SOMMAIRE


PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE

1. Procès-verbal (p. 0 ).

2. Pêche maritime et cultures marines. - Adoption d'un projet de loi en deuxième lecture (p. 1 ).
Discussion générale : MM. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation ; Josselin de Rohan, rapporteur de la commission des affaires économiques ; Michel Sergent, Félix Leyzour.
Clôture de la discussion générale.

Article 1er (p. 2 )

Amendement n° 14 de M. Leyzour. - MM. Félix Leyzour, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Amendement n° 9 de M. Sergent. - MM. Michel Sergent, le rapporteur, le ministre. - Rejet.
Adoption de l'article.

Article additionnel après l'article 1er (p. 3 )

Amendement n° 15 de M. Leyzour. - MM. Félix Leyzour, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Articles 2 et 3. - Adoption (p. 4 )

Article additionnel après l'article 3 (p. 5 )

Amendement n° 10 de M. Sergent. - MM. Michel Sergent, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Article additionnel avant l'article 4 (p. 6 )

Amendement n° 16 de M. Leyzour. - MM. Félix Leyzour, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Article 4. - Adoption (p. 7 )

Article additionnel après l'article 4 (p. 8 )

Amendement n° 17 de M. Leyzour. - MM. Félix Leyzour, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Articles 5, 7, 7 bis et 9 bis. - Adoption (p. 9 )

Article 10 (p. 10 )

Amendement n° 12 de M. Doublet. - MM. Michel Doublet, le rapporteur, le ministre. - Retrait.
Amendement n° 13 de M. Doublet. - MM. Michel Doublet, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 21 du Gouvernement. - M. le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 11 (p. 11 )

Amendements n°s 22 du Gouvernement et 19 de M. Darniche. - MM. Le ministre, Jacques Habert, le rapporteur. - Adoption de l'amendement n° 22, l'amendement n° 19 devenant sans objet.
Adoption de l'article modifié.

Article 12 (p. 12 )

Amendement n° 23 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 13 (supprimé) (p. 13 )

Article 14 (p. 14 )

Amendements n°s 24 du Gouvernement et 11 de M. Sergent. - MM. le ministre, Michel Sergent, le rapporteur. - Adoption de l'amendement n° 24, l'amendement n° 11 devenant sans objet.
Amendement n° 25 du Gouvernement. - M. le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 15 (p. 15 )

Amendement n° 1 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Amendement n° 26 du Gouvernement. - Retrait.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel après l'article 15 (p. 16 )

Amendement n° 2 rectifié de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement insérant un article additionnel.

Article 17 bis. - Adoption (p. 17 )

Article 18 (p. 18 )

Amendement n° 3 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article additionnel avant l'article 20 (p. 19 )

Amendement n° 18 de M. Leyzour. - MM. Félix Leyzour, le rapporteur, le ministre. - Rejet.

Article 21. - Adoption (p. 20 )

Article 22 bis (p. 21 )

Amendement n° 4 de la commission. - MM. le rapporteur, le ministre. - Adoption de l'amendement supprimant l'article.

Article 25 (p. 22 )

Amendement n° 5 de la commission. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 26. - Adoption (p. 23 )

Article 27 bis (p. 24 )

Amendements identiques n°s 6 de la commission et 8 de M. Doublet. - MM. le rapporteur, Michel Doublet, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Articles 29 bis A et 30 A. - Adoption (p. 25 )

Article 30 (p. 26 )

Amendement n° 20 rectifié bis de M. Darniche. - MM. Jacques Habert, le rapporteur, le ministre. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 31 (p. 27 )

Amendement n° 7 de la commission. - Adoption.
Amendement n° 27 du Gouvernement. - MM. le ministre, le rapporteur. - Adoption.
Adoption de l'article modifié.

Article 35. - Adoption (p. 28 )

Vote sur l'ensemble (p. 29 )

MM. Michel Doublet, Emmanuel Hamel, Félix Leyzour, Michel Sergent, Jacques Machet, Jacques Habert, le rapporteur, le ministre.
Adoption du projet de loi.

3. Ordre du jour (p. 30 ).



COMPTE RENDU INTÉGRAL

PRÉSIDENCE DE M. JEAN FAURE
vice-président

M. le président. La séance est ouverte.

(La séance est ouverte à onze heures.)

1

PROCÈS-VERBAL

M. le président. Le compte rendu analytique de la précédente séance a été distribué.
Il n'y a pas d'observation ?...
Le procès-verbal est adopté sous les réserves d'usage.

