordonné à la condition que l'employeur soit à jour de ses obligations à l'égard de l'organisme de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d'allocations familiales ou ait souscrit un engagement d'apurement progressif de ses dettes.
« Le bénéfice de l'exonération ne peut être cumulé, pour l'emploi d'un même salarié, avec celui d'une aide de l'Etat à l'emploi ou d'une autre exonération totale ou partielle de cotisations patronales de sécurité sociale ou l'application de taux spécifiques d'assiettes ou de montants forfaitaires.
« L'exonération ne peut être accordée lorsque l'embauche est en rapport avec la fin du contrat de travail d'un salarié, quel qu'en soit le motif.
« VII. - A l'issue de la période d'exonération de cinq ans, les cotisations patronales à la charge de l'employeur sont progressivement rétablies, par tiers chaque année, sur une période de trois ans.
« VIII. - Les employeurs bénéficiant de l'exonération prévue au I consacrent 10 % du temps de travail de chaque salarié à une formation liée à l'activité de l'entreprise. »
« II. - La perte de recettes résultant de l'application des dispositions du I ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle affectée aux régimes de sécurité sociale, aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° 104 tend à insérer, après l'article 2, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le b du 1° de l'article 1467 du code général des impôts est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« b) les salaires au sens de l'article 231-1 ainsi que les rémunérations allouées aux dirigeants de sociétés mentionnés aux articles 62 et 80 ter, versés pendant la période de référence définie au a à l'exclusion des salaires versés aux apprentis sous contrat et aux handicapés physiques ainsi que des salaires exonérés de charges patronales visés à l'article L. 322-4-21 du code du travail. La période d'exonération est de cinq ans, la masse salariale des entreprises concernées étant progressivement prise en compte par tiers chaque année durant les trois années suivantes.
« Ces éléments sont pris en compte pour 18 % de leur montant. »
« II. - La perte de recettes résultant pour l'Etat de l'application des dispositions du I ci-dessus est compensée à due concurrence par un relèvement des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts ainsi que par la création d'une taxe additionnelle sur les droits prévus aux articles 403 et 403 A du code général des impôts.
« III. - La perte de recettes résultant pour les collectivités locales de l'application des dispositions du I ci-dessus est compensée à due concurrence par une majoration de la dotation globale de fonctionnement. »
Veuillez poursuivre, monsieur Ostermann.
M. Joseph Ostermann. Deux de ces amendements au moins mettent en cause l'architecture générale du projet de loi et visent à rétablir un certain équilibre dans le texte examiné entre création d'emplois dans le secteur public et création d'emplois dans le secteur marchand.
Cet équilibre est, pour moi, la condition essentielle pour voter le présent texte.
Comme j'ai eu l'occasion de le souligner, hier, lors de mon intervention sur l'article 1er, la création massive d'emplois publics ne me semble pas être la meilleure solution pour résoudre le problème du chômage des jeunes.
J'ai beaucoup de respect pour la fonction publique, mais nous sommes certains, hélas ! que la majorité de ces contrats intéresseront la fonction publique ou la fonction publique territoriale. Or chacun sait que tout accroissement de l'emploi public conduit immanquablement à un alourdissement de la pression fiscale, alourdissement qui pénalise la création d'emplois dans les entreprises.
M. Poncelet a évoqué la sortie du dispositif, je n'y reviendrai pas.
La priorité doit donc être accordée au secteur marchand. Or, lorsqu'on interroge les entreprises - et plus particulièrement les PME - elles se plaignent de deux freins principaux à l'embauche : le poids excessif des charges sociales et des formalités administratives.
Ce constat se confirme d'ailleurs lorsqu'on procède à une comparaison internationale : la pression fiscale liée aux cotisations patronales est d'environ 40 % en France, contre 10,2 % au Royaume-Uni et 7,65 % aux Etats-Unis.
Ce n'est pas faire preuve d'un libéralisme destructeur que de prôner une baisse des charges sociales. J'en prends pour preuve le cas de la Grande-Bretagne de Tony Blair, que vous avez vous-même cité en exemple hier, madame le ministre.
M. Tony Blair vient d'annoncer un plan innovant en faveur de l'emploi dans le secteur marchand et a déclaré hier que « le nouvel Etat-providence doit encourager le travail et non l'assistanat », prouvant ainsi que le parti travailliste, proche, d'un point de vue idéologique, du parti socialiste français, sait s'adapter aux nouvelles exigences de la société.
N'avez-vous pas vous-même, madame le ministre, mis à l'ordre du jour de la prochaine conférence sur l'emploi le thème de l'allégement du coût du travail ?
Or, les premières décisions prises par le Gouvernement concourent, au contraire, à alourdir le coût du travail sur les bas salaires plutôt que de l'alléger. En témoignant ainsi l'annonce de l'arrêt du plan textile et de la chaussure qui risque d'entraîner des conséquences dramatiques pour ce secteur, ainsi que la réduction de la ristourne dégressive de cotisations patronales sur les bas salaires prévue dans le projet de loi de finances pour 1998 et ce, malgré les conclusions des travaux d'experts mandatés par le Gouvernement pour préparer la conférence du 10 octobre. Les travaux des experts confirment qu'en France la croissance s'est enrichie en emplois au cours des cinq dernières années sous l'effet de deux facteurs : le développement accéléré du travail à temps partiel et surtout les allégements de charges sur les bas salaires.
Je soumets donc à l'examen de notre assemblée trois amendements.
Depuis vingt-quatre heures, nous cherchons à créer des passerelles avec le secteur marchand. Pourquoi ne pas mettre à contribution immédiatement le secteur marchand ?
L'amendement n° 103 vise à exonérer totalement de charges sociales les PME qui embauchent ou embaucheront des jeunes pendant une durée minimale de cinq ans en échange d'une obligation de formation.
Une telle exonération serait couplée avec le retrait des salaires correspondants de la base imposable utilisée pour le calcul de la taxe professionnelle des entreprises visées par l'exonération. Cela constitue l'objet de l'amendement n° 104.
Une telle mesure représenterait un coût pour l'Etat et les collectivités locales évalué à 67 000 francs par emploi créé, soit beaucoup moins qu'un emploi-jeunes, dont le coût est de 92 000 francs pour l'Etat, auxquels s'ajoutent 18 000 francs pour les collectivités locales, soit 110 000 francs.
Ainsi, à budget équivalent - 35 milliards de francs à 40 milliards de francs en année pleine - il serait aisément envisageable de créer au moins 400 000 emplois dans le secteur marchand et 100 000 emplois dans le secteur public, soit un total de 500 000 emplois au minimum au lieu des 350 000 proposés. Il faut faire confiance au secteur marchand.
Cette hypothèse n'est nullement irréaliste. L'objectif de 400 000 emplois créés serait atteint si une PME sur cinq embauchait un jeune. Une telle exonération permettrait d'ailleurs à de nombreuses entreprises de dégager des possibilités réelles pour expérimenter et introduire dans l'entreprise des mesures d'aménagement du temps de travail.
Parallèlement, pour soutenir l'effort des petites entreprises artisanales, celles de moins de cinq salariés, en faveur de l'emploi des jeunes - c'est l'objet de l'amendement n° 102 - je suggère également de leur appliquer les grands principes du chèque emploi-service en créant un chèque-artisanat.
Une telle disposition faciliterait les formalités administratives auxquelles ces entreprises sont soumises, formalités qui constituent encore, pour beaucoup d'entre elles, un frein à l'embauche.
Cette proposition fait l'objet de mon troisième amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ces trois amendements ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Je connais bien notre collègue Joseph Ostermann et son souci des petites et moyennes entreprises. Nous le partageons, et j'approuve bien évidemment l'esprit de ses amendements, qui visent à aider les petites entreprises artisanales.
Cependant, ces trois amendements mériteraient que nous les réétudions dans un autre cadre, car les dispositions qu'ils contiennent sont tout de même très éloignées du texte qui nous occupe aujourd'hui.
M. Roland Huguet. C'est le moins qu'on puisse dire !
M. Louis Souvet, rapporteur. Nous serions alors à même de nous prononcer un peu mieux qu'au hasard de l'examen d'un amendement.
La commission a donc émis un avis défavorable, alors même qu'elle n'est pas défavorable au système proposé par M. Ostermann.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 102, 103 et 104 ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je partage totalement le souci exprimé par M. Ostermann à propos des petites et moyennes entreprises.
J'avais moi-même expérimenté le chèque-service dans un certain nombre de régions, et mon successeur, M. Michel Giraud, l'a généralisé pour les emplois familiaux.
Ce dispositif a été rendu possible pour les emplois à domicile, sous réserve de plusieurs conditions.
Tout d'abord, il n'y a qu'une seule convention collective pour les emplois à domicile, ce qui fait qu'on peut calculer assez facilement les cotisations.
Par ailleurs, il existe depuis près de dix ans un guichet unique qui couvre les différents régimes de protection sociale-sécurité sociale mais aussi et surtout les régimes de retraite complémentaire et d'assurance chômage.
Enfin, le calcul des cotisations est transféré à un tiers, l'URSSAF, qui peut d'autant mieux les évaluer qu'il y a une seule convention collective.
Si je porte ces éléments à la connaissance du Sénat, c'est parce que, si j'avais pu expérimenter pour les emplois à domicile le chèque-service lorsque j'étais ministre de 1991 à 1993, jusqu'à présent je n'ai jamais réussi - pourtant je partage l'avis de M. le sénateur - à le faire appliquer aux entreprises artisanales de moins de cinq salariés.
Même si ce sujet ne fait pas l'objet de notre débat, je souhaite l'évoquer parce que nous allons l'inscrire à l'ordre du jour de la conférence du 10 octobre.
Sachez que je n'ai pas renoncé ! Je pense effectivement que la façon d'aider les petites entreprises à embaucher, c'est, bien sûr, de réduire le coût du travail, notamment pour les salariés les moins qualifiés, mais c'est aussi de réduire le poids des formalités administratives qu'elles doivent accomplir aussi bien pour le calcul des cotisations que pour l'établissement de la feuille de paie.
Aussi ai-je rencontré l'ensemble des organisations patronales - l'UPA, la CG-PME, l'UNAPL - ces dernières semaines et leur demandé, comme d'ailleurs l'avait suggéré voilà quelque temps la CG-PME, de négocier un statut unique pour les entreprises qui ont un, deux, trois - et pourquoi pas jusqu'à quatre ou cinq salariés ? - afin que nous puissions très vite mettre en place le dispositif. Sans statut unique, nous n'y arriverons pas.
J'espère qu'à l'issue de la conférence un accord suffisant des organisations patronales verra le jour. Les organisations syndicales quant à elles sont d'accord. Il serait alors possible de mettre en place cette convention collective et, très vite, d'adopter le système des chèques-services pour les petites entreprises. Je crois qu'elles l'attendent et je pense que ce serait effectivement bon pour l'emploi.
Je demande donc à M. Ostermann de bien vouloir retirer ses amendements, en lui répétant - je crois le lui avoir montré - combien je partage son souci et combien j'espère, même si tout ne dépend pas du Gouvernement, que nous allons cette fois réussir.
M. Gérard Delfau. Très bien !
M. le président. Les amendements n°s 102, 103 et 104 sont-ils maintenus, monsieur Ostermann ?
M. Joseph Ostermann. Je suis très sensible aux propos de Mme le ministre.
Son engagement concernant l'amendement n° 102 me convient. Je retire donc cet amendement.
En revanche, je ne partage pas du tout la conception de la commission concernant les amendements n°s 103 et 104 car nous touchons vraiment ici au coeur du problème : quels emplois allons-nous créer dans le cadre de ce dispositif ?
Oui, je suis très surpris par la position de la commission.
Toutefois, compte tenu des circonstances, je retire ces deux amendements, ce qui ne m'empêchera pas, éventuellement, de m'abstenir sur l'ensemble du texte.
M. le président. Les amendements n°s 102, 103 et 104 sont retirés.

Article additionnel avant l'article 2 bis

M. le président. Par amendement n° 20 rectifié, M. Souvet, au nom de la commission, propose d'insérer, avant l'article 2 bis , un article additionnel ainsi rédigé :
« Pour développer des activités répondant à des besoins non satisfaits, l'Etat peut, à titre exceptionnel et jusqu'au 31 décembre 1999, faire appel à des agents âgés de dix-huit à trente ans, recrutés en qualité de contractuels de droit public pour une période maximale de cinq ans non renouvelable pour exercer des missions auprès des fonctionnaires des ministères de l'éducation nationale ou de la justice. Ces emplois sont financés en totalité par l'Etat.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent article. Il définit notamment les missions de ces agents qui ne peuvent s'apparenter à celles qui relèvent, de par leur nature, des emplois occupés par des fonctionnaires titulaires, ainsi que les conditions d'évaluation des activités concernées. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 115 rectifié, présenté par M. Gournac et les membres du groupe du RPR, et tendant, dans le premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 20 rectifié, à remplacer les mots : « des ministères de l'éducation nationale ou de la justice » par les mots : « du ministère de l'éducation nationale ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 20 rectifié.
M. Louis Souvet, rapporteur. Il s'agit ici du recrutement des fonctionnaires des ministères de l'éducation nationale ou de la justice.
Le contrat de droit public apparaît à cet égard comme une clarification tant juridique que financière, puisqu'il sera financé à 100 % par l'Etat.
Je propose d'ajouter deux précisions afin d'éviter toute dérive dont les ministres concernés ne semblent pas soucieux de se prémunir.
Premièrement, et conformément au principe de la fonction publique qui précise que les emplois d'auxiliaires ne peuvent être créés que pour des emplois temporaires, je propose de limiter dans le temps le recours à de tels contrats.
Le Gouvernement soutient que ces nouvelles activités devraient être vouées à réjoindre la fonction publique si elles correspondent à de véritables nécessités. Rien ne justifie donc un recrutement banalisé sous statut contractuel. A l'horizon de cinq ans, les métiers utiles devraient être intégrés dans les concours.
Il m'a donc paru nécessaire de préciser que le recours à ces contrats de droit public était exceptionnel et limité au 31 décembre 1999.
La seconde précision est en quelque sorte la conséquence de la première. Si les emplois créés par ces deux ministères sont nouveaux, ils ne peuvent en aucun cas s'apparenter aux emplois occupés par des fonctionnaires titulaires. Il est important de le rappeler ; notre commission est en effet attachée au respect des grands principes de la fonction publique.
M. le président. La parole est à M. Gournac, pour défendre le sous-amendement n° 115 rectifié.
M. Alain Gournac. L'amendement de la commission prévoit l'embauche de jeunes sans formation spécifique et sans que soit organisé leur accueil au sein des services du ministère de la justice.
Or le ministère de la justice a besoin de fonctionnaires pour des tâches d'exécution, la plupart des syndicats du ministère que nous avons auditionnés nous l'ont dit.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 115 rectifié ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Ce sous-amendement semble satisfait par l'amendement n° 20 tel qu'il a été rectifié, puisqu'il ne fait plus désormais référence aux adjoints de justice.
M. le président. Monsieur Gournac, votre sous-amendement est-il maintenu ?
M. Alain Gournac. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. Le sous-amendement n° 115 rectifié est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 20 rectifié ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je ne peux pas donner un avis favorable à cet amendement.
Je crois avoir expliqué tout à l'heure combien il est utile pour des tâches régaliennes comme les tâches de la sécurité, des tâches de police, de maintien de l'ordre, que des dispositions spécifiques s'appliquent et notamment que les contrats soient de droit public.
S'agissant des fonctions qui participeraient, par exemple, à la médiation de justice - non pas celle de médiateurs de justice, ces derniers étant des juges d'instruction, mais des fonctions équivalentes à celles d'adjoints d'éducation, prévues par le ministère de l'éducation nationale - et qui répondraient à l'émergence de besoins nouveaux, elles ne devraient pas pour autant relever obligatoirement du statut de la fonction publique.
Peut-être, dans deux, trois, ou quatre ans, considérerons-nous que certains de ces emplois doivent être intégrés au statut de la fonction publique, et il faudra alors, effectivement, les intégrer, prévoir des concours publics. Aujourd'hui, nous n'estimons pas que ces emplois, dans leur grande majorité, contrairement à ce qui est le cas pour les auxiliaires de police, doivent devenir des emplois publics. Aussi, nous ne voyons pas l'intérêt de placer dès maintenant ces personnes sous statut de contractuels de droit public. C'est pourquoi nous sommes opposés à l'amendement n° 20 rectifié.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Il faut bien que, de temps en temps, il y ait désaccord entre le Gouvernement et la commission ! Cette dernière estime que les arguments qui sont valables pour les fonctions de police le sont également pour les fonctions d'éducation et de justice.
Le Sénat ne souhaite pas que les collectivités locales viennent au secours du ministère de l'éducation nationale ou du ministère de la justice pour créer des emplois « intermédiaires ».
Nous avons mis en place un système d'emplois pour les jeunes pour des métiers nouveaux et dans un cadre associatif, dans les collectivités locales notamment. A partir du moment où l'Etat annonce - malheureusement, il a un peu précédé le vote du Parlement, et même le dépôt du texte devant le Parlement - qu'il va recruter, il recrute, il paie : ce sont des contractuels de droit public.
Ainsi, la frontière est bien délimitée entre, d'une part, les emplois-jeunes, qui entraîneront une coopération entre l'Etat et les collectivités locales, et, d'autre part, les emplois qui bénéficieront d'un statut de droit public.
Si nous ne plaçons pas une frontière nette entre les deux, nous risquons de nous heurter à de grandes difficultés ; dans quelque temps, on viendra mendier auprès des collectivités territoriales non pas pour financer des emplois futurs mais pour prendre en charge le coût d'emplois fondamentaux dans ces deux ministères.
Cet amendement, tout à fait cohérent avec la position globale de la commission sur ce texte, est très important, en ce qu'il précise clairement la frontière, même si des espoirs sont nés alors que le Parlement n'avait pas encore été consulté. Ainsi certains seront-ils peut-être désormais conduits à penser qu'il vaut mieux d'abord discuter avec le Parlement plutôt que de se lancer sans concertation dans des opérations difficiles à financer. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 20 rectifié.
M. Jean Delaneau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Delaneau.
M. Jean Delaneau. Cet amendement est effectivement très important, tant par ce qu'il dispose que par ce qu'il suppose.
Si vous dites, madame le ministre, que des emplois actuellement créés par l'éducation nationale sans concertation aucune ni avec les maires ni avec les présidents de conseil général, et qui aboutissent à affecter des personnels à un certain nombre d'établissements, seront pris en charge à 100 % à la fois par votre budget, à hauteur de 80 %, et par le budget de l'éducation nationale, à hauteur de 20 %, ce sera susceptible de calmer certaines de nos inquiétudes.
Mais, au vu de la circulaire de M. Allègre, on s'aperçoit que sont prévus, pour l'instant, des recrutements de deux mois en deux mois, et que l'on verra, en fonction du texte qui résultera des travaux du Parlement, ce qu'il adviendra du sort de ces jeunes.
Mon inquiétude est également celle de tous les élus qu'ils soient maires ou présidents de conseil général et quelle que soit leur orientation politique.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je rappelle au Sénat ce que j'ai sans doute déjà indiqué au cours de ce débat : auprès de l'éducation nationale, il existe deux types d'emplois.
Les uns visent à remplir des fonctions d'assistance des enseignants à l'intérieur de l'école. Pour ceux-là, parce que les activité sont exercées à l'intérieur de l'école, en contact avec les enfants, le ministère de l'éducation nationale a souhaité instituer une procédure particulière de contrôle spécifique des candidats, qui donne lieu au recrutement par les recteurs de 40 000 jeunes.
Comme je l'ai indiqué, tant que la loi n'est pas votée, ces jeunes sont embauchés sous contrat à durée déterminée, payés à 100 % par l'éducation nationale. Ils entreront dans le dispositif, selon les modalités décidées par le Parlement, une fois que la loi sera votée. Ils continueront alors à être financés à 100 % par l'Etat, 80 % sur le budget du ministère de l'emploi et de la solidarité et 20 % sur celui du ministère de l'éducation nationale.
Nous examinerons les fonctions qui pourront être pérennisées dans le secteur public et celles qui relèveront du secteur associatif extérieur à l'école.
Mais il est un second domaine, celui du périscolaire, que tous élus connaissent bien, qui est financé en partie par les collectivités locales. Ces dernières recevront une aide complémentaire de l'Etat, puisque l'Etat apportera désormais 80 % du financement.
Ce domaine correspond précisément au système que nous sommes en train d'élaborer avec les préfets par le biais de contrats d'objectif conclus avec les élus.
Je répète : les 40 000 jeunes embauchés aujourd'hui par les rectorats sont recrutés directement par l'éducation nationale, qui en assume la charge à 100 %, avec des contrats spécifiques. Ces emplois seront transférés sur les contrats que nous sommes en train de mettre en place, mais ils resteront financés à 100 % par l'Etat, à savoir 80 % par le ministère de l'emploi et de la solidarité et 20 % par le ministère de l'éducation nationale. Dès que la loi sera votée, ils entreront dans le nouveau système, et ce pour cinq ans.
C'est à nous qu'il reviendra d'apprécier, pendant cette période, ce qu'il doit advenir de ces fonctions. Sont-elles utiles, apportent-elles un plus à la fonction éducative qui relève de l'Etat ou, au contraire, à la fonction éducative au sens large, qui peut relever, par exemple, des associations ?
Par exemple, des expériences ont été menées par le Gouvernement précédent sur l'aménagement du temps de l'enfant. Nous poursuivrons dans cette voie pour distinguer ce qui relève de l'éducation nationale ou des associations culturelles ou sportives, par exemple. Nous devons expérimenter.
Pour ce qui concerne les activités exercées à l'intérieur de l'école, elles ne coûteront rien aux collectivités locales pendant cette période, je le réaffirme.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Madame le ministre, je souhaite vous poser quelques questions précises quant à ces emplois.
Tout d'abord, qui embauche ces jeunes ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Ce sont les collèges.
M. Louis Souvet, rapporteur. Ce sont donc les chefs d'établissement qui embauchent. Mais sur quelle base ? Est-ce sur la base d'un projet ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Oui, bien sûr !
M. Louis Souvet, rapporteur. Ces embauches passeront donc par le préfet, de la même manière que les autres emplois créés ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Oui.
M. Louis Souvet, rapporteur. Qui donnera l'accord ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Ce sera également le préfet.
M. Louis Souvet, rapporteur. Ces emplois échapperont-ils à l'autre régime ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Monsieur le rapporteur, le décret, dont je vous ai confié le projet qui évolue au fur et à mesure de nos discussions, le précise explicitement.
Il nous semble que, pour les tâches exercées à l'intérieur de l'école, il est bon de préserver une certaine homogénéité, il faut que les recteurs prennent connaissance des projets qui peuvent être mis en place. Mais ce sont les principaux de collèges - les collèges étant des établissements publics - qui peuvent, au sens de la loi, embaucher des jeunes de la catégorie de ceux dont nous examinons le cas actuellement, élaborer les projets, les présenter aux recteurs, ces derniers veillant à assurer une certaine harmonie sur l'ensemble du territoire. Ensuite, les jeunes ainsi embauchés seront « salariés » des établissements publics que sont les collèges. Leur employeur sera le principal de collège, qu'ils travaillent dans les collèges ou dans les écoles élémentaires qui se situent dans la circonscription de ces collèges.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 20 rectifié, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, avant l'article 2 bis.

