RAPPORT D'INFORMATION N° 118 - INCIDENCE DES CHARGES FISCALES ET SOCIALES SUR LA LOCALISATION D'ACTIVITE
M. Alain LAMBERT, Sénateur
COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT D'INFORMATION N° 118 - 1997/1998
Table des matières
- AVANT-PROPOS
-
CONCLUSIONS DE L'ÉTUDE CONDUITE PAR L'INSTITUT
REXECODE : "INCIDENCE DES CHARGES FISCALES ET
SOCIALES SUR LA LOCALISATION D'ACTIVITÉ"- INTRODUCTION
- 1. ÉLÉMENTS DE COMPARAISON DES SYSTÈMES DE PRÉLÈVEMENTS
-
2. RÉSULTATS DES OBSERVATIONS D'ENTREPRISES
- - LE COIN SOCIO-FISCAL POUR UN SALARIÉ CÉLIBATAIRE
- - LE COIN SOCIO-FISCAL POUR UN SALARIÉ MARIÉ AVEC DEUX ENFANTS
- - STRUCTURE DES CHARGES FISCALES ET SOCIALES ASSISES SUR LES SALAIRES
- LES COTISATIONS DU SALARIÉ
- LE POIDS DE L'IMPÔT SUR LE REVENU
- LA PRISE EN COMPTE DE LA SITUATION FAMILIALE DU SALARIÉ
- 3. L'IMPACT DU COIN FISCAL SUR L'ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE
-
4. IMPORTANCE DES CONSIDÉRATIONS FISCALES DANS LA DÉCISION DE LOCALISATION
D'ACTIVITÉS
- - LA FISCALITÉ INFLUENCE PARTICULIÈREMENT L'IMPLANTATION DES "FONCTIONS NOMADES"
- MISE EN ÉVIDENCE EMPIRIQUE
- - UN MANQUE DE LISIBILITÉ DE LA FISCALITÉ EN FRANCE
- - UNE TAXE PROFESSIONNELLE PÉNALISANTE
- - UNE FISCALITÉ DES TRANSMISSIONS DÉSTABILISANTE
- - UNE FISCALITÉ DES MARQUES ET BREVETS PRÉOCCUPANTE
- - CONCLUSION
- BIBLIOGRAPHIE
-
ANNEXE I
DÉBAT EN COMMISSION A L'OCCASION DE LA
PRÉSENTATION DE L'ÉTUDE
SÉANCE DU JEUDI 6 NOVEMBRE 1997 -
ANNEXE II
AUDITION DE M. MARIO MONTI, COMMISSAIRE
EUROPÉEN CHARGÉ DE LA FISCALITÉ
SÉANCE DU JEUDI 2 OCTOBRE 1997 -
ANNEXE III
ÉLÉMENTS DE MESURE DE LA COMPLEXITÉ FISCALE
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur l'incidence des charges fiscales et sociales sur la localisation d'activité.
Par M. Alain LAMBERT
sénateur,
rapporteur général
(1) Cette commission est composée de : MM. Christian Poncelet, président ; Jean Cluzel, Henri Collard, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini, M. René Régnault, vice-présidents ; Emmanuel Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Alain Lambert, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré, René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann, Henri Torre, René Trégouët.
AVANT-PROPOS
La commission des finances du Sénat s'est
attachée, de longue date, à examiner la
compétitivité de notre système fiscal. Dès 1990,
sous la signature de MM. Christian Poncelet, président, et Roger
Chinaud, rapporteur général, elle a publié un rapport
d'information sur la fiscalité en Europe. En 1993, le rapport
d'information établi par Jean Arthuis, rapporteur général,
sur "les délocalisations et l'emploi" préconisait l'adaptation de
notre système fiscal pour garantir à terme notre
compétitivité économique. En 1996, dans le cadre de
l'examen du projet de loi de finances pour 1997, votre rapporteur
général, Alain Lambert, a élargi la réflexion
à l'échelle internationale.
L'approfondissement de la construction européenne, au travers de la
monnaie unique, et la mondialisation croissante de l'économie soulignent
l'actualité de cette réflexion. Auditionné par votre
commission des finances, le jeudi 2 octobre 1997, le commissaire
européen Mario Monti a en effet indiqué :
"les
différences entre les systèmes fiscaux nationaux deviendront de
plus en plus visibles, particulièrement en ce qui concerne l'imposition
des facteurs internationalement mobiles et l'imposition du capital. Il sera
d'autant plus nécessaire de contrôler la concurrence fiscale qui
est l'une des causes majeures de la déformation structurelle qui a
affecté la plupart des systèmes de taxation"
.
Cette concurrence avait été, en son temps, mise en
évidence par le rapport Raynaud.
Publié en juin 1993, ce rapport mentionnait que :
"La baisse de la pression fiscale d'Etat entre 1980 et 1992 est de
l'ordre
de trois points de PIB. Elle a été favorisée par les
nombreuses mesures d'allégements fiscaux adoptées depuis 1985,
dont les conséquences sur le niveau des recettes du budget 1993
peuvent être estimées à 221 milliards de francs. Ces
allégements fiscaux ont eu pour objectif de mettre en oeuvre les
principes de l'harmonisation européenne voire d'en prévenir
certains effets, notamment en termes de délocalisation de
l'épargne ou bien encore de renforcer la compétitivité des
entreprises".
Dans le souci d'approfondir ses réflexions sur l'avenir du
système fiscal français, votre commission a confié
à l'institut
Rexecode
le soin de mesurer "l'incidence des charges
fiscales et sociales sur la localisation d'activité". Fondée sur
l'observation du comportement d'un certain nombre de grandes entreprises, cette
étude livre des conclusions particulièrement
intéressantes. Elle met en lumière le rôle incitatif ou
dissuasif de certaines dispositions fiscales précises sur les choix de
localisation industrielle. Elle estime que la complexité et
l'instabilité fiscale sont des éléments fortement
dissuasifs de l'investissement.
Ces conclusions confortent votre commission des finances dans sa
résolution et son plaidoyer pour une loi fiscale claire et
purifiée de ses effets pervers potentiels. Elles justifient les
appréciations critiques portées à l'encontre de plusieurs
dispositions du projet de loi de finances pour 1998, susceptibles de contribuer
à la délocalisation d'entreprises françaises ou à
l'abandon de projets d'investisseurs étrangers. Elles illustrent enfin
les risques liés à l'aggravation des prélèvements
sur les entreprises résultant tant de la loi du 10 novembre 1997
portant diverses mesures d'urgence d'ordre fiscal et financier que des projets
de loi de finances et de financement de la sécurité sociale.
CONCLUSIONS DE L'ÉTUDE CONDUITE PAR
L'INSTITUT
REXECODE : "INCIDENCE DES CHARGES FISCALES
ET
SOCIALES SUR LA LOCALISATION D'ACTIVITÉ"
INTRODUCTION
Dans quelques trimestres, la fixation irrévocable des
taux de change entre plusieurs monnaies européennes accentuera encore
l'intensité déjà très vive de la pression
concurrentielle sur les entreprises françaises. Si la convergence
monétaire paraît acquise, des écarts importants subsistent
dans la formation des coûts en raison notamment des différences de
niveaux et de systèmes des prélèvements obligatoires. On
peut dès lors s'interroger quant aux conséquences de ces
différences sur les performances futures de l'économie
française. Le niveau des prélèvements obligatoires et la
structure de ces prélèvements risquent-ils de constituer pour
l'économie française un handicap pour les années à
venir ?
L'objectif de cette étude préliminaire et exploratoire est de
mettre en évidence les comportements des entreprises induits par les
différences de prélèvements obligatoires entre certains
pays membres de l'Union européenne. Deux types de questions ont
été examinés à partir d'observations directes
effectuées au sein d'entreprises implantées dans plusieurs
régions européennes. D'une part, sur la base d'exemples concrets
et chiffrés, un calcul du coût brut pour l'entreprise
correspondant à un salaire net de 100 (après impôt sur le
revenu et cotisations sociales) a été effectué dans trois
grands pays européens : la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni.
D'autre part, une approche qualitative sur la base d'entretiens avec des
responsables d'entreprises a cherché à identifier le rôle
de la fiscalité dans la localisation d'activité. Afin
d'établir un lien entre ces deux approches complémentaires, nous
avons enfin esquissé le cadre théorique dans lequel la
problématique d'ensemble pourrait être replacée.
Il est notoire que la part des prélèvements obligatoires dans le
PIB est aujourd'hui bien plus élevée en Europe qu'aux Etats-Unis
et au Japon. Le taux des prélèvements obligatoires, qui
était de 31,6% en moyenne dans l'Union européenne en 1970 est, en
1995 à 41,8% alors qu'aux Etats-Unis et au Japon il reste
inférieur à 30%.
Le taux français est parmi les plus élevés d'Europe
(45,7% en 1996, 44,5% en 1995). La France est en cinquième position
après les pays d'Europe du nord (Finlande, Suède, Danemark,
Belgique). Ce taux est nettement plus élevé qu'en Espagne,
Irlande et Royaume-Uni. Il est supérieur de 3 points à la moyenne
européenne.
De plus, le taux des prélèvements obligatoires a tendance
à progresser en France. Aux Pays-Bas, ce taux était
supérieur au taux français jusqu'en 1994, mais il est sur une
pente décroissante depuis 1993. Au Royaume Uni, il a baissé de
1981 à 1993 et ne se redresse que légèrement. En
Allemagne, le taux de prélèvements obligatoires est relativement
stable depuis une vingtaine d'années.
Si l'on se concentre plus spécifiquement sur les
prélèvements obligatoires assis sur la masse salariale, on
observe en outre que la France occupe une position assez atypique en Europe,
avec un poids très important des cotisations de sécurité
sociale à la charge de l'employeur et un poids des recettes fiscales de
l'impôt sur le revenu nettement plus faible qu'en Allemagne et au
Royaume-Uni.
Pour tenter de comprendre l'incidence de ces différences de taux de
prélèvements obligatoires, nous avons centré notre
étude autour de deux questions précises, sachant que ce premier
travail devrait déboucher sur une étude plus large de l'incidence
de la fiscalité sur les comportements des entreprises et
l'équilibre de l'économie.
La première question est la suivante: sur la base de cas types
concrets, quel est le coût total pour l'employeur qui correspond à
un salaire net de 100 pour le salarié (après impôt sur le
revenu, cotisations salariales et patronales) en France, en Allemagne et au
Royaume-Uni ? La deuxième question porte sur l'incidence de la
fiscalité, prise dans son ensemble, sur les comportements des
localisations d'activités.
La première partie de notre étude s'attachera à comparer
de façon générale les systèmes fiscaux et sociaux
dans les pays de l'étude (France, Allemagne, Royaume-Uni).
Dans une deuxième partie, nous avons mesuré la différence
entre le coût total pour l'employeur (y compris les charges patronales)
et le salaire net perçu
in fine
par le salarié (net de
l'impôt sur le revenu), sur la base d'une enquête auprès de
responsables de grandes entreprises françaises qui ont des implantations
à l'étranger (étude de cas types).
Il ne faut sans doute pas rester sur ces résultats si on veut
comprendre comment les différences de taux de prélèvement
sur le travail salarié agissent sur les comportements des entreprises.
En effet, le facteur fondamental des décisions économiques de
l'entreprise en matière d'emploi est le coût du travail. Il
faudrait donc approfondir le lien, qui n'est pas évident, entre
coût du travail et niveaux des prélèvements obligatoires,
sachant qu'en présence de rigidité salariale sur le marché
du travail, toute hausse des prélèvements se traduit au moins
partiellement par une augmentation du coût du travail. En outre, la
taxation introduit des distorsions et provoque des déséquilibres
macroéconomiques et du chômage. Ces réflexions font l'objet
d'une troisième partie.
Dans une quatrième et dernière partie nous élargissons le
champ de la fiscalité à l'ensemble des dispositions fiscales qui
pèsent sur les entreprises et nous mesurons l'importance de ces
considérations dans la décision de localisation
d'activités. Pour ce faire nous avons interrogé plusieurs
responsables d'entreprises multinationales françaises. Conscients de la
complexité de la question, nous avons examiné par ailleurs la
littérature théorique et empirique traitant du sujet afin de
compléter notre analyse. Il nous est alors apparu qu'un lien
relativement faible existait entre le poids de la fiscalité et le niveau
des entrées d'investissements directs étrangers. La
difficulté de mesurer empiriquement ce lien nous suggère que
c'est pour un certain type de fonctions de l'entreprise (fonctions dites
"nomades") et à certains instants de la vie de la firme que la
fiscalité est un facteur crucial dans la décision
d'investissement.
Aussi avons-nous essayé d'analyser, sans prétendre à
l'exhaustivité, les mesures fiscales actuelles particulièrement
défavorables à l'implantation d'activités en France. Parmi
celles-ci la taxe professionnelle pénalisante, la fiscalité des
transmissions excessive et la fiscalité des marques et brevets
constituent des faiblesses à la compétitivité fiscale de
la France.
D'une manière plus générale le manque de
clarté de la politique fiscale française
caractérisée par une grande complexité et une
instabilité quasi permanente pèse sans doute sur le dynamisme de
l'investissement en France.
1. ÉLÉMENTS DE COMPARAISON DES SYSTÈMES DE PRÉLÈVEMENTS
Avant de présenter les résultats
chiffrés de notre étude de cas fondée sur la
décomposition des feuilles de paie, il est utile de donner un
éclairage rapide des charges fiscales et sociales qui pèsent sur
le travail salarié des trois pays étudiés : France,
Allemagne, Royaume-Uni.
Nous avons cherché à prendre en compte l'ensemble des
prélèvements portant sur les salaires, cotisations sociales
patronales, cotisations salariales, impôt sur le revenu, et dans la
mesure du possible les autres prélèvements éventuels qui
sont assis sur la masse salariale. Nous donnons un aperçu de ces charges
pour chacun des pays de l'étude à partir des systèmes
fiscaux et sociaux de l'année 1997 (notamment pour les taux).
- EN FRANCE, LES COTISATIONS SOCIALES SONT LA PRINCIPALE SOURCE DE FINANCEMENT DE LA PROTECTION SOCIALE.
Les cotisations sociales se décomposent en
différentes branches : maladie, vieillesse, prestations familiales,
aides au logement, chômage. La part des cotisations patronales est
largement supérieure à celle des cotisations des employés,
ce qui n'est pas le cas dans les autres pays de l'étude. Les cotisations
de sécurité sociale payées par l'employeur approchent 40%
du salaire brut. Une partie de ces cotisations est plafonnée, tandis
qu'une autre partie s'applique sur la totalité du salaire. Si on
distingue la part des cotisations qui sont plafonnées de celles qui ne
le sont pas, on remarque que le taux de cotisations dont l'assiette est
plafonnée (au premier plafond de sécurité sociale,
c'est-à-dire à 13 720 F), est d'environ 19%. Au delà de
ce premier plafond, le taux de cotisations à la charge de l'employeur
est de 21% de la masse salariale.
De plus, des charges annexes portant sur le salaire viennent s'ajouter aux
cotisations traditionnelles. Il s'agit de la taxe de participation à
l'effort de construction, de la taxe d'apprentissage et de la taxe pour la
formation continue et des remboursements des frais de transport. Ces charges
annexes représentent environ 2,5% du salaire brut.
Au delà des cotisations sociales et des charges annexes sur les
salaires, l'entreprise paie aussi des charges indirectes liées à
la masse salariale. Il s'agit notamment de la taxe professionnelle.
D'après les données que nous avons pu collecter auprès des
entreprises, on peut estimer que la part de la taxe professionnelle assise sur
les salaires est en moyenne égale à 2,6% du salaire brut. Il faut
enfin compter les versements aux comités d'entreprises, le versement
pour le transport et les dépenses en contrat de prévoyance. Au
total ces charges indirectes représentent en moyenne de l'ordre de 8%
des salaires bruts.
On peut noter que les charges sociales et fiscales pèsent relativement
plus sur le travail qualifié que sur le travail non qualifié, et
ceci pour deux raisons. D'une part, le taux global des cotisations employeur
qui ne sont pas plafonnées s'élève à 21%. Ce taux
est relativement élevé comparé à ceux des autres
pays de l'étude. D'autre part, l'exonération de charges sociales
sur les bas salaires (salaires inférieurs à 133% du SMIC,
réduit à 130% du SMIC en 1998) permet de réduire le taux
global des cotisations employeurs sur le travail non qualifié en bas de
l'échelle des salaires. De fait, les charges patronales ne
représentent plus que 34% du salaire brut pour un salaire limité
au SMIC (c'est-à-dire à 6 664 F par mois actuellement).