2

PÊCHE MARITIME ET CULTURES MARINES

Adoption d'un projet de loi en deuxième lecture

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion en deuxième lecture du projet de loi (n° 244, 1996-1997), modifié par l'Assemblée nationale, d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines. [Rapport n° 269 (1996-1997).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, le projet de loi sur la pêche et les cultures marines que le Sénat a adopté en première lecture au mois de novembre n'a pas subi, comme vous avez pu le constater, de modifications majeures lors de son examen par l'Assemblée nationale.
Avant d'y revenir, vous me permettrez d'évoquer un sujet d'actualité essentiel pour la pêche : je veux parler du plan d'orientation pluriannuel, le POP IV, dont les discussions viennent de se conclure avant-hier, à l'occasion du conseil des ministres européens de la pêche.
Certes, ce compromis a été adopté contre l'avis de la France puisque celle-ci a voté contre. Pour autant, je voudrais insister sur le rôle prépondérant que nous avons joué dans les négociations difficiles qui se sont déroulées pendant un an.
Vous connaissez la proposition initiale de la Commission, qui était de réduire de 30 à 40 % notre capacité de pêche. Vous savez aussi - j'ai eu l'occasion de m'en expliquer devant vous - que, dès le début, j'ai contesté sur le fond comme sur la forme, mais particulièrement sur le fond, l'approche de la Commission.
Il n'était pas acceptable, en effet, de traduire de façon mécanique une analyse fondée sur la situation de quelques espèces et d'en déduire un taux de réduction des flottes identique pour tous les Etats membres. Cela revenait à ne tenir aucun compte des caractéristiques de polyvalence et de pluri-spécificité de notre flotte française.
Je constate aujourd'hui que les arguments que nous avons développés tout au long de cette négociation ont finalement porté non seulement auprès de nombreux Etats membres, mais aussi auprès de la Commission, qui a reconsidéré sa position.
Le compromis qui a été voté avant-hier marque un progrès essentiel par rapport aux POP antérieurs et plus encore par rapport aux propositions initiales de la Commission.
En effet, il reconnaît la polyvalence de la flotte puisqu'il prend en compte l'ensemble des espèces pêchées, et non pas quelques espèces seulement considérées comme surexploitées, pour déterminer le taux de réduction. En outre, vous savez que plus de 50 % de nos captures correspondent à des espèces qui ne sont pas soumises à quotas et dont les stocks ne sont pas menacés.
Cet enjeu était majeur. Il a été pleinement pris en compte, ce qui, pour la France, a permis de réduire considérablement les objectifs initiaux de la Commission.
Au-delà, pour que votre information soit tout à fait complète, je voudrais ajouter deux précisions concernant la durée du POP, d'une part, et l'exclusion de certains navires, d'autre part.
Le POP IV sera étalé sur cinq ans.
Vous savez qu'au départ on nous proposait une durée de trois ans, ce qui revenait en fait à trois ans et demi.
En 1999, le Conseil - et non la Commission, j'insiste sur ce point - procédera à une évaluation à partir des résultats de la première période d'application.
Sur la base de cette évaluation, une éventuelle adaptation du programme pourra être décidée par le Conseil en fonction de l'état des stocks et, surtout, en fonction des ressources financières disponibles pour le renouvellement de la flotte de pêche.
N'oublions pas, mesdames, messieurs les sénateurs, que, dans cette affaire, étaient également en jeu les aides à la modernisation de notre flotte, dont nous ne pouvions plus jusqu'à présent bénéficier. Pour l'évolution future du POP, il faudra tenir compte des aides qui sont mises à la disposition de la France, comme des autres Etats membres.
Cette précision est particulièrement importante pour l'avenir des fonds structurels après 1999, donc pour la capacité financière de la Communauté à intervenir sur les plans de sortie de flottes en matière d'aide à la modernisation ou au renouvellement.
La deuxième précision a trait au champ d'application du POP.
Celui-ci offre la possibilité d'exclure de tout engagement de réduction d'effort de pêche la flotte côtière non chalutière dont la longueur n'excède pas douze mètres. Cet acquis est important. Il sera notamment apprécié dans les départements d'outre-mer.
Pour autant, cette flotte ne devra pas augmenter globalement, sauf pour des raisons liées à la sécurité des navires et des marins.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je comprendrais parfaitement qu'à ce stade de mon propos vous me demandiez pourquoi, dans ces conditions, la France a été amenée à voter contre l'adoption de ce plan. C'est d'ailleurs un propos qui m'a été tenu par le président de la commission, par Mme Bonino et par les représentants d'un certain nombre d'Etats membres. Nous avons tenu compte de la plus grande partie des demandes pressantes de la France, m'ont-ils dit, et malgré cela vous avez voté contre ce POP. Pourquoi ?
La réponse est simple : les taux de réduction proposés sont encore trop élevés par rapport aux équilibres atteints par nos différentes flottes. J'aurais préféré une approche plus modérée dans son ampleur, même si le résultat, comme je viens de le dire, est, heureusement considérablement inférieur aux propositions initiales.
Je ne peux pas encore, aujourd'hui, indiquer très précisément les conséquences chiffrées de ce POP. Le chiffrage précis dépendra en effet des modalités de répartition de l'effort de réduction selon les différentes flottilles françaises, travail qui doit être engagé en étroite concertation avec les professionnels, les régions, et qui doit donner lieu à discussion avec la Commission puisque celle-ci approuve les POP nationaux.
Cela étant, et selon une première approximation, la réduction sur cinq ans peut être évaluée à quelque 60 000 kilowatts, chiffre à comparer aux 110 000, voire 115 000 kilowatts prévus initialement sur une période inférieure à trois ans ; en gros, cela nous amenait à réduire de 40 000 kilowatts par an la puissance de notre flotte de pêche, alors que cette baisse approchera dès lors 10 000 kilowatts par an. Rendez-vous compte de l'importance de l'allègement de l'effort qui nous est demandé !
La réduction totale, sur une période de cinq ans, atteindra donc 60 000 kilowatts, sur les 950 000 à 960 000 kilowatts que compte la flotte française actuellement.
Je signale que à la différence de ce que prévoyaient les POP précédents, une partie de cette réduction de 60 000 kilowatts pourra être obtenue par gestion de l'effort de pêche.
Il s'agit donc de 60 000 kilowatts théoriques ; la réduction réelle de capacité ne sera pas nécessairement de cette ampleur.
Je me tiens bien entendu à votre entière disposition, mesdames, messieurs les sénateurs, pour vous informer de l'évolution de ce dossier en l'instant, je dirai seulement que, voilà un an, on parlait d'une réduction de 30 % à 40 % de la capacité de la flotte de pêche française, alors que nous en sommes aujourd'hui - retenez bien ce chiffre - à environ 6 %. Je dis bien 6 % - ce n'est pas deux fois cinq, c'est deux fois deux (Sourires.) - car il semblerait que certains aient parfois mal compris.
Nous allons maintenant nous préparer à négocier au mieux notre POP national, parce que, même si nous avons voté contre, le quatrième POP s'appliquera.
Je rappelle que son adoption a comme conséquence le rétablissement des aides européennes, notamment en ce qui concerne la modernisation des flottes.
J'ai entendu hier - la vie de ministre, y compris dans des enceintes parlementaires, revêt quelquefois des aspects un peu comiques - que la France avait certes voté contre mais que ce n'était pas assez et qu'elle aurait dû voter deux fois, trois fois, quatre fois contre !
Je suppose, mesdames, messieurs les sénateurs, que les élus locaux qui sont parmi vous ont le plus grand respect pour la démocratie : qu'ils soient conseillers municipaux, voire maires, même s'ils sont certains d'avoir raison de défendre tel budget ou telle mesure importante, si les autres membres du conseil municipal prennent une position radicalement inverse, ils pourront se rouler par terre, faire de grands moulinets avec les bras, c'est la loi du nombre qui s'appliquera.
Dans l'affaire qui nous occupe, la majorité approuvera - je l'espère tout au moins -, l'opposition dira qu'on aurait pu faire mieux, c'est tout à fait normal.
Pour ma part, je pense que la France, en ayant maintenu le cap de la fermeté, montré sa détermination sans faille, sans reculer à aucun moment, a réussi à obtenir l'élaboration d'un POP qui nous permettra, je le dis avec beaucoup de solennité, de préserver les capacités de nos flottes sur l'ensemble des côtes françaises.
Monsieur le président, mesdames messieurs les sénateurs, j'en viens maintenant au projet de loi d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines qui nous réunit aujourd'hui.
Je l'ai dit, l'Assemblée nationale n'a pas profondément modifié le texte que vous aviez adopté en première lecture : plus de vingt articles ont été adoptés conformes.
Quant aux modifications qui sont intervenues et que nous aurons l'occasion d'évoquer lors de la discussion des articles, elles n'altèrent pas l'équilibre général du texte. Je me permettrai donc, à ce stade, d'évoquer simplement quelques points parmi les plus importants.
S'agissant d'abord de l'application aux navires de pêche du dispositif du fonds commun de placement quirataire, destinée à faciliter l'installation des jeunes patrons-pêcheurs - pour faire simple, je l'appellerai le quirat « installation », - vous aviez bien voulu, monsieur le rapporteur, lors de la première lecture, retirer votre amendement pour laisser au Gouvernement le temps d'obtenir l'accord de Bruxelles.
J'avais donc saisi immédiatement la Commission de ce dispositif. Celle-ci nous a alors demandé de confirmer la prise en compte de cette aide dans le calcul de l'encadrement subvention et le respect des lignes directrices communautaires pour les aides à la flotte.
Cet échange avec la Commission a allongé les procédures et je suis intervenu personnellement à deux reprises auprès de Mme Bonino pour que les délais d'examen de la Commission soient compatibles avec notre propre calendrier législatif. Ce n'était pas simple, vous vous en doutez, au moment où nous avions parallèlement une délicate discussion sur le POP, car la position française dans cette discussion n'avait pas vraiment l'heur de plaire à la Commission.
Je reviendrai sur cette question lors de la discussion des articles.
S'agissant maintenant du fameux quota hopping, vous avez été très nombreux à exprimer vos inquiétudes sur les détournements de quotas que permet le contrôle de navires français par des capitaux européens.
Je partage bien évidemment ces inquiétudes mais, vous le savez, c'est une question d'une très grande complexité juridique, qui met en cause des principes fondamentaux de l'Union européenne : d'un côté, la liberté d'établissement, de l'autre, la gestion nationale des quotas.
Une première initiative avait été prise par la France en 1996, avec la modification des règles de francisation. Toutefois, le développement de ce phénomène m'a conduit à saisir la Commission de la possibilité de mieux lier l'accès aux quotas nationaux et aux licences à la vérification d'un lien substantiel avec le territoire national. J'attends la réponse de la Commission sur ce point.
Je voudrais, enfin, évoquer un autre sujet très largement débattu, le statut du conjoint, question également complexe, à laquelle le projet de loi a cependant déjà apporté quelques réponses.
Il en est ainsi en matière de représentation des intérêts économiques des entreprises, qu'il s'agisse d'un armement maritime ou d'une entreprise conchylicole. En effet, l'inscription de l'entreprise au registre du commerce ou le code rural donnent, dans les deux cas, cette possibilité au conjoint.
Il en est de même en matière de crédit d'impôt-formation, dispositif ouvert par la loi Madelin du 11 février 1994.
C'est donc, en définitive, sur le statut social, en particulier en matière de retraite, que se posent les problèmes les plus difficiles à résoudre.
La question a été réglée pour la conchyliculture par le biais d'un amendement gouvernemental transposant à l'Etablissement national des invalides de la marine, l'ENIM, le dispositif prévu par la mutualité sociale agricole. Je sais cependant que, pour répondre véritablement à ce problème, il nous faudra nous pencher sur l'âge de la retraite.
Quant au statut du conjoint pêcheur, le sujet est encore beaucoup plus délicat, car il n'y a pas d'embarquement et, par conséquent, pas de travail effectué à bord du navire. Je me suis toutefois engagé devant l'Asemblée nationale à faire le point sur ce sujet dès que je le pourrais et, dans cette perspective, j'ai demandé à l'inspection générale de l'agriculture de conduire une première réflexion rapide sur ce dossier.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, j'ai souhaité apporter un éclairage particulier sur un point essentiel de l'actualité et sur quelques aspects parmi les plus importants du texte qui vous est présenté. Si les différents problèmes que j'ai évoqués peuvent trouver une réponse législative, ce projet de loi réalisera son ambition, qui est d'offrir au secteur des pêches et des cultures marines un cadre juridique, économique et social rénové. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Josselin de Rohan, rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'Assemblée nationale a débattu les 4 et 5 mars dernier du projet de loi d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines.
Comme vous venez l'indiquer, monsieur le ministres quelques modifications ont été apportées au texte voté par le Sénat en première lecture, mais, dans l'ensemble, l'économie générale du dispositif adoptée par la Haute Assemblée a été respectée et globalement approuvée.
Je me félicite d'ailleurs de la manière dont se sont déroulés les débats au Palais-Bourbon : elle prouve que nous n'avions pas trop mal travaillé en première lecture.
Monsieur le ministre, vous venez d'évoquer amplement les résultats des discussions qui se sont récemment déroulées à Bruxelles à propos de l'adoption du POP IV.
Nous enregistrons avec beaucoup de satisfaction les résultats que vous avez pu obtenir. Nous savons que, dans cette bataille difficile, vous avez fait preuve avec la délégation française de beaucoup de ténacité et d'habileté.
Ainsi, l'essentiel de notre capacité de pêche a été préservé, alors que, au départ, étaient prévues des réductions beaucoup plus importantes de notre flotte de pêche, réductions qui n'auraient pas manqué d'entraîner des cessations d'activité non seulement dans le secteur de la pêche proprement dit mais aussi dans l'ensemble de la filière. On imagine sans mal les conséquences très défavorables qui se seraient dès lors fait sentir pour toute l'économie du littoral.
Nous devons donc nous réjouir, mes chers collègues, même si nous avons voté contre la résolution, des résultats qui ont été obtenus, sachant que M. le ministre a eu avec Mme Bonino un dialogue parfois animé.
Je voudrais d'ailleurs, au passage, rendre hommage à la conscience dont fait preuve Mme Bonino dans la défense des intérêts communautaires, même s'il nous arrive de ne pas être d'accord avec elle.
Cela étant, la Commission doit comprendre que l'on ne peut pas appliquer des règles uniformes de réduction pour toutes les espèces et que le modèle de l'Europe du Nord n'est pas transposable à toutes les activités de pêche présentes dans l'Union européenne. Heureusement, cette vision qui est un peu trop celle de la Commission a été, en l'occurrence contredite.
En ce qui concerne le quota hopping, je me félicite de la réflexion qui est engagée à Bruxelles pour éviter ce qui est un véritable détournement de procédure. En effet, en acquérant des navires français et les droits qui leur sont attachés, un certain nombre d'intérêts n'ont pas du tout pour objectif de travailler pour la pêche française : il ne s'agit pour eux que de transférer dans leur propre pays des droits qui nous sont acquis.
Si l'on ne trouve pas de solution à ce problème très délicat, j'en suis persuadé, nous allons au devant de conflits très sérieux parce que les populations maritimes, et singulièrement les pêcheurs, ne peuvent pas accepter cette pratique qui constitue un véritable abus.
Je me réjouis donc de la fermeté dont vous faites preuve en la matière, monsieur le ministre. Croyez bien que notre soutien vous est acquis dans l'action que vous menez sur ce point.
J'en reviens maintenant au projet de loi.
A titre liminaire, il est important de préciser que vingt articles ont été adoptés conformes par l'Assemblée nationale.
J'évoquerai brièvement les modifications les plus importantes.
A l'article 5, relatif aux sanctions administratives applicables aux infractions à la réglementation des pêches, la procédure de sanction a été allégée en déconcentrant le pouvoir de décision au niveau du préfet de région territorialement compétent.
A l'article 7, qui porte sur la loi du 5 juillet 1983 relative au régime de la saisie, trois modifications ont été adoptées : deux concernent l'autorité compétente pour opérer la saisie, la troisième rend applicable la procédure de saisie dans les îles éparses de l'océan Indien.
A l'article 9 bis , qui traite du rapport sur la situation des conjoints des patrons pêcheurs, disposition introduite par le Sénat, l'Assemblée nationale a réduit le délai de présentation de ce rapport de deux ans à six mois. Il est en effet urgent de régler ce délicat problème. Je me félicite, monsieur le ministre, des propos que vous avez tenus sur ce point, et je sais que les professionnels et vos services travaillent en ce moment activement sur ce dossier.
Il s'agit d'une mesure d'équité vis-à-vis des femmes de pêcheur qui participent véritablement à l'entreprise sur tous les plans mais qui ne peuvent pas bénéficier des dispositions dont jouissent à l'heure actuelle les conjoints d'exploitants agricoles, alors qu'il s'agit d'un problème relativement connexe, même si les femmes de patron pêcheur n'embarquent pas ; d'où la difficulté.
Je pense que, avec de l'imagination et de la bonne volonté, on finira par trouver une solution à ce problème qui nous préoccupe baucoup.
Deux modifications ont été adoptées à l'article 10, relatif à la définition de la société de pêche : la première définit la notion de société à responsabilité limitée comme une société de pêche artisanale ; la seconde consiste à ne pas limiter le bénéfice de la nouvelle forme de société aux copropriétaires majoritaires mais à l'étendre aux locataires gérants.
A l'article 12, relatif à l'exonération du paiement de la taxe professionnelle, la date limite d'exonération du paiement de la taxe professionnelle a été repoussé de l'année 2003 à l'année 2005.
En ce qui concerne l'article 14, sur l'étalement des plus-values de cession, l'Assemblée nationale a souhaité assouplir les conditions de réinvestissement qui permettent de bénéficier de l'étalement des plus-values sur la vente d'un navire, en les étendant au cas d'achat d'un navire plus petit ou moins cher.
Au titre V, concernant les cultures marines, un article 27 bis a été introduit, qui vise à accorder aux conjoints de conchyliculteur une allocation de retraite viagère.
Au titre VI, relatif à la modernisation des relations sociales, l'Assemblée nationale a étendu le champ de la « loi Robien » aux secteurs de la pêche et des cultures marines ainsi qu'à l'ensemble des entreprises d'armement maritime, à la demande du Gouvernement.
Tel qu'il a été modifié par l'Assemblée nationale, le présent projet de loi n'a pas appelé d'observations majeures de la part de la commission des affaires économiques.
Celle-ci a tenu à réaffirmer son soutien au dispositif du projet de loi, et ce pour trois raisons essentielles.
Tout d'abord, le texte, qui a fait l'objet d'une concertation très approfondie avec les professionnels, offre une vision globale de la pêche et des cultures marines en France.
Ensuite, ce projet, tout en s'inscrivant dans le respect du cadre européen de la politique communautaire de la pêche, est soucieux de préserver la spécificité et la richesse de notre patrimoine marin.
Enfin, ce dispositif global met en place une législation moderne pas rapport à celle de nos voisins européens.
Outre quelques amendements de précision et d'ordre rédactionnel, la commission des affaires économiques propose, sur certaines des nouvelles dispositions introduites par l'Assemblée nationale, soit de les compléter, soit d'en revenir au texte adopté par la Haute Assemblée en première lecture, notamment en matière d'aide à la première installation.
En outre, elle vous proposera, mes chers collègues, d'adopter à nouveau un amendement instituant des fonds de placement quirataire afin d'encourager l'autofinancement dans ce secteur.
Avant de conclure, j'évoquerai deux points sur lesquels je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous m'apportiez, au cours de nos débats, des précisions.
Le premier concerne la possibilité d'extension des contrats d'apprentissage au secteur de la pêche et des cultures marines, très attendue par les professionnels.
Le second a trait à l'impossibilité dans lequelle se trouvent actuellement les chefs d'entreprise de cultures marines cotisant à l'ENIM de déduire de leur bénéfice leurs cotisations de retraites complémentaires facultatives, alors que d'autres catégories professionnelles jouissent d'une telle faculté.
Sous le bénéfice des observations qui précèdent et des amendements qu'elle vous proposera, la commission des affaires économiques vous demande, mes chers collègues, d'adopter le présent projet de loi. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. Sergent.
M. Michel Sergent. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la gestion française des pêches s'inscrit ou se définit dans le cadre d'une politique économique générale et se caractérise principalement par une problématique relevant de la compétence communautaire.
L'avenir de la pêche française passe non seulement par l'affirmation de la politique gouvernementale en la matière, mais aussi par la mise en place d'une véritable négociation et d'une ambitieuse perspective maritime européenne. L'« Europe bleue » doit désormais se draper d'une politique sociale qui lui manque depuis déjà trop longtemps.
La politique commune des pêches n'a de sens que si elle se réfère à une ambition de justice et d'équité. L'harmonisation suppose la transparence et la saine concurrence.
A ce titre, j'insisterai sur les détournements des quotas ; je pense au fameux quota hopping que vous avez évoqué, monsieur le ministre, et dont M. le rapporteur se faisait l'écho voilà un instant. Nous savons, monsieur le ministre, que la marge de manoeuvre politique et juridique est étroite, très étroite. Que faire, donc, par rapport à ce phénomène complexe et difficilement gérable du fait de ses implications ?
L'idée de ne plus lier l'accès à la ressource au pavillon pourrait être évoquée. Mais elle déboucherait tout droit sur des quotas individuels transférables. Cette piste semble difficilement envisageable, du moins tant qu'il existe un déséquilibre aussi important entre la flotille et la ressource disponible.
Reste la voie juridique. Tout le problème est de savoir comment garantir la stabilité relative et éviter le contournement de la politique de réduction des flotilles.
Il faut, en définitive, accréditer l'idée qu'il existe un lien entre l'activité des navires et la population dépendante de la pêche dans un port.
Au-delà d'une remise en cause de l'appropriation des quotas nationaux par des armements mixtes communautaires, c'est toute une déstructuration à la fois sociale et économique qui s'opère dans la pêche industrielle et semi-industrielle.
S'il est difficile de mettre à plat le problème dans le cadre du POP IV, il conviendra de poser la question et de trouver des solutions lors de la renégociation de la politique commune des pêches en 2002. En attendant, nous comptons sur votre vigilance, monsieur le ministre, pour suivre très attentivement ce dossier sur lequel repose l'avenir de notre pêche hauturière.
Je reviens maintenant sur un sujet particulièrement délicat et, dans le prolongement de mes propos, je souhaite insister sur l'activité des pêches industrielles. Je perçois très bien la finalité de la réforme du marché des produits de la mer.
Je comprends, par conséquent, le désir d'assurer une stabilité des marchés, voire la mise en place d'une nouvelle mécanique devant favoriser une hausse des prix. La création de l'office interprofessionnel des produits de la mer, l'OFIMER, et les prérogatives qui y sont rattachées devraient aller en ce sens.