Article 2 bis

M. le président. « Art. 2 bis . _ Compte tenu du taux de chômage dans les départements d'outre-mer et la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon, des mesures d'application spécifiques de la présente loi, s'appuyant sur le Fonds pour l'emploi dans les départements d'outre-mer et la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon, seront déterminées par décret. »
Sur l'article, la parole est à M. Lauret.
M. Edmond Lauret. Le projet de loi relatif à l'emploi des jeunes suscite dans les départements d'outre-mer et à Saint-Pierre-et-Miquelon beaucoup d'espoirs, plus encore qu'en métropole.
Nos clignotants sont tous au rouge. On recense, en effet, 28 % de chômeurs en Guadeloupe et en Martinique, 41 % à la Réunion, qui compte au total 112 000 chômeurs, dont 26 000 de dix-huit à vingt-cinq ans, soit un taux de chômage des jeunes quatre fois plus important que le taux national !
A la Réunion encore, nous comptabilisons 5 000 diplômés chômeurs et, chaque année, 7 000 nouvelles offres d'emploi apparaissent.
Dans ce contexte difficile, les jeunes des départements d'outre-mer suivent avec attention et impatience nos débats, à l'Assemblée nationale et au Sénat.
En effet, lors des dernières campagnes électorales, beaucoup de promesses leur ont été faites.
Pourtant, depuis 100 jours, ces jeunes n'ont pas vu leur situation évoluer favorablement. Bien au contraire, pendant les vacances, un décret est venu diminuer les crédits votés par l'ancienne majorité pour ces départements de 231 millions de francs, 70 millions de francs de moins pour le logement social et 100 millions de francs de moins sur le fonds pour l'emploi dans les départements d'outre-mer.
Et il faut ajouter que ces crédits sont alimentés par supplément local de TVA payé par les Domiens.
Au cours de la discussion à l'Assemblée nationale, l'illusion a encore été entretenue. On a alors annoncé aux jeunes de l'outre-mer que la loi tiendrait compte du taux exceptionnel de chômage des jeunes d'outre-mer, et cela avant même le vote en première lecture ! Le chiffre de 12 000 emplois-jeunes, pour 26 000 chômeurs, a même été avancé à la Réunion !
Qu'elle ne fut pas l'amère désillusion de nos jeunes à l'issue des débats à l'Assemblée nationale !
En effet, madame le ministre, vous avez refusé le principe du traitement spécifique du chômage outre-mer, principe pourtant adopté par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, qui instaurait l'égalité des chances entre jeunes chômeurs de métropole et jeunes chômeurs des départements d'outre-mer.
Vous avez refusé, madame le ministre, l'amendement Bello, qui instaurait la non-fongibilité entre les fonds de la loi Perben et ceux des emplois-jeunes. Cela veut dire que, demain, les fonds Perben, encaissés sur les consommateurs d'outre-mer, pourraient être détournés vers le financement des emplois-jeunes, alors que la simple justice sociale supposerait au contraire un déploiement plus accentué des emplois-jeunes dans ces départements par rapport au reste du pays, compte tenu de la situation explosive qui règne outre-mer.
Vous avez refusé, madame le ministre, les amendements des députés qui souhaitaient une modification des règles de fonctionnement de l'Agence départementale d'insertion dans le sens d'une gestion plus souple, plus efficace, plus rapide des fonds à l'échelon local.
Alors, que reste-t-il en faveur de l'outre-mer ?
Un texte qui rend obligatoire le transit des fonds par le Fonds pour l'emploi dans les départements d'outre-mer, le FEDOM, et ce par simple souci de présentation du budget des départements d'outre-mer pour 1998.
En effet, grâce à cet artifice de présentation, les fonds FEDOM transitent par le budget des départements d'outre-mer et non par celui du ministère de l'emploi. On peut donc annoncer une progression de 7 % du budget des DOM pour l'année prochaine, alors que la vérité est tout autre : hors emplois-jeunes, ce budget n'augmentera que de 2 % et le nombre d'emplois-jeunes pour les départements d'outre-mer et Saint-Pierre-et-Miquelon ne s'élève qu'à 3 260, chiffre qui tient compte du seul critère de population mais nullement du taux de chômage des jeunes.
La colère gronde dans nos îles ! Des mairies - de gauche pour le moment - sont occupées par des jeunes révoltés par les promesses non tenues de ceux qui ont gagné les élections. Des violences, qu'on doit condamner mais qu'on doit aussi comprendre, ont eu lieu la semaine dernière à Saint-Denis, d'autres sont à craindre, qui ont justifié l'arrivée à la Réunion, samedi dernier, d'un escadron de gendarmes mobiles en provenance de Belfort. A défaut de travail, nos jeunes auront droit à la matraque !
Il est donc nécessaire que le Gouvernement modifie son comportement vis-à-vis des jeunes de l'outre-mer !
Madame le ministre, comme je l'ai demandé au secrétaire d'Etat à l'outre-mer, la situation particulière des départements d'outre-mer mérite un plan spécifique d'éradication du chômage des jeunes. En effet, les difficultés des départements d'outre-mer n'ont rien de commun avec la situation métropolitaine : chez nous, le chômage des jeunes augmente et atteint, à la Réunion, je le répète, quatre fois le taux métropolitain. En métropole, le chiffre des jeunes chômeurs a diminué de 400 000 en six ans, pour se situer aujourd'hui à moins de 600 000. Seulement, si je puis dire !
Ce plan spécifique ne saurait faire l'impasse sur la nécessité d'orienter les crédits disponibles vers le secteur marchand, qui seul peut prendre en charge, en particulier dans les départements d'outre-mer, l'insertion véritable dans des activités pérennes.
Ce plan devra faire l'objet d'une consultation préalable des collectivités locales, procédure qui a été négligée dans la présente loi.
Pour en revenir au projet de loi que vous nous présentez, madame le ministre, sa rédaction actuelle ne nous permet pas de soulager sensiblement le chômage des jeunes de l'outre-mer.
En effet, compte tenu de notre insularité, nous n'aurons pas accès aux embauches des grandes entreprises nationales telles que la SNCF, la RATP, Air France et des grandes entreprises privées chargées d'un service public.
Outre-mer, les collectivités locales ne pourront pas faire face à leur quote-part de 20 % sans augmentation insupportable des impôts locaux. Pour la seule île de la Réunion, en effet, la part des collectivités locales serait - si l'on respecte l'égalité des chances entre les jeunes Réunionnais et les jeunes Métropolitains - de 275 millions de francs, ce qui représenterait 125 % de hausse de la taxe d'habitation et de la taxe foncière non bâtie !
Avec M. Lagourgue, qui m'a demandé d'intervenir en son nom, j'approuve les conclusions de la commission des affaires sociales, qui a présenté des amendements pour améliorer la qualité et l'efficacité de la loi.
Toutefois, avec Mme Michaux-Chevry, MM. Lagourgue et Reux ainsi, je l'espère, qu'avec le soutien de M. le rapporteur, je défends un amendement de suppression de l'article 2 bis pour que le droit commun soit applicable dans nos régions ultra-marines.
Nous estimons, en effet, que cet article 2 bis est inutile et dangereux, pour trois raisons.
Tout d'abord, il allonge le processus d'instruction et de décision, en rendant possible, voire inévitable, le transit des fonds par le FEDOM.
Ensuite, il peut permettre, à cause de la fongibilité des fonds FEDOM, un détournement des fonds Perben vers le financement des emplois-jeunes.
Enfin, il retarde fortement la date d'application de la loi outre-mer. Et cela n'est pas envisageable pour des raisons d'ordre public. Je vous rappelle que la situation est très tendue outre-mer et qu'un traitement différencié entre jeunes de métropole et jeunes des départements d'outre-mer entraînera de nouveaux troubles, aux conséquences lourdes pour nos territoires.
Si nous passons par le FEDOM, un décret d'application devra être pris, après consultation des cinq conseils généraux.
Il faut appliquer ce projet de loi en outre-mer et supprimer cet article 2 bis, il faut appliquer le droit commun dans les départements d'outre-mer sinon une consultation des cinq conseils généraux est obligatoire préalablement à la saisine du Conseil d'Etat et à la parution du décret.
Seule l'application des règles de droit commun nous permettra d'aller plus vite peut-être et d'éviter des troubles. Elle seule bloquera toute tentation de faire financer ces emplois par des fonds destinés à un autre usage.
De plus, que nous apportera un décret d'application, sinon du retard ? En effet, madame le ministre, vous avez déclaré refuser de fixer des quotas qui tiendraient compte de l'importance relative du chômage en outre-mer, en précisant que les crédits seront débloqués en fonction de la qualité des projets, ce qui sera, je pense, la règle sur l'ensemble du territoire français.
Je remercie mes collègues de bien vouloir adopter cet amendement de suppression.
Madame le ministre, je voterai le projet de loi avec les modifications proposées par la commission des affaires sociales, tout en étant convaincu de son inadaptation aux besoins de l'outre-mer, qui sont d'un autre ordre.
Je crains que ces mesures, qui partent d'une louable intention, n'aboutissent en fait qu'à augmenter la détresse des jeunes qui auront vite le sentiment d'avoir été abusés par de beaux discours et d'être abandonnés au bord de la route. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Monsieur Lauret, puis-je considérer que vous avez d'ores et déjà présenté votre amendement n° 59 ?
M. Edouard Lauret. Oui, monsieur le président.
M. le président. Toujours sur l'article 2 bis, la parole est maintenant à M. Lise.
M. Claude Lise. L'article 2 bis a au moins un mérite à mes yeux : il repose sur la reconnaissance d'une situation particulière dans les départements d'outre-mer et à Saint-Pierre-et-Miquelon. Pour cette raison, je ne peux pas suivre mon collègue Edmond Lauret, même si je partage son désir de voir pris en compte le particularisme des départements d'outre-mer et de la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon.
De plus, je ne vois pas en quoi la suppression de l'article 2 bis , qui reconnaît précisément un certain nombre des particularités à prendre en compte, pourrait améliorer la situation.
Madame le ministre, j'aurais préféré, c'est vrai, que les dispositions rendues nécessaires par la situation particulière des départements d'outre-mer soient inscrites dans la loi, comme d'ailleurs tous les élus de ces départements. Toutefois, puisqu'un décret est prévu, je ne peux qu'attirer votre attention sur ce qui doit, à mon sens, vous guider pour sa rédaction.
Premièrement, ce décret doit garantir la non-fongibilité des crédits au sein du Fonds pour l'emploi dans les départements d'outre-mer et la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon. J'aimerais que vous nous donniez des assurances à ce sujet. Sur ce point, en effet, je rejoins mes collègues de la majorité sénatoriale : nous ne pouvons pas laisser les crédits affectés à l'emploi des jeunes se perdre dans les crédits affectés à d'autres usages au sein du FEDOM.
Deuxièmement - et c'est encore plus important - ce décret doit assurer un élargissement des possibilités offertes par l'article 1er sexies en matière d'imputation de la contribution des conseils généraux des départements d'outre-mer sur les crédits d'insertion.
Cet article réserve cette possibilité au seuls RMIstes de la métropole. Cela nous pose un problème car, je l'ai dit dans mon intervention, nous devons prendre en charge une masse de jeunes âgés de dix-huit à vingt-cinq ans qui ne sont pas RMIstes. Ces jeunes ont souvent au moins un CAP ou un BEP. En Martinique, ce sont en effet au moins huit jeunes sur dix qui ont un CAP. Nous avons donc précisément besoin de les intégrer au dispositif en question.
Or, je l'ai expliqué tout à l'heure, les conseils généraux ont déjà des charges considérables : les crédits à inscrire obligatoirement à leur budget pour l'insertion sont très importants. De plus, ils devront aider les utilisateurs d'emplois-jeunes.
Dans le même temps, les agences d'insertion ne parviennent pas à consommer la totalité des crédits que les conseils généraux sont obligés de leur verser : elles ont donc accumulé des excédents de 120 millions de francs en Martinique, d'environ 90 millions de francs à la Réunion. Pour les quatre DOM, ce sont entre 300 et 400 millions de francs qui sont gelés !
Nous pensons donc qu'il faut permettre aux conseils généraux des DOM - je précise bien des DOM - d'utiliser un pourcentage - je ne dis pas la totalité - des crédits que ces conseils généraux continueront à verser aux agences d'insertion.
L'objectif est précisément d'aider ces conseils généraux à aller aussi loin qu'ils le souhaitent dans la mise en oeuvre du dispositif emplois-jeunes. On me rétorquera que pas un centime destiné aux RMIstes ne doit aller à des non-RMIstes. J'ai eu ce même débat il y a quelques années avec le délégué interministériel au revenu minimum d'insertion. C'est grâce à un arbitrage du Premier ministre de l'époque, Michel Rocard, à propos des logements sociaux que nous avions pu, dans les DOM, faire du surfinancement de logements locatifs très sociaux.
Il y a donc un précédent : nous utilisons déjà des crédits d'insertion pour faire des logements sociaux, et comme il n'est pas question de créer des ghettos, on n'y trouve pas que des RMIstes. Nous pouvons donc réclamer qu'une partie de ces crédits servent à des non-RMIstes, mais à des non-RMIstes qui deviendront des RMIstes une fois qu'ils auront atteint l'âge requis. Il s'agit donc de la même population, et c'est sur cela que se fonde notre demande.
Je souhaite donc, madame le ministre, que vous nous rassuriez sur l'esprit dans lequel le décret sera rédigé, car mieux vaut un décret d'application pour précisément inscrire notre spécificité que la suppression de l'article 2 bis.
Je souhaite aussi que vous nous donniez l'assurance que notre demande est bien comprise et, surtout, que vous êtes convaincue de notre volonté de voir réussir votre plan outre-mer.
M. le président. Sur l'article 2 bis , je suis saisi des deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 59, M. Lauret, Mme Michaux-Chevry, MM. Lagourgue et Reux proposent de supprimer cet article.
M. Lauret a déjà défendu cet amendement en s'exprimant sur l'article.
Par amendement n° 21, M. Souvet, au nom de la commission, propose de rédiger comme suit l'article 2 bis :
« Dans le respect des principes mis en oeuvre en métropole, les modalités particulières d'application de la présente loi aux départements d'outre-mer et à Saint-Pierre-et-Miquelon sont fixées par décret en Conseil d'Etat. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 21 et pour donner l'avis de la commission sur l'amendement n° 59.
M. Louis Souvet, rapporteur. L'amendement n° 21 de la commission est partiellement d'ordre rédactionnel. Il ne fait pas mention expresse du FEDOM. Il reprend une rédaction inspirée de la rédaction de l'article 51 de la loi de 1988 relative au RMI.
S'agissant de l'amendement n° 59, j'y suis très sensible. En effet, ayant des attaches familiales sur l'île Bourbon, je suis ce qui s'y passe. J'ai encore reçu ce soir deux fax sur les événements qui se sont produits dernièrement.
Je comprends bien, tout comme la commission, les difficultés qui sont celles de nos collègues. Pour autant, bien évidemment, nous n'ignorons pas celles des élus de la Guadeloupe et de la Martinique.
Avant de nous prononcer sur cet amendement n° 59, nous souhaitons entendre l'avis du Gouvernement.
Toutefois, la commission vous fait savoir qu'elle est prête à retirer son amendement n° 21 au bénéfice du vôtre si tel était votre souhait, monsieur le sénateur.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 59 et 21 ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je dois dire que je ne comprends pas très bien ce souci de voir supprimer l'article 2 bis.
Cet article a été rédigé à la demande des députés des départements d'outre-mer - je ne peux pas dire à l'unanimité, mais je crois tout de même les avoir tous rencontrés - au sujet d'un dispositif financier concernant les DOM, je veux parler du FEDOM, mis en place par M. Perben.
Tous les députés des DOM nous ont dit qu'ils ne voulaient pas de traitement différencié. Sur ce point, nous sommes d'accord : nous voulons appliquer ce projet de loi de la même manière à l'ensemble des DOM. Nous savons - M. le rapporteur vient de le rappeler - que les jeunes l'attendent et combien, malheureusement, cette attente est désespérée ; certains événements violents le prouvent.
Hier matin, le président du conseil général de la Réunion m'a dit, tout comme les députés, qu'il fallait agir vite. Or, pour cela, il nous a semblé qu'il fallait utiliser les circuits appropriés, notamment ceux qui ont été mis en place par la loi Perben et, en l'occurrence, le FEDOM.
Pour les mêmes raisons que celles que vous avez évoquées, monsieur le sénateur, nous ne souhaitons pas la fongibilité des crédits regroupés dans le FEDOM. En effet, je l'ai dit dans la discussion générale, les emplois que nous voulons proposer aux jeunes des DOM vont, peut-être pour la première fois, être non pas des dispositifs d'assistance, des petits boulots ou des emplois précaires, mais bien de vrais emplois qui aideront à valoriser les départements d'outre-mer.
J'ai donc demandé - et M. Queyranne en est d'accord - la non-fongibilité de ces crédits au sein du FEDOM. J'ai également demandé qu'il soit possible de vérifier étape par étape, pour chaque bloc de crédits - d'où l'affectation des 300 premiers millions de francs - qu'il s'agit bien de nouvelles activités, de nouveaux besoins, cela conformément aux conditions posées dans ce projet de loi.
C'est exactement ce qui figurera dans le décret : il y sera bien précisé que notre action passe par le FEDOM et que les crédits ne sont pas fongibles.
Ce décret doit être pris très vite - je ne souhaite donc pas, monsieur le rapporteur, qu'il s'agisse d'un décret en Conseil d'Etat - et il sera publié dans les heures qui suivront la promulgation de la loi. Nous respectons la Constitution et nous ferons figurer dans le décret ce qui est d'ordre réglementaire.
C'est donc dans un souci d'efficacité que nous avons souhaité utiliser le FEDOM, et cela, je le rappelle, à la demande d'une grande majorité de députés des départements d'outre-mer.
Pour ma part, je suis convaincue que ce programme peut être une chance pour les jeunes des départements d'outre-mer. Je souhaite donc que nous puissions l'appliquer rapidement.
Vous avez dit, monsieur le sénateur, que j'avais refusé un grand nombre d'amendements. Je ne vois pas de quels amendements vous voulez parler, à l'exception de l'un d'eux que j'ai refusé parce qu'il prévoyait un pourcentage du nombre d'emplois total réservé aux départements d'outre-mer en fonction du taux de chômage des jeunes de ces départements. Je l'ai refusé parce que nous ne sommes pas dans une logique quantitative ; nous sommes dans une logique qui privilégie l'intérêt des projets.
Si les départements d'outre-mer nous présentent des projets qui correspondent à l'esprit de ce texte et qui vont au-delà de leur pourcentage, ils bénéficieront de crédits plus importants que ceux que nous leur aurions affectés en tout état de cause.
Je le dis comme je le pense : les départements d'outre-mer ont été trop assistés. Or, ce que veulent maintenant leurs habitants, c'est être reconnus dignes et citoyens, c'est-à-dire avoir de vrais métiers et pouvoir gagner leur vie correctement, sans attendre une assistance financière venue de métropole. Ce projet peut les y aider. C'est la raison pour laquelle il est extrêmement important que cet article subsiste dans ce projet afin qu'il soit applicable très vite.
J'ajoute qu'à la demande du président du conseil général et des députés de la Réunion une mission se rendra sur place dès le début du mois de novembre pour analyser ces projets et aider à leur élaboration. Un membre de mon cabinet s'occupe de la mobilisation autour de ces projets. Il accompagnera M. Queyranne et Mme Demessine à la Réunion début novembre. Il n'y aura donc pas de temps perdu.
Nous souhaitons le sérieux de ces projets et nous voulons dépasser très largement les 300 millions de francs d'ores et déjà affectés au FEDOM pour redonner de l'espoir aux jeunes qui attendent - je partage là votre point de vue - dans la désespérance.
Le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 21. En effet, faire passer le décret en Conseil d'Etat - ce que le droit n'impose pas - impliquerait des délais complémentaires non justifiés, ce dont j'ai fait part à l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission sur l'amendement n° 59 ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Nous nous en remettons à la sagesse du Sénat.
Quant nous, nous serions d'accord, madame le ministre, pour rectifier l'amendement n° 21 afin de supprimer la mention « en Conseil d'Etat », si cela pouvait aider à clarifier la situation.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. L'important étant que nous soyons d'accord sur le fond et que l'article 2 bis subsiste, car il sera la base de notre action dans les départements d'outre-mer, je m'en remets en tout état de cause à la sagesse du Sénat sur l'amendement n° 21.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 59.
M. Paul Vergès. Je demande la parole contre cet amendement.
M. le président. La parole est à M. Vergès.
M. Paul Vergès. Notre collègue Edmond Lauret a analysé la gravité de la situation à la Réunion et a souligné la nécessité de prendre rapidement des mesures. Ses propos rejoignent ceux qui ont été tenus ici même sur d'autres travées.
C'est dans cet esprit que tous les députés de la Réunion sans exception, toutes tendances confondues, ont déposé un amendement qui a été cosigné par d'autres députés des Antilles. Par cet amendement, ils demandaient d'abord, que soit pris en compte le taux de chômage d'abord qui est, dans nos îles, plus important qu'en métropole.
Le Gouvernement a répondu à l'Assemblée nationale et au Sénat qu'il n'y avait pas de proportionnalité et qu'une réponse serait donnée à tous les projets qui seront présentés. C'est pourquoi les élus de la Réunion demandent que soient expertisés et validés le plus rapidement possible tous les projets des chômeurs, car nous espérons aller au-delà de cette proportionnalité. Nous avons donc satisfaction.
Notre collègue M. Lauret demande que des mesures soient prises rapidement. Le FEDOM est une structure qui existe dans les DOM et donc à la Réunion, mais non dans les départements métropolitains. Il était logique que tous les députés demandent que cette structure existante créée par la loi Perben, comme l'a rappelé notre collègue, joue immédiatement son rôle pour les emplois-jeunes et serve à financer le plus rapidement possible les projets.
Les députés ont demandé en plus qu'il n'y ait pas de fongibilité entre les crédits.
Nous souhaitons, sur tous les autres aspects, la même application des dispositions qu'en métropole.
A entendre notre collègue, les réponses de Mme le ministre, et à lire les débats de l'Assemblée nationale, nous avons entière satisfaction, vous et moi.
Si l'on a recours à un décret en Conseil d'Etat, il est certain qu'il devra être examiné, vous l'avez rappelé, par tous les conseils généraux. A ce moment-là, c'est non pas d'ici à la fin de l'année que nous pouvons espérer l'application des mesures, mais l'année prochaine ! Or ce n'est pas ce que vous recherchez.
Tout le monde a entendu votre message : pas de fongibilité, application du droit commun, rapidité des actions. Si nous sommes tous d'accord, je pense que vous allez faire un geste, et toute la Réunion l'appréciera : ayant reçu satisfaction par le biais des réponses qui vous ont été apportées, vous retirerez votre amendement pour permettre que des aides aillent le plus vite possible à la Réunion, selon ce que vous avez demandé.
M. Edmond Lauret. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lauret.
M. Edmond Lauret. Nous sommes d'accord sur l'analyse, mais l'expérience montre que, si nous passons par le FEDOM, la procédure sera plus longue. C'est pourquoi je maintiens mon amendement. Ce que nous voulons, c'est le droit commun.
Mme Lucette Michaux-Chevry. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Michaux-Chevry.
Mme Lucette Michaux-Chevry. Madame le ministre, si vous aviez respecté les dispositions de la loi de 1982, qui faisait obligation au Gouvernement de nous consulter avant de soumettre au Parlement un texte intéressant les départements d'outre-mer, nous ne serions pas aujourd'hui confrontés à ces difficultés.
Vous nous affirmez que, aussitôt la loi votée, sera pris un décret qui fixera les modalités de son application aux départements d'outre-mer. Fort bien !
Cependant, quand vous faites état du FEDOM, je dis : attention ! Il se trouve que je siège au conseil d'administration du FEDOM. La loi qui a créé le FEDOM a donné lieu à un décret qui a fixé de façon limitative le champ d'intervention du FEDOM. Le FEDOM doit assumer un certain nombre de dépenses, mais rien n'est prévu pour ce qui ressortira au texte que nous examinons.
Voilà pourquoi, madame le ministre, vous aviez l'obligation de nous consulter en vue d'une modification des missions du FEDOM, puis de l'élaboration d'un texte d'adaptation aux départements d'outre-mer.
Cela dit, toutes les lois n'exigent pas une adaptation.
En vérité, nous ne pourrions retirer cet amendement que si le Gouvernement s'engageait tout de suite à saisir nos collectivités, afin que nous puissions faire savoir, à travers nos avis, ce que nous voulons voir apparaître dans le décret.
En effet, mes chers collègues, les décrets ont toujours transformé, dans un sens restrictif, les lois généreuses pour les départements d'outre-mer que vous votez ici, et cela quel que soit le gouvernement en place.
Ce qui, à mes yeux, pose un problème, c'est que ce texte prévoit l'intervention du FEDOM, alors que la loi sur le FEDOM ne permet pas d'intégrer le dispositif financier prévu dans ce cadre.
Dès lors, le dispositif qui est proposé ne pourra pas être étendu aux départements d'outre-mer. C'est la raison pour laquelle nous avons demandé la suppression de cet article : afin de rendre la loi applicable ipso facto aux départements d'outre-mer. A ce moment-là, le Gouvernement peut modifier son décret relatif au FEDOM et y faire entrer les fonds de l'emploi. (Applaudissements sur les travées du RPR.)
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Rien dans la loi n'impose une consultation pour ajouter au FEDOM un dispositif qui ne modifie pas ses objectifs.
Lorsqu'on a créé les CIE ou les CIA, les conseils généraux n'ont pas été consultés. Le FEDOM est un fonds d'emploi pour les départements d'outre-mer et, dès lors, chaque fois qu'un dispositif pour l'emploi est créé, il s'intègre à ce fonds.
J'ajoute que le loi Perben permet de faire en sorte que l'ensemble des dispositifs s'inscrivent dans le FEDOM. Ce que nous souhaitons, pour notre part, c'est précisément qu'il n'y ait pas fongibilité, afin que l'on puisse contrôler que le dispositif s'applique bien selon l'esprit dans lequel il a été institué.
Madame Michaux-Chevry, si nous devions vous suivre, dans un an, les départements d'outre-mer attendraient toujours l'application de ce texte. Je le sais parce que j'ai l'expérience du texte de 1982. Chaque fois qu'on a voulu attendre l'avis des conseils généraux des départements d'outre-mer sur un texte, on a perdu un an !
Eh bien, moi, je considère que, dans ces départements, la situation de l'emploi et particulièrement le problème du chômage des jeunes nous interdisent d'attendre un an !
Tout dans la loi permet aujourd'hui de passer par le FEDOM. Il y aura une non-fongibilité pour éviter que ces fonds soient utilisés à d'autres fins, et nous y veillerons. Mon collègue, le secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, et moi-même ferons partie du comité de suivi. Mes services seront sur place dès le début du mois de novembre.
Je vous donne rendez-vous dans six mois. Il y aura déjà beaucoup d'emplois, beaucoup de projets sérieux et, j'en suis convaincue, beaucoup d'espoir dans les départements d'outre-mer.
Mme Lucette Michaux-Chevry. La rigidité n'est pas, madame, signe d'intelligence !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 59, repoussé par le Gouvernement, et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 2 bis est supprimé et l'amendement n° 21 n'a plus d'objet.

