b) La place de l'agriculture dans l'économie et la société des pays candidats
Une
part relativement plus importante du secteur agricole
L'agriculture occupe une place plus importante dans l'économie des pays
d'Europe centrale et orientale candidats que dans celle du reste de l'Union
Européenne, en termes de superficie relative, de part du PIB, et plus
spécialement de part dans l'emploi total.
Une moyenne de plus de
25 % de la population active y est en effet employée dans
l'agriculture
, soit un total de 9,5 millions de personnes (contre
6 %, soit 8,2 millions dans l'Union Européenne). L'agriculture
représente encore 8 % du PIB (contre 2,5 % dans l'UE).
Cette différence de structure est représentée
ci-après par quelques agrégats importants :
PART
DE L'AGRICULTURE DANS L'ECONOMIE DES EX-PAYS DE L'EST PAR RAPPORT A L'UNION
EUROPEENNE
Source : Commission Européenne
Une capacité productive obérée
La production agricole des ex-pays d'Europe de l'Est est en baisse depuis 1989,
en raison de l'éclatement des structures anciennes de commercialisation
et de la baisse de la demande intérieure de produits domestiques, au
profit d'une hausse de la demande de produits de meilleure qualité,
venus de l'étranger.
La
Slovénie
est le seul pays à échapper à
cette tendance baissière de la production, illustrée ci-dessous :
LA
BAISSE DE LA PRODUCTION AGRICOLE BRUTE DEPUIS 1989
(1989 : base 100)
Source : Commission Européenne
Malgré la reprise récente de la production, les estimations ne
sont pas très optimistes et laissent penser que le niveau de production
se stabilisera à un niveau inférieur à celui de 1989, mais
plus proche des capacités -et des besoins- de ces pays.
Pour les cinq PECO dont les négociations en vue de leur
adhésion à l'Union sont les plus avancées, rappelons que
leur production agricole représente moins de 10 % de la production
agricole de l'Union Européenne : la Pologne représente
5,39 % de la production communautaire actuelle, la Hongrie 1,97 %, la
République Tchèque 1,79 %, la Slovénie 0,56 % et
l'Estonie 0,13 %.
La
Pologne
reste, malgré les difficultés actuelles du
secteur agricole (près d'un quart de la main-d'oeuvre est
employée dans l'agriculture, où sévit déjà
un chômage rural élevé, et où les exploitations sont
très petites), le principal pays producteur à moyen terme, en
particulier dans les secteurs où l'Europe est déjà
exportatrice nette, telles que les céréales, la production
disposant d'un potentiel d'accroissement pour la viande bovine et le lait.
Dans ces circonstances, la plupart de ces pays sont devenus importateurs nets
de produits agricoles depuis 1989, sauf la Hongrie.
L'Union Européenne est souvent le premier fournisseur agricole de ces
économies. Pour la Pologne par exemple, l'Union Européenne est le
premier partenaire commercial agricole et représente 47 % des
exportations polonaises (contre 30 % pour l'ex-URSS) et 46 % des
importations agricoles.
La pénétration des produits agricoles et agro-alimentaires de la
communauté devrait se poursuivre avec l'élévation des
niveaux de vie.
Un difficile problème de compétitivité
-
la population active agricole :
Si
un actif sur quatre
est, en moyenne pour l'ensemble des 10 pays
candidats, employé dans le secteur agricole et si la contribution de ce
secteur à la richesse nationale est d'environ 8 % en moyenne, la
situation est en réalité plus nuancée pays par pays :
POIDS DE L'AGRICULTURE PAR PAYS CANDIDAT
Source : Commission Européenne
La productivité agricole de la Hongrie, par exemple, n'est pas la
même que celle de la Pologne ou de la Roumanie. Même si la
surpondération du secteur agricole est parfois à relativiser au
vu de la petite taille de certains Etats candidats, elle reflète
toutefois de réels problèmes de compétitivité de
ces agricultures.
A l'heure actuelle, les pays candidats à l'adhésion comptent
quasiment autant d'agriculteurs que l'Union Européenne dans son
ensemble, alors qu'ils ne produisent l'équivalent que de 10 % de la
production communautaire actuelle.
La population agricole est d'ailleurs en régression depuis 1989 et les
restructurations à venir poseront de lourds problèmes d'emploi
dans les régions concernées.
- les structures de production et de distribution :
Les structures des exploitations
restent un des handicaps majeurs des
secteurs agricoles des PECO. La privatisation a essentiellement produit de
petites structures très fragmentées
qui sont en moyenne de
cinq hectares environ, tandis que subsistent de
très vastes ensembles
collectifs
de plusieurs centaines (voire milliers) d'hectares qui souffrent
d'un sous-investissement.
La Pologne
s'est singularisée, sous le régime de
planification centralisée, par son faible degré de
collectivisation et par l'importance de son secteur privé agricole. On y
compte 7,5 millions d'agriculteurs, sur des exploitations de 6 à 7
hectares en moyenne.
L'indispensable réforme agraire se heurte, dans ces pays, d'après
la Commission Européenne
26(
*
)
, à la difficulté
d'émergence d'un véritable marché foncier
et
à la lenteur du processus de privatisation des terres. La commission
relève
que
" les lenteurs de la privatisation et de
l'abolition de grands monopoles d'Etat dans les secteurs en amont et en aval
ont été une des causes de l'effet d'étau subi par les
exploitants agricoles au cours des premières années de
transition
".
Mais l'aval de la production agricole
participe aussi de la faible
compétitivité de ce secteur. Il a besoin d'une profonde
restructuration (circuits de distribution, technologies de transformation
alimentaire...). Parfois, les prix des productions à l'export peuvent
doubler entre l'exploitation et la sortie du territoire, en raison de
l'inefficience des circuits d'aval.
Cette différence de nature entre l'agriculture communautaire et celle
des pays candidats a souvent été mise en avant par la Commission
comme un argument pour réformer la PAC actuelle
, son extension pure
et simple aux futurs Etats membres étant à son sens impossible,
car trop coûteuse pour le budget communautaire et même
contre-productive en terme de restructuration des filières pour les pays
concernés.
On exposera ici cet argument de la Commission, avant d'en relativiser la
portée immédiate pour la PAC.