b) Dépendance alimentaire et agriculture Européenne
La mission d'information souhaite tout d'abord faire
état du dernier rapport de l'International food policy research
institute qui précise
que le fossé entre la production
alimentaire par les pays en voie de développement et leur consommation
devrait profondément s'aggraver d'ici 2020. En effet, le décalage
entre la production de riz, de blé, de maïs et d'autres
céréales de ces pays et leurs besoins en nourriture devrait plus
que doubler. La demande sur le marché mondial pourrait ainsi passer de
94 millions de tonnes en 1993 à 228 millions de tonnes dans
une vingtaine d'années.
L'IFRI ajoute que le nombre d'enfants mal nourris devrait
considérablement augmenter en Afrique sub-saharienne. Dans cette partie
du continent africain, ils seraient 40 millions à ne pas manger
suffisamment, ce qui représenterait 45 % des enfants souffrant de
malnutrition dans le monde. En Asie du sud, où le problème se
pose de façon positive, on estime qu'encore deux enfants sur cinq
souffriront de la faim en 2020.
Cette situation s'explique, selon l'IFRI, par des sécheresses plus
fréquentes, des guerres civiles à répétition, la
faiblesse des réserves de céréales et, surtout, le
déclin de l'aide publique au développement.
La croissance de la production agricole qui était déjà
très basse en 1982-1994 par rapport à la démographie, avec
+ 2,3 %, devrait, en outre, tomber à 1,5 % pour la
période 1993-2020.
Les pays en voie de développement devraient ainsi être contraints
d'importer plus de céréales des pays industrialisés.
La mission d'information constate pourtant qu'une relance des productions
vivrières dans nombre de pays serait nécessaire
.
Rappelons
que les agriculteurs n' étant pas reconnus comme acteurs
économiques, ces Etats ont souvent des régions cloisonnées
sur le plan des transports
. De plus les intermédiaires, qu'ils
soient publics (offices de commercialisation) ou privés
(commerçants) ne jouent pas la fluidité du marché et
n'offrent pas suffisamment de débouchés aux agriculteurs,
même quand des prix mondiaux sont élevés. Enfin, nombre
d'Etats du Sud trouvent plus intéressant d'importer que de produire sur
place parce qu'ils perçoivent des taxes à l'importation et qu'ils
y trouvent plus de commodité pour nourrir leurs villes.
Il est donc indispensable que l'Europe poursuive la politique de
coopération avec ces Etats dans le domaine agricole et alimentaire.