Les cotisations payées par l'employé s'élèvent
à environ 18% du salaire brut dont près de 12% concernent les
cotisations plafonnées en dessous du premier plafond. Le poids de la CSG
et de la CRDS est relativement important puisque le prélèvement
représente près de 4% du salaire brut. Le transfert à
venir d'une grande partie de la cotisation maladie à la charge des
salariés sur une augmentation de la CSG n'a pas été
considéré dans l'étude.
Les cotisations sociales en France
Plafond de sécurité sociale : P = 13 720 F
|
Taux employeur |
Taux employé |
Plafond |
Maladie |
12.8 |
5.6 |
|
Allocations familiales |
5.4 |
|
|
Aide au logement |
0.4 |
0.4 |
|
Vieillesse |
1.6 |
|
|
Accidents du travail |
1 |
|
|
CSG+ CRDS |
|
3.9 |
|
Total |
21.2 |
6 |
|
Cotisations plafonnées |
|
|
|
Vieillesse |
8.2 |
6.6 |
de 0 à 1P |
Logement |
0.1 |
|
de 0 à 1P |
Chômage |
5.4 |
3.0 |
de 0 à 1P |
Chômage |
5.5 |
3.6 |
de 1 à 4 P |
Retraite complémentaire |
|
|
|
Cadre |
5.3 |
2.5 |
de 0 à 1P |
|
11.3 |
6.3 |
de 1 à 4 P |
|
8.8 |
8.8 |
de 4 à 8 P |
Non cadre |
3.8 |
2.5 |
de 0 à 3 P |
Total |
19.0 |
12.1 |
de 0 à 1 P |
Charges annexes |
|
|
|
Construction |
0,5 |
|
|
Apprentissage |
0,5 |
|
|
Formation continue |
1,5 |
|
|
Total |
2,5 |
|
|
Total global |
42,6 |
18,1 |
|
Réduction des charges sur les salaire (entre 1 et
1.33 SMIC) : de l'ordre de 18.2%.
Le montant de l'impôt sur le revenu est en France relativement faible en
termes de recettes fiscales rapportées au PIB, comparé à
celui des autres pays. Le seuil de non imposition pour un célibataire
est de 41 100 F de revenu annuel. Les taux marginaux vont de 0% (pour un revenu
net imposable après abattements et application du quotient familial
inférieur à 25 610 F) à 54 % pour un revenu net
imposable de plus de 288 101 F.
Le calcul de l'impôt s'établit de la manière suivante : 1)
Du salaire brut, on déduit les cotisations sociales et la partie
déductible du montant de CSG versé (qui correspond à
2,9%). 2) On soustrait ensuite de ce salaire un premier abattement de 10%,
puis un second abattement de 20 %. On en déduit le revenu imposable
total. 3) Vient ensuite le calcul du quotient familial, qui tient compte de la
situation familiale du salarié. La prise en compte de la situation
familiale dans le calcul de l'impôt est plus complexe en France qu'en
Allemagne ou au Royaume-Uni. Par exemple, pour une famille avec deux enfants
à charge, le quotient familial qui intervient dans le calcul est de 3
alors qu'il est de 1 pour un salarié célibataire. Il faut donc
diviser le revenu imposable par le nombre de parts, appliquer le barème
de l'impôt et multiplier le montant obtenu par le nombre de parts.
Cependant l'avantage fiscal tiré de la prise en compte de la part
supplémentaire au titre des enfants à charge est limité
à 16 200F (avant les mesures annoncées dans le projet de loi de
finances 1998) par demi-part supplémentaire. Par exemple, dans le cas
d'un salarié, marié avec deux enfants, il faut compter deux
demi-parts pour les enfants à charge. L'avantage fiscal tiré de
l'application d'un quotient familial supérieur à 2 est
limité à 32 400F.
Barème de l'impôt sur le revenu en France
Revenus de 1996 imposés en 1997
Taux |
Tranches en FF |
0 |
de 1 à 25.610 |
10,5 |
de 25.611 à 50.380 |
24,0 |
de 50.381 à 88.670 |
33,0 |
de 88.671 à 143.580 |
43,0 |
de 143.581 à 233.620 |
48,0 |
de 233.621 à 288.100 |
54,0 |
au-delà de 288.100 |
Enfin, en Allemagne et au Royaume Uni, le versement d'allocations familiales se fait par déduction de l'impôt sur le revenu alors qu'en France, les allocations familiales font l'objet d'un versement effectif. Nous avons donc aussi, par souci de comparabilité, soustrait du montant de l'impôt sur le revenu les versements d'allocations familiales en France. Une famille avec deux enfants recevra une allocation familiale mensuelle de 675 F (prise en compte quel que soit le niveau de revenu dans le régime avant réforme).
- EN ALLEMAGNE, LES COTISATIONS SOCIALES SONT LARGEMENT PLAFONNÉES
En Allemagne, la fiscalité sociale est
différente entre les anciens et les nouveaux Länder. Les taux de
cotisations sont très proches mais les plafonds sont
légèrement inférieurs dans les Länder de l'Ouest.
Nous avons considéré ici le cas d'un salarié travaillant
dans un Land de l'Ouest.
Les cotisations légales de sécurité sociale se
décomposent en quatre grandes branches: maladie, vieillesse,
dépendance, chômage. Les taux de cotisations sociales et les
plafonds sont identiques pour l'employeur et pour l'employé,
excepté pour la cotisation pour accident du travail qui n'est
supportée que par l'employeur (entre 2 et 4% au niveau d'un ouvrier).
Mais dans le cas où la rémunération mensuelle ne
dépasse pas 610 DM, c'est l'employeur qui doit prendre en charge
l'intégralité des cotisations sociales.
Le fait que toutes les cotisations de sécurité sociale soient
plafonnées dans le système allemand entraîne une forte
dégressivité des cotisations en fonction du salaire brut. Le taux
global de cotisations plafonnées est de l'ordre de 21%, que ce soit pour
l'employeur ou pour l'employé.
A ces cotisations obligatoires de sécurité sociale, il peut
s'ajouter des cotisations patronales d'assurance vieillesse
complémentaire (non obligatoires). Une enquête de l'Office
fédéral de la statistique allemand permet d'apprécier
l'importance relative des retraites complémentaires en Allemagne au
31 décembre 1990. Sur 683 000 entreprises allemandes du secteur
privé considérées dans l'enquête, 32,4% mettaient en
oeuvre un système de retraite complémentaire, ce qui
correspondait à une couverture de 46,1% des salariés
concernés par l'enquête. Nous avons pris en compte la cotisation
de l'employeur pour un régime de retraite à hauteur de 5%, ce qui
est un taux vraisemblablement dans la moyenne.
Les cotisations pour formation professionnelle sont proportionnelles aux
dépenses de formation professionnelle (rapportées à
l'ensemble de la masse salariale). Nous avons retenu un taux de 2,8% pour le
cas d'un ouvrier. De plus une taxe pour la construction existe à la
charge de l'employeur, dont le taux est spécifique à chaque
branche (nous avons retenu un taux de 1%). Au total, les charges payées
par l'employeur représentent 33,2% du salaire brut pour un salaire
inférieur à tous les plafonds (6 000 DM par mois).
Allemagne
Länder de l'Ouest, cas d'un ouvrier
|
Employeur |
Employé |
||
|
Taux |
Plafond en DM |
Taux |
Plafond en DM |
Maladie
|
6,7
|
6.000
|
6,7
|
6.000
|
L'impôt sur le revenu en Allemagne présente la
particularité d'avoir au sein de chacune des tranches de revenu
imposable des taux qui augmentent linéairement. En France le montant de
l'impôt est linéaire en fonction du revenu dans chacune des
tranches. En Allemagne, le montant payé est une fonction quadratique du
revenu. De ce fait le calcul de l'impôt à partir du barème
est très difficile. Dans la réalité, le montant de
l'impôt à payer est obtenu à la lecture d'une grille
très fine qui permet de déduire directement le montant de
l'impôt à payer en fonction de son revenu imposable (salaire net
de cotisations) et de sa situation familiale.
Les couples mariés ont le choix entre l'imposition conjointe ou
l'imposition séparée. Nous considérerons le cas où
l'impôt se calcule sur les revenus du foyer fiscal. Pour en tenir compte,
il suffit de calculer l'impôt sur une revenu imposable divisé par
deux et de multiplier ce montant d'impôt par deux. Tout se passe comme
pour le calcul de l'impôt en France avec un quotient familial égal
à deux.
Barème de l'impôt sur le revenu en Allemagne
Revenus de 1996 imposés en 1997
Taux |
Tranches en DM |
0
|
de 1 à 12.095
|
En revanche la prise en compte des enfants à charge
est complètement différente. Le couple avec enfants peut choisir
entre les versements mensuels des allocations familiales (220 DM pour les deux
premiers enfants, 300 DM pour le troisième) ou un abattement personnel
déductible du revenu imposable à hauteur de 522 DM par mois par
foyer fiscal. Dans 90% des cas l'allocation familiale sera la plus avantageuse
et c'est celle qui est retenue dans l'étude.
L'ensemble de l'impôt sur le revenu et des cotisations sociales sont
directement retenus à la source par l'employeur qui les verse aux
organismes compétents.
- AU ROYAUME-UNI, LES PRÉLÈVEMENTS ASSIS SUR LES SALAIRES SONT PARTICULIÈREMENT BAS
Au Royaume Uni, les contributions sociales financent
principalement les risques vieillesse, invalidité, chômage et les
indemnités journalières maladie. Mais les prestations en nature
de l'assurance maladie sont financées par l'impôt. Les cotisations
sociales sont différentes selon que l'employeur est affilié au
régime public de retraite ("non contracted out") ou aux régimes
conventionnés ("contracted out"). Nous avons choisi le cas du
"non
contracted out", qui permet une comparaison plus robuste avec le cas
français. D'après l'article concernant les régimes
complémentaires de retraite au Royaume-Uni de M. Chris Daykin dans la
revue "Europe sociale", article publié en 1996 par la Commission
Européenne, on peut actuellement estimer que, sur 21 millions d'actifs
occupés que compte le Royaume-Uni, neuf millions ne sont plus couverts
par le régime public mais par des régimes de retraites
professionnelles, cinq millions ont choisi de quitter le système public
pour des plans personnels agréés et un demi-million a opté
pour des régimes de retraite de groupe à cotisations
déterminées. Le cas choisi dans le cadre de l'étude
correspond à la situation d'environ un tiers de la population
britannique.
Le taux global pour un revenu mensuel de l'ordre de 13 000 FF est de 10% pour
l'employeur et de 8,2% pour l'employé. Ces taux de cotisations sont donc
nettement plus faibles qu'en Allemagne et en France. Le système
britannique conduit à rendre la fiscalité sur le travail moins
pesante sur les bas salaires. En particulier, pour les salaires très
faibles (inférieurs à 62 par semaine), ni l'employé, ni
l'employeur ne paie de charges sociales.
Du côté de l'employeur, les taux de cotisations sociales
s'appliquent à la totalité du salaire et ne sont pas
plafonnés. Au contraire, du côté de l'employé, les
cotisations sociales sont plafonnées au niveau de 465 par semaine.
L'impôt sur le revenu est prélevé dès le premier
franc. La première tranche est taxée au taux de 20 %. Mais
le taux marginal maximum est moindre qu'en France. Il n'est que de 40 %.
Royaume Uni
Régime "non contracted out"
Plafond
|
Employeur
|
Employé
|
de 0 à 62
|
0
|
0
|
* Les taux s'appliquent sur la totalité du
salaire
Au Royaume-Uni, chaque contribuable est imposé de manière
séparée. Le mariage n'est pris en compte qu'à travers une
allocation spécifique ("married couple allowance" de 1720 ) qui
s'ajoute à la "single person's allowance"' de 3525 dont
bénéficie chaque contribuable. Le nombre d'enfants à
charge n'intervient pas du tout dans le calcul de l'impôt. Mais des
allocations familiales sont versées. Le montant des allocations
familiales est de 11,05 par enfant et par semaine. Pour un couple avec deux
enfants, les allocations familiales représentent 95,8 par mois.
Une autre spécificité de l'impôt sur le revenu au Royaume
Uni est qu'il est calculé sur la base du salaire brut, les cotisations
sociales ne sont pas déduites du revenu imposable.
Barème de l'impôt sur le revenu au Royaume Uni
Revenus de 1997.
Taux |
Tranches en |
20
|
de 1 à 4.100
|
Comme en Allemagne, l'ensemble des cotisations sociales et
de
l'impôt sur le revenu est prélevé à la source,
grâce au système PAYE, instauré en 1943.
Cette présentation générale montre les différences
de systèmes entres pays, ainsi d'ailleurs que la diversité de
certains régimes à l'intérieur même de chaque pays.
Aussi s'est-il avéré nécessaire dans l'étude
présentée à la partie suivante de spécifier des
hypothèses et de caractériser quelques cas types.
2. RÉSULTATS DES OBSERVATIONS D'ENTREPRISES
Sur la base d'une enquête auprès de huit grandes
entreprises françaises, qui ont des implantations à
l'étranger, nous avons cherché à mesurer le coin
socio-fiscal, c'est-à-dire la différence entre le coût
total payé par l'employeur et le salaire net
in fine
perçu
par le salarié (c'est-à-dire après impôt et
cotisations de sécurité sociale) pour trois pays
européens: France, Allemagne, Royaume-Uni.
Nous nous sommes attachés à relever l'ensemble des
prélèvements obligatoires qui apparaissaient sur les feuilles de
paie que nous avons collectées et dans la mesure du possible nous avons
cherché à prendre en compte les autres prélèvements
portant sur le travail salarié qui ne figuraient pas
nécessairement comme des prélèvements obligatoires. Cet
exercice est particulièrement difficile. Les systèmes de
prélèvements fiscaux sont très différents selon les
pays (ainsi que l'a illustré la première partie) et il est
nécessaire de faire des choix quant aux prélèvements que
l'on considère et quant à la manière dont on va les
intégrer.
La prise en compte dans leur globalité des prélèvements
effectués sur les revenus salariaux nécessite au
préalable l'homogénéité des
prélèvements sur l'ensemble des territoires nationaux. Ce n'est
pas toujours le cas. Certains prélèvements, comme les cotisations
à des systèmes de retraite complémentaire, sont
très variables et leur importance se décide au niveau de chaque
entreprise (cas de l'Allemagne), voire au niveau de chaque individu (cas des
systèmes individuels anglais). Dans la mesure où notre
enquête est assez limitée, nous avons choisi un taux moyen qui
reflète au mieux le poids de ces prélèvements.
Du fait que les systèmes de financement sont très
différents, il n'y a pas vraiment de possibilité de comparer la
structure des prélèvements. Par exemple, les dépenses
d'assurance maladie sont financées par l'impôt au Royaume-Uni,
alors qu'elles sont financées en grande partie par les cotisations
salariales et patronales en France et en Allemagne. A l'inverse les prestations
familiales sont financées en France par des cotisations de
sécurité sociale alors qu'elles sont financées par
l'impôt dans les deux autres pays. Que faut il penser de la CSG
française ? Doit elle être assimilée à un
impôt sur le revenu ou à une cotisation supplémentaire ?
Nous avons choisi de l'assimiler à une cotisation sociale mais ce choix
n'est pas sans conséquence sur les résultats comparatifs.
Nous nous sommes limités à un certain nombre de
prélèvements qui ne sont en aucun cas exhaustifs. Par exemple, au
Royaume-Uni et en Allemagne, les allocations familiales ne donnent pas lieu
à des versements en espèce mais sont données sous forme de
crédit d'impôt. Par souci de compatibilité nous avons donc
soustrait du montant de l'impôt sur le revenu payé par un
salarié français le montant des allocations familiales
perçu. Ce ne sont là qu'une partie des prestations familiales. Il
faudrait tenir compte de toutes les prestations, en nature comme en
espèces, pour aboutir à des conclusions plus robustes.
La présentation des résultats qui va suivre doit donc être
lue avec discernement. Il s'agit de mesurer le taux de
prélèvement obligatoire qui pèse sur le travail à
travers la différence entre le coût total pour l'employeur et ce
que reçoit l'employé net d'impôt. Cette mesure est
pertinente économiquement puisqu'elle donne l'importance de la
distorsion introduite sur le marché du travail par les
prélèvements fiscaux et sociaux.
