C. UNE EXCELLENCE LOGISTIQUE
1. La primauté des considérations commerciales
La notoriété des ports du Benelux provient
d'abord d'une stratégie commerciale qui vise à satisfaire le
client avant tout. Anvers comme Rotterdam veillent à conserver tous les
types de trafics de façon à offrir un nombre important de
dessertes et de lignes régulières sur les marchés
émergents. Cette stratégie commerciale "tous azimuts" facilite la
rencontre entre le fret et les chargeurs, en accroissant les chances pour un
navire venant décharger au port de trouver du fret de retour.
Toutes les entreprises de la zone portuaire travaillent selon le principe des
"flux tendus", fondé sur une rotation rapide des stocks. Les
entreprises
industrielles concourent elles-mêmes à la productivité
horaire en réalisant, lors du conditionnement, certaines
opérations de différenciation des produits. Les
sociétés de transitaires proposent une activité de
sous-traitance aux firmes qui exportent sur le marché européen,
et la flexibilité des entrepôts leur permet de répondre
à la commande de petites séries très
différenciées.
Les administrations portuaires et douanières participent par leur
souplesse à la compétitivité globale du port. Elles ont
entièrement intégré la primauté de la logique
commerciale dans leurs comportements quotidiens.
2. Une desserte terrestre adaptée
Les ports du Benelux bénéficient d'un avantage
naturel qui est leur position géographique idéale en Europe.
Situés au confluent des grands courants d'échanges entre le Nord
de l'Europe et l'Europe centrale, ils constituent le débouché
fluvial de l'Allemagne et plus particulièrement de la Ruhr.
Cet avantage naturel est exploité adroitement par une desserte terrestre
sans faille. Par l'intermédiaire de plates-formes intermodales
situées en avant-port, Anvers et Rotterdam sont en prise directe avec
les réseaux autoroutiers, ferroviaires et fluviaux de l'Europe
entière. Les principaux centres industriels du continent peuvent
être atteints en 24 heures. Ces ports offrent des gammes étendues
de solutions logistiques intégrant tous les modes de transport à
un prix compétitif.
La croissance continue des trafics aboutit certes à des engorgements des
accès terrestres, qui pourraient affecter la compétitivité
globale des ports s'il n'y était pas remédié. Mais,
là encore, les pouvoirs publics belges et néerlandais consentent
en temps utile les investissements nécessaires pour lever ces
verrous : modernisation du port fluvial desservant Anvers dans le cadre du
projet "Rhin d'acier", construction d'une ligne ferroviaire
dédiée au fret de Rotterdam à la frontière
allemande dans le cadre du projet "Bettuwe".
3. Une automatisation poussée
La compétitivité des ports du Benelux repose sur
une automatisation poussée dans tous les domaines, qui ne répond
pas tant au souci d'économiser la main d'oeuvre qu'à celui de
gagner du temps.
Cette automatisation accroît la productivité des engins de
manutention et des outils de gestion des parcs à conteneurs et des
entrepôts. L'informatisation des installations portuaires permet aux
différents acteurs d'anticiper l'arrivée d'un navire. Ainsi, le
système informatique du port de Rotterdam permet de connecter tous les
acteurs privés entre eux et avec les autorités douanières,
qui suivent en temps réel la situation de la marchandise et n'ont plus
besoin d'interrompre le chargement pour les contrôles et les
formalités.
Les ports de Benelux atteignent ainsi une maîtrise du temps qui est un
élément essentiel de leur compétitivité. Les
navires y viennent aussi pour apurer les retards pris dans d'autres ports. Le
temps d'accostage est de 2 heures à Rotterdam et de 4 heures
à Anvers. Le temps d'escale est de 32 heures en moyenne à
Rotterdam et de 72 heures à Anvers.
Cette vitesse de travail des ports du Benelux leur permet de faire accepter aux
chargeurs des coûts de manutention relativement élevés.
4. Un climat social serein
A Anvers comme à Rotterdam, les dockers sont
organisés en pools de travail en situation de monopole. Les entreprises
bénéficient néanmoins de la liberté de choix pour
le recrutement des intermittents. Dans les faits, chaque compagnie de
manutention dispose d'une équipe fidélisée. Par ailleurs,
à Anvers, une prolongation excessive des périodes de
chômage indemnisé peut entraîner le retrait du statut
d'ouvrier portuaire.
Le dialogue social est une institution fortement ancrée aux Pays-Bas
comme en Belgique. Il y prend la forme d'une recherche permanente du consensus
dans le cadre de négociations globales annuelles et surtout, une fois
l'accord conclu, du respect des engagements pris.
A Anvers, la forte productivité des ouvriers portuaires est la
conséquence d'une individualisation poussée des salaires. Les
entreprises ont mis en place un système de primes libres, qui
représentent jusqu'à 30% du salaire des dockers, qui
s'établit en moyenne à 12.000 francs. Cette individualisation est
la contrepartie d'un assouplissement des règles d'organisation du
travail qui permet aux activités portuaires de ne jamais s'interrompre.
Le travail se poursuit les samedis, dimanches et jours fériés.
La flexibilité du travail des dockers n'a pas été
poussée aussi loin à Rotterdam. Mais, dans tous les cas, la
sérénité du climat social confère aux ports du
Benelux une excellente image de marque auprès des armateurs et des
chargeurs, qui ont la certitude de ne jamais se retrouver bloqués
à quai. La parfaite fiabilité d'un port est un argument
commercial majeur pour ses utilisateurs.