Article 3

M. le président. « Art. 3. - Avant le 31 décembre 1998, le Gouvernement présentera au Parlement un rapport dressant le bilan de l'application de la présente loi. Ce rapport analysera les effets de cette loi sur l'emploi et sa contribution à la satisfaction des besoins à couvrir ainsi que son impact sur la création d'entreprise par les jeunes.
« Ce rapport devra permettre de vérifier que dans la proportion des trois quarts les emplois créés en application de la présente loi résultent d'initiatives locales.
« Avant le 31 décembre 1998, le Gouvernement présentera au Parlement un ensemble de dispositions de nature à encourager les jeunes à s'orienter vers les métiers. »
Par amendement n° 51, MM. Darniche, Adnot, Durand-Chastel, Grandon, Habert, Turk et Maman proposent de remplacer le premier alinéa de cet article par trois alinéas ainsi rédigés :

« Le Gouvernement présentera au Parlement deux rapports dressant le bilan de l'application de la présente loi :
« 1. Un premier bilan, à court terme, avant le 31 décembre 1998.
« 2. Un deuxième bilan, rétrospectif et prospectif, avant le 31 décembre 2002. »
La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Etant donné l'importance de la mobilisation financière et administrative que va susciter ce texte, il a, à juste titre, été prévu à l'article 3 qu'un rapport sur les premières conséquences de l'application de la loi serait présenté au Parlement avant le 31 décembre 1998.
Nous considérons que, à ce premier bilan, il conviendrait d'en ajouter un second, quatre ans plus tard.
Nous nous sommes inspirés de ce qui avait été fait pour la loi Evin, entre autres. Cette loi prévoyait qu'une première évaluation de ses effets, en matière de lutte contre l'alcoolisme et le tabagisme, serait effectuée dès la première année de son application, puis que, après cinq ans, un bilan complet serait dressé.
Nous avons donc retenu l'idée d'un premier bilan dressé avant le 31 décembre 1998, mais nous proposons d'y ajouter un bilan plus ample, qui devra être établi avant le 31 décembre 2002 et qui permettra d'évaluer vraiment tout ce qui aura été fait. Ce document pourra préciser, par exemple, le nombre des jeunes ayant retrouvé un emploi après plusieurs années d'activité, le nombre de ceux qui auront passé les concours de la fonction publique ou qui auront été titularisés d'office. Ainsi pourrons-nous mieux apprécier les conséquences et la portée de cette loi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Cet amendement est déjà au moins partiellement satisfait par l'article 3.
En outre, des bilans sont régulièrement publiés par le ministère du travail. Il n'est peut-être pas souhaitable de multiplier les rapports.
Enfin, l'amendement n° 117 rectifié, que nous allons examiner dans quelques instants, répond tout à fait aux préoccupations des auteurs de cet amendement, en y ajoutant d'autres considérations.
Dans ces conditions, l'amendement n° 51 pourrait être retiré.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Même avis que M. le rapporteur.
M. le président. Monsieur Habert, l'amendement est-il maintenu ?
M. Jacques Habert. Dans l'amendement n° 51, nous proposons une date précise, celle du 31 décembre 2002, à laquelle M. Darniche tient beaucoup.
Je ne me sens pas autorisé à retirer cet amendement, mais je comprendrais que le Sénat ne le vote pas. (Rires sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 51, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 3.

(L'article 3 est adopté.)

Articles additionnels après l'article 3

M. le président. Par amendement n° 106 rectifié, MM. Ostermann, Grignon, Vasselle, Joyandet, Besse, Eckenspieller, Blanc et Delong proposent d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« Avant le 31 décembre 1998, le Gouvernement présentera au Parlement un rapport dressant le bilan de l'application de l'ensemble des aides de l'Etat à l'emploi.
« Ce rapport présentera une analyse coût/efficacité de ces aides.
« Avant le 31 décembre 1998, le Gouvernement présentera au Parlement un ensemble de dispositions de nature à réformer les aides jugées inefficaces. »
La parole est à M. Ostermann.
M. Joseph Ostermann. Cet amendement perd un peu de sa pertinence puisque j'ai été amené à retirer les amendements n°s 102, 103 et 104.
Dans ces conditions, je le retire pour me rallier à l'amendement n° 117 rectifié, qu'a déposé M. Alain Gournac.
M. le président. L'amendement n° 106 rectifié est retiré.
Par amendement n° 22, M. Souvet, au nom de la commission, propose d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'intitulé du chapitre II du titre Ier de la loi n° 92-675 du 17 juillet 1992 portant diverses dispositions relatives à l'apprentissage, à la formation professionnelle et modifiant le code du travail est ainsi rédigé :
« Développement de l'apprentissage dans le secteur public non industriel et commercial. »
« II. - L'article 18 de la même loi est ainsi rédigé :
« Art. 18. - Les personnes morales de droit public dont le personnel ne relève pas du droit privé peuvent conclure des contrats d'apprentissage.
« Ces personnes morales peuvent conclure avec une autre personne morale de droit public ou avec une entreprise des conventions prévoyant qu'une partie de la formation pratique est dispensée par cette autre personne morale de droit public ou par cette entreprise. Un décret fixe les clauses que doivent obligatoirement comporter ces conventions ainsi que les autres dispositions qui leur sont applicables. »
« III. - L'article 19 de la même loi est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« Les contrats d'apprentissage mentionnés à l'article 18 ouvrent droit à partir du 1er octobre 1997 à l'aide à l'embauche d'apprentis visée à l'article L. 118-7 du code du travail.
« Ils ouvrent droit également à une indemnité forfaitaire de soutien à l'effort de formation dont le montant est fixé par décret. »
« IV. - Dans le même article 19, les mots : "des trois derniers alinéas de l'article L. 115-2 et" sont supprimés.
« V. - Le VII de l'article 20 de la même loi est ainsi rédigé :
« VII. - Une personne morale visée à l'article 18 ne peut conclure avec le même apprenti plus de trois contrats d'apprentissage successifs. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 151, présenté par le Gouvernement et tendant :
I. - A supprimer le troisième alinéa du III de l'amendement n° 22.
II. - En conséquence, à la fin du premier alinéa du III de l'amendement n° 22, à remplacer les mots : « deux alinéas ainsi rédigés » par les mots : « un alinéa ainsi rédigé ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 22.
M. Louis Souvet, rapporteur. Cet amendement reprend mot pour mot le texte que la commission avait voté à une très large majorité le 16 avril 1997, après l'examen de la proposition de loi adoptée par l'Assemblée nationale relative à la promotion de l'apprentissage dans le secteur non industriel et commercial.
Permettez-moi de revenir brièvement sur l'enjeu de ce texte.
Il s'agissait d'encourager l'artisanat dans le secteur public en créant une indemnité forfaitaire d'aide à la formation qui s'ajouterait à l'aide à l'embauche.
Ce texte prend un relief particulier dans le cadre du dispositif emploi-jeunes. Vous comprendrez qu'il est indispensable d'assurer une formation qualifiante pour beaucoup de ces jeunes qui n'ont pas de formation professionnalisée leur permettant d'accéder à un emploi.
Je souligne également que l'apprentissage permet de structurer les emplois et donc de favoriser à terme leur pérennisation.
Enfin, en permettant qu'une partie de la formation pratique soit assurée en partenariat avec une entreprise ou une autre personne morale de droit public, on favorise une migration de l'activité vers le secteur privé, ce qui, chacun l'a compris, constitue notre priorité.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour donner l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 22 et pour présenter le sous-amendement n° 151.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. L'apprentissage dans le secteur public a été mis en place à titre expérimental par la loi de juillet 1992. La commission souhaite que soient reprises dans le projet de loi relatif au développement d'activités nouvelles pour l'emploi des jeunes les dispositions d'une proposition de loi dont M. Souvet était le rapporteur et qui visait à pérenniser le dispositif d'apprentissage dans le secteur public.
Etant l'auteur de la loi de 1992, déjà largement soutenu à l'époque par M. Souvet, je ne peux que me réjouir que nous pérennisions aujourd'hui ce dispositif.
La commission propose en outre le versement d'une prime à l'embauche d'apprentis de 6 000 francs. Le Gouvernement est en d'accord.
En revanche - et c'est l'objet du sous-amendement n° 151 - nous souhaiterions supprimer l'alinéa suivant :
« Ils ouvrent droit également à une indemnité forfaitaire de soutien à l'effort de formation dont le montant est fixé par décret. »
En effet, dans le secteur privé, je le rappelle, cette indemnité de soutien à l'effort de formation a été mise en place par la loi du 6 mai 1996 relative au financement de l'apprentissage et a pour objectif de compenser la suppression des exonérations de taxes prévue par cette loi. Or le secteur public n'est pas assujetti à la taxe d'apprentissage ; il n'y a donc pas lieu, en l'espèce, de la compenser par une aide forfaitaire à la formation.
C'est la raison pour laquelle j'accepte l'amendement n° 22 sous réserve que soit supprimé l'alinéa dont j'ai rappelé les termes.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur le sous-amendement n° 151 ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission émet un avis favorable sur le sous-amendement n° 151.
M. le président. Monsieur le rapporteur, acceptez-vous, dans ces conditions, de rectifier l'amendement n° 22, en supprimant l'alinéa visé par le sous-amendement n° 151 ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Oui, monsieur le président.
M. le président. Il s'agit donc de l'amendement n° 22 rectifié, visant à insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'intitulé du chapitre II du titre 1er de la loi n° 92-675 du 17 juillet 1992 portant diverses dispositions relatives à l'apprentissage, à la formation professionnelle et modifiant le code du travail est ainsi rédigé :
« Développement de l'apprentissage dans le secteur public non industriel et commercial. »
« II. - L'article 18 de la même loi est ainsi rédigé :
« Art. 18 - Les personnes morales de droit public dont le personnel ne relève pas du droit privé peuvent conclure des contrats d'apprentissage.
« Ces personnes morales peuvent conclure avec une autre personne morale de droit public ou avec une entreprise des conventions prévoyant qu'une partie de la formation pratique est dispensée par cette autre personne morale de droit public ou par cette entreprise. Un décret fixe les clauses que doivent obligatoirement comporter ces conventions ainsi que les autres dispositions qui leur sont applicables ».
« III. - L'article 19 de la même loi est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les contrats d'apprentissage mentionnés à l'article 18 ouvrent droit à partir du 1er octobre 1997 à l'aide à l'embauche d'apprentis visée à l'article L. 118-7 du code du travail. »
« IV. - Dans le même article 19, les mots : "des trois derniers alinéas de l'article L. 115-2 et" sont supprimés.
« V. - Le VII de l'article 20 de la même loi est ainsi rédigé :
« VII. - Une personne morale visée à l'article 18 ne peut conclure avec le même apprenti plus de trois contrats d'apprentissage successifs ».
En conséquence, le sous-amendement n° 151 n'a plus d'objet.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 22 rectifié.
M. Guy Fischer. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Fischer.
M. Guy Fischer. Cette proposition, qui n'a rien à voir avec le plan emploi-jeunes, nous pose un problème, et nous sommes très circonspects devant cette manière de faire passer, par la bande, un texte de loi.
Au-delà de cette remarque de forme, que penser de cet amendement ?
Sur le fond, il ne bouleverse pas les dispositifs existants, puisqu'il prévoit simplement de pérenniser celui qu'avait prévu la loi du 17 juillet 1992 portant diverses dispositions relatives à l'apprentissage, à la formation professionnelle et modifiant le code du travail, qui instaurait l'apprentissage dans le secteur public.
Les résultats de cette expérience sont modestes, puisque l'objectif de 10 000 contrats d'apprentissage qui avait été fixé en 1994 par le Gouvernement est loin d'avoir été atteint, même s'il est possible qu'un décalage existe entre mes propos et la réalité d'aujourd'hui.
A partir de ce constat d'échec relatif, la proposition de loi dont le contenu est repris par l'amendement n° 22 rectifié prévoyait que les contrats d'apprentissage signés dans le secteur public pourraient faire l'objet, comme dans le secteur privé, de l'octroi de la prime à l'embauche de 6 000 francs et de l'indemnité compensatrice forfaitaire versée par l'Etat aux employeurs d'apprentis, créée par la loi du 6 mai 1996.
Il était également prévu de lever l'interdiction faite aux employeurs du secteur public de conclure avec le même apprenti plusieurs contrats successifs, le nombre de ceux-ci étant cependant limité à trois.
Comme on le voit, il s'agit, sur le fond, d'une proposition aux effets relativement limités. Je crains néanmoins que cela n'ouvre aux services publics la possibilité d'embaucher des jeunes à moindre coût.
On comprend que les services publics peuvent souhaiter engager dles apprentis sans apporter de réelle garantie quant au contenu de la formation, si ce point n'est pas véritablement discuté au préalable. On peut donc redouter que la mise en oeuvre de ce texte n'aboutisse pas, en fin de compte, à la promotion de l'apprentissage dans le secteur public.
Un débat aurait dû avoir lieu sur ce sujet, me semble-t-il. Or, par le biais d'un « cavalier », on nous demande de donner notre accord.
Nous sommes, pour notre part, très réticents quant à cette façon de faire. Je serais tenté de dire, comme cela nous est souvent rétorqué, que l'amendement est un peu hors sujet.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22 rectifié, accepté par le Gouvernement.
M. Guy Fischer. Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 3.
Par amendement n° 27, MM. Plasait, Carle et Poirieux proposent d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le II de l'article 16 de la loi n° 96-603 du 5 juillet 1996 relative au développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat est ainsi rédigé :
« II. - La qualification visée au I correspond au minimum à la compétence attestée par un diplôme sanctionnant une première formation professionnelle dans le métier concerné ou un métier connexe.
« Un décret en Conseil d'Etat pris après avis du Conseil de la concurrence, de la Commission de la sécurité des consommateurs, de l'Assemblée des chambres françaises de commerce et d'industrie, de l'Assemblée permanente des chambres de métiers et des organisations professionnelles représentatives déterminera les activités dans lesquelles, compte tenu de leur complexité ou des risques qu'elles représentent pour la sécurité et la santé des personnes, une qualification supérieure sera exigée.
« Les conditions d'application du présent article et notamment les justifications à apporter pour l'exercice d'une activité artisanale, seront, en tant que de besoin, fixées par décret du Premier ministre.
« Les présentes dispositions entreront en vigueur à la date de promulgation de la loi. »
La parole est à M. Plasait.
M. Bernard Plasait. Le 6 juillet 1996 était publiée au Journal officiel la loi dite « Raffarin », relative au développement et à la promotion du commerce et de l'artisanat. L'un de ses volets essentiels, qui répondait d'ailleurs à une demande unanime des milieux concernés, avait trait à la qualification exigée pour l'exercice de certaines activités.
D'après les termes de la loi, un décret en Conseil d'Etat doit ainsi déterminer les diplômes, titres ou compétences professionnelles nécessaires pour l'exercice des activités visées par le texte.
Or, à ce jour, ce décret n'a pas été publié, sa rédaction se heurtant à un certain nombre de difficultés, parmi lesquelles le fait que la loi vise non pas des niveaux de qualification, mais des diplômes et des titres, ce qui pose le problème de leur nombre, de leur variété et de leur pérennité. Une autre difficulté tient à ce que le choix de ces diplômes doit être fait en fonction de la complexité de l'activité ou des risques qu'elle fait courir aux personnes.
Se pose, par ailleurs, le problème de la date d'application de la loi dans ce domaine.
D'après les termes de la loi, celle-ci s'applique à compter du 7 juillet 1996. Les personnes ayant commencé à exercer sans qualification leur activité depuis cette date sont donc en infraction, sans que l'on puisse leur dire, en l'absence de parution des décrets attendus, de quelle qualification elles devraient pouvoir justifier. Elles vivent donc une période d'incertitude qui est évidemment préjudiciable à la pérennité de leur entreprise.
Une modification des termes de la loi nous semble indispensable pour débloquer la situation, sans pour autant que l'on touche au fond du texte.
Notre proposition a pour objet de simplifier le dispositif, en fixant la qualification minimale dont il conviendra de justifier pour l'ensemble des activités.
Madame la ministre, vous souhaitez, à juste titre, favoriser la création d'entreprises par les jeunes. Or cet amendement va tout à fait dans ce sens, puisqu'il clarifie ce qui doit l'être, d'une part, et que, d'autre part, il vise les jeunes de moins de vingt-six ans, mais aussi ceux qui ont dépassé cet âge-couperet et qui, étant en activité, sont soucieux d'assurer la pérennité de leur emploi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Autant je n'étais pas d'accord avec l'orateur qui affirmait que l'apprentissage n'avait pas sa place dans notre débat, autant cet amendement me paraît un peu éloigné de nos préoccupations de ce soir.
Il s'agit cependant de débloquer une situation, et nous pourrions peut-être y contribuer en l'acceptant.
La commission s'en remet donc à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Les décrets évoqués par M. Plasait sont actuellement à l'étude, et je pense, comme M. le rapporteur, que l'amendement n° 27 est assez éloigné du texte dont nous discutons aujourd'hui.
Certes, les décrets relatifs à la loi du 6 juillet 1996 n'ont pas été pris. Mais laissez-nous, monsieur Plasait, le temps de combler cette lacune.
D'ailleurs, ce matin encore se tenait une réunion interministérielle sur un sujet très voisin. Je m'engage à ce que ces textes soient examinés mais il ne faut pas traiter cette question par le biais de la loi.
Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 27.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 3.
Je suis saisi maintenant de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 28, MM. Plasait, Carle et Poirieux proposent d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa de l'article L. 118-2-2 du code du travail est remplacé par deux alinéas ainsi rédigés :
« Une fraction de la taxe d'apprentissage est versée, soit directement par les redevables de la taxe d'apprentissage, soit par l'intermédiaire d'un des organismes collecteurs mentionnés à l'article L. 119-1-1 au Trésor public. Le produit des versements effectués à ce titre est intégralement reversé aux fonds régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue, selon des critères de répartition fixés par décret après avis du Comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue.
« Les sommes reversées aux fonds régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue sont affectées au financement des centres de formation d'apprentis et des sections d'apprentissage en prenant en compte les préconisations du Comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue. Ces préconisations sont déterminées tous les trois ans dans le cadre d'une séance plénière du Comité. »
« II. - Il est inséré, après l'article L. 118-2-2 du même code un article additionnel ainsi rédigé :
« Art. L. ... - Il est institué un fonds national de péréquation de la taxe d'aprentissage doté de l'autonomie financière, qui reçoit en recettes la fraction de la taxe mentionnée au premier alinéa de l'article L. 118-2-2 et comporte en dépenses les reversements de celle-ci aux fonds régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue.
« Le ministre chargé de la formation professionnelle est l'ordonnateur des recettes et des dépenses du fonds. Le Trésor Public en assure la gestion financière et comptable. »
« III. - Les dispositions du présent article entrent en vigueur à compter du 1er janvier 1997. »
Par amendement n° 92, MM. Madelain et Gouteyron proposent d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa de l'article L. 118-2-2 du code du travail est remplacé par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Une fraction de la taxe d'apprentissage est versée, soit directement par les redevables de la taxe d'apprentissage, soit par l'intermédiaire d'un des organismes collecteurs mentionnés à l'article L. 119-1-1, au Trésor public. Le produit des versements effectués à ce titre est intégralement reversé aux fonds régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue selon des critères fixés par décret pris après avis du comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue.
« Les sommes reversées aux fonds régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue sont affectées au financement des centres de formation d'apprentis et des sections d'apprentissage pour lesquels la région considérée a passé convention et des centres de formation d'apprentis pour lesquels a été passée convention avec l'Etat en application de l'article L. 116-2 du code du travail, conformément à des recommandations déterminées au moins tous les trois ans par le comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue. Le tiers de ces sommes est réservé à des dépenses d'investissement.
« Il est également tenu compte par les régions pour cette affectation des contrats d'objectifs conclus en application des deux derniers alinéas de l'article 84 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition des compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat, ainsi que des difficultés particulières rencontrées par les centres de formation d'apprentis ou sections qui dispensent des formations destinées à des apprentis ou à des stagiaires, sans considération d'origine régionale.
« La mise en oeuvre par les régions des dispositions des deux alinéas ci-dessus fait l'objet d'un rapport présenté chaque année devant le comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue. Ce rapport précise notamment les financements affectés aux centres gérés par les chambres consulaires, et notamment à l'amortissement des équipements mobiliers ou immobiliers de ces centres ».
« II. - Il est inséré, après l'article L. 118-2-2, un article L. 118-2-3 ainsi rédigé :
« Art. L. 118-2-3 . - Il est institué un fonds national de péréquation de la taxe d'apprentissage, doté de l'autonomie financière, qui reçoit en recettes la fraction de cette taxe mentionnée au premier alinéa de l'article L. 118-2-2 et comporte, en dépenses, les reversements de celle-ci aux fonds régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue.
« Le ministre chargé de la formation professionnelle est l'ordonnateur des recettes et des dépenses du fonds. Le Trésor public en assure la gestion financière. »
« III. - Les dispositions du présent article entrent en vigueur à compter du 1er janvier 1997. »
Cet amendement est assorti d'un sous-amendement n° 150, présenté par le Gouvernement et tendant :
I. - A supprimer la seconde phrase du deuxième alinéa du texte présenté par le I de l'amendement n° 92.
II - Dans le troisième alinéa dudit texte, à supprimer les mots : «, ainsi que des difficultés particulières rencontrées par les centres de formation d'apprentis ou sections qui dispensent des formations destinées à des apprentis ou à des stagiaires, sans considération d'origine régionale ».
La parole est à M. Plasait, pour défendre l'amendement n° 28.
M. Bernard Plasait. La loi du 6 mai 1996 portant réforme du financement de l'apprentissage prévoit une procédure de péréquation nationale d'une fraction du produit de la taxe d'apprentissage. La mise en oeuvre de cette mesure suppose la création d'un fonds régional de péréquation de la taxe d'apprentissage, dont la mise en place devait être prévue par le projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier.
A ce jour, il y a véritablement urgence.
En effet, 700 millions de francs - ce chiffre est approximatif - ont été prélevés en février 1997 sur le produit de la taxe d'apprentissage, et cette somme est actuellement détenue par le Trésor public. Je ne doute pas que celui-ci, s'il la conserve, n'en fasse le meilleur usage, mais il me semble légitime que les régions récupèrent ces fonds. Pour cela, il faut que le dispositif proposé soit mis en place avant le 31 décembre 1997, et le Parlement doit donc se prononcer avant cette date.
En conclusion, je vous rappellerai simplement, mes chers collègues, que ces 700 millions de francs représentent le financement de 15 % de places d'apprentis supplémentaires ; or l'apprentissage est une voie de formation qui a fait ses preuves, puisqu'elle assure l'insertion de ceux qui l'empruntent.
M. le président. La parole est à M. Madelain, pour défendre l'amendement n° 92.
M. Jean Madelain. Cet amendement a le même objet que celui qui vient d'être exposé. Je l'ai déposé en tant que rapporteur de la loi du 6 mai 1996 portant réforme du financement de l'apprentissage, et il est cosigné par notre collègue M. Gouteyron, président de la commission des affaires culturelles.
Il s'agit de créer un fonds national de péréquation de la taxe d'apprentissage, afin de mettre enfin en place le système de péréquation prévu par la loi du 6 mai 1996.
Ce fons, alimenté par un prélèvement sur la taxe d'apprentissage correspondant à 20 % du produit de celle-ci, permettra de financer les centres de formation d'apprentis.
Les sommes collectées seront intégralement reversées par le Trésor public aux régions, conformément à des critères fixés par décret et ayant notamment pour objet de corriger les inégalités de répartition de la taxe d'apprentissage entre régions.
Pour se déterminer, les régions pourront s'inspirer des recommandations arrêtées par le comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue, ainsi que des contrats d'objectifs signés avec les branches professionnelles et les chambres consulaires.
J'ajoute, en écho à l'intervention de M. Plasait, que le comité national de l'apprentissage et les régions réclament depuis de nombreux mois la mise en oeuvre du dispositif de péréquation prévu. C'est pourquoi l'amendement n° 92 prévoit qu'il entrera en vigueur le 1er janvier 1997.
M. le président. La parole est à Mme le ministre, pour défendre le sous-amendement n° 150.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Monsieur le président, est-il possible que j'exprime d'abord l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 28 et 92 ?
M. le président. Cela ne me paraît pas possible, car, auparavant, je dois demander l'avis de la commission.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je vais donc exposer mon sous-amendement, qui vise à modifier le dispositif prévu par l'amendement n° 92, sans dire mon sentiment sur celui-ci !
M. le président. Madame le ministre, si vous le souhaitez, je peux consulter immédiatement la commission sur les amendements n°s 28 et 92.
Quel est donc l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission partage tout à fait les préoccupations des auteurs de l'amendement n° 28, mais la rédaction de l'amendement n° 92 lui semble plus précise.
Par conséquent, la commission émet un avis favorable sur ce dernier. Il rejoint les préoccupations qu'elle avait manifestées, notamment en ce qui concerne l'apprentissage, en particulier dans l'artisanat, lors de l'examen, en 1996, du projet de loi portant réforme du financement de l'apprentissage, rapporté par notre collègue Jean Madelain.
Sur le sous-amendement n° 150, nous demandons qu'il soit procédé à un vote par division.
La commission est en effet favorable au paragraphe I, elle est défavorable au paragraphe II.
Il semble qu'un véritable problème se pose, que la suppression prévue au paragraphe I devrait permettre de résoudre, sinon totalement, du moins partiellement.
M. le président. La parole est maintenant à Mme le ministre, pour présenter le sous-amendement n° 150 et pour donner l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 28 et 92.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Comme M. le rapporteur, je partage les préoccupations des auteurs des amendements n°s 28 et 92, tout en préférant la rédaction de ce dernier.
En effet, nous savons que la loi du 6 mai 1996, faute d'avoir instauré le fonds national de péréquation de la taxe d'apprentissage, n'est pas aujourd'hui applicable. Il n'est donc pas possible actuellement de répartir ces 600 millions de francs entre les régions.
Je souscris donc très largement à la rédaction de l'amendement n° 92, auquel je donne un avis favorable, sous réserve de l'acceptation du sous-amendement n° 150, qui comprend deux dispositions.
La première prévoit de supprimer la phrase de l'amendement n° 92 selon laquelle un tiers des ressources du fonds serait affecté à des dépenses d'investissement. En effet, l'inscription de ce taux dans la loi risque de figer le dispositif, et, le cas échéant, de favoriser le maintien de capacités de formation excédentaires dans certaines filières. Il nous paraît donc préférable que la part des ressources du fonds affectée à des opérations d'investissement et de modernisation soit déterminée par des recommandations du comité de coordination, qui connaît bien la réalité dans chacun des secteurs et dans chacune des filières.
La seconde disposition, qui, je le reconnais, est moins importante, vise à retirer la préaffectation des ressources du fonds aux centres de formation d'apprentis à recrutement interrégional. Sur ce point, je suis prête à me rallier à la proposition de M. le rapporteur et à retirer cette partie du sous-amendement pour que nous parvenions à un accord global sur l'amendement n° 92, modifié par le paragraphe I de mon sous-amendement n° 150.
M. le président. Il s'agit donc du sous-amendement n° 150 rectifié.
Mais M. Madelain acceptera peut-être de modifier l'amendement n° 92 pour tenir compte de la suggestion de Mme le ministre ?
M. Jean Madelain. Oui, monsieur le président.
Il est en effet préférable de laisser aux régions la possibilité de fixer elles-mêmes le pourcentage qu'elles entendent affecter aux investissements.
Par ailleurs, je remercie Mme le ministre d'avoir renoncé au paragraphe II de son sous-amendement. En effet, les CFA à vocation nationale rencontrent depuis très longtemps des difficultés particulières. Il serait très judicieux de résoudre ce problème.
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 92 rectifié, présenté par MM. Madelain et Gouteyron, et tendant à insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le premier alinéa de l'article L. 118-2-2 du code du travail est remplacé par quatre alinéas ainsi rédigés :
« Une fraction de la taxe d'apprentissage est versée, soit directement par les redevables de la taxe d'apprentissage, soit par l'intermédiaire d'un des organismes collecteurs mentionnés à l'article L. 119-1-1, au Trésor public. Le produit des versements effectués à ce titre est intégralement reversé aux fonds régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue selon des critères fixés par décret pris après avis du comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue.
« Les sommes reversées aux fonds régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue sont affectées au financement des centres de formation d'apprentis et des sections d'apprentissage pour lesquels la région considérée a passé convention et des centres de formation d'apprentis pour lesquels a été passée convention avec l'Etat en application de l'article L. 116-2, conformément à des recommandations déterminées au moins tous les trois ans par le comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue.
« Il est également tenu compte par les régions pour cette affectation des contrats d'objectifs conclus en application des deux derniers alinéas de l'article 84 de la loi n° 83-8 du 7 janvier 1983 relative à la répartition de compétences entre les communes, les départements, les régions et l'Etat, ainsi que des difficultés particulières rencontrées par les centres de formation d'apprentis ou sections qui dispensent des formations destinées à des apprentis ou à des stagiaires, sans considération d'origine régionale.
« La mise en oeuvre par les régions des dispositions des deux alinéas ci-dessus fait l'objet d'un rapport présenté chaque année devant le comité de coordination des programmes régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue. Ce rapport précise notamment les financements affectés aux centres gérés par les chambres consulaires, et notamment à l'amortissement des équipements mobiliers ou immobiliers de ces centres. »
« II. - Il est inséré, après l'article L. 118-2-2, un article L. 118-2-3 ainsi rédigé :
« Art. L. 118-2-3. - Il est institué un Fonds national de péréquation de la taxe d'apprentissage, doté de l'autonomie financière, qui reçoit en recettes la fraction de cette taxe mentionnée au premier alinéa de l'article L. 118-2-2 et comporte, en dépenses, les reversements de celle-ci aux fonds régionaux d'apprentissage et de formation professionnelle continue.
« Le ministre chargé de la formation professionnelle est l'ordonnateur des recettes et des dépenses du fonds. Le Trésor public en assure la gestion financière. »
« III. - Les dispositions du présent article entrent en vigueur à compter du 1er janvier 1997. »
Quel est l'avis de la commission sur cet amendement rectifié ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Favorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Favorable.
M. Bernard Plasait. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. Plasait.
M. Bernard Plasait. Je retire l'amendement n° 28 au profit de l'amendement n° 92 rectifié.
M. le président. L'amendement n° 28 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 92 rectifié.
M. Adrien Gouteyron. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Gouteyron.
M. Adrien Gouteyron. D'abord, je me réjouis que cet amendement recueille l'avis favorable du Gouvernement et de la commission, ainsi que, je l'espère, l'assentiment de nombre de nos collègues.
Je rappellerai, après le rapporteur de la loi du 6 mai 1996, M. Jean Madelain, que le principe de la péréquation était inscrit dans la loi et que les sommes nécessaires à cette péréquation ont été prélevées sur le montant de la taxe d'apprentissage, à concurrence de 600, ou 700 millions de francs. Pour ma part, j'avais cité le chiffre de 700 millions de francs, madame le ministre a dit 600 millions de francs, quoi qu'il en soit, c'est une masse importante.
Or les textes permettant la répartition de ce fonds n'ont jamais été publiés. L'occasion nous est donnée aujourd'hui de forcer le cours des choses, et je me réjouis que nous nous acheminions vers cette solution.
Je rappelle que la péréquation est nécessaire car des écarts considérables existent entre CFA et entre régions, M. Madelain le sait très bien.
Madame le ministre, je comprends votre souhait de supprimer la mention selon laquelle une fraction est réservée à des dépenses d'investissement.
Je tiens à insister sur la nécessité de donner des directives aux régions. Il faut en effet éviter que, comme chacun le sait, les crédits dans leur totalité ne soient affectés au fonctionnement. En outre, il faut faire bénéficier les CFA - je pense notamment aux CFA concernant le secteur de l'alimentation - des équipements indispensables pour se mettre aux normes.