Monsieur le ministre, je suis votre raisonnement que j'approuve dans ses lignes directrices. Mais est-ce suffisant ? Je ne le crois pas. Il faudra un jour se pencher sur l'avenir de la pêche industrielle et semi-industrielle. A ce titre, j'ai déposé un amendement visant à l'élaboration d'un rapport sur ces deux segments d'activité.
Elu de la région boulonnaise, vous comprendrez aisément que je souhaite non pas simplement m'attarder sur ces métiers, mais aussi et surtout mettre en avant la fragilité d'un secteur toujours remis en cause.
Aujourd'hui et de manière solennelle, je souhaite vous interpeller à propos des difficultés que connaît actuellement la première place du poisson frais en France : Boulogne-sur-Mer. Après un an et demi de calme relatif dans la pêche industrielle boulonnaise, le ton semble monter. Se pose le problème jumelé de l'éloignement des zones de pêche et des rémunérations.
Le système de déchargement à l'étranger compatible avec les aspirations familiales et les exigences salariales des équipages ne vaut que pour les navires travaillant dans les grands fonds de l'Ouest. Mais qu'en est-il de l'avenir de cette flotte industrielle qui exploite la mer du Nord et qui subit régulièrement la modicité du prix de vente de certaines espèces comme le lieu noir ?
Les équipages peuvent-ils légitimement se contenter du salaire minimum garanti, soit 8 117 francs brut ? Quant aux armateurs, peuvent-ils assurer une exploitation saine et stabilisée dans le cadre d'une politique communautaire des pêches qui fait l'objet d'une remise en cause continue et du non-respect des plans d'orientation pluriannuels ?
Considérons simplement la situation : s'agissant de la pêche industrielle française, le plus gros armement mixte est Pescanova, qui a racheté, au début, dix-sept bateaux. Dhellemmes, à Concarneau, a vendu ses parts au Néerlandais Jacson. Les Néerlandais ont également des parts dans France-Pélagique.
Actuellement, en dehors du thon, il ne reste plus que les Boulonnais Nord Pêcheries et Le Garrec, et Nicot à Concarneau. Tous les autres armements ont disparu ou sont à capitaux hollandais ou espagnols. Voilà la réalité, la triste réalité ! Il faudra, avant qu'il soit trop tard, prendre des mesures d'urgence pour revitaliser cette activité.
Le plan Etat-région permet ainsi à la flotte boulonnaise de souffler un peu et de moderniser l'appareil de production. Mais il faut beaucoup plus d'ambition pour assurer la pérennité d'une activité fondamentale pour l'économie boulonnaise. De la stabilité de la débarque industrielle dépend, ce n'est pas à vous que je l'apprendrai, monsieur le ministre, l'avenir industrialo-portuaire de Capécure.
Notre pêche industrielle doit se profiler dans une perspective délicate. Les rendements de pêche dans les eaux communautaires sont insuffisants, compte tenu de la manière dont est gérée la mer communautaire. De plus, les armateurs sont concurrencés sur le marché par des flottes qui ont accès à des zones de pêche beaucoup plus généreuses, avec des meilleurs rendements et donc une plus grande rentabilité.
La pêche industrielle que je pourrais qualifier de franco-française souffre, en définitive, des coûts d'exploitation inférieurs pratiqués chez ses principaux concurrents communautaires. La revitalisation de la flotte industrielle française passe par un apport de capitaux frais. Le système des quotas qui est approuvé, pour partie, par nos assemblées reste, nous le savons, suspendu à la décision de la Commission.
Mais dans une perspective d'ouverture et d'approfondissement de cette mesure incitative, j'ai déposé un amendement permettant aux copropriétaires non-gérants de bénéficier des mêmes avantages que ceux qui sont consentis aux copropriétaires gérants. Il s'agit là, me semble-t-il, d'une mesure d'équité entre la pêche et le commerce. Le but recherché par les investisseurs potentiels est en effet non pas la niche fiscale mais, bien au contraire, un placement durable et porteur.
Il demeure, enfin, qu'au-delà de cet aspect technique et structurel, il est indispensable d'harmoniser et de finaliser le volet social et sociofinancier des entreprises de pêche.
Que dire des modalités du contrat d'engagement qui sont différentes selon les pays concernés ?
Que dire, pour ne prendre qu'un seul exemple, du rôle du « capitaine porteur » qui implique, par définition, détournement et distorsion de concurrence ?
Que dire de la pêche minotière et de ses ravages quand, dans le même temps, la Commission exige des réductions de flotte pour prétendument sauvegarder à la fois les stocks et l'équilibre de la ressource ?
La situation n'est pas uniquement ubuesque ; elle est tout simplement empreinte d'hypocrisie, et je mesure mes propos. Nous comptons sur votre détermination, monsieur le ministre, pour préciser les intentions du Gouvernement en matière de pêche industrielle.
Monsieur le ministre, je profite aussi de ce projet de loi d'orientation sur les pêches de notre pays pour évoquer le problème du maillage des filets de fond. Je veux en effet parler des modifications du règlement européen n° 3094/86 prévoyant certaines mesures techniques de conservation des ressources de pêche.
Bien évidemment, je ne reviendrai pas sur la nécessité de préserver la ressource halieutique. Mais, dans ce domaine très technique de la gestion des stocks, force est de constater le caractère aléatoire de la biomasse et de la perfectibilité des sondages et des études scientifiques.
Mais mon propos vise avant tout la mise en application des directives européennes. Nous voulons tous une Europe forte, certes, mais cette Europe doit être fondée sur la solidarité. Le traité de Rome et plus encore celui de Maastricht supposent la liberté de commerce, mais aussi et surtout ils fixent le cadre d'une saine concurrence. Nous en sommes loin, me semble-t-il.
Pour étayer mon argumentation, j'insisterai sur ledit règlement européen, qui doit entrer en vigueur au plus tard le 31 décembre de cette année. Parmi les mesures techniques, nous retrouvons l'épineux problème de la taille des maillages.
Les fileyeurs et les trémailleurs boulonnais, calaisiens et dunkerquois ne peuvent accepter l'idée de travailler avec des engins de pêche dont la taille des mailles passerait de 80 à 100 millimètres. La baisse des captures, notamment en ce qui concerne la sole, serait de l'ordre de 75 %.
De plus, cette mesure, qui paraît totalemment injustifiée aux yeux des professionnels locaux, s'applique dans des eaux où existe une véritable distorsion de concurrence due à la présence des perchistes belges et hollandais travaillant dans les mêmes zones IV C et VII D, avec des engins autrement plus destructeurs et avec des mailles de 80 millimètres. Les soles de taille 3, 4 et 5 ainsi capturées par ces flotilles se retrouvent, pour la plupart, sur le marché français. Voilà la réalité !
La faible largeur du détroit du Pas-de-Calais et la réglementation européenne imposent en effet à tous les navires de pêche de travailler dans les mêmes zones, ce qui entraîne par là même des pertes considérables pour notre flotille.
Ce type de problème n'existe pas dans le golfe de Gascogne, par exemple. C'est donc tout le problème de la cohabitation entre les différents métiers qui est de nouveau posé.
Les statistiques des pêches du Nord-Pas-de-Calais montrent que les deux tiers des captures concernent les tailles 4 et 5, qui sont pêchées avec un maillage de 84 et de 90 millimètres. La disparition de ces maillages provoque une perte de 65 % du chiffre d'affaires, perte qui, à court terme, entraînerait une quasi-disparition de la flotille, laquelle représente aujourd'hui 122 navires embarquant environ 600 marins en Manche orientale et dans le Sud de la Mer du Nord.
La région Nord-Pas-de-Calais en général et son littoral en particulier déjà fragilisés par un fort taux de chômage ne peuvent que s'inquiéter de cette menace à la fois technique et économique.
Porter le maillage à 100 millimètres aurait aussi pour conséquence de laisser la place à une flotille de bateaux à perche qui se livrent à un type de pêche qui était considérée, il n'y a pas si longtemps, comme destructrice par la Commission européenne, et l'approvisionnement du marché national sans concurrence.
La faiblesse des quotas attribués dans les zones IV C et VII D aux pêcheurs de cette région est significative. Je pose la question simplement : ne veut-on pas par là la mort de la petite pêche côtière ?
La France, que je sache, a toujours respecté ses engagements dans le cadre du POP III. A quoi bon élaborer un POP IV si des Etats comme les Pays-bas ne respectent pas les dispositions et les obligations communes ? Il est grand temps de proposer d'autres mesures et d'assurer l'équité de traitement entre les pêcheurs communautaires.
Je vous remercie donc, monsieur le ministre, de bien vouloir apporter des éléments de réponse susceptibles de rassurer cette profession en proie à de nombreuses interrogations et à bien des angoisses.
Monsieur le ministre, le présent projet de la loi d'orientation va dans le bon sens, et vos propositions en la matière ont le mérite de clarifier certaines situations et d'adapter nos pêches maritimes et nos cultures marines dans une perspective communautaire renouvelée.
Plus qu'à un projet de loi d'orientation, nous avons affaire à un projet de loi d'adaptation, tant la réglementation et la politique commune des pêches enserrent les marges de manoeuvres nationales.
Je note avec un intérêt tout particulier le volet portant sur la modernisation des relations sociales. Ainsi, vous proposez une révision ou tout au moins une accentuation de la formation professionnelle continue.
Tout ce qui peut aller dans ce sens doit être bien évidemment encouragé. Mais je note aussi au passage l'absence d'une notification portant sur l'enseignement et la formation initiale. Je sais qu'une réforme est en cours mais n'est-il pas judicieux de le préciser dans ce projet de loi, ne serait-ce que dans les grands principes que vous formulez dans le titre I sur la politique générale des pêches ?
J'ai déposé en ce sens un amendement qui, je l'espère, monsieur le ministre, recueillera votre approbation. Il me semble en effet indispensable de préciser l'utilité de cet enseignement spécifique dans les grandes ambitions dont veut se doter notre pays en matière de pêches maritimes.
A la charnière du social et du statut des entreprises de pêche, nous avons été sensibles aux légitimes interrogations et aux revendications affirmées et justifiées de ces femmes de marins, navigants ou non, qui réclament plus qu'un droit la reconnaissance de leur existence.
Je me félicite que soit ramené de deux ans à six mois la présentation du rapport à partir duquel un statut sera défini et octroyé aux épouses de marins.
L'article 9 bis ouvre le débat et laisse entrevoir une perspective heureuse pour cette reconnaissance. Il convient dès lors, et vous vous en doutez bien, de ne pas briser l'espoir.
Pouvez-vous nous préciser votre méthode de travail, monsieur le ministre ? Une délégation de ces femmes du littoral pourra-t-elle participer aux travaux préliminaires ? Quels seront vos différents interlocuteurs ? Voilà les questions que je voulais vous poser à ce sujet. Nous continuerons, bien évidemment, à suivre ce dossier délicat et nous ne manquerons pas de soutenir cette revendication qui, je le répète, est fort légitime.
Voilà, monsieur le ministre, ce qu'il m'importait de vous dire aujourd'hui sur l'avenir de nos pêches maritimes à l'occasion de l'examen de ce projet de loi d'orientation.
J'évoquerai brièvement le POP IV, par lequel, vous avez commencé votre propos, monsieur le ministre.
C'est avec beaucoup de fougue, celle que nous vous connaissons, que vous avez évoqué les difficultés que vous avez rencontrées à Bruxelles, le niveau d'où vous étiez parti, c'est-à-dire bien bas, 30 à 40 %, pour arriver à ce que vous semblez considérer comme une victoire, à savoir non pas 10 % mais 6 % - dans votre élan, monsieur le ministre, vous avez, je crois, commis un petit lapsus, affirmant que c'était non pas deux fois cinq, mais deux fois deux !
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Deux fois trois !
M. Michel Sergent. Sans doute auriez-vous souhaité descendre jusqu'à 4 %, ce qui aurait été meilleur ! Quoi qu'il en soit, chacun comprend parfaitement la volonté qui était la vôtre.
Nous partageons votre avis sur le fait que vous ne pouviez accepter ce qui aujourd'hui représente encore pour nous une difficulté, même si nous venons de plus loin.
En effet, une fois encore, la position que vous avez exprimée, monsieur le ministre, ainsi que la spécificité de nos pêches nationales ont subi les coups de boutoir d'un raisonnement purement communautaire et principalement gestionnaire.
Derrière la froideur des chiffres, des statistiques et le brouillard des prétendus rapports scientifiques, l'aspect social et humain n'est pas seulement remis en cause, il est parfois condamné sur l'autel de la vision ultralibérale et environnementaliste.
L'équilibre entre la ressource et l'assurance d'une gestion raisonnable de l'activité des pêches est possible.
Il suffit de le vouloir et de se donner les moyens d'une priorité : celle d'une véritable ambition maritime européenne. Nous sommes loin de réaliser un tel voeu.
Respectueux des engagements communautaires, nous continuerons à agir pour défendre les intérêts de nos marins-pêcheurs et, dans la mesure du possible, nous entendons bien contribuer, sur ce point précis comme sur les autres, à la réflexion que suppose la Conférence intergouvernementale.
Amsterdam et l'année 2002 sont les deux caps que nous nous fixons pour déterminer le cadre de cette action et, surtout, de nos revendications.
En résumé, monsieur le ministre, j'insiste donc sur des questions très précises, notamment le volet social de l'Europe bleue et l'harmonisation statutaire qui en découle, l'épineux problème du quota hopping, la renégociation de la politique commune des pêches et la situation de la pêche industrielle de notre pays - je souligne avec force ce point.
J'insiste aussi sur l'affirmation de la place boulonnaise dans le concert européen, les mesures techniques et la dimension des maillages pour les filets de fond, l'inscription dans le projet de loi de l'enseignement maritime et de la formation initiale, ainsi que la reconnaissance du statut des femmes de marins navigants ou non.
Vous comprendrez aisément que les professionnels attendent des réponses précises à des questions fondamentales pour la compréhension et l'appréhension du problème des pêches maritimes.
En ce sens, je vous remercie de bien vouloir y apporter une attention particulière.
Comme vous avez pu vous en rendre compte, monsieur le ministre, mon propos est avant tout la contribution d'un élu qui puise sa réflexion à la fois dans la réalité du terrain mais aussi dans l'interprétation professionnelle et interprofessionnelle des différentes organisations qui ont la lourde charge de gérer un présent bien difficile et, surtout, un avenir très incertain.
J'ai déposé trois amendements. Je sais que votre ambition, qui est aussi la nôtre, et votre perspective de travail sont limitées par le cadrage que nous impose Bruxelles et, parfois, Bercy. Cependant, je tiens à préciser que ces différentes propositions, qui constituent des avancées notables et très utiles pour l'avenir de nos pêches, pourraient être insérées dans le projet de loi. J'attends donc, monsieur le ministre, de connaître votre avis sur ces suggestions, qui ont, selon moi, le mérite de s'inscrire, elles aussi, dans la grande concertation que vous avez voulue.
Bien évidemment, le groupe que j'ai l'honneur de représenter déterminera sa position à la lumière des réponses que vous ferez et des suites qui seront données à nos amendements.
M. le président. La parole est à M. Leyzour.
M. Félix Leyzour. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines qui nous revient de l'Assemblée nationale sous les projecteurs de l'actualité du POP IV n'a guère été modifié.
Les députés se sont en effet contentés d'apporter quelques précisions rédactionnelles ou de détail à un texte qui vise, en fait, à mieux intégrer nos pêches maritimes dans « l'Europe bleue » telle qu'elle est, plutôt qu'à jeter les bases d'une nécessaire réforme de l'organisation communautaire de la filière maritime.
Comme il nous l'a montré ici même, en novembre dernier, et à l'Assemblée nationale, voilà quelques semaines, le Gouvernement ne raisonne qu'à l'intérieur des limites de cette « Europe bleue » et s'évertue à faire croire aux acteurs de la filière qu'il n'y aurait de salut que dans ce cadre.
Chacun peut pourtant constater que le poids des orientations européennes sur l'ensemble des choix concernant les différents aspects de la vie nationale stimule aujourd'hui le débat sur les conséquences du cheminement ultralibéral de l'Union européenne et sur la nécessité de profondes réformes.
Tous les amendements que nous avions déposés et toutes les propositions que nos amis députés communistes ont formulées pour tenter de dépasser ce projet de loi ou seulement de le faire évoluer se sont heurtés au même refus.
Il n'était pas question de toucher à l'actuelle « Europe bleue » ni même d'oser réclamer une modification des règles du jeu, et cela même si elles ont montré leur incapacité à répondre aux besoins des consommateurs européens avec les moyens des flotilles européennes.
Il est tout de même révélateur que nous en soyons arrivés à ce que plus de la moitié des produits de la mer consommés en France et dans l'Union européenne soit importée des pays tiers qui pratiquent la pêche industrielle ou le dumping social.
Comme je l'ai indiqué en première lecture, depuis 1988 30 % de nos bateaux ont été désarmés ou bradés à l'étranger ; le tonnage de nos prises a été réduit de 20 % ;
le nombre de marins a baissé de 25 % ; la France est tombée au dix-neuvième rang mondial ; enfin, vingt des trente-neuf conserveries installées sur notre territoire ont fermé leurs portes.
La réglementation européenne concernant les quotas de pêche, qui est très facilement contournable, est maintenant de plus en plus contournée de l'extérieur par les armateurs des pays tiers et, au sein de la Communauté, par les armateurs de certains pays qui, par des arguties juridiques, parviennent à capter les quotas de pêche de leurs voisins.
Tout le monde le sait : les marins-pêcheurs français et ceux qui sont réellement établis en France en souffrent et réclament des mesures. Cependant, le 5 novembre dernier, après avoir refusé nos amendements dans lesquels nous proposions que la France agisse en vue de réformer l'« Europe bleue », vous avez, monsieur le ministre, refusé celui que nous avions déposé pour mettre un terme à ces pratiques.
Cela signifie en clair que vous vous accommodez de cette situation et qu'il vous semble primordial de ne pas toucher au système qui l'organise, qui favorise la mise en concurrence des hommes et qui déstabilise l'économie de régions entières, plutôt que de concourir au développement économique et social.
En cela, vous faites un choix politique, celui de l'Europe de l'ultralibéralisme.
En acceptant cette logique destructrice, on favorise la concentration industrielle de la filière et on met en cause la pérennité de la pêche artisanale.
Le 22 octobre dernier, dans une interview au Télégramme de Brest, vous laissiez entendre qu'en matière de casse de bateaux la France avait déjà assez donné. Il est vrai, malheureusement, que la France a fait beaucoup de zèle pour réduire ses capacités de pêche afin d'apparaître comme le bon élève de l'Europe.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. M. Leyzour est très mal informé !
M. Félix Leyzour. Or nous apprenions hier par la presse - vous venez d'ailleurs d'y consacrer votre intervention - que, malgré le vote négatif de la France et de la Grande-Bretagne, dont les quotas de pêche sont pillés par les concurrents étrangers, le Conseil des ministres européens vient de décider une nouvelle réduction globale de 30 % de la flotte de pêche communautaire dans les cinq prochaines années.
Vous avez indiqué que, pour la France, cette réduction porterait sur moins de 10 % du total actuel : 6 % avez-vous dit ce matin.
Il faut savoir que, entre 1990 et 1996, la flotte française est déjà passée de 8 651 navires, dont 6 557 de moins de douze mètres, à 6 475, dont 4 766 de moins de douze mètres. Sur les 6 475 bateaux qui restent en activité, il y en a 3 288 dans l'ouest de la France.
Les effectifs, quant à eux, sont tombés de 17 375 à 14 055 entre 1991 et 1996. Sur ces 14 055 personnes, il y en a 10 134 dans l'Ouest, dont 6 205 en Bretagne, 1 805 en Normandie et 2 124 dans les Pays de la Loire.
Ces chiffres montrent toute l'importance de la pêche en termes d'emplois, dans l'Ouest, et notamment en Bretagne.
La décision de réduction d'activité a été prise à la majorité qualifiée et chaque pays, y compris le nôtre, devra prendre sa part à ce plan de réduction.
Monsieur le ministre, j'ai noté tout à l'heure que M. le rapporteur a curieusement rendu hommage à la fois à votre opposition à Mme Bonino et à la détermination de cette dernière à résister à vos demandes.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Monsieur Leyzour, me permettez-vous de vous interrompre ?
M. Félix Leyzour. Je vous en prie, monsieur le rapporteur.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur, avec l'autorisation de l'orateur.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Je n'ai pas félicité Mme Bonino d'avoir résisté à M. le ministre. J'ai simplement dit que je rendais hommage à la détermination et au sens des responsabilités de Mme Bonino, même si nous ne partageons pas toujours sa manière de voir. Tous ses interlocuteurs, même s'ils se sont opposés à elle, et parfois durement, l'apprécient pour son courage, dont elle fait également preuve dans d'autres activités que le domaine de la pêche, mais aussi parce qu'elle ne pratique pas la langue de bois.
Par ailleurs, monsieur Leyzour, il importe de prendre conscience du fait que la ressource diminue. Si on accepte des plans de réduction de la flotte, ce n'est pas par plaisir ou par sadisme, c'est parce qu'il y a, hélas ! moins de poisson à pêcher.
Il faut effectivement éviter une réduction indifférenciée. Il faut aussi éviter que la polyvalence de la flotte française ne soit pas prise en compte. M. le ministre a défendu cette position avec beaucoup d'ardeur.
Il est vrai que, en face de nous, la Commission n'est pas toujours déterminée à prendre en compte tous nos points de vue.
Cela étant, je maintiens ce que j'ai dit : j'ai de l'estime pour Mme Bonino, car, même si nous nous affrontons durement avec elle, elle parle quelquefois le langage de la vérité. (MM. Chérioux, Doublet et Arzel applaudissent.)
M. le président. Veuillez poursuivre, monsieur Leyzour.
M. Félix Leyzour. Monsieur le rapporteur, je vous remercie de vos propos, qui confirment exactement ce que je viens d'indiquer.
M. Jean Chérioux. Quelle mauvaise foi !
M. Félix Leyzour. Cela tend évidemment à faire penser que vous êtes d'accord, sur le fond, avec les orientations européennes, mais qu'il faut tenir compte de l'état de l'opinion en France.
Bien entendu, ce nouveau plan de liquidation prétend s'appuyer sur une volonté de meilleure gestion de la ressource, vous venez d'y faire référence, alors que nous savons tous qu'aucune mesure n'est prise pour vraiment réguler les importations, pour faire jouer le principe de la préférence communautaire.
Aucune mesure n'est prise non plus pour mettre fin à la pêche minotière, qui pille les richesses halieutiques sans aucun discernement afin de contribuer à fabriquer à peu de frais de la farine et de l'huile destinées à l'alimentation animale. Pourtant, ce type de pêche détruit les équilibres écologiques et abaisse le niveau de la qualité des produits alimentaires.
Dans ces conditions, et l'actualité vient le souligner avec le POP IV, votre projet de loi d'orientation ne vise donc qu'à occuper le faible espace laissé par les grandes orientations décidées à Bruxelles sous l'impulsion de Mme Bonino.
Si elle comporte un certain nombre de mesures de bon sens facilitant un fonctionnement plus rationnel de la filière, comme nous l'avons souligné en première lecture, votre loi, monsieur le ministre, n'interviendra qu'à la marge, par rapport aux grandes questions posées à la pêche en France aujourd'hui.
Nous avons redéposé quelques-uns des amendements que nous avions défendus en première lecture. Ils traduisent notre volonté d'agir en faveur de nouvelles orientations dans le domaine des pêches maritimes. (M. Sergent applaudit.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion des articles.
Je rappelle que, aux termes de l'article 42, alinéa 10, du règlement, à partir de la deuxième lecture au Sénat des projets ou propositions de loi, la discussion des articles est limitée à ceux pour lesquels les deux chambres du Parlement n'ont pas encore adopté un texte identique.