Les résultats sont issus d'une enquête que nous avons conduite
auprès de responsables de huit entreprises françaises, qui
possèdent des implantations à l'étranger.
Nous leur avons demandé de nous fournir d'une part des feuilles de paie
correspondant à des cas types de salarié, d'autre part des
données concernant les autres charges qui peuvent porter sur les
salaires et qui n'apparaissent pas nécessairement sur la feuille de paie.
Ce travail a été fait pour cinq cas types de salariés.
Nous avons retenu :
- le cas d'un ouvrier avec un salaire proche du SMIC,
- le cas d'un employé avec une rémunération mensuelle, de
12 000 FF,
- le cas d'un cadre avec une rémunération de l'ordre de 25 000
FF,
- celui d'un cadre supérieur avec une rémunération proche
de 40 000F,
- celui d'un cadre dirigeant dont la rémunération avoisine 100
000 FF par mois.
Les comparaisons sont donc faites sur des rémunérations de niveau
comparables et, dans la mesure du possible, à des postes comparables.
En ce qui concerne la structure familiale, nous avons retenu deux cas
d'étude : le cas d'un salarié célibataire et celui
d'un salarié marié avec deux enfants à charge dont le
conjoint ne travaille pas.
Les résultats issus de nos enquêtes auprès des entreprises
conduisent aux observations suivantes :
1) Des trois pays étudiés, la France et l'Allemagne se
distinguent nettement du Royaume-Uni par le niveau plus élevé du
coût total pour l'employeur correspondant à un même niveau
de salaire net,
in fine
pour l'employé.
2) La France se distingue nettement des deux autres pays par un taux de charges
fiscales et sociales pour l'employeur beaucoup plus fort.
3) L'impôt sur le revenu des personnes physiques est
singulièrement plus faible en France qu'en Allemagne et au Royaume-Uni.
4) Les charges payées par l'employeur sont nettement moins
dégressives en fonction du salaire en France qu'en Allemagne et dans
une moindre mesure qu'au Royaume-Uni.
5) En France, l'exonération des charges sur les bas salaires introduit
une forte progressivité des taux de charges patronales sur la tranche
des salaires allant du SMIC à une fois et demi le SMIC.
6) Le "coin socio-fiscal" (mesuré par la différence entre le
coût total pour l'employeur et le salaire net reçu après
impôt) correspondant aux salaires élevés est plus grand en
France qu'en Allemagne et au Royaume-Uni.
- LE COIN SOCIO-FISCAL POUR UN SALARIÉ CÉLIBATAIRE
Pour un salarié gagnant un salaire brut
équivalent au SMIC, les charges fiscales et sociales payées par
l'employeur et le salarié représentent, en France, 76% du salaire
net perçu par le salarié après impôt. Elles ne
représentent que 27% du salaire net au Royaume-Uni. En Allemagne,
l'écart entre le coût total et le salaire net reçu
après impôt est de l'ordre de 115%.
Cette hiérarchie des trois pays n'est pas la même pour des niveaux
de salaires supérieurs. Le Royaume-Uni reste dans une situation
privilégiée avec un coin socio-fiscal plus faible qu'en Allemagne
et en France.
Coût total pour l'employeur pour un salaire net
d'impôt de 100F
Cas d'un salarié célibataire
Niveau de salaire mensuel
|
France |
Allemagne |
Royaume-Uni |
6 664 (ouvrier) |
176 |
215 |
127 |
12 000 (employé) |
212 |
225 |
141 |
25 000 (employé) |
228 |
258 |
151 |
40 000 (employé) |
246 |
268 |
162 |
100 000 (employé) |
297 |
275 |
174 |
Sur les trois premiers niveaux de salaires, le coin socio-fiscal est plus important en Allemagne qu'en France. Pour des rémunérations plus élevées, l'écart est plus important en France qu'en Allemagne.
Avertissement concernant la lecture des
graphiques
Les graphiques qui vont suivre présentent les
résultats en terme de coin fiscal et de sa structure en fonction des
salaires mensuels bruts.
Il n'est pas possible d'appliquer une échelle linéaire des
revenus pour les cinq niveaux de salaire retenus. Les pentes des droites qui
rejoignent deux points d'observations ne sont donc pas pertinentes pour un pays
donné. Seule la comparaison de ces pentes entre deux courbes distinctes
(c'est-à-dire entre deux pays de l'étude) est justifiée.
- LE COIN SOCIO-FISCAL POUR UN SALARIÉ MARIÉ AVEC DEUX ENFANTS
Si on considère le cas d'un salarié,
marié, avec deux enfants à charge, dont le conjoint ne travaille
pas, les positions relatives des trois pays sont différentes.
Pour un salarié avec une rémunération mensuelle proche du
SMIC, les charges fiscales et sociales portant sur le salaire
représentent 51% du salaire net perçu en France, 48% en
Allemagne, et seulement 7% au Royaume-Uni. Cette hiérarchie reste
pratiquement vraie pour tous les niveaux de rémunération
étudiés. Dans le cas d'un salarié, marié avec deux
enfants, le coin socio-fiscal est plus important en France qu'en Allemagne et
qu'au Royaume-Uni.
Coût total pour l'employeur pour un salaire net
d'impôt de 100F
Cas d'un salarié marié, deux enfants
Niveau de salaire mensuel
|
France |
Allemagne |
Royaume-Uni |
6 664 |
151 |
148 |
107 |
12 000 |
181 |
156 |
127 |
25 000 |
193 |
193 |
143 |
40 000 |
205 |
193 |
155 |
100 000 |
266 |
224 |
171 |
L'impact de la structure familiale sur le taux de prélèvement sur les salaires se fait par le biais du calcul de l'impôt sur le revenu et des versements des allocations familiales. Or, comme nous le verrons un peu plus loin, l'avantage fiscal correspondant à la prise en compte de la situation familiale est différent selon les pays, ce qui explique le changement de hiérarchie entre les pays.
- STRUCTURE DES CHARGES FISCALES ET SOCIALES ASSISES SUR LES SALAIRES
Pour comprendre les différences de structure du coin
fiscal entre les pays étudiés, on peut adopter deux approches.
La première consiste à décomposer le coin socio-fiscal tel
qu'il a été présenté précédemment en
ses différentes composantes. Cette approche revient à
décrire le poids des différentes charges en pourcentage du
salaire net effectivement perçu par le salarié, après
impôt sur le revenu. Cette approche est plus cohérente avec la
présentation des résultats, elle-même calculée en
pourcentage du salaire net.
La deuxième approche consiste au contraire à regarder la part des
diverses charges fiscales et sociales dans le salaire brut. Cette approche est
justifiée par le fait que les comparaisons entre les pays sont
élaborées sur des salaires bruts équivalents. De plus les
taux de cotisations sociales sont eux-mêmes calculés sur la base
du salaire brut. Il est donc usuel de regarder le poids des différentes
charges sous cet angle.
Nous retiendrons les deux approches successivement.
Le poids des charges fiscales et sociales en % du salaire net
Pour ne pas multiplier les cas exposés, nous nous
basons sur le cas d'un salarié dont la rémunération brute
mensuelle est de 12.000 francs. la décomposition du coin
socio-fiscal en ses différentes composantes montre que la France se
trouve dans une situation assez atypique avec un coin socio-fiscal assez voisin
de celui observé en Allemagne mais avec une structure
différente : une part nettement plus forte des charges patronales
et d'une part moins importante de l'impôt sur le revenu.
Si on considère le cas d'un salarié de rémunération
équivalente mais de situation familiale différente (marié,
deux enfants), on voit que les taux d'imposition du revenu (négatifs en
raison des prestations familiales perçues) ne sont plus si
différents entre la France et l'Allemagne. Au total, le coin
socio-fiscal en France est, dans ce cas, supérieur à celui de
l'Allemagne.
Mais les comparaisons des structures en pourcentage du salaire net ne sont pas
très évidentes puisque c'est le salaire brut qui a servi de point
de comparaison des rémunérations entre les pays. En particulier,
il est impossible de comparer les taux de charge entre deux salariés de
situation personnelle différente. Le salaire net perçu
après impôt dépend du calcul de l'impôt : son
montant sera différent lorsque la situation familiale n'est pas la
même. Par conséquent, la part des cotisations salariales dans le
salaire net dépend de la constitution de la famille. Il est parfois
préférable d'exprimer les différentes charges fiscales et
sociales en pourcentage du niveau de référence, celui du salaire
brut.
Le poids des charges fiscales et sociales en % du salaire brut
Les charges patronales sont particulièrement
élevées et peu dégressives en France.
Il est particulièrement frappant de voir à quel point les taux de
charges patronales sont élevés en France. Pour un salaire
équivalent au SMIC, l'exonération est de 18,2 %, elle
diminue progressivement en fonction du salaire brut et s'annule pour un salaire
équivalent à 1,33 SMIC, seuil réduit à
1,3 SMIC en 1998. Pour des salaires supérieurs au seuil
d'exonération de charges sur les bas salaires, le taux de charges
patronales est de l'ordre de 50 %.
L'effet dégressif des cotisations patronales à cause des plafonds
n'est pas très marqué en France. Il ne l'est pas du tout sauf
pour les salaires très élevés, encore qu'il est alors
très faible.
Part des charges patronales dans le salaire brut
Niveau de salaire mensuel en FF |
France |
Allemagne |
Royaume-Uni |
6.664
|
34
|
33
|
7
|
Le fait que le taux de charges patronales ne diminue pas
quand
les salaires distribués augmentent se retrouve aussi au Royaume-Uni. Le
taux de cotisations varie progressivement de 0 % pour les salaires
hebdomadaires inférieurs à 62 , à 10 % pour des
salaires supérieurs à 210 par semaine. Ces taux
s'appliquent sur la totalité du salaire et le montant des cotisations
n'est pas plafonné.
Au contraire, en Allemagne, les charges patronales sont véritablement
dégressives en fonction du revenu. En effet la plus grande partie des
cotisations employeur sont plafonnées.
L'effet des exonérations de charges sur les bas salaires est, en France,
clairement visible. Cette exonération de charges permet d'alléger
le coût du travail des personnes à bas salaires et donc de
faciliter leur embauche.
Mais cette exonération de charges peut aussi provoquer des effets
secondaires de progressivité du taux de charges patronales. Si nous nous
concentrons sur l'échelle des salaires entre le niveau du SMIC et un
salaire de 15.000 francs brut mensuel, nous pouvons souligner que le
coût marginal pour l'employeur de l'augmentation des salaires bruts est
nettement plus fort pour des salaires bruts compris entre le SMIC et
9.000 francs. Ainsi, augmenter de 7 % un salaire brut de
7.000 francs coûte à l'employeur 11,5 % du coût
initial (salaire brut + charges patronales).
LES COTISATIONS DU SALARIÉ
Les niveaux de cotisations sociales sont très proches en France et en Allemagne pour les rémunérations inférieures à 25.000 francs. Au-delà, la fiscalité allemande se distingue de celle de la France par la forte dégressivité des cotisations sociales payées par le salarié qui sont toutes plafonnées en Allemagne et non en France.
Part des cotisations du salarié dans le salaire
brut
Niveau de salaire mensuel en francs |
France |
Allemagne |
Royaume-Uni |
6.664 |
21,4 |
21,0 |
5,9 |
12.000 |
21,4 |
21,0 |
7,0 |
25.000 |
20,4 |
19,8 |
5,8 |
40.000 |
19,9 |
12,9 |
3,6 |
100.000 |
18,4 |
5,2 |
1,5 |
Le Royaume-Uni se distingue par un taux de cotisations
sociales payées par le salarié beaucoup plus faible. De plus, le
fait que le salarié anglais soit exempté de cotisations sur la
partie de son salaire hebdomadaire inférieur à 62, provoque une
progressivité du taux de cotisation sociale sur les bas salaires. Ainsi,
le taux de cotisations sociales pour un salaire brut de l'ordre du SMIC
(5,9 %) est inférieur à celui que paie un salarié qui
reçoit un salaire brut mensuel de 12.000 francs (7 %).
Ensuite, pour des salaires supérieurs, on retrouve la
propriété de dégressivité du taux de cotisations
sociales, puisque le salarié anglais ne paie pas de cotisation sur la
part de son salaire brut supérieur à 465 par semaine.
L'impact sur le taux de cotisations employé du transfert de cotisations
maladie vers la CSG est assez homogène pour l'ensemble des salaires. Le
passage du taux de cotisations maladie de 5,5 % à 0,75 % en
compensation d'une hausse de 4,1 % de CSG, déductible de
l'impôt sur le revenu, abaisse le taux de cotisations du salarié
d'un peu moins de 1 %.
LE POIDS DE L'IMPÔT SUR LE REVENU
L'analyse du poids de l'impôt sur le revenu dans le salaire brut doit naturellement faire apparaître la situation personnelle du salarié que nous considérons. On remarque que la part de l'impôt sur le revenu dans le salaire brut est plus faible en France qu'en Allemagne ou au Royaume-Uni dans le cas d'un salarié célibataire. mais ce constat est à nuancer dans le cas d'un salarié, marié, avec deux enfants.
Cas d'un salarié célibataire
Part de l'impôt sur le revenu dans le salaire brut
Niveau de salaire mensuel en francs |
France |
Allemagne |
Royaume-Uni |
6.664 |
2,5 |
17,0 |
10,4 |
12.000 |
6,8 |
21,4 |
16,0 |
25.000 |
13,6 |
30,6 |
22,4 |
40.000 |
19,2 |
41,9 |
29,0 |
100.000 |
32,0 |
53,6 |
35,6 |
En France, la part de l'impôt sur le revenu dans le salaire brut est plus faible qu'au Royaume-Uni et en Allemagne. Ceci vaut pour tous les niveaux de rémunérations. Cependant, on peut noter que l'écart est particulièrement important pour les bas salaires et qu'il est moins important sur les revenus très élevés.
LA PRISE EN COMPTE DE LA SITUATION FAMILIALE DU SALARIÉ
La prise en considération de la situation familiale
dans le calcul de l'impôt est très différente selon les
pays. Rappelons que pour chacun des pays, nous avons
réintégré le montant des allocations familiales en les
soustrayant du montant de l'impôt sur le revenu.
En comparant, pour chaque niveau de salaire, le poids de l'impôt sur le
revenu (net d'allocations familiales) selon la situation familiale, on peut
faire les observations suivantes :
- En France, l'avantage fiscal retiré de la prise en compte de la
structure familiale est quasiment homogène sur la plus grande partie des
salaires. Il représente environ 10 % du salaire brut. Ce n'est
qu'au niveau des salaires les plus élevés que le plafonnement de
l'avantage fiscal du quotient familial conduit à un avantage
relativement moins important, de l'ordre de 5 % du salaire brut.
- En Allemagne et au Royaume-Uni, l'avantage tiré de la prise en
compte de la structure familiale est beaucoup plus favorable aux familles dont
les revenus sont les plus faibles. Dans ces deux pays, quand le revenu
croît, l'avantage fiscal devient de moins en moins important en
proportion du salaire brut.
Le seuil à partir duquel un salarié, marié avec deux
enfants, paie un impôt sur le revenu supérieur au montant
d'allocations familiales qu'il reçoit est plus élevé en
France (environ 25.000 francs) qu'en Allemagne (environ
12.000 francs) et qu'au Royaume-Uni (environ 8.000 francs).
Du fait que le salarié célibataire dont le salaire brut avoisine
le SMIC paie un impôt sur le revenu très faible en France par
rapport aux autres pays, l'avantage fiscal associé à la prise en
compte de la structure familiale correspond plus à des versements de
prestations qu'à des réductions d'impôts. C'est
vraisemblablement pourquoi il reste plus limité que dans les autres pays.
Finalement, si les coins fiscaux sont d'ampleur voisine en France et en
Allemagne, leurs structures sont complètement différentes. En
France, les charges patronales sont nettement plus élevées qu'en
Allemagne alors que l'impôt sur le revenu (net des allocations familiales
perçues) est plus faible. Ces deux différences de structure se
compensent quasiment dans le cas d'un salarié célibataire. Mais,
dans le cas d'un salarié marié avec deux enfants, le coin
socio-fiscal apparaît plus fort en France du fait que l'avantage fiscal
correspondant à la prise en compte de la structure familiale est moins
important qu'en Allemagne. Au Royaume-Uni, le coin socio-fiscal est nettement
plus faible. Le poids de l'impôt sur le revenu y est relativement plus
important qu'en France et qu'en Allemagne. Au Royaume-Uni, comme en Allemagne,
la prise en compte de la situation familiale est nettement plus favorable aux
salariés de faibles revenus.