C'est le comité de coordination qui donnera les indications, avez-vous dit. Je voudrais être sûr qu'elles seront suffisamment claires pour que les régions y trouvent une orientation très fermement tracée.
En ce qui concerne les CFA interrégionaux ou à recrutement national, je me réjouis que vous ayez accepté la disposition proposée dans l'amendement. En effet, elle est nécessaire. Chacun sait que les régions hésitent à financer la part d'enseignement qui correspond à des dépenses pour des élèves ou des étudiants ne relevant pas de leur territoire. Il y avait donc là un véritable problème, d'ordre national. Je crois que nous le traitons ici, et je m'en réjouis. (Applaudissements sur les travées du RPR et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 92 rectifié, accepté par la commission et par le Gouvernement.
Mme Hélène Luc. Le groupe communiste républicain et citoyen s'abstient.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 3.
Par amendement n° 58, MM. Madelain et Jean-Louis Lorrain proposent d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article L. 981-7 du code du travail est ainsi rédigé :
« Art. L. 981-7. - Les formations ayant pour objet de favoriser l'orientation professionnelle des jeunes rencontrant des difficultés d'accès à l'emploi sont dispensées dans le cadre d'un contrat de travail dénommé contrat d'orientation. ll ne peut se substituer à des emplois permanents, temporaires ou saisonniers. Il est conclu après signature d'une convention entre l'Etat et l'entreprise et fait l'objet d'un dépôt auprès des services relevant du ministère chargé de l'emploi.
« Le contrat d'orientation est ouvert aux jeunes de moins de vingt-deux ans ayant, au plus, achevé un second cycle de l'enseignement secondaire général, technologique ou professionnel sans obtenir le diplôme préparé et non titulaires d'un diplôme de l'enseignement technologique ou professionnel, ainsi qu'aux jeunes de moins de vingt-cinq ans, titulaires d'un diplôme de niveau IV de la nomenclature de l'Education nationale, mais non titulaires d'un diplôme de l'enseignement professionnel ou d'un diplôme de niveau III de ladite nomenclature et ayant abandonné leurs études supérieures.
« Ce contrat est un contrat de travail à durée déterminée en application de l'article L. 122-2 du présent code d'une durée, non renouvelable, de neuf mois maximum pour le premier public précité, de six mois maximum pour le second public précité.
« Un décret détermine les modalités spécifiques de ces contrats, la durée et les modalités des actions d'orientation professionnelle dispensées pendant le temps de travail, ainsi que le rôle du tuteur chargé d'accueillir et de guider le jeune dans l'entreprise. »
La parole est à M. Madelain.
M. Jean Madelain. Les partenaires sociaux ont conclu, le 26 février dernier, un avenant à l'accord national interprofessionnel du 3 juillet 1991.
Cet avenant a pour objet de faciliter l'orientation professionnelle active des jeunes en difficulté d'insertion.
La proposition de modification législative a un double objet. D'une part, elle permet de fixer à neuf mois maximum la durée du contrat d'orientation ouvert aux jeunes de moins de vingt-deux ans. D'autre part, elle permet d'étendre le bénéfice du contrat d'orientation aux jeunes de moins de vingt-cinq ans titulaires d'un baccalauréat général ou technologique, mais n'ayant pas obtenu un diplôme de l'enseignement professionnel et ayant abandonné leurs études supérieures.
Le contrat d'orientation pourra ainsi jouer à plein son effet de mesure transitoire facilitant le passage de l'école ou de l'université à l'emploi, en permettant d'articuler les différents contrats de formation - orientation, qualification et apprentissage - dans une perspective d'accès à l'emploi.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission émet un avis favorable. Puisqu'il s'agit de la transposition dans la loi d'un avenant à l'accord national interprofessionnel de 1991 relatif à la formation professionnelle, la commission ne peut qu'y souscrire.
La modification proposée pour le contrat d'orientation afin de mieux le cibler sur les publics susceptibles d'en tirer le meilleur profit lui paraît tout à fait opportune. Elle remercie M. Madelain de cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Bien évidemment, je ne suis pas opposée à la transposition dans la loi des dispositions de l'avenant du 26 février 1997 relatif au contrat d'orientation.
Je note simplement qu'il s'agit là de dispositions qui relèvent plutôt des emplois qui seront examinés lors de la prochaine conférence sur l'emploi, c'est-à-dire des emplois en alternance dans le secteur marchand. Par conséquent, je préférerais que l'on attende le dépôt éventuel d'un texte - je souhaite consulter les partenaires sociaux - pour intégrer ce dispositif dans la loi.
Cela étant dit, il s'agit de reprendre les dispositions d'un avenant. Je regrette de ne pas avoir pu consulter les partenaires sociaux sur ce point. Aussi, je préfère m'opposer à cet amendement, sans, bien sûr, être défavorable sur le fond.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 58.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Je voudrais expliquer mon vote non pas sur le fond, mais sur la manière dont notre discussion est conduite depuis quelques instants.
Certes, la présentation de cavaliers est une procédure habituelle à l'occasion de l'examen d'un projet ou d'une proposition de loi. Mais, en l'occurrence, il ne s'agit pas de quelques cavaliers, mais de la charge de la brigade légère. (Sourires.) En effet, nous sommes en train d'examiner une série de sujets tout à fait intéressants, certes, mais qui, sur le fond, n'ont rien à voir ni avec l'esprit ni avec la lettre du projet de loi.
Après l'apprentissage dans le secteur public, nous avons abordé les CFA, et maintenant les contrats en alternance.
S'agissant de la présente disposition, je suis d'accord sur le fond. Cependant, comme nous nous éloignons fondamentalement de l'esprit même du projet de loi, en dépit de mon estime pour M. Madelain, je voterai contre cet amendement.
M. Jean-Louis Lorrain. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lorrain.
M. Jean-Louis Lorrain. L'estime que mérite notre collègue Madelain doit dépasser les principes. En l'occurrence, ce contrat fait la liaison entre une situation universitaire et un emploi direct. Nous ne sommes sûrement pas dans une situation complètement marchande. Nous sommes au niveau de l'échelle, du pont, de la transition nécessaire, et c'est peut-être la mesure la moins éloignée du projet de loi, celle qui le dénature le moins. Il me paraît difficile de refuser pour nos jeunes, au nom des principes, ce type d'approche, qui est par ailleurs acceptée. Au nom des principes, on fait des sacrifices que je ne comprends pas !
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Le souci de pureté qui anime Mme Dusseau ( Sourires) ne doit pas nous faire oublier que nous sommes en train de nous préoccuper de l'emploi des jeunes.
Il ne me paraît pas inutile d'ajouter à ce texte des dispositions relatives à l'apprentissage, au déblocage des fonds - qui ne peuvent être utilisés en raison de l'inertie administrative depuis quelques mois - pour permettre le développement des CFA, et au contrat d'apprentissage ou au contrat d'orientation, qui s'appliquent essentiellement aux jeunes.
Je le dis à Mme Dusseau et à ceux qui partagent son avis : nous n'aurons pas d'autre occasion de le faire d'ici à la fin de l'année. En effet, nous examinerons le projet de loi de financement de la sécurité sociale, puis le projet de loi de finances pour 1998, et nous ne disposerons que de quelques jours à la fin du mois de décembre avant les vacances parlementaires. Par conséquent, si nous n'insérons pas ces dispositions aujourd'hui, nous perdrons encore six mois car aucune mesure ne pourra entrer en application avant le 1er juillet 1998.
Madame Dusseau, si vous êtes persuadée que le chômage des jeunes est un véritable problème dans notre pays, il ne faut pas vous en tenir à des scrupules inspirés par la pureté juridique ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 58, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 3.
Par amendement n° 117 rectifié, M. Gournac et les membres du groupe du RPR proposent d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques créé par la loi n° 96-517 du 14 juin 1996 tendant à élargir les pouvoirs d'information du Parlement est chargé d'évaluer l'application de la présente loi, notamment en ce qui concerne la création effective d'emplois, le transfert au secteur marchand de ces emplois et les conditions de sortie du dispositif de ces jeunes. Il peut faire des propositions tendant à améliorer les conditions d'application de la présente loi. »
La parole est à M. Gournac.
M. Alain Gournac. Il s'agit de confier une nouvelle mission à l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques : évaluer l'application de la présente loi.
J'ai fait quelques recherches pour déterminer qui pourrait être chargé de cette mission. Cet office me paraît tout à fait adapté pour ce faire, car il s'agit d'examiner régulièrement le dispositif en faveur de l'emploi des jeunes et de savoir combien de jeunes seront entrés dans ce dispositif, combien auront trouvé un emploi effectif de transfert vers le secteur marchand, ou encore quelles seront les conditions de sortie du dispositif.
La proposition que je fais doit permettre d'évaluer la situation et même - pourquoi pas ? - de la faire évoluer en faisant le point régulièrement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. La commission souscrit à l'esprit de cet amendement qui vise à confier une mission d'évaluation de la présente loi à l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques. Aussi, elle émet un avis favorable.
Cependant, elle rappelle que la loi du 14 juin 1996 prévoit une procédure de saisine de l'office par les assemblées, notamment par un président de groupe ou commission. Il nous appartient donc déjà de le saisir en tant que de besoin.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Défavorable : le rapport d'évaluation me paraît suffire.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 117 rectifié.
M. Jacques Habert. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Je regrette d'avoir entendu le Gouvernement exprimer un avis défavorable. Bien évidemment, nous suivrons la commission.
L'amendement n° 51, présenté par M. Darniche, avait exactement le même objet. La commission l'a d'ailleurs fait remarquer.
A certains égards, j'aurais préféré l'amendement n° 51 à l'amendement n° 117 rectifié, car il fixait une date précise, en particulier pour une évaluation d'ensemble - comme pour la loi Evin - au terme de cinq années.
Cela étant dit, nous devons absolument avoir à des dates rapprochées - peut-être tous les ans - une appréciation de l'évolution et des conséquences réelles de ce texte, qui a effectivement une grande importance, et nous voterons donc l'amendement n° 117 rectifié.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Mes chers collègues, depuis quelques années, nous sommes saisis d'une « bilan-mania » qui est assez significative et qui sera sûrement intéressante à étudier pour les historiens futurs.
Je voudrais rappeler que la loi quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle de décembre 1993 prévoyait toute une série d'évaluations, de bilans et de rapports : ainsi, quatre rapports - je vous fais grâce du détail ! - devaient nous être remis, et une commission comprenant huit membres - quatre députés et quatre sénateurs - devait se réunir. Tout cela a été bien oublié.
Je voudrais aussi revenir d'un mot sur l'amendement prévoyant un bilan annuel de chaque convention par les CODEF, qui a été adopté par le Sénat. Considérant que la plupart de ces conventions porteront sur un ou deux emplois, les CODEF et les imprimeries risquent de se retrouver confrontés à un ou deux millions de bilans départementaux - 350 000 emplois pendant cinq ans - ce qui fait quand même pas mal !
Quelquefois, on aurait intérêt à réfléchir très concrètement à l'application des dispositions que nous adoptons.
M. Emmanuel Hamel. C'est une remarque juste !
Mme Joëlle Dusseau. Cela dit, je ne suis pas pour autant hostile aux bilans, car ces derniers me paraissent nécessaires.
Il serait bon, à mon avis, que l'Office d'évaluation parlementaire se saisisse de cette loi, comme nous aurions dû avoir connaissance des bilans précédents qui, hélas ! n'ont pas été réalisés.
Cela étant dit, puisque, sur la forme, je reprends les remarques formulées par M. Souvet sur la question de la saisine, je m'abstiendrai lors du vote de l'amendement n° 117 rectifié.
M. Jean Madelain. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Madelain.
M. Jean Madelain. Je tiens à préciser que la commission d'évaluation de la loi quinquennale s'est réunie plusieurs fois, que les services du ministère, en particulier la DARES, la direction de l'animation, de la recherche, des études et des statistiques, ont réalisé un excellent travail,...
M. Louis Souvet, rapporteur. Absolument !
M. Jean Madelain. ... mais que, à ma connaissance, les rapports n'ont pas encore été publiés.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 117 rectifié, accepté par la commission et repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 3.
Par amendement n° 41, MM. Carle, Plasait, Poirieux et Serge Mathieu proposent d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'entrée en vigueur de la présente loi est subordonnée à l'adoption de mesures visant à inciter l'embauche des jeunes dans le secteur privé. »
Il s'agit, mes chers collègues, du dernier amendement déposé sur ce projet de loi.
M. Gérard Delfau. Oui, mais quel amendement !
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Terrible amendement ! C'est le bouquet final !
M. le président. La parole est à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle. Je qualifierai cet amendement d'amendement de cohérence. (Rires sur les travées socialistes, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
En effet, le dispositif proposé va à l'inverse des priorités, comme je crois l'avoir largement démontré. Il renforce un secteur public déjà très pesant. En effet, vous le savez, entre 1993 et 1996, l'emploi productif a diminué de 577 000 emplois, alors que les emplois administratifs ont augmenté de 1 600 000. La parité de création d'emplois entre le secteur public et le secteur privé est donc contestable.
Mais, ce qui l'est encore plus, c'est la priorité donnée à la création arbitraire d'emplois, fournis à la collectivité sans savoir si cela correspond à un réel besoin du public. L'encouragement à la création d'emplois pour les jeunes dans le secteur privé, pourtant capable de générer une dynamique d'où émergeront de vrais métiers, est reporté sine die.
C'est pourquoi l'amendement n° 41 vise à coupler l'application des deux dispositifs et ainsi à laisser aux jeunes la possibilité de choisir entre les deux voies.
Cet amendement est également en parfaite cohérence avec les propositions de la commission, dont la plus importante me semble être celle qui vise à favoriser le transfert vers le secteur privé, seule manière d'assurer la pérennité de ces emplois et d'éviter la création de ce que j'ai appelé le « tiers secteur », dont la réalité est difficile à appréhender mais dont j'ai la certitude que la charge devra être alors assumée par les collectivités locales.
Or, madame la ministre, sauf erreur de ma part, vous allez nous présenter un projet de loi traitant de l'emploi dans le secteur privé. Nous aurions préféré vous voir commencer par là ! Ce projet de loi va donc se télescoper avec celui dont nous débattons et dont, je le répète, la principale modification proposée par la commission est le transfert du secteur public vers le secteur privé. Cela risque d'entraîner des incohérences, voire des contradictions.
Nous vous proposons donc que l'entrée en vigueur du projet de loi dont nous sommes actuellement saisis soit subordonnée à l'adoption des mesures visant à l'embauche des jeunes dans le secteur privé. Malgré l'urgence, cela peut aller très vite, et cela nous évitera également, pour reprendre la formule de M. le Président de la République, de nous engager dans des voies fallacieuses. Cette attitude, je le répète, me semble en cohérence avec les propositions de la commission. C'est la raison pour laquelle, mes chers collègues, je vous demande d'adopter cet amendement. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RPR.)
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Louis Souvet, rapporteur. Mon cher collègue, vous savez très bien qu'il serait difficile de poser une telle condition à l'Etat, qui ne peut accepter les ukases. L'entrée en vigueur d'une loi est normalement de droit après sa publication.
Mais je comprends votre amendement comme un appel pressant au Gouvernement pour préparer des mesures favorisant les embauches dans le secteur privé. Il vous appartient maintenant de savoir quelle suite vous donnerez à cet amendement après la réponse de Mme le ministre.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je veux considérer cet amendement comme un appel lancé aux chefs d'entreprise,...
Mme Marie-Madeleine Dieulangard. Très bien !
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. ... et j'espère que la majorité des voix des sénateurs se mêleront à celles des ministres pour demander à ceux-ci de faire une place aux jeunes dans le secteur privé.
Vous avez dit avec raison, monsieur Carle, que plus de 700 000 emplois ont été créés dans le secteur privé ces dernières années ; mais, parallèlement, on a enregistré une diminution du nombre de jeunes de moins de vingt-cinq ans dans les entreprises à hauteur de 650 000.
Il est effectivement temps que les entreprises privées, qui souffrent souvent, d'ailleurs, de problèmes de pyramide des âges, s'ouvrent plus largement à la formation en alternance, comme c'est le cas dans nombre de pays voisins - je sais que beaucoup de sénateurs y sont fortement attachés - et à l'embauche des jeunes.
C'est ce que le Gouvernement souhaite. Tel sera l'objet de la conférence sur l'emploi. Vous comprendrez que je ne veuille pas m'exprimer sur le projet de loi qui pourrait viser l'embauche des jeunes dans le secteur privé avant que les partenaires patronaux et syndicaux ne l'aient fait eux-mêmes. Mais je ne doute pas, après le dépôt de cet amendement, que vos voix s'allieront aux nôtres pour presser les entreprises du secteur privé d'embaucher des jeunes.
Je vous demande donc, monsieur le sénateur, de bien vouloir retirer votre amendement. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. Monsieur Carle, l'amendement n° 41 est-il maintenu ?
M. Jean-Claude Carle. J'ai bien compris les explications de M. le rapporteur et de Mme le ministre. Je maintiens malgré tout mon amendement.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 41.
Mme Joëlle Dusseau. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. M. Carle a dit qu'il s'agissait d'un amendement de cohérence. Je crois plutôt qu'il s'agit d'un amendement d'incohérence ! (Exclamations sur les travées des Républicains et Indépendants et du RPR.)
En effet, avec ce projet de loi que vous avez si profondément modifié, vous avez déjà décidé le financement sur fonds d'Etat des entreprises privées soit artisanales, pendant un an, soit revêtant différentes formes si elles reprennent des activités d'abord créées et assumées par des associations ou des communes avant de passer au secteur privé. Vous avez donc en réalité déjà décidé, mes chers collègues, et vous bien sûr, monsieur Carle, que l'argent public serait versé aux entreprises privées. Il est donc évident que l'amendement n° 41 tombe de lui-même, et je ne comprends pas que M. Carle ne l'ait pas retiré.
M. Jean Delaneau. Ce n'est pas grave que vous ne compreniez pas ! (Sourires.)
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. J'ai bien écouté les propos tenus tout à l'heure avec talent par M. le président de la commission lors de l'examen de l'amendement relatif au comité d'orientation. L'emploi ne peut pas attendre, nous a-t-il dit. Il ne serait pas possible, selon lui, de patienter encore quelques mois pour faire voter des dispositions concernant les contrats d'orientation, qui n'ont pourtant aucun rapport avec ce texte mais qui pourraient éventuellement améliorer l'emploi.
Je ne comprendrais pas que vous ayez répondu aussi majoritairement à l'appel du président de la commission et que vous attendiez le bon vouloir des partenaires sociaux, notamment des entreprises, pour appliquer le dispositif qui va donner à 350 000 jeunes un emploi dans notre pays.
Les jeunes, dans ce pays - je le dis très sereinement et gentiment - ne compendraient pas que le Sénat ait souhaité repousser à plusieurs mois, voire à une année, l'application de ce projet de loi.
Je me permets de vous faire part de cette remarque, mesdames, messieurs les sénateurs. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Emmanuel Hamel. C'est une remarque que certains d'entre nous partagent !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 41, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Vote sur l'ensemble