Article 1er

M. le président. « Art. 1er. _ La politique des pêches maritimes, des cultures marines et des activités halio-alimentaires a pour objectifs, en conformité avec les principes et les règles de la politique commune des pêches et dans le respect des engagements internationaux :
« a) De permettre d'exploiter durablement et de valoriser le patrimoine collectif que constituent les ressources halieutiques auxquelles la France accède, tant dans ses eaux sous juridiction ou souveraineté que dans les autres eaux où elle dispose de droits de pêche en vertu d'accords internationaux ou dans les zones de haute mer ;
« a bis) De favoriser le développement de la recherche dans la filière ;
« b) De faciliter l'adaptation aux marchés intérieurs et extérieurs de la filière des pêches maritimes et des cultures marines, qui comprend les activités de production, de transformation et de commercialisation ;
« b bis) De promouvoir une politique de qualité et d'identification des produits ;
« c) De créer les conditions assurant le maintien et le renouvellement d'une flotte adaptée à ces objectifs ainsi que le développement et la modernisation des entreprises de l'aval de la filière ;
« d) De développer les activités de cultures marines, notamment en veillant à la qualité du milieu ;
« e) D'assurer la modernisation et le développement d'activités diversifiées au bénéfice de l'économie des régions littorales. »
Par amendement n° 14, MM. Leyzour, Minetti, Pagès, Bécart et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans le premier alinéa de cet article, après les mots : « politique commune des pêches », d'insérer les mots : « et, notamment, dans le respect du principe de préférence communautaire, ».
La parole est à M. Leyzour.
M. Félix Leyzour. Cet amendement tend à inscrire dans le texte de la loi d'orientation l'obligation de respect du principe de la préférence communautaire.
Au-delà de l'aspect symbolique, il s'agit de remettre l'accent sur un principe fondamental qui, du fait de la politique menée par la Commission et les gouvernements de l'Union européenne, tend progressivement à tomber en désuétude.
L'amendement n° 14 vise par conséquent à protéger les pêches maritimes françaises et européenne contre les pratiques de dumping social mises en oeuvre à partir des pays tiers.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Monsieur le président, la commission, lors de la première lecture, avait souhaité ne pas modifier cet article, en raison de son caractère peu normatif - disons qu'il est votif. Malgré l'attitude contraire adoptée par l'Assemblée nationale, elle souhaite maintenir sa position initiale.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. J'ai déjà eu l'occasion de m'exprimer sur ce point.
Quand on parle de politique commune des pêches, on évoque nécessairement la préférence communautaire. Mais nous n'allons quand même pas nous substituer à la politique européenne !
Monsieur Leyzour, je note tout de même votre attachement à la politique européenne, et je constate que cet amendement est contraire aux propos que vous avez tenus à la tribune.
M. Félix Leyzour. J'ai noté que vous n'aviez pas été très attentif à mes propos ! Vous discutiez avec vos collaborateurs.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Pas du tout ! Vous allez d'ailleurs voir combien j'ai été attentif !
Je voudrais solennellement attirer sur un point votre attention, ainsi que celle de l'ensemble des sénateurs et de l'opinion publique.
Monsieur Leyzour, vous défendez la politique commune des pêches et, à mon avis, vous avez raison. Mais vous avez dit tout à l'heure que la France devait avoir le courage, si nécessaire, de sortir de l'Europe bleue.
Je vous rappellerai que si la France sort de l'Europe bleue et qu'elle renonce à cet acquis essentiel que lui donne le libre accès aux eaux communautaires pour se replier sur ses eaux nationales, elle perdra les deux tiers de ses ressources. Nous serions alors face à l'alternative suivante : soit maintenir le nombre actuel de nos navires et voir alors ces derniers revenir au port avec deux tiers de poissons en moins, avec les conséquences non seulement pour les armements, mais également pour les marins-pêcheurs que vous pouvez imaginer ; soit adapter à cette ressource nouvelle diminuée des deux tiers notre capacité de pêche et adopter non plus un POP à 6 %, mais un POP à 66 % !
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Très bien !
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Voilà ce que signifierait la sortie de la France de l'Europe bleue !
M. Michel Doublet. Tout à fait !
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 14.
M. Félix Leyzour. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Leyzour.
M. Félix Leyzour. Monsieur le ministre, je vous invite à vous référer au texte de mon intervention, car vous n'avez pas écouté ce que j'ai dit !
J'ai souhaité des transformations de la politique européenne. C'est vrai dans le domaine de la pêche comme dans beaucoup d'autres domaines.
Ces questions sont aujourd'hui d'actualité, vous le savez, et le Gouvernement est obligé d'en tenir compte.
La proposition figurant dans cet amendement va tout à fait dans le sens des propos que j'ai tenus tout à l'heure. Si vous êtes d'accord sur le fond avec la disposition que je présente, mais que vous la considérez comme superflue, songez que ce qui va sans dire va mieux en le disant.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 14, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. Par amendement n° 9, M. Sergent, Mme Dieulangard, MM. Régnault, Saunier, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent de compléter in fine l'article 1er par un alinéa ainsi rédigé :
« ...) De favoriser l'enseignement maritime et assurer le renouvellement des équipages.
La parole est à M. Sergent.
M. Michel Sergent. Cet amendement vise à faire figurer la formation parmi les objectifs énumérés à l'article 1er.
J'ai bien entendu M. le rapporteur nous dire que la commission ne souhaitait pas que cet article soit modifié. Je remarque néanmoins que l'Assemblée nationale a ajouté deux nouveaux alinéas et que l'adoption de l'amendement n° 9, qui n'a pas un caractère normatif, marquerait bien la volonté de ce projet de loi de ne pas oublier le volet de la formation.
Je sais qu'il y a déjà à cet égard un engagement du ministre et des réflexions en cours. Mais si cet objectif pouvait figurer dans la loi, cette dernière serait plus complète.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Je ne voudrais pas ouvrir avec M. Sergent un débat juridique. Je dis simplement que des lois ne comportant pas d'obligations ou de sanctions n'ont pas de portée. Si le fait d'énoncer des voeux peut faire plaisir, il n'oblige néanmoins ni l'administration ni les tribunaux à en tenir compte. Telle est la seule raison pour laquelle la commission est défavorable à l'amendement n° 9.
Quant à l'Assemblée nationale, elle peut avoir son point de vue sur la question. Il n'est pas le nôtre, et je souhaite par conséquent que nous en restions à la position que nous avions adoptée en première lecture et que l'article 1er ne soit pas davantage modifié.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Je suis ennuyé, monsieur Sergent, car je ne voudrais faire de peine ni à vous ni à M. le rapporteur.
En fait, nous avions le souci de ne pas allonger le texte ; mais il est vrai - chacun en est convaincu - que la formation représente un enjeu important pour l'avenir de la pêche. Nous travaillons d'ailleurs à rendre le dispositif plus performant et mieux adapté aux besoins des professionnels.
Par conséquent, dans la mesure où cette disposition peut sécuriser M. Sergent et d'autres sénateurs, le Gouvernement émet un avis favorable sur l'amendement n° 9.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 9, repoussé par la commission et accepté par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. Félix Leyzour. Le Gouvernement n'a pas été suivi !
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 1er.

(L'article 1er est adopté.)

Article additionnel après l'article 1er

M. le président. Par amendement n° 15, MM. Leyzour, Minetti, Pagès, Bécart et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 1er, un article additionnel rédigé comme suit :
« Dans les six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement engagera des négociations avec les pays membres de l'Union européenne pour réformer la réglementation en matière de pêche maritime et notamment de manière à assurer :
« 1° La protection et le renouvellement de la ressource ;
« 2° Le relèvement des prix d'orientation et des prix de retrait et leur application à un plus grand nombre d'espèces ;
« 3° Le remplacement des prix de référence par des prix minima sur toutes les espèces en dessous desquels aucune importation ne sera admise ;
« 4° L'égalisation des conditions d'accès à la ressource et de concurrence entre les pays membres par l'harmonisation des aides étatiques et l'égalisation des régimes sociaux sur le régime le plus protecteur et générateur de droits pour les salariés ;
« 5° La remise en cause de la pêche minotière ;
« 6° Une meilleure répartition des quotas de pêche en tenant compte au moins de la capacité de chaque flotte nationale à satisfaire les besoins nationaux. »
La parole est à M. Leyzour.
M. Félix Leyzour. Cet amendement vise à insérer, après l'article 1er, un article additionnel ainsi rédigé :
« Dans les six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement engagera des négociations avec les pays membres de l'Union européenne pour réformer la réglementation en matière... »
M. le président. Monsieur Leyzour, nous avons tous le texte de votre amendement sous les yeux. A moins que vous n'y apportiez un élément nouveau, il est inutile d'en donner lecture !
M. Félix Leyzour. Vous n'aviez pas jusqu'à présent l'habitude d'interrompre les intervenants, monsieur le président !
M. le président. Je ne vous interromps pas, monsieur Leyzour. Je vous demande simplement si vous avez un élément nouveau à apporter au texte actuel de votre amendement. Nous avons en effet ce dernier sous les yeux !
M. Félix Leyzour. Je crois que cet amendement répond bien à la discussion que nous avions tout à l'heure avec M. le ministre.
Si vous me le permettez, monsieur le président, je vais quand même reprendre mes arguments, car ils en valent à mon avis la peine, dans l'intérêt du débat.
L'amendement n° 15 vise à ce que le Gouvernement engage des négociations avec les pays membres de l'Union européenne pour réformerla réglementation en matière de pêche maritime, de manière à assurer notamment :
« 1° La protection et le renouvellement de la ressource ;
« 2° Le relèvement des prix d'orientation et des prix de retrait et leur application à un plus grand nombre d'espèces ;
« 3° Le remplacement des prix de référence par des prix minima sur toutes les espèces en dessous desquels aucune importation ne sera admise ;
« 4° L'égalisation des conditions d'accès à la ressource et de concurrence entre les pays membres par l'harmonisation des aides étatiques et l'égalisation des régimes sociaux sur le régime le plus protecteur et générateur de droits pour les salariés ;
« 5° La remise en cause de la pêche minotière ;
« 6° Une meilleure répartition des quotas de pêche en tenant compte au moins de la capacité de chaque flotte nationale à satisfaire les besoins nationaux. »
Vous aurez ainsi pu constater, monsieur le ministre, mes chers collègues, que cet amendement tend à esquisser, une réforme en profondeur de l'Europe bleue, laquelle n'est pas à même, aujourd'hui, de répondre aux besoins des consommateurs et ne permet d'assurer ni la pérennité de notre flotte de pêche ni une juste rémunération du travail des marins-pêcheurs.
Il s'agit non pas de positions de principe, mais de propositions tendant à réformer ce qui ne nous donne pas satisfaction.
Il était important, monsieur le président, que je puisse dire tout cela.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. La commission comprend les motivations de l'auteur de l'amendement, mais il lui paraît extrêmement difficile d'inscrire dans un projet de loi une réforme profonde de la politique commune des pêches. Cela ne trouve pas sa place dans ce texte et, par conséquent, la commission émet un avis défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Comme vient de le dire M. le rapporteur, cet amendement n'a rien à faire dans le texte dont nous débattons actuellement.
Cependant, je tiens à rassurer M. Leyzour et les autres auteurs de l'amendement : le Gouvernement a agit, ne cesse d'agir et agira encore pour renforcer l'organisation commune des marchés des produits de la pêche.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par la commission et par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)

Articles 2 et 3

M. le président. « Art. 2. _ Il est institué auprès du ministre chargé des pêches maritimes et des cultures marines un Conseil supérieur d'orientation des politiques halieutique, aquacole et halio-alimentaire qui participe par ses avis à la définition, la coordination, la mise en oeuvre et l'évaluation des politiques de gestion de la ressource, d'orientation des structures, de la production, de la transformation et de la commercialisation, d'organisation des marchés, de formation, d'emploi, de relations sociales et de recherche.
« Il veille notamment à la cohérence des actions mentionnées ci-dessus et à l'équilibre entre les différentes activités de la filière.
« Il est composé de représentants des ministères intéressés, de représentants, tant professionnels que syndicaux, de la production, de représentants de la transformation et de la commercialisation des produits de la pêche et des cultures marines, de l'artisanat et du commerce indépendant de l'alimentation, de la distribution, de la recherche et des institutions financières du secteur maritime.
« Lorsque le conseil traite des questions de conchyliculture, le Comité national de la conchyliculture y est représenté.
« Lorsque le conseil traite des questions d'élevages marins, ce secteur y est représenté.
« Un décret fixe la composition et les missions du Conseil supérieur d'orientation des politiques halieutique, aquacole et halio-alimentaire. » - ( Adopté. )
« Art. 3. _ I. _ Non modifié.
« II. _ Le titre Ier de la loi n° 82-847 du 6 octobre 1982 précitée est complété par un article 12 bis ainsi rédigé :
« Art. 12 bis. _ Dans les conditions définies au présent titre, un office est créé par décret en Conseil d'Etat dans le secteur des produits de la mer et de l'aquaculture.
« Ce décret définit la composition du conseil de direction de l'office et prévoit une représentation équilibrée de l'amont et de l'aval de la filière.
« Il précise également les modalités selon lesquelles les avis mentionnés aux articles 3, 5 et 7 sont donnés pour le secteur des produits de la mer et de l'aquaculture. » - ( Adopté. )

Article additionnel après l'article 3

M. le président. Par amendement n° 10, M. Sergent, Mme Dieulangard, MM. Régnault, Saunier, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent d'insérer, après l'article 3, un article additionnel ainsi rédigé :
« Le Gouvernement établira, dans un délai de deux ans, et notamment dans la perspective de la renégociation de la politique commune des pêches qui doit intervenir en 2002, un rapport sur les pêches industrielles et semi-industrielles.
« Ce rapport précisera la situation de ces deux segments d'activité, fixera les orientations qu'il convient de prendre dans ces domaines, et fera les propositions, d'ordre législatif et réglementaire nécessaires pour les mise en oeuvre. »
La parole est à M. Sergent.
M. Michel Sergent. Monsieur le président, cet amendement s'inscrit aussi dans le droit-fil de notre préoccupation concernant les pêches industrielles et semi-industrielles. Comme je le disais tout à l'heure, l'élu boulonnais a quelques inquiétudes à ce sujet. C'est la raison pour laquelle je souhaiterais, dans la perspective de la renégociation qui doit intervenir en 2002, que vous puissiez, dans un délai de deux ans, faire établir un rapport sur les pêches industrielles et semi-industrielles, lesquelles nous préoccupent beaucoup. Je pressens des difficultés dans ce domaine, et j'aimerais donc que le Gouvernement nous fasse part de ses réflexions mais aussi, si cela était possible, qu'il fasse établir un rapport.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. La commission comprend les préoccupations de M. Sergent. La pêche industrielle pose en effet un certain nombre de problèmes très délicats.
Je rappellerai néanmoins très amicalement à notre collègue que nous avons demandé beaucoup de rapports au Gouvernement. Je souhaiterais donc que ce dernier soit en mesure de nous remettre déjà ceux que nous lui avons imposés.
Si nous en ajoutons encore, je crains que le Gouvernement ne puisse pas répondre à notre demande. Au demeurant, ce sujet n'a pas directement trait au projet de loi d'orientation.
Telles sont toutes les raisons pour lesquelles, à son grand regret, la commission émet un avis défavorable sur l'amendement n° 10.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Je partage bien sûr l'intérêt que porte M. Sergent, comme d'ailleurs l'ensemble des sénateurs, à la situation des pêches industrielles et semi-industrielles. Je rappellerai d'ailleurs à M. Sergent que plusieurs articles du projet de loi répondent aux préoccupations de la pêche industrielle ; c'est notamment le cas de l'article 4, concernant la gestion de la ressource, et de l'article 14, relatif à l'étalement de la plus-value, qui satisfont une revendication déjà ancienne de la profession.
Pour ma part, je pense que c'est dans l'action quotidienne que l'on doit manifester l'intérêt que l'on porte à cette composante importante de la pêche française qu'est la pêche industrielle ; j'essaie de le démontrer et je le démontrerai encore.
M. Sergent souhaite un rapport. Un de plus, alors que j'en ai déjà beaucoup sur le métier ! Je n'y tiens pas particulièrement. Cela étant dit, je m'en remets à la sagesse de la Haute Assemblée.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 10, repoussé par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article additionnel avant l'article 4

M. le président. Par amendement n° 16, MM. Leyzour, Minetti, Pagès, Bécart et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer avant l'article 4 un article additionnel rédigé comme suit :
« Par son action, l'Etat concourt au maintien et au développement de la ressource halieutique et aquacole dans l'objectif de satisfaire les besoins alimentaires du pays et d'assurer l'essor de la filière maritime tout en respectant les équilibres écologiques.
« Il met en oeuvre une politique de préservation du littoral, de prévention et de lutte contre toutes les formes de pollutions marines. Il associe les élus, le conseil national des pêches maritimes et le conseil supérieur d'orientation des politiques halieutique, aquacole et halio-alimentaire à la politique de gestion des fonds et cantonnements des eaux sous souveraineté française.
« Le Gouvernement agit auprès des instances de l'Union européenne pour une gestion prévisionnelle de la ressource des 200 milles des pays communautaires et pour que la définition de quotas, de plans de pêche, d'accès aux zones de pêche se fasse à égalité de droits et de devoirs et à l'unanimité des pays membres.
« La gestion de la ressource en Méditerranée est réglementée par les prud'homies de pêche et l'accès aux zones de pêche est garanti aux pêcheurs établis en France par un classement du golfe du Lion en zones économiques. »
La parole est à M. Leyzour.
M. Félix Leyzour. Pour répondre à votre souhait, monsieur le président, je m'en tiendrai à l'objet de cet amendement.
Cet amendement, dont la portée normative est réelle, vise à établir un certain nombre d'objectifs et de principes en matière de gestion de la ressource halieutique.
Quels que soient les pouvoirs de la Commission européenne, il est tout à fait essentiel que les Etats nationaux gardent leurs capacité de proposition et qu'en vertu du principe de subsidiarité ils soient en mesure de mettre en oeuvre une politique efficace de préservation du littoral et de prévention contre les différentes formes de pollutions marines.
Il convient également que notre pays se donne les moyens de lutter contre le contournement des règles communautaires dont certains armateurs ressortissants des pays de l'Union européenne se rendent régulièrement coupables, au détriment des pêcheurs français.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Nous comprenons fort bien les motivations de l'auteur de l'amendement et nous partageons, évidemment, un certain nombre de ses craintes.
Toutefois, en premier lieu, cet amendement est, pour un certain nombre de ses alinéas, dépourvu de portée normative ; en second lieu, il intervient dans le domaine réglementaire ; en troisième lieu, enfin, il révolutionne la politique commune des pêches. Cela fait beaucoup pour un seul amendement !
La commission y est donc, malheureusement, défavorable.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Même avis que la commission.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 16.
M. Félix Leyzour. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Leyzour.
M. Félix Leyzour. Je relève quand même, au fil du débat, une certaine évolution dans les arguments qui sont opposés à mes amendements, et j'en suis tout à fait satisfait.
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 16, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 4

M. le président. « Art. 4. _ L'article 3 du décret du 9 janvier 1852 sur l'exercice de la pêche maritime est ainsi modifié :
« 1° à 3° Non modifiés ;
« 4° Avant le troisième alinéa (1° ), il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« III. _ Des décrets en Conseil d'Etat déterminent également les conditions dans lesquelles peuvent être prises les mesures suivantes : » ;
« 5° Non modifié . » - ( Adopté. )

Article additionnel après l'article 4

M. le président. Par amendement n° 17, MM. Leyzour, Minetti, Pagès, Bécart et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, après l'article 4, un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 3 du décret du 9 janvier 1852 modifié sur l'exercice de la pêche maritime est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Les quotas ou sous-quotas ne peuvent en aucun cas être attribués à des navires qui, même immatriculés en France, appartiennent à des sociétés ou à des filiales de sociétés qui bénéficient de la possibilité d'exploiter des quotas ou sous-quotas de pêche émanant d'autres pays de l'Union européenne ou de pays tiers. »
La parole est à M. Leyzour.
M. Félix Leyzour. Cet amendement vise à garantir les pêcheurs établis en France contre des pratiques utilisées par des armateurs étrangers pour s'approprier une partie des quotas de pêche qui devraient normalement leur revenir.
Il tend à s'opposer à un véritable contournement de la réglementation communautaire relative aux quotas de pêche, contournement auquel il convient de mettre un terme.
Tout le monde pourra, je pense, partager cette analyse !
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. J'ai le regret de ne pas partager le sentiment de M. Leyzour.
Si le problème qui le préoccupe est tout à fait réel - M. le ministre en a parlé à la tribune, j'ai moi-même fait écho à ses propos et il est important de trouver une solution - la thérapeutique de M. Leyzour va à l'encontre du traité de Rome et du principe du libre établissement. Il n'est pas possible de légiférer unilatéralement sur ce problème !
Par conséquent, la commission est opposée à cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Je partage moi aussi les préoccupations des auteurs de cet amendement - je l'ai dit tout à l'heure - et nous sommes en train de rechercher une solution. Nous ne sommes d'ailleurs pas très loin d'aboutir, et je tiendrai M. Leyzour au courant.
Dans l'intérêt de notre pays, il n'y aurait rien de pire que de retenir une disposition en sachant, premièrement, qu'elle est strictement inapplicable dans le cadre d'une législation nationale et en subissant, deuxièmement - ce qui serait tout de même très désagréable pour notre pays - l'obligation de devoir ensuite la retirer parce qu'elle serait non conforme aux traités européens que nous devons respecter.
Bien entendu, M. Leyzour a voulu exprimer, ce que je comprends parfaitement, une préoccupation forte que je partage avec la commission, mais la solution préconisée n'est malheureusement pas la bonne.
Je ne peux donc qu'être défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 17, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Articles 5, 7, 7 bis et 9 bis