3. L'IMPACT DU COIN FISCAL SUR L'ÉQUILIBRE ÉCONOMIQUE
L'objectif de la démarche était de mettre en
évidence les comportements des entreprises induits par les
différences de prélèvements obligatoires
(considérés sous l'angle fiscal mais aussi sous l'angle social).
Cette question peut être examinée sous deux perspectives
principales. On peut d'abord s'interroger sur les conséquences pour
l'équilibre de l'économie des distorsions introduites par le coin
socio-fiscal. On peut aussi se demander quels sont les effets incitatifs ou
désincitatifs d'un système fiscal sur les choix de localisation
d'activités effectués par les entreprises. Nous examinerons le
premier aspect dans cette partie afin de porter une première
appréciation sur l'efficacité de notre système de
prélèvements obligatoires.
Le problème du coin socio-fiscal est souvent abordé sous l'angle
de la compétitivité. C'est la question du coût du travail
et de ses conséquences dans la concurrence internationale. Il
apparaît qu'il doit l'être aussi, et peut-être même
surtout, sous l'angle de la perte d'efficacité économique qu'il
entraîne, indépendamment de toute question de
compétitivité.
- LE COÛT HORAIRE DU TRAVAIL EN FRANCE EST ÉLEVÉ
La dernière enquête Eurostat sur les coûts du travail dans l'industrie date de 1992, mais elle peut être mise à jour à l'aide des indicateurs de progression salariale. Les conclusions sont claires. Le coût du travail est nettement plus élevé en France qu'aux Etats- Unis et que dans la plupart des pays européens. La France serait au niveau des Pays-Bas et du Japon, mais très au-dessus du Royaume-Uni. L'Allemagne présente au contraire un coût du travail supérieur d'environ 30% à celui de la France.
Niveaux relatifs des coûts salariaux horaires en 1996
Portugal |
28 |
Grèce |
39 |
Royaume Uni |
61 |
Irlande |
62 |
Canada |
69 |
Espagne |
69 |
Etats Unis |
76 |
Italie |
77 |
Suède |
91 |
Finlande |
92 |
Pays Bas |
99 |
France |
100 |
Japon |
101 |
Norvège |
101 |
Danemark |
104 |
Autriche |
106 |
Belgique |
111 |
Suisse |
118 |
Allemagne |
129 |
Source : Eurostat, mises à jour Rexecode
- LA RELATION ENTRE LE COIN SOCIO-FISCAL ET LE COÛT DU TRAVAIL
Peut on établir un lien entre le niveau du coût
horaire du travail (élevé en France) et le poids (relativement
fort en France) des charges sociales et fiscales portant sur le travail ?
Avant de répondre à cette question sur la base d'études
antérieures rappelons l'évolution de la pression fiscale et
sociale et des coût relatifs. Ces deux données évoluent
dans l'ensemble de manière assez parallèle.
Niveaux relatifs des coûts salariaux horaires
Base 100 pour la France
|
1980 |
1985 |
1990 |
1992 |
1996 |
France |
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
Etats Unis |
91,7 |
142,1 |
80,7 |
78,0 |
76,3 |
Japon |
63,3 |
85,2 |
78,6 |
89,1 |
100,8 |
Allemagne |
118,4 |
110,5 |
118,4 |
120,8 |
129,0 |
Italie |
76,7 |
89,8 |
97,2 |
96,5 |
76,8 |
Royaume Uni |
71,3 |
72,4 |
70,1 |
68,9 |
61,5 |
Irlande |
- |
- |
68,2 |
66,9 |
62,3 |
Pays Bas |
119,9 |
106,0 |
101,5 |
100,7 |
98,8 |
Source : Rexecode
Entre 1980 et 1992, certains pays ont vu leur coût du
travail nettement se réduire relativement à celui de la France.
Parmi eux, on compte les Etats-Unis, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. D'autres
pays ont vu au contraire leur position relative par rapport à la France
s'élever en termes de coût du travail: le Japon, l'Italie et
l'Allemagne.
Le Japon et l'Italie, qui ont vu augmenter leur pression fiscale plus
rapidement qu'en France, ont vu parallèlement leur position en termes de
coût de travail se dégrader. Au contraire, les Etats-Unis, le
Royaume-Uni et les Pays-Bas, qui ont une progression de la pression fiscale
plus faible (voire négative) ont réduit le niveau de coût
de travail par rapport à la France.
Le cas de l'Allemagne montre les limites d'une approche aussi
simplifiée : les charges sociales n'ont progressé que de
1,5% entre 1978 et 1992, pour autant le coût du travail a augmenté
par rapport à la France.
Evolution des taux de charges sur le travail salarié
entre 1978 et 1992
(impôt sur le revenu, cotisations sociales employeur et employé
en %)
Suède |
-2,7 |
Norvège |
-1,6 |
Royaume Uni |
-1,5 |
Australie |
0,2 |
Pays Bas |
0,9 |
Belgique |
1,2 |
Allemagne |
1,4 |
Etats Unis |
1,5 |
Moyenne |
2,6 |
France |
3,9 |
Irlande |
4,3 |
Espagne |
4,4 |
Japon |
4,7 |
Danemark |
5,5 |
Portugal |
5,9 |
Canada |
6,9 |
Finlande |
7,4 |
Italie |
7,6 |
La relation entre le coût du travail et le poids des
charges fiscales et sociales est donc loin d'être évidente. De
plus, l'impact des prélèvements fiscaux et sociaux sur le
comportement des entreprises, et en particulier sur leur
compétitivité, doit se révéler en terme de
coût unitaire du travail et non en termes de coût horaire du
travail. Plus précisément, on peut imaginer qu'une entreprise,
qui doit faire face à une augmentation des charges portant sur sa masse
salariale, réagira en essayant de compenser la hausse du coût
horaire du travail par des gains de productivité. Si les gains de
productivité compensent les écarts de coût, il se peut que
la compétitivité des entreprises ne soit pas atteinte par la
hausse des charges.
Mais dans ce cas, la hausse des prélèvements obligatoires aura
généré des destructions d'emplois pour permettre aux
entreprises de maintenir leur compétitivité.
Ceci montre qu'il faut analyser l'impact du coin socio-fiscal dans un cadre
plus large, celui de l'équilibre général de
l'économie.
Rappelons comment, dans l'analyse économique, la taxation d'un bien
modifie l'équilibre du marché. Le raisonnement peut s'appuyer sur
le diagramme classique de l'offre et de la demande (dans le cadre d'un
équilibre partiel).
En l'absence de taxation, l'équilibre du marché s'établit
en E. La taxation introduit un "coin" entre le prix d'offre (le
salaire net
reçu par le salarié) et le prix de demande (le coût du
travail pour l'employeur), ce nouvel équilibre est en E'.
La taxation du bien (ici le travail) a pour conséquence que la
quantité demandée pour un salaire net w est égale à
la quantité demandée antérieurement au prix w + c
où c est le coin fiscal. Un écart apparaît entre le salaire
net et le coût du travail, mais l'emploi diminue.
Dans ce modèle, évidemment simpliste, le coin fiscal explique une
montée du chômage.
Un autre aspect doit aussi être pris en compte. Une partie, sinon la
totalité du coin fiscal, correspond à des services collectifs
rendus aux salariés (assurance chômage, assurance maladie). Le
coin fiscal serait donc en partie le "prix" à payer pour ces services.
Dans cette optique, le point essentiel est de savoir si le niveau de production
des services collectifs ainsi rendus correspond bien aux attentes des
salariés. En termes économiques, il s'agit de savoir si
l'obligation de payer instituée par le système de
prélèvements obligatoires correspond bien à la fonction
d'utilité collective de la population. S'il en est ainsi, le salaire net
devrait s'adapter à la baisse de façon telle que le coût du
travail soit peu affecté. Si en revanche il n'en est pas ainsi, on
constatera une rigidité à la baisse du salaire et un coût
du travail excessif, générateur de chômage et de perte de
compétitivité. La réponse doit être
recherchée de façon empirique.
- COIN FISCAL ET RIGIDITÉ SALARIALE
La relation entre le coût du travail et la pression des
charges sociales et fiscales portant sur les salaires est loin d'être
évidente. Pour comprendre les mécanismes de transmission des
charges fiscales sur les niveaux de salaires, il faut intégrer tous les
mécanismes d'ajustement sur le marché du travail. Pour poser le
problème en termes simples, on peut considérer qu'en
présence de très fortes rigidités à la baisse des
salaires réels, toute hausse des charges pesant sur les salaires vient
directement augmenter le coût du travail pour l'employeur. Dans ce cas,
la hausse du coût du travail se repercute sur le nombre de chômeurs
et pèse sur les négociations salariales.
De nombreuses études économétriques ont été
menées sur le sujet. Si on peut s'attendre à ce qu'un
relèvement de l'impôt entraîne une augmentation des
coûts de la main d'oeuvre, les avis sont assez divergents quant à
l'ampleur de cet effet et à ses conséquences, qu'il s'agisse du
moment où il intervient et de son impact sur le chômage. Il est
aussi important de voir s'il existe des effets non symétriques selon que
la majoration concerne les cotisations patronales, les cotisations salariales,
l'impôt sur le revenu ou la TVA.
Nous nous limiterons à donner les principaux résultats d'une
analyse menée par l'OCDE (
L'étude sur l'emploi,
Tyrväinen
) parce qu'elle répond tout à fait aux
questions que l'on peut se poser dans le cadre de notre étude.
L'étude de l'OCDE est une analyse économétrique qui a pour
objectif de mesurer l'impact d'une modification des divers impôts sur le
coût de la main-d'oeuvre. Cette étude est fondée sur des
informations concernant les systèmes fiscaux de dix pays : elle examine
les effets d'une hausse du taux moyen et du taux marginal d'imposition sur les
négociations salariales.
Les résultats de cette étude sont donnés en terme
d'élasticité des coûts de la main-d'oeuvre à une
modification des taux d'imposition. En Allemagne, l'élasticité du
coût du travail aux cotisations patronales est unitaire, ce qui signifie
que l'augmentation des cotisations sociales se transmet tout entière en
terme de coût pour l'employeur. Au contraire, aux Etats-Unis où le
marché du travail est très flexible, l'augmentation des
cotisations patronales n'affecte pas le niveau des salaires: les
salariés acceptent une baisse de leur salaire qui compense totalement
l'augmentation des charges.
Elasticité des coûts de la main d'oeuvre
Par rapport |
aux cotisations
patronales
|
aux cotisations salariales
|
Allemagne |
1 |
1 |
Canada |
0,8 |
0,8 |
Japon |
0,5 |
0,5 |
Finlande |
0,5 |
0,5 |
Australie |
0,5 |
0,5 |
France |
0,4 |
0,4 |
Italie |
0,4 |
0,4 |
Suède |
0 |
0 |
Etats-Unis |
0 |
1 |
Royaume-Uni |
0,25 |
0,25 |
Source : Tyrväinen, "Real wage resistance and
Unemployement : multivariate analysis of cointegration relations in 10 OECD
economies". L'étude sur l'emploi. OCDE
Les conclusions couvrant la France sont moins marquées : un
relèvement des charges sociales et fiscales portant sur les salaires
tend à augmenter le coût du travail mais la réduction des
salaires réels permet de compenser en partie.
Le poids des charges fiscales doit être interprété au
regard de son impact sur le coût du travail. Mais cet impact
dépend lui-même des mécanismes de régulation du
marché du travail dans chaque pays. Il peut se décomposer en deux
effets : d'une part l'élasticité du coût du travail aux
augmentations de prélèvements obligatoires, d'autre part
l'ampleur des chocs sur le taux de prélèvement. Concernant
l'élasticité du coût du travail, on peut tout de même
retenir, qu'aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, elle semble plus faible qu'en
Allemagne, la France restant dans une position intermédiaire. Mais la
succession de chocs sur les taux de prélèvements d'ampleur plus
importante en France pourrait nuancer l'effet précédent.
4. IMPORTANCE DES CONSIDÉRATIONS FISCALES DANS LA DÉCISION DE LOCALISATION D'ACTIVITÉS
La vie d'une firme amène en permanence à
décider de la localisation d'une activité. Pour développer
le chiffre d'affaires, la firme peut être amenée à
étendre les capacités de production des usines, pour
étendre la force de vente elle peut décider de créer de
nouveaux points de vente. Lors du développement international, la
société étudiera la création d'une filiale locale
ou au contraire préférera produire en France pour exporter.
Pour réduire certains coûts il est probable que le chef
d'entreprise étudiera une réorganisation géographique des
fonctions de l'entreprise. A ce moment les centres de recherche et
développement et les centres administratifs (services financiers,
services informatiques,...) peuvent être relocalisés. Il est
possible aussi, comme la tendance actuelle le confirme, que des rapprochements
d'entreprises affectent la vie de la firme. Des holdings intermédiaires
ou de tête devront être créés et leur implantation
sera étudiée minutieusement. Des acquisitions, fusions et
rapprochements d'entreprises sont d'ailleurs particulièrement
fréquents pour des PME récentes. Tous ces instants de la vie
d'une entreprise, qui ont pour conséquence l'éventuelle
implantation d'activité (ou le changement de localisation), seront
analysés par le chef d'entreprise et ses collaborateurs suivant des
critères très divers. Leur importance peut varier en fonction de
la nature de l'opération, suivant la stratégie retenue et/ou
suivant la santé de l'entreprise.
La fiscalité est l'un de ces critères. Pour en mesurer
l'importance lors de la décision de localisation d'activités,
nous avons interrogé quelques responsables d'entreprises
françaises. Conscients de la complexité de la question, nous
avons aussi étudié la littérature empirique et
théorique traitant du sujet afin d'enrichir l'analyse.
- LA FISCALITÉ INFLUENCE PARTICULIÈREMENT L'IMPLANTATION DES "FONCTIONS NOMADES"
Si les flux de capitaux peuvent réagir très rapidement à l'opportunité d'accroître à court terme la rentabilité après impôt, l'investissement direct international obéit généralement à des considérations de stratégie commerciale de long terme (par exemple, le maintien d'une présence dans de nombreux pays à travers le monde). Il semble donc moins sensible à des considérations fiscales. Plusieurs études montrent cependant que ces considérations jouent un rôle significatif.
MISE EN ÉVIDENCE EMPIRIQUE
En raison des difficultés techniques (fiabilité
des données, taille des séries et des échantillons,...)
auxquelles se heurtent souvent les études économétriques
portant sur l'incidence de la fiscalité, certains économistes ont
mené des enquêtes de terrain. Plusieurs études ont
été réalisées vers le début des
années soixante-dix en vue de faire la lumière sur les principaux
déterminants du choix d'une implantation. Il ressort de la plupart de
ces enquêtes que, les différences, d'un pays à l'autre,
entre les systèmes d'imposition des sociétés sont
généralement moins importantes pour le choix d'une implantation
que d'autres facteurs, tels que l'existence d'une infrastructure
adaptée. Le système fiscal du pays d'accueil est cependant
presque toujours considéré comme un « facteur pertinent
» et parfois même comme un « facteur important » dans une
décision d'implantation.
Ces conclusions d'enquêtes des années soixante-dix ne prenaient
pas en compte les comportements rendus possibles par les nouvelles technologies
et l'émergence d'un certain nombre de nouveaux pays d'accueil des
investissements. Les entretiens que nous avons effectués permettent de
préciser ces tendances. Ainsi la plupart des personnes que nous avons
rencontrées s'accordent pour dire que l'apparition de « fonctions
nomades », telles que les départements informatiques, des centres
de gestion administrative (facturation, paie,...), ou de gestion des marques et
des brevets, des salles de marché ou plus classiquement des lieux de
stockage, dans l'entreprise et le développement d'opérations
« à implantation variable » (création de joint-venture,
de holding intermédiaire ou de tête,...), rendent les
possibilités de localisations plus grandes qu'il y a quelques
années.
Les travaux réalisés en 1992 par un groupe d'experts
indépendants sur la fiscalité des entreprises et remis à
la Commission des Communautés européennes apportent un
éclairage en concordance avec les observations recueillies lors de nos
rencontres. Les experts précités ont dépouillé
près de mille questionnaires remplis par des entreprises de l'ensemble
des pays de la C.E.E. L'enquête portait sur trois questions principales
relatives à l'incidence de la fiscalité sur les activités
et les coûts des sociétés.