M. le président. Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M. Gournac, pour explication de vote.
M. Alain Gournac. Madame le ministre, nous partageons évidemment votre objectif d'amélioration de l'emploi des jeunes et de l'emploi en général.
Mais, en dépit de vos bonnes intentions, votre texte initial recelait plus d'effets pervers que d'effets positifs. Non seulement votre dispositif pesait lourdement sur les finances publiques, mais il risquait également de conduire les jeunes dans de nouvelles impasses. Telle a été du moins l'analyse de la majorité sénatoriale, notre analyse.
Néanmoins, plutôt que de rejeter votre projet de loi, nous avons travaillé et essayé de le corriger pour qu'il atteigne réellement les objectifs que vous poursuivez : amener les jeunes vers de vrais emplois, nous avez-vous dit tout au long de ces deux journées.
Nous espérons que vous aurez compris notre démarche et que vous saurez en tenir compte.
Que veulent nos jeunes ? Entrer dans la vie professionnelle, la vraie, celle où ils se sentiront utiles à la société. Notre devoir de parlementaires et de responsables est de les y aider.
Bien sûr, il est possible de mobiliser de l'argent public pour aider à la création d'emplois, mais à une seule condition, qui est impérative : que ces emplois soient créés dans le secteur marchand ou soient susceptibles d'y être agréés, car ce sont les seuls qui génèrent de la richesse, donc de la croissance.
Malheureusement, madame le ministre, votre texte initial n'allait pas dans cette direction.
Vous avez en effet souhaité créer une nouvelle catégorie d'aides à la création d'emplois. Nous ne sommes pas d'accord avec l'esprit qui vous anime, ni sur le principe ni sur les modalités, puisque vous avez réservé cette aide à la sphère publique.
Aussi, afin de ne pas susciter une profonde désillusion des jeunes et du corps social, nous avons profondément remanié votre texte.
En effet, ce n'est pas respecter les jeunes que leur proposer des emplois dont la définition est incertaine. C'est les leurrer que leur proposer certains emplois qui ne déboucheront sur aucun métier.
A l'inverse, c'est les tromper que leur faire croire qu'on peut prendre en charge certaines tâches extrêmement complexes sans y avoir été à aucun moment formés.
C'est aller trop vite que mettre en place à la hâte un tel dispositif sans organiser un seul instant les possibilités de sortie, c'est-à-dire les passerelles leur permettant à terme d'entrer dans le secteur marchand.
C'est pour pallier ces lacunes que le Sénat a beaucoup travaillé à de nombreux amendements qui ont été adoptés et, en particulier, à ceux qui ont été présentés par M. Louis Souvet, notre excellent rapporteur au nom de la commission des affaires sociales qui a réalisé un remarquable travail de réécriture. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
Ainsi, le dispositif se trouve recentré, avec le souci permanent que les emplois créés débouchent et se pérennisent dans le secteur marchand.
Vous l'avez dit et répété vous-même, madame le ministre, vous désirez l'absorption de ces emplois par le secteur privé au terme du contrat de travail de cinq ans.
C'est ce à quoi nous nous sommes efforcés !
Nous avons ainsi organisé la migration de l'activité des jeunes salariés vers le secteur marchand en prévoyant qu'elle pourrait intervenir avant même le terme du contrat.
De même, notre texte ouvre ce dispositif aux entreprises privées sous certaines conditions et pose un certain nombre de garde-fous afin de limiter les effets d'aubaine et de substitution.
Il prévoit notamment la consultation, préalable à la signature de la convention, du CODEF. Il insiste, en outre, sur la mission du préfet, qui pourra dénoncer la convention en cas de non-respect des clauses.
De même, il était essentiel de mettre en place, notamment pour l'apprentissage, une formation, un encadrement et un tutorat de ces jeunes.
Le texte tel qu'il ressort des travaux de notre assemblée donne également des garanties aux employeurs, notamment aux collectivités locales, qui ont bien souvent un budget sans marge de manoeuvre.
Désormais, la diminution ou la suppression de l'aide publique constituera une cause réelle et sérieuse de rupture du contrat de travail. De plus, le taux de l'aide figure désormais expressément dans le texte du projet de loi.
Je ne vais pas énumérer les modifications adoptées par le Sénat. Elles sont nombreuses, et nous en avons longuement débattu au cours de ces deux jours.
En conclusion, je préférerais insister sur la nécessité de moderniser notre législation pour lutter, à l'image de nos voisins européens, contre tous les chômages. En effet, vous mobilisez vos moyens pour l'emploi des jeunes : c'est bien ! Pourtant, le chômage de leurs aînés, celui des cadres, celui - de plus en plus souvent définitif - des personnes âgées de cinquante ans, a des conséquences humaines, sociales, économiques et même, j'ose le mot, de civilisation, tout aussi terribles.
Alors, sachons aller plus loin !
Le Premier ministre britannique, M. Tony Blair, vient de se fixer comme objectif à moyen terme la fin du chômage en Grande-Bretagne. Il l'a fait en soulignant que le nouvel Etat-providence ne doit pas encourage l'assistanat et que, s'il soutient l'équité dans le travail, la flexibilité doit demeurer.
Outre-Manche, le socialisme évolue spectaculairement. Il n'en est plus au socialisme de l'économie planifiée, de l'étatisme, de la lutte des classes et de la guérilla syndicale antipatrons. (Rires sur les travées socialistes ainsi que sur celles du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. Guy Fischer. Vous pouvez en parler !
M. Alain Gournac. Alors, madame le ministre, acceptez que nous vous aidions à évoluer dans le même sens !
Le groupe du RPR votera ce projet de loi, qu'il a contribué à transformer au sein de la Haute Assemblée.
Le texte n'est certes pas encore parfait, et il est regrettable que l'urgence déclarée interdise la navette, qui aurait éliminé les imperfections qui l'alourdissent encore.
Mais la commission mixte paritaire va travailler. J'espère, madame le ministre, que vous saurez retenir le message fort que vous a adressé le Sénat, en particulier sa commission des affaires sociales par la voix de son rapporteur. Ainsi, nous aurons répondu à l'attente légitime des jeunes, tout en préservant les emplois de demain. (Applaudissements sur les travées du RPR, ainsi que sur certaines travées de l'Union centriste et des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Estier.
M. Claude Estier. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je vous dis tout de suite que, à son grand regret, le groupe socialiste va être conduit à voter contre le projet de loi sur l'emploi des jeunes tel qu'il résulte des deux jours de débat du Sénat. (Exclamations sur les travées du RPR.)
Il est évident que notre vote n'exprimera pas une opposition à ce projet de loi tel qu'il a été présenté par le Gouvernement et tel qu'il nous a été transmis, amendé, par l'Assemblée nationale, où, je le rappelle au passage, de nombreux membres de l'opposition se sont bien gardés de le rejeter.
Ce projet, le premier texte fort du gouvernement de Lionel Jospin, correspond à l'un des principaux engagements de la campagne électorale, et nous y sommes favorables ; nous sommes bien décidés à le soutenir concrètement sur le terrain, à en développer toutes les applications et les potentialités.
Il n'est pas indifférent que ce premier grand projet de loi concerne le secteur de l'emploi, et particulièrement l'emploi des jeunes. C'est la première fois - vous le savez très bien, mes chers collègues ! - qu'un projet novateur s'attaque de façon massive et concrète à ce problème, qui est l'un des plus préoccupants de notre société.
Face à une situation grave, le Gouvernement s'engage, notamment en la personne de Mme Martine Aubry, dont je salue ici la persévérance et la pugnacité. Il marque ainsi sa volonté d'apporter une réponse à l'attente angoissée de centaines de milliers de jeunes et de leurs familles.
Il a choisi de le faire par un dispositif réellement innovant, fondé sur l'émergence des besoins sociaux et l'apparition de nouveaux métiers, qui seront consolidés et professionnalisés.
Il s'agit d'un dispositif tourné vers l'avenir, fondé sur la volonté de porter notre société vers plus de solidarité et de meilleures conditions de vie pour tous.
La majorité du Sénat aurait pu décider, au moins compte tenu de l'attente de la jeunesse, de contribuer positivement à cet effort. (« Elle l'a fait ! », sur les travées du RPR.)
Mme Nelly Olin. C'est scandaleux !
M. Claude Estier. Nous regrettons, mes chers collègues, que tel n'ait pas été votre choix.
M. Josselin de Rohan. Mais si !
M. Claude Estier. Le texte tel qu'il sort de ce débat est dénaturé.
M. Alain Gournac. Amélioré !
M. Claude Estier. M. le rapporteur a lui-même parlé d'une « autre philosophie ». C'est bien le moins que l'on puisse dire !
Le dispositif initial devient inopérant. Il devient aussi incohérent par l'adoption de nombreux amendements, qui traduisent d'ailleurs des objectifs différents au sein de votre majorité. Le dernier amendement qu'a défendu M. Carle, et que certains d'entre vous ont soutenu, en est l'une des illustrations.
Il ne s'agit plus maintenant que de nouvelles mesures d'aide aux employeurs du secteur privé : la possibilité de transférer les aides financières sur le secteur marchand, le financement de l'encadrement sans condition d'âge, l'élargissement considérable des publics constituent, parmi d'autres, autant de choix qui relèvent plus de l'idéologie libérale traditionnelle qui vous est chère, mes chers collègues, que de la volonté de développer l'emploi des jeunes.
Ce n'est plus une dilution du dispositif, c'est un refus, non motivé sur le fond, d'imaginer autre chose pour lutter contre le chômage que la baisse des salaires et la précarisation, avec le succès que l'on a pu constater, notamment au cours des quatre dernières années, quant aux résultats en termes d'emplois.
M. Joseph Ostermann. Et avant ?
M. Alain Gournac. Oui : quatorze ans avec vous !
M. Claude Estier. C'est, au total, une autre logique que celle des emplois-jeunes qui se dévoile dans le texte qui résulte de ce débat ; c'est une vision, permettez-moi de le dire, passéiste, doublée d'une opération contre le Gouvernement (Exclamations sur les travées du RPR), mais où l'on fait peu de cas de l'espoir des jeunes, que l'on voit se présenter en si grand nombre depuis l'annonce de ce projet.
Votre comportement, permettez-moi encore de vous le dire, n'est pas forcément d'une si grande habileté. Sur le terrain, les élus de toutes tendances - y compris, sans doute, certains d'entre vous - les associations, les jeunes, surtout, attendent avec impatience la mise en oeuvre de ces emplois-jeunes.
Nous ne voulons pas, nous ne devons pas les trahir. C'est pourquoi, ce soir, nous choisissons de nous opposer, en demandant un scrutin public, à cette opération de dévoiement d'une idée vraiment neuve, porteuse d'espoir et qui l'emportera, quel que soit votre vote ce soir. (Applaudissements sur les travées socialistes, ainsi que sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à Mme Dusseau.
Mme Joëlle Dusseau. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je m'exprime ici, comme vous le savez, au nom de la minorité du groupe du RDSE, représentant les sénateurs radicaux socialistes.
La majorité sénatoriale, depuis le début de notre discussion, a systématiquement détourné, dilué - les mots pourraient être nombreux ! - le projet de loi sur l'emploi des jeunes.
Elle a d'abord étendu systématiquement la liste des employeurs potentiel, en insérant dans le dispositif toutes les sociétés d'économie mixte, quel que soit leur objet, tous les organismes visés à l'article L. 411-2 du code de la construction et de l'habitation, y compris les organismes de crédit, ainsi que les copropriétés, quels que soient leur forme et le niveau de revenu des copropriétaires, et jusqu'aux artisans, qui peuvent désormais toucher la part de salaire versée par l'Etat pendant un an, sans compter certaines entreprises, dans le cadre de la reprise des contrats.
La majorité sénatoriale a également étendu la liste des bénéficiaires, dénaturant ainsi les objectifs de la loi. Certes, chaque catégorie est respectable. J'ai ainsi entendu un de nos collègues s'inquiéter des chômeurs de plus de cinquante ans et de ceux qui connaissent un chômage de longue durée. Bien sûr ! Mais, à vouloir tout faire, on ne fait rien. Si, aujourd'hui, nous légiférons sur l'emploi des jeunes, je ne vois pas au nom de quoi, mes chers collègues, il faudrait penser aux cadres de plus de cinquante ans !
Qui ne veut rien faire dit qu'il va tout faire. Cette formule, chacun, dans sa collectivité, en mesurera le sens !
Enfin, n'hésitant pas à cumuler les incohérences, notre assemblée a imposé dans le texte qu'elle va adopter finalement le principe de la rémunération par l'Etat à 80 % du SMIC, charges comprises, alors qu'en même temps, ou juste avant, elle affirmait l'obligation - évidemment contradictoire - pour l'Etat de payer davantage selon les qualifications.
En même temps, ou plutôt juste après - c'était exactement deux minutes après - elle a, en revanche, prévu l'impossibilité pour les employeurs locaux, qu'il s'agisse d'associations, de collectivités ou d'établissements publics, de majorer leur part en cas d'embauche de jeunes ayant certaines qualifications.
Ne parlons pas de la multiplication des obstacles administratifs ni des conditions imposées et multipliées !
C'est étonnant pour des élus représentant les collectivités, et c'est non moins étonnant pour une majorité sénatoriale si soucieuse, d'habitude, d'alléger les procédures ou de « moderniser la législation » : l'expression a souvent été employée, notamment par M. Souvet.
Il y a là, de manière systématique, un changement de philosophie de la loi. Le Sénat a dénaturé, au vrai sens du terme, le projet : il en a changé la nature. Qu'on le qualifie de transformé, de dilué, de détourné, le résultat est là : la loi qui sort des travaux du Sénat n'a rien à voir avec le projet initial.
M. Alain Gournac. Elle est bien meilleure !
Mme Joëlle Dusseau. Il est bien évident que les sénateurs radicaux socialistes ne s'y retrouvent pas...
M. Alain Gournac. Parce qu'ils sont socialistes !
Mme Joëlle Dusseau. ... et, parce qu'ils sont favorables au projet de loi initial, qui répondait fortement aux besoins criants des jeunes de notre pays, ils seront obligés, par votre faute, de voter contre cette loi dénaturée. (Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. le président. La parole est à Mme Borvo.
Mme Nicole Borvo. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le projet de loi relatif à l'emploi des jeunes n'est pas pour nous un point d'arrivée, mais un point d'appui à partir duquel doivent être combattus les fléaux que sont le chômage et la précarité pour la jeunesse et pour la société.
Nous avons apprécié, dans le projet de loi tel qu'il nous a été soumis, qu'il soit prévu clairement que des créations d'emplois seraient possibles dès lors qu'il y avait des besoins réels dans la société. L'espoir soulevé dans la jeunesse par le projet de loi est significatif à cet égard. Peut-être était-ce un premier pas pour agir autrement qu'on ne l'avait fait jusqu'ici !
C'est parce qu'ils mesurent les avancées que recèle ce texte que mes amis du groupe communiste à l'Assemblée nationale l'ont approuvé. Ils l'ont fait d'autant plus facilement que certaines de leurs propositions ont été acceptées, permettant une amélioration non négligeable du projet de loi.
Mon ami Guy Fischer a confirmé ici le jugement positif que le groupe communiste républicain et citoyen portait sur votre projet de loi, madame la ministre.
Certes, le texte méritait, à notre sens, d'être encore amélioré sur certains points.
M. Alain Gournac. Nous l'avons fait !
Mme Nicole Borvo. Je pense, par exemple, aux rapports entre les emplois-jeunes de droit privé et la fonction publique ; je pense également aux problèmes liés à la formation et à la professionnalisation ; je pense aussi à la possibilité - dangereuse, à notre sens - d'employer des jeunes à temps partiel et donc à SMIC partiel.
Certaines questions demeurent encore sur le fonctionnement du dispositif. Je crains en particulier que ce texte n'exclue la plupart des 250 000 jeunes sans aucune qualification.
Je crains également qu'il n'empêche pas suffisamment les effets de substitution et les effets d'aubaine, allant à l'encontre des nécessaires créations de postes dans le secteur public.
Je dois dire que si, bien entendu, nous souhaitons que nombre d'emplois proposés dans le cadre de ce projet de loi soit pérennisés dans le secteur marchand, nous pensons aussi que nombre d'entre eux auront vocation à être intégrés au sein du secteur public et social.
L'évolution et la rénovation du secteur public ne doivent pas être freinées ; je pense, en particulier, au développement de nouvelles filières correspondant aux besoins publics, qui évoluent sans cesse.
Comme nous l'avons déjà dit dans le débat, les emplois du futur se trouvent et dans le secteur marchand et dans le secteur public.
Le projet de loi - venons-en au moment présent - si nous faisons le bilan de la discussion, est loin d'avoir été amélioré par notre assemblée ; force est de constater qu'après son « passage à la moulinette » de la majorité sénatoriale, il y a vraiment un gros problème !
Il s'agit d'une réécriture complète, presque systématique, inspirée par la volonté d'utiliser le texte actuel pour réduire toujours plus le coût du travail et la protection sociale.
Certains de nos collègues n'ont que mépris pour le projet de loi, à tel point qu'ils sont allés jusqu'à demander la suppression de ses deux principaux articles !
M. Guy Fischer. Eh oui !
Mme Nicole Borvo. Ils ont tellement confiance dans ce secteur marchand, paré par eux de toutes les vertus, qu'ils n'ont qu'une préoccupation : subventionner encore et toujours plus les entreprises pour des créations d'emploi bien hypothétiques - nous en avons la preuve.
M. Alain Gournac. C'est la lutte des classes !
Mme Nicole Borvo. Je ne sais pas ce que l'on peut dire de la lutte des classes, mon cher collègue, mais nous savons tous que, depuis quelques années, l'argent est allé plus au capital qu'au travail ! Et ce n'est pas le parti communiste qui le dit, c'est officiel. (Protestations sur les travées du RPR.)
Plus fort encore : avec la possibilité de percevoir la prime d'apprentissage, de détourner les crédits du fonds paritaire pour l'emploi, quelques patrons plus malins que les autres pourraient même gagner un peu d'argent sur chaque emploi-jeunes. Encore et toujours plus !
Décidément, la position de la majorité sénatoriale n'est pas à la hauteur de la gravité de la situation des jeunes sans emploi et des jeunes en situation précaire.
Décidément, quel mépris vis-à-vis de leurs préoccupations. Vous vous en expliquerez !
Vous comprendrez que, dans ces conditions, le groupe communiste républicain et citoyen ne puisse pas s'associer à une réécriture à ce point contraire à l'esprit du projet de loi.
C'est pourquoi nous voterons contre ce texte tel qu'il est amendé, et nous demandons un scrutin public. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur les travées socialistes.)
Mme Hélène Luc. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Huriet.
M. Claude Huriet. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, au terme de ce débat, je crois pouvoir dire qu'il y a au moins deux points sur lesquels nous sommes tous d'accord : d'une part, la gravité de la situation, constatée dans des chiffres qui nous ont tous frappés, à savoir les 25 % environ de jeunes actifs qui sont actuellement à la recherche d'un emploi et aucun de nous ne sous-estime ce qu'a de dramatique une telle situation - avec ses répercussions psychologiques, morales et sociales - d'autre part, l'objectif qu'il faut atteindre, à savoir la création d'emplois.
Mais après, mes chers collègues, surgissent des divergences fondamentales, auxquelles chacun d'entre nous devait naturellement s'attendre. Nous sommes, en effet, les porte-parole de deux conceptions fondamentalement différentes de l'économie : l'une, qui est l'héritière d'une conception socialiste ayant fait la preuve, dans bien d'autres pays, de ses échecs et de ses insuffisances, et la nôtre, celle d'une économie centré sur le secteur marchand et le développement des entreprises, quelle que soit leur taille. (Murmures sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
Je sais, mes chers collègues, que vous nous reprochez d'avoir mené, quatre ans, une action qui n'a pas porté ses fruits. Mais, sans faire valoir l'héritage - nous avons usé et abusé de ce procédé, quels que soient le camp auquel nous appartenons - chacun peut reconnaître que la conjoncture internationale n'était pas favorable. D'ailleurs, vous qui êtes désormais aux affaires, vous espérez que, celle-ci s'améliorant, la situation du pays fera de même, mais, prudemment, vous considérez que l'amélioration de la conjoncture ne suffira pas à redresser la situation de l'emploi. Cette objectivité vous honore.
J'ajoute que nous avons dû assurer, dans des conditions difficiles, l'alourdissement de la dette publique...
M. Gérard Delfau. Balladur !
M. Claude Huriet. ... et lorsque le gouvernement précédent, que nous avons soutenu, s'est engagé dans une démarche dont nous savions à l'avance qu'elle ne pouvait pas immédiatement porter ses fruits, c'est-à-dire l'allégement de la dépense publique, on ne peut pas dire que vous nous ayez beaucoup aidés. Pourtant, ces mesures étaient prises dans l'intérêt du pays.
Il y a donc entre nous des différences fondamentales.
Nous défendons la thèse selon laquelle c'est grâce au secteur marchand, c'est à travers l'entreprise, petite, moyenne ou grande - nous verrons le sort que vous réserverez aux moyennes entreprises dans les jours, les semaines qui viennent - que des créations d'emplois durables peuvent intervenir.
Vous, au contraire, vous considérez - je ne vous en fais pas reproche, car vous êtes fidèles à vos conceptions et à vos idées comme je suis fidèle aux miennes - que c'est grâce à la puissance publique et aux finances publiques que des emplois pourront être créés. (Protestations sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.) Pas seulement, bien sûr ! Et c'est bien sur cette conception que les amendements de la commission des affaires sociales ont mis l'accent. Nous voulons bien tenter avec vous le pari, mais nous craignons de le perdre. Je m'en explique.
Les dispositions qui nous paraissaient intéressantes dans le texte visaient à faire intervenir la puissance publique comme une sorte de tremplin afin que des emplois aidés momentanément puissent aboutir à satisfaire des besoins qui deviendraient rapidement solvables. Si cette démarche doit réussir, la commission des affaires sociales y aura contribué.
Il existe une différence si fondamentale entre nos deux conceptions que j'ai fait partie de ceux qui, à un moment donné, se sont demandé quelle attitude la majorité sénatoriale devait adopter. Devions-nous considérer - mais alors, quel signe de mépris ! - que le texte ne méritait pas que la Haute Assemblée s'y attèle ? Nous avons choisi une autre voie, certes plus difficile, mais au terme de laquelle nous parvenons ce soir et qui a consisté à prendre au sérieux les propositions de Mme le ministre, et nous avons travaillé sur ce texte. Vous ne pouvez pas nous reprocher de l'avoir traité par le mépris, car celui-ci eût consisté à mettre à l'écart et à balayer d'un revers de main dédaigneux des dispositions législatives auxquelles nous ne croyons pas. (Mme Michaux-Chevry applaudit.)
En terminant, je tiens moi aussi, à rendre hommage à M. le rapporteur et à M. le président de la commission, qui, dans un contexte politique, économique et psychologique difficile, pour vous-même peut-être, mais aussi pour la majorité sénatoriale ont fait preuve de détermination, de clairvoyance et d'un réel souci de cohérence.