M. le président. « Art. 5. _ L'article 13 du décret du 9 janvier 1852 précité est ainsi rédigé :
« Art. 13 . _ Lorsqu'une violation des interdictions prévues aux articles 6, 7 et 8 a été constatée, dans les conditions prévues à l'article 16, le représentant de l'Etat dans la région peut suspendre, pour une durée maximum de trois mois, les droits et prérogatives afférents aux brevets, diplômes ou certificats des capitaines, patrons ou de ceux qui en remplissent les fonctions, ainsi que les licences de pêche, les permis de pêche spéciaux et, d'une manière générale, toute autorisation de pêche délivrée en application de la réglementation nationale ou communautaire.
« La sanction est prononcée par décision motivée prise après avis d'un conseil de discipline, dans des conditions fixées par décret en Conseil d'Etat.
« Les intéressés sont avisés au préalable des faits retenus pour engager la poursuite.
« Ils sont invités par écrit à prendre connaissance de leur dossier et sont informés qu'ils disposent d'un délai de deux mois pour présenter leurs observations en défense.
« Le représentant de l'Etat dans la région ne peut suspendre les droits ou l'autorisation en cause à raison de faits remontant à plus d'un an.
« Sa décision, qui peut être assortie d'un sursis, est susceptible d'un recours de pleine juridiction devant le tribunal administratif. » - ( Adopté. )
« Art. 7. _ I et II. _ Non modifiés.
« II bis. - Le premier alinéa de l'article 7 de la loi n° 83-582 du 5 juillet 1983 précitée est ainsi rédigé :
« Dans les départements littoraux, l'autorité compétente pour opérer la saisie est le directeur départemental ou interdépartemental des affaires maritimes, territorialement compétent. »
« III. _ Après le premier alinéa de l'article 7 de la loi n° 83-582 du 5 juillet 1983 précitée, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Dans les départements non littoraux, le directeur départemental de l'agriculture et de la forêt et le directeur départemental de la concurrence et de la répression des fraudes sont compétents pour opérer la saisie des produits de la pêche. Dans les territoires d'outre-mer, l'autorité compétente pour opérer la saisie est le chef du service des affaires maritimes. »
« IV. _ Au deuxième alinéa de l'article 7 de la loi n° 83-582 du 5 juillet 1983 précitée, les mots : "les officiers et agents autres que l'autorité maritime désignée" sont remplacés par les mots : "les officiers et agents autres que les autorités désignées aux premier et deuxième alinéas du présent article". »
« V. _ Au deuxième alinéa de l'article 13 de la loi n° 83-582 du 5 juillet 1983 précitée, après les mots : "pour ces zones", sont insérés les mots : "ainsi que pour les îles Tromelin, Glorieuses, Juan-de-Nova, Europa et Bassas da India". » - ( Adopté. )
« Art. 7 bis. _ Le Gouvernement établira, dans un délai de deux ans, et notamment dans la perspective de la renégociation de la politique commune des pêches qui doit intervenir en 2002, un rapport sur les conditions particulières de l'exercice de la pêche dans la bande côtière, et en particulier dans les eaux territoriales, en raison de son importance pour le renouvellement de la ressource, pour l'activité de la flottille de proximité, pour les activités de cultures marines et pour l'économie et l'emploi littoraux.
« Ce rapport établira également un bilan des mesures qui auront été prises entre-temps. » - ( Adopté. )
« Art. 9 bis. _ Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement présentera au Parlement un rapport sur le statut du conjoint de patron-pêcheur.
« Ce rapport précisera la situation actuelle du conjoint de patron-pêcheur, fixera les orientations qu'il convient de prendre dans ce domaine, et fera les propositions, d'ordre législatif et réglementaire, nécessaires pour leur mise en oeuvre. » - ( Adopté. )

Article 10

M. le président. « Art. 10. _ I. _ La société de pêche artisanale est une société soumise au régime d'imposition des sociétés de personnes ou une société à responsabilité limitée et dont 100 % des droits sociaux et des droits de vote sont détenus par un ou des pêcheurs qui en assurent en droit la direction, et sont embarqués sur le ou les deux navires dont la société est totalement propriétaire, copropriétaire majoritaire ou locataire-gérante, ou qu'elle détient en copropriété avec un armement coopératif agréé par le ministre chargé de la pêche dans le cadre d'une accession progressive à la propriété dans un délai qui ne peut excéder dix ans. Pour l'application du présent article, les parts détenues par les ascendants, descendants ou conjoints des marins-pêcheurs sont assimilées à celles détenues par ces derniers.
« II et III. _ Non modifiés.
« IV. _ 1° Les pertes de recettes résultant du I sont compensées pour les collectivités locales concernées par une majoration, à due concurrence, de la dotation globale de fonctionnement.
« 2° Les pertes de recettes sont compensées pour l'Etat par l'augmentation des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
« 3° Les pertes de recettes pour les organismes de sécurité sociale et les chambres consulaires sont compensées par une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts, affectée aux organismes concernés. »
Par amendement n° 12, M. Doublet propose, dans la première phrase du I de cet article, après les mots : « sociétés de personnes », de supprimer les mots : « ou une société à responsabilité limitée ».
La parole est à M. Doublet.
M. Michel Doublet. L'extension de la définition de la société de pêche artisanale à des sociétés autres que celles qui sont soumises au régime d'imposition des sociétés de personnes vise à permettre l'association entre un patron et son mécanicien sans lien de parenté. Cependant, elle déséquilibre l'organisation des dispositions de la loi, et notamment le régime relatif aux entreprises nouvelles de pêche de l'article 15.
Il convient, ainsi, de supprimer la référence à la SARL, introduite à l'Assemblée nationale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. La commission souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Il s'agit là d'une modification qui a été introduite par l'Assemblée nationale pour assurer le plein effet de la société de pêche artisanale, afin de combler une lacune dans la rédaction initiale du texte.
En effet, il est apparu que le texte initial limitait les formes possibles de la société de pêche artisanale aux seules sociétés de personnes. L'ajout de la SARL est donc apparu opportun pour répondre à cette préoccupation, étant entendu que les autres conditions de la société de pêche artisanale lui restent applicables, en particulier l'embarquement des copropriétaires.
Je souhaiterais donc, monsieur Doublet, que vous retiriez cet amendement, d'autant que le Gouvernement présentera, à l'article 15, un amendement de coordination permettant d'éviter que les dividendes distribués par la SARL n'entrent dans le champ de l'abattement sur les bénéfices industriels et commerciaux, ce qui serait contraire aux règles d'imposition applicables à cette forme de société.
Compte tenu de ces explications, j'insiste, monsieur Doublet, pour que vous retiriez votre amendement.
M. le président. Monsieur Doublet, l'amendement est-il maintenu ?
M. Michel Doublet. Sous le bénéfice des explications qui vient de nous apporter M. le ministre, je retire l'amendement.
M. le président. L'amendement n° 12 est retiré.
Par amendement n° 13, M. Doublet propose, dans la première phrase du I de l'article 10, de remplacer les mots : « propriétaire, copropriétaire majoritaire ou locataire-gérante » par les mots : « propriétaire ou copropriétaire majoritaire ».
La parole est M. Doublet.
M. Michel Doublet. Le recours possible à la location-gérance dans le secteur de la pêche artisanale pose deux types de problèmes. Sur le plan des principes, introduire la location-gérance dans le secteur de la pêche artisanale se traduira, à terme, pour le patron-pêcheur artisan, par la perte de la maîtrise de son outil de travail, la location-gérance pouvant avoir une durée illimitée.
De plus, sur le plan du droit, la location-gérance suppose l'existence d'un fonds de commerce ; or, dans le secteur de la pêche, particulièrement de la pêche artisanale, ce fonds de commerce n'existe pas. Aussi convient-il de supprimer ce recours possible à la location-gérance pour la société de pêche artisanale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. La commission est favorable à cet amendement. Après avoir entendu les professionnels, elle est convaincue de son bien-fondé.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Après analyse de l'amendement adopté par l'Assemblée nationale, nous avons constaté qu'un certain nombre de problèmes de nature juridique ou fiscale pouvaient se poser.
Je ne vais pas m'attarder sur ce point, et je m'en remets à la sagesse du Sénat.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 13, accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 21, le Gouvernement propose de supprimer le paragraphe IV de l'article 10.
La parole est à M. le ministre.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. C'est un amendement qui, j'imagine, fera plaisir à chacun : il est proposé de supprimer le gage accompagnant le dispositif de l'article 10 relatif à la définition de la société de pêche artisanale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 21, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 10, modifié.

(L'article 10 est adopté.)


Article 11

M. le président. « Art. 11. _ L'article 34 du code général des impôts est ainsi modifié :
« A. _ Non modifié.
« B. _ Il est ajouté un troisième alinéa ainsi rédigé :
« Par exception aux dispositions du premier alinéa, sont classés dans la catégorie des salaires les revenus correspondant aux rémunérations dites "à la part" perçues au titre de leur travail personnel par les artisans-pêcheurs, ainsi que par le ou les pêcheurs associés d'une société de pêche artisanale telle que définie au I de l'article 10 de la loi n° du d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines lorsqu'ils sont embarqués. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.

Par amendement n° 22, le Gouvernement propose de rédiger ainsi le texte présenté par le B de cet article pour le troisième alinéa de l'artice 34 du code général des impôts :
« Par exception aux dispositions du premier alinéa, sont classés dans la catégorie des salaires les revenus correspondant aux rémunérations dites "à la part" perçues au titre de leur travail personnel par les artisans-pêcheurs, ainsi que, lorsqu'ils sont embarqués, par le ou les pêcheurs associés d'une société de pêche artisanale, telle que définie au I de l'article 10 de la loi n° du d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines et soumise au régime d'imposition prévu à l'article 8. »
Par amendement n° 19, MM. Darniche et Habert proposent de compléter, in fine , le texte présenté par le B de l'article 11 pour le troisième alinéa de l'article 34 du code général des impôts par les mots : « et adhérents d'un centre de gestion agréé. »
La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 22.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Il s'agit d'un amendement de coordination compte tenu de l'extension de la définition des sociétés de pêche artisanale aux sociétés à responsabilité limitée.
M. le président. La parole est à M. Habert, pour défendre l'amendement n° 19.
M. Jacques Habert. La réintroduction des centres de gestion agréés permet une meilleure connaissance des revenus ; elle est cohérente avec la réforme fiscale de l'automne 1996, qui a renforcé le rôle des centres.
De plus, les avantages fiscaux attachés à l'article 34 du code général des impôts étant spécifiques au secteur de la pêche artisanale, cette mesure n'est pas susceptible d'être étendue à d'autres secteurs d'activité à terre, et notamment à l'agriculture.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 22 et 19 ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement n° 22.
Pour ce qui est de l'amendement n° 19, il est vrai que l'introduction des centres de gestion agréés permettrait une meilleure connaissance des revenus. Cependant, après avoir étudié cette question, il nous est apparu que cette disposition soulevait des difficultés parce qu'elle est contraire à la neutralité du projet de loi : il y aurait, d'un côté, les pêcheurs artisans et, de l'autre, la société de pêche, seule cette dernière devant s'affilier à un centre de gestion.
Nous sommes donc défavorables à cet amendement, et je souhaiterais que ses auteurs acceptent de le retirer.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 19 ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Même avis que la commission : je souhaite que nous en restions au respect du principe de stricte neutralité qui doit présider au passage en société de pêche artisanale.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 22, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 19 n'a plus d'objet.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 11, modifié.

(L'article 11 est adopté.)

Article 12

M. le président. « Art. 12. - A l'article 1455 du code général des impôts, il est inséré, après le 1°, un 1° bis ainsi rédigé :
« 1° bis Jusqu'en 2005, les sociétés de pêche artisanale visées au troisième alinéa de l'article 34 dont un ou plusieurs associés bénéficient des dispositions de cet alinéa ; ».
Par amendement n° 23, le Gouvernement propose, dans le texte présenté par cet article pour le 1° bis de l'article 1455 du code général des impôts, de remplacer les mots : « visées au troisième alinéa de l'article 34 dont un ou plusieurs associés bénéficient des dispositions de cet alinéa » par les mots : « visées au I de l'article 10 de la loi n° du d'orientation sur la pêche maritime et les cultures marines lorsqu'un ou plusieurs associés sont embarqués ».
La parole est à M. le ministre.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Cet amendement a pour objet de tirer les conséquences, en matière de taxe professionnelle, de l'extension de la définition de la société de pêche artisanale aux SARL dont les parts sont totalement détenues par des pêcheurs embarqués.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 23, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 12, ainsi modifié.

(L'article 12 est adopté.)

Article 13

M. le président. L'article 13 a été supprimé par l'Assemblée nationale.

Article 14

M. le président. « Art. 14. _ L'article 39 quaterdecies du code général des impôts est ainsi modifié :
« A. _ Après le 1 ter, il est inséré un 1 quater ainsi rédigé :
« 1 quater. Par dérogation aux dispositions du 1, la plus-value à court terme réalisée en cours d'exploitation par une entreprise de pêche maritime et provenant de la cession, avant le 31 décembre 2003, d'un navire de pêche affecté à cette activité ou de parts de copropriété d'un tel navire peut être répartie par parts égales sur les sept exercices suivant l'exercice de la cession, lorsque le contribuable acquiert au cours de ce dernier ou prend l'engagement d'acquérir, pour les besoins de son exploitation et dans un délai de dix-huit mois à compter de la cession, un ou des navires de pêche neufs ou d'occasion ou des parts de copropriété d'un ou de navires, pour la part réinvestie du prix du bien cédé. Lorsque le navire est acquis d'occasion, sa durée résiduelle d'utilisation doit être d'au moins dix ans et sa construction doit être achevée depuis dix ans au plus. Ces deux dernières conditions ne sont pas exigées si l'entreprise justifie n'avoir pu y satisfaire, pour un navire de pêche correspondant à ses besoins, malgré ses diligences et pour des raisons indépendantes de sa volonté.
« L'engagement mentionné à l'alinéa précédent doit être annexé à la déclaration de résultat de l'exercice de la cession. S'il n'est pas respecté, la fraction de la plus-value non encore rapportée aux bases de l'impôt est comprise dans le résultat imposable de l'exercice en cours à l'expiration du délai de dix-huit mois fixé à l'alinéa précédent, majorée d'un montant égal au produit de cette fraction par le taux de l'intérêt de retard prévu au troisième alinéa de l'article 1727 et appliqué dans les conditions mentionnées à l'article 1727 A.
« Les dispositions du premier alinéa ne sont pas applicables aux plus-values soumises aux dispositions de l'article 223 F. »
« B. _ Non modifié.
« C. _ Les pertes consécutives au A sont compensées pour l'Etat, à due concurrence, par l'augmentation des droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
Par amendement n° 24, le Gouvernement propose de remplacer les deux premiers alinéas du texte présenté par le A de cet article pour le 1 quater de l'article 39 quaterdecies du code général des impôts par cinq alinéas ainsi rédigés :
« 1 quater. Par dérogation aux dispositions du 1, la plus-value à court terme provenant de la cession, avant le 31 décembre 2003, d'un navire de pêche ou de parts de copropriété d'un tel navire et réalisée en cours d'exploitation par une entreprise de pêche maritime ou dont l'activité est de fréter des navires de pêche, peut être répartie par parts égales, sur les sept exercices suivant l'exercice de la cession, lorsque l'entreprise acquiert au cours de ce dernier ou prend l'engagement d'acquérir dans un délai de dix-huit mois à compter de la cession, pour les besoins de son exploitation, un ou des navires de pêche neufs ou d'occasion ou des parts de copropriété de tels navires à un prix au moins égal au prix de cession.
« Si les sommes réinvesties sont inférieures au prix de cession, le montant bénéficiant de la répartition est limité au produit de la plus-value à court terme par le rapport entre le prix de cession affecté à l'acquisition du navire et la totalité de ce prix. Dans ce cas, la régularisation à effectuer est comprise dans le résultat imposable de l'exercice en cours à l'expiration du délai de dix-huit mois fixé au premier alinéa, majorée d'un montant égal au produit de cette régularisation par le taux de l'intérêt de retard prévu au troisième alinéa de l'article 1727 et appliqué dans les conditions mentionnées à l'article 1727 A.
« Lorsque l'entreprise visée au premier alinéa est une société soumise au régime d'imposition prévu à l'article 8, la condition tenant à la nature de l'activité de cette entreprise doit être également remplie par ses associés personnes morales.
« Si le navire mentionné au premier alinéa est acquis d'occasion, sa durée résiduelle d'utilisation doit être d'au moins dix ans et sa construction doit être achevée depuis dix ans au plus ; ces deux dernières conditions ne sont pas exigées si l'entreprise justifie n'avoir pu y satisfaire, pour un navire de pêche correspondant à ses besoins, malgré ses diligences et pour des raisons indépendantes de sa volonté.
« L'engagement mentionné au premier alinéa doit être annexé à la déclaration de résultat de l'exercice de la cession. »
Par amendement n° 11, M. Sergent, Mme Dieulangard, MM. Régnault, Saunier, Weber et les membres du groupe socialiste et apparentés proposent, dans la première phrase du premier alinéa du texte présenté par le A de l'article 14 pour insérer un 1 quater dans l'article 39 quaterdecies du code général des impôts, après les mots : « entreprise de pêche maritime », d'insérer les mots : « définie comme société propriétaire d'un ou plusieurs navires armés à la pêche ou propriétaire d'une ou plusieurs parts de copropriétés (quirats) d'un ou de plusieurs navires armés à la pêche, même si leur exploitation est confiée à des tiers ».
La parole est à M. le ministre, pour défendre l'amendement n° 24.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Le dispositif d'étalement des plus-values prévu à l'article 14 s'applique aux entreprises qui exploitent, directement ou par l'intermédiaire d'un mandat de gestion, une activité de pêche maritime.
Il est proposé d'étendre ce dispositif aux entreprises dont l'activité est de mettre à la disposition des entreprises de pêche maritime des navires de pêche dans le cadre de contrats d'affrètement.
En outre, si le prix de cession du navire de pêche n'est pas entièrement réinvesti dans l'acquisition d'un nouveau navire, il est proposé que la plus-value soit répartie pour une fraction de son montant, calculée en proportion des sommes réinvesties.
M. le président. La parole est à M. Sergent, pour défendre l'amendement n° 11.
M. Michel Sergent. Comme je l'ai déjà indiqué dans la discussion générale, cet amendement vise à l'équité.
Cette disposition existe déjà dans le domaine du commerce et je souhaite, parce que j'y vois beaucoup d'avantages, que les navires de pêche puissent bénéficier de la même possibilité.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 24 et 11 ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. La commission est favorable à l'amendement n° 24, qui apporte plus de souplesse au dispositif proposé.
Dans ces conditions, je crois que nous pouvons considérer qu'il apporte satisfaction à M. Sergent.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 11 ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Je pense que la question soulevée, à juste titre, par M. Sergent trouve sa réponse dans l'amendement du Gouvernement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 24, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'amendement n° 11 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 25, le Gouvernement propose de supprimer le paragraphe C de l'article 14.
La parole est à M. le ministre.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Il s'agit de la suppression d'un gage.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 25, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 14, modifié.

