N° 157

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998

Annexe au procès verbal de la séance du 4 décembre 1997.

RAPPORT D'INFORMATION

FAIT

au nom de la délégation du Sénat pour l'Union européenne (1),

sur

l'avenir des
fonds structurels européens

dans le cadre d' Agenda 2000 ,

Par M.Yann GAILLARD,

Sénateur.

(1) Cette délégation est composée de : MM. Jacques Genton, président ; James Bordas, Michel Caldaguès, Claude Estier, Pierre Fauchon, vice-présidents ; Nicolas About, Jacques Habert, Emmanuel Hamel, Paul Loridant, secrétaires ; MM. Robert Badinter, Denis Badré, Michel Barnier, Mme Danielle Bidard-Reydet, M. Gérard Delfau, Mme Marie-Madeleine Dieulangard, MM. Michel Dreyfus-Schmidt, Ambroise Dupont, Jean-Paul Emorine, Philippe François, Jean François-Poncet, Yann Gaillard, Pierre Lagourgue, Christian de La Malène, Lucien Lanier, Paul Masson, Daniel Millaud, Georges Othily, Jacques Oudin, Mme Danièle Pourtaud, MM. Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Jacques Rocca Serra, André Rouvière, René Trégouët, Marcel Vidal, Robert-Paul Vigouroux, Xavier de Villepin.

Union européenne - Fonds structurels - Politique régionale communautaire - Financement communautaire - Elargissement de l'Union européenne - Agenda 2000 - Rapports d'information

INTRODUCTION

Mesdames, Messieurs,

L'échéance de l'an 2000 constitue pour l'Union européenne une grande perspective de développement impliquant des modifications profondes dans son mode de fonctionnement et dans sa nature même, auxquelles elle doit se préparer dès maintenant, conformément aux demandes formulées lors du Conseil européen de Madrid de décembre 1995.

C'est à cet exercice périlleux que se livre la Commission dans sa communication " Agenda 2000 ", portant sur la période 2000-2006 et dont la difficulté est encore renforcée par les obligations d'austérité budgétaire qu'imposent les critères de Maastricht.

Dans ce document unique adopté le 15 juillet 1997, elle présente les trois défis qui attendent l'Union au cours des tous prochains mois : d'abord celui de son élargissement, voulu par les Etats membres qui devront en assumer le coût ; ensuite, celui de la réforme de la politique agricole commune, dont les implications seront fondamentales ; enfin, celui de la poursuite de la politique de cohésion économique et sociale, à financer dans des conditions qui puissent demeurer acceptables pour les différents pays.

De ces trois objectifs, celui de la politique structurelle est certainement le plus flou, le plus indéterminé, et celui qui mobilise le moins l'attention aujourd'hui, bien que ces trois volets interagissent entre eux et ne soient que difficilement séparables.

En effet, la politique régionale européenne représente, depuis plusieurs années déjà, le deuxième poste de dépenses de l'Union après la politique agricole commune : il s'élève, pour la période 1994-1999, à près de 141,5 milliards d'écus (1( * )) (valeur 1992) et l'avant-projet de budget communautaire pour 1998 lui accorde 30,5 milliards d'écus en crédits d'engagement. Depuis 1988, la priorité budgétaire accordée à la cohésion économique et sociale a ainsi conduit à un développement très substantiel des actions structurelles, passées de 12 % du budget communautaire en 1984, à 30 % dix ans plus tard et 35 % à l'horizon 1999.

En dépit de cette charge budgétaire qui pèsera lourdement sur les perspectives financières de demain, le débat portant sur l'avenir de la politique de cohésion européenne n'est pas encore vraiment engagé au sein de l'Union. Si l'on espère du Conseil européen de Luxembourg des 12 et 13 décembre prochains qu'il donne certaines orientations, à défaut de définir un dispositif complet, il n'est pas réellement concevable qu'un compromis puisse être trouvé entre les Etats membres à si brève échéance. Les propositions initiales de la Commission demeurent donc pour l'instant le seul élément positif dont on dispose.

En même temps qu'elle indique les bases financières et d'intervention de l'action régionale de demain, la Commission propose de modifier, dans le sens de la simplification, la réglementation applicable aux fonds structurels.

Une telle volonté ne peut être qu'encouragée : de nombreux rapports ont souligné, par le passé, la complexité et la rigidité des principes de l'action structurelle (2( * )) dont l'élaboration semble avoir davantage résulté des aléas rencontrés au cours des élargissements passés de l'Union, que d'une réelle démarche structurée.

C'est ainsi que quatre fonds structurels ont été successivement créés : du plus général - le FSE, Fonds social européen, instauré dès la signature du traité de Rome en 1957, pour renforcer les politiques nationales en matière d'emploi, d'insertion et de formation professionnelles- au plus particulier -l'IFOP, Instrument financier d'orientation de la pêche, institué en 1993 pour consolider les moyens consacrés aux secteurs de la pêche et de l'aquaculture. S'y est adjoint, lors du Conseil européen d'Edimbourg, un fonds de cohésion destiné aux Etats membres affichant un retard de développement par rapport à la moyenne communautaire et dont le bénéfice a été accordé à quatre pays : la Grèce, le Portugal, l'Irlande et l'Espagne.

De même que l'on multipliait les instruments financiers d'intervention, on a vu croître les objectifs assignés à ces fonds : on en compte désormais sept, depuis l'adhésion de l'Autriche, de la Finlande et de la Suède, soit à vocation régionale (3( * )) lorsque des critères d'éligibilité ont été fixés, soit à vocation nationale (4( * )).

La réforme envisagée est donc d'une tout autre ampleur que celles qui se sont succédé jusqu'à présent, en 1989 puis en 1993, et qui ont essentiellement consisté en une augmentation massive des fonds disponibles et un élargissement des objectifs. Il s'agit là, à l'inverse, de limiter l'expansion des moyens financiers et de resserrer le nombre des objectifs poursuivis.

Ceci explique que les propositions de la Commission aient été accueillies très diversement par chacun des Etats membres et que l'on ait vu s'opposer au cours des premières discussions, et de façon parfois brutale, les contributeurs nets -Allemagne, Pays-Bas...- et les pays de la cohésion, conduits notamment par l'Espagne.

Les questions, à la fois techniques et politiques, qu'il faudra trancher peuvent être regroupées sous trois thèmes distincts, mais intimement liés : d'abord, la juste mesure de l'effort global de cohésion, ensuite le principe d'une concentration thématique et géographique de l'action structurelle, enfin les perspectives d'avenir du fonds de cohésion.

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