Nous rappelons ici les principaux résultats de cette enquête
concernant notre problématique. La première question
adressée aux chefs d'entreprises était : « Le choix du lieu
d'implantation d'une activité peut être influencé dans une
mesure plus ou moins grande par les systèmes fiscaux des pays
concernés. Dans combien de cas, lors du choix du pays d'implantation des
types d'activité suivants, la fiscalité qui frapperait votre
entreprise dans les différents lieux d'implantation envisagés
constitue-t-elle une considération pertinente et un facteur important
dans votre décision ? » (sociétés mères
uniquement).
Le tableau suivant présente les réponses à cette question
pour l'ensemble des entreprises qui ont répondu :
Pourcentage des réponses
|
Toujours |
Habituellement |
Parfois |
Jamais |
Nombre de réponses |
Installation de production |
|
|
|
|
|
Considération pertinente |
43.6 |
28.2 |
20.4 |
7.9 |
624 |
Facteur important |
22 |
25.6 |
33.7 |
18.7 |
555
|
Point de Vente |
|
|
|
|
|
Considération pertinente |
30 |
27.9 |
25.9 |
16.2 |
641 |
Facteur important
|
14.1 |
23.7 |
31.9 |
30.4 |
562 |
Centre de coordination |
|
|
|
|
|
Considération pertinente |
46,2 |
23,7 |
21,9 |
8,2 |
392 |
Facteur important
|
34,5 |
22,1 |
26,7 |
16,7 |
348 |
Centre de recherche-développement |
|
|
|
|
|
Considération pertinente |
31,2 |
27,5 |
28,1 |
13,2 |
349 |
Facteur important |
15,3 |
25,9 |
33,6 |
25,2 |
313
|
Centre de services financiers |
|
|
|
|
|
Considération pertinente |
63,9 |
21,3 |
9,6 |
5,4 |
447 |
Facteur important |
52,6 |
25,7 |
12,9 |
8,8 |
397 |
Source : Rapport du comité de réflexion des
experts indépendants sur la fiscalité des entreprises, Commission
des Communautés européennes (1992).
De la lecture de ce tableau ressortent les enseignements suivants :
1) Les questions fiscales sont très souvent une considération
pertinente, mais pas toujours un facteur important dans le choix de
localisation d'implantation.
2) Toutes les fonctions de l'entreprise n'accordent pas la même
importance à la fiscalité dans leur stratégie
d'implantation. En particulier pour les fonctions « Installation de
production », « Point de vente » et « Centre de
recherche-développement » la fiscalité n'est un facteur
important que « parfois » ou « jamais ». En effet si l'on
regroupe les réponses « parfois » et « jamais »
d'une part et «toujours » et « habituellement » d'autre
part on obtient le tableau synthétique suivant :
Présentation synthétique des réponses
à la première question
Pourcentage des réponses
|
Toujours et habituellement |
Parfois et jamais |
Intallation de
production
|
47,6 |
52,4 |
Point de vente
|
37,8 |
62,3 |
Centre de
recherche-développement
|
41,2 |
58,8 |
Centre de coordination
|
56,6 |
43,4 |
Centre de
services
financiers
|
78,3 |
21,7 |
Source : idem
Comme nous l'ont précisé les responsables que nous avons
rencontrés, l'ouverture d'un centre de production doit d'abord
répondre à une demande. Deux cas de figure extrêmes peuvent
se présenter : soit la demande doit être satisfaite
impérativement par une usine proche de la demande et du marché,
soit la demande peut être satisfaite par un site de production
situé n'importe où dans le monde (cas des semi-conducteurs par
exemple). Dans le premier cas, la fiscalité ne peut intervenir que si
l'usine à implanter est européenne. Mais bien souvent d'autres
éléments interviennent et notamment l'environnement politique et
juridique, la qualité des infrastructures, le coût du travail, la
présence des concurrents, la compétitivité des
employés (niveau de formation...), la flexibilité du
marché du travail... La fiscalité n'est pas ici un
élément déterminant de la décision de localisation.
Seulement dans le second cas la fiscalité peut jouer un rôle
important.
De même lorsqu'il s'agit d'implanter ou d'étendre un centre de
recherche-développement, c'est d'abord la qualité des personnels,
l'environnement scientifique et technologique, la qualité de la vie, le
coût du travail,... qui déterminent le choix plutôt que des
considérations fiscales.
En revanche, lors d'implantation de centre de coordination et de services
financiers, le poids de la fiscalité semble important. A la
lumière de nos entretiens nous pouvons préciser cette
constatation. Ainsi parmi nos interlocuteurs, certains ont mentionné
l'implantation récente de holding, de centres administratifs ou de
services financiers (trésorerie) à l'étranger plutôt
qu'en France pour des considérations fiscales. Il est important
d'ajouter que dans la plupart des cas, les fonctions implantées à
l'étranger sont des activités en développement (secteur
tertiaire) et de plus en plus nomades. De plus les raisons de leur implantation
étrangère sont souvent subtiles et concernent des points
précis du droit fiscal : fiscalité des fusions-acquisitions, des
apports, des brevets. Nous verrons par la suite plus en détail le poids
de ces considérations.
Une autre enquête menée par Devreux et Pearson (1989)
auprès de 173 sociétés britanniques souligne l'importance
de la fiscalité dans le choix de localisation. En effet à la
question « Lors du choix du pays d'une nouvelle installation de
production, dans combien de cas les taux d'imposition et les subventions
constituent-ils une considération pertinente ou un facteur important
dans votre décision ? » les personnes interrogées ont
répondu de la manière suivante :
Pourcentage des réponses
|
Toujours |
Habituellement |
Parfois |
Jamais |
Nombre de réponses |
Considération pertinente |
47,8 |
28,3 |
23,9 |
0 |
130 |
Facteur important |
18,9 |
24,3 |
40,5 |
16,2 |
105 |
Source : Devreux et Pearson (1989).
En définitive les enquêtes de terrain tendent à montrer que
la fiscalité intervient dans le choix de localisation. En revanche son
importance n'est pas facile à apprécier et dépend
fortement des fonctions dont il est question, de la stratégie de
l'entreprise et du moment où la question est posée. Pour
confirmer cette analyse nous avons examiné quelques études
économétriques traitant du lien entre fiscalité et
investissement direct étranger.
Mise en évidence théorique
Une appréciation des choix d'implantation d'activité
économique peut être tentée au travers des entrées
d'investissements directs étrangers. Les travaux d'analyse
théorique du lien entre fiscalité et investissement direct
étranger sont essentiellement de deux types. Les premiers consistent en
des simulations de comportements des firmes en fonction de différents
niveaux d'imposition, les seconds sont des études
économétriques. L'examen des résultats des
différents travaux existants donne à penser qu'il n'est pas
facile d'identifier et encore moins de quantifier l'incidence du système
d'imposition des sociétés sur les flux transnationaux
d'investissements directs. Néanmoins il semblerait que l'influence de
l'impôt sur les sociétés (qui est un des
éléments de la fiscalité des entreprises) sur la
répartition géographique de l'investissement ne doit pas
être négligée.
Nous rappelons ici deux travaux, souvent cités, et qui tendent à
confirmer cette conclusion. La première de ces études (dont les
résultats sont résumés dans le tableau suivant) a
été effectuée par Thomas Horst (1977), qui a
élaboré un modèle théorique d'une entreprise
multinationale "représentative" ayant opté pour la maximisation
du profit et à laquelle toutes les caractéristiques fondamentales
du système américain d'imposition des sociétés sont
applicables. Le modèle était calibré de manière
à reproduire un ensemble de données afférentes à
l'investissement étranger direct au départ des Etats-Unis en
1974. Ce modèle permettait, en particulier, de simuler (modèle
dit de « simulation ») l'impact d'une variation du taux
étranger moyen d'imposition des sociétés sur
l'investissement intérieur réel de sociétés
mères américaines, sur l'investissement étranger
réel effectué par les filiales américaines opérant
à l'étranger, ainsi que sur le flux net de fonds entre des
sociétés mères américaines et leurs filiales
étrangères. Le tableau ci-après présente ces
impacts en termes d'élasticité.
L'élasticité exprime la variation en pourcentage de la variable
expliquée, consécutive à une variation de 1% du taux
d'imposition appliqué par le pays d'accueil étranger. Ainsi le
chiffre de -0.6 figurant dans la dernière colonne du tableau signifie
que, si le taux étranger d'imposition des sociétés tombait
de 50 à 40%, par exemple, ce qui correspondrait à une diminution
de 20% du taux d'imposition, l'investissement réel à
l'étranger des filiales américaines s'accroîtrait de 20 x
0,6 = 12%. Les élasticités obtenues par le modèle de Horst
impliquent également que cette même réduction de
l'impôt à l'étranger ferait diminuer de 20 x 0,3 = 6%
l'investissement intérieur réel des sociétés
mères américaines et entraînerait un accroissement de
20 x 6,8 = 136% du transfert net de fonds de
sociétés mères américaines à des filiales
étrangères. Au vu de ces résultats, il apparaît que
d'une part l'incidence de la fiscalité sur l'activité de
l'investissement réel n'est pas négligeable, et que, d'autre
part, l'impact des variations des taux d'imposition sur le comportement
financier (transfert de fonds, investissement de portefeuille) des
multinationales peut être très important. On retrouve là un
résultat déjà mentionné précédemment.
Etude de simulation des effets de l'imposition
des sociétés sur les flux de capitaux
|
|
Elasticité par rapport aux taux d'imposition des sociétés dans le pays d'accueil |
|
Investissement intérieur réel des sociétés mères américaines |
0,3 |
Données américaines de 1974 |
Investissement étranger réel des filiales américaines |
- 0,6 |
|
Sorties nettes de capitaux en provenance des sociétés mères américaines et à destination des filiales étrangères |
- 6,8 |
Source : Horst (1977) et Kopits (1976).
Parmi les études économétriques qui mesurent l'incidence
de la fiscalité sur l'investissement direct étranger dans la
C.E.E., il semble que celle de Bernard Snoy (1975), reste l'analyse la plus
complète. Outre qu'il analyse l'investissement direct des Etats-Unis en
Europe, Snoy étudie les flux d'investissements directs en provenance de
quatre pays membres de la C.E.E. (Belgique, Allemagne de l'Ouest, France et
Royaume-Uni) et à destination de quatorze pays d'Europe de l'Ouest au
cours de la période 1966-1969. L'auteur constate que l'investissement
direct étranger au départ des quatre pays de résidence
concernés réagit négativement à un
relèvement du taux d'imposition effectif des sociétés dans
les pays d'accueil étrangers.
Cependant bien que tous les effets estimés de la fiscalité
présentent leur signe négatif, les résultats de Snoy
révèlent que certaines estimations sont faiblement
significatives, c'est-à-dire qu'elles restent entachées
d'incertitudes importantes. Ce problème résulte probablement du
fait que, en raison du caractère limité de l'échantillon
de pays d'accueil incorporé dans l'analyse, Snoy ne disposait que d'un
nombre relativement réduit d'observations statistiques. En dépit
de ces restrictions, il semble possible de conclure sur des bases statistiques
que l'imposition des sociétés (rappelons ici que c'est seulement
un des éléments constitutifs de la fiscalité des
entreprises) peut avoir un rôle non négligeable sur
l'investissement étranger direct. Nous présentons ici quelques
résultats d'études économétriques qui confortent
cette conclusion. Les estimations présentées ci-après
portent sur l'attractivité du marché américain. Il est
à noter qu'il existe peu d'études récentes sur le
marché européen.
Estimations économétriques de l'incidence du
taux d'imposition américain des sociétés sur les
entrées d'investissements directs étrangers (IDE) aux
Etats-Unis
|
|
Elasticité de l'IDE par rapport au taux d'imposition américain des sociétés |
||
Auteur |
Période couverte par les données |
IDE financé à l'aide de bénéfices non distribués |
IDE financé par des transferts des sociétés mères |
|
Hartman (1984)
|
1965-1979
|
- 3,6
|
- 9,5*
|
nd
|
* estimation à faible signification statistique.
** Elasticité par rapport au taux d'imposition marginal des
sociétés
Sources : les différents auteurs.
En conclusion il semble exister un lien entre le poids de la fiscalité et le niveau des investissements directs étrangers. La difficulté de mesurer théoriquement ce lien reflète notre observation empirique, à savoir que c'est pour un certain type de fonction de l'entreprise et à certains instants de la vie de la firme que la fiscalité est un facteur important dans la décision d'investissement. Aussi convient-il, si l'on souhaite améliorer la compétitivité fiscale de la France, d'étudier les mesures actuelles qui sont particulièrement défavorables à l'implantation d'activités ou de fonctions sur lesquelles la fiscalité est déterminante.
- UN MANQUE DE LISIBILITÉ DE LA FISCALITÉ EN FRANCE
Le tableau suivant présente une comparaison du poids (en % du PIB) de quelques types d'impôts spécifiques à la charge des entreprises, pour les grands pays européens.
Importance comparée de quelques impôts
spécifiques
(1995 en % du PIB)
|
France |
Allemagne |
Royaume-Uni |
Italie |
Pays-Bas |
Impôt foncier
|
0,4
|
0,2
|
1,8
|
0,8
|
0,6
|
Source : OCDE - REXECODE
La lecture de ce tableau montre que l'impôt sur les
sociétés était plutôt faible en France en 1995
(c'est-à-dire avant les surimpositions décidées en 1996 et
en 1997). En revanche les autres impôts étaient
élevés en France. Avec 3,2% du PIB ce poids est sensiblement plus
élevé que celui des autres pays européens. Ce niveau
élevé est inquiétant à deux titres. D'une part
parce qu'il pèse sur la rentabilité des entreprises et d'autre
part parce qu'il donne de la fiscalité française une image de
complexité importante. Or une lecture difficile de l'environnement
économique rend les investisseurs prudents dans leur comportement. Les
responsables d'entreprises que nous avons rencontrés ont insisté
sur le fait que la France a une fiscalité complexe propre à
affecter la localisation des firmes.
Nous allons préciser maintenant ces mesures fiscales qui pèsent
sur les implantations d'activités en France. Dans le cadre de notre
mission, il ne nous était pas possible d'examiner l'ensemble de la
fiscalité des entreprises françaises et européennes.
Néanmoins à partir de nos entretiens et de la lecture d'articles
ayant trait à la fiscalité comparée des entreprises
européennes, il nous est apparu qu'un certain nombre de dispositions
fiscales françaises semblaient peser particulièrement sur
l'attractivité de notre territoire. Compte tenu de nos objectifs, le
travail que nous présentons ici ne vise pas à
l'exhaustivité, mais donne simplement quelques pistes possibles de
réflexion.
Investir, c'est prendre un pari sur l'avenir. L'entreprise évitera de
s'engager si l'avenir paraît trop incertain. Tout élément
qui contribue à accroître l'incertitude décourage
l'investisseur. Lorsqu'il s'agit d'établir le plan financier d'un
projet, il est classique d'ajouter au coût du capital un facteur
représentatif du risque (prime de risque) qui regroupe le risque
politique, économique et technologique du pays et du risque
intrinsèque du projet. L'investissement n'est retenu que si la
rentabilité attendue est supérieure à la somme des
coûts précédents. Un défaut de la fiscalité
française semble être qu'elle est perçue par les
entrepreneurs comme trop incertaine, essentiellement pour deux raisons :
- d'une part parce que la multiplicité des « autres taxes »
donne une idée imprécise du poids exact de la fiscalité,
- d'autre part, et cela semble tout particulièrement important, en
raison du manque de stabilité fiscale. Il n'est pas possible de
contracter avec une entité politique, contrairement à ce qui ce
passe aux Etats-Unis et un impôt peut du jour au lendemain fortement
évoluer. Les hausses à répétition (avec un effet
quasiment rétroactif) de l'impôt sur les sociétés
sont à cet égard particulièrement pénalisantes. Ce
n'est pas seulement la hausse qui est critiquée, mais aussi le fait que
les règles du jeu peuvent changer à chaque instant.
Au total l'accroissement de l'incertitude fiscale pèse en France sur la
localisation d'implantation, et de façon plus générale,
sur le niveau d'investissement. Pour illustrer cela, prenons un exemple simple.