(L'article 14 est adopté.)

Article 15

M. le président. « Art. 15. _ I. _ Il est inséré dans le code général des impôts un article 44 nonies ainsi rédigé :
« Art. 44 nonies . _ Le bénéfice imposable des artisans-pêcheurs, soumis à un régime réel d'imposition, qui s'établissent pour la première fois entre le 1er janvier 1997 et le 31 décembre 2003, est déterminé, au titre des soixante premiers mois d'activité, sous déduction d'un abattement de 50 %. Pour en bénéficier, les artisans doivent être âgés de moins de trente-cinq ans au moment de leur installation, avoir satisfait à des conditions de formation et avoir présenté un plan d'installation.
« L'abattement prévu à l'alinéa précédent s'applique également, sous les mêmes conditions, à la quote-part de bénéfice revenant au pêcheur associé d'une société de pêche artisanale mentionnée au troisième alinéa de l'article 34. Il ne s'applique pas au bénéfice soumis à un taux réduit d'imposition, ni aux revenus visés au troisième alinéa de l'article 34 et ne peut se cumuler avec d'autres abattements pratiqués sur le bénéfice réalisé par l'artisan-pêcheur ou la société précitée. »
« I bis. - Supprimé.
« II et III. - Non modifiés. »
Par amendement n° 1, M. de Rohan, au nom de la commission, propose :
A. - Dans la seconde phrase du premier alinéa du texte présenté par le paragraphe I de cet article pour l'article 44 nonies du code général des impôts, de remplacer les mots : « trente-cinq ans » par les mots : « quarante ans ».
B. - Pour compenser la perte de recettes résultant du A ci-dessus, d'insérer après le I de cet article un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« I bis. - Les pertes de recettes éventuelles entraînées par la modification de la condition d'âge mentionnée à l'article 44 nonies du code général des impôts sont compensées à due concurrence par l'augmentation des droits sur les tabacs prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. L'Assemblée nationale a modifié l'article 15 en abaissant l'âge au-dessous duquel le pêcheur bénéficie de l'abattement fiscal.
Je vous propose d'en revenir au texte adopté par le Sénat en raison du coût de l'investissement nécessaire à l'achat d'un bateau.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Le Gouvernement ne peut que réitérer l'avis qu'il avait exprimé en première lecture : il est défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 1, repoussé par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 26, le Gouvernement propose, à la fin de la première phrase du second alinéa du texte présenté par l'article 15 pour l'article 44 nonies du code général des impôts, après les mots : « de l'article 34 », d'insérer les mots : « et soumise au régime d'imposition prévu à l'article 8 ».
La parole est à M. le ministre.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Compte tenu de l'adoption de l'amendement n° 22 à l'article 11, le Gouvernement retire cet amendement.
M. le président. L'amendement n° 26 est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 15, modifié.

(L'article 15 est adopté.)

Article additionnel après l'article 15

M. le président. Par amendement n° 2 rectifié, M. de Rohan, au nom de la commission, propose d'insérer, après l'article 15, un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 238 bis HN du code général des impôts est modifié ainsi qu'il suit :
« A. - Au dixième alinéa, après les mots : "armés au commerce" sont insérés les mots : "ou à la pêche en mer".
« B. - Après le neuvième alinéa, sont insérés les alinéas suivants :
« s'il s'agit d'un navire armé à la pêche,
« i) Les conditions mentionnées aux a, b, c et e doivent être remplies ;
« j) Le navire est, dès sa livraison, exploité par la copropriété, pendant la période prévue au c, dans les conditions prévues par la loi n° 67-5 du 3 janvier 1967 ;
« k) La copropriété visée au premier alinéa doit être gérée par un artisan pêcheur qui remplit les conditions mentionnées au premier alinéa de l'article 44 nonies ou par une société de pêche artisanale dont les associés pêcheurs remplissent ces mêmes conditions ;
« l) L'artisan pêcheur ou la société de pêche artisanale doit détenir pendant la période fixée au d au moins la moitié des parts de la copropriété, seul ou conjointement avec un armement coopératif agréé par le ministre chargé de la pêche, dans le cadre d'une accession progressive à la propriété dans le délai qui ne peut excéder dix ans ; dans ce cas, l'artisan pêcheur ou la société de pêche artisanale doit initialement détenir au moins un cinquième des parts de la copropriété.
« m) Le navire n'est acquis ni auprès de personnes visées à l'article 239 bis AA ou d'un organisme ou d'une entreprise contrôlé par ces personnes ou contrôlé par l'artisan pêcheur ou la société de pêche artisanale visé au l, ni auprès d'une personne dont le nouvel exploitant est ou a été salarié ou associé. »
« C. - Après le dixième alinéa, il est inséré l'alinéa suivant :
« Pour les navires armés à la pêche, l'agrément visé à l'alinéa précédent est délivré par le ministre chargé du budget après avis du ministre chargé de la pêche. Cet agrément est accordé au regard de l'évolution de la ressource et du marché, en fonction des objectifs des programmes européens d'orientation pluriannuels et de maîtrise de l'effort de pêche, et sous réserve du respect des plafonds d'aides autorisés par la réglementation communautaire. »
« D. - Au douzième alinéa, après les mots " d à h " sont insérés les mots : " j à m ".
« E. - Au treizième alinéa, les mots : "visée au f" sont remplacés par les mots : "visée au f s'il s'agit d'un navire armé au commerce ou au k s'il s'agit d'un navire armé à la pêche". »
« II. - L'article 163 vicies du code général des impôts est abrogé.
« III. - Un décret précise les modalités d'application du présent article. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Cet amendement a pour objet de créer un mécanisme de fond de placement quirataire agréé ayant pour objet exclusif l'acquisition minoritaire de parts de copropriété de navire avec un pêcheur artisan ou une société de pêche artisanale, au sens de la loi d'orientation, dans le cadre d'une première installation. Il tend à encourager les jeunes pêcheurs à s'installer en favorisant l'autofinancement.
Le projet de loi d'orientation énonce les objectifs de la politique des pêches parmi lesquels figurent le maintien et le renouvellement d'une flotte adaptée. Cela suppose une politique en faveur du renouvellement des outils et des hommes.
S'agissant des outils, le dispositif d'étalement des plus-values réinvesties devrait faciliter le renouvellement de la flotte des armements existants.
Pour ce qui est des hommes, la modernisation du statut juridique, fiscal et social de l'entreprise de pêche artisanale devrait contribuer à rendre le métier plus attractif, mais rien n'est prévu pour soutenir l'autofinancement nécessaire à l'acquisition d'un navire, en particulier par de jeunes patrons.
Or, les contraintes pour un investisseur sont considérables. Le financement équilibré d'un chalutier de vingt mètres, neuf ou d'occasion, suppose un apport de 500 000 francs à 1 million de francs, ce qui est hors de la portée d'un jeune professionnel.
Par ailleurs, les nouvelles modalités de plafonnement des aides imposées par l'Union européenne ont pour effet d'accroître de 30 % à 40 % les besoins d'autofinancement.
La question de l'autofinancement des artisans pêcheurs s'établissant pour la première fois apparaît donc prioritaire pour assurer la relève professionnelle dans ce secteur.
Le dispositif proposé crée une incitation fiscale pour la souscription de parts de fonds de placements quirataires spécialement agréés par le ministère chargé de la pêche dans la limite d'une enveloppe annuelle déterminée en fonction du POP et des paramètres d'évolution de la ressource des marchés.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Il s'agit évidemment d'un amendement fondamental. Nous avions déjà discuté, en première lecture, de cette question. Elle a également été abordée à l'Assemblée nationale.
J'avais alors indiqué au Sénat comme à l'Assemblée nationale que le Gouvernement ne pouvait pas prendre une position sur ce point sans avoir l'accord de la Commission de Bruxelles.
Conformément aux engagements que j'avais pris devant vous en première lecture, j'ai donc immédiatement saisi la Commission du problème. Je me suis d'ailleurs attaché personnellement, à plusieurs reprises, à démontrer à Mme Bonino l'intérêt d'un tel dispositif et elle s'était engagée à tout mettre en oeuvre pour que l'ensemble de la Commission accepte cette mesure.
Permettez-moi, à cette occasion, de rendre hommage à Mme Bonino, avec qui j'ai des débats difficiles, voire tendus : je défends mon point de vue, elle défend le sien. Mais nous sommes, l'un et l'autre, des gens de bonne volonté et, en tout cas, Mme Bonino témoigne d'une très grande loyauté.
La position que j'ai prise sur le POP IV, qu'elle n'a pas du tout appréciée, n'a nullement remis en cause l'engagement qu'elle avait pris auprès de la France de défendre la mesure que nous demandions auprès de l'ensemble de la Commission.
J'ai le plaisir de vous informer qu'hier le collège des commissaires a suivi la position de Mme Bonino, ce qui me permet aujourd'hui de me déclarer favorable au dispositif présenté par M. le rapporteur.
Cependant, je m'en remettrai formellement à la sagesse du Sénat, car si j'ai eu communication oralement de l'accord de la Commission, un document écrit et formel est bien évidemment nécessaire. Vous aurez néanmoins tous compris, mesdames, messieurs les sénateurs, que m'en remettre à la sagesse de la Haute Assemblée revient, en fait, à me déclarer très favorable à l'amendement de la commission.
M. Jacques Machet. Très bien !
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Je souhaite remercier M. le ministre pour l'accueil qu'il a réservé à cet amendement, et surtout pour la manière dont il a défendu, à Bruxelles, ce que l'on appelle les « quirats jeunes ».
En effet, il s'était engagé, au cours de la première lecture, à saisir immédiatement la Commission du problème ; il l'a fait, et il a su être un avocat très persuasif auprès non seulement de Mme Bonino, mais aussi des autres commissaires intéressés, et obtenir leur adhésion. C'est un acquis dont il faut lui être très reconnaissant, car il s'agira de l'une des dispositions très importantes de ce projet de loi d'orientation.
J'ai eu l'occasion de dire, en défendant l'amendement, que si l'on n'ouvrait pas à des jeunes la possibilité de bénéficier de financements, ceux-ci ne pourraient pas accéder à la profession de pêcheur. Or cette profession a besoin de sang neuf, car un certain nombre de patrons pêcheurs vont partirà la retraite et il existe heureusement encore des perspectives grâce aux batailles qui sont menées à Bruxelles et aux actions que conduit le ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation.
Il faut que nous donnions à des jeunes non seulement l'envie, mais encore les moyens de devenir pêcheurs. Je pense que cette disposition le permettra. Elle était très attendue par la profession. En se battant comme il l'a fait et en soutenant cet amendement, le ministre de l'agriculture a rendu un grand service à la pêche française. (Très bien ! sur les travées du RPR.)
M. Emmanuel Hamel. Il est aussi ministre de la pêche !
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 2 rectifié, pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15.

Article 17 bis

M. le président. « Art. 17 bis . _ L'article L. 43 du code des pensions de retraite des marins est ainsi rédigé :
« Art. L. 43 . _ Sont exonérés, en tout ou partie, de la contribution patronale définie à l'article L. 41, pour l'équipage du bateau sur lequel ils sont embarqués, le propriétaire ou les copropriétaires d'un ou de plusieurs bateaux armés à la petite pêche, à la pêche côtière, à la pêche au large, aux cultures marines ou à la navigation côtière, à condition d'être tous embarqués sur l'un ou l'autre de ces bateaux.
« Bénéficie du même avantage la société qui est propriétaire du navire ou copropriétaire majoritaire du navire sur lequel sont embarqués un ou plusieurs marins détenant la totalité du capital social de cette société et en assurant en droit la direction, les parts détenues par les ascendants, descendants ou conjoints des marins étant assimilées à celles détenues par ces derniers.
« Est considéré comme marin propriétaire le marin embarqué sur un navire en copropriété avec un armement coopératif dans le cadre d'une accession progressive à la propriété dans un délai qui ne peut excéder dix ans, au terme duquel ce marin doit accéder à l'entière propriété.
« L'étendue de cette exonération est fixée par voie réglementaire en fonction de la longueur des bateaux et, en ce qui concerne les pilotes, du volume annuel des navires pilotés dans chaque station à l'entrée et à la sortie.
« L'exonération est maintenue lorsqu'un marin ouvrant droit à celle-ci interrompt la navigation pour une période de repos dans la limite d'une durée annuelle fixée par voie réglementaire, pour l'accomplissement d'une période de service national ou d'un stage de formation professionnelle maritime, pour les besoins de la gestion de son entreprise, dans les conditions définies au deuxième alinéa du 10° de l'article L. 12, ou est contraint d'abandonner la navigation par suite d'une inaptitude définitive ou temporaire, due à une maladie ou à un accident, donnant droit aux prestations de la caisse générale de prévoyance.
« Continuent à bénéficier de l'exonération les veuves et orphelins des marins propriétaires ou copropriétaires s'étant trouvés dans les situations mentionnées aux alinéas ci-dessus.
« Toutefois, cet avantage n'est maintenu à l'égard des orphelins que jusqu'à ce que le plus jeune ait atteint l'âge limite prévu au dernier alinéa de l'article L. 18. » - ( Adopté. )

Article 18

M. le président. « Art. 18. _ L'article L. 622-4 du code de la sécurité sociale est complété par les mots : "à l'exception des personnes exerçant une activité professionnelle qui relève à titre obligatoire du régime spécial de sécurité sociale des marins, l'exercice d'activités accessoires liées au tourisme et aux loisirs ne remettant pas en cause cette affiliation". »
Par amendement n° 3, M. de Rohan, au nom de la commission, propose, après le mot : « marins », de supprimer la fin de cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. La modification introduite par l'Assemblée nationale peut être interprétée de manière restrictive : on ne pourrait exercer la profession de pêcheur qu'avec une activité de tourisme ou de loisir, à l'exclusion de toute autre activité. Cela conduirait à réduire considérablement la notion de pluriactivité dans la pêche, pluriactivité que nous voulons, au contraire, encourager. Je vous propose donc de revenir à la rédaction initiale du Sénat.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 3, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 18, ainsi modifié.

(L'article 18 est adopté.)

Article additionnel avant l'article 20

M. le président. Par amendement n° 18, MM. Leyzour, Minetti, Pagès, Bécart et les membres du groupe communiste républicain et citoyen proposent d'insérer, avant l'article 20, un article additionnel rédigé comme suit :
« I. - L'organisation des marchés des pêches maritimes a pour objectif :
« a) D'assurer aux marins et à ceux qui vivent de cette activité un prix minimum correspondant à l'évolution des coûts de production par des interventions sur les marchés, soit par stockage régulateur, soit par la transformation en faisant appel aux techniques modernes, soit par l'exportation, soit par la limitation des importations en fonction des besoins réels des marchés ou par une utilisation diversifiée des retraits éventuels en évitant les destructions ;
« b) De réduire les écarts entre les prix à la production et à la consommation en agissant pour l'amélioration et l'assainissement des circuits commerciaux.
« II. - Les importations de produits halieutiques et aquacoles ne peuvent qu'être complémentaires et soumises aux mêmes règles de prix et de contrôle sanitaire que notre production nationale.
« Lorsque le besoin s'en fait sentir, le Gouvernement utilise la procédure communautaire de sauvegarde afin de faire cesser les importations abusives à prix de dumping.
« Les mécanismes de formation des prix concourent à assurer une juste rémunération du travail de l'ensemble des acteurs de la filière, notamment par le relèvement des prix d'orientation et de retrait répondant à des prix de rentabilité.
« Une planification des apports est élaborée en fonction des besoins nationaux et de la spécificité de cette activité.
« III. - Le fonds d'intervention et d'organisation des marchés est doté des moyens financiers indispensables pour mener efficacement son action. »
La parole est à M. Leyzour.
M. Félix Leyzour. Cet amendement tend à fixer des règles qui garantissent une rémunération correcte du travail des marins-pêcheurs établis en France en inscrivant, notamment, les importations dans le cadre d'une complémentarité avec la production nationale.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. La commission est défavorable à cet amendement, et ce pour trois raisons.
En premier lieu, la portée de cet amendement est très peu normative.
En deuxième lieu, il s'agit d'un empiétement caractérisé du domaine réglementaire.
En troisième lieu, les dispositions proposées sont en totale contradiction avec la politique commune des pêches et avec le droit communautaire dans un certain nombre de secteurs.
Cela fait beaucoup !
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Le Gouvernement est également défavorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 18, repoussé par la commission et par le Gouvernement.

(L'amendement n'est pas adopté.)