C'est précisément pour reconnaître ces efforts que, personnellement, je voterai le texte tel qu'il a été modifié par la commission des affaires sociales, en espérant que nombre de mes collègues de la majorité sénatoriale feront de même. (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'Union centriste, du RPR, et des Républicains et Indépendants.)
M. Emmanuel Hamel. Juste hommage à M. Fourcade !
M. le président. La parole est à M. Lorrain.
M. Jean-Louis Lorrain. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, c'est avec gravité que je veux expliquer ce soir le vote du groupe de l'Union centriste.
Comment ne pas se mobiliser pour l'emploi des jeunes et comment ne pas examiner avec le plus grand intérêt un projet de loi qui résulte d'une approche nouvelle ?
Si la générosité est une vertu, ce n'est pas la plus grande ! Si la discussion parlementaire a été riche, elle a surtout été révélatrice du niveau d'incompréhension.
Votre dispositif, madame le ministre, sera exclusivement réservé aux jeunes, notamment à ceux qui sont le moins en difficulté, ce qui est moralement contestable.
En outre, les jeunes en difficulté non qualifiés bénéficiant aujourd'hui des emplois-ville, créés par le gouvernement précédent, risquent d'en subir les conséquences. Votre plan va les évincer purement et simplement, alors que ces emplois constituent pour eux une véritable chance d'insertion.
De plus, votre plan de création massive d'emplois publics va provoquer, en contrepartie, des destructions aussi nombreuses d'emplois marchands, c'est incontestable.
Nous sommes persuadés que votre plan emploi-jeunes, madame le ministre, propose non pas de vrais emplois mais de simples occupations pendant une durée de cinq ans.
Nous avons été choqués par le lancement des procédures de recrutement avant même l'ouverture du débat parlementaire. Le succès déjà rencontré auprès des jeunes ne peut, en aucun cas, valider votre plan, car il est tout simplement la manifestation criante de l'angoisse et du désarroi de notre jeunesse, même diplômée.
Le Sénat a souhaité adopter une attitude constructive, cherchant à améliorer votre projet de loi pour le rendre plus proche des réalités. Mais pour qu'il y ait greffe, il faut une compatibilité.
Nous avons pu remarquer, tout au long du débat, que le Gouvernement n'avait de cesse de rejeter les propositions que nous présentions, sans faire un seul petit pas dans la direction du compromis.
Que l'emploi des jeunes soit une priorité essentielle, nous en sommes tous d'accord ; c'est un symbole dont vous avez usé. Mais c'est l'emploi de tous les jeunes, avec ou sans qualification.
Encore faut-il ne pas se tromper dans le choix des moyens. Or nous sommes plutôt enclins à choisir d'autres moyens que ceux que vous voulez nous imposer aujourd'hui.
Si nous votions ce projet de loi, madame le ministre, cela voudrait dire que nous donnons notre aval à une augmentation des finances publiques - ce qui est, vous le savez, contraire à nos convictions - alors que nous attendons la loi sur l'exclusion qui est à financer.
Ce plan ne correspond en aucune manière à une véritable politique de l'emploi, mais plutôt à une politique de solidarité non réservée aux exclus. Il repose uniquement sur une forme d'assistance. C'est cette notion même d'assistance qui nous gêne. Elle ne correspond en rien à notre philosophie, qui nous fait nous tourner plutôt vers la responsabilisation, vers la création de richesses par l'entreprise, vers l'engagement, vers l'avenir tout simplement, où le lien social se fera par le bénévolat associatif et non par les services.
Nous avons toujours choisi la voie de l'allégement des cotisations sociales sur les bas salaires. C'est dans cette voie que nous continuerons d'aller.
Pour financer le plan emploi-jeunes, le Gouvernement a choisi une autre voie puisqu'il prévoit de diminuer cet allégement, qui avait été mis en oeuvre par M. Balladur. Nous ne pouvons pas l'accepter, c'est contraire à nos convictions.
Par quel miracle la France échapperait-elle à cette nécessité : l'allègement du coût du travail ?
Le groupe de l'Union centriste tient à rendre un hommage tout particulier au rapporteur de la commission des affaires sociales pour son important et délicat travail, ainsi qu'à son président, pour son talent et sa lucidité.
Cependant, malgré tous les apports pertinents et significatifs de la commission, le fond et la philosophie du texte restent inchangés. On ne peut faire l'hymne à la joie sur un texte dont le thème est : « A la recherche des emplois cachés ».
C'est pour ces raisons que le groupe de l'Union centriste s'abstiendra en grande majorité sur ce texte, même s'il a été profondément amendé. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. de Raincourt.
M. Henri de Raincourt. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, à cette heure et compte tenu de ce qui vient d'être dit par un certain nombre de collègues, il est tout à fait inutile de reprendre le débat, d'autant que la discussion générale nous a permis d'entendre les arguments des uns et des autres.
Je reprendrai un mot parmi d'autres, qui a été utilisé dans l'excellent propos tenu hier par le président de la commission des affaires sociales, M. Fourcade. Celui-ci a dit que nous devions aborder toute discussion sur ce sujet avec une très grande « humilité », parce que nous avons tous, que nous appartenions à la majorité ou à l'opposition, essayé d'engager de très nombreuses mesures qui se sont empilées en couches successives, alourdissant en permanence et chaque fois le poids des charges publiques, sans que le résultat ait jamais été à la hauteur des espérances que pouvaient avoir nos compatriotes frappés par le chômage - singulièrement les jeunes - et nous-mêmes.
Dès lors, il est bien vrai que nous devons débattre de ces questions avec une très grande modestie et une très grande humilité. Et c'est probablement l'une des raisons pour lesquelles, même si des divergences fondamentales existent à l'évidence entre les uns et les autres, le débat s'est déroulé ici depuis hier dans un climat d'écoute, de respect et de compréhension.
Une fois encore, le Sénat a démontré son sérieux dans l'examen des textes. C'est à son honneur. Force est de constater que, contrairement aux déclarations de M. Estier laissant à penser que Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité devrait « batailler », chacun a pu développer ses positions dans la dignité et le respect mutuel.
Il n'empêche que nous ne partageons pas la philosophie qui inspire le projet de loi présenté par Mme le ministre, je n'éprouve aucun complexe en le disant.
Je remercie cependant Mme Aubry, comme le Gouvernement, d'avoir déposé un texte qui correspond à la philosophie qui est la leur et que je respecte. Mais cette philosophie n'est pas la mienne, pas plus que celle d'un certain nombre de mes collègues.
Il y a donc forcément décalage, différence, divergence entre nous.
Mme le ministre nous dit : nous allons mettre en place un dispositif qui, jusqu'à présent, n'a pas encore été utilisé, et nous allons nous appuyer sur la puissance publique, avec tout ce que cela recouvre, pour, prétendument, faire émerger de nouveaux emplois et nous nous donnons un certain laps de temps pour rendre possible le transfert d'au moins une partie importante d'entre eux vers le secteur marchand.
Je comprends que l'on raisonne de cette façon, mais je fais partie de ceux qui pensent que cela ne se passera pas ainsi. Lorsque le dispositif arrivera à son terme, après cinq ans de fonctionnement, tous ceux qui s'y seront engagés seront confrontés à une difficulté très rude.
Ces jeunes seront-ils mis dehors, alors que, pendant plusieurs années, la plus grande partie d'entre eux auront sans doute très bien rempli leur mission, ou bien, les collectivités devront-elles prendre en charge ces rémunérations que l'Etat, il l'a clairement annoncé, n'assumera plus ? C'est naturellement la seconde hypothèse qui s'appliquera dans la plupart des cas.
Nous considérons, nous, qu'il n'est pas possible, d'augmenter encore les charges supportées par les finances publiques pour accroître la fonction publique, sous une forme ou sous une autre.
C'est bien la raison pour laquelle je veux, moi aussi, rendre un hommage tout à fait appuyé, au nom de l'ensemble de mes collègues, à la commission des affaires sociales, tout particulièrement à son président et à son rapporteur. Ils ont véritablement fait preuve d'imagination pour essayer de jeter les ponts qui permettraient, dans cinq ans, d'aborder l'autre rive, c'est-à-dire le secteur marchand.
Mais ces efforts nous semblent tout à fait insuffisants. C'est la raison pour laquelle un certain nombre de mes collègues, la plupart d'entre eux même, ne voteront pas ce texte. D'autres le voteront pour apporter leur soutien aux mesures qui ont été proposées par la commission.
Pour conclure, je tiens à dire qu'il est paradoxal de proposer la création de 350 000 emplois pour les jeunes au travers, même momentanément, de la sphère publique, alors même que certains prétendent que ce dispositif va détruire des emplois dans le secteur privé - des chiffres sont avancés ; nous verrons par la suite - et que - nous le savons déjà, et nous le constaterons au cours des prochaines semaines - la loi de financement de la sécurité sociale et le projet de budget de la France pour 1998, par un certain nombre de dispositions fiscales, détruiront des contrats privés.
Pour ma part, avec beaucoup d'autres, je n'y porterai pas la main. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. La parole est à M. Arnaud.
M. Philippe Arnaud. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, malheureusement, rien dans le texte initial, rien de fondamental dans les débats, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat, rien ne m'a convaincu d'approuver les propositions qui vous sont présentées aujourd'hui.
Je dis « malheureusement », car je fondais beaucoup d'espoir sur votre pragmatisme, madame le ministre, et sur votre volonté sincère de trouver des solutions nouvelles et durables pour traiter, même partiellement, le grave problème du chômage, notamment celui des jeunes.
Indiscutablement, l'Etat doit s'investir et investir dans cette affaire. Son rôle est bien faire levier et de créer une dynamique en faveur de l'emploi.
Mais je ne vois pas d'avenir aux propositions formulées, sans qu'il me soit besoin de rappeler les aspects négatifs qui ont fait l'objet de critiques au cours de la discussion.
Si j'avais encore le moindre doute, à son bénéfice et compte tenu de l'enjeu, je ferais acte de confiance et je voterais pour. Mais ma conviction est qu'on envoie nos jeunes dans le mur, non pas aujourd'hui, mais dans cinq ans, et la plupart d'entre eux auront alors trente ans !
Dans l'immédiat, certes, les propositions sont alléchantes, elles font naître un formidable espoir ; mais, j'ose le dire, elles n'en sont que plus dangereuses.
Oui, l'attente est forte, et elle est légitime. Faut-il pour autant offrir des solutions dont on sait bien qu'elles n'ont pas d'avenir, sauf marginalement ?
On n'a pas le droit de présenter le mirage de l'oasis à l'homme assoiffé dans le désert. On a le devoir de lui dire de creuser encore et encore, on a le devoir de creuser avec lui pour trouver la source.
Il convient de développer et de soutenir l'esprit d'entreprendre. Ce n'est pas facile, mais il ne faut pas avoir peur d'aller là où il y a du travail ; là où un emploi peut être créé.
Le secteur privé, le monde de l'entreprise, surtout des petites entreprises, est un gisement d'emplois si l'on simplifie les règles, si l'on allège le coût du travail, si l'on accompagne l'embauche. Mais cela, madame le ministre, la majorité qui soutient votre gouvernement le rejette par principe, peut-être même par doctrine.
A l'inverse, vous annoncez que, dans le projet de loi de finances pour 1998, vous reviendrez sur les exonérations de charges sociales sur les bas salaires. Par ailleurs, vous avez déjà décidé la réduction des mesures incitatives en faveur de l'emploi à domicile et vous proposez, dans le texte relatif à diverses mesures fiscales et financières, d'augmenter de 15 % l'impôt sur les sociétés.
Pour ce qui est du secteur public et des collectivités locales, madame le ministre, si vous proposez à l'élu local que je suis 60 000 à 70 000 francs par an et par emploi créé -, par emploi vrai, par emploi de titulaire - au lieu de 92 000 francs, mais si cette dotation est annexée à la DGF, alors, je vous en donne l'assurance, ma collectivité sera prête à consacrer les 30 000 à 40 000 francs restants pour créer ce poste qui apportera à nos administrés un service non satisfait aujourd'hui, et ce de façon durable.
S'il vous manque des fonctionnaires dans la fonction publique, notamment dans la police, pour assurer la sécurité, ou dans l'éducation nationale, n'hésitez pas : créer des postes de fonctionnaires !
Mais, dans l'ensemble du projet de loi qui nous est présenté, malgré les amendements qui ont été adoptés, aucune de ces orientations n'apparaît. On reste avec des emplois qui ne trouveront pas leur solvabilité, avec des employeurs - Etat, collectivités et associations - qui, au terme des cinq ans, ne pourront en assurer la pérennité.
C'est un leurre ! Même amendé, ce dispositif relève du syllogisme, et cela, je le crains, frise l'escroquerie !
Attention à la déception, qui pourrait être à la hauteur de l'illusion ! Attention au gâchis !
Non, je ne peux cautionner ces propositions qui sont à l'opposé de ce qu'il conviendrait de faire et ce, cela a été dit malgré les importants et louables efforts d'ouverture et de correction de la commission, dont je salue la qualité du travail et dont je remercie le président et le rapporteur.
J'estime de mon devoir, en conscience, de voter contre l'ensemble de ce dispositif alors même que l'emploi et l'activité des jeunes restent, pour moi, la première des priorités. (Très bien ! et applaudissements sur certaines travées des Républicains et Indépendants.)
M. le président. La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègue, le groupe des non-inscrits est très divisé sur ce projet de loi : il y aura des votes pour, des votes contre et des abstentions.
M. Adnot m'a prié de donner les raisons pour lesquelles, personnellement, il votera contre ce projet de loi.
En refusant, dit-il, d'accepter la possibilité d'offrir à un maximum de jeunes l'accès à un emploi-jeunes à travers un mi-temps facultatif, le Gouvernement a pris la responsabilité de sélectionner, au profit des plus forts, l'effort de solidarité.
Il est inacceptable de fourvoyer ainsi nos jeunes, en les installant dans une fausse sécurité apportée par des activités sans avenir.
Un certain nombre de nos collègues s'abstiendront, parce qu'ils ne peuvent accepter la philosophie du texte, qui reste intacte malgré les amendements présentés par la commission.
Ils estiment par ailleurs que les 35 milliards de francs que coûtera le projet ne sont pas financés comme ils le devraient. En particulier, l'appel systématique à l'impôt leur apparaît tout à fait répréhensible.
En outre, ils ne voient pas clairement les passerelles qui devraient permettre de passer de ces emplois publics à des emplois privés, alors que c'est l'objectif que l'on cherche à atteindre.
Mais la majorité de notre groupe votera pour ce projet de loi tel qu'il est amendé par la commission des affaires sociales. C'est notamment le cas de tous les membres du groupe des non-inscrits qui siègent dans cette commission et qui ont participé à ses travaux. A cet égard, nous tenons à remercier de leur excellent travail M. Souvet et M. le président Fourcade.
Les raisons de ce vote sont celles qu'ont exposées MM. Gournac et Huriet.
Cependant, nous éprouvons de très vives appréhensions, qui viennent d'être très bien exprimées par M. Arnaud.
Il n'en demeure pas moins que, dans les conditions actuelles, il est impossible de voter contre un texte qui constitue une avancée et qui traduit notre volonté absolue de tout faire pour améliorer la situation des jeunes, notamment l'emploi des jeunes.
M. Emmanuel Hamel. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Bimbenet.
M. Jacques Bimbenet. C'est en quelques mots seulement que je donnerai la position du groupe du Rassemblement démocratique et social européen.
Je me garderai bien de prononcer des propos moralisateurs. Chacun ici a le droit d'exprimer son opinion sur les textes qui nous sont soumis sans pour cela enfreindre les foudres de quelque collègue.
Le groupe du RDSE rassemble des sénateurs de sensibilités différentes. Les uns voteront contre ce texte, d'autres s'abstiendront, d'autres enfin, dont je suis, le voteront, après avoir soutenu les amendements proposés par la commission des affaires sociales ainsi que certains émanant du Gouvernement. Je tiens d'ailleurs en cet instant à remercier vivement le président de notre commission ainsi que son rapporteur.
Par leurs décisions, par leurs choix, tous nos collègues ont tenté de faire encore mieux que le texte proposé, et ce direction des jeunes.
C'est la majorité des membres de notre groupe qui votera aujourd'hui le projet de loi tel qu'il a été amendé par la commission des affaires sociales, et par le Sénat de manière plus générale.
M. Louis Souvet, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Souvet, rapporteur. Monsieur le président, madame le ministre, mes chers collègues, vous comprendrez que je laisse à M. le président Fourcade le soin de tirer l'essence même de nos travaux et que je me borne, pour ma part, à présenter quelques considérations d'ordre général.
Votre rapporteur, pour n'être qu'un « barreur de petit temps » - pour reprendre une expression utilisée par un autre - a navigué au plus près. Il doit vous avouer que le chenal était étroit entre les opinions diverses émises çà et là.
Il aurait pu, suivant en cela l'avis de la partie de la majorité sénatoriale la plus radicale, vous proposer de déposer une question préalable. Il ne l'a pas souhaité, car l'attente de nos concitoyens est importante, et nous ne pouvons la décevoir.
Il aurait pu aussi, en suivant l'avis d'une autre partie de la majorité sénatoriale, vous proposer de voter le texte en l'état.
Votre rapporteur, par atavisme peut-être, par éthique sans doute, a recherché un texte non pas consensuel - ce serait, hélas ! espérer beaucoup trop - mais qui soit en mesure de rassembler le maximum de volontés de servir le pays, sa jeunesse, en se détachant des dogmatismes politiques.
Je sais que je n'ai pas réussi, et je le regrette. J'espère ne mériter ni excès d'honneur ni indignité - encore une citation !
Je voudrais préciser que je n'assume pas tout ce qui a été voté, puisque plusieurs amendements ont été adoptés dans la nuit contre l'avis de la commission. Il s'ensuit donc un texte qui n'a pas l'allure de l'épure, et je le regrette.
Je vous engage cependant à le voter, et je remercie tous ceux qui m'ont apporté leur aide, avec compétence et talent, dans un travail difficile.
L'avenir nous dira quel sort sera réservé à ce texte, dont nous suivrons les résultats avec beaucoup d'attention. (Applaudissements sur les travées du RPR, de l'Union centriste, des Républicains et Indépendants, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le président de la commission.
M. Jean-Pierre Fourcade, président de la commission. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, s'agissant d'un sujet aussi difficile et douloureux que celui de l'emploi des jeunes, pour lequel, hélas ! notre pays ne s'est pas illustré par rapport à tous ses concurrents, j'ai tenu à ce que la commission des affaires sociales examine le projet de loi de manière approfondie et sérieuse, l'analyse et essaie d'en faire un texte susceptible d'améliorer effectivement la situation de l'emploi des jeunes dans ce pays.
J'ai noté, en écoutant les uns et les autres, que, pour certains, le Sénat devrait être purement et simplement une chambre d'enregistrement et s'incliner très bas devant les textes qui nous viennent de l'Assemblée nationale, et que, pour d'autres, le travail en commission et l'approfondissement des textes ne serviraient à rien et que nous devrions, puisque nous combattons le Gouvernement, nous contenter désormais de passer d'une question préalable à l'autre. Je ne partage ni la première ni la seconde thèse.
Puisque nous pouvons, au Sénat, adopter des textes malgré l'opposition du Gouvernement, nous avons essayé de partir d'un concept pour arriver à un autre.
Avant de m'en expliquer, je veux remercier le Gouvernement qui, je le reconnais, n'a à aucun moment utilisé des moyens de procédure bien connus qu'il aurait pu invoquer à l'encontre d'un certain nombre d'amendements.
Nous sommes donc partis d'un concept que, pour la plupart d'entre nous, nous jugeons faux, à savoir que l'on peut, avec de l'argent public, créer des emplois durables, pour arriver à un autre concept, selon lequel, avec de l'argent public, on peut favoriser la création d'emplois susceptibles, en quelques années, de devenir des emplois durables et productifs. Telle est l'évolution qu'a subi le texte au fur et à mesure de son examen.
Il est en effet faux de dire que l'on peut créer 350 000 emplois dans le secteur public. Cela ne peut qu'entraîner une augmentation des charges fiscales des contribuables, qu'ils soient nationaux ou territoriaux. Ce sont d'ailleurs les mêmes ! Nous savons bien que, pour eux les charges fiscales qu'ils paient s'additionnent.
Nous nous sommes donc orientés vers un autre concept que beaucoup de nos conseils régionaux, de nos conseils généraux, de nos communes mettent en oeuvre depuis un certain nombre d'années, et qui consiste à utiliser l'argent public pour faciliter l'émergence, la création, le développement d'activités nouvelles susceptibles d'engendrer des emplois nouveaux.
Je vais prendre un exemple pour bien faire réfléchir tant ceux qui sont favorables à l'alignement que ceux qui sont partisans de la question préalable.
Voilà quelques années, une association a utilisé une émission de télévision - il s'agit du Téléthon - afin de collecter des fonds pour une cause importante. L'opinion publique, sensibilisée, a bien répondu à l'appel ainsi lancé.
Quelques années après, cette association s'est rendu compte qu'elle ne pouvait pas, compte tenu de sa structure associative, créer de véritables emplois ni participer au développement des technologies de pointe dans le domaine du matériel biomédical et de recherche. Une collectivité territoriale, le conseil régional d'Ile-de-France, a alors installé aux côtés de cette association une pépinière d'entreprises, qu'il a financée. Aujourd'hui, ce sont une quarantaine d'entreprises performantes, avec leurs chercheurs, qui sont devenues, sur le plan international, concurrentielles des entreprises américaines ou japonaises dans le domaine biomédical.
Voilà ce que nous avons essayé de faire : utiliser l'argent public pour stimuler, développer, faire émerger des besoins nouveaux afin de créer des emplois durables.
Voilà ce qui est essentiel, comme l'a excellemment dit M. le rapporteur, que je tiens à remercier tout spécialement des efforts qu'il a déployés et de la patience dont il a fait preuve.
Un certain nombre des amendements qui ont été adoptés vont au-delà de ce que nous voulions et dénaturent, par conséquent, notre texte ; mais l'important est que le Sénat, à partir d'une idée fausse, ait essayé de faire émerger une idée qui se révélera sans doute juste dans quelques années.
Je remercie donc tous ceux de nos collègues qui ont participé à nos travaux et qui nous ont ainsi permis de modifier le projet de loi dont nous venons de débattre pendant quarante-huit heures. (Applaudissements sur les travées des Républicains et Indépendants, du RPR, de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
Je suis saisi de trois demandes de scrutin public émanant de la commission, du groupe socialiste et du groupe communiste républicain et citoyen.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions réglementaires.