Soit un investisseur dont la prime de risque politique, économique et
technologique est de 10% et le coût du capital est de 5% (taux
d'intérêt, fiscalité,...) par an. Il choisira d'investir
dans un projet français lorsque la rentabilité attendue est
supérieure à 15%. Si dans ce pays le gouvernement décide
de relever la pression fiscale des entreprises de 2 points, au titre d'une
stabilisation macro-économique, quel sera le comportement des
investisseurs ? Plusieurs cas peuvent se produire. On peut supposer par exemple
que du fait de la crédibilité du gouvernement, la prime de risque
va baisser de 3 points, les investisseurs ont confiance en la
possibilité du gouvernement de stabiliser l'économie. Par suite,
le coût du capital progresse de 2 points pour atteindre 7%, mais la prime
de risque descend à 7%. Au total le niveau de rentabilité
escompté pour investir baisse de 1 point, pour passer de 15% à
14%. Dans ce cas, malgré une hausse de la pression fiscale, les
investissements directs étrangers reçus par le pays devraient
s'accroître. Le cas inverse est aussi envisageable, à savoir une
hausse de la fiscalité et une augmentation de la prime de risque si le
gouvernement accroît les impôts, c'est qu'il ne parvient plus
à contrôler ses dépenses, il devient alors plus
risqué d'investir dans ce pays. Dans ce cas les investisseurs fuiront.
Cet exemple montre que les paramètres de la politique fiscale qui
comportent une dimension de crédibilité et de stabilité,
sont essentiels pour permettre le développement de l'investissement.
D'autres économistes ont insisté sur ce point. Ainsi P.A. Muet et
S. Avouyi-Dovi écrivaient-ils en conclusion de leur article
intitulé
L'effet des incitations fiscales sur l'investissement (1993)
« Il est certainement plus pertinent de réserver des
incitations fiscales à des politiques structurelles (favoriser des
économies d'énergie ou le développement de secteurs de
pointe, par exemple) plutôt que de les appliquer de façons
indifférenciées. Par ailleurs la comparaison de l'incidence
respective des différents facteurs du coût du capital confirme que
les incitations sont d'autant plus efficaces qu'elles sont simples et que leurs
conséquences sont clairement perçues par les entreprises. »
- UNE TAXE PROFESSIONNELLE PÉNALISANTE
La taxe professionnelle constitue désormais une charge
fiscale prépondérante pesant sur les entreprises. Son montant
brut est voisin de celui de l'impôt sur les sociétés. Sa
base est géographiquement identifiée et son produit est
réservé aux collectivités locales. Le champ d'application
de la taxe professionnelle est très large puisque la taxe est due par
toutes les personnes physiques ou morales qui exercent à titre habituel
une activité professionnelle non salariée en France.
La taxe professionnelle est assise sur les deux facteurs de production, capital
et travail, qui font l'objet d'une pondération relative. Les salaires
versés sont retenus pour 18% de leur montant. Pour ce qui est du
capital, on distingue les locaux et les équipements. S'agissant des
magasins et bureaux, la valeur locative reflète les loyers du
marché. Pour les locaux de type industriel, la valeur locative est
réputée égale à 8% du prix de revient. Enfin pour
les équipements, leur valeur locative est égale à 16% du
prix de revient. Ce pourcentage est censé correspondre à
l'amortissement du bien et à l'intérêt de l'argent investi,
la somme des deux équivalant à un loyer. Il est destiné
à imposer les entreprises de façon relativement
équivalente, quelles que soient les modalités de financement et
d'acquisition de l'équipement (location, crédit-bail,
acquisition, utilisation à titre gratuit).
Deux exceptions essentielles à ce principe sont les exonérations
pour certaines professions et un plafonnement en fonction de la valeur
ajoutée devenu au fil du temps plus complexe. Le résultat des
corrections apportées aux bases apparaît ainsi conséquent.
En 1995 les bases brutes s'élevaient à 800 milliards de
francs. Après prise en compte des réductions de bases
générales ou spécifiques à certains secteurs le
montant des bases imposables n'atteint plus que 628 milliards de francs.
On dénombre au total près de 50 000 bénéficiaires
de la taxe professionnelle. La décentralisation a donné davantage
d'autonomie aux collectivités locales. Pour faire face à leurs
charges supplémentaires, les collectivités ont ainsi
augmenté la pression fiscale. Il convient de noter, et nous y
reviendrons, que les collectivités locales pour compenser les pertes de
recettes dues au plafonnement ont demandé et obtenu de l'Etat des
compensations. Ainsi en 1995 le coût pour l'Etat des compensations et des
dégrèvements au titre de la taxe professionnelle a atteint
53 milliards de francs de francs, ce qui représente un tiers du
produit perçu par les collectivités locales (contre moins d'un
quart en 1988). La loi de finances pour 1996 a modifié la méthode
de calcul du dégrèvement au titre du plafonnement par rapport
à la valeur ajoutée, c'est-à-dire la différence
entre la cotisation calculée et 3,5%, 3,8% ou 4% de la valeur
ajoutée. Désormais, si le dégrèvement est toujours
calculé à partir de la base servant effectivement au calcul de la
cotisation, ce n'est plus le taux en vigueur l'année en cause qui est
appliqué, mais le taux en vigueur en 1995 dès lors que celui-ci
est inférieur à celui-là. Cette mesure a pour effet de
faire désormais supporter aux entreprises, et non plus à l'Etat,
la totalité des hausses de taux décidées par les
collectivités locales à partir de 1996. Or compte tenu de
l'augmentation des charges des collectivités locales, le taux de la taxe
professionnelle a cru à un rythme soutenu, égal à 2,7% en
moyenne annuelle sur le période 1988-1995. Il est donc à craindre
une augmentation du poids de la taxe sur les entreprises au cours des
années prochaines. De plus l'augmentation des bases taxables a
contribué à accroître la charge de cet impôt, dont le
poids a augmenté de 56% entre 1988 et 1995, comme le montre le tableau
suivant.
Evolution de la taxe professionnelle depuis 1988
(en milliards de francs)
|
1988 |
1991 |
1995 |
Variation 1998-1995 |
Produit perçu par
les collectivités
|
97,6
|
129,8
|
166,9
|
+ 71 %
|
Source : direction générale des
impôts.
La taxe professionnelle est régulièrement citée comme un
obstacle à l'investissement par les responsables d'entreprises. Les
critiques adressées à cet impôt sont, outre
l'évolution importante de son niveau, la très grande
variabilité géographique de ses taux (qui évoluent dans
une fourchette de 1 à 6), et leur grande instabilité dans le
temps. Au total, ces évolutions inquiètent gravement les
investisseurs. Ils ne sont d'ailleurs pas les seuls puisque le dernier rapport
du Conseil des Impôts souligne lui-même les faiblesses de cet
impôt : "Si la nature d'un bon impôt est d'être large dans
son assiette, modéré dans son taux, proportionné aux
capacités contributives des contribuables, compréhensible par ces
derniers et aisément recouvrable par l'administration, force est de
reconnaître que la taxe professionnelle ne répond aujourd'hui
à aucune de ces conditions."
En vue de corriger les faiblesses du système actuel diverses solutions
possibles ont été examinées par le Conseil des
Impôts. Les hypothèses étudiées sont la suppression
de la taxe professionnelle qui serait alors reportée sur d'autres
prélèvements (l'impact probable serait une hausse de la
fiscalité sur le travail), ou la suppression de la part salariale
compensée par une hausse de la partie capital de la taxe professionnelle
(l'impact serait alors une hausse de la fiscalité sur le capital
productif), ou encore la substitution d'une assiette entièrement
nouvelle à l'assiette actuelle (les gains seraient répartis sur
les entreprises des secteurs de l'industrie et de l'énergie qui sont
pénalisés par le système actuel, tandis que les pertes
seraient concentrées à l'intérieur des secteurs de la
banque, de l'assurance et de l'immobilier qui sont avantagés
actuellement). D'autre part les petites et moyennes entreprise verraient leur
taxe augmenter. Enfin une telle réforme aboutirait à alourdir le
coût du travail.
Une proposition formulée est de remplacer les immobilisations brutes par
les immobilisations nettes pour le calcul de la taxe. L'incorporation
progressive des amortissements pour les nouveaux investissements peut
paraître de nature à améliorer considérablement le
régime de la taxe professionnelle. Une telle mesure, limitée aux
flux et non au stock de capital, aurait vocation à monter en charge
progressivement dans la durée jusqu'à ce que l'ensemble des biens
existants soient mis au rebut, ce qui éviterait aux collectivités
locales une chute trop rapide de leurs ressources. Les inconvénients
seraient une lourdeur de gestion (deux fichiers d'immobilisations), et une
augmentation des taux pour compenser le manque à gagner. La voie plus
simple serait de diminuer le coefficient de 16% appliqué aux
équipements et biens mobiliers. Dans l'hypothèse où ce
coefficient serait ramené à 14%, la cotisation nette de taxe
professionnelle à la charge des entreprises baisserait de 6% et le
coût pour l'Etat au titre du plafonnement valeur ajoutée
diminuerait de 16%. Là encore l'inconvénient serait que l'Etat
devrait probablement en compenser la charge pour les collectivités
locales.
L'ensemble de ces aménagements ou modifications radicales ne s'attaque
qu'aux symptômes du mal car ils agissent sur la répartition et non
sur le montant. Les expériences d'intercommunalité semblent
fructueuses. Elles permettent dans certains cas un allégement de la
charge fiscale. Sur le plan fiscal l'intercommunalité se décline
selon deux régimes : la fiscalité propre additionnelle ou la taxe
professionnelle unique. Les syndicats d'agglomération nouvelle et les
communautés de villes peuvent ainsi percevoir la taxe professionnelle
aux lieu et place des communes. Le Conseil des Impôts a comparé le
résultat des deux formules. Ses conclusions sont les suivantes : le
bilan des groupements à taxe professionnelle unique est positif alors
que le bilan des groupements à fiscalité additionnelle est en
revanche beaucoup moins favorable.
De ce qui précède et des entretiens auprès des
différents chefs d'entreprises, il semble qu'il soit possible de
réduire le poids de la taxe professionnelle si une véritable
réforme de gestion du territoire français est envisagée.
Elle implique de réduire le nombre d'échelons administratifs, de
regrouper les communes pour diminuer l'émiettement et de donner
peut-être aux régions plus de prérogatives. Dans ce paysage
le taux de la taxe professionnelle serait défini à un niveau plus
élevé que celui de la commune. Le système plus simple et
plus homogène, moins coûteux (moins d'échelons, de
coûts de gestion...) deviendrait plus efficace. D'autres pays
(Royaume-Uni et Allemagne) se dirigent aujourd'hui dans cette voie.
- UNE FISCALITÉ DES TRANSMISSIONS DÉSTABILISANTE
Comme le montre le tableau précédent du poids
des impôts dans le PIB, les droits de mutation représentent 0,4%
de la valeur ajoutée française, soit davantage que pour les
partenaires européens. Les écarts sont d'ailleurs importants en
valeur relative. On passe du simple (Italie, Allemagne) au quadruple (la
France). En dépit de nombreux aménagements apportés
à la fiscalité des droits de mutation, la France reste
néanmoins l'un des pays où ces droits sont les plus
élevés. Le poids excessif des droits de mutation sur les
transmissions d'entreprises familiales est surtout imputable à la forte
progressivité du barème. A titre d'exemple, l'Allemagne applique
le taux maximum de 35% à partir d'une fraction de part nette taxable de
100 millions de deutsche-mark, alors que le même taux s'applique en
France à une part nette taxable de 5 millions de francs. Si le
coût fiscal de la transmission peut être jugé supportable
pour les transmissions d'entreprises individuelles ou de petites
sociétés, sous réserve que l'opération de
transmission soit suffisamment anticipée, la forte progressivité
du barème des droits de mutation pénalise particulièrement
les PME patrimoniales. Au poids du barème s'ajoute de plus la
fiscalisation des dividendes que l'entreprise transmise devra verser aux
héritiers pour le paiement des droits de mutation.
Le coût fiscal comparé de la transmission d'une entreprise selon
les pays peut être résumé dans les deux tableaux suivants,
qui présentent le montant des droits dans les cas d'une succession ou
d'une donation, concernant deux héritiers en ligne directe. Il est fait
l'hypothèse que la valeur de l'entreprise est de 15 millions de francs,
pour un chiffre d'affaires de 50 millions de francs, et un résultat
net courant de 1,5 million de francs. La plupart des pays ont adopté des
modalités de paiement différé des droits de mutation.
En France, le paiement des droits de mutation peut être
différé pendant une période de 5 ans, puis
étalé sur une période de 10 ans, moyennant un taux
d'intérêt de l'ordre de 4,5%.
|
France |
Allemagne |
Royaume-Uni |
Belgique |
Italie |
Droits de
succession
|
5 MF
|
1,7 MF
|
2,4 MF
|
3,1 MF
|
2,5 MF
|
Ainsi les droits de mutation pour une succession sont trois fois plus
élevés en France qu'en Allemagne, et près de deux fois
plus élevés qu'au Royaume-Uni ou qu'en Italie. Par rapport
à l'Allemagne, les droits de mutation concernant les donations sont 50%
plus élevés. Mais au Royaume-Uni ou en Belgique, les
transmissions préparées via une donation sont en fait
pratiquement exonérées, sous réserve d'être
suffisamment anticipées.
Les conséquences de ces différences fiscales sur l'emploi, la
structure du tissu d'entreprises et sur la richesse du pays sont difficilement
évaluables. Nous rappelons quelques constatations. Ainsi le poids de
droits de mutation entraîne fréquemment une perte de
contrôle des actionnaires familiaux, avec le risque de
délocalisation à l'étranger de certains centres de
décision. Cette situation concourt notamment à expliquer la
relative faiblesse du nombre des entreprises moyennes indépendantes par
rapport à l'Allemagne. De plus lorsque l'entreprise est en situation
fragile, il est à craindre que ce choc des droits de mutation
entraîne quelques dépôts de bilan.
- UNE FISCALITÉ DES MARQUES ET BREVETS PRÉOCCUPANTE
La France est le pays dont les marques sont le plus souvent
copiées. C'est que bien souvent il e.c.st attribué aux produits
français une grande valeur immatérielle : savoir-faire, image,
estime,... Aussi beaucoup d'entreprises essaient-elles de se protéger
contre ces falsifications et protègent systématiquement leurs
« labels ». Chaque dépôt de marque représente un
coût non négligeable pour ces firmes, car à chaque fois il
faut déposer, pour une marque active, un certain nombre de marques
« de protection ». Encore récemment les frais de
dépôts de marques étaient considérés comme
des charges déductibles.
Cependant un arrêt récent du Conseil d'Etat (arrêt du
31.01.97, dit "Saint-Gobain Vitrage International") vient de
considérer
que "les frais afférents aux demandes d'enregistrement de marques ne
sont pas déductibles du résultat imposable." Cette
décision risque de modifier radicalement la pratique jusqu'ici en
vigueur. Or, dans la plupart des pays européens, il est possible de
passer en charges ces dépenses et lorsque ce n'est pas le cas, de larges
possibilités d'amortissement sont offertes, contrairement à la
France. Etant donné l'importance de ces frais pour certaines entreprises
françaises, il est à craindre qu'elles décident de
délocaliser leurs centres de gestion des "labels", en créant une
entité propriétaire des marques, pour remplacer celle existant en
France. Cette nouvelle société aura alors comme revenus les
redevances d'exploitation des marques et en charges les frais de gestion du
personnel gérant les marques. Aussi, en plus des pertes d'emplois
possibles, il est à craindre que cela génère un manque de
ressources fiscales pour la France.
Il est à noter que la France vient également d'alourdir la
fiscalité des cessions de brevets, puisque les plus-values
dégagées sur ces cessions de brevets, considérées
comme des plus-values à long terme, deviennent taxées au taux
normal alors qu'elles étaient auparavant taxées au taux
réduit. Cette modification est justifiée par le souci de ne pas
encourager les entreprises à se déposséder de leur
savoir-faire. Cependant nous avons vu dans le paragraphe
précédent que l'arrêt du 21.01.97 incite les entreprises
à accroître leur délocalisation de gestion des marques.
- CONCLUSION
Comme nous l'ont montré des études théoriques , des enquêtes de terrain et les entretiens que nous avons menés auprès de responsables de multinationales françaises, la fiscalité intervient dans la décision d'implantation de certaines fonctions de l'entreprise ("fonctions nomades") et à certains instants de la vie de la firme. Notre enquête a également mis en évidence des faiblesses de la politique fiscale française, à savoir son manque de clarté (multiplicité des autres taxes, variabilité de la pression fiscale) et le poids de certains impôts qui viennent fortement peser sur la décision d'implantation (taxe professionnelle, fiscalité des transmissions, incitations fiscales faibles pour le développement international). Ce qui ressort plus généralement, c'est que certaines mesures fiscales ont un impact largement plus négatif pour l'investisseur que ce qu'elles ne rapportent à l'Etat. C'est donc sur ces mesures particulières qu'il serait efficace d'agir de manière à favoriser l'implantation d'activités, donc d'emplois, en France.