Article 21

M. le président. « Art. 21. _ L'article 16 du décret du 9 janvier 1852 précité est ainsi rédigé :
« Art. 16 . _ Sont habilités à rechercher et constater les infractions aux dispositions du présent décret et à celles des textes réglementaires pris pour son application les administrateurs des affaires maritimes, les inspecteurs des affaires maritimes, les officiers du corps technique et administratif des affaires maritimes, les commandants, commandants en second ou officiers en second des bâtiments et les chefs de bord des aéronefs de la marine nationale, les contrôleurs des affaires maritimes, les syndics des gens de mer, les personnels embarqués d'assistance et de surveillance des affaires maritimes, les techniciens du contrôle des établissements de pêche, les officiers et agents de police judiciaire, les agents des douanes, les gardes jurés et les prud'hommes pêcheurs. » - ( Adopté. )

Article 22 bis

M. le président. « Art. 22 bis . _ Exerce une activité de transformation tout industriel qui assure le premier achat des produits de la pêche maritime afin de les transformer en produits finis destinés à la consommation humaine et qui dispose à cet effet d'un établissement de manipulation des produits de la pêche. Cet établissement doit disposer d'un agrément CEE. »
Par amendement n° 4, M. de Rohan, au nom de la commission, propose de supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Cet article, qui a été introduit par l'Assemblée nationale, pose problème pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, il nous apparaît très restrictif et dangereux de définir l'activité de transformation par rapport au premier achat de produits de la pêche. L'industriel qui exerce une activité de transformation dispose implicitement d'un établissement de manipulation des produits de la pêche. Il nous paraît donc superfétatoire de le préciser dans la loi.
Ensuite, les règles sanitaires relèvent du droit communautaire. Il s'agit d'une directive du Conseil qui est déjà transposée en droit français. Légiférer sur ces questions est donc redondant.
Par conséquent, la commission demande la suppression de cet article.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Le Gouvernement comprend parfaitement les motivations de M. le rapporteur. Ses explications sont tout à fait convaincantes et le Gouvernement s'y rallie. Il est donc favorable à cet amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 4, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, l'article 22 bis est supprimé.


Article 25

M. le président. « Art. 25. _ Après le neuvième alinéa (8°) de l'article L. 215-1 du code de la consommation, il est inséré un 9° ainsi rédigé :
« 9° Les administrateurs des affaires maritimes, les inspecteurs des affaires maritimes, les techniciens experts du service de la sécurité de la navigation maritime, les officiers du corps technique et administratif des affaires maritimes, les contrôleurs des affaires maritimes, les syndics des gens de mer, les personnels embarqués d'assistance et de surveillance des affaires maritimes. »
Par amendement n° 5, M. de Rohan, au nom de la commission, propose de compléter in fine le texte présenté par cet article pour le 9° de l'article L. 215-1 du code de la consommation par les mots suivants : « , les techniciens du contrôle des établissements de pêche maritime. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. C'est un amendement de précision.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 5, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 25, ainsi modifié.

(L'article 25 est adopté.)


Article 26

M. le président. « Art. 26. _ L'article 14 de la loi n° 91-411 du 2 mai 1991 précitée est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« En outre, l'autorité administrative peut, dans les conditions prévues aux trois derniers alinéas de l'article 6, infliger une amende à une organisation de producteurs si celle-ci ne s'est pas assurée, à l'occasion de l'adhésion d'un producteur provenant d'une autre organisation, que celui-ci avait respecté à l'égard de cette dernière l'ensemble de ses obligations en matière de préavis, telles que fixées par la réglementation européenne portant organisation commune des marchés des produits de la pêche et de l'aquaculture. Le bénéfice de cette amende est attribué à l'office institué en vertu de l'article 12 bis de la loi n° 82-847 du 6 octobre 1982 précitée.
« Le montant maximal de cette amende ne peut excéder celui des cotisations à acquitter par le producteur concerné à son organisation d'origine au titre des deux années précédentes. » - ( Adopté. )


Article 27
bis

M. le président. « Art. 27 bis . _ Lorsqu'il ne relève pas, à titre obligatoire, d'un régime légal ou réglementaire de retraite à raison de l'exercice de son activité et qu'il n'est pas lui-même marin, le conjoint du chef d'exploitation ou d'entreprise de cultures marines relevant du régime spécial de sécurité sociale des marins, qui participe à la mise en valeur de l'exploitation ou de l'entreprise, a droit, à l'âge de soixante ans, à une allocation viagère servie par la caisse de retraite des marins.
« Le chef d'exploitation, pour ouvrir droit au bénéfice de cette allocation, doit acquitter une cotisation additionnelle à sa cotisation personnelle d'assurance vieillesse assise sur le salaire forfaitaire visé à l'article L. 41 du code des pensions de retraite des marins, à un niveau de catégorie et selon un taux fixés par décret en Conseil d'Etat. Un décret en Conseil d'Etat détermine également les conditions d'ouverture du droit et les modalités de calcul de l'allocation. »
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 6 est présenté par M. de Rohan, au nom de la commission.
L'amendement n° 8 est déposé par M. Doublet.
Tous deux tendent à rédiger comme suit le premier alinéa de cet article :
« Lorsqu'il ne relève pas, à titre obligatoire, d'un régime légal ou réglementaire de retraite à raison de l'exercice de son activité et qu'il n'est pas lui-même marin, le conjoint du chef d'exploitation ou d'entreprise de cultures marines relevant du régime spécial de sécurité sociale des marins, qui participe à la mise en valeur de l'exploitation ou de l'entreprise, a droit, à un âge qui ne peut être inférieur à cinquante-cinq ans et dès lors qu'il est mis fin à l'exploitation ou à l'entreprise de cultures marines, à une allocation viagère servie par la caisse de retraite des marins. »
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 6.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. L'article 27 bis a été adopté par l'Assemblée nationale sur l'initiative du Gouvernement.
La commission vous propose un amendement afin d'abaisser l'âge à partir duquel le versement de l'allocation viagère est possible. En effet, les conchyliculteurs pouvant prendre leur retraite dès cinquante-cinq ans, il serait illogique que le versement de l'allocation au conjoint de ce même conchyliculteur ne puisse s'effectuer qu'à soixante ans.
Cependant, votre commission souhaite que le seuil retenu, sans pouvoir être inférieur à cinquante-cinq ans, corresponde non pas à l'accession du chef d'exploitation à la retraite, mais à la cessation effective de l'exploitation.
En effet, certains chefs d'exploitation de cultures marines demandent à cinquante-cinq ans la liquidation de leurs droits à pension sur la caisse de retraite des marins, la CRM, tout en poursuivant l'exploitation de cultures marines en s'affiliant à la MSA, acquérant ainsi de nouveaux droits à pension au titre de ce régime.
M. le président. La parole est à M. Doublet, pour défendre l'amendement n° 8.
M. Michel Doublet. L'article 27 bis proposé par le Gouvernement et adopté par l'Assemblée nationale constitue une réelle avancée pour les conjoints de conchyliculteurs. Cette disposition prévoit, en effet, que les conjoints peuvent bénéficier de l'allocation viagère à l'âge de soixante ans.
La fixation de cet âge est motivée par le parallélisme recherché avec le système agricole et le fait que la retraite à cinquante-cinq ans du système maritime correspond à la pénibilité du métier de marin, dont peuvent difficilement se prévaloir les conjoints qui ne sont pas eux-mêmes marins.
Compte tenu des éventuels écarts d'âge entre époux, cet argument ne peut seul sous-tendre une modification de la mesure proposée par le Gouvernement, d'autant que maints chefs d'exploitation de cultures marines demandent à cinquante-cinq ans la liquidation de leurs droits à pension sur la caisse de retraite des marins, pour poursuivre l'exploitation de cultures marines, en s'affiliant à la MSA, acquérant ainsi de nouveaux droits à pension au titre de ce régime.
Il pourrait donc être proposé de retenir un seuil tenant compte tout aussi bien des objections formulées que des pratiques de cumul qui, en toute rigueur, doivent être bannies. Ainsi pourrait-on établir un seuil qui, sans pouvoir être inférieur à cinquante-cinq ans, correspondrait non pas à l'accession du chef d'exploitation à la retraite, mais à la cessation effective de l'exploitation.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements identiques n°s 6 et 8 ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Ces amendements sont en cohérence avec les règles générales de l'ENIM. Il serait effectivement illogique, comme l'ont souligné M. le rapporteur et M. Doublet, qu'un conclyliculteur puisse prendre sa retraite à cinquante-cinq ans et que son conjoint ne puisse le faire qu'à soixante ans.
Toutefois, cette faculté doit correspondre à la cessation effective de l'activité, et non pas permettre que soit demandée la liquidation des droits à pension sur l'ENIM alors que serait poursuivie une activité avec affiliation à la MSA.
Le Gouvernement est donc tout à fait favorable aux amendements dans la formulation qui est la leur.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 6 et 8, acceptés par le Gouvernement.

(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 27 bis , ainsi modifié.

(L'article 27 bis est adopté.)


Articles 29
bis A et 30 A

M. le président. « Art. 29 bis A. _ Dans l'article L. 1er du code des pensions de retraite des marins, après le mot : "pêche", il est inséré les mots : ", de cultures marines". » - ( Adopté. )
« Art. 30 A. _ Les dispositions des articles 39 et 39-1 de la loi n° 93-1313 du 20 décembre 1993 quinquennale relative au travail, à l'emploi et à la formation professionnelle sont applicables aux entreprises d'armement maritime. » - ( Adopté. )


Article 30

M. le président. « Art. 30. _ La loi du 13 décembre 1926 portant code du travail maritime est ainsi modifiée :
« I et II. _ Non modifiés.
« III. _ Il est inséré, après l'article 24-1, un article 24-2 ainsi rédigé :
« Art. 24-2 . _ Les dispositions de l'article L. 212-2-1, des deuxième, troisième et quatrième alinéas de l'article L. 212-5, ainsi que des articles L. 212-8 à L. 212-9 du code du travail, relatifs à la modulation du temps de travail et au remplacement du paiement des heures supplémentaires par un repos compensateur, sont applicables aux marins salariés des entreprises d'armement maritime. »
« IV à XX. _ Non modifiés. »
Par amendement n° 20 rectifié bis , MM. Darniche et Habert proposent d'insérer, après le paragraphe I de cet article, un paragraphe additionnel ainsi rédigé :
« ... - L'article 8 est rétabli dans la rédaction suivante :
« Art. 8. - Les dispositions du titre premier du livre premier du code du travail relatives à l'apprentissage sont applicables aux entreprises d'armement maritime.
« La dérogation d'âge visée à l'article L. 117-3 du code du travail est également applicable aux jeunes marins embarqués nonobstant les dispositions de l'alinéa premier de l'article 115.
« Les adaptations nécessaires aux spécificités des entreprises d'armement maritime sont précisées au décret visé à l'article 117. »
La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Le 5 novembre 1996, en première lecture de ce texte, M. Darniche intervenait en ces termes : « Les jeunes qui ont choisi le métier de la mer et de la pêche doivent pouvoir acquérir des connaissances théoriques et pratiques, indispensables à l'exercice de leur métier. »
Dans le cadre d'une rectification de l'article 8 du code du travail maritime, vous répondiez, monsieur le ministre : « Je partage les préoccupations de M. Darniche : il serait bon d'ouvrir aux jeunes marins le bénéfice de dispositions relatives à l'apprentissage. Mais le Gouvernement a engagé une réforme globale qui vaut pour tous les jeunes de la mer : dans le commerce, la pêche et la conchyliculture. Nous souhaitons proposer en 1997 une réforme d'ensemble de l'éducation maritime, élaborée en concertation avec tous les professionnels. »
Voici le résultat de cette concertation et je vous en remercie, monsieur le ministre. Le texte que nous vous soumettons et auquel, je l'espère, la commission et vous-même, monsieur le ministre, donnerez votre agrément, puisqu'il résulte de cette concertation, vise à rétablir dans l'article 30 du présent projet de loi l'article 8 du code du travail maritime dans une nouvelle rédaction.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. La commission souhaiterait connaître l'avis du Gouvernement, qui s'était engagé, en première lecture, à fournir un rapport relatif à l'apprentissage dans le secteur de la pêche.
M. le président. Quel est donc l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Le Gouvernement partage pleinement la préoccupation du Sénat sur ce point, qui a déjà fait l'objet d'un amendement présenté par M. de Rohan lors de la première lecture. Le Gouvernement avait alors demandé le retrait de cet amendement pour permettre d'engager une discussion avec les partenaires sociaux, comme cela a été fait pour l'ensemble de ce projet de loi.
Les journées d'éducation maritime organisées par la direction des affaires maritimes et des gens de mer, les 3 et 4 avril 1997, qui ont réuni pour la troisième fois les acteurs de la formation professionnelle maritime que sont les marins, les armateurs et leur administration, ont permis des échanges fructueux sur l'opportunité de l'apprentissage maritime adapté aux trois activités de transport, de pêche et de culture marine.
La discussion a suscité un réel intérêt parmi les professionnels et les syndicats de salariés concernés, pour motiver, pour sensibilier les jeunes et fidéliser une main-d'oeuvre bien formée - technicité au commerce, recrutement local à la pêche, intégration dans le milieu conchylicole.
Au vu de tout cela, je m'en remets à la sagesse du Sénat sur l'amendement n° 20 rectifié bis .
M. le président. Quel est maintenant l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Dans ces conditions, la commission est favorable à l'amendement.
M. le président. Personne ne demande la parole ?..
Je mets aux voix l'amendement n° 20 rectifié bis , accepté par la commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 30, ainsi modifié.

(L'article 30 est adopté.)

Article 31

M. le président. « Art. 31. _ I. _ Sont insérés au chapitre II du titre IV du livre VII du code du travail, après l'article L. 742-8, trois articles L. 742-9, L. 742-10 et L. 742-11 ainsi rédigés :
« Art. L. 742-9 . _ Les conditions d'application aux entreprises d'armement maritime des dispositions de la section 5-1 du chapitre II du titre II du livre Ier du présent code sont fixées, compte tenu des adaptations nécessaires, par décret en Conseil d'Etat.
« Art. L. 742-10 . _ Le chapitre VII du titre II du livre Ier du présent code relatif aux groupements d'employeurs est applicable aux entreprises d'armement maritime.
« Art. L. 742-11 . _ Les dispositions du chapitre IV du titre VIII du livre VII du présent code relatives au conjoint salarié de chef d'entreprise sont applicables aux entreprises d'armement maritime. »
« II et III. _ Non modifiés.
« IV. _ L'article L. 953-3 du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« S'agissant des chefs d'entreprise de cultures marines et des travailleurs indépendants du même secteur, et le cas échéant leurs conjoints, collaborateurs ou associés, les caisses de mutualité sociale agricole reversent le montant de leur collecte à l'organisme collecteur paritaire agréé mentionné au troisième alinéa de l'article L. 953 4. »
« V. _ Il est inséré, après l'article L. 953-3 du même code, un article L. 953-4 ainsi rédigé :
« Art. L. 953-4 . _ A compter du 1er janvier 1997, les travailleurs indépendants à la pêche maritime et les chefs d'entreprise de pêche maritime occupant moins de dix salariés ainsi que les travailleurs indépendants et les chefs d'entreprise de cultures marines occupant moins de dix salariés affiliés au régime social des marins, et le cas échéant leurs conjoints, collaborateurs ou associés, doivent, chaque année, consacrer pour le financement de leurs propres actions de formation, telles que définies à l'article L. 900-2, une contribution qui ne peut être inférieure à 0,15 % du montant annuel du plafond de la sécurité sociale.
« Cette contribution est directement recouvrée en une seule fois et contrôlée par la Caisse nationale d'allocations familiales des pêches maritimes, selon les règles et sous les garanties et sanctions applicables au recouvrement des cotisations dues au titre du régime de protection sociale maritime. »
« La Caisse nationale d'allocations familiales des pêches maritimes reverse le montant annuel de la collecte de la contribution visée au premier alinéa à l'organisme collecteur paritaire agréé à cet effet par l'Etat, dans les conditions fixées par décret en Conseil d'Etat. »
Par amendement n° 7, M. de Rohan, au nom de la commission, propose, dans le texte présenté par le IV de cet article pour l'article L. 953-3 du code du travail, après les mots : « le cas échéant » , d'insérer le mot : « de ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 7, accepté par le Gouvernement.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Par amendement n° 27, le Gouvernement propose, au début du premier alinéa du texte présenté par le V de l'article 31 pour l'article L. 953-4 du code du travail, de supprimer les mots : « A compter du 1er janvier 1997, ».
La parole est à M. le ministre.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. La raison pure, pour tenir compte de la durée du débat parlementaire et faire en sorte de tenir pleinement nos engagements, veut que nous retenions comme date d'application de cette loi celle de sa promulgation, sans autre précision.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Favorable.
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 27, accepté par la commission.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 31, modifié.

(L'article 31 est adopté.)

Article 35

M. le président. « Art. 35. _ La section 3 du chapitre Ier du titre Ier du livre II du code du domaine de l'Etat (première partie : législative) est complétée par un article L. 34-8-1 ainsi rédigé :
« Art. L. 34-8-1 . _ Les dispositions de la présente section et de l'article 3 de la loi n° 94-631 du 25 juillet 1994 complétant le code du domaine de l'Etat et relative à la constitution de droits réels sur le domaine public sont applicables sur le domaine public de l'Etat compris dans les limites administratives des ports qui relèvent de la compétence des départements, mis à disposition de ces départements ou ayant fait l'objet, à leur profit, d'un transfert de gestion.
« Les autorisations, décisions et agréments mentionnés aux articles L. 34-1, L. 34 2, L. 34-3 et L. 34-4 sont pris ou accordés, après consultation du représentant de l'Etat, par le président du conseil général. Ils peuvent également être pris ou accordés par le concessionnaire, lorsque les termes de la concession le prévoient expressément.
« Un décret en Conseil d'Etat fixe les modalités d'application du présent article. » - ( Adopté. )
M. le président. Les autres dispositions du projet de loi ne font pas l'objet de la deuxième lecture.