(Le scrutin a lieu.)
M. le président. Personne ne demande plus à voter ?...

(Il est procédé au comptage des votes.) M. le président. Voici le résultat du dépouillement du scrutin n° 2:

Nombre de votants 314
Nombre de suffrages exprimés 257
Majorité absolue des suffrages 128
Pour l'adoption 137
Contre 117

Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le ministre.
Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité. Au terme de ce débat, je tiens d'abord à remercier M. Louis Souvet de la qualité de son rapport et de ses diverses interventions tout au long de ce débat.
Je remercie également le président Fourcade qui, tant en commission qu'en séance, hier comme aujourd'hui, s'est attaché à défendre la cohérence de sa position, quelles que soient par ailleurs les divergences d'opinion que nous pouvons avoir sur différents aspects du projet de loi tel qu'il a été soumis au Sénat.
J'ai apprécié votre souci permanent, qui est aussi le mien, de faire en sorte que la plupart des emplois qui seront ainsi créés soient pérennes, solvabilisés et, pour certains d'entre eux, transférés dans le secteur marchand, même si le secteur marchand auquel je pense en l'occurrence n'est pas uniquement le secteur marchand lucratif, car j'y inclus aussi les associations.
J'ai écouté avec attention chacune de vos remarques en recherchant toutes les voies possibles pour enrichir ce projet de loi, tant il est vrai que, quand on innove, il faut être modeste, mais aussi parce que bien des questions demeurent en suspens et que c'est ensemble que nous construirons ce dispositif.
Je suis en effet convaincue que beaucoup d'élus locaux qui siègent dans cette assemblée - n'êtes-vous pas les représentants des collectivités locales ? - lorsqu'ils retourneront sur le terrain et rencontreront les jeunes qui attendent ces emplois, adopteront une position différente de celle qu'ils ont défendue ici.
Il me semble que le texte qui a été soumis à votre examen ressort, à bien des égards, dénaturé par rapport aux objectifs que nous nous sommes fixés.
Vous me pardonnerez la franchise de mon commentaire, mais je considère que la lecture du texte adopté par le Sénat fait apparaître bien des incohérences, voire quelques contradictions ; votre rapporteur vient d'ailleurs d'en convenir.
Je crois que cela tient largement au fait que l'opposition n'a pas su adopter une vision commune sur ce projet.
Chacun sent bien la nécessité d'innover en matière d'emploi. Si nous avons tous échoué, c'est évidemment parce que nous avons tous fait la même chose : du traitement social et l'attente de la croissance. Il faut donc s'engager sur de nouvelles pistes. Mais nous n'avons pas toutes les réponses. En tout cas, je crois qu'il faut faire preuve de courage et de détermination.
Il est sans doute difficile pour l'opposition, face au premier texte du Gouvernement, d'accepter, comme l'ont fait votre commission et votre rapporteur, d'entrer dans la logique qui est proposée et d'amender ce texte, alors même qu'on est en désaccord sur le fond.
Force m'est de constater que certains des discours généraux, parfois violents - même si, aujourd'hui, le climat dans lequel se sont déroulés les débats était plus conforme à ce que l'on s'attend à trouver dans cette assemblée - que nous avons entendus étaient en contradiction avec les dispositions qui ont été votées, y compris, parfois, par les auteurs de ces discours.
Nombreux sont ceux d'entre vous qui se sont inquiétés du coût du dispositif pour nos dépenses publiques. Pourtant, comme M. le président Fourcade l'a relevé, j'aurais pu, à plusieurs reprises, demander l'application de l'article 40 de la Constitution, car de nombreux amendement, en étendant le champ des employeurs et des bénéficiaires, entraîneraient, s'ils devaient être maintenus dans le texte, des dépenses supplémentaires pour les finances publiques.
Je fais ici allusion à vos propositions concernant l'extension aux artisans - alors que, par ailleurs, vous avez exclu les associations financées à 95 % par l'Etat ! - aux entreprises privées de moins de cinquante salariés - alors que vous craignez la concurrence avec le secteur privé ! - à toutes les sociétés d'économie mixte, y compris à celles qui ne gèrent par un service public - encore une contradiction ! - aux copropriétaires ainsi qu'aux sociétés anonymes de crédit immobilier.
S'agissant des bénéficiaires, vous avez étendu le dispositif à tous les jeunes de moins de trente ans - alors que demeure par ailleurs une référence à la condition d'activité -, aux jeunes Français vivant à l'étranger - sans identifier les besoins et sans savoir comment, sur le plan technique, une telle mesure peut être mise en oeuvre -, aux handicapés sans condition d'âge.
Vous avez, en outre, permis le cumul de ce programme avec les aides à l'apprentissage, alors que les mêmes nous ont reproché de mettre fin à l'apprentissage et de le concurrencer par ce dispositif.
A vouloir servir tout le monde, je crains que l'on ne finisse par ne s'adresser à personne et que, finalement, les jeunes ne soient les premières victimes de ce texte tel qu'il ressort aujourd'hui des travaux du Sénat.
Vous avez souhaité que les emplois soient d'abord des emplois privés. Moi aussi, je le souhaite, à terme. Or vous avez étendu les emplois publics à l'éducation nationale et à la justice ; c'est une contradiction de plus !
Certains d'entre vous parlent de concurrence entre ces nouvelles activités et le secteur marchand, dénonçant les effets destructeurs de notre dispositif sur l'emploi privé. (Exclamations sur les travées du RPR.) Mais alors comment se fait-il que vous l'ayez étendu aux entreprises privées de moins de cinquante salariés, donnant ainsi à celle-ci un avantage concurrentiel par rapport à celles qui comptent plus de cinquante salariés ?
De même, on ne peut pas réclamer plus de souplesse sur le terrain et venir systématiquement alourdir la mise en oeuvre concrète de ce programme.
Ainsi, M. Carle a évoqué le parcours du combattant des chefs d'entreprise qui consacrent quarante jours par an aux formalités administratives, mais il a soutenu fortement, par exemple, une proposition visant à rendre obligatoire un avis du CODEF pour chaque convention, en même temps qu'un contrôle systématique du même CODEF sur l'évaluation des conventions.
On ne peut pas invoquer la souplesse de gestion et, dans sa mise en oeuvre, la compliquer à outrance !
On ne peut pas non plus craindre pour l'avenir des dispositifs d'insertion existants et vouloir concentrer le bénéfice de ce programme sur les jeunes en difficulté. Or, là aussi, ce sont les mêmes voix qui se sont élevées pour défendre ces deux points de vue.
Je tiens à dire que ni la commission ni son rapporteur ne sont responsables de ces incohérences.
Aux contradictions entre les amendements que vous avez votés s'ajoute parfois une grande confusion.
Vous avez ainsi adopté le principe d'une aide forfaitaire - 80 % d'un SMIC chargé, notion dont j'ai expliqué qu'elle ne pouvait constituer une référence - et, dans le même temps, vous souhaitez que cette aide soit modulée en fonction du niveau de formation. Comment peut-on retenir le même montant pour tout le monde et le moduler en fonction du niveau de formation ? De plus, l'aide serait dégressive pour les employeurs personnes morales de droit privé et modulée pour les communes les plus pauvres ! Très franchement, ce n'est pas sérieux !
Le texte issu des travaux du Sénat est non seulement dénaturé, mais encore inapplicable en l'état.
Je ne sais pas comment nous expliquerons aux jeunes et aux adultes des départements d'outre-mer - alors que, à l'unanimité, les députés d'outre-mer avaient demandé l'intégration de la disposition qui a été adoptée par l'Assemblée nationale - que le dispositif qu'ils attendaient est aujourd'hui supprimé et que, du fait de la loi Perben, rien ne nous permet, à court terme, d'appliquer ce texte dans les départements d'outre-mer. C'est encore un exemple de grave incohérence.
Bien sûr, des améliorations ont été apportées au projet de loi, améliorations que nous avons recherchées ensemble, notamment avec la commission.
Je pense notamment à celles qui visent à bien distinguer ce qui relève des compétences traditionnelles du service public et les activités correspondant à des besoins émergents.
Je pense aussi à la consultation préalable des institutions représentatives du personnel, à la possibilité, pour les établissements publics de l'Etat, d'adhérer à l'UNEDIC au titre des emplois-jeunes.
Je pense encore à cette disposition, dont la rédaction n'est peut-être pas encore tout à fait au point mais que je crois très intéressante - c'était une proposition de la commission - qui permettrait à des cadres au chômage d'être mis à la disposition des associations et de leurs structures pour encadrer les jeunes.
Je pense enfin, si l'article relatif aux départements d'outre-mer est rétabli, à la possibilité pour les conseils généraux de ces départements de pouvoir imputer une partie des crédits d'insertion du RMI au financement de l'embauche de jeunes.
Je retire finalement de toute cette discussion un certain sentiment d'amertume. Je crois en effet que les jeunes de ce pays sont dans l'attente. D'ailleurs, beaucoup des élus qui sont ici vont venir, demain, nous demander des emplois-jeunes.
Une partie de cette assemblée, derrière la commission des affaires sociales, s'est montrée disposée à enrichir ce texte avec courage et détermination, même si, je le répète, nous n'étions pas d'accord sur certains points essentiels.
Une autre partie de cette assemblée s'est montrée, à mes yeux, très dogmatique, j'allais dire peu réaliste face à la situation sociale de notre pays, mais aussi au regard de ce que sont aujourd'hui les entreprises privées et l'ensemble de l'économie, que j'ai la prétention de connaître autant que beaucoup d'autres.
En fin de compte, la majorité de cette assemblée a adopté un texte qui me paraît peu cohérent et très souvent inapplicable.
Mais je ne doute pas que les travaux de la commission mixte paritaire nous permettront de parvenir à un texte apportant une réponse neuve au problème de l'emploi des jeunes dans ce pays.
Nous pourrons ainsi inventer au cours des cinq années à venir, ce que nous souhaitons tous, à savoir des emplois pérennes qui ne seront plus financés par des fonds publics - même si je tiens à saluer ici la fonction publique - des emplois qui permettront en outre à nos concitoyens de vivre mieux ensemble tout en donnant l'espoir à leurs enfants. (Applaudissements sur les travées socialistes et sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

7

NOMINATION DE MEMBRES
D'UNE COMMISSION MIXTE PARITAIRE

M. le président. Monsieur le président du Sénat a reçu de M. le Premier ministre la demande de constitution d'une commission mixte paritaire sur le texte que nous venons d'adopter.
Il va être procédé immédiatement à la nomination de sept membres titulaires et de sept membres suppléants de cette commission mixte paritaire.
La liste des candidats établie par la commission des affaires sociales a été affichée conformément à l'article 12 du règlement.
Je n'ai reçu aucune opposition.
En conséquence, cette liste est ratifiée et je proclame représentants du Sénat à cette commission mixte paritaire :
Titulaires : MM. Jean-Pierre Fourcade, Louis Souvet, Jacques Bimbenet, Jean Chérioux, Jean Madelain, Mme Marie-Madeleine Dieulangard et M. Guy Fischer.
Suppléants : M. Henri Belcour, Mme Nicole Borvo, MM. Gilbert Chabroux, Serge Franchis, Alain Gournac, Jean-Louis Lorrain et Henri de Raincourt.

8

DÉPÔT D'UNE PROPOSITION DE LOI

M. le président. J'ai reçu de MM. Gérard César, Alain Pluchet, Michel Alloncle, Louis Althapé, Henri Belcour, Jean Bernard, Roger Besse, Jean Bizet, Yvon Bourges, Jacques Braconnier, Gérard Braun, Dominique Braye, Jean-Pierre Camoin, Auguste Cazalet, Désiré Debavelaere, Michel Doublet, Gérard Fayolle, Hilaire Flandre, Philippe François, Yann Gaillard, Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Adrien Gouteyron, Georges Gruillot, Bernard Hugo, Jean-Paul Hugot, Jean-François Le Grand, Maurice Lombard, Jacques de Menou, Roger Rigaudière, Louis Souvet, Martial Taugourdeau, Jacques Valade, Alain Vasselle, Serge Vinçon et les membres du groupe du Rassemblement pour la République une proposition de loi portant diverses mesures urgentes relatives à l'agriculture.
La proposition de loi sera imprimée sous le numéro 8, distribuée et renvoyée à la commission des affaires économiques et du Plan sous réserve de la constitution éventuelle d'une commission spéciale dans les conditions prévues par le règlement.

9

DÉPÔT DE RAPPORTS

M. le président. J'ai reçu de M. Jacques Chaumont un rapport fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation sur le projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République gabonaise en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales (n° 219, 1996-1997).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 2 et distribué.
J'ai reçu de M. Jacques Chaumont un rapport fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation sur le projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Kenya en vue d'éviter les doubles impositions en matière de transport aérien en trafic international (n° 341, 1996-1997).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 3 et distribué.
J'ai reçu de M. Serge Vinçon un rapport fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées sur le projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, portant réforme du service national (n° 426, 1996-1997).
Le rapport sera imprimé sous le numéro 4 et distribué.

10

DÉPÔT DE RAPPORTS D'INFORMATION

M. le président. J'ai reçu de MM. Adrien Gouteyron, François Lesin, Ivan Renar, Jean-Louis Carrère, James Bordas, Jean Bernadaux un rapport d'information fait au nom de la commission des affaires culturelles, à la suite d'une mission d'information effectuée en République socialiste du Vietnam, sur la francophonie et l'enseignement du français.
Le rapport d'information sera imprimé sous le numéro 1 et distribué.
J'ai reçu de M. Philippe Marini un rapport d'information fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation sur l'épargne retraite des fonctionnaires.
Le rapport d'information sera imprimé sous le numéro 5 et distribué.
J'ai reçu de M. Jacques Baudot un rapport d'information fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation sur la politique de la mémoire menée par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre.
Le rapport d'information sera imprimé sous le numéro 6 et distribué.
J'ai reçu de MM. Philippe Marini et Henri Torre un rapport d'information fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation sur la réforme de l'Etat.
Le rapport d'information sera imprimé sous le numéro 7 et distribué.
J'ai reçu de MM. Charles Jolibois, Pierre Fauchon, Robert Badinter et Patrice Gélard un rapport d'information fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale, à la suite d'une mission d'information chargée d'étudier le fonctionnement de la justice civile en Angleterre et au Pays de Galles.
Le rapport d'information sera imprimé sous le numéro 9 et distribué.

11

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au jeudi 2 octobre 1997, à dix heures quinze, à seize heures trente et, éventuellement, le soir :
1. - Désignation :
- d'un membre de la délégation du Sénat pour l'Union européenne ;
- d'un membre de la délégation du Sénat à l'Office parlementaire d'évaluation des politiques publiques.
2. - Discussion du projet de loi (n° 425, 1996-1997), adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier.
Rapport (n° 434, 1996-1997) de M. Alain Lambert, fait au nom de la commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation.
Aucun amendement n'est plus recevable.

Délais limite pour les inscriptions de parole
dans la discussion générale
et pour le dépôt des amendements

Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant réforme du service national (n° 426, 1996-1997) :
Délai limite pour les inscriptions de parole dans la discussion générale : lundi 6 octobre 1997, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 6 octobre 1997, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée le jeudi 2 octobre 1997, à une heure cinq.)

Le Directeur
du service du compte rendu intégral,
DOMINIQUE PLANCHON





ORDRE DU JOUR
DES PROCHAINES SÉANCES DU SÉNAT
établi par le Sénat dans sa séance du mercredi 1er octobre 1997
à la suite des conclusions de la conférence des présidents

Jeudi 2 octobre 1997, à neuf heures trente, à seize heures trente et, éventuellement, le soir :
1° Désignation :
- d'un membre de la délégation du Sénat pour l'Union européenne ;

- d'un membre de la délégation du Sénat à l'office parlementaire d'évaluation des politiques publiques.

Ordre du jour prioritaire

2° Eventuellement, suite du projet de loi relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes ;
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier (n° 425, 1996-1997).
(La conférence des présidents avait fixé au mercredi 1er octobre 1997, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.)
Mardi 7 octobre 1997, à dix heures trente et à seize heures :

Ordre du jour prioritaire

Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence, portant réforme du service national (n° 426, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé :
- au lundi 6 octobre 1997, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi ;

- à trois heures la durée globale du temps dont disposeront, dans la discussion générale, les orateurs des divers groupes ou ne figurant sur la liste d'aucun groupe.

L'ordre des interventions sera déterminé en fonction du tirage au sort auquel il a été procédé le 23 septembre 1997 et les inscriptions de parole devront être faites au service de la séance, avant dix-sept heures, le lundi 6 octobre 1997.)
Mercredi 8 octobre 1997 :
A neuf heures trente :

Ordre du jour prioritaire

1° Suite du projet de loi portant réforme du service national ;
A quinze heures :
2° Nomination des membres de la commission spéciale chargée de vérifier et d'apurer les comptes du Sénat.
(Les candidatures à cette commission devront être déposées par les groupes au secrétariat du service des commissions le mardi 7 octobre 1997, avant dix-sept heures.)