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ANNEXE I
DÉBAT EN COMMISSION A L'OCCASION DE
LA
PRÉSENTATION DE L'ÉTUDE
SÉANCE DU
JEUDI 6 NOVEMBRE 1997
M. Michel Didier a tout d'abord rappelé en
introduction que la fixation irrévocable des taux de change entre les
pays de l'Union européenne dans six mois accentuerait la pression
concurrentielle pesant sur les entreprises françaises. Il a
souligné que face à l'enjeu de l'emploi, la persistance
d'écarts importants dans les modes de formation des coûts, en
raison des différences entre les systèmes de
prélèvements obligatoires, risquait d'être un handicap pour
la France.
Puis, il a indiqué que l'étude que son institut avait
menée était fondée sur deux approches
parallèles : dans une approche quantitative, l'institut a
tenté, à partir de l'analyse des feuilles de paie des
salariés d'entreprises situées en France, en Allemagne et au
Royaume-Uni, de déterminer le ratio entre le coût brut pour
l'entreprise d'un salarié et le salaire net dont dispose le
salarié après paiement de toutes les cotisations sociales et de
son impôt sur le revenu. Ce ratio, exprimé en pourcentage du
salaire net final constitue ce que les économistes appellent le
" coin socio-fiscal ". L'approche qualitative a consisté,
sur
la base d'entretiens avec des responsables d'entreprises, à
évaluer l'impact de la fiscalité sur la localisation
d'activité.
Après avoir rapidement survolé les systèmes fiscaux des
trois pays étudiés et rappelé qu'avec un coin social de
60 % (dont 40 % de cotisations sociales à la charge de
l'employeur contre 18 % pour le salarié), la France se situait
devant l'Allemagne, dont le coin social atteint 54 % (dont 42 % de
cotisations sociales pour l'employeur et pour le salarié), et loin
devant le Royaume Uni (10 % pour l'employeur et 8 % pour le
salarié), M. Michel Didier a présenté les six
conclusions auxquelles était parvenu son institut :
- des trois pays étudiés, la France et l'Allemagne se
distinguent nettement du Royaume Uni par le niveau plus élevé du
coût total pour l'employeur correspondant à un même niveau
de salaire net,
in fine, pour l'employé ;
- la France se distingue des deux autres pays par un taux de charges fiscales
et sociales pour l'employeur nettement plus fort ;
- l'impôt sur le revenu des personnes physiques est en revanche plus
faible en France qu'en Allemagne et au Royaume Uni, mais le barème est
plus progressif ;
- les charges payées par l'employeur sont nettement moins
dégressives en fonction du salaire en France qu'en Allemagne et, dans
une moindre mesure, qu'au Royaume-Uni ;
- l'exonération des charges sur les bas salaires introduit une forte
progressivité des taux de charges patronales sur la tranche des salaires
allant du SMIC à 30 % au dessus du SMIC ; il en résulte
une faible incitation à augmenter les salaires dans le bas de
l'échelle ;
- enfin, la combinaison d'un barème fiscal fortement progressif et de
cotisations sociales élevées et peu dégressives conduit
à un coin socio-fiscal plus fort en France qu'en Allemagne et au Royaume
Uni pour les salaires relativement plus élevés.
Puis, M. Michel Didier a indiqué qu'il était
fréquent de conclure qu'un coin socio-fiscal élevé
risquait d'entraîner une perte de compétitivité dans la
concurrence internationale. Il a rappelé qu'à cet égard,
la France figurait parmi les pays où le coût horaire du travail
était le plus élevé, à égalité avec
les Pays-Bas et le Japon. Seule l'Allemagne se situe au dessus. Le Royaume Uni
présente au contraire un coût du travail inférieur de
40 % à celui de la France.
M. Michel Didier a indiqué que la taxation perturbait
l'équilibre du marché en introduisant un " coin " entre
le prix d'offre (le salaire net reçu par le salarié) et le prix
de demande (le coût du travail pour l'employeur) et pouvait expliquer la
croissance du chômage en France. Il a cependant ajouté qu'il n'y
avait pas de corrélation directe entre le coin socio-fiscal et le
coût total du travail, compte tenu, d'une part, de la possibilité
de réaliser des gains de productivité pour compenser toute
augmentation des prélèvements obligatoires, et d'autre part, de
l'élasticité variable du salaire net.
En effet, si l'obligation de payer instituée par le système des
prélèvements obligatoires correspond exactement à la
fonction d'utilité collective de la population, le salaire net s'adapte
à la baisse de telle façon que le coût du travail reste
inchangé pour l'employeur. A cet égard, les salaires nominaux
français sont plus flexibles qu'en Allemagne, où
l'élasticité du coût du travail aux cotisations patronales
est unitaire, mais plus rigides qu'au Royaume Uni. Aux Etats-Unis, où le
marché du travail est très flexible, l'augmentation des
cotisations patronales n'affecte pas du tout le niveau des salaires
réels.
Puis, soulignant l'évolution divergente des courbes du coût
salarial moyen et du pouvoir d'achat (revenu net de cotisations et
d'impôts) depuis 1970, M. Michel Didier a démontré que
la succession de chocs à la hausse sur le coin socio-fiscal en France a
contribué à la fois à l'accroissement du chômage et
à la stagnation du pouvoir d'achat des salariés.
Il a conclu son propos introductif en indiquant que la dizaine d'entretiens
conduits avec des responsables d'entreprises faisait apparaître que la
fiscalité intervenait à certains moments
privilégiés de la vie de l'entreprise, dans le choix de la
localisation. Il a ajouté que certaines dispositions précises,
particulièrement incitatives ou dissuasives, jouaient un rôle plus
important que le poids global de la fiscalité. Enfin, la
complexité et l'instabilité fiscale sont des
éléments fortement dissuasifs de l'investissement.
Puis, il a cédé la parole à ses collaborateurs, Mlle Marie
Chauvière et M. Alexandre Fur, pour présenter les
conclusions détaillées des deux études.
S'appuyant sur le cas d'un salarié célibataire, Mlle Marie
Chauvière a révélé que le coin socio-fiscal
était plus élevé en Allemagne qu'en France pour des
rémunérations mensuelles inférieures ou égales
40.000 francs. La France présente en particulier un coin
socio-fiscal relativement plus faible pour les salaires proches du SMIC. En
revanche, pour des rémunérations proches de 100.000 francs par
mois, l'écart est plus important en France qu'en Allemagne. Elle a
ajouté que les charges patronales étaient non seulement nettement
plus élevées en France qu'en Allemagne et qu'au Royaume Uni, mais
également peu dégressives par rapport aux deux autres pays
étudiés. L'explication se trouve dans le fait qu'en Allemagne, la
très grande partie des cotisations patronales sont plafonnées,
alors qu'en France, sur un taux pour l'employeur de 40 %, un peu moins de
la moitié est plafonnée. Enfin, elle a confirmé à
l'aide de graphiques le faible poids de l'impôt sur le revenu dans le
salaire brut en France.
Puis, M. Alexandre Fur a indiqué que toutes les fonctions de
l'entreprise n'accordaient pas la même importance à la
fiscalité dans leur stratégie d'implantation. Les fonctions les
plus sensibles à ce critère sont en effet des activités en
développement et de plus en plus " nomades " :
centre de coordination, centre de services financiers, centre de gestion des
marques et des brevets, lieux de stockage...
Parmi les éléments de la fiscalité qui dégradent le
plus l'attractivité du territoire français, M. Alexandre Fur
a évoqué la complexité de la fiscalité des
entreprises. En effet, devant la multiplicité des impôts frappant
les entreprises, les investisseurs étrangers ont tendance à
surestimer le poids global de ces prélèvements, au
détriment d'une implantation en France. En outre, le manque de
stabilité de la fiscalité française accroît la prime
de risque qui est associée à tout investissement.
Il a fait valoir que certains impôts spécifiques pesaient
particulièrement sur le décision d'implantation en France. La
taxe professionnelle, qui constitue désormais la principale charge
fiscale sur les entreprises, est ainsi régulièrement citée
comme un obstacle à l'investissement par les responsables d'entreprises,
qui critiquent la très grande variabilité de ses taux et leur
grande instabilité dans le temps. De même, la fiscalité des
transmissions est jugée comme particulièrement
déstabilisante.
Enfin, il a jugé préoccupante, l'évolution de la
fiscalité des marques et des brevets. Un arrêt récent du
Conseil d'Etat considère en effet ces éléments du
patrimoine de l'entreprise comme des actifs incorporels et n'admet pas, en
conséquence, la déductibilité des frais afférents
à leur dépôt. En outre, les plus-values de cession de
brevets sont désormais imposées au taux normal de l'impôt
sur les sociétés. Il s'est en conséquence ému du
risque de délocalisation des centres de gestion des marques et de la
perte de ressources fiscales qu'un tel phénomène engendrerait
pour la France.
M. Alain Lambert, rapporteur général, a alors
félicité les auteurs de l'étude en indiquant qu'elle
constituerait un outil déterminant sur lequel la commission des finances
fonderait désormais son argumentation en faveur de la convergence
fiscale. Puis il a souhaité savoir si l'euro accroîtrait
l'influence de la fiscalité sur les décisions de localisation des
entreprises, s'il était possible de mesurer scientifiquement l'impact de
la fiscalité sur les fonctions nomades de l'entreprise et s'il y avait
une corrélation entre la fiscalité et le niveau de l'emploi.
M. Michel Didier a estimé en réponse que l'euro introduirait
une vraie transparence des coûts et des prix en Europe, ce qui
permettrait aux travailleurs d'effectuer des comparaisons et d'être plus
mobiles. Il a indiqué que ses économistes pouvaient effectuer des
études plus poussées pour mesurer la réactivité des
contribuables aux différents impôts. S'agissant de la relation
entre fiscalité et emploi, il a considéré que les chocs
répétés à la hausse jouaient davantage contre
l'emploi que le niveau absolu des prélèvements obligatoires. Il
s'est ainsi ému du phénomène de " cliquet " qui
fait que le chômage est rigide à la baisse. Enfin, il a
jugé nécessaire de favoriser les subventions inconditionnelles
plutôt que les aides fiscales conditionnelles, ces dernières
étant par définition destinées au stock d'entreprises
existantes et non aux activités nouvelles. En outre, leur financement
pèse sur l'économie, au détriment du jaillissement
d'entreprises et de richesses nouvelles.
M. Denis Badré s'est ensuite demandé si, dans la perspective
d'une intégration des Etats européens par l'euro à l'image
des Etats-Unis, les Etats conserveraient des marges de manoeuvre. Evoquant le
succès de la TVA, invention française, auprès du reste du
monde, il s'est demandé si la CSG aurait la même
prospérité. Il a considéré que le caractère
virtuel et " nomade " des nouvelles technologies enlevait
toute
pertinence à la notion de localisation des activités.
M. Philippe Adnot a nuancé les conclusions de l'étude de
Rexecode en estimant qu'un système socio-fiscal devait être
jaugé au regard de ses contreparties en termes de services collectifs.
Il a considéré à cet égard que les services publics
américains étaient sans rapport avec le poids de la
fiscalité américaine. Il s'est ému de la lourdeur de la
fiscalité des transmissions d'entreprises en France qui
dépossédait de plus en plus de chefs d'entreprise au profit de
financiers volatils dont les choix de localisation dépendent de
considérations fiscales indépendantes de l'attache originelle de
l'entreprise.
M. Jacques Oudin a également souhaité relativiser les propos
des économistes de Rexecode en faisant valoir que l'excédent
cumulé de la balance du commerce extérieur était un signe
de la compétitivité de la France. Il a considéré
que les délocalisations industrielles étaient facteur de
mouvement et d'échanges avec la France, et qu'elles ne devaient pas
être jugées aussi sévèrement. Evoquant la
corrélation entre l'augmentation des prélèvements
obligatoires et la perte d'assiette fiscale, il a estimé que les
créateurs d'entreprise devaient être exonérés
d'impôt pendant cinq ans.
Enfin, M. Christian Poncelet, président, a interrogé le
directeur général de Rexecode sur les réformes de la
fiscalité qui lui semblaient les plus urgentes à mettre en
œuvre pour rétablir la compétitivité fiscale de la
France.
S'agissant des Etats-Unis, M. Michel Didier a admis que des
différences de fiscalité pouvaient exister entre les Etats mais a
indiqué qu'une certaine harmonisation s'opérait. Il a
considéré en conséquence que l'harmonisation de la
fiscalité européenne devait s'étendre à d'autres
impôts que la TVA. Il a rappelé que la CSG, classée
jusqu'à présent parmi les cotisations sociales, était
déplafonnée ce qui accroîtrait encore la divergence de la
France par rapport aux autres Etats. Il a estimé que les entreprises de
nouvelles technologies feraient apparaître de nouvelles formes de
nomadisme, l'offre se créant instantanément là où
le potentiel de consommation existe.
Répondant à M. Philippe Adnot, il a considéré
que la contrepartie pour l'employeur du poids des cotisations patronales
n'était pas immédiatement perceptible en termes de transferts ou
de services collectifs rendus. De même, évoquant le
problème des retraites, il a souligné que le système de
répartition avait pour conséquence une absence de
coïncidence entre les cotisants et les bénéficiaires du
transfert.
Puis, M. Michel Didier a rappelé que le coin socio-fiscal
était d'autant plus élevé que l'on se situait en haut de
l'échelle des salaires, ce qui risquait de priver la France de ses
travailleurs les plus qualifiés et les plus créateurs de
richesses et d'emplois.
S'agissant de la transmission d'entreprises, il s'est montré plus
sensible au poids des impôts pesant sur la succession qu'au
problème de l'inclusion de l'outil de travail dans l'assiette de
l'impôt de solidarité sur la fortune. Face au nombre d'entreprises
obligées de déposer leur bilan en raison de la lourdeur des taux,
il s'est montré partisan d'un système de paiement qui soit
compatible avec la survie de l'entreprise.
A M. Jacques Oudin, il a indiqué que l'excédent de la
balance du commerce extérieur résultait du différentiel de
croissance existant entre la France et ses concurrents. Il a estimé que
le cumul d'une balance excédentaire et d'un fort taux de chômage
était un signe de dysfonctionnement.
Enfin, M. Michel Didier a estimé que la poursuite de
l'intégration européenne devait accompagner l'euro.
ANNEXE II
AUDITION DE M. MARIO MONTI,
COMMISSAIRE
EUROPÉEN CHARGÉ DE LA
FISCALITÉ
SÉANCE DU JEUDI 2 OCTOBRE 1997
M. Christian Poncelet, président, a salué
la volonté de dialogue du commissaire européen et souligné
le souci de la commission des finances de voir définies, dès
à présent, les conditions de la réussite de l'euro, parmi
lesquelles figure une approche cohérente des problèmes de
fiscalité dans l'Union européenne.
Après avoir rappelé que le marché unique constituait
l'axe central de l'intégration européenne que l'euro allait
encore renforcer, M. Mario Monti a indiqué que le rôle des
finances publiques comme instrument de politique économique sortirait
accru de l'unification monétaire. Toutefois, a-t-il estimé, se
produirait dans le même temps une intensification des tensions subies par
les systèmes fiscaux, les écarts entre Etats membres devenant
plus visibles et les tentations de faire jouer la concurrence fiscale
s'accentuant. Il en a conclu qu'il était impératif de
maîtriser la concurrence fiscale afin, en particulier, d'éviter
ses effets nocifs en termes de "déformation" des systèmes
fiscaux. Ayant estimé que la frontière entre une concurrence
fiscale saine et une concurrence fiscale dommageable était floue, il a
souligné que les phénomènes de délocalisations
indues et de surtaxation du travail qui, d'ores et déjà, en
étaient résultés, avaient exercé des effets
négatifs. Il a illustré son propos en précisant qu'entre
1981 et 1995, le taux implicite de prélèvement sur le facteur
immobile qu'est le travail avait crû de 34,9 à 42 %, tandis
que ce même taux était passé, pour les autres facteurs, de
45,5 à 35 % et que 4 points du taux de chômage
européen, qui s'élève à 10,6 %, pouvaient
s'expliquer par ce phénomène de distorsion fiscale.