Vote sur l'ensemble

M. le président. Avant de mettre aux voix l'ensemble du projet de loi, je donne la parole à M. Doublet pour explication de vote.
M. Michel Doublet. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le projet de loi que nous venons d'examiner aujourd'hui en seconde lecture répond pleinement aux préoccupations de l'ensemble d'une profession trop longtemps oubliée.
Votre texte, monsieur le ministre, marque une avancée considérable pour un secteur à part entière de notre économie et constitue le cadre d'une véritable réforme pour notre pêche maritime.
Vous avez d'ores et déjà inscrit cette volonté dans le budget pour l'année 1997 en maintenant les dotations au niveau de 1996, tant en dépenses ordinaires qu'en crédits d'équipement. Vous avez ainsi préservé la pérennité des actions les plus structurantes engagées pour ce secteur.
Vous venez encore d'obtenir des avancées notables à l'échelon européen s'agissant du POP IV. En effet, à l'issue de longues et difficiles négociations, un compromis vient d'être adopté au dernier Conseil des ministres européens de la pêche : il réduit, d'une part, de moitié les objectifs initiaux de la Commission, et d'autre part, il reconnaît globalement la polyvalence des flottilles.
Même si vous avez, à juste titre, voté contre des taux de réduction demeurant trop élevés par rapport aux équilibres atteints par les différentes flottilles françaises, ce POP IV permet néanmoins de rétablir les aides à la modernisation de la flotte.
Je tiens tout particulièrement à rendre hommage à notre rapporteur, M. Josselin de Rohan, pour la qualité et la pertinence de son travail.
En première lecture, le Sénat, sous son impulsion, avait renforcé ce texte sur trois points essentiels : le dispositif en faveur des jeunes marins-pêcheurs, le dispositif en faveur des conjoints de patrons marins-pêcheurs ; enfin, l'équilibre entre la non-patrimonialisation des droits de pêche et les impératifs économiques de la profession.
Aujourd'hui, le Sénat, toujours sous votre impulsion, monsieur le rapporteur, a notamment créé un dispositif permettant de favoriser l'autofinancement des pêcheurs lors de la première installation, avec une incitation fiscale pour la souscription de parts de fonds de placement quirataire, à l'instar du système mis en place pour la flotte de commerce. C'est ici une avancée considérable.
Nous venons également d'abaisser l'âge à partir duquel le versement d'une allocation est possible pour les conjoints de conchyliculteurs, en retenant un seuil qui, sans pouvoir être inférieur à cinquante-cinq ans, correspond non pas à l'accession du chef d'exploitation à la retraite, mais à la cessation d'activité de l'exploitation.
Toutes ces modifications enrichissent ce projet de loi et répondent enfin aux attentes de toute la profession. Le texte tel qu'il ressort aujourd'hui de nos travaux doit beaucoup, monsieur le rapporteur, à vos compétences, à vos connaissances et à votre vision globale des problèmes du monde de la pêche. Pour toutes ces raisons, le groupe du RPR le votera.
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. Monsieur le ministre, vous constatez que, pour voter ce texte - qui doit beaucoup à votre imagination et à votre volonté de progrès - se trouvent dans l'hémicycle un marin célèbre, l'amiral de Gaulle, le président du groupe des sénateurs non inscrits, qui, chaque année, survole sur des dizaines de milliers de kilomètres les mers du globe, des sénateurs représentant des départements proches des mers, comme M. Doublet, mais aussi des sénateurs représentant des départements de l'intérieur, comme celui du département du Rhône que j'ai l'honneur d'être !.
Nous savons bien que le destin de la France est lié à l'accomplissement, à l'épanouissement de sa vocation maritime. Nous sommes solidaires, nous les citoyens de l'intérieur, des marins, face aux risques qu'ils courent et compte tenu de ce qu'ils apportent à la France. C'est la raison pour laquelle, comme beaucoup d'autres collègues sénateurs de départements de l'intérieur sans marins, je suis ici intentionnellement pour exprimer ma solidarité avec cette catégorie exceptionnelle de Français, qui ont la chance d'avoir dans cet hémicycle, non pas pour porte-parole, mais pour avocat prestigieux M. de Rohan qui, depuis des années, s'est spécialisé dans leurs problèmes et la défense de leur mission. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. Leyzour.
M. Félix Leyzour. J'ai envie de poursuivre sur la lancée de notre collègue :
« Combien de marins, combien de capitaines...
M. Emmanuel Hamel. ... « Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines
« Dans ce morne horizon se sont évanouis ! Saluons-les ! »
M. Félix Leyzour. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, en première lecture, nous avons noté que le texte, s'il prend en compte un certain nombre de préoccupations du monde de la pêche, n'était pas de nature à résoudre les graves problèmes que connaissent aujourd'hui les marins-pêcheurs.
Il revient en seconde lecture sous le feu de l'actualité, comme je l'ai indiqué ce matin, et sans modification significative. Nous continuons de penser qu'il ne réglera pas les problèmes posés aujourd'hui aux pêches maritimes en France.
Tout à l'heure, a été souligné comme élément nouveau l'application à la pêche du système quirataire. La pêche a en effet besoin de soutien financier, et il est indispensable de favoriser les investissements, qu'ils soient publics ou privés. Il est nécessaire d'accroître les financements de l'Etat en faveur des jeunes en particulier. Toutefois, nous pensons que l'application du système quirataire aura tendance à accentuer la « financiarisation » des activités de la pêche. Cela favorisera, à notre avis, la pénétration d'intérêts étrangers, ce qui, à terme, nuira à la permanence de nos capacités de pêche, notamment artisanales. Or on sait combien ces pêches occupent une place importante dans nos activités. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas voté tout à l'heure cet amendement.
Sur l'ensemble du texte, nous maintenons notre position, celle que nous avons exprimée lors du vote en première lecture : le groupe communiste républicain et citoyen s'abstiendra.
M. le président. La parole est à M. Sergent.
M. Michel Sergent. Nous avions adopté ce texte en première lecture. Il nous est revenu de l'Assemblée nationale légèrement modifié.
J'ai souhaité y inclure des amendements, et j'avais dit tout à l'heure, dans la discussion générale, que le sort qui serait réservé à ces amendements dicterait ma position et celle du groupe que je représente ici.
J'ai eu le sentiment que M. le ministre était disposé à les voir adopter, mais la commission, par la voix de son rapporteur, a été beaucoup plus rigide. Peut-être ces amendements avaient-ils le tort d'avoir été déposés par l'opposition ! Ils devenaient ainsi plus difficilement acceptables.
La formation aurait pu avoir une meilleure place - un amendement sur l'apprentissage a d'ailleurs été adopté - mais il n'en a rien été.
L'amendement que j'avais présenté sur la pêche industrielle et semi-industrielle n'a pas, lui non plus, été retenu.
C'est la raison pour laquelle, au nom du groupe socialiste, je m'abstiendrai du vote.
M. le président. La parole est à M. Machet.
M. Jacques Machet. Vous êtes, monsieur Vasseur, ministre de l'agriculture et de la pêche. Je suis, moi, comme M. Hamel, de l'intérieur, des plaines de Champagne. Pourquoi alors intervenir sur la pêche ? Certes, je vais me promener de temps en temps au bord de la mer ; mais il n'y a pas que cela.
J'ai senti, à travers ce débat, comme agriculteur, comme quelqu'un qui se bat pour l'agriculture, que l'on agissait pour que les jeunes puissent continuer à travailler. C'est très important.
Le groupe de l'Union centriste votera donc ce texte.
M. Emmanuel Hamel. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Habert.
M. Jacques Habert. Je ne dirai qu'un mot, monsieur le président, car je me sens obligé de remercier M. Hamel de sa belle envolée !
M. Emmanuel Hamel. J'ai plutôt survolé !
M. Jacques Habert. Je veux surtout exprimer ma gratitude d'abord à notre rapporteur, M. Josselin de Rohan, dont la compétence en la matière s'est affirmée une fois de plus, mais surtout au Gouvernement et à vous-même, monsieur le ministre de l'agriculture et, à nos yeux aujourd'hui, principalement ministre de la pêche, qui avez pris l'initiative de ce texte et qui, depuis le mois de novembre, y avez travaillé.
Vous nous avez présenté aujourd'hui un document qui est tout à fait remarquable et qui, je pense, va permettre de prendre un nouveau départ dans le domaine si difficile dont il était question aujourd'hui.
Je vous remercie en particulier d'avoir accepté l'amendement de M. Darniche, d'avoir travaillé avec lui et avec d'autres ici, notamment à l'occasion du congrès du 4 avril, sur le problème de l'apprentissage, qui est extrêmement important pour l'avenir de tous nos jeunes. J'espère que ces derniers trouveront dans la pêche les débouchés qui leur permettront de bien défendre notre pays dans un domaine que la tradition a placé très haut.
M. le président. Si M. Hamel traverse aussi bien les océans qu'il traverse l'hémicycle, il doit être un grand navigateur ! (Sourires.)
M. Emmanuel Hamel. C'est au nom de la commission des finances, sinon je n'oserais pas m'asseoir à cette place !
M. Félix Leyzour. Proche de celle de Victor-Hugo !
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au terme de ce débat, je voudrais d'abord me féliciter de la tournure qu'il a prise.
On a trop souvent dit que la France n'avait pas de politique maritime, qu'elle n'avait pas d'ambition maritime. Ce texte démontre le contraire.
Je voudrais aussi dire ce que ce texte doit au Président de la République, qui l'a voulu depuis longtemps et qui a soutenu les efforts du ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation pour le concevoir.
Je voudrais encore féliciter M. le ministre pour la manière tout à fait exemplaire dont il a préparé ce texte. En effet, il a permis une très longue concertation avec la profession et il a pris le temps nécessaire pour écouter ses interlocuteurs. Je crois pouvoir dire que ce projet de loi a été très largement élaboré avec leur concours.
Puis les deux assemblées ont étudié le texte. Je me félicite du fait que l'Assemblée nationale ait accepté la façon dont nous l'avions rédigé, même si nos collègues députés y ont apporté des éléments très utiles.
Je me réjouis de l'avancée importante que représente le système quirataire pour les jeunes. Elle a été obtenue grâce à l'opiniâtreté dont a fait preuve M. le ministre en négociant à Bruxelles et en convainquant les commissaires de l'utilité de ce dispositif.
Je ne vois pas du tout en quoi, avec des dispositions de cette nature, les pêcheurs pourraient tomber sous la coupe des trusts et des monopoles qui effarouchent toujours M. Leyzour et ses amis.
M. Félix Leyzour. A juste titre !
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Il veut des concours financiers plus importants de l'Etat. Peut-être souhaite-t-il transformer les pêcheurs en fonctionnaires ? Je ne crois pas que ce soit ce que recherche la profession !
M. Félix Leyzour. Pas de dérision, monsieur le rapporteur !
M. Josselin de Rohan, rapporteur. Je voudrais enfin rassurer M. Sergent : ce n'est pas du tout pour des raisons idéologiques que la commission n'a pas accepté ses amendements ; c'est tout simplement pour des raisons de principe, qui tiennent à l'élaboration du projet de loi.
Tout d'abord, il ne fallait pas alourdir inutilement les efforts demandés au Gouvernement s'agissant de la préparation de rapports. D'une part cela n'a pas de véritable portée, d'autre part ce ne sont pas tant des rapports que nous demandons au Gouvernement que des actes. Un rapport de plus ne changerait pas grand-chose à la condition des pêcheurs !
Ensuite - il est vrai que j'ai une formation de haut fonctionnaire, monsieur Sergent...
M. Félix Leyzour. Ah !
M. Josselin de Rohan, rapporteur. ... et je la revendique ! - je ne crois pas aux textes qui comportent des incantations et des voeux. J'attends d'un texte qu'il annonce, permette, interdise ou favorise, et non qu'il constitue un catalogue, une lettre au père Noël, sans aucune expèce de portée.
Si des idées nous parviennent des diverses parties de l'hémicycle et des diverses formations, nous sommes très heureux de les adopter quand nous pensons qu'elles sont bonnes.
Je conclurai mon propos en souhaitant que cette loi d'orientation permette à la pêche française de prendre un nouveau départ et de s'adapter. Elle en a grand besoin mais cela va être très difficile.
En effet, la ressource a diminué. Il va donc falloir cesser la course à la productivité à tout prix, parce que nous avons à « aménager » également les océans. Cela suppose des reconversions. La profession y procède avec beaucoup de courage. Elle a besoin d'être accompagnée par un effort important de l'Etat. Cela doit se faire dans la concertation.
C'est tout l'objet de ce projet de loi, car telle est aussi la volonté du ministre.
Le souhait que je formule et que, je crois, nous partageons tous, c'est que de cette loi d'orientation date la modernisation de la pêche française et sa pérennité. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. Emmanuel Hamel. Très bien !
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Philippe Vasseur, ministre de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation. Sans allonger le débat, je voudrais féliciter l'ensemble des sénateurs, plus particulièrement, bien entendu, le rapporteur, M. Josselin de Rohan, pour le travail considérable qui a été accompli.
Nous avons donné, je pense, une image sereine et saine de ce que doit être le fonctionnement démocratique de nos institutions, c'est-à-dire un débat, un dialogue permanent - même si nous avons été amenés, quelquefois, à émettre des points de vue divergents ; mais c'est aussi à l'honneur de notre démocratie - et, au bout du compte, un grand sens de l'intérêt général.
Le texte issu des travaux du Sénat après tant la première lecture que la seconde, aujourd'hui, comporte des avancées très importantes qui démontrent l'efficacité et l'utilité du travail des sénateurs.
J'ai le sentiment que, ensemble, nous avons effectivement doté notre secteur des pêches maritimes du texte dont il avait besoin, d'une grande loi. Bien sûr, rien n'est jamais gagné d'avance, mais nous avons enfin l'outil qui doit nous permettre de rendre espoir aux pêcheurs et de doter notre pays d'une véritable filière des produits de la mer.
Alors que nous ne disposions pas, jusqu'à présent, de tous les moyens nécessaires, le texte obtenu aujourd'hui va, me semble-t-il, nous permettre de mener une grande politique, démontrant ainsi que la France entend être partie prenante et rester un élément important dans le domaine des activités maritimes, et particulièrement de la pêche. (Applaudissements sur les travées du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'ensemble du projet de loi.
M. Michel Sergent. Le groupe socialiste s'abstient.
M. Félix Leyzour. Le groupe communiste républicain et citoyen également.

(Le projet de loi est adopté.)

3

ORDRE DU JOUR

M. le président. Voici quel sera l'ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée au mardi 22 avril 1997, à neuf heures trente et à seize heures :
1. Discussion de la proposition de loi (n° 225, 1996-1997), adoptée par l'Assemblée nationale, relative à la promotion de l'apprentissage dans le secteur public non industriel et commercial.
Rapport (n° 311, 1996-1997), fait par M. Louis Souvet au nom de la commission des affaires sociales.
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 21 avril 1997, à dix-sept heures.
2. Discussion des conclusions du rapport (n° 306, 1996-1997) de M. Pierre Fauchon, fait au nom de la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du règlement et d'administration générale sur la proposition de loi (n° 284, 1996-1997) de M. Jacques Larché relative à la validation de certaines admissions à l'examen d'entrée à un centre de formation professionnelle d'avocats.
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 21 avril 1997, à dix-sept heures.
3. Discussion de la proposition de loi (n° 249, 1996-1997), adoptée par l'Assemblée nationale, portant création de l'établissement public d'aménagement de l'étang de Berre (EPABerre).
Rapport (n° 312, 1996-1997) de M. Pierre Hérisson, fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan.
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 21 avril 1997, à dix-sept heures.
4. Discussion de la proposition de loi (n° 250, 1996-1997), adoptée par l'Assemblée nationale, relative à l'activité de mandataire en recherche ou achat de véhicules automobiles neufs.
Rapport (n° 308, 1996-1997) de M. Jean-Jacques Robert, fait au nom de la commission des affaires économiques et du Plan.
Délai limite pour le dépôt des amendements : lundi 21 avril 1997, à dix-sept heures.

Délais limites

Déclaration du Gouvernement, suivie d'un débat, sur l'aménagement du territoire ;
Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : mardi 22 avril 1997, à dix-sept heures.
Projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, relatif à la qualité sanitaire des denrées destinées à l'alimentation humaine ou animale (n° 224, 1996-1997) ;
Délai limite pour les inscriptions de parole dans le débat : mercredi 23 avril 1997, à dix-sept heures.
Délai limite pour le dépôt des amendements : mercredi 23 avril 1997, à dix-sept heures.
Personne ne demande la parole ?...
La séance est levée.

(La séance est levée à treize heures dix.)



NOMINATION DE RAPPORTEURS
COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
DE LA DÉFENSE ET DES FORCES ARMÉES

M. Serge Vinçon a été nommé rapporteur du projet de loi n° 299 (1996-1997) autorisant l'approbation de la convention entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République du Togo relative à la circulation et au séjour des personnes (ensemble deux échanges de lettres).

COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES

M. Bernard Seillier a été nommé rapporteur de la proposition de loi n° 273 (1996-1997) de M. Nicolas About visant à allonger la période d'essai dans les contrats d'insertion en alternance.

COMMISSION DES FINANCES

M. Denis Badré a été nommé rapporteur de la proposition de résolution n° 265 (1996-1997) de M. Denis Badré sur la proposition de directive du Conseil modifiant la directive 77/388/CEE en ce qui concerne le régime de taxe sur la valeur ajoutée applicable aux services de télécommunications (n° E 785).

COMMISSION DES LOIS CONSTITUTIONNELLES, DE LÉGISLATION, DU SUFFRAGE UNIVERSEL, DU RÈGLEMENT ET D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE
La commission a désigné :
M. Christian Bonnet comme rapporteur sur :
- la proposition de loi constitutionnelle n° 270 (1996-1997) de M. Nicolas About visant à rendre incompatible la fonction de membre du Gouvernement avec l'exercice de tout mandat électoral ;

- la proposition de loi organique n° 271 (1996-1997) de M. Nicolas About visant à instaurer un système de remplaçants provisoires en cas de vacance de siège d'un député ou d'un sénateur, ainsi qu'une parité hommes-femmes entre les candidats et leurs remplaçants ;

- la proposition de loi n° 272 (1996-1997) de M. Nicolas About visant à instaurer un système de remplaçants provisoires en cas de vacance de siège d'un conseiller régional, d'un conseiller général ou d'un maire, ainsi qu'une parité hommes-femmes entre les candidats et leurs remplaçants.

M. Michel Dreyfus-Schmidt comme rapporteur sur :
- la proposition de loi n° 274 (1996-1997) de MM. Claude Estier, Franck Sérusclat et les membres du groupe socialiste et apparentés relative au contrat d'union sociale.

ORGANISME EXTRAPARLEMENTAIRE

M. le président du Sénat a été informé que, lors de sa réunion du mercredi 16 avril 1997, la commission des lois du Sénat a désigné M. Patrice Gélard en qualité de membre suppléant de la commission supérieure de codification, en remplacement de M. Maurice Ulrich, démissionnaire.