Ordre du jour prioritaire

3° Suite du projet de loi portant réforme du service national.

Ordre du jour complémentaire

4° Conclusions de la commission des lois sur la proposition de résolution tendant à créer une commission d'enquête pour procéder à un examen approfondi des procédures en vigueur en matière de régularisation des étrangers en situation irrégulière sur le territoire français et pour en évaluer les conséquences économiques et financières (n° 432, 1996-1997).
Jeudi 9 octobre 1997 :
A quinze heures :
1° Questions d'actualité au Gouvernement.
(L'inscription des auteurs de questions devra être effectuée au service de la séance avant onze heures.)

Ordre du jour prioritaire

2° Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes.
Mardi 14 octobre 1997 :
A neuf heures trente :
1° Dix-huit questions orales sans débat (l'ordre d'appel des questions sera fixé ultérieurement) :
- n° 5 de M. René-Pierre Signé à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (Statut des psychologues scolaires) ;

- n° 7 de M. Pierre Hérisson à Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité (Assujettissement des travailleurs frontaliers à la contribution pour le remboursement de la dette sociale) ;

- n° 10 de M. Daniel Hoeffel à M. le ministre de la défense (Reclassement des personnels civils affectés par la réorganisation des forces françaises en Allemagne) ;

- n° 13 de M. Ivan Renar à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation (Principe d'égalité d'accès aux services publics) ;

- n° 14 de M. Louis-Ferdinand de Rocca Serra à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (Maintien des services publics dans les zones en voie de désertification) ;

- n° 16 de Mme Marie-Claude Beaudeau à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Difficultés de préparation des budgets des hôpitaux franciliens) ;

- n° 19 de M. Marcel Vidal à Mme le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement (Gestion des déchets ménagers) ;

- n° 20 de M. Germain Authié à M. le ministre de la fonction publique, de la réforme de l'Etat et de la décentralisation (Traitement des ordures ménagères par les collectivités territoriales) ;

- n° 22 de M. José Balarello à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice (Mise en place d'une cour d'appel à Nice) ;

- n° 24 de M. Philippe Marini à Mme le garde des sceaux, ministre de la justice (Réforme du droit des sociétés commerciales) ;

- n° 26 de M. Léon Fatous à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Retard en matière d'équipement hospitalier dans le département du Pas-de-Calais) ;

- n° 27 de M. Louis Minetti à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche (Difficultés des producteurs de fruits et légumes) ;

- n° 28 de M. Gérard Fayolle à M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement (Liaisons routières en Dordogne) ;

- n° 31 de M. Jacques Valade à M. le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie (Enseignement de l'informatique dans les établissements de second degré et à l'université) ;

- n° 32 de M. Paul Masson à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Situation de l'hôpital de Pithiviers) ;

- n° 33 de M. Franck Sérusclat à M. le secrétaire d'Etat à la santé (Stérilisation volontaire des sujets sains) ;

- n° 37 de M. Georges Mouly à M. le secrétaire d'Etat au budget (Débits de boissons en milieu rural) ;

- n° 39 de M. Philippe Madrelle à M. le ministre de l'agriculture et de la pêche (Maintien en activité du site de production laitière de Carbon-Blanc).

A seize heures :

Ordre du jour prioritaire

2° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion de la République hellénique à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985 entre les gouvernements des Etats de l'Union économique Benelux, de la République fédérale d'Allemagne et de la République française relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes, signée à Schengen le 19 juin 1990, à laquelle ont adhéré la République italienne par l'accord signé à Paris le 27 novembre 1990 et le Royaume d'Espagne et la République portugaise par les accords signés à Bonn le 25 juin 1991 (n° 427, 1996-1997) ;
3° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord d'adhésion de la République d'Autriche à la convention d'application de l'accord de Schengen du 14 juin 1985 entre les gouvernements des Etats de l'Union économique Benelux, de la République fédérale d'Allemagne et de la République française relatif à la suppression graduelle des contrôles aux frontières communes, signée à Schengen le 19 juin 1990, à laquelle ont adhéré la République italienne, le Royaume d'Espagne et la République portugaise, et la République hellénique par les accords signés respectivement le 27 novembre 1990, le 25 juin 1991 et le 6 novembre 1992 (n° 428, 1996-1997) ;
(La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces deux projets de loi, n°s 427 et 428.)
4° Projet de loi autorisant la ratification de la convention sur la base de l'article K 3 du traité sur l'Union européenne portant création d'un office européen de police (ensemble une annexe et quatre déclarations) (n° 363, 1996-1997) ;
5° Projet de loi autorisant la ratification du protocole établi sur la base de l'article K 3 du traité sur l'Union européenne concernant l'interprétation, à titre préjudiciel, par la Cour de justice des Communautés européennes de la convention portant création d'un office européen de police (n° 364, 1996-1997) ;
(La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces deux projets de loi, n°s 363 et 364.)
6° Projet de loi autorisant la ratification de la convention européenne sur la reconnaissance de la personnalité juridique des organisations internationales non gouvernementales (n° 338, 1996-1997) ;
7° Projet de loi autorisant la ratification de la convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (ensemble quatre annexes et deux appendices) (n° 386, 1996-1997) ;
8° Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne concernant la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre la France et l'Espagne (façade méditerranéenne) (n° 201, 1996-1997) ;
9° Projet de loi autorisant l'approbation du protocole additionnel à la convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière des collectivités ou autorités territoriales (ensemble trois déclarations) (n° 371, 1996-1997) ;
10° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République de Croatie sur l'encouragement et la protection réciproques des investissements (n° 342, 1996-1997) ;
11° Projet de loi autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Kenya en vue d'éviter les doubles impositions en matière de transport aérien en trafic international (n° 341, 1996-1997) ;
12° Projet de loi autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République gabonaise en vue d'éviter les doubles impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales (n° 219, 1996-1997) ;
13° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, agissant dans le cadre de l'Union européenne, d'une part, et la République de Slovénie, d'autre part (n° 388, 1996-1997) ;
14° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République de Lituanie, d'autre part (n° 392, 1996-1997) ;
15° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République de Lettonie, d'autre part (n° 393, 1996-1997) ;
16° Projet de loi autorisant la ratification de l'accord européen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs Etats membres, d'une part, et la République d'Estonie, d'autre part (n° 394, 1996-1997).
(La conférence des présidents a décidé qu'il sera procédé à une discussion générale commune de ces trois projets de loi, n°s 392, 393 et 394.)
Mercredi 15 octobre 1997 :
A dix heures et, éventuellement, à quinze heures :

Ordre du jour prioritaire

Troisième lecture du projet de loi, modifié par l'Assemblée nationale en deuxième lecture, d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines (n° 437, 1996-1997).
(La conférence des présidents a fixé au mardi 14 octobre 1997, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.)
Jeudi 16 octobre 1997 :
A neuf heures trente :

Ordre du jour prioritaire

Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi portant réforme du service national.
A quinze heures :
Conclusions de la commission mixte paritaire ou nouvelle lecture du projet de loi portant mesures urgentes à caractère fiscal et financier.
(La conférence des présidents a fixé au mercredi 15 octobre 1997, à dix-sept heures, le délai limite pour le dépôt des amendements à ce projet de loi.)

NOMINATION DE RAPPORTEURS
COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES

M. Bernard Bernadaux a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 391 (1996-1997) de M. Serge Mathieu relative à l'obligation de scolarité.
M. François Lesein a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 406 (1996-1997) de M. Jean-Paul Delevoye et plusieurs de ses collègues tendant à améliorer et compléter la protection des signes et dénominations « olympiques », ainsi que leurs dérivés.



Le Directeur du service du compte rendu intégral, DOMINIQUE PLANCHON QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Création d'un site de stockage d'anciennes munitions

48. - 30 septembre 1997. - M. Jacques Legendre attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur l'émotion créée dans le Cambrésis par l'annonce, le 16 septembre dernier, de son projet de création d'un site de stockage d'anciennes munitions de guerre sur l'aérodrome militaire désaffecté de Cambrai-Niergnies. Il ne s'agit pas d'une contestation du bien-fondé du ramassage et de la collecte des anciennes munitions de guerre. L'Etat est dans son rôle en réorganisant celle-ci. Mais l'ancien aérodrome militaire de Cambrai-Niergnies représente un ensemble foncier de près de 200 hectares que l'armée de l'air avait entrepris de revendre à la communauté de villes de Cambrai et à la chambre de commerce. Un projet de réutilisation en faveur des sports de l'air, d'un centre d'expériences et de recherches universitaires et d'implantations industrielles était en cours d'élaboration. L'installation d'un dépôt de vieilles munitions, même limité à 5 tonnes, stérilisera 30 hectares et dissuadera les investisseurs éventuels de s'installer à proximité. Et c'est donc toute la zone, essentielle pour l'avenir de l'agglomération, qui se trouvera lourdement pénalisée. Il demande donc à M. le ministre de l'intérieur, qui est aussi maire et peut comprendre l'émoi des collectivités locales et de la population, de renoncer en ce lieu à une implantation inacceptable et de faire rechercher ailleurs, dans l'arrondissement de Cambrai ou dans un autre arrondissement, sur un terrain militaire ou sur une friche industrielle spécialisée dans les installations classées, l'installation de ce dépôt d'anciennes munitions.



ANNEXES AU PROCÈS-VERBAL
de la séance
du mercredi 1er octobre 1997


SCRUTIN (n° 1)



sur l'amendement n° 25 rectifié ter, présenté par M. Jean Chérioux et les membres du groupe RPR, tendant à insérer un article additionnel après l'article 1er quinquies du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes (création de contrats de travail de soixante mois dans les entreprises de moins de onze salariés et conditions de leur rupture).

Nombre de votants : 317
Nombre de suffrages exprimés : 317
Pour : 222
Contre : 95

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre : 16.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :

Pour : 16.
Contre : 5. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Mme Joëlle Dusseau.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Girod, qui présidait la séance.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Pour : 94.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Contre : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. René Rouquet (député).

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (59) :

Pour : 58.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. René Monory, président du Sénat.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :

Pour : 45.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :

Pour : 9.

Ont voté pour


Nicolas About
Philippe Adnot
Michel Alloncle
Louis Althapé
Jean-Paul Amoudry
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
Alphonse Arzel
Denis Badré
Honoré Bailet
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Janine Bardou
Michel Barnier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Jean Bernard
Daniel Bernardet
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
François Blaizot
Paul Blanc
Maurice Blin
Annick Bocandé
André Bohl
Christian Bonnet
James Bordas
Didier Borotra
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Jean Boyer
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Michel Caldaguès
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Marcel-Pierre Cleach
Jean Clouet
Jean Cluzel
Henri Collard
Charles-Henri
de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Pierre Croze
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Marcel Daunay
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean Delaneau
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Marcel Deneux
Charles Descours
André Diligent
Jacques Dominati
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
André Dulait
Ambroise Dupont
Hubert Durand-Chastel
Daniel Eckenspieller
André Egu
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Gérard Fayolle
Hilaire Flandre
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Serge Franchis
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Philippe de Gaulle
Patrice Gélard
Jacques Genton
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Jean Grandon
Francis Grignon
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Anne Heinis
Marcel Henry
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Daniel Hoeffel
Jean Huchon
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Jean-Jacques Hyest
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
Bernard Joly
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Jean-Philippe Lachenaud
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Pierre Lagourgue
Alain Lambert
Lucien Lanier
Jacques Larché
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Henri Le Breton
Jean-François Le Grand
Edouard Le Jeune
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Jean-Louis Lorrain
Simon Loueckhote
Roland du Luart
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
René Marquès
Pierre Martin
Paul Masson
François Mathieu
Serge Mathieu
Jacques de Menou
Louis Mercier
Michel Mercier
Lucette Michaux-Chevry
Daniel Millaud
Louis Moinard
Georges Mouly
Philippe Nachbar
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Jean Pépin
Alain Peyrefitte
Bernard Plasait
Régis Ploton
Alain Pluchet
Jean-Marie Poirier
Guy Poirieux
Christian Poncelet
Jean Pourchet
André Pourny
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Henri de Raincourt
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Jacques Rocca Serra
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
Henri Torre
René Trégouët


François Trucy
Alex Türk
Maurice Ulrich
Jacques Valade
André Vallet
Alain Vasselle
Albert Vecten
Robert-Paul Vigouroux
Xavier de Villepin
Serge Vinçon

Ont voté contre


François Abadie
Guy Allouche
Bernard Angels
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Roger Hesling
Roland Huguet
Philippe Labeyrie
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.

Ne peut participer aux travaux du Sénat

(En application de l'article L.O. 137 du code électoral)

M. René Rouquet.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 318
Nombre de suffrages exprimés : 318
Majorité absolue des suffrages exprimés : 160
Pour l'adoption : 223
Contre : 95

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.

SCRUTIN (n° 2)



sur l'ensemble du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, après déclaration d'urgence, relatif au développement d'activités pour l'emploi des jeunes.

Nombre de votants : 313
Nombre de suffrages exprimés : 253
Pour : 136
Contre : 117

Le Sénat a adopté.

ANALYSE DU SCRUTIN


GROUPE COMMUNISTE RÉPUBLICAIN ET CITOYEN (16) :
Contre : 16.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT DÉMOCRATIQUE ET SOCIAL EUROPÉEN (22) :

Pour : 12.
Contre : 5. _ MM. François Abadie, Jean-Michel Baylet, André Boyer, Yvon Collin et Mme Joëlle Dusseau.
Abstentions : 4. _ MM. Georges Berchet, Bernard Joly, Raymond Soucaret et André Vallet.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. Paul Girod, qui présidait la séance.

GROUPE DU RASSEMBLEMENT POUR LA RÉPUBLIQUE (94) :

Pour : 91.
N'ont pas pris part au vote : 3. _ MM. Michel Caldaguès, Hilaire Flandre et Philippe de Gaulle.

GROUPE SOCIALISTE (75) :

Contre : 74.
N'a pas pris part au vote : 1. _ M. René Rouquet (député).

GROUPE DE L'UNION CENTRISTE (59) :

Pour : 12. _ MM. Michel Bécot, Claude Belot, André Egu, Daniel Hoeffel, Claude Huriet, Pierre Lagourgue, Marcel Lesbros, Jacques Machet, Jean Madelain, Kléber Malécot, Jean Pourchet et Albert Vecten.

Contre : 13. _ MM. Jean-Paul Amoudry, Philippe Arnaud, Jean Arthuis, Denis Badré, François Blaizot, André Bohl, Jean-Pierre Cantegrit, Pierre Hérisson, Rémi Herment, Jean Huchon, Jean-Jacques Hyest, Alain Lambert et Michel Mercier.

Abstentions : 32.
N'ont pas pris part au vote : 2. _ M. René Monory, président du Sénat, et M. François Mathieu.

GROUPE DES RÉPUBLICAINS ET INDÉPENDANTS (45) :

Pour : 16. _ Mme Janine Bardou, MM. James Bordas, Joël Bourdin, Philippe de Bourgoing, Louis Boyer, Charles-Henri de Cossé-Brissac, Ambroise Dupont, Jean-Pierre Fourcade, Jean-Marie Girault, Charles Jolibois, Michel Pelchat, Jean Puech, Jean-Pierre Raffarin, Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Bernard Seillier et François Trucy.

Contre : 8. _ MM. Nicolas About, Jean-Claude Carle, Jean Clouet, Mme Anne Heinis, MM. Jacques Larché, Bernard Plasait, Régis Ploton et Guy Poirieux.
Abstentions : 21.

Sénateurs ne figurant sur la liste d'aucun groupe (9) :

Pour : 5.
Contre : 1. _ M. Philippe Adnot.
Abstentions : 3. _ MM. Hubert Durand-Chastel, Jean Grandon et Alex Türk.

Ont voté pour


Michel Alloncle
Louis Althapé
Honoré Bailet
Janine Bardou
Michel Barnier
Michel Bécot
Henri Belcour
Claude Belot
Jean Bernard
Roger Besse
Jacques Bimbenet
Jean Bizet
Paul Blanc
James Bordas
Joël Bourdin
Yvon Bourges
Philippe de Bourgoing
Louis Boyer
Jacques Braconnier
Gérard Braun
Dominique Braye
Paulette Brisepierre
Guy Cabanel
Robert Calmejane
Jean-Pierre Camoin
Auguste Cazalet
Charles Ceccaldi-Raynaud
Gérard César
Jacques Chaumont
Jean Chérioux
Henri Collard
Charles-Henri de Cossé-Brissac
Jean-Patrick Courtois
Charles de Cuttoli
Philippe Darniche
Désiré Debavelaere
Luc Dejoie
Jean-Paul Delevoye
Jacques Delong
Fernand Demilly
Christian Demuynck
Charles Descours
Michel Doublet
Alain Dufaut
Xavier Dugoin
Ambroise Dupont
Daniel Eckenspieller
André Egu
Gérard Fayolle
Jean-Pierre Fourcade
Alfred Foy
Philippe François
Jean François-Poncet
Yann Gaillard
Patrice Gélard
Alain Gérard
François Gerbaud
Charles Ginésy
Jean-Marie Girault
Daniel Goulet
Alain Gournac
Adrien Gouteyron
Georges Gruillot
Jacques Habert
Hubert Haenel
Emmanuel Hamel
Daniel Hoeffel
Bernard Hugo
Jean-Paul Hugot
Claude Huriet
Roger Husson
Pierre Jeambrun
Charles Jolibois
André Jourdain
Alain Joyandet
Christian de La Malène
Pierre Laffitte
Jean-Pierre Lafond
Pierre Lagourgue
Lucien Lanier
Gérard Larcher
Edmond Lauret
René-Georges Laurin
Jean-François Le Grand
Dominique Leclerc
Jacques Legendre
Guy Lemaire
Marcel Lesbros
François Lesein
Maurice Lombard
Simon Loueckhote
Jacques Machet
Jean Madelain
Kléber Malécot
André Maman
Philippe Marini
Pierre Martin
Paul Masson
Jacques de Menou
Lucette Michaux-Chevry
Georges Mouly
Lucien Neuwirth
Nelly Olin
Paul d'Ornano
Joseph Ostermann
Georges Othily
Jacques Oudin
Sosefo Makapé Papilio
Charles Pasqua
Michel Pelchat
Alain Peyrefitte
Alain Pluchet
Christian Poncelet
Jean Pourchet
Jean Puech
Jean-Pierre Raffarin
Jean-Marie Rausch
Victor Reux
Roger Rigaudière
Jean-Jacques Robert
Louis-Ferdinand de Rocca Serra
Josselin de Rohan
Michel Rufin
Jean-Pierre Schosteck
Maurice Schumann
Bernard Seillier
Louis Souvet
Martial Taugourdeau
René Trégouët
François Trucy
Maurice Ulrich
Jacques Valade
Alain Vasselle
Albert Vecten
Robert-Paul Vigouroux
Serge Vinçon

Ont voté contre


François Abadie
Nicolas About
Philippe Adnot
Guy Allouche
Jean-Paul Amoudry
Bernard Angels
Philippe Arnaud
Jean Arthuis
François Autain
Germain Authié
Robert Badinter
Denis Badré
Jean-Michel Baylet
Marie-Claude Beaudeau
Jean-Luc Bécart
Maryse Bergé-Lavigne
Jean Besson
Pierre Biarnès
Danielle Bidard-Reydet
François Blaizot
André Bohl
Marcel Bony
Nicole Borvo
André Boyer
Jean-Pierre Cantegrit
Jean-Claude Carle
Jean-Louis Carrère
Robert Castaing
Francis Cavalier-Benezet
Monique Cerisier-ben Guiga
Gilbert Chabroux
Michel Charasse
Marcel Charmant
Michel Charzat
William Chervy
Jean Clouet
Yvon Collin
Raymond Courrière
Roland Courteau
Marcel Debarge
Bertrand Delanoë
Gérard Delfau
Jean-Pierre Demerliat
Jean Derian
Dinah Derycke
Rodolphe Désiré
Marie-Madeleine Dieulangard
Michel Dreyfus-Schmidt
Michel Duffour
Josette Durrieu
Bernard Dussaut
Joëlle Dusseau
Claude Estier
Léon Fatous
Guy Fischer
Aubert Garcia
Claude Haut
Anne Heinis
Pierre Hérisson
Rémi Herment
Roger Hesling
Jean Huchon
Roland Huguet
Jean-Jacques Hyest
Philippe Labeyrie
Alain Lambert
Jacques Larché
Dominique Larifla
Pierre Lefebvre
Guy Lèguevaques
Claude Lise
Paul Loridant
Hélène Luc
Philippe Madrelle
Jacques Mahéas
Michel Manet
Marc Massion
Pierre Mauroy
Georges Mazars
Jean-Luc Mélenchon
Michel Mercier
Louis Minetti
Gérard Miquel
Michel Moreigne
Jean-Baptiste Motroni
Robert Pagès
Jean-Marc Pastor
Guy Penne
Daniel Percheron
Jean Peyrafitte
Jean-Claude Peyronnet
Louis Philibert
Bernard Piras
Bernard Plasait
Régis Ploton
Guy Poirieux
Danièle Pourtaud
Gisèle Printz
Roger Quilliot
Jack Ralite
Paul Raoult
René Régnault
Ivan Renar
Roger Rinchet
Michel Rocard
Gérard Roujas
André Rouvière
Claude Saunier
Michel Sergent
Franck Sérusclat
René-Pierre Signé
Fernand Tardy
Odette Terrade
Paul Vergès
André Vezinhet
Marcel Vidal
Henri Weber

Abstentions


Alphonse Arzel
José Balarello
René Ballayer
Bernard Barbier
Bernard Barraux
Jacques Baudot
Georges Berchet
Jean Bernadaux
Daniel Bernardet
Maurice Blin
Annick Bocandé
Christian Bonnet
Didier Borotra
Jean Boyer
Marcel-Pierre Cleach
Jean Cluzel
Pierre Croze
Marcel Daunay
Jean Delaneau
Marcel Deneux
André Diligent
Jacques Dominati
André Dulait
Hubert Durand-Chastel
Jean-Paul Emin
Jean-Paul Emorine
Hubert Falco
Pierre Fauchon
Jean Faure
Serge Franchis
Jacques Genton
Jean Grandon
Francis Grignon
Marcel Henry
Bernard Joly
Jean-Philippe Lachenaud
Henri Le Breton
Edouard Le Jeune
Jean-Louis Lorrain
Roland du Luart
René Marquès
Serge Mathieu
Louis Mercier
Daniel Millaud
Louis Moinard
Philippe Nachbar
Jean Pépin
Jean-Marie Poirier
André Pourny
Henri de Raincourt
Charles Revet
Henri Revol
Philippe Richert
Jacques Rocca Serra
Raymond Soucaret
Michel Souplet
Henri Torre
Alex Türk
André Vallet
Xavier de Villepin

N'ont pas pris part au vote


MM. Michel Caldaguès, Hilaire Flandre, Philippe de Gaulle et François Mathieu.

N'ont pas pris part au vote


MM. René Monory, président du Sénat, et Paul Girod, qui présidait la séance.

Ne peut participer aux travaux du Sénat

(En application de l'article L.O. 137 du code électoral)

M. René Rouquet.


Les nombres annoncés en séance avaient été de :
Nombre de votants : 314
Nombre de suffrages exprimés : 254
Majorité absolue des suffrages exprimés : 128
Pour l'adoption : 137
Contre : 117

Mais, après vérification, ces nombres ont été rectifiés conformément à la liste ci-dessus.