M. Mario Monti a alors rappelé que les progrès
réalisés dans l'atténuation des distorsions fiscales au
sein de l'Union européenne, avaient été, jusqu'à
présent, très modestes, mais que le Conseil Ecofin du
13 septembre dernier, ainsi que la plus récente réunion du
groupe de politique fiscale, qui réunit des représentants
personnels des ministres des finances sur ce sujet, avaient permis des
avancées significatives. Il a énuméré les quatre
éléments principaux contenus dans la communication du groupe de
politique fiscale adoptée le 1er octobre, soit :
- l'instauration d'un code de bonne conduite visant à la
suppression de la concurrence fiscale dommageable en matière
d'imposition des entreprises via un système d'informations mutuelles sur
les régimes fiscaux dérogatoires, et l'instauration d'un gel de
ces régimes, prélude à leur
démantèlement ;
- le maintien d'un niveau minimum d'imposition de l'épargne des
non-résidents ;
- la suppression des retenues à la source sur les paiements
transfrontaliers d'intérêts et de redevances afin
d'éliminer les entraves au développement des échanges et
opérations transfrontaliers dans la perspective de l'achèvement
du marché unique ;
- l'aménagement de certaines mesures concernant les impôts
indirects à travers une réforme du statut du comité de la
TVA, des mesures dans le domaine de la fiscalité indirecte des
transports de passagers et de l'énergie et une amélioration du
programme FISCALIS.
Ayant jugé que la voie choisie permettait de concilier les contraintes
de la règle de vote à l'unanimité au sein du Conseil et la
volonté exprimée par les Etats membres d'améliorer la
coordination fiscale dans le respect du principe de subsidiarité, il
s'est alors attaché à présenter les initiatives prises par
la commission en matière de taxe sur la valeur ajoutée.
A ce propos, M. Mario Monti a rappelé que le programme d'action
adopté en juillet 1996 visait à ce que soit introduit un
système commun de TVA fondé sur la taxation dans le pays
d'origine à l'horizon de la fin de l'année 1999. Puis, il a
énoncé les trois priorités retenues pour l'heure par la
commission européenne :
- l'amélioration des conditions d'application du système
actuel grâce à un renforcement de la coopération entre les
administrations fiscales nationales que devrait favoriser la modification du
statut du comité TVA, et le renforcement du programme FISCALIS ;
- la modernisation du système actuel lui-même avec, en
particulier, une meilleure taxation des services internationaux tels que les
télécommunications ou le commerce électronique et la mise
en oeuvre de dispositions permettant de contrer une évolution
jurisprudentielle inquiétante au terme de laquelle le champ
d'application de la taxe s'était trouvé excessivement
réduit.
Il a cependant tenu à rappeler qu'un changement de système
continuait de s'imposer, estimant que la logique même du système
en vigueur était à la base des problèmes de collecte,
alors que le système à venir devrait, grâce à
l'unicité du lieu de collecte et de dégrèvements,
autoriser un meilleur contrôle des opérations taxables.
Un large débat s'est alors instauré.
M. Alain Lambert, rapporteur général, a tout d'abord
souligné les inquiétudes éprouvées par les
Etats-membres devant le phénomène d'érosion fiscale et
souhaité recueillir les explications apportées par la commission
européenne à ce phénomène. Puis, il s'est
demandé quels seraient les effets de l'euro sur la concurrence dans le
marché intérieur, s'interrogeant sur la compatibilité d'un
marché monétairement intégré avec le maintien
d'écarts fiscaux significatifs. Il a également souhaité
savoir quelles observations la commission formulait sur l'évolution
moyenne de la fiscalité sur les entreprises et l'épargne en
Europe, et si les projets de prélèvement à la source sur
l'épargne avaient évolué. Enfin, il s'est
inquiété des effets du nouveau régime de TVA sur la
fraude, et a souhaité que le commissaire européen donne à
la commission les grandes lignes de ce qui, à ses yeux, constituerait un
système fiscal favorable à l'emploi.
En réponse, M. Mario Monti a estimé que l'érosion
fiscale provenait partiellement du développement de l'économie
souterraine, lui-même issu pour beaucoup de l'intensité de la
pression fiscale, mais que la concurrence fiscale entre Etats-membres, jeu
à somme non nulle, et, dans les faits, négative, l'expliquait
également. Puis, il a considéré que l'achèvement du
marché intérieur par la mise en oeuvre d'une monnaie unique se
traduirait par une convergence fiscale, mais que des écarts
résiduels pourraient perdurer, les coûts de transaction subsistant
pour de nombreux biens. Il a observé que la tendance était en
Europe à une baisse de la fiscalité sur les entreprises qui
devenaient de plus en plus mobiles, indiquant malgré ce constat que la
commission n'avait pas actuellement pour projet de suggérer
l'instauration d'un taux minimum de l'impôt sur les
sociétés. En revanche, a-t-il précisé, la
commission est déterminée à éliminer les
régimes spéciaux préférentiels exorbitants. Il a
considéré que l'instauration d'un régime fiscal favorable
à l'emploi supposait qu'un certain degré de coordination fiscale
se manifeste pour aboutir à une répartition des
prélèvements moins pénalisante pour le travail. Il a
ajouté qu'à titre personnel, il entendait suggérer que les
Etats membres soient autorisés à mettre en oeuvre des
expérimentations comportant une taxation réduite d'un certain
nombre d'activités de services à fort contenu en main-d'oeuvre.
M. Denis Badré s'est demandé si, compte tenu de
l'importance de la part de la TVA dans les recettes des Etats, il ne convenait
pas de "sanctuariser" ces recettes jusqu'à ce que la convergence
réelle des Etats soit assurée.
Il a souhaité obtenir des précisions sur les mesures
envisagées pour améliorer le régime transitoire de TVA
sous l'angle de la réduction des distorsions de concurrence et des
fraudes. Enfin, il a interrogé le commissaire européen sur
l'appréciation qu'il portait sur la coopération entre les
administrations fiscales nationales.
M. Philippe Marini a jugé essentiel que soit précisé
le calendrier d'action de la commission en matière de coordination
fiscale et s'est interrogé sur le devenir du projet concernant la
société de droit européen.
Mme Maryse Bergé-Lavigne s'est demandé de quelles contraintes
serait assorti le code de bonne conduite évoqué par le
commissaire et quel serait l'avenir des zones franches dans le contexte du
processus d'harmonisation fiscale.
M. Emmanuel Hamel ayant estimé que les Etats avaient
successivement perdu leur souveraineté budgétaire et leur
souveraineté monétaire, a considéré que la
coordination fiscale allait réduire leur pouvoir fiscal.
M. Maurice Schumann a tout d'abord contesté que l'espace
économique européen ait eu des effets favorables sur l'emploi,
puis a mis en doute l'idée que l'adoption de l'euro renforcerait la
cohérence de cet espace, faisant valoir qu'à son terme celui-ci
se trouverait, de fait, scindé entre les pays participants à
l'euro et les autres. Il a enfin souligné les graves contradictions
entre la nécessaire réduction de la pression fiscale, reconnue
par la commission, et la condamnation par cette même commission du plan
textile français dont les effets favorables sur l'emploi étaient
manifestes.
M. Paul Loridant a voulu savoir quels étaient les fondements
théoriques du changement du lieu d'imposition à la TVA et quelles
mesures la commission entendait prendre pour traquer la fraude à la TVA
et au budget communautaire.
M. Michel Charasse a tout d'abord encouragé la commission
européenne à observer la plus grande prudence dans le domaine de
l'harmonisation fiscale afin que ce processus n'affecte pas la
souveraineté des Etats et, en particulier, les compétences des
Parlements en matière fiscale. Puis, il a interrogé le
commissaire européen sur le sort des impôts locaux et de la
fiscalité affectée à la sécurité sociale
dans le contexte de l'harmonisation fiscale en Europe. Il a, enfin, vivement
souhaité que des progrès sensibles soient réalisés
afin de lutter contre la fraude à la TVA.
M. Christian Poncelet, président, a souligné le
caractère non contraignant du code de bonne conduite proposé par
le groupe de politique fiscale et a rappelé l'exemple historique
constitué par l'introduction d'une retenue à la source en
Allemagne qui devrait inciter les pays membres de l'union européenne
à travailler avec le plus grand sérieux à l'harmonisation
fiscale en Europe.
En réponse, M. Mario Monti a d'abord admis que le code de bonne
conduite ne serait pas contraignant, la souveraineté des Etats
étant ainsi respectée, mais a fait observer qu'il serait
politiquement délicat pour un Etat l'ayant adopté de s'y
soustraire. Il a souhaité préciser qu'en la matière, la
coordination lui paraissait garante de l'autonomie des Etats, la concurrence
fiscale étant à terme destructrice de celle-ci.
Il a estimé que des domaines de la fiscalité relevant
exclusivement des souverainetés nationales subsisteront toujours tel,
par exemple, le degré de progressivité de l'impôt sur le
revenu des personnes.
M. Michel Charasse a observé que l'impôt sur le revenu
était aussi pour une large part un impôt sur les entreprises, dans
la mesure où il incluait des bénéfices industriels et
commerciaux.
S'agissant de l'euro, M. Mario Monti a considéré que sa
réalisation conduirait inévitablement à une plus grande
intégration fiscale entre Etats-membres.
M. Christian Poncelet, président, s'est alors inquiété
des relations entre les Etats participant à l'euro et les Etats-membres
demeurant en dehors de la monnaie unique, ces derniers lui apparaissant
susceptibles d'être tentés par des dévaluations
compétitives.
Le commissaire européen a relevé que les propositions faites par
M. Thibault de Silguy pour renforcer le système monétaire
européen (SME) avaient précisément pour objet d'obtenir un
accord de change entre l'euro et les monnaies des Etats-membres qui ne
participaient pas encore à l'euro.
S'agissant du plan textile, M. Mario Monti, après avoir
souligné qu'il n'avait pas de compétence particulière sur
ce sujet au sein de la commission européenne, a affirmé qu'il
partageait néanmoins la difficile décision de rejet que celle-ci
avait prise, se déclarant convaincu que les emplois créés
par ce type d'aides étaient le plus souvent illusoires et
entraînaient des destructions d'emplois dans d'autres secteurs de
l'économie.
S'agissant des zones franches, le commissaire européen a
confirmé que le code de bonne conduite s'appliquerait à celles
qui auraient pour effet d'encourager la délocalisation
d'activités particulièrement mobiles, tels les services
financiers.
Evoquant les questions de calendrier, M. Mario Monti a
préconisé l'intervention d'un accord politique sur les mesures de
coordination fiscale et le code de bonne conduite avant la fin de 1997, ainsi
que l'élaboration d'une directive sur la fiscalité de
l'épargne dans les délais utiles, c'est-à-dire avant la
réalisation de l'euro.
S'agissant du droit des sociétés, il s'est
félicité que la présidence luxembourgeoise soit
très attentive à cette question traitée au sein du conseil
du marché intérieur et du conseil des affaires sociales, et a
estimé que des progrès rapides étaient à
espérer.
S'agissant de la TVA, M. Mario Monti a reconnu qu'il s'agissait d'une
ressource si importante pour beaucoup d'Etats-membres qu'il convenait de
laisser du temps et de ne pas forcer la convergence. Il a souligné que,
pour cette raison, le programme de travail de la commission était
très graduel, mais remarqué que certaines étapes
intermédiaires pourraient être franchies sans nécessiter un
accord sur le but final : simplifications et allégements des
obligations dans le cadre des programmes SLIM et FISCALIS, changement de statut
du comité TVA, renforcement de la coopération entre les
administrations nationales.
Concernant l'importance de la TVA dans la structure des impôts, il a
estimé que le principe de subsidiarité s'imposait sur ce point
à la commission. Il a toutefois constaté la tendance commune
à plusieurs Etats membres d'accroître les impôts indirects
pour diminuer les impôts directs et les cotisations sociales, la France
étant dans une situation très spécifique à cet
égard.
S'agissant du fondement théorique du principe d'imposition à la
TVA dans le pays d'origine, le commissaire européen a
considéré que cette proposition de la commission reposait sur une
vision simple du fonctionnement d'un marché unique et relevé que
l'obligation faite actuellement aux entreprises de distinguer entre leurs
ventes nationales et leurs ventes dans chacun des autres Etats-membres
était facteur de coûts de gestion et de difficultés de
contrôle.
S'agissant de la fraude à la TVA intracommunautaire, M. Mario
Monti a affirmé que la commission agissait dans le cadre du programme
FISCALIS. Il s'est déclaré convaincu que le système
définitif de TVA offrirait moins de possibilités de fraudes que
le système en vigueur.
M. Michel Charasse a objecté que le budget communautaire était
déjà actuellement victime de fraudes portant sur les recettes
assises sur une base TVA et que, tant que la commission n'aurait pas
uniformisé les possibilités de contrôle et de
vérification de manière à assurer une
égalité de traitement entre les Etats-membres, le système
de compensation inhérent au régime définitif de TVA ne
serait pas fiable.
M. Mario Monti est convenu que l'exigence d'égalité de
traitement entre les Etats-membres était très forte et valait
bien au-delà des seules questions de TVA. Il a ainsi relevé que
la fiabilité des statistiques nationales était également
essentielle pour déterminer la qualification des Etats-membres à
la monnaie unique ou le montant des contributions nationales au budget
communautaire. Il a toutefois estimé que, la principale cause de fraude
à la TVA intracommunautaire résidait dans la circulation de biens
en exonération de taxes et que cette cause disparaîtrait avec le
système définitif.
Enfin, en réponse à M. Christian Poncelet,
président, et tout en avouant ne pas très bien connaître
les particularités de la fiscalité locale française, le
commissaire européen, a supposé que les mesures proposées
concernant l'impôt sur les sociétés et la fiscalité
de l'épargne ne concernaient pas, a priori, les collectivités
locales.
ANNEXE III
ÉLÉMENTS DE MESURE DE LA
COMPLEXITÉ FISCALE
|
1982 |
1983 |
1984 |
1985 |
1986 |
1987 |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
PROJET DE LOI DE FINANCES Articles |
117 |
109 |
134 |
119 |
83 |
102 |
110 |
90 |
131 |
135 |
132 |
128 |
113 |
93 |
113 |
139 |
PROJET DE LOI DE FINANCES Mesures d'application |
19 |
21 |
35 |
26 |
19 |
18 |
15 |
17 |
44 |
34 |
69 |
20 |
23 |
18 |
31 |
31 |
Rapport général (pages) |
210 |
244 |
420 |
400 |
360 |
380 |
370 |
630 |
800 |
930 |
910 |
950 |
980 |
850 |
1450 |
1680 |
PLFR Articles |
66 |
21 |
27 |
28 |
45 |
34 |
50 |
61 |
70 |
61 |
102 |
118 |
52 |
77 |
59 |
|
PLFR Mesures d'application |
15 |
1 |
5 |
5 |
15 |
6 |
10 |
12 |
15 |
24 |
23 |
19 |
8 |
20 |
12 |
|
CGI Articles créés |
69 |
57 |
48 |
60 |
28 |
76 |
33 |
41 |
47 |
59 |
103 |
32 |
28 |
41 |
44 |
3 |
BOI (nombre de n°) |
|
|
|
|
|
|
341 |
270 |
342 |
354 |
330 |
327 |
302 |
301 |
283 |
|
Compléments d'information :
(1) Rapport général : 1996 et 1997 inclus 730 pages environ du
tome IV
(2) BOI : le nombre de pages est passé de 1200/1300 en 1988 à
1800/2000 en 1997
(3) CGI : Actuellement, il y a 2406 articles en vigueur. Depuis les
années 1970, ce sont 7667 articles qui ont figuré ou qui figurent
dans le CGI. La décomposition est la suivante :
2406 en vigueur
4214 modifiés
513 abrogés
107 transférés vers un autre article du cgi
214 périmés, c'est à dire devenus sans objet ou dont
la fin a été programmée
186 substitués, c'est-à-dire remplacés par un autre
texte
27 disjoints, c'est à dire transférés vers un autre
code.
POUR UNE FISCALITE COMPETITIVE
AU SERVICE DE L'EMPLOI
A la demande de la Commission des finances du Sénat, l'institut Rexecode a réalisé une étude relative à l'incidence des charges fiscales et sociales sur la localisation d'activité. Fondée sur des observations collectées auprès de grandes firmes implantées dans plusieurs régions européennes, elle éclaire le rôle de la fiscalité dans les choix de localisation effectués par les entreprises, plus particulièrement pour les investissements dits "nomades". Elle souligne également que la complexité et l'instabilité fiscale sont fortement dissuasifs de l'investissement. Sur tous ces points, des progrès sont aussi nécessaires